Volume ! La revue des musiques populaires

14 : 2 | 2018 Watching Music

Le scopitone est-il un ancêtre du clip ? Are Scopitones the Ancestors of Music Videos?

Audrey Orillard

Édition électronique URL : http://journals.openedition.org/volume/5544 DOI : 10.4000/volume.5544 ISSN : 1950-568X

Éditeur Association Mélanie Seteun

Édition imprimée Date de publication : 26 avril 2018 Pagination : 41-54 ISBN : 978-2-913169-44-9 ISSN : 1634-5495

Référence électronique Audrey Orillard, « Le scopitone est-il un ancêtre du clip ? », Volume ! [En ligne], 14 : 2 | 2018, mis en ligne le 01 janvier 2021, consulté le 11 février 2021. URL : http://journals.openedition.org/volume/5544 ; DOI : https://doi.org/10.4000/volume.5544

L'auteur & les Éd. Mélanie Seteun 14 2 of technologies, the study of the conditions of production production of conditions the of study the technologies, of a history of frame the Within screens. television on blooming started videos music when latter, the of ancestors as former television producers thought so, as they considered the 1980s genre? audiovisual asame of relatives distant videos the in Abstract: yéyé – -nostalgie /mémoire disque du industrie / /cinéma /médias –dispositifs technologies / -innovation /invention vidéos : clips Mots-clés télévision. la de et cinéma du du populaires cultures des vaste plus histoire une dans clip le d’ancrer permet musicale visuelle audio production la de l’histoire faisant, Chemin musicale. chanson filmée dans les de pratiques commerciales l’industrie la de place la de significative l’évolution jour au mettre de deconstruction la et scopitone-clip généalogie notamment et de des scopitones diffusion permet de questionner la production de conditions des l’étude techniques, des toire d’his perspective une dans Inscrite écran. petit le sur alors cafés les dans écran à juke-boxes des sur diffusées 1960 années des filmées – scopitones les plaçant en 1980, années les dès télévision de producteurs les pensent que C’est ce audiovisuel genre d’un même parents lointains les faire en Résumé Panthéon-Sorbonne) 1 Paris (Université Orillard Audrey Par clip du ancêtre un est-il scopitone Le Article

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2006, encore, encore, 2006, à Quel nonno nonno Quel une inven une (Flichy, (Flichy, - - - - - 41 Article Le scopitone est-il un ancêtre du clip ? italiano del videoclip, fait le portrait du modèle la difficulté à définir le clip affleure dans les italien, le , et ce sont ici les films eux- recherches désormais foisonnantes autour mêmes qui sont appelés les « grands-pères du de cet objet 2 (Jullier & Péquignot, 2013), il clip 1 » (Bovi, 2007). existe de forts points d’ancrage permettant Audrey Orillard Audrey Les introductions de ces documen- de les comparer. Ces courts-métrages sont taires donnent le ton : Michele Bovi, le tournés pour accompagner une chanson journaliste qui signe l’enquête diffusée sur préenregistrée de laquelle ils sont indis- la Rai 2, dessine à grands traits une chrono- sociables, quand celle-ci connaît une vie logie et place le Cinebox à mi-chemin d’une commerciale et esthétique indépendante. histoire du clip dont deux des pôles seraient Partant, scopitones et vidéoclips sont irré- « Bohemian Rhapsody » de Queen – soit un médiablement liés à l’œuvre, mais aussi au film classiquement considéré comme le « pre- produit qu’ils contribuent à promouvoir mier » vidéoclip réalisé pour la télévision – la chanson, et donc son support de dif- en 1975, avant l’apparition de MTV –, et fusion, en l’occurrence les disques vinyles « Dry Bones » par The Delta Rhythm Boys puis compact –, et ils s’insèrent de fait dans – un film de 1941 pour le Panoram, un autre un réseau, celui des industries culturelles télé-box, produit aux États-Unis pendant (Hache-Bissette, 2010). Présenter les chan- la Seconde Guerre mondiale. Dans Mamy sons filmées et les clips comme de lointains Scopitone, Pascal Forneri délaisse la mise parents ne paraît donc pas si incongru – à en contexte pour s’intéresser davantage au condition d’accepter le fait d’éluder l’identité parcours de sa grand-mère, d’où le titre du médiatique de ces deux genres audiovisuels, film également ; Pierre Lescure, l’un des et notamment la manière dont les scopitones premiers témoins sollicités pour y évoquer le puis les vidéoclips sont mobilisés par les scopitone, assure ainsi que « c’est la première industries musicale et télévisuelle. fois qu’on va effectivement ajouter l’image Il ne s’agit donc pas dans ce texte d’arbi- et l’apparence pour la popularisation des trer une compétition européenne – les docu- vedettes ». Bovi comme Forneri situent mentaires français et italien ne se disputant d’emblée le Cinebox et le scopitone comme somme toute rien moins que la paternité du les médias précurseurs d’un genre appelé à clip –, plutôt de comprendre pourquoi ces un grand succès, le vidéoclip. deux formes audiovisuelles, semblables à Et pourquoi ne pas leur emboîter le pas première vue, ne relèvent pas des mêmes et mettre clips et scopitones en regard ? Si conditions de fabrication ni d’intentions économiques et esthétiques identiques. Scopitones et vidéoclips s’inscrivent de

1 Mamy Scopitone : l’âge d’or du clip, documentaire, réal. Pascal Forneri, prod. Program 33, 52 min., 2005, diffusé la première fois sur France 5, le 21 juin 2005 ; Quel nonno italiano del videoclip [Ce grand-père 2 Je tiens à cette occasion à remercier les italien du vidéo-clip], réal. Mauro Mazza et écrit par organisateurs et participants du colloque Watching Michele Bovi, diff. 16 avril 2006. Le documentaire Music/Cultures du clip musical (2-3 déc. 2016, Paris) est consultable sur la page italienne de l’article de dont est tiré cet article, pour tous les échanges Wikipedia consacré au Cinebox : http://it.wikipedia. suscités par l’ensemble des interventions lors de 42 org/wiki/Cinebox [consulté le 12 avril 2017]. cette journée. 14 2 significatifs sans être exhaustifs. être sans significatifs sont exemples quatre Ces àl’infini. musiciens celle de démultiplier le corps et la présence des musicale, l’imagerie de l’utilité explicitement très télévision aux prestations en direct – la pour films courts de l’enregistrement privilégient interrompue l’avait prédécesseur son où là projection la sa monnaie, ne pouvait choisir son titre et reprenait insérant en spectateur, le que près différence à la 1960, années des télé-box aux similaire très appareil un sur diffusés États-Unis, aux 1940 années les dans blanc et noir en tournés jazz, de films des sont salles des l’apparition avant cinéma, de projections des organisées étaient où lieux les tous dans diffusés projecteur, d’un et phonographe grâce à la synchronisation mécanique d’un sonorisés films des sont Gaumont de phonoscènes cinéma de publique projection d’une l’entracte une chanson interprétée, par exemple, durant illustrer à destinées fixes vues de succession une Les également. voie cette explore artistique production la mais musique, la de images en mise de populaires formes des que volontairement, ici, citées sont 3 Ne corpus ce de diffusion de que production de conditions les autant détermine qui télé-box, méconnu encore finalement objet cet tone, médiatique du scopi culturel le portrait traits à grands Trois innombrables presque animés, ou fixes visuels, les supports vaste, est généalogique (Altman, 2005) les ou Gaumont de avectemps phonoscènes projection des la & Middleton, 2007) du Panoram des Beatles, des tournages aux musicale comédie la de long du remonte le qui images, en mise musique la de celle plus vaste, histoire une dans fait song slides

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nfin, nfin, 43 Article Le scopitone est-il un ancêtre du clip ? de pointe 5. Le télé-box est un appareil ciné- visivo, phono-viseur, ciné-robot-sonor) matographique dont on peut faire remonter et ceux des années 1950-1960 (Panoram, la généalogie au cinéma des premiers temps, Colorama, Phono-vue…), les améliorations avec le brevet déposé aux États-Unis par concernent l’électrification du projecteur, le Audrey Orillard Audrey Thomas A. Edison pour le kinétoscope, passage à la couleur, le recours aux bobines en 1891, suivi en 1894 par le kinétophone, la de petit format, la luminosité de la projection version sonorisée de l’appareil. Il consiste en plein jour, etc. La sonorisation des télé- en un appareil de projection de bobines box se développe plus lentement, toujours films, destiné à fonctionner hors des salles au rythme du développement cinémato- de cinéma, sans le recours à un opérateur graphique, si l’on suit Martin Barnier et qualifié pour le chargement des bobines. la chronologie qu’il en propose 6 (2002) : La forme et la technologie de ce médium jusque dans les années 1930, des brevets évoluent au cours de la première moitié du sont déposés pour des modèles muets quand, xxe siècle, au gré des propositions succes- depuis les années 1910, plusieurs procédés sives d’ingénieurs et de bricoleurs anonymes de cinéma sonore sont déjà imaginés, par venus principalement des États-Unis, d’Ita- exemple avec le chronophone ou le chrono- lie et de France, pour se stabiliser dans les mégaphone de Gaumont, qui donnent lieu années 1950 (Mannoni, 1996). Avec le pho- à des spectacles musicaux, avec les phonos- tozootrope, le diocinescope, le visionola, est cènes. Pour le scopitone, les ingénieurs de perfectionnée la qualité de la projection. Les la Cameca privilégient l’enregistrement du lunettes qui permettaient de voir le film à son sur une bande magnétique, accolée sur travers une lentille grossissante sont progres- la bobine film, à la sonorisation sur piste sivement remplacées par un écran autorisant optique, plus courante mais avec un rendu la projection collective, et les appareils sont de qualité inférieure. Ce choix technique est garnis de plusieurs dizaines de bobines, le directement lié à la politique commerciale plus souvent 16 mm, au chargement automa- mise en œuvre sur le marché naissant du tisé, offrant ainsi au consommateur la liberté télé-box dans les années 1960 7. de sélectionner le film de son choix, d’une simple pression d’un bouton. La définition du standard « télé-box », jusque dans les années 1950, suit de près les progrès tech- 6 Martin Barnier situe la transition du muet au niques du cinéma sur grand écran : entre les parlant entre les années 1926 (première projection d’un film avec le système Vitaphone) et 1934, date à modèles de l’entre-deux-guerres (fonografo laquelle l’équipement des salles de cinéma d’Europe et des États-Unis se standardise, soulignant ainsi la conjonction de facteurs économiques, techniques mais aussi culturels dans l’acceptation de cette 5 Le sigle signifie Compagnie d’applications nouvelle forme audiovisuelle. mécaniques à l’électronique, au cinéma et à l’atomistique. L’histoire de la société, de la 7 L’enregistrement du son sur bande magnétique fabrication de projecteurs de cinéma à celle de permet en effet un rendu du son plus fidèle ainsi sondes électroniques, est lacunaire ; elle a été qu’une meilleure synchronisation des images et du ébauchée par un ancien salarié (Chambost, 2009) qui son que la piste optique, critère déterminant dans la a publié certaines archives en ligne, http://siteedc. qualité de projection de films dont le playback a été 44 edechambost.net (consulté le 30 mai 2017). nécessairement postsynchronisé. 14 2 », Scopitone « Le exemple, 8 simple un comme qu’estnique le – télé-box tech ce nouvel effort appareil sans définir pour machines deux ces entre parenté la sur concurrentes, les commerciaux s’appuient chez ses comme Cameca, Àla juke-boxes. des gèrent l’installation aussi les cafés dans scopitone placent les machines qui exploitants puisque appareils, des commercialisation favorise Il les juke-boxes. dire – automatiques phonographes les les années 1930, depuis déjà, connaissent qui les publics pour d’usage facilité la concerne dont le principal facteurs, plusieurs de résulte filmée. chanson la bien particulier : programme de type d’un autour choix orientent leur tifs, éduca ou publicitaires films de fabrication la après avoir envisagé sociétés, ces toutes Edison, Comme exploiter appareils. leurs pour films de catalogue d’un réalisation la software du verticale production la le kinétoscope, pour Edison par imaginé déjà économique modèle le avec le Cinématic Sarec la et avec le Télé-Box Caravelle Cifa avec le scopitone, Cameca la la françaises, trois et avec le Cinebox, SIF la italienne, – l’essentiel marché ce de partagent images » Un « juke-box à L’expression est utilisée par la Cameca (par En effet, des quatre des effet, En Le choix de ce type de programme programme de type ce de choix Le , soit la fabrication de la machine et machine la de , soit fabrication la àimages « juke-box – Cameca-Actualités , toutes reprennent

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titres titres 1970, 1970, : les les : ; ; - 45 Article Le scopitone est-il un ancêtre du clip ? d’exportation européen et américain 9, et filmée, parmi lesquels Gérard Sire 12, Pierre pour les appareils concurrents du scopitone, Cardinal, Robert Valey ou encore François portant le corpus de chansons filmées des Reichenbach, enfin Alain Brunet et Andrée années 1960 et 1970 à presque un millier de Davis-Boyer auxquels la Cameca réserve Audrey Orillard Audrey titres 10. l’exclusivité de la production. Le carac- Pendant les deux premières années de tère très homogène du catalogue scopitone l’exploitation du scopitone, la Cameca confie vient probablement du nombre limité de l’exclusivité de la réalisation des cent dix- signatures. En outre, durant ces quatre sept premières chansons filméesà Alexandre premières années, la société sélectionne Tarta, qui travaille à cette époque pour la elle-même les chansons à mettre en images RTF puis l’ORTF (s.n., 2010). Ce premier en sollicitant les labels. Variant les genres catalogue est distribué progressivement musicaux, Tarta propose d’abord un cata- dès la mise en vente de l’appareil, à l’au- logue tout entier voué à mettre en valeurs tomne 1960, jusqu’en octobre 1962. Claude les qualités techniques des chansons filmées Lelouch, alors jeune cinéaste confronté à – rendu des couleurs sur pellicule film et l’échec public 11, prend la relève pour les son de qualité grâce à l’enregistrement sur soixante-quatorze titres suivants, dispo- bande magnétique. Lelouch, à sa suite, nibles dans les cafés de novembre 1962 aux promène sa caméra 16 mm en extérieur et premiers mois de l’année 1964. Défilent capte des images originales des vedettes de ensuite, durant presque deux années, l’époque. Tous deux travaillent un genre de 1965 à 1967, de nombreux réalisateurs ancien, mais qui induit désormais une pra- plus ou moins familiers de la musique tique culturelle inédite : celle de regarder un court film dans un espace bruyant et animé, celui du café. Les deux réalisateurs proposent des dispositifs filmiques pour capter l’attention des spectateurs : l’effet 9 Un modèle spécifique du scopitone, le 450, a été construit par la Cameca pour le marché américain, d’annonce, retardant l’apparition du visage où la production des chansons filmées a été de la vedette à l’écran, ou le montage syn- déléguée à des sociétés locales, l’une d’elles étant copé, permis par les caméras légères et la notamment dirigée par Debbie Reynolds qui tourne plusieurs scopitones en anglais ; la disproportion postsynchronisation du son au moment des productions américaines (flagrante, du moins du montage. Perçus comme désuets dans comparée aux françaises), aurait conduit entre autres les années 1980, les scopitones paraissent raisons à l’échec commercial de l’exploitation du scopitone outre-Atlantique (Scagnetti, 2010). novateurs à contretemps ; certains réali- sateurs, comme Jean-Christophe Averty, 10 Sur la nature des différents appareils et de leurs catalogues respectifs, cf. Orillard (2014). usent même du télé-box pour tester, en

11 En 1960, son premier long métrage, Le propre de l’homme, est un échec critique et commercial. Les scopitones lui permettent de se renflouer : il raconte 12 Gérard Sire est d’abord partenaire et producteur cet épisode de sa carrière en compagnie de Gérard des scopitones de Claude Lelouch pour la Cameca, Sire sur le plateau de l’émission télévisée Bienvenue, via sa société Pilote Productions ; il reprend dès 1964 première chaîne, 13 octobre 1967, 21h40, réal. Guy la réalisation de certains films, et alimente surtout 46 Job, prod. et prés. Guy Béart. l’appareil pendant l’été 1965, de mai à août. 14 2 14 14 1965 novembre sont fous Hallyday, Johnny exemple, 13 Voir, par autre un sur enregistrées images des fusion dif de formelle l’interdiction clairement très stipulent contrats Ces diffusion. de support promotion la son de propre faire et nourrir bien mais promotion enregistrement, la d’un faire l’initiative le scopitone le n’est vidéoclip : tourné pas label du contrainte de capacité la et vedette chaque de notoriété la suivant varient qui ciations, scopitone logue donc est soumise cata du constitution La filmées. chansons des chacune le pour et le producteur, label entre contractuellement fixée rémunération une contre bobine film, la sur ment chanson la de l’enregistre pour ment au bande-son prêt la de principale limite se Elle faible. révèlese très graphiques manquée rencontre une labels, et filmée Chanson tourner pour filmées chansons des première matière enthousiastes et professionnels réalisateurs, de vivier d’un télévision la de blanc au et noir adaptés et reproduits suite la par scène en mise de effets des couleurs, Entretien avec Alain Brunet, juillet 2006. juillet Brunet, Alain avec Entretien

14 à celle du fabricant de télé de du fabricant à celle L’implication des des L’implication . C’est une différence de taille d’avec taille de différence une . C’est » , c’est-à-dire la chanson. la , c’est-à-dire , réal. Jean-Christophe Averty (scopitone Averty réal. Jean-Christophe de l’éditeur phonographique pour pour phonographique l’éditeur de dans la production des scopitones des production la dans : 29 décembre 1965). 1965). décembre : 29 ORTF ; tournage 13 . La Cameca dispose ainsi ainsi dispose Cameca . La

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; à cet ; àcet copains copains ; la la ; - . 47 Article Le scopitone est-il un ancêtre du clip ? le scopitone. D’une part, quand les labels nom – sont tenues de bout en bout par un trouvent dans l’industrie du juke-box un présentateur qui assure la continuité d’un véritable partenaire économique qui leur ensemble de prestations, aussi diverses permet d’augmenter les pressages de disques, soient-elles, dispositif qui se modifie sensi- Audrey Orillard Audrey ils ne retirent aucun bénéfice à soutenir blement dans ces années 1960 à la télévision. l’économie des chansons filmées, puisque Le programme Spécial Bardot, diffusé le celles-ci sont enregistrées sur bobines film et 1er janvier 1968 17, est à cet égard révélateur : non sur disques vinyles ; d’autre part, pour il consiste en une succession de prestations diversifier et accroître encore la production de la chanteuse, préenregistrées dans des de 45 tours, une même chanson peut être décors chaque fois différents, sans qu’aucun interprétée par différentes vedettes, avec animateur ni même une voix off ne viennent des orchestrations variées, ses multiples donner corps à l’ensemble – programme versions étant diffusées simultanément 1 6 . que l’on retrouve, sans surprise, débité en Cette stratégie commerciale, qui vise à tranches dans le scopitone quelques mois vendre une chanson dans ses diverses mou- plus tard. tures, est en contradiction avec celle induite On est alors face à un paradoxe, symp- par la chanson filmée, qui ancre la voixet tôme classique des périodes de mutation des le visage d’une vedette pour en fixer une sensibilités culturelles : si le scopitone signale version unique. L’effet est encore plus fort bien ici, et accompagne, l’émergence de nou- qu’avec les variétés télévisées, puisque les velles pratiques de réception de la musique, clients du scopitone sont invités à voir et à le système de promotion des éditeurs pho- revoir le même film, quand l’interprétation nographiques est trop bien rodé pour que d’une chanson sur un plateau de télévision le télé-box vienne le bousculer. Les labels est, à l’époque, encore diffusée en direct, n’identifient pas, dans ce nouveau support, pour ne jamais réapparaître sur les écrans. une opportunité publicitaire inédite – bien Paradoxalement, l’enregistrement d’un que, au passage, ils en récupèrent quelques film tout entier dédié à une chanson est bénéfices via les contrats et les redevances une pratique commerciale assez proche de Sacem perçues dans les cafés notamment 18. celle consistant à enregistrer une ou deux chansons sur un disque : le 45 tours comme le scopitone sont destinés à être consommés à l’unité. Le libre choix du spectateur est l’un des critères fondamentaux du télé-box, 17 Spécial Bardot, réal. François Reichenbach et quand les variétés – portant ainsi bien leur Eddy Matalon, diff. première chaîne, er1 janvier 1968 ; les titres « Harley-Davidson », « Contact », « Everybody », « Comic Strip » et « La bise aux hippies » ainsi qu’une séquence avec Manitas de Plata sont extraits et commercialisés comme scopitones 16 C’est le cas, par exemple, de l’un des tout dans la même année. premiers films destinés au scopitone, « Salade de fruits », dont la chanson a été enregistrée par six 18 Dans ces mêmes années, plusieurs projets de interprètes, Luis Mariano, Bourvil, Mathé Althéry, chaîne privée de télévision sont imaginés (par Pathé- Frank Pourcel, Georges Jouvin et Annie Cordy – seule Cinéma en 1960, Philips en 1962) pour rentabiliser leur 48 cette dernière a été filmée pour le télé-box. production musicale, sans qu’aucun ne voie le jour. 14 2 aux années Lelouch. années aux globalement correspondant 1962-1964, années les sur programmation la dans augmentation nette très une catalogue scopitone sur la période du cinquième un environ représentent yéyés Les 20 et Raynaud en exemple, 19 Par spécialisée presse magazine du historiens des – connus mieux médias autres aux s’ajoutent ainsi scopitones Les juvénile. sous-culture table véri en années mue se quelques en qui cal, l’émergencereprésente musi courant ce de que commerciale l’opportunité entrevoit Cameca la musicale, avec l’industrie limitée enregistrée musique de consommation de supports les àmultiplier disposé et public jeune un conquérir nouvelles idoles de tenter pour ces de s’appuyer fulgurant le succès ainsi sur – nouveau musical genre d’un concomitant développement quasi avec le circonstances, de concours reux heu d’un en effet, tout, malgré bénéficient Cameca la de les commerciaux cruciales : du scopitone lancement de sontles années exemple par Bedos, ou Guy avec Fernand Raynaud tiques humoris sketches des également tourner et fait filmées, chansons aux uniquement de tir filmées chansons les pour du disque l’industrie de désintérêt yéyé média scopitone, Le

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Âge Âge » - - - - , 49 Article Le scopitone est-il un ancêtre du clip ? du spectre de la chanson française, les audi- plateaux de l’ORTF quasiment en même teurs de la chanson rive gauche ( Juliette temps que pour la caméra du scopitone. Gréco, « Jolie môme », février 1962). De Le 21 septembre 1962, Françoise Hardy cette variété, une fois encore, le scopitone chante « Tous les garçons et les filles » dans Audrey Orillard Audrey paie le prix fort et aucun média yéyé ou Le Petit Conservatoire de la chanson, avant de presque ne s’en fait l’écho 21. tourner le scopitone six mois plus tard, au La rencontre réussie du scopitone plus tard en mars 1963. Le 16 février 1963, avec les yéyés vient singulièrement de la Claude François interprète « Belles, belles, contrainte principale de ce média, en l’occur- belles » sur le plateau d’Âge tendre et tête de rence le retard structurel de sa programma- bois ; le scopitone de la même chanson est au tion sur celle des labels – situation impen- programme d’avril, soit moins de deux mois sable, par comparaison, pour les clips tels plus tard. Il est vrai que ces délais semblent qu’ils sont produits à partir des années 1980, aujourd’hui inconcevables, mais les rythmes puisqu’ils doivent faire la promotion des sont alors différents : les durées des succès chansons et donc suivre un agenda pré- musicaux s’étendent sur plusieurs mois, cis impulsé par l’édition phonographique. quand les délais nécessaires à leur fabrica- Cherchant sans cesse à rester au plus près tion restent relativement longs. de l’actualité musicale, notamment grâce Les représentations à l’œuvre dans les aux hit-parades qui se développent dans le scopitones manquent en revanche cruelle- même temps, le télé-box parvient en partie à ment d’originalité : elles développent large- combler le retard qu’a pris le média télévisuel ment l’iconographie déployée par les labels sur le succès réel des yéyés – l’année 1967 pour chacun des interprètes. La chanson étant, sans doute, celle de la consécration filmée s’inscrit, de ce fait, dans un réseau de cette génération par la télévision, quand d’intermédialité (Froger & Müller, 2007), l’apogée discographique des idoles se situe fondé sur une circulation des représentations plutôt autour de 1963-1964. Sheila fait, par – de la performance filmée à la photographie exemple, un premier passage en télévision des magazines, de la pochette de disque à la en décembre 1962, mais elle n’y reparaît carte postale et, dans une moindre mesure, pas avant avril 1963 et, entre temps, elle a le cinéma. Ainsi le scopitone « Pour moi la tourné le scopitone de « L’École est finie », vie va commencer », de Johnny Hallyday, en mars de la même année et, au fil des ans, est tiré de la bande originale du film D’où les succès yéyés sont interprétés sur les viens-tu Johnny ? ; tous deux se situent en Camargue (le film sort en 1963, la chanson filmée est programmée en février 1964).

21 Ainsi, Salut les copains ne mentionne le scopitone Claude Lelouch a profité de la présence qu’à deux reprises en 1963-1964 (sur une quinzaine de la vedette dans la région pour tourner d’années consultées) : à l’occasion d’un reportage dans ce décor original (Mamy Scopitone, sur Johnny Hallyday (« Le vrai visage d’une idole : Johnny Hallyday », Salut les copains, no 7, février 1963, 2005) ; il en réalise d’ailleurs un autre à p. 30-65) et dans une planche dessinée en l’honneur cet endroit pour Sylvie Vartan, « Twiste de la mascotte Chouchou, visiblement client du et chante », puisqu’elle a suivi Johnny sur « Chouspitone » (« Chouchou », Salut les copains, 50 no 22, mai 1964, p. 157). le tournage, tout comme Jean-Marie Périer 14 2 22 22 amplifiées musiques de les consommateurs et juke-boxes des avec les clients culturelle diffusion leur faciliter pour automatiques d’appareils exploitants avec les compromis de commercial tative cinématographique matériel de laboratoire un menées dans techniques scopitone recherches des sont donc le fruit ? années 1960 les « clips » des scopitones, Les en télévision. généralement aussi Or, passent ceux-ci populaire. succès large un connaissent qui ceux préférence,de sur calqu des au fil davantage toujours et ainsi, « d’actualité » encore sont si elles que spectateurs des comprises nuit de Jouvin, Georges et Dominique pour (une charleston du disque ambiance pochette la illustrer choisi pour du cliché formellement proches peuvent scène en être le sol sachambre de sur éparpillés Dominique, chanteuse la de vinyles des « filmée chanson la introduit Tarta Alexandre exemple, par scopitones : les dans légion sont le disque, c’est-à-dire commercialisé, les références logique, au produit cette pour photo tage reporun faire pour également profite en L’Amour rue ta dans est Salut ée sur les parutions de disques disques de les parutions sur ée Les chansons filmées destinées audestinées filmées chansons Les

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pour les modèles concurrents du scopi les modèles concurrents pour 1960 1960 xxi Impossible de ne pas comparer chan comparer ne de pas Impossible e siècle (Norblin, 2001)(Norblin, de diffusion en télévision. Quels Quels télévision. en diffusion de à laquelle est soumise l’ORTF soumise est à laquelle ? peu familier des identités des familier peu

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51 Article Le scopitone est-il un ancêtre du clip ? la télévision reste en noir et blanc jusqu’en – et notamment dans le tournage de clips octobre 1967 et, d’autre part, le choix du parfois spectaculaires –, elles rentabilisent programme, quand l’ORTF ne se dote d’une ces frais en recyclant une partie de leur deuxième chaîne qu’en 1964 (Gaillard, 2012). fonds de catalogue, soit en rééditant des Audrey Orillard Audrey En sept ans, le scopitone parcourt ainsi disques des années 1960. S’appuyant sur le paysage musical français de l’époque. cette « actualité musicale », les producteurs Poursuivant deux logiques contradictoires, télé reprogramment régulièrement des sco- il contribue d’un côté au maintien de la pro- pitones (les contrats qui les empêchaient duction musicale nationale la plus tradition- d’être diffusés à la télévision sont désormais nelle, comme l’accordéon, tout en favorisant, caducs). Directement confrontés, parfois de l’autre, la diffusion large des nouveaux jusque dans les mêmes émissions, ils entrent rythmes yéyés, en leur offrant une vitrine en résonance 23. de choix. D’un côté, il incarne l’invention On peut observer alors, sur le même de techniques publicitaires innovantes, de modèle que celui bien décrit pour les inno- l’autre, il ne parvient pas à s’immiscer dans vations technologiques, une volonté d’histo- un système commercial déjà bien installé. Il ricisation de l’objet (Garçon, 2006), procédé est temps, alors, de reformuler la question nécessaire aux professionnels du disque liminaire : pourquoi ces films, qui ne sont comme à ceux de la télévision pour acclima- pas produits par l’industrie musicale, qui ter le public à cette forme audiovisuelle, le ne sont pas même diffusés à la télévision, vidéoclip, qui n’est pas évidente, tant dans sont-ils posés en ancêtre du clip ? son esthétique que dans ses usages. Le sco- Une partie de la réponse réside proba- pitone a ainsi intégré « l’histoire du clip », blement dans le choc esthétique provoqué peut-être parce que c’est le premier corpus entre ces deux formes audiovisuelles, qui audiovisuel musical à avoir été patrimonialisé entrent littéralement en collision grâce par une génération, auquel celle-ci a conféré à la télévision, clips et scopitones étant un pouvoir évocateur probablement bien plus diffusés sur les ondes en même temps à fort que celui réellement exercé durant les partir des années 1980 (Orillard, 2017). Plus années 1960 (Le Guern, 2012). En postulant qu’un simple hasard de calendrier, leur une exploitation maximale de 7 000 appareils rencontre et le récit de leur généalogie sont scopitone en France, cela réduit le nombre de au cœur d’un phénomène de nostalgie pour spectateurs réels à portion congrue, surtout les années 1960, impulsé par l’industrie du en comparaison de l’audience de la télévision. disque à la faveur d’un profond renouvelle- Or, celle-ci contribue elle-même à cette patri- ment des supports d’enregistrement (avec monialisation en ne rediffusant quasiment l’apparition de la cassette puis du CD). Les que les scopitones yéyés et, à observer la majors qui se sont constituées par agréga- résurgence début de siècle des deux côtés des tion des labels depuis les années 1970 en Alpes, ce phénomène transnational révèle profitent pour rééditer, à peu de frais, des titres issus de leur fonds de catalogue. Tandis qu’elles investissent des sommes colossales 23 Leur résurgence nostalgique à la fin du siècle est 52 dans la promotion des nouveaux artistes comparée plus en détails dans Orillard (2017). 14 2 d’un concept socialité (2007), (eds.) Froger Marion & Müller Jürgen Réseaux », sonores machines des cas Le technique. àla face sociologue le et (1991), « L’historien Patrice Flichy compte d’auteur. gaulois Voyage au village des ingénieurs 1954-2009. Cameca, de Histoire (2009), de Emmanuel Chambost Videoclip Nostra a Cosa Une question incontournable pour pour incontournable question Une l’imaginaire. et techniques « Les (2006), Anne-Françoise Garçon Ina Éditions. CTHS/ du Éditions Bry-sur-Marne, consommation, 1945-1985 de objet d’un : histoire télévision (2012), Isabelle Gaillard Bovi Michele (2007), (2007), Michele Bovi Durham, Duke University Press. from Soundies to Cellphones (2007), Jason &Middleton Roger Beebe Liège, Céfal. 1926-1934 cinéma, du esthétique et économique technologique, évolution d’une : histoire parlant le Barnier (2002), Martin University Press. Sound Altman Bibliographie même la famille de font bien ils partie mais n’est du clip, l’ancêtre donc pas sûrement scopitone Le populaires. les musiques dans prépondérants interculturels d’échanges observés bien déjà phénomènes les aussi , New

Medium Cool , Limours, publication à publication , Limours, Rick (2005), : histoire et géographie , vol. , Rome, Coniglio.

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47-58. p. 46-47, Silent Film Film Silent

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E. E. , françaises revues par la télévision de française télévision àla variétés de (2001), Alice Norblin française. française Cinémathèque la de appareils des collection la de illustré continué mouvement (1996), Laurent Mannoni de communication », actuelles et populaires « (2012), Philippe Guern Le 33-45. p. 92/4, Vingtième Revue siècle. d’histoire », 1960-2000 Grande-Bretagne, et labels indépendants. France, « Majors (2006), Barbara Lebrun esthétique (2013), Julien &Péquignot Laurent Jullier 433. universitaires de France, p. contemporaine France la de culturelle d’histoire (eds.), François Jean- &Sirinelli Jean-Yves in », culturelles « Industries (2010), Hache-Bissette Françoise Paris, Publications de la Sorbonne. », l’historien : les : les jeunesse seconde une yéyés, « Les (2017), Audrey Orillard Panthéon-Sorbonne. Marie Duguet, université Paris Anne- par dirigée spectacle, du Patrimonialiser les musiques Delporte Christian, Mollier Christian, Delporte

1954 à 1954 , Paris, Cinémathèque

1980 , Paris, Armand Colin. Hypothèses 2005 Le clip , maîtrise d’arts d’arts , maîtrise , Paris, Presses Presses , Paris, Dictionnaire , n

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de la musique enregistrée, enregistrée, musique la de histoire : une MP3 au phonographe », 1980 années des xxi Tourn p. », Tarta Alexandre avec Entretien formes. ses toutes sous direct « Le (2010), s.n. littératures. 1960 années des bois de tête et Sohn Anne-Marie (2001), Francfort, Transcript. (eds.), Thorsten &Wübbena Henry Keazor Culture Clip of Genealogy « (2010), Thomas Schmitt vidéoclip du précurseurs des histoire : 1957-1983 L’aventure scopitone, Scagnetti Jean-Charles (2010), populaires Volume Salut de France, en jeune exemples de presse musicale « Deux (2004), Marc Savev p. 141/2, », label au l’étiquette « De (2007), Richard Osborne Panthéon-Sorbonne. 1 Paris université Tsikounas, Myriam par dirigée d’histoire thèse yéyé (1959-2010) filmée chanson la de et télé-box du culturelle — (2014), médias

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