Exaiphnes Chez Platon Un Temps Hors Du Temps
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UNIVERSITÉ D’AIX-MARSEILLE ÉCOLE DOCTORALE 356 « COGNITION, LANGAGE, ÉDUCATION » FACULTÉ DES ARTS, LETTRES, LANGUES ET SCIENCES HUMAINES INSTITUT D’HISTOIRE DE LA PHILOSOPHIE, E. A. 3276 Thèse présentée en vue d’obtenir le grade universitaire de Docteur en philosophie Stanislao ALLEGRETTI EXAIPHNÈS CHEZ PLATON UN TEMPS HORS DU TEMPS GENÈSE ET FORTUNE D’UN CONCEPT Soutenue en séance publique le 12/12/2019 devant le jury : Elisabetta CATTANEI (Université de Gênes) Michel FATTAL (Université de Grenoble-Alpes) Raffaele RUGGIERO (Université d’Aix-Marseille) Alonso TORDESILLAS (Université d’Aix-Marseille) Résumé Cette thèse portant sur le concept d’ἐξαίφνης tel qu’on le trouve dans les textes de Platon se propose de combler les lacunes existantes relatives à l’analyse de ce concept. En effet, le terme d’ἐξαίφνης, dont on trouve trente-six occurrences dans les dialogues de Platon n’a été jusqu’à présent principalement envisagé et examiné qu’à travers ce qui en est dit dans le Parménide et, plus rarement, dans le Banquet, la République et la Lettre VII. Le terme, comme on le sait, se trouve pourtant aussi dans le Gorgias, le Cratyle, le Théétète, le Politique et les Lois. En outre, en raison notamment des difficultés chronologiques et interprétatives liées au dialogue du Parménide, aucune histoire critique du concept d’ἐξαίφνης n’a été entreprise. Cette absence d’histoire critique a pour effet une fragmentation et une discontinuité des études portant sur ce concept, effets qui ont souvent conduit les spécialistes à ne voir dans cette notion qu’un aspect secondaire ou à tout le moins imprécis de la théorie que développe Platon à son sujet. Aussi la thèse s’est-elle attachée à entreprendre une étude préalable de l’histoire de ces interprétations. Quelle que soit la justesse et la valeur des interprétations qui se sont succédées au cours des siècles, cette étude s’emploie à montrer clairement que ces tendances exégétiques se heurtent à deux limites fondamentales que la thèse s’applique à lever : la première est le caractère nécessairement partiel d’une analyse menée presque exclusivement à partir du Parménide, la seconde est l’absence de mise en perspective historique. Mots clefs : Platon, exaiphnès, connaissance, illumination, insight, temps, instant. 1 Abstract The main purpose of the thesis is to identify and fill some gaps that are regularly found in the analysis of the Platonic concept of ἐξαίφνης. The word ἐξαίφνης, which appears 36 times in the Platonic dialogues, has primarily been examined and discussed in relation to what is said in Parmenides and, more rarely, in Symposium, Republic and Seventh Letter. However, as is known, the word is also found in Gorgias, Cratylus, Theaetetus, Statesman and Laws. Moreover, it is worth noting that a history of criticism about the concept of ἐξαίφνης has never been provided, mainly due to the chronological and interpretive difficulties relating to Parmenides. This absence brought on a fragmentation and discontinuity in the study of the concept and it often prompted specialists to see in this notion a secondary or imprecise aspect of the Platonic theory. Regardless of the correctness of interpretations that have been proposed over the centuries, my work clearly shows that all these exegeses share two fundamental limits: the former is a necessarily partial analysis, almost exclusively based on what is written in Parmenides, the latter is the absence of a historical perspective. Keywords : Plato, exaiphnès, knowledge, illumination, insight, time, instant. 2 Remerciements Ce travail n’aurait pu être achevé sans l’appui et l’aide de plusieurs personnes. En premier lieu, j’adresse ma reconnaissance à M. le professeur Alonso Tordesillas qui, outre la confiance qu’il m’a témoignée en acceptant de diriger cette thèse, n’a eu de cesse de m’apporter aide et conseils tout au long de mon parcours tant scientifique qu’humain. Je remercie également Michele Corradi pour son amitié ainsi que pour avoir partagé avec moi son point de vue sur les différents aspects de mon travail. Je remercie Joy Elbaz d’avoir corrigé mon français avec patience et discrétion. Enfin, je remercie ma famille : Tino Di Cicco pour nos longues discussions sur l’ἐξαίφνης ainsi que son enthousiasme. Je remercie Dea Allegrini pour le soutien et l’encouragement constants. Je remercie Michele Allegretti, mon ami et mon frère. Surtout, je tiens à remercier Varna qui m’a toujours soutenu, de manière inconditionnelle, et sans laquelle rien n’aurait été possible. 3 Table des matières Résumé …………………………………………………………………………………..… 1 Remerciements ………………….……………………..….…………………………..…… 3 Table des matières …….………………………….………………………………………… 4 Introduction .…….…………………………………….……………….………………..….. 9 CHAPITRE 1 : Étymologie d’ἐξαίφνης : αἶψα et φῶς ….……..….………….……………. 13 CHAPITRE 2 : Brève histoire de la critique Le siècle des Lumières 2.1 Antonio Schinella : τὸ ἐξαίφνης « rationnel » et la correspondance de la pensée avec la « réalité » ………………………………..….………………………….… 19 2.2 Emmanuel Kant : le dépassement de l’empirisme et du rationalisme …..…….…. 26 2.2.1 La « synthèse de l’appréhension » comme « synthèse de la diversité » et « l’intuition intellectuelle » comme « déduction mystique » ……….………..…30 Idéalisme 2.3 Hegel et Platon : genèse du « milieu » ou du « troisième élément » dans la philosophie hégélienne .…..……….…….………………….……..………….…33 2.3.1 Science de la logique : Werden et τὸ ἐξαίφνης …………..…….……………. 39 2.3.2 Friedrich Schleiermacher : ἐξαίφνης, une ébauche du « problème philosophique suprême » .……………….……….….…………………………. 43 2.3.2.1 « Auto-conscience immédiate » ou « les deux dimensions » .……….… 48 La première formulation existentialiste 2.4 Søren Kierkegaard : l’instant représenté et l’instant pensé ……….………..….…. 52 La situation en Europe entre le XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle 2.5 Europe du nord ………………………………………………….……….….…… 55 2.5.1 L’école de Marbourg et l’interprétation néo-kantienne ……….………….…. 59 2.5.2 Paul Natorp : ἐξαίφνης, un « intermédiaire noétique [Denkmittel] de la continuité » ……………………………………………………….………….…..63 4 2.5.3 Ernst Hoffmann : µέθεξις, « l’acte de la connexion » en tant qu’ « essence du logos » …………………………………………………………………….……. 71 2.5.3.1 Μέθεξις et devenir : le deuxième type de contradiction et la troisième définition du non-être ……………………………………….………………. 76 2.5.4 Julius Stenzel : la genèse de la synthèse chez Platon ……………….……… 83 2.5.4.1 La dimension sociale de la rationalité chez Platon …………….……… 88 2.5.4.2 L’illumination rationnelle ……………………………….……………… 94 2.5.5 Paul Friedländer : le sens métaphysique de l’ironie dans la narration platonicienne de la synthèse ……………………………………….……….….. 97 2.5.6 Alfred Taylor : ἐξαίφνης, une « parodie sophistique » ……………………..101 2.5.7 David Ross : le Parménide, une démonstration de « γυµνασία » logique et un « jeu obstiné » …..…….………………………………………………….……104 2.6 France ………………..……….……………………………………..………….. 107 2.6.1 Victor Cousin : la première traduction française du Parménide …………… 109 2.6.2 Alfred Fouillée : une première définition oubliée, la distinction entre le relatif et l’absolu …………………………………….………..……………………… 115 2.6.2.1 Le Parménide : la « réponse la plus directe » ……………….…………123 2.6.2.2 « L’instant présent » ou « l’âme » ………………………….………… 128 2.6.3 Albert Rivaud et Victor Brochard : ἐξαίφνης, un « exercice logique » et un « jeu laborieux » ……………………………….…….……………….………. 130 2.6.4 Auguste Diès : ἐξαίφνης, un concept formulé dans une « dialectique d’entraînement » ………………………………………………….…………… 133 2.6.5 Jean Wahl : Pythagore, Héraclite, Empédocle : un « exercice de dialectique » …………………………………………………………………………..……. 138 2.6.6 Léon Robin : τὸ ἐξαίφνης, une hypothèse « hors-série ». L’équivalent philosophique de ce qui est mythiquement exprimé par le démonisme ……… 143 2.6.7 Joseph Souilhé : τὸ ἐξαίφνης est l’expression « enthousiaste et poétique » de la µεταξύ, catégorie caractéristique de la méthode platonicienne ……………. 147 2.6.8 Jean-Paul Festugière : ἐξαίφνης, un concept « mystique et religieux » ……151 2.7 Italie …..…………………….…………………………………………….…….. 156 2.7.1 Antonio Rosmini : le sentiment catholique de la « lumière innée » …….… 158 2.7.1.1 Teosofia et l’erreur de Platon ………………………………………… 164 2.7.2 Francesco Acri : τὸ ἐξαίφνης mystique, une « conclusion cachée » qui ne peut être comprise que in ænigmate ……..………………………………………… 167 2.7.3 Francesco Fiorentino contre A. Rosmini : la polémique à propos de la « supra- dialectique » ……………………….………………………………….……… 170 2.7.3.1 F. Fiorentino contre P. Janet : la polémique portant sur le concept d’« intuition immédiate » ou la « réminiscence » …………………………. 174 5 2.7.3.2 La réponse de A. Vera à P. Janet : la méthode de Platon et celle d’Hegel sont « un tout unique » ………………………………………………….….. 179 2.7.3.3 Le devenir hégélien édifié sur « l’empreinte profonde et durable » du τὸ ἐξαίφνης platonicien ……………………………………….….…………… 182 2.7.4 Adolfo Levi : ἐξαίφνης, « une création provisoire » .…..….………………. 188 2.7.5 Luigi Stefanini : τὸ ἐξαίφνης ou « le cycle des absurdités » ………………. 191 2.7.5.1 Le Parménide : « une critique intégrale du monisme éléatique » ….… 196 2.7.6 Paci: l’ἐξαίφνης ou le langage irrationnel du mythe .………………………..204 2.7.7 Carlo A. Diano : τὸ ἐξαίφνης comme médiation mystique ou involontaire entre la « figure » et la « forme » ………………………………………….……….. 207 2.8 La situation actuelle …………………………………………………………… 210 2.8.1 Giorgio Pasquali : les périodes de la Lettre VII (l’épreuve, la transition, la digression) et les deux niveaux interprétatifs (narratif, prescriptif et apologétique)