PRÉFET DU BAS-RHIN

Direction départementale des territoires

Service de l'Environnement et de la Gestion des Espaces

Pôle Milieux Naturels & Espèces

Dossier d’enquête publique relative à la modification du classement de la forêt de protection du massif du Kreutzwald

Notice explicative

La présente notice explicative répond aux dispositions du 2° de l’article R. 141-5 du code forestier.

Sommaire

Première partie: objet et motifs de la modification de classement envisagée 2

1 – Objet 2

2 – Motifs 2

Seconde partie : nature des sujétions et interdictions susceptibles d’être entraînées par le régime spécial des forêts de protection, (décisions susceptibles d’être adoptées au terme de l’enquête). 4

1. - Les objectifs de gestion 4

2. - Règles de gestion générales s’appliquant à l’ensemble du massif classé 4

3 – Règles de gestion spécifiques s’appliquant sur les propriétés de moins de 4 hectares 5

4 – Règles de gestion spécifiques s’appliquant sur les propriétés de plus de 4 hectares 6

1 Première partie : objet et motifs de la modification de classement envisagée

1 – Objet La modification de classement envisagée a pour objet de soustraire au classement comme forêt de protection une surface de trente trois hectares de forêt domaniale, située sur le territoire communal de et en contrepartie, de classer comme forêt de protection un massif de cinquante trois hectares situé au nord du territoire communal de , constitué d’un des tènements de la forêt communale, de ses enclaves et de ses marges de forêts privées.

2 – Motifs 2.1 - Motifs de la soustraction au classement Le classement du massif du Kreutzwald s’est attaché à mettre en place une protection sur un ensemble de bois et forêts de la périphérie de , considérant que leur maintien s’impose pour des raisons écologiques et pour le bien être de la population. Ainsi, une vaste étendue boisée, s’étirant sur quatre communes (Monswiller, Saverne, Steinbourg et Waldolwisheim) corsète désormais le bassin industriel et urbain de la Communauté de Commune de la Région de Saverne. Mais par ailleurs, ce bassin se trouve en situation d’expansion économique en raison d’une croissance soutenue des activités industrielles et de service depuis plusieurs années, ce qui engendre inévitablement un besoin foncier. Ainsi, la zone d’activités du Martelberg, en lisière ouest du massif du Kreutzwald, est désormais occupée par une première série de bâtiments et par autant de projets actés. Plus spécifiquement, le développement des activités de la société Kuhn, qui occupe le nord-ouest de la périphérie du massif, dans la zone d’activités de la Faisanderie, va imposer à cet industriel de créer plusieurs nouveaux ateliers et bâtiments de service. En premier lieu, la société Kuhn a réalisé des investissements pour la restructuration et la reconversion d’anciens bâtiments sur le site de son implantation historique du centre-ville de Saverne. Mais celui-ci n’a aucune possibilité d’agrandissement. Ainsi, le lancement de la construction d’un centre logistique au début de l’année 2016 consomme les dernières réserves de place pour la reconversion de ce site. Par ailleurs, la rationalisation des procédés industriels consistera dans les années à venir à augmenter sur place les capacités des unités existantes à la Faisanderie tout en y adjoignant de nouvelles, complémentaires dans la filière de production. Mais la place disponible aujourd’hui autour des installations Kuhn à Monswiller ne permet pas d’envisager un tel développement., L’installation de l’industriel sur ce site a commencé en 2000, par la reconversion d’un terrain militaire créé au début du siècle par défrichement de la forêt domaniale. Le besoin d’extension, qui s’est fait sentir dès 2002, a été réalisé en 2008 par défrichement, et ce nouvel espace s’est rapidement rempli au fur et à mesure de la croissance de l’entreprise. Au final, c’est donc une augmentation de la surface de la zone d’activités de la Faisanderie qui répondrait aux besoins actuels d’expansion économique et qui permettrait ainsi la création d’emplois dans la région de Saverne. Pour espérer une efficience, cette augmentation doit se faire sur des terrains contigus à ceux occupés par les bâtiments Kuhn, ce qui ne laisse comme possibilité que le défrichement des parcelles de forêt domaniale situées au sud de ceux-ci. On mesure ainsi le décalage qui s’est produit entre 2002 et aujourd’hui, puisque le classement de ces terrains a été proposé à cette époque comme une contrepartie légitime au défrichement des 18 hectares nécessaires au premier agrandissement du site occupé par la société Kuhn à Monswiller. Dans la pratique, cela conduit aujourd’hui à interdire une seconde expansion afin de préserver les fonctions de la forêt telles que reconnues par le classement.

2 En conclusion, les motifs de la modification de classement envisagée sont de permettre un développement économique d’une entreprise historique de la Région de Saverne, premier employeur du territoire (1450 emplois dans le département en 2014, hors sous-traitance) et soucieuse d’un développement sur leur site historique. Ce projet vise à permettre de consolider la position de ce leader dans ses marchés et de faciliter le développement du dernier grand acteur du machinisme présent en .

2.2 - Justification de la proposition de soustraction au classement La forêt de protection du Kreutzwald se présente sous l’aspect d’un massif fortement fragmenté, en raison des multiples coupures créées par l’urbanisation et le développement des activités humaines. Fort logiquement, toutes ces coupures, qui n’ont aucune vocation forestière, ont été mises à l’écart du classement. De ce fait, le périmètre de la forêt de protection est particulièrement découpé. Ainsi, il apparaît nettement que les parcelles de forêt domaniale situées au sud de la zone d’activités de la Faisanderie constituent un tènement d’une trentaine d’hectares, séparé du reste du massif par la tranchée de la voie rapide de contournement de Saverne dont l’implantation est située entre deux et quatre mètres sous la cote du terrain naturel. Cette séparation, renforcée par le grillage de protection de la voie, constitue une déconnexion complète, sauf pour les évènements biologiques aériens. De ce fait, la présence ou l’absence de ce canton ne modifie pas le fonctionnement du reste du massif, ainsi que son attrait pour la population. Ainsi, lui retirer son statut de forêt de protection apparaît sans conséquence sur les attentes du classement du reste du massif.

2.3 - Justification de la proposition de classement Parallèlement, des possibilités existent pour étoffer l’offre au public d’espaces forestiers reconnus dans l’agglomération de Saverne, espaces pouvant, comme le Kreutzwald, prétendre à un classement comme forêt de protection : Ainsi, il apparaît que le massif du Vogelgesang, situé à proximité de l’agglomération de Saverne sur le territoire comunal de Steinbourg, au nord de l’autoroute A4 et de la ligne de TGV Paris- , présente de foretes similitudes avec le canton du Kreutzwald concerné ici. Entouré de zones agricoles, composé très majoritairement de chênes de qualité - avérée ou potentielle - et déjà fréquenté par le public, cette forêt réunit, à son échelle, les mêmes critères que le Kreutzwald en termes de motifs de classement comme forêt de protection. C’est donc le choix retenu pour être soumis à enquête publique.

3 Seconde partie : nature des sujétions et interdictions susceptibles d’être entraînées par le régime spécial des forêts de protection, (décisions susceptibles d’être adoptées au terme de l’enquête). Les forêts de protection sont soumises à un régime spécial fixé par la section 2 du chapitre I er du titre IV du code forestier, section reproduite dans le document intitulé « Textes législatifs et réglementaires » du présent dossier d’enquête. Ce régime spécial peut imposer des prescriptions spéciales qui subordonnent l’approbation des règlements d’exploitation par le préfet. La présente notice fixe l’ensemble de ces prescriptions spéciales. La présente partie se borne à reproduire les éléments de même nature figurant dans la notice explicative du dossier d’enquête du massif du Kreutzwald. En effet, le projet présenté étant de classer de nouvelles surfaces en lieu et place de surface actuellement classées, aux caractéristiques très proches, il n’y a pas lieu, a priori, d’imposer d’autres règles que celle du massif actuellement classé. 1 - Les objectifs de gestion Ces objectifs sont les suivants : - veiller au maintien d’une ambiance forestière permanente dans le but de garder un écosystème équilibré ; - veiller au mélange des essences ; - assurer le développement des espèces autochtones adaptées à leur station et représentatives de la région forestière ; - maintenir ou restaurer l’équilibre sylvo-cynégétique ; - entretenir les fonctions de production, de protection et d’accueil assurées par la forêt, et de manière plus générale l’ensemble de ses aménités 1 ; - préserver les espèces protégées identifiées et leurs habitats. Ces objectifs concernent toutes les propriétés englobées dans le massif de protection. Leur mise en œuvre passe par des règles de gestion qui ont été conçues en fonction des principaux types de propriétés rencontrés dans le massif.

2 - Règles de gestion générales s’appliquant à l’ensemble du massif classé La notice du classement du massif du Kreutzwald établit une distinction entre petites et grandes propriétés, le seuil entre les deux étant fixé à 4 hectares. Le présent paragraphe définit les règles générales, qui s’appliquent à toutes les propriétés.

2.1 - Mécanisation des travaux, traitements chimiques, matériaux - Sauf crise sanitaire, emploi des produits insecticides, phytocides, répulsifs ou amendements interdits. - Emploi obligatoire de lubrifiants bio dégradables. - Lors des travaux de création ou de réfection d’équipement, emploi de matériaux exempts de déchets tels que matières plastiques, amiante, métaux, etc.

1 Les aménités forestières rassemblent tous les éléments matériels ou immatériels, naturels ou artificiels, qui font qu’une zone boisée est agréable à fréquenter pour y exercer une activité sportive, culturelle ou s’y détendre (source : crpf-midi- pyrenees.com).

4 2.2 - Gestion du réseau hydrographique - Maintien en l’état du réseau actuel et de son régime sur le territoire du massif, notamment concernant la fréquence et les possibilités d’inondation. - Aide au développement de la ripisylve : o dans les zones humides avoisinant les cours d’eau, seules les essences adaptées au milieu seront utilisées lors des opérations de renouvellement (plantations) : aulnes glutineux, saules, frênes, peupliers et chênes pédonculés ; o sur les berges, traitement en taillis pour les essences adaptées (maintien des cépées d’aulnes, et de saules).

2.3 - Accueil du public - Interdiction stricte, telle que définie dans le code forestier, des déplacements motorisés de riverains ou visiteurs à des fins d’agrément (motos, quads, 4x4…). - Installation d’équipements pour l’accueil du public en veillant à ne pas nuire ou remettre en cause la conservation de l’état boisé. Atténuation de l’impact visuel des éventuels équipements, intégration harmonieuse dans le milieu naturel obligatoire. - Installation de poubelles et barbecues interdite. Nota Bene : pour chacune de ces installations, des dispositions seront prises pour que le premier point (interdiction de déplacements motorisés) soit respecté (dispositions de blocs ou de grumes, barrières, etc.).

2.4 - Maintien ou restauration de l’équilibre sylvo-cynégétique - Respect du plan de chasse. - Maintien ou restauration d’un équilibre sylvo-cynégétique satisfaisant. - Interdiction de l’agrainage et de l’affouragement sous quelque forme que ce soit. - Restriction de la durée d’utilisation des protections contre le gibier. - Mise en place d’un réseau de placettes de suivi de la pression des grands herbivores sur la flore afin d’adapter les propositions d’attribution des plans de chasse. Nota Bene : l’application d’un contrôle par corps des chevreuils a été limitée aux périodes où un déséquilibre sylvo-cynégétique se ferait sentir (notamment dans le cas où la pression des grands phytophages remettrait en cause la régénération de chêne sessile sur le massif, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui).

2.5 - Préservation des espèces protégées La notice du classement du massif du Kreutzwald mentionne dans ce paragraphe des mesures mises en place de façon localisées dans le massif, qui sont sans objet pour le massif de Vogelgesang. Seule la prescription de « dégagement des accès au gîte pour les chauve-souris » est reprise ici.

3 – Règles de gestion spécifiques s’appliquant sur les propriétés de moins de 4 hectares Dans le cas des petites propriétés, les opérations de renouvellement des peuplements devront s’effectuer à l’aide d’essences autochtones et adaptées (voir Tableau 3), avec une limite de 2 ha maximum pour des plantations en robinier ou en peuplier de culture.

5 4 – Règles de gestion spécifiques s’appliquant sur les propriétés de plus de 4 hectares.

4.1 - Traitement ( mesures applicables à tous les peuplements ) Futaie mélangée irrégulière, futaie mélangée régulière à régénération progressive ou futaie régulière mélangée par parquets.

4.2 - Aménagement et gestion de la forêt (mesures applicables à tous les peuplements) - Interdiction des coupes rases de plus de 1 ha ; - Maintien d’arbres morts, sénescents ou creux 2 (2 unités par ha minimum) en vue de favoriser les niches écologiques particulières que représentent les bois de dimension respectable, blessés, à cavité ou en décomposition, pour les espèces protégées identifiées sur le massif du Kreutzwald ; - Maintien d’arbres de plus de 30 cm de diamètre à 1m30 présentant des possibilités d’accueil de gîte de chauve-souris arboricole (arbres creux, arbres à cavité, arbres fissurés). Seuil minimum de 1 arbre par ha ; - Mise en place de cloisonnements d’exploitation tenant compte des aspects paysagers au fur et à mesure du passage en coupe des parcelles ; - Maintien de petites surfaces (inférieures à 20 ares) non reboisées ; - Interdiction d’incinération des rémanents ;

4.3 - Amélioration des peuplements ( mesures applicables à tous les peuplements, excepté les vieilles futaies ) - Maintien des essences minoritaires et diversification du mélange : o par la mise en œuvre de dégagements et dépressages peu intensifs mais répétés, ajustés à la croissance des peuplements, qui permettent de favoriser l’essence objectif tout en maintenant des concurrents d’espèce différente : dégagements ponctuels plutôt que réalisés en plein, libération de la seule pousse terminale des arbres de l’essence objectif ; o par la sélection dès le stade perchis et la conduite au terme d’exploitation d’individus de qualité appartenant à d’autres essences que l’essence objectif (10% minimum) ; o par le maintien dans l’étage codominant et dans le sous-étage (qui joue un rôle de bourrage et d’élagage naturel auprès des arbres d’avenir destinés à la production de bois d’œuvre) d’un grand nombre (le plus élevé possible) d’espèces arborescentes.

4.4 - Renouvellement des peuplements ( mesures applicables aux vieilles futaies feuillues ) - Renouvellement des peuplements de chêne à étaler dans le temps sur les durées les plus longues possibles, notamment en réalisant des anticipations de récolte dans les peuplements classés en préparation pour les futaies gérées en traitement régulier : o récolte des arbres mûrs sur la base d’un critère de diamètre d’exploitabilité, relatif à la qualité de la grume et à l’essence, et non sur la base d’un âge moyen ; Diamètres optimums d’exploitabilité pour les Qualités A - B Qualité C Qualité D deux essences principales du massif Chêne 70 à 100 cm 50 à 65 cm 40 à 45 cm Hêtre 55 à 70 cm 45 à 50 cm 35 à 40 cm

Tableau 1 : Diamètre optimum d’exploitabilité

2 Les arbres situés à proximité de voies de passage qui présentent des risques de volis ou de chablis seront soit élagués, soit éhoupés (notamment en cas de gîte de chauve-souris arboricole), soit abattus.

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o prélèvement d’un volume au moins égal à l’accroissement (Nota : dans le cas de forêts subissant une décapitalisation accidentelle forte (type tempête), ce prélèvement pourrait être allégé) ; o rotation des coupes inférieure ou égale à 8 ans (Nota : dans le cas de forêts subissant une décapitalisation accidentelle forte (type tempête), les rotations de coupes pourront être allongées) ; o maintien sur pied des arbres non mûrs de qualité, même s’ils surplombent des bouquets de jeunes semis ; o recherche et maintien de perches d’avenir, sans mise en lumière trop brutale ; o maintien d’un sous-étage permettant d’assurer à la fois la protection des grumes encore susceptibles de produire, et le développement de semis naturels à la faveur de trouées ponctuelles. - Régénération naturelle à favoriser, sauf dans le cas d’essences inadaptées. Les essences autochtones et adaptées (Tableau 3) sont à favoriser ou à introduire : o par un dosage progressif de la lumière au sol, en fonction de l’essence objectif à favoriser. Pour le chêne, on favorisera notamment les petites surfaces couvertes de semis naturels, au pied des arbres semenciers, par un dégagement des brins de sous-étage ombrageant la zone (notamment en lisière sud), et cela de manière régulière (passage tous les 3 à 4 ans dans le sous-étage) ; o en cas de dominance d’une essence forestière non adaptée, des opérations de nettoiement ou de dégagement seront répétées jusqu’à obtention d’un nombre suffisant (100) de perches d’avenir d’essences autochtones et adaptées.

Tableau 3 : Liste des essences autochtones adaptées Alisier blanc Alisier torminal Aulne glutineux Bouleaux Charme Châtaigner Chêne pédonculé Chêne sessile Erables sycomore et plane Erable champêtre Frêne commun Hêtre Merisier Noyers commun, hybride et royal Ormes lisse et champêtre Peupliers de culture (surface plantée inférieure à 2 ha) Peuplier tremble Poirier sauvage Pommier sauvage Pin sylvestre Robinier pseudoacacia (surface plantée inférieure à 2 ha) Saule blanc et autres saules Sorbier des oiseleurs Tilleuls à petites et à grandes feuilles

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