Scarlatti – Soler Sonatas Per Cimbalo & Fandango
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
a Scarlatti – Soler Sonatas per cimbalo & Fandango Bertrand Cuiller a Scarlatti – Soler Sonatas per cimbalo & Fandango 1 Sonata K420 en ut majeur, Allegro 3’51 2 Sonata K462 en fa mineur, Andante, 5’47 3 Sonata K132 en ut majeur, Cantabile 5’12 4 Sonata K65 en la majeur, Allegro 2’37 5 Padre Antonio Soler : Fandango 9’40 6 Sonata K144 en sol majeur, Cantabile 3’46 7 Sonata K119 en ré majeur, Allegro 4’59 8 Sonata K426 en sol mineur, Andante 6’50 9 Sonata K115 en ut mineur, Allegro 4’01 Illustration : 10 Sonata K206 en mi majeur, Andante 5’45 Francisco José de Goya y Lucientes 11 Sonata K25 en fa# mineur, Allegro 1’54 Fuendetodos près Saragosse, Aragon 1746 – Bordeaux 1828 12 Sonata K475 en mi bémol majeur, Allegrissimo 2’39 L’Ombrelle ou Le Parasol, 1776 – 78 [1777] 13 Sonata K30 en sol mineur, Moderato 5’51 Carton de tapisserie, Huile sur toile de lin, 104 x 152 cm Madrid, Musée du Prado Le commentaire de ce tableau par Denis Grenier est en page 9. Bertrand Cuiller, clavecin 9 Clavecin de Philippe Humeau, dans la tradition des instruments italiens Francisco José de Goya y Lucientes de la première moitié du xviii e siècle, fait à Barbaste en 2002 Fuendetodos près Saragosse, Aragon 1746 – Bordeaux 1828 L’Ombrelle ou Le Parasol, 1776 – 78 [1777] Carton de tapisserie, Huile sur toile de lin, 104 x 152 cm Bertrand Cuiller remercie Louise Moaty, Hugues Deschaux, Jean-François Brun Madrid, Musée du Prado et Marie-Hélène Labat pour cet enregistrement. Les débuts de Goya à Saragosse sont difficiles, mais par l’entremise de son père doreur, Enregistré en janvier 2009 à Paris, Chapelle Notre-Dame de Bon-Secours. dont il est l’assistant, il est recruté par les chanoines du chapitre pour décorer à fresque une chapelle de la basilique Santa Maria del Pilar et, quelques années plus tard, la coupole. En 1775, son mariage avec Josefa va changer sa vie et mettre fin à la précarité Prise de son, montage & direction artistique : Hugues Deschaux de sa situation, sa nouvelle épouse étant la sœur de Francisco Bayeu, membre de l’Académie Royale des Beaux-Arts San Fernando de Madrid, dont la protection lui permet de joindre le groupe d’artistes chargés d’enrichir la collection de la Manufacture Accord du clavecin : Jean-François Brun royale de tapisseries Santa Barbara de la capitale. Goya y réalise plusieurs cartons dont le degré d’achèvement et la qualité d’exécution en font de véritables tableaux [Durliat]. L’Ombrelle est un des plus connus, les liciers le transformeront en tenture destinée à servir d’écran à une fenêtre de la salle à manger du palais royal du Pardo, résidence d’hiver du prince et de la princesse des Asturies, futurs Charles IV et reine Marie-Louise, ceux-ci devenus souverains d’Espagne une décennie plus tard. Assise sur le sol une jeune fille portant une cape sans manches, qui recouvre en partie son chemisier bleu, rehaussé d’une fleur de tissu sur la poitrine, fait une pause au cours d’une promenade en compagnie de son amoureux. Sur le tablier clair, jeté sur sa jupe jaune or, un petit chien noir et blanc s’est lové en toute confiance. Tenant de la main droite un éventail fermé, l’air enjoué, elle fixe le spectateur de ses yeux vifs. À ses côtés, les cheveux retenus par un foulard, la main sur la hanche pour se donner un air de majo bravo, son compagnon tient avec nonchalance le pare-soleil 10 11 vert brillant destiné à protéger sa conquête des rayons solaires. Son élégante ceinture dénonciateur. Séduit par les idées révolutionnaires, il verra les armées napoléoniennes de soie est empruntée à la mode française, alors que sa mise de « pauvre » l’associe à anéantir ses rêves. Les effets en seront douloureux pour lui et pour son pays, tel que la classe populaire, un clin d’œil de l’artiste à ceux qui, comme lui, sont d’origine le donne à voir son célèbre 3 mai 1808 [1814], alors qu’avec Ferdinand VII, le retour modeste. Or voilà que le ciel, envahi par les nuages, s’obscurcit et que les vêtements de l’absolutisme et de l’Inquisition ruinent tout espoir. Goya, lui, aura fait passer la de la dame s’apprêtent à virevolter au gré du vent comme les feuilles de l’arbre derrière peinture espagnole et européenne du xviiie siècle au xixe, et inauguré le Romantisme. eux. Peinte avec des couleurs éclatantes et lumineuses, l’œuvre séduit par la simplicité Après avoir sillonné l’Europe, Scarlatti se fixe à Madrid et y meurt en 1757. de son sujet, la spontanéité juvénile des protagonistes, tout en manifestant une maîtrise Le compositeur d’origine napolitaine a assimilé les valeurs de multiples cultures, et technique qui, déjà, sous-tend une science picturale étonnante chez un artiste de cet réalisé la fusion entre les mondes italien et ibérique. Avant que l’univers de Goya ne âge, appelé il est vrai à devenir l’un des plus grand peintres de la tradition occidentale. s’assombrisse, l’art du peintre et celui du compositeur se seront rencontrés en un bref À ce stade de son cheminement, Goya est déjà en mesure de réaliser une synthèse moment de grâce, en synchronie avec le Fandango du Padre Soler. La joie de vivre est à des diverses cultures européennes des xviie et xviiie siècles, alors que le chiaroscuro l’ordre du jour, mais pour peu de temps encore. caravagesque, implanté à la grandeur du continent, est un héritage universellement partagé. Au style vigoureux, monumental, et lumineux de Giovanni Battista Tiepolo, © Denis Grenier maître du Rococo italien, actif au palais royal de Madrid, où l’on trouve ses fameuses Département d’histoire fresques à la gloire des Bourbons d’Espagne, semble se conjuguer le charme et la Université Laval, Québec délicatesse de la Rocaille française, illustrés dans les salons parisiens par François http://www.hst.ulaval.ca/Profs/Dgrenier/Dgrenier.htm Boucher, lui-même auteur de cartons de tapisserie marqués au coin du raffinement et http://www.ckrl.qc.ca/index.php?page_id=1&jourp=10&emissionid=290 de la galanterie, auxquels la naturalisation espagnole confère une certaine rusticité. Les http://qobuz.com/blogs/denisgrenier/ textures et les reflets des tissus ne sont pas sans rappeler non plus Rembrandt et Vermeer, http://qobuz.com/blogs/couleurs/ tributaires comme leurs compatriotes de l’école flamande d’origine, à laquelle l’Espagne [email protected] artistique, y compris Velázquez, est elle-même redevable. En reconnaissant le grand Avril 2010 peintre espagnol comme son maître, et à son instar, Goya affirme le primat de la nature, séminale du réalisme idiomatique à la peinture espagnole. Quant au mur qui ferme la vue à gauche, il est sans doute annonciateur d’un néoclassicisme qui commence à prendre forme, et va bientôt sonner la fin de la récréation. En 1792 le drame personnel ut pictura musica d’une surdité définitive confinera le peintre à son monde intérieur, et le rendra acide et la musique est peinture, la peinture est musique 12 13 1685 : un grand millésime dans l’histoire de la musique ! En février, Georg Friedrich Nicolino fait également le voyage d’ici à Venise, j’ai décidé d’envoyer mon fils avec lui : Haendel naît à Halle, en Allemagne. Un mois plus tard, tout près de là, Johann et accompagné de son seul talent (il a grandement évolué depuis qu’il a pu avec moi Sebastian Bach voit le jour à Eisenach. Et la même année, le 16 octobre, c’est au partager l’honneur de servir votre Altesse royale en personne voici trois ans), il part tour de Domenico Scarlatti de venir au monde, dans une Naples sous domination comme un vagabond qui va saisir toutes les occasions qui se présentent à lui pour se faire espagnole depuis bientôt deux siècles. un nom : on ne peut pas en espérer ici à Rome. » À Venise, Domenico complète son éducation musicale auprès de Francesco Bien que ses premiers pas en musique ne nous soient pas connus, nous pouvons Gasparini. Il se perfectionne dans les règles du contrepoint héritées de Palestrina et supposer qu’il les a faits en famille : ses tantes Anna Maria et Melchiorra Brigida étudie l’œuvre de Frescobaldi. sont chanteuses, son oncle Francesco est violoniste ; mais le plus connu de la fratrie Nous le découvrons comme un virtuose à l’allure énigmatique à travers le récit est son père Alessandro, l’un des plus célèbres compositeurs d’opéras de son temps, de sa rencontre avec le jeune claveciniste anglais Thomas Roseingrave, alors de dont un manuscrit de toccatas pour clavecin contenant de nombreux doigtés ne passage à Venise : Roseingrave vient de régaler l’auditoire par une toccata brillante laisse pas de doute sur sa vocation pédagogique. jouée avec fougue… Pour son premier emploi officiel –le très doué Domenico n’a que 16 ans – « Un jeune homme à l’air grave, en habit et perruque noirs, qui se tenait dans son père, alors maître de chapelle du vice-roi espagnol de Naples, le fait nommer un coin de la pièce et avait suivi en silence et avec beaucoup d’attention le récital de organiste et compositeur auprès de lui. Roseingrave, fut invité à venir s’asseoir au clavecin. Lorsqu’il commença à jouer, Rosy En 1702, dans des temps troublés par la guerre de Succession d’Espagne suite dit, qu’il avait cru que mille d….s (démons) s’étaient emparés de l’instrument ; jamais à la mort de Carlos II, Alessandro quitte Naples à la recherche d’une position auparavant il n’avait entendu une telle virtuosité, un tel déploiement d’inventivité.