INFORMATIONS ET DOCUMENTS

PALÉOCLIMATOLOGIE ET PEUPLEMENT DE L'ÉGYPTE ANCIENNE

INTRODUCTION

Etroitement liée à la géographie physique, la paléoclimatologie détermine la paléoécologie, et, partant, le régime alimentaire, le mode de vie et les déplacements des populations préhistoriques. En Egypte, plus qu'ailleurs, elle apparaît comme la clef principale de l'histoire du peuplement, parce que la vallée du Nil égyptien est enserrée entre deux déserts et parce que le flot annuel de la crue provient de pays très lointains, le massif éthiopien et la région des grands lacs, qui ont toujours été très arrosés. Aussi bien dans les périodes «humides», durant lesquelles l'actuel désert constituait un milieu de vie extrêmement favorable, que dans les périodes «arides», où il se vidait de sa popula- tion au profit de zones-refuges périphériques ou internes (massifs du Sahara central, oasis subsistant aujourd'hui, et… vallée du Nil). Pour expliquer la crue annuelle et ses variations au cours des temps préhistoriques, il faut débor- der largement le cadre du Nil égyptien, examiner le cours entier du plus long fleuve d'Afrique et celui de tous ses affluents, vivants ou fossiles. Pour comprendre les deux déserts, Occidental et Ori- ental, il est nécessaire d'étudier non seulement leurs prolongements soudanais, mais encore l'ensemble du Sahara, considéré lui-même comme une partie de l'immense bande désertique qui va de l'Atlantique jusqu'au Pakistan. Dans l'optique du peuplement de l'Egypte ancienne, la paléoclimatologie et sa fille la paléoé- cologie ont enregistré, depuis 1980, des avancées spectaculaires qui conduisent à démentir plusieurs idées reçues et renforcent la conception d'une civilisation égyptienne beaucoup moins dépendante d'influences asiatiques qu'on ne l'a prétendu jusqu'ici.

PRINCIPAUX ACQUIS DEPUIS 1980

Les équipes multidisciplinaires travaillant depuis les années 70 dans diverses régions du grand désert ont fait faire d'immenses progrès à la préhistoire saharienne. Progrès dus à l'utilisation de nouvelles méthodes (photos satellites, prospection géophysique…), et surtout au long travail en la- boratoire réalisé sur les échantillons prélevés sur le terrains par les spécialistes. Un des résultats majeurs est l'établissement de séries de dates infiniment plus fiables que les dates isolées, discutables et discutées, publiées auparavant. On dispose aujourd'hui de telles séries, pour le Sahara malien, égyptien, soudanais, libyen. Elles permettent de mettre en valeur l'ho- mogénéité des changements climatiques à travers tout le Sahara. Depuis 1985, plusieurs études ont mis l'accent sur la période charnière de passage entre «l'Hy- peraride» terminant le Pléistocène supérieur, et le «Dernier humide» du début de l'Holocène. Le retour des pluies au Sahara aurait débuté en même temps que la déglaciation dans le domaine océanique, donc plus tôt qu'on ne le présente habituellement. Par la suite, les oscillations clima-

RdE 47 (1996) 184 INFORMATIONS ET DOCUMENTS tiques au Sahara auraient coïncidé avec les alternatives de réchauffement ou de refroidissement enregistrées aux alentours de 12 000 ans avant nos jours dans l'Atlantique Nord et en Europe (Gib- ert et al. 1990). En outre, et contrairement aux idées reçues, le retour des pluies aurait affecté simul- tanément les bordures nord et sud du Sahara (Gasse, et al., 1900). Traduit dans le domaine du re- peuplement du désert après l'Hyperaride qui l'avait vidé, les gens venus du Nord auraient pénétré dans l'actuel désert en même temps que les gens venus du Sud. La notion de «cycles courts» est également très récente. Une centaine de dates a permis de mettre en évidence, dans le bassin de Taoudenni au nord du Sahara malien, des cycles de 400 ans en moyenne au cours du Dernier Humide (Petit-Maire, 1989). Dans le désert Occidental d'E- gypte, Wendorf & Schild (1980) et Close (1992) ont confirmé la brièveté — 100 ou 200 ans — des épisodes arides. Inversement, on pense que des épisodes humides de courte durée ont jalonné la période d'assèchement aboutissant à l'Aride actuel. Ces observations remettent en cause l'hypothèse d'un «Grand Aride mi-Holocène» situé approximativement entre 5500 et 4500 avant notre ère, durant lequel tout le Sahara se serait vidé de sa population (Muzzolini, 1986; 1995). Elles font également douter de l'existence d'un très long «Subpluvial néolithique». Placé par Butzer (1976; 1980) et Hoffman (1991) entre 5100 et 2200 avant l'ère, et baptisé «Humide néolithique» par Muzzolini qui le situe entre 4500 et 2500, il n'a pas été retrouvé dans le Sahara septentrional, au nord du 22° Nord. (Harlan, 1992; Wendorf & Close, 1992). A côté des climatologues et des géologues qui déterminent les modalités et les dates des cycles humides et arides, les préhistoriens étudient les habitats humains. Ils insistent sur les très longs délais qui séparent, d'une part le retour des pluies et l'affleurement de la nappe phréatique dans les dépressions; d'autre part l'arrêt des pluies et la persistance des eaux souterraines à une très faible distance du sol. Traduction en ce qui concerne le peuplement: les établissements humains et notamment les campements des nomades ont subsisté de longs siècles après la disparition des eaux de surface (Hillaire-Marcel, 1983; Close, 1992). En tentant de reconstituer l'environnement des habitats préhistoriques, les botanistes et les zool- ogistes ont apporté deux enseignements majeurs permettant de mieux comprendre les déplacements de population au cours de l'Holocène: le double décalage, écologique et chronologique, entre les déserts égyptien et soudanais. 1/ Dans la période actuelle d'aridité, le Sahara constitue une entité parfaitement homogène, tout au moins dans les zones basses. Il n'en a pas été de même pendant les périodes humides où exis- tait une limite écologique qui peut être marquée sur les cartes par une bande située approxima- tivement entre le Tropique du Cancer (23°26') et le 22° Nord, environ 150 km au sud (Cornevin, 1993: 41-48). Au plus fort des épisodes humides, les pluies d'été de mousson ont pu dépasser 800 mm par an dans le Sahara méridional qui a connu, dans certaines zones, une richesse végétale et animale de type tropical. Au contraire, dans le Sahara septentrional, et particulièrement dans le désert libyque (Egypte et Libye), les pluies n'ont pas dépassé 200 mm par an, à l'exception des massifs (Close, 1992; Kröpelin, 1993). L'ambiance générale, au nord du 22°, est restée semi- désertique, les arbres étant strictement localisés, dans les zones basses, aux dayas et aux lits d'oueds (Aumassip, 1987, 1993), avec une flore et une faune très pauvres (Neumann, 1989; 1993). Rien à voir avec les «grasses prairies» ayant succédé dans les fantasmes européens à la «forêt équatoriale» évoquée dans l'édition de 1952 de l'ouvrage classique sur l'Egypte de Drioton et Vandier (p. 27 et 29).

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2/ Touchant le peuplement de l'Egypte ancienne, le décalage chronologique dans l'assèchement des déserts égyptien et soudanais, respectivement au nord et au sud de la limite écologique (la fron- tière égypto-soudanaise suit le 22° Nord sur environ 700 km) représente un élément majeur que seules des publications postérieures à 1985 permettent d'apprécier à sa juste valeur. Selon les chercheurs allemands qui ont parcouru entre 1980 et 1984, le désert occidental d'Egypte et son pro- longement soudanais, l'assèchement du second aurait commencé vers 3000 avant J.C. à l'époque même où se terminait celui du premier. Certes, il faut prendre en compte les variations locales dues à l'altitude ou à la proximité de la mer; témoin, l'exemple égyptien du désert Oriental (ou Ara- bique) avec des sommets pouvant atteindre 2000 mètres, et du désert Occidental (ou Libyque) où seul l'extrême sud-ouest dépasse 500 mètres. Dans l'ensemble, on peut affirmer que le Sahara septentrional s'est asséché 2500 ans ou 3000 ans avant le Sahara méridional.

LE PROBLÈME DES DATATIONS

Dès les années 60, les préhistoriens et les égyptologues ont mis en doute la fiabilité des dates fournies par les méthodes du radiocarbone (Carbone 14 ou 14C dans les textes français) et de la thermoluminescence. En dehors de la marge d'erreur de 100 à 1000 ans communiquée avec la date, les laboratoires ont fait remarquer qu'on pouvait obtenir des différences de 1000 à 3000 ans pour des échantillons trou- vés dans un même niveau sur le même site, selon qu'il s'agit de coquilles lacustres, de coquilles d'oeufs d'autruche, d'os, de roches carbonatées…, ou de charbon de bois. La thermoluminescence employée pour les poteries était loin de confirmer les dates 14C. Dans les années 70 furent mises en évidence les insuffisances de la méthode 14C pour la période située au delà de 9000 ans avant nos jours. Le décalage constaté entre le calendrier des astronomes et celui des géologues explique des déviations de 1200 à 3500 ans entre 9000 et 20000 ans avant nos jours. La méthode de «calibration» des dates 14C par la dendrochronologie attira alors des espoirs d'autant plus grands que sa validité (la méthode est basée sur les cernes de croissance annuelle de très vieux arbres) se termine justement aux environs de 7000 ans avant nos jours. Cependant les «tables de calibration» parues dans les années 80 indiquent une très large marge d'approximation, de 400 à 1200 ans, entre deux dates extrêmes. Le plus gênant pour les utilisateurs est le fait que la date «réelle dite calendaire n'est pas fixée par le spécialiste à mi-chemin» mais «n'importe quand entre les deux dates extrêmes». Ces difficultés ne sont pas perçues de la même façon par les préhistoriens et par les égypto- logues. Les premiers restent fidèles aux dates 14C calculées par les laboratoires et présentées en B.P. (Before Present) terme équivalent à «avant nos jours». Les datations 14C ayant débuté en 1949, le «Présent» a été fixé par Libby, inventeur de la méthode, en 1950. Les égyptologues demeurent attachés aux dates exprimées en «avant J.C.» ou B.C. (Before Christ). Certains peuvent les faire précéder du signe —, signifiant «avant l'ère» (chrétienne). Depuis les années 80, ils ont généralement adhéré aux dates «calibrées» ou «corrigées» (Cal. BC = Calibrated ou Calendar BC), ce qui, au lieu de la simplifier comme on l'espérait, complique singulièrement l'interprétation des dates B.P. en plaçant un doute sur leur position relative par rapport aux date B.C. au lieu de sim- plement soustraire 1950 ans.

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A l'heure actuelle (1995), à partir de publications toutes postérieures à 1990, on peut essayer de mettre un ordre — relatif — dans la chronologie de l'Holocène pour le Sahara oriental (Egypte, Libye, Soudan). Jusqu'à 7000 avant nos jours, il y a tout avantage à parler exclusivement de dates B.P. Les «cor- rections» apportées par certains auteurs sont basées sur des critères variables et s'opposent donc à des comparaisons valables. Cependant, dans un souci de clarté, en remontant le temps à partir des dates «calibrées» proposées par F. Hassan pour les sites «néolithiques et prédynastiques en Egypte» (1985), et pour les sites «mésolithiques et néolithiques au Soudan» (1986), il est permis de soumettre au lecteur des dates B.C. très approximatives. Afin d'éviter les confusions, certains auteurs emploient le terme bc marquant l'imprécision des données. On pourra ainsi placer le «Dernier Humide» saharien entre 10 000 bc et 6000 bc environ, la deuxième date correspondant — très grossièrement — à 7000 BP. Après 7000 B. P., la quantité de sites fouillés et datés s'accroît considérablement, mais la chronologie comparée n'en demeure pas moins confuse. On en trouvera la preuve en rapprochant des dates B.P. des dates Cal. B.C. fournies par cinq auteurs ayant travaillé sur des sites datés entre 6000 et 5000 B.P. L'écart existant entre la date B.P. moins 1950 ou date «conventionnelle» et la date moyenne Cal. B.C. présente des variations troublantes. Il est de 780 à 840 ans pour des «foyers prédynastiques» de Haute Egypte (Vermeersch, et al., 1992: 169). Des chiffres voisins, de 790 et 830 ans sont présentés par Mortensen (1992: 113) pour El Omari. En annonçant des déviations de 850 et 900 ans pour le site de Saggaï au Soudan, fouillé par Isabella Caneva, Krzyzaniak (1992: 241) en diffère d'une centaine d'années. Son compatriote, Kobusiewicz (1992: 213) indique des variations plus importantes, entre 750 et 450 ans, pour Mérimdé. Des écarts beaucoup plus larges, entre 1035 et 535 ans, ont été proposés par Hassan (1985 et 1986), cité ici parce qu'il a été suivi par Vercoutter (1992) et Midant-Reynes (1992). On pourrait penser que les déviations entre dates conventionnelles et dates Cal B.C. s'at- ténueraient avec la progression vers les temps historiques (3200 B.C.) Ce n'est pas le cas si on con- sidère quatre dates fournies par Hoffman (1993: 368) pour Hierakonpolis. La plus ancienne 4890 + 90 B.P.et la plus jeune 4580 + 70 B.P. correspondent en dates Cal B.C. moyennes à 3700 et 3350. L'écart entre les dates conventionnelles et calibrées et de 760 à 920 ans. Dans l'Inventaire des data- tions 14C du Sahara et ses marges à l'Holocène, Vernet, Aumassip (1992) indiquent des déviations de 400 à 800 ans pour le Ve millénaire B.P. En tablant sur une moyenne (entre Hoffman et Vernet) de 700 ans, on peut admettre la correspondance des dates «entre 5000 et 4000 B.P. (5e millénaire B.P.) avec les dates entre 3750 et 2750 B.C.», au lieu de 3050 et 2050 B.C. proposées en dates conventionnelles.

L'imprécision des dates soi-disant calendaires pour les VIe et Ve millénaires B.C. et la marge d'erreur applicable aux dates B.P. entre le Xe et le VIe millénaires font qu'il est très difficile de dresser un tableau argumenté des déplacements de population et des transferts culturels. Dans l'his- toire du peuplement de l'Egypte ancienne, le rôle de la paléoclimatologie apparaît donc essentiel puisque l'humidité ou l'aridité du Sahara ont eu pour conséquence directe la mobilité des Sahariens à travers le désert ou leur sédentarisation dans la vallée. On peut, dans cette optique, considérer trois grandes périodes climatiques centrées sur le Dernier Humide précédé par un Hyperaride et suivi par l'Aride actuel.

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L'HYPERARIDE PRÉCÉDENT LE DERNIER ARIDE

Entre 20 000 B.P. (beaucoup plus tôt pour certains auteurs) et 13 000 B.P., le désert s'étendait jusqu'à 500 km au sud de sa limite actuelle. Le niveau de la Méditerranée était abaissé de 100 à 200 mètres. La vallée du Nil était alors une zone d'attraction qui vit arriver nombre de petits groupes du Paléolithique final, installés sur le relief dunaire à l'abri des eaux des crues ou, après la crue, sur les bords de marais résiduels. Le site du wadi Kubbaniya, sur la rive gauche du Nil à 50 km au nord d'Assouan, a été étudié en détail (Wendorf, et al., 1989, 3 vol.). Les gens vivaient de la chasse et surtout de la pêche (Vermeer- sch, et al. 1990; Vermeersch, 1994). Ils déterraient des tubercules qu'ils écrasaient sur des meules, retrouvées en abondance, servant peut-être aussi à broyer des graines d'orge ou d'autres graminées sauvages. La découverte de faucilles «lustrées» a permis de suggérer une «proto-agriculture (Atzler, 1995: 28). Des preuves de fumage et de stockage du poisson (Van Neer, 1989, 1994), sont un autre argument pour admirer les capacités d'«adaptation nilotique» de ces proto-Egyptiens.

LE DERNIER HUMIDE SAHARIEN

Vers 13000 B.P. (12500 bc?) survinrent des inondations catastrophiques, d'une ampleur phénoménale, décrites par Butzer (1980) sous le nom de «Nil sauvage». Après une brève phase hyperaride vers 11 000 bc, le niveau du fleuve resta, pendant plus de trente siècles, élevé de six à neuf mètres au dessus de l'actuel. Même après le retrait des eaux de la crue, il n'y avait pas de ter- res émergées où aurait pu s'établir une population semi-sédentaire. La vallée du Nil était devenue une zone de répulsion. C'est du moins ce que suggère, pour 0' Connor et Marks (1986) l'absence de sites archéologiques attribuables à cette époque entre la frontière égypto-soudanaise et le delta. Les explications données à ces «millénaires obscurs» de l'Egypte sont insatisfaisantes parce qu'elles évoquent toujours la crue (en gros quatre mois de l'année) provenant à 90% des eaux du Nil Bleu (68%) et de l'Atbara (22%), et jamais les huit mois de basses eaux (décrue et étiage) provenant à 83% du Nil Blanc, à 17% du Nil Bleu et 0% de l'Atbara (Williams & Adamson, 1980: 283-284). Ces chiffres concernent évidemment le Nil avant la construction du Grand Barrage d'As- souan. A la question capitale: d'où venait l'eau qui remplissait la vallée du Nil égyptien en période de basses eaux?, des géologues et des biologistes ont répondu, dans des ouvrages collectifs (Williams & Faure, éds, 1980, Williams & Adamson, éds,1982) ou individuels (Saïd, 1993). Malheureuse- ment, leurs révélations sur l'alimentation du bassin du Nil à la fin du Pléistocène et au début de l'Holocène sont ignorées des égyptologues.

Le Nil Soudanais et ses affluents (Fig. 1) Au cours du Dernier Humide, les affluents soudanais actuels avaient un débit beaucoup plus important qu'aujourd'hui. Sur la rive gauche, le Bahr el Arab, affluent du Bahr el Ghazal, recevait au nord des eaux venues du Gebel Marra, massif volcanique culminant à 3088 mètres situé dans le Darfour dans l'ouest du Soudan. Les marais du Sudd dont la végétation envahissante absorbe aujourd'hui les eaux venues du sud, s'étendaient sur 300 km vers le nord; la température baissée de quelques degrés limitait l'évaporation et augmentait en conséquence le débit du Nil Blanc.

RdE 47 (1996) 188 INFORMATIONS ET DOCUMENTS 10° Gash b

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Gash 0 m 0 m 0 3100 Kassala L. Turkana 407 Port-Soudan Elgon t M 4320 2975 L. Victoria 2018 BUTANA Nil bleu L. Kyoga 2260 Fig. 1. Le Nil soudanais et ses affluents a) Aujourd’hui. b) Il y a 8000 ans. Atbara Pib ot GEZIRA at b

o a S Wadi Halfa

5120 Atbara Nubien 500 mm 500

Juba 500 km km 500 Malakal Ruvenzoti

b L. Edouard Q SUDD

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0 0 0° 0° G. Matta 3088 G. Uweinat 1852 20° G. Gurgei 2400

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Le Sobat, principal affluent de droite qui rejoint le Nil à Malakal, communiquait alors avec le lac Turkana (anciennement lac Rodolphe, situé dans une région désertique à la frontière Ethiopie- Kenya) qui lui apportait les eaux de l'Omo par l'intermédiaire d'une immense zone marécageuse contenant mille fois plus d'eau que le lac actuel. A sa jonction à Khartoum, le Nil Bleu dont l'ap- port est aujourd'hui très supérieur à celui du Nil Blanc, avait une place moindre qu'aujourd'hui dans le débit du fleuve. Plus au nord, au contraire, l'Atbara, alors grossi du Gash qui se perd dans un delta intérieur, apportait plus d'eau. Aux affluents actuels, dont l'apport est considérablement diminué, il faut ajouter les affluents fossiles. Sur la rive ouest, au Nord de Khartoum, le wadi el Milk drainait les eaux du Kordofan alors couvert de petits lacs, aujourd'hui steppe à épineux. Le wadi Howar, le plus long des affluent fos- siles (1000 km) du Nil, recevait des eaux venant du massif de l'Ennedi (Tchad) et du Gebel Gurgei (Soudan) qui culmine à 2400 mètres. Il était riche en poissons, parmi lesquels la perche du Nil, qui nécessite des eaux profondes et bien aérées (Van Neer, 1994). Ses rives abritaient une faune tropi- cale grosse consommatrice de verdure. Aujourd'hui, son cours supérieur est repérable, son cours inférieur perdu sous les sables du désert n'a été reconnu qu'en 1982, par photo-satellite (Kröpelin, 1993; Keding, 1993). Sur la rive est au nord de Khartoum débouchent de très nombreux affluents fossiles issus des massifs de l'actuel désert oriental, désert Nubien au Soudan, désert Arabique en Egypte. Alimentés en partie par des pluies de type méditerranéen, ils contribuaient à emplir la vallée égyptienne en dehors de la période de crue.

Le Nil moyen (Soudan central) et ses potiers

Depuis 1980, de nombreuses publications ont donné les résultats d'une exploration systématique de la région du Nil Moyen entre Khartoum et Atbara, par une demi-douzaine de missions de diverses nationalités: italienne, polonaise, soudanaise, américaine, canadienne, française. Plusieurs tumuli en bordure d'un ancien cours du Nil ont montré la présence de pêcheurs-chasseurs-potiers cousins de ceux du site fameux de Early Khartoum fouillé dans les années 40 par A. J. Arkell (1949) qui avait défini deux types de poterie décorées de lignes ondulées, continues: Wavy line pot- tery ou en pointillé: Dotted wavy line (fig. 2). L'étude de la flore et de la faune a montré qu'à cette époque, la région était couverte d'une savane arborée relativement dense, avec une pluviosité annuelle de 600 à 800 mm, trois fois plus qu'aujourd'hui (Caneva, 1988; Caneva, 1993; Clark, 1989). Les datations couvrent près de deux millénaires. La plus ancienne, à Sorubab 2, est de 9370 ± 110 B.P.. (Hakem & Kabir, 1989), soit environ 8500 en Cal B.C. et 7420 en date conventionnelle. Dès lors se pose la question — non résolue — de l'antériorité des poteries soudanaises par rapport à celles des massifs du Sahara cen- tral et celles du désert Occidental d'Egypte, toutes datées entre 9500 et 9000 B.P. Il apparaît que, de toute façon, les potiers du Nil Moyen soudanais ont précédé de quelque 2000 ans ceux de la val- lée égyptienne et du Fayoum. On peut se demander pourquoi tant de sites datés du 11e au 7e millénaire B.P. ont été trouvés au Soudan et si peu en Egypte. L'explication relève de la géographie: la plaine du Butana, entre Nil bleu et Atbara, constitue une zone de contact privilégiée entre le massif éthiopien et la vallée du Nil; elle était, pendant le Dernier Humide, un lieu de vie extrêmement favorable, particulièrement dans les environs immédiats des cours d'eau. On conçoit facilement qu'un milieu aussi riche en ressources

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W.L. Wavy Line pottery.

D.W.L. Dotted Wavy Line pottery.

Fig. 2

RdE 47 (1996) INFORMATIONS ET DOCUMENTS 191 alimentaires ait attiré les établissements humains à une époque où l'étroite vallée du Nil égyptien était inondée en permanence. On est ainsi conduit à exclure les déplacements de population du sud vers le nord pendant les quelque trente siècles du Dernier Humide. Pourquoi les Soudanais vivant très largement de pêche, chasse, récolte de graines et tubercules sauvages (tous les sites du type Early Khartoum sont riches en matériel de broyage) auraient-ils quitté ce «pays de Cocagne»?

Le désert Occidental d'Egypte (Fig.3 et 4)

Pendant le Dernier Humide, l'inondation permanente de la vallée du Nil égyptien a fait refluer vers les actuels déserts des gens qui avaient montré leurs capacités à «l'adaptation nilotique». Ces gens sont-ils devenus pour autant les artisans d'un «foyer primitif de néolithisation» situé dans le quadrant sud-est du désert Occidental? A cette question, Angela Close répond clairement par l'affirmative dans un article publié en 1992 sur «l'Occupation du Sahara Oriental pendant l'Holocène», où elle présente les résultats d'ensem- ble des campagnes d'exploration menées depuis 1974 par l'anthropologue américain F. Wendorf et son équipe de la Southern Methodist University de Dallas sur les sites devenus célèbres de Nabta Playa (100 km à l'ouest d'Abou Simbel), Bir Kiseiba, Bir Safsaf, etc… situés dans la bande clima- tique entre Tropique du Cancer et 22° N. où les pluies n'ont jamais dépassé 200 mm par an au plus fort des périodes humides. Des traces d'occupation humaine à l'Holocène sont datées de 9500 B.P.jusqu'à 7500 B.P. avec une brève période aride entre 8200 et 8100 B.P. Il s'agit d'occupations saisonnières «dans des con- ditions marginales pour la survivance de l'homme» (Close, 1990: 79), si l'on réalise la pauvreté des ressources végétales et animales: buissons épineux, cram-cram; lièvres du Cap, gazelles Dorcas et Dama, oryx, addax… A côté de l'outillage épipaléolithique, on trouve un important matériel de broyage et, en très faible quantité, deux éléments qui ont fait qualifier ces sites de «néolithiques»: des tessons de poterie très rares et de petite taille; quelques os de bovins «difficiles à interpréter car leur fragmen- tation rend impossible la distinction entre formes sauvages et domestiques» (Wendorf, Close, Schild, 1987: 443). En dépit de la fragilité des arguments archéologiques, Wendorf et son équipe défendent l'idée d'une domestication précoce des bovins dès le 10e millénaire B.P., arguant du fait que le seul moyen de survie de petits groupes de chasseurs circulant entre des points d'eau souvent petits et tempo- raires était le transport de leur nourriture sur pied, en clair la domestication de l'aurochs africain. L'idée du «garde-manger ambulant» des nomades n'est pas neuve (Clutton Brock, 1989). Encore faut-il trouver des témoins archéologiques des déplacements entre vallée du Nil et Sahara central et, dans un deuxième temps, préciser le lieu d'origine du concept de domestication des bovins et de l'invention de la poterie utilitaire.

Que l'immense désert libyque, si aride aujourd'hui, ait été «traversable» et traversé durant le Dernier Humide est démontré par le très grand nombre de foyers de pierre (Steinplätze) et de pier- res d'entrave (Tethering stones) découverts depuis vingt ans. Interprétés comme des haltes de chas- seurs/pasteurs néolithiques, les «amas de pierre» étudiés par B. Gabriel (1876; 1984; 1987) ont été datés — pour les plus anciens — des 10e et 9e millénaires B.P., l'époque du Néolithique ancien (Early Neolithic) de Wendorf; les plus nombreux du 8e au 6e millénaire B.P.

RdE 47 (1996) 192 INFORMATIONS ET DOCUMENTS 22° 20° Dakhla Bahariya Farafra 0 200 km Siwa Koufra Giarabub TCHAD

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3265 T , et tracés des wadis fossiles d’après la carte Bartholomew, 1995. Sokna ∪ 15° z a n Sebha Tripoli Messak Settafet Mathendous Ubari Messak Mellet Uan Muhuggiag Djabo NIGER LIBYE 10° 15° 20° 30° F e z Tenere

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e Fig. 3 De la vallée du Nil au massif central saharien Puits

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Tout comme les amas de pierre, les pierres d'entrave ou «pierres à gorge» repérées dans le Sahara Oriental ont pu être utilisés par des chasseurs ou des pasteurs. Hans Pachur (1991) en a repéré plus d'un millier et les a datées entre 7500 et 3700 B.P. Plusieurs dizaines ont été observées sur les gravures rupestres du Fezzan, en relation avec des animaux sauvages ou domestiques.

Pendant au moins quatre mille ans, à partir du 10e millénaire B.P., il y a donc eu des contacts entre la vallée du Nil et le Fezzan, qui ouvre l'accès aux massifs du Sahara central. Qui dit contact dit échange. Mais échange dans quel sens? La communauté scientifique a toujours pensé à un «sens unique». Les nouveautés du Néolithique ne pouvaient venir que du Proche-Orient et la val- lée du Nil égyptien représentait une étape, et seulement une étape, dans leur progression vers l'ouest. Ce n'est plus vrai aujourd'hui en ce qui concerne les deux composantes du Néolithique de Wendorf: l'invention de la poterie utilitaire et la domestication précoce des bovins. Dans ces deux domaines, où l'antériorité africaine semble aujourd'hui démontrée (Cornevin, 1993: 61-65) ou en passe d'être démontrée, les petits massifs du Fezzan libyen explorés depuis les années 60 et, plus méthodiquement, après 1980, ont fourni des éléments essentiels à la compréhension du Néolithique égyptien.

Le Fezzan (Libye) pendant le Dernier Humide

Situés à un millier de kilomètres au sud de Tripoli, immédiatement à l'est de la frontière algéri- enne, l'Acacus et son prolongement méridional du Tadrart, de même que le Messak Settafet (Plateau Noir) et son annexe du Messak Mellet (Plateau Blanc) ont représenté des «lieux de vie» extrêmement favorables pendant le Dernier Humide, et très longtemps après bien au-delà du dessèchement final du désert Occidental d'Egypte. Dans le massif de l'Acacus, dont l'altitude ne dépasse pas 900 mètres, les fouilles strati- graphiques pratiquées par l'équipe de Barbara Barich ont daté du 8e millénaire B.P. les plus anci- ennes poteries de Ti-n-Torha Est et du 8e millénaire B.P. le début de la domestication des bovins à Uan Muhuggiag (Barich, 1992: 116; Barich, 1993: 178 Si l'on admet la corresondance du 9e B.P.- Viiie bc indiquée plus haut, on constate que la poterie précède de 2000 ans celle du Proche-Orient (datée de 6000 ans av. J.C.) et de 3000 ans celle du Fayoum et celle de Mérimdé datées respective- ment de 5200 et 4800 B.C. (Hassan, 1985, dates calibrées). En ce qui concerne la domestication des bovins, l'antériorité africaine serait d'au moins 1000 ans par rapport au Proche-Orient, où elle n'est pas repérée avant le VIe millénaire B.C. A l'est de l'Acacus, le Messak Settafet est connu pour la qualité technique et esthétique de gravures rupestres de grandes dimensions représentant la grande faune sauvage, découvertes dès le milieu du XIXe siècle. En plusieurs lieux, ces gravures dites «archaïques» sont superposées à celles d'animaux manifestement domestiques (Muzzolini, 1986, 1995; Van Albada, 1992, 1993, 1994; Jelinek, 1994; Barker, 1993). Contrairement aux idées reçues sur une société de pasteurs néolithiques ayant succédé à des chasseurs épipaléolithiques, il apparaît donc que les deux activités ont coexisté. Logiquement, on est alors en droit de placer la domestication de l'aurochs africain à une date beaucoup plus haute que celle habituellement présentée. On rejoint ainsi, par des voies détournées, «l'hypothèse de travail» de Wendorf suivant laquelle le très long voyage de la vallée du Nil au Fezzan, à l'époque où le désert libyque était «traversable», nécessitait impérativement le transport de la nourriture sur pied.

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Certes, aucune des très remarquables gravures rupestres sahariennes suggérant un climat humide par la représentation de la grande faune sauvage grosse consommatrice d'eau et de verdure n'a été, jusqu'à ce jour, directement datée. Cependant, les recherches du géologue italien Mauro Cremaschi (1994) sur les patines des gravures du Messak Settafet et sur les paléolacs de l'Erg de Mourzouk (qui le borde au sud) ont fourni des précisions climatologiques précieuses. Si la falaise, haute de 200 mètres et plus, qui le borde au nord amène aujourd'hui encore des orages rares et violents sur le Messak où l'on voit apparaître une végétation fugace au bord des wadis redevenus vivants pour quelques heures, il n'en va pas de même dans les dunes de l'Erg de Mour- zouk. On a pourtant repéré dans les couloirs interdunaires d'anciens bassins lacustres fréquentés par l'homme dès les temps acheuléens, et lors du Dernier Humide. Trois dates entre 8400 et 6600 B.P. (7300 et 5400 bc?) marquent les variations de niveau d'un paléolac qui a atteint une profondeur de 27 mètres au milieu du VIe millénaire avant notre ère. Ces dates correspondent à la période d'hu- midité maxima décelée par les restes végétaux dans les grottes de Mathendous, haut lieu des gravures archaïques du Messak, et dans des grottes de l'Acacus (Wasylikova, 1993; Barich, 1992). L'utilisation de la microscopie électronique associée à des analyses chimiques ponctuelles a per- mis de renouveler complètement l'étude des patines. En s'appuyant sur ces techniques de pointe, Cremaschi (1994: 13) suggère de faire remonter les figures de la grande faune sauvage«à la péri- ode à laquelle les derniers chasseurs épipaléolithiques fréquentèrent les rives des lacs de l'Erg de Mourzouk.» Même s'il se déclare incapable de donner des précisions, il est certain que les études en cours vont dans le sens d'une datation haute des gravures archaïques du Sahara central qui seraient donc très antérieures au Néolithique égyptien (Lutz, R. & G., 1992, 1994, 1995).

Le désert Oriental et le Proche Orient pendant le Dernier Humide (fig. 4)

Aujourd'hui, le désert Oriental ne ressemble au désert Occidental que par son aridité. Les nom- breux oueds fossiles qui le sillonnent, issus de la chaine de massifs le long de la mer Rouge (Red Sea Hills) coulaient toute l'année ou de façon saisonnière pendant le Dernier Humide. Ils représen- taient des lieux de vie très favorables pour des communautés semi-sédentaires de chasseurs/ pêcheurs/collecteurs (de graines et de tubercules). Alors qu'à l'ouest de la vallée du Nil inondée toute l'année, de tout petits groupes de nomades circulaient entre des points d'eau souvent très distants et pouvaient atteindre à grand-peine les mas- sifs du Sahara central ou les savanes soudanaises, les gens de l'Est avaient la possibilité de se déplacer beaucoup plus facilement vers les riches pâturages du Butana au sud; vers la mer Rouge à l'est; vers le Sinaï au nord. La presqu'île du Sinaï, elle aussi gravée de nombreux oueds morts, était, avec des massifs plus élevés (culminant à 2640 mètres au mont Sainte Catherine), plus arrosée que le désert Oriental d'E- gypte où le plus haut sommet ne dépasse pas 2000 mètres. La liaison entre ces deux milieux géo- graphiques très semblables ne présentait pas de difficultés: à la pointe du delta, le wadi Tumilat, effluent de la branche orientale du delta, mène au lac Timsah (sur le trajet du canal de Suez), et de là, sans aucun obstacle, à El Arich, qui est restée de nos jours l'étape principale de la route joignant la vallée du Nil et la Palestine. Le désert Oriental n'a pas bénéficié des explorations systématiques du désert Occidental et la petite oasis de Laqueita prospectée par Debono en 1949 est seule à avoir fourni un outillage épi-

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32°

ISRAEL W. Natron t umila . T W 30° MERIMDE MAADI

Fayoum Cuivre Cuivre Turquoise Bahatiya Cuivre 28° 1580 2640 Cuivre Assiout Farafra Stéatite TASA 2180 BADARI Jaspe

Qena Dakhla Galène Quseir 26° Kharga NAGADA W. Ham Or mamat ADAÏMA LAQEITA

HIERAKONPOLIS 1505 Galène EGYPTE Galène Cuivre Stéatite 24° KUBBANIKA 1977 Assouan Tropique du Cancer

BIR KISEIBA W . A la BIR SAFSAF NABTA PLAYA qui 220 Abu Simbel 22° W W . Ot H . SOUDAN a G l f a a b

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a 0 100 200 km

3e Cataracte

Fig. 4 Le désert Oriental. Ressources minières d’après Majer, 1992: 229.

RdE 47 (1996) 196 INFORMATIONS ET DOCUMENTS paléolithique (non daté). Les recherches des années 80 (Herbert & Wright, 1988/89; Majer, 1992) n'ont pas concerné cette période. Même si les témoignages archéologiques manquent, il est certain qu'il y a eu, pendant le Dernier Humide saharien, des rencontres et des mélanges de végétaux, d'animaux … et d'humains à l'in- térieur d'une vaste zone étendue de la vallée du Nil à celle de l'Euphrate. Qu'en a-t-il été des faits culturels? Quand et comment ont pu se transmettre les différents éléments du Néolithique apparus et développés dans le «Croissant Fertile»? Pourquoi la Mésopotamie et l'Egypte, berceaux des deux plus anciennes civilisations «historiques» de l'Ancien Monde, ont-elle accédé si tardivement au passage du Paléolithique au Néolithique? Là encore, la paléoclimatologie permet d'apporter une réponse cohérente. Tout comme la vallée du Nil égyptien, la Mésopotamie était inondée en permanence pendant le Dernier Humide saharien qualifié de «phase pluviale» pour la péninsule arabique et daté «entre 9000 et 6000 B.P., soit du VIIIe au Ve millénaire B.C. (J.D. Forest, 1995: 71). Le peuplement s'est effectué de façon tout à fait comparable. A la suite de la diminution brutale des pluies, vers 5500 B.C., les terres émergées peu à peu ont attiré les populations du pourtour, qui avaient eu déjà, dans les deux cas, des contacts plus ou moins proches avec les nouveautés du Néolithique.

LE PEUPLEMENT DE L'EGYPTE ANCIENNE — VIe — Ve millénaire

«Autour de 5500 B.C.» est la date communément admise pour fixer le début d'un épisode aride. L'alimentation de ses affluents et donc le débit du Nil semblent avoir connu un rapide déclin tant en période de crue que de basses eaux. La vallée est redevenue progressivement ce qu'elle était avant le Dernier Humide, un pôle d'attraction pour les populations nomades ou semi-sédentaires vivant à l'ouest ou à l'est. Après 4500 B.C., les Sahara égyptien et soudanais, qui avaient connu pendant le Dernier Humide une pluviosité et une écologie différentes, n'ont pas évolué de la même façon. Au nord du 22° N (frontière égypto-soudanaise), l'assèchement s'est poursuivi lentement mais sûrement sans épisode humide de longue durée; il a atteint son terme vers 2900 dans le désert Occidental, quelques siècles plus tard dans le désert Oriental. En Ethiopie et au Soudan, les géologues ont noté plusieurs brèves périodes d'humidité manifestées par l'extension de la surface des lacs, qu'ils ont mise en rapport avec des crues importantes du Nil. L'assèchement définitif de l'actuel désert soudanais, commencé vers 3000 avant J.C. (3000 B.C.), a atteint son terme vers 1000 B.C. Que peut-on tirer de ces données climatiques pour expliquer le peuplement de l'Egypte ancienne?

Désert libyque et Néolithique égyptien

Les deux sites néolithiques égyptiens les mieux étudiés et les plus anciens sont situés dans le désert Occcidental. Fekri Hassan (1985), suivi par Vercoutter (1992: 100) et Midant-Reynes (1992: 105), a daté le «Néolithique Ancien du Fayoum» (Early Fayum Neolithic) vers 5200 à 4500 B.C. (dates calibrées) et le «Néolithique Ancien à Mérimdé» (Early Merimda Neolithic) vers 4800 B.C. A la question encore discutée aujourd'hui de l'origine du Néolithique égyptien, l'examen de la situation géographique des deux sites apporte des éléments de réponse intéressants si l'on tient compte de ce qui a été dit aux pages précédentes sur les contacts culturels entre vallée du Nil et Fezzan libyen à l'époque du Dernier Humide.

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Mérimdé Béni Salamé est situé à 45 km au nord-ouest du Caire, sur la bordure désertique de la branche la plus occidentale du delta. On peut penser que ses premiers occupants sont arrivés par le wadi Natron, effluent fossile du Nil, qui se dirige plein ouest vers la falaise bordant au nord la pro- fonde dépression de Qattara ( — 133 mètres). Cette route utilisée certainement depuis des temps immémoriaux (Cziesla, 1993) aboutit à la fameuse oasis de Siwa. De Siwa, on gagne facilement les oasis libyennes de Giarabub, Augila, Sokna, d'où l'on peut bifurquer vers la Tripolitaine (Barker, 1993) ou bien le Fezzan, porte orientale des massifs du Sahara central. A environ 100 km au sud-ouest du Caire, la grande dépression du Fayoum n'a dû devenir attrac- tive que longtemps après les grandes transgressions des lacs: Paléo Moeris; Pre Moeris; Proto Moeris. Les auteurs spécialistes de la question sont loin d'être d'accord sur les dates qui «compor- tent une large marge d'erreur» (Kozlowski & Ginter, 1993: 331) et il est très difficile de se faire une opinion sur l'origine géographique et ethnique des populations néolithiques des VIe et Ve mil- lénaires B.C. Les recherches effectuées depuis 1980 dans la chaîne des oasis égyptiennes sont loin d'avoir clarifié la situation. Les dates publiées pour Farafra (Barich, 1991; 1993) divergent mal- heureusement de celles de Dakhla (Mac Donald, 1993; Siwa (Hassan, in Close ed., 1987); et de celles du Fayoum. Actuellement (1995), le rôle des grandes oasis dans la naissance du Néolithique égyptien demeure une énigme. Si l'on note que le delta a pris ses dimensions historiques peu après 4000 B.C. (Vercoutter, 1992: 29) et qu'il était, jusqu'à la fin du Ve millénaire, une étendue marécageuse impossible à traverser d'est en ouest, on est toutefois en droit de penser que les premiers Néolithiques égyptiens peuvent être rattachés au groupe libyco-berbère. Un argument dans ce sens est la conservation jusqu'à nos jours, dans l'oasis égyptienne de Siwa, de parlers berbères et de coutumes préislamiques compara- bles à celles des montagnards de l'Aurès (Algérie) ou du Grand Atlas (Maroc). Les nombreux petits points d'eau existant dans le désert libyque ont disparu progressivement à partir du Ve millénaire. Mais de grandes oasis ont subsisté jusqu'à nos jours. Au sortir de Siwa, Giarabub, Augila, Marada, Sokna, jalonnent le trajet vers la Tripolitaine ou vers le Fezzan. Sur ces anciens Libyens dont on sait si peu de choses, une intéressante piste de recherche s'est ouverte avec l'exploration systématique du Messak Settafet et du Messak Mellet. (Jelinek, Le Quellec, Cas- tiglioni, Negro, Van Albada, Gauthier, Lutz). Certaines gravures montrent — avec un luxe de détails exceptionnel dans l'art rupestre- des personnages rappelant les «Libyens» de la palette de Narmer. Des «analogies troublantes» ont été signalées par Van Albada (1994: 30, 57, 59): «dis- ques céphaliques de bovidés, cynocéphales mythologiques, appuie-têtes, queues postiches…». Le manque de datation force à rester prudent, mais la richesse extraordinaire de «l'univers imaginaire» des Libyens du Messak mérite d'être signalée aux égyptologues. (Le Quellec, 1993; Le Quellec et Gauthier, 1993).

Désert arabique et religion égyptienne.

Entre 5500 et 5000 B.C., à l'époque où la terre égyptienne commençait à émerger, le foison- nement des animaux sauvages venant se désaltérer dans la vallée rendait sa traversée extrêmement périlleuse en période de basses eaux. il est donc important de considérer la situation par rapport au fleuve des sites archéologiques datés de cette époque. On peut affirmer que les premiers occupants de la rive gauche venaient du désert libyque et ceux de la rive droite du désert arabique. C'est le cas pour Badari, malheureusement daté de façon aussi imprécise que Mérimdé. Après des évaluations

RdE 47 (1996) 198 INFORMATIONS ET DOCUMENTS de la période de début fixée à 5500 ou 4500, F. Hassan a renoncé à se positionner et a indiqué une date calibrée concernant le seul «Badarien tardif» de 4400 à 4000 (Hassan, 1985). Quelle que soit la date adoptée, plusieurs éléments de la culture badarienne montrent que l'actuel désert arabique était loin d'être asséché et que les nouveaux arrivants gardaient un souvenir très vif des dramatiques conditions d'installation des tout premiers Néolithiques dans la vallée auparavant inondée toute l'année. Le grand nombre d'objets fabriqués en ivoire (aiguilles, peignes, perles, cuillers, vases, stat- uettes) évoque une savane arborée capable de nourrir des éléphants et fournissant le charbon de bois nécessaire à la calcination du minerai de malachite, opération aboutissant à un double résultat: l'extraction du cuivre et la formation sur les pierres du foyer du fameux émail bleu-vert qui n'a cessé d'être employé dans l'Egypte pharaonique. Les sépultures d'animaux sont une caractéristique du Badarien. On trouve, dispersés dans les nécropoles, des restes d'animaux enveloppés, comme les humains, dans une natte ou une peau: chiens, chats, moutons, chèvres, bovins, antilopes, chacals… A l'intérieur des tombes humaines, à côté du défunt sont placés régulièrement des crânes de ces mêmes animaux ou des amulettes les représentant. On a vu là, à juste titre, «l'origine du culte des animaux si caractéristique de l'Egypte historique» (Vercoutter, 1992, 107). Les données paléoclimatiques permettent d'élargir cette interprétation. Pour comprendre la dévotion des Egyptiens aux forces incarnées dans les animaux et les plantes, il faut se reporter à un processus religieux universellement répandu dans les sociétés de chasseurs primitifs: avant de tuer une bête, il faut lui en demander la permission; après l'avoir tuée, il faut lui demander pardon. Le même système de pensée est observé pour les espèces domestiquées qui trans- mettent leur force vitale au groupe humain par leur viande et par leur lait, ou qui sont employées, tel le faucon et le chien, comme auxiliaire du chasseur. Les Egyptiens l'ont poussé à l'extrême avec des animaux particulièrement dangereux comme les serpents ou les scorpions dont ils se firent des alliés en leur attribuant un rôle de protecteur. Tout comme les sépultures d'animaux du Badarien, les grands mythes de la création du monde rappellent l'émergence progressive de la terre égyptienne à partir de marécages où pullulaient les animaux sauvages, en évoquant un élément primordial liquide. Par rapport à la «culture» néolithique de Mérimdé, on parle volontiers de la «civilisation» badarienne, point de départ des civilisations prédynastiques et historiques. Là encore, la paléocli- matologie apporte un éclairage nouveau sur l'origine des Badariens. Ce n'est pas à l'époque du peuplement, — en gros de -5500 à -4000,- qu'il faut aller chercher les racines des nouveautés technologiques et religieuses du Badarien. A cause des facilités de circula- tion évoquées plus haut, c'est pendant le Dernier humide et à l'intérieur du désert Arabique (et de son prolongement soudanais ou désert Nubien), que des contacts et des échanges ont eu lieu avec le nord, l'est et surtout le sud (Allard-Huard, 1993-1994). L'importance de ces contacts a été tout récemment mise en valeur par les chercheurs italiens du CeRDO explorant, depuis 1989, le nord-est du désert nubien (Sadr. et al., 1994). Au cours des cam- pagnes 1993 et 1994, ils ont découvert les traces d'un habitat groupé formant un village étendu sur plusieurs kilomètres de la rive occidentale d'un petit wadi fossile et contenant des centaines de poteries du même style que celles du Groupe A de Basse Nubie. Une des tombes circulaires fouil- lées était celle d'une femme adulte portant un bracelet en or massif heureusement épargné par les pilleurs ainsi que le lot d'offrandes funéraires: des perles et un collier de pierres, du charbon de bois, un bucrâne de bovin et un de mouton ou chèvre.

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Un laboratoire de Pretoria a daté cette tombe du «milieu du Ve millénaire avant J.C.». Si cette date est confirmée, il faut admetttre que le désert Oriental a représenté le véritable berceau du peu- plement de l'Egypte Ancienne. Le phénomène de la «nilotisation» tant invoqué pour expliquer l'o- riginalité, sur les plans technique, artistique et religieux, de la civilisation égyptienne, est le résultat d'un métissage heureux, effectué aux VIe et Ve millénaires, alors que l'actuel désert soudanais était encore habitable, entre des populations venues d'horizons divers, qui avaient eu des contacts avec des nouveautés du Néolithique; avec une nette majorité venue du désert Oriental, égyptien et soudanais. A quel groupe linguistique ou anthropologique peut-on les rattacher? Très probablement au type «éthiopien», au sens anthropologique du terme, répandu dans l'Est de l'Afrique, caractérisé par une face allongée sans prognathisme, des cheveux noirs, droits ou ondulés, un nez droit, une teinte de peau très variable présentant tous les échelons entre café au lait et noir. Très probablement aussi au groupe linguistique longemps appelé hamito-sémitique, présent à la fois dans le nord-est de l'Afrique et dans le sud-ouest de l'Asie, ce qui a donné lieu à toutes sortes d'hypothèses plus ou moins fantaisistes sur les origines asiatiques de la civilisation égyptienne.

L'ACHEVEMENT DE LA NILOTISATION — IVe millénaire

Les notions récemment acquises de frontière écologique (à la hauteur de la frontière égypto- soudanaise) et de décalage chronologique entre les déserts égyptiens et soudanais permettent d'ex- pliquer de façon plus cohérente les différences culturelles entre les deux pays. Au Soudan, les larges plaines alluviales de la Gezira (au sud de Khartoum, entre Nil Blanc et Nil Bleu) et du Butana (entre Atbara et Nil Bleu) sont restées arrosées et propices à l'élevage des bovins très longtemps après la fin du Dernier Humide. Des civilisations pastorales s'y sont développées au Ve millénaire avec un habitat semi-permanent, connues sous le nom de Néolithique soudanais: ancien, de 4900 à 4450; et moyen, de 4400 à 3800 (dates calibrées, Hassan, 1986). On retrouve plus au nord, dans des zones où la vallée du fleuve est suffisamment large comme à Kadruka dans le bassin de Kerma à 50 km en amont de la IIIe cataracte, des traces évidentes de l'élevage des bovins avec des bucrânes dans les tombes. (Reinold, 1994).

En Egypte, les conditions géographiques et climatiques sont bien différentes: 1/ L'assèchement, commencé brutalement vers 5500, se poursuivra inexorablement mais très lentement, pendant les Ve et IVe millénaires jusque vers 2900 dans le désert Occidental, quelques siècles plus tard dans le désert Oriental. 2/ L'étroitesse de la vallée s'oppose à la généralisation de l'élevage. 3/ Au début du IVe millénaire, les descendants des immigrants semi-nomades du Ve millénaire se trouvent enfermés dans la vallée. La circulation par voie terrestre à quelque distance de la val- lée inondable devient difficile et le fleuve est alors la seule voie de communication entre le sud et le nord aussi bien qu'entre les deux rives. La continuité évidente entre le Badarien (sur la rive droite) et l'Amratien ou Nagada 1 (sur la rive gauche) prouve que la «nilotisation» arrive à son terme. Dans le cours du IVe millénaire, l'assèchement des wadis perpendiculaires au Nil aboutit à l'abandon progressif des plateaux, jusqu'alors exploités, qui dominent la rive gauche et contraint leurs habitants semi-nomades à se sédentariser dans la vallée. Le «glissement de l'occupation vers le fleuve» apparaît clairement sur les sites archéologiques d'Adaîma (Midant-Reynes, 1992) et de Hierakonpolis (Hoffman, Mills, 1993)

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4/ Les routes du désert restent toutefois fréquentées: en témoignent les pistes venant de la grande oasis de Kharga aboutissant à El Amrah et à Nagada ou, sur l'autre rive, le débouché du wadi Hammamat — chemin le plus court vers la mer Rouge — en face de Nagada. Les relations de la vallée avec le désert Oriental et ses richesses minérales seront certainement précisées par les prochaines campagnes de fouilles, comme ont été éclairés les contacts culturels entre la Nubie et l'Egypte.

Vers 3500, lorsque les gens de Maadi ouvrent la Basse Egypte au commerce avec le couloir syro- palestinien, la géographie et la climatologie, définitivement fixées, perdent de leur intérêt: l'Egypte préhistorique est prête à entrer dans l'Histoire.

Résumé/Abstract Depuis 1980, la paléoclimatologie saharienne a enregistré des progrès spectaculaires qui appor- tent un éclairage nouveau à la question tant discutée du peuplement de l'Egypte ancienne. Les mouvements de population déterminés par les changements dans la flore et dans la faune sont particulièrement faciles à suivre en Egypte. Dans les périodes “arides”, la vallée est un pôle d'attraction. Dans les périodes ”humides” et notamment la dernière — entre 10 000 et 5 500 avant J.-C. environ — le désert constituait un milieu de vie favorable tandis que la vallée devenait un pôle de répulsion. Le fleuve, alimenté par des affluents plus nombreux et beaucoup plus puissants qu'au- jourd'hui, la remplissait tout au long de l'année. L'affinement progressif de la paléoclimatologie conduit à démentir plusieurs idées reçus, et par- ticulièrement l'importance des influences asiatiques dans la civilisation égyptienne.

Paleoclimatology, with its close links to physical geography, determines paleoecology and con- sequently accounts for the way of life and the movements of the prehistoric populations. More obvi- ously so in 's case than in other places, it is the main key to the history of its settlements, because the Egyptian Nile runs down a narrow valley between two deserts and because the water- flow of its yearly floods originates in distant lands — the Ethiopian Range and the area of the great African Lakes, which always benefited from a good rainfall-. In the so-called humid ages, the pre- sent desert was hospitable to man, unlike the valley, flooded all year round by tumultuous tribu- taries. In the arid periods, its population, then attracted by the valley, would abandon it. The dramatic new inroads which have been made in Saharian paleoclimatology since 1980 dis- prove a number of preconceived ideas and strenghten the notion that the Egyptian culture was much less dependent on Asian influences than hitherto asserted.

RÉFÉRENCES

Pour certains auteurs, plusieurs références datées sont indiquées dans le texte. Il ne sera donné ici que la plus récente. En raison du nombre de leurs collaborateurs cités, trois ouvrages collectifs sont mentionnés en abrégé:

KRZ., KOB. & AL. pour: KRZYNANIAK L., KOBUZIEWICZ M. & J. ALEXANDER, eds, 1993, Environmental change and human culture in the Nile basin and Northern Africa until the second millenium B.C., Poznan, Archaelogical Museum.

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Marianne CORNEVIN 10, rue Vandrezanne F-75013 Paris

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