LE COMTÉ DE COMMINGES AU MILIEU DU Xvie SIECLE
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CENTRE NATIONAL DE LA RECHERCHE SCIENTIFIQUE CENTRE REGIONAL DE PUBLICATIONS DE TOULOUSE PYRENEES RENE SOURIAC LE COMTÉ DE COMMINGES AU MILIEU DU XVIe SIECLE Editions du C.N.R.S. 15 quai Anatole France 75007 PARIS C.N.R.S. CIRCONSCRIPTION MIDI-PYRENEES Cet ouvrage a été réalisé par le Centre Régional des Publications de l' Administration de la 14 ème Circonscription Midi - Pyrénées. © C.N.R.S. 1977 I.S.B.N. 2-222-02195-2 A Christiane AVANT - PROPOS Les anciennes archives des Etats de Comminges, actuellement conservées aux Archives Départementales de la Haute-Garonne (1), offrent aux chercheurs une grande variété de documents d'ordre administratif, principalement pour le XVI siècle qui fut la plus grande époque de leur histoire : il s'agit en premier lieu des déli- bérations des Etats, dont les séances se tenaient le plus souvent à Muret, capitale du pays, mais aussi parfois à Samatan, à L'Isle-en-Dodon, où, plus rarement dans d'autres cités commingeoises. Nous avons puisé, à l'occasion dans cet important fonds, mais l'étude politique en soi n'est pas l'objet du présent travail. Nous nous sommes attachés à exploiter un fonds particulier, dénommé dans l'inventaire qu'en a fait l'abbé Lestrade « Inventaire de l'agrimensation ou recherche des biens nobles et roturiers dans le comté de Comminges ». Les documents de ce volumineux dossier ont trait à deux enquêtes dont le but était d'aboutir à une révision de l'assiette des impôts, parmi les quelques trois cents communautés du Comminges civil. L'épo- que des opérations c'est le milieu du XVI siècle, vers 1535-1560 – dates qui seront les limites chronologiques de notre étude –. Par la nature de la documentation, l'étude qui va suivre est principalement une étude de structures – économiques, sociales, politiques, culturelles à l'occasion –, telles qu'elles peuvent apparaître à travers le problème fiscal posé à ce moment-là ; en quelque sorte, un « instantané », si imparfait soit-il, du Comté de Comminges au milieu du XVI siècle. D'autres documents sont venus compléter l'image qu'on pouvait découvrir à travers ces enquêtes, en particulier les quelques compois ou livres terriers de seigneu- ries, peu nombreux pour le XVI siècle, mais qu'il a été possible de comparer avec des documents postérieurs de même nature. Des investigations ont été également menées dans les différents fonds d'archives régionaux ou nationaux, qui pouvaient intéresser le Comminges ; mais l'inexistence de registres paroissiaux dans cette période, à rendu l'étude démographique difficile et très imparfaite. D'autre part, nous n'avons pas fait appel, aux registres notariaux, car cela aurait entraîné un temps de dépouillement beaucoup plus important alors que les enquêtes dans une grande mesure satisfaisaient notre désir de connaissance des structures sociales. Des pro- blèmes resteront, de ce fait, en suspens – en particulier en ce qui concerne les for- tunes –, mais ce parti a été pris dans l'intention de proposer rapidement les résultats d'une recherche que nous avons cru fondée sur des documents de bonne qualité et assez généraux pour qu'on puisse y entrevoir une société vivante : ce sont là nos limites, mais c'est aussi notre espoir que d'essayer de montrer cette société commin- geoise en action au milieu du XVI siècle. (1) Inventaire Lestrade du Fonds des Etats de Comminges – A.D. 31 J99 – 100 Brève chronologie des principaux événements I – La première recherche Fin 1534 - Autorisation donnée aux Etats de Comminges par le général des Finances de Guyenne, d'engager la procédure de révision de l'assiette de la taille : opération dénommée « recherche ». 1539 - Début de l'enquête sur le terrain (la première « recherche »). 1543 - Suite et fin de l'enquête sur le terrain. Mars 1545 - Conflit noblesse-Tiers-Etat des villes au sein des Etats : refus des nobles d'entériner les résultats des enquêtes. Novembre 1546 - Promulgation du nouveau tarif fiscal (la « nouvelle bolugue ») malgré l'opposition des nobles. Mars 1548 - Procédure de la première « recherche » annulée par la Cour des Aides de Montpellier. II – La seconde recherche Août 1548 - Début de la seconde « recherche » Juillet 1549 (?) - Enquête sur le terrain Novembre 1552 Décembre 1553 - Clôture des opérations de la « recherche ». Promulgation d'un nouveau tarif fiscal, par Tremolet, général des Finances près la Cour des Aides de Montpellier Après 1553 - Procès divers en Cour des Aides au sujet de la nobilité des fonds 1560 - Tentative de compromis au sein des Etats à propos des contes- tations 1562 - Premiers troubles religieux à Toulouse et en Comminges : l'affaire de la « recherche » passe au second plan. Petit lexique des principaux termes techniques employés - Agrier - Rente seigneuriale en nature, proportionnelle à la récolte, et qui pesait sur certaines terres. - Agrimensation - Arpentement . Syn. : perjement, du nom de la « perche » utilisée par les Commingeois pour arpenter les terres. - Allivrement - Définition en valeur fiscale des terres sur lesquelles pesait l'impôt. - « Bolugue » - bellugue, parfois belugue : feu. Unité de compte fiscale qui occitan : beluga servait à répartir l'impôt en Comminges. Celui-ci était tradi- Etincelle (Alibert) tionnellement divisé en 4000 bolugues et chaque communauté portait le nombre de bolugues correspondant à ses facultés. - Céterée - Unité de mesure agraire en Comminges. La céterée de Muret, ou séterée ou céterée de Comminges, qui deviendra plus tard l'arpent de Muret, équivalait à l'arpent de Toulouse (0,569 ha). Source : Tables de comparaison entre mesures anciennes et nouvelles Toulouse Douladoure - An X. Selon les localités la céterée se divisait en journaux, mesures, pugnères, boisseaux... Lors de la seconde enquête les arpenteurs montpelliérains employèrent la céterée utilisée dans l'arrondissement de Mont- pellier (= 0,1999 ha). Source : M. FORT, Tables de compa- raison entre les anciens poids et mesures du Département de l'Hérault, et les nouveaux poids et mesures. Montpellier An XIII. -Coéquation - syn. dans les documents : esgalisation, regalation, coeque- ment... Désigne l'action de rétablissement de bases justes dans la répartition de la charge fiscale. - Commission, - Délégagion de pouvoir de la part d'une autorité, à une ou plu- Commissaire sieurs personnes, ou à une institution administrative, en vue de réaliser une mission politique ou administrative définie. - Compois -De l'occitan compés. Nous avons choisi l'orthographe com- poi(s) plutôt que compoi(x) souvent utilisée, par souci de plus grande conformité avec l'original occitan. Livre cadastre, réalisé dans le cadre de la communauté d'habi- tants, pour répartir la charge fiscale en fonction des biens de chacun soumis au paiement de la taille. - « Creue » - Impôt extraordinaire ajouté à la taille, seul impôt ordinaire à cette époque. - Dextre - Subidvision de la céterée en Bas-Languedoc. Voir supra céterée - Election - Circonscription financière dont l'origine remonte à la fin du XIV siècle. Voir Doucet (R), Les Institutions de la France au XVIe siècle - p. 304. - Noblesse - Désigne les terres nobles, c'est-à-dire exemptes de tailles. ou noblesses - « Perjement » - Arpentement - Voir supra agrimensation. - « Recherche » - Désigne les opérations d'enquête qui avaient pour but de ou resserche recenser la totalité des biens contribuables aux tailles dans une reperche région déterminée. C'est le nom que reçurent les deux enquê- tes menées en Comminges au milieu du XVI siècle et qui sont l'objet essentiel de la présente étude. - « Ruralité » - Caractérise la nature roturière des fonds, ceux qui sont soumis à la taille. Dans les enquêtes et dans l'ensemble des compois commingeois les terres contribuables sont toujours désignées sous la dénomination de « terres rurales ». Nous n'avons jamais rencontré l'adjectif, roturier, pour caractériser ces fonds. -Terrier - Document seigneurial où sont inscrits tous les tenanciers d'une seigneurie avec le détail de leurs biens-fonds et des charges qu'ils supportent. Existent parfois en Comminges des terriers-compois, à la fois document fiscal et document seigneurial. INTRODUCTION Mon intérêt, dans le domaine de la recherche, s'était d'abord orienté vers l'étude des anciennes structures agraires. Le Midi offre en général une documentation de premier choix pour qui veux s'efforcer de découvrir les fondements de la société rurale d'avant 1789 : Emmanuel Le Roy Ladurie et Georges Frêche ont mis à l'hon- neur les excellents compois que beaucoup de communes conservent encore. Mon intention était de rechercher grâce à eux l'évolution des structures foncières au cours des trois siècles d'Ancien Régime. Il fallait choisir aussi un espace géographique dans lequel limiter l'investigation à entreprendre : Commingeois d'origine, j'avais déjà pratiqué quelques compois de ce pays lors de la préparation d'un Diplôme d'Etudes Supérieures (1), et j'espérais trouver une gamme de sources assez importante, et sur- tout suffisamment ancienne, pour que son étude puisse être significative. Mais, si les compois conservés sont nombreux en Comminges pour le XVIII siècle, et leur nombre sans doute encore satisfaisant pour le XVIIe siècle, il est beaucoup plus limité en ce qui concerne le XVI siècle : il n'était donc guère possible, en se fon- dant principalement sur ce type de sources, et dans un espace aussi limité, de tenter une fresque de l'histoire foncière qu'on aurait voulu mener de la fin du Moyen- Age à la Révolution Française. C'est alors que j'ai rencontré, dans les inventaires des Archives Départemen- tales de la Haute-Garonne, l'ancien fonds des Etats de Comminges. Deux possibilités se présentaient : ou bien élargir le cadre géographique de l'investigation, et rester dans la ligne précédemment fixée des recherches sur les structures foncières, ou bien conserver comme seul objet d'étude ce cher Comminges où j'avais entrevu un dossier qui semblait pouvoir fournir la substance d'une étude d'histoire économique et sociale.