1- KIMC STORYI:D\N:& à J.-P. B. . qui n'a rien à voir avec King-Kong

Copyright @ 1976 By René Chateau IX il Eâfln;

ST@KV

REN HATEAUy avec ( MARIELLE DE LESSEPS et la collaboration de : JEAN-CLAUDE ROMER et FORREST J ACKERMAN

1977 sera l'année du singe, plus exactement l'année Elucider la réalisation de la mystérieuse « production « ». Avec la sortie de la « superproduction » 601 », nom de code de « King Kong » pendant son King Kong de Dino de Laurentiis, la réédition du tournage. Connaître la responsabilité de chacun des vrai Kong, la sortie prochaine de Konga, Baby Kong, protagonistes, de David O. Selznick à Queen Kong. Et la mise en chantier à Hollywood de en passant par Schoedsack, Cooper et O'Brien dans « La Légende de King Kong » produite par Universal. la création de ce personnage mythique qui allait Quarante-quatre ans après sa naissance, le Roi Kong influencer tant d'écrivains, de cinéastes, de musiciens revient à la une des journaux, sur les écrans de TV, et de dessinateurs dans le monde entier. de cinéma et même à l'entracte avec une pub de la « Samaritaine ». Nous avons aussi essayé de comprendre et d'expliquer A l'heure où tout le monde lui rend hommage plus pourquoi en France ce film, qui est devenu un « clas- ou moins confusément, il nous a semblé bon de revenir sique », n'avait pas rencontré le succès et l'estime aux sources, de partir à sa découverte et de faire le qu'il méritait dès sa sortie. portrait de King Kong Le seul, le vrai, l'unique, celui Avant de commencer ce livre, nous avons, après plu- de 1933. sieurs projections, visionné avec une copie neuve le Hollywood, juillet 1932. film « image par image » à la Moritone. Depuis un an et demi, les journalistes en visite aux Et nous avons été frappés par la beauté et le « dessin » studios RKO, qui veulent pénétrer sur le plateau II, de chaque plan. En effet, toutes les images du film, se voient poliment et fermement éconduits. Il semble sauf la séquence du métro aérien dans New York, qu'une mystérieuse ordonnance ait mis en quarantaine ressemblent à un tableau signé non par Gustave Doré ce corps de bâtiment d'où sortent parfois d'étranges et déchirants appels. Mais dans la cité des mensonges mais par un artiste trop méconnu : Willis O'Brien. qu'est un grand studio, on ne se retourne plus quand Les historiens spécialisés comme les cinéphiles se sont on entend crier au secours, ni quand un coup de feu beaucoup interrogés sur la naissance du superbe grand éclate. Celui qui eut violé la consigne et réussi à singe. De quels cerveaux est-il sorti ? De quels fan- pénétrer dans l'enceinte interdite eut vu deux hommes : tasmes, de quel monde ? Merian C. Cooper et Ernest B. Schoedsack, appliqués avec une armée de techniciens à un étrange travail. Avec ce « King Kong Story », nous avons tenté de C'était là que naissait, lentement, le fabuleux roi Kong : répondre à toutes ces questions. Alors revoyez avec King Kong. nous King Kong « image par image » et comme l'écri- vait Jean Cocteau : « Soyez crédules, amusez-vous, Paris, décembre 1976. recevez, acceptez, ne vous cabrez pas contre les sorti- Près d'un demi-siècle plus tard, nous avons essayé lèges des grands films d'Amérique. » de reconstituer ce qui s'était passé derrière les portes Mais il est temps de laisser la parole au « père » de closes des studios de « Culver City ». King Kong, Merian C. Cooper :

« J'ai commencé à penser à King Malaisie, et notamment à l'île de une description à vous faire dresser Kong vers la fin de l'automne Komodo, à l'Est de Sumatra. Cette les cheveux sur la tête : 1931. Tout d'abord, je désirais me île était connue pour être le dernier « J'ai vu des choses monstrueuses rendre en Afrique pour tourner refuge de « dragons » mythiques que je n'oublierai jamais et, fran- un film sur les gorilles, les gorilles (en fait des reptiles monstrueux), chement, il y a des fois où je vou- en chair et en os, c'était malheu- une sorte de Loch Ness exotique. drais pouvoir les oublier. Souvent, reusement l'époque de la dépres- Or, les lézards existaient bel et dans mes rêves, le « lézard-dra- sion et personne ne se décidait bien ! gon » apparaît sous sa forme à immobiliser d'importants capi- Il en avait été fait mention la effrayante. taux pour financer ce très long première fois en 1912 par un savant Quelle serait votre réaction si vous voyage. J'ai alors suggéré à mon hollandais de Java, étudiant les vous éveillez dans la nuit, face à ami David O. Selznick qui était « Animaux-Dieux » des îles de la face avec une horrible bête sem- président de la RKO de réaliser, Sonde : encore un thème de Kong. blant surgir du domaine des dam- en studio, un film dont le héros Burden en ramena deux vivants nés, voletant autour de vous avec serait un gorille géant. » à New York en 1926. Ils furent des ailes de sept pieds d'enver- « Si j'ai rêvé King Kong, c'est montrés au zoo du Bronx où ils gure ? Ou bien, si vous plongiez pour m'exciter. Pour plaire au moururent peu après. Le contexte vos regards dans la mer et que public aussi, bien sûr, mais je écologique, comme nous dirions vous aperceviez une bête affreuse voulais surtout me faire plaisir. aujourd'hui, ne leur était pas favo- ouvrant une gueule de six pieds Je voulais produire quelque chose rable. de large et dont les mâchoires se que je pourrais considérer avec referment en claquant sur la jambe orgueil et dire : "Vous allez voir ROBINSON d'un pêcheur de perle ? » l'aventure la plus fantastique, la Cet air magique respiré par des plus extraordinaire qu'on ait jamais La description que Burden avait créatures mystérieuses était aussi vue sur un écran ! " » fait de Komodo et d'une île voi- celui que respirait Cooper qui se Mais au-delà des passions person- sine, Wetar, en 1927 dans le « Na- pencha alors sur l'idée de ce qui nelles de Cooper et du mythe du tional Géographie » pouvait en pourrait arriver à un animal pré- singe, de l'aube de l'humanité, etc., effet enflammer l'imagination : historique plongé dans la vie mo- il y avait des raisons tout à fait « Telle qu'elle apparaît, surgissant derne. Il avait donc prévu la fin réelles à la création de King Kong. de la mer, l'île est un chaos de du film mais pas du tout le début. Explorateur-aventurier lui-même, montagnes plissées. Sa partie cen- L'idée de la femme qui le fait Cooper était un ami de W. Dou- trale est inexplorée. Rien d'éton- capturer lui est venue ensuite. glas Burden, célèbre explorateur et nant, car ses pics acérés opposent naturaliste. une barrière insurmontable au SCHOEDSACK-COOPER Il avait été particulièrement frappé voyageur. par une expédition de Burden en Deux « explorateurs des mers du Les deux noms associés depuis Sud », Lawrence T.K. Griswold et toujours à « King Kong », Ernest Merian C. Cooper avec Fay Wray pen- Davis J. Walsh, dans « Robinson » Beaumont Schoedsack et Merian dant le tournage de «King Kong». n° 23 du 4 octobre 1936, en donnent Coldwell Cooper, étaient tous deux

leur deuxième rencontre n'eut lieu qu'à Londres. Après avoir reçu la « Croix des Braves » du gouvernement polo- nais, Cooper regagnait l'Amérique. Quant à Schoedsack, il devint camé- raman d'actualités. Ils se retrou- vèrent tous les deux à Addis- Abeba, où le futur (et ex) empe- reur d'Ethiopie Haïlé Sélassié leur fournit quelques images mémora- bles avec sa cavalerie montée, qui n'avait rien de canadienne, on s'en doute. Après diverses aventures mariti- mes, plus catastrophiques les unes que les autres (le « Wisdom 11 » explosa finalement), les deux com- pères se mirent véritablement au cinéma. Ils cherchèrent à filmer les migrations des tribus monta- gnardes du Turkestan. Ce fut «Exode» («Grass»), un film dans la tradition de Flaherty, qui leur permit de fonder les pro- ductions Schoedsack-Cooper et sur- tout de rencontrer un amateur — qui était un professionnel —, Jesse L. Lasky. Le futur vice-président de la Para- mount s'était entiché de ces deux dingues et de leur travail. Bizarrement, « Grass », sorti le 19 février 1925, rentra parfaite- ment dans ses frais et même, après une longue exclusivité à New York, rapporta un large bénéfice. «LES 4 PLUMES BLANCHES» Lasky décida donc de financer leur prochaine expédition. Ils s'embar- quèrent à nouveau sur un bateau : « L'Acturus ». Dans leur quête de jungles incon- nues, ils se retrouvèrent à Bangkok. Schoedsack visitait l'Indochine pen- dant que Cooper explorait le Siam (future Thaïlande). Ils portèrent leur choix sur la province de San. Les tigres y faisaient des ravages et — animaux sacrés — semaient la terreur au seul énoncé de leur Merian C. Cooper : « J'ai commencé à penser à « King Kong s vers la fin de 1931. » nom. C'est là que fut tourné « Chang » qui veut dire « éléphant » en laotien. capitaines. Et tous deux aventu- per. Il sortait des prisons russes Toujours à la manière de Flaherty riers. et avait servi comme lui « pour la qui était désormais la manière Schoedsack, né à Council Bluffs Pologne », dans l'escadrille Lafa- « Schoedsack-Cooper », ils filmèrent (Iowa) le 8 juin 1893, débuta comme yette. C'était leur première ren- une famille du cru. Les autres caméraman aux studios Keystone contre. Ils avaient « peu » de choses « acteurs » étaient les bêtes qui en 1914. Il servit au service ciné- à se dire : « J'ai fait soixante-dix avaient l'obligeance de passer matographique de l'armée pendant missions aériennes contre le géné- devant leur caméra. Les extraor- la guerre de 1914. C'est à Vienne ral Budenny » (Cooper) ou «J'ai dinaires gros plans obtenus pour qu'il rencontra un autre déspé- été le dernier homme à traverser « Chang » nécessitaient souvent une rado. Il portait un costume en le pont de Dniepr, je n'ai pas pu carabine à portée de main tenue loque de l'armée américaine, as- filmer l'explosion, la retraite de par un des deux metteurs en scène, sorti de bottes allemandes : c'était Kiev seulement » (Schoedsack). qui suppléait à l'absence de télé- le capitaine Merian Coldwell Coo- Après divers aléas du même genre, objectif. « Cooper et moi avons fait « Chang » En août 1928, le tournage en studio Mais la promotion de David Selz- avec du matériel brut et sans être commença. Une réplique d'un fort nick de la Paramount (où il n'était aidés le moins du monde », dit anglais filmé en Afrique fut cons- que conseiller) à la RKO où il Schoedsack. «C'était dur, il y avait truite dans le désert Mojave au devenait vice-président chargé de de la sueur et de la malaria — mais nord d'Hollywood. la production, allait changer la vie en dollars le film a coûté moins La distribution des « Quatre Plu- de Cooper et l'histoire du cinéma. que le prix de deux jours d'une mes blanches » comprenait Richard En fait, il y avait eu permutation "seconde équipe". » Le film sortit Arien, William Powell, Clive Brook, entre William le Baron (le vice- à New York, au « Rivoli », le 28 Noah Beery et Noble Johnson qui président sortant de la RKO) qui avril 1927. Avec des sous-titres jouera le chef indigène de Kong. passait à la Paramount et David d'Achmed Abdullah, un romancier Il y avait aussi une charmante Selznick. coté (qui participera aux « Quatre jeune actrice dans le rôle d'Ethné : On était en janvier 1931, en pleine Plumes blanches », première ver- Fay Wray. dépression, et les financiers de la sion, de Schoedsack, et aux « Trois RKO demandaient les restrictions Lanciers du Bengale »). La séquence RANGO de la charge des éléphants fut les plus sévères. Plusieurs metteurs magnifiée par un procédé inventé en scène étaient remplacés en cours par la Paramount, le magnascope, Après ce film, Cooper et Schoedsack die film et quand le film était qui élargissait l'écran, comme la avaient pris une voie différente. achevé, c'était un exploit. future panavision. Un grand orches- Cooper s'était remis à l'aviation, Selznick, tout « boy-wonder » qu'il tre, exceptionnel à l'époque, fut son amour de jeunesse, et Shoed- fut, s'aperçut qu'il lui fallait un doté de percussions spéciales pour sack avait persuadé la Paramount assistant au nez fin et au jugement traduire le tonnerre sourd des de poursuivre ses « films d'expé- sûr. Cooper avait toutes ces quali- pachydermes en marche. « Chang » dition ». Il s'embarqua en mai 1929 tés et aussi le don de persuasion. fut un énorme succès. Les critiques (un mois avant la première des Une idée lui trottait dans la tête. furent enthousiastes et l'Academy «Plumes blanches») pour tourner of Motion Pictures Arts and « Rango » dans les Indes hollan- Et il réussit à la faire trotter dans Sciences qui distribue « l'Oscar » le daises où deux des personnages celle de Selznick, qui lui demanda nomma comme le film le plus principaux, « Rango » et « Tua », un bout d'essai : dix minutes de « artistique » de l'année. C'est fina- sont des singes. film qui allaient être le début d'une lement « L'Aurore » de Murnau qui « Rango » n'est qu'un petit film, grande aventure. Celle de KING l'emporta. La comparaison était une « broutille », déclara Schoed- KONG ! flatteuse. sack. Mais Lasky avait une beau- LE MONDE PERDU C'est pourquoi Jesse Lasky et coup plus haute opinion de cette Adolph Zukor donnèrent carte blan- production et, pour la première On avait reproché à Schoedsack et che à Schoedsack et Cooper pour fois de sa vie, s'occupa lui-même Cooper, lors de la sortie de une version « à leur manière » des et rédigea personnellement tout le «Chang» (1927), de ne pas avoir « Quatre Plumes blanches » d'après matériel publicitaire pour le film. introduit une histoire d'amour qui le roman africain d'A. E. Mason. Dans cette « littérature », il décri- aurait attiré un plus vaste public vait « Rango » comme « l'histoire (cette réflexion est d'ailleurs re- « Leur manière », c'était de combi- la plus distrayante et la plus spec- prise par -le personnage du pro- ner un documentaire exotique, taculaire jamais vue sur un écran ». ducteur Dunham au début de King filmé en extérieurs, avec le tour- Heureusement, les critiques suivi- nage en studio, cette fois avec de rent et le « Times », peu suspect Kong). « vrais acteurs ». d'indulgence, écrivit en février Or une histoire d'amour avec une Ils repartirent donc à l'aventure 1931 : « Rango » raconte une his- bête — il y en eut beaucoup depuis en Afrique. Du Mozambique, ils toire humaine avec une telle force Leda et le cygne et Pasiphaé avec rejoignirent l'embouchure du Ro- et une telle simplicité qu'elle a l'air le taureau — est certainement vuma qu'ils remontèrent vers la tirée de la Bible. Son thème, la plus émouvante avec un « huma- jungle, au pied du Kilimandjaro. lutte de l'homme et de son frère noïde ». D'ailleurs, dans les pre- le singe contre les multiples périls miers projets de « Kong », les des- Ils y filmèrent des scènes de rhi- de la jungle, est si proche de la sinateurs Byron Crabbe et Mario nocéros et de babouins, singes nature, si dénué d'artifices qu'en Larrinaga avaient prévu un singe particulièrement intelligents et fé- le voyant le spectateur risque d'ou- plus humanoïde. Mais si Cooper roces, des incendies de forêt allu- blier tout l'art de la mise en scène voulait Kong « humain, trop hu- més par les indigères qui font fuir et le soin avec lequel l'histoire a main », moralement, il le voulait les animaux. Ils filmèrent aussi des été écrite d'après les matériaux de également « la chose la plus terri- scènes de bataille dans les déserts la nature. » fiante, la plus brutale qu'on ait de Nubie, mises en scène avec les Quant au « World », il juge jamais vue sur un écran ». descendants des guerriers derviches « Rango » : « Le meilleur film Pour le contraste, sa sentimentalité .derviches qui, contrairement à ce d'animaux jamais réalisé. » à l'égard de sa proie — et son que l'on croit, ne sont pas unique- Pendant ce temps, Cooper, lancé appât —, la fragile Fay Wray, ment des Indiens, mais des musul- donc dans l'aviation, commençait devenait d'autant plus spectacu- mans de différentes ethnies). Coo- à faire fortune. Il y avait investi laire. D'ailleurs le titre provisoire per se blessa lors d'une de ces les profits de « Grass » et de « de travail » pendant le tournage scènes et dut être emmené d'ur- « Chang ». Il resta donc à New York de King Kong était « La Bête ». gence à l'hôpital. Schoedsack tourna pour ses affaires. Il fut nommé au Schoedsack, lui, avait déjà utilisé donc tout seul pendant de longues conseil d'administration de Pan des singes « humanisés » dans semaines. Les scènes furent lon- American Airways, de Western Air « Rango » ; l'histoire d'un bébé gues à filmer à cause de la cha- Express (maintenant Western Air- orang-outang (Rango) et de son leur ! On ne pouvait tourner qu'à lines), de General Aviation et Na- père (Tua). Il s'agissait là de vrais l'aube. tional Aviation. singes. avait cru que Delos était une épouse (!) de Cooper —, a bel et bien connu vivant dans les années soixante. L'idée était donc bien ancrée que Wallace avait écrit King Kong, et même que King Kong était tiré d'une de ses nouvelles. Edgar Wallace, l'auteur policier anglais bien connu, avait été engagé comme scénariste à la RKO le 5 décembre 1931. Cooper, qui était déjà — à l'appel de Selz- nick au département scénario de cette compagnie, mit immédia- tement la main sur Wallace qui fut dépêché promptement sur ce qui allait devenir « King Kong ». Mais Edgar Wallace mourut de pneumonie compliquée de diabète le 10 février 1932. « SIGHT AND SOUND » Selznick explique dans ses mé- moires : « Si Wallace est mort, c'est qu'il était « Christian scien- tist » et n'avait pas voulu appeler un médecin. » Tout comme un vul- gaire témoin de Jehovah. Quel a été le travail réel de Wallace entre le 5 décembre 1931 et le 10 février 1932, c'est-à-dire deux mois ? Dans son livre posthume, « Mon journal à Hollywood », Wallace écrit au jour de Noël 1931 : « Merian Cooper m'a fait venir et nous avons parlé de l'histoire épi- que de ce grand animal que nous allons écrire et qu'il mettra en scène. » Le 6 janvier 1932, Cooper note: «On a annoncé dans la presse corporative que je fais un super film d'épouvante avec Merian Cooper, mais la vérité est que cette histoire est bien plus la sienne que la mienne. Je suis très enthou- siaste mais l'histoire doit tout de même être écrite pour produire certains effets spectaculaires. J'au- rai certainement plus de louanges que je n'en mérite si le film est un succès, autant de critiques si j'échoue : cela me semble normal. » Quant à l'idée qui travaillait Coo- le scénario est attribué à James Cooper confirme cette version per d'une « bête » millénaire plon- Creelman et Ruth Rose, d'après dans une lettre adressée au maga- gée dans la vie moderne, elle existe une idée originale de Merian C. zine anglais « Sight and Sound » tout à fait dans le film de Harry Cooper et Edgar Wallace. au printemps 1972. King Kong D. Hoyt, animé par Willis O'Brien, avait été présenté au National « Lost World » (« Le monde perdu », Il existe aussi un « roman » de Film Theatre, la cinémathèque 1925), d'après Conan Doyle — plus King Kong, publié aux USA en anglaise, dans un cycle consa- connu comme le père de Sherlock 1933 par Grosset et Dunlap, signé cré aux grands scénaristes, Holmes — où un brontosaure terro- Edgar Wallace et Merian C. Coo- soulignant le rôle d'Edgar Wallace rise Londres. per, « romancisé » par une mysté- dans le film. Cooper écrit donc : rieuse Delos. W. Lovelace, en réa- « J'ai beaucoup aimé Edgar Wal- Et puis il y a « l'affaire Edgar lité, un mystérieux Delos. W. Love- lace, le peu de temps où je l'ai Wallace ». lace qui n'a pas écrit grand-chose connu à Hollywood, je ne peux Si on examine le générique de ni avant ni après, mais que Forrest que citer son livre » (il cite le « King Kong », outre les noms des Ackerman, le célèbre rédacteur en dernier passage ci-dessus) et pour- réalisateurs Schoedsack et Cooper, chef de « Famous Monsters » — qui suit : « Edgar Wallace est mort exactement un mois plus tard. Je serpents jusqu'à capturer un boa n'ai pas utilisé une seule idée de constrictor. Elle surmonte les lui pour « King Kong », mais j'ai tremblements de terre, des armadas tenu à lui rendre hommage au de fourmis, quelques cyclones et générique car je me sentais engagé regarde les félins dans les yeux. » à son égard. Si Edgar Wallace vivait, je suis certain, car c'était Et, en plus, elle a le culot d'écrire. un homme honnête, qu'il serait le Elle rédige donc la plupart des premier à admettre que pas une livres de Beebe et quelques articles. scène, pas une phrase de dialogue C'est tout naturellement qu'elle par- n'est de lui dans King Kong. » ticipera à un des films documen- Cette déclaration n'a pas satisfait taires de Schoedsack et Cooper. tous les admirateurs et de King Déjà qu'elle est ravissante, son Kong et d'Edgar Wallace. courage et son efficacité ne se Notamment Basil Cooper (pure démentent pas. homonymie) qui écrit lui aussi à Schoedsack succombe donc aux « Sight and Sound », déclarant qu'il multiples charmes de Ruth Rose a vu King Kong quinze fois, et et l'épouse. qu'en tant qu'historien de cinéma, Quant à Cooper, après la mort de collectionneur et fan de films fan- Wallace, et bien qu'il ait sous la tastiques, il précise que la fille main une équipe d'écrivains compé- d'Edgar Wallace lui a communi- tents à la RKO, dont Robert qué un scénario complet de Benchley (humoriste demeuré cé- « Kong ». Ce scénario est corrigé lèbre pour les lecteurs du « New de la main même d'Edgar Wallace : / Yorker ») et le jeune Horace McCoy, «Ce script de 110 pages s'ouvre futur auteur de l'inoubliable « On sur l'image inoubliable d'un singe, achève bien les chevaux » (qui une rose à la main. Le singe effeuille Ernest Schoedsack, Ruth Rose, finalement collaborera avec Creel- la rose. Le capitaine et le cinéaste James Creelman, Willis O'Brien et man à King Kong), il sollicite, à l'observent. Le dialogue est le sui- moi. » la surprise générale, la collabora- vant : Mais son inconscient, comme son tion de Ruth Rose. Englehorn : Vous voyez, ceci est conscient, avait enregistré tout Mrs Schoedsack n'avait pas la pra- l'aube de l'intelligence humaine. ce qui pouvait l'y conduire. Pour tique de l'écriture cinématogra- Vous ne trouvez pas ? Il admire ce qui est du conscient, conten- phique, mais Cooper pensait que la beauté. tons-nous de son plus proche col- son expérience de la jungle serait Denham : Ouais ! et il la déchire laborateur, Schoedsack. tout à fait profitable. Et surtout — c'est humain. » Il se trouve que Schoedsack, lors celle des hommes qu'elle y avait Comme on sait, la version telle de leurs aventures cinématographi- connus, leur langage et leurs réac- qu'on la connaît commence tout ques et « exploratrices », avait tions au danger : plus précisément, différemment par une équipe de épousé une personne fort intéres- Schoedsack, Cooper et Beebe ! film prête à embarquer pour une sante. L'idée « pirandellienne » de mettre expédition mystérieuse. Ruth Rose (que certains exégètes une équipe de film dans le film Il n'empêche que ce n'est certaine- ont confondu avec Gipsy Rose Lee, vient de cette collaboration. Cooper ment pas par hasard que Cooper célèbre strip-teaseuse américaine, savait que Ruth Rose connaissait s'est intéressé à Wallace. comme qui dirait une Rita Renoir leurs habitudes de tournage et lui moins intellectuelle) était une jeune suggéra : « Mets-nous dedans. » LE VENGEUR femme issue d'une famille théâtrale Suivant Forrest J. Ackerman, agrégé « distinguée » — ça arrive, des ès King Kong, c'est ainsi que Ruth Hormis son immense notoriété Barrymore aux Guitry — par son Rose eut l'idée de « tout expli- — toujours bienvenue à un géné- père producteur et auteur de théâ- quer » avant l'apparition de Kong rique — Edgar Wallace (auteur tre, Edward Rose. Adolescente, pour que dès cette vision formi- de plusieurs centaines de livres) elle avait connu le gratin de Broad- dable, l'histoire suive son cours avait écrit avant ses policiers tout way. Son idole et mentor était sans qu'il y ait besoin de commen- un cycle africain. Il avait été cor. William Gillette, un des premiers taires. respondant pendant la guerre des Sherlock Holmes sur scène. Comme Boers pour l'agence « Reuter » et on voit, Conan Doyle et Wallace SKULL ISLAND le « Daily Mail ». Il connaissait ne sont décidément pas étrangers donc bien l'Afrique, du Sud en tout à King Kong. Les divers responsables du studio cas. « Les Gens du fleuve », « Les Ruth Rose était donc devenue une étaient contre l'arrivée trop tar- Gardiens du roi » et « Osse- jeune actrice cotée, Et voilà qu'une dive du « héros ». Ce fut aussi la ments » (!) en font foi. Et surtout de ces réformes syndicales et théâ- réaction des distributeurs français, il publia en juin 1927 « Le Ven- trales change son orientation. à tel point que, pendant trente-deux geur » où l'on voit un orang- En 1919, une grève pour la dé- ans, le film fut exploité en France outang sentimental qui, non seu- fense des acteurs a lieu. amputé de la première bobine. lement grimpe dans les maisons, Au chômage, Ruth Rose entend Mais cette construction « à retar- mais poursuit de pures jeunes parler d'une expédition d'explora- dement » avait fait ses preuves filles. teurs en Nouvelle-Guinée. Elle se dans « Chang » (il s'agissait là d'un Qui donc a eu véritablement l'idée présente au responsable, le Dr éléphant), Schoedsack, Cooper et de King Kong ? William Beebe, et malgré sa totale Ruth Rose n'en démordirent pas. Cooper est formel : « Les seuls ignorance, montre très bientôt ses Ruth Rose inventa aussi un langage responsables de « King Kong » sont compétences. « Elle apprivoise les « similaire à celui des insulaires dessin représentait King Kong sur le sommet de l'Empire State Buil- ding, il tient la femme dans sa main et les avions le mitraillent. Le deuxième dessin représentait King Kong dans la jungle secouant le tronc d'arbre pour faire tomber les marins. Sur le troisième enfin, King Kong, face au soleil, se frappe la poitrine, la femme cette fois est à ses pieds. En tout il y eut douze dessins. Pendant le tournage, onze de ces dessins ont été méti- culeusement réalisés, reproduits en séquences réelles. » (Midi-Minuit Fantastique, n° 6, juin 1963.) WILLIS O'BRIEN Mais qui étaient Willis O'Brien, Byron Crabbe et Larrinaga ? Nous l'avons vu, Willis O'Brien avait animé « Le Monde Perdu », mais ce n'était certainement pas sa première contribution au monde magique de l'animation. Né en 1886 à Oakland en Californie d'une famille aisée, Willis O'Brien se retrouva vers les onze ans dans « Le 2e dessin représentait King Kong dans la jungle, secouant un tronc d'arbre. » la débine avec ses parents qui avaient opéré de mauvais inves- tissements. Il partit en vadrouille de Nias » \, dit-on dans le film) pour talents conjugués, l'imagination dé- à treize ans et fut successivement les indigènes de « Skull Island ». lirante et l'ingéniosité, non seule- cow-boy, trappeur, courant le La censure inquiète de ce que cet ment des auteurs et de « l'homme cacheton dans les rodéos, et fina- esperanto indigène puisse recéler de l'idée », Merian C. Cooper, mais lement à dix-sept ans, engagé des allusions indécentes demanda d'une sorte de génie, l'animateur comme grouillot dans un bureau à Ruth Rose de le lui traduire Willis Harold O'Brien. d'architecte qui le conduisit rapi- en anglais courant. Ruth Rose dement — il était doué — à des- s'exécuta obligemment, quoi qu'elle Car la confection de Kong com- siner des bandes sportives pour le ait eu quelque doute que les « insu- mence bien avant que le scénario « San Francisco Daily News ». Son laires de Nias » lui fissent un ne soit écrit. Merian Cooper le intérêt pour le sport se dévelop- procès à la vue du film, si par précise : pant, il se mit lui-même à la boxe. hasard — à l'époque — ils avaient « Avant d'écrire la moindre ligne Il gagna ses neuf premiers combats eu une chance de le voir. de scénario, j'ai demandé à O'Brien mais fut mis K.O. au second round Ruth Rose était aussi sur le pla- ainsi qu'à deux autres artistes, de son premier grand match. Déçu, teau pendant le tournage et chan- Larrinaga et Crabbe, de faire une il se reconvertit et se retrouva geait les dialogues quand les impé- série de grands croquis, pour illus- chez un décorateur spécialisé dans ratifs techniques l'exigeaient. La trer mon projet. Le tout premier le marbre où il eut l'idée de con- version filmée est donc différente fectionner un boxeur en pâte à des divers scénarios originaux, modeler. Un de ses camarades d'autant qu'elle s'est décantée avec confectionna le sien et quelques la bobine d'essai — essentielle — heures plus tard, les deux boxeurs dont nous parlerons plus loin. se battaient à la joie générale des C'est aussi elle qui décida que dans bookmakers amateurs. Sa vocation le scénario on passerait directement était née. de « Skull Island » à New York, Il engage alors un opérateur l'expliquant en quelques lignes d'actualités et tourne un bout dans la bouche de Denham : d'essai d'une minute au sommet « Allez chercher au bateau des de la Banque d'Italie à San Fran- chaînes et des outils, construisez cisco. Il avait fabriqué un dino- un radeau et faites-le flotter jus- saure miniature et un « homme qu'au bateau. Il a toujours régné des cavernes » en argile sur une sur son monde, nous lui appren- armature de bois. Quelques pierres drons la peur. (...) Dans quelques servaient de décor. Il les anima mois, il sera en haut de l'affiche : plan par plan, ce qui n'était pas "Kong, la huitième merveille du facile, car il fallait refaire les monde ! " » personnages à chaque fois. Le ré- La Huitième merveille du monde ! sultat était assez tremblotant, mais cette apparence de mouvement Elle ne s'est pas faite en un jour. intéressa assez un producteur de Pour qu'elle existe, il fallait les San Francisco, Herman Wobber, qui avança à O'Brien 5 000 dollars pour réaliser en 1915 une comédie, « Le Dinosaure et le chaînon man- quant », Le chaînon manquant, il se trouve, était un homme-singe et il se battait — déjà — avec un brontosaure. La Edison Compagnie acheta le film (qui faisait une bobine) pour 525 dollars et le distribua en 1917. O'Brien réalisa pour « Edison'con- quest film programm » plusieurs films d'animaux préhistoriques. Pour ce faire, il avait été nommé président d'une filiale spéciale : Mannikin films (films « Manne- quins »). Il réalisa « RFD 10 000 B.C.» (10 000 ans avant Jésus- Christ), « Prehistoric poultry », « In the villains' power », et finalement « Nippy's nightmare » (« Le cau- chemar de Nippy»). Ce de-rnier film offrait la particularité de combiner des acteurs humains avec les « mannequins ». En 1919, « The Ghost of slumber mountains » ( «Le Fantôme des montagnes dormantes »), plus long, plus ambitieux, fut un énorme succès, et rapporta 100 000 dollars, alors qu'il n'en avait coûté que 3 000. O'Brien travaillait alors avec le major Herbert M. Dawley, un cameraman pionnier de la techni- que, qui lui fit le sale coup pour le « Fantôme » de s'approprier tout le travail. Interviewé après la sor- tie du film dans un magazine po- pulaire, le major explique que « le tournage est facile avec des miniatures, mais beaucoup plus compliqué avec un monstre de cinq mètres de haut ». « FIRST NATIONAL PICTURES » Il se trouve que le « monstre de cinq mètres de haut » n'était autre qu'un des modèles réduits de O'Brien, photographié devant une maquette, qui devait raccorder avec des personnages humains filmés en extérieur dans les montagnes. Tech- nique particulière à O'Brien qui fut utilisée abondamment dans King Kong. C'est alors que O'Brien rencontra Watterson Rothacker qui, fasciné par son travail, le prit sous contrat. Rothacker avait créé en 1910 la première compagnie spécialisée dans la publicité de films. Il avait produit un des premiers dessins animés, « Old Doc Yak ». Et sur- tout, il avait acquis les droits du « Monde Perdu » de Conan Doyle. Le film devait être important et Rothacker s'arrangea pour le co- produire avec « First National Pictures » et le tourna dans leur studio de Brunton à New York. O'Brien, pour cette importante il se mit le jour même au travail. trace la vie préhistorique sur un production, avait besoin de nou- Le tournage du « Monde Perdu » plateau d'Amérique du Sud. Ayant veaux collaborateurs. Il rencontra était des plus secret et personne ce matériel sous la main et la Ralph Hammeras, spécialiste des au studio ne savait ce qui se pas- permission de Watterson Rothacker décors et des effets spéciaux à la sait derrière les portes verrouillées. de l'utiliser, je n'ai pu résister à « First National », mais aussi pour Ce sera aussi le cas du Roi Kong. la tentation de surprendre vos d'autres studios. Hammeras avait La façon dont le film avait été invités et collègues. Je suis certain mis au point le « plan sur verre » : fait était donc énigmatique et qu'ils me pardonneront si je les pour éviter de vastes constructions quand Sir Arthur Conan Doyle, ai laissés quelques heures dans les de décor. Il s'agissait, si on avait passionné de magie et de spiri- affres de diverses suppositions. Et besoin par exemple d'une maison tisme, en montra un extrait au maintenant, cher maître, confi- de quatre étages, de construire Congrès des magiciens (le 2 juin dence pour confidence, comment seulement le premier, les autres 1922), il ne fournit guère d'expli- êtes-vous sorti de cette malle ? » étaient peints méticuleusement sur cations, préférant garder un halo un grand panneau de verre, filmé de mystère. Bien à vous, à trois mètres de la caméra, en Il écrivit à Houdini, président de Arthur Conan Doyle. alignement parfait avec l'étage la société des Magiciens Américains « réel ». Sur le film, on voyait un la lettre suivante : Cette lettre peu connue de Sir immeuble de quatre étages. Cette Arthur, reprise dans « Focus » technique, elle aussi, servit beau- « Mon cher Houdini, n° 16, automne 1973, donne une coup dans King Kong. explication que le « New York La séance de cinéma que je vous Times » du 4 juin 1922 ignorait HOUDINI ai proposée à l'occasion du dîner encore quand il écrivait : <ç Ses des Magiciens mériterait, je pense, monstres de l'ère préhistorique ou Le troisième personnage de l'équipe quelques explications, maintenant d'une ère nouvelle, qu'il a décou- était Marcel Delgado dont la con- que le but recherché a été atteint. verts dans l'éther, étaient extraor- tribution à King Kong fut essen- Le but, c'était tout simplement de dinairement vivants. Si ce sont des tielle. O'Brien avait besoin de mystifier un peu ceux qui ont si faux, ce sont des chefs-d'œuvre. » quelqu'un pour confectionner les souvent, et avec talent, mystifié les « Le Monde perdu » sortit en 1925, animaux préhistoriques à sa place autres. fut un des plus gros succès de et s'adonner, lui, à d'autres pro- En vous présentant mes dinosaures l'année, autant critique que public. blèmes techniques. en action, j'ai dû être vague dans O'Brien avait rencontré Marcel mon discours pour préserver la FRANKENSTEIN Delgado, un tout jeune homme de magie sans pourvoir toutefois dix-neuf ans, à l'Otis Art Institute avancer des choses que je ne pou- O'Brien projeta alors une version de Los Angeles. Delgado était vais prouver comme tout à fait de « L'Atlantide » (assez éloignée Mexicain et s'était retrouvé en 1909 réelles. Mais j'ai tout de même de celle de Pierre Benoît). Elle à Los Angeles avec sa nombreuse souligné qu'il ne s'agissait pas ne fut pas faite, pour des raisons famille (ils étaient neuf enfants) d'occultisme, et que ce n'était psy- économiques : « First National » après la révolution mexicaine. Il chique que d'ans la mesure où déménageait en Californie à Bur- suivait des cours du soir à l'Otis toute chose humaine est issue du bank, où il construisait avec Art Institute, et travaillait comme cerveau de l'homme (...). Les dino- Warner Bros un nouveau studio. employé dans la journée. O'Brien saures et autres monstres ont été Il tenta aussi un « Frankenstein » eut du mal à le convaincre car créés par la seule science cinéma- d'après le célèbre roman noir de Delagado voulait poursuivre sa tographique, mais au plus haut Mary Shelley. Le projet fut aban- carrière « artistique », mais une niveau. Ils sont utilisés dans le donné et comme le dit Forrest J visite au studio l'enthousiasma et • Ackerman : « S'il l'avait tourné avec film « Le Monde perdu » qui re- sa technique personnelle, la face du monde (fantastique) aurait été Dessin de Ernest Smythe pour « Création », de Willis O'Brien. Produit par RKO-1930. changée. » Et voilà enfin que les protagonis- tes de King Kong se rencontrent. Merian Cooper, déjà à la RKO, devait donner son avis sur une bobine d'un film d'O'Brien : « Créa- tion ». Il trouva la technique extra- ordinaire, mais le scénario assez faible. Le film resta donc inachevé. Mais il avait trouvé son homme pour son singe. Pour « Création », O'Brien avait utilisé les services de deux artistes du studio : Crabbe et Larrinaga, qui en avaient dessiné les décors. Mario Larrinaga était un Basque né à Baja en Californie. Il com- mença sa vie professionnelle vers seize ans avec son père Juan dans un studio de décoration théâtrale à Los Angeles. Après avoir peint des décors, des rideaux de scène pour l'opéra, le théâtre et le music- hall, il entra à l'Universal où il BIBLIOGRAPHIE

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