Service du Patrimoine Naturel Département Ecologie et Gestion de la Biodiversité

Coordination : Olivier Escuder Patrick Haffner

Les espèces françaises en danger critique d'extinction selon l'UICN (Liste rouge mondiale version 2007) Etat de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Tome 1 : Espèces Animales

Convention MEEDDAT / MNHN 2008 - fiche n°1

Version finale ~ MNHN / MEEDDAT Rapport SPN 2008/7 Août 2008

Muséum national d’Histoire naturelle Département Écologie et Gestion de la biodiversité USM 0308 Service du Patrimoine naturel

14 août 2008

Ont contribué à la rédaction de ce rapport : Oscar Arribas, Stéphane Aulagnier, Jean-Michel Bichain, Michel Breuil, François Catzeflis, Romain Causse, Françoise Claro, Gilbert Cochet, Jacques Comolet-Tirman, Trevor Coote, Delphine Dananche, Olivier Escuder, Régis Gallais, Geraldo Garcia, Olivier Gargominy, Philippe Gaudin, Owen Griffiths, Patrick Haffner, Éric Hansen, Jacques Labonne, Frédéric Leblanc, Jean Lescure, François Moutou, Jean- François Perrin, Gilles Pottier, Vincent Prié, Philippe Raust, Bernard Recorbet, Marc Salamolard, Julien Semelin, Bernard Séret, Jean-Philippe Siblet, Simon Tillier, Jacques Trouvilliez et Jean-Pierre Vacher.

Crédits photographiques : Première de couverture : photo de gauche (bandeau vertical) : Partula otaheitana , cliché : © Olivier Gargominy ; photo de droite : Albatros des Chatham ( Thalassarche eremita (Murphy, 1930)), cliché anonyme.

Référencement : BICHAIN J.-M., COMOLET -TIRMAN J., COOTE T., ESCUDER O., GARGOMINY O., HAFFNER P., PRIE V., SERET B., SIBLET J.-P. & TILLIER S., 2008. Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) – État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion . Rapport SPN n°2008/7, MNMN-DEGB-SPN, Paris, 329 p. (2 tomes).

2 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

LES ESPECES FRANÇAISES EN DANGER CRITIQUE D’EXTINCTION SELON L’UICN (LISTE ROUGE MONDIALE VERSION 2007)

État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion

Tome 1 : espèces animales

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4 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 SOMMAIRE

SOMMAIRE ...... 5

Liste alphabétique des taxons concernés...... 7

Aspects méthodologiques...... 9

ESPÈCES DE FRANCE MÉTROPOLITAINE ...... 11 Acipenser sturio Linné, 1758 ...... 11 Bythinella bicarinata (Des Moulins, 1827)...... 15 Dipturus batis (Linné, 1758)...... 17 Iberolacerta aranica (Arribas, 1993)...... 19 Margaritifera auricularia (Spengler, 1793)...... 22 Monachus monachus (Hermann, 1779) ...... 25 Squatina aculeata Cuvier, 1829...... 28 Squatina oculata Bonaparte, 1840 ...... 30 Squatina squatina (Linné, 1758)...... 32 Tyrrhenaria ceratina (Shuttleworth, 1843)...... 34 Zingel asper (Linné, 1758)...... 39

ESPÈCES DE GUADELOUPE...... 43 Leptodactylus fallax (Müller, 1926)...... 43

ESPÈCES DE GUYANE FRANÇAISE...... 47 Isogomphodon oxyrhynchus (Müller & Henle, 1839)...... 47 Narcine bancroftii (Griffith & Smith, 1834)...... 49 Nectomys rattus (Pelzeln, 1883)...... 51 Pristis pectinata Latham, 1794 ...... 53 Pristis perotteti Müller & Henle, 1841 ...... 55

ESPÈCES DE MARTINIQUE...... 57 Liophis cursor (Lacépède, 1789) ...... 57

ESPÈCES DE NOUVELLE-CALÉDONIE ...... 61 Aegotheles savesi (Layard & Layard, 1881) ...... 61 Charmosyna diadema (Verreaux & des Murs, 1860) ...... 64 Draparnaudia anniae Tillier & Mordan, 1995 ...... 67 Draparnaudia subnecata Tillier & Mordan, 1995...... 69 Gallirallus lafresnayanus (Verreaux & des Murs, 1860)...... 71 Leucocharis pancheri (Crosse, 1870) ...... 73

ESPÈCES DE POLYNÉSIE FRANÇAISE...... 75 Ducula galeata (Bonaparte, 1855) ...... 75 Endodontidae ...... 79 Gallicolumba erythroptera (Gmelin, 1789)...... 85 Partula sp...... 88 5 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Pomarea nigra (Sparrman, 1786) ...... 92 Pomarea whitneyi Murphy & Mathews, 1928...... 95 Todiramphus gambieri (Oustalet, 1895) ...... 98

ESPÈCES DE LA RÉUNION...... 101 Lantzia carinata Jousseaume, 1872 ...... 101 aterrima (Bonaparte, 1857)...... 103 Scotophilus borbonicus (E. Geoffroy, 1803) ...... 107

ESPÈCES DES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES...... 109 Diomedea amsterdamensis Roux et al. , 1983...... 109 Thunnus maccoyii (Castelnau, 1872) ...... 113

ESPÈCES COSMOPOLITES DES ANTILLES ET DE GUYANE FRANÇAISE...... 117 Epinephelus itajara (Lichtenstein, 1822)...... 117

ESPÈCES COSMOPOLITES DES ÎLES DE L’OCÉAN PACIFIQUE ...... 121 Thalassarche eremita (Murphy, 1930)...... 121

ESPÈCES COSMOPOLITES DE MÉTROPOLE ET D’OUTRE-MER ...... 125 Dermochelys coriacea (Vandelli, 1761) ...... 125 Eretmochelys imbricata (Linné, 1766)...... 128

6 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Liste alphabétique des taxons concernés

Acipenser sturio ...... 11 Opanara bitridentata ...... 79 Aegotheles savesi ...... 61 Opanara caliculata ...... 79 Bythinella bicarinata ...... 15 Opanara depasoapicata ...... 79 Charmosyna diadema ...... 64 Opanara duplicidenta ...... 79 Dermochelys coriacea ...... 125 Opanara fosbergi ...... 79 Diomedea amsterdamensis ...... 109 Opanara megomphala ...... 79 Dipturus batis ...... 17 Opanara perahuensis ...... 79 Draparnaudia anniae ...... 67 Orangia maituatensis ...... 79 Draparnaudia subnecata ...... 69 Partula clara ...... Voir Partula hyalina Ducula galeata ...... 75 Partula filosa ...... 88 Epinephelus itajara ...... 117 Partula hyalina ...... 88 Eretmochelys imbricata ...... 128 Partula otaheitana ...... 88 Gallicolumba erythroptera ...... 85 Partula rosea ...... 88 Gallirallus lafresnayanus ...... 71 Partula varia ...... 88 Helix ceratina ...... Voir Tyrrhenaria ceratina Pomarea nigra ...... 92 Iberolacerta aranica ...... 19 Pomarea whitneyi ...... 95 Isogomphodon oxyrhynchus ...... 47 Pristis pectinata ...... 53 Kondoconcha othnius ...... 79 Pristis perotteti ...... 55 Lantzia carinata ...... 101 Pseudobulweria aterrima ...... 103 Leptodactylus fallax ...... 43 Rhysoconcha variumbilicata ...... 79 Leucocharis pancheri ...... 73 Ruatara koarana ...... 79 Liophis cursor ...... 57 Scotophilus borbonicus ...... 107 Margaritifera auricularia ...... 22 Squatina aculeata ...... 28 Mautodontha boraborensis ...... 79 Squatina oculata ...... 30 Mautodontha ceuthma ...... 79 Squatina squatina ...... 32 Monachus monachus ...... 25 Thalassarche eremita ...... 121 Narcine bancroftii ...... 49 Thunnus maccoyii ...... 113 Nectomys parvipes ...... Voir Nectomys rattus Todiramphus gambieri ...... 98 Nectomys rattus ...... 51 Tyrrhenaria ceratina ...... 34 Opanara altiapica ...... 79 Zingel asper ...... 39 Opanara areaensis ...... 79

7 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

8 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Aspects méthodologiques

Les espèces traitées dans ce document ont été sélectionnées à partir de la base de données de l’UICN sur les espèces menacées au niveau mondial dans sa version 2007 (http://www.iucnredlist.org/). Pour être retenue, chaque espèce devait satisfaire les deux conditions suivantes : être classée dans la catégorie « en Danger critique d’extinction » (CR) et être présente en France métropolitaine ou d’outre-mer. Ce tri préliminaire a abouti à une liste de 131 espèces (59 espèces animales et 72 végétales). Le statut de menace et la position systématique de certaines d’entre elles ont été révisés depuis la mise en ligne de la liste 2007, ce qui a conduit à un changement de catégorie de celles-ci (passage de la catégorie CR à la catégorie « Éteinte », passage de la catégorie CR à une catégorie de menace moins forte, rattachement à une autre espèce). Les 131 espèces résultant de l’extraction préliminaire ont néanmoins toutes fait l’objet d’une fiche dans lequel ce changement de statut a été commenté le cas échéant.

Chaque fiche est constituée des rubriques suivantes :

• noms scientifique et vernaculaire de l’espèce ; • principaux synonymes (en particulier si le nom cité dans la base UICN est différent du nom reconnu actuellement) ; • classification simplifiée ; • écologie (éléments de l’écologie de l’espèce ayant une importance particulière dans sa conservation) ; • répartition (répartition mondiale, puis en France) ; • effectifs et tendances en France ; • justification du classement dans la catégorie CR (reprise, pour mémoire, des arguments ayant conduit les experts de l’UICN à classer cette espèce dans la catégorie CR) ; • menaces actives et potentielles sur les populations actuelles ; • mesures de conservation déjà prises (sont distinguées les mesures légales et réglementaires, les mesures in situ et les mesures ex situ ) ; • propositions de mesures d’action dans les cinq ans à venir. Une conclusion est donnée sur la nécessité ou non de développer un plan de restauration et un tableau synthétique indique les principaux axes de mesures à suivre. S’il est jugé qu’un plan de restauration est inapproprié, les raisons de ce choix sont exposées (cas en particulier des espèces disparues ou invalidées) ; • mesures d’action (les mesures d’action proposées dans le tableau sont détaillées et hiérarchisées : mesures urgentes en rouge , mesures importantes en orange , mesures secondaires en bleu ). Si un plan de restauration est déjà en place, les principales mesures d’action développées dans celui-ci sont parfois rappelées ; • bibliographie sommaire (les principales références sur lesquelles se basent les informations et les arguments développés dans la fiche) ; • noms des rédacteurs et éventuellement des experts consultés, ainsi que leurs organismes de rattachement.

Ces fiches constituent simplement une base de réflexion pour la mise en œuvre d’un plan de restauration. Les mesures proposées restent volontairement synthétiques et seront développées lors de la rédaction du plan. Olivier Escuder et Patrick Haffner

9 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

10 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 ESPÈCES DE FRANCE MÉTROPOLITAINE

Acipenser sturio Linné, 1758 Esturgeon européen

Source : FishBase – Photo R. Andreoli

Classification : Classe : Acinopterygii (Actinoptérygiens) Ordre : Acipenseriformes (Acipenseriformes) Famille : Acpenseridae (Acipenséridés)

Écologie : Cette espèce amphihaline se reproduit en eau douce mais passe la majeure partie de sa vie en mer où elle vit en zone côtière sur le fond à des profondeurs allant de 5 à 60 mètres. Espèce migratrice, l’Esturgeon d’Europe naît en rivière sur les zones de frayères constituées d'un substrat de graviers, galets et blocs. La dernière de ces zones de frayères est située dans la partie moyenne du bassin versant Garonne-Dordogne-Gironde (entre 160 et 270 km de l'embouchure). L’Esturgeon effectue sa dévalaison pour arriver dans l’estuaire de la Gironde pour une période de 1 à 2 ans où il va s’alimenter et grandir. Les Esturgeons immatures effectuent ensuite des allers et retours, plusieurs fois au cours de la saison, entre l’estuaire et le milieu marin côtier, pendant 5 à 6 ans. Le cycle de vie se poursuit par la phase de maturation sexuelle qui a lieu en mer mais on ne sait s’il existe des zones privilégiées de migration et d’alimentation. Les individus matures retournent plus tard et à plusieurs reprises dans sur les zones de frayères du bassin versant Garonne-Dordogne-Gironde.

11 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Répartition :

• Répartition mondiale : historiquement, l’Esturgeon européen occupait la frange littorale de l’Atlantique Nord, de la Manche et de la Mer du nord, du Golfe de Gascogne au cercle polaire, ainsi que celle de la Mer Noire et du nord de la Méditerranée. De là, l’espèce remontait les grands fleuves pour se reproduire. Il n’existe plus aujourd’hui avec certitude qu’une seule population fréquentant l’Atlantique Nord, la Manche et la Mer du Nord.

• Répartition en France : la Garonne est le dernier grand fleuve fréquenté par l’espèce et l’unique zone de fraie connue se trouve dans l’estuaire de la Gironde. L’espèce ne s’y est pas reproduite depuis 1994.

Effectifs et tendances en France : l’Esturgeon européen est en déclin depuis le milieu du XIXe siècle. Cette tendance s’est amplifiée au cours au XXe siècle consécutivement à l’augmentation de la pression de pêche, à l’augmentation de la pollution des rivières et à la construction de barrage. L’espèce est aujourd’hui au seuil de l’extinction. Seul subsiste, aujourd’hui, une population composée de quelques milliers d’individus et dont les juvéniles font défaut.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la liste rouge mondiale de l’UICN, l’Esturgeon d’Europe est classé dans la catégorie CR A2d par le fait que sa population mondiale a subi un déclin constaté de plus de 80% en trois générations et que les causes de la réduction n’ont pas cessé. Ce constat a été établi en se fondant sur l’évolution du niveau d’exploitation de l’espèce.

Menaces : l’Esturgeon d’Europe étant intégralement protégé depuis 1982, les prélèvements volontaires ont pratiquement cessé. Toutefois, l’espèce est encore victime de captures accidentelles ou, plus occasionnellement, de braconnage. Les dernières frayères du seul bassin versant encore occupé par l’espèce sont menacées. Le barrage de Bergerac sur la Dordogne et celui de Golfech sur la Garonne rendent inaccessibles des secteurs de ces deux cours d’eaux pourtant potentiellement favorables. Par ailleurs, l’extraction de granulat altère des zones favorables au frai encore accessibles. Le succès de reproduction est fortement affecté par la pollution due à l’agriculture te aux rejets domestiques et industriels. La très faible taille de la population mondiale combinée à la grande dispersion des individus diminuent encore les possibilités de reproduction. Enfin, il existe un risque de compétition interspécifique avec des espèces proches introduites

Mesures de conservations déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’Esturgeon d’Europe est intégralement protégé en France (arrêté du 25/01/82). Sont interdits en tout temps et sur tout le territoire national pour les spécimens vivants la destruction ou l’enlèvement des œufs, la destruction, la mutilation, la capture ou l’enlèvement ou la naturalisation ; pour les spécimens vivants ou mort, le transport, l’utilisation, la mise en vente, la vente ou l’achat d’esturgeons provenant du territoire national. Il est également inscrit aux annexes II (espèce prioritaire) et IV de la Directive Habitats-Faune-Flore, à l’annexe II de la convention de Barcelone, à l’annexe II de la convention de Berne, à l’annexe II

12 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 de la convention de Bonn, à l’annexe V de la convention OSPAR, à l’annexe I de la convention de Washington et l’annexe A du règlement communautaire CITES.

• Mesures in situ : un programme Life-Nature a été lancé en 1994 pour tenter de restaurer l’espèce. Il comportait en particulier un volet connaissance (caractérisation des frayères et suivi de la population de Gironde) et un volet sensibilisation (pêcheurs essentiellement).

• Mesures ex situ : dans le cadre du programme Life, un élevage a été créé à partir d’individus sauvages et des alevins issus d’une reproduction semi-artificielle ont été relâchés. En 2007, la première reproduction artificielle a été réussie par les agents du CEMAGREF.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures d’urgence : - Les mesures de protection et de restauration des habitats clefs de l’Esturgeon d’Europe pourront être prises en particulier dans le cadre d’OSPAR et de Natura 2000 mer. L’Agence des Aires marines protégées devrait également pouvoir jouer un rôle majeur (projet de Parc naturel marin).

Mesures importantes : - Des études restent à faire sur la biologie de l’espèce (programme de connaissance Natura 2000 en mer), en particulier en mer. Les mesures visant à éviter les captures accidentelles ou intentionnelles doivent être renforcées en France comme en Europe. Un suivi plus rigoureux des stocks est également souhaitable. - Un plan d’action européen a été validé lors de la 27 e réunion du Comité permanent de la Convention de Berne. La France, par le biais de son ministère chargé de l’Ecologie, en avait partiellement financé l’étape préparatoire. Il convient maintenant de le décliner au niveau national. Il propose des mesures in situ (objectifs : réduction significative de la mortalité, contrôle des espèces allochtones, protection et restauration des habitats essentiels et de leur connectivité, restauration de la qualité de l’eau) et ex situ (constitution d’un stock reproducteur et réintroduction). Le plan insiste sur la nécessité d’une coopération internationale.

Bibliographie sommaire : BENSETTITI F. & GAUDILLAT V. coord. 2002. Espèces animales. Cahiers d’Habitats Natura 2000. Tome 7. La Documentation française, Paris 353 p. KEITH P., ALLARDI J. & MOUTOU B. 1992. Livre rouge des espèces menaces de Poissons d’eau douce de France et bilan des introductions. MNHN/CSP/CEMAGREF, Paris 120 p.

13 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 ROCHARD E. 2001. L’Esturgeon européen. Acipenser sturio Linné 1758. In : KEITH P. & ALLARDI J. coord. Atlas des poisons d’eau douce de France. MNHN, Paris : 108-111 ROSENTHAL H., BRONZI P., GESSNER J., MOREAU D., ROCHARD E. & LASÉN C. eds. 2007. Draft Action Plan for the conservation and restoration of the European Sturgeon ( Acipenser sturio ). Document T-PVS/Inf (2007) 4 rev. 27 e Comité Permanent de la Convention de Berne (Strasbourg, 26-29 novembre 2007). Conseil de l’Europe, Strasbourg 47 p. Sturgeon Specialist Group 1996. Acipenser sturio . In : IUCN 2007. 2007 IUCN Red List of Threatened Species. , consulté le 11 mars 2008.

Rédacteur : Patrick Haffner (MNHN/SPN) Expert(s) consulté(s) : Anne-Claude Vaudin (MNHN/SPN/MPA)

14 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Bythinella bicarinata (Des Moulins, 1827) Bythinelle carénée

Synonyme le plus ancien : Paludina bicarinata Des Moulins, 1827.

Photo ou dessin : vue de face (2a), de haut (2b) et de profil (2c) ; barre d’échelle 1 mm

Classification : Embranchement : (Mollusques) Classe : (Gastéropodes) Famille : Amnicolidae (Gastéropode operculé d’eau douce) Genre : Bythinella (Bythinelle ; parmi les petits gastéropodes operculés des eaux douces, le groupe le plus diversifié en Europe).

Contexte taxonomique : Cette espèce est l’une des rares Bythinelles reconnaissables aisément sur des critères relevant uniquement de la coquille. Celle-ci est en effet remarquable par sa forme nettement carénée, c’est-à-dire clairement anguleuse. C’est donc sur ce seul critère que des générations de taxonomistes ont reconnu cette forme, uniquement présente dans la source de la Couze (Dordogne), comme une bonne espèce. Cependant des données moléculaires récentes suggèrent que le nom B. bicarinata pourrait être applicable à d’autres bythinelles de la malacofaune de France. En d’autres termes, la bythinelle carénée de la source de la Couze ne serait qu’une forme locale d’une espèce dont la répartition pourrait s’étendre du Sud jusqu’au Nord de la France, voire en Belgique et en Allemagne.

Écologie : D’une manière générale les Bythinelles vivent à l’émergence des eaux souterraines et des petits écoulements en tête de bassin. En ce qui concerne B. bicarinata , cet vit au niveau d’une source captée dans le village de la Couze. Aucune étude écologique n’a été réalisée pour caractériser plus précisément les paramètres physico-chimiques de cet habitat.

15 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Répartition : Uniquement connue de sa localité type : la fontaine de la Vierge dans le village de La Couze près de Lalinde en Dordogne.

Effectifs et tendance en France : Il est très difficile de quantifier la population de cette espèce qui probablement subit de larges fluctuations saisonnières. Mais il est probable que une petite source comme celle de la Couze peut abriter plusieurs milliers d’individus.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, l’espèce est classée CR A1ce en raison de l’extrême réduction de son habitat qui par ailleurs est directement menacé par des modifications drastiques et irréversibles.

Menaces : la Bythinelle carénée est menacée par toutes modifications directes ou indirectes pouvant affecter son habitat : curetage, maçonnerie, pollutions chimiques. L’extinction pourrait donc potentiellement survenir très rapidement.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : Bythinella bicarinata bénéficie d’une protection à l’échelon national (article 2 de l’arrêté du 23 avril 2007).

• Mesures in situ : aucune

• Mesures ex situ : aucune

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Bibliographie sommaire : Bernasconi, R. (2000) Révision du genre Bythinella (Moquin-Tandon, 1855) (Gastropoda, Prosobranchia, Hydrobiidae, Amnicolinae, Bythinellini). Documents Malacologiques , Hors-série n°1, 1-126. Boeters, H.D. (1973) Die gattung Bythinella und die gattung Marstoniopsis in westeuropa, 1. Westeuropäische hydrobiidae, 4 (prosobranchia). Malacologia , 14, 271-285. Bichain, J.M. (2007) La systématique des bythinelles revisitée : Apports des outils moléculaires et morphométriques à la délimitation des espèces dans le genre Bythinella Moquin-Tandon, 1856 (Mollusca, Caenogastropoda, Amnicolidae). 256 pp. Falkner, G., Ripken, Th.E.J. & Falkner, M. (2002) Mollusques continentaux de la France : liste de référence annotée et bibliographie . Patrimoines Naturels, 52, 350 pp. Girardi, H. (1991) Observation sur Bythinella ( Brachypyrgula ) bicarinata (Des Moulins, 1827) et Bythinella ( Bythinella ) moulinsi (Dupuy, 1849) (Mollusca, Gasteropoda). Bulletin de la Société de Sciences Naturelles du Vaucluse , 23-26.

Rédacteurs : Jean-Michel Bichain (attaché MNHN), Olivier Gargominy (MNHN/SPN) Expert consulté : Bernard Recorbet (DIREN Corse)

16 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Dipturus batis (Linné, 1758) Pocheteau gris

Principaux synonymes : Raja (Dipturus) batis L. 1758

Classification : Embranchement : Chordata, Classe : Chondrichthyes, Sous-classe : Elasmobranchii, Ordre : Rajiformes, Famille : Rajidae.

Écologie : raie benthique des fonds sablo-vaseux du plateau continental et de la pente continentale, entre 30 et 600 m de profondeur, mais plus particulièrement entre 100 et 200 m de profondeur.

Répartition :

• Répartition mondiale : Atlantique Nord-est, de l’Islande et de la Norvège au Sénégal, et en Méditerranée.

• Répartition en France : toutes les côtes métropolitaines de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée.

Effectifs et tendance en France : Effectifs inconnus. Espèce en régression.

Justification du classement dans la catégorie CR : cette grande raie (250 cm LT, la plus grande des raies européennes) était autrefois abondante dans toute son aire de répartition et l’une des plus importante dans les pêches françaises ; elle est devenue extrêmement rare, dans plusieurs pêcheries européennes ; elle ne subsiste que dans certaines pêcheries profondes écossaises et irlandaises.

Menaces : Sa grande taille la rend particulièrement vulnérable à la pêche chalutière. L’intense pression de pêche dans les mers européennes.

17 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : inscrite dans la liste OSPAR des espèces et habitats menacés et/ou en déclin, pour toutes les zones où l’espèce est présente.

• Mesures in situ : aucune

• Mesures ex situ : aucune

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesure d’urgence : - Protection réglementaire de l’espèce. - Plan de restauration à mettre en oeuvre

Mesures importantes : - Acquisition de connaissances (biologie)

Bibliographie sommaire : - Jean-Claude, QUERO – 1984. Les poissons de mer des pêches françaises. J. Grancher ed., Paris, 394 pp. - P.J.P WHITEHEAD, M.-L. BAUCHOT, J.-C. HUREAU, J. NIELSEN & E. TORTONESE, 1984. Fishes of the North-eastern Atlantic and the Mediterranean . Volume 1. UNESCO, Paris : 510 pp.

Rédacteur & expert : Bernard Séret (IRD / MNHN)

18 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Iberolacerta aranica (Arribas, 1993) Le Lézard du val d’Aran

Principaux synonymes : Iberolacerta bonnali aranica Arribas, 1993

Classification : Classe : Reptiles Ordre : Squamates Sous-ordre : Sauriens Famille : Lacertidés

© P. Geniez

Justification du classement dans la catégorie CR : Selon la liste rouge mondiale de l’UICN, cette espèce est classée dans la catégorie « CR », car d’une part, sa répartition est à la fois très restreinte (<100 km 2) et sévèrement fragmentée, et d’autre part, parce qu’on peut s’attendre dans le futur à la diminution et à l’altération des habitats favorables de cette espèce. Toutefois, l’amélioration récente des connaissances sur cette espèce, notamment de sa répartition, a entraîné son classement « seulement » dans la catégorie « EN » lors de l’élaboration de la liste rouge UICN des amphibiens et reptiles de France, en novembre 2007.

Écologie : Le Lézard montagnard du val d’Aran se rencontre sur les rochers, les talus rocheux, dans les éboulis et les pelouses en guirlande (gispetières ouvertes), au-dessus de la limite supérieure de la forêt. Discret, il fuit les grandes chaleurs et ne s’expose au soleil que sur de périodes le matin, le soir, après la pluie ou lors des brèves apparitions du soleil par temps couvert. Sa nourriture se compose principalement d’insectes et autres petits arthropodes.

Répartition :

• Répartition mondiale : Ce lézard, endémique de l’étage alpin des Pyrénées centrales, est une des espèces de reptiles les plus localisées au monde. Il est présent en Espagne et en France.

• Répartition en France : En France, la surface connue occupée par ce lézard est d’à peine 33 km 2 et s’étend sur une étroite bande du cap de la Pique au massif du mont Valier inclus (Ariège), entre 1600 et 2750 m d’altitude.

Effectifs et tendance en France : Il n’y a pas d’information ni sur les effectifs ni sur leur évolution. Toutefois, en l’absence de perturbation particulière dans les zones où est connue l’espèce, il est raisonnable de penser que les populations de cette dernière n’ont globalement pas ou peu évolué défavorablement jusqu’à présent.

Menaces : Nombreux sont les facteurs pouvant fragiliser les populations de cette espèce et entrainer sa disparition : diminution et altérations des habitats avec le développement d’infrastructures (chemins, routes, chalets, refuges de montagne, stations de ski, etc.) ; 19 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 prédation par les animaux domestiques (chats en particulier), collectes d’individus par les collectionneurs d’animaux. D’autre part, le Lézard du val d’Aran est une espèce dont le profil écologique conduit à penser qu’elle sera vraisemblablement sensible au réchauffement climatique, ce dernier entraînant inévitablement une remontée du domaine bioclimatique alpin auquel est inféodée cette espèce, donc, au final, une réduction de la surface de son habitat favorable.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et règlementaires : Au niveau européen, cette espèce est inscrite à l’annexe III de la convention de Berne.

• Mesures in situ : En France, trois sites Natura 2000 recouvrent une bonne partie de l’aire de répartition de ce lézard, à l’exception des populations du versant est du Mont Valier.

• Mesures ex situ : Néant.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesure d’urgence : - Afin de préserver le Lézard du val d’Aran en France, la poursuite des investigations sur le terrain visant à connaître le plus précisément possible la répartition de cette espèce et la protection réglementaire des espaces où elle est présente sont autant d’actions indispensables à mener dans un futur le plus proche possible, afin d’assurer sa conservation à long terme.

Mesures importantes : - Cette espèce, très rare et très localisée, pour laquelle la responsabilité conservatoire de la France est élevée, devrait être protégée au niveau national, ce qui n’est pas le cas au regard du dernier arrêté de protection des amphibiens et reptiles de France (Arrêté du 19 novembre 2007). - En outre, pour s’assurer du bon état de conservation de l’espèce sur le territoire national, la mise en place d’un programme de suivis de populations devra être encouragée.

20 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Bibliographie sommaire : Arribas, O. J. (2002). Lacerta aranica Arribas, 1993. In : Pleguezuelos, J. M., R. Márques et M. Lizana (2002). Atlas y libro rojo de los amphibios y reptiles de España . Madrid, Dirección general de conservación de la Naturaleza - Asociación Herpetologica española (2 a impresión) : 215-217. Arribas, O. J. (2007). Istòria Naturau e Evolucion dera Cernalha Aranesa, Iberolacerta aranica (Arribas, 1993) . Consell Generau d'Aran. Gráficas Alós. Huesca. 446 pp. Pottier, G. et J. Garric (2006). Observation du Lézard pyrénéen du Val d'Aran Iberolacerta (Pyrenesaura ) aranica (Arribas, 1993) (Reptilia, Sauria, Lacertidae) dans le massif du Mont Valier (Ariège, France), nouvelle limite orientale connue de l'espèce. Bulletin de la Société Herpétologique de France 117 : 57-64. Tessier, M. (2007). Conservation du lézard pyrénéen aranais en Ariège, résultats de la campagne 2005 et 2006 dans le Biros. Natures d'Ariège Infos ANA-CDENA-CPIE 66 : 4-5.

Rédacteur : Jean-Christophe de Massary (MNHN/SPN) Experts consultés : Oscar J. Arribas, Gilles Pottier (Nature Midi-Pyrénées), Jean-Pierre Vacher (Bufo/SHF)

21 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Margaritifera auricularia (Spengler, 1793) Grande Mulette

Principaux synonymes : Pseudunio auricularius (Spengler, 1793)

Photo R. M. Alvarez Halcon

Classification : Embranchement : Mollusca (Mollusques), Classe : Bivalvia (Bivalves), Famille : Unionidae (Naïades).

Écologie : dans le lit des cours d’eau majeurs lents, sur substrat graveleux. Moins exigeante que d’autres mulettes quant à la qualité de l’eau. Tributaire de poissons-hôtes pour la reproduction et la dispersion des larves : l’Esturgeon d’Europe Acipenser sturio est considéré comme le poisson hôte principal en conditions naturelles bien que d’autres espèces puissent accueillir les larves.

Répartition :

• Répartition mondiale : répartition historique ouest-européenne, actuellement connue uniquement de France et d’Espagne. Les populations marocaines sont aujourd’hui considérées comme appartenant à une espèce distincte, Margaritifera marocana Pallary, 1918. Actuellement connue de 5 cours d’eau uniquement.

• Répartition en France : Vienne et Creuse, Charente. Les populations du bassin de la Seine semblent éteintes depuis peu.

Effectifs et tendance en France : quelques 1 000 individus estimés sur la Vienne et la Creuse, plus de 20 000 estimés sur la Charente qui constitue ainsi la plus importante station connue de l’espèce. Des populations subsisteraient éventuellement dans le bassin de la 22 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Dordogne. Dans ces stations, nous n’avons pas d’indice de reproduction et les populations semblent sénescentes. La longue durée de vie des animaux permet en effet la survie de populations gérontiques bien après l’arrêt des possibilités de reproduction.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, l’espèce est classée dans la catégorie CR car son habitat a été réduit de plus de 90% sur les trois derniers siècles et, les individus étant sédentaires, la population a dû être conséquemment réduite d’au moins 80% sur les trois dernières générations. Les causes n’ayant pas cessé, l’espèce peut être catégorisée CR A2c.

Menaces : la Grande Mulette est menacée par les aménagements de cours d’eau (curages, rectifications, barrages) et la disparition de son poisson-hôte présumé, l’Esturgeon d’Europe, sans lequel la reproduction ne peut pas avoir lieu. Il s’agit d’un exemple remarquable d’enchaînement d’extinction. L’impact de la détérioration de la qualité de l’eau est mal connu mais pourrait constituer une menace importante notamment pour la reproduction. Les populations connues sont sénescentes et la reproduction de l’espèce n’est pas prouvée en conditions naturelles en France.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : Margaritifera auricularia bénéficie d’une protection à l’échelon national (article 2 de l’arrêté du 23 avril 2007). Elle est également listée à l’annexe IV de la Directive 92/43/CEE « Habitats, Faune, Flore » de l’Union européenne et à l’annexe II de la convention de Berne.

• Mesures in situ : des actions sont prévues dans le cadre d’un plan national de restauration. La station charentaise est incluse dans un site Natura 2000.

• Mesures ex situ : Le plan de restauration prévoie notamment l’élevage de Grandes Mulettes en aquarium.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration de l’espèce est nécessaire.

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi (monitoring) des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures à prendre :

Mesures d'urgence : - Sur les stations connues, les aménagements (curage, recalibrage, barrages) devraient être proscrits. La restauration de la transparence des cours d’eau pour les poissons migrateurs constitue un objectif majeur pour la reproduction. - Intégrer la problématique Grande Mulette dans toutes les études d'impact concernant l'aménagement ou la modification de cours d'eau dans la partie Ouest- Sud-ouest de la France pour éviter la destruction non intentionnelle des populations subsistantes.

23 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures importantes : - La réintroduction de l’Esturgeon d’Europe et le rétablissement de ses populations semblent indispensables pour permettre la reproduction de l’espèce. - Des prospections dans les grands cours d’eau français devraient permettre d’évaluer l’importance de la population présente sur le territoire national : des coquilles fraîches ont été collectées notamment dans le Sud-Ouest où des populations supplémentaires pourraient subsister. - Soutenir le plan de restauration de l'espèce de manière à garantir son bon déroulement et son application concrète. - Mettre en place une structure permettant la reproduction "artificielle" de l'espèce en aquarium en vue de réintroduction dans le milieu naturel - Améliorer les connaissances sur les poissons-hôtes.

Bibliographie sommaire : - A RAUJO , R. & M. A. RAMOS 1998. - Margaritifera auricularia (Unionoidea, Margaritiferidae), the giant freshwater pearl mussel rediscovered in Spain. Graellsia 54: 129-130. - A RAUJO , R. & M. A. RAMOS 2001.- Action plans for Margaritifera auricularia and Margaritifera margaritifera in Europe . Council of Europe Publishing, Strasbourg, 64 pp. - C OCHET , G. 2001. - Redécouverte d’une population vivante de la Grande Mulette, Margaritifera auricularia , sur la Vienne et la Creuse. Recherches Naturalistes en Région Centre 10: 3-16. - PRIE , V., COCHET , G., PHILIPPE , L., RETHORET , H. & FILALI , R. 2008. - Une population majeure de la très rare Grande Mulette Margaritifera auricularia (Spengler, 1793) (Bivalvia : Margaritiferidae) dans le fleuve Charente (France). MalaCo, 5.

Rédacteurs : Vincent Prié (Biotope), Olivier Gargominy (MNHN/SPN) Expert(s) consulté(s) : Gilbert Cochet (attaché MNHN)

24 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Monachus monachus (Hermann, 1779) Phoque moine

Classification : Classe : Mammalia (Mammifères) Ordre : Carnivora (Carnivores) Famille : Phocidae (Phocidés)

Écologie : le Phoque moine s’accommodait anciennement de tout type de côtes, y compris les plages sableuses. Ces dernières, ayant connu une forte augmentation de la fréquentation humaine, ont été désertées au cours du 20 e siècle et l’espèce ne fréquente pratiquement plus maintenant que les côtes rocheuses. Les grottes marines, qui constituent aujourd’hui les abris les plus fréquemment utilisés ne constituent pas des habitats optimaux. Le régime alimentaire du Phoque moine est composé essentiellement de poissons, de poulpes, voire de tortues marines. Toutes ces proies sont pêchées non loin des côtes et à des profondeurs peu importantes. D’un point de vue général, de par son écologie, le Phoque moine est en interaction constante avec les activités humaines (tourisme, pêche). L’essentiel des populations de l’espèce, déjà fragmentées, se trouvant dans des régions fortement peuplées, les dérangements, voire la mortalité, occasionnés par ces interactions conduisent à un déclin inéluctable de l’espèce.

Répartition :

• Répartition mondiale : à l’origine, le Phoque moine occupait la quasi-totalité des côtes de la Méditerranée, de la Mer noire et d’une partie de l’Atlantique nord, du Détroit de Gibraltar à la Mauritanie (Cap Blanc), y compris les archipels de Madère et des Canaries. Il a aujourd’hui disparu d’une grande partie de son aire historique, n’occupant plus que des colonies dispersées, voire isolées, essentiellement en Mers Égée et Ionienne pour la Méditerranée, autour du Cap blanc et dans l’archipel de Madère (Ponta de São Laurenço et Ilhas Desertas) pour l’Atlantique.

• Répartition en France : l’espèce s’est reproduite sur le littoral des Pyrénées- Orientales jusqu’à la fin du 19 e siècle, de la région de Marseille aux îles d’Hyères jusqu’au début des années 30 et en Corse jusqu’en 1976. L’espèce est aujourd’hui considérée comme disparue en France, même si des individus sont aperçus occasionnellement au large de la Corse et de la Provence depuis que l’espèce a cessé de s’y reproduire.

25 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Effectifs et tendance en France : la population mondiale est estimée à 350-450 individus. Elle est en déclin constant depuis le 20 e siècle. Les effectifs français peuvent être considérés comme nuls. Seuls des individus isolés fréquentent encore occasionnellement les eaux côtières de Corse ou de Provence, mais sans venir se reposer sur le rivage. Ainsi, plusieurs observations ont été effectuées en 2007, concernant probablement le même individu. L’origine de ces quelques animaux apparemment erratiques serait néanmoins intéressante à connaître.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, l’espèce est classée dans la catégorie CR C2a car que sa population est composée de moins de 250 individus matures, est en déclin et est fortement fragmentée.

Menaces : la principale cause de la disparition du Phoque moine sur les côtes de la Corse est la persécution dont l’espèce faisait l’objet car elle était accusée par les pêcheurs locaux d’être à l’origine de la baisse des stocks de poisson. En fait, la surpêche a probablement été un facteur ayant précipité de déclin de l’espèce. Enfin, le dérangement occasionné par la fréquentation accrue du rivage, liée en particulier à l’essor du tourisme, a certainement joué un rôle négatif. Cette forte fréquentation rend très improbable un retour de l’espèce.

Mesures de conservations déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : le Phoque moine est inscrit à l’article 1 de l’arrêté du 27 juillet 1995 fixant la liste des mammifères marins protégés sur le territoire national (un nouvel arrêté ministériel Mammifères marins est en cours). Il est également inscrit aux annexes II et IV de la Directive Habitats-Faune-Flore, à l’annexe II de la convention de Barcelone, à l’annexe II de la convention de Berne, aux annexes I et II de la convention de Bonn, à l’annexe I de la convention de Washington et à l’annexe A du règlement communautaire CITES.

• Mesures in situ : une réserve naturelle a été créée sur la presqu’île de Scandola en 1975 en partie pour le Phoque moine, mais malheureusement trop tardivement. L’espèce y avait en effet été abondante avant son éradication. Le sanctuaire Pelagos, est dédié aux Mammifères marins. Le Phoque moine devrait donc en bénéficier. D’un point de vue général, le Phoque moine pourrait bénéficier de tout espace naturel protégé ou géré de façon à canaliser la fréquentation humaine.

• Mesures ex situ : un projet d’élevage de Phoques moines au delphinarium d’Antibes, avec l’objectif de réintroduire l’espèce dans les îles d’Hyères a été élaboré dans les années 90 mais n’a pas vu le jour.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration n’est pas nécessaire, l’espèce étant considérée comme éteinte. Toutefois, afin de favoriser un très hypothétique retour de l’espèce, les mesures suivantes doivent être prises :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

26 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures d’action :

Mesures importantes : - Compte-tenu du caractère accidentel des observations du Phoque moine dans les eaux françaises, de la faible probabilité de son retour spontané (population mondiale en déclin) et des faibles probabilités de réintroduction (habitats favorables soumis à une trop forte pression humaine), la mise en œuvre d’un plan d’action ne semble pas prioritaire. Par ailleurs, il est maintenant peu souhaitable d’envisager une capture d’individus au sein des dernières populations viables pour une réintroduction immédiate ou une mise en élevage tant celles-ci sont fragiles. Toutefois, même si un retour spontané de l’espèce est très improbable, les dernières plages corses susceptible d’accueillir le Phoque moine ainsi que les grottes pouvant servir de refuge devraient faire l’objet d’une attention particulière. Des mesures visant à en limiter par tous moyens la fréquentation humaine devraient être mises en place. Cette mise en défend des lieux devrait de toute façon bénéficier à d’autres espèces de faune ou de flore. Le sanctuaire Pelagos créé entre Italie, Monaco et la France pourrait donner un fondement juridique à cette démarche. Des actions de sensibilisation sont aussi envisageables, tant auprès du grand public que des pêcheurs.

Mesures secondaires : - Il serait souhaitable d’organiser la centralisation et la validation des rares observations effectuées dans les eaux françaises afin de pouvoir déceler d’éventuelles tendances. - Dans la mesure où une recolonisation de la France ne peut se faire qu’à partir de populations étrangères, la France pourrait promouvoir des programmes de conservation internationaux visant à restaurer les populations viables là où elles existent encore et à assurer les capacités d’accueil dans des secteurs géographiques occupés par l’espèce dans le passé. La Directive-Habitat-Faune-Flore, en particulier son volet « mer » et certaines conventions internationales (Pelagos Mer des Ligures) pourraient servir de support à ces plans d’actions ou ses programmes.

Bibliographie sommaire : Council of Europe 1992. Conservation of the Mediterranean Monk Seal. Technical and scientific aspect . Environmental encounters n° 13. Convention on the Conservation of European Wildlife and Natural Habitats. Council of Europe Press, Strasbourg 94 p. JOHNSON W.M., LAVIGNE D.M. 1998. The Mediterranean Monk Seal Conservation Guidelines. International Marine Association Inc, Guelph, Ontario 152 p. NOBLET J.-F. dir. 1987. Les Mammifères de Corses. Espèces éteintes et actuelles. Parc Naturel Régional de Corse, Ajaccio 164 p. REIJNDERS P., Van der TOORN J., Van der WOLF P., BOYD I., HARWOOD J., LAVIGNE D. & LOWRY L. 1993. Seals, Fur Seals, Sea Lions and Walrus. Status, survey and conservation action plan. IUCN/SSC Seal Specialist Group. IUCN, Gland 88 p. REIJNDERS P.J.H., PRIOGIONI C., BRASSEUR S.M.J.M. & RIES E.R. 1999. Monachus Monachus . (Hermann, 1779). In : MITCHELL-JONES A. J., AMORI G., BOGDANOWICZ W., KRYŠTUFEK B., REIJNDERS P. J. H., SPITZENBERGER F., STUBBE M., THISSEN J. B. M., VOHRALÍK V. & ZIMA J. Atlas of European . The Academic Press, London : 376-377 ROBINEAU D. 2004. Phoques de France . Faune de France 88. Fédération Française des Sociétés de Sciences Naturelles, Paris 199 p. UICN 2007 Monachus monachus . In : IUCN 2007. European Mammal Assessment. http://ec.europa.eu/environment/nature/conservation/species/ema/index.htm, consulté le 14/02/2008

Rédacteur : Patrick Haffner (MNHN/SPN) Experts consultés : François Moutou (SFEPM), Bernard Recorbet (DIREN Corse) 27 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Squatina aculeata Cuvier, 1829 Ange de mer épineux

Classification : Embranchement : Chordata, Classe : Chondrichthyes, Sous-classe : Elasmobranchii, Ordre : Squatiniformes, Famille : Squatinidae.

Écologie : requin benthique des fonds sablo-vaseux du plateau continental et de la pente continentale, entre 50 et 500 m de profondeur.

Répartition :

• Répartition mondiale : Atlantique Nord-est, depuis la Norvège jusque la Mauritanie, îles Canaries, et Méditerranée.

• Répartition en France : toutes les côtes métropolitaines de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée.

Effectifs et tendance en France : Effectifs inconnus. Espèce en régression.

Justification du classement dans la catégorie CR : en raison fait de sa grande taille (250 cm LT), cet ange de mer est très vulnérable aux différents modes de pêche (chaluts, filets maillants, palangres de fond) ; de plus, l’effort de pêche est intense dans toute son aire de répartition. Son abondance a fortement décliné au cours des dernières décennies, et son aire de répartition s’est considérablement réduite. L’espèce est considérée « éteinte » de la Mer du Nord (ICES ACFM 2005), et « extirpée » des régions nord-méditerranéennes.

Menaces : Sa grande taille la rend particulièrement vulnérable à la pêche chalutière à l’intense pression de pêche dans les mers européennes.

28 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : son inscription à la liste OSPAR a été proposée en 2007, mais l’espèce ne semble pas corresponde aux critères Texel-Faial car 30% seulement de ses populations se situent dans les zones OSPAR II, III et IV.

• Mesures in situ : aucune

• Mesures ex situ : aucune

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesure d’urgence : - Protection réglementaire de l’espèce. - Plan de restauration à mettre en oeuvre

Mesures importantes : - Acquisition de connaissances (biologie)

Bibliographie sommaire : - IUCN, 2007 - 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org . - WHITEHEAD P.J.P., BAUCHOT M.L., HUREAU J.C., NIELSEN J. & E. TORTONESE, 1984. - Fishes of the North-eastern Atlantic and the Mediterranean . Volume 1. UNESCO, Paris : 510 pp.

Rédacteur & expert : Bernard Séret (IRD / MNHN)

29 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Squatina oculata Bonaparte, 1840 Ange de mer de Bonaparte

Classification : Embranchement : Chordata, Classe : Chondrichthyes, Sous-classe : Elasmobranchii, Ordre : Squatiniformes, Famille : Squatinidae.

Écologie : requin benthique des fonds sablo-vaseux du plateau continental et de la pente continentale, entre 5 et 500 m de profondeur.

Répartition :

• Répartition mondiale : Atlantique Est, depuis le Maroc jusqu’en Angola, et en Méditerranée.

• Répartition en France : côtes méditerranéennes.

Effectifs et tendance en France : Les pêches françaises débarquent de 1 à 3 t / an d’anges de mer (toutes espèces confondues, mais principalement l’Ange commun S. squatina ) depuis 1990.

Justification du classement dans la catégorie CR : Du fait de sa grande taille (160 cm LT), cet ange de mer est très vulnérable aux différents modes de pêche (chaluts, filets maillants, palangres de fond) ; de plus, l’effort de pêche est intense dans toute son aire de répartition. Son abondance a fortement décliné au cours des dernières décennies. Les anges de mer ont diminué de 95% dans les pêcheries portugaises opérant sur les côtes du Maroc et de Mauritanie. Les pêcheries industrielles soviétiques ont également contribué au déclin des populations d’ange de mer sur les côtes nord-ouest africaines dans les années 70-80.

Menaces : Sa grande taille la rend particulièrement vulnérable à la pêche chalutière et à l’intense pression de pêche dans toute son aire de répartition, et notamment des pêcheries industrielles chalutières sur les côtes nord-ouest africaines.

30 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : aucune

• Mesures in situ : aucune

• Mesures ex situ : aucune

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesure d’urgence : - Protection réglementaire de l’espèce. - Plan de restauration à mettre en oeuvre

Mesures importantes : - Acquisition de connaissances (biologie)

Bibliographie sommaire : - IUCN, 2007 - 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org. - WHITEHEAD P.J.P., BAUCHOT M.L., HUREAU J.C., NIELSEN J. & E. TORTONESE, 1984. - Fishes of the North-eastern Atlantic and the Mediterranean . Volume 1. UNESCO, Paris : 510 pp.

Rédacteur & expert : Bernard Séret (IRD / MNHN)

31 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Squatina squatina (Linné, 1758) Ange de mer commun

Classification : Embranchement : Chordata, Classe : Chondrichthyes, Sous-classe : Elasmobranchii, Ordre : Squatiniformes, Famille : Squatinidae.

Écologie : requin benthique des fonds sablo-vaseux du plateau continental depuis la côte jusque 150 m de profondeur. .

Répartition :

• Répartition mondiale : Atlantique Nord-est, depuis la Norvège jusque la Mauritanie, Iles Canaries, et Méditerranée. • Répartition en France : toutes les côtes métropolitaines de la Manche, de l’Atlantique et de la Méditerranée.

Effectifs et tendance en France : Les pêches françaises débarquent de 1 à 3 t / an d’anges de mer (toutes espèces confondues, mais principalement l’ange commun) depuis 1990.

Justification du classement dans la catégorie CR : en raison de sa grande taille (250 cm LT), cet ange de mer est très vulnérable aux différents modes de pêche (chaluts, filets maillants, palangres de fond) ; de plus, l’effort de pêche est intense dans toute son aire de répartition. Son abondance a fortement décliné au cours des dernières décennies, et son aire de répartition s’est considérablement réduite. L’espèce est considérée « éteinte » de la Mer du Nord (ICES ACFM 2005), et « extirpée » des régions nord-méditerranéennes.

Menaces : Sa grande taille la rend particulièrement vulnérable à la pêche chalutière. L’intense pression de pêche dans les mers européennes.

32 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : son inscription à la liste OSPAR a été proposée en 2007, mais l’espèce ne semble pas corresponde aux critères Texel-Faial car 30% seulement de ses populations se situent dans les zones OSPAR II, III et IV.

• Mesures in situ : aucune

• Mesures ex situ : aucune

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesure d’urgence : - Protection réglementaire de l’espèce. - Plan de restauration à mettre en oeuvre.

Mesures importantes : - Acquisition de connaissances (biologie)

Bibliographie sommaire : - ICES, 2005. Report of the Study Group on Elasmobranch Fishes. ICES Headquarters 6-10 May 2002, ICES CM 2002/G :O8. - IUCN, 2007 - 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org. - QUERO J.C., 1984. - Les poissons de mer des pêches françaises. J. Grancher ed., Paris, 394 pp. - WHITEHEAD P.J.P., BAUCHOT M.L., HUREAU J.C., NIELSEN J. & E. TORTONESE, 1984. Fishes of the North-eastern Atlantic and the Mediterranean . Volume 1. UNESCO, Paris : 510 pp.

Rédacteur & expert : Bernard Séret (IRD / MNHN)

33 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Tyrrhenaria ceratina (Shuttleworth, 1843) Escargot de Corse ; Hélix de Corse

Principaux synonymes : Helix ceratina Shuttleworth, 1843.

Classification : Embranchement : Mollusca (Mollusques), Classe : Gastropoda (Gastéropodes), Famille : Helicidae (Hélicidés).

Écologie : La végétation du cordon littoral de Campo dell'Oro occupé par Tyrrhenaria ceratina est caractérisée par un groupement d'arrière-dune fixée du Crucianellion maritimae (Crucianellion), dans lequel abondent Scrophularia ramosissima et Genista salzmannii . Ce genêt endémique régional (Corse, Sardaigne, Elbe, Italie du Nord) est représenté en Corse par 34 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 deux variétés : la var. lobelioides , caractéristique de l'étage montagnard, et la var. salzmannii , qui la relaie vers le bas dans l'étage supra-méditerranéen. La forme présente à Campo dell'Oro est la var. salzmannii et ce site se trouve être la seule localité du littoral corse où il existe en formations denses et étendues.

La densité de Tyrrhenaria ceratina paraît maximale dans les secteurs où la végétation se présente sous forme de mosaïque ouverte et semi-ouverte, près du haut de plage, avec une faible couverture de lichen. Dans les zones de lande dense à genêts et/ou importante couverture de lichens, l'escargot manque totalement. Sur les terrains non clôturés jusqu’en 2001, l'habitat a été fortement endommagé par le piétinement et le passage des véhicules. Les genêts de Salzmann, qui forment des petits fourrés épineux, ne constituent plus alors que de petits îlots de quelques mètres carrés offrant une protection contre le piétinement. Les études sur le régime alimentaire menées en 2001 et 2002 ont montré l’importance capitale de ce végétal pour son alimentation.

Répartition :

• Répartition mondiale : Endémique de Corse.

• Répartition en France : L'aire de répartition de Tyrrhenaria ceratina est restreinte au lieu dit Campo dell'Oro, au sud-est d'Ajaccio, et couvre actuellement au total 6,1 ha fragmentés en 8 parcelles. L'aire d'occurrence de l'espèce est limitée à la zone comprise entre l'ancienne embouchure de la Gravona (maintenant détournée vers le Prunelli) et celle du Prunelli, sur une longueur de 2 km et à une distance de 30-160 m de la mer.

Effectifs et tendance en France : Tyrrhenaria ceratina est sans aucun doute un des escargots les plus menacés de France, inscrit comme "Gravement menacé d'extinction" dans la Liste rouge de l'UICN (1996). Couvrant une superficie de 6 ha seulement, son habitat spécifique est situé dans une zone à fortes pressions anthropiques. Si l'évolution de cet habitat devait se poursuivre avec la tendance de ces 30 dernières années, l'espèce pourrait disparaître d'ici une dizaine d'années. L'effectif total de l'espèce estimée tout d’abord à quelques 5700 individus en 1996, a été revu à la hausse suite au travail réalisé par l’université de Rennes en 2001-2002 avec au moins 11 000 individus.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, l’espèce est classée dans la catégorie CR car son habitat a été réduit de plus de 90% sur les trois derniers siècles et, les individus étant sédentaires, la population a dû être conséquemment réduite d’au moins 80% sur les trois dernières générations.

Menaces : Durant le Néolithique, Tyrrhenaria ceratina avait une distribution plus vaste en Corse (Logone, près de Bonifacio, et Toga, près de Bastia). Des dépôts archéologiques près de Bonifacio, datés de 5600 à 2500 ans av. JC ont livré des coquilles ne différant des escargots actuels que par leur taille (20% plus grands en diamètre). Les raisons de la rétraction de son aire au site de Campo dell'Oro sont inconnues : il peut s'agir de changements climatiques, mais l'homme a également eu un fort impact sur l'environnement par la transformation des terres pour l'agriculture et les espèces qu'il a importées : cochons, chiens,

35 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 , etc. Cinq espèces de mammifères indigènes ont ainsi disparu de Corse pendant la période historique. Depuis 1843, date de la découverte scientifique de l'espèce, la seule localité connue est le site de Campo dell'Oro, et il est probable que l'habitat de lande à genêts de Salzmann n'ait jamais dépassé la cinquantaine d'hectares. La dernière mention d'un individu vivant remonte au début du XX e siècle, et on pouvait penser l'espèce éteinte jusqu'à sa redécouverte en 1994. A en juger par la carte de Malcuit représentant la situation en 1925, la seule emprise sur le site est alors de nature agricole. Une partie de la Gravona est déjà détournée vers le Prunelli. La lande sablonneuse à genêts de Salzmann s'étendait alors un peu plus vers l'intérieur des terres, où elle constituait une mosaïque ouverte, probablement favorisée par le pâturage des ovins. Le détournement de la Gravona, en empêchant les crues, est également à l'origine de la fermeture du couvert végétal, situation néfaste pour l'escargot. Au cours des 30 dernières années, le développement périurbain de la ville d'Ajaccio a entraîné une perte de plus de 90% de l'habitat disponible par construction de hangars, pistes, remblais, parking et bâtiments divers (aéroport d'Ajaccio et base militaire), piétinement et passage de véhicules (accès à la plage). Le réchauffement climatique pourrait à terme contribuer à accélérer la disparition de l’espèce, si les sécheresses printanières et automnales s’accentuent comme supposé. La réduction, la fragmentation et l'altération (fermeture du couvert végétal) de son habitat apparaissent donc comme le mécanisme principal de la disparition de l'escargot de Corse. De plus, la possibilité d'une concurrence avec une espèce rudérale d'escargot, Eobania vermiculata , n'est pas à négliger.

Mesures de conservation déjà prises :

La faune des mollusques de Corse a bénéficié d'une attention particulière avec un partenariat entre le Muséum national d'Histoire naturelle et la Direction régionale de l'Environnement de Corse (DIREN). Ainsi, Tyrrhenaria ceratina est le premier mollusque à bénéficier d'une protection spéciale, sous forme d'un Arrêté préfectoral de Protection de Biotope (10 septembre 1997). Le site de Campo dell'Oro abrite de plus une plante endémique corso-sarde, Linaria flava subsp. sardoa , mentionnée à l'annexe II de la Directive Habitat-Faune-Flore, et des habitats (Dunes fixées du Crucianellion maritimae) figurant à l'annexe 1.

• Mesures légales et réglementaires : Tyrrhenaria ceratina bénéficie d’une protection à l’échelon national (article 3 de l’arrêté du 23 avril 2007).

• Mesures in situ : Outre l’arrêté de biotope, le site a été inscrit au réseau Natura 2000 (FR9400619) dès 1996 ; par ailleurs le conservatoire de l’espace littoral et des rivages lacustres (CELRL) bénéficie depuis 1999 d’une autorisation d’Occupation temporaire sur une partie des terrains concernés avec l’accord de la Chambre de Commerce et d’Industrie de la Corse du Sud. Il a mis en place avec l’aide technique de la DIREN et d’un ingénieur paysagiste un programme de réhabilitation très ambitieux du site, permettant, notamment, de supprimer les nuisances occasionnées par la circulation des véhicules à moteur et les problèmes de déchets et piétinement. Ce programme de réhabilitation d’un coût de près d’1 millions d’Euros a été réalisé en 2002 et a aussi permis la recolonisation de zones particulièrement dégradées de haut de plage et d’un terrain qui servait alors de parking anarchique sur plus de 2 ha, le

36 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 projet portant dans son ensemble sur 8,7 ha dont une partie importante favorable ou potentiellement favorable à l’espèce. Des plantations avec des plantes du site ont été réalisées, un muret de 1,3 km mis en place ainsi que de nombreuses ganivelles permettant la cicatrisation des impacts de plus de 30 ans de non gestion. Ces travaux ont été cofinancés par la commission européenne (FEDER), la DIREN de Corse, l’Office de l’environnement de la Corse et le CELRL, maître d’ouvrage. Ce chantier remarquable sans sauver définitivement l’espèce a largement contribué à la sauvegarde de son biotope. Par ailleurs un travail scientifique sur la démographie, l’alimentation de l’espèce et sa distribution sur des parcelles témoins, entre 2000 et 2001 menés par l’Université de Rennes I avec le soutien de la DIREN et de l’OEC ont permis de dégager des orientations sur la gestion du biotope.

• Mesures ex situ : Un essai d’élevage au vivarium du MNHN a montré la faisabilité d’une conservation ex situ mais n’a pas été poursuivi en raison d’un manque de personnel.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures d’urgence : - 1ère évaluation des effets des travaux de réhabilitation menées 2001 et 2002 et réflexion sur les connexions à rétablir entre sous populations isolées. - Poursuite des travaux de génie écologique pour la réhabilitation du site (ancien terrain militaire, zone d’exclos) et en particulier multiplication du Genêt de Salzmann et maîtrise des populations de Scrophularia ramosissima que l’espèce ne consomme pas et qui recolonise rapidement.

Mesures importantes : - Mise en place d’un suivi périodique des effectifs. - Réalisation et mise en œuvre du Document d’Objectifs Natura 2000 - Inscription de Tyrrhenaria ceratina en annexe II de la Directive Habitat-Faune-Flore - Intégration de l'élevage de Tyrrhenaria ceratina aux programmes internationaux de conservation ex situ

Mesures secondaires : - Recherche d’un site naturel adapté pour créer un second foyer de population en Corse

37 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Bibliographie sommaire : Bouchet, P., Ripken, T. & Recorbet, B. 1997. Redécouverte de l'escargot de Corse Helix ceratina au bord de l'extinction. Revue d'Ecologie (La Terre et la Vie) 52: 97-111. Bouchet, P., Ripken, T. & Recorbet, B. 1998. Conservation of a narrow-range mediterranean island endemic, Helix ceratina from Corsica. Journal of Conchology Special Publication 2: 205-208. Federici, S. 1996. Etude de l'habitat et de l'abondance de l'Escargot de Corse ( Helix ceratina ) dans le cadre de la protection du site de Campo dell'Oro. DIREN Corse, Université de Corse Pascal Paoli. 40 pp. Chevalier L. & Charrier M. 2002. Etude de la démographie d’Helix ceratina et des interactions nutritionnelles entre cet escargot et la végétation du site du Ricanto-Campo dell’Oro à Ajaccio, en vue de la conservation de l’espèce et de sa réimplantation en d’autres sites de Corse. Université de Rennes I UMR 6553 EcoBio ; étude soutenue financièrement par la DIREN de Corse et l’OEC : 157 p Charrier M., Chevalier L., Paradis G. & Recorbet B., 2005. Field observations on spatial distribution and diet in the snail Tyrrhenaria ceratina , an endemic species for Corsica. Communication, IV international Congress of the European Malacological Societies, 10-14 october –Napoli (Italia)

Rédacteurs : Olivier Gargominy (MNHN/SPN), Bernard Recorbet (DIREN Corse)

38 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Zingel asper (Linné, 1758) Apron du Rhône

L’Apron du Rhône Illustration : Christian Couvert

Classification : Classe : Acinopterygii (Actinoptérygiens) Ordre : Perciformes (Perciformes) Famille : Percidae (Percidés)

Écologie : l’Apron du Rhône est une espèce dulçaquicole rhéophile de la zone à ombres. Il fréquente préférentiellement les plats et les profonds pendant les phases de croissance (mai à décembre). Pendant les périodes de reproduction, les mâles se regroupent sur les radiers où les femelles viennent pondre lorsqu’elles sont à maturité (mars à avril). Les œufs sont déposés sur des pierres en eau peu profonde. Dans les populations qui ont été étudiées jusqu’à présent, la maturité est atteinte la 2 e année et la durée de vie moyenne est de 3 à 4 ans. L’Apron du Rhône est un prédateur benthique opportuniste.

Répartition :

• Répartition mondiale : l’Apron du Rhône est une espèce endémique du bassin du Rhône (France et Suisse).

• Répartition en France : historiquement, l’espèce occupait l’ensemble du bassin du Rhône (Rhône en amont jusqu’à Bassy, Saône, Doubs, et leurs affluents). L’espèce a e considérablement régressée au cours du XX siècle et ne se maintient pratiquement plus que dans quelques noyaux isolés sur le Rhône, le Doubs, l’Ardèche, la Loue et la Durance.

Effectifs et tendance en France : la population française, soit la quasi-totalité de la e population mondiale, pouvait être estimée à quelques milliers d’individus au début du XXI siècle. Elle est en déclin constant depuis le début du 20 e siècle. En 1900, l’espèce occupait environ 1700 km de cours d’eau. À la fin des années 1980, on estimait que l’espèce n’occupait plus que 17% de son aire d’origine (soit une régression de plus de 1% par an). Ce déclin s’est ralenti mais l’espèce est maintenant au seuil de l’extinction.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge UICN des poissons d’eau douce endémiques au Bassin méditerranéen, qui actualise pour ces espèces la Liste rouge mondiale, l’espèce est classée dans la catégorie CR B2ab(iii) car elle survit dans quatre 39 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 sous-populations fragmentées dont la surface totale de l’aire d’occupation est inférieure à 10 km², avec aucun espoir de connexion entre elles à cause de barrages. Un déclin continu dans la qualité des habitats causé par la pollution, l’extraction de granulats et la fragmentation a été observé. Deux, peut-être trois des quatre sous-populations, possèdent probablement moins de 250 adultes. La quatrième est probablement plus grande. Une, voire deux de ses sous- populations, va peut-être s’éteindre d’ici 10 ans.

Menaces : la dégradation des habitats de l’Apron du Rhône due aux extractions de granulats et aux barrages, ainsi que la pollution par l’agriculture et les rejets domestiques sont les principales causes de disparition de l’espèce. Les pompages agricoles et les débits réservés jouent également un rôle négatif en modifiant les régimes hydrologiques. La faible taille des sous-populations et les possibilités de dispersion limitées augmentent encore les risques d’extinction. Une perte de la diversité génétique a déjà été notée dans deux sous-populations. Plus marginalement, la collecte illicite d’individus pourrait jouer un rôle négatif. Il s’avère en effet que cette espèce intéresse certains aquariophiles amateurs d’espèces rares.

Mesures de conservations déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’Apron du Rhône est inscrit à l’article 1 de l’arrêté du 8 décembre 1988 fixant la liste des poissons protégés sur l’ensemble du territoire national. Sont interdits en tout temps et sur tout le territoire national la destruction ou l’enlèvement des œufs, la destruction, l’altération ou la dégradation des milieux et des lieux de reproduction désignés par arrêté préfectoral. Il est également inscrit à l’annexe IV de la Directive Habitats-Faune-Flore et à l’annexe II de la convention de Berne.

• Mesures in situ : Un plan d’action sur cette espèce a été lancé. Il prévoit le développement de techniques d’observation diurnes et nocturnes pour inventorier l’espèce, en assurer le suivi et marquer certains individus. Ce plan prévoit également de développer un réseau d’espaces protégés cohérent pour l’espèce et de la réintroduire dans certains d’entre eux. Par ailleurs un premier programme LIFE concernant cette espèce a été conduit dans les gorges de l’Ardèche et la vallée du Rhône. Un deuxième LIFE est en cours.

• Mesures ex situ : Dans le cadre du même plan d’action, un stock reproducteur a été constitué pour la réintroduction de l’espèce et son étude génétique. L’opération semblait être un succès puisque des alevins puis des jeunes poissons ont été obtenus. Malheureusement, le stock a été volé, probablement dans le but d’approvisionner des aquariophiles peu scrupuleux.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est déjà en place. Il est nécessaire de le réévaluer régulièrement.

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

40 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures d’action :

Mesures d’urgence : Il faudrait réactiver le plus rapidement possible le plan d’action et continuer l’application des mesures qui y sont proposées.

Mesures importantes : Les impacts des sports d’eau vive sur l’Apron du Rhône seraient à étudier ainsi que celui des poissons carnassiers allochtones.

Bibliographie sommaire : BENSETTITI F. & GAUDILLAT V. coord. 2002. Espèces animales. Cahiers d’Habitats Natura 2000. Tome 7. La Documentation française, Paris 353 p. Cavalli L, Pech N, Chappaz R. 2003. Diet and growth of the endangered Zingel asper in the Durance River. Journal of Fish Biology 63: 460–471. CHEVALIER C., DE CONTO C., GOUBIER V., HARDY I. & EXBRAYAT J.-M. 2005. Étude du développement folliculaire ovarien chez Zingel asper (Percidae) Cybium 29 (4) DANANCHER D., LABONNE J., PRADEL R., & GAUDIN P. - 2004 - Capture-recapture estimates of space used in streams (CRESUS) at the population scale: case study on Zingel asper (percid), a threatened species of the Rhône catchment. Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences , 61(3): 476-486. DANANCHER D., LABONNE J., GAUDIN P. & JOLY P. - 2007 - Scale measurements as a conservation tool in endangered Zingel asper ( Linnaeus, 1758 ). Aquatic Conservation and Marine Freshwater Ecosystems, 17: 712–723 DANANCHER D., IZQUIERDO J. I. & GARCIA-VAZQUEZ E. 2008. Microsatellite analysis structure in Young Of the Year Zingel asper (percidae ) and implications for conservation, Freshwater Biology, 53: 546-557. . ISSARTEL, G., S. VINCENT, 1998. L’apron du Rhône (Zingel asper) sur les cours d’eau d’Ardèche méridionale : répartition, effectifs, cartographie. Rapp. DIREN Rhône-Alpes / CORA 07, 30 p. + Annexes. KEITH P., ALLARDI J. & MOUTOU B. 1992. Livre rouge des espèces menaces de Poissons d’eau douce de France et bilan des introductions. MNHN/CSP/CEMAGREF, Paris 120 p. LABONNE J. ALLOUCHE S. & GAUDIN P. - 2003 - Use of generalised linear model to test habitat preferences: the example of Zingel asper , an endemic endangered percid of the River Rhône. Freshwater Biology , 48 :687-697. LABONNE, J., & GAUDIN P. - 2005 - Exploring population dynamics patterns in Zingel asper : capture-mark-release methods for rare fish demography. Conservation Biology , 19(2) : 1-10. LABONNE, J., & P. GAUDIN. - 2006 - Modelling population viability in fragmented environments: contribution to the conservation of an endangered percid ( Zingel asper ). Canadian Journal of Fisheries and Aquatic Sciences , 63 : 650 – 659 LANGON M., 2006. Projet LIFNAT FR83 : programme de conservation de l’Apron du Rhône Zingel asper et de ses habitats. Rapport intermédiaire, 97 p. + Cdrom. LAROCHE J. & DURAND J.-D. 2004. Genetic structure of fragmented populations of a threatened endemic percid of the Rhône river: Zingel asper . Heredity 92 (4) : 329-334 PERRIN J.-F. 2001. L’Apron du Rhône. Zingel asper (Linné, 1758). In : KEITH P. & ALLARDI J. coord. Atlas des poisons d’eau douce de France. MNHN, Paris : 314-315 PERRIN J.-F, VALLOD D., 1999. Gestion des populations d’apron. Bilan 1994-1998 des études préalables au programme LIFE. Adapra et Diren Rhône Alpes, 40 p. Réserves Naturelles de France, 2001. Guide de gestion pour la conservation de l’Apron du Rhône. RNF LIFE, 80 p. SMITH K.G. & DARWALL R.T. eds. 2006. The status and distribution of Freshwater Fish endemic to the Mediterranean Basin. IUCN Red List of Threatened Species – Mediterranean Regional Assessment n° 1. IUCN, Gland & Cambridge 34 p. + CD-Rom

Rédacteur : Patrick Haffner (MNHN/SPN) Experts consultés : Gilbert Cochet (CSRPN Rhône-Alpes), Delphine Danancher (LEHF : CNRS/UCBL), Philippe Gaudin (Ecobiop : Inra/UPPA), Jacques Labonne (Ecobiop : Inra/UPPA) et Jean-François Perrin (DDAF du Rhône)

41 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

42 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

ESPÈCES DE GUADELOUPE

Leptodactylus fallax (Müller, 1926) Crapaud de la Dominique

Principaux synonymes : Leptodactylus dominicensis Müller, 1923

Classification : Classe : Amphibiens Ordre : Anoures Famille : Leptodactylidés

© G. Garcia

Justification du classement dans la catégorie CR : Selon la liste rouge mondiale de l’UICN, cette espèce est classée dans la catégorie « CR », car ses effectifs ont chuté de plus de 80 % ces quinze dernières années. Cette situation serait principalement le fait des éruptions volcaniques et d’une maladie infectieuse due à un champignon, la chytridiomycose*.

Écologie : Cette espèce est forestière. Terrestre et nocturne, elle est généralement active par temps frais et humide. On la rencontre plutôt à proximité des cours d’eau permanent à fort dénivelé. Elle consomme une grande variété d’arthropodes, de gastéropodes et de petites grenouilles (Eleuthérodactyle), plus rarement d’autres petits vertébrés comme des chauves- souris, des petits serpents ou des arthropodes venimeux tels que scorpions et scolopendres. Il n’est pas non plus rare de trouver des feuilles dans l’estomac de cette grenouille, peut-être avalées accidentellement. La reproduction coïncide avec le début des pluies. Terrée au fond de son terrier, la femelle, au moment de l’amplexus, produit un nid d’écume dans lequel les œufs sont déposés et fécondés immédiatement. Le mâle se contente ensuite de surveiller l’entrée du terrier, tandis que la femelle nourrit ses têtards une fois éclos à l’aide d’œufs infertiles qu’elle produit à intervalles réguliers. La métamorphose intervient après 4-5 semaines de développement.

Répartition :

• Répartition mondiale : Ne subsiste plus que sur les îles de Montserrat et de la Dominique. Disparue de Sainte-Lucie et Saint-Christophe. Précisons qu’historiquement, la présence de cette espèce dans la Caraïbe est due à un transport par les Amérindiens.

• Répartition en France : Présente jadis en Martinique.

43 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Effectifs et tendance : Espèce disparue de Martinique au XIXe siècle.

Menaces : Chasses excessives pour sa viande, surprédation par des espèces introduites (rats, chiens, chats, opossum…), destruction de l’habitat, éruptions volcaniques et plus récemment chytridiomycose sont autant de causes reconnues comme entraînant la raréfaction de cette espèce là où elle existe encore aujourd’hui. On peut penser que ces mêmes causes menaceraient encore aujourd’hui cette espèce en Martinique, si elle y existait encore, où si elle venait à faire l’objet d’un programme de réintroduction.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et règlementaires : Néant.

• Mesures in situ : Néant.

• Mesures ex situ : Un programme d’élevage existe au zoo de Jersey ; des reproductions en captivité ont d’ores et déjà était obtenues et ont permis de mettre en évidence un comportement de maternage tout à fait exceptionnel pour un amphibien.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures importantes : On pourrait envisager la réintroduction de cette espèce en Martinique à partir d’animaux d’élevage. L’UICN et le Global Amphibians Assessment Group ont déjà suggéré la mise en place d’un tel élevage en Martinique, proposition également reprise dans les ORGFH (Orientations Régionales de Gestion de la Faune Sauvage et d’Amélioration de la Qualité de ses Habitats) de ce département d’Outremer. La faisabilité de cet élevage est d’ailleurs en cours d’étude en Martinique et en Guadeloupe.

Mesures secondaires : Si cette espèce venait à faire l’objet d’un tel programme en Martinique, l’arrêté ministériel du 17 février 1989 devrait être actualisé de façon à inclure le Crapaud de Martinique dans la liste des espèces protégées sur l’île.

Bibliographie sommaire : Breuil, M. (2007). Projets herpétologiques et chiroptérologiques musée Père Pinchon (Fort-de-France) . Fort-de-France, Musée Père Pinchon Conseil Régional de Martinique : 1-15. Daltry, J.C. (2002). Mountain Chicken Monitoring Manual. First draft . Fauna & Flora International (Cambridge) and the Forestry and Wildlife Division (Dominica).

44 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Fa, J., Hedges, B., Ibéné, B., Breuil, M., Powell, R. & Magin, C. 2004. Leptodactylus fallax. In : IUCN 2007. 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org . Consulté le 03 mars 2008. Maillard, J.-F. (2004). Orientations Régionales de Gestion de la Faune sauvage et d’amélioration de la qualité de ses Habitats - Région Martinique , ONCFS / DIREN : 1-53. McIntyre, S. (2003). The current status of the mountain chicken Leptodactylus fallax on Dominica, Eastern Caribbean; an amphibian in decline . Master dissertation, University East Anglia .

Rédacteur : Jean-Christophe de Massary (MNHN/SPN) Experts consultés : Michel Breuil (MNHN) / Gérardo Garcia (Durrell Wildlife Conservation Trust de Jersey)

45 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 46 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 ESPÈCES DE GUYANE FRANÇAISE

Isogomphodon oxyrhynchus (Müller & Henle, 1839) Requin bécune

Classification : Embranchement : Chordata, Classe : Chondrichthyes, Sous-classe : Elasmobranchii, Ordre : Carcharhiniformes, Famille : Carcharhinidae.

Écologie : requin côtier, fréquentant les estuaires, les mangroves et les hauts fonds, jusqu’à 40 m de profondeur.

Répartition :

• Répartition mondiale : Atlantique tropical ouest, de Trinidad au Brésil.

• Répartition en France : Guyane.

Effectifs et tendance en France : Effectifs inconnus. Espèce en régression.

Justification du classement dans la catégorie CR : sa répartition limitée aux côtes tropicales du nord de l’Amérique du Sud, sa biologie (très faible fécondité – 2 à 8 petits / portée - et longue période de gestation # 12 mois), l’effondrement de la population brésilienne qui a diminué de 90 % en 10 ans, et la forte pression de pêche dans toute sa zone de répartition.

47 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Menaces : Sa grande taille (# 160 cm LT) et son habitat très côtier la rendent particulièrement vulnérable à la pêche dans une zone où elle est intense.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : aucune

• Mesures in situ : aucune

• Mesures ex situ : aucune

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesure d’urgence : - Protection réglementaire de l’espèce. - Plan de restauration à mettre en oeuvre

Mesures importantes : - Acquisition de connaissances (biologie)

Bibliographie sommaire : - IUCN, 2007 - 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org.

Rédacteur & expert : Bernard Séret (IRD / MNHN)

48 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Narcine bancroftii (Griffith & Smith, 1834) Torpille de Bancroft

Classification : Embranchement : Chordata, Classe : Chondrichthyes, Sous-classe : Elasmobranchii, Ordre : Torpediniformes, Famille : Narcinidae.

Écologie : espèce côtière, des fonds meubles jusque 35 m de profondeur.

Répartition :

• Répartition mondiale : Atlantique ouest, depuis la Caroline du Nord jusqu’au Brésil.

• Répartition en France : Guyane.

Effectifs et tendance en France : pas de données.

Justification du classement dans la catégorie CR : Cette torpille est une prise accessoire des pêcheries crevettières, elle est rejetée mais son taux de survie est très faible Dans le nord du Golfe du Mexique, sa population a été réduite à 2% de ce qu’elle était dans les années 70.

Menaces : Effort de pêche intense dans toute sa zone de répartition.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : aucune

• Mesures in situ : aucune 49 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

• Mesures ex situ : aucune

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesure d’urgence : - Protection réglementaire de l’espèce. - Plan de restauration à mettre en oeuvre

Mesures importantes : - Acquisition de connaissances (biologie)

Bibliographie sommaire : - IUCN, 2007 - 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org.

Rédacteur & expert : Bernard Séret (IRD / MNHN)

50 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Nectomys rattus (Pelzeln, 1883) aquatique d’Amazonie

Principaux synonymes : Nectomys parvipes Petter, 1979 (Rat aquatique de Guyane).

Remarque : N. parvipes , qui désignait un taxon de Guyane française et était considéré comme une espèce à part entière, est maintenant rattaché à N. rattus par G.G. Musser et M.D. Carleton ( in : Wilson D.E. & Reeder D.A.M. 2005. Mammal species of the world. A taxonomic and geographic reference. Third edition. Volume 1. The Johns Hopkins University Press, Baltimore.). Ils suivent en cela Voss et al. (2001) qui estiment que le type ne serait qu’un N. rattus de petite taille. Musser et Carleton considèrent toutefois qu’un réexamen du type serait nécessaire. Ce réexamen a été fait depuis par plusieurs spécialistes, en particulier F. Catzeflis. Tous s’accordent pour dire qu’il s’agit bien d’un jeune N. rattus (Catzeflis, com. pers).

Classification : Classe : Mammalia (Mammifères) Ordre : Rodentia (Rongeurs) Famille : Cricetidae (Cricétidés)

Écologie : compte-tenu des confusions existant encore entre les différents taxons du genre Nectomys , il demeure difficile de déterminer des caractéristiques écologiques propres à chaque espèce. D’un point de vue général, les Nectomys sont terrestres et semi-aquatiques. Ils sont nocturnes et solitaires. Ils sont forestiers mais affectionnent plutôt les secteurs ouverts, recouverts de hautes herbes, proches de l’eau. Ils s’aventurent toutefois aussi sous la canopée. Ils occupent aussi bien les forêts peu exploitées que celles fortement perturbées, voire parfois des plantations ou des jardins. Les Nectomys se nourrissent d’Arthropodes (crabes et autres invertébrés aquatiques ou terrestres), de fruits et de champignons.

Répartition :

• Répartition mondiale : la répartition du Rat aquatique d’Amazonie est mal connue compte-tenu des confusions taxonomiques existant à l’intérieur du genre Nectomys . L’espèce occupe probablement l’est de la Colombie, le nord ouest et le sud du Venezuela, les Guyanes, le nord et le centre du Brésil. Elle pourrait également exister à l’est du Pérou.

• Répartition en France : l’espèce, au sens de G.G. Musser et M.D. Carleton, est présente en Guyane française. Sa répartition précise reste à déterminer mais elle occupe probablement l’ensemble du territoire. Le taxon N. parvipes , inclus aujourd’hui dans N. rattus , a été décrit à partir d’un individu capturé près de Cacao, au bord de la rivière Comté (à environ 40 km au sud de Cayenne). Aucun autre exemplaire n’a été attribué à ce taxon.

Effectifs et tendance en France : inconnus.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, N. parvipes était classé dans la catégorie CR B1+2c car la surface de son aire d’occurrence était inférieure à 100 km², qu’il n’était connu que d’une localité et que la qualité 51 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 de ses habitats avait subit un déclin continu dans un passé proche. Il est précisé sur le site Internet de l’UICN que cette évaluation est périmée (elle date de 1996 et utilise d’anciens critères). Cette espèce ayant été invalidée, ce classement n’a plus lieu d’être. N. rattus n’a pas encore été évalué mais serait certainement classé en LC.

Menaces : aucune pour ce qui concerne N. rattus .

Mesures de conservations déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : aucunes.

• Mesures in situ : aucune.

• Mesures ex situ : aucune.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration n’est pas pertinent (espèce plus reconnue à l’heure actuelle).

Mesures d’action :

Aucune car N. parvipes n’est pas une espèce valide et N. rattus, espèce à laquelle il est maintenant rattaché, n’est pas menacée.

Bibliographie sommaire : BAILLIE J. 1996. Nectomys parvipes . In : IUCN 2007. 2007 IUCN Red List of Threatened Species. , consulté le 20 mars 2008. EISENBERG J.F. 1989. Mammals of the Neotropics. Volume 1. The Northern Neotropics: Panama, Colombia, Venezuela, Guyana, Suriname, French Guyana. The University of Chicago Press, Chicago & London 449 p. EMMONS L.H. & FEER F. 1997. Neotropical Rainforest Mammals. A Field Guide. 2 nd edition. The University of Chicago Press, Chicago & London 307 p. VOSS R.S., LUNDE D.P. & SIMMONS N.B. 2001. The Mammals of Paracou, French Guiana: a Neotropical lowland rainforest fauna. Part 2. Nonvolant species. Bulletin of the American Museum of Natural History 18 : 1-236

Rédacteur : Patrick Haffner (MNHN/SPN) Expert consulté : François Catzeflis

52 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Pristis pectinata Latham, 1794 Poisson-scie tident

Classification : Embranchement : Chordata, Classe : Chondrichthyes, Sous-classe : Elasmobranchii, Ordre : Rajiformes, Famille : Pristidae.

Écologie : poisson-scie côtier, jusque 30 m de profondeur, pénétrant dans les estuaires et remontant les fleuves.

Répartition :

• Répartition mondiale : Circumglobale. En Atlantique ouest : de la Caroline du Nord à l’Argentine, en Atlantique est : de Gibraltar à la Namibie et en Méditerranée ; dans l’Indo-ouest Pacifique : en Mer Rouge et de l’Afrique de l’Est aux Philippines.

• Répartition en France : Guyane.

Effectifs et tendance en France : pas de données.

53 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Justification du classement dans la catégorie CR : Ce poisson-scie a été extirpé de nombreuses zones, si bien qu’aujourd’hui son aire de répartition est très fragmenté et réduite. Elle est apparemment « éteinte » en Méditerranée. Les signalements de cette espèce en dehors de l’Atlantique sont probablement des erreurs d’identification.

Menaces : Sa très grande taille (7,6 m LT) et son habitat très côtier la rendent particulièrement vulnérable à la pêche.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : inscrite en annexe I de la CITES depuis le 13 septembre 2007.

• Mesures in situ : aucune

• Mesures ex situ : aucune

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures d’urgence : - Renforcement de la protection réglementaire de l’espèce, - Plan de restauration à mettre en oeuvre (projets en cours en Floride et en Guinée- Bissau).

Bibliographie sommaire : - IUCN, 2007 - 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org . - WHITEHEAD P.J.P., BAUCHOT M.L., HUREAU J.C., NIELSEN J. & E. TORTONESE, 1984. Fishes of the North-eastern Atlantic and the Mediterranean . Volume 1. UNESCO, Paris : 510 pp.

Rédacteur & expert : Bernard Séret (IRD / MNHN)

54 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Pristis perotteti Müller & Henle, 1841 Poisson-scie grandent

Classification : Embranchement : Chordata, Classe : Chondrichthyes, Sous-classe : Elasmobranchii, Ordre : Rajiformes, Famille : Pristidae.

Écologie : poisson-scie côtier, jusque 122 m de profondeur, pénétrant dans les estuaires et remontant les fleuves.

Répartition :

• Répartition mondiale : Atlantique ouest : de la Floride au Brésil. Atlantique est (identifiée comme P. microdon) : de la Mauritanie à l’Angola. Indo-ouest Pacifique : du nord de l’Australie à la Chine.

• Répartition en France : Guyane.

Effectifs et tendance en France : pas de données.

Justification du classement dans la catégorie CR : Ce poisson-scie a été extirpé de nombreuses zones (notamment du système lacustre du Nicaragua), si bien qu’aujourd’hui son aire de répartition est très fragmentée et réduite.

Menaces : Sa très grande taille (6,5 m LT) et son habitat très côtier la rendent particulièrement vulnérable à la pêche. Destruction de ses habitats côtiers et fluviatiles.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : inscrite en annexe I de la CITES depuis le 13 septembre 2007. 55 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

• Mesures in situ : aucune

• Mesures ex situ : aucune

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures d’urgence : - Renforcement de la protection de l’espèce, - plan de reconstitution (projets en cours en Floride et en Guinée-Bissau).

Bibliographie sommaire : - IUCN, 2007 - 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org .

Rédacteur & expert : Bernard Séret (IRD / MNHN)

56 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

ESPÈCES DE MARTINIQUE

Liophis cursor (Lacépède, 1789) Couresse de Martinique

Principaux synonymes : Dromicus cursor Lacépède, 1789 ; Coluber cursor Lacépède, 1789

Classification : Classe : Reptiles Ordre : Squamates Sous-ordre : Serpents Famille : Colubridés

© M. Breuil

Justification du classement dans la catégorie CR : Selon la liste rouge mondiale de l’UICN, la Couresse de Martinique est classée dans la catégorie « CR », en raison de ses effectifs en déclin constant, estimés à moins de 50 individus matures il y a 12 ans, et présents sur une seule localité. L’évaluation de cette espèce (1996) est cependant actuellement périmée.

Ecologie : Cette espèce est probablement terrestre et diurne, comme les autres espèces du même genre présentes dans les Antilles, dont elle est très proche sur le plan évolutif. Elle se nourrit de lézards arboricoles (Anolis), de lézards terrestres, mais aussi de petites grenouilles (Hylodes) et de souris.

Répartition :

• Répartition mondiale : Espèce endémique de Martinique.

• Répartition en France : Ne subsisterait plus que sur le rocher du Diamant en Martinique.

Effectifs et tendance : Effectif très faible, voire nul actuellement. Cette espèce est peut-être aujourd’hui éteinte.

Menaces : La destruction de l’habitat, les destructions directes d’individus par l’homme, et la surmortalité entraînée par la présence d’animaux domestiques (chats, porcs) et d’espèces 57 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 introduites envahissantes (rats, mangoustes) constituent un ensemble de menaces conduisant globalement et irrémédiablement à l’affaiblissement des populations de toutes les petites espèces de couleuvres insulaires, jusqu’à entrainer leur disparition.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et règlementaires : Cette espèce figure dans la liste des espèces d’amphibiens et de reptiles protégées de la Martinique (cf. arrêté ministériel du 19 février 1989).

• Mesures in situ : Néant.

• Mesures ex situ : Néant.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration n’est pas envisageable pour l’instant, la survivance de la Couresse de Martinique sur le rocher du Diamant n’étant pas confirmée. Afin de clarifier le statut de l’espèce et, dans le cas d’une redécouverte, de déterminer les axes de conservation appropriées, il convient de prendre la mesure suivante :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures importantes : - Cette espèce existe encore peut-être aujourd’hui sur le rocher du Diamant en Martinique, un site qui bénéficie d’un arrêté de protection de biotope. Les dernières tentatives (1997) pour contacter la Couresse de Martinique n’ont pas été fructueuses, mais comme souvent avec les serpents des régions tropicales, cela ne permet en aucune manière de conclure à la disparition de l’espèce. La survie de ce serpent sur cet îlot est d’autant plus probable que celui-ci est très difficile d’accès, inhabité et dépourvu d’espèces invasives (rat, mangouste) réputées pour leur impact négatif sur les populations des petites couleuvres insulaires. - De façon à pouvoir statuer correctement sur cette espèce, il est nécessaire d’augmenter considérablement la pression d’observation sur ce site. Toutes les actions visant à augmenter notre connaissance de la biodiversité sur ce rocher doivent être encouragées.

Bibliographie sommaire : Breuil, M. 1996. Liophis cursor . In : IUCN 2007. 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org. Consulté le 20 février 2008. Breuil, M. (2002). Histoire naturelle des Amphibiens et Reptiles terrestres de l'archipel Guadeloupéen. Guadeloupe, Saint- Martin, Saint-Barthélemy. Collection Patrimoines Naturels 54 : 1-339.

58 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Breuil, M. (2004). Amphibiens et reptiles des Antilles. PLB Editions : 1-64 p. Maillard, J.-F. (2004). Orientations Régionales de Gestion de la Faune sauvage et d’amélioration de la qualité de ses Habitats - Région Martinique , ONCFS / DIREN : 1-53. Breuil, M. et M. Day (1997). Conservation status assessment of the Martinique Racer, Liophis cursor , Fauna and Flora International MNHN : 2.

Rédacteur : Jean-Christophe de Massary (MNHN/SPN) Expert consulté : Michel Breuil (MNHN)

59 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

60 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 ESPÈCES DE NOUVELLE- CALÉDONIE

Aegotheles savesi (Layard & Layard, 1881) Aégothèle calédonien

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Caprimulgiformes (engoulevents et apparentés) Famille : Aegothelidae

Ecologie : les contacts avec l’espèce sont en nombre trop limités pour se faire une idée précise de son biotope préférentiel, mais ils concernent pour la plupart la savane à Melaleuca et la forêt humide. En 1998, un oiseau chassant des insectes a été aperçu au crépuscule au- dessus de la forêt riveraine (Réserve de Ni-Kouakoue). Les aégothèles Aegotheles spp. sont des oiseaux territoriaux pouvant occuper divers types de milieux forestiers où ils nichent et dorment dans des cavités d’arbres. Ils communiquent par des cris proches de ceux des engoulevents (à noter que les vocalisations de l’Aégothèle calédonien demeurent non documentées) mais d’une façon générale sont peu démonstratifs et peuvent rester immobiles en attendant l’opportunité qui leur permettra de capturer une proie. Il est possible que l’Aégothèle calédonien soit de mœurs plus terrestres que ses congénères, ce que suggère sa taille plus forte et ses pattes plus longues.

Espèce similaire : un risque de confusion n’est pas à écarter avec l’Engoulevent à gorge blanche (ou Engoulevent moustac) Eurostopodus mystacalis , espèce à large répartition et dont une sous-espèce ( exul , au plumage plus pâle) est présente en Nouvelle-Calédonie. Les aégothèles et les engoulevents n’ont malgré tout pas la même allure ni le même comportement.

61 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de Nouvelle-Calédonie.

• Répartition en France : Grande Terre ; il existe une donnée possible sur l’Ile de Maré.

Effectifs et tendances : les effectifs sont inférieurs à 50 adultes, et la tendance est supposée être négative (non prouvé).

Justification du classement dans la catégorie CR : cet oiseau n’est connu que de deux spécimens, une observation récente et seulement trois autres données (une observation possible sur Maré, un oiseau mort dans les années 1950 et un oiseau tué à la chasse en 1960). Il est néanmoins considéré comme menacé en raison de la faiblesse des effectifs de la population connue et d’un déclin supposé. L’espèce se classe CR, avec le critère C2a(i) qui correspond à un déclin continu [sur la base d’une population inférieure à 250 adultes, répartie en sous-populations dont aucune ne dépasse les 50 adultes], et le critère D qui correspond à des effectifs mondiaux inférieurs à 50 adultes.

Menaces : le déclin pourrait être lié à l’introduction de mammifères (rats et peut-être chats). Cela n’est pas prouvé par l’étude directe, mais est documenté chez l’espèce voisine Aegotheles cristatus (Aégothèle d’Australie) qui doit faire face à un fort taux de prédation tant sur les adultes que sur les nids.

Mesures de conservation déjà prises : afin de mieux connaître le statut exact de l’espèce, une sensibilisation des populations locales est en cours. On peut citer notamment l’édition de timbres consacrés à cette espèce ainsi qu’à d’autres espèces d’oiseaux menacés de Nouvelle- Calédonie. La possibilité de présence de l’espèce dans certains espaces protégés (exemple Réserve de Faune et de Flore de la Ni-Kouakoue, observation de 1998) n’est pas à exclure. Notons par ailleurs que le programme IBA (définition de zonages relatifs à l’intérêt ornithologique, à partir de connaissances actualisées) vient d’être lancé en Nouvelle- Calédonie.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire, sous réserve que l’espèce soit encore présente. Il devra comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action : - Poursuivre les efforts de sensibilisation des habitants et des observateurs potentiels. - Renouveler une étude de grande envergure tendant à connaître le statut exact des espèces les plus menacées de Nouvelle-Calédonie, associant des naturalistes et des chercheurs chargés de prospecter les milieux favorables pendant plusieurs saisons et plusieurs années si nécessaire (étude bioacoustique : même si les vocalisations de l’espèce sont inconnues, elles doivent ressembler à celles des espèces voisines).

62 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 - Envisager ou poursuivre un partenariat avec les chercheurs travaillant sur l’espèce australienne voisine. - Renforcer les mesures de protection (espaces protégés devant être reconnus internationalement et efficaces sur le terrain).

Bibliographie sommaire : BIRDLIFE (2000) Threatened of the World . Barcelone et Cambridge. Editions Lynx et BirdLife International, 852 p. DELACOUR (1966) Guide des oiseaux de Nouvelle-Calédonie. Delachaux & Niestlé, 172 p. THIBAULT & GUYOT (1988) Livre rouge des oiseaux menacés des régions françaises d’Outre-mer , Monographie CIPO n°5, 258 p.

Rédacteur : Jacques Comolet-Tirman (MNHN/SPN)

63 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Charmosyna diadema (Verreaux & des Murs, 1860) Loriquet à diadème

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Psittaciformes Famille : Psittacidae

Ecologie : l’écologie de l’espèce n’est pas connue avec précision. D’une façon générale, les espèces du genre Charmosyna sont essentiellement forestières, avec une préférence non absolue pour la forêt de montagne, mais d’autres habitats plus ouverts comme la savane arborée peuvent également être nécessaires à certaines époques de l’année. Les observations anciennes associaient le Loriquet à diadème avec la forêt où il se nourrissait dans des arbres du genre Erythrina. Les observations de 1953, 1954 et 1976 concerneraient d’autres milieux comme la lisière entre la savane à Melaleuca et la forêt humide, et celles des années 1920 ont été réalisées dans une végétation buissonnante. Cette espèce étant vraisemblablement de comportement nomade comme d’autres espèces proches, un site d’observation à un instant donné peut correspondre à une préférence saisonnière plutôt qu’à l’habitat optimal de l’espèce. Selon Delacour, le spécimen collecté étant une femelle, il n’est pas exclu que le mâle puisse être plus coloré, et avoir par exemple du rouge à la face et à la gorge (cf espèces voisines). Identification / espèces similaires : le Loriquet arc-en-ciel Trichoglossus haematodus est plus grand, avec la tête bleu foncé et la poitrine rouge.

Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de Nouvelle-Calédonie.

• Répartition en France : Grande Terre ; l’espèce n’a pas été retrouvée récemment, notamment lors d’une campagne réalisée en 1998. Décrite à partir de deux spécimens collectés en 1859 (localité précise inconnue) et dont un est conservé au MNHN de Paris, elle a été également été retrouvée en 1913 près du Mont Ignambi (mais le spécimen n’a pas été conservé). Les autres observations (années 1880) et en particulier les observations ultérieures (années 1920, années 1950, et 1976) ne sont pas considérées comme certaines par BirdLife.

Effectifs et tendances : les effectifs sont probablement inférieurs à 50 adultes, et on ne sait rien de la tendance. On ne sait pas non plus si la population était plus abondante au XIX° siècle.

Justification du classement dans la catégorie CR : il n’existe pas d’observation de l’espèce formellement authentifiée depuis 1913. Les causes possibles de déclin sont multiples mais leur importance respective reste largement hypothétique. On peut espérer que l’espèce soit 64 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 encore présente compte tenu d’observations possibles réalisées dans les années 1950 et jusqu’en 1976, et surtout étant donné le comportement des loriquets du genre Charmosyna , le plus souvent très discrets et d’observation difficile. Des recherches plus poussées doivent être entreprises, mais il est clair que s’il subsiste une population elle ne peut être que de taille extrêmement réduite. Pour ces raisons l’espèce est classée CR, avec le critère D qui correspond à des effectifs mondiaux inférieurs à 50 adultes.

Menaces : la forêt humide de montagne ne semble pas menacée, mais la survie de l’espèce nécessite sans doute la présence d’autres habitats, dont certains ont beaucoup diminué, notamment la forêt mixte de plaine. Les Loriquets (Charmosyna ) présents dans d’autres îles sont parfois soumis à des fluctuations dont les causes ne sont pas connues. Parmi les causes possibles de déclin, on note la capture des psittacidés en vue de leur détention en captivité, l’introduction des rats et celle de maladies (malaria aviaire).

Mesures de conservation déjà prises : l’espèce est inscrite à la CITES (annexe II). Afin de mieux connaître le statut exact de l’espèce, une sensibilisation des populations locales est en cours. On peut citer notamment l’édition de timbres consacrés à cette espèce ainsi qu’à d’autres espèces d’oiseaux menacés de Nouvelle-Calédonie. Le massif du Mont Panié (un des sites les plus à même d’héberger encore une population) est classé réserve florale, et donc l’habitat y est protégé. Toutefois la chasse n’y est pas interdite. Notons par ailleurs que le programme IBA (définition de zonages relatifs à l’intérêt ornithologique, à partir de connaissances actualisées) vient d’être lancé en Nouvelle-Calédonie.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire, sous réserve que l’espèce soit encore présente. Il devra comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action : - Poursuivre les efforts de sensibilisation des habitants et des observateurs potentiels. - Renouveler une action de grande envergure tendant à connaître le statut exact des espèces les plus menacées de Nouvelle-Calédonie, en partenariat avec des campagnes internationales comme « Saving the Pacific’s Parrots » (Birdfair/RSPB), associant des naturalistes et des chercheurs chargés de prospecter les milieux favorables pendant plusieurs saisons et plusieurs années si nécessaire. S’agissant du Loriquet à diadème, les prospections réalisées en 1998 (Mont Ignambi) doivent être poursuivies et couvrir le nord-est de l’île et le massif du Bokoua. Les vocalisations de l’espèce étant inconnues (mais supposées être des cris aigus, plus sonores que ceux du Diamant psittaculaire Erythrura psittacea ), l’enregistrement des manifestations vocales des oiseaux présents pourrait apporter des éclaircissements (les Loriquets sont connus pour être très actifs et bruyants à l’aube et au crépuscule, où ils volent à faible altitude au- dessus de la forêt), ainsi que la recherche des arbres en fleur (Delacour cite les cocotiers et les érythrines) en forêt de montagne ou de plaine, au pouvoir attractif. - Promouvoir un statut de protection plus adapté pour les sites où l’espèce (si redécouverte) pourrait avoir trouvé refuge, et en particulier pour la réserve du Mont Panié, qui doit intégrer la protection de la faune, et l’élargir pour couvrir en un bloc forestier unique les Monts Colnett et Ignambi vers le nord. 65 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Bibliographie sommaire : BIRDLIFE (2000) Threatened Birds of the World . Barcelone et Cambridge. Editions Lynx et BirdLife International, 852 p. DELACOUR (1966) Guide des oiseaux de Nouvelle-Calédonie. Delachaux & Niestlé, 172 p. STOKES (1980) Notes on the landbirds of New Caledonia – Emu 80 : 81-86. THIBAULT & GUYOT (1988) Livre rouge des oiseaux menacés des régions françaises d’Outre-mer , Monographie CIPO n°5, 258 p.

Rédacteur : Jacques Comolet-Tirman (MNHN/SPN)

66 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Draparnaudia anniae Tillier & Mordan, 1995

Photo ou dessin : Tillier, S. et Mordan, P.B., 1995, Zoological Journal of the Zoological Society, 113: figures 22, 23, 24A, 25A

Classification : Embranchement : Mollusca (Mollusques), Classe : Gastropoda (Gastéropodes), Famille : Draparnaudiidae (Draparnaudiidae).

Écologie : maquis à Araucaria de la zone sommitale d’un massif montagneux isolé du nord- ouest de la Nouvelle Calédonie

Répartition :

• Répartition mondiale : espèce endémique néo-calédonienne : deux stations de la zone sommitale du Mont Kaala.

• Répartition en France : Connu seulement du Mont Kaala, Nouvelle-Calédonie, entre 770 m et 850 m d’altitude. Remarque : il est possible que l’espèce soit présente, ou ait existé dans le passé, dans la zone sommitale d’autres massifs isolés du nord- ouest de la Nouvelle-Calédonie.

Effectifs et tendance en France : milieu perturbé par le feu et les activités minières, aire de répartition extrêmement réduite.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, l’espèce est classée dans la catégorie CR par le fait que la superficie sur laquelle est trouvée celle-ci est extrêmement faible, la population est réduite, avec un nombre d’individus dangereusement faible du fait des conditions de l’environnement.

Menaces : Draparnaudia anniae était fortement menacée par la dégradation du maquis à Araucaria, due au feu, à l’exploration et à l’exploitation minière, lorsqu’elle a été récoltée en 1986. Il est possible qu’elle soit éteinte.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : Aucune.

• Mesures in situ : Aucune.

• Mesures ex situ : Aucune.

67 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire, sous réserve que l’espèce soit encore présente. Il devra comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi (monitoring) des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures importantes : - La seule mesure efficace, si l’espèce n’est pas éteinte, serait l’arrêt des activités minières dans la zone sommitale des massifs du nord-ouest de la Nouvelle-Calédonie, ce qui semble difficile parce que le minerai constitue le substrat des sols.

Bibliographie sommaire : TILLIER , S., MORDAN , P.B., 1995, Zoological Journal of the Zoological Society, 113: 47-91.

Rédacteur : Simon Tillier (MNHN)

68 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Draparnaudia subnecata Tillier & Mordan, 1995

Photo ou dessin : Tillier, S. et Mordan, P.B., 1995, Zoological Journal of the Zoological Society, 113: figures 22A, 22B, 24B, 25B

Classification : Embranchement : Mollusca (Mollusques), Classe : Gastropoda (Gastéropodes), Famille : Draparnaudiidae (Draparnaudiidés).

Écologie : maquis à Araucaria de la zone sommitale d’un massif montagneux isolé du nord- ouest de la Nouvelle Calédonie

Carte mondiale et française de la répartition de l’espèce : Connu seulement du Mont Ouazangou, 850m, Nouvelle Calédonie

Répartition :

• Répartition mondiale : espèce endémique néo-calédonienne: une station de la zone sommitale du Mont Ouazangou

• Répartition en France : Mont Ouazangou, Nouvelle-Calédonie. Remarque : il est possible que l’espèce soit présente, ou ait existé dans le passé, dans la zone sommitale du Mont Taom tout proche.

Effectifs et tendance en France : milieu très perturbé par le feu et les activités minières, aire de répartition extrêmement réduite.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, l’espèce est classée dans la catégorie CR par le fait que la superficie sur laquelle celle-ci a été trouvée est extrêmement faible (quelques hectares), la population est réduite, avec un nombre d’individus dangereusement faible du fait des conditions de l’environnement.

Menaces : Draparnaudia subnecata était fortement menacée par la dégradation du maquis à Araucaria, due au feu, à l’exploration et à l’exploitation minière, lorsqu’elle a été récoltée en 1986. L’examen des vues satellites disponibles sur Google Earth n’est pas de nature à rendre optimiste. Il est possible qu’elle soit éteinte.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : aucune.

• Mesures in situ : aucune.

• Mesures ex situ : aucune.

69 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire, sous réserve que l’espèce soit encore présente. Il devra comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi (monitoring) des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures importantes : - La seule mesure efficace, si l’espèce n’est pas éteinte, serait l’arrêt des activités minières dans la zone sommitale des massifs de l’Ouazangou et du Taom, ce qui semble difficile parce que le minerai constitue le substrat des sols et son exploitation est prévue, sinon entamée, dans la zone de l’aire de répartition connue.

Bibliographie sommaire : TILLIER , S., MORDAN , P.B., 1995, Zoological Journal of the Zoological Society, 113: 47-91.

Rédacteur : Simon Tillier (MNHN)

70 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Gallirallus lafresnayanus (Verreaux & des Murs, 1860)

Principaux synonymes : Tricholimnas lafresnayanus Râle de Lafresnaye

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Gruiformes Famille : Rallidae

Ecologie : ce Râle aptère est supposé avoir habité les forêts denses de l’île, avec des exigences écologiques proches de celles du Cagou Rhynochetos jubatus . L’alimentation comprend probablement un large spectre de proies parmi les invertébrés, notamment des vers de terre et escargots. Si les premières observations étaient largement étalées selon un gradient altitudinal depuis les forêts riveraines proches de la côte jusqu’aux forêts d’altitude (1000 m), les contacts les plus récents provenaient de forêts de montagne difficilement accessibles, peut- être en liaison avec une présence moindre de mammifères prédateurs introduits. Deux contacts récents concernant les marais semblent peu crédibles. Malgré tout, certains ont suggéré que ce milieu pouvait également constituer un dernier refuge vis-à-vis des chiens et des cochons.

Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de Nouvelle-Calédonie.

• Répartition en France : Grande Terre (forêts de l’île, au moins dans sa partie sud) et vraisemblablement Ile des Pins.

Effectifs et tendances : les effectifs sont inférieurs à 50 adultes, et on ne sait rien sur la tendance hormis que l’espèce devait être assez commune dans le passé, un nombre important de spécimens ayant été collectés au 19 ème siècle (au moins 17 entre 1860 et 1890).

Justification du classement dans la catégorie CR : il n’existe pas d’observation de l’espèce formellement authentifiée depuis 1890, malgré des recherches spécifiques en 1998. On peut espérer que l’espèce soit encore présente compte tenu d’observations possibles réalisées dans les années 1960 et en 1984. Le Râle sylvestre ou Râle de l’île de lord Howe Gallirallus sylvestris (une espèce proche vivant dans une île au large de l’Australie) n’arrive à survivre que dans des secteurs de forêts exempts de cochons, qui sont quasi inexistants en Nouvelle- Calédonie. Des recherches plus poussées doivent être entreprises, mais il est clair que s’il subsiste une population, elle ne peut être que de taille extrêmement réduite, sans doute retranchée dans des forêts de montagne inaccessibles. Pour ces raisons l’espèce se classe CR, avec le critère D qui correspond à des effectifs mondiaux inférieurs à 50 adultes. 71 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Menaces : le déclin semble lié à l’introduction de mammifères domestiques (chiens, chats, cochons) et de rats qui sont maintenant présents sur la quasi-totalité de l’île. Beaucoup de contacts historiques correspondent à des oiseaux capturés par des chiens à la chasse, et cette menace est toujours d’actualité (chiens en vagabondage à partir des villages proches).

Mesures de conservation déjà prises : afin de mieux connaître le statut exact de l’espèce, une sensibilisation des populations locales est en cours. On peut citer notamment l’édition de timbres consacrés à cette espèce ainsi qu’à d’autres espèces d’oiseaux menacés de Nouvelle- Calédonie. Les actions de conservation engagées en faveur du Cagou, et particulièrement le contrôle des mammifères introduits, peuvent aussi bénéficier à cette espèce. Notons par ailleurs que le programme IBA (définition de zonages relatifs à l’intérêt ornithologique, à partir de connaissances actualisées) vient d’être lancé en Nouvelle-Calédonie.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire, sous réserve que l’espèce soit encore présente. Il devra comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action : - Poursuivre les efforts de sensibilisation des habitants et des observateurs potentiels. - Inclure cette espèce dans les actions concernant le Cagou, qu’il s’agisse de sensibilisation de la population ou de contrôle des prédateurs. - Renouveler une action de grande envergure tendant à connaître le statut exact des espèces les plus menacées de Nouvelle-Calédonie, associant des naturalistes et des chercheurs chargés de prospecter les milieux favorables) pendant plusieurs saisons et plusieurs années si nécessaire (étude bioacoustique : même si les vocalisations de l’espèce sont inconnues, elles pourraient être proches de celles de l’espèce voisine). Les secteurs de haute altitude ne doivent pas être négligés, de même que les forêts à forte densité de Cagou, telles les pentes du Mé Maoya, qui pourraient être encore favorables à l’espèce. - Envisager ou poursuivre un partenariat avec les chercheurs travaillant sur l’espèce australienne voisine (qui a trouvé refuge dans des sites sub optimaux en altitude), et promouvoir un statut de protection adapté pour les sites où l’espèce pourrait avoir trouvé refuge.

Bibliographie sommaire : BIRDLIFE (2000) Threatened Birds of the World . Barcelone et Cambridge. Editions Lynx et BirdLife International, 852 p. DELACOUR (1966) Guide des oiseaux de Nouvelle-Calédonie. Delachaux & Niestlé, 172 p. STOKES (1979) On the possible existence of the New Caledonian Wood Rail Tricholimnas lafresnayanus. Bull. Fr. Orn. Cl., 99 : 47-54. THIBAULT & GUYOT (1988) Livre rouge des oiseaux menacés des régions françaises d’Outre-mer , Monographie CIPO n°5, 258 p.

Rédacteur : Jacques Comolet-Tirman (MNHN/SPN)

72 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Leucocharis pancheri (Crosse, 1870)

Photo ou dessin : Rechercher dans la publication de description ?

Classification : Embranchement : Mollusca (Mollusques), Classe : Gastropoda (Gastéropodes), Famille : Bulimulidae (Bulimes).

Écologie : inconnue.

Répartition :

• Répartition mondiale : Endémique de la Nouvelle-Calédonie.

• Répartition en France : L’espèce n’est connue que de sa localité-type, aux environs du Mont d'Or près de Boulari.

Effectifs et tendance en France : L. pancheri n’est connue que de sa description originale en 1870. Il est fort probable qu'elle soit éteinte.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, l’espèce est classée dans la catégorie CR par le fait que son aire d’occurrence, de moins de 10 km², est sévèrement fragmentée et que l’espèce n’est connue que d’une seule localité actuelle, ce qui justifie son classement CR B1+2d.

Menaces : inconnues.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : aucune.

• Mesures in situ : aucune.

• Mesures ex situ : aucune.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration n’est pas envisageable pour l’instant, la survivance de Leucocharis pancheri en Nouvelle-Calédonie n’étant pas confirmée. Afin de clarifier le statut de l’espèce et, dans le cas d’une redécouverte, de déterminer les axes de conservation appropriées, il convient de prendre la mesure suivante :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement des sites Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

73 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures d’action :

Mesures importantes : - Inventaire spécifique visant à redécouvrir l'espèce

Bibliographie sommaire : Franc, A.1957. Mollusques terrestres et fluviatiles de I'Archipel Néo-Calédonien. Mém.Mus. Hist. Nat. Paris, n.s., sér. A, Zool., 13, 200 pp., 24 pls.

Rédacteur : Olivier Gargominy (MNHN/SPN)

74 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 ESPÈCES DE POLYNÉSIE FRANÇAISE

Ducula galeata (Bonaparte, 1855) Carpophage des Marquises Nom local : Upe

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Columbiformes Famille :

Ecologie : exclusivement arboricole, l’espèce s’observe dans les vallées boisées peu fréquentées entre 250 et 1300 mètres d’altitude ainsi que dans des forêts sèches de basse altitude et des milieux forestiers secondaires, par exemple en lisière des bananeraies ou orangeraies. Frugivore, elle se nourrit dans les arbres et buissons avec une prédilection pour les fruits du Goyavier Psidium guajava ( introduit ) et de Fagrea berteriana ( endémique ). Elle ne pond qu’un seul œuf par an, ce qui suggère qu’elle est longévive et que toute augmentation de population sera lente et nécessitera plusieurs années avant d’en avoir confirmation. Note de la SOP: aucune étude de la biologie de l'espèce n'apporte de réponse utile en matière de reproduction. Tout ce que l'on sait de la dynamique reproductive de cet oiseau vient du 75 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 suivi de la réintroduction à Ua Huka : 5 oiseaux introduits en 2000 et 4 oiseaux en 2003 ont formé, en l'absence de braconnage, en 2006 une population de 32-35 oiseaux.

Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de Polynésie française.

• Répartition en France : le Carpophage des Marquises est endémique de l’île de Nuku Hiva en Polynésie, dans l’archipel des Marquises. Il ne survit que dans les vallées du nord et de l’ouest de l’île. Récemment l’espèce a fait l’objet de réintroduction sur l’île voisine de Ua Huka. Il était historiquement présent dans d’autres îles de l'archipel de Marquises, ceci étant établi à partir de l’étude des fossiles.

Effectifs et tendances : les effectifs étaient estimés entre 80 et 150 adultes en 2000 alors que vingt-cinq ans plus tôt l’estimation était de 200-400 oiseaux (1975). La tendance est donc jugée défavorable (BirdLife, 2000) avec un déclin plus lent que pour d’autres espèces. Très récemment, les actions de protection et de sensibilisation ont permis une légère progression des effectifs avec environ 200 oiseaux en 2006 (170 oiseaux pour l’île de Nuku Hiva et 32-34 issus du programme de réintroduction sur Ua Huka). Note : tout en indiquant également une fourchette de 150-300 en 1995, la SOP estime que toutes les estimations avant 2000 paraissent sujettes à caution : Bruner donnait 45-50 oiseaux en 1972. Selon la SOP les effectifs, bien que faibles à Nuku Hiva seraient stables sur les 15 dernières années. L'oiseau serait assez facile à observer dans les zones favorables (et pas forcément inaccessibles)

Justification du classement dans la catégorie CR : cette espèce ne possède qu’une petite population, et sa répartition est aujourd'hui limitée à deux îles de 387 km 2 et 83 km² (Nuku Hiva et Ua Huka respectivement) dans l’archipel des Marquises. En fait elle ne devrait sa survie actuelle qu’à l’existence de quelques rares secteurs de forêt primaire ou d'altitude d’accès difficile pour les chasseurs et le bétail. Ses effectifs étaient supposés en voie de diminution à cause de ces menaces d’où le statut proposé (BirdLife, 2000) mais ils apparaissent aujourd’hui stables voire en légère augmentation depuis 10 ans.

Menaces : la chasse illégale est le principal facteur négatif mais il n'a jamais été objectivement quantifié. La réduction des habitats en raison du surpâturage par les bœufs et chèvres sauvages ainsi que la modification du milieu à la suite de l'introduction d'espèces végétales invasives est le second facteur qui menace l'espèce. Le trafic est inexistant, mais la construction de nouvelles infrastructures (routes, tunnels) dans les vallées reculées où survit l’espèce pourrait compromettre la tranquillité des sites tout en conduisant à une perte directe d’habitat. Les survols des sites favorables par hélicoptère peuvent être un facteur de dérangement supplémentaire. Note de la SOP : parmi les menaces citées par BirdLife figurent le rat noir, mais aucune étude ne prouve un impact du rat noir sur les effectifs des Ducula (qui semblent le tolérer tout comme les Ptilopes). A la quasi disparition de Ducula aurorae est vraisemblablement due à la prédation par le Busard de Gould introduit. Nous ne connaissons pas plus d'étude qui montrerait une augmentation des effectifs de rats noirs sur Nuku Hiva.

76 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : espèce sacrée selon les coutumes locales, ce columbidé est protégé par la réglementation du Pays qui en interdit : 1°) la destruction, la mutilation, la perturbation intentionnelle, la capture ou l'enlèvement, la naturalisation de spécimens vivants ou, qu'ils soient vivants ou morts, leur transport, leur colportage, leur utilisation, leur détention, leur mise en vente ou leur achat ; 2°) la destruction, l'altération, la modification ou la dégradation des habitats sensibles des dites espèces. Elle est inscrite en catégorie A (liste des espèces protégées par la réglementation territoriale de Polynésie française, arrêté de 1996 modifié en 1997 et en 2007).

• Mesures in situ : un plan de conservation est en cours. Une sensibilisation des populations locales a été réalisée, auprès des écoliers en particulier. Elle concerne également le site de réintroduction.

• Mesures ex situ : dans le cadre du plan de conservation, une action de réintroduction a été menée sur l’île de Ua Huka. Cinq oiseaux en provenance de Nuku Hiva y ont été relâchés en 2000, puis quatre à nouveau en 2003. Le suivi de cette opération indique pour l’instant que c’est un succès (plusieurs jeunes sont nés sur l’île puisque la population a été estimée à 32-35 individus en 2006 laissant à penser que l'objectif de 50 oiseaux présents sur Ua Huka en 2010 sera atteint).

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est déjà en place. Les actions de conservation ont eu pour résultat d’améliorer sensiblement le statut de l’espèce, qui est passée en 2008 de CR (en danger critique d’extinction) à EN (en danger d’extinction). Toutefois, certaines difficultés techniques ou financières n’ont pas permis la réalisation de toutes les actions prévues pour les espèces menacées de Polynésie. Pour cette espèce, c’est notamment le cas du programme d’élevage en captivité, écarté pour le moment en raison du coût. Il appartient donc au gouvernement français d’envisager les modalités d’une aide à apporter au gouvernement polynésien.

Les actions prévues pour cette espèce sont :

- Poursuivre les actions de réintroduction dans d'autres îles de l'archipel des Marquises (exemples: Ua Pou, Fatu Iva). - Continuer les actions de sensibilisation des populations locales, en relation avec la protection légale dont bénéficie l’espèce. - Prendre toutes les mesures nécessaires à ce que les infrastructures, comme par exemple la construction de nouvelles routes, se fassent avec le minimum de dommages pour l’environnement et ne mettent pas en péril l’espèce. - Approfondir les connaissances sur l’impact des rats et des chats, et en tirer des conclusions pour des mesures de contrôle. (BirdLife, mais cela ne paraît pas être une priorité pour la SOP, cf. supra) - Eviter tout programme cynégétique comportant l’introduction de gibier car cela aurait pour conséquence un risque d’augmentation de la pression de chasse illégale sur cette espèce. (note

77 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 SOP : les introductions d'espèces étrangères au pays comme les cerfs par exemple sont désormais interdites par la réglementation) - Etablir que cette espèce est à l’abri de maladie aviaire (en particulier : encéphalite West Nile). - Envisager un programme de reproduction en captivité.

Bibliographie sommaire : BIRDLIFE (2000) Threatened Birds of the World . Barcelone et Cambridge. Editions Lynx et BirdLife International, 852 p. BLANVILLAIN, C., THORSEN M., et al. (2000). Rapport sur la première phase de réintroduction du upe (Carpophage des Marquises, Ducula galeata ) de l’île de Nuku Hiva à celle de Ua Huka et propositions pour la sauvegarde de ce colombidé endémique de Polynésie française en danger critique d’extinction. Papeete, Tahiti, Société d’Ornithologie de Polynésie : 19. BLANVILLAIN, C. ET THORSEN, M. (2002). The Biology of the critically endangered Marquesan Imperial-Pigeon (Ducula galeata ), Nuku Hiva, Marquesas Archipelagos (). Emu. 103: 381-386 EVERETT, W., VARNEY, A. et al. (1996). Report on field surveys for the Upe, Nuku Hiva imperial pigeon ( Ducula galeata ) on Nuku Hiva, Marquesas Islands, San Diego Zoological Society: 9. GOUNI, A., M. TEIKITEETINI, et al. (2003). Réintroduction du Carpophage des Marquises ( Ducula galeata ) sur Ua Huka, île des Marquises - 2ème Phase. Papeete, Tahiti, Société d’Ornithologie de Polynésie : 38. GOUNI, A., SULPICE, R. et al. (2006). Suivi des populations de Carpophage des Marquises, Ducula galeata, sur Nuku Hiva et Ua Huka en 2006. Papeete, Société d'Ornithologie de Polynésie : 18p. GOUNI & ZYSMAN (2007) Oiseaux du Fenua. Tahiti et ses îles . Editions Tethys. THIBAULT & GUYOT (1988) Livre rouge des oiseaux menacés des régions françaises d’Outre-mer , Monographie CIPO n°5, 258 p. THORSEN, M., C. BLANVILLAIN, et al. (2002). Reasons for decline, conservation needs, and a translocation of the critically endangered Upe (Marquesas imperial pigeon, Ducula galeata ), French Polynesia. Wellington, Department of Conservation : 20. VILLARD, P. (2000). Biologie et sauvegarde d'une espèce en danger : le Upe - Carpophage des Marquises ( Ducula galeata) - Centre de Documentation du Cirad , France: 45 pp. VILLARD, P., DE VISSCHER, M.-N., BALANCA, G. (2003). Population size, habitats and conservation of Marquesan Imperial Pigeon Ducula galeata . Conservation International 13(3): 189-197. Site internet : www.manu.pf

Rédacteur : Jacques Comolet-Tirman (MNHN/SPN) Expert(s) consulté(s) : Philippe Raust (Société d’Ornithologie de Polynésie)

78 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Endodontidae

Mautodontha boraborensis, Mautodontha ceuthma, Kondoconcha othnius, Opanara altiapica, Opanara areaensis, Opanara bitridentata, Opanara caliculata, Opanara depasoapicata, Opanara duplicidenta, Opanara fosbergi, Opanara megomphala, Opanara perahuensis, Orangia maituatensis, Rhysoconcha variumbilicata, Ruatara koarana

Les Endodontidae sont, avec les Partulidae , les Achatinellidae et les Euconulidae , l’une des quatre familles d’escargots de Polynésie française dont l’évolution a mené à des radiations extraordinaires. Plus de 95% des espèces aussi bien que des genres sont endémiques du territoire, la plupart du temps d’une île voire d’une seule vallée ou d’un seul sommet. Il s’agit d’une famille très ancienne qui a pratiquement disparu des continents et dont les populations insulaires sont des reliques. Pour autant, ils ne sont pas du tout primitifs et ont développé des stratégies de protection des jeunes tout à fait originales : l’ombilic (bas de l’axe collumelaire) est ouvert et différentié en chambre d’incubation (à la manière des kangourous !), et l’animal parfois fait un opercule afin de protéger sa progéniture.

Libera sp., Tahiti (Société). Lors d’une réévaluation des escargots de Tahiti, cette espèce jusqu’à présent non évaluée se verra attribuer un statut de menace. Photo : O. Gargominy.

79 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Libera sp., Tahiti (Société). On peut apercevoir les juvéniles abrités dans l’ombilic. Photo : O. Gargominy.

Classification : Embranchement : Mollusca (Mollusques), Classe : Gastropoda (Gastéropodes), Famille : Endodontidae (Endodontidés).

Écologie : Escargots terrestres vivant dans la litière ou dans la mousse des troncs.

Répartition :

• Répartition mondiale : Endémiques de Polynésie française.

• Répartition en France :

Nom Endémique de : Mautodontha boraborensis BORABORA Mautodontha ceuthma RAIVAVAE Kondoconcha othnius RAPA Opanara altiapica RAPA Opanara areaensis RAPA Opanara bitridentata RAPA Opanara caliculata RAPA Opanara depasoapicata RAPA Opanara duplicidenta RAPA Opanara fosbergi RAPA Opanara megomphala RAPA 80 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Opanara perahuensis RAPA Orangia maituatensis RAPA Rhysoconcha variumbilicata RAPA Ruatara koarana RAPA

Effectifs et tendance en France : En l’absence de suivi, rien ne peut être dit sur les effectifs de ces espèces. Cependant, la réduction drastique de leurs habitats est éloquente quant à la disparition de la plupart de leur population. Des missions d’inventaire ont eu lieu dans l’archipel des Australes entre 2002 et 2004, pendant lesquelles les espèces ont été cherchées dans leur localité-type (pour la plupart du temps seules stations connues) ; ces localités sont dans leur grande majorité détruites car il ne subsiste que des terrains érodés. Quelques populations ont été découvertes cependant, réduites à l’extrême comme par exemple dans une fissure sur une falaise (voir photo ci- dessous).

Le Mont Perahu, sommet de l’île de Rapa, et les localités sur lesquelles des Endodontidae endémiques ont été découvertes. Photo O. Gargominy.

81 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Une fissure dans une falaise, où la végétation est à l’abri de la destruction par les chèvres et les bovins, est un des refuges discrets de la faune des Endodontidae de Rapa. Photo O. Gargominy.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, ces espèces sont classées dans la catégorie CR car leurs populations ont subit une réduction observée, estimée, inférée ou suspectée d’au moins 80% durant les dix dernières années ou les trois dernières générations, en se basant sur le constat d’une réduction de l’aire de répartition et de la qualité de l’habitat ou sur l’effets de l’introduction de certaines espèces invasives envahissantes. Pour certaines espèces, une réduction de 80% de leurs populations dans les dix années ou trois générations à venir est projetée ou suspectée pour les raisons invoquées ci-dessus. Enfin, pour certaines espèces, l’aire d’occurrence est estimée à moins de 100 km² et/ou l’aire d’occupation est estimée à moins de 10 km², cette aire de répartition est sévèrement fragmentée ou bien est réduite à une seule station et une diminution de l’étendue de l’aire d’occurrence, de l’aire d’occupation, de l’habitat, la qualité de ce dernier ainsi que le nombre de stations est observée, inférée ou projetée.

Menaces : Les Endodontidae de Polynésie française sont sous la menace principale de la destruction et/ou de l’altération de leur habitat. Plusieurs causes peuvent être à l’origine de ce mécanisme, dont les deux principales sont la destruction par les feux et le broutage par les herbivores introduits (chèvres, bovins).

82 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : aucune.

• Mesures in situ : aucune.

• Mesures ex situ : aucune.

Les îles d’où ces espèces sont endémiques sont en général de simples communes, qui ont donc une lourde responsabilité, disproportionnée par rapport aux moyens que leur confère ce statut administratif. L’île de Rapa semble être le paroxysme de cette inadéquation (voir figure ci-dessous).

L'île de Rapa, dans l'archipel des Australes en Polynésie française : un des lieux de spéciation explosive parmi les plus extraordinaires du monde. En arrière-plan, la ville de Paris à la même échelle (tiré de Gargominy, 2003).

83 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures urgentes : - Eradication des animaux errants (chèvres, bovins marrons), ou tout au moins mise en place de dispositifs d’exclos afin de préserver les derniers habitats reliques. - Inventaire complet des quelques zones naturelles qui subsistent sur les îles hautes de Polynésie

Mesures importantes : - Sensibilisation du public (insulaires) sur l’importance du patrimoine naturel que leur île héberge. - Augmenter les moyens structurels et financiers des communes insulaires disposant de ce patrimoine mondial

Mesures secondaires : - Etudier la possibilité d’inscription de l’île de Rapa à la liste du Patrimoine mondial de l’UNESCO (voir ci-dessus)

Bibliographie sommaire : Gargominy, O., [Ed] 2003. Biodiversité et conservation dans les collectivités françaises d'outre-mer . Collection Planète Nature. Comité français pour l'UICN, Paris, France. x + 246 pp. Solem, A. 1976. Endodontoid Land Snails from Pacific Islands (Mollusca: : Sigmurethra). Part 1. Family Endodontidae . Field Museum Press, Chicago. 501 pp. Solem, A. 1983. Endodontoid Land Snails from Pacific Islands (Mollusca: Pulmonata: Sigmurethra). Part 2: Families Punctidae and Charopidae. Zoogeography . Field Museum of Natural History, Chicago. ix-336 pp.

Rédacteur : Olivier Gargominy (MNHN/SPN)

84 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Gallicolumba erythroptera (Gmelin, 1789) Gallicolombe érythroptère Noms locaux : Amaho ou U'uairao (Tahiti), Tutururu (Tuamotu), Itikoe (Mangareva).

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Columbiformes Famille : Columbidae

Ecologie : l’espèce s’observe dans des formations boisées denses au cœur des îlots, ainsi que dans des forêts clairsemées en bordure de lagons ou près du rivage. Malgré son aptitude au vol, elle est de mœurs essentiellement terrestre. Elle est vulnérable du fait de son caractère peu craintif. Elle se nourrit essentiellement de graines, de fruits et d’invertébrés.

Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de Polynésie française.

• Répartition en France : à l’origine assez largement distribuée à travers les archipels de la Société et de Tuamotu-Gambier, on ne connaît actuellement de façon certaine que trois sous-populations, deux dans des atolls peu fréquentés des Tuamotu de l’Est ( – contrôlée en 1999 – étant l’une d’entre elles; en revanche celle de Matureivavao -recherchée sans succès en 1999- aurait disparu ; une autre petite population a été découverte en 2003 sur Morane), la troisième population se trouve sur un ensemble de 6 à 7 motu de moins de 5 ha sur (Tuamotu de l’Ouest).

Effectifs et tendances : les effectifs seraient de l’ordre de 100-110 oiseaux (2003) avec une cinquantaine d’oiseaux au maximum sur Tenararo, une dizaine sur Rangiroa et environ 50 85 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 oiseaux également sur Morane. La tendance négative est bien documentée, au moins à travers la disparition de l’espèce de certaines îles où elle était connue il y a peu (BirdLife, 2000). Note de la SOP : Il n’y avait quasiment pas eu de suivi de cette espèce depuis la Whitney South Sea Expedition dans les années 1920.

Justification du classement dans la catégorie CR : cette espèce se classe parmi les CR du fait de sa faible population fragmentée en sous-populations vivant sur des îlots. Une seule des deux sous-espèces (la forme nominale) serait encore présente aujourd’hui, tout en ayant disparu de maintes stations connues anciennement. La sous-espèce pectoralis (Tuamotu du Centre) est éteinte. Cette extinction sur plusieurs îles met en évidence un incontestable déclin général, qui n’est sans doute pas stoppé.

Menaces : à l’occasion prélevée par les indigènes autrefois pour leur nourriture, cette espèce a surtout eu à subir l’introduction des chats et des rats qui constitue la raison la plus plausible de son déclin (elle ne tolère apparemment la présence d'aucun rat, y compris le Rat polynésien Rattus exulans ). Le remplacement de la végétation d’origine par des plantations de cocotiers sur de vastes secteurs des atolls les plus larges a certainement joué un rôle négatif, tout comme les occasionnels cyclones. Note de la SOP : si les espèces des Tuamotu ont pu se reconstituer dans le passé après des cyclones qui restent des évènements rares en PF par recolonisation à partir d'atolls voisins, ce ne serait certainement plus le cas aujourd'hui en raison de la fragmentation des populations et de leur faiblesse quantitative.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’espèce est protégée, inscrite en catégorie A (liste des espèces protégées par la réglementation territoriale de Polynésie française, arrêté de 1996 modifié en 1997).

• Mesures in situ : afin de compléter les connaissances sur l’espèce, des expéditions ont été mises sur pied notamment en 1999 et 2003. Elles ont permis la découverte de nouvelles populations.

• Mesures ex situ : un programme de reproduction en captivité a été tenté mais sans résultat probant pour l’instant.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

86 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures d’action :

Mesures d’urgence : - Poursuivre le programme de dératisation des motu (îlots) contigus à ceux où se trouvent les Gallicolombes à Rangiroa. - Poursuivre la mise en place du projet de dératisation de Vahanga dans les îles Actéon où l’espèce pourrait être réintroduite. Envisager ensuite la translocation d’individus sur ces îles où ils seront à même de reconstituer une population plus importante. - Poursuivre le travail de terrain notamment dans les îles Tuamotu centrales et Actéon pour approfondir les connaissances sur la répartition de cette colombe. - Etudier le comportement alimentaire et la reproduction. - Protéger la population de Tenararo, Morane et Rangiroa de toute introduction de prédateur (Rats) et limiter les dérangements d’ordre anthropique. - Coordonner ces différentes mesures au sein d’un programme de restauration.

Mesures secondaires : - Voir s’il est encore envisageable de continuer le programme de reproduction en captivité (note de la SOP: non prioritaire actuellement en raison des moyens disponibles). - Sensibiliser et informer la population locale sur cette espèce.

Bibliographie sommaire : BIRDLIFE (2000) Threatened Birds of the World . Barcelone et Cambridge. Editions Lynx et BirdLife International, 852 p. BLANVILLAIN, C. CHEVALIER, F. THENOT, V. (2002). Land birds of Tuamotu Archipelago, Polynesia: relative abundance and changes during the 20th century with particular reference to the critically endangered Polynesian ground-dove (Gallicolumba erythroptera) . Biological Conservation 103: 139-149. GOUNI & ZYSMAN (2007) Oiseaux du Fenua. Tahiti et ses îles . Editions Tethys. GOUNI, A., BLANC L., et al. (2005). Programme de conservation de la Gallicolombe de la Société, Gallicolumba erythroptera . Papeete, Société d’Ornithologie de Polynésie : 29p. MONNET, C., SANFORD, L. et al. (1993). Polynesian Ground Dove ( Gallicolumba erythroptera ) discovered at Rangiroa Atoll, Tuamotu Islands (Polynesia). Notornis 40: 128-130. PIERCE, R., RAUST, P., ET WRAGG, G. (2003). Report on an avifauna survey of atolls in the Tuamotu and Austral Archipelagos, French Polynesia, Wildlands Consultants Ltd. , Whangarei: 43. THIBAULT & GUYOT (1988) Livre rouge des oiseaux menacés des régions françaises d’Outre-mer , Monographie CIPO n°5, 258 p. Site internet : www.manu.pf

Rédacteur : Jacques Comolet-Tirman (MNHN/SPN) Expert(s) consulté(s) : Philippe Raust (Société d’Ornithologie de Polynésie)

87 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Partula sp. Partula

Nom Nouveau statut UICN Partula filosa Éteint à l’état sauvage (EW) Partula hyalina Quasi menacé (NT) (syn. Partula clara ) Partula otaheitana En danger critique d’extinction (CR) Partula rosea Éteint à l’état sauvage (EW) Partula varia Éteint à l’état sauvage (EW)

Récemment (L EE et al. , 2007), il a été montré par des études moléculaires que P. clara est une forme noire de P. hyalina . Il convient donc de regrouper ces deux espèces nominales sous le nom P. hyalina en vertu du principe d’antériorité.

Partula otaheitana , Tahiti (Société). Photo : O. Gargominy.

88 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Partula hyalina , Tubuai (Australes). Photo : O. Gargominy.

Classification : Embranchement : Mollusca (Mollusques), Classe : Gastropoda (Gastéropodes), Famille : Partulidae (Partulidés).

Écologie : Escargots exclusivement arboricoles.

Répartition :

• Répartition mondiale : Endémique de Polynésie française.

• Répartition en France : P. filosa , P. hyalina et P. otaheitana sont endémiques de Tahiti. P. hyalina a été introduite dans les Australes et les Cook par les Polynésiens avant l’arrivée des Européens. P. rosea et P. varia sont endémiques de Huahine (archipel de la Société).

Effectifs et tendance en France : Les Partula, fleuron de la faune polynésienne tant par leur radiation évolutive que par la beauté de leur coquille, représentent un cas extrême des dégâts de l’homme sur la biodiversité. La totalité des 33 espèces de Raiatea a disparu, et seules 3 espèces sur les 57 que comptait l’archipel de la Société subsistent actuellement à l’état naturel : P. affinis , P. otaheitana et P. hyalina . Du genre Samoana , de la famille des Partulidae également, moins diversifié avec « seulement » trois espèces sur la Société, il ne reste également qu’une seule espèce ( S. attenuata ), présente sur la quasi-totalité des îles de l’archipel.

89 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, ces espèces sont classées dans la catégorie CR car leur habitat a été réduit de plus de 90% sur les trois derniers siècles et, les individus étant sédentaires, les populations ont dû être conséquemment réduites d’au moins 80% sur les trois dernières générations. Depuis cette évaluation, trois espèces ont disparu mais il reste des populations en élevage. P. hyalina a été déclassée en NT en raison de l'existence de populations aux Australes sur des îles exemptes d’ Euglandina rosea .

Menaces : L’ensemble de la faune de mollusques terrestres de Polynésie française est (ou était pour la faune éteinte) sous la double menace de la disparition des habitats et de la prédation par un escargot carnivore introduit, Euglandina rosea (voir encadré).

L’escargot Achatina fulica , originaire d’Afrique orientale, est indirectement responsable de l’extinction de plusieurs dizaines d’espèces d’escargots endémiques des îles du Pacifique. Cette grande espèce (mesurant jusqu’à 18 centimètres et pesant jusqu’à 340 grammes) a été propagée dès le début du 19ème siècle, volontairement ou involontairement, par l’Homme dans toutes les régions tropicales de l’Océan Indien, d’Asie et du Pacifique. Pendant et après la 2ème guerre mondiale, les engins de terrassement, le développement des échanges maritimes ont amené l’achatine jusque dans les îles les plus reculées. Dans ce nouvel habitat, l’expansion démographique de l’achatine n’était freinée par aucun prédateur ni parasite : elle s’est mise à pulluler, ravageant les cultures vivrières (ignames, taros, papayers) et commerciales (ananas). Pour protéger les cultures, les techniciens agronomes ont cherché à enrayer l’explosion démographique des achatines, et même à les éradiquer, grâce à la lutte biologique. Ils ont donc introduit volontairement un autre escargot, prédateur d’escargots celui-là, en comptant qu’il se nourrirait d’achatines et exercerait donc un contrôle biologique naturel sur les populations de ce ravageur. Le prédateur, Euglandina rosea , originaire d’Amérique centrale et du Sud des Etats-Unis, a été amené à Hawaï en 1955. Puis Hawaï et Guam ont servi de relai et, de là, la glandine a été introduite dans les années 1960 et 70 jusque dans les îles les plus reculées du Pacifique, partout où les habitants se plaignaient des dégâts causés par l’achatine. Partout où elles ont été introduites, les glandines se sont répandues en dehors des zones cultivées, dans les forêts naturelles. Là, elles se sont attaquées aux escargots indigènes. En l’espace de quelques années, Moorea a été entièrement envahie par les prédateurs, causant l’extinction de 7 espèces de Partula endémiques. Quant à l’achatine, elle est toujours présente et les glandines sont sans effet sur leur démographie. Si aujourd’hui on comptabilise dans le monde davantage d’extinctions d’escargots que d’Oiseaux et Mammifères réunis, on le doit en grande partie à l’impact désastreux des glandines sur la faune si originale des îles du Pacifique.

Mesures de conservation déjà prises :

L’introduction pré-européenne de P. hyalina dans les Australes a eu une retombée de conservation en créant des populations de secours

• Mesures légales et réglementaires : Toutes les espèces de la famille des Partulidae sont protégées par l’Arrêté n° 1997-1332/CM.

• Mesures in situ : aucune.

• Mesures ex situ : P. filosa , P. rosea et P. varia font l’objet d’un élevage depuis de nombreuses années dans des zoos de Grande-Bretagne et des Etats-Unis.

90 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures d’urgence : - Rechercher des méthodes d’éradication de l’euglandine, au moins localement. - Renforcement des contrôles aux ports et aéroports afin de prévenir l’introduction de l’achatine et de l’euglandine - Soutien aux programmes en cours d’élevage ex situ des espèces gravement menacées d’extinction ou déjà éteintes dans la nature

Mesures importantes : - Sensibilisation du public à la problématique de l’introduction de l’euglandine (et toutes autres espèces animales ou végétales…) afin de prévenir son introduction inutile et néfaste - Etudier la possibilité de réintroduction / renforcement de populations

Bibliographie sommaire : Lee, T., Burch, J. B., Coote, T., Fontaine, B., Gargominy, O., Pearce-Kelly, P. & Ó Foighil, D. 2007. Prehistoric inter- archipelago trading of Polynesian tree snails leaves a conservation legacy. Proceedings of the Royal Society of London B, 274: 2907-2914.

Rédacteurs : Olivier Gargominy (MNHN/SPN), Trevor Coote

91 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Pomarea nigra (Sparrman, 1786) Monarque de Tahiti Nom local : Omama’o

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Passériformes Famille : Monarchidae

Ecologie : c’est un insectivore qui se nourrit de proies capturées au vol ainsi que dans la végétation. L’habitat du Monarque de Tahiti correspond aujourd’hui essentiellement à la forêt de Mara ( Neonauclea fosteri ) de basse altitude (80-400 m).

Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de Polynésie française.

• Répartition en France : endémique de l’île de Tahiti, présente historiquement de la frange littorale aux forêts d’altitude. Ne subsiste plus que dans quelques vallées basses de la côte ouest ainsi que peut-être dans quelques forêts d’altitude jusqu’à 1500 m.

Effectifs et tendances : cette espèce était commune au 19 ème siècle, et assez largement répartie tant en montagne qu’en plaine. Mais dès le début du 20 ème siècle (vers 1920) elle était considérée comme rare et localisée. Dans les années 1970, une population (dizaines de 92 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 couples) était encore présente sur les pentes du Mont Marau, entre 750 et 1500 mètres d’altitude, population disparue aujourd’hui. Dans la période 1986-1991, elle n’a fait l’objet d’observations que dans quatre vallées sur un total de trente-neuf vallées visitées. En 1998, la population était évaluée à 27 oiseaux (12 couples) répartis dans quatre vallées de basse altitude. En 2004, la population était revenue à un effectif de 40-45 oiseaux avec des couples installés sur de nouveaux territoires.

Justification du classement dans la catégorie CR : cette espèce se classe parmi les CR parce qu’elle ne possède qu’une très petite population et se qualifie pour cette catégorie selon le critère D qui correspond à des effectifs mondiaux inférieurs à 50 adultes. Toutefois, les actions de conservation engagées sont encourageantes et permettent d’espérer un renversement de la tendance.

Menaces : le déclin sur le Mont Marau pourrait être lié au remplacement de la végétation forestière indigène par la peste végétale Miconia calvescens , introduite en 1937, et dont la progression a été facilitée par un cyclone (1983). Un déclin général dans la qualité de l’habitat est sensible ailleurs. La forêt, souvent réduite à une bande étroite au pied de canyons basaltiques escarpés, est maintenant largement composée d’espèces invasives. Toutefois, il semble que le Monarque sache s’adapter à la progression du Tulipier du Gabon ( Spathodea campanulata ), qui bien souvent tend à supplanter le Mara. Chez cet oiseau qui n’élève qu’un jeune par an, la prédation par les rats ( Rattus rattus ) s’avère un facteur négatif non négligeable. Par ailleurs une étude de trois ans a mis en évidence que la présence d’oiseaux introduits (Bulbul à ventre rouge Pycnonotus cafer , Martin triste Acridotheres tristis ) sur le territoire d’un couple tend à diminuer les chances de succès de sa reproduction.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’espèce est protégée, inscrite en catégorie A (liste des espèces protégées par la réglementation territoriale de Polynésie française, arrêté de 1996 modifié en 1997).

• Mesures in situ : à l’image de ce qui a été fait pour le Monarque de Rarotonga (îles Cook) dès les années 1980, un plan d’action a été mis sur pied récemment pour le Monarque de Tahiti. Des actions de dératisation ont été lancées depuis 1998, avec pose d’appâts empoisonnés et cerclage des arbres porteurs de nid. Pour être totalement efficaces, ces actions demanderaient à être élargies à toute la vallée, et de façon continue sur l’ensemble de la saison. En effet, protéger les abords mêmes des nids ne suffit pas à prévenir le retour des rats.

• Mesures ex situ : néant.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est déjà en place. Toutefois, certaines difficultés techniques ou financières n’ont pas permis la réalisation de toutes les actions prévues pour les espèces menacées de Polynésie. Il appartient donc au gouvernement français d’envisager les modalités d’une aide à apporter au gouvernement polynésien.

93 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Les actions prévues pour cette espèce sont :

- Poursuivre le travail de terrain dans les quatre vallées, mais aussi dans les sites occupés anciennement et dans les sites où de nouvelles populations réussissent à s’implanter. - Poursuivre les actions de dératisation. - En vue de l’amélioration de la qualité de l’habitat, conduire des expérimentations tendant à promouvoir la végétation indigène : par exemple encourager la pousse de jeunes Mara plutôt que celle des Tulipiers du Gabon. - Etudier l’impact des populations d’oiseaux introduits et envisager leur contrôle. - Baguer les monarques pour connaître le devenir des jeunes après l'envol et leur comportement. - Envisager une introduction sur une île haute indemne de rats noirs (exemple : Raivavae aux Australes) ou après restauration écologique (Mehetia aux IDV). Cette dernière option amène à considérer l'achat de cette île pour y établir une réserve. - Envisager peut-être en dernier ressort la possibilité d’un programme d’élevage en captivité.

Bibliographie sommaire : BIRDLIFE (2000) Threatened Birds of the World . Barcelone et Cambridge. Editions Lynx et BirdLife International, 852 p. BLANVILLAIN, C., SALDUCCI, J.-M., TUTURURAI, G., MAEURA, M. (2003). Impact of introduced birds on the recovery of the Tahiti Flycatcher ( Pomarea nigra ), a critically endangered forest bird of Tahiti. Biological Conservation . 109: 197-205. GOUNI & ZYSMAN (2007) Oiseaux du Fenua. Tahiti et ses îles . Editions Tethys. THIBAULT & GUYOT (1988) Livre rouge des oiseaux menacés des régions françaises d’Outre-mer , Monographie CIPO n°5, 258 p. GOUNI, A., NOIRET, C., DURIEUX, J., RAUST, P. (2005). Sauvegarde du Monarque de Tahiti ( Pomarea nigra ) en danger critique d'extinction. Société d'Ornithologie de Polynésie , Papeete. 17 p. PIERCE, R., BLANVILLAIN, C. 2000. Conservation of the Tahiti flycatcher ( Pomarea nigra ) - Report on advice provided to Société d'Ornithologie de Polynésie. Conservation advisory science notes, Department of Conservation 290: 8 p. THIBAULT, J.-C., BLANVILLAIN, C., MONNET, C. (1999). Plan de conservation du 'Omama'o (Monarque de Tahiti Pomarea nigra ) - Etude des mécanismes d'extinction. Papeete, Société d’Ornithologie de Polynésie : 46 p. THIBAULT, J.-C., MARTIN, J.-L., PENLOUP, A., MEYER, J.-Y. (2002). Understanding the decline and extinction of monarchs (Aves) in Polynesian islands. Biological conservation 108: 161-174. THIBAULT, J.-C., MEYER, J.-Y. (2001). Contemporary extinctions and population declines of the monarchs (Pomarea spp. ) in French Polynesia, South Pacific. Oryx , 35(1), 73-80. Site internet : www.manu.pf

Rédacteur : Jacques Comolet-Tirman (MNHN/SPN) Expert(s) consulté(s) : Philippe Raust (Société d’Ornithologie de Polynésie)

94 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Pomarea whitneyi Murphy & Mathews, 1928 Monarque de Fatu Hiva Nom local : Oma’o

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Passériformes Famille : Monarchidae

Ecologie : ce monarque est présent exclusivement dans la forêt dense composée d’arbres indigènes comme le Fau ( Hibiscus tiliaceus ) ou introduits comme le Mako ( Mangifera indica ), jusqu’à une altitude de 750 mètres. Les oiseaux observés à une altitude supérieure (exemple : crête à 775 mètres derrière le Mont Touaouoho) sont supposés être des non nicheurs. Il se nourrit d’insectes (notamment coléoptères), d’araignées et parfois de graines. Les connaissances demandent à être complétées sur beaucoup d’aspects notamment pour la nidification.

Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de Polynésie française.

• Répartition en France : endémique de l’île de Fatu Hiva dans les Marquises.

Effectifs et tendances : les effectifs cités par BirdLife sont compris entre 250 et 1000 adultes en 2000 (note de la S0P : ils étaient sans doute déjà plus faible à cette époque). Avec des effectifs forts de quelques centaines d’individus, cette espèce peut sembler moins menacée que d’autres. Elle était considérée comme commune jusque vers les années 1990. Les études publiées en 2001 faisaient état d’une densité d’un couple aux 10 ha dans la basse vallée d’Omoa, et l’estimation de la population totale donnait entre 400 et 1000 individus. Mais dès cette année, un recul sensible du succès de la reproduction était documenté, en particulier à travers le faible nombre d’adultes accompagné de juvéniles. Par ailleurs, aucune observation n’a pu être réalisée sur les crêtes et pentes de Omoa, secteurs occupés auparavant soit par des couples soit par des oiseaux non nicheurs. Une nouvelle mission en juillet 2006 a confirmé la tendance négative : selon la S.O.P., la population totale serait inférieure à 300 individus.

Justification du classement dans la catégorie CR : cette espèce n’occupe qu’une seule île de taille réduite (aire estimée 13 km 2) où elle semblait jusqu’à une date récente encore en sécurité. Elle se classe parmi les CR parce que sa survie est compromise depuis peu avec une tendance négative liée à l’arrivée récente du Rat noir sur l’île.

Menaces : Fatu Hiva est une île relativement préservée et à la couverture forestière largement intacte, à l’abri d’impacts comme le surpâturage ou les incendies. Jusqu’à une date récente 95 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 elle était aussi à l’abri des rats ( Rattus rattus ). Observée pour la première fois en février 2000 (mais certainement présent depuis les années 1990), cette espèce introduite s’avère la plus grave des menaces, et sa présence est corrélée avec le déclin des populations que l’on a pu mettre en évidence chez plusieurs espèces de monarques.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’espèce est protégée, inscrite en catégorie A (liste des espèces protégées par la réglementation territoriale de Polynésie française, arrêté de 1996 modifié en 1997).

• Mesures in situ : à l’image de ce qui a été fait pour le Monarque de Rarotonga (îles Cook) dès les années 1980, un programme de conservation limité a été mis sur pied récemment pour le Monarque de Fatu Hiva. Un suivi régulier des populations est mis en œuvre depuis les années 2000. Des actions de dératisation sont mises en place au niveau de quatre vallées abritant des populations résiduelles de monarques.

• Mesures ex situ : néant.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est déjà en place. Toutefois, certaines difficultés techniques ou financières n’ont pas permis la réalisation de toutes les actions prévues pour les espèces menacées de Polynésie. Il appartient donc au gouvernement français d’envisager les modalités d’une aide à apporter au gouvernement polynésien.

Les actions prévues pour cette espèce sont :

- Poursuivre le travail de terrain dans la vallée de Omoa, mais aussi ailleurs dans l’île de façon à préciser les connaissances sur les effectifs. - Etudier la biologie de reproduction. - Poursuivre les actions de dératisation de façon permanence (Omoa et Hanavave) par captures et appâts empoisonnés (note de la SOP : une action pouvant conduire à l’éradication totale des rats ne paraît pas faisable avec les techniques et moyens actuels). - Envisager la possibilité d’un programme de réintroduction mais les sites candidats sont rares voire inexistants aux Marquises. - En dernier recours envisager l'élevage en captivité.

Bibliographie sommaire : BIRDLIFE (2000) Threatened Birds of the World . Barcelone et Cambridge. Editions Lynx et BirdLife International, 852 p. BLANVILLAIN, C., ZIEMBICKI, M. (2002). Rapport de mission sur le Monarque de Fatu-Hiva ( Pomarea whitneyi ). Société d’Ornithologie de Polynésie , Papeete. 7p. GOUNI & ZYSMAN (2007) Oiseaux du Fenua. Tahiti et ses îles . Editions Tethys. GOUNI, A. (2003). Suivi des populations du Monarque de Fatu-Hiva ( Pomarea whitneyi ). Société d’Ornithologie de Polynésie, Papeete. 19 p. GOUNI, A. (2006). Suivi des populations du Monarque de Fatu Hiva, Pomarea whitneyi , en 2006. Société d'Ornithologie de Polynésie, Papeete. 19 p. RAUST, P. (2004). Rapport de mission à Fatu-Hiva. Suivi du Monarque de Fatu-Hiva ( Pomarea whitneyi ) et mesures de conservation. Société d’Ornithologie de Polynésie , Papeete: 18 p. 96 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 SALDUCCI, J.-M. (2005). Suivi des populations de Monarque de Fatu Hiva ( Pomarea whitneyi ) et mesures de conservation - Rapport de mission 2005. Société d’Ornithologie de Polynésie , Papeete: 14 p. THIBAULT & GUYOT (1988) Livre rouge des oiseaux menacés des régions françaises d’Outre-mer , Monographie CIPO n°5, 258 p. THIBAULT, J.-C., MEYER, J.-Y. (2001). Contemporary extinctions and population declines of the monarchs (Pomarea spp. ) in French Polynesia, South Pacific. Oryx , 35(1), 73-80. ZIEMBICKI, M. (2003). Drastic decline in the translocated ultramarine lorikeet population on Fatu Iva, Marquesas Island, French Polynesia. Re-introduction News 23: 17-18. Site internet : www.manu.pf

Rédacteur : Jacques Comolet-Tirman (MNHN/SPN) Expert(s) consulté(s) : Philippe Raust (Société d’Ornithologie de Polynésie)

97 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Todiramphus gambieri (Oustalet, 1895) Martin-chasseur des Gambier Nom local : Kote'ute'u

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Coraciiformes Famille : Alcedinidae

Ecologie : ce Martin-chasseur ne semble pas particulièrement exigeant en terme d’habitats puisqu’il peut s’observer aux abords des villages, dans les cocoteraies, les zones cultivées et la forêt à condition qu’elle ne soit pas trop dense. Son territoire s’étend sur une dizaine ou une douzaine d’hectares. Il creuse des cavités de nidification dans le bois mort des cocotiers. A la manière des autres martins-chasseurs, il capture essentiellement des petits lézards et des insectes (coléoptères notamment), mais la capture de petits poissons a aussi été observée à marée basse dans les lagons. Il semble par ailleurs qu’il existe une population côtière de l’espèce découverte très récemment ou tout au moins non comptabilisée dans les recensements de 2003/2004.

98 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de Polynésie française.

• Répartition en France : la sous-espèce Todiramphus gambieri gertrudae (Martin- chasseur de Niau) est endémique de l’île de Niau en Polynésie, dans l’archipel des Tuamotu. C’est la seule sous-espèce qui subsiste depuis l’extinction de Todiramphus gambieri gambieri sur l’île de Mangareva dans les Gambier avant 1922.

Effectifs et tendances : les effectifs ont été estimés entre 39 et 51 adultes en 2003/2004, toutefois après une étude plus précise en 2006 incluant le radio-tracking ils ont été revus aux environ de 120 individus, alors que trente ans plus tôt l’estimation était de 400-600 adultes (1974) et que l’espèce était considérée commune en 1990. La tendance est donc défavorable avec semble-t-il une aggravation récente.

Justification du classement dans la catégorie CR : auparavant classée vulnérable (VU), cette espèce a été réévaluée parmi les CR suite à des études mettant en évidence que la population survivant actuellement est beaucoup plus réduite que ce qui était supposé précédemment. Sa répartition est limitée à une seule île de 26 km 2 (Niau) et ses effectifs apparaissent en voie de diminution. Les causes de déclin pourraient inclure la prédation par les chats, les rats noirs introduits ou la compétition pour les proies (lézards) par ces derniers, ainsi que l'impact des cyclones (1983) ayant eu pour conséquence une perte de sites de nidification.

Menaces : la prédation des juvéniles (chats) et la compétition pour la ressource alimentaire (rats noirs) peuvent compromettre le succès de reproduction. En 1984, l’élimination des arbres morts après le passage d’un cyclone l’année précédente avait considérablement réduit les potentialités de sites de nidification.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’espèce est protégée, inscrite en catégorie A (liste des espèces protégées par la réglementation territoriale de Polynésie française, arrêté de 1996 modifié en 1997).

• Mesures in situ : un plan de conservation est en cours (Ministère du Tourisme et de l’Environnement, Direction de l’Environnement de Polynésie française, SOP, PICRA). Des nichoirs ont été mis à disposition. Une sensibilisation des populations locales a été réalisée, auprès des cultivateurs et des écoliers en particulier. Niau est incluse dans la réserve de biosphère des Tuamotu agréée par l'UNESCO en 2007.

• Mesures ex situ : néant.

Note : l’espèce vient d’être sélectionnée pour la collecte de fonds dans le cadre de la BirdFair (Royaume-Uni, août 2008).

99 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est déjà en place. Toutefois, certaines difficultés techniques ou financières n’ont pas permis la réalisation de toutes les actions prévues pour les espèces menacées de Polynésie. Il appartient donc au gouvernement français d’envisager les modalités d’une aide à apporter au gouvernement polynésien.

L’essentiel des actions décrites ci-dessous sont reprises dans le plan :

- Poursuivre le travail de terrain pour préciser et valider les connaissances sur les effectifs à partir de recensements aussi exhaustifs que possible, ou de relevés effectués dans plusieurs secteurs représentatifs. En effet, les estimations de 2003 étaient fondées sur des recensements très partiels dans le sud de l’île (en liaison avec un projet d’aérodrome) qui n’avaient permis d’observer que deux individus (connaissance insuffisante de la biologie de l'espèce par les observateurs), et des extrapolations avaient été faites pour obtenir l’estimation ayant conduit à l’évaluation UICN. - Prendre toutes les mesures nécessaires à ce que les réalisations d’infrastructures ne mettent pas en péril l’espèce. - Approfondir les connaissances sur l’impact des rats (direct et indirect) sur cette espèce et tenter d'évaluer l'impact des chats (les juvéniles chassent à l'affut à moins de 30 cm du sol). - Mettre des nichoirs à disposition pour augmenter la disponibilité en sites de nidification qui pourrait être un facteur limitant. - Protéger les arbres (cocotiers) où sont établis les nids par des bagues en aluminium. - Réduire la population de chats harets et castrer les chats domestiques. - Lutter contre la prolifération des rats (pièges, empoisonnement) - Envisager la translocation d’individus sur d’autres îles où ils seraient à même de reconstituer une population plus importante ( ou Gambier).

Bibliographie sommaire : BIRDLIFE (2000) Threatened Birds of the World . Barcelone et Cambridge. Editions Lynx et BirdLife International, 852 p. BUTAUD, J.-F. (2006). Etude de la flore vasculaire de l'atoll soulevé de Niau, cartographie de sa végétation, caractérisation de l'habitat du Martin-chasseur des Gambier et priorités de conservation. Papeete, Société d'Ornithologie de Polynésie: 16. DEL HOYO, ELLIOTT & SARGATAL (2001) Handbook of the Birds of the World. Vol. 6 . Mousebirds to Hornbills. Lynx Edicions, Barcelona. GOUNI & ZYSMAN (2007) Oiseaux du Fenua. Tahiti et ses îles . Editions Tethys. GOUNI, A. ET G. SANFORD (2003). L’Avifaune de Niau (Polynésie Française) - L’Impact de la Construction de l’aéroport de Niau sur l’Avifaune de cet atoll - Cas particulier le Martin-chasseur (Todiramphus gambieri niauensis ). Papeete, Tahiti, Société d’Ornithologie de Polynésie: 41. GOUNI, A., D. KESLER, et al. (2006). Etude du Martin-chasseur des Gambier, Todiramphus gambieri niauensis , sur l'atoll de Niau. Papeete, Société d'Ornithologie de Polynésie: 67. THIBAULT & GUYOT (1988) Livre rouge des oiseaux menacés des régions françaises d’Outre-mer , Monographie CIPO n°5, 258 p. Site internet : www.manu.pf

Rédacteur : Jacques Comolet-Tirman (MNHN/SPN) Expert(s) consulté(s) : Philippe Raust (Société d’Ornithologie de Polynésie)

100 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

ESPÈCES DE LA RÉUNION

Lantzia carinata Jousseaume, 1872

Photo ou dessin : A RECHERCHER

Classification : Embranchement : Mollusca (Mollusques), Classe : Gastropoda (Gastéropodes), Famille : (Lymnées).

Écologie : L’habitat de L. carinata est excessivement original parmi les lymnées, qui sont généralement des espèces purement aquatiques vivant dans des eaux calmes : on la rencontre en effet entre 1000 et 1300 m d’altitude sur les rochers aspergés près des cascades. Cette particularité n’est partagée qu’avec Erinna newcombi Adams, 1865, une lymnée endémique d’Hawaii.

Répartition :

• Répartition mondiale : Endémique de la Réunion. Le genre Lantzia est monotypique et donc également endémique de la Réunion.

• Répartition en France : L’espèce n’est connue que de deux localités très proches l’une de l’autre.

Effectifs et tendance en France : L. carinata n’a longtemps été connue que de sa description originale en 1872, jusqu’à ce qu’elle fut redécouverte en 1992 près de sa localité-type.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, l’espèce est classée dans la catégorie CR car son aire d’occurrence, de moins de 10 km², est sévèrement fragmentée, que l’espèce n’est connue que d’une seule localité actuelle, et que la qualité de son habitat risque fort de se détériorer, ce qui justifie son classement CR B1+2c

Menaces : L’extrême exiguïté écologique et géographique de l’espèce la rend très vulnérable à tout type de menace qui pourrait détruire l’unique population existante. On peut s’interroger sur l’impact potentiel du tourisme vert (randonnées, canyoning) sur l’espèce, ce qui reste spéculatif en l’absence de données plus précises.

101 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : aucune.

• Mesures in situ : aucune.

• Mesures ex situ : aucune.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action:

Mesures urgentes : - Protection physique de la seule localité connue afin d’éviter toute dégradation. - Identification de l’espèce comme espèce prioritaire dans le cadre du Parc des Hauts de la Réunion

Mesures importantes : - Inventaire spécifique visant à découvrir d’autres populations qui pourraient exister sur l’île - Etude de l’écologie de l’espèce - Etude génétique visant à déterminer les relations de l’espèce avec Erinna newcombi d’Hawaii (on pourrait supposer qu’il s’agit de la même espèce, introduite par des pétrels par exemple)

Bibliographie sommaire : Griffiths, O. L. & Florens, V. F. B. 2006. A Field Guide to the Non-Marine Molluscs of the Mascarene Islands (Mauritius, Rodrigues and Réunion) and the Northern Dependencies of Mauritius . Bioculture Press, Mauritius. 185 pp.

Rédacteur : Olivier Gargominy (MNHN/SPN) Relecteur : Owen Griffiths

102 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Pseudobulweria aterrima (Bonaparte, 1857) Pétrel noir de Bourbon

Synonyme (nom sc.) : Pterodroma aterrima

Synonyme : Fouquet noir Nom local : la Timize

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Famille :

Ecologie : les sites de nidification de ce pétrel sont localisés dans des falaises de l’intérieur de l’île. Les connaissances demandent à être complétées sur beaucoup d’aspects de l’écologie de cette espèce. La nidification se déroule durant l’été austral avec l’incubation vers le mois de décembre et l’envol vers février ou mars (Le Corre et al.).

Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de l’île de la Réunion, mais des restes fossiles indiquent que l’espèce pouvait être présente également il y a longtemps à Rodrigues.

• Répartition en France : alors que l’espèce peut se disperser en mer sur une vaste superficie, elle ne niche que sur quelques secteurs de montagne très restreints de l’île de la Réunion.

Effectifs et tendances : longtemps considéré comme éteint, ce pétrel n’était connu en 1970 que par quatre spécimens naturalisés dont le type collecté en 1834 et conservé à Paris (au MNHN). Quelques spécimens collectés à la fin du 19 ème siècle et destinés aux collections locales (Saint Denis de la Réunion) seraient aujourd’hui perdus. Une campagne de sensibilisation lancée par le MNHN dans les années 1970 a permis la redécouverte de l’espèce. A la fin des années 1980 (Thibault et al .), ce pétrel était considéré comme d’importance numérique inconnue, mais semble-t-il très rare. Malgré l’amélioration récente des connaissances, on note une forte imprécision des estimations. En effet, les effectifs estimés repris par BirdLife seraient compris entre 45 et 400 couples en 2004 (soit 90 - 800 adultes). L’estimation minimale est fondée sur les connaissances relatives aux sites de nidification alors que l’estimation maximale se fonde sur les relevés en mer réalisés entre 1978 et 1995 (Attié et al .), permettant d’envisager une population totale atteignant 1000

103 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 individus. BirdLife souligne avec prudence que le nombre de couples est plus probablement compris entre 50 et 100 (d’où le classement en CR), mais certains avancent une estimation moyenne de 250 couples (qui exclurait alors vraisemblablement le classement en CR). Compte tenu de la longévité des pétrels, le déclin de cette espèce ne risque d’être prouvé qu’avec un certain délai. La mortalité qui affecte essentiellement les pétrels juvéniles est potentiellement catastrophique sur le long terme pour la dynamique de la population.

Justification du classement dans la catégorie CR : la population mondiale du Pétrel noir de Bourbon est très réduite et en diminution en raison de la prédation et de la mortalité causée par les éclairages artificiels.

Menaces : les sites de nidification relativement inaccessibles le mettent théoriquement à l’abri des dérangements anthropiques mais sans doute pas de la prédation. Cette menace doit être importante, sans qu'elle puisse être évaluée. En effet, l'espèce est de plus petite taille et présente à plus basse altitude que le Pétrel de Barau. Elle pourrait donc être plus affectée par la prédation par les rats et les chats (Faulquier et al. 2008). La principale menace observée est l'échouage du fait des éclairages urbains et routiers qui désorientent les oiseaux et qui induisent une mortalité importante, essentiellement des juvéniles (SEOR 2007, Minatchy 2004). Les oiseaux de cette espèce semble très attirés par les éclairages: certains témoignages d'anciens rapportent que ces pétrels étaient attirés par une simple lampe tempête (Riethmuller et al. 2003).

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’espèce est protégée comme toutes les autres espèces indigènes par arrêté ministériel depuis 1989.

• Mesures in situ : Depuis 1996, une campagne de sauvetage des pétrels (pétrel noir de Bourbon et pétrel de Barau et deux espèces de Puffin) est mise en place. Plus de 1000 pétrels sont recueillis chaque année dont 90% sont en bonne santé et peuvent être relâchés à l'océan. De 0 à 4 Pétrel noir de Bourbon sont trouvés annuellement grâce à ces campagnes, dont la moitié sont des jeunes à l'envol. Les connaissances sur la répartition de l’espèce et la localisation de ses sites de nidification se sont améliorées avec au moins quatre sites effectifs et deux potentiels (BirdLife 2000). Il existe un plan de conservation des deux pétrels endémiques de la Réunion (Salamolard 2008). Plusieurs espaces protégés ont été mis en place très récemment : Arrêté de biotope du Bras de la Plaine (pétrel noir de Bourbon) du 8/12/2006 : « considérant que le cœur du Parc National n’intègre pas en totalité les biotopes du Pétrel Noir ». Parc National de la Réunion (décret du 05/03/2007), Réserve Naturelle Nationale marine de la Réunion (décret du 21/02/2007).

• Mesures ex situ : néant.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

Un plan de restauration est déjà en place. Il est nécessaire de le réévaluer régulièrement.

104 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Les actions prévues sont :

- Découvrir et étudier les sites de nidification pour savoir si la prédation est une cause importante de déclin comme c’est le cas chez l'espèce voisine (le pétrel de Barau). - Si l’impact des prédateurs introduits comme les rats ou les chats est avéré sur le pétrel noir, des campagnes d’éradication sont à prévoir (BirdLife). - Continuer et si possible intensifier les actions de sauvetage des jeunes pétrels attirés par les lumières. - Mettre en œuvre, en parallèle, des mesures de réduction de l’éclairage, sur l'ensemble de l'île et tout particulièrement sur les fuseaux fréquentés par cette espèce, soit en réduisant l'éclairage strictement aux périodes et aux endroits où il est nécessaire pour les usagers, soit par des réflecteurs dirigeant la lumière vers le sol en évitant les surfaces réfléchissantes (eau ou vitres), soit par des extinctions effectives durant la période d’émancipation des jeunes, soit par l’installation de lampes à vapeur de sodium basse pression qui sont beaucoup moins attractives pour les pétrels (Salamolard et al. 2001). - Continuer les actions de recherches d’éventuels nouveaux sites de nidification, et le cas échéant les cartographier, les évaluer et procéder à leur protection. La recommandation formulée par BirdLife concernant la protection légale des terriers est en partie déjà effective (APB notamment) mais ceci serait à ajuster le cas échéant en fonction des connaissances acquises sur la répartition. Des mesures supplémentaires doivent être ajoutées de manière à réduire l'impact de l’éclairage urbain et de la prédation. - Coordonner avec la meilleure efficacité possible toutes les actions décrites dans le cadre du plan d’action, qui devra aussi prendre en compte les enjeux spécifiques liés au milieu marin.

Bibliographie sommaire : ATTIE, STAHL & BRETAGNOLLE (1997) New data on the endangered Mascarene Petrel Pseudobulweria aterrima: a third twentieth century specimen and distribution – Colonial Waterbirds 20 : 406-412. BIRDLIFE (2000) Threatened Birds of the World . Barcelone et Cambridge. Editions Lynx et BirdLife International, 852 p. FAULQUIER, L., R. FONTAINE, E. VIDAL, M. SALAMOLARD & M. LE CORRE (sous presse). Feral cats Felis catus threaten the endangered endemic Barau's Petrel Pterodroma baraui at Reunion Island (Western Indian Ocean). LE CORRE M., OLLIVIER A., RIBES S. & P. JOUVENTIN (2002). Urban Light Induced Mortality on Petrel: a case study from La Reunion. Biological Conservation 105 : 93-102. LE CORRE, GHESTEME, SALOMOLARD & COUZI (2003) Rescue of Mascarene Petrel, a critically endangered seabird of Reunion Island, Indian Ocean – The Condor 105 : 387-391. MINATCHY (2004) Stratégie de réduction de la mortalité des pétrels induite par les éclairages publics- rapport de DESS sciences et gestion de l’environnement tropical, 129 p. PREFECTURE DE LA REUNION (2005) Stratégie réunionnaise pour la biodiversité – rapport Préfecture Réunion, DIREN Réunion, ONCFS. RIETHMULLER, J.-M., GHESTEMME T., COUZI F.-X. & M. SALAMOLARD (2003). Complément de connaissances sur le Pétrel noir, Pseudobulweria aterrima . Rapport SEOR pour la Mission de création d’un Parc National des Hauts de la Réunion. 34 pp. + Annexes 21 pp. SALAMOLARD M., COUZI F.-X., PELLERIN M. & T. GHESTEMME (2001). Etude complémentaire concernant la protection du Puffin de Baillon dans le cadre de la Route des Tamarins. Rapport SEOR / DDE-Réunion. 34 pp. SALAMOLARD M., GHESTEMME T. ET COUZI F.-X. (2002). Synthèse bibliographique sur la biologie du Pétrel noir de Bourbon , Pseudobulweria aterrima . Rapport SEOR pour la Mission de création d’un Parc National des Hauts de la Réunion. 12 pp + Annexes 10 pp. SALAMOLARD, M. (2008). Plan de conservation du Pétrel de Barau, Pterodroma baraui et du Pétrel noir de Bourbon Pseudobulweria aterrima . 58 pp. + Annexes. SALAMOLARD, M., T. GHESTEMME, F.-X. COUZI, N. MINATCHY & M. LE CORRE. (2007). Impacts des éclairages urbains sur les pétrels de Barau, Pterodroma baraui sur l'île de la Réunion et mesures pour réduire ces impacts. Ostrich 78: 449-452.

105 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

SEOR 2007. Sauvetage des oiseaux par la SEOR –Bilan 2006. Rapport SEOR pour les bénévoles impliqués dans ce programme et EDF / LPO. 12 pp. THIBAULT & GUYOT (1988) Livre rouge des oiseaux menacés des régions françaises d’Outre-mer , Monographie CIPO n°5, 258 p. VAN DE LAAR (2007). Green light to birds, investigation into the effect of bird-friendly lighting, NAM, The Netherlands, 23 p.

Rédacteur : Jacques Comolet-Tirman (MNHN/SPN) Expert(s) consulté(s) : Marc Salamolard (Société d’Etudes Ornithologiques de la Réunion)

106 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Scotophilus borbonicus (E. Geoffroy, 1803) Scotophile des Mascareignes

DESSIN A RECHERCHER

Classification : Classe : Mammalia (Mammifères) Ordre : Chiroptera (Chiroptères) Famille : Vespertilionidae (Vespertilionidés)

Remarque : la position taxonomique de ce taxon n’est pas claire, celui-ci ayant longtemps été rattaché à trois autres taxons africains ( S. leucogaster , S. nigrita et S. viridis dans la nomenclature actuelle). Malheureusement, l’holotype n’existe plus et le seul autre spécimen connu est en mauvais état. Les comparaisons entre ce taxon et les autres est donc très délicat. Le principe de précaution nous invite toutefois à suivre le point de vue de Nancy B. Simmons (in : Wilson D.E. & Reeder D.A.M. 2005. Mammal species of the world. A taxonomic and geographic reference. Third edition. Volume 1. The Johns Hopkins University Press, Baltimore.) et à considérer le Scotophile des Mascareignes comme une espèce à part entière.

Ecologie : les informations concernant l’écologie de cette espèce sont pratiquement inexistantes. On sait seulement que l’espèce a été rencontrée entre 0 et 1200 m, du littoral jusqu’aux forêts intérieures de montagne. Il n’est pas certain qu’il s’agissait d’une population indigène, des animaux ayant pu avoir atteint l’île suite au passage d’un cyclone par exemple. Les espèces du genre Scotophilus gîtent dans des grottes, des fissures de rocher, dans le feuillage dense ou des cavités d’arbres. Elles sont aussi très souvent liées aux constructions humaines. Elles sont insectivores. On peut supposer qu’il en était de même pour cette espèce.

Répartition mondiale : réputé endémique de l’île de la Réunion mais pourrait être présente à Madagascar.

Effectifs et tendance en France : les effectifs sont inconnus. L’espèce a peut-être déjà disparue de l’île de la Réunion. Une mission menée en 2004 n’a pas permis de la retrouver. Si elle existe encore sur l’île, elle doit y être extrêmement rare et a certainement connu un déclin depuis sa description au début du 19 e siècle. Elle n’a pas été vue depuis longtemps alors que le caractère assez anthropophile du genre devrait augmenter les probabilités la contacter. Inversement si elle est majoritairement forestière, elle peut être délicate à observer. Elle était déjà considérée comme peu abondante au début du 19 e siècle.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la Liste rouge mondiale de l’UICN, l’espèce est classée dans la catégorie CR A1c par le fait qu’il est suspecté qu’elle aurait décliné de plus de 80% en trois générations en se basant sur le déclin de son aire de répartition et de la qualité de ses habitats. Il est précisé sur le site Internet de l’UICN que cette évaluation est périmée (elle date de 1996 et repose sur d’anciens critères).

Menaces : il n’y a pas d’information à ce sujet mais on peut penser que la dégradation de ses habitats, quels qu’ils soient, n’a pu qu’accentuer une tendance négative.

107 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures de conservations déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’espèce n’est pas protégée à la Réunion.

• Mesures in situ : aucune.

• Mesures ex situ : aucune.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan de restauration n’est pas nécessaire, la présence actuelle de l’espèce sur l’île de la Réunion n’étant pas confirmée. Les mesures suivantes doivent toutefois être prises :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures importantes : - Dans la mesure où la position taxonomique de ce taxon est encore discuté, il conviendrait de ré-entreprendre à l’aide des techniques les plus récentes une étude de l’holotype et de le comparer aux autres Scotophilus , et plus particulièrement aux spécimens de Madagascar attribués récemment (2005) à S. borbonicus . - De plus, une nouvelle prospection pour retrouver ce taxon, en particulier à l’aide de détecteurs d’ultrasons, pourrait être entreprise sur l’île de la Réunion pour confirmer ou infirmer sa disparition.

Mesures secondaires : - Si S. borbonicus était retrouvé, il faudrait rapidement l’inscrire sur la liste des espèces protégées de l’île de la Réunion et mettre en place des mesures de protection ou de gestion de ses habitats, gîtes et terrains de chasse.

Bibliographie sommaire : Chiroptera Specialist Group 1996. Scotophilus borbonicus . In : IUCN 2007. 2007 IUCN Red List of Threatened Species. , consulté le 20 mars 2008 GOODMAN S.M., JENKINS R.K.B. & RATRIMOMANARIVO F.H. 2005. A review of the genus Scotophilus (Mammalia, Chiroptera, Vespertilionidae) on Madagascar, with the description of a new species. Zoosystema 27 (4) : 867-882 MOUTOU F. 1982. Notes sur les chiroptères de l’île de la Réunion. Mammalia 46: 35-50. PROBST J.-M. 1997. Animaux de la Réunion. Guide d’identification des oiseaux, mammifères, reptiles et amphibiens. Azalées éditions, Sainte-Marie 167 p. TRUJILLO R.G. 2005. Phylogenetics of the genus Sctotophilus (Chiroptera: Vespertilionidae): Perspectives from paternally and maternally inherited genomes with emphasis on African Species. Dissertation submitted to the Office of Graduate Studies of Texas A&M University in partial fulfillment of the requirements for the degree of Doctor of Philosophy 91 p.

Rédacteur : Patrick Haffner (MNHN/SPN) Expert(s) consulté(s) : François Moutou (SFEPM), Frédéric Leblanc (SFEPM), Stéphane Aulagnier (INRA Toulouse)

108 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 ESPÈCES DES TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANÇAISES

Diomedea amsterdamensis Roux et al. , 1983 Albatros d’Amsterdam

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Procellariiformes Famille : Diomedeidae (cette espèce n’a été découverte qu’en 1983, car elle était autrefois considérée comme une forme de l’Albatros hurleur Diomedea exulans ).

Ecologie : l’Albatros d’Amsterdam se reproduit tous les deux ans. La plupart des œufs sont pondus fin février début mars. Les éclosions se produisent en mai et les jeunes s’envolent en

109 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 janvier-février après avoir passés plus de 230 jours au nid. Les oiseaux immatures retournent sur l’île de 4 à 7 ans après leur naissance, mais ils ne commencent à se reproduire qu’à 9 ans. Le taux de survie des adultes est supérieure à 95% et le succès de la reproduction d’environ 70%, chiffres comparables aux espèces du genre Diomedea . Le taux de survie des juvéniles est supérieur à 70%, ce qui est très fort comparé aux autres espèces du genre Diomedea et qui explique en partie l’augmentation de la population.

Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de l’île d’Amsterdam (37° 50’S, 77° 35’N).

• Répartition en France : l’espèce se reproduit uniquement sur le plateau des tourbières sur l’île d’Amsterdam à une altitude de 500 – 600 m. La totalité de la population est comprise dans une seule colonie. En période de reproduction les oiseaux s’alimentent autour de l’île d’Amsterdam parfois jusqu’à plus de 2200 km. La dispersion des adultes et des jeunes après la période de reproduction reste inconnue, mais des observations probables ont été réalisées en Australie et en Nouvelle-Zélande.

Effectifs et tendances : la population nicheuse est estimée à 18-25 couples annuellement. La population totale est estimée à 130 individus (80 adultes). Cette population est suivie annuellement depuis 1983. Le décompte des œufs pondus montre que le nombre est passé de 5 en 1984 à un maximum de 30 en 2001. Les données collectées indiquent que la population présente un taux d’accroissement annuel de 7%.

Justification du classement dans la catégorie CR : critères CR B2a+b(v) ; C2a(ii) Ce qui signifie : B2a + b (v) = Zone d’occupation < 10 km2 avec population présente dans une seule localité, et déclin constaté ou prévu du nombre d’adultes. C2a(ii) = Population < 250 adultes et 90% des oiseaux au moins réunis en une seule sous- population.

Menaces : la principale menace réside certainement dans le très faible nombre des effectifs de l’espèce et la présence de la totalité de la population sur un site unique de très faible superficie. Le bétail introduit a contribué à faire régresser l’aire de reproduction de l’espèce sur l’île et les prédateurs introduits tels les chats constituent une menace potentielle. L’impact des bateaux de pêche à la palangre n’est pas à négliger surtout quand cette pêche s’exerçait à proximité de l’île dans les années 70 et 80. Toutefois, la menace la plus inquiétante concerne l’arrivée de virus tels que le choléra aviaire qui affecte fortement une colonie d’Albatros à nez jaune ( Talassarche carteri ) située à environ 3 km de celle des Albatros d’Amsterdam. Les risques d’infection sont très grands et une augmentation très importante de la mortalité des juvéniles au cours des récentes années semble indiquer que la population est déjà affectée. La mortalité était due à deux bactéries très pathogènes, le rouget Erysipelothrix rhusiopathidae (sérotype 1b) et le choléra aviaire Pasteurella multocida . Le choléra aviaire semble être la principale cause de mortalité des poussins mais également des adultes. L'analyse démographique montre que l'augmentation de mortalité des adultes et des poussins est intervenue dans le milieu des années 1980 et a provoqué un effondrement de la population. Une première série de tests montre que la vaccination des poussins est possible et suggère un effet positif. D'autres séries sont nécessaires pour confirmer ces premiers résultats. Les causes de mortalité des poussins d'albatros d'Amsterdam n'ont pu être déterminées pour le moment,

110 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 et sont toujours recherchées. Une pathologie similaire à celle affectant les albatros à bec jaune est possible et il est crucial que dans les prochaines années la cause de la mortalité soit déterminée afin de prévoir une action rapide. En effet les risques d'extinction de la population sont extrêmement élevés, en particulier si les adultes sont affectés. Il est à posteriori impossible de conclure quant à l'origine de ces agents pathogènes qui peuvent être trouvés naturellement dans les populations sauvages. Toutefois, l'origine domestique de ces pathogènes, en particulier par les animaux introduits accidentellement ou pour l'élevage ne peut être exclue, et des mesures sanitaires strictes devraient être prises dans l'avenir.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’espèce, inscrite à l’annexe 1 de l’Accord pour la Conservation des Albatros et des Pétrels, est protégée par l’arrêté ministériel du 14 août 1998.

• Mesures in situ : l’île d’Amsterdam a été classée en réserve naturelle en 2006. En 1987 des opérations de régulation du bétail ont été réalisées et une première clôture a été installée pour protéger la colonie. Une seconde clôture a été installée en 1992 afin d’assurer une protection complète de la colonie vis-à-vis du bétail. Des mesures ont également été prises pour limiter le braconnage de la légine dans les eaux territoriales françaises

• Mesures ex situ : néant.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir : Un plan de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi (monitoring) des populations  Aménagement des sites  Protection des milieux  Réintroduction  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures d’urgence : - La principale mesure concerne la prévention de l’extension des virus du choléra aviaire et du Rouget. Compte tenu du faible nombre d’individus concernés, une vaccination de l’ensemble de la population serait à envisager, dans la mesure où les expériences menées sur l’Albatros à bec jaune semblent couronnées de succès.

Mesures importantes : - Assurer un contrôle sanitaire strict des animaux d’élevage introduits sur l’île. - Promouvoir le développement de techniques de pêche durables destinées à limiter les mortalités massives d’albatros.

Bibliographie sommaire : Accord sur la conservation des albatros et des pétrels : http:/www.acap.aq. BIRDLIFE INTERNATIONAL (2007).- Species factsheet: Diomedea amsterdamensis . Download from http://www.birdlife.org on 25/03/2008.

111 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 INCHAUSTI P. & WEIMERSKIRCH H. (2001).- Risks of decline and extinction of the endangered Amsterdam albatross and the projected impact of long-line fisheries. Biological Conservation 100 : 377-386. JOUVENTIN P., MARTINEZ J. & ROUX J. P. (1989).- Breeding biology and current status of the Amsterdam Island Albatross Diomedea amsterdamensis . Ibis 131 : 171-182. MICOL T. & JOUVENTIN P. (1995).- Restoration of Amsterdam Island, South Indian Ocean, following control of feral cattle. Biological conservation 73 : 199-206. ROUX J.P., JOUVENTIN P., STHAL J.C. & WEIMERSKIRCH (1983). Un nouvel albatros Diomedea amsterdamensis n. sp. découvert sur l’île d’Amsterdam (37°50S, 77°35’E). L’Oiseau et la Revue Française d’Ornithologie 53 : 1-11 . WEIMERSKIRCH H., BROTHERS N. & JOUVENTIN P. (1997).- Population dynamics of Wandering Albatross Diomedea exulans and Amsterdam Albatross D. amsterdamensis in the Indian Ocean and their relationship with long-line fisheries. Conservation implications. Biological Conservation 79 : 257-270. WEIMERSKIRCH & JOUVENTIN P. (1998).- Changes in population sizes and demographic parameters of six albatross species breeding on the French sub-Antarctic islands. In “Albatross: Biology and Conservation” (ROBERTSON G. & GALES R. eds) pp. 84-91. Surrey Beatty & sons : Chiping Norton, NSW, Australia. WEIMERSKIRCH H. (2004).- Diseases threaten Southern Ocean albatrosses. Polar Biology 27 : 374-379. WEIMERSKIRCH H. & GHESTEM M. (2007).- Etude de l’épizootie affectant les albatros de l’île d’Amsterdam. Rapport non publié ENV-DNP-SDCFFS – 01-04. 33 p.

Rédacteur : Jean-Philippe Siblet (MNHN/SPN)

112 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

Thunnus maccoyii (Castelnau, 1872) Thon rouge du Sud

Source : FishBase – Photo K. Fritsches

Classification : Classe : Acinopterygii (Actinoptérygiens) Ordre : Perciformes (Perciformes) Famille : Scombridae (Scombridés)

Ecologie : le Thon rouge du Sud est une espèce marine pélagique préférant, à l’état adulte, les eaux tempérées (5°C à 20°C), sauf au moment de la reproduction qui s’effectue dans des eaux tropicales (température de surface comprise entre 20°C et 30°C). Les alevins se développent également dans les eaux tropicales. C’est donc un poisson migrateur. Le Thon rouge du Sud vit essentiellement à une profondeur comprise entre 50 m et 500 m mais peut plonger à de plus grandes profondeurs. C’est un prédateur de grande taille (jusqu’à 2 m de long pour un poids de 200 kg), à la nage rapide. Il consomme principalement des poissons, des crustacés, des céphalopodes et des salpes.

Répartition :

• Répartition mondiale : le Thon rouge du Sud vit dans les océans de l’hémisphère sud, essentiellement entre les latitudes 30°S et 50°S, parfois 60°S mais il remonte au nord pour la reproduction jusqu’à une latitude d’environ 10°S dans l’Océan Indien, au

113 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 sud est de Java (seule zone de fraie connue pour l’espèce). Il est rare dans la partie orientale de l’Océan Pacifique.

• Répartition en France : cette espèce fréquente les eaux des Terres Australes et Antarctiques Françaises. On le rencontre surtout au large des îles Saint Paul et Amsterdam. Il est signalé au nord des îles Crozet où il ne dépasse pas vers le sud le front hydrologique subantarctique. Sa présence y est donc marginale. Il aurait été signalé par erreur dans les îles Kerguelen.

Effectifs et tendances en France : les effectifs dans les TAAF sont inconnus. La tendance des populations françaises n’est pas connue précisément mais, à l’échelle mondiale, certains experts considèrent que l’espèce a perdu 92% de ses effectifs depuis 1950.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la liste rouge mondiale de l’UICN, le Thon rouge du Sud est classé dans la catégorie CR A1bd par le fait que sa population mondiale a subi un déclin constaté de plus de 80% en trois générations et que les causes de la réduction n’ont pas cessé. Ce constat a été établi en se fondant sur l’évolution d’un indice d’abondance calculé pour l’espèce et l’évolution du niveau d’exploitation de l’espèce.

Menaces : au niveau mondial, c’est surtout la surpêche qui est à l’origine du déclin dramatique de l’espèce. Le Thon rouge du Sud, comme le Thon rouge du Nord ( Thunnus thynnus ) est en particulier très apprécié sous forme de sashimi sans la cuisine japonaise.

Mesures de conservations déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : néant.

• Mesures in situ : en 1994, une convention réunissant divers pays de l’aire de répartition ou exploitant cette espèce a vue le jour (Convention pour la conservation du Thon rouge du Sud). Son objectif est d’assurer une pêche durable de celui-ci. La France n’a pas ratifié cette convention.

• Mesures ex situ : néant.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan d’action national de restauration ne semble pas pertinent, la conservation de cette espèce ne pouvant s’envisager que dans un cadre international. De plus, le Thon rouge du Sud n’est pas exploité dans les ZEE des îles Saint Paul et Amsterdam et des îles Crozet. Dans les TAAF, la pêche illicite sur cette espèce est probablement très réduite, voire inexistante. On ne peut toutefois qu’encourager la centralisation des données concernant cette espèce afin de mieux connaître le statut réel de celle-ci dans les eaux françaises.

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

114 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Mesures d’action :

Mesures importantes : - Acquérir les informations permettant de mieux connaître le statut réel du Thon rouge du Sud.

Bibliographie sommaire : Commission for the Conservation of Southern Bluefin Tuna. About Southern Bluefin Tuna , consulté le 6 août 2008 FishBase. , consulté le 7 août 2008 Punt, A. 1996. Thunnus maccoyii . In: IUCN 2007. 2007 IUCN Red List of Threatened Species. , consulté le 4 août 2008

Rédacteur : Patrick Haffner (MNHN/SPN)

115 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 116 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 ESPÈCES COSMOPOLITES DES ANTILLES ET DE GUYANE FRANÇAISE

Epinephelus itajara (Lichtenstein, 1822) Mérou géant

Source : FishBase – Photo A.A. Bertoncini

Classification : Classe : Acinopterygii (Actinoptérygiens) Ordre : Perciformes (Perciformes) Famille : Serranidae (Serranidés)

117 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Écologie : le Mérou géant est une espèce marine côtière subtropicale. Les adultes sont souvent associés aux récifs rocheux et coralliens. Les juvéniles fréquentent les mangroves et les estuaires en eau saumâtre. L’espèce vit plutôt proche de la surface mais on le rencontre jusqu’à 100 m de profondeur. Le Mérou géant est sédentaire bien que des regroupements puissent occasionner des déplacements. C’est un prédateur se nourrissant essentiellement de poulpes, de crustacés, de poissons et de jeunes tortues marines. Sa grande taille (jusqu’à 2,50 m pour les mâles, pour plus de 440 kg) et sa maturité sexuelle tardive (jusqu’à 7 ans pour les femelles) le rend vulnérable face à la pêche.

Répartition :

• Répartition mondiale : le Mérou géant fréquente l’Océan Pacifique (côte ouest de l’Amérique) et l’Océan Atlantique (côtes est de l’Amériques, des Antilles et de l’Afrique), entre les latitudes 36°N et 33°S.

• Répartition en France : cette espèce vit sur les côtes des départements de Guadeloupe, Martinique et Guyane, ainsi que sur celles des collectivités d’Outre-mer de Saint-Martin et de Saint-Barthélemy.

Effectifs et tendances en France : les effectifs ne sont pas connus avec exactitude dans les DOM-COM mais, selon une étude de l’UICN, l’espèce continuerait de décroitre au moins en Guyane française.

Justification du classement dans la catégorie CR : selon la liste rouge mondiale de l’UICN, le Mérou géant est classé dans la catégorie CR A2d par le fait que sa population mondiale a subi un déclin constaté de plus de 80% en trois générations et que les causes de la réduction n’ont pas cessé. Ce constat a été établi en se basant sur l’évolution du niveau d’exploitation de l’espèce.

Menaces : compte-tenu de la faiblesse de ses effectifs, même si les prélèvements ont diminué ces dernières années, le Mérou géant continue d’être victime d’une surexploitation par les pêcheurs professionnels mais aussi par ceux pratiquant la chasse sous-marine à des fins sportives. Certains experts estiment qu’environ un millier d’individus sont pêchés chaque année autour des îles du Salut (Guyane). Par ailleurs, la destruction des mangroves réduit les possibilités de développement des juvéniles.

Mesures de conservations déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : néant.

• Mesures in situ : en Guyane, une étude menée dans la réserve naturelle du Grand- Connétable a été lancée en 2007, afin de déterminer les mesures à mettre en place pour restaurer les populations de Mérou géant. Elle a pour objectif de mieux connaître l’abondance de l’espèce, les secteurs clés pour sa survie ainsi que ses déplacements. L’espèce bénéficie également de la mise en protection de certains espaces marins. C’est le cas de la réserve naturelle du Grand-Connétable en Guyane.

• Mesures ex situ : néant.

118 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan d’action national de restauration est nécessaire. Il doit comporter les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures d’urgence : - Il faudrait mettre en place des mesures visant à limiter la pêche de cette espèce. Il pourrait s’agir d’un moratoire comme c’est le cas au Brésil. Il faudrait simultanément mettre en place des dispositifs assurant le bon respect de ces mesures.

Mesures importantes : - Il faut soutenir les études projetées actuellement dans la Réserve Naturelle du Grand Connétable par l’ONCFS et le GEPOG (marquage, prélèvement ADN, pose de pop up satellite). - A l’instar de la Guyane, des études devraient être lancées dans les Antilles françaises pour déterminer l’abondance de l’espèce et les zones clés pour sa survie, ceci afin de pouvoir mettre en place les mesures les plus appropriées pour restaurer les populations du Mérou géant, comme par exemple la mise en protection de certaines zones marines. - Ces études devraient être complétées par des suivis visant à évaluer les tendances des effectifs, ceci en particulier afin de vérifier que les mesures mises en place sont les bonnes. - Un effort particulier de conservation des mangroves devrait être fait dans les zones où des juvéniles ont été contactés.

Mesures secondaires : - Si les mesures visant à limiter les captures s’avéraient inefficaces, il faudrait envisager une protection intégrale de l’espèce via un arrêté.

Bibliographie sommaire : CHAN TAK-CHUEN T. & PADOVANI FERRERA B. 2006. Epinephelus itajara . In: IUCN 2007. 2007 IUCN Red List of Threatened Species. , consulté le 4 août 2008 Commission for the Conservation of Southern Bluefin Tuna. About Southern Bluefin Tuna , consulté le 6 août 2008. FishBase. < http://www.fishbase.org/search.php >, consulté le 7 août 2008 SADOVY Y., EKLUND A.M., 1999 - Synopsis of biological data on the Nassau grouper ( Epinephelus striatus ) and the Jewfish ( Epinephelus itajara ). NOAA technical Report NMFS 146

Rédacteur : Patrick Haffner (MNHN/SPN) Experts consultés : Éric Hansen (ONCFS), Julien Semelin (Réserve naturelle du Grand- Connétable), Régis Gallais (ONCFS) et Romain Causse (MNHN)

119 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 120 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 ESPÈCES COSMOPOLITES DES ÎLES DE L’OCÉAN PACIFIQUE

Thalassarche eremita (Murphy, 1930) Albatros des Chatham, Albatros de la Chatham

Classification : Classe : Aves (Oiseaux) Ordre : Procellariiformes Famille : Diomedeidae

Ecologie : l’Albatros des Chatham se reproduit annuellement. Les œufs sont pondus en septembre et les jeunes s’envolent au cours du mois d’avril. Les immatures ne reviennent pas sur les sites de reproduction avant 4 ans et ils ne sont sexuellement mâtures qu’à l’âge de 7 ans. Le taux de survie des adultes a été de 86,9% sur le période allant de 1999 à 2001. L’espèce se nourrit essentiellement de poissons et de céphalopodes.

121 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Répartition :

• Répartition mondiale : endémique de l’îlot de « La Pyramide » au sein de l’archipel des Chatham (Nouvelle-Zélande).

• Répartition en France : la totalité de la population reproductrice de l’espèce se trouve sur un îlot appelé « La pyramide » qui fait partie de l’archipel des Chatham situé au large de la Nouvelle-Zélande. Des suivis satellitaires menés de 1997 à 1999 ont montré qu’à l’issue de la période de reproduction, les oiseaux se dispersent dans le Pacifique sud de la Tasmanie jusqu’au Chili et au Pérou. Durant cette période (d’avril à juillet) les albatros migrent en suivant le courant de Humbolt jusqu’au niveau des côtes du Pérou. Plus de 90% de la période inter-nuptiale est passée dans les eaux péruviennes. C’est au cours de ce périple que l’espèce est observée de façon épisodique en Polynésie Française et dans l’archipel de Wallis et Futuna.

Effectifs et tendances : la population nicheuse de l’espèce se situe entre 3200 et 4200 couples (estimation par photos aérienne), mais un comptage réalisé à terre a permis de détecter 5333 nids occupés en 1999-2000.

Justification du classement dans la catégorie CR : Critères CR B2a+b(iii), ce qui signifie : zone d’occupation < 10 km2 avec population présente dans une seule localité, et déclin constaté ou prévu de la superficie, de l’étendue ou de la qualité de l’habitat.

Menaces : depuis 1985, la multiplication des tempêtes a provoqué l’apparition d’une forte érosion sur le site entraînant un fort impact sur les nids. Ceci conditionne une faible productivité (près de 60%), même si l’on constate une lente amélioration au cours des dernières années. L’impact de la mortalité due aux captures accidentelles par les hameçons des bateaux de pêche à la palangre est probablement non négligeable bien qu’aujourd’hui non quantifié pour cette espèce.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et réglementaires : l’Albatros des Chatham est inscrit à l’annexe 1 de l’Accord pour la Conservation des Albatros et des Pétrels.

• Mesures in situ : aucune.

• Mesures ex situ : aucune.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Un plan national ne sera nécessaire que si l’espèce fréquente les eaux territoriales françaises de façon significative.

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

- Il est nécessaire d’obtenir des informations précises afin de mesurer si les effectifs présents dans les eaux territoriales françaises sont anecdotiques ou, au contraire, significatifs à 122 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 l’échelle de la population mondiale de l’espèce. Des campagnes océanographiques avec un protocole adapté (par exemple inspiré du ROMER dans le golfe de Gascogne) permettraient certainement d’obtenir des informations précieuses et inédites sur la présence et sur le comportement de l’espèce au sein de la ZEE. En l’absence de telles informations, il n’est pas réaliste de proposer de mesures de conservation opérationnelles et justifiées. Toutefois, un partenariat avec les autorités Néo-Zélandaises dans le cadre de l’Accord International sur les Albatros et les Pétrels (ACAP) serait certainement très fructueux pour préciser le domaine vital de l’espèce.

Bibliographie sommaire : Accord sur la conservation des albatros et des pétrels. http:/www.acap.aq. Anonyme (1994) Les albatros en Polynésie française . Te Manu, bulletin de la Société d’Ornithologie de Polynésie n°8. BIRDLIFE INTERNATIONAL (2007).- Species factsheet: Thalassarche eremita . Download from http://www.birdlife.org on 25/03/2008. Department of Conservation (2001).- Recovery plan for the albatrosses in the Chatham Islands. Chatham Island Mollymawk, Northern Royal Albatross, Pacific Mollymawk . 2001-20011. Department of Conservation : Wellington, New Zeland. ROBERTSON CJR, BELL D. & SCOFIELD P. (2003).- Population assessment of the Chatham mollymawk at The Pyramid, December 2003 . Department of Conservation: Wellington, New Zealand.

Rédacteur : Jean-Philippe Siblet (MNHN/SPN)

123 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 124 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 ESPÈCES COSMOPOLITES DE MÉTROPOLE ET D’OUTRE-MER

Dermochelys coriacea (Vandelli, 1761) La Tortue Luth

Principaux synonymes : Dermochelys atlantica Lesueur, 1829 ; Dermochelys porcata Wagler, 1830.

Classification : Classe : Reptiles Ordre : Chéloniens Sous-ordre : Cryptodires Famille : Dermochelyidés

© br.geocities.com

Ecologie : Cette espèce ne se rencontre qu’en haute mer, sauf lors de la période de reproduction, où, après s’être accouplée ( a priori au large des côtes) elle vient pondre sur les plages tropicales. Les femelles produisent jusqu’à 12 pontes de 80-128 œufs tous les 1 à 4 ans. Les nouveau-nés, d’une taille moyenne de 4,5 cm, éclosent au bout de 6 à 9 semaines. La maturité sexuelle est atteinte vers l’âge de 5-6 ans chez les mâles et 13-14 ans chez les femelles. La Tortue Luth est omnivore, mais se nourrit essentiellement de proies flottantes, principalement des méduses.

Répartition :

• Répartition mondiale : La Tortue Luth est présente dans les océans Atlantique, Indien, Pacifique, moins en Méditerranée, en mer Rouge et en mer du Nord. C’est l’espèce de reptile la plus largement répandue au monde et la seule tortue marine à pénétrer dans les eaux froides, même à une température inférieure à 6° C.

• Répartition en France : On la rencontre régulièrement en France métropolitaine le long de la façade atlantique, rarement en Manche et sur le pourtour méditerranéen, dans les eaux de Saint-Pierre-et-Miquelon, rarement à Mayotte et à la Réunion. Elle est en revanche encore fréquente dans les Antilles françaises, et surtout en Guyane

125 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 française, où l’on trouve actuellement la population reproductrice numériquement la plus importante au monde.

Effectifs et tendance : Il resterait environ 40 000 individus dans le monde. Si les effectifs de Tortue de Luth ont littéralement chuté de 70-80 % dans le Pacifique dans un passé récent et en seulement une génération (environ 10 ans), il en est tout autrement en Atlantique, où la population reproductrice de cette espèce globalement se maintient, et tend même à augmenter, grâce à une diversification des lieux de pontes. C’est le cas en Guyane française, où cette espèce profite de la dynamique du paysage côtier (apparition de nouvelles petites plages) pour coloniser de nouveaux sites de pontes, comme cela a été observé récemment au niveau de la presqu’île de Cayenne. Dans le même ordre d’idée, des pontes de Tortues Luth ont été récemment observées en Martinique, ce qui pourrait être les prémisses de résultats obtenus suite aux efforts consentis et mis en place par la France il y a maintenant 30 ans (pêche de cette espèce totalement interdite), car cela n’avait plus été observé depuis 60 ans sur cette île.

Justification du classement dans la catégorie CR : Selon la liste rouge mondiale de l’UICN, cette espèce est classée dans la catégorie « CR », car des estimations fondées sur l’étude des sites de nidification ont conclu à une baisse de près de 80% des pontes dans le Pacifique. D’autres études ont conclu à une chute de 70 % du nombre de femelles reproductrices en une dizaine d’années. En atlantique, des études montrent que la plus grosse population reproductrice se situe en Guyane française. Toutefois, les effectifs en présence restent très inférieurs à ceux qui existaient encore dans le Pacifique il y a moins d’une vingtaine d’années.

Menaces : Destruction des zones de nidification, braconnage, pêche accidentelle, pollution de la mer par les hydrocarbures et les sacs plastique qui peuvent être ensuite consommés par la Tortue Luth par confusion avec de la nourriture, continuent à fragiliser les populations de cette espèce.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et règlementaires : Au plan national, la Tortue Luth est intégralement protégée (art. 1 arrêté du 14 octobre 2005) ; au niveau communautaire, cette espère figure dans l’annexe A du règlement communautaire CITES et dans l’annexe IV de la Directive-Habitat-Faune-Flore ; au plan international, elle est inscrite à l’annexe 2 de la Convention de Barcelone, à l’annexe II de la convention de Berne, aux annexes I et II de la convention de Bonn, à l’annexe 5 de la convention OSPAR, à l’annexe II du protocole SPAW de la convention de Carthagène , et à l’annexe I de la convention de Washington.

• Mesures in situ : Cette espèce fait l’objet de nombreuses opérations de suivis (comptage de nids, baguage, pose de balises Argos) et/ou de sauvetage (centre de soins aux adultes accidentés, transplantation des œufs, filets de pêche avec systèmes d’exclusion), de plans de restauration (plan de restauration des Tortues marines des Antilles françaises, décliné localement en Guadeloupe et en Martinique, et plan de restauration des Tortues marines de Guyane française, tous pour une durée de 5 ans). Pour lutter, entre autres, contre la pollution de la mer par les matières plastiques flottantes ressemblant à des méduses (principale nourriture de la Tortue Luth), les sacs plastique à usage unique sont interdits à Mayotte depuis janvier 2006.

126 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

• Mesures ex situ : Néant. Aucune expérience durable réussie de maintien en captivité à l’état adulte.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Des plans de restauration sont déjà en place (Martinique, Guadeloupe, Guyane). Il est nécessaire de les réévaluer régulièrement et de les généraliser à d’autres départements ou collectivités d’outre-mer en y incluant les mesures suivantes :

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures d’action :

Mesures d’urgence : - Renforcer la lutte contre le braconnage. - Lutter contre les accidents de pêche, en augmentant les contrôles des bateaux de pêches (crevettiers en Guyane) et des matériels utilisés (types de filets) d’une part, et en mettant en place de nouvelles aires marines protégées (parcs naturels marins, réserves marines) d’autre part. - Lutter contre la pollution de la mer en général, par les matières plastiques en particulier, en interdisant par exemple, les lâchers de ballon et l’usage de sacs plastiques à l’intérieur d’une bande littorale dont la largeur est à définir.

Mesures importantes : - En raison des déplacements importants de cette espèce dans les eaux internationales, renforcer la coopération au niveau mondial dans la lutte contre tous les fléaux qui frappent cette espèce. - En cela, toutes les études visant à acquérir une meilleure connaissance des routes empruntées par cette espèce doivent être encouragées et soutenues. - Enfin, il faut poursuivre les actions éducatives en direction du public, des enfants en particulier.

Bibliographie sommaire : Arnold, N. et D. Owenden (2004). Le guide herpéto - 199 amphibiens et reptiles d'Europe . Paris, Delachaux & Niestlé, 288 p. Pritchard, P. (1982). Nesting of leatherback turtle Dermochelys coriacea in Pacific Mexico, with a new estimate of the world population status. Copeia 4 : 741-747. Sarti, M. L., Eckert, S. A., García, N. & Barragán, A.R. (1996). Decline of the world’s largest nesting assemblage of leatherback turtles. Marine Turtle Newsletter 74 : 2-5. Spotila, J., Dunham, A., Leslie, A., Steyermark, A., Plotkin, P. & Paladino, F. (1996). Worldwide population decline of Dermochelys coriacea : are leatherback turtles going extinct? Chelonian Conservation Biology 2(2) : 209-222. Spotila, J. R., Reina, R. D., Steyermark, A.C., Plotkin, P.T. & Paladino, F.V. (2000). Pacific leatherback turtles face extinction. Nature 405 : 529-530.

Rédacteur : Jean-Christophe de Massary (MNHN/SPN) Experts consultés : Françoise Claro (MNHN/SPN) / Jean Lescure (MNHN)

127 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 Eretmochelys imbricata (Linné, 1766) La Tortue Caret ou Tortue imbriquée

Principaux synonymes : Testudo imbricata Linné, 1766

Classification : Classe : Reptiles Ordre : Chéloniens Sous-ordre : Cryptodires Famille : Cheloniidés

© Kélonia

Ecologie : Cette espèce fréquente les lagons, mangroves et eaux riches autour des récifs coralliens ; elle est plutôt sédentaire, même si certains individus, généralement jeunes, parcourent de grandes distances. Après s’être accouplées au large, les femelles, souvent seules, viennent pondre entre 50 et 200 œufs ronds de 34 à 44 mm de diamètre sur les plages isolées et bordées de végétation, en principe à l’écart d’autres espèces. Deux à 3 pontes par intervalles de 3 à 45 jours sont ainsi produites au cours d’une saison. L’incubation dure entre 58 et 75 jours en fonction de la température du sol. L’âge de la maturité sexuelle est encore mal connu, mais il est estimé d’après des études menées dans la Caraïbe à entre 18 et 23 ans environ . L’adulte se nourrit surtout d’éponges, mais consomme aussi des mollusques et des crustacés. Les jeunes ont plutôt tendance à être herbivores.

Répartition :

• Répartition mondiale : La Tortue Caret fréquente les eaux tropicales des océans Atlantique, Indien et Pacifique. Elle est en revanche extrêmement rare dans les eaux atlantiques européennes et en Méditerranée.

• Répartition en France : Cette espèce est extrêmement rare dans les eaux atlantiques et méditerranéennes de France métropolitaine, où elle n’a d’ailleurs pas été observée depuis 1990. Elle est en revanche présente, dans les Antilles françaises, en Guyane, à Mayotte, en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie.

Effectifs et tendance : Les effectifs totaux, s’ils ne sont pas connus, sont néanmoins globalement en déclin. En revanche, les calculs ayant permis d’estimer une chute de 80 % des effectifs sur 3 générations sont contestés dans le sens d’une surestimation.

Justification du classement dans la catégorie CR : Selon la liste rouge mondiale de l’UICN, la Tortue Caret est classée dans la catégorie « CR », car, en se basant sur des données d’exploitation de cette espèce et sur des estimations d’abondance, des études ont conclu à une

128 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008 chute de plus de 80 % des effectifs sur 10 ans. L’évaluation de cette espèce (1996) est cependant périmée.

Menaces : Malgré les interdictions, cette espèce subit toujours des prélèvements pour le commerce de ses écailles. Le braconnage des œufs et des adultes pour leur viande contribue aussi à fragiliser les populations de cette espèce. A Mayotte, où l’on consomme traditionnellement la viande de cette tortue, le braconnage reste important sur certains sites, comme Papani (petite terre), Charifou etc. Il disparaîtrait ainsi encore 2000 individus chaque année. Les captures d’individus pour la consommation ont fortement chuté aux Antilles françaises au moment de l’interdiction totale de pêcher cette espèce, sauf à Saint-Martin et Saint-Barthélemy où jusque dans un passé récent, cette espèce était encore couramment consommée. Elle est aussi braconnée et consommée en Nouvelle-Calédonie et en Polynésie française, où on a d’ailleurs signalé récemment des cas d’intoxications graves, voire mortelles, après ingestion de viande de cette tortue. Cette espèce souffre également des pêches accidentelles, de la dégradation de ses sites de ponte en raison, de l’aménagement du littoral, mais aussi, du vol de sable et de la pollution par toutes sortes de matériaux, dont les sacs plastique, qui rendent plus difficile le creusement des puits dans les sables. Les aires de nourrissage ne sont pas épargnées : la dégradation des récifs coralliens, où certaines pêches destructives sont encore pratiquées, mais aussi la mort des récifs suite à la modification de la qualité de l’eau (pollution en tout genre). Enfin, le développement du tourisme occasionne aussi de nombreux dérangements sur certains sites de ponte (mouvement des personnes gênant, lumières…), ce qui peut entraîner l’abandon de ces derniers par les tortues.

Mesures de conservation déjà prises :

• Mesures légales et règlementaires : Au plan national, la Tortue Caret est intégralement protégée (art. 1 et 8 de l’arrêté du 14 octobre 2005) ; au niveau communautaire, cette espère figure dans l’annexe A du règlement communautaire CITES et dans l’annexe IV de la Directive-Habitat-Faune-Flore ; au plan international, elle est inscrite à l’annexe 2 de la Convention de Barcelone, à l’annexe II de la convention de Berne, aux annexes I et II de la convention de Bonn, à l’annexe II du protocole SPAW de la convention de Carthagène , et à l’annexe I de la convention de Washington.

• Mesures in situ : Cette espèce fait l’objet de nombreuses opérations de suivis (comptage des nids, baguage, pose de balises Argos) et/ou de sauvetage (centre de soins aux adultes accidentés), de plans de restauration (plan de restauration des Tortues marines des Antilles françaises, plan de restauration des Tortues marines de Guyane française, pour une durée de 5 ans). Pour lutter contre la pollution de la mer et des sites de pontes, les sacs plastique à usage unique sont interdits à Mayotte depuis janvier 2006.

• Mesures ex situ : Néant.

Proposition de mesures d’action dans les cinq ans à venir :

 Des plans de restauration sont déjà en place (Martinique, Guadeloupe, Guyane). Il est nécessaire de les réévaluer régulièrement et de les généraliser à d’autres départements ou collectivités d’outre-mer en y incluant les mesures suivantes :

129 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

 Acquisition de connaissances  Renforcement de la législation  Suivi des populations  Aménagement concerté des sites  Protection des milieux  Réintroduction/Renforcement  Gestion des milieux  Création de coulées vertes/bleues  Culture, conservation ex situ

Mesures de conservation à prendre :

Mesures d’urgence : - Renforcer la lutte contre le braconnage, particulièrement à Mayotte, en Polynésie française et en Nouvelle-Calédonie. - Mettre en place de nouvelles aires marines protégées (parcs naturels marins, réserves marines) afin de préserver les aires de nourrissage, et renforcer la protection des sites de ponte. - En cela, l’acquisition de données sur cette espèce pour mieux connaître les secteurs stratégiques de ponte et de nourrissage doit être poursuivie. - Identifier et lutter contre toutes les sources de pollution des eaux. - Généraliser l’interdiction de l’utilisation des sacs plastiques à usage unique, au moins dans un premier temps, à l’intérieur d’une bande littorale dont la largeur est à définir.

Mesures importantes : - Renforcer la coopération internationale pour que les individus bénéficient sur l’ensemble de leur domaine vital d’une protection stricte, ainsi que les espaces naturels qu’ils fréquentent en dehors des eaux et territoires français. - Enfin, poursuivre les actions éducatives en direction du public, des enfants en particulier, sensibiliser les clubs de plongée et mieux encadrer l’écotourisme, ou, plus largement, le développement du tourisme de masse.

Bibliographie sommaire : Arnold, N. et D. Owenden (2004). Le guide herpéto - 199 amphibiens et reptiles d'Europe . Paris, Delachaux & Niestlé, 288 p. Chevalier, J. (2006). Plan de restauration des Tortues marines des Antilles françaises, ONCFS, 151 p. Oulanga na Nyambua (2008), Protégeons les Tortues de Mayotte www.tortuesdemayotte.com. Consulté le 17 mars 2008. Red List Standards & Petitions Subcommittee (1996). Eretmochelys imbricata . In : IUCN 2007. 2007 IUCN Red List of Threatened Species. www.iucnredlist.org . Consulté le 17 mars 2008. Rolland R., Ciccione S., Quillard M. (2006). Les tortues marines de Mayotte. Bilan 1994-2005, et perspectives . Observatoire des tortues marines de Mayotte, 20 p.

Rédacteur : Jean-Christophe de Massary (MNHN/SPN) Experts consultés : Jean Lescure (MNHN) / Françoise Claro (MNHN/SPN)

130 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008

131 Les espèces françaises en danger critique d’extinction selon l’UICN (liste rouge mondiale version 2007) État de conservation sur le territoire national, préconisation de mesures de gestion Muséum national d’Histoire naturelle – Service du Patrimoine naturel – 14/08/2008