Le Garric. Une Commune En Albigeois
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ALBERT BESOMBES LE GARRIC Une commune en ALBIGEOIS Editions de la Revue du Tarn 1977 LE GARRIC Une commune en Albigeois ALBERT BESOMBES LE GARRIC Une commune en ALBIGEOIS Editions de la Revue du Tarn 1977 PRÉFACE Tel est le nom traditionnel : « Lo Garric de las Monjas » et vous moquant d'une dénomination ridiculement incongrue, vous avez traduit « Le chêne des haricots ! ». De fait il y eut un chêne multicentenaire qui abattu en 1857 fournit à la charpente de ce qui, avant d'être au haut de la côte un café, fut un fenil. Mais Monjas est le féminin de Mongés « moines » ; tout simplement le chêne appartenait aux reli- gieuses de l'Annonciade, qui à Albi avaient leur monastère au Prieuré de Fargues en face de la Berbie. C'est « le chêne des religieuses ». Et pourtant la traduction mensongère, dérisoire et si espièglement roturière conviendrait tellement bien à une commune qui n'eut jamais de cabaret, qui a à peine une église, dont l'école et la mairie sont comme au hasard, ici où là, qu'importe ! Rien qui ait un corps d'où on induirait à une âme. Pour une commune avoir cent ans, c'est être née d'une scène de ménage et n'avoir point de passé. Et si le Garric tire quelque lustre de noms connus, il les emprunte aux voisins : aux seigneurs de Les- cure, aux Solages de Carmaux. Le renom de la seigneurie indigène de la Guimarié a-t-il dépassé les proches limites où portent les seuls échos des cloches de Sainte-Martiane ? Pas un général, pas un savant, pas un littérateur, pas même un homme politique d'intérêt local, dont pour le moins on se souviendrait qu'ils furent ! Le Garric n'existe que traversé. Mais la route qui autrefois joi- gnait Arthès à Monestiès est aujourd'hui réduite à la desserte de quel- ques fermes, et celle, si courue au Moyen Age, menant d'Albi à Rodez, se perd dans les champs abandonnant, au milieu de prés, cerné de ronces et de clôtures barbelées, le pont de Maux qui continue à en- jamber inutilement le Cérou. Et la route moderne née sous l'Ancien Régime à qui Napoléon donna son numéro de matricule, la 88, sans cesse améliorée, n'a qu'un but : mettre Albi et Carmaux à un quart d'heure l'un de l'autre, faisant élision du Garric. C'est justement dans cette absence qu'est le livre d'Albert Besombes. Une perspective grandiloquente serait ici déplacée. Depuis quelque temps l'histoire n'écoute plus aux portes des palais royaux ou présidentiels : elle est descendue dans les champs et les rues, épiant les gestes et les façons. Elle n'est plus politique, militaire ou événementielle : elle est sociologique, économique et, quand elle raffine, quantique. Elle compare des chiffres, trace des courbes. Ici, il y a un peu de tout cela. C'est dire que, sans trop l'avoir voulu, l'ouvrage est taillé à la dernière mode. S'offrant depuis le temps sans souvenir de la préhistoire comme un repère immobile et sacré, l'antique butte de Pouzounac assiste à la parade récapitulative des générations dans leur habit de nuit et de lumière. Prodigieux rendez-vous où sont convoquées toutes. les famil- les, toutes les fermes, toutes les terres dans leur communion immémo- riale jusqu'à ce que les routes se déplaçant déplacent aussi les hommes ! Pour amener à terme une telle entreprise on devine ce qu'il faut de qualités. Deux au moins : La patience, en quête de traces perdues, fouillant dans la légère poussière du passé. La piété qui redonne voix à ceux qui n'eurent jamais place aux instances de l'Histoire. Albert Besombes ne manque certes ni de l'une ni de l'autre. On souhaiterait que son exemple suscite des vocations : ainsi moellon à moellon serait édifié le musée de notre passé si riche et si oublié. Jean ROQUES. AVANT-PROPOS LO GARRIC DE LAS MONJAS Cette commune est de création relativement récente. En effet, elle fut érigée par décret préfectoral du 21 juillet 1870 par distraction des sections de Sainte-Martiane et de Pouzounac de la commune de Lescure. Elle prit le nom de Le Garric qui était celui du lieu-dit situé au carrefour de la R.N. 88 et du C.D. 25. Ce nom figure pour la première fois dans une délibération du Conseil Municipal de Les- cure du 5 juin 1836. Le dit Conseil critiquait a posteriori le tracé de la route nationale depuis le ruisseau de Coules en direction de Carmaux, ne desservant que « deux maisons » et laissant de côté tous les hameaux de la région. Il existait en ce lieu un chêne d'un âge et d'une stature remar- quables (1). Il avait poussé dans l'angle Nord-Est du carrefour à la place du relais et café actuels. On l'appelait « lo garric de las monjas » (2). Il était sur le domaine dont le siège était à la Barrabié et qui appartint jusqu'à la Révolution aux Annonciales plus connues sous le nom des Dames Religieuses des Fargues. C'étaient des mo- niales (3) dont le couvent se situait à Albi face au palais de la Berbie. Ce chêne fut coupé vers 1857 pour faire place aux construc- tions qui existent encore actuellement. Il appartenait à ce moment à M. Héral de la Salaberdié (4) qui le fit débiter pour en faire le plancher de sa grange. Il existait un autre chêne, semble-t-il du même âge, dans l'angle Sud-Est du même carrefour. Il était sur le domaine de La Gravié. Les anciens se souviennent encore de lui. Il fut abattu en 1908 et servit à faire la charpente de la grange chez Andouard. NOTES (1) Dans les actes de catholicité de Sainte-Martiane, on relève à la date tantdu 10 au avril Gros 1853 Chêne. le baptême de Pierre Francès, fils d'Antoine, métayer habi- (2) Ce vocable était encore fréquemment employé au début du xx siècle. (Prononcer : lou garric dé las mounjos). (3) Le terme de « monjas » figure à de multiples occasions dans divers actes tels les cadastres de 1559 et de 1617. Il désigne en occitan les mo- niales, étant le féminin de « monjés » = moines. (4) M. Héral avait acquis les terres entre la R.N. 88 et la mairie actuelle. Il fit construire vers 1857 des bâtiments pour remiser les récoltes qu'il ne pouvait ramener chez lui à la mauvaise saison par la route de Valdériès alors impraticable. Il les vendit en 1860 à Astruc qui les céda à son tour en 1862 à Rigaud Joseph, aubergiste. (Mutations cadastrales). ADRESSE AU LECTEUR La population du Garric a beaucoup augmenté en cent ans et bien des familles pensent sans doute y être implantées depuis peu. Cependant, si l'on va au-delà des patronymes actuels, celles qui ont au moins une ligne d'ancêtres ayant vécu sur ce territoire sont plus nombreuses qu'on ne pourrait le croire. Par ailleurs, on ne connaît pas de grands hommes qui y soient nés ou qui y aient vécu. Aucun événement de portée nationale ou, même régionale ne s'y est déroulé. Cependant, d'innombrables géné- rations d'hommes et de femmes y ont vécu le quotidien heureux ou malheureux de leur existence. Ils y ont aussi ressenti, à l'occasion, les effets d'événements connus de l'histoire, car on peut dire que « lorsque les grands se battaient, les petits étaient piétinés » (ce qui est encore en partie vrai dans les temps actuels). Mon propos est de faire revivre ce passé en mémoire de ceux qui l'ont vécu. Il est destiné aux garricois de toutes conditions et de tous âges. Les adultes y retrouveront avec plaisir des faits connus, ils découvriront aussi des événements insoupçonnés et les jeunes un côté local de l'histoire. Peut-être même les familiers de l'histoire de la région y trouveront-ils quelque point intéressant ? LES SOURCES Ce travail a été mis en chantier à la demande de Monsieur le Maire du Garric : « Il serait dommage que ces souvenirs se perdent ! » m'a-t-il dit. Il se réfère à des travaux antérieurs tels que : — Histoire de Lescure, par le Chanoine Graule, curé de Lescure, 1895. — Lescure d'Albigeois, par M. Flaujaguet, 1965. — Histoire d'Arthès, par M. D. Gros, 1965. — Rosières en Albigeois, par M. J. Castagné, 1965. — Connaissance du Tarn, par MM. C. Bou, H. Bru, R. Cubaynes, G. Martignac, 1973-74. — Documents généalogiques sur le Rouergue, par de Barrau, 1860. — Petite histoire de Blaye en Albigeois, par Loubersanne, 1916. — La mentalité religieuse des paysans de l'Albigeois médiéval, par M. Bordenave et M. Vialelle, 1973. — Histoire religieuse de l'Albigeois, par de Lacger, 1962. — Les noms de lieux du Tarn, par M. E. Nègre, 1959. — Les paysans de l'Albigeois à la fin de l'Ancien Régime, par M. P. Rascol, 1961. — De nombreux articles parus dans la Revue du Tarn et dans le Bulletin de la Société des Sciences, Arts et Belles Lettres du Tarn. Je remercie : — Monsieur le Maire de Lescure de m'avoir permis de consulter les archives de la commune ; — Monsieur le Maire du Garric de m'avoir ouvert les archives de la mairie ; — Monsieur Jean Lautier, correspondant pour le Tarn des Di- recteurs de circonscriptions archéologiques de Midi-Pyrénées, qui m'a fait part de recherches sur les sites de Barret, Sainte-Martiane, etc. ; — Monsieur Greslé-Bouignol, Directeur des archives départe- mentales du Tarn, et Madame R. Cassan, qui m'ont guidé dans mes recherches à travers une documentation très abondante ; — enfin, tous les anciens de la commune qui m'ont confié leurs souvenirs personnels ou familiaux : MM.