LES POTIERS DE PORTOUT Productions, Activités Et Cadre De Vie D'un Atelier Au Ve Siècle Ap
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Légende de la couverture : 1. Localisation du site : la Savière et le lac du Bourget. 1 7 2 2. Couche archéologique à terre. 3. Le dépotoir dans sa partie immergée. 4. Céramiques de Portout. 5. Mobilier métallique. 3 ~7~ 4 6. Amphores : spatheion africain et Dressel 23. 7. Le Mercure de Portout. 8. Jatte P.37 à rinceau peint. 5 9 6 9. Solidus d'Honorius (émission de 402-403). Maquette réalisée par Roland LOWINGER, Paris. LES POTIERS DE PORTOUT Productions, activités et cadre de vie d'un atelier au Ve siècle ap. J.-C. en Savoie ï 1 : . 1 REVUE ARCHÉOLOGIQUE DE NARBONNAISE Supplément nO 20 LES POTIERS DE PORTOUT Productions, activités et cadre de vie d'un atelier au Ve siècle ap. J.-C. en Savoie par Jacques et Christine PERNON Ouvrage publié avec le concours du Ministère de la Culture Direction du Patrimoine (Sous-direction de l'Archéologie) ÉDITIONS DU CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE 15, quai Anatole France — 75700 PARIS 1990 (Ç) Centre National de la Recherche Scientifique, Paris, 1990 ISSN : 0153-9124 ^-ISBN : 2-222-04337-9 sl-< Cette étude, menée à partir des travaux du Club d'Archéologie Vaugelas, Chambéry, du Centre d'Archéologie Subaquatique de Chambéry et du Centre National de Recherches Archéologiques Subaquatiques, dans le cadre de la Direction Régionale des Antiquités Historiques Rhône-Alpes, a pu être réalisée grâce aux subventions du Ministère de la Culture, du Conseil Général de la Savoie, du Foyer socio-éducatif du Lycée Vaugelas, de l'Association des Anciens Elèves du Lycée, et du C.N.R.S., avec l'aide matérielle ou technique du Centre National de Recherches Archéologiques Subaquatiques, du Musée Savoisien, de l'Union Française des Centres de Vacances, du Lycée Vaugelas, du Centre Hospitalier Spécialisé de Bassens, du Lycée d'Albstadt, de MM. les Maires de Chanaz et Conjux. Nous tenons à remercier pour leur collaboration bénévole les spécialistes signataires des analyses spécifiques, les stagiaires français et étrangers ayant participé aux chantiers, ainsi que les permanents du Club et des Centres. Ont collaboré à cet ouvrage : Michel MAGNY, sédimentologie. Hervé RICHARD, palynologie. Robert FRITSCH, paléobotanique. Claude OLIVE, archéozoologie. Louis de ROGUIN, archéozoologie. Louis CHAIX, malacologie. Luc JACQUIN, numismatique. Jean-Luc PRISSET, analyse physico-chimique. Armand DESBAT, Maurice PICON, céramologie. Françoise VILLEDIEU, amphores et lampes. Pierre-Henri MITARD, céramologie. Nous remercions tout particulièrement Madame R. Janet-Balmonet, propriétaire du terrain, M. J. Charletty, ingénieur subdivisionnaire au Service de la Navigation du Rhône, M. D. Rattaire, coordinateur des opérations de plongée, Madame F. Ballet, conservateur au Musée Savoisien, M. A. Bocquet, directeur du C.N.R.A.S., MM. J.-P. Boucher et J. Lasfargues, directeurs de la D.R.A.H. Rhône-Alpes, le Comité de Rédaction de la Revue Archéologique de Narbonnaise et M. C. Raynaud qui a bien voulu relire et amender le manuscrit. Dessin des céramiques : C. Pernon, J. Pernon, J.-L. Prisset. Dessin du mobilier métallique : P. Ménéghin. Dessin et montage des figures et des planches : C. Pernon. Les illustrations et les notes des chapitres signés sont dues à leurs auteurs. Crédits photographiques : — C.D.P.A., planche IX : no 2 et 3. - C.N.R.A.S., fig. 34; planche IX : no 1, 4, 5. — G. Dajoz, Muséum d'Histoire Naturelle de Genève, fig. 18. — P.-H. Mitard, planches XLIII à XLV. - Musée Savoisien, fig. 3, 29, 30, 35, 36, 37, 38, 39, 63, 72, 88; Pl. XVIII. - J. Pernon, fig. 19, 22, 61, 62, 69, 71; planches XXXVI à XXXVIII. - D. Rattaire, fig. 20, 21, 32, 33, 60; planches XIX à XXI. — Régie Rhodanienne de Télévision, fig. 1. — Studio Dumont-Mollard, fig. 39 bis. — Studio Guy, fig. 40. AVANT-PROPOS La publication de l'atelier de Portout constitue pour moi une joie véritable. D'abord parce que c'est l'aboutissement d'un long travail, celui de Jacques Pernon, avec le concours de ceux qui ont facilité et financé la fouille, de ceux qui l'ont réalisée, de ceux qui se sont associés à la publication, résultat de beaucoup d'efforts convergents. Ensuite parce qu'elle est la démonstration achevée de ce que doit être l'archéologie préventive contemporaine : menacé par les travaux de recalibrage du canal de Savière, le site de Portout a été fouillé; il est maintenant conservé au sens plein du terme pour le monde scientifique et, présenté au Musée de Chambéry, intégré à notre culture. Enfin parce que ces travaux portent sur une période et une production céramique particulièrement mal connues voici dix ans et dont on mesure mieux maintenant l'intérêt et l'importance. Ultime, et intime motif de jubilation : Rhône-Alpes reprend sa place parmi les suppléments de la Revue Archéologique de Narbonnaise, place inoccupée depuis le beau volume de Roger Lauxerois consacré à Alba. Mais l'intérêt de la publication des productions de cet atelier de l'antiquité tardive va bien au-delà de ces considérations de politique générale. Le temps n'est pas si lointain en effet, dix ou vingt ans seulement, où nous ne savions pas grand chose de la céramique postérieure à la fin du llle siècle, et les rares productions plus ou moins bien identifiées et datées nous donnaient, malgré les travaux de Nino Lamboglia, une image assez déformée de la réalité. Les conséquences étaient assez surprenantes : plus de productions en série, donc plus de commerce, mais aussi plus de niveaux identifiés, et l'on faisait disparaître gaillardement ville et agglomération rurale. On sait aujourd'hui qu'il n'en est rien, et, si nous ne connaissons pas encore tous les centres de productions, quelques-uns sont bien identifiés. Le groupe du Nord des Alpes, Portout, Thonon et les ateliers suisses a été repéré assez tôt, mais les productions étaient mal individualisées, et mal datées. Après les publications suisses, le travail de J. Pernon constitue donc un progrès considérable et va permettre maintenant sur une aire géographique très vaste, de la Suisse à Arles, de travailler plus précisément. Il reste beaucoup à accomplir et je me plais à rêver d'un travail semblable sur les ateliers de Thonon dont on sait bien peu de choses, alors qu'un mobilier abondant a été extrait depuis près de vingt ans. Je pense aussi à d'autres points de production, dont on ne peut mesurer encore l'importance, comme Annecy. Tel est sans doute bien le mérite principal de cet ouvrage que de mettre à la disposition de la communauté scientifique un excellent outil de travail, et, référence ou catalyseur, de provoquer ou de stimuler de nouveaux travaux et d'autres équipes. Jacques LASFARGUES. INTRODUCTION L'atelier de Portout produit et diffuse au ve siècle de notre ère la sigillée claire à revêtement argileux dite « luisante ». Sur place, 11 tonnes et 689 kg de céramiques ont été rejetés dans les parties de dépotoirs fouillées en campagnes annuelles entre 1976 et 1987 : l'étude de ce lot représentatif a permis de cerner l'ensemble du catalogue, soit 37 formes basses et 32 formes hautes, de définir les constantes et les variables de chaque forme, de clore la typologie par épuisement des variantes, d'en établir le classement systématique, et de publier ici le répertoire morphologique des vases. L'analyse physico-chimique de la pâte, portant sur une sélection de 62 échantillons, confirme l'unité du lot. Il s'agit d'une vaisselle utilitaire, tournée, à surface unie, généralement orangée, décorée à la main, anépigraphe, dont les séries principales sont les assiettes et les plats, les coupes et coupelles, les bols, jattes, tèles et mortiers, les tasses, les gobelets et pichets, les vases à verser, les entonnoirs et les lampes à pied. La fréquence relative des types produits peut être estimée par une statistique portant sur l'ensemble des rebuts pesés à sec. Le répertoire recoupe à 41 % l'ensemble des 34 sigillées claires « B » et « luisantes » du catalogue de Lamboglia avec une nette prédominance du second groupe, dont 11 formes sur 13 se retrouvent à Portout (1). En fait, la production de Portout se range entièrement dans cette catégorie qui apparaît aujourd'hui comme une exclusivité des ateliers de Savoie, sinon du lac du Bourget (2). La proximité immédiate de l'atelier est confirmée par de nombreux témoins de démolition et de décharge : argile rubéfiée, blocs de molasse cuite, pierres, tuiles et briques vitrifiées, évents, luts, cendres et charbon de bois, rondins, vases surcuits, mécuits ou refusés par accident de cuisson. En matière de technologie, les dispositions à l'enfournement sont attestées par les moutons. Les caractéristiques fonctionnelles des fours et l'origine de l'argile restent inconnues. Du petit outillage métallique, lithique ou en os a été retrouvé. Les poinçons et les molettes manquent. A deux kilomètres au sud de Portout, également au bord du lac du Bourget, l'exploration du dépotoir immergé de Conjux-la-Chatière a livré une céramique semblable, de pâte et de facture identiques. Les deux sites sont aujourd'hui considérés comme complémentaires ou même associés dans la production, avec un léger décalage temporel. Pour éviter les redites, on ne retiendra de la série de Conjux que les différences notables (3). Le but de cette étude étant d'abord de proposer une chronologie, la datation, même relative, fait problème, parce que le dépotoir, situé aujourd'hui en milieux humide et subaquatique, a été partiellement (1) N. Lamboglia, Nuove osservazioni sulla « Terra sigillata chiara », Rivista di studi Liguri, anno XXIV (Tipi A e B), p. 300-301, anno XXIX (Tipi C, Lucente e D), pp. 164-165. (2) A. Desbat et M. Picon, Sigillée claire B et « luisante » : classification et provenances, Figlina, 7, 1986, p.