Douleur Et Paix
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Dossier libération De la douleur ... à la paix retrouvée L’occupation Extrait de la séance du conseil municipal Séance du 24 décembre 1939 : du 13 août 1939 : Point 3 : Acquisition des terrains néces- allemande « Point 3 : Réparation des vitraux de saires à l’établissement de nouveaux ci- l’église : le Conseil estime que, vu l’ag- metières militaires. gravation de la situation internationale (la Point 4 : Appel du Comité Départemental guerre paraissant inévitable) la discussion de Secours aux Evacués du Haut-Rhin. de ce point doit être remise à plus tard. » Point 5 : Nomination d’un directeur urbain de la Défense Passive. 3 septembre 1939 : la France et l’An- Le dernier conseil municipal avant l’occu- gleterre déclarent la guerre à l’Alle- pation allemande porte la date du 14 avril magne. 1940. 2-3 septembre : évacuation de la 15 juin 1940 : les allemands tra- population de Strasbourg et des vil- versent le Rhin, le 17 ils sont à lages le long du Rhin. Une deuxième Colmar, le 18 à Mulhouse, le 19 à vague suivra au printemps 1940. La Strasbourg. moitié de la population alsacienne Mise en place du rationnement. est concernée. Ouverture du camp de Schirmeck. Séance du conseil du 24 novembre 1939 : 7 août 1940 : annexion de fait de L’instituteur remplissant la charge de se- l’Alsace-Moselle. crétaire de mairie ayant été mobilisé de- puis le 1er novembre, il est décidé d’at- 8 mai 1941 : Introduction du R.A.D. tribuer au nouveau greffier l’indemnité (Reichsarbeitsdienst) prévue pour la rétribution de cette fonc- tion. 25 août 1942 : incorporation obliga- toire dans la Wehrmacht. Les victimes Les soldats tombés dans les combats civiles et et les victimes civiles militaires Les noms des 18 soldats tombés dans les combats et des 4 victimes civiles figurent sur le monument aux morts de Baldersheim. Incorporés A Baldersheim, comme dans le reste de Fernand TRITSCH témoigne : l’Alsace, des jeunes gens furent incor- de force porés de force dans l’armée allemande. Avant mes 18 ans, j’ai été enrôlé dans le Certains furent envoyés en Finlande, en R.A.D. C’était une période de travail forcé, Italie ou sur le front russe. Il était difficile préparation militaire intense avant d’être de se rebeller quand arrivait l’ordre de incorporé dans l’armée. Le centre de mobilisation car c’était alors mettre ses formation était situé en Prusse Orientale. proches en péril et les exposer à des Nous devions entretenir les routes et représailles. creuser des tranchées. Juin 2005 - Page 10 J’y suis resté du 5 février 43 jusque début terprète au bureau de la compagnie entre mai 43. Nous avons eu 15 jours de per- les allemands et les italiens. mission, puis nous avons été incorporés Le 24 avril 1945 les américains nous dans l’armée. ont faits prisonniers, dans la région de Venise. Dans le camp de prisonniers, j’ai fait partie d’une unité travaillant dans le stade de foot de Modène. Là arrivait tout le ravitaillement américain, et nous devions charger les camions pour réex- pédier la nourriture destinée aux com- battants américains. Nous logions dans la tribune du stade, la journée de travail était de 8 heures et nous étions bien traités. Ceci a duré de mai 45 jusqu’à la mi-juillet. A cette période a commencé le transfert des camps, pour renvoyer les Camp de formation prisonniers allemands à la maison. C’est ainsi que fin juillet je me suis retrouvé au Camp international n°13. On nous a envoyés en train jusqu’au camp inter- national de rapatriement de Munich. Là nous avons été répartis dans des wagons selon notre nationalité. Le train s’est constitué selon le schéma suivant : les Polonais, les Hollandais, les Belges, les Luxembourgeois, les Français. Le train est passé par tous ces pays, le voyage a duré plus de 15 jours avant d’arriver à Metz. Télégramme d’incorporation Dans les 3 wagons à destination de Paris se trouvaient 18 alsaciens et des français ayant appartenu à la L.V.F. (Légion des C’est à Mulhausen (Thuringe) que j’ai Volontaires Français) qui furent débar- suivi ma formation militaire pendant 5 à 6 qués du train au cours du voyage. A Paris mois. Après ce temps, nous étions affec- nous avons été logés dans un hôtel où tés dans d’autres casernes en prévision nous avons reçu nos papiers de rapatrie- du départ pour le front. Selon les besoins, ment et d’où nous avons enfin pu envoyer une liste de noms était affichée. Ayant un télégramme à nos familles pour annon- évité le départ sur le front russe, j’ai été cer notre retour imminent (depuis novem- envoyé en Italie après être passé par une bre 44 nous n’avions plus de contacts). unité de préformation pour le front. Le Cependant, nous étions toujours en uni- réveillon 43-44 s’est passé dans le train, forme allemand et il nous a fallu rejoindre, en gare de Florence. Puis nous sommes toujours en train, le centre de démobilisa- arrivés dans le sud de l’Italie où j’ai été tion de Chalon sur Saône où nous avons affecté à une unité lourde mobile. reçu des habits militaires français. Ensuite est arrivée la débâcle et notre Le 22 août j’étais enfin de retour à unité a fait route vers le nord. J’étais le Baldersheim ! seul alsacien sur 2000 allemands. En parlant avec les gens du pays, j’ai appris Mon frère (classe 20) , incorporé de force rapidement assez d’italien pour servir d’in- en 1941 avait été envoyé en Finlande à Juin 2005 - Page 11 Dossier libération Mourmansk. En 1945 il s’est trouvé dans Mme Marie-Thérèse KUENTZ témoigne : la poche de Colmar. Il conduisait alors un chariot tiré par un cheval. Pendant la nuit Née en 1923 à Munchhouse, Mme Kuentz il a attaché son cheval à la voiture qui le est venue habiter Baldersheim en 1945, précédait et s’est couché dans le fossé. Il après son mariage avec M Charles a laissé passer son unité et s’est caché Kuentz. dans une grange du village. Au matin En septembre 1939, elle fit partie des nom- une servante polonaise l’a découvert et breux alsaciens évacués dans le Gers. dénoncé. Fait prisonnier par les améri- Trois jours de voyage furent nécessaires cains, le maire leur a expliqué que mon pour y parvenir. Elle travaille alors chez frère n’était pas allemand, mais alsacien des particuliers jusqu’en 1940. L’Armistice incorporé de force. Sauvé par cette inter- ayant été signé, les alsaciens purent vention, il est rentré à Baldersheim en revenir chez eux. Le voyage de retour fut février 45. éprouvant, en wagons à bestiaux comme à l’aller. Le village avait souffert du pas- Les « malgré-nous » ne sont pas tous sage des soldats et il fallut remettre les rentrés, tués au combat ou disparus en maisons en état. Russie, leur famille ignore encore parfois « En novembre 1941, alors que je venais le lieu de leur sépulture. D’autres ont pu juste d’avoir 18 ans je fus convoquée à la retrouver leur village, leur famille en août Kommandantur d’Ensisheim avec 5 autres 1945, les formalités de démobilisation jeunes filles. Nous serons trois à recevoir ayant été plus longues. notre livret militaire et à être incorporées dans le RAD. Le 2 novembre 1941 j’ai Le sort des femmes. pris le train avec mes deux compagnes, sous la garde d’une führerin, direction En Alsace et en Moselle il y eut aussi des Raspenau-Mildenau près de la frontière « malgré-elles », recrutées au profit de Tchèque actuelle. Parties à 8 heures l’Allemagne, ayant une destinée compa- de Strasbourg nous sommes arrivées à rable à celle des hommes. destination à minuit, il nous fallut encore A Mulhouse, les allemands réquisi- parcourir 2 à 3 kilomètres à pied dans la tionnaient le personnel féminin dans neige avant d’arriver au camp. des entreprises (parmi lequel des Les trois premiers jours furent consa- Baldersheimoises), à raison d’une journée crés à évaluer nos connaissances et de travail obligatoire par semaine pour nos capacités. Nous étions 50 (dont trois effectuer certains travaux en Allemagne alsaciennes) dans cette grande maison, ou le long du Rhin, comme par exemple réparties en chambrées de 14. Les lits des travaux de tranchées à Chalampé. étaient superposés. Les autres jeunes filles venaient de Suisse, de Pologne, Raspenau - Mildenau d’Ukraine, d’autres régions d’Allemagne. Chaque jour à 18 heures avait lieu le salut au Führer. Il fallait surtout ne pas protester ni parler ni même chanter en français car c’était la punition assurée. J’ai travaillé dans deux fermes, d’abord pendant un mois chez des fermiers assez pauvres mais qui n’avaient pas de senti- ments pro-nazis, puis également un mois dans une grande ferme qui employait deux prisonniers français. Je suis retour- née deux mois dans la première ferme Juin 2005 - Page 12 après quoi j’ai travaillé au camp, dans Travail au jardin le jardin et dans la forêt. C’était l’hiver, nous avions froid, nous faisions un travail d’homme et nous n’avions pas beaucoup à manger. Je suis revenue dans ma famille le 30 avril 1942. J’aurais dû ensuite passer la visite d’incorporation au service de travail mili- taire (Kriegshilfsdienst) et partir travailler dans un hôpital en Allemagne, mais nous avons fait des démarches qui m’ont per- mis de ne pas partir. » Ils racontent M. et Mme Lucien LANDWER L IN : Les caves des maisons de Baldersheim servaient de refuge non seulement aux la vie à «Le 21 janvier 1945 un obus au phos- habitants du village, mais également à Baldersheim phore tomba sur la maison située 37 rue des habitants de Sausheim contraints Principale.