Les Tramways De La Corrèze : Tacots & Cahots
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Un train qui commençait par un paradoxe - voire par une véritable provocation : À Tulle, sous la marquise d'une grande gare, le "dernier des tortillards" paradait au quai IV 1, alors que les express Bordeaux - Lyon stationnaient sur les voies extérieures ! Photo André Lepage / BVA. Outre les photographes et collectionneurs apparaissant en crédit photographique, l'auteur tient à remercier chaleureusement tous ceux qui lui ont apporté leur concours lors de ses recherches, conté leurs souvenirs, et tout particulièrement MM. Edme, joudoux, Lecroulant, Quincy, Roques et Sutter : en effet, leurs contributions se sont avérées indispensables à la réalisation de cet ouvrage. J.M. / JACQUES MALIGNE I ^ TACOTS & CAHOTS LES RAMWAYS, DEI(QORRÈZE La Regardons PRÉFACE "ART DE VIVRE "TJue Transcorrézien a disparu" déplorait Gaston Bonheur, en 1980, dans la presti- réziengieuse estrevue un Réalités.sommet nécrologiqueSon remarquable à propos article de sur la lafin mort d'une du civilisation"petit cheval : * decelle fer" d'une cor- panachéessorte de fraternité et le concert champêtre des sifflets qui s'épanouissait de locomotives dans qui les partaient nuages noirs à la deconquête fumée em-des campagnesUn paragraphe ». extrait de ce texte semble providentiel au préfacier de cet ouvrage : table« Qui des a chosestué le »,chemin répondront de fer les d'intérêt personnes départemental sensées qui ? s'attendrissent — C'est la marche sur le rétro.inéluc- Il fallaitqui ne bien crache ! Rien pas n'estdu tout moins sur évident.le progrès, Je connaiset qui a unmaintenu pays tout vivants proche, tous très ses prospèrechemins deComté fer secondaires et l'Italie, vous : la Suisse.trouverez À chaque toujours gare un de petit la lignetrain duen Simplon,partance entrepour lal'Oberland Franche- lesbernois, vallées pour et toutes Leysin, les pour cimes. Chamonix, pour le plateau, pour les rochers, pour toutes ternes".Célèbre écrivain, journaliste fameux, lui ne prenait pas "l'Helvétie pour des lan- désormais,Au Pays Vert,sur lace ligne n'est Parisque grâce- Toulouse à des lanternesen gare d'Uzerche (magiques) et surque lavous ligne pourriez Lyon - voir,Bor- fleurideaux des aux Monédières, gares d'Aubazine les belles et Tulle, rives deun lapetit Dordogne, train en partanceles Rochers-Noirs pour un abruptscontrefort et vetteleur impressionnant de La Roche-Canillac, pont suspendu, le pont-cage Collonges-la-Rouge, de Lantourne ou St.Bonnet-Avalouze,St.Pantaléon-de-Lapleau... la na- ganiséimmortalisé autrefois par d'émouvantesen Corrèze par et les superbes Amis des diapositives Chemins de nées Fer lorsSecondaires. d'un safari-tacot, or- À 1 0 KM/H" « A-t-on pensé quelquefois à la valeur touristique qu'aurait de nos jours ce petit train, s'il avait été préservé, par exemple, sur le tronçon reliant Neuvic et Marcillac- La Croisille ? » s'interrogeait Simon Louradour, autre brillant journaliste, le 4 mars 1984, dans la chronique hebdomadaire Au pays des bruyères, qu'il tient dans La Montagne. Esprit perspicace, Simon a raison. Miraculeusement, si le vénérable petit train départemental, à l'instar d'un drôle d'oiseau nommé Phénix renaissant de ses cendres et remontant en ligne — comme en quatorze —, tout amateur — ils sont légion — de safari-photos de dinosaures des transports en commun ou de gros animaux encornés, têtus et encombrants, qui se baguenaudent sur les routes aussi bien que dans les prés, n'atterrirait plus au Zaïre, au Kenya ou au Bengale ; il débarquerait avec armes et bagages à Lafage-sur-Som- bre, à St.Hilaire-Foissac, à Lapleau ou à Soursac. On assisterait à la ruée vers le Pays Vert — fût-ce en draisine — qui serait envahi également par de joyeuses cohortes de vacanciers « en quête de beauté du site, de charme des horizons, de la qualité de la lumière et de nombre d'autres sujets d'une inactualité savoureuse », surtout avides de - sensations historiques, pareilles à celles des voyageurs du temps de Louis-Philip- pe, dans un ferraillement clavecinesque » de tranche-montagne, mais à la bonne franquette. On pourrait enfin laisser les enfants jouer avec les portières d'un tortillard de plaisir qui, à nouveau, véhiculerait la poésie, l'humour ainsi qu'un art de vivre à 10 km/h ! Longtemps exilé au fond d'un lugubre dépôt de banlieue, genre Musée Grévin des transports en commun, le Transcorrézien lubrifié, astiqué, magnifique, impérial, semble attendre son "retour de l'île d'Elbe"... Nous aussi. Alors, vive le Transcorrézien ! Gabriel Edme. Dans les pages suivantes, le lecteur trouvera l'aboutissement de plus de quinze années de patientes recherches sur le réseau des Tramways Départementaux de la Corrèze. Ce livre est destiné à tous ceux qui, comme l'auteur, ont passionnément aimé ce très attachant et fort pittoresque réseau : anciens agents des TC, riverains des lignes, usagers réguliers ou occasionnels, amis des chemins de fer secondaires. fe demande, humblement, pardon aux "puristes", si de temps à autre, le tramway devient le "tacot" et l'autorail la "micheline", mais c'est bien ainsi que la plupart du temps les Corréziens les appelaient... Puisse donc cet ouvrage éveiller l'intérêt de celles et de ceux qui ont aimé ces lignes, en les replongeant, le temps d'un livre, dans la nostalgie d'un passé où chacune et chacun retrouvera sa jeunesse ou son enfance. Pour tous ces amis, voici l'histoire des Tramways Départementaux de la Corrèze. Jacques Maligne À ma famille, en souvenir des années 50... et, plus particulièremen t, à ma mère. PROJETS, ÉTUDES ET CONSTRUCTION Vue générale de la gare de Neuvic peu après son ouverture. Collection Edmond Ducios. e projet de la loi Freycinet du 4 juin 1878 dotait la climat rude en hiver, et peuplée de gros bourgs à l'activité Corrèze d'un réseau secondaire d'intérêt général. économique très soutenue en cette fin de siècle. Il s'agit LHormis ce réseau, dit du "Paris - Orléans - Corrèze", en de La Roche-Canillac, Lapleau, St.Privat ; certains de ces abrégé POC, réalisé par la suite en voie métrique, le dé- bourgs s'apparentent même à de petites villes comme partement se trouvait à la fin du siècle dernier essentielle- Neuvic-d'Ussel. ment desservi par les lignes à voie normale suivantes, ap- partenant toutes à la Compagnie d'Orléans : - Tulle - Clermont-Ferrand, LES PROJETS DE LIGNES - Eygurande-Merlines - Bort-Les-Orgues - Vendes - Au- À VOIE MÉTRIQUE rillac, - Limoges - Nexon - Brive, C'est précisément de Neuvic-d'Ussel que va émaner la - Périgueux - Brive - Tulle, première demande de desserte par fer. En 1881, suite à un - Brive - Capdenac - Toulouse, vœu collectif des communes du canton de Neuvic, le - Limoges - Eymoutiers - Bugeat - Meymac. maire de ce chef-lieu demande la construction d'une ligne Lorsque l'on observe la carte de la Corrèze, force est de Meymac - Vendes par Neuvic-d'Ussel, les gorges de la constater que de larges zones peuplées de bourgs impor- Triouzoune, de la Dordogne et de la Sumène. Aucune tants ne sont pas desservies par le rail. Il n'y a rien à suite ne sera donnée à ce vœu pieux, mais l'affaire est lan- l'ouest de la ligne Limoges - Nexon - Brive, pas plus qu'au cée et l'idée d'une desserte ferroviaire des régions corré- sud de l'axe Périgueux - Brive - Tulle ; subsiste également ziennes, jusqu'alors dédaignées, fait doucement son che- une vaste région ignorée du grand réseau, comprise entre min. Il faut bien comprendre aussi — et cela n'est pas par- le plateau de Millevaches et la vallée de la Dordogne, au ticulier à la Corrèze — qu'à cette époque, nombre de pe- vant St.Angel, bourg assez important. Le projet présenté prévoyait, en outre, la construction d'un court embran- chement allant du Mortier à La Roche-Canillac. Les sieurs LPPPP, pour faire bonne mesure, proposent également cinq autres projets de lignes : - La Rivière-de-Mansac - Lubersac, - Brive - Beaulieu - Turenne, - Beaulieu - Argentat - St.Privat, - Corrèze (gare PO) - Corrèze (ville), - Bugeat - Peyrelevade. Le projet LPPPP est alors, comme les précédents, exa- miné par les édiles du Département, qui vont l'amender fortement, rognant sur quelques lignes : la ligne La Riviè- re-de-Mansac - Lubersac sera limitée à Juillac et Brive - Un train de chantier remorqué Beaulieu - Turenne ne desservira pas cette sous-préfectu- par une locomotive d'entreprise, près du viaduc des Rochers-Noirs en 1910. re de la Corrèze, celle-ci "écolo" avant l'heure, exigeant la Collection Jacques Maligne traction... électrique ! En conséquence, la gare de départ sera reportée à Aubazine, gare de la ligne PO Brive - Tul- tits entrepreneurs ou hommes d'affaires voyaient dans la le, afin de satisfaire le PO qui craignait à Brive la concur- construction de lignes de chemins de fer, même d'intérêt rence du tramway départemental. Quant au projet de local, l'occasion d'établir la fortune de leur famille. ligne Beaulieu - Argentat - St.Privat, il est tout bonnement Suite à la demande du maire de Neuvic, d'autres pro- enterré. Il en sera de même pour les lignes de Corrèze jets vont alors naître... En août 1882, le sieur Lesguiller (gare PO - ville) et Bugeat - Peyrelevade sur lesquelles demande la concession des lignes Brétenoux - Argentat, aucun chantier ne sera jamais ouvert. Puis les Ponts-&- Argentat - St.Privat - Pleaux, Argentat - La Roche-Canillac Chaussées s'en mêlent, émettant des doutes sur la rentabi- -Égletons et Aubazine - Meyssac - Beaulieu-sur-Dor- lité des lignes projetées ; seule la relation Ussel - Neuvic - dogne. Tulle trouve grâce à leurs yeux. Un an plus tard, en août 1883, c'est au tour de M. Cala- Passant outre, les élus du Département, bien décidés à ry de présenter son projet portant sur les liaisons Ussel - voir se réaliser leur réseau de tramways, approuvent les St.Angel - Neuvic-d'Ussel, Égletons - Lapleau - Mauriac, projets suivants, par leurs délibérations réitérées des 7 et Égletons - Brétenoux via La Roche-Canillac et Argentat- 8 février 1903, 12 et 13 avril 1904, 23 et 24 août 1906 et Objat - Juillac.