HISTOIRE Roude4sains ET DE LA ROMANITE ORIENTALE PAR N
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HISTOIRE ROUDE4sAINS ET DE LA ROMANITE ORIENTALE PAR N. IORGA PUBLIÉE SOUS LES AUSPICES DE SA MAJESTE LE ROI CHARLES II PAR L'ACADÉMIE ROUMAINE VOL.I,PARTIE I LES ANCETRES AVANT LES ROMAINS BUCAREST 1 9 3 7 LIVRE I LES CULTURES PRIMITIVES INTRODUCTION BASE, SENS ET FRONTIERES L'histoire de la nation roumaine, dont le développement doit &re poursuivi a. travers les ages,est certainement, en rapport avec toutes les autres nations qui ont passé par le territoire, beaucoup plus large que celui de la Dacie, refuge et point de départ, tour a tour, et surtout avec celles qui, par leur séjour prolongé sur cette vaste base géogra- phique, ont contribué 5. la formation de cette race. Parler de toutes ces nations est un devoir inévitable, mais seulement dans certaines proportions. L'histoire de ces races peut &re intéressante en elle-méme, comme celle de n'im- porte quel groupement humain, naturellement d'après son importance dans la marche générale du monde, a laquelle chaque peuple ou individu doit être rapport& Mais il faut s'areèter sur l'histoire ou sur le passage d'une de ces nations seulement lorsqu'il est question d'elle et non de la partie de matériaux humains ou de l'influence qu'elle a pu exercer sur une formation de développement propre, autonome. On ne peut faire d'exception pour aucune. Mame la do- mination passagére de Rome dans ces régions ne peut 'are considérée dans des chapitres, qui, du reste, se rencontrent de la mane fa9on aussi dans d'autres parties de l'Europe, sur lesquelles se sont &endues, a telle époque, les aigles romaines, mais seulement pour ce qui s'est conservé de la race, des traditions, des institutions dans notre vie elle- méme. De cette fa9on, a partir de l'époque si mal connue de la pierre non polie, mais simplement brisée en fragments 8 LES CULTURES PRIMITIVES utilisables pour la lutte, jusqu'à la création dans ces régions d'une première synthèse destinée h &re continuellement complétée, tout rentre, serré dans un cadre précis, seulement comme une introduction h ce qui devait se former de tant d'apports et h travers tant de transformations. La Péninsule orientale de l'Europe se distingue essen- tiellement des deux autres. Si aucune de ces dernières ne présente une unité parfaite, car la partie de la péninsule ibérique dirigée vers l'Océan a d'autres caractères et surtout s'oriente d'un autre côté que celle qui regarde la Méditer- ranée, si la large Italie de plaine, entre les Alpes et le P6, a un autre aspect et une autre utilité que les régions étroites qui se serrent d'un côté et de l'autre de la ligne longitudinale des Appenins, dans ce Sud-Est européen, trois mondes dif- férents voisinent, exerçant l'un sur l'autre des influences, sans jamais se confondre totalement. La couronne des montagnes qui la sépare de l'Europe centraleest très au Nord et se trouve reliée h d'autres sierraseuropéennes. Entre les Carpathes et le Danube, il y a un monde aux frontières bien déterminées. Au milieu, une puissante citadelle, mais, parfois, comme en Valachie, avec des défilés d'un passage facile, permettant les rapports, puis, sur la ligne arrondie des pics, une seconde, de collines fertiles, mais bien défendues, lieux de retraite pendant les heures difficiles, centre de rayonnement aux bonnes épo- ques. Ensuite, d'un côté, la vaste plaine nourricière du Danube ou, en Moldavie, une Suisse de collines et de vallées mêlées d'une façon pittoresque, qui est traversée, comme le corps humain l'est par le système de ses veines, par des rivières qui se rassemblent d'un côté et de l'autre pour se jeter dans le Séreth, alors qu'en Valachie, à laquelle est étroitement relié le Banat, bien qu'il regarde vers l'Occident, les eaux descendent parallèlement vers le Danube. D'un autre côté, des eaux de même direction s'en vont vers la Tisa, canal collecteur, qui mènera cependant ces va- gabondes vers le même empereur des eaux, le Danube. BASE, SENS ET FRONTIÈRES 9 Ici la montagne réunit ces aspects différents des régions qui se trouvent sous ses pieds. Une marge de mer est a l'Est. Mais le Danube forme une séparation, quoiqu'on puisse croire que jadis un autre cours du fleuve, sur la ligne Cer- navoda-Constantza, aurait séparéla Dobrogea supérieure, la mettant en rapport avec la partie gète. Au-delà du Danube, sur une large &endue féconde, con- tinue la fertilité calme de la plaine valaque. Mais a. partir d'un certain endroit des lignes horizontales de montagnes tra- versent la péninsule des Balcans. Le Balcan, le Rhodope, le Char-daghcontinuent, dans des lignes de pierres apres, empéchant parfois la communication, qui peut &re faite seu- lement par les défilés qu'ouvrent de grandes eaux qui s'en vont vers la Mer Egée, pleine des lles d'un continent sub- mergé ; entre le Nord et le Sud, la seule ligne Morava-Vardar ouvre un passage continuellement fréquenté par les mar- chands. A l'Occident, une montagne droite s'élève, séparant les habitants qui sont dirigés vers le Pont-Euxin des riverains de l'Adriatique qui, eux, regardent en face la côte de l'Italie. Le monde alpestre du Pinde s'isole de cette façon du contact avec le monde des vallées balcaniques proprement dites. Tout autour, sur un rivage de mer et sur un autre, de méme que dans les fles capricieusement semées a travers l'Archipel, ou bien massées en bloc du côté de l'Asie Mi- neure, qui a été jadis détachée de cette Thrace, jusqu'a la ligne d'une large ile qui parait avoir été destinée a vivre pour elle-même, la Crète, il y a la rive grecque, mordue par les eaux salées et augment& pour la navigation par toutes les ouvertures pratiquées de cette façon dans son territoire. Par les cours larges du Vardar, de la Strouma, de la Maritza, des chemins se détachent vers le Nord thrace, et les vais- seaux des Hellènes vont aussi bien vers la Mer Noire et vers la Mer Ionienne ou Adriatique, que vers les mémes barbares. Cette région est de fait la patrie d'une seule civilisation, qui s'est &endue par la conquate, par la route périodique des patres transhumants, par les aventures des bandes de io LES CULTURES PRIMITIVES pillards, mais lacarte géographique ne permet pas tame par ses directions la fondation d'un seul Etat. En effet, certaines sierras de montagnes, les Carpathes, la relient au monde central et aux districts scythes de l'Est. Le territoire qui se trouve sous ces hauteurs est traversé par des rivières qui n'ont pas une seule direction, bien que, au bout, le Dniester h l'Est, la Tisa h l'Ouest, recueillent ces divergences pour les apporter au Danube, qui étend le do- maine de son influence du # Caucase » carpathique jusqu'à l'Hémus. Le Balcan et le Rhodope, les sierras horizontales qui s'arrêtent aux frontières de cette péninsule, constituent donc un élément local, alors que les Carpathes de méme que le Danube présentent des lignes généralement euro- péennes et déterminent d'autres # bassins » de vie politique. L'Ouest de la péninsule, si multiforme, lequel s'accroche h l'ossature carpathique du Nord, est lui aussi coupé en deux, selon qu'il est question d'une montagne qui présente des plateaux arrondis pour de petits groupes de vie humaine, le Pinde, dont partent les vallées des cours dirigés vers le Sud où sont les plaines de Thessalie, appartenant h une autre influence maritime, ou bien de la côte (arbres méridionaux, mer bleue, iles de roc) de l'Adriatique, qui est reliée par la correspondance de sa situation avec l'Italie. Et ce qui est dominé par les eaux sombres de la Mer Noire, par les eaux claires de la Méditerranée, a h faire avec deux autres direc- tions: le Pont Euxin en Europe et en Asie, au-delà de la frontière du Caucase, représente un monde, et la région méditerranéenne, entre l'Asie Mineure et la Crète, un autre, avec la multitude des fragmentsd'un continentdétruit. Mais ceci appartient h un autre milieu, d'un autre esprit, avec d'autres races, alors que le rivage du Pont et celui de l'Adriatique n'encadrent pas seulement, mais pénètrent et transforment l'intérieur aussi bien que la base carpathique au-delh du Danube. Mais les différences avec la péninsule italique et celle des Pyrénées s'étendent aussi h la pénétrabilité. L'Italie est fermée par la paroi des Alpes: une route se faufile le long BASE, SENS ET FRONTIERES 1 1 de la mer h l'Ouest, l'autre est butée par l'éboulement de pierre du Karst. Les défilés des Pyrénées, de pierres hautes, dures, sont plutôt pour les pâtres. De cet autre côté, la plaine eurasiatique pénètre, d'un large accueil, par la Moldavie in- térieure et par la steppe du IrArAgan, et le Danube est un chemin ouvert vers l'Occident. C'est une région d'influences continuelles, méme un chemin sur lequel les races se suc- cèdent h l'aventure. L'Italie et l'Espagne-Portugal sont des pays pauvres. Au- cune de ces péninsules ne rassemble tout ce qui est néces- saire aux civilisations humaines. De notre côté, les montagnes contiennent du fer, de l'or, de l'argent, même de l'étain; la vigne croft sur la montagne, toutes les céréalesétendent leurs riches champs beaucoup plus bas, alors que la foe& fait descendre son ensemble de grands taillis jusqu'au Danube et donne le massif arborescent, long de trois jours de chemin, en Serbie.