BRÛ, L'histoire De Mon Village Départements: VOSGES
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© Copyright 1998 : Editions Gérard LOUIS 1, rue Stanislas Bresson - 88200 Remiremont (F) I.S.B.N. : 2.907016.78.4 Tous droits réservés pour tous pays. La loi du 11 mars 1957 interdit les copies ou reproductions destinées à une utilisation collective. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit - photographie, photocopie, microfilm, bande magnétique, scanner ou autre - sans le consentement de l'éditeur ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du code pénal. BRÛ, l'histoire de mon village Départements: VOSGES cartes postales prêtées par Michel REBOUCHÉ Jean LAURAIN BRÛ l'histoire de mon village Gérard Louis EDITEUR INTRODUCTION Le premier appel de Jean Laurain à l'éditeur que je suis, date, il me semble, de l'année 1992 : "Je travaille sur la Libération des Vosges par le 6ème corps d'armée américain, ce sujet vous intéresse-t-il et pourrait-on se rencontrer ?". Rencontre est bien un mot magique, annonciateur de projets, d'échange parfois d'amitié. Partageant sa vie entre son appartement niçois, aux temps froids et sa maison de Brû, aux temps chauds, et son "manuscrit" demandant de nombreuses recherches, la première entrevue n'eut lieu qu'un an plus tard. Ainsi, un document de plus de 600 feuillets, œuvre d'une partie de sa vie, m'était confié pour édition. Le personnage à l'esprit vif, parlait clair et avec une certaine autorité (il aurait pu être mon père). Quelques détails vestimentaires confirmaient ses inclinations américaines. Mais derrière ces marques extérieures, affleuraient une sensi- bilité généreuse et l'envie de partager l'expérience d'une vie riche en événements de tous ordres. L'" enfantement" du livre "Libération des Vosges" ne se fit pas sans discussion : sur le tirage, sur la diffusion, sur les délais : l'homme, habitué au commandement (il avait dirigé le personnel civil de l'Otan), montrait un certain scepticisme devant cet univers de l'édition étranger pour lui jusqu'alors. Lentement, au fur et à mesure que le travail progressait, une confiance constructive s'installait et le livre dès sa paru- tion fut un succès puisqu'un second tirage s'avéra rapidement nécessaire. Entre temps, Jean Laurain m'avait confié qu'il terminait la traduction d'un recueil de souvenir écrit par son ami vétéran U.S. John Shirley et aussi que, sur son bureau, il planchait sur l'histoire de son village de Brû et que peut-être il me confierait ses documents... pour voir si... Puis début 96, cet appel téléphonique de Nice : "Je viens de faire des examens, le diagnostic est clair, la maladie est bien installée. Nous remontons à Brû, malgré... l'hiver. Je dois me faire opérer à Nancy... ". La suite, chacun la connaît. Jean Laurain partagea les mois qui lui restaient entre des séjours hospitaliers, sa vie de famille et la rédaction de cette histoire de Brû. Nos conversations téléphoniques, fréquentes, ont révélé un homme chaleureux, courageux et plus attaché à son village qu'il ne semblait le montrer. Ce travail d'historien qui le préoccupa jusqu'au dernier jour, Jean Laurain l'assuma malgré la douleur, la fatigue et la certitude qu'il ne le verrait pas paraître. Lui qui avait voyagé dans ce XX siècle, de 1940 à sa retraite professionnelle, appréciait le calme et la simplicité qui régnaient dans sa campagne vosgienne, comme un lieu de paix à l'écart d'un monde qu'il avait vu se transformer. L'histoire de Brû l'a passionné pour les mêmes raisons. Il savait que l'écrire allait au-delà du témoignage ou de l'apport au patrimoine local, et qu'il s'agissait simplement de raconter l'histoire des hommes. Le dernier appel de Jean Laurain est encore dans ma mémoire, le cancer lui avait enlevé sa voix mais ce qu'il ne pouvait dire remplissait le silence et confirmait notre rencontre. Gérard LOUIS Carte de Lorraine au 18 siècle UN POINT D'HISTOIRE ET DE GÉOGRAPHIE u début du 18 siècle, Brû est encore l'une des cinq mairies, A. avec Nossoncourt, Doncières et Xaffévillers qui dépendent de la Chatellenie de Rambervillers, baillage de Vic. Depuis de nombreuses années, l'administration d'une grande partie de la Lorraine est assumée par les évêques des Trois Evêchés, Metz, Toul et Verdun (voir carte). Tout en étant en territoire du duché de Lorraine, les évêchés ne reconnaissent au duc aucun droit sur les régions qu'ils administrent. C'est le cas de la Chatellenie de Rambervillers qui dépend de l'évêque de Metz pour le temporel alors que le spirituel est du ressort de l'évêque de Toul. A la mairie de Rambervillers, sont rattachés les villages de Jeanménil, Housseras, Saint-Benoît, et Autrey. A celle de Nossoncourt, Bazien, Ménarmont, Anglemont, Ménil et Sainte- Barbe. Les trois autres mairies, Brû, Doncières, et Xaffévillers n'ont pas de communes de rattachement. Dans la Chatellenie de Rambervillers, l'évêque de Metz est le Prince régalien, haut, moyen et bas justicier sans part ni portion d'autrui, hors quelques droitures qui appartiennent aux seigneurs voués. Ces enclaves, indépendantes dans le Duché de Lorraine, rendaient leur situation bien difficile d'autant que pendant deux siècles les évêques de Metz furent souvent en guerre avec les ducs de Lorraine. Plus d'une fois, les ducs de Lorraine s'emparèrent de la Chatellenie de Rambervillers, mais celle-ci revint toujours par traité de paix ou par revanche prise par les évêques de Metz, à ces derniers. Ce n'est qu'en 1718 que Brû deviendra lorrain en vertu de l'article 13 du traité de paix conclu à Paris entre le duc de Lorraine Léopold et le régent, Philippe d'Orléans, le 21 janvier 1718 : "Le Roy cède et transporte au Duc tous les droits de souveraineté et autres qui peuvent lui appartenir sur la ville et les faux bourgs de Rambervillers sur les censes et villages de..." (se reporter à la liste des communes ci-dessus). Ce traité avait pu se conclure parce que le Roi de France, ayant conquis Metz où il avait créé un Parlement en 1663 s'était substitué aux évêques de Metz pour le temporel de cet évêché. A l'occasion de l'exposition scolaire de 1889, le Préfet demanda aux maires des communes "d'établir l'état social de la commune à la fin du siècle dernier pour mesurer le chemin parcouru en cent ans". A Brû, c'est l'instituteur Oudot qui écrivit la notice sur la commune, le 2 mars 1889. La notice est une source de renseignements intéressante pour l'histoire du village. En premier lieu, sur l'étymologie du nom. L'instituteur pense que Brû pourrait venir de Breuil, petit bois isolé. Breuil se dit Breu ou lo Breu en patois. Il avance aussi l'idée que Brû peut venir du celtique Broca, Brossa, Brixa qui veulent dire broussailles puisqu'il n'y a pas de grande différence entre un bois et des broussailles et il penche pour cette définition. C'est une hypothèse qui ne manque pas d'intérêt. Mais pourquoi l'origine du nom devrait-il être, sans autres recherches, associé à des bois ou des broussailles ? La consonance de Breuil avec Brû n'est pas en soi, suffisante, pour s'en contenter. D'autant qu'à l'origine, tous les villages étaient entourés de bois ou de tailles, de broussailles, formant des clairières culturales. Des "Breuil" existent en de nombreuses communes de Lorraine. Le ruisseau qui arrose le village s'appelle le Broue (ou le Broué) de même origine que le nom du village, qui deviendra le Ruisseau de Monseigneur parce qu'il servait au flottage des bois des forêts de Saint-Benoît, propriété de l'évêque de Metz. Notons au passage, que dans l'histoire de la Chatellenie de Rambervillers sur la période 1489/1490 on trouve aussi le nom de Beru pour désigner le village et Beruwey pour le ruisseau. Ce dernier terme pourrait être une forme patoisante de "Broué". Ce qui, de toute façon, n'éclaire pas notre lanterne. Les deux noms ont à n'en pas douter la même origine et leur orthographe ne diffère probablement, que par le manque de rigueur des scribes, dans la transcription des actes, comme c'est souvent le cas au cours des siècles jusqu'à l'époque moderne. "Broué" est intéressant dans la recherche de l'étymologie de "Brû". Le nom du village vient-il du nom du ruisseau ou inversement ? La question vaut d'être posée. Il n'y a pas, à notre connaissance, de réponse satisfaisante à cette question car les deux noms voisinent souvent dans les titres anciens et l'un n'a pas d'antériorité connue et réelle sur l'autre. Ils ont la même origine, mais laquelle ? Si l'on n'accepte pas sans réserve breuil pour désigner le village comme le suggère Oudot, duquel serait tiré, en corollaire, le nom du ruisseau, on peut se hasarder à formuler l'hypothèse suivante : le ruisseau n'est pas un torrent de montagne ; c'est un cours d'eau lent aux nombreux méandres, qui serpente paisiblement dans la vallée de Corbé et à travers les prairies de Brû. A défaut d'avoir un train de sénateur, il s'écoule au train d'une brouette. Une brouette à deux roues est, en ancien français, une "béroué". Il ne reste qu'un petit pas à franchir pour arriver à "Broué" puis à Brû. Dans ce cas, ce serait le ruisseau qui aurait donné son nom au village. Choisir entre breuil et brouette..