28 RÉGIONS oreina n° 14 - juin 2011 hispanica Pérez De-Gregorio et al., 2002, espèce nouvelle pour le Poitou-Charentes (Lep. )

Samuel Ducept ●

Résumé : (Pérez De-Gregorio et al., les Alpes-Maritimes, la Drôme, le Gers, les Bouches- individu frais après la mi-septembre élargit quelque peu 2002) (Drepanidae), découverte dans le département du-Rhône, l’Aveyron, le Tarn, les Landes (Mothiron, la période de vol connue. De plus, l’observation d’un de la Vienne en 2008 est nouvelle pour le centre-ouest 2007) et la Gironde (Mothiron, 2009). Après étude des Cilix sp., que j’ai pu faire le 9 octobre 2009, suggère de la France. Des informations sur les conditions de sa genitalia de Cilix sp. dans les collections du territoire que l’espèce peut se rencontrer au moins jusqu’à fin découverte sont mentionnées ici. français, c’est aux Alpes-Maritimes que revient la plus septembre dans le département. ancienne citation connue, celle d’un mâle capturé à Cilix hispanica est un petit lépidoptère en forme de fiente Summary: Cilix hispanica (Pérez De-Gregorio et al., Menton le 12-IV-1916 (Mazel et al., 2003). Elle atteint d’oiseau dont l’envergure ne dépasse pas 25 mm. Les 2002), observed for the first time in the département of the dans la Vienne sa limite nord de répartition connue ailes antérieures sont majoritairement blanches avec Vienne (86), is new to the fauna of the Poitou-Charentes (fig. 2). une série de taches submarginales gris foncé et une region. Some information related to the discovery is also tache costale brunâtre. given. Matériel et milieu de capture Sur le terrain, C. hispanica peut être confondue avec Les chasses nocturnes (Scopoli, Mots-clés : , Drepanidae, Drepaninae, pendant lesquelles C. his- 1763) (fig. 5). Ce dernier Cilix hispanica, département de la Vienne, France. panica a été rencontré ont serait davantage ornementé été menées avec une lampe (Leraut, 2006). Ce critère est mixte de 160 watts alimentée à relativiser puisque notre par un groupe électrogène. dernière capture concernait ilix hispanica (Pérez De-Gregorio et al., Pour deux des observations, un individu dont l’ombre 2002) (fig. 1) est une espèce décrite à un filet vertical était disposé médiane était bien marquée. partir de 59 exemplaires en collection autour de la lampe (fig. 3). Il faut également noter provenant de 37 localités de Catalogne et Pour la troisième, la lampe que C. glaucata présente des îles Baléares en Espagne (op. cit.). était montée sur un trépied, souvent une ombre médiane CSa répartition en France n’est à l’heure ce dernier posé sur un drap très marquée pendant sa actuelle que partiellement connue. Les premières blanc et des boîtes à œufs première génération mais observations ont été faites dans le sud de la France. disposées au sol (fig. 4). certaines formes (de la Sa découverte récente dans la Vienne permet Les captures ont été réali- seconde génération) ont une d’étendre sa limite nord de répartition. sées dans trois habitats dif- ombre médiane pâle voire férents. Le premier regroupe Fig. 2 : Répartition de Cilix hispanica complètement absente. La Aire de distribution et répartition méso- et xérobromion, friches en France (Lepi’Net, Les Carnets du seule différenciation possible en France sèches avec alignements lépidoptériste, 2010). dans ce cas est obtenue Cette espèce a une répartition atlanto-médi- de haies et boisements avec l’examen des genitalia terranéenne. Elle est citée d’Espagne, d’Algérie et de de feuillus sur calcaire. Le (fig. 6). France (Leraut, 2006). En France, des observations second est une futaie de hêtres et de chênes et le ont été réalisées dans les Pyrénées-Orientales, le Var, der-nier est une lande à Erica scoparia bordée d’une Statut et perspectives pinède. Il est difficile de se prononcer sur le statut de cette espèce avec seulement trois captures et le peu de recul Fig. 1 : Cilix hispanica. © S. Ducept. Phénologie que nous avons. La plante-hôte mentionnée dans la et détermination littérature est sp. (Leraut, 2006). Cette espèce Peu d’éléments sur la étant abondante, elle ne serait pas un facteur limitant. biologie de cette espèce Il est raisonnable de penser que ce Drepanidae, sont disponibles dans la nouveau pour la Vienne et le Poitou-Charentes sera bibliographie. Selon Leraut découvert dans d’autres secteurs du département (2006), sa période de vol mais aussi dans le sud-ouest de la France et jusqu’au est comparable à celle de sud de la Loire. Un effort de vérification des genitalia Cilix glaucata (Scopoli, devrait être effectué pour préciser sa répartition sur le 1763) et s’étale d’avril à territoire national. début septembre en deux Par ailleurs, il serait intéressant de faire pondre une générations. femelle et d’élever sa progéniture pour découvrir les C. hispanica mâle a été stades larvaires qui sont jusqu’alors inconnus. capturé dans la Vienne à trois reprises : le 8-IX-2008 Remerciements à Buxerolles, le 24-IV-2009 Je tiens à remercier tout particulièrement Philippe à Vouillé et le 18-IX-2009 Mothiron qui a étudié les genitalia du mâle capturé sur à Vouneuil-sur-Vienne. la commune de Buxerolles en 2008, certifiant ainsi la Cette dernière capture d’un présence de l’espèce dans le département. Je tiens oreina n° 14 - juin 2011 RÉGIONS 29

également à remercier Serge Peslier, président de Fig. 3 et 4 : Pièges lumineux utilisés pour les l’Association roussillonnaise d’entomologie (ARE) chasses nocturnes. Fig. 5 : Cilix glaucata. Bibliographie et David Demergès pour la fourniture d’éléments © S. Ducept. Fig. 6 : Genitalia mâle de Cilix Collectif, 2007. – Guide des papillons nocturnes bibliographiques. ■ hispanica. © S. Ducept. de France. Les Guides du naturaliste, Delachaux et Niestlé, Paris : 287 p. Leraut (P.), 2006. – Papillons de nuit d’Europe, Volume 1. NAP Éditions : 387 p. Mazel (R.), Macia (R.), Ylla (J.), 2002. – Cilix his- panica Pérez De-Gregorio et al. 2002, remarquable espèce morphocryptique nouvelle pour la faune de France (Lepidoptera, Drepanidae). Revue Rous- sillonnaise d’Entomologie, XI (3), 2002 : 81-87. Mazel (R.), Tavoillot (Ch.), Brusseaux (G.), 2003. – Quelle biogéographie pour Cilix hispanica Pérez De-Gregorio et al., 2002 ? (Lepidoptera Drepanidae). Revue de l’Association Roussillonnaiose d’Entomo- logie, XII (3), 2003 : 119-122. Mothiron (Ph.), 2007. – L’Epine ibérique (Cilix hispanica Pérez De-Gregorio et al.), découverte dans les Landes (Lepidoptera, Drepanidae). Revue 3 4 de l’Association Roussillonnaise d’Entomologie, 15 (3), 2006 : 125. Mothiron (Ph.), 2010. – Lepi’Net, Les Carnets du lépidoptériste français. http://www.lepinet.fr/especes/ nation/lep/index.php?e=l&id=31832. Consulté le 29 septembre 2010. Pérez De-Gregorio (J.), Jeremias Torruella (X.), Reque- na Miret (E.), Rondos Casas (M.) & Valhonrati Figue- ras (F.), 2002. – Cilix hispanica sp. n., nuevo Drepa- nidae para la fauna Ibero-Balear (Lepidoptera : Drepanidae, Drepaninae). Bol. S.E.A., 30 : 33-36.

5 6 14, cité de Passelourdain F-86280 Saint-Benoît [email protected]

RÉGIONS en bref Nouvelles observations et redécouvertes... Colostygia multistrigaria dans le Maine-et-Loire Éric Drouet

Emmanuel Macé (2011) attirait notre attention sur Co- le même intervalle de temps. Autres espèces observées Un peu de courage pour une promenade de début de nuit lostygia multistrigaria (Haworth, 1809) dans le n° 13 au même endroit : Theria primaria (Haworth, 1809) et en février 2012 et certainement vous découvrirez, vous d’oreina et donnait une carte de répartition nationale Larerannis marginaria (Fabricius, 1777), dont le compor- aussi, cette belle géomètre auprès de chez vous ! Pour la de cette espèce, basée sur le site Lépi’Net. Il convient tement est identique. biodiversité du site de Chateaupanne, on lira avec intérêt depuis 2011 d’y ajouter le Maine-et-Loire. Je l’ai effecti- J’avais déjà remarqué ce phénomène en Vendée lors la plaquette coéditée par le CPIE Loire et Mauges, BP vement trouvée le 10 février 2011 au lieu-dit le Petit Four- de sa découverte, avec Jean-Pierre Favretto en 2003, 90025, 49601 Beaupréau Cedex. neau, Montjean-sur-Loire (UTM : 30TXT64). Cette localité à la Jonchère. Quelques exemplaires étaient venus à correspond aux abords de la carrière de calcaire de Cha- la lampe à vapeur de mercure, mais la grande majorité Biographie teaupanne, bien connue des naturalistes de l’Ouest et avait été vue en cheminant dans la prairie avec la lampe Drouet (E.) & Favretto (J.-P.), 2004. – Lépidoptères qui a vu le chanoine Corillion parcourir ses flancs pour en frontale. Ce qui m’avait d’ailleurs permis de trouver deux remarquables observés en Loire-Atlantique et Vendée établir la richesse floristique. accouplements. (Lepidoptera, Heterocera – 1999-2003). Bulletin de la Les deux exemplaires observés entre 0h30 et 01h20 se La répartition apparemment morcelée de C. multistrigaria SSNOF, N. S., 26 (1) : 55-69. tenaient au sommet de tiges de graminées, ailes ouvertes en France doit surtout être la conséquence de la date Macé (E.), 2011. – Redécouverte de Colostygia multistri- à 60°, semble-t-il prêts à l’envol. C’est donc en progres- d’apparition très précoce de cette espèce qui fréquente garia dans l’Eure (3e mention régionale) (Lep. Geometri- sant dans le biotope avec une lampe frontale que je les ai de plus des milieux ouverts et donc plus rigoureux pour dae). oreina n°13 : 39. vus. Aucun n’est venu au tube UV placé à proximité dans l’observateur humain. Mothiron (Ph.). http://www.lepinet.fr/