Dialogues Et Conversations Dans L'œuvre Des Goncourt
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ED 138 : Ecole doctorale Lettres, langues, spectacles EA 1586 - Centre des Sciences de la Littérature Française LUIGI ZAMMARTINO DIALOGUES ET CONVERSATIONS DANS L’ŒUVRE DES GONCOURT Thèse présentée et soutenue publiquement le 14 octobre 2016 en vue de l’obtention du doctorat de Langue et littérature françaises de l’Université Paris Ouest Nanterre La Défense sous la direction de M. Pierre-Jean DUFIEF Jury : Membre du jury: Université de Lille III Andrea DEL LUNGO Rapporteur: Université Federico 2 Naples Silvia DISEGNI Université de Paris Ouest Membre du jury: Pierre-Jean DUFIEF Nanterre Rapporteur: Dominique PETY Université de Savoie 1 2 REMERCIEMENTS Mes remerciements vont sincèrement à mon directeur Pierre-Jean DUFIEF, à qui je dois l'inspiration de ce sujet de thèse et qui a toujours su m'aider efficacement durant l'écriture de ce travail. Pour avoir accepté de diriger ces recherches, pour son exigence, sa compétence, sa patience et son soutien, je lui suis infiniment reconnaissant. 3 À ma mère qui a tout sacrifié pour notre éducation. À O… dont l'encouragement et les sacrifices m'ont aidé à accomplir ce travail. Puisse, enfin, chacun reconnaître dans cette étude, ses stimulantes et précieuses suggestions. 4 « Il n’y a plus qu’une chose qui m’amuse, m’intéresse, m’empoigne : c’est une conversation . ». Journal, 20 mai, 1892. 5 TABLE DES MATIÈRES INTRODUCTION………………………………………………….9 PREMIÈRE PARTIE : DE L’ART DE LA PAROLE À SON MYTHE PERDU Présentation………………………………………………………….20 CHAPITRE I : HISTOIRE ET REPRÉSENTATION IMAGINAIRE DE LA CONVERSATION Introduction………………………………………………………. .. 21 1.1 Son moment de gloire………………………………………… 23 2.1 Son entrée dans le monde………………………………………31 3.1 À travers son déclin…………………………………………….39 4.1 Le parler moderne contre la parole mondaine………………… 43 5.1 Son cri d’alarme……………………………………………… 46 6.1 Le cas particulier du père Sainte-Beuve………………………. 50 7.1 À contre-courant………………………………………………..54 CHAPITRE II : LE GOÛT DE LA PAROLE : LES LIENS ENTRE LETTRE, DIALOGUE ET CONVERSATION Introduction…………………………………………………………57 1.2 Question de genre……………………………………………… 60 2.2 La lettre complément de l’histoire…………………………… 71 CHAPITRE III : LE MYTHE DE L’ÂGE D’OR PERDU DE LA CONVERSATION: IMAGE DU XVIIIe SIÈCLE DANS LES OUVRAGES HISTORIQUES DES GONCOURT Introduction……………………………………………………… 74 1.3 De bibeloteurs à historiens…………………………………… 76 2.3 Un culte en commun………………………………………… 80 3.3 Sous la protection de l’aîné…………………………………… 83 4.3 À la recherche d’une histoire inédite……………………………86 6 DEUXIÈME PARTIE : LA DIMENSION DIALOGIQUE DU LANGAGE DANS LES ROMANS DES FRÈRES GONCOURT Présentation……………………………………………………… 110 CHAPITRE I : LA RÉVOULUTION DE L’ÉCRITURE ROMANESQUE: LE DOSAGE ENTRE RECIT, DESCRIPTION ET ORALITÉ 1.1 Une confusion pragmatique : dialogue-conversation………… 113 2.1 Le côté sombre du texte oralisé……………………………… 115 3.1 L’écriture sensorielle des deux frères……………………… 118 4.1 Quelques réflexions sur le temps…………………………… 120 5.1 L’état de confusion du langage……………………………… 126 6.1 Les modernes « déchirés »…………………………………… 130 CHAPITRE II : DIALOGUES ET INCIPIT Introduction……………………………………………………… 138 1.2 Le dialogue avant tout : l’incipit transgressif de Charles Demailly……………………………………………………… 146 2.2 L’incipit « silencieux » de Sœur Philomène………………… 157 3.2 Le dialogue scandaleux dans le prologue de Renée Mauperin . 163 4.2 Le discours rapporté dans l’incipit de Germinie Lacerteux…... 171 5.2 L’incipit parnassien de Manette Salomon…………………… 176 6.2 Le dialogue d’affaire dans Madame Gervaisais……………… 179 7.2 L’incipit suspensif de La Fille Élisa………………………… 182 8.2 L’incipit statique dans Les Frères Zemganno………………… 185 9.2 Le faux départ dans La Faustin……………………………… 189 10.2 Un incipit sans piège : Chérie…………………………… 193 CHAPITRE III : LE RÔLE JOUÉ PAR LE DIALOGUE DANS LA REPRÉSENTATION ROMANESQUE GONCOURTIENNE Introduction……………………………………………………… 196 1.3 L’intrusion pléthorique de récits à la première personne dans Les Actrices comme processus de libéralisation du lecteur……… 200 2.3 Les conversations sténographiées dans Sœur Philomène…… 214 3.3 Les conversations familières dans Renée Mauperin………… 222 4.3 Le langage du peuple dans Germinie Lacerteux……………… 231 5.3 L’entrée du silence dans les récits romanesques……………… 249 7 TROISIÈME PARTIE : MOUVEMENT, RYTHME ET TEMPO DE LA CONVERSATION DANS LE JOURNAL Présentation………………………………………………………258 CHAPITRE I : LA MATIÈRE « BRUTE » DES DISCOURS ORAUX DANS L’ÉCRITURE DIARISTE DU JOURNAL 1.1 Définition et théorisation du Journal……………………… 261 2.1 Le Journal : une biographie parlée………………………… 264 3.1 Les dernières années : conversations et causeries d’Edmond de Goncourt………………………………………………… 279 CHAPITRE II LES VOIX DE LA CORRESPONDANCE DANS LE JOURNAL Introduction……………………………………………………… 287 1.2 Les lettres enchâssées dans le Journal……………………… 288 2.2 L’écriture épistolaire tributaire de la situation de……………….. communication……………………………………………… 295 CHAPITRE III LES VOIX DU THÉÂTRE DANS LE JOURNAL Introduction……………………………………………………… 302 1.3 L’écriture oralisée des chroniques théâtraux………………… 303 2.3 La prétention à une langue littéraire parlée…………………… 308 3.3 Le théâtre dans le Journal et son dialogue avec le lecteur…… 311 CONCLUSION.............................................................................. 318 BIBLIOGRAPHIE……………………………………………… 321 INDEX DES NOMS CITÉS…………………………………… 345 8 INTRODUCTION Par où commencer, si même les silences font du bruit dans l’œuvre des Goncourt ? Dans l’écriture d’Edmond et Jules, de fait, les voix se font entendre partout, soit dans leurs œuvres romanesques, soit dans leurs récits intimes, soit dans leurs premières études historiques. Qu’il s’agisse d’une page de fiction ou simplement d’un bout de document, les échos de ces voix qui risqueraient de se perdre dans le temps, sont conservés grâce aux sténographies soigneuses des deux frères, et ce sont autant de sons archivés, prêts à reprendre vie, à se faire réentendre à travers l’activité de lecture que, tout au long de notre étude, nous aimerions envisager comme une véritable activité de « démocratisation littéraire ». Il faut analyser le dialogue dans l’œuvre des Goncourt, sur un plan d’extension et de raccourcissement du narratif, comme moyen d’une «multifocalisation» qui permettrait de plonger directement, sans aucun filtre, le lecteur dans une dimension dialogique réelle ; au fur et à mesure que les récits progressent et que les discours indirects et les discours directs, oralisés à travers les multiples dialogues et conversations se succèdent, le lecteur perçoit une polyphonie, un plurilinguisme de voix. C’est à un lecteur collaboratif et travailleur1 qu’Edmond et Jules de Goncourt s’adressent. Les deux frères convoquent un nouveau type de lecteur doté de compétences particulières. Nos écrivains se montrent pourtant soucieux d’élargir le cercle de leurs lecteurs et ils recourent aussi aux formes du langage mondain pour flatter le goût du public. Nous avons tenté dans ce travail de thèse de montrer comment nos auteurs, à travers leurs œuvres, communiquent directement avec le 1« Avec Goncourt […] il faut que le lecteur travaille, collabore ». Voir A. DAUDET, « Comment faut-il lire les Goncourt ? », in Revue encyclopédique, n°. 102, 1897. Cité par A-S. DUFIEF, « Germinie Lacerteux : un laboratoire d’art dramatique », in Cahiers Edmond et Jules de Goncourt, n°13, 2006, p. 89. 9 lecteur : ils utilisent tous les procédés formels, comme les interrogations rhétoriques et les multiples formes d’interlocutions, produisant des effets de familiarité et de connivence. Grâce aussi à l’insertion abondante de documents comme les lettres dans leurs récits, Edmond et Jules de Goncourt offrent un nouveau contrat au « liseur » qui, dans la fragmentation du texte épistolaire, se sentira plus en communion avec tous les personnages rencontrés dans les plis du discours. Dans son rôle actif, le lecteur est ainsi poussé à découvrir les tenants et les aboutissants de l’histoire narrée. Mais c’est notamment à travers le dialogue que le contact entre les deux figures de la communication littéraire – narrateur-narrataire – va s’accomplir. Le dialogue appellerait alors le lecteur à participer à l’acte de l’écriture, à l’impliquer dans le texte dès son début. Disons-le d’emblée, même si toute tentative de conceptualisation du texte oralisé soulève le problème de la représentation de l’oral par l’écrit, ce transcodage de la matière parlée en une matière écrite représente néanmoins dans l’œuvre des Goncourt un grand pas en avant, donnant un nouvel élan au sujet. Toute l’œuvre des Goncourt bruisse de mots et cette étude, sans que cela puisse paraître, soit particulièrement présomptueux, soit exagérément modeste, n’a réussi qu’à en écouter une petite partie. Il serait du reste impossible de couvrir tout leur « espace sonore » : là où les voix ordinaires se taisent, il y a toujours dans l’œuvre de(s) Goncourt des bruits de fond. Cette étude vise à examiner la question des genres et leurs formes multiples. Nous avons été contraint d’opérer certain choix dans les notions traitées, nous intéressant aux ouvrages historiques et aux romans, aux écritures de l’intime, les pièces de théâtre, sans délaisser les paratextes introductifs, les préfaces en premier lieu. Constamment, nous avons cherché à comprendre les influences qu’Edmond et Jules de Goncourt ont subies, l’héritage des siècles précédents, ainsi que les points sur lesquels il se sont différenciés de leur époque, en apportant aussi et notamment des innovations en matière de langage. 10 Notre thèse se compose