n 5 1 as sa Au comme cement du quinzième ecle , se p à Flo rence un événement qui devait avoir une influence dé fi n iti ve sur les destinées de la ville et sur le développement des arts .

Cosme de Médicis, le Père de la Patrie , après avoir gagné

’ l e5 p rit du peuple par ses m ag n ifi c e n ce s et détruit le pouvoir de ses ennemis par la sagesse et la force , établissait le

c o m t a pouvoir de sa famille , qui p parmi les plus glorieuses dynasties de la renaissance italienne et dont l ’ éclat se pro pagea presque sans interruption j usqu ’ aux dernières dé

- a cadences du dix huiti ème siècle . Connaiss nt les tendances

’ de ses concitoyens et l e 5 p rit si vif et si délicat de la

’ fl o r e n ti n e populace , il commença par s entourer des plus illustres savants du siècle et par appeler so u s ses ordres

’ toute une armée d artistes , peintres , sculpteurs ou archi t ec t e s , qui décorèrent les vieilles églises et les anciens palais ou en bâtirent de nouveaux , où les cinq boules des Médicis M INO DA F IE SO L E commencèrent à rayonner comme des astres nouveaux sur le bleu firmament de leurs écussons héraldiques . E n

fi o r en tin a a r fai bon sceptique , Cosme de Médicis sav it p tement bien à quoi s ’ en tenir quant aux vivats et aux enthousiasmes des />a ZZescà i : il préférait confier la gloire de sa famille à quelque chose de plus durable que les discours des orateurs ou les louanges des humanistes et

’ il répét a it non sans amertume qu il ne resterait de lui

‘ ‘ e/z e u ell e oche r el i u ie cÆe e lz a veva m u m zo et des siens Q p ç g . Pour bâtir ces quelques souvenirs et pour les décorer

’ a - e s e n t o u r a j outerai j , il des artistes les plus illustres , qui vivaient en ces temps à Florence et dans les petites villes

' toscanes . Cosme de Médicis fut quelque chose de plus

’ que le simple fondateur d une dynastie : il p e rs o n ifi e en quelque sorte le génie même de la renaissance naissante

’ et c est à lui principalement pour ne pas dire exc lu s i vement que les écrivains et les artistes de tout genre durent cet éclat qui préluda à la Splendeur magnifique

a . de la grand e ren issance Mais l ami des Marsilio Ficino ,

M a r s u i n i des Leonardo Bruni , des p p , de toute cette élite

’ d hu m a n i s t e s lat o n i s an t s p , avait compris dès la première heure l ’ importance qu ’ avait le prestige des arts sur une

a n population ussi intellectuelle que la fi o r e nti e . Aucune dépense ne lui semblait trop grande pour ce but p r o fo n dément p olitique : il fall a it con quérir le peuple p ar la ma

n ifi c e n c e g et gagner les esprits par la force de la beauté ,

' cette m s s uÿer ôa f o r m a e qui devait être une des règles fon

’ ’ ’ d a m e n t ale s de l humanisme . C est pour cela qu en vingt

’ se p t a n s de puis 1 4 3 4 j usqu à 1 4 6 1 les Médicis dép e n M INO D A F1 ES0 LE 3

’ s erent en différentes œuvres d art six cent mille fi o r in s ce qui fait environ trente millions de francs . Une somme

’ folle , au taux de l argent dans les premières années du quinzième siècle .

Mais il faut aj outer que vers 1 4 5 0 la plupart des grands

é a monuments de cette époque avaient été e xécut s . Don tello ,

u e r c1a e Michelozzo , j acopo della Q , Ghib rti , Bernardo Ros sellino , Agostino di Duccio , avaient rempli les églises de la

’ — d u r Toscane et des Ro m agn e s de leurs chefs œ v e . À

Simone Ghi n i et Filar è t e avaient apporté cette première

’ lueur de ren a issance qui devait plus tard produire l éclosion

a f m gnifique de Pie I I et de Sixte IV . Presque tous les che s

’ d oeuvre de cette époque datent de 1 4 0 0 à 1 4 5 0 . Le tom beau du Pape j ean XXIII par D onatello et Michelozzo est de 1 4 1 8 ; les portes du B ap ti st è r e de Florence par Ghiberti

‘ ‘ furent achevées en 1 4 5 2 ; le Sa n Gzoaggzo du Donatello est de 1 4 1 6 ; le tombeau de Leonardo Bruni par B ern a rdo Ros

‘ sellino de 1 4 4 4 ; tandis que la Ca 7ztor za de la cathédrale de

’ Florence par Luca della Robbia est de 1 4 3 1 . Et l on pour rait continuer dans cette revue sommaire des œuvres d ’ art à produites Florence .et dans les différentes villes de la

s iè Toscane , pendant la première moitié du quinzième cle . Ces artistes merveilleux avaient retrouvé une j eu nesse

a nouvelle . Protégés par un seigneur m gnifique , vivant dans un milieu intellectuel et raffiné , ayant comme conseillers ces esprits charmants et profonds à la fois qui furent les néo platoniciens amis du grand Cosme , ils purent dévelop per sans crainte leurs admir a bles facultés intellectuelles . Il faut rechercher dans les chroniques d e cette période prép a ra 4 M INO DA toire les détails de la vie que menait un grand seigneur

! florentin au commencement du XV siècle . Gagnés par

’ T o r n ab u o n i l exemple des Médicis les , les Strozzi , les Ru

a cell i , commençaient a apprécier ce culte de la Beauté b que les philosophes et les savants , chassés de la cour y z an tin e par les Turcs , avaient rapporté de Constantinople f comme un trésor . Les bij oux , les étof es précieuses , les broderies enrichissaient leurs demeures seigneuriales . Leurs

’ femmes avaient une cour de poètes et d artistes . j amais ,

’ ’ — peut être , dans l histoire humaine si ce n est de nos j ours la femme n ’ avait j oué un plus grand rôle dans

’ ’ l évolution politique et esthéti que d une ville . Il suffit de songer à l ’ influence exercée par Isotta da Rimini et plus

Ro m a n es tard par Catherine Sforza dans les g , ou bien par

T o rn ab u o n i cette Lucrezia , qui fut la mère de Laurent de Médicis , dans la ville de Florence , pour comprendre et aimer toutes ces figures pensives et délicates qui peu

l en t Go z z oli p les grandes fresques des Benozzo , des Pinto

r i c chi o . et des Ghirlandajo , comme en un cortège glorieux

Poètes comme la T o r n ab u o n i ou guerrières comme Pan t asil e a P a n l a s ilea ur en s Malatesta, qui fut nommée f pour

’ d a maz o n es avoir organisé tout un escadron , les femmes du xv ° siècle sont vraiment dignes de la gloire d ’ avoir

’ inspiré les artistes de cette épo que , unique dans l histoire de la pensée humaine .

E t en effet , nous les retrouvons un peu toutes dans les table aux ou dans les bas - reliefs des artistes de la première

’ renaissance . Dans aucune autre période de l histoire de

’ ’ l a rt le par a dis n a été peuplé par des femmes vivantes M INO DA FIESOLE 5

" comme au xv siècle . Ces artistes et ces poètes nous ont créé des paradis artificiels , où , sur des pelouses toujours

a vertes , se promènent des nges et des saintes que tout le

« monde peut reconnaître . Voilà les idoles que vous avez

’ mis dans mon temple deva it s é c ri e r dans son mysticisme i c o n o cl as tiqu e Frère j erome Savonarola : mais les sermons de l ’ ardent apôtre ne pouvaient guère avoir une influence

a t considérable sur cette société brill nte , élégan e , raffinée bi et corrompue , qui semble Vivre encore dans les pages z ar r es et subtiles de ce bréviaire esthétique qui fut le ” ’ Son e de g Or , c est au milieu de cette société que naquit et se développa un artiste qui , sans être aussi grand à à que ses contemporains , est parvenu charmer , travers

’ les siècles , l esprit des esthètes et des rêveurs . Mino da

f de Fiesole , en effet , exerce sur nous cette in luence la

’ quelle personne n a p u se délivrer . Tout en lui recon naissant ses maladresses de dessin , ses ingénuités de com s position , ses fautes de per pective , les différents critiques

’ d art qui se sont occupés de son oeuvre restent subj ugués par le charme invincible de ses Madones pleines d ’ él e

’ ’ gance et de rêve . C est que , tout médiocre sculpteur qu il soit , il nous représente un côté particulier de cette renais sance splendide . Son art , si maladif quelquefois et si pro fond dans sa mièvrerie , nous fait constater une fois de plus cette décadence q u i no us frappe si souvent dans cer

e tains ouvrages des poètes ou des a rtistes du x v siècle

’ Et c est en effet par cet esprit de décadence qui est , hélas , un peu notre esprit ! que Mino da Fiesole a conquis son immortalité . 6 M INO DA FIESOLE

On conn aît très peu de chose de la vie de Mino di Gio

— à 1 Cas en tin vanni , qui quoique né Popp dans le fut nommé

' ‘ ’ a a F zes o/c à e xé , probablement la suite des travaux qu il y

’ i l im r cuta vers 1 4 6 0 . Les contemporains ne deva ent pas e s t e beaucoup et Vasari nous fait savoir qu ’ il n ’ était autre chose

’ qu un habile imitateur de , son maître ce qui est inexact et qu ’ il ne put jamais passer

’ ’ ° au devant des autres car c/z z va s emp r e a zetr o 720 12 pa ss ez/ ( 2

' ma i a va n fz Mais Vasari connaissait vaguement cet artiste qui devait être naturellement submergé dans le flot vieto rieux des sculpteurs florentins de cette première moitié

’ du siècle . Auj ourd hui , grâce aux recherches savantes de à M . Milanesi , quelque document nouveau publié par Gaye ,

Co u r a o d G n o li par Louis j et par le comte , on est en état de reconstituer presque entièrement les dates principales de sa vie .

1 0 1 1 1 0 Il a dû naître en 4 3 ou 4 3 , car en 4 7 , lorsque

fl o r en ti n pour la première fois il fut inscrit au cadastre , il déclara avoir 4 0 ans Venu de bonne heure à Flo

’ rence , il dut se lier d amitié avec Desiderio da Settignano

1 2 8 qui , étant né en 4 , était de deux ans seulement plus

’ âgé que lui . Certes , l art élégant et raffiné de cet élève

’ de Don atello exerça une profonde influence sur l œuvre de Mino . N ous retrouverons , en examinant ses différentes sculptures , le même style et la mê me grâce , exagérée , poussée aux dernières limites , mais touj ours visible . Il fut tellement pris par la manière de Desiderio , nous raconte

’ ‘ l e s tim a n t Vasari , que meilleur que la nature , il se mit

’ à le suivre en a b a ndonnant comme chose inutile l étude M INO DA FIESOLE de la verité : il fut a insi artiste plus gr a cieux que profond

a r a i a t c/zc 57/ 0 72d0 n el/ a r te gg z o ; / 0 ) .

E t en effet nous retrouverons d a ns sa technique cette m ême manière délicate , un peu effacée , de traiter le mar bre ; cette souplesse e xagérée des figures dont les longues

c o n s jambes , les minces et subtils , les paupières lourdes et les hanches ondoyantes , nous font déj à pressentir les sculpteurs de la derni ère renaissance fl o r e n tin e et ce pre s tigi eu x Benvenuto qui semble synthétiser toutes les gr â ces et tous les défauts de sa race épuisée .

’ n à Mais o est obligé de s en tenir ces indices de style , car on ne s a it rien des premières années passées par Mino

à . u a Florence Q elques historiens de l rt M . Bode entre ! m autres et E ugène M ntz lui font faire un pre ier voyage à.

’ a Rome vers 1 4 5 4 . Cette hypothèse est b sée sur l inscription que le premier de ces deux critiques a lue sous le buste de Nicolas Strozzi au musée de B erlin : NI COLAUS DE STRO

T I I S N I I URBE M CCCCLIII O P US N I N I . M . Bode et après lui

! Ro Eugène M ntz et M . Leonardi dans son étude sur Paolo

’ mano nous font observer que l erreur orthogr aphique du nom ne signifie absolument rien et que Mino est trop souvent ap

' ‘ ‘ ’ pelé de F zes ol e et de F /or em za pour savoir à quoi s en tenir ; que d ’ ailleurs les caractères du buste Strozzi sont ceux de

at son art , et que cette belle pièce de sculpture doit lui être t r ibu é e sans crainte de contradiction . À toutes ces remar ques le comte Gn oli répond négativement : le savant critique

’ romain nous fait observer qu en 1 4 5 3 Mino avait à peine

2 a 3 ans , tandis que le buste en question est un ouvr ge très

’ ’ a avancé , d une technique sûre et presque p rfaite , telle qu on 8 M INO DA FIESOLE

l a . e rencontre dans les sculptures de sa maturité j suis , pour

’ à Gn oli mon compte , tout fait de l avis du comte . Car en ’ à dehors de l âge de Mino , il y a mon sens une autre cir

’ constance qui nous fait écarter l idée de ce voyage à. Rome .

1 8 H ai En 94 en effet un banquier berlinois , Otto nauer , laissait au musée de sa ville un autre buste signé par Mino d a Fi es o le : celui du pharmacien

1 6 . . ac Alexis de Luca , daté de 4 5 M B ode n hésite pas à cepter cette sc u lpture comme un ouvrage authentique de

’ l artiste toscan . Mais lui même est obligé de reconnaître que la technique le rapproche beau coup plus d u buste de e Jean de Médicis qui est au musée de Flor nce . O r , com ment expliquer cette différence entre le buste de Strozzi qui est d ’ un modelé plus franc quoique sculpté un an et

i fl o r e n ti n dem ou deux plus tôt , et celui du pharmacien qui est évidemment un ouvrage de j eunesse ? E n outre les registres de Nicolas V ne font aucune mention du nom de Mino da Fiesole . Ce pape , qui pourtant fut un des initia teurs de la renaissance romaine et qui appela près de lui

’ n e m l o a plusieurs artistes illustres , p y pas le jeune sculpteur ’ à de Poppi . Il faudrait donc admettre qu il fut appelé Rome par Nicola Strozzi , dans le seul but de se faire faire son por

v à trait , car peu de temps après nous le retrou ons Florence

’ ’ ’ ’ où l on n a plus de ses nouvelles jusqu à l a nnée 1 4 6 1 dans laquelle il sculpta le buste du j eune comte Riccardo della

’ Luna . C est comme on voit une hypothèse inadmissible , qui doit nous faire douter de l ’ authenticité du buste de Berlin et de la possibilité d ’ un premier voyage de Mino da Fie

à . sole Rome , sous le pontificat de Nicolas V M INO D A FIESOLE 9

à f 1 6 Il se rendit Rome ef ectivement en 4 3 . Les registres du Pape Pie Il nous conservent de nombreuses traces de ce

a F a voyage . Il trav illa avec agno da Settignano , avec P olo

Taccone et Isaia da Pisa à la chaire de la b é n e dic t i o n d ans la basilique Vaticane et à ce que nous en dit Vas a ri à un

’ autel que le cardinal Camerlingue Guill a ume d E s t o u t e œ

à é r ô m e a . ville avait dédié St . ] d ns une chapelle de S Ma

’ e a a rie Maj eure . j devrai m occuper plus t rd de ces tr vaux

’ e q u i subirent le sort des œuvres d art au XV siècle à Rome

’ a et furent dispersés . Ceux de la ch ire , qui d ailleurs ne fut j amais finie , durent être employés plus tard pour le ciboire

’ de Sixte IV , lorsque ce pape abandonna l idée primitive

‘ et pr é féra une terrasse ou [aggezl a aux élégances trop peu monumentales de la chaire de son prédécesseur . Lors de ce changement en 1 4 7 1 cette chaire était presque finie ;

’ et c est de là que Sixte IV avait donné sa première be n édi c

’ xé l o etta l a r c hit e c tion au peup le . Mais fi le proj et de la gg , ture de la chaire (qui avait été dessinée par Meo del Ça

’ prino) fut démolie et les sculptures employées en d a utres

’ ouvrages . C est ainsi que nous retrouvons les douze apôtres , qui en étaient la décoration principale , dans le ciboire que

’ Sixte IV fit faire dans l église de St . Pierre . Démoli dans les travaux de j ules I ce ciboire resta abandonné dans le

’ ’ portique de l église , jusqu à ce que la plus grande partie de ses fragments trouva une place définitive dans les c ryp tes vaticanes , où on peut encore les voir .

’ ’ Le même sort a dvint à l autel du Cardinal d E s t o u t e ville à Sainte Marie Majeure . Détruit par Sixte V , lors de

’ l édification de la chapelle Sixtine , il passa en fragments M INO DA FIESOLE

’ au palais du Prince Strozzi , près de l église de Jésus , où il resta ignoré pendant trois siècles environ . Ce ne fut

’ que tout récemment , lorsque l on démolit une partie du palais Strozzi pour l ’ élargissement du Corso Vittorio E ma m o uele , que M . Ad lfo Venturi reconnut dans quatre bas

— s reliefs en marbre , illustrant la vie de St . J érôme , bas relief

’ conservés dans la chapelle du palais , les restes de l autel

’ ’ ’ du Cardinal d E st o u t ev ill e et s e mpl o ya pour qu ils fussent conservés dans un musée de la ville .

a d e La municip lité de Rome , reconnaissant la justesse

b a s - d e ces vœux , déposa ces reliefs au Musée artistique

Via Capo le Case , où ils se trouvent encore . Ce premier séj our de Mino da Fiesole à Rome ne dura

1 6 pas longtemps . E n 4 4 en effet il était de retour à Flo rence o ù le 2 8 juillet il se fit inscrire dans la corporation

’ ‘ / a m e del /a P i etm l a des sculpteurs , , comme on nommait ’ à alors . Il faut supposer qu après avoir gagné Rome une ’ à somme d argent plus ou moins grande , il songea rentrer ’ ’ à à Florence pour s y établir définitivement . C est cette

époque que remonte son premier mariage avec Françoise ,

m i fille du enuisier Angelo di Barone , mar age qui donna

à Mino une nombreuse famille . Les documents du cada

1 0 stre, où il fut inscrit une première fois en 4 7 , un compte conservé par les moines dans leurs archives de la Badia , nous apprennent que Mino habita quelque temps une maison louée par ces m êmes moines dan s le quartier de

’ ’ a - l a el a St . Jean C est là que n quit son premier né il pp

’ ’ — là Julien , peut être en l honneur des Médicis et c est que cet enfant mourût en 1 4 6 6 âgé de trois ans à peine . M INO DA FI E SO L E

’ I l fut enseveli dans l église de S . Maria in Campo sous

n e u dalle où , avec les armes de Mino est gravée cette

A N S M N 1 L P T simple et touch a nte inscription : J U 1 . 1 U i SC U O R I

I 'l ‘ 1 PRI M US E T GE N U S 4 6 6 .

a a Quelque temps près , enrichi par les nouveaux trav ux

’ ’ a a qu il ven it d accomplir , Mino da Fiesole bandonna le

a ) er s u 0 a ôi ta 7 e u n a ca s a quartier de St . Jean et cheta j

' ° ’ ‘ ’ ‘ ’ esta zn a a/o a i Sz A mô r o i o e n ella str a a a m a es zr a a z fi p p . g por ta a lla Cr oce comme il résulte de s a deuxième i n

a s 1 8 0 a scription au c da tre en 4 , par laquelle nous s vons

’ qu il vivait encore avec sa femme Françoise , et son fils Z anobi âgé de di x ans . On connaît très peu de choses sur ses enfants nous avons vu Julien mort en 1 4 6 6 étant encore fils unique : les dates de naissance des autres se suivent presque sans i n t e rv alle s 1 6 Z a . Nous avons ainsi un Philippe né en 4 0 , un

1 0 1 n 1 An nobi en 4 7 , une Catherine en 4 7 3 , un Jea 4 7 5 , un

1 1 8 1 gelo 4 7 9 et enfin un Martin qui naquit en 4 , deux ans

à i peine avant la mort de son père . Ces S mples dates sont le seul souvenir de cette famille si nombreuse . Il ne paraît pas que les fils de Mino aient suivi son a r t ou

a s . s ils le suivirent , ils ne réussirent p à se faire distinguer O n sait seulement que sa fille Catherine se maria à un

a a nommé Nanni di Fr ncesco , personn ge obscur de Papiano

Cas e n ti n a a . dans le , pays d où la f mille de Mino ét it issue

’ Les a nnées qui vont depuis 1 4 64 jusqu à 1 4 7 0 sont l pour Mino da Fiesole des années d e gros travai . N ous le

a N e trouvons en effet , occupé soit au buste de Diotis lvi à rone , soit au retable et au monument Salutati Fiesole , M INO DA FIESOLE

’ c - soit en ore aux bas reliefs pour l église de St . Laurent ’ à aujourd hui la Badia soit au tabernacle de Volterra . C ’ est aussi à cette époque qu ’ il commence le monument

ui au Comte Ugo de Toscane , monument q reste parmi ses ouvrages les plus importants . Nous verrons ensuite ,

en examinant particulièrement ses différents travaux , quelle

était sa technique et quelles furent les influences subies . f Certes il dut faire de bonnes af aires , quoique les paye

’ — ments ne fussent pas très réguliers , si bien qu il dut re courir assez souvent aux moines de la Badia pour dégager

’ les travaux sur lesquels il avait emprunté de l argent , avant de les achever Ce fut peut- être cette incertitude financière ou mieux encore l ’ insistance de ses anciens ca m ar ad es qui le décidèrent à rentrer à Rome où le Car

édifi ait dinal Barbo un monument à Paul I I , son oncle , et où il paraît que Mino avait laissé un bon souvenir de tra v aille u r — e habile . De travailleur habile ai j dit , mais pas da

’ a f e vant ge , car les dif érent s anecdotes qu on raconte du sculpteur florentin témoignent du peu d ’ estime dont il

a j ouissait parmi ses cam rades , car il fut avant tout un entrepreneur et Vasari même nous le montre assez vague

’ ment e n train de travailler « aiutando a maestri che la vorava no alle opere di marmo e sepolture di Cardinali .

’ Laissant de côté l histoire de la querelle avec Paolo Ro à mano querelle qui doit être attribuée un autre artiste , comme je tâcherai de le d é montrer — j e me bornerai pour le

‘ moment à une anecdote recueillie dans les F a ce!ze de Dome

! F a ce/ie l a nichi . Ces imprimées vers seconde moitié du XVI siècle nous racontent que Mino da Fiesole , travaillant un M INO DA FIESOLE 1 3

à . j our une statue de St Paul pour le pape , voulut la rendre

’ ’ ’ l a bima » si fine qu il or , étant le pape très fâché c est

D o me n ichi qui parle et se pl aignant a messere Leone

a Alberti de cet achèvement m lheureux , ce même messere lui répondit que Mino ne s ’ était pas trompé et que cette statue était la plus belle œuvre qu ’ il eût j amais faite

Ces différentes anecdotes , véritables ou fausses , nous démontrent que la renommée de Mino n ’ était pas très

’ grande parmi ses contemporains . D autre part , nous le

’ à a trouvons constamment associé d utres sculpteurs . Il travaille avec au grand monument de

a B r e n o Ria r io Paul I I , et vec Andrea g au sépulcre de

a à et du Cardinal de la Rovere . Je ne saur is voir Rome

! aucun ouvrage entièrement de lui , pas m ême le beau monument au Ca rdinal Fo r t egu e rr i qui est pourtant une des œuvres à laquelle il a le plus travaillé . Quoi que ce

à 1 0 soit , il vit Rome pendant presque dix ans, depuis 4 7

1 8 0 . a jusqu à 4 À Florence , il ne fait que quelques r pides

’ 1 1 voyages , si bien qu en 4 7 il doit signer un autre contrat

’ avec Don Salvatore , abbé de la Badia , pour l achèvement

’ 1 1 du tombeau au Comte Ugo . C est entre 4 7 3 et 4 7 4 qu ’ il achève la plupart des travaux commencés depuis

’ quelques années : le retable pour l autel de St . Pierre à

a Perouse , la ch ire de Prato , les bénitiers pour les églises

’ de St . Martin et de Casaglia , les trois têtes d anges pour

’ 1 u s à 1 8 0 la sacristie de la Badia . Mais depuis 4 7 4 j q 4

’ année dans laquelle , comme nous l avons vu , il est inscrit pour la seconde fois au cadastre de Florence les docu ments précis manquent . Rien ne nous empêche de supposer 1 4 M INO D A FIESOLE qu ’ il vécut à Rome où il acheva les différents ouvrages qu ’ il a vait commencés en même temps que le monument de Paul I I . Mais ces dix années écoulées et ces monuments achevés il rentra à Florence pour une dernière fois dans sa maison

’ - a . à de B orgo all Croce E st ce ce moment , qu il épousa

’ en seconde noce cette Giana di Giuli a no d An t o n i o ?

M . Milanesi dans les notes sur sa vie nous fait savoir que sa première femme fut cette même Françoise avec laquelle il vivait encore en O r , comme son dernier fils

’ i Martin naqu t l année suivante , il est clair que sa pre mière femme devait vivre encore à cette épo que . Giana est donc la femme de ses deux dernières années , pendant lesquelles il continua avec empressement les différents tra

’ à : vaux qu il avait finir le monument au Comte Ugo , le

i l es — tabernacle de St . Ambrog o et bas reliefs et les bustes qu ’ il avait laissé inachevés pendant ses voyages entre

Rome et Florence .

Vasari n ous raconte comment il mourut .

va Un j our , se trou nt seul dans son atelier , il voulut

a f . soulever un gros bloc de m rbre . Cet ef ort lui fut fatal

La fièvre le gagna et quelques j ours après , il était mort .

’ Cet événement survint le 1 1 j uillet de l année 14 84 .

’ Mino d a Fiesole n a vait que 5 3 ans .

' La s e s en t an t v a veille de sa mort , faiblir , il a ait ppelé ser Giovanni Tolosani dal Colle , notaire , pour lui dicter son testament

’ Parmi les différents legs il y a en a un qu il faut noter

’ ’ ’ ’ a l ais s at à ici . Il s agit d un projet de f çade qu il l œuvre de la Cathédr a le de Florence M INO DA FIESOLE 1 5

Vies Vasari raconte dans la première édition de ses , q u e Mino d a Fiesole fit inscrire sur son tombeau cette é pitaphe

D es id er a n d o a l p a ri

’ D i D es id e ri o a n d a r n ella b ell a rt e M i tro v a i t r a qu e i ra ri

A c u i v o li e s i b ell e il Ci el c o m art g p e .

Mais cette épitaphe est evidemment fantaisiste comme fantaisistes sont les descriptions qu ’ il nous fait de ses

’ funérailles à Fies o le où il dit qu il fut enseveli par ses

a a r a mis . On sait au contr ire p le registre des morts de Florence que Mino da Fiesole mourut dans sa maison de Borgo alla Croce et fut enseveli dans cette m ê me église i ’ ’ p aroissiale de St . Ambrog o qu il avait enrichie d une de

a s e s sculptures les plus gr cieuses .

1 8 M INO DA FIESOLE médiocre et presque indigne de la splendeur de la renais Il sance . faut reconnaître que presque tous les critiques

. » sont de cet avis E n face d une sculpture de Mino ,

M o li n i e r G observe M . dans une étude publiée dans la a z ette des B ea u x — A r ts 1 8 8 2 en , il faut . se contenter de la pre

: a mière impression on est h bituellement charmé , mais il

’ n faut se garder d approfo dir . Ses figures sont des corps k ’ sans E t M . Per ins , l historien anglais de la

’ sculpture italienne , n hésite pas à affirmer en parlant de

’ : « Mino qu avec toute la grâce victorieuse , le charme de

e ses ouvrages et leur suprê me délicatess de traitement , ils ont une uniformité de type qui quoique symp a thique ’ d’ au premier abord finit par devenir ennuyeux . C est ail

’ leurs touj ours le résult a t des œuvres d art dont le style est particulier sans être profond » Et j e me borne à

’ u o i u au ces deux citations très significatives, q q fond tous les critiques et les historiens aient adopté ce même style en parlant du sculpteur fl o r e n ti n . f J e dois a firmer de mon côté , que j e ne partage pas ces j ugements . Dans une époque de grandes individuali à tés , Mino d a Fiesole réussit encore garder sa physio nomie particulière et s ’ il subit par ci par là l ’ influence de quelque maître , il sait touj ours y aj outer cette grâce un peu mièvre qui est un des caractères le plus significatifs

u n de son talent . En outre il nous montre tout côté de cette première renaissance : le côté morbide et décadent ,

’ qui semble prévoir , dès l aurore , les splendeurs du cou

d a chant . Mino Fiesole et Agostino di Duccio représentent ,

e ’ x v . au milieu du siècle , le raffinement suprême de l art M INO DA FIESOLE 1 9

Ils sont des intellectuels aussi bien que Sandro Botticelli

' et tiennent a v e c l u i la pl a ce que Agnolo Poliziano ou

Laurent de Médicis tiennent dans la poésie . Je ne saur a is ne pas insister sur ce point qui me sem ble capital .

‘ Il se produit en effet vers la moitié de ce yzza l l m cem o si splendide et si robuste comme u n e tendance particu

’ liè r e qui semble s éloigner de toute action environnante . Le phénomène le plus visible de cette diversion est peut être ce curieux ouvrage du Père Colonna que j ’ ai déj à

’ L fi / 7zem f/zom a clzia cité . j fi livre précieux dont les exemplaires comptent parmi les raretés bibliographiques de cette période exerça une suprême influence sur les

! idées et les tendances de la seconde moitié du XV siècle . Il faut connaître ce livre obscur et souvent ennuyeux po u r comprendre certains détours de la pensée es théti que de cette époque et certaines images allégoriques des

fi r n ti n a o e s . Po artistes Au fond Poli , la belle femme que lyphil e poursuit dans son rêve à travers les labyrinthes des bois , les jardins merveilleux et les ruines somptueuses , est un peu l ’ idéal de bien des peintres et des sculpteurs

a : de ce siècle . N ous la retrouvons un peu p rtout autour

a des fontaines qui peuplent leur paradis fantastique , d ns les cortèges qui se promènent sur les places de Florence , voire même sur les autels où elle devient très aisément la

! S . Vierge toute puissante .

Or , Mino da Fiesole fut une des manifestations les plus

’ L a n e d o t e . c directes de cet esprit même , rapportée par Do

’ ’ m e ni chi , nous montre avec l ironie subtile d un écrivain du M INO DA FIESOLE

e œ l XV I s c e . , le caractère principal de son art Ce caractère

a S consist it particulièrement dans une extrê me finesse . ous son ciseau les figures humaines perdent un peu de leur réalité , l ondoient vaguement entre e rêve et la vie . On dirait même

’ ’ ’ que cette qualité s accentue avec l âge : tout ce qu il avait

’ d âp re té et de violence semble se perdre dans ses dernières années e t — sous ce point de vue — l ê monument du j eune Tor

’ ’ n ab u o n i n à dans l église de la Mi erva Rome , est d un charme

’ particulier . C est surtout dans le type féminin , dans les bas reliefs des Madones , ou dans les allégories des Vertus , que

Mino da Fiesole montre une puissance singulière .

’ On pourrait lui rép r o ch e r peut- être de ne voir qu un

: type de femme cette délicieuse jeune fille , si frêle et sou

’ riante , dont le buste est auj ourd hui au musée de Berlin .

’ ’ C est une figure d une délicatesse suprê me , aux traits ir

a u . réguliers , profil maladif On dirait une de ces j eunes

’ fi o re n ti n e s fa u filles , telles qu on les voit encore dans les

’ ’ bourgs de la ville , d une pâleur diaphane et d un charme troublant . Cette figure unique , vous la retrouverez un peu partout dans les œuvres de Mino : il en garde le précieux souvenir et j usqu ’ au dernier j our de sa vie ne manque pas de nous la montrer sous les traits d ’ une sainte Vierge ou

’ sous les formes d une allégorie . Car Mino da Fiesole il est nécessaire de le noter est un des rares artistes de son époque qui ne perdit

a j am is les caractéristiques de sa race . À Florence comme

fl i n à Rome il reste o r e n t . Tandis que les autres artistes

! ’ peintres, sculpteurs et architectes subissaient l influence

’ a s u e s de l art rom in , lui seul paraît étranger a toute gg M INO DA FIESOLE

tion . Nous verrons plus tard comment une grande partie des

a u i att ib u é s tr vaux q lui sont , ne peuvent être positivement

’ ! l a l Au t e . de sa main . Ainsi de S Marie Maj eure , le T ber

t e ’ ’ n Tr a sfever e l An e acl e S . de Marie in , g même de l église espagnole de St . Jacques ne peuvent être issus de son

’ ciseau . Il garda jusqu au dernier j our de sa vie , une grâce frêle et ch a rmante et cette mièvrerie qui lui assigne une

e x v place toute spéciale parmi les sculpteurs du siècle . Regardez ses Madones : elles sont avant tout de grandes

’ dames , épuisées par l ancienneté de leur race . Leurs cous sont longs et minces , leurs figures un peu maigres , les

a e ffi lé s pommettes s illantes , les nez , leurs yeux , très souvent asymétriques , se voilent sous de lourdes paupières ; leurs

au x bouches légèrement retroussées coins , ce qui leur

n donne une expression arquoise et dédaigneuse , se fer

n ment tenaces , peu disposées au rire et même au badi age insignifiant . Tout le reste du corps exprime ce m ême sentiment aristocratique et raffiné : les épaules tombantes forment une lign e de délic a tesse et de fe m min ilité ; les seins sont petits , fermes et virginaux ; les bras minces , les mains larges et nerveuses aux doigts longs , légèrement

’ à l ex t rêmit é carrés ; les hanches absentes , souples sous ’ d i l o n o e m en t léger des vêtements de voile . Telles sont les Madones que Mino da Fiesole sculpta sur les autels de

Toscane ou de Rome : depuis celle du retable de Fiesole

’ - qui est parmi les premières , j usqu au bas relief charmant de ou de Santo Spirito . On retrouve la même continuité dans les monuments 6 . à 1 funèbres Lorsque Mino da Fiesole arriva Rome en 4 3 , 2 2 M INO DA FIESOLE

’ u s é an o u i s s ait le style f néraire p en une forme nouvelle .

Sans arriver aux conclusions de M . Steinmann , qui voit en

J s a ia da Pisa un innovateur et dans s o n monument à Eu

' Sa n Sal v at o r e gène IV , dans le cloître de in Lauro un à ouvrage tout fait original , il faut pourtant reconnaître que le sculpteur pisan avait apporté quelque profonde mo difi c atio n aux architectures traditionelles . Au fond , le sé pulcre du pape Co n du lmi e r est une dérivation du s épul cre que Michelozzo et D onatello avaient sculpté pour

XXIII B a ti s t è r Jean dans le p e de Florence . E n choisissant les élements décoratifs de ce dernier et en se souvenant

’ Co s m at es à de l organisme architectonique des , il parvint créer un heureux pastiche qui survécut pendant presque un siècle sous les différents pontifes qui se succédèrent au

. n ac ce t a Vatican Mino da Fiesole , pourtant , p pas cette

’ transformation romaine d un prototype fl o r en t in . I l resta l fidèle toute sa vie , aux modè es classiques de Desiderio da Settignano et de : un grand arc soutenu par des colonnes ou par des gracieux pilastres , sous lesquels repose le mort , contre une paroi simplement

’ ’ architectonique . C est ainsi qu il conçoit le monument du

Pape Paul II au Vatican et celui d u cardinal F o rt egu e r ri

t c ’ ’ é c ili e : fi o à S. C c est ainsi qu il imagine les tombeaux r e n t in s du comte Ugo et du chevalier Giugni à la Badia .

r o m ain s . n o u s Quant aux autres monuments , verrons plus tard la part que Mino da Fiesole prit à leur exécution .

’ ’ ’ C est surtout ici que l on retrouve l e s traces de l in

fl u e n c e a u o u r de Desiderio . Mais il nous serait difficile j

’ d hu i de déterminer avec exactitude où ces influences finis M INO D A FIESOLE 2 3

’ a a a sent . Certes , il y a du vrai d ns l ffirmation de V sari , et

Mino da Fiesole quoique ne pouva nt p as être le disciple de Desiderio da Settignano , en subit tout de même la

’ a grâce exquise et l élégance triomphale . Mais le tempér

’ ment de Mino s affirme avec une personn a lité plus vibrante .

’ Il est , avant tout , le sculpteur de la femme et c est à lui plus qu ’ à son médiocre contemporain que conviendrait le surnom de Maître des Madones de Marbre » car si le monument du comte Ugo est une reproduction p lus ou moins fidèle de celui que Desiderio sculpta pour le gon

’ fal o n i e r M a r s u in i a p p en l église de Sant Croce , les Ma dones des retables et des sépulcres sont tOu t à fait diffé

- Pa n ci atic hi rentes . Il suffit d e comparer le bas relief du Palais

à Florence une des rares M a do n es qui peuvent être a tt r i buées avec certitude au ciseau de Desiderio avec les nombreuses saintes Vierges de Mino da Fiesole pour en voir les différences fondamentales . La Madone de Desi

o a deri se rapproche plus intimement du type cl ssique , ses draperies abondantes ont un gracieux mouvement d e plis , la ligne générale de la composition est plus harmonieuse

’ l E n fan t et plus digne , le mouvement de plus naturel , les traits des figures plus ronds et plus impersonnels .

E n un mot la Madone de D esiderio est une divinité , tandis que les nombreuses Madones de Mino da Fiesole

’ T o rn abu o n i sont les , les Strozzi , les Sforza , ou n importe quelles grandes dames intellectuelles et dédaigneuses de cette société fl o r e n tin e qui pouva it encore dicter au monde

’ les lois de l élégance et de la courtoisie . Voilà , selon moi , la caractéristique de cet artiste qui fut assez humble 2 4 M INO DA FIESOLE

’ dans sa vie po ur ne se croire autre chose qu un simple

lu i tailleur de pierre . Mais il faut reconnaître aussi une ! iè . à s grande souplesse de technique Certes , la fin du XV

’ ’ lo r s u à d An d r e a cle , q travers les premières élégances San sovino on pouvait so n ger aux formes puissantes de Michel ange , cette grâce si fine et si subtile , pouvait apparaître

’ ex li comme la maladresse d un artiste impuissant . Ce qui p q u e r ait encore une fois le ton complaisant avec lequel en 1 5 8 5 u n siècle j uste après sa mort le bon Dome

’ nichi racontait l a n e c d o te de la statue gâtée par trop de

M - finesse . ais si cette critique peut être expliquée chez des artistes qui avaient été accoutumés aux lignes s u r hu à maines du Buonarroti , elle devient tout fait inconcevable

’ chez les écrivains modernes , plus proches de l art de Mino

à. et mieux disposés le comprendre . On a souvent répété que Mino da Fiesole ne savait pas

er s ec ti dessiner , que ses figures sont très incorrectes et les p p

’ e st ves absolument indignes d un véritable artiste . Certes , on surpris quelquefois de voir dans son œuvre des ingénuités de

’ composition et de dessin : mais il faudrait d abord établir ri

’ g o u r eu s e m en t quelles sont les sculptures qu on peut attribuer

’ avec certitude au sculpteur de Poppi . Jusqu à présent cette

’ liste n a pas encore été dressée . Les catalogues de M . Louis

o u ra d s hu di C j o et ceux de M . M . Bode et ! ilhelm von T c

’ d i n exac titu d n sont remplis es et de fausses attributio s .

O r il est curieux de remarquer, que la plus grande partie des critiques se base principalement sur ces sculp

’ ’ tures qu un examen plus attentif devrait exclure de l œ u v r e - de Mino . Les Bas reliefs de ,

2 6 M INO DA FIESOLE

éclore bientôt dans ce précurseur du baroque que fut l ’ aîné

’ ’ des Sansovino . C est pour cela que les Madones qu on peut lui attribuer avec certitude ont une élégance toute particulière et conservent cette souplesse des membres et cette harmonie des vêtements qu i fut une des p ar ti c u

’ a r i t l é s les plus pures de l école toscane . Cette recherche de souplesse et de délicatesse le porta

’ à travailler le marbre d une façon toute personnelle .

Mino da Fiesole est surtout et avant tout un m aître de l a techni que . Le tailleur de pierres savait comme le ci

a seau devait être manié . On dir it que sous sa main le mar bre devient tendre et malléable co mme une terre . O n lui

’ a souvent reproché d être mou : mais cette mollesse du modelé dérive j ustement de son extrême délicatesse . Ana

’ lysez n importe laquelle de ses figures et vous y r etr o u v e r e z touj ours ce même soin , cet amour du fini qui lui font caresser qu ’ on me passe le mot le marbre auquel il

’ travaille . Jamais son ciseau n aura une âpreté ou une vio

a lence . Les bouches touj ours très gr ndes et très nobles finissent par une souplesse qui atténue toute dureté des traits , les yeux en amande ont une coupe sinueuse , qui leur donne une langueur inattendue ; les prunelles rondes sont travaillées avec le trépan , les cheveux ondoyants chez les femmes , assez longs et frisés chez les enfants , forment une gracieuse couronne autour du front qui est touj ours très

’ ’ decouvert comme l exige ait la mode d alors et permettent

’ au sculpteur d exercer son i magination de décorateur . Mino da Fiesole , peintre , aurait été le peintre de la femme , amou

’ reux de l élég a nce féminine et des somptuosités du luxe . M INO D A FIESOLE 2 7

O n voit avec quel pl a isir il drape les voiles et les jupes de ses figures allégoriques : il ne néglige aucun détail des b roderies ou des bij oux ; il nous indique ch a que bouton

. a chaque frange , chaque galon E t touj ours vec un modele à minutieux et modeste la fois , qui semble envelo p per le

’ marbre d une caresse profonde . E t remarquez , que Mino da

’ a Fiesole fut essentiellement l artiste du marbre , mépris nt

’ le bronze qu il devait trouver tr 0 p b rutal et la terre cuite qui lui devait apparaître trop facile .

’ Mais , comme j e l ai déj à dit , pour bien comprendre la grâce victorieuse de cet artiste charmant , il faut avant

’ ’ u l allé e an t to t épurer son œuvre , en g d un lourd héritage

a qui ne lui ppartient pas . Il y a dans sa vie , aussi bien que dans son œuvre , un côté tout obscur , qui ne nous permet pas de regarder avec assur a nce les choses admi r ables que cet enfant de la renaissance nous a léguées . Le

’ u d temps est ven , j e crois , éclairer ces ténèbres et de sou

l a lever le voile qui nous cache vérité .

I I I MIN O DA FI ESOLE E T MI N O D E L RE AM E

Une histoire exacte des monuments romains pend a nt

e ’ v le x siècle est aujourd hui presque impossible . Les hi

’ s t o ri en s à et les critiques d art se taisent leur propos .

É blouis par la gloire de Michel -ange et de Raphaël ils négligèrent comme indignes de leur i n t e rêt les artistes qui

a av ient travaillé sous les papes de la première renaissance .

Plus tard la gloire catholique du Bernin et le r e n o u v el lement de la ville détruisirent la plupart des monuments dont les fragments dispersés dans les souterrains des églises ou dans les couloirs des sacristies restèrent aban

. c a donnés et oubliés j usqu à nos j ours Les guides , les

" c t al o u es a 1 x v u g , voire les vies des p pes écrites au x v , au

° x v m et au siècle , ne font aucune mention des ouvrages de la prem i ere renaiss a nce et des artistes auxquels nous les devons . Tout ce qui précède les grandes œuvres de 3 0 M INO DA FIESOLE

X Jules II ou de Léon est vaguement indiqué , sans trop

’ i n r - de détails et sans aucun te êt . C est pour cela peut être

’ ’ que l histoire de l art , sur la foi de Vasari et des écrivains

’ ’ qui lui ont succédé , n est qu une continuelle répétition , où les trois ou quatres noms des artistes connus et accepté s reviennent sans cesse dans des ouvrages disparates .

Un patient travail de recherche a été fait en ces d e rniè

u res années avec un résultat très restreint . Les savantes p

‘ i n ! l es A r ts a l a Cou r des bli c at o s de M . E ugène M ntz sur

P a es . p , les recherches de M . Adolfo Venturi et de M Stein mann ont presque totalement changé les attributions an c ien n e s en nous révélant un nombre presque inépuisabl e ’ d d artistes inconnus . Mais en même temps la plupart e s

ouvrages dispersés dans les églises et dans les édifices . de

’ Rome ne peuvent être a ttribués avec certitude qu à un nom bre tout à fait restreint de ces artistes . Une déplorable con fusion règne dans le registre des payements faits par l e s

e papes au x v siècle . Les noms les plus différents et les

’ plus inattendus s en t rel ac e n t sans ordre et nous montrent

’ toute une armée d architectes , de charpentiers , de sculp teurs , de tailleurs de pierre , de peintres et de badigeon n e u rs f Il employés dans les dif érents travaux que Pie , Sixte IV ou Innocent VII I entreprirent dans la ville éter nelle . Et tandis que tous ces noms passent sous nos yeux

’ ’ éblouis , les marbres restent muets et ce n est q u avec une peine infinie que le critique d ’ art peut se hasarder à recon naître une paternité aux monuments funèbres , aux bas reliefs , aux fragments sans nombre dispersés dans les églises romaines M INO DA FIESOLE 3 1

’ À l époque où l\ l in o da Fiesole vint à Rome pour la

a première fois , il y trouv déj à installés les nombreu x ar

‘ tistes q u e Pi e Il avait appelés pour les travaux du Va tican

au x Grâce derniers documents publiés , nous pouvons recons tit u e r a la assez ex ctement vie artistique de cette période .

Malheureusement ce Pape , illustre sous tant de rapports ,

’ fut plus humaniste q u artis t e et préféra la conservation des anciens monuments à la gloire d ’ en édifier de nou veaux . Préoccupé par les travaux de sa ville de Pienza , il aima Rome d ’ un amour attiédi et s ’ il reprit le projet

’ de N icol a s V pour la construction d une nouvelle basili que de Saint Pierre , il le fit sans enthousiasme et avec une impardonnable lenteur . D ’ autre part les documents publiés se rapportent presque tous aux artistes qui travaillèrent pour le Pape . Ces archi t e c t e s a , ces sculpteurs , ces peintres form ient des compa gnies distinctes et assez nombreuses , travaillaient ensemble au x mêmes monuments et assez souvent parcouraient la province pour y entreprendre des trav a ux pour les cou vents , les corporations religieuses et même pour les par

i u lie r 1 1 t c s . Dans une lettre de 4 9 , nous voyons en effet

’ An to n i a z z o a Romano , un peintre qui j ouit d une gr nde popularité sous le pontificat de Sixte IV , décrire sa com

’ ' p agn i e d artistes et de praticiens [u r ban a i /a wm n t£ en train d ’ accomplir les décorations du château des Orsini à

l Ô Bracciano ) . Le même fait se reproduisait un peu partout , et bien des monuments romains de cette période a ppar à à tient plusieurs artistes la fois , qui en exécutèrent les f dif érentes parties . 3 2 M INO DA FIESOLE

’ Mais comme j e l ai déjà remarqué , on ne sait pas où

’ ’ l ouvr a ge de chacun commence et où il s arrête ; sans tenir compte des noms qui sont très nombreux pour ce qui se r a pporte aux travaux publics des papes et en très petit nombre pour l es sépulcres et les monuments des particuliers .

Pour ce qui se rapporte à Mino da Fiesole , ce même fait se reproduit dans son second séj our à Rome , sous le ’ à pontificat de Sixte IV . C est cette période que remontent la plupart de ses ouvrages et Vasari même nous le montre

’ en train de travailler avec d autres artistes , aux monu

’ a ments des p pes et des cardinaux . On sait , auj ourd hui , quels furent ses collaborateurs dans les monuments funèbres de

Ri a r i o F e r ri c ci . Paul II et des cardinaux , et della Rovere

B r e n o Ces Giovanni Dalmata et ces Andrea g , des noms in

’ u s u à hi e r o u e n t connus j q , j dans son deuxième voyage le mê me rôle que j ouèrent autrefois les sculpteurs de l ’ école

’ romaine : Paolo Tacconi et J s ai a da Pisa . Mais l art de

’ Mino est si personnel et si caractéristique , qu on peut très

À des aisément reconnaître ce qui lui appartient . côté formes un peu lourdes et d ’ une noblesse toute classique

u i des artistes q travaillèrent avec lui , ses Madones se font admirer p a r leur grâce toute florentine et par leur expression absolument moderne . Il ne peut pas exister de doute sur les différents ouvr a ges exécutés par Mino da Fiesole à Rome pendant ces deux séjours . Mais il

’ u e xiste quand même un point obsc r , qu il nous faut élu

’ ’ a m cider . Il s git de savoir quel fût le personnage assez y s té r ie u x dont nous parle vaguement Vasari sous le nom

3 4 M INO DA FIESOLE

’ à Voyons d abord , ce que Vasari nous raconte propos de cet artiste . E n parlant de Paolo Romano dans la seconde édi tion des Vi es il écrit : Paul Romain et Mino del Reame

. diffé du même âge et de la même profession , mais très

’ ’ rents dans l espèce de mœurs et dans l art . Car Paul fut modeste et habile , tandis que Mino , quoique ne pouvant i lui être comparé en habil té , fut prétentieux et hautain , avait un ma i nt i en orgueilleux et tenait des discours fanfa Il rons . Or , un j our, comme Pie avait commandé une statue à Paul , sculpteur romain , il en fut si envieux et il agaça de

’ — i telle sorte son rival, que celui ci , quo que d un naturel humble

’ et bon , fut obligé de s en ressentir . Et puisque Mino del Reame lui avait proposé par fanfaronnade de parier avec lui mille ducats à qui ferait une meilleure image et tout cela

’ ’ n acc e t e r ait dans l espoir que Paul p pas , en le connaissant comme homme contraire à tout ennui , il finit par accepter

à. l invitation . À moitié repenti , Mino réduisit son pari cent

’ ducats et par simple point d honneur accepta le j eu . Les tra à à vaux exécutés , la victoire revint Paul , comme celui qui en était le plus digne , tandis que Mino fut jugé comme une personne plus habile dans les discours que dans les ou v r age s .

À ce petit récit , dans lequel se résume toute la vie de Mino del Reame , Vasari aj oute quelque indication sur ses œuvres et nous raconte qu ’ il travailla dans plusieurs

de églises de Naples , dans le couvent Montecassino , où il fit un sépulcre , et à Rome , où il sculpta les deux sta

. s a tues de St Pierre et de St . Paul (actuellement dans la cristie du Vatican) , la statue de St . Paul au pont St . Ange M INO DA FIESOLE 3 5

a et , en partie , le monument de Paul I I . M lheureusement ces indications sont inexactes et d ’ après les derniers documents

L o n a r di o n G n oli . e publiés par le comte et M , sait que les statues attribuées à Mino del Reame sont au contraire de

— Paul Romain , et les haut reliefs du monument de Paul II , furent exécutés probablement sous la direction de Mino da Fiesole , par Giovanni Dalmata , qui les signa de son propre nom . Quelles sont donc les ouvrages de Mino del Reame à Rome ? Je crois qu ’ on peut sans contredit lui attribuer le maître de autel de Santa Maria Maggiore , le Tabernacle Santa

’ Maria in Trastevere et l An ge soutenant les armes du roi

’ ’ d E s a n e - p g , sur la porte de l église du Sacré Cœur de

Marie à la place Navona . À ces ouvrages on pourrait aj outer les bustes de Nicolas Strozzi et de Paul I I , dont

’ ’ l un comme nous l avons déj à vu est au musée Royal de

’ Berlin , et le second dans les appartements de l ambassa

’ d Au t ri ch e P deur au alais de Venise . Si l ’ on examine ces travaux en les comparant avec ceux diffé de Mino da Fiesole , on est avant tout frappé des r en ce s de style qui les distinguent . Autant les Madones de Mino da Fiesole sont élégantes , légères , je dirai

— presque diaphanes , autant celles ci sont épaisses , lour

’ e t — des sans grâce . Comparez les bas reliefs de l abside

’ de Santa Maria Maggiore avec n importe quel ouvrage ,

u fl o r ent in issu du ciseau du sc lpteur , et vous serez frappé

à votre tour de cette différence . Mais ce qui est plus si

’ gnificatif encore , c est que tous les écrivains qui se sont occupés de Mino da Fiesole , ont remarqué ce change 3 6 M INO D A FIESOLE ment imprévu de style et ont tâché de l ’ expliquer par l ’ influence de l ’ art romain sur la technique délicate de

’ l artiste toscan . Mais j e ne crois pas que cette explication puisse être prise au sérieux . Car si Mino avait subi cette influence , elle aurait dû définitivement le changer , tandis qu e nous le retrouvons identique aux premiers j ours de

à T o r n ab u o n i son arrivée Rome , dans le monument , qui

1 8 0 è a est de 4 , derni re année de son séj our d ns la ville

éternelle . Mais , pour mieux comprendre la distance qui

’ sépare les deux artistes , j e tâcherai d examiner séparément

’ les trois ou quatre œuvres d art qui nous occupent .

’ — Voyons , d abord , le maître autel de Santa Maria Mag

’ ’ io r g e . Vasari raconte c est encore à lui qu il faut re à courir que pendant son premier séjour Rome , Mino

’ d E s t o u t evill e da Fiesole fut chargé par le cardinal , de

’ lui fa ire l autel en marbre où était déposé le corps de

’ « St . J érôme , dans l église de Sainte Marie Majeure avec des épisodes de sa vie en bas - reliefs : et il le fit à la per fe cti o n en y aj outant le portrait du cardinal

’ du Il ne s agit pas , comme on le voit , baldaquin qui

’ — recouvrait le maître autel , mais tout simplement de l autel

’ de St . Jérôme dont les débris sont auj ourd hui conservés ,

’ comme nous l avons dit , au musée municipal de Rome .

’ O u an t - au maître autel , Vasari n en fait pas mention et

’ ’ l i n o r e r r semble g parfaitement, bien qu il dut avoi une bien plus grande importance . On sait , du reste , comment

! Sis t e é V démolit à la fin du XVI siècle cet autel de St . J r ô m e . des Les écrivains siècles successifs , ignorant son

- existence , commencèrent à considerer le maître autel , qui M INO DA FIESOLE 3 7

’ ’ O u s M i n i d ailleurs était signé p , comme l ouvrage disparu de Mino da Fiesole . E t la première erreur commença par là .

Les critiques modernes , pourtant , se trouvaient devant une autre difficulté . Si Mino da Fiesole avait accompli son

’ — à— travail pendant son premier séj our à Rome , c est dire

’ e n 1 6 4 3 , comment pouvait on expliquer l inscription du

’ d E st o u t eville 1 6 2 1 cardinal , inscription publiée en par De

Angelis dans son ouvrage sur la basilique Libérienne , selon laquelle les grands travaux de cet illustre prélat français

à 1 ? G n o li remontaient 4 7 4 Le comte , tâcha de surmonter cette difficulté avec beaucoup d ’ adresse ” ) mais cette date à ’ reste selon moi , un témoignage précieux l appui de notre ’ diffé thèse . D autre part , comme il est persuadé que la rence de technique , qui singularise cet ouvrage , dérive

’ ’ e de l influence de l art romain , il aurait fallu que c tte in

fl u e n ce fût o bien grande , presque foudr yante , vu que Mino aurait exécuté ce baldaquin à peine arrivé à Rome la pre mière fois !

Grâce au dessin publié par De Angelis en 1 6 2 1 dans

s t r u c son livre sur la basilique Libérienne , on connaît la

' ture de ce baldaquin . Il ne différait pas des autres et con servait l e type des baldaquins romains : quatre sveltes colonnes qui soutenaient une espèce de voûte entourée par des bas — reliefs et décorée par de nombreux méd ail

- lons aux images des saints . Au milieu un bas relief de la

Sainte Vierge et aux angles quatre statuettes de prophètes .

’ " Ce baldaquin resta en place j usqu à la moitié du x v 1 1 1

: XIV siècle démoli par Benoît , qui voulait décorer le maître 3 8 M INO DA FIESOLE

’ autel a vec les quatre grandes colonnes de porphyre qu on

f dis e r y voit de nos j ours , les dif érentes sc ulptures furent p

’ sées dans l église : on mura les bas- reliefs dans le tam

’ bour de l abside où ils sont restés et les autres frag

’ 1 8 2 ments dans la confession , d où ils passèrent en 7 dans les différentes chambres de la sacristie . À cette occasion les chanoines de l ’ église vendirent à un marchand d ’ anti

’ q uit és l es quatre statuettes d angle et au comte St r o go n off à ce qu ’ on nous a dit une Madone qu ’ il conserve parmi les admirables collections de son P alais de via

O r , examinons de p rès la technique de ces sculptures . Les quatre grands bas — reliefs représentent des hi st 0 1r es de la

’ ’ : l Ado r atio n l As Vierge la Nativité , des rois Mages et s o m i o n à p t . Le dernier se rapporte la légende du patrice

’ n Jean et du Pape Libère , lége de de l origine de la basilique .

Le L iber ; 5w tifi ca li s raconte en effet que la nuit du 1 4 au

’ 1 r o 5 août de l année 4 3 4 , le pape Libère et un patrice main , nommé Johannes , virent en rêve que de la neige

’ l u ilin était tombée sur E s q . Frappés par les circonstances

è qui accompagnaient ce rêve , ils se rendirent en proc s à ’ ’ f sion l endroit indiqué qu ils trouvèrent en ef et blanchi . a Alors le Pape vec sa crosse , traça sur cette neige le

’ ’ ’ plan d une église qu il fit de suite bâtir . C est cet épi sode qui est représenté dans le bas - relief central de l ’ ancien autel Il suffit de jeter un regard sur cette sculpture pour voir immédiatement les différences fonda mentales des deux artistes . Les figures en sont lourdes et trapues , les têtes rondes et courtes , les cheveux durs et drus , les traits énergiques et volontaires , un peu gros M INO DA FIESOLE 3 9

siers , sans noblesse . Dans le cortège du Patrice Jean , les

’ femmes ont l air de Matrones rom a ines issues de quelque

r o sarcophage et leurs corps sans grâce , mais pleins de b u s t e s s e sont enveloppés dans des peplums dont les plis

m a u de . a e Ro e . B siliq e M M j u re

' ’ P ape Libère trace su r l a n eige l e pl an de l église

’ tombent droits , parallèles , et égaux d une symétrie toute géométrique . Les mêmes caractères se rencontrent dans les autres

’ — bas reliefs et précisément dans l Ad o r at io n des Mages . Ici le cortège des cavaliers, avec des chevaux et des singes , Al conduits à la chaîne , fait songer au cortège du roi ph o ns e dans les bas — reliefs de son arc de triomphe à Na

’ ples . L artiste qui modela cette scène avait certainement 4 0 M INO DA FIESOLE

’ d u vu les sculptures Château et il s en était souvenu . E t c ’ est j ustement ici que la différence éclate d ’ une ma ni è r e évidente . Comparez les chevaux si pleins de force et même de vérité à travers leur allure classi que de cet

t e m a i u de . a o e . eu R . B sil q e S M M j re

’ L A dorati on d es Ro is

artiste inconnu , avec les chevaux grotesques que Mino da

’ - Fiesole sculpta dans le bas relief de l autel de St . Jérôme qui devrait dater de la même époque et vous vous rendrez compte de l ’ impossibilité que les deux ouvra

’ ’ du ges soient issues même ciseau . D ailleurs , l artiste du baldaquin de Santa Maria Maggiore était un observateur

— de la nature et des animau x . Il y a dan s le bas relief de

’ d es la Crèche , brebis , un âne et un bœuf, d un naturalisme

’ admirable et d une observation parfaite , bien différente de

4 2 M INO DA FIESOLE

’ au sculpteur toscan . Elle est drapée d une étoffe abon dante qui retombe lourdement en gros plis rigides et

’ qui n a pas la légèreté des gazes de Mino da Fiesole ; ses cheveux , partagés en deux bandeaux sur un front trè s

bas , ne se rapprochent en ri en des coiffur e s

gr a cieuses et des front s excessivement dénudés

des dames fl o r ent i n e s ;

’ e l enfant , assis sur le g

’ nou droit, n a aucune

expression de vie , et

tend son bras gauche , la main largement ou

verte , dans une pose de

t e ch n i mannequin . La que même nous révèle

un autre artiste . N ous

'

— t c d e s o m a u d e S. . a u R e . B siliq e M M je re sommes bien loin L ! a ge et 1 E nfan t caresses savantes et des

’ transparences de Mino da Fiesole . Ici l artiste est un pra tic ien ui grossier , q traite le marbre en âpres coups de ciseaux . Examinez la bouche de la Madone ; courte , sans cette sinuosité gracieuse des bouches sculptés par Mino , coupée droite dans le marbre , par une main qui ignorait

’ les r affi n em e nt s d une technique savante . On pourrait dire

de même , des yeux et des mains , des plis du cou , des bras et des j ambes , tracés rudement sans aucune souplesse et

ce qui importe plus sans aucune expérience du métier . M INO D A FIESOLE 4 3

a Cette différence est si frapp nte , que presque tous les

’ ’ critiques d art ont dû la constater . Mais , trompés par l idée préconçue que ces ouvrages devaient appartenir à Mino

i n da Fiesole , ils ont cherché des raisons plus ou moins gé n ie u s e s pour en donner une explication quelconque . Il est intéressant de comparer les j ugements de divers cri

l\l . : tiques ; Steinmann , par exemple , écrit Pourtant le Mino des autres époques a eu un idéal différent pour ses

‘ ’ Madones , où il met plus de grâce que d amour mater

’ nel E t pour expliq uer cette diversité il recourt à l hy p o thè s e que le sculpteur toscan aurait voulu recopier la

’ ’ t c M a done byzantine qu on vénère dans l église de S . Marie

à . k Majeure . Quant M Per ins , il est encore plus décisif à dans son jugement , car il arrive attribuer toutes les

’ œuvres romaines de Mino d a Fiesole à quelqu un de ses k imitateurs . All this ! or s il écrit may properly be classed as the works of some Mino ’ s imitators

T s c hu di E t la même opinion est exprimée par M . Von , qui affirme que la Madone de Santa Maria Maggiore de

’ vait être sculptée par quelque artiste de l It ali e septen

r i n al à t o e sous la direction de Mino . Quant M . Marcel

— Reymond , tout en admettant que ces bas reliefs ont été

’ sculptés par l artiste toscan qui nous occupe , il constate que ces bas — reliefs sont très différents de ses œuvres ordi n ai r e s , et il cherche à résoudre la difficulté en les classant

à la fin de la vie du maître : à voir la grande beauté

’ des sculptures de ces tabernacles , l habileté avec laquelle Mino a ordonné les bas -reliefs de la Nativité et des Ma ges , lui qui se montre si maladroit dans les reliefs de la 4 4 M INO D A FIESOLE

à chaire de Prato , j e serai porté classer le Tabernacle de

t e

S. à Marie Maj eure une époque très avancée de sa vie ,

’ -à— à à c est dire son second , si non même , son troisième séj our à Rome Le comte Gn o li enfin doit admettre deux faits qui sont

’ pour nous d une très grande importance : la différence de style qui existe entre ces sculptures et les autres de Mino

’ ’ ’ différence qu il explique par l infl u ence de l art romain et la parenté très étroite qui unit les bas — reliefs de Marie l t e ’ e S . Maj eure , Tabernacle de Marie in Trastevere et l ange de l ’ église espagnole a place Navona

’ Si nous passons maintenant à l examen de ces ouvrages , nous y retrouverons les mêmes caractères du sculpteur du

! baldaquin de S . Marie Maj eure , caractères qui comme

’ ’ n ous l avons vu se rattachent directement à l école r o

’ maine d J s aia da Pisa et de Paolo Tacconi . Nous avons en à effet les mêmes anges , la figure disgracieuse , aux che veux crépus , aux vêtements lourds et sans souplesse . E n outre ils ont une particularité dans le costume , qui leur

’ ’ ’ n o li r e est personnelle . C est le comte G d ailleurs qui l a m — il arqué le premier . On doit noter écrit en parlant des anges du Tabernacle de Santa Maria in Trastevere ,

la particularité de cette écharpe , qui en partant de la ceinture fait le tour du genou et revient à la taille en

’ en t s r e croisant sur le ventre . On ne trouve cette façon

t e que dans les anges de S. Marie Majeure

’ ’ a o u t e ra i J j , pour mon compte , qu on ne trouve dans aucune des figures sculptées par Mino da Fiesole , cet

’ ’ a rrangement d é ch a rp e s et de ceintures . C est même une M INO DA FIESOLE 4 5 forme très caractéristique dans les anges du sculpteur des

- bas reliefs de la basilique libérienne . Ni ceux du Ciborium de Volterra , ni ceux des Taber

’ n a cle s de San t E gidi o ou de San

’ t Amb r o gi o à Florence ne sont habillés de la sorte . Ils portent presque tous des tuniques lar

à l a ges , qui , serrées ceinture par un cordon invisible , forment une espèce de blouse retombante à sac sur les hanches et sur le

’ ventre . D autres ont une espèce m de che isette , touj ours serrée à la taille par un petit cordon et dont la longueur ne dépasse pas les genoux . Leurs mouve ments fort gracieux et souples , leurs poses naturelles et élég a n tes forment u n perpétuel con traste avec la lourdeur et la É d e ia a R o mc . a i n v . e ‘ glise S M r Tr ste re gaucherie des anges du sculp T ab ern acle teur romain .

’ ’ D ailleurs , excepté l organisme architectonique , rien ne saurait rapprocher le tabernacle de Sant a Maria in Tra

d a s t ev er e avec les tabernacles fl o r e n t in s de Mino Fiesole . Je vous conseille pour bien vous en rendre compte d ’ examiner tour à tour les chérubins qui décorent l ’ at tique du Tabernacle de Sainte Marie in Trastevere , aux têtes plates et écrasées , avec celles si futées et pleines 4 6 M INO DA FIESOLE de vie du Tabernacle de Mino da Fiesole à l ’ église de à Santa Croce Florence . Ou mieux encore les sveltes décorations fl o r éale s dan s les pilastres du tabernacle de

’ San t Amb r o i o g , avec les œillets grossiers et sans grâce du tabernacle romain .

E nfin , j e ne pourrai jamais admettre que le même sculp teur qui a s û d onner un élan si p lein de souplesse aux anges qui soutiennent le calice et qui adorent le Père É à ternel , ou bien ceux qui plient leurs genoux devant la petite porte close dans les tabernacles fl o r en tin s que j e viens de citer , ait pu i maginer et sculpter ce pantin

' grotesque , espèce de nabot aux j ambes écartées , qui est

t e

S . dans le tabernacle de Marie in Trastevere , soutenant de ses bras levés , la porte en bronze des huiles saintes .

’ Dans cette sculpture , seulement l aigle du bas et la co

’ ’ lombe du sommet ré vèlent l habileté spéciale de l artiste qui modela les ânes , les chevaux et les brebis des bas reliefs du Ciborium à Santa Maria Maggiore .

O r , tous ces mêmes caractères de lignes , de traits et de

’ costumes , nous les retrouvons identiques dans l ange sur ’ a la porte de l ancienne église espagnole la place Navona .

’ d E s a n e On connait cette architrave ; les armes des rois p g , soutenues par deux anges et sous chaque ange la signature

’ de l artiste qui le sculpta : Op u s P a n li à gauche et 0/>u s

’ [Mi n i u u à . a o r droite D autre part , tous les écrivains sont j

’ ’ d hu i d accord pour reconnaître en cette sculpture si orgueil l e u s e m e nt signée , le produit du défi entre Paolo Romano et

Mino del Reame , dont nous parle Vasari . Seulement , dé

’ l i n exist e n c e routés par la conviction de de ce dernier , ‘ M INO D A 1« 1 ES0 LE 4 7

’ ’ c e s mêmes écriva ins n a cceptent qu à moitié le récit de

’ Vasari et attribuent franchement l a n e c d o t e a Mino da

Fiesole .

om ace a von a R e . Pl N Architra ve de l eglise esp agno le

’ J accepte pour ma part entièrement le récit de Vasari . Certes ces deux anges peuvent bi en être les deux sculp à ’ tures faites par Mino et Paolo la suite du pari , d autant plus que d ’ après les derniers documents il faut exclure

’ q u e ce pari se soit fait à propos d une statue de Saint

’ Paul , mais j e ne vois aucune raison pour attribuer l anec d à ote Mino da Fiesole . N i le jugement de Vasari , ni les d à ocuments que nous possédons , ne nous autorisent recon

’ n aître en lui l homme envieux et le sculpteur fanfaron qui

o m o n me paraît avoir été son y méridional . Mino da Fiesole

’ d o r u eil fut un artiste simple , sans trop g , peu prétentieux e t toujours prêt à. travailler de bonne volonté en com

’ a n ie p g d autres sculpteurs , soit aux monuments dont il 4 8 M INO DA FIESOLE

donnait lui même le dessin , soit comme simple ouvrier , d dans ceux entrepris par les autres . Il est évi ent que nous

’ ’ nous trouvons en présence d un sculpteur qui n a rien d e u comm n , si on excepte le prénom , avec Mino da Fiesole . J e ’ n hésite pas un instant à affirmer que cet artiste est ce

Mino del Reame , dont nous parle Vasari .

’ ” i n i O u s .M Il y a d abord la signature . Cet p ) qui con à tribue si puissamment dérouter les critiques , est au con

e traire une preuve en faveur de Mino del Reame . Le comt

G n o li lui même en parlant de Mino da Fiesole est obligé

’ de constater que « l habitude de signer ses ouvrages avec

O u s [Mi n i s p cesse du moins à Rome assez vite . N ou

’ ne trouvons en effet signés que l ange sur la porte d e

t e

. S. St Jacques , la Madone de Marie Majeure et le taber

’ ’ l » -à— e n ac e de S . Marie in Trastevere c est dire j aj out pour mon compte j uste les ouvrages qui se trouvent

i n ne pas être de cet artiste . Quel est donc cet artiste connu et si proche tout de même de l ’ école romaine ? C ’ est dans les églises de Naples qu ’ il faut chercher la réponse .

’ e x v s iè L histoire de la sculpture napolitaine , pendant le

Le s cle , est encore plus obscure que celle de Rome . innombrables œuvres d ’ art qui peuplent ses églises sont

’ f a m t attribuées à dif érents artistes , sans qu ucun docu en nous renseigne avec exactitude sur leur véritable origine .

’ Cette période du Roi Alphonse d Ar ago n fut certaine

’ ment brillante e t l on peut se rendre compte des artiste s qu ’ il appela près de lui en parcourant les études que 28 t M . Riccio Manieri ) a fait sur les sculpteurs qui travaillèren

5 0 M INO D A FIESOLE sculpture nous révèle la main du même artiste qui tra

v aill a au x tabernacles et au c ib or iu m d e

’ Rome . C est surtout la composition et l ’ aju

s te m e n t des anges qui n ous frapp ent dans cette sculpture napoli

r u taine . Nous y et r o vons en effet la cein tur e caracté r i sti que

des anges romains , et cette pose un peu in

gé n u e et assez gros

’ s iè r e qu on voit dans

les anges du bas—relief

’ de l A s s o m p t i o n et dans celui de la porte

de St . J acques à la

place N avona . Un examen attentif des sculptures qui dé corent l ’ arc triomphal du roi Alphonse m ’ a per suadé que M i n o del Reame y travailla

a e É d e an a a a a au C â au N pl s . glise S t B rb r h te à plusieures décora

a e nac e T b r l é ch a tions . Grâce aux

’ fau d age s constr u its pour les travaux de restauration qu on M INO D A F IE SO I . E 5 1

’ ’ ’ est en train d y exécuter , j ai pu monter j usqu au sommet f et voir de tout près les dif érentes sculptures .

’ a éco a tio n à l a c r om a du roi n N pl es . D r r t i ph l Alph o se

’ Il est bien difli cile de pouvoir déterminer où l œuvre d ’ un artiste s ’ arrête et où commence celle d ’ un autre dans à cette œuvre grandiose , laquelle plusieurs sculpteurs ont travaillé . Mais on peut reconnaître dans les têtes des ché rubins qui décorent les caissons de la voûte le même artiste qui sculpta celles du tabernacle de S . Marie in

’ Trastevere . C est la même ligne ronde , la même figure 5 2 M INO DA FIESOLE

écrasée et vulgaire . Mais une autre sculpture mériterait

: - à une étude profonde celle du bas relief droite , où est représenté le triomphe du roi Alphonse . Ces guerriers en

b r o ca rt armes , ces chiens enchaînés , ces pages au lourd et

’ u c e s somptue x , et surtout chevaux à l encolure puissante et aux formes romaines , ont un e étrange ressemblance avec

’ d u - l Ad o r ati o n ceux bas relief de de Mages , dans le Cibo

t e — r iu m de S . Marie Maj eure . Les deux sculptures sont elles

. ? du même artiste ou Mino del Reame , qui a sans aucun

’ doute trava illé avec les artistes romains à l arc du Châ

’ -il teau , s est souvenu de ces sculptures en exécutant les

’ bas — reliefs du cardi n al d E s t o u t ev ill e ? Je ne saurai affirmer laquelle de ces deux hypothèses est plus vraisemblable .

- Certes , une étroite parenté existe entre les bas reliefs de

’ Rome et ceux de Naples , parenté d autant plus impor à ’ ’ i tante noter , qu elle n a aucun po nt de contact avec les ouvrages contemporains de Mino da Fiesole .

’ l i n v rai s e mbl an c e Je crois ne pas être trop dans , en recon s tit u an t cette période de la vie d e Mino del Reame . La chronologie de ses ouvrages nous permet assez aisément de le faire . Il est évident que cet artiste était lié aux l à scu pteurs romains , qui travaillèrent Naples sous le règne

— il du Roi Alphonse . Les avait connus à Rome , ou leur amitié remontait elle seulement a la période des travaux du Castel Nuovo ? Ici se placerait l ’ hypothèse du buste

1 . de Nicolas Strozzi , daté , comme on a vu , de 4 5 4 Mais

’ cette date et l inscription à laquelle elle appartient , ne

’ ’ méritent qu une foi assez relative , d autant plus que les ouvrages de Mino del Reame , semblent avoir été faits \ F I E SO I. E M l NO D . 53

’ 1 0 1 1 tous entre 4 5 et 4 9 comme nous le verrons tout a l heure .

a Je crois plutôt que cet artiste , qui dev it travailler dans ’ ! a l église de S . Barbara , avait dû se f miliariser avec les artistes romains venus à Naples pour la décoration de

’ a l arc de triomphe . Les travaux finis , il les accomp gna

à a . Rome , où régnait alors le pape vénitien P ul II C est

’ à cette époque qu il fa ut faire remont e r le portrait du

: Pape quant aux autres travaux romains , ils vont tous de 1 4 5 4 porte de Saint Jacques à la place N avone

’ 1 à fi n it jusqu à 4 7 4 , époque laquelle il b le Ciborium de

! ! S . Marie Majeure et le Tabernacle de S . Marie in Tra

s t ev er e . Après avoir exécuté ces différents travaux , Mino

’ del Reame revint à Naples . J e crois qu il faut lui attribuer la lunette du monument De Alexandro dans l ’ église de

1 1 Monte Oliveto . Cette lunette , datée de 4 9 , représente une à Madone avec deux anges ces côtés . La Madone a le même type classique que celles qu ’ il sculpta pour le Ci

: a borium de Rome figure m tronale et sévère , sans cette

à u an t mièvrerie qui est particulière Mino da Fiesole . O

a aux anges , ils ont le type c ractéristique un peu ennobli

’ ’ et raffiné par l influence de l art toscan , influence que Mino

à à a del Reame avait dû subir Rome , tr vers les sculptures de son homonyme de Poppi .

’ a Mais comme j e l ai déj à remarqué plus h ut , il fau drait pouvoir démêler les noms des nombreux a rtistes qui travaillèrent à Rome et à Naples dans la seconde

" moitié du xv siècle , pour avoir la réponse définitive au

. O u an t mystère qui semble envelopper cet artiste a moi , j e dois me borner ici a en éclairer le côté qui se rap 54 M INO D A FIESOLE porte à l ’ œuvre de Mino da Fiesole et délivrer ce dernier

’ ’ o u n artiste d un bagage qui ne lui appartient pas . L s q o

u i aura reconstit é ent èrement la figure de Mino del Reame , on verra qu ’ il était assez bon artiste pour mériter cet

— honneur . Les bas reliefs de Sainte Marie Maj eure sont un excellent exemple de son art , et un bon encouragement

’ pour ceux qui voudraient trouver le dernier mot de l énigme .

’ Il est évident que Mino del Reame n est pas un être fabu ! ’ à ’ leux , tel qu on était habitué le considérer j usqu à présent et il est aussi évident que c ’ est à lui qu ’ il faut désormais attribuer les ouvrages romain s signés Op u s [Mi n i IV L E S B U S T E S

Il existe une vingtaine de bustes , dans les musées et

’ l E u r o e a dans les collections privées de p , qui ppartiennent avec plus ou moins de vraisemblance au ciseau de Mino da Fiesole . Je dis plus ou moins de vraisemblance , car excepté les trois ou quatre sur lesquels on a des notices certaines il faut recourir le p l u s souvent a u x caractères du style et de la technique pour en déterminer la provenance .

’ l a a H Comme M . Marcel Reymond observé d ns son istoire

— fl o re n ti n e de la sculpture , il ne faut pas trop se fier aux

a o signatures . Presque touj ours elles sont pocryphes et p 56 M INO DA FIESOLE

’ ’ s té rie u r e s de plusieures années à l ouvrage qu elles de

’ ’ vr aie n t désigner . Jusqu au j our où l on aura fait une étude scientifique des différentes signatures et des dates appo

e x v sées sous les bustes du siècle , leur histoire restera touj ours douteuse et pourra se prêter à. bien de surprises

’ a dont on ne saurait prévoir d av nce les résultats .

’ J ai déj à parlé du buste de Nicolas Strozzi que M . Bode

1 attribue à Mino da Fiesole , et qui placerait en 4 5 4 la

’ date de sa première sculpture . Le buste , comme l on sait , est signé en dessous avec cette i s c r ip t io n énigmatique

’ R M C L I V NI C OLAUS ST R 0 T I US IN U BE C CC O P US DINI . D abord l ’ emplacement même de cette signature devrait faire douter

’ de son authenticité . Ensuite l erreur du nom accepté , par certains critiques , trop facilement sous le prétexte que Mino lui même se nommait sans trop de rigueur tour à tour

de Fiesole ou de Florence . Observation bien puérile , car

e x v la un artiste au siècle , pouvait accepter le nom de ville où il travaillait ou de celle où il avait vécu le plus

’ ’ longtemps ; c était assez fréquent et cela n avait pas bien grande importance , mais on ne saurait imaginer Mino da

’ ’ a Fiesole , ignorant l orthogr phe de son nom , jusqu à en con

Schm arz o w fondre la première lettre . M . accepte le nom de Dino pour en conclure que le buste de Nicolas Strozzi f appartient à Mino del Reame . Cet artiste en ef et était

: appelé selon Vasari , M ino et Dino la chronologie et la

’ t e c n iq u e nous permettent d accepter cette opinion qui est d ’ ailleurs bien plus plausible que celle donnant au sculpteur toscan alors âgé de 2 3 ans un ouvrage tel que le buste de N icolas Strozzi .

5 8 M INO DA FIESOLE

1 1 sculpture ( 4 6 ) et le nom du personnage . Mais encore une fois on ne saura it accepter sans hésiter cette i n s c rip tion . M . Reymond observe assez justement a mon avis

’ qu il faut douter de son authenticité , vue la façon étrange

l o en c u ée a i o na F r e . M s N t l Ri n a ldo d ell a Lun a

dont elle est placée . Presque touj ours les inscriptions sont

’ gravées sur un socle saillant . Or , ici il n y a pas de socle

’ et pour mettre l inscription il a fallu entailler le buste , ce qui lui donne une forme déplaisante et contribue encore à en diminuer la poitrine déjà trop courte . Il faut tenir à compte de cette observation , qui peut se rapporter un

e ’ grand nombre de sculptures du x v siècle . Rien n est plus

’ illusoire qu une signature ou une date , et nous avons vu à M INO DA FIESOLE 59 propos du ciborium de Sainte Marie Maj eure comme

’ ’ l une et l autre peuvent souvent induire en erreur . Cet exemple se répète d ’ ailleurs en donnant le j our à à une question de la plus haute importance , propos du buste qui décore le monument à l ’ évêque Salutati à Fie sole . Sur la corniche même du monument la signature de

Mino est lisible en grandes lettres : m ais se rapporte -t-elle

’ ’ au buste de l évêque ou plutôt n est ce que l a signature ? ’ générale du monument Voilà un autre point obscur , qu on ne saurait éclairer . Tout récemment M . Alfred Melani , avec des arguments dont il faut tenir compte , a tenté de

’ démontrer que le buste de Leonardo Salutati , n est pas issu

t du ciseau de Mino , mais plutô de celui de Matteo Civi

’ tali . Je suis tenté d admettre cette hypothèse . On voit en f ’ ef et , dans la belle tête de l évêque j uriste , ce modelé ferme

’ à l a f et exact ois , d une science si profonde , qui est pro

au . a pre sculpteur de Lucques Ici rien de cette hésit tion , de cette sécheresse et de cette négligence qu ’ on retrouve u si souvent dans les ouvrages de Mino . Il faut a ssi r é ’ à ’ marquer , que le buste de l évêque Salutati remonte l an

’ 1 6 6 — à- à née 4 , c est dire la m ême époque pendant laquelle

Mino da Fiesole sculpta la plupart de ses bustes . Sans ’ a f ’ affirmer d une manière tout ait absolue , l origine de ce

dernier ouvrage , il est certain que le doute exprimé par

M . Melani jette une ombre sur cette pièce de sculpture qui est parmi les plus belles de cette période .

Aucun doute , au contraire , au sujet du buste de Dio i l t s a vi à . Neroni , appartenant la collection de M Dreyfus à ’ Paris . No us sommes ici en présence d un ouvrage réel 60 M INO DA FIESOLE

’ de Mino da Fiesole , qui s y révèle avec toutes ses qua lités et tous ses défauts . Pour mon compte j e retiens cet ouvrage parmi les plus beaux du maître . Cet homme à

à e la mine rusée , aux j oues lourdes et tombantes, la bouch pleine de finesse est vraiment le républicain ambitieux e t inquiet , tel que nous le montrent les pages limpides de Machiavel

Diotisalvi Neroni fut -il vraiment sincère dans ses ré v ol tes et dans ses conspirations contre le pouvoir des M édi

‘ ’ ? P a tr i a e liôer /a l e7 n veà e7 nen zer a rn a vi l cis , dit l inscription

’ ’ de son tombeau d e xilé dans l église de la Minerva à

” ’ à l e s Rome ) et si l on songe toute sa vie , passée dans

’ ’ plus cruelles épreuves , on n a pas le droit d en douter . Mais les procédés de sa politique nous laissent quelque C peu rêveurs . ertes , ce citoyen de la vieille républiqu e

’ fl o r en ti n e s o u v e , nourri d études classiques et imprégné des

’ nirs de l ancienne Rome , ne recula devant aucun strata m gè e pour assurer la victoire a son parti . Appelé par

à l a Pierre de Médicis , mort du grand Cosme , qui le lui avait recommandé comme un homme auquel il pouvait se

’ fier aveuglément , il sut si bien conquérir l estime du sei

’ gn eu r fl o r e nt in qu en peu de temps il devint son con

’ l r s ei l e intime et l administrateur de ses biens . Ce fut alors que par une suite de conseils tendancieux il chercha à le ’ ’ à perdre dans l opinion publique . C était son époque de

’ : la bonne guerre auj ourd hui on le j ugerait différemment . Le portrait de Mino da Fiesole nous le montre tel qu ’ il

1 6 : a devait être vers 4 4 un bonhomme rusé , qui cach it

a sous un m sque épais ses ambitions politiques . E n outre M INO DA FIESOLE 6 1

’ l h abill e fl at t e r il en ancien romain , ce qui devait son esprit

- d e conspirateur et de vieux républicain . Peut être avait l il suggéré lui même ce détai , ce qui rendrait plutôt dou

’ ’ tense l attribution ou du moins la date du buste d Al ex is

v o de Luca . Certes , Mino da Fiesole mit toute sa bonne l o n t é et tout son entrain dans cet admira ble portrait .

’ E n 1 4 6 4 un an avant la mort de Cosme de Médicis Diotisalvi N eroni j ouissait de toute la faveur des puis sants banquiers . Dans les années qui suivirent , il gagna l ’ estime du gros Pierre et ses conseils étaient écoutés avec déférence . Protecteur de Mino da Fiesole auquel il avait c ommandé plusieurs ouvrages , il le présenta sans doute à

fl o r e n tin e la grande famille , amie des arts et bienveillante

’ a - à r n . é s e envers les rtistes C est , peut être , grâce cette p t ’ fi t ation qu il le portrait de Jean de Médicis , de Pierre le goutteux et de sa femme . On conserve encore les deux premiers , comme nous verrons tantôt , mais on ne sait rien

’ du dernier qui doit être perdu dans l i n n o mb r able série

e d es fl o r e n ti n s x v bustes du siècle .

Pour ce qui a trait au buste de Diotisalvi Neroni , qui f i ’ a t partie de la collection Dreyfus , j e crois qu il en faut modifier les jugements portés par M . Milanesi dans les n à otes la vie de Mino . Le savant critique , en effet , nous

a fl o r en tin dit que sous le buste du conspir teur , on lit cette inscription : Æ T AT I S SUA E ANN U M AG ENS CU R A V I T

’ D I E T I A I S . V I US O P US MINI . Cette version n est pas tout a fait exacte et il faut la corriger ainsi : AET AT IS SVE A N Y M . AG DV CVRA AGE S T RO ! g VIT D IET ISALVIVS - 0 PVS M IN I. Diotisalvi Neroni ne pou 6 2 M INO DA FIESOLE

’ 0 à 0 1 vait en effet avoir de 4 5 ans en 4 6 4 . L inscription de son tombeau où le médiocre artiste romain l ’ a re ! ’ présenté dans un réalisme na f, ravagé par l âge et les

’ 1 1 8 2 soucis nous fait savoir qu il était mort le 5 août 4 , " — m t v é u 0 1s e . ayant ç quatre vingt et un an , six douze j ours I l étai t do n c n é e n

mars 1 4 0 1 c e qui fait

’ qu en 1 4 6 4 il avait 6 3

’ ans . D ailleurs le chif fre est gravé sur le coin

du socle qui est éb r é

ché : on y lit distincte

ment la lettre L , mais on voit a peine le bâ

ton transversal du X. C ’ était simplement une

erreur de tr a nscription

’ qu il fallait corriger . J ’ ai parlé en passant n u é a on a Fl ore ce . M s e N ti l de deux bustes des Mé Pierre d e M édi c is dicis qui sont au Musée A National de Florence . vrai dire , Vasari nous parle seule t ment du buste de Pierre et de sa femme , b us es qui après avoir été longtemps sur une porte de leur appartement

privé , passèrent dans la galerie des portraits de famille

’ où Vasari les vit . Mais c est M . Bode qui crût reconnaître

à a e min é e a dans cet homme la cuirasse g , aux tr its durs

et volontaires , le portrait de Jean de Médicis , frère de

’ u an t à l att rib u e r Pierre . O au ciseau de Mino , aucun doute

Dre fu s P C o e c o n de . v aris . ll ti M

Di o tisa l v i N ero n i

O E M INO DA F I E S I . 63

’ a 1 ne me semble possible . C est un ouvr ge un peu na f, qui le rapproche du buste du comte Rin aldo della Luna

’ ’ et j e crois qu il faut le faire remonter à l a nnée 1 4 6 2 ou

’ tout au plus aux premiers mois de l année suivante , vu que Jean de Médicis est mort en 1 4 6 3 . Le buste de Pierre est au contraire plus récent et j e n ’ hésite pas à le croire con t e mp o r ain et même po st é ri e u r à celui de Dio

’ t i s a l v i N e ron i . C est

’ ‘ d a illeurs un bon ou v r a e g , où cet homme malheureux qui a été peut - être j ugé trop sé

’ v è r e m en t par l histoire , et qu i fu t cepe n dant ami des artistes et les protégea , nous est re u ée a on a Floren ce . M s N ti l présenté sous les ri J ean de M édi cis ches br o c ar t s de ses habits , la mine souffrante et inquiete , comme tourmenté déj à par cette maladie qui devait le conduire encore j eune au tombeau .

Avant de passer aux bustes féminins , à ceux de sujet religieux ou profane , j e dois citer ici un autre buste at t rib u é par M . Bode a Mino da Fiesole .

a Il représente un chanoine , la mine florissante , aux

’ cheveux rares , à l habit coupé par mille plis parallèles . 64 M INO DA FIESOLE

’ C est un homme aimant la bonne chère , un de ces cha n o in es que nous avons connus dans les contes des nouvel

’ ’ fl o r e n t i n s listes , et qu on s imagine plus facilement autour

’ i erre d une table bien servie , sous la treille de la p , que dans les stalles du choeur, chantant matines . Ce buste , qui pourrait bien être de Mino , mais qui est certainement

’ fl o r e n ti n d un sculpteur de son école , appartenait à la col lection du banquier H ain au b e r et a été reproduit dans le

‘ ‘ ’ ‘ D en Æ 7n czler a er r en a i ssa n ce s ca l >ta r i n [ i a li en ; par M . M . Bode d et Von T s chu i .

Je devrais maintenant parler du portrait de Paul II , qui ’ ’ est dans les appartements privés de l ambassadeur d Au triche au palais de Venise . M . B ode et après lui le comte li l ’ i à G n o att r bu en t . Mino da Fiesole Ce dernier , après

’ l avoir décrit minutieusement , observe que les fleurs de lis qui forment la décoration des couronnes du trirègne sont

’ — peut être une preuve que cette sculpture est de Mino . L ar tiste toscan se serait souvenu des lis de Florence et les aurait adoptés comme décoration de la tiare . Il faut re marquer pourtant que les fleurons du trirègne de Paul I I ’ a sont les fleurs de lis de France , qui n ont rien faire avec les lis de Florence . Jamais , dans les vieilles armes

° e ’ x v x v 1 des et siècles , les artistes n ont confondu ces symboles héraldiques qui restent foncièrement différents .

’ Quant à la technique du buste , on y retrouve l épaisseur et la lourdeur que nous avons vu chez Mino del Reame .

’ Schm a r z o w b M . , d ailleurs , a indiqué la possi ilité de cette

’ u t rai origine . J aj o e que pendant le pontificat de Paul II

- 1 6 1 1 à . de 4 4 4 7 , Mino da Fiesole ne vint jamais Rome M INO DA FIESOLE 6 5

Il n ’ aurait certainement pas fait un portrait de manière après sa mort d ’ autant plus que le buste du Palais de Ve

’ nise n est pas une œuvre décorative , mais un simple por trait assez banal . Nous nous retrouvons donc encore une fois devant un ouvrage attribué à Mino da Fiesole et qui est au contraire de son homonyme napolitain .

’ Q u o i q u é t a n t l e sculpteur de la femme , qui triomphe dans ses incomparables Mado nes , nous ne possédons d e M i n o da F i esole qu ’ un n o mbre assez restreint de bustes fé

in in A m s . vrai dire , il

’ ’ n en existe qu un seul , celui de Berlin , auquel i n u e d e femm B erl . B st e il faut aj outer le bas relief du Bargello et un autre dans une collection privée de

’ Florence . Je crois aussi qu on peut accepter comme étant de Mino , la Sainte Catherine du Louvre , une tête de la même sainte tout à fait semblable du comte Palmieri de Sienne et un autre buste inachevé et en fort mauvais

état qui appartient aussi à une collection privée . Certes , dans ce dernier buste , le sentiment général et certains 66 M INO DA FIESOLE

’ détails tels la ligne sinueuse de la bouche et l a r r an ge ment des cheveux nous font songer à la main de Mino . Mais le buste est dans un état trop délabré pour pouvoir

t en juger défini ivement . La j eune fille du Musée de Berlin au contraire est

: un ouvrage certain du maître . Je voudrais dire plus il ’ est comme le prototype , d où sortiront toutes ses figures de femmes , toutes ses madones et toutes ses saintes . C ’ est ici qu ’ on retrouve cette grâce troublante et cet esprit de décadence qui fait une place à part aux sculp

T s ch u di tures de Mino da Fiesole . Ce buste écrit M . Von est d ’ une expression admirable quoi qu ’ il ait dans le mou

’ ’ d i n dé ci s vement quelque chose . D après le type de la figure

a et du caractère de la forme , ce buste est étroitement p

e parenté avec les œuvres du commencement du XVI II s iè Rien ne saurait en effet exprimer le charme de

fl o re n ti n e i r r é u cette jeune , frêle et élégante , aux traits g

’ Pu t - liers et aux formes d une finesse exquise . elle la fille ou la maîtresse de Mino ? F ut -elle cette seconde femme qui passa toute entourée de mystère dans sa vie d ’ artiste ?

’ l i m m r On ne saurait le dire . Ainsi comme il la rêva et o

’ talis a re t r o u dans une œuvre d art merveilleuse , nous la verons plus tard dans ses madones et dans ses saintes .

’ C est elle , dans la Vierge du Bargello et dans la Madone

’ Ri a ri o à Rome : c est encore elle dans les allégories de l a collection D reyfus et de la collection Palmieri , et dans les Saintes Catherines du Louvre . Sa bouche rieuse et mé l a n c o li u e q à la fois , ses yeux narquois et tristes , nous les

’ retrouverons un peu partout . C est la femme de son rêve et \ 1 0 7 1 1zs 1 1 6 . 1 N D A 1 0 . 5 7

— a peut être la femme de sa vie . D ns aucune des sculptures de Mino de Fiesole , nous ne retrouvons une expression plus profonde et une plus grande personnalité . Dans chaque partie

a de la figure , dans chaque boucle des cheveux , d ns chaque

’ pli de la robe il a mis sa signature victorieuse . Et il n y

’ a pas besoin du nom pour proclamer l authenticité de cette sculpture où Mino da Fiesole se révèle entièrement . Je crois aussi que l ’ on pourrait retrouver les traits de cette j eune fille dans un bas -relief du Musée N ational de

’ — Florence , bas relief signé d une si énigmatique inscription .

’ c o n v ain u Je le crois d autant plus facilement , que j e suis ç

- que la femme représentée dans ce bas relief, est une œuvre de pure invention , une plaquette décorative qui peut faire

’ — pendant aux bas reliefs de l empereur Aurelien , aussi ima

’ in ai r n t in c o n n ai t g e que l est la belle femme fl o re e . On ce

’ ’ profil plein de grâce . C est une jeune femme à l aspect noble , à la coiffure compliquée et bizarre , aux habits riches d e broderies et de pierreri es . Un gros collier de perles

’ lui ceint le cou et une grosse perle couronne l édifice s a vant de sa coiffure . Sur le socle de la base on lit cette

: E T 1 0 DA L 11 A V ' I‘ L N E inscription MINO 0 U O EL U . Qui pouvait

! donc être cette jeune fl o r en tin e du xv siècle parée comme une reine d u rêve ? Les Opinions sont très partagées là

’ i n c r i n — dessus . Les uns disent que l s ip t o assez prétentieuse

’ d ailleurs signifie que ce portrait était celui de l a fille du

’ ’ sculpteur . D autres en font sa femme ; d autres encore a ffi r

’ ’ ’ ment qu il s agit d une dame fl o r en tin e et que la phrase du socle signifie tout simplement que Mino da Fiesole a

’ donné une vie éternelle la vie de l art a ce portrait . 68 M INO DA FIESOLE

Quant à moi j e ne saurai accepter aucune de ces hypo

en tilcl n n a thèses . On ne peut pas admettre que cette g o aux riches parures soit la femme ou la fille d ’ un de ces artistes

e x v du siècle , qui étaient considérés co m m e de s i m

ples ouvriers . Ni

la Francesca , fille

du menuisier , ni même cette Cathe à rine , mariée un obscur paysan du

’ Cas e n tin , n aura

i en t pu déployer

’ un tel luxe d ét o f fes et de À F l o r e n c e à comme Rome ,

les lois s o mpt u ai

res étaient s év è

r n u ée a on a Fl o e ce . M s N ti l res pour la petite I n co n n ue bou rge o isie plé

’ b e 1e nn e et c était j ustement le temps où Paul I I avait dé

‘ fendu et limité aux femmes rom a ines i m7n ocl er a zn nz ges ta n

’ cl or mn n n i on n nz encnza r n nz zce ci n zclor n nz el ves ti n nz g y g , l usage i mmodéré des toilettes somptueuses , des ceintures et des

’ ’ bij oux . Mais j e ne crois pas non plus qu il s agisse de quel

fl t n que damé o r e n i e . Dans aucun des portraits contemporains on ne trouve u n e semblable parure : ni les bustes de Desi

7 0 M INO D A FIESOLE bi ll e m eht de la fe mme qui est évidemment postérieur a

’ l époque de Mino , ne nous autorisent à lui attribuer ce

— bas relief lourd et sans goût . Une réplique d u buste qui est au Louvre se trouve dans

’ la collection privée du comte Palmieri de Sienne , où j usqu à

’ r à p ésent il était attribué Iacopo della Quercia . Il s agit de

’ la même femme et presque du même ouvrage . C est M . Ricci

’ ’ d A rt qui en organisant l exposition Chrétien à. Sienne a cru

- du i c as en ti n o is reconnaître dans ce morceau la main ma tre . Je crois pour ma part qu ’ il est dans le vrai et que ce buste lui appartient incontestablement .

a a f Il me reste m intenant a p rler de dif érents bustes , à religieux ou profanes , qui sont attribués Mino da Fie

n sole . La plupart représentent Saint Jean e fant : il y en a au Louvre , il y en a au Musée municipal de Lyon ,

a il y en a d ns les collections privées . Mais il est bien difficile de pouvoir établir avec certitude leur authenticité .

’ ’ ’ Il s agit assez souvent d œuvres d atelier , ou pour être plus exact , de boutique où plusieurs artistes travaillaient

u sous la direction du maître . Q elquefois il ébauchait lui même la maquette , quelquefois il en perfectionnait les dé

’ ’ tails : c est à ce système de travail collectif que l on doit si souvent des attributions douteuses . On voit dans telle

’ a statue ou dans tel buste , le c ractère d un certain arti

’ e t a ste , immédi tement on est dérouté par d autres carac

r s t è e ab solument opposés . O n doit ajouter à tout cela les signatures et les inscriptions qui sont tr op souvent

’ fausses pour nous permettre de s y fier . Des trois bus

au tes , dont je viens de parler , un moins celui du Musée M INO DA FIESOLE

a a de Lion toutes les probabilités pour ne pas app rtenir ,

’ [ Mi n i O ncs . quoique signé / , a son ciseau C est une œuvre d ’ art sans finesse et assez grossière pour qu ’ on ne puisse a dmettre son authenticité . Les deux autres bustes celui du

Musée du Louvre et c e lui de la collection de La Bardella à Florence ont tout le caractère

’ des têtes d enfa nts dont Mino da Fiesole decora ses r é table s et ses t a

’ bernacles . Que l on com pare la mine ingénue et un peu étonnée du buste qui est au Louvre avec celle de l ’ enfant Jésus

’ du Retable de l Abb adi a ou mieux encore avec le

St . Jean de la collection r o ec o n d e La a a Fl o en ce . C ll ti B rdell a de La B r d ella , avec S a i n t J ean ’ l E n fa n t sortant du cali

’ ’ San t Amb r o i o ce dans le tabernacle de g , et l on y trouvera à des ressemblances tout fait frappantes . Ce sont des

’ ’ œuvres d art d une finesse exquise , dans lesquelles Mino da Fiesole continue heureusement l a tradition de Don a

’ tello , cette tradition qui peupla d enfants j oyeux et sou i r ants les vieilles architectures toscanes . Un dernier buste

’ l E c c e — H religieux de Mino da Fiesole , représentant omo , appartient au Musée Royal de Berlin où il fut placé en 1 8 7 8 . 7 2 M INO DA FIESOLE

’ T s chu di M . Von nous fait savoir qu il appartenait proba

’ blement a u Musée des Innocents à Florence . Il s agirait

’ l év ê donc de cette sculpture dont parle Vasari , faite pour

’ que Salutati et laissée en héritage à l hôpital . Don Vincenzo

’ B o r hi n i é c ri g , prieur de cet hôpital a l époque où Vasari

« vait , gardait soigneusement parmi ses choses les plus chères cette tête de Jésus Christ , que M . Milanesi croyait reconnaître en une sculpture qu ’ on avait laissée provi

’ i r e m en t s o sur une armoire dans les bureaux de l hôpital . Je citerai enfin un petit bas -relief espèce de plaquette en ’ marbre représentant l empereur Aurélien , qui se trouve

’ dans le Musée National de Florence . C est un ouvrage de pure invention un tableau de chevalet » traité avec cette grâce à délicate et personnelle qui est propre Mino da Fiesole .

? ‘ EL 0 P E N CE D E S ALI B I . C G I U

T E HA L L D U M R A A R N L .AN L A . B E AC D S C PE E I CLE

7 4 M INO D A FIESOLE

muscles et des savantes draperies . Son art méprise les

’ lignes classi ques q u i furent chères aux artistes de l école

’ romaine . Il a le genie de l ensemble et du mouvement et

a si sa technique est quelque fois défectueuse , les déf uts mêmes proviennent du pittoresque de ses compositions . Ces différentes sculptures j ouent donc un rôle consi

’ dé r able dans son œuvre et c est au début de sa vie de ’ à ’ sculpteur , que l on commence les trouver . C est en effet

’ 1 6 de 4 3 que date la châsse de l autel de St . J érôme , fait

’ ’ par commande du cardinal d E s t o u te v ill e dans l église de

! ’ ’ S . Marie Maj eure , dont il était archiprêtre . J ai dû m oc cuper assez souvent de cet ouvrage , pour en répéter

’ ’ l histoire : détruit p a r Sixte V en 1 5 8 6 lors de l édification

’ a Pe de la chapelle Sixtine , transporté d abord d ns la villa

’ à l E s u ili n retti q et ensuite au Palais Strozzi , il se trouve actuellement dans le musée artistique et industriel de la

’ a i rue San Giuseppe a Capo le C se . C est un ouvrage m

’ portant , où l art de Mino da Fiesole se révèle avec toute sa grâce . Les fragments , que nous possédons de cette châsse , nous permettent de la reconstituer complètement .

’ — ! Ce sont quatre bas reliefs , d une extrême na veté repré

’ sentant des scènes de la vie de Saint Jérôme . Il s agit bien de la technique du maître , les plis cassés et angu

é a r il leux , les figures plates , les barbes des vieillards p p lé es en éventail et très longues ; mais il est à ses débuts

1 et cette maladresse na ve qui lui est particulière , semble encore accentuée dans cette sculpture de sa première j eu

’ é a nesse . C est surtout dans la repr sentation des nimaux

’ ’ L ân qu il se montre gauche et insuffisant . e et les mulets M l NH DA F l 1LE 7 5 du couvent ont une expression d ’ une irrésistible drôlerie et le lion protecteur et protégé du S a int est un étr a nge

e e t l a animal , dont les formes particip nt du barbet de

’ a a l i n fé Chimère . On peut remarquer ussi d ns ces reliefs r io r ité N i n o a a de da Fiesole d ns les personnages m sculins , c a r ses héros et ses saints ont une gaucherie qui ne se trouve p a s dans les exquises figures de ses M a do n es et de ses a l

’ l i a ég o r e s . S int Jérôme lui même et les moines qui l entou rent manquent absolument de toute grâce et de toute élé

a n a g ce . Parmi ces moines il f ut rechercher le portrait du

’ a d Es t o u t ev ill e a cardin l , que selon V sari Mino da Fie

- sole reproduisit dans un des bas reliefs de cette châsse . J e crois le reconn aître dans le moine la figure de profil tenant un livre qui est a la d roite de Saint Jérôme dans

’ l e bas — relief q u i représente le saint en train d ô t e r une

a épine de la patte du lion . Nous retrouvons en effet d ns

’ les tr a its de ce personnage le menton lourd et l expression

’ a c ractéristi q ue du célèbre archevêque de Reims , tel qu il n ous app a r aît d a ns la médaille publiée par Eugène M ! ntz

’ - a et mieux encore , dans le bas relief de l annonci tion , de

’ a l ancien Ciborium de Sainte Marie M j eure .

À la même époque ap partiennent les fragments de la

’ a a chaire de St . Pierre , fr gments dispersés uj ourd hui dans

1 6 les cryptes Vaticanes . On a vu en effet comment en 4 3 , Mino da Fiesole travaillait à la ch a ire de la bénédiction qu e Pie Il avait fait construire sur la façade de la b a silique

’ Vaticane . L idée de la chaire fut abandonnée plus tard pour

l i a une ogg plus grande et les sculptures furent dispersées .

’ — G n o li Peut être , c est le comte qui avance cette opinion 7 6 M INO DA FIESOLE très acceptable furent elle employées d a ns le Ciborium f de Sixte IV . O n trouve en ef et dans les cryptes Vaticanes , plusieurs fragments de ce ciborium — notamment les sta t u ett e s des d ouze apôtres qui ont tous les caractères des

’ u sc lptures de Mino da Fiesole . Or , comme on sait qu il à ne travailla pas ce monument , il est évident que les a ar a rtistes , chargés p le P pe Piccolomini de le construire , durent employer les fr a gments restés de la destruction de la chaire . On trouvera dans les cryptes nouvelles (Grotte nuove) au numéro 2 et 3 7 la statue de St . Jacques Mineur

— u i a et un haut relief q ppartenait au Ciborium , et dans les cryptes anciennes (Grotte vecchie) les statuettes d ’ autres

2 2 0 apôtres et plusieurs fragments divers aux numéros ,

2 2 2 2 6 2 2 8 2 0 2 à 2 8 . 5 , , , 3 et de 3 3 3 inclus

’ Mais d autres fragments se trouvent éparpillés ailleurs .

. f M Gustave Dreyfus possède en ef et deux statuettes , re

l a présentant Charité et la Foi , et le musée de Berlin une autre statuette inachevée . Les statuettes de M . Dreyfus ont toute la grâce des sculptures de Mino , les traits pleins

' ’ e t d u n e de noblesse , les membres grêles élégance raffinée ,

é o m e les tissus du vêtement très lég ers , aux longs plis g

’ ’ ’ au th e n triques . Nul doute qu il ne s agisse d une œuvre tique de Mino da Fiesole . Mais quelle est la provenance de ces deux statuettes ? M . Milanesi qui ne connaissait

’ - pas les bas reliefs de la châsse de St . Jérôme n hésite

’ ’ pas à les considérer comme provenant de l autel d E s t o u

’ t e ill : v e . J e crois , qu il se trompe la manière déj à plus franche et la perfection du modelé nous indiquent une date postérieure à l ’ époque où il sculpta la châsse de Sainte M INO DA F I E SÙ I-E 7 7

Marie M aj eure et les rapprochent p lutôt des figures des apôtres dans les cryptes Va t ic an e à s . Je suis donc porté croire qu ’ il s ’ agit de quelque fragment de la chaire de Pie II qui , comme nous avons vu , ne fut jamais achevée et dont les différents matériaux furent employés plus tard pour le ci borium de Sixte IV . Il ne faut pas oublier que les st a tuettes de la collection D reyfus pou vent compter parmi les plus élégantes sculptures du m ai tre toscan .

’ L année suivante en 1 4 64

’ Mino revint à Florence . C est à à cette époque , ou peu près , que remonte le retable de

’ l évêque Salutati dans la c a théd ral e r de Fiesole . Ce e table d ’ une grâce exquise et

’ d un goût décoratif parfait , nous montre un progrès dé

’ ’ c is if dans l œuvre de l artiste . Le retable est divisé en trois

d e D i ' f Pa . C o c i o n é \ 115 parties , séparées entre elles ris lle t par des minces colonnes can Ch! ! n elé e s . Au centre la Vierge agenouillée et des deux côtés 7 8 M INO DA FIESOLE

n a b as Saint Rémy et Saint Léo ard . D ns le , sur trois mar

’ ’ rédell e d au t el ches qui forment comme une p , l enfant Jésus ,

’ j ouant avec le petit Saint Jean , tandis qu à gauche Saint Roch lève vers le ciel une face pleine de souffrance et de résigna tion . Sur le rehaut de la dernière marche on lit cette i n scription : LEONARDUS D E SA L UT A 'I‘ I S E PS FE SULAN U S J URIS

CO N SU LT US. Il y a dans cette charmante composition une grande

— expression de sentiment et de vérité . Peut être les figures

— de St . Léonard et de St . Rémy se ressentent elles encore ! de la na veté de la châsse de St . J érôme : mais quelle inimitable expression dans toute la figure du Saint men

’ diant , qui lève ses yeux sur l évêque Rémy en cherchant

’ — e protection , tandis que celui ci lui indique d un geste f rme

’ et presque sévère l enfant Jésus , comme unique espoir de

’ salut . C est tout un drame que Mino da Fiesole nous rend À avec u n e force poignante et émouvante . côté de ces deux l figures si humaines dans leur douleur et dans eur foi , la Sainte Vierge nous apparait encore plus divine dans son calme paisible et serein . Voilà bien une Madone de Mino da Fiesole , la grande dame hautaine et même un peu dé d ai n eu s e en i il cl on n e fl o r en tin e s g , comme une de ces g qui agrémentaient de le u r charme les cours p aye n n e s des pre miers Médicis . E lle prie agenouillée devant son Fils divin , b f à a sorbée dans sa prière , indif érente ce qui se passe

’ r é autour d elle . E lle a cette grâce virginale , que nous trouverons plus tard , dans toutes les Madones du même

’ ’ artiste . L architecture du retable est d une élégance toute

fl o r n t in h ar m o e e . Nous y voyons déj à les proportions M INO DA FIESOLE 7 9

’ n ie u s es qu on retrouvera plus tard dans les monuments funèbres du comte Ugo et du chevalier Giugni ; les c o

a a lonnes minces cannelées , la b se aussi à c nnelures et

’ ’ l at tiq u e décoré p a r une frise à palmettes d un effet r a

’ ’ vissant . C est un morceau remarquable d architecture et c ’ est en même temps une pièce de sculpture d ’ une rare

’ ’ finesse décorative , d une composition harmonieuse et d une ligne pleine de noblesse et de fermeté . Il faut aj outer que le buste de Jésus Christ qui est posé en haut , au dessus ’ ’ Il de la frise n app a rt en ait pas à l origine à ce r é tabl e . est sans aucun doute un ouvrage de Mino da Fiesole , à que des restaurateurs ont crû pouvoir mettre cette place , en interrompant l ’ harmonie générale de cette sculpture symétrique .

’ Ces mêmes restaur a teurs n ont pas hésité à transformer la ligne droite du retable en une courbe disgracieuse qui ’ H déforme le caractère de l ouvrage de Mino . eureusement

e st cette addition une simple peinture , et il faut espérer

’ ’ à l ff r qu on se décidera un j our e ac e .

À la même période a ppartient le retable qui se trouve

’ ’ auj ourd hui dans l église de la Badia à Florence . Ce re table fut commandé à l ’ artiste par Diotisalvi Neroni en

1 6 . a l année 4 9 Un document , g rdé dans les registres des payements des moines de la Badia , nous fait savoir les péripéties de cette sculpture . Lors des malheurs qui frap

è r en t p le protecteur de Mino celui ci , obligé de rechercher

a dans un exil volontaire la liberté de sa personne , ab n donn a avec ses biens toutes ses commandes et tous ses projets . Le retable de Mino subit le sort commun , tandis 80 M INO DA FIESOLE

’ ’ que l artiste , en besoin d argent , empruntait sur son ou v r a e 2 fl o r i n s g la somme de 3 , que plus tard les moines

l a fl o ren de Badia , avec le consentement des magistrats

a Cambin i tins , p yèrent aux frères qui les avaient prêtés

É e d e a a Fl oren ce . glis B di R etable

Ce retable est presque une réplique de celui de Fiesole nous y retrouvons la même architecture et les mêmes divisions : la Sainte Vierge au milieu , Saint Léonard à sa

a . droite et St . Laurent sa gauche C est touj ours une de ces

a . Madones de Mino , dont la grâce est incompar ble Quant

au St . Léonard il est une copie exacte de celui du retable

de Fiesole . La seule différence entre les deux œuvres

o n e de a n a o c Fl re ce . Eglis S t Cr e

T al >e1 na c le

M INO DA FIESOLE 8 1 consiste dans une plus grande simplicité : dans celle de f la Badia manquent en ef et les personnages du gradin , et les décorations sont beaucoup plus négligées . Seulement la technique nous apparaît plus dégagée et plus libre , comme celle d ’ un artiste déjà mai tre de la matière et absolument sûr de son outil . Dans ce retable Mino da Fie sole introduit les chandeliers décoratifs aux deux côtés , motif dont les siècles suivants firent un si large abus .

’ - d au t el Un autre bas relief , car on ne peut pas le clas

’ ’ s ifi e r parmi les retables , est celui qu on voit dans l église

. B al in ru ifi x n de S b e . Il représente la c c i o : Jésus sur la

’ ! l É v an lis t é e . croix ayant aux côtés St . Jean g et la S Vierge . Mais les critiques sont tous d ’ accord pour reconnaître dans

’ ’ l exécution de cet ouvrage la main d un autre artiste , pro b abl e m e n t ce Giovanni Dalmata avec qui il trava illait au

à . monument de Paul II Saint Pierre On sait , en effet , qu il

— fit ce bas relief sur commande du cardinal Barbo , neveu du

’ Va pape mort , pour l autel de sa chapelle dans la basilique

’ ticane : rien de plus naturel qu il se soit adressé à son c a marade pour l ’ exécution de cette commande peu impor

e tante . Pour ma part je ne crois pas r connaître la main de Giovanni Dalmata dans cette Madone qui reproduit le type commun des Madones romaines telles que les avait sculptées Mino del Reame dans ses bas -reliefs de Sainte à Marie Maj eure . Je suis plutôt disposé croire que Mino da Fiesole fi t la maquette de ce bas - relief et même en

’ dirigea l exécution ; j e crois en effet reconnaître la manière

a . de l artiste de Poppi dans les tr its du St Jean , mais ce fut sans doute un des nombreux ouvriers de sa b outique M INO DA FIESOLE

’ - qui fut chargé de cette sculpture . C est peut être le même

’ qui sculpta u n e scène pareille pour l autel de la Sacristie

de S ainte Marie du Peuple à

Rome . N ous avon s vu co m m ent Mino da Fiesole avait un esprit à décoratif tout fait original . Dans ses retables il sait unir en une parfaite harmonie l ’ élé

g a nce de la ligne a la sobri é té

’ de la décoration . C est pour tant dans les chaires et les ciboriums que cet esprit se manifeste en toute sa puis

sance . Le ciborium du bap

’ t is tè r e de Volterra qu il exé

cuta en 1 4 7 1 est un admirable exemple de son bon goût et de son ingéniosité dans l ’ in

’ vention . C est un ouvrage as

sez compliqué , orné de nom

’ b r e u s e s figures d anges et de

saints . Sur une base carrée ,

décorée sur ses façades lat é ra

Vo l terre B a tis tère . p les par quatre bas -reliefs aux Cib ori u m figures de saints et de p a

’ t ri a r ch e s s élève le fût du Ciborium où dans de peti tes niches sont représentées les vertus théologales et des ch érubins ten a nt des écriteaux où sont gravés les M INO D A FIESOLE 83

’ l n a É v a ile . versets de g Le t bernacle , proprement dit , sou

au x c o tenu par ce fût , est carré , décoré angles par des

’ lonnes cannelées qui soutiennent un attique d u n profil très

a fa e s pur . Sur les qu tre ç du tabernacle on voit des anges en prière ; et sur le sommet , qui en forme en quelque sorte

’ ‘ la voûte , l enfant Jésus se tient debout sur un calice orné

’ ’ a m de pierreries . Il s git com e on le voit d une composition

’ a ss ez compliquée et surchargée de décorations : mais l en semble en est parfait , si bien que ce ciborium reste parmi les plus gracieuses compositions de la première renais

‘ i o l e ré o cc u é . F e s sance Mino da , p p du caractère spécial d e cet ouvrage a voulu faire une de ces orfèvreries qui

étaie n t assez fréquentes en cette époqu e d e ri ch es s e et de

’ religion . Seulement pour sa création il s est servi du mar

- d bre , ci selant dans leurs moin res détails les parties décora l f ’ tives de cette étrange pièce de scu pture . Il su fit d ét udier l e soin avec lequel il a sculpté les cannelures , les palmettes

a et les coquilles du tabernacle , les écailles de la b se et les pierreries du calice pour s ’ en rendre compte exacte II ’ ment . faut aj outer que l artiste dût être satisfait de son

a a . ouvr ge , car il le signa ce qui lui rrivait rarement

f ie dis ta l in On lit en ef et , sur une des faces du p , cette scription

I O PUS M INI D E F LO R E N TIA M CCCCLXX .

’ Ce gracieux ciborium du b a p tis t è r e devait être a l ori

’ gine d une grande richesse : malheureusemen t nous ne le

’ ’ ' a voyons auj ourd hui qu en partie . Il dev it avo ir aux deux côtés deux anges porteurs de fl amb e aux ; on retrouvera 84 M INO DA FIESOLE ces deux statuettes dans la cathédrale de Vol te r r e : elles ont cette grâce particulière qui est propre aux figures fé min in es de M ino da Fiesole . À la même période et au même sentiment décoratif

’ appartient la chaire dans l église cathédrale de Prato

’ O n sait auj ourd hui que Mino da Fiesole eut un collabo rateu r pour cet ouvrage , . Mais on sait aussi que Rossellino se limita à sculpter trois bas — reliefs

’ ’ t andis que Mino fut l auteur principal de l architecture . ff N ous nous retrouvons , en e et , devant une composition semblable à celle du ciborium de Volterra . Un piédestal

’ c carré , sur lequel s élève un fût décoré sur ses quatre fa es

- par des haut reliefs de saints et soutenant la chaire, ronde ,

- agrémentée de décorations et de bas reliefs .

’ On a reproché à cette chaire d avoir un aspe c t trop ’ à frêle pour son emploi . On la dirait un calice et c est

’ peu près le même sentiment q u i n s pire le ciborium de Vol

’ ’ terra : nous sommes encore en présence d une pièce d or fè v re rie , délicate et gracieuse , tandis que le sujet aurait demandé une œuvre de solide architecture . Mais excepté cette remarque assez juste d ’ ailleurs la chaire de Prato

’ ’ est d une rare élégance et d une sveltesse toute fl o r e n tin e . Il s ’ agit maintenant de savoir quelle est la part du travail

’ de Mino da Fiesole, et celle de Antonio Rossellino . C est

’ ’ au premier sans aucun doute , qu il faut attribuer l invention architectonique et les décorations particulières . Antonio

Rossellino s e serait donc limité à sculpter trois bas - reliefs

’ -à sur les cinq qui décorent le parapet de la chaire , c est

ci t Tè nz s la L a i l a Vi er e r emet/a n t sa cei n tu r e S . o a dire g , p

86 M INO DA FIESOLE

lui qui sculpta « les décorations d u fû t et les deux autres

’ bas — reliefs ; c est touj ours lui qui sculpta les chimères qui dans le piédestal soutiennent la base du fût . M . Marcel à ’ Reymond , a bien attribué Mino da Fiesole toute l archi

- a tecture de cette chaire , sauf peut être la p rtie des chimères qu ’ il compare à celles que Bernardo Rossellino sculpta pour le Lavabo de San Lorenzo . Il croit pouvoir les attribuer au

— il collaborateur de Mino parce que , dit , nous ne voyons

a ffi r ces chimères dans aucune œuvre de Mino . Cette à mation est inexacte , et des chimères tout fait pareilles a

de « Pr at o celles de la chaire , nous les retrouvons dans le

’ T o r n ab u o n i monument funèbre de Francesc o , dans l église

’ à de de la Minerva Rome . Il suffit j eter un coup d œil aux quatre chimères à tête de femme qui soutiennent le sarco phage du gentilhomme fl o re n ti n pour leur retrouver l e s mê

' mes traits , le même arrangement de cheveux et la même expression de celles de la chaire de Prato . Quant aux deux

’ bas -reliefs d e Mino L a cl ecafi ii a i i on de Sa i n t j ea n et le ôa n

’ ’ ’ qu e! rl H ër oa e il sont exécutés d une façon assez pauvre et démontreraient que depuis la châsse de St . Jérôme faite dix ans auparavant le sculpteur de Poppi n ’ avait fait aucun

1 nv ra15 e mblabl e . progrès . Ce qui doit nous paraître Pour à ma part , j e suis encore une fois porté croire que Mino da

- Fiesole se borna à donner le dessin de ces bas reliefs , et

’ ’ qu un des ouvriers de sa boutique fut chargé de l exécution . Je ne saurais reconnaître dans la technique lourde et sans aucune grâce qui caractérise les figures de ces deux scul

t u re s p , le même artiste qui avait déjà sculpté les retables

‘ ’ l ein d d h i s e ab l e té o . p finesse et , de Fiesole et de Fl rence M INO D A FIESOLE 8 7

’ L année suivante 1 4 7 4 Mino da Fiesole exécut a

’ pl usieurs tr avaux d une importance moindre : les béni tiers des églises de San M a rtino et de Casaglia et les

’ a la a quatre têtes d nge pour le lavabo de B di a . Pour

’ les trois bénitiers deux d a ns l église de Sa n Martino et un dans celle de Casaglia il reçut la somme de

6 0 Il nous reste à e xaminer a présent les différents taber n acl e s pour les huiles s a intes qui tiennent une place con

’ s id r abl é e dans l œuvre de Mino da Fiesole . Quoique fidèle à la tradition toscane et en quelque façon imitateur de

a Desiderio da Settign no , il sait varier avec beaucoup

’ d imagination les tab ernacles qui lui sont commandés . A côté du type originaire on voit qu ’ il exploite avec une grande facilité et d ’ une façon heureuse les différentes for

’ d u c ha mes e l art religieux . Quelq efois comme dans la pelle Baglioni Vibi a Perouse il a dapte le tabernacle des

’ à d au t el a huiles saintes un retable , quelque utre fois il

’ ’ l en cad r e dans le cintre d un monument funèbre , comme dans le sépulcre du cardinal Ammanati qui est dans le à cloître de la Minerve Rome . Il sait être varié tout en gardant l a grâce captivante qui lui est particulière .

Le premier tabern a cle que Mino da Fiesole e x é cu t at est celui de Péro use .

’ Vasari nous a pprend qu il e n vo ya t à Pérouse une table de marbre p our messer Baglioni Ribi (il faut cor

l a riger Vibi) qui fut placé à St . Pierre dans chapelle du

d e Saint Sacrement Or , comme une inscription ce bas

’ relief no us fait savoir qu il fut exécuté en 1 4 7 3 et comme 8 8 M INO DA FIESOLE

’ ’ d autre part nous savons q u à cette époque Mino da Fie

’ ’ à n all at a sole travaillait Rome , il faut en conclure qu il j mais à Pérouse et qu ’ il se contenta de faire sur com

— au mande cet ouvrage . Ici il garde encore moins dans

’ ’ l ar chit ec tu r e — l o rg an i s m e des retables de Fiesole et de

’ Florence : un espace carré partagé en trois parties où l on

an voit Saint Jérôme , Saint Jean Baptiste et au milieu les

’ atti u e ges en adoration devant le Saint Sacrement . L q est décoré par deux lourdes guirlandes de fleurs et de fruits ,

’ d où pendent les armes de Baglioni et qui sont soute nues par des têtes assez grossières de chérubins . Au lieu des sveltes colonnes que nous avons admirées dans

fl o r en tin s les retables , on trouve ici deux pilastres , décorés par des bouquets de glands et de pommes de pin . Au des

, sous de la petite porte en bronze , les anges soutiennent i un enfant Jésus , assez mal tourné et en haut imméd ate

’ l at ti u e B L I : . A G ON US ment sous q on lit cette inscription D ,

D XI E B A N . . M O E R E T . MONTE V I 0 V J URIS DOCTOR . ALTISSI

M . x x C C . CCL I I L Cette sculpture appartient elle réellement au ciseau de Mino da Fiesole ? Je crois qu ’ on peut répondre négative ment , sans crainte de se tromper . On voit par ci par là les caractères saillants de la technique de Mino , tels que les plis cassés et presque géométriques , les physionomies raf

fi n é e s et pensives ; mais ni les décorations des pilastres

’ l atti u e a t t r i ni encore moins celles de q , ne peuvent être h à ’ ’ ués l artiste toscan . C est une sculpture de sa boutique ,

à - laquelle il travailla , peut être , mais qui fut plutôt achevée sous ses ordres et sur ses dessins par quelqu ’ un de ses

90 M INO DA FIESOLE de cet artiste ; mais je ne saurais reconnaître sa manière

- [Mor t de a coô dans le bas relief de droite , représentant la j ,

o m E d e a n a c R e . glise S i t M r T a b ern acl e du cardi n a l B arb o tandis qu ’ on reconnaît très aisément le ciseau de Mino da

Fiesole dans le Père Et e rn el du cintre et dans les anges u en adoration devant la petite porte en bronze . N ous no s trouvons probablement en présence d ’ un troisième artiste

’ qui travailla avec Giovanni et avec Mino et que l absence M INO DA P1 ESOLE 9 1

’ de tout document ne n ous permet pas d identifier avec

’ ’ ’ ’ d i nv r ai s e mbl abl e précision . L hypothèse n a rien si l on songe à la manière dont on travaillait à Rome pendant

’ ’ cette période , et au nombre incalculable d artistes et d ou v ri er s dont nous ne connaissons que le nom et le pays

’ « d origine . Selon moi , le panneau central de ce tabernacle

’ seulement est l ouvrage de Mino : les - deux autres furent exécutés p a r Giovanni Dalmata et par quelque tailleur de

’ u pierre . On connaît du reste au moyen d un dessin p blié par le comte G n o li comment ce tabernacle avait été

: imaginé une sorte de niche , dans laquelle le panneau du milieu occupait le fond et les panneaux latéraux les deux à côtés , de manière former comme un demi cercle autour

? des parois de la niche . Mais il exi ste deux tabernacles autour desquels toute discussion est impossible et qui représentent de la façon la

’ plus heureuse l art délicat et charmant de Min0 da Fiesole : celui de la chapelle Médicis dans l ’ église de Santa Croce

’ a et celui de San t Amb ro gi o à Florence . Les deux ppar

’ tiennent à la période fl o r e nt in e de l a rtiste et quoique faits à deux époques assez éloignées , ils nous montrent cette continuité q u i est particulière à Mino da Fiesole . Le tabernacle de Santa Croce a été probablement exé

e 1 a cut vers 4 7 4 , après le retour du premier voy ge à

’ ’ Rome . C est une petite architecture d un goût exquis , cintrée dans le haut et terminée par cet heureux motif de décoration le buste d ’ un ange en cul de lampe que nous retrouverons plus tard dans la belle Madone du Musée

’ National . Les têtes des chérubins qui décorent l at tiq u e 9 2 M INO DA FIESOLE

et le cintre , ont bien le caractère des têtes enfantines de Mino et les anges en adoration aux deux côtés de la petite porte en bronze nous montrent encore une fois comment cet artiste savait donner une pose éléga nte et naturelle à ses

figures . Cette sculpture charmante est bien digne du maître

’ des saintes Vierges et des enfants . On dirait qu elle re

fl eu ri t toute dans la grande j oie de ses chérubins et de ses séraphins , entourés de guirlandes fleuries et chantant

’ les hymnes du Seigneur . N est ce pas leur voix enfantine qui nous répète le verset du piédestal : H i c es t pa n i s ni

’ o n s u i cl e ccol o descen di t q , et l autre inscrit triomphalement

’ dans le ruban soutenu par l ange de la base : 0 sa l u ta r i s

’ H os ti a ? Il suffit d étudier ce tabernacle plein de j eunesse pour refuser a j amais les anges grossiers de Santa Maria in T r as t ev e r e et les lourds chérubins de Pérouse .

’ ’ Quant au tabernacle de San t Amb r o gi o il est l œuvre

’ f exé cu t at de ses dernières années . On sait en ef et qu il cet

- 1 8 1 admirable bas relief décoratif en 4 , sur la commande de

’ ’ Sant Am Donna Maria , abbesse du couvent de l église de

’ brogio Il s agissait de sa paroisse , et Mino da Fiesole à ’ tenait se faire honneur . C est dans cet ouvrage surtout qu ’ il se souvint de son ancien ami Desiderio da Setti

n g an o . Le tabernacle en effet est une bonne imitation de

’ celui que Desiderio fit pour l église de Saint Laurent :

’ on y retrouve la même figure de l E n fa n t sortant du c a lice et le m ême mouvement passionné des anges en ado ration . Seulement Mino da Fiesole se montre comme ié touj ours le grand maître du clair obscur . Sur le p

’ d e s t al - est représenté , dans un bas relief, une scène d in

94 M INO DA FIESOLE

Il faut aussi rayer du catalogue des o u v rage s de Mine da Fiesole ce retable de Montenero qui lui était attribué .

4 2 Selon les documents publiés par M . Pietro Vigo ) ce re

1 are ll o table fut sculpté en 5 3 0 par Silvio Cepp .

' Ch r i st ôen i s sa n t à E nfin un , appartenant M . James Simon fut exposé sous le nom de Mino da Fiesole à Berlin

’ 1 e en 8 9 3 . N ayant pas vu cette dernièr sculpture j e ne saurais me prononcer à son égard L E S M A D O N E S

Dans l ’ œuvre de Mino da Fiesole les Madones tiennent

- une place considérable . Il est , peut être avec Andrea della

’ e x v Robbia , l artiste du siècle qui en a le plus sculpté , et il faut reconnaître qu ’ il surpasse tous ses contempo l ’ i rains dans dé ali s at i o n du type féminin . Aucun sculpteur

’ de la renaissance , m ê me parmi les plus illustres , n a su donner à la Sainte Vierge un aspect plus digne et plus

a fl o r e n seigneurial . Tout en étant très fidèle à la tr dition tine et suivant d ’ assez près les théories esthétiques que j ’ ai tâché d ’ analyser dans les premiers chapitres de cet ouvrage , Mino da Fiesole sait trouver une originalité puis 9 6 M INO DA FIESOLE

- sante dans les bas reliefs de ses Madones . Mais ici comme partout il faut d ’ abord se rendre exactement compte de

’ ’ l œuvre de l artiste et débarrasser le terrain des i n n o m b r abl es f attributions qui faussent tout j ugement . Il su fit

’ s u e rfi ci elle men t Min e d avoir étudié , même p la sculpture de da Fiesole pour entrevoir les éléments divers que les

’ critiques et les historiens de l art o n t introduit dans ses ouvrages . Quant aux Madones , il faut reconnaître que les musées publics et les collections privées sont remplis de fausses attributions, que ni les caractères généraux du

d e s style , ni même le sentiment têtes et des figures ne nous permettent d ’ accepter comme issues de l ’ atelier d ’ un même artiste . Il existe deux ou trois sculpteu rs qui sans aucune r a ison au monde ont touj ours été privés de leurs droits civils pour ent rer subrepticement dans l ’ œuvre de

Mino da Fiesole . Le même phénomène que nous avons constaté pour le ciborium de Sainte Marie Maj eure et les autres sculptures à de Mino del Reame Rome , se reproduit avec une plus

n grande intensité pour les Madones fl o r en ti e s . E n nous trouvant dans l ’ impossibilité de dresser un

e x v catalogue complet des artistes du siècle , nous nous sommes contentés d ’ attribuer à tel ou à tel autre sculp

’ teur tous les ouvrages anonymes , qui n avaient pas un caractère bien déterminé . E t Mino da Fiesole a été une des victimes les plus éprouvées par ce système facile et trompeur .

’ ’ a Le f it est d autant plus étrange que , comme j ai eu

’ déjà l occasion de le remarquer , le style de Mino da Fie

u ée a o n a Floren ce . M s N ti l

’ La Vierge e t l E n fan t

9 8 M INO DA FIESOLE duit par des raisons qui ne sont pas tout à fait des rai

’ sons d e sthétique et on reconnaît ai s e m en t les défauts des figures .

’ ’ ’ D abord ce tte mièvrerie dont j ai eu occasion d e m oc cuper plusieurs fois et qui devient encore plus saisissante dans les figures de ses Madones ou de ses Saintes . E nsuite

: 0 la construction du corps les bras tr p frêles, les épaules

’ excessivement tombantes , la taille trop haute et d une mai gr e u r par trop accentuée . Les têtes aussi ne diffèrent pas beaucoup entre elles : ce sont touj ours les mêmes yeux

’ : aux lourdes paupières , très souvent asymétriques c est

v o touj ours la même bouche grande , voluptueuse , presque

’ race ; c est touj ours le même front très haut avec les che veux a ttachés en arrière sur le crâne selon cette mode

e du XV siècle pour laquelle les éléga ntes se procuraient

‘ avec un coup de rasoir une calvitie artificielle, telle que nous la retrouvons dans le portrait de Piero della Fran cesca ou dans les médailles de Pisanello .

’ ’ Comme on le voit il s agit de véritables fautes d es thé

’ tique : et pourtant c est de ces m ê mes fautes que dérive

’ le charme troublant dont nous sommes tous épris . C est

’ qu il humanisa la Madone et lui fit vivre la m e i ntense

u s u a . lu i et passionnée de son époque . J q les sculpteurs

’ n avaient pas tant osé : ils restaient fidèles au type hi era

’ tique de la Vierge et même ceux qui l h abill ai en t en grande

’ dame de la renaissance cherchaient touj ours à l e nv el o p

’ ’ per d un manteau à l ar g es plis qui l e n t o u r a it comme

’ d une pourpre royale . Mino da Fiesole dédaigna tout cela .

’ Il n avait pas aimé les matrones sévères de la tradition , —‘ M INO D A 1 1E 8 0 LE 99

’ ni les p aysannes robustes et saines q u a ffe c tio n n ai en t les

n sculpteurs contemporains . Il chercha parmi les frêles ge

/il cl on n e de la société fl o r e n ti n e le type idéal de s a Madone

— d et , le premier peut être des sculpteurs , il tra uisit dans le marb re ce même sentiment humain et aristocratique

’ qu avait tenté le pinceau du peintre .

’ Peut-être même ne fi t -il que varier à l infini le type unique de cette j eune fille au sourire narquois et vague dont nous avons vu le buste , dans le Musée Royal de

Berlin . Mais en tout cas la Madone de Mino da Fiesole est une personne bien vivante , malgré ses traits amincis

’ et son corps immatériel ; et j e crois qu on pourr a it facile ment la retrouver dans ces admirables portr aits de prin

’ ’ cesses et d a r is t o cr at e s qui peuplent les collections d E u rope et dont les attributions sont aussi incertaines que

’ ’ les personnages qu ils représentent . C est pour cela que Mino da Fiesole restera avant tout le poète de la fem me

’ ’ et le sculpteur des Madones . S il osa mettre sur l autel la

’ ’ l idé al e l a femme que nous aimons , maîtresse telle qu on

’ a rêve et que l on a souvent rencontrée d ns la vie , nous

’ l aimo n s encore plus pour cel a et notre siècle dépourvu

’ a à d un profond sentiment religieux , se pl ît reconnaître , à ’ ’ soumise l adoration des fidèles , l image triomphale de la

Femme divinisée . Il faut reconnaître que le mouvement considérable qui

e nous a fait priser le x v siècle dérive presque entière é ment de ce sentiment . Au fond nous avons aim cette

époque à travers les t ableaux de Botticelli ou à travers

’ - d A o t in o les bas reliefs g s di D uccio ou de Mino , touj ours M INO DA FIESOLE

pour ce que nous y avons trouvé de notre âme moderne , inquiète et nostalgique . On peut diviser en trois grandes catégories les Mado

: nes de Mino da Fiesole Madones des retables, Madones

- des monuments et simples bas reliefs . Les derniers se subdivisent selon les époques dans laquelle ils furent

fl r n i n a exécutées en Madones o e t es et en M dones romaines . Il existe en outre une catégorie tout à fait spéci ale qui appartient à un artiste bien différent et dont les ouvrages

’ ont été j usqu à présent attribués à Mino da Fiesole . Nous

’ ’ a verrons tout à l heure quel est cet artiste . J i déj à parlé des Madones des retables : elles ne diffèrent pas beaucoup de celles qui nous occupent a présent . Ce sont les mêmes j eunes filles aux traits distingués et au corps d ’ une mai

r r - - g eu élégante et dégagée . Peut être dans le bas relief de Fiesole et plus tard dans celui de la Badia on aperçoit

’ une certaine hésitation qui dérive sans doute de l in exp é

’ ! ri e n ce de l artiste encore j eune et pas très sûr de son art . Mais les deux Madones ont déjà cet air de noblesse et cette distinction aristocratique qui restera invariable dans les

œuvres suivantes . N ous nous retrouvons pour la première fois devant la grande dame fl o r e n tin e et soit dans cette

’ s o i t gracieuse figure en prière , dans l autre assise sur un trône en une pose pleine de noblesse on voit percer les belles figures du Louvre et du Musée National . Quant

’ aux Madones des monuments funèbres, j aurai occasion

’ de m en occuper dans le chapitre suivant . Généralement

’ Mino da Fiesole se réservait cette tâche : on dirait qu il dédaigne tout autre ouvrage et que son ciseau caresse

M INO DA FIESOLE

qui ait joui d ’ une si grande générosité de la part des cri

’ ’ tiques . Comme on le connaissait vaguement et qu on n en

avait jamais étudié les œuvres avec une rigueur scientifique , on se plaisait à lui attribuer les sculptures les plus diffé

u v o rentes . Ainsi no s

yons da ns les catalogues de ses ouvrages celles qu ’ il faut attribuer à des artistes comme Mino del

Reame ou à ce mys té rieux et médiocre sculp

’ teur qu on est censé ap

peler l o maître aux Ma

dones de marbre . Le gr oupe le plu s nombreux de ces faus ses attributions est for mé par plusieurs Ma

dones , ayant toutes un

identique caractère . La Sainte Vierge de la col L a V i erge et PE M! é lection Dreyfus , la p tite Madone du Louvre , celle du Musée National de Florence et de la collection du prince Lichtenst ein à Vienne représentent l ’ artiste inconnu dont les ouvrages passèrent jusqu ’ à présent comme étant de Mino da Fie sole . À ces différentes Madones il faut aussi ajouter l a

’ Sa i n te Vi er e l Ath n g de é é e de Pesaro . Comme on le voit le bagage est assez nombreux et la liste des Madones M INO D A FIESOLE 1 9 3

de Mino da Fiesole se rétrécit de beaucoup . N ous nous

’ trouvons en effet en présence d un artiste , grand tra v aille u r — , mais peu habile , faisant ses bas reliefs sur com mande la plupart , en effet sont caractérisés par les armes de celui qui les avait commandés touj ours dans le même

- il chiffre et sans aucune individualité . Fut un disciple ou un imitateur de Mino d a Fiesole ? O n serait quelquefois

i n tenté de le croire . Mais il est certain que cet artiste

n — i i a connu e peut être comparé a son nsp r teur . Ce qui lui

’ manque surtout , c est la grâce subtile et la noblesse trou

’ b la n t e . , qu ont touj ours les Madones de Mino On voit , chez

’ lui , l unique préoccupation de faire vite et ses ouvrages

’ ’ u m a n ont presq e touj ours l aspect d ouvrages de magasin , quant de cette finesse qui est la signature d ’ un grand a rtiste . D ’ abord la figure de la Vierge man que de caractère et

’ ’ l E n fan t . celle de n a aucune distinction Les plis , quoique

’ m n imitant la anière de Mi o , n ont pas cette souplesse et cette légèreté qui lui est particulière . Le marb re enfin

a est tr ité grossièrement , sans ce poli et ce soin du mo delé , qui fait apparaître toute sculpture de Mino comme une ciselure précieuse .

’ ’ a Il suffit , d illeurs de jeter un coup d œil sur ces Ma dones pour se convaincre qu ’ elles sont l ’ œuvre d ’ un même

’ a rtiste . C est touj ours le m ême type et surtout le même habillement , une veste assez large , serrée à la taille par

’ un cordon ; c est touj ours l a même coiffure très simple qui n ’ a rien de commun avec les arrangements soignés et com e pliqu s de Mino da Fiesole . 1 0 4 M INO DA FIESOLE

Toutes ces Madones ont été reproduites sous le nom de Mino et sous son nom figurent dans l ’ ouvrage déj à cité

T s hu di . . c de M M Bode et Von sur la sculpture italienne , ouvrage qui soit dit en passant accepte avec trop de facilité les baptê mes les

p l us ext r ao r di n ai re s . Mais il suffit d ’ y jeter un regard pour se con vaincre qu ’ elles appar tiennent toutes au m ême

artiste , un artiste assez m édiocre pour que son véritable nom se soit p e rdu p ar m i l e s i n

nombrables tagli api etr e

" de ce t te partie du xv siècle

U n autre sculpteur , dont les ouvrages é t a

’ o u K en n o n u eu m Lo n dres . S th si gt M s i € fl t jusqu à présent at

tribu é s à Mino da Fie

’ ’ : sole , vient d être reconnu par la critique il s agit de ce

[Ma i tr e a u x [Ma dones de m a r br e mystéri eux , dont on ne con

’ naît ni le nom véritable , ni le lieu d e naissance . Il s agit

’ a avec toute vraisembl nce d un artiste toscan , contemporain

’ c a ra c té de Mino , qu il imite parfois en exagérant certaines r i i s t q u e s saillantes .

’ - m o Le b a s relief de l E r e des Camaldules, qui a été sou vent attribué à Mino appartient a ce maître et c ’ est sous

1 0 6 M INO DA FIESOLE t e s qu e s : nous y retrouvons cette technique superficielle et luisante qui donne un cachet tout a fait spécial aux sculptures de cet artiste sans nom . Il nous reste a preI sent à examiner les véritables Ma dones d e Mino da Fiesole qu ’ il faut diviser comme je l ’ ai déjà dit au commence

ment e n deux catégories

distinctes : celles qui ap

p ar ti en n e n t à l a période

fl o r en ti n e entre 1 4 6 5

et 1 4 7 0 et celle de la période romaine entre

1 4 7 3 et 1 4 8 0 . Les deux

catégories sont très fa ciles à reconnaître Les Madones de la

période fl o r e n tin e sont a mon avis le médaillon admirable du Musée Na

ti o n al l e - , bas relief si

gracie u x de la via della

Forca à Florence , et

’ i ° o n u eu m o n . o u t K en s n t L dres S h T‘ M s l autre dans le même ’ La Vi erge et l E n fan t style dans la collegiata de E mpoli y aj outerais — j e aussi la troisième madone du South Kensington ? Elle a un si grand car a ctère j oint à une ê ’ si extr me finesse , que , si elle n est pas tout a fait de Mino , elle doit sortir sans aucun doute de sa boutique . Je n ’ hésite pas à assigner ces différentes sculptures aux années M INO DA FIESOLE 1 0 7 qui passent entre le premier et le deuxième voyage de Mino à da Fiesole Rome . Nous y retrouvons en effet le même style

ou , pour mieux dire , la m ême manière que dans les retables de Fiesole et de la Badia . Les draperies , très légères ont ces

’ ’ plis cassés droits qui vont s ass o u pli r d une façon moins geo m é trique vers la fin de sa carrière artistique . Les paupières

’ baissées , l air encore humble dans sa noblesse , la maigreur caractéristique des membres , et cette inimitable expres sion qui est propre aux œuvres de Mino dans sa pre mière période , nous permettent de classer ces Madones

a avec une assez grande exactitude . P rmi ces sculptures , le médaillon du Bargello tient la première place . Mino

’ ét é da Fiesole , dont l esprit décoratif a touj ours des plus brillants a s û réunir dans cette Madone ses qualités les

a plus rares . La Sainte Vierge a une grâce charm nte : elle

a est déj à la gr nde dame , pleine de noblesse et de dis

— ai r a a ca tinction , mais sans avoir encore cet h ut in qui r a c té ri r a s e plus tard les Madones de la période romaine . E t c ’ est surtout le petit ange de la base qui est une heureuse trouvaille décorative et qui donne un cachet spé c ial à ce médaillon charmant .

Une autre sculpture rem a rquable de ce groupe est le

’ - petit bas relief de la via della Forca . L ensemble de la

’ composition , la légèreté des tissus , l expression agréable et charmante des figures , placent cette Madone parmi les b ons ouvrages de la première manière de Mino da Fiesole .

Cette manière se modifie plus t a rd : les Madones d ev i e n

a nent toujours plus nobles et plus aristocr tiques . On di

’ ’ rait qu en avançant dans l âge , Mino se rapproche du type 1 0 8 M INO DA FIESOLE

So n idéal , de ce type que nous trouvons touj ours dans œuvre et qui s ’ affirme d ’ une façon triomphale dans ses der n i r è e s sculptures .

R u e de l a o ca Fl o ren ce . F r

’ L a e l E n fan t et a n ean Vi rge , S i t J

Au groupe des Madones romaines faites entre 1 4 7 4 et 1 4 8 0 appartiennent les Madones du Musée National

de Florence , le médaillon de Berlin , la Sainte Vierge du

’ Louvre et celle de l hôpital de Santo Spirito à Rome .

u ée a o n a F lo rencc . M s N ti l

’ L a Vi erge e t l E n fa n t

M INO DA FIESOLE

à à passa la direction centrale des hôpitaux , Santo Spi

o ù . rito , il se trouve encore Tout récemment comme il était question de le ven

’ le l In s t r u c tio n veto dre , Ministère de public , mit son , et

’ ’ l ex qu ise œuvre d art du sculpteur toscan est désormais acquise . à la ville de Rome .

VII

LES MON UM E NTS F UN ! BRES

Lorsque Mino da Fiesole entreprit l ’ exécution des sé

u l c re s l a p de Florence et de Rome , plupart des grands

a M ar s u i n i monuments avaient été déj à f its . Le tombeau p p

d u à et celui Leonardo Bruni Florence , les monuments

’ d E u è n e à a de Nicolas V et g IV Rome , av ient déj à fixé

’ le type qui ne devait p lus ch a nger j usqu à l a fin du siècle .

’ ’ ’ D ailleurs ces deux types n ét a ient que le résultat d une

a longue évolution , dont les éléments ét ient facilement vi

a sibles . Les tombeaux de Desiderio d Settignano et de

Bernardo Rossellino ne fais aient que fixer les lignes déjà connues des tombeaux d e Donatello et de Michelozzo , ainsi

’ d s ai a à a défi que celui J da Pisa Rome , donn it une forme n itiv e en y ajoutant des éléments fl o r e n ti n s a u x orga M INO DA FIESOLE

a nismes architectoniques des Co s m t e s . Si nous étudions

f M a rs u in i en ef et , le tombeau si riche du pp par Desiderio d a Settignano et si nous le comparons avec celui que D o n at ello et Michelozzo firent pour le pape Jean XXIII dans

b a t is tè re le p de Florence , nous y retrouverons une étroite parenté dans la disposition générale , parenté que le goût décoratif de l ’ époque avait à peine changé dans les dé

a tails . La disposition reste la m ême en ligne générale ussi seulement le baldaquin retombant du haut dernier sou

’ venir de l art gothique se tr a nsforme en une lourde guir lande soutenue par des a nges qui conservent au monu ment la m ê me forme pointue tout en le rendant plus léger .

Le type de ces monuments fl o r en ti n s est le suivant : un piédestal qui sert de base , décoré par des festons ou des pal mettes et sur ce piédestal deux colonnes cannelées ou deux pilastres soutenant un arc dont la décoration varie , têtes de chérubins , bouquets de fleurs ou de fruits etc . Au des

’ ’ sus de l arc un candélabre ou un écusson héraldique , d où retombent des guirlandes soulevées aux extrémités par des

’ anges ou des génies . Dans le cintre formé par l arc , le

’ bas - relief d une Madone ou une scène du vieux ou du nou

E n veau testament . bas , tout droit sur le piédestal , le sar c o pha ge où gît la statue du mort et entre le sarcophage et le tympan la paroi sans aucune décoration de sculpture et le plus souvent partagée par trois ou quatre tables de porphyre encadrées de marbre blanc . Tel est le monu ment de M ar s u pp i n i par Desiderio (fait en 1 4 5 0 ) et tel le monument de Leonardo B runi par Bernardo Rossellino (fait en N ous verrons tout à l ’ heure comment M ino

1 1 4 M INO DA FIESOLE nouveaux éléments du style toscan sur les vieux orga n ismes romains et le monument du Pape Eugène IV dans

’ l église de San Salvatore in Lauro en est le résultat .

’ Mais , comme je l ai déj à remarqué , Mino da Fiesole suivit toute sa vie les exemples de Desiderio et de R o s sellino . Une fois seulement , au commencement de sa car riè r e il trouva une forme o riginale : à Fiesole pour le sé

’ ' pulcre de l évêque Salutati . Il faut pourtant noter une circonstance qui pourrait expliquer cette originalité : le savant évêque toscan se fit faire le sépulcre de son vi

o n vant . Or , connait ce Salutati , homme pieux , mais bon lettré dont la littérature autant que les mœurs lui valu rent la protection de deux Papes tels que Eugène IV et

Nicolas V . Il se pourrait donc que Salutati lui même ait suggéré la première idée de son monument . N ous ne re trouvons ici aucun des types qui furent chers aux sculpteurs

’ toscans , contemporains de Mino . Il n y a ni piédestal , ni arc ; les pilastres décorés par une arabesque des plus délicates ont un emploi purement décoratif ; le sarcophage très simple et sans aucune statue est dans le haut , soutenu

t l a . E par deux socles enfin sur paroi centrale , entre les deux pilastres une espèce de niche sert à encadrer l e buste soutenu par les armes du défunt . Ce monument

’ ’ n est u ique dans l art de Mino , fait d autant plus remar

’ q u abl e qu il se plaisait à répéter sans fin et avec très peu de changements les mêmes motifs . O r , le monument ’ a de l évêque Salutati , nous ne le retrouverons ni Flo

’ n i à rence , Rome , où l œuvre de Mino est pourtant con

’ idé r able s . E t il faut remarquer qu il fit ce monument

M INO D A FIESOLE 1 1 5

’ en 1 4 6 6 : c est - à— dire dans les premières années de sa car r iè r e a rt i st i que

’ ’ C est dans le tombeau M a r s u p p i n i qu il faut rechercher l ’ origine des monuments exécutés par M ino et c ’ est dans

’ le grand sépulcre du comte Ugo à la Badi a qu il faut voir

’ ’ le type d a rt auquel il resta fidèle j usqu à la fin . O n peut

’ même dire qu il t r av aill a t pendant toute sa vie à ce mo n u m en t qui devait rester parmi ses ouvrages les plus com

’ ’ ’ pl e ts et les plus importants . Il s agissait d ailleurs d ho

’ n o rer la mémoire d un des grands bienfaiteurs de la Badia et les moines ne chicanaient pas sur les dépenses . Ce comte

1 0 1 6 Ugo , en effet , mort en avait laissé la plus grande partie de ses biens à la petite église de Florence . Mais ce testament ne fut pas fait sans quelque hésitation . Ce

H d e petit fils du roi ugo , gouverneur la Toscane comte de

’ e l E mp e r e u r Othon II et dont D a nte dit dans le XV I chant

” D el gran b aro n e il cu i n o m e e l cu i p regi o

L a fes a di T o m m a o r i n fo t t s c o r a . !

’ n a pas touj ours été un homme de vie e x emplaire . Un soir c ’ est Scipione Ammirato qui nous le raconte dans

4 7 ’ ses Histoires fl o r e n ti n e s ) comme il s était perdu d a ns une forêt après une journée de chasse , il se retrouva devant

’ ’ t a n t la porte d une forge . S é arrêté pour demander quel

’ que renseignement sur la route qu il devait prendre , il vit

’ un spectacle qui le frappa d horreur : ces forgerons au

a hu lieu de battre du fer , battaient de misér bles corps

’ ’ a m ins qu ils retiraient un a un d une chaudière . Trouvant 1 1 6 M INO DA FIESOLE

’ à a peine les p roles pour s exprimer , il demanda ce que tout cela pouvait signifier . Alors le plus grand des forge

’ rons lui r ep o n dit que ces corps qu ils battaient avec des marteaux rougis par les flammes étaient les corps des

’ damnés et que bientôt il subir a it le même sort s il ne se

a . a repent it de ses pêchés La vision disparue , il retrouv n à à s o . L chemin et il parvint la ville , il distribua ses richesses entre plusieurs églises la Badia fut la mieux dotée donna de grandes sommes d ’ argent aux pauvres

i t o a et se retira à P s j où il mourut le j our de St . Thomas

a 1 0 0 6 de P nnée . C ’ est pour honorer le souvenir du grand baron que les moines de la Badia chargèrent Mino da Fiesole de lui

1 6 faire un monument . Le premier contrat fut signé en 4 9 ,

’ an s mais déj à deux plus tard , l abbé Don Salvatore de vait faire de nouveaux pactes pour la continuation de cet ouvrage Les documents de la Badia ne nous disent pas de quelle nature furent ces pactes : il se peut pourtant

que Mino da Fiesole , appelé à Rome pour le monument à Paul Il dut signer une convention quelconque pour in

’ t e r r o m r e fl o r n tin p les travaux entrepris dans l église e e .

Le prix fixé dans ce second contrat ét a it de 1 6 0 0 lires .

Mais voilà que dix ans plus tard en 1 4 8 1 ce prix est

’ à 1 porté 7 7 7 lires , d accord avec le prieur , pour y avoir

’ aj outé le b as — relief de la charité qui n était pas compris dans le dessin primitif On dirait pourtant que la recon n aiss a nce des moines ne trouvait pas de richesse assez

Vo il grande pour honorer leur bienfaiteur . à en effet un troisième contrat fa it quelques j ours après qui augmente

o o n u m e n P au R m e . M t l II

1 1 8 M INO DA FIESOLE

m ar u abl é 1 6 6 h o q , mort en 4 après avoir rempli les plus

’ n o r ables charges de son pays L organisme a r chit e c to nique de ce sépulcre e st touj ours le même et Mino y apporte les mêmes modifications : suppressions des guir

’ landes au dessus de l arc , remplacées cette fois , par une

à - petite figure qui ne réussit pas être agréable , bas relief qui coupe la monotonie de la paroi centrale . En outre il remplace dans ce sépulcre la Madone du tympan , par un médaillon au portrait du défunt , dont les traits durs et le

’ modelé soigné ne manquent pas d interêt et de noblesse .

’ ’ Il s agit , comme on le voit d un monument plus simple et moins somptueux que celui du comte Ugo , mais qui p our tant a une allure toute spéciale , qui ne mérite pas les at

’ taques qui lui ont été faites par certains critiques . C est surtout la st a tue du vieil ambassadeur qui attire notre

e attention . Ell est traitée simplement , avec une grande force de modelé . Les mains et les pieds sont exécutés e avec une extrême finesse . La figure épuisé par une longue

e n é r i u e méda il souffrance , contraste avec la tête si g q du Il ’ ’ ’ ’ lon . s agit bien d un mort et d un mort que l artiste

’ à d l im r e s doit avoir vu , car il parvient nous en ren re p

’ sion avec un inimitable réalisme . Il suffit d ailleurs de

i n comparer cette statue avec celle du comte Ugo , si s i n ifi an te g dans sa solennité de parade , pour compren dre la différence qu i exi ste entre les deux sculptures .

O u an t à la figure de la Justice au milieu de la paroi elle est simplement délicieuse et digne d ’ être acceptée parmi les plus gracieuses figures féminines du maître de Poppi M INO DA FIESOLE 1 1 9

Lorsque Mino da Fiesole partit pour Rome la seconde

fois , il avait achevé deux monuments et arrêté les plans

’ ’ a et les dessins d un troisième . C est avec ce bagage ssez considérable d ’ ailleurs qu ’ il se rendait à Rome où le Car dinal Barbo voulait édifier le sépulcre de son oncle Paul II . Nous sommes à une époque importante de sa carrière ar

’ ’ ti s tiq u e ; il s agissait d une lourde tâche dont les honneurs

’ u n étaient pas exempts de risques assez graves . Pa l II avait été un pape grand seigneur et mu n ifi c e n t . Quoique sa mémoire ait été ternie par les attaques des humanistes qu ’ il dédaigna et qui se vengèrent en le présentant à la

u postérité comme un ennemi des arts , les documents p

e ! a bli s par M . M ntz nous le montrent au contr ire comme un collectionneur intelligent et avisé et comme un pro

’ t e c t eu r . des monuments anciens et des arts D autre part , à lorsque Mino arriva Rome , Sixte IV régnait depuis deux

’ ’ Sét ait d ans et il éjà entouré d artistes , parmi lesquels on

Po ll a o l o trouve les noms de Verrocchio et de j , de Botti

Go z z o li celli et de Benozzo , de Signorelli et de Lippi , de

Perugino et de Ghirl a nd aj o ! Comme on le voit les j uges pouvaient être terribles ! Il réussit pourtant à contenter

u e tout le monde , si bien q Vasari un critique qui ne fut

’ jamais bien tendre envers Mino n hé s it a pas à affirmer que le monument à Paul I I resterait parmi les plus riches et les plus beaux de son époque Mais quelle fut la part que Mino da Fiesole eut dans

? - il à ces travaux Fut appelé Rome par le Cardinal Barbo ,

’ ou bien par son ancien camarade Giovanni D almata ? C est

a un point qui est difficile à éclairer . M lheureusement nous M INO DA FIESOLE ne possédons du sépulcre de Paul I I qu ’ un dessin publié par Ci a c c o n io et les fragments dispersés dans les Cryptes Vaticanes et dans le ! musée du Louvre Le dessin du

’ ' Cia c c o n i o 1 6 0 — à— à a été fait en 3 , c est dire une , époque

’ ’ où l exactitude n était pas un dogme pour les dessinate u rs :

’ a il en résulte qu il est assez douteux . Qu nt aux fragments ,

éparpillés dans les cryptes mal éclairés , ils sont dans de

’ telles conditions qu il est très difficile de pouvoir les et u dier exactement .

Malgré toutes ces difficultés , grâces aux recherches du

l T s ch u di à G n o i . comte et de M Von , on est parvenu dé

’ terminer l ouvrage des deux artistes . D e Mino sont les

— bas reliefs du Jugement dernier et de la Tentation , les É figures de la Foi et de la Charité , les vangélistes Luc et Jean et les deux anges , tenant les guirlandes . Tandis

a que Giovanni D lmata aurait fait la Résurrection , la Créa

’ ’ d É v e l E s é ran é e É tion , la figure de p , les vangélistes Marc

et Mathieu , la figure du Pape et les deux autres anges ’ i ’ tenant les guirlandes . Comme l on vo t , l ouvrage est assez partagé et on ne pourrait pas en tirer une conclusion s pe

’ ’ ci al e . , d après l importance des sculptures exécutées

Mais o n peut tout de même supposer que Mino da Fie

’ l i n i at u r sole fut s p r e du monument . Nous nous retrouvons

’ f e n fl o r e n tin iéde en ef et présence d un sépulcre , avec p

- stal , arc et tympan , avec le bas relief caractéristique dans le à paroi , tel nous le voyons dans le monument Giugni Flo

u rence . Certes , on pourrait observer que la sculpt re sur fait quelquefois la simple architecture des monuments fl o

’ ’ r e n tin s — a , et c est peut être dans ce dét il que perce l influence

o m i \ E e ( le a . R e . gl s S i nte l a n c d u P eu ple

o n u i ‘ l M men t a u c a rdi n a l ( l lSt0 lb l n d e l a R o \ c re

M INO DA FIESOLE

en voir tirer une conclusion définitive . Souhaitons que le pape actuel en souvenir de son illustre concitoyen de la renaissance , nous offre un j our le magnifique sépulcre de Mino da Fiesole en toute sa splendeur ancienne Le succès de cet ouvrage dût être des plus brillants et Mino da Fiesole y gagna une si grande popularité , que nous le voyons associé à presque tous les monuments fu n èb r s e à à . qui furent exécutés Rome cette époque Mais ,

’ comme j e l ai déj à fait remarquer , les entreprises de ce genre étaient alors des entreprises commerciales où l ’ ar

’ ri tiste a vait presque touj ours un rôle d o u v e r . C est ainsi

’ ’ qu on voit le nombre des collaborateurs s él ar gi r et des noms nouveaux entrer dans cette véritable coopérative ,

’ chargée d édifi e r les monuments funèbres des princes et

’ des cardinaux . N ous avons vu , j usqu à présent , Giovanni

’ Dalmata , un artiste d une grande distinction qui , dans le

’ sépulcre Roverella , dans l église de Saint Clément se mon

’ tre dans tout l éclat de son art , noble et puissant à la fois .

’ à B r e n o N ous allons voir tout l heure Andrea g , un lom

’ 1 0 6 à 8 a v bard , mort en 5 l âge de 5 ans , près a oir rempli

- les églises romaines de statues , de bas reliefs et de sar

’ ’ c o h a p g es d une rare beauté . C est avec lui que travaille dorénavant Mino da Fiesole et nous retrouverons leurs

Ria r i o deux noms , accouplés dans le monument aux Saints

Apôtres et dans — celui della Rovere à Sainte Marie du

’ Peuple . E nsuite c est avec quelque autre artiste ignoré que Mino da Fiesole travaille aux sépulcres Ferrici à Santa

a Au Maria sopra Minerva et du cardinal Amman ti à St . gustin et ce ne sera que dans les monuments du j eune M INO DA FIESOLE 1 2 3

T o rn ab u o n i et du cardinal F o r t igu e r r i que nous le r e tr o u

’ ’ verons a peu près seul . Comme l on voit l ouvrage ne lui

o me e d es . ô R . Eglis SS Ap tres

M o n u men t a u card i n a l Pi e tro R ia ri o

’ manquait pas et les dix années passées à Rome entre 7 0

’ et 8 0 furent certainement les plus a ctives de sa carr i ere artistique . 1 2 4 M INO DA FIESOLE

Le premier des monuments rom a ins contemporain de

Ri ari o celui de pape , est le monument du Cardinal Pietro ’ A ô dans l église des SS . p

tres . Ici Mino da Fiesole

’ fut le coll a borateur d An

drea B r egn o et probable ment d ’ un troisième arti ste qui sculpta les figures

des pil a stres et les dé

c o r ati o n s du tympan . On reconnaît l ’ art exquis de l ’ artiste lombard dans le

sarcoph age et dans la fi

Au gure gisante du mort . à cun doute possible , mon

’ avis , sur l auteur du des

’ a sin génér l . C est encore

Andrea B r e gn o qui se ral

lie directement aux s ép u l

’ cres romains d J s ai a da Pi

sa et des contemporains .

O u a n t à Mino da Fieso

le , son ouvrage est limité

a la Madone du centre , où

m ’ ’ o e . E i e d es ô R gl s SS . Ap tres l on retrouve l air de no M a d o ne da n s le m o n u men t a u cardi na l R i ario blesse q u i est dans toutes ses Madones ainsi que le motif du petit ange décoratif du

’ tabernacle de l église de Santa Croce et du méd a illon du B ar

a a gello . Mais j e ne s urais attribuer au même rtiste les deux

1 2 6 M INO DA FIESOLE

même année . Son monument est médiocre comme sa vie

’ — et si ce n était le bas relief de Mino , il passerait ina perçu parmi les nombreux sarcophages de cette partie du XV e siècle

E n 1 4 7 9 nous trou vons que Mino d a Fiesole travailla

à trois monuments : celui du cardinal della Rovere et du

’ ’ cardinal Ammanati en c o ll ab o r ati o n av e c d autres artistes

F o rt i u e r ri et celui du cardinal g , qui fut fait sous sa di

u rection . Il faut po rtant remarquer que toutes ces dates

’ ’ : sont assez vagues il s agit , en général , de l année de la

mort des personnages a . qui les sépulcres étaient destinés . Il en résulte que nous ne savons pas au j uste le temps employé à leur constitution définitive et que probablement ces différents travaux rempli rent tout le temps du séj our

à . de Mino Rome Les dates que j e viens de citer , ne se rapportent donc qu ’ à l ’ époque dans laquelle le monument

’ fut conçu . Dans l absence de tant de documents il est presque impossible de déterminer avec exactitude la durée de ces différents travaux .

’ Quant au monument Riar i o la question a peu d im

’ v portance , l ou rage de Mino da Fiesole étant limité au

- bas relief de la Sainte Vierge . Il serait plus intéressant

’ de connaître l histoire du monument della Rovere , où probablement notre a rtiste exerça une plus grande i n

’ fl u n —i e c e . l E st l auteur du dessin général , comme le pré tendent Burckhardt et Von T s ch u di ou encore une

’ fois s est -il limité a sculpter la charmante Madone du

’ n cintre , selon l opi ion du comte Guoli , acceptée par

? M . M . Bode M INO D A FIESOLE 1 2 7

Une réponse définitive est presq ue impossible . Mais on peut a rriver à une conclusion s a tisfaisante en examinant

’ n les différentes parties du sépulcre . Ici encore c est A drea B r e g n o que nous trouvons avec Mino da Fiesole le sarcophage , la statue gisante et les décorations de la paroi intérieure sont a lui . Mais j e crois plutôt avec

Burckhardt que le dessin général e s t de Mino . N ous y retrouvons en effet la même disposition que dans les s ép u l

fl o re n ti n s : cres le grand arc soutenu par des pilastres ,

' élé an t e l e la décoration sobre et g , clair obscur presque

’ f d An effacé . Si nous étudions les dif érents sépulcres

’ B r e n o l Ar a-Cœli à drea g , a , Sainte Marie sopra Minerva et ailleurs nous retrouverons touj ours et sans exception

’ le type romain d J s ai a da Pisa aux pilastres décorés par à ’ des niches , l arc surmonté par une lourde décoration

Riar i o architectonique . Le monument appartient à cette catégorie tandis que le monument della Rovere se rap proche d une façon absolument visible des sépulcres con

’ r e çu s par les artistes toscans . Je crois donc qu il faut stit u e r à Mino da Fiesole le dessin du monument della

s Quant au monument du cardinal Ammannati , dan le

’ cloître du couvent de St . Augustin auj ourd hui Ministère de la Marine tout le monde est d ’ accord à ne reconnaître

— le ciseau de Mino que dans le grand bas relief central , re

’ présentant le Jugement dernier . Ce monument , d ailleurs ,

à une particularité remarquable : il sert en même temps de sépulcre et de tabernacle pour les huiles saintes . Il

’ ’ s agit d une sculpture médiocre que le bas -relief de Mino 1 2 8 M INO DA FIESOLE

ne parvient pas à ennoblir . Nous y retrouvons en effet ces mêmes tâtonnements qui rendent si peu intéressant le f n

enzen t der n i er g du sépulcre de Paul II , et comme un loin tain reflet des bas — reliefs déj à anciens à cette époque d e

Ô l la châsse de St . Jérôme et de la chaire de Prato ) . Du reste on ne peut pas juger de ce monument qui a été

e X V I I remanié et detruit en plein siècle , lors des travaux

’ de restauration de l église . Il est probable que les deux monuments celui du cardinal Amman n ati et de sa mère

’ Costanza faisaient partie d une chapelle dont ils c o mplé t ai e n t la décoration . Tous les deux en effet ont la même particularité dans la disposition du tabernacle , la même disposition générale des lignes . Malheureusement parmi les grandes destructions du siècle baroque c ’ est l ’ église de

. é St Augustin qui souffrit le plus ; et cette église , difiée

’ d E s t o u t ev ill e par le grand cardinal , aurait pu être un do

’ c u m en t précieux pour l histoire de la sculpture romaine du X V e siècle

Les deux derniers monuments q u e M ino da Fiesole fit

à Rome sont celui du cardinal F o r t egu e r ri à Sainte Cécile

’ et celui du j eune Francesco T o r n abu o n i dans l église d e

’ ’ Santa Maria sopra Minerva ; dans l un comme dans l autre

- il exerça une influence toute personnelle . Peut être encore , se fi t— il aider par quelque collaborateur à ses ordres dans le monument F o r t e gu e r ri : mais il sculpta lui même et sans aucune aide les parties qui nous restent du sépulcre Tor n ab u o n i

’ On comprendra du reste l importance q u e dut avoir en

i Fo r t e u e r r i Si son temps le monument du card nal g , l on

1 3 0 M INO DA FIESOLE

’ et le sarcophage , décoré par une grille , tel qu on le voit

dans le sépulcre du comte Ugo , nous reconduisent aux

u fl o r e n ti n s mon ments de la Badia . Mais il est évident q ue plusieurs fragments ont été détruits ou perdus et que nous ne possédons en somme si non le squelette du mo

’ u n u m e n t primitif. Malgré toutes ces lac nes l œuvre de Mino est évidente et c ’ est uniquement a lui qu ’ on doit le dessin général et m ême la maquette du monument For

- -t - il t e gu e r ri . Peut être aussi en sculpta les parties p r1n cr

i s a n t pales , tel que le sarcophage et la figure du g , les dé

’ a c o rati o n s ccessoires de l arc et du piédestal . I l est plus

’ probable au contraire qu il se fit aider dans les bas - reliefs du cintre .

L a Madone est bien une Madone de Mino , quoique

’ l exécution negligee et hâtive nous fasse songer à l a main d ’ un autre artiste qui n ’ aurait fait que compléter

’ a a l ébauche du Maître . M is les deux statuettes latér les , lourdes et grossi ères sans aucune grâce dans les dé tails et modelées très sommairement ont été faites par

’ quelque médiocre ouvrier q u i n a pas m ême su suivre

’ ’ les dessins de l artiste , si toutefois il s est donné la

’ peine d ébaucher ces dessins . Malgré cela le monu ment du c a rdin al F o r t egu e r ri reste parmi les ouvr a ges les plus importants que Mino da Fiesole ait fait à

Rome . Quant au monument de Francesco T o r n abu o n i il est

’ ’ ’ a hors de doute qu il est l œuvre de Mino . D une élég nce

’ exquise et d une exécution pleine de finesse , on dirait que

Mino a mis toute sa grâce pour fixer dans le m a rbre M INO DA FIESOLE 1 3 1 les traits du j eune homme dont la mort avait été si in

n at t e n du e .

’ Le s T o rn ab u o ni , d ailleurs , alliés aux Médicis et leurs représentants à Rome étaient de puissants protecteurs et

’ des hommes d un goût raffiné . On sait en effet comment

’ l oncle de ce m ême Francesco , pour qui Mino da Fiesole à avait sculpté le sépulcre , avait fait faire sa femme un monument par Verrocchio dont les débris se trouvent

’ à présent épars dans les galeries d E u r o p e Son n e a ’ élé veu , gentilhomme la fleur de l âge et plein de cette

c gance particulière aux gentilshommes fl o re n ti n s du XV s iè cle , avait charmé tout le monde et avait fait concevoir sur son avenir les plus grandes espérances dans cette Rome de

Sixte IV , où le pontife pouvait tout et où ce même pontife avait été i mmédiatement gagné par les charmes du j eune

T o r n ab u o n i

’ Mino da Fiesole fut digne de la tâche qu on lui ava it

’ confiée . Le corps de Francesco semble reposer sur l élé

m - gant sarcophage soutenu par des chi ères . Ne sont elles pas les terribles divinités ailées , que la mort du j eune homme avait à j amais enchaînées a son sépulcre ? On le dirait et on dirait aussi que Mino da Fiesole voulut en core une fois faire triompher l ’ art et les armes de son

a pays sur le tombeau de ce compatriote , dont la mort av it

’ été un deuil profond pour tous ceux qui l av a ient connu .

’ fl o r en tin Jamais , Mino , n a été plus que dans ce monu

’ ment , j amais il n a sculpté avec tant de grâce et de no blesse l e lys rouge qui semble destiné à protéger toute chose de beauté . Sur le point de partir de Rome il 1 3 2 M INO D A FIESOLE

voulait laisser à la ville éternelle , un monument qui fût

’ ’ digne d elle et qui témoign â t en même temps de l origine

’ u tosc a ne du maître . C est la signat re glorieuse que Mino da Fiesole grave dans le marbre d ’ une des plus belles

églises romaines .

1 3 4 M INO DA FIESOLE s ide r i o da Settignano et que le monument da comte Ugo est une réplique plus ou moins fidèle de celui du s e c r é

’ a r u n i - ? taire M s p pi . Mais Desiderio avait il été original C est

’ n o s ce que j e er ais pas affirmer . Le type du sépulcre Mar

° u in i à x v s p p était un type commun cette période du siècle . E n tout cas il avait le tort de venir après le monument que Bernardo Rossellino avait fait pour Leonardo Bruni .

Desiderio ne fit que copier exactement , voire mê me ser d vilement la isposition architectonique , les décorations , et

- les statues de celui ci , en y aj outant pour son compte, les deux garçonnets qui tiennent les écussons héraldiques

’ aux deux côtés des pilastres . Sans cette différence , d ail

i n s i n ifi an t e a leurs g , on pourrait éch nger les figures des

’ gisants des deux monuments sans que personne s en doutât .

Or , Mino da Fiesole , tout en restant fidèle au type ori

i n aire g , fut moins servile envers Desiderio que celui ci

’ ne l avait été envers Rossellino .

’ Si l on examine , par exemple , le monument de Ber

nardo Giugni , en le comparant avec les deux autres que

u j e viens de citer , on y trouve une all re plus franche et

’ l a r r an em e n t plus indépendante . Même dans g il y a quel

’ qu e chose de personnel qui le distingue . Il suffit d y jeter

’ un regard pour s en convaincre : proportions changées de fond en comble , abolitions de guirlandes au dessus de

’ l arc , médaillon avec le portrait du défunt dans le tym pan , En outre , ici comme dans le monument du

r o comte U go , comme dans les sépulcres de la période

- maine , nous trouvons touj ours un bas relief au milieu de la paroi ce qui fut une heureuse trouvaille de Mino da Fie M INO DA FIESOLE ‘3 5

sole . E t je ne cite pas le monument de Leonardo Sa

T o r n ab u o n i lutati , celui de Francesco , celui du Cardinal

’ della Rovere qui sont tout à. fait originau x et qui n ont rien de commun avec ceu x de Desiderio et de Rossellino . Les critiques ont accepté trop facilement et sans se

’ l a l a donner peine de contrôler l affirmation de Vasari .

’ ’ a D bord , il est très difficile auj ourd hui de démêler les

’ différentes influences qui s e n t r e lac e n t pendant toute cette

’ période de la renaissance . Tout grand artiste qu il fût, Mino les subit a son tour et j e ne vois pas une raison

’ de lui faire un crime d un fait qui ét a it commun à pres

. à que tous ses contemporains Quant lui , à mon avis , il le subit moins que les autres et si on peut lui reprocher

’ quelque chose , c est cette monotonie , qui fait de ses sculp

n tures u chiffre presque invariable . ’ ’ ’ i d i n é al t é . E t c est ici que se place l accusation g Certes , si l ’ on examine l ’ œuvre de Mino da Fiesole telle qu ’ elle nous apparaît dans les études assez sommaires écrites sur lui j usqu ’ à présent ou dans les catalogues des musées et des

’ ev i collections privées , on a raison de s étonner . Il est

’ - in ex dent qu un bas relief de Mino del Reame lourd ,

’ p r e ss if et suivant rigidement la tradition romaine n a rien

à. faire avec le retable de Fiesole . E t une Vierge grossière

’ du [Ma estr o del /e [Ma don n e a i [Ma r mo par exemple forme un contraste assez frappant avec les saintes Vierges à l a fem

’ min ilité si puissante de l artiste de Poppi . On dirait , pre

’ s u e q , que tout le monde , fixé dans l idée de trouver notre

c o m lû artiste en défaut , se soit p a lui attribuer les sculp tures les plus disparates d a ns le seul but de faire t ri o m 1 3 6 M INO DA FIESOLE

pher une thèse absurde . Car la caractéristique même de Mino est j ustement cette invariabilité de technique et de sentiment qui lui permet de sculpter à quinze ans de di

- stance les bas reliefs de la châsse de St . Jérôme et le

Jugement dernier dans le monument de Paul II , ou mieux encore le buste du comte de la Luna et vingt ans après la statue ravissante de Francesco T o rn ab u o n i dont la tête

a a tout a fait le mê me caractère . M is pour comprendre

’ ’ cela , il est nécessaire d établir exactement l œuvre de Mino da Fiesole . Délivrée de toute fausse attribution , délivrée de toute intrusion , cette œuvre nous apparaît admira blement harmonieuse e t personnelle . À côté des artistes

déte r contemporains , Mino da Fiesole a une place bien minée que personne ne saurait lui contester . à Quant la banalité de ses sculptures , il suffit de re garder ses bustes pour comprendre combien cette accu sation est inexacte . Ce Diotisalvi Neroni , dont la fourbe a rie perce travers les traits épaissis ; ce Piero dei Medici , si dur dans sa mine lourde et souffreteuse ; cette délicieuse à j eune fille , dont la finesse nous charme travers son sou rire narquois , ce sont des révélations dignes de tout no

i n t e r t . au tre ê J ai déj à remarqué commencement , comme

’ l œuvre de Mino da Fiesole nous frappe par un certain côté décadent qui la rapproche de nous . Or , toute déca dence porte avec soi une exaspération du côté p s ych o lo gique . On pourra reprocher aux Madones de Mino une trop grande expression humaine , mais on ne pourra jamais

’ ’ ’ dire qu elles manquent d intensité et de vie . L homme qui a s û marquer une telle différence entre la tête usée par une

1 3 8 M INO DA FIESOLE

’ r éflét e r les derniers rayons de l art de Mino . Né à Fie

a sole , cet artiste dût certainement subir le ch rme de son presque compatriote et j e me demande souvent devant

’ ’ la statue du cardinal d Yo rk dans l église de St . Thomas à ’ Rome , si ce n est pas le m ê me sculpteur qui a travaillé

a u r u i F o t e er r . avec Mino monument g Certes , les deux à statues ont des points de contact tout fait remarquables . Mais comme je l ’ ai déj à noté ce charme et cette influence se dissipent bientôt : le siècle nouveau bat à la porte et entraîne avec lui toute une poussée de vie nouvelle et de nouveaux sentiments . Il ne faut pas oublier que lors

- que Mino da Fiesole mourut , Michel ange avait quinze ans et Andrea Sansovino avait déj à. commencé ses s eu l

’ p t u re s qui devai ent a pporter une révolution dans l orga n i s m e des monuments funèbres .

Sans exagérer la personnalité de Mino , il faut pourtant

’ a lui reconnaître la place dont il est digne . S il nous p paraît un peu faible , il faut bien comprendre quelle est

’ ’ a r ai l essence de son t . J parlé plusieurs fois de déca

’ dence e t le mot mièvre m est revenu assez souvent sous la

’ ‘ e

. X V s iè plume C est un phénomène qui , en cette fin du

’ u cle , se reproduit plus fréquemment q on ne le pourrait

- croire . Ne voyons nous pas en effet même dans le ter rible Verrocchio les indices du futur baroque ? Les dra

’ p é ries du groupe d O r San Michele et le tombeau du

Cardinal F o rt egu e r ri à Pi st oj a font déj à pressentir les gloires du Bernin . Et le sépulcre du cardinal de Portugal par Antonio Rossellino dans l ’ église de San M iniato à Flo rence avec ses anges maniérés et ses décorations maca M INO DA FIESOLE 1 39 bres têtes de mort enguirlandées dans le p iédest a l ne

’ ’ nous fa it — il pas songer a u x anges de l autel de Sant Ago stino à Ro me et aux nombreuses fantaisie s o s té o lo giq u e s du

’ b a roque romain ? E t enfin dans l ampleur exagérée et dans

a d e a n e les ttitudes violentes Benedetto da M jano , voyons

e nous pas les avant coureurs du grand X VII siècle ?

’ d e C est que , dans toute fin siècle , se reproduisent les

a r mêmes phénomènes . On dirait que p une mystérieuse puis

l e r e n o u vel sance , siècle qui va naître porte avec soi tout un

’ ’

d as 1 rat 10 n s . lement de tendances , p , d idées Les artistes qui naissent et qui travaillent d a ns les derniers trente ans du s iè cle ont ce charme particulier de toute chose proche de la fin .

a E t Mino da Fiesole , qui ne fut pas ssez grand artiste

u pour prévoir les temps nouveaux , participe plus que to t

’ l aim o n s autre à cette inévitable fatalité . Mais nous peut

être mieux à cause de cela . N ous retrouvons en lui un peu de notre pensée , un peu de notre inquiétude . Si

M . Bode devant un de ses bustes , a prononcé , le nom XV ’ ’ des sculpteurs français du temps de Louis , c est qu en effet ses figures de femmes sont animées du même esprit . Le même esprit vague et troublant que nous retrouvons dans les allégories de Botticelli ou dans les Vierges des derniers préraphaélites anglais . Placé entre Donatello et

’ Michel -ange deux commencements il n eut peut - être pas

’ ’ assez de force pour briller d une lumière triomphale . L au

a rore , qui all it bientôt se lever et qui fut parmi les plus à éblouissantes que j amais les hommes eurent voir , devait

u - effacer dans sa co rse victorieuse toute demi teinte , toute

d a figure de second plan . E t Mino Fiesole vécut dans le 1 4 6 M INO DA FIESOLE

e ’ v fl r nt i n crépuscule du x siècle o e . Mais voilà qu après

’ quatre cents ans un revirement s est produit . N otre âme crépusculaire , aimante des nuances rares , des sensations vagues et troublantes , de tout ce qui est intense , fouillé vécu a regardé d ’ un œil fraternel cet artiste qui partage avec nous les frissons et les doutes de toute époque de

’ - décadence . Et c est peut être dans cette identité de sen

’ ti me n t s et de faiblesse que réside le charme dont l œuvre

. 1n t e r êt de Mino da Fiesole nous captive O r , cet , se basant essentiellement sur des sensations éternelles comme l ’ huma n it é , il est probable que ses douces Vierges souriantes trouveront touj ours une parole profonde pour les hommes

épris de la Beauté .

1 4 2 M INO DA FIESOLE

5 ) Les armes de Min o repr o duites p ar Mil anesi d ans le co mmenta ire ’ l a c et a o au x o o a c a d o r de vie de rtiste , s nt tr ix m nt gnes sur un h mp à l a a b nde de p o urpre . ’

o a o . a a a o la o b fa V il , sel n M Mil nesi , l rbre géné l gique de n m reuse mille de Min o d a Fies o le :

M i n o ( 1 4 30 - 1 4 84 ) ’ ! ‘ Fran ce s ca d A n gel o ( l 1 4 80 Giu li an a

Gi u li an o Philippe Z an o bi C ath erin e J ean An gel o M artin ( 1 4 63- 1 4 66) ( 1 4 69) ( 1 4 70 ) ( 1 4 7 5) ( 1 4 79) ( 1 4 8 1 ) m ari ee a N an n i di Fran ces co d u Casen tin

7 ) Ri c o rd an z a co me o ggi questo di XII de septembre 1 4 70 n o i p ro metti a m o de p agare a Mino di Gi o vanni scu lp t o re a ogni su o pi ac ere ’ fi o r in i 3 0 d o r o e qu a li s o n o per tanti ch e lui d ixe de restare avere per s uo m agister o Sopra u n a t avo l a de pietra bi an ch a d ove s o n o intagli ate più ’ figure de n o str a d onn a e a ltri s an c ti c h el dett o Min o aveva t o lt o a fare a o o d a o a N o la u a] a o a c i h a a o più nni s n messer Di tis lvi di er ne , q t v l f tt consegnare in dep o sito d a l detto Min o c o n li c en z a degli Otto di B alia

z a fi ori n i 2 a o o diè c z a di Firen e , delli qu li 3 l rghi el dett Min li en se ne fi r d i eci p agassi per lui a Fr an c es co e Bern ard o Cambr in i e C o mp agni o . l arghi e qu ali dixe gli avevan o prestati sull a m anifattura dell a tavo l a co me ’ ’ ’ d ll Ar c/zi ne d É ta t de F lor en ce a a o e u n a a a a . m llev d ri p rte e dell ltr , l o c . cit .

8 ) Min o s c ulto re l av o rand o u n a statu a di San P ao l o a p ap a P ao l o II a o l a a o o ch e o O ra o a o a a t nt ss ttigli gliel a gu ast . essend sdegn t el p p et c o a o c io a o o ch e o n on nt nd M . Le ne Alberti disse quest messere Min h h m ai aveva errato e c e questa era l a migli o r c o s a c e fac esse . DO M E

F a ce/i e a 1 8 o . NICHI , . R m , 5 4 9 z a o d a o a u ffi ci ali ca a o 1 80 . ) Denun i dei Beni di Min Fies le gli del t st , 4 ’ Su stan z e : u n a c h a s a per m io abitare p o st a in p o p o l o di San t Amb rogi o e nell a stra d a m a estra dell a p o rt a a ll a Cr o c e a p ?l Vi a se c und o Gi ov anni

B rt l u i o o a Co l u n o l e o o o z o a o cc o . c : prete g , Vitt ri di L ren di B he Min , ‘ ’ ” a a r isl i 1 e 8 . te zo i n i /o a t . z o a a c c a Z a o . Y Ca r M nn Fr n es , n bi GA E , gg Firen e , 99 10 a a o o a Z a o o ) Q u nt à ses bien il les légu it t us à ses tr is enf nts n bi , Angel ’ ’ a o s a o a a u o n z e an s et M rtin et à a fille C therine . C mme elle n v it q il insti a À sa a a co o c a c a . tu it mme tuteurs , ses deux n les M r et M thieu femme Gi n NOTES 1 4 3

’ a s a d o t a a o o il restitu it et en même temps il lui l iss it deux r bes , d nt l une ’ ’ a fl r i n d o r e n a a o . a a o o dr p , l utre en serge verte et n ire Il l iss it ussi un p ur

z o une messe qui dev a it être dite quin e j urs après s a m o rt . I tem r elzamt et leg a mt 0j ) er e sa n cte [Ma r ze del F ior e de F lor en ti a et

’ n one Sa cr zstze a zc/e ecclesze et 0]) er i nm r or u nz czvz/a l zs F lor en l ze tota m i d que

> r r or ma si a l zz/a r n m comnzu m s F l ar en /ze E t ua r e dzc/u testa tor dzs; om tu e- f . g con str a x i t model/u m a ciei ecclesi e Sa n cl e [Ma r i e del F i or e de F lor en ti a et sea f , , ’ deszgzza m i n qzca aa nz l a ba la lzgzzea quad est i n demo lza bi tati on i di e/i testa tor is

’ r e ii ar asse l or A' iaeo idem testa tor l a oit et r eli a it di ctzcnz mode/l a w si ne p / f t f . eg a desig n zmz li gn en m di cte aper o et sa cr isti e et a liis locis pr aecl i cli s i n sa tisfa cti o n enz et r o sa tis a ti on e cl i c/i le a ti ecc p f g , . 12 ) ! ith all the winning gr ac e an d c h arme o f this wo rk an d their extrême r efln em en t an d c ac o f a a a a o f w c deli y tre tment , they h ve s meness type i h o weve r a t a w a wa ple sing a first be c me eventu ally ear yso m e . This is l ys

c a w o c a w o K the se h se style is pe uli r ith ut being deep . CHARLES PER INS ,

Ta sca m cul /or s 6 S . o o 1 8 p L nd n , 4 . 13 o o sa a a o a ) Ce m nument , qui p ur d te est p rmi les plus imp rt nts de l a a a c o a a l a co o XI Xe c ren iss n e r m ine , subit , d ns se nde m itié du siè le , plu ’ l en d o mm a èr en t a a c la sieurs péripéties qui g serieusement . Il ét it ôté de ’ o Salva l to re a o 1 862 a . : a o p rte , d ns l église de S in l ur m is l rsque en Pie IX ’ c h a rge a l ar c hite cte Gugli elm etti de rest aurer o u plutôt de refaire c ette a c o a a o a c o co n ienne église r m ine , il fut tr nsp rté d ns le réfe t ire du uvent a u o c loît r c o o co a f nd du e . Ce réfe t ire fut empl yé plus t ard mme s lle de ’ ’ ga rde d un p o ste de s o ld ats fr ança is et après 1 870 c o mme s a lle d armes ’ ’ d e l Acad em i e o a d Esc rim e a R y le . Pend nt c ette dernière péri o de il fut ’ ca c ar c o o a c à a a a c hé p une l is n de pl n hes , j usqu que les h bit nts des M r hes , ’ ay an t o o ca a a a o a a o btenu les l ux qui leurs pp rten ient , p ur l inst ll ti n des

a o a a c c M a d bure ux de leur institut , le m nument fut rest uré ve eux de ’ a a a o a c c d len Orsini et du C ardin l de C rd o ue . L n ien réfe t o ire de c o ré

’ p ar une gra nde fresque de Ce c c l1 in o S a lvi ati est a uj o urd hui empl o yé ’ c o a c o M l i i n i mme s lle du nseil de l ass o c i a ti o n dei a rc 1 g a . l 4 c o à o c a la a ) Ces deux dessins se nservent Fl ren e , d ns G lerie des ffi c a o 1 c a I o a O es , rm ire , rt . . Le premier représente un pr fil de femme , ’ c ôté duquel B aldi n u cc i é c rivit qu il est véritablement de N i n o d a Fie ’ o l e co a s le ; se nd est le dessin d un t abern c le . IS ) Les dernières re c her c hes c ritiques n o us o n t revelé plusieurs a rtistes ’ c o o a o d a a o a fû t œ ntemp r in de Min Fies o le . On s it dés rm is quelle l uvre

o a a a a a B re n o a o o ac c o sai a des Gi v nni D lm t , des Andre g , des P l T ni , des J d a a o c a âc a Pis et des Luigi C a pp o ni . T ut ré emment M . Steinm nn t h it a ussi de re c o nstituer la figure de c e mystérieux M aini a uteur du Sai n t Se ’ ba sti en a la a a o c es c c n o m d ns l église de Minerv . M lgré t utes re her hes , un bre in c a l c ul a ble de fr agments et de m o numents du XV c siè c le restent en c o re 1 4 4 M INO DA FIESOLE

’ ’ ’ an o nymes et c e n est qu un très petit n o mbre d artistes a uxquels n o us o o a c a œ a l a o o co p uv ns ssigner ert ines uvres , d ns f ule de n ms qui en mbrent l a a les registres de c ette péri o de de a première ren a iss n c e r o m ine . 10 o a a c l a a c ) Cette lettre , pr ven nt des r hives de f mille des prin es Orsini

li ar a c â a a ubb ée . o a o c été p p M B rs ri , d ns une petite br hure sur le h te u ’ Le a a a acc a o . o c co a a de Br i n p ss ge qui se r pp rte à ette mp gnie d rtistes , _ est le suivant : Et facti ch e s arann o questi (p o nti) se degni farme s c ri vere u n a pi c co la let eruz a o vero m and a rmi un pi cco l o mess o et subit o i o o c on l a mi a a a o a o I l astello di B r a c me ne verr turb de l v r nti . ! V ir C ci n — 8 a o a o co a ca . o a 1 . , Guid st ri rtisti R m , 95 1 ’ 7 r a tta a dell Ar c/zite ur a Filarète c r T l tt . a o a ) , VI M is se b rne à ite , p rmi ’ ’ ’ a o c o a o rei n se n er a a a l a d utres n ms , elui d un Din , s ns n us g d v nt ge sur ’ vie ou sur l œuvre de cet a rtiste . 18 a a o rasch etti o N a â é a 0 an s a a ) St nisl F , m rt à ples g peine de 3 , v it re c ueilli de n o mbreux d o cuments p o ur une histo ire de l a s c ulpture r o m a ine V e ’ X . c o o a du siè c le D après les o nseils de M . Ad lf Venturi il av it dirigé

c c o a co a a ses re her hes sur Min del Re me , mme ét nt un des rtistes les plus imp o rtants à re co nnaître p armi les n o mbreux s c ulpteurs qui trava ill a ient

La o ar o a à R o me pend ant c ette péri o de . m rt si regrettée p t us les mis des

c a i n t er ru m u ces c c u i au rai en t a o a études ritiques p re her hes q . s ns d ute p ’ ’ o o a a p rté une lumière n o uvelle d ans l hist ire de l rt r o m in . 19 ) E gli fu fatt o fa re d a l cardinale Dest ov i lla ch e m o lto gli pi ac eva ’ la sua m aniera l a lt are di m a rm o d ove è il co rp o di San Ger o l am o nell a c a a a a a a o co n o a o o a a su a hies di S nt M ri M ggi re ist rie di b ss riliev dell vit ,

a o z o a ] ca a VA le qu li egli c ndusse a perfe i ne e vi ritr sse que rdin le .

l c i o . c t SARI , . 20 c o o a o a a c l a a d o ) Le mte Gu li tr uvé d ns les r hives de b silique , un cu men t qui p arle de c ertains tr avaux a cc o mplis vers 1 4 67 p ar o rdre du ’ i l a a a d E t u t ev l a ca o o a z . c rdin l s o e . M is les indi ti ns s nt sse v gues 2 1 a a o c o Gn o li f au ) Ces qu tre st tuettes , sel n le mte , urent vendues prix ’ o 1 a c c ac a a l a a o a a déris ire de 7 5 fr n s h une . Q u nt M d ne elle n pp rtient

a au a a a — a p s b ld quin du m ître utel . 22 a acc o c a a a o ) Le peintre M s i fut h rge de peindre un t ble u , p ur le ’ a - a a c c o a — il m ître utel , représent nt ette s ène . Min del Re me , s est inspiré - o c as d e c ette peinture p o ur son b as relief On p o urr a it le c r o ire . En t ut il est b o n de c o mp arer c ette S c ulpture a ve c le t able au a ttribué a M as acc i o ’ ’ d autres veulent à M as o lin o qui est a uj o urd hui a u Musée N atio n a l de

t e N a o l a a S . a a . ples . Il pr vient de b silique de M rie M j eure 23 8 . z E . . a 1 Ren aissan ce i n R om . ) STEIN M ANN , , II Leip ig , A Seem nn , 99 24 K ouvr a e cité ) PER INS , g .

25 e i e l lor n t n a . F o Y L a Scu l tur e F . c o ) MARCEL RE M OND , p Se nde p rtie

l in i c A ar 1 8 . ren e , Frères , 99

1 4 6 M INO DA FIESOLE

3 1 à o à c o . o a o cc o o ce b ) V il mment M C rr d Ri i , s exprime pr p s de uste , ’ d ans le catal o gue de l Exp o siti o n de Sienne : Le n o ble Ant o ni o P almieri

o r e étiti o n la N uti de Sienne p ssède une p de Vierge de Paris . A Sienne l ’ ’ t e o n a co o o co a S. a c nsidérée p ur l ngtemps mme l im ge de C therine , s ulptée ’ ‘ o au l r a d a n z p ar I acop o dell a Q uer c ia . Exp sée publi c à a [Most t ca Ar te ’ ’ Sen ese r c a o n t cru o o l attribu er o , plusieu s ritiques d rt p uv ir à Min . 3 2 ’ ) Die e in z i ege na c hweisb ar e weiblic he b! ste Min o s und vo n r ein voll er

f ss n l i ch w n w k ac au a u g o b e in der be egu g et as unges chi c t . N h dem Typus des gesi chts und der c h ar akter der form al em en t e am meisten verwandt mit den werken au s dem an fgan g der s ibz iger J ahre wi e die Rau d el in d om ’ ’ T H UD I B eschr ei bun a er B ilawe ke der hr zistli chen v on a o . SC r C Pr t BODE UND , g

e he a 1 888 . oc . E . . p Berlin , A Seem nn , 33 ’ ) Il faut abso l umm en t ren o n c er à l hyp o thèse que l a pl a quette s oit ’ a a o z an s o o o le p o rtra it de sa fille . E lle n v it que n e l rsque Min m urut 1 8 1 en 4 .

'

o l a o 11 . a 1 2 V ir n te 7 , à p ge 4 . 3 5 ) La c haire de l a cathédra le de Prato fut finie en 1 4 73 et estimée ar o cc o ar a o d a o c a o p Verr hi et p P squin M ntepul i n .

1 a r 60 a c a San M ar 4 74 . Deve vere li e per due pile dell hies di ’ n h li Ar chives d É ta t de F lor en ce o u a la c a C asa a . E n tin e per hies di g . o c dr it ité . 3 7) E t a Perugi a m an d ô u n a t avo l a di m a rm o a messer B agli o ne Ribi (si c) ch e fu p o sta in San Pier o nell a C appell a del ’ loc ci t a a c VASARI , . . L église de S int Pierre , fut édifiée ve les dessins de

c 1 6 1 l a c a o o z n Ago stin o di Du c i o en 4 m ais h pelle est p stérieure de d u e a s . ’ E 1 o c o a o d a lle fut édifiée en 4 73 , ép que de l ins ripti n du ret ble de Min

Fies o le . 3 8 ’ a a c o r r em an 1 ee o ) L église de S int M r à R me fut entiè ement , de f nd

co ar c a a a o a la o XVII e sie en mble p le rdin l S gred , d ns première m itié du l ’ c e a o o a a . c o ta , sur les dessins de C rl F nt n C est à ette ép que que le

ac o a o a l a ac c o l a bern le de Min fut tr nsp rté d ns s ristie , et re nstitué sur p ar o i au dess o us de l a fenêtre de l a faço n d o nt n o us le vo y o ns actuel lement . 3 9 ’ ’ ’ ) Sel o n le L ibr o de Ri cor ai du m o n astère de San t Ambr ogio d ans les ’ c d État o c f l 2 2 ce a ac c o a o Ar hives de Fl ren e ( o . ) t bern le fut mm ndé p ur ’ la c a Z a A l a a a a l Abb esse h pelle des ti . sign ture du c o ntr t ét ient présents o a a a a o a o a a a a N o a c D nn M ri , m estr Stef n di S nt M ri vell , messer Mi hele c a o San o z o o Z a c o a a ar n o h n ine de L ren et Sim ne ti . Ce ntr t fut f it p le a a o a t ire S lvin S lvini . 40 ’ a a ac a San t E id i o à Flo ) Il existe un utre t bern le , d ns l eglise de g c a o d a o a ac o a a ren e , ttribué à Min Fies le . Ce t bern le , pr b blement ntérieur ’

a œ a o o o . de quelques nnées , est l uvre de Bern rd R ssellin NOTES 1 4 7

' o : Ca n cella ta uml Ca n /ar i a i n der Si sti n zsche  a elle V ir STEIN M ANN p . ’ ’ L a uteur tâche de pr o uver que c ette c an c ell a t a est l œuvre de Min o d a

o o a a a a Fies le et de Gi v nni D lm t . 4 2 Ar hi vio tor i co ta lia n o f c 1 1 c S I . s . . 1 0 an ) , Serie V , t XXI , , pg 5 ( née 1 898) 4 3 ’ o c o z a Z eitschr t ur bilaencl e u uste K . z ) Je tr uve ette n ti ie d ns if f Leip ig , w z o 1 8 . Lut , 94

. a ar l a a c c es a o a c M Venturi , fr ppé p ressembl n e de M d nes ve ’ c a bas— o a d a o a a l attribu er ert ins reliefs de Gi v nni Ver n , ser it tenter de ’ c e c a a z o c o c a o o s à s ulpteur , qui fut d illeurs sse médi re p ur que el s it p sible . 4 5 E 1 0 0 la o o a a a c a a ) n 9 bibli thèque Ambr si n de Mil n , re ev it en hérit ge ’ b as— a a a don e a ec l E n a n t b as un relief de m rbre représent nt une [M v f . Ce

a a a l a œ a a a a a à o d a relief, pp rten nt à uvre Br mbill , v it été ttribué Min

o T I i i i i hi e t scul or i e . o a c e o o CO Z Z I D z ona r o de l ar c t t i t Fies le (V ir pr p s , g , ‘ ’ z/tor i 8 . a o 1 a a a c o p Mil n , Il pp rtient plutôt à quelque rtiste de l é le de

a o a z a a o a o . P d ue , imit teur sse f ible de D n tell ’ a c o a a a on c o a Sur le s r ph ge , d ns une pl quette lit l ins ripti n suiv nte

LEONARDUS SAL UTAT U S CIVILIS POT I FI CI I J URIS CO SULT US EPSUS FE SUL VIVE N U T S SIB I PO S I . . VALE LECTOR RÆ V M CCL XVI E P CIB US AD I U A . CC . T M E .

4 ‘ ‘ 7 ie E or en tzne vo l o a St r . o . ) SCIPIONE A M M IRATO , ( I) V ir ussi MALA

t r i e di F i r en e S o z . SPINA , 4 8 ’ 1 1 o a z a 2 o 1 1 c o o ) 4 7 . Ri c rd n a co me 5 di Giugn 4 7 di nsentiment

l a o o a a . a a o o a p dre Reverend o d on S a lv at o re n str b te ! fu ritr tt t nu vi p a eti c o n m aestr o Min o s cu lp to r e s o pr a l o sp e dim en t o dell a sep o ltur a ’ — del m agn ifi co co nte Ugo ne ch e gli fu all ogat a a ffare fi n o n ell an n o 1 4 69 . ’ Ar chives a É ta t de F lor en e o o az o o o o a o c . C rp r i ni religi se s ppresse (M n ster 6 d i i d i f l 1 . a a L br o dei D ebitor i e Cr e itor o . B di ) , , 3 4 9 ’ ) Min o di Gi ov anni s c ulto re di m armi de avere a di 4 di genn ai o

1 so l 1 6 o o a a a a a o a lire 7 7 7 . 4 , den . . S n per m nif ttur e m rmi dell sep ltur ’ del c o nte Ugo di quell o fatto d acco rd o co llu i ben c hè ne d o vesse avere fa M a e rch é 1 6 c o u n a c a a a o . L . 0 0 se nd o s ritt ne fu f tt più temp p gli è ’ aggiunt a la sp allier a c ogli m a rmi si am o rim a sti d ac co rd o ne abbi l a dett a l o a ch e a o l a o a fi o ri n i ( o . 1 2 0 so . s mm f nn s mm di 3 li suggell e L 3 5 , ’ Ô ] d ] Ôl d den . . . , . 50 i 6 o o a o o E s l 1 . a o . 2 o . ) d dett L 79 7 , den , s n per due t v le r sse c o n l a c o rni c e di m arm o into rn o int o rn o per due t av o le di m arm o del le ’ lat o ra et u n a s o pr a d a l l at o ch eran o di m ac ign o se co nd o il prim o ( li ’ f il i a . o . ! l . b segn , 1 4 8 M INO DA FIESOLE

5 l a a a a r o ar a ) Sur le piédest l , d ns une t ble de m rb e s utenue p deux nges , ’ est gravée l ins c ripti o n suivante

VG O N I O TH O NI S III I M PER . AFFINI AC GO M ITI M ARCH I O NI AND E B URGE N SI Æ TR R I U AE . PR AEF ECTO D1v Q Q . o BENEDICTO H o c CŒ N O B IA D OITI ET SEX . ALIA CO D I IT PI I H UI U S LOCI M ONACHI DE SE BENE M ERITO SE PULCH RU M VET UST ATE ATTRI T UM

IN TAUR AR UT AL UTI M S S . CCCCL X X S . ANNO . X I

H . . H . . M N S .

5 2 ‘ ‘ Stor ie F ior en ti ne o . . a ba a ) V ir MACHIAVELLI , , Lib VI Sur les m ss des

c a a o o a b on a c cc du hev lier Bern rd Giugni , v ir ussi un rti le de M . Bisti i

i n v l i co I ta l a o o . a Ar chi vi o Stor . d ns , IV 3 ’ 5 ) Vo ilà l ins c ripti o n du m o nument Giugni

D . S . T I PU ! BERNARDO JUNIO E G . . C O CO R D IAE SE M PER AUCTO RI ET CIVI VERE PO PUL AR I PII FRATRE FRATRI R E I P PO SUE R UNT D E SE DE Q . . OPT . M ERITO

o a c o a a a S us le s r ph ge , d ns le piédest l

V v 1 DI E 1 x ...... ANN LXVIII M EN XII

Des deux c ôté de l a pl aquette

N M LXVI AN . CCCC . OBIIT .

Le méd a ill o n d ans le tymp an est signé OPUS MINI 5 4 ) Che fu a ll o r a tenut a l a più ri cca sepultura ch e fusse stata fatta ’ I d l bicl d o rn am en ti a Pon t efi ce o . . . . e di figure nessun VASARI ,

5 5 e e n z u m n or u m et R E ar di n a ) V o ir Vi ta e et R es g sta P o tfi c R oma S. . . C ’ A l a o l a li unz CI CCO NIO o a 1 6 0 . : . ALPHONSO , R m , 3 C est deuxième éditi n pre ’ ’ a a mière n a p as d illustr ati o ns exc epté les armes des p a pes et des c rdin ux . Bene è dett o c h e Min o del Re a me vi fe c e al c une fi gurett e nel id o h et c I b . La c a a o c e c o o co o . b s ment si n s n VASARI , ritique m derne ’ n o us fa it o bserver que V as ari se tr o mpe en c o re une fo is et que c est a ’ ’ a a o Gi o vanni D a lm ata qu on d o it les figu rett e del b s ment . Ce qui n em pè c he p a s que Min o del Re a me ait trava illé d ans les dé co rati ons de ’ ’ l atti i s a u e o o O ù a cru c o ai a . q et du fr nt n , j re nn tre m in 5 7) Les fr agments du sépul cre de P aul II s o nt t o us d ans les c ryptes a c r o a aux a o n iennes (Gr o tte ve c c hie) . On les etr uver suiv nts numér s

1 6 a c o a 2 0 b as— Etern el a 2 0 8 L a cr éa 9 , s r ph ge ; 5 , relief du Père béniss nt ; , ” ’ ti on a Fve 2 0 L a ten ta tion a É ve 2 1 8 L e u emen t der n ier 2 1 Sta tue 9 , ; , j g ; 9 , de la Cha r i té o a o ces c . P ur v ir des n o ti ces plus déta illées sur s ulptures et

1 50 M INO DA FIESOLE

c a a ac o o a a ami o a Le rdin l J p Amm nn ti , intime et dév ué du P pe a a o n o m a cc o o Pie II , v it btenu de prendre le et les rmes des Pi l mini . ’ N 1 2 2 Lu c u e a o a a c a r é en 4 à q , d une f mille n ble m is p uvre , il fut se rét i e ’ a o a a o a de C lixte III et de Pie II qui le n mm d b rd évêque de P vie , ensuite

a a o ù ar co c o a c C rdin l et évêque de Lueque , il fut reçu p ses n it yens ve des

E îtres o o a . E c a a o o o a a h nneurs s uver ins riv in élég nt et pr f nd , il n us l iss les p

ommen ta i r es o a v son ami et les C . C mme il pens it être ense eli près de et ’ ’ o c a c o o l é it a h e a pr te teur Pie II , ils s ét it mp sé p p suiv nte

. N LUCA ORTU , SENA LEGE FUIT M IHI PATRIA O M EN M v 1 Q UU 1 x JACOBUS . MENS BONA PRO GENERE PAPA PIUS SEDE M PAPI EN SE M D ETULIT IDE M CARD IN E O O R NAV IT M UNE R E , , GENTE , DO M O . VIVI TE UI L E GI TI S CŒ LESTIA UÆ R ITE Q , Q NOSTRA HAEC IN CI NE R ES T TANDE M , GLORIA FATA REDI . Quem olim vivens n on li n gua mor tuus : hi c s um

‘ E t r o e sa n cta a tr a i li us ossa cuba p p p , fi .

M ais o n l a iss a les deux derniers vers l o rsque le c ardin a l Ammann ati fut ’ a enseveli d ns l église de St . Augustin . 62 ) Un s o rt bien étr ange semble peser sur les m o numents de c ette

o a : o n t o a c o ar c imp rt nte église ils été , t us s ns ex epti n mutilés de leur et de

co a o c o a . o a o leurs dé r ti ns mplément ires Ainsi le m nument à S inte M nique ,

ar sai a d a a a c o o B O p J Pis , insi les deux sépul res des évêques Gi rgi n aiu t i 1 4 0 0 ) et Aless andr o Oliva 1 4 63) a insi t o us les a utres t o m be aux d u XV ? siè c le d ont il ne reste plus que le s ar c o ph age et quelque ’ a f fragment dispersé d ns les di férents endr o its de l église .

03) N ICOLAO PI ST O RI E NSI CO GN O M E NT O FO R T I UE R A E PR E B YTE R O G R S . CA CILIAE S CARDINALI E XPU G NATA FANO SUPERATA FLA M INIA BE VRO VICTIS SAB I NI S EVE RSAN ISQ U E H O STIB US DE E CCLESIA BENE M ERITO FRATRES PI EN T I SSI M I FACI UND UM C UR AR UNT IS UT FORIS I N VI CT I ITA DO M I SEN TE NTI I S D IC EN D I S GRAVIS ET CO NSTANTIS ANI M I EST HABITUS VI XIT ANNO S LIV M ENSES II DIES XIV MCDLXXIII

6 4 ’ ’ ’ ) C est en 1 89 1 que l a rc hite c te Ciav arr i s o us la dire cti o n et d après

co c o Gn o li co a ce o c . les nseils du mte , re nstitu m nument pré ieux Il se ’ tr o uve à présent d ans l église de S a inte Cé c ile in Trastevere à ga u c he ’ la o d én tré de p rte e . 05 ) Le m o nument de l a femme de Ce c co T o rn abu o n i fut détruit au ’ c XVI I I siè c le l o rsque M adern a él argit l abside et restau ra les tr o is nefs . NOTES 1 5 1

Les fragments du be au sépul cre p ar Verro c c hi o furent transp o rtés a ’ a a a Fl o ren c e o ù il se tro uvent d ans le Musée du B rgell o . D utres p ssèrent A o a a a o . à P ris , d ns les g leries du L uvre R me ne restèrent que deux a o c ar a ao Fra sch e tt i a o nges , t ut ré emment identifiés p St nisl d ns une n te ‘ l a c o a au XV e c F le r ea o a sur s ulpture r m ine siè le ( g , Ils s nt présent au x deux c ôtés du grand a rc extérieur de la c h apelle C a ra fa d ans c ette

a a a a a a même église de S nt M ri s o pr Minerv . Ins c ripti o n sur le m o nument a Fran c es c o T o rn abu on i

FR ANCI SCO T O RN AB UO NO NOBILI FLORENTINO XT O Æ TE R I S SY . C UE Ç HAR I SS IIII P M . Q . ACERBA M ORTE M AGNAE DE SE E XPECTATIO NI SUB TR ACTO JOHANNES

PAT U US PO SUIT .

1 54 M INO DA FIESOLE

’ 1 2 — 4 7 B as relief de l empereur Aurélien . Idem . ’ 1 a a o . 4 73 . Ch ire de l église de Pr t

o a . Buste de femme . Musée R y l de Berlin ’ l m i a É r à a a ro . Ret ble de B glio ni . glise de St . Pie re Pé use 1 o a 5 73 . M nument à P ul II . ’

1 S. a o a a a d évi ers 1 4 74 . Bénitiers de M rtin et de C s gli têtes de eglise a de B a di .

’ ‘ ac Tabern le de l église de S anta Cr o c e à Fl o ren ce . ’ ’ t e B albin e à a a o . Retable de l utel B rb o d ans l église de S. R me

i ari E o R o . o . M nument glise des SS . Apôtres à R me

1 . a ac a a c o . 4 75 T bern le d ns l eglise de St . M r à R me ’ 8 F r 1 . o c . o S ar a 5 0 a 4 7 M nument erri i Cl ître de l église de . M i p Mi a o nerv à R me .

1 . o a o É a 4 79 M nument Dell R vere . glise de M rie du Peuple à o R me .

i u rr i t c c o ca a Fort e E S. M nument du rdin l g . glise de Cé ile à

R o me . o a a a o co M nument du cardin l Amm nn ti . Cl ître du uvent du ’ San t A stin à go o R o me .

1 80 . o c o . c . 4 Buste de femme (inac hevé) . C lle ti n privée Fl oren e

o c o La a a . o c . o a o . Buste de S . Gi v nnin C lle ti n de B rdell Fl ren e

o a c o T o rn abu n i E a a o ra M nument de Fr n c es o . glise de S . M ri s p a o Minerv à R me . 1 - 1 80 Flo . a o o N a o a 4 7 5 4 M d nes du L uvre , de Berlin , du Musée ti n l de ’ à c a a . o o . ren e , d ns l hôpit l S Spirit R me ’ 1 8 1 a a n Am r i c Sa t b o o o c . 4 . T bern le de g , Fl ren e l a o a a . o c . M nument du co mte Ugo . Eglise de B di Fl ren e TABLE D E S GRAVURE S

o r t e e Retable de Fies o le . H s st

a o P a . 1 Pa n o r m a de P ppi . g Ange de V o lterr a 1 5

Vierge du m o nument au c o mte Ugo à Fl o ren c e . 1 7

t c a c o S. a a o . 2 La N ativité . Relief d ns le ib rium de M rie M j eure à R me 7

a o a o . É Vierge et anges . Relief d ns le m nument de Alex ndr glise de M o nte O livet o à N aples 2 9 l a P ape Libère trac e sur a neige le pl an de l eglise . Relief d ns le

o S t c a a o c ib rium de . M rie M j eure à R me 3 9 ’ ! L Ad rati n a a . a o o des R o is . Relief d ns le c ib o rium de S M rie M j eure à R o me 4 0

’ t e l E n fan t a la a a a à o . 2 Vierge et d ns b silique de S . M rie M j eure R me 4 ’ a ac a S t e a a o T bern le d ns l église de . M rie in Tr stevere à R me 4 5 ’ Ar c hitr ave de l église esp agn o le de Pl a c e N av o n a à R o me 4 7 ’ a a au â a a 0 Tabern c le d ans l église de S ant a B arb ar Ch te u à N ples . 5 ’ De c o r ati o n à l ar c trio mph a l du r o i Alph o nse à N a ples 5 1 l e à a c o S. a a o . Ass o mptio n . Relief d ns le ib rium de M rie M j eure R me 54 ’ Buste de l évêque S alutati à Fies o le 55 Buste de Rina ld o dell a Lun a a u Musée N a ti o n a l de Fl o ren c e 58 Buste de Pierre de Médi c is a u Musée N atio nal de Fl o ren c e 6 2 Buste de j e a n de Médicis a u Musée N ati o n a l de Fl o ren c e 63

o a o o c o a l l o r s t e x t e Buste de Di tis lvi N er ni . C lle ti n de M . Dreyfus à P ris 6 Buste de femme . Musée de Berlin 5

co a a o c In nnue . Musée N ti o n l de Fl ren e 68

La a a o c . . a o c o 1 Buste de St j e n . C lle ti n de B rdell à Fl ren e 7 ’ a o a o c L empereur Aurélien . Musée N ti n l de Fl ren e 7 2 ’ a ac San t Ambro i o l l o r s t e x t c T bern le de g . Ange de - V o lterr a 73 1 56 M INO DA FIESOLE

L a o c o a P a . a Ch rité . C lle ti n Dreyfus à P ris g 77 ’ Retable d ans l église de B adi a 80 ’ Tabern ac le d ans l église de S ant a Cro c e H o r s t ex t e Cib o rium du B ap ti stèr e de Vo lterra 8 2 Ch a ire de l a Ch athéd ral e de Pr ato 85 Ret able de l a ch apelle B agli o ni Vibi a Péro use 89 ’

a a c a a a o a a c o . 0 T bern c le du rdin l B rb d ns l église de St . M r à R me 9 D anse de S a l o mé d ans l a c h a ire de Pr ato 94 ’ Vierge et l E n fan t de l a co lle cti o n Dreyfus à Paris 95 ’ Vierge et l E n fan t du Musée N ati o n a l de Fl o ren c e H o r s t e x t e ’ ’ Vierge et l E n fan t de l Ath én ée de Pes ar o 1 0 2 ’ Vierge et l E n fan t du S o uth Kensingto n Museum 1 0 4 ’ ’ l En f n o a a 1 0 Vierge et a t de l erem des C m ldules . 5 ’ Vierge et l En fan t du So uth Kensingto n Museum 1 0 6 ’ l E n fan t a l a l a o ca 1 0 8 Vierge , et St . j e n de Rue de F r ’ Vie rge et l En fan t du Musée N ati o n a l de Fl o ren c e H or s t e x t e ’ Vierge et l E n fan t du S o uth Kensingto n Museum 1 1 0 ’ o au ca a Fort e u er ri a S t c c à o 1 1 1 M nument rdin l g d ns l église de . Cé ile R me . ’ M o nument à l évêque S a lut ati d a ns l a C athédra le de Fi esol e H o r s t e x t o ’ u U a a o r t e t e M o nument a co mte go d ns l église de B dia . H s x M o nument à P aul II à R o me H o r s t exte M o nument au car din a l Cr ist ofo ro dell a R overe d ans l eglise de

t e a o or t e t e S. M rie du Peuple à R me H s x

o au ca a o Ri ario a S M nument rdin l Pietr d ns eglise des S . Apôtres à R o me 1 2 3 Vierge d ans le dit m o nument 1 2 4 o a c co T o rn abu on i a t e a o a M nument à Fr n es d ns l eglise de S. M rie s pr Minerv a à Ro me H or s t ex t e o a a a 1 2 M nument Giugni d ns l eglise de B di . 3 Soub ai ssem en t du m o nument au co mte Ugo 1 33 ’ ’ Vierge et l E n fan t d ans l a C o llegi at a d Emp o li 1 40