1 Thèse De Doctorat En SCIENCES ECONOMIQUES Préparée Et
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Faculté des sciences économiques et Sociales Ecole Doctorale SESAM Laboratoire CLERSE Thèse de doctorat en SCIENCES ECONOMIQUES Préparée et soutenue publiquement par Ibrahim TIDJANI Le 05 Décembre 2018 LA MOBILITE PASTORALE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : UNE STRATEGIE D’ADAPTATION SOUTENABLE ? Membre du jury : Bruno Boidin, Professeur (Université de Lille), Président du jury Benoît Lallau, Maître de conférences HDR (Sciences Po Lille), Directeur Géraud Magrin, Professeur (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Rapporteur Emmanuel Mbetid-Bessane, Professeur (Université de Bangui), Rapporteur Jérôme Ballet, Maître de conférences HDR (Université de Bordeaux), Examinateur Bernadette Tillard, Professeur (Université de Lille), Examinatrice Bernard Bonnet, Chargé d'études (IRAM), Membre invité 1 2 Faculté des sciences économiques et Sociales Ecole Doctorale SESAM Laboratoire CLERSE Thèse de doctorat en SCIENCES ECONOMIQUES Préparée et soutenue publiquement par Ibrahim TIDJANI Le 05 Décembre 2018 LA MOBILITE PASTORALE EN REPUBLIQUE CENTRAFRICAINE : UNE STRATEGIE D’ADAPTATION SOUTENABLE ? Membre du jury : Bruno Boidin, Professeur (Université de Lille), Président du jury Benoît Lallau, Maître de conférences HDR (Sciences Po Lille), Directeur Géraud Magrin, Professeur (Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne), Rapporteur Emmanuel Mbetid-Bessane, Professeur (Université de Bangui), Rapporteur Jérôme Ballet, Maître de conférences HDR (Université de Bordeaux), Examinateur Bernadette Tillard, Professeur (Université de Lille), Examinatrice Bernard Bonnet, Chargé d'études (IRAM), Membre invité 3 4 AVANT-PROPOS Evoquer le parcours de cette thèse n’est pas chose facile dans la mesure où cela consiste à revenir sur une page douloureuse de la récente histoire de la RCA, un pays ravagé d’abord par une crise militaro- politique depuis plus d’une décennie puis par un conflit communautaire très meurtrier en 2013. Cette thèse a été fortement marquée par ces bouleversements puisqu’elle a commencé au même moment ou cette crise s’est installée. Je rappelle que j’étais déjà à Lille en France dans le cadre de mon premier séjour académique quand le régime de Bozizé en place a été renversé par une coalition de rébellion appelée Seleka. Ce séjour a été même prolongé d’environ un mois afin de faciliter mon retour à Bangui dans des conditions sécuritaires acceptables. De retour au pays, la situation sécuritaire n’a fait que se dégrader de jour en jour, et la présence des groupes armés incontrôlés et disséminés sur l’ensemble du territoire a créé un climat défavorable à la poursuite de la recherche. Il était question pour moi d’affiner la méthodologie et d’envisager la première phase de terrain indispensable pour la suite de cette thèse. Malheureusement le contexte ne le permettait pas, la crise sécuritaire s’est amplifiée au point ou les affrontements entre les groupes armés rivaux notamment les Seleka (au pouvoir) et les Anti-Balaka qui se sont proclamés autodéfenses pour s’opposer à ces Seleka s’intensifiaient. Ces affrontements se sont étendus à l’ensemble du pays et ont pris même des tournures communautaires et confessionnelles. Les déplacements hors de Bangui la capitale comportaient des grands risques car la peur s’est généralisée et la confusion totale régnait au sein de toute la population. La tentative de renversement ratée du régime Seleka en place par les Anti-Balaka le 5 décembre 2013 a plongé le pays dans le chaos et un déchainement de violence et des tueries sans précédent. Des attaques et représailles de part et d’autre à caractère communautaire/confessionnelle ont en suivi. Sous la pression de la communauté internationale, le président Michel Djotodjia a démissionné mais ce départ n’a pas permis une amélioration du climat des tensions. Il en a été le cas même au début de l’intervention des Forces internationales et de l’opération Française Sangaris censé mettre fin au désastre. Pour fuir les représailles à caractère communautaire, les populations musulmanes ont été contraint de se replier soit dans les zones du nord-est, soit trouver refuge dans les pays voisins (Cameroun, Tchad). Appartenant à cette communauté et craignant pour ma sécurité, j’ai trouvé refuge au Tchad comme beaucoup de mes compatriotes après un périple très difficile. Arrivé à Ndjamena en janvier 2014 ou j’ai passé 3 mois dans des conditions d’accueil très difficile, j’ai très vite introduis une demande auprès du HCR et de l’organisme en charge des questions de réfugiés au Tchad pour le statut de réfugié qui m’a finalement été accordé. Le HCR a par la suite 5 organisé pour transfert de Ndjamena a Goré (au sud) ou se trouvait déjà un grand camp des refugiés centrafricains fuyant les événements de 2003 en RCA. Je ne vais pas revenir ici sur les conditions de vie difficiles de 7 mois passés dans ce camps de refugié mais il convient de préciser que j’ai toujours entretenu l’idée de poursuivre mes recherches et je n’ai ménagé aucun effort pour relancer ma thèse à partir du Tchad mais sans succès. L’année 2014 a été déclarée académiquement blanche pour moi, car sans possibilité d’avancement, je ne pouvais pas envisager un séjour à Lille. De plus le SCAC n’était pas disposé à organiser mon voyage depuis le Tchad compte tenu de mon statut de réfugié. Recommandé par mon directeur de thèse à une ONG qui a commandité une étude sur la transhumance en RCA, j’ai été contacté dans le cadre d’une consultance mais avec l’exigence de revenir à Bangui ou à Paoua dans le nord-ouest pour commencer la mission de terrain. Persuadé que c’était à l’époque la seule possibilité pour moi non seulement de revenir au pays mais surtout de reprendre les recherches en profitant de la logistique humanitaire, j’ai alors décidé avec tous les risques que cela comportait d’abandonner mon statut de réfugié et de rejoindre l’équipe de la mission transhumance a Paoua en passant par le Cameroun. J’ai dû traverser une zone contrôlée par les Anti-Balaka pour rejoindre cette localité et les conditions de ce voyage n’ont pas été faciles. L’étude a été faite, mais compte tenu de son caractère urgent qui ne me permettait pas d’effectuer un long séjour auprès des éleveurs et d’envisager un passage dans les campements (pour raisons de sécurité), elle ne me permettait à ce titre un déploiement convenable de la méthodologie de ma thèse. Dans ce cas, il me fallait chercher une autre possibilité pour pouvoir avoir un peu plus de temps et accéder aux campements pastoraux. Du fait de la crise sécuritaire et de l’état des infrastructures routières, la dispersion et replis des éleveurs dans certaines zones plutôt que d’autres ont rendu l’accès aux zones pastorales très problématiques. De plus la bourse que m’a octroyée la coopération Française en lien avec cette thèse n’assure uniquement que la prise en charge de mon séjour académique et frais universitaires en France. Par conséquent, il fallait que je trouve des financements pour des terrains trop complexes. Le projet AUF en partenariat avec les ONGs (TGH, ACF, CRF et ACTED) est venu pallier aux premiers défis qui sont d’ordre logistique. J’ai donc eu la chance de faire partie de l’équipe de ce projet en ayant pour charge le déploiement du cadre d’analyse et de la méthodologie pour les enquêtes de terrain appliquées aux campements pastoraux. Dans ce registre, les ONGs partenaires de ce projet ont facilité l’accès au terrain du point de vue logistique. Néanmoins, il faut dire aussi que les moyens logistiques combien importants des ONGs n’ont pas suffi à pallier à toute la complexité des terrains ruraux centrafricains. Ainsi, avec la volatilité de la situation sécuritaire, il est arrivé que ces ONGs se montrent moins réceptifs à l’idée de mettre à ma 6 disposition une moto ou un véhicule afin de rejoindre une zone donnée. C’est ainsi que entre la première phase de terrain et le second, il y a eu des problèmes de ce genre et j’ai été contraints de partir sur le terrain sans la visibilité ONG, ni leurs moyens logistiques qui assuraient pourtant un minimum de sécurité. Je ne peux pas occulter l’environnement sécuritaire de ce travail surtout sur les sites retenus qui sont totalement sous la coupe des groupes armés notamment Ex-Seleka et Anti- Balaka. Il fallait donc pour moi braver les réticences/méfiances des éleveurs au moment des enquêtes, gérer les soupçons et interprétations maladroites sur l’objectif de l’étude pour ne pas compromettre ces enquêtes. A cela s’ajoutent aussi, les perceptions erronées de la part de certains ménages enquêtés qui ont tendance à considérer les enquêtes menées comme une phase préliminaire préalable à d’éventuel appui en leur faveur. Les difficultés qui ont marqué la rédaction de cette thèse ne se sont pas limitées au seul cadre de l’accès au terrain. Il y avait également l’environnement de la rédaction de cette thèse à Bangui. Je tiens à rappeler que je réside toujours au PK5, ce quartier de la capitale centrafricaine qui est une enclave, soumis à des bouclages permanents suite à des incidents sécuritaires. Je ne pouvais pas donc travailler dans la sérénité tant le quartier est à la fois sous le contrôle des groupes d’autodéfense qui font la loi et sous celle quotidienne d’une éventuelle attaque des Anti-Balaka ou des Forces Armées Centrafricaines (FACA). Dans ce quartier de PK5, les groupes armés dit d’autodéfense du quartier se battaient régulièrement entre eux. De fois, ils s’en prenaient à des gens qu’ils accusent d’être des « traitres ». Donc, il y régnait une atmosphère de peur constante et d’une vie rythmée par des rumeurs d’attaques.