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« Et si la ville durable

B2V Bien Vivre la Ville favorisait la santé et le bien-être ? » Groupe de travail : Santé et Enjeux urbains. Fondation d’Entreprise AIA Architecture - Santé - Environnement

B2V

D’après une photographie de Tim Sklyarov Bien Vivre la Ville Prologue

Nous, nouveaux, sans-nom, difficiles à comprendre, nous, enfants précoces d’un avenir encore non assuré, nous avons besoin pour un nouveau but d’un nouveau moyen aussi, à savoir d’une nouvelle santé, plus forte, plus rusée, plus opiniâtre, plus téméraire que l’ont été toutes les santés jusqu’à présent. Celui dont l’âme a soif d’avoir vécu tout le spectre des valeurs et des choses jugées désirables jusqu’à présent, et navigué sur toutes les côtes de cette « Méditerranée » idéale, celui qui veut, à partir des aventures de son expérience la plus personnelle, connaître les sentiments d’un conquérant et d’un découvreur d’idéal, et de même d’un artiste, d’un saint, d’un législateur, d’un sage, d’un savant, d’un homme pieux, d’un devin, d’un homme vivant divinement à l’écart dans le style antique : celui-là a avant tout besoin d’une chose pour ce faire, de la grande santé, une santé que l’on ne se contente pas d’avoir, mais que l’on conquiert encore et doit conquérir continuellement, parce qu’on la sacrifie et doit la sacrifier sans cesse !...

NIETZSCHE Le gai savoir - 382 La grande santé

2 3 Avant propos

La fondation AIA Architecture - Santé- Environnement Groupe de travail B2V (Bien Vivre la Ville) santé et enjeux urbains

La Fondation d’entreprise AIA Architecture - Santé - Environnement est née de la volonté des associés du Groupe AIA Associés, d’abriter dans une entité ouverte et identifiable des réflexions, des analyses, des actions… sur les thèmes liés à l’architecture, la santé et l’environnement. Forte d’un comité scientifique composé d’une trentaine de membres, en lien avec des universités et animée par des associés AIA, cette fondation motive et soutien des réflexions telles que B2V (Bien Vivre la Ville).

L’expérience du groupe fondateur en urbanisme, en infrastructure urbaine, reconnue dans le monde sanitaire et social ainsi que dans la santé, offre un creuset qui rassemble experts, chercheurs et étudiants pour porter une réflexion sur la santé de la ville de demain.

santé

urbanisme 2 bien vivre la ville environnement

4 5 Et si la ville durable favorisait la santé et le bien-être ? Une méthode de recherche en 4 étapes : Révéler, S’interroger, Proposer, Démontrer

LETTRE DE CADRAGE ATELIER SYNTHESE

RÉVÉLER S’INTERROGER PROPOSER

DÉMONTRER PUBLICATION 10km Tokyo Londres Paris Hong Kong Seoul Shanghai Le Caire Mumbai 22,2 Mhab. 38 Mhab. 8,2 Mhab. 12 Mhab. 15,8 Mhab. 20,5 Mhab. 25,8 Mhab. 15,2 Mhab. 18,4 Mhab.

Métropole de type Alpha + Métropole de type Alpha Métropole de type Beta + <

Classification de grandes métropoles étudiées au cours de l’étude B2V. Les taches noires correspondent à l’aire urbaine de chacune des métropoles en 2010, les lignes rouges à leur limite administrative.

Depuis des siècles, il est communément admis que l’on vit mieux à la Se pencher sur les relations entre santé et forme urbaine tout au long de l’histoire campagne et dans les villes petites ou moyennes que dans les centres denses des grandes mutations métropolitaines, c’est aussi RÉVÉLER le paradoxe fertile des métropoles. Moins de «stress», de pollutions, de risques de contagion qui les lie aujourd’hui. Il s’agit de prendre toute la mesure des phénomènes par voie d’épidémies, et moins de promiscuité auraient pour conséquence contemporains auxquels nos sociétés doivent faire face - augmentation de un «mieux être» général - condition sine-qua-non, dans un monde en voie la population mondiale, raréfaction de nos ressources, accroissement de d’urbanisation généralisée, d’un cadre de vie «durable». nos besoins, allongement de la durée de vie, etc. - afin d’appréhender au mieux les meilleures conditions d’un développement le plus durable possible. Or, paradoxalement, les statistiques récentes font apparaître que c’est S’INTERROGER sur ce qui agit au coeur des métropoles occidentales comme aujourd’hui dans les hyper-centres (Paris-intra-muros, , etc.) des facteurs de crise ou vecteurs de bien-être, en comprendre leurs impacts et métropoles modernes (Paris, New York, Londres, Tokyo, Singapour, Hong Kong leurs potentiels sur le territoire et les populations qui s’y développent, invite et même Shanghaï) que l’on vit le plus longtemps. Bien entendu, la longévité à reconsidérer l’équation « métropole/santé/environnement » et les valeurs des habitants n’est pas le seul indicateur du «bien vivre». Bien entendu, ce qu’on lui affecte. Grâce à l’analyse et au décryptage de propositions constat s’inverse (plus ou moins) dans les mégapoles du quart-monde ou novatrices et singulières, de nouveaux champs de recherches se présentent des pays émergents. Et bien entendu aussi, dans les métropoles modernes, à nous. La mise en perspective de ces diverses solutions offre aujourd’hui ce privilège des hyper-centres denses a peut-être pour prix la dégradation l’opportunité de PROPOSER une nouvelle équation aux questions qui nous des conditions du bien-être dans les périphéries diffuses. Reste qu’il y a là un animent : « urbanité/bien-être/écologie ». Plus qualitative, plus ouverte, elle paradoxe qui mérite d’être interrogé : quelles sont en effet, par-delà les devrait stimuler et nous inviter à changer de paradigme. évidences portant sur les niveaux de vies différents et la qualité des services, les causes d’un tel phénomène qui bouscule bien des idées reçues? Et quelles sont surtout les conséquences qu’il convient d’en tirer en matière d’urbanisme durable?

C’est à l’analyse de cette configuration inédite du bien vivre urbain contemporain, condition sine-qua-non d’une ville durable, qu’est consacré ce travail de recherche dans le cadre de la Fondation d’entreprise AIA. Architecture Santé Environnement.

6 7 RÉVÉLER S’INTERROGER PROPOSER DÉMONTRER Démontrer : le temps de l’expérimentation Nous révélons trois Après avoir commencé à Tout en poursuivant notre Enfin, vient une phase à phénomènes comme prendre conscience des questionnement, il devrait la fois plus opérationnelle éléments déclencheurs de enjeux et des problèmes, être possible de mettre et plus prospective, et notre étude : d’en avoir clairement au point des indices concluant toutes les - Aujourd’hui la majorité de démontré l’existence, composites plus adaptés étapes précédentes. la population mondiale vit il convient ensuite de encore à notre démarche, Armés d’outils à la fois dans les villes. s’interroger sur leur plus à même encore de plus efficaces et plus sûrs, - L’espérance de vie origine, de débattre, de révéler des pathologies et après avoir clairement moyenne à la naissance en tenter de les expliquer et urbaines remarquables, des identifié la plupart des lieux ville est récemment passée de les comprendre, de lieux et des situations où se d’intervention possibles, au dessus de celle des proposer des hypothèses concentrent nombre de nos il faut voir la forme que régions rurales au niveau acceptables, et de donner diagnostics et donc autant pourraient concrètement mondial. une légende correcte aux de solutions potentielles. prendre ces projets afin - L’urbanisation du monde documents produits durant Où intervenir ? Que peut- qu’ils rayonnent dans se concentre dans des la phase précédente afin on éventuellement faire leur contexte social et régions métropolitaines de les affiner. Il faudra croiser ? Pourquoi ? Quelles territorial, qu’ils soient à la étendues. le maximum de travaux et améliorations notables en fois efficaces et adaptés au Si évidents soient ces de compétences possibles matière de bien-être et sein des métropoles. constats ils posent pour (sociologues, géographes, de santé certains projets nous un certain nombre médecins, scientifiques... urbains ou architecturaux de questions connexes qui etc) en les adjoignant à peuvent-ils apporter aux « D’abord il n’y a rien, et ensuite viens l’idée qu’il n’y a rien » Lao Tseu alimenteront notre travail notre propre compétence habitants des métropoles de problématisation ; de d’urbanistes-architectes. ? Que pouvons-nous quelle ville parle-t-on ? Et c’est également à ce éventuellement solutionner Des villes occidentales moment que de possibles ? étendues ou des villes comparaisons avec les saturées des pays du sud ? situations prévalant au Sur quelle base territoriale sein d’autres métropoles LE WORKSHOP B2V est mesurée l’espérance étrangères du même de vie ? Au delà des ordre pourraient se indicateurs classiques, révéler particulièrement le bien-être en ville est-il pertinentes. Objectifs équivalent dans toute la diversité des tissus urbains Sur la base du travail et des recherches initiés par l’atelier B2V, il s’agit au sein des grandes métropoles ? d’un workshop de stimuler l’inventivité et l’expertise des ressources internes de l’agence AIA, les compétences et les pratiques de chacun qui, au service d’un même objectif, devraient DÉMONTRER la pertinence d’un tel questionnement. A travers l’expérimentation et la mise en situation, les équipes devront proposer un panel de propositions riches et vertueuses à différentes échelles. Ces propositions pourraient s’apparenter à de « nouveaux dispositifs urbains ».

Construction du Workshop

Réagir sur la dynamique des deux équations : Métropole / Santé / Environnement Urbanisme / Bien-être / Écologie

8 9 Sommaire Chapitre 3 PROPOSER p.94 La ville stimulante pour le plus grand Chapitre 1 nombre ? 3.1 Ouvrir un contexte propice à l’innovation RÉVÉLER p.17 La ville stimulante : un espace privilégié 3.1.1 Expériences contemporaines ...... p.97

3.1.2 Vers un urbanisme guide ...... La structure urbaine de la métropole p.164

favorise le bien-être de ses habitants 3.1.3 Ville et environnement : une transversalité nécessaire ...... p.169 1.1 Le bien-être dans la métropole : 1.2 Le bien-être dans la métropole : 3.2 Une méthode pour stimuler l’imagination un constat paradoxal et le fruit d’une accumulation Vers un processus de re-singularisation contemporain historique ou comment stimuler de nouvelles situations de projet ?

1.1.1 Un phénomène paradoxal ...... p.18 1.2.1 Histoire choisie des villes ...... p.22 3.2.1 1.1.2 Un phénomène récent ...... p.20 1.2.2 A chaque époque ses maux ...... p.24 Identifier, pour en souligner les singularité ...... p.173

1.3 Prémisses de l’architecture blanche : 3.2.2 Organiser, pour distinguer révéler l’essence ...... p.176 architecture du bien-être ...... p.32

3.2.3 Connecter, pour montrer les modes opératoires ... p.190 Chapitre 2 Chapitre 4 p.35 S’INTERROGER p.202 DÉMONTRER Comprendre les vecteurs qui le temps favorisent le bien-être en ville de l’expérimentation

L’environnement urbain : Inégalités métropolitaines 2.1 2.3 4.1 Présentation du workshop B2V un rôle de premier plan 2.3.1 Crise métropolitaine ! Centre Vs Périphérie 4.1.1 2.1.1 Un environnement d’abord adapté L’exemple de l’Ile-de-France ...... p.86 Objectif ...... p.204 à l’homme et fabriqué par lui ...... p.36 2.3.2 Bien-Être urbain ? Vers une ville stimulante 4.1.2 Organisation du workshop ...... p.205 2.1.2 Trois éléments qui influent sur la L’exemple de New York ...... p.88 2.3.3 4.1.3 santé ...... p.42 Et si la ville stimulante Calendrier ...... p.206 pouvait se diffuser dans les métropoles ? p.92 2.2 De nombreux critères 4.2 Trois espaces types de la métropole p.207 concomitants 2.2.1 Vecteurs de bien-être ...... p.56

2.2.2 Facteurs de crise...... p.70

10 11 Introduction

Les éléments déclencheurs

United Nation Data. < <

Carte des 100 plus grandes villes mondiales, United Nation Data.

1 humain sur 7 vit actuellement dans l’une des 100 plus grandes villes mondiales.

Chaque semaine, 1 million de citadins en plus.

Nous révélons trois phénomènes comme éléments déclencheurs de notre étude :

- L’espérance de vie moyenne à la naissance en ville est récemment passée au Population mondiale (milliards d’hbt) 9,6M dessus de celle des régions rurales au niveau mondial. - Depuis 2008 la majorité de la population mondiale vit en ville. 9 - L’urbanisation du monde se concentre dans des régions métropolitaines étendues.

8 Si évidents soient ces constats ils posent pour nous un certain nombre de questions connexes qui alimenteront notre travail de problématisation ; de quelle ville parle- 7 t-on ? Des villes occidentales étendues ou des villes saturées des pays du sud ? Sur quelle base territoriale est mesurée l’espérance de vie ? Au delà des indicateurs classiques, le bien-être en ville est-il équivalent dans toute la diversité des tissus urbains 6 des grandes métropoles ?

5 Depuis le 31 décembre 1986, 4 l’empreinte écologique mondiale a dépassé la biocapacité de la planète. Population mondiale

3 En 2030, il faudra deux planètes pour subvenir aux besoins de la United Nation Data. < population mondiale ... 1970 1990 2010 2030 2050 D’ici à 2050, 6 milliards de personnes vivront en ville.

12 13 Trois notions intimement imbriquées Espérance de vie / Santé / Bien-être

SANTÉ

La notion de santé ne serait < donc pas seulement physique, « La santé est un état de complet mais aussi un état de bien-être essentiel à l’épanouissement bien-être, physique, mental et social, des personnes. et ne consiste pas seulement en une prévenir guérir s’épanouir absence de maladie ou d’infirmité.»

Préambule à la constitution de l’Organisme Mondial de la Santé (OMS), New York, 19-22 juin 1946.

L’espérance de vie à la naissance (ou à l’âge 0) re- présente la durée de vie moyenne - autrement dit corporel mental social l’âge moyen au décès - d’une génération fictive soumise aux conditions de mortalité de l’année. Elle caractérise la mortalité indépendamment de la structure par âge. <

Définition de l’espérance de vie à la naissance proposée par l’INSEE. C’est de cette forme d’espérance de vie dont il est question, mais vivre longtemps n’est pas synonyme de vivre dans de bonnes conditions ...

< BIEN-ÊTRE

Suite à la définition de la santé faite par l’OMS un rapprochement peut être fait entre santé et bien-être. Être en bonne santé ne serait donc pas qu’une question de guérison mais aussi de prévention de la maladie et d’un épanouissement personnel. C’est ici un premier changement de paradigme.

14 15 CHAPITRE 1 : RÉVÉLER CHAPITRE 1 : RÉVÉLER

Chapitre 1 RÉVÉLER : La structure urbaine de la métropole favorise le bien-être de ses habitants

1.1 Le bien-être dans la métropole : un constat paradoxal et contemporain

1.1.1 Un phénomène paradoxal ...... p.16 1 1.1.2 Un phénomène récent ...... p.18 1.2 Le bien-être dans la métropole : le fruit d’une accumulation historique

1.2.1 Histoire choisie des villes ...... p.20

1.2.2 A chaque époque ses maux ...... p.22

1.3 Prémisses de l’architecture blanche : architecture du bien-être ...... p.30

16 17 Population mondiale (milliards d’hbt) 8

7 CHAPITRE 1 : RÉVÉLER CHAPITRE 1 : RÉVÉLER

6 1.1 Le bien-être dans la métropole : britanniques en matière d’espérance de vie à la naissance. Il en va de même pour 5 Séoul par rapport au reste de la Corée, pour Shanghaï et Hong Kong par rapport au un constat paradoxal et contemporain reste de la Chine... Au Canada, ce sont les arrondissements centraux de Vancouver (les plus denses du pays) qui sont considérés comme les plus propices à une bonne santé 4 2008 physique et mentale1, et après avoir été longtemps à la traîne, certains arrondissements 1 2 1.31. Un phénomène paradoxal, poids de l’imaginaire de New York semblent également aller dans cette direction . Population mondiale collectif Population mondiale (milliards d’hbt) Comment expliquer une telle dichotomie entre les appréciations subjectives d’une 2 Population rurale 8 majorité de la population, et les mesures objectives des scientifiques ? En l’espace de 6 ans, deux bouleversements historiques1 Population à l’échelleurbaine mondiale. La majorité 7 Il est vrai que depuis plusieurs siècles déjà, les villes et particulièrement les plus grandes de la population vit en ville et on y vit plus et les plus industrialisées d’entre elles souffrent d’une mauvaise presse, d’une mauvaise longtemps. 6 1910 1930 1950 1970 1990 2010 réputation profondément enracinée dans l’imaginaire des populations. Stressantes, hyper-bruyantes, polluées, peuplées de foules anonymes ne facilitant pas forcément 5 une qualité des rapports humains, les arguments ne manquent pas contre les villes. Et Espérance de vie mondiale à la naissance (ans) c’est particulièrement vrai au moment même où les thématiques dites « écologiques 80 2001 » ou de retour à la nature (ou plutôt à une certaine idée de la nature, dirons-nous) 4 2008 semblent de plus en représentées au sein des débats politiques contemporains, que ce 70 EV rurale 3 soit par nécessité ou par sincère adhésion idéologique. Population mondiale EV urbaine 60 2 Population rurale 1 Document publié par l’université de Victoria, BC: http://www.geog.uvic.ca/wellness/wellness2011/Ch12_8.pdf 2 Article du New-York Daily News daté du 18 juin 2012: http://www.nydailynews.com/life-style/health/new-york-city-healthiest- 50 place-live-manhattanites-expect-live-age-82-article-1.1097791 1 Population urbaine 40 « Les 9 villes françaises analysées pourraient 1910 1930 1950 1970 1990 2010 1910 1930 1950 1970 1990 2010 gagner 4 à 8 mois d’espérance de vie, < < soit environ 3.000 décès annuels. Marseille Espérance de vie mondiale Évolution de la population aurait le plus à gagner, devant Lille, Paris, à la naissance. mondiale. United Nation data base Espérance de vie mondiale à la naissanceUnited Nation (ans) data base Lyon, Strasbourg, Bordeaux, Rouen, puis Le 80 2001 Havre et Toulouse... » Où vit-on le mieux ? Ville ou campagne ? La question est très ancienne C. Declercq, Présentation des résultats du projet Aphekom, Institut de mais semble plus que jamais d’actualité puisque d’après70 les statistiquesEV rurale veille sanitaire onusiennes (2008), la majorité de l’humanité vit désormais au sein de En Chine, la pollution tue Le programme européen Aphekom en 2012 a passé au crible 25 villes EV urbaine chaque année 300 000 1 personnes du à l’utilisation européennes dont 9 françaises s’attardant sur l’impact des particules grandes conurbations urbaines . Si l’on pose cette question60 à nombre massive du charbon et de l’essor de l’automobile. fines sur la santé. de nos compatriotes, une très large majorité [65%] semble penser que les Le Figaro, 30/12/2009

« campagnes » procurent un bien meilleur cadre de vie, plus50 sain et plus < susceptible d’apporter un réel bien-être 2. Et pourtant... 40 Espérance de vie au Royaume Uni Les sociologues, les médecins et les urbanistes ne semblent pas du même Office for National Statistics, 1910 1930 1950 1970 1990 2010 2013 avis, car les données qu’ils collectent ne vont pas dans ce sens. Au Ces deux cartes montrent que c’est bien au centre contraire même. Par exemple en France en 2011, pour ne prendre qu’un ville de Londres et tout particulièrement dans les seul des indicateurs statistiques généraux de bonne ou mauvaise santé des quartiers les plus denses que < l’espérance de vie est la plus populations, le département où l’espérance de vie à la naissance est la haute. plus longue est Paris3. Plus on se rapproche du cœur même de la métropole < parisienne, et plus cette donnée augmente. Plusieurs autres indices corroborent d’ailleurs cet état de fait : les parisiens sont ainsi les moins susceptibles de tous les français d’avoir une attaque cardiaque. L’état de leurs artères reste en moyenne bien meilleur que dans le reste du pays.

Le phénomène n’est d’ailleurs pas que français : il s’observe également au sein de la plupart des pays développés (alors qu’il est inversé pour les pays pauvres). Les populations vivant dans les cœurs des métropoles les plus compactes, les plus diversifiées et les plus denses voient généralement leur espérance de vie sans cesse s’allonger par rapport à celle de leurs compatriotes. Ainsi, les districts centraux de Londres (Kensington, Chelsea et Westminster notamment4) battent tous les records nationaux des

1 ONU, Communiqué de Presse n°6144 (2008): http://www.un.org/News/fr-press/docs/2008/Note_No._6144.doc.  htm 2 Sondage BVA du 21 mars 2011 et publié dans le quotidien « 20 minutes » : http://www.bva.fr/data/sondage/

sondage_fiche/985/fichier_ville_ou_campagneb14f8.pdf   3 Chiffres de l’INSEE: http://www.statistiques-mondiales.com/france_departements_esperance_de_vie.htm 4 Office for National Statistics, octobre 2011: http://www.ons.gov.uk/ons/dcp171778_238743.pdf

18 19 CHAPITRE 1 : RÉVÉLER CHAPITRE 1 : RÉVÉLER

1 Il faut aussi remarquer que ce phénomène ne concerne que les métropoles 1. Le bien-être dans la métropole : des pays développés ou en voie de l’être. Dans la plupart des grandes villes du tiers-monde, les statistiques sont inversées, et l’extrême densité humaine un constat paradoxal et contemporain semble se corréler avec une baisse significative de l’espérance de vie par rapport aux moyennes nationales1 . C’est le cas par exemple de Mumbai en Inde, ou bien du Caire en Egypte. Ces mégapoles tentaculaires semblent 1.1.2 Un phénomène récent, depuis 30ans être devenues complètement ingérables, et croulent actuellement sous leurs propres effluves et des quantités abyssales de déchets qu’elles ne parviennent plus à recycler, et font face à une pauvreté quasi endémique, c’est à dire structurelle, durablement installée et sur laquelle aucune Espérance de vie à la naissance 1952-1956 Espérance de vie à la naissance 2001-2002 initiative des états ni aucune reprise de l’activité économique ne semble 80 80 2 77.3 apparemment avoir de prise . Le Caire est une ville hélas submergée par ses poubelles, et ce trop plein continue de s’accumuler d’année en année. 70 70 67.2 Pardoxalement, on pourrait dire que Mumbai et le Caire correspondent relativement bien à l’image d’Epinal des maux urbains tels qu’on peut 60 60 les recenser au sein de cet imaginaire populaire qui continue de rêver au calme idyllique de la campagne et de sa vie prétendument plus « saine » 50 50 et plus agréable.

0 0 Corse Corse Alsace Centre Alsace Centre Picardie Picardie Lorraine Limousin Lorraine Bretagne Bretagne Aquitaine Aquitaine Auvergne Auvergne Bourgogne Outre-mer Outre-mer Bourgogne 1 Article du Times of India daté du 3 novembre 2009 : « Mumbaikars die younger than other Indians » : http:// Rhône-Alpes Rhône-Alpes Ile-de-France Midi-Pyrénées Midi-Pyrénées timesofindia.indiatimes.com/india/Mumbaikars-die-younger-than-other-Indians-Study/articleshow/5190726.cms Franche-Comté Franche-Comté Pays de la Loire Pays de la Loire Haute-Normandie Haute-Normandie Basse-Normandie Basse-Normandie Poitou-Charentes Limousin Poitou-Charentes 2 Human Development Report 2009, National Resource Centre for Urban Poverty (Inde) : http://mhupa.gov.in/W Nord-Pas-de-Calais Nord-Pas-de-Calais Champagne-Ardenne Champagne-Ardenne Languedoc-Roussillon Languedoc-Roussillon new/Mumbai%20HDR%20Complete.pdf Ile-de-France Provence-Alpes-Côte d’Azur Provence-Alpes-Côte d’Azur <

Espérance de vie à la naissance En 1952 c’était dans le Limousin, région la plus rurale pour les hommes. Espérance de vie sur la côte Données de démographie régionale de France, que l’espérance de vie était la plus longue. < nord-est des Etats-Unis en Quartier copte de la ville du 1999, état civil, recensements de la  2007 Caire surnommé le «quartier population, Insee. Aujourd’hui, c’est au coeur de l’Ile-de-France. University of Washington. poubelle».

 <

Un bourg du Limousin

<   Il faut noter cependant que le phénomène décrit par les médecins et les chercheurs en matière de santé urbaine demeure relativement   récent. A savoir que s’ils constatent bien que les urbains des pays  riches semblent désormais en moyenne en bien meilleure santé que les ruraux, il n’en a pas toujours été ainsi. 

Les données de l’INSEE révèlent en effet qu’en 1952, la région française qui détenait la plus haute espérance de vie moyenne à la naissance Évolution de l’espérance de était le Limousin1. C’est à dire la région la plus rurale et la moins  < vie sur la côte nord-est des Etats-Unis entre 1987 et 2007. urbanisée de France. Cependant, Paris l’a progressivement rattrapée, University of Washington.  et ne détient ce record que depuis la fin des années 90. Depuis, cette tendance ne fait que se confirmer avec chaque année qui passe.   Il en va de même ailleurs. New York, jusque dans les années 90, était  même nettement en dessous de la moyenne nationale américaine en  matière d’espérance de vie et de santé moyenne de ses habitants. Et Espérance de vie à la naissance (ans)

soudainement, très brusquement, ce chiffre a commencé à faire un 0 5 1.1-1,51.6-2.02.1-3.03.1-4.04.1-4.54.6-5.0 0-0.25 0.51-1.0 bond, la tendance à l’amélioration globale s’accélérant lors de cette 0.26-0.50 dernière décennie2. Les chercheurs américains semblent d’ailleurs avoir identifié l’une des causes principales du décrochage des zones rurales ou périurbaines par rapport aux cœurs de métropoles : à New York, les gains statistiques de l’espérance de vie semblent surtout dus Densité de population sur la < côte nord-est des Etats-Unis. à la baisse des risques de maladies cardio-vasculaires et d’attaques Encyclopedia Britannica, 2003. cardiaques mortelles, au point de représenter 44% de ces gains pour Il existe une corrélation entre densité les hommes et 56% pour les femmes . d’habitant et espérance de vie, comme le prouve le cas de la Métropolis Américaine allant de 1 Fabienne Daguet, « Dans quelles régions meurt-on le plus tard au début du XXIème siècle ? »: http:// Boston à Washington. Pourtant, si www.insee.fr/fr/themes/document.asp?ref_id=ip1114®_id=0 < 2 New York City Department of Health and Mental Hygiene « Life expectancy has increased faster in New cette densité est mal gérée elle peut York City (NYC) than in the United States (US) over the past decade »: http://www.nyc.gov/html/doh/ Boulevard Menilmontant à Paris downloads/pdf/epi/epiresearch-lifeexpectancy.pdf entrainer de graves risques sanitaires. Densité de personne (hbt/km²)

20 0.8 3.9 15 39 193 21 CHAPITRE 1 : RÉVÉLER CHAPITRE 1 : RÉVÉLER

ravageait la cité de Florence -épidémie de 1348-, tuant 1.2 Le bien-être dans la métropole : probablement près de 80% de ses habitants lors de ces quelques le fruit d’une accumulation historique années1. Néanmoins, malgré ces conditions de vie parfois déplorables -mais moins terribles toutefois que ce que l’on imagine souvent-, 1.2.1 Histoire choisie des villes les villes continuaient inlassablement à attirer de futurs citadins. Car c’était toujours dans les villes que se faisaient et se défaisaient les fortunes et l’économie de régions entières (voire même de

Doctor Schnabel of Rome, régions et de pays très lointains dans les cas de Venise, Londres < Paul Fürst, 1656. Un médecin à Rome, et Amsterdam), c’était toujours dans les villes que les biens étaient pendant une épidémie de peste, portant un masque transformés et créés, les idées échangées, et que les lois étaient de protection. débattues, votées et rédigées. Les villes demeuraient des lieux de concentration des pouvoirs économiques, religieux et politiques par excellence, aussi bien réels que symboliques très importants. Et surtout, l’air de la ville « rendait libre »2, y résider permettait de fuir la condition de serf, c’est à dire toutes les servitudes et les corvées auxquelles étaient ordinairement astreints les habitants «Le nombre de mort à Barcelone s’élève à 13 000 des campagnes, tous généralement assujettis à la domination personnes. Preuve de la relation véritable entre nobiliaire. la maladie et la prédite odeur pestilentielle de la ville.» L’irruption de la révolution industrielle va cependant changer la Relato de Père Gil sobre la epidemia de peste sufrida en Barcelona en 1589. donne. Jusque-là, la majorité de la population européenne était C. M. Cipolla. Contra el enemigo mortal e invisible. demeurée rurale, et la majorité du travail se faisait donc à la < campagne, au rythme des saisons. Avec l’arrivée des industries, Les étuves - Le livre de Dudley Street, Whitechapel, Valère Maxime, XVe siècle London, 1872 Paris, BNF, Arsenal, manuscrit une part toujours croissante de l’activité humaine sera désormais 5196 fol. 372 Contrairement aux idées effectuée dans des usines ou des fabriques installées autour des reçues l’hygiène au moyen-age était une des villes, dont dépendront une main d’oeuvre aussi nombreuse que préoccupations premières. relativement peu instruite et peu qualifiée (à la différence des

< corporations d’artisans qui dominaient jusque-là dans les villes sous l’Ancien Régime). Il va falloir loger tout ce prolétariat3 en très Les problèmes de santé et d’hygiène sont au cœur des problématiques peu de temps, tout en tenant compte de ses moyens financiers urbaines depuis que les villes existent. Et depuis l’antiquité, ces forts limités. Les villes britanniques, les premières à faire face à événements ont été souvent capables de bouleverser l’histoire, de ce phénomène, se retrouvent alors envahies par les slums4, ces provoquer parfois la chute complète d’une civilisation. C’est en effet quartiers de taudis sordides où des foules misérables ne cessent Quartier ouvrier de l’Est End dans les villes que naissent les grandes épidémies capables ensuite de à Londres. de s’entasser dans des conditions toujours plus difficiles et dont Gustave Doré,1872 s’étendre et de rayonner jusqu’à tuer des dizaines de millions d’êtres Quartier où se déroule une l’East End de Londres sera le prototype. L’insalubrité est partout, partie des aventure d’Oliver humains. La promiscuité humaine et la concentration des populations Twist, héros de Charles l’insécurité aussi, et les conditions de vie ne cessent apparemment Dickens. favorisent la diffusion des parasites et la contamination par les bacilles de se détériorer. Difficile dans ce cas de parler de « bien-être » < ou les virus. dans les romans au style réaliste de Charles Dickens. Entre l’an 430 et 426 avant J. C., la fameuse « peste d’Athènes » va exterminer près du tiers de ses habitants et emporter notamment L’accroissement démesuré de villes toujours plus denses et ce, sans Périclès, provoquant au final la défaite des forces athéniennes lors aucun contrôle ni régulation, semble augurer d’une catastrophe de la guerre du Péloponnèse et la chute de ce qui était pourtant sanitaire de plus grande ampleur encore que les siècles passés. Et considérée comme la plus brillante et la plus puissante cité de son les signes sont là, les pics épidémiques réapparaissent à intervalles époque. L’historien Thucydide, contemporain de ces événements, en toujours plus réguliers et plus rapprochés, et avec des symptômes décrit d’ailleurs assez précisément les symptômes de cette maladie et parfois nouveaux, toujours plus diversifiés, et hélas toujours aussi 1 ses conséquences tragiques . mortels. En effet, en plus des traditionnelles épidémies de peste et de variole, s’ajoutent à présent celles dues à la fièvre jaune, Il n’est pas étonnant, dans ces conditions, que les villes aient souffert au typhus, à la tuberculose et surtout au choléra, véritable fléau d’une très mauvaise réputation en matière d’hygiène, de salubrité majeur de cette première moitié du XIXème siècle5. et de santé de leurs habitants. Et que dans ce cas, malgré toutes les Sauf que heureusement, dans le même temps, la science et les

améliorations et infrastructures de l’antiquité ou du moyen-âge (tels que techniques d’ingénierie ont énormément progressés. Et ce sont de le Cloaca maxima de Rome ou les innombrables thermes et étuves qui < leurs observations que vont commencer à jaillir plusieurs solutions. Illustration vont suivre un peu partout), en cas de problème, la plus efficace des de la peste noire tirée de mesures restait de fuir immédiatement à la campagne, exactement la Bible de Toggenburg, 1 Voir à ce sujet de nombreuses sources d’historiens (ex : Renouard Yves, « Conséquences et comme le recommandera Boccace aux protagonistes de son roman, 1411. intéret démographique de la peste noire de 1348 », Paris, 1948) , tant contemporaines que médié- le Decameron2, qui se déroule au moment même où la peste noire vales [dont Boccace lui-même] 2 « Stadt Luft macht frei », proverbe médiéval allemand notamment repris et commenté par le sociologue Max Weber 3 « par prolétariat, [on entend] la classe des travailleurs salariés modernes qui, ne possédant pas 1 Thucydide, Livre II de la guerre du Péloponnèse, paragraphes XLVII à LIV ; texte intégral en VO et français en propre leurs moyens de production, sont réduits à vendre leur force de travail pour vivre », : http://remacle.org/bloodwolf/textes/thucypeste.htm Friedrich Engels, note au « Manifeste communiste », 1888. Dans Karl Marx, Philosophie, Gallimard, 1994, p. 594. 2 Boccaccio Giovanni, « Décaméron », 1353 -réédité en français par Le livre de Poche, 1994 4 Mot d’argot anglais apparu vers 1825, et désignant « une ruelle où vivent des gens pauvres » quoique le sens originel ait pu désigner, par métonymie, une chambre sous louée à plusieurs locataires. 5 J. N. Hays (2005), « Epidemics and pandemics : their impacts on human history », ABC-CLIO, Santa Barbara CA, USA 22 23 CHAPITRE 1 : RÉVÉLER CHAPITRE 1 : RÉVÉLER

des fontaines d’eau non croupie. Ces formes urbaines naissantes, toutes 1.2 Le bien-être dans la métropole : influencées par ces nouvelles lois et mesures sanitaires, prévoyaient la construction d’îlots homogènes, aérés par de vastes boulevards plantés le fruit d’une accumulation historique et pavés1, et servant de structure intégrée à la fois pour des égoûts de forte capacité et un approvisionnement en eau de bonne qualité.

1.2.2 A chaque époque ses maux Toutefois, au même moment ou presque, le médecin londonien John Snow parvient à corréler, après un long travail d’observation et de collectes de données, la diffusion des cas de choléra avec la présence d’une eau souillée ou directement pompée dans la Tamise2. C’est le début de la médecine et de l’épidémiologie statistique, disciplines

Carte de John Snow du qui n’auraient pas pu voir le jour sans la compréhension des modes < quartier de Soho durant l’épidémie de 1854 d’organisation des villes elles-mêmes. Les travaux de Snow démontrent Wellcome Library, London, 1854. en fait que le choléra n’est pas transmis par le « mauvais air », mais par un agent pathogène ingéré par les malades via des eaux contaminées par les selles humaines3.

La théorie de John Snow n’est pas immédiatement acceptée, mais son rival William Farr préconisera néanmoins d’améliorer en priorité la qualité de l’eau, avant de se décider finalement à admettre entièrement la véracité de cette hypothèse au début des années 1860. < Aqueduc d’Arcueil Dès lors, les grandes villes européennes et américaines vont s’équiper ou aqueduc Medicis, construction en 1868. d’énormes infrastructures hydrauliques. Paris n’est pas en reste : sous l’influence de la théorie des miasmes, les premiers travaux réalisés sous la direction du baron Haussmann et de l’ingénieur Eugène Belgrand vont se focaliser sur la mise en place du plus grand réseau d’égoût du monde de son époque (1855-1866). Mais suite à la confirmation de la découverte de Snow, Belgrand va dans une seconde phase se consacrer essentiellement à approvisionner la capitale avec une eau saine, de qualité et donc non contaminée, en mettant en place de Pour expliquer la survenue de pics épidémiques, les Anciens avaient grands réservoirs autour et dans Paris, chacun étant desservi par de élaboré leur propre théorie : les maladies provenaient, selon eux, des Illustration représentant une borne d’eau à l’origine longs aqueducs (1867-1873). miasmes. Les miasmes, c’était « ce souffle empoisonné des créatures des de l’épidémie de choléra. Londres, 1854. A partir de ce moment, les grandes métropoles du monde industrialisé 1

marais qui se transmet aux corps des habitants » selon Vitruve , autrement < ne seront plus conçues, développées et étendues qu’en fonction dit, une espèce d’émanation, de brouillard toxique découlant de la du réseau souterrain disponible, de cette partie pourtant invisible matière en décomposition. mais désormais toute aussi importante et déterminante que celle qui Il est vrai que les villes à cette époque, ne sentaient pas forcément émerge en surface. la rose. L’origine des maladies, croyait-on, était donc à rechercher principalement dans une mauvaise qualité de l’environnement, et Ces réalisations exemplaires qui vont sans cesse être mises à jour surtout de l’air environnant. Et expliquer la diffusion des maladies par les permettront bientôt de réduire puis d’éliminer presque totalement les miasmes revenait donc, afin d’éviter ces mêmes épidémies, à faire la épidémies de choléra et de fièvre typhoïde4 dans les villes suffisamment chasse aux mauvaises odeurs. De cette association d’idées d’ailleurs, riches pour pouvoir se doter des services d’hygiène adéquats, ainsi que il nous reste le terme « pestilentiel » entré dans le vocabulaire courant, par ricochet, celles du typhus et de la peste5 autrefois si redoutées. terme qui fait bien le lien entre odeur et maladie2. Les populations citadines ne sont pourtant pas, hélas, totalement « Cette théorie reposait hélas sur une fausse analogie, scientifiquement tirées d’affaire ». Car à un problème sanitaire majeur résolu en succède parlant3. Mais elle va paradoxalement et involontairement inspirer un bientôt un autre, un autre qui va bientôt tourner à l’obsession chez les modèle urbain bien plus efficace en termes de prévention des maladies, urbanistes. Et ce problème, c’est la tuberculose. notamment par l’introduction systématique du tout à l’égout, des systèmes de drainages séparés évitant les reflux malodorants, ainsi que de La tuberculose, tout au long du 19ème siècle, représentait déjà une nombreuses autres réformes sanitaires telles que le Public Health Act de épidémie de très grande ampleur. En Angleterre, on estime qu’elle a 18484, votée sous l’impulsion d’Edwin Chadwick. Les grands urbanistes et pu représenter jusqu’à un décès sur quatre, certaines années . Dans les les ingénieurs de la première moitié du XIXème siècle auront beau jeu de années 1880, elle est la cause du décés d’un européen sur six ou sur justifier les démolitions de tous les quartiers surpeuplés et insuffisamment 1 Le pavement systématique des rues a été justifié afin de lutter contre les miasmes provenant du sol nu, aérés, de tous les bâtiments trop anciens et jugés insalubres, et d’installer c’est à dire la simple odeur de l’humus ou de la terre humide considérée comme néfaste pour la santé. 2 « On the Mode of Communication of Cholera », London : Churchill, 1849 1 Citation originale : « his ortae nebulae adiungentur spiritusque bestiarum palustrium venenatos cum neula 3 Il s’agit du vibrion du Choléra (Vibrio cholerae), découvert d’abord par Pacini en 1854, puis par Robert Koch lui-même en 1883. mixtos in habitatorum corpora flatu spargent », Vitruve, « De Architectura », livre I, partie 4.1 4 La fièvre typhoïde est transmise de façon relativement similaire au choléra, via la bactérie Salmonella 2 Pestilientiel/le : « Qui dégage une odeur infecte, putride; infect, putride. Synon. nauséabond, puant. typhi présente des eaux souillées par des selles humaines contaminées. Plus résistante que le vibrion du choléra, il faudra attendre l’introduction de la javellisation de l’eau courante (1910) et le développement Haleine, odeur pestilentielle » (Atilf) 3 Un peu à la manière dont les Anciens concluaient également que la terre était plate ou que le soleil d’un vaccin adéquat pour finir par l’éradiquer complètement dans les pays riches. tournait autour. Une hypothèse même « vraisemblable » n’est pas forcément vraie. 5 Typhus et peste bubonique sont des maladies usuellement transmises via la piqûre d’une puce elle- 4 Site officiel du parlement britannique : http://www.parliament.uk/about/living-heritage/transformingso- même infectée par un rat infecté (l’hôte primaire). Les progrès en matière d’urbanisme hygiéniste ont ciety/towncountry/towns/tyne-and-wear-case-study/about-the-group/public-administration/the-1848-pu- fini par confiner les rats dans des zones bien plus restreintes qu’autrefois, et à limiter leurs contacts avec blic-health-act/ l’homme même si les deux espèces continuent de cohabiter ensemble dans les égoûts et les souterrains. Le développement d’un vaccin et d’un traitement contre la peste (1897) et le typhus (1940) finiront par limiter les épidémies aux seuls cas où la promiscuité avec les rats redevient particulièrement apparente -en temps de guerre notamment, dans les tranchées ou les camps de concentration. 24 25 CHAPITRE 1 : RÉVÉLER CHAPITRE 1 : RÉVÉLER lire Emile Zola dans son fameux cycle des Rougon-Macquart pour se insuffisamment aéré, sans sanitaires ou latrines proches, ou de taille rendre compte de l’agonie supportée par les malades de l’époque1, trop réduite par rapport à son nombre d’occupants), une loi votée en mais aussi du caractère profondément social de cette maladie qui 1850 et qui aura une influence déterminante dans l’élaboration des frappait surtout les personnes démunies, pauvres ou en état de grande typologies dominantes des immeubles haussmanniens. détresse. Les défenseurs de la théorie miasmatique et de toutes celles qui vont en découler, en revanche, semblent avoir plutôt eu une démarche « Bien que l’on ait pu assez tôt prouver le caractère contagieux de la idéaliste ». Edwin Chadwick, tout en prétendant s’inspirer des travaux 2 maladie, et identifier son agent pathogène , les médecins ne parvenaient de Villermé, pensait en fait par l’inverse. C’est à dire que pour lui, toujours pas à véritablement traiter ni à comprendre l’évolution (très pour s’attaquer à la misère frappant ses contemporains, il fallait lente) de l’infection, certains patients parvenant mystérieusement à d’abord changer l’environnement et non remettre en cause le mode s’en remettre complètement sans raison vraiment apparente. Toutefois, de fonctionnement de la société elle-même. Car, selon lui, ce n’était afin d’expliquer l’occurrence de ces rémissions miracles, ces mêmes < qu’en changeant et en améliorant radicalement son cadre bâti que médecins ne manquaient pas d’imagination, et des traitements aux A London Board of Health Hunting After Cases Like Cholera. l’on parviendrait à véritablement changer l’homme, à corriger son effets curatifs parfois très discutables vont finir par émerger quand même. Robert Seymour London, March 1, 1832 sens moral, son goût, et à en appeler à ses vertus sociales les plus Cette maladie étant donc apparemment contagieuse, la première idée Cette caricature illustre la croyance en quoi les mauvaises odeurs seraient origines de maladie. On a donc ici un comité élevées. a bien entendu été de confiner les malades dans des lieux spécifiques et d’hygiène «reniflant» les recoins de Londres. Cette idée qui fut longtemps très à la mode n’est pas sans rappeler isolés, loin des foules urbaines. On appellera ces institutions spécialisées celle présente tout au long du célèbre roman « L’étrange cas du 3 4 des sanatoriums . Le premier ouvrira en Allemagne en 1859 , en France docteur Jekyll et mister Hyde »1 de l’écrivain écossais Robert Louis en 1861, mais il faudra en revanche attendre 1885 pour voir le premier Stevenson. Les deux personnalités du protagoniste principal sont établissement de ce genre aux Etats-Unis. en effet chacune liée à un environnement urbain différent, aussi antagoniste et opposé que ne le sont les personnages eux-mêmes. Quant au reste du traitement, très tôt, il consistera en fait à aérer au L’angélique docteur Henry Jekyll vit en effet dans une maison maximum les malades, à les soumettre « au bon air pur des montagnes », ensoleillée, confortable et très bien tenue, située dans un quartier et à les exposer à une forte lumière car, croyait-on, l’héliothérapie aurait aux larges avenues plantées et peuplées d’hôtels de style géorgien, eu des vertus bactéricides sur l’organisme. tandis que son alter-ego démoniaque, mister Hyde, se cache la nuit dans les ruelles étroites des taudis londoniens les plus crasseux et les < Tout cela était faux. Et l’héliothérapie, en réalité, causait parfois plus de plus sordides. Stevenson tient à faire comprendre, par la symbolique Louis René Villermé, médecin mal que de bien, surtout dans le cas des malades atteints aux poumons. de ses descriptions, que la moralité de l’un et de l’autre se reflète dans né à Paris le 10 mai 1782, un des précurseurs de la Tout du moins, les sanatoriums offraient-ils aux patients un cadre de vie le cadre bâti vers lequel chacun est attiré, que l’un va forcément sociologie et considéré notamment comme un des plus agréable capable d’atténuer une partie de leurs souffrances. Si avec l’autre, et que ces deux qualités sont en réalité indissociables. pionniers de la médecine thérapie il y avait, on aurait pu éventuellement parler de thérapie par du travail. le bien-être. Les partisans de l’urbanisme hygiéniste « anti-miasmes » rêvent donc d’un cadre de vie lumineux, propre et tranquille, où le tout venant Le parallèle à faire avec une éventuelle résurgence de certains des respirerait un air pur et frais « désinfecté par le soleil et par le feuillage concepts hérités de la théorie miasmatique n’est certes pas tout à fait [des arbres]2 », où pourrait véritablement s’épanouir l’homme fortuit, au contraire. Car les hygiénistes qui inspirèrent le mouvement moderne des villes. Et quand ils disaient s’épanouir, ils entendaient des sanatoriums furent très souvent les mêmes personnes qui, quelques par là la santé physique mais aussi mentale comme en témoignent décennies plus tôt, s’étaient faites les défenseurs du bon air et de la les fréquentes références aux théories psychiatriques de William Tuke3 chasse frénétique aux mauvaises odeurs. Dans les deux cas cependant, que l’on retrouvera aussi bien chez Chadwick, Loudon, Downing ou leurs intuitions étaient médicalement erronées mais proposaient Olmsted. systématiquement les mêmes solutions sous des habillages nouveaux: de 1 « The Strange Case of Dr Jekyll and Mr Hyde », 1886 la lumière et du bon air. Et c’est là où l’on voit en fait deux conceptions 2 Cf citation de Frederick Law Olmsted : « Air is disinfected by sunlight and foliage. Foliage also acts

< mechanically to purify the air by screening it. Opportunity and inducement to escape at frequent subtilement s’opposer. intervals from the confined and vitiated air of the commercial quarter, and to supply the lungs with air Precautions against Cholera, screened and purified by trees [was necessary for the protection of health] » (1868) 1853. 3 William Tuke (1732-1822), est un philanthrope anglais qui s’intéressa beaucoup aux désordres mentaux Cette affiche apparaît de ses contemporains. Ayant constaté les conditions d’internement effroyables des asiles d’aliénés du Les médecins et les scientifiques, très tôt, ont eu une approche « réaliste lors de la troisième grande épidémie de XVIIIème siècle, il fut à l’origine d’un traitement « moral » de ces maladies par un travail manuel « sain » de la question de la misère urbaine et des problèmes sanitaires. choléra à Londres. Elle », la discipline religieuse, et un cadre champêtre confortable. Il faut noter que Tuke, qui était quaker, fait des suggestions sur les rejetait également ouvertement les avancées de la science et de la médecine de son époque. Louis-René Villermé , par exemple, lorsqu’il réalise les premiers travaux vêtements, l’alimentation, indique des médecins, tout statistiques véritablement minutieux sur l’épidémie de choléra frappant cela dans un but de lutte contre l’épidémie. Paris en 1832, note rapidement que la présence de la maladie semble être corrélée chez les victimes par une très forte promiscuité humaine, par « L’eau de la ville, réservée autrefois pour les une très grande pauvreté et par la présence apparente d’excréments hôtels des riches et qui, dans la maison du même dans les chambres où s’entassaient parfois des familles entières5 petit bourgeois et de l’ouvrier , se distribuait si (et ce près de vingt ans avant John Snow). Aussi, pour y remédier, parcimonieusement qu’elle suffisait à peine à la préconise-t-il de changer le mode de fonctionnement de la société, boisson et aux besoins domestiques, se répandait, et notamment en s’attaquant à la misère elle-même, au système depuis 1850, dans les ruisseaux des rues, lavait les économique (augmenter les salaires des ouvriers par exemple), ou bien aux causes de l’insalubrité des logements. En tant que médecin et égouts, alimentait des établissements de bains, 1 Et notamment « Une page d’amour », le huitième tome paru en 1878, où l’héroïne meurt justement de chose presque inconnue à Paris au 18ème phtisie -l’autre nom de la tuberculose- 2 Il s’agit du bacile de Koch (Mycobacterium tuberculosis), découvert par le médecin allemand éponyme siècle, des lavoirs publics, et une multitude en 1882, le même qui peu après identifiera l’agent du choléra. 3 Du latin sanatorius, « propre à guérir » d’établissements industriels. Elle entrait à flots et 4 Il s’agit du sanatorium de Görbersdorf (aujourd’hui Sokołowsko en Pologne), ouvert par Hermann Brehmer 5 « Note sur les ravages du choléra-morbus dans les maisons garnies de Paris, depuis le 29 mars jusqu’au < à peu de frais dans les maisons particulières. En < premier août 1832, et sur les causes qui paraissent avoir favorisé le développement de la maladie dans un grand nombre de maisons » Patients allongés durant The strange case of Dr Jekyll une séance à l’extérieur un mot, tout était changé : aqueducs, machines, and Mr Hide, Robert Louis d’héliothérapie à Stolzalpe Stevenson, 1886. en Autriche. usages de l’eau.» E. Belgrand, Les travaux souterrains de Paris, Volume 5, les Egouts, 1887. 26 27 CHAPITRE 1 : RÉVÉLER CHAPITRE 1 : RÉVÉLER Toutes ces aspirations altruistes sont certes admirables, mais elles n’en d’ailleurs souvent citée comme l’apothéose la plus aboutie de cette nouvelle demeurent pas moins critiquables et sujettes à caution, au sens où forme de suburbanité émergente dans cette première moitié du XXème siècle. elles découlent de constructions culturelles procédant selon toutes Wright, de façon tout à fait prémonitoire et conscient du fait qu’il s’opposait vraisemblances de l’idéalisation du mode de vie hérité des fameux frontalement aux villes telles qu’elles avaient, toujours jusque-là, été conçues, gentlemen-farmers anglais. Et leur nature arbitraire n’en est que plus avait d’ailleurs intitulé son ouvrage principal « The Disappearing City » (la cité apparente lorsqu’elles s’opposèrent fréquemment aux véritables en train de disparaître). Et il est vrai que depuis, ce que l’on nomme « ville progrès scientifiques de leur époque. Mais elles témoignent cependant » outre Atlantique n’a pas forcément la même signification qu’en Europe, d’un véritable souci pour cette fameuse notion de « bien-être » dont le compte tenu des densités et des surfaces qui ne sont pas les mêmes. Une caractère en grande partie subjectif n’en devient que plus apparent cité américaine contemporaine comme Jacksonville (Floride), possède par encore. exemple une densité d’habitants nettement inférieure à celle de nombreuses Grâce à ces idées et à l’influence de leurs zélateurs, on introduisit de campagnes européennes tout en s’étendant administrativement sur près vastes parcs au sein des grandes métropoles industrielles et on borda d’une centaine de kilomètres. A titre de comparaison, Jacksonville est près leurs larges avenues de majestueuses rangées d’arbres, car, croyait- de douze fois moins dense que Berlin, ville européenne pourtant considérée on , le contact avec cette nature et ces « poumons verts » était seul comme très peu dense selon nos propres critères. apte à véritablement guérir et soulager les populations ouvrières de leurs souffrances et de leurs maux, tant sur un plan mental que physique, et C’est néanmoins pourquoi on peut conclure sans avoir peur de se tromper, d’en faire des hommes meilleurs, moins susceptibles d’être entraînés « que les bases du sprawl urbain américain (y compris contemporain) furent vers le crime et l’alcoolisme »1. lancées au nom d’une croyance idéaliste focalisée sur le bien-être mental et physique des habitants des grandes métropoles de l’âge industriel, et alors Si la théorie des miasmes fut effectivement battue en brèche par la qu’il n’était pas encore vraiment question de motorisation, d’autoroutes ni communauté scientifique dès les années 1860, elle persistera sous de voitures... même si Olmsted, dans les nombreux plans de ville qu’il réalisa, la forme d’une idéalisation philosophique diffuse durant toutes les semblait avoir déjà placé une emphase toute particulière sur la circulation décennies suivantes, et même probablement bien au-delà. La plupart séparée des calèches à chevaux. des modèles urbains développés à cette époque reprennent en fait, Sanatorium de Paimio, Alvar Aalto, Suomi, sans grande surprise, presque toutes ces idées sans véritablement les < L’Europe va cependant connaître une évolution légèrement différente du 1932. dénaturer ou même les remettre en cause. Face à la menace causée fait d’un contexte idéologique différent car plus favorable politiquement Ce projet d’Aalto préfigure Voix cyclable d’Ocean le fait que progressivement par les concentrations urbaines denses et polluées, il faut aérer, il faut Parkway dessiner par parlant aux innovations et aux expérimentations de nature plus collectivistes l’urbanisme tend à Olmsted ey Vaux. 1894. nier la rue au profit de (croit-on) sans cesse planter plus d’arbres et dé-densifier. Department of et sociales, même si cette évolution sera en apparence justifiée par les l’orientation. Parks and Recreation Master Plan de Riverside mêmes idées, par le même fond culturel. Et c’est là où il faut en revenir à la Olmsted, Vaux & Co. Le modèle originel de l’ingénieur Ildefons Cerdà pour Barcelone (1859) Landscape Architects,1869. tuberculose, et au fait qu’en Europe, la mode des sanatoriums s’étend très

est en grande partie basé sur l’idée d’une ville très peu dense, composée < vite (alors qu’outre Atlantique, elle semble prendre tout son temps). d’îlots uniformes dont la surface serait remplie en majorité par des Frank Lloyd Wright, Broadacre City, 1935 espaces verts et des jardins. Et celui que Olmsted réalise en Amérique De façon générale, les sanatoriums se présentent comme des bâtiments la dans les villes de New York et Boston considère également que le mode plupart du temps isolés au sein d’un parc arboré, présentant des surfaces de vie « idéal » et le plus sain possible est périurbain, et se situe dans des claires constamment nettoyées par un personnel qualifié (à cause des banlieues vertes, aérées, et situées loin des centres villes pollués par les crachats et autres expectorations des patients) et cherchant à maximiser fumées et l’activité frénétique de ses habitants2. C’est ainsi que, lorsque les quantités de lumière et d’air « pur » disponibles pour les malades. Ces Olmsted et Vaux planifient et réalisent Central Park à Manhattan (1857- bâtiments sont composés ensuite de chambres presque toutes exposées au 69), ils l’imaginent alors entouré de quartiers de villas tranquilles et non sud, à la façon d’un hôtel, en plus de nombreux services collectifs (cantines, de gratte-ciels ! restaurants, chaufferies, salons, locaux médicaux, logements du personnel... etc...). Et évidemment, ce mode de vie très « américain » trouvera un continuateur de génie en la personne de Frank Lloyd Wright et ses « Prairie Houses », Les urbanistes européens, alors que la plupart des autres pandémies semblent dont l’essentiel des oeuvres de l’époque se retrouveront d’ailleurs dans Évolution des îlots du plan Cerdà à Barcelone, de 1859 à 1988. en passe d’être maîtrisées ou contenues (choléra, peste et typhoïde, comme La vision de Cerdà pour la ville de Barcelone était un urbanisme une banlieue de Chicago elle-même planifiée et dessinée par Olmsted vert, peu dense et ouvert. on l’a vu précédemment), finissent par se concentrer de plus en plus 3

& Vaux . < exclusivement sur les manières d’éviter la propagation de la tuberculose. Cette obsession grandissante va finalement connaître son point d’orgue lors du 1 C’est donc pourquoi on peut conclure sans hésiter que les bases du 1859 1860 1891 Congrès international d’assanissement et de salubrité de l’habitation qui se Frank Lloyd Wright, Robie House, Chicago, Illinois, sprawl urbain américain (y compris contemporain) furent lancées au nom tient à Paris en 1904, et qui formule les bases d’un nouvel urbanisme s’inspirant 1906-1909. d’une croyance idéaliste focalisée sur le bien-être mental et physique directement des sanatoriums. En effet, pour lutter contre la tuberculose, quoi des habitants des grandes métropoles de l’âge industriel, et alors qu’il de plus radical et de plus supposément efficace que de construire des villes n’était pas encore vraiment question de motorisation, d’autoroutes ni entières dont tous les bâtiments seraient autant de sanatoriums potentiels? de voitures... même si Olmsted, dans les nombreux plans de ville qu’il 21 654 m² 34 885 m² 69 835 m² COS. 1.8 COS. 2.8 COS. 5.7 réalisa, semblait avoir déjà placé une emphase toute particulière sur la C’est à dire une architecture lisse, blanche (facile à nettoyer), lumineuse, circulation séparée des calèches à chevaux. entrecoupée de larges étendues vertes et plantées permettant une aération

1 Edwin Chadwick, dans une intervention devant le Selected Committee on Drunkeness, explique que « le 1924 1976 1988 optimale entre faces exposées à la lumière et côtés à l’ombre. C’est à dire pays serait en droit d’attendre une baisse de la consommation d’alcool dans les populations ouvrières si les principes mêmes que l’on retrouvera quelques temps plus tard dans l’on crée des « parcs publics, des zoos, des musées et des théâtres ». » Citation de Jean-Pierre Le Dantec 2 dans « Poétique des jardins », p150, Actes Sud, Paris l’architecture de Le Corbusier, des CIAM et de la Charte d’Athènes . 2 Cf autre citation de Frederick Law Olmsted : « we are able to reach the conviction, beyond all reasonable doubt, that at least, the larger share of the immunity from the visits of the plague and other forms of pesti- lence, and from sweeping fires, and the larger part of the improved general health and increased length of life which civilized towns have lately enjoyed is due to the abandonment of the old-fashioned compact 1Premier Congrès international d’assainissement et de salubrité de l’habitation / Congrès international d’assainisse- way of building towns, and the gradual adoption of the custom of laying them out with much larger spaces 98 343 m² 57 436 m² 56 045 m² ment et de salubrité de l’habitation (1; 1904; Paris) / Paris : J. Rousset (1905) open to the sun-light » (1877) COS. 8.0 COS. 4.7 COS. 4.6 2 Cf citation de Le Corbusier décrivant son logement idéal : « Le premier : fournir dans le silence, la solitude et face 3 Riverside Park, Illinois (1868) au soleil, à l’espace, à la verdure, un logis qui soit le réceptacle parfait d’une famille. Le second : dresser face à la nature du Bon Dieu, sous le ciel et face au soleil, une œuvre architecturale magistrale, faite de rigueur, de gran- deur, de noblesse, de sourire et d’élégance » 28 29 CHAPITRE 1 : RÉVÉLER CHAPITRE 1 : RÉVÉLER

Certains sanatoriums constituèrent des œuvres manifestes de ce nouveau style apparu dans les années 20. En témoignent par exemple le Zonnestraal de l’architecte et théoricien hollandais Jan Duiker1 (1925) ou le sanatorium de Paimio du finlandais Alvar Aalto (1928), dont le rayonnement et l’influence furent considérables non pas pour construire d’autres sanatoriums, mais pour élaborer les futurs modéles des Siedlungen et des barres d’habitation des années 30 et ultérieures. Car à partir de là, tout comme Le Corbusier le suggère dans son plan Voisin, on considèrera que l’implantation des bâtiments même au sein des villes denses ne sera principalement dictée et conditionnée que par le passage du soleil et des vents dominants, ce qui se traduira concrètement parlant par une rupture assumée avec le modèle urbain de la rue et des îlots qui était jusqu’alors en vigueur.

Le paradoxe, faut-il le rappeler, c’est que les sanatoriums étaient en réalité totalement inefficaces, médicalement parlant. La tuberculose, on le sait à présent, est surtout une maladie opportuniste. C’est à dire qu’elle ne se déclare que chez des patients dont le système immunitaire est régulièrement mis à mal. La généralisation de quelques simples mesures d’hygiène (l’interdiction des crachats en public, l’introduction de la pasteurisation, etc) et l’élévation générale du niveau de vie ont fini par graduellement éliminer la tuberculose des pays riches. En revanche, elle continue de causer des ravages dans les pays où la faim et les carences alimentaires sévissent encore, et notamment l’Inde. Zola avait donc bien raison de faire de la phtisie une maladie de la misère, de lui trouver une cause avant tout sociale.

Si l’on a crû de manière aussi insistante que les sanatoriums pouvaient favoriser le rétablissement des malades, c’était bien entendu au nom de cette vieille théorie découlant des miasmes même si elle ne portait alors plus ce nom depuis longtemps déjà... Air pur, lumière, verdure, calme et tranquillité... Si la recette pour une bonne disposition physique et mentale avait été aussi simple, nul doute que tous nos ancêtres préhistoriques auraient vécu centenaires...

Comment expliquer alors que l’on ait pu y croire aussi naïvement et pendant si longtemps ? <

C’est que ce n’est pas tout à fait faux non plus. Et qu’en tant que croyance École de Pleine Air, Beaudoin et Lods, Suresnes, et construction culturelle toujours profondément ancrée parmi nos 1935. contemporains, on ne peut se permettre de l’ignorer ne serait que parce < que ce modèle est à la base d’une certaine esthétique, d’un certain plaisir et donc de certaines valeurs toutes considérées comme « justes » et « agréables ». Et enfin, une toute autre branche de la médecine moderne finira par réhabiliter une grande partie de ses valeurs thérapeutiques, même s’il faut rappeler encore une fois que ces dernières furent historiquement nulles face aux grandes épidémies du XIXème siècle. Plan du sanatorium de Paimio, Alvar Aalto, 1933, Finlande.

1Jan Duiker (1890-1935), en tant que rédacteur en chef du magazine De 8 en Opbouw à la pointe du mouvement dit de la Neue Sachlichkeit (la Nouvelle Objectivité), fut sans doute l’un des architectes les plus influents de son époque, notamment envers Alvar Aalto et Mies van der Rohe qui plusieurs fois confieront qu’il fut « leur seul vrai maître ». Son décès prématuré en 1935 le fera hélas oublier un peu vite, alors que plusieurs architectes néerlandais contemporains continuent de voir en lui « l’architecte le plus intelligent ayant jamais vécu » -pour reprendre l’hom- mage d’Aldo van Eyck-. Duiker construisit plusieurs bâtiments fonctionnalistes dédiés spécifiquement à la santé de ses usagers, dont par exemple « l’école de plein air pour enfants en bonne santé » (Openluchtschool voor het Gezonde Kind) située à Amsterdam (1929-30).

Croauis du sanatorium de Zonnestraal signifiant «rayon de soleil» en hollandais. Jan Duiker, Hilversum, 1928.

L’architecture des sanatoriums, et tout particulièrement le travail de Duiker, aura pris comme référentiel le soleil. Progressivement, l’architecture moderne se décolle de la rue et s’implante en fonction de l’ensoleillement.

30 31 CHAPITRE 1 : RÉVÉLER CHAPITRE 1 : RÉVÉLER Prémisses de l’architecture blanche : architecture du bien-être Jan Duiker, Ecole de plein air ou Openluchtschool, Amsterdam,1929-1930.

Plan de localisation, vue aérienne Google Earth

Plan R+1

Plan RDC Depuis le début du XXème siècle des écoles de plein air ont été construites dans le but de venir en aide à des enfants à la santé fragile grâce à l’apport optimal du soleil et de l’air frais. En 1927, Jan Duiker a été chargé de la construction d’une école de ce type dans le sud de la ville d’Amsterdam. Une des particularité du projet, outre sont côté novateur en terme d’ingénierie, tient dans son emplacement en coeur d’îlot. La rue ne compte donc plus, seul l’ensoleillement impacte l’implantation du projet en contradiction avec le plan urbain d’Amsterdam sud. Ce projet aura eu une influence très large sur les architectes de l’époque tels que Mies Van der Rohe, Pierre Chareau ou encore Le Corbusier. Ce projet annonce les débuts de ce qui sera connu par la suite entant qu’architecture blanche, annonçant le mouvement moderne.

Près d’un siècle plus tard, il est intéressant de s’interroger sur l’impact du mouvement moderne dans les nouvelles pratiques urbaines contemporaines.

32 33 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

Chapitre 2 S’INTERROGER : Comprendre les vecteurs qui favorisent le bien-être en ville

2.1 L’environnement urbain : un rôle de premier plan

2.1.1 Un environnement d’abord adapté à l’homme et fabriqué par lui ...... p.36 2.1.2 Trois éléments qui influent sur la santé...... p.42

2.2 De nombreux critères concomitants

2 2.2.1 Vecteurs de bien-être ...... p.56 2.2.2 Facteurs de crise ...... p.70

2.3 Inégalités métropolitaines

2.3.1 Crise métropolitaine ! Centre Vs. Périphérie L’exemple de l’Ile-de-France ...... p.86 2.3.2 Bien-Être urbain ? Vers une ville stimulante L’exemple de New York ...... p.88 2.3.3 Et si la ville stimulante pouvait se diffuser dans les métropoles ? ...... p.92

34 35 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER et l’atmosphère, en formant des « précipités » capables d’affecter 2.1 aussi bien la santé des forêts avoisinantes, la fertilité des sols agricoles L’environnement urbain : mais aussi l’état général des bâtiments et de leurs matériaux -les pierres un rôle de premier plan et les briques étant rapidement rongées et attaquées en surface-. Après avoir longtemps étudié le cas de Manchester, « la première ville industrielle du monde » selon lui, il publie en 1872 son ouvrage majeur 2.1.1 Un environnement d’abord adapté à l’homme et intitulé « Air and Rain: the Beginnings of a Chemical Climatology » dans lequel il décrit pour la première fois le principe des fameuses « pluies fabriqué par lui acides », c’est à dire la façon dont par exemple le soufre présent dans le charbon finit, du fait de sa combustion, par former de l’acide sulfurique Photo de la ville de < Manchester lors de la au contact des nuages. Toute une combinaison d’acides qui, bien révolution industrielle. entendu, auront des conséquences environnementales dramatiques sur les alentours des villes et même au-delà, même si la santé humaine ne reste affectée que de façon beaucoup plus indirecte.

Robert Angus Smith (1817–1884 ) De fait, ce que l’on nomme la médecine environnementale ne va < prendre son véritable essor qu’au XXème siècle.

Au début, il s’est agi de mesurer les effets sur la santé de l’exposition répétée de nos corps à certaines substances chimiques, et notamment dans le cas de certains corps de métier tels que les mineurs. L’un des premiers exemples documentés est celui de la silicose, une pneumopathie redoutable causée par l’accumulation de poussières

de silice dans les alvéoles pulmonaires : ses symptômes furent décrits View of the Ewen Breaker of the Pa. Coal Co, dès le XVIème siècle... mais ce n’est qu’à partir des années 1920 que Department of Commerce and Labor, 10 janvier 191. la plupart des gouvernements des pays industrialisés commencent à La présence constante dans l’air de poussière de s’y intéresser, suite à quelques études médicales telle que celle parue charbon pouvait arrivé à une telle saturation qu’elle en 1917 dans le bulletin de la Air Hygyene Foundation of America1. cachée la lumière du soleil En France, la silicose fait des ravages chez les mineurs de charbon provenant de l’extérieur. Mineur dans les années 20, paradoxalement à cause de la généralisation américain faisant des tests de l’utilisation des explosifs et des marteaux-piqueurs pneumatiques, de capacité pulmonaire L’idée selon laquelle la qualité de l’environnement dans lequel nous qui ont la particularité de soulever de vastes quantités de poussières au Black Lung Labatory de vivons finirait par avoir des conséquences sur la santé humaine n’est en contrairement à l’extraction semi mécanique ou manuelle du siècle Beckley. Corn, Jack, effet pas fausse en soi. Le contact avec l’environnement, quel qu’il soit, passé. L’un des désastres les plus connus et les plus documentés de Juin 1974, Environmental finit par user et éroder nos corps. Sauf que pour que ce phénomène cette époque a lieu en Virginie, lors du percement du tunnel de Hawk Protection soit quantifiable et mesurable, il faut pouvoir l’observer sur une grande Nest (1927). Quelques années plus tard -en 1936-, le Congrès américain Agency quantité d’années. Et tant que l’espérance de vie humaine demeurait chiffrera le bilan à près de 476 morts sur les 3000 ouvriers et quelques singulièrement réduite, comme c’était justement le cas au début de ayant participé à la construction de l’ouvrage. Certaines sources la révolution industrielle, il était particulièrement difficile d’établir de médicales estiment même le bilan réel à plus du double. La commission véritables diagnostics. ayant étudié ce cas fut d’autant plus choquée de constater que dans le même temps, tous les contremaîtres, les inspecteurs et les ingénieurs Si l’on peut prétendre que les partisans de la théorie des miasmes étaient présents sur le site avaient toujours porté des masques de respiration < bien, quelque part, les précurseurs de la médecine environnementale, adéquats et ne furent donc pas affectés par l’épidémie, mais sans Schéma expliquant la leurs croyances ne reposaient sur aucune véritable corrélation création de pluies acides. jamais en distribuer aux simples ouvriers. Radiographie de poumons scientifique, du moins à leur époque. d’un patient souffrant de la silicose, la forme Les premiers règlements sur la propreté de l’air ne se basaient que sur C’est à partir de cette époque que l’on commence enfin à mesurer sombre dans le poumon droit correspond au l’odeur et la gêne ressentie. Rien n’était mesuré scientifiquement ou et démontrer scientifiquement à quel point l’exposition répétée à des dépôt de la poussière de silice endommageant les médicalement parlant. sources de pollution identifiables et souvent assez communes était alvéoles pulmonaires. C’était très empirique. Rien n’était mesuré scientifiquement ou néfaste pour la santé. Grand Smog de Londres de médicalement parlant. 1952, Piccadilly Circus

Le concept de « pollution » est d’origine religieuse, et il fut longtemps < Et l’épisode du « grand smog » qui frappa Londres en décembre 1952 synonyme de profanation des lieux sacrés. Toutefois, au début des va encore accélérer les choses dans l’après guerre2. Des règlements années 1860 un nouveau sens, plus scientifique, voit enfin le jour1 -et est bien plus drastiques en matière de pollution vont finalement être votés sans doute à mettre en relation avec les balbutiements de l’écologie, et appliqués, tels que le Clean Air Act de 1956 puis de 1968. Dans science inventée en 1866 par Ernst Haeckel mais nous y reviendrons -. presque tous les pays occidentaux - et en particulier au sein de l’Union Cette nouvelle approche semble émerger d’abord en Grande-Bretagne, Européenne -, de semblables mesures vont être adoptées au cours sans doute du fait de l’industrialisation plus ancienne de ce pays par des années 70 puis 90 afin de se conformer aux normes théoriquement rapport à ses homologues continentaux. Et il est à mettre notamment recommandées par l’OMS, même si l’on est actuellement encore loin en rapport avec les travaux du chimiste écossais Robert Angus Smith, du compte. qui travailla longtemps sur la façon dont les composants des fumées 1 Cf http://www.silicosis.com/history/index.php, extraits repris dans l’American Journal of Public Health rejetées par les cheminées des usines finissaient par interagir avec l’air (AJPH) 2 « The Great Smog » causa sans doute près de 12 000 morts à Londres dont près de 4000 en seulement trois jours, tous pour problèmes respiratoires. Il fut causé par des conditions météorologiques particulières (anticyclone et calme plat) mais aussi et surtout à cause de la mauvaise qualité du charbon qui était 1 Concernant la langue française, l’usage du mot « pollution » au sens de « souillure d’un élément naturel alors brûlé dans les centrales dans l’immédiate après-guerre alors que les gisements commençaient par des déchets » n’est attesté qu’en 1874, et notamment pour décrire l’état des eaux de la Seine. à s’épuiser, en plus du passage au diésel de tous les bus londoniens. En comparaison, le charbon britannique des décennies précédentes était beaucoup plus pur et moins chargé en soufre, et donc la 36 pollution ressentie y était paradoxalement moins forte. 37 Canalisation en plomb de CHAPITRE 2 : S’INTERROGER la ville de Rome à l’age CHAPITRE 2 : S’INTERROGER Antique. dans la mer entre 1932 et 1965. Il en résulta une pandémie dramatique, Le plomb des canalisations « la science des relations des organismes avec le monde environnant, de la ville pourrait être une surtout parmi les pêcheurs avec plusieurs milliers de morts à la clé. des raisons ayant conduit à c’est-à-dire, dans un sens large, la science des conditions la chute de la ville en 476 de Mais l’intoxication de type métaux lourds la plus courante reste le notre aire. d’existence.1 »

saturnisme, c’est à dire l’intoxication au plomb. Les Etats-Unis furent < les premiers à réagir et commencèrent à progressivement réduire Car pour des questions idéologiques sans doute, cette science puis interdire les additifs au plomb1 dans l’essence dès les années nouvelle se concentrera presque uniquement et près d’un siècle 70. La France ne les interdira totalement qu’en l’an 1999, et c’est durant sur l’étude d’environnements ou de biotopes considérés d’ailleurs à cause de ce retard que la plombémie2 des français comme « sauvages », toute intervention humaine étant considérée restera longtemps en moyenne presque trois fois supérieure à celle comme néfaste par principe. A tel point que l’on enseigna pendant des Américains, même si les taux moyens sont redevenus depuis à longtemps que la richesse et la pureté d’un biotope dépendait peu près les mêmes, du moins pour les jeunes générations. presque exclusivement de son degré d’anthropisation2 (sous entendu < Les intoxications aux métaux lourds ont des effets très graves et : le moins anthropisé, le mieux), ce qui n’était bien entendu pas vrai. Le Rouge-queue à front tous assez variés, même si les plus visibles d’entre eux concernent L’écologie en tant que science faillit même se perdre dans les années blanc (haut). La pipstrelle commune (bas). généralement des troubles du système nerveux pouvant entraîner 30, notamment sous l’influence de penseurs nazis ou proches des nazis Deux espèces courantes au cimetière du Père la Chaise des retards mentaux considérables et, ultimement, la mort. ayant poussé cette logique jusqu’à son paroxysme, quitte à faire la mais bien moins fréquentes dans le reste de l’Ile-de- chasse contre toute plante ou organisme « importé » par la faute France. On pourrait également discuter de la pollution aux radiations qui de l’homme dans un écosystème qui ne serait pas légitimement le finissent par affecter de très grandes zones et ce de manière très sien. Pour ces idéologues radicaux, parfois également influencés par < pernicieuse (car peu visible malgré les risques encourus). Cependant, la pensée de Thoreau3 , le seul véritable environnement « désirable cette dernière est encore de nature très localisée, et ses causes » était celui d’une nature primale et authentiquement sauvage, le très techniques sont difficilement généralisables dans la plupart seul à même de forger un homme « sain », « véritablement libre » et « des contextes. Toutefois, la catastrophe récente de Fukushima au non perverti ». Autant dire que les villes n’y avaient pas vraiment leur Japon est là pour nous rappeler que la pollution aux éléments radio- place. nucléaires est sans doute potentiellement parlant la plus dangereuse et la plus létale de toutes. Ce n’est que très récemment que l’on a commencé à faire le lien entre urbanité et écologie, et entre écologie et santé humaine... vers Mais qu’est-ce donc que la pollution au sens moderne du terme ? la fin des années 70 pour être exact. L’écossais Ian McHarg avait déjà réalisé des travaux pionniers La pollution, nous disent les écologues, résulte de l’introduction avec ses étudiants au cours des années 60, dans lesquels il essayait d’un élément alteragène susceptible de perturber l’équilibre < de développer une méthode rationnelle de planification des homéostatique3 au sein d’un milieu ou d’un biotope donné. Il est Carte de l’impact de la radioactivité sur l’océan après villes en accord avec leurs milieux écologiques d’origine. Allant Fukushima en mars 2012. donc question d’équilibre dans cette définition. La pollution, c’est ce Dans le courant de l’année 2014 la côte ouest des USA même plus loin, il s’intéresse très précisément aux cartographies sera touchée par les eaux contaminées par la centrale qui n’est pas recyclable ou réintégrable lors des cycles biologiques Fukushima. médicales recensant maladies et maux urbains (notamment dans présents dans un milieu naturel ; c’est également tout ce qui va l’agglomération américaine de Philadelphie), et tente de les finir par s’accumuler « en trop » lors de l’un de nos propres cycles corréler avec l’environnement physique, social et naturel, mais ce économiques industriels et que nous ne parvenons pas à recycler de façon très scientifique. McHarg était également très critique vis ou à digérer complètement, ni nous, ni la nature. Et ce sont ces à vis du modèle industriel économique dominant de son époque, Prospectus de sensibilisation à la biodiversité existant substances mêmes qui finissent par la perturber ou nous détruire. Tant lui reprochant essentiellement d’être un modèle de domination dans la ville de Paris. Mairie de Paris

que, lors de la fabrication de nos produits, nous serons incapables et de destruction (« Dominate and Destroy ») là où il devrait être < Ernst Hackel, biologiste, d’atteindre 100% de matière potentiellement recyclable (c’est à dire philosophe et libre penseur normalement possible de trouver des solutions de développement allemand (1834-1919). ce que l’on nomme un cycle économique « Cradle to Cradle » ou économique et urbain compatibles avec la nature et les multiples < bien C2C4 ), il y aura pollution, il y aura « déchets ». Tout au mieux cycles naturels. C’est tout l’objet de son plaidoyer/manifeste avec pouvons-nous temporairement masquer cette pollution, limiter sa l’ouvrage « Design with Nature » , qui paraît en 1969. dangerosité par exemple via des sites d’enfouissement spécialisés, Les idées de McHarg, aussi révolutionnaires qu’elles furent à leur en plus d’épuiser progressivement mais inéluctablement la quantité époque, s’inscrivaient toutefois dans la grande tradition américaine de ressources disponibles. du sprawl et des banlieues à petite propriété privée individuelle. Elles réfutaient l’idée qu’un quelconque bien puisse résulter des Il faut bien entendu mettre en parallèle tous ces développements centres urbains densément peuplés, et postulaient que l’équilibre avec ceux de l’écologie contemporaine puisqu’il est question écologique avec les milieux urbains ne pourrait être obtenu que d’écologues, de milieux naturels et d’équilibres homéostatiques. dans un cadre en apparence « très vert » et surtout très peu dense, L’écologie, c’est donc cette science inventée par Ernst Haeckel en de manière à limiter nos impacts sur les écosystèmes déjà présents. 1866. Son but originel n’était pas de faire des conclusions sur la santé Quelque part, McHarg prophétise déjà la venue de certains types humaine et ce n’est que très récemment qu’elle s’y est aventurée. d’écoquartiers, c’est à dire ces banlieues « vertes » de nature très Rappelons que l’écologie est, selon la définition même d’Haeckel : spécialisée et presque toujours construites aux marges des grandes villes plutôt que dans leur centre. 1 Et notamment le tétraéthylplomb, additif patenté en 1921 et de formule (CH3CH2)4Pb 2 La plombémie est la concentration en plomb dans le sang. En 1976, la plombémie moyenne des français était de 125 microgrammes par litre (chiffres INSERM), alors que des études médicales contemporaines considèrent que des retards neurologiques apparaissent dès 25 microgrammes par 1 Citation originale complète : « Unter Oecologie verstehen wir die gesammte Wissenschaft von den litre. Depuis, fort heureusement, la plombémie moyenne des français semble être retombèe à 10.9 Beziehungen des Organismus zur umgebenden Aussenwelt, wohin wir im weiteren Sinne alle „Existenz- microgrammes par litre chez les enfants (2013) Bedingungen“ rechnen können. Diese sind theils organischer, theils anorganischer Natur; sowohl diese 3 Initialement élaborée et définie par Claude Bernard, l’homéostasie (du grec μοιος, hómoios, « als jene sind, wie wir vorher gezeigt haben, von der grössten Bedeutung für die Form der Organismen, similaire », et στάσις, stásis, « stabilité, action de se tenir debout ») est la capacité que peut avoir un weil sie dieselbe zwingen, sich ihnen anzupassen » ; extrait de l’ouvrage d’Ernst Haeckel « Generelle système quelconque (ouvert ou fermé) à conserver son équilibre de fonctionnement en dépit des Morphologie der Organismen. Allgemeine Grundzüge der organischen Formen-Wissenschaft, mecha- contraintes qui lui sont extérieures. Selon Walter Bradford Cannon, « l’homéostasie est l’équilibre dyna- nisch begründet durch die von Charles Darwin reformirte Descendenz-Theorie ». Berlin, 1866 mique qui nous maintient en vie ». 2 En géographie et en écologie, l’anthropisation est la transformation d’espaces, de paysages, 4 Le modèle C2C est sensé être biomimétique, c’est à dire copié ou inspiré par les cycles chimiques d’écosystèmes ou de milieux semi-naturels sous l’action de l’homme. Un milieu est dit anthropisé déjà présents dans la nature où tout ou presque est récupéré et rien n’est vraiment perdu. Le terme quand il s’éloigne de la naturalité (« Wilderness » pour les anglophones). a été popularisé par l’édition d’un ouvrage paru en 2002, « Cradle to Cradle: Remaking the way we 3 Henry David Thoreau (1817-1862), essayiste et naturaliste américain notamment auteur de « Walden make things » et rédigé par le chimiste allemand Michael Braungart et l’ingénieur américain William ou la vie dans les bois » (1854), où il décrit sa tentative, deux ans durant, de mener une vie simple, McDonough. autarcique et donc plus « authentique » que celle de ses contemporains. 38 39 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER Il faudra en vérité attendre la fin des années 70 pour que certains scientifiques finissent par remarquer que les écosystèmes urbains étaient en réalité très complexes et potentiellement très riches, parfois bien plus que leurs homologues de campagne1. Et il faudra attendre encore quelques décennies supplémentaires pour que l’on se rende compte de façon mesurable dont ces milieux urbains finissent par affecter la santé de leurs habitants2. Les villes ont cette particularité d’être des biotopes de nature presque entièrement artificielle, de représenter le seul habitat terrestre réalisé et fabriqué consciemment par l’espèce dominante du lieu, c’est à dire l’homme (du moins dans l’état actuel des connaissances en matière d’éthologie3).

Quantité de formes de vie ont fini par très bien s’y adapter, que cette adaptation ait été involontaire ou au contraire que ces organismes y aient été délibérément introduits. Certaines espèces de blattes, par exemple, n’existent presque plus dans la « nature » et ne semblent avoir été sauvées d’une lente extinction programmée que par l’arrivée inopinée des hommes et des villes qui leur ont donné une seconde Flamboyant rouge, chance -et avec quel succès!-. Il en va de même pour quantité de Hai Phong, Vietnam. végétaux et d’arbres qui nous semblent familiers, mais dont les forêts < originelles ont pour ainsi dire toutes disparues (cas du Gingko biloba, mais aussi du Sophora japonais, du Marronnier d’Inde, du Flamboyant rouge, du Jacaranda, de nombreux palmiers plus ou moins naturalisés, et, dans une moindre mesure, du Platane).

L’écologie étant littéralement la science « des conditions d’existence », à partir du moment où l’on a fini par considérer l’espèce humaine comme étant une espèce véritablement « comme les autres » (ce que se refusèrent complètement à faire les premiers écologues, éthologues et savants du siècle passé), étudier les villes revenait forcément, quelque part, à étudier les conditions d’existence des êtres humains. Se poser la question des liens pouvant être tissés entre bien-être, santé et urbanité,

c’est nécessairement se poser celle de l’optimisation des conditions < d’existence de l’espèce humaine au sein des villes. Excerpts from Staten Island Study, Design with Nature, Ian L. McHarg, 1967. La méthodologie de cartographie de McHarg 1 Lire à ce sujet le livre de Jean-Marie Pelt, « L’homme re-naturé, vers la société écologique » (1977), et qui prend en compte les relations entre des eut un retentissement international caractéristiques sociales, économiques, historiques, 2 Par exemple, l’effet dit « des îlots de chaleur urbains» est à présent beaucoup mieux compris depuis politiques, environnementales, culturelles cela qu’on en ait soupçonné l’existence en 1982. On peut dorénavant les mesurer à l’aide de nombreux instru- dans un but de comprendre ce qui caractérise un lieu pour faire des propositions plus adaptées ments, y compris grâce aux satellites. à son contexte. Il est le précurseur du «travail par 3 On se pose toutefois la question de savoir si certaines formes de savannes africaines ne résultent pas calque». d’une action consciente et délibérée des éléphants africains (Loxodonta africana), ces animaux étant L’île de Staten Island est notamment connue pour capables de prouesses mentales et de calculs à long terme la plupart du temps bien supérieurs aux grands l’ancienne décharge à ciel ouvert Fresh Kills, la plus singes. grande au monde. Allée de Jacaranda durant leur période de floraison, Pretoria, Afrique du Sud.

< Sophora japonica, < Design with Nature, Ian L. Feltre Belluno, Italie. McHarg, 1967. <

Fresh Kills Park, FIELD Operations. L’ancienne décharge sera ainsi dépolluée à l’aide d’un parc, infrastructure verte active permettant l’absorption des toxiques. La pensée opérationnelle environnementale, sociale de McHarg prend donc forme en projet. <

40 41 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER Les principaux problèmes de santé auxquels nous faisons face à présent 2.1 L’environnement urbain : sont, en suivant l’idée et l’ordre des trois pistes possibles, également de trois un rôle de premier plan ordres différents. Le corps 2.1.2 Trois éléments du cadre de vie qui influencent la Au niveau pandémique, les maladies responsables de la plus forte santé surmortalité sont dorénavant les maladies cardio-vasculaires (elles sont en passe de largement dépasser celles liées au tabagisme, qui sont en nette régression). Elles sont principalement dues à des bouleversements importants de nos habitudes alimentaires, mais aussi de notre capacité à effectuer un effort physique régulier, ce qui se traduit concrètement parlant par une augmentation saisissante des cas d’obésité.

L’Organisation Mondiale de la Santé définit l’obésité en fonction de deux seuils liés à l’Indice de Masse Corporel (IMC). A partir de 25, l’on est considéré comme étant médicalement en surpoids, après 30 l’on est obèse1.

La prévalence de l’obésité a longtemps été relativement limitée dans l’histoire, mais ces deux dernières décennies, son augmentation aura été exponentielle au point de prendre des proportions épidémiques. Un quart de siècle auparavant, seule une personne sur douze l’était... sauf que dans cet espace de temps, plus du quart des américains sont devenus obèses, et l’American Medical Association a donc décidé en 2013 d’officiellement considérer l’obésité comme une maladie2. Car être obèse augmente de façon brutale les risques de mortalité liés en particulier aux maladies 2km à pied par jour suffisent < à diminuer l’incidence de cardiovasculaires, qui sont donc devenues mécaniquement la première l’obésité.

cause de mortalité dans les pays développés. Au seuil de 32 d’IMC, le < taux de mortalité général (toutes causes confondues) est tout simplement Fausse une du Time doublé, et les chances de subir un accident cardiovasculaire majeur sontPourcentage de la population (%) 3 Lorsqu’on se pose un tant soit peu la question des améliorations possibles presque triplées . 39.4 de notre cadre de vie urbain, l’on s’aperçoit que trois grandes pistes, trois 40 37.8 37 37 36.6 grandes familles d’idées sont possibles même si elles se rejoignent très 35.9 1 Voir le rapport détaillé de l’OMS : http://whqlibdoc.who.int/trs/who_trs_894_fre.pdf 35.5 35.9 35.5 35.3 35.7 fréquemment. 2 « A.M.A. Officially recognizes obesity as a disease », Andrew Pollack, 18 juin 2013, article publié dans le New York Times 35 34.4 3 « Body-Mass Index and Mortality in a Prospective Cohort of U.S. Adults », Eugenia E. Calle, Ph.D., Michael J. 32.5 1. L’on peut se focaliser sur l’amélioration de soi et des personnes, de la Thun, M.D., Jennifer M. Petrelli, M.P.H., Carmen Rodriguez, M.D., M.P.H., and Clark W. Heath, Jr., M.D. , New 31.9 32.3 England Journal of Medicine, 7 octobre 1999 ; article disponible sur l’adresse: http://www.nejm.org/doi/ 31.5 31 santé de nos propres corps. C’est ce que l’on appellerait une démarche full/10.1056/NEJM199910073411501 30.6 30.6 intravertie. 30 PopulationPourcentage de (%) la population (%) 26.5 2. L’on peut également se focaliser sur la création d’un environnement 25.5 25.1 Graphique du pourcentage 24.6 qui nous « userait » moins, qui nous rendrait la vie plus agréable et plus 39.4 25< de la population en état de 24.5 surpoids et en état d’obésité 23.4 23.3 40 37.8 22.9 fonctionnelle. Ce type de démarche est donc extravertie. 37 entre 2000 et 2012 à 22.1 22.2 New-York 37 36.6 Shanghai, Paris et New York. 35.9 21 35.5 35.9 35.5 35.3 35.7 20.3 20.6 3. Et enfin, et c’est là une spécificité très humaine puisque nous sommes 35 34.4 20 une espèce intelligente, c’est qu’il faut prendre en compte le facteur 32.5 32.3 17.7 31.5 31.9 technologique qui finit presque toujours par révolutionner nos habitudes 30.6 31 30.6 et proposer des méta-solutions qui vont au-delà des précédentes. C’est à 30 15 14.4 dire qu’il faut en permanence garder à l’esprit qu’aucun débat n’est clos, 13.2 Paris que tout est en permanence améliorable, et que chaque modèle proposé 26.5 11.9 12.1 < 25.5 appelle aussitôt à son dépassement. Il nous faut anticiper les évolutions 25.1 25 24.6 24.5 9.5 A 3ans, Lu Hao pèse 57kg 23.4 23.3 10 8.9 9.2 possibles afin que notre désir d’améliorer sans cesse notre cadre de vie ne soit 5 fois plus que les enfants 22.9 Shanghai de son âge. Les médecins 22.1 22.2 New-York 7.8 finisse par le transformer en utopie cauchemardesque. Cela est tout à fait chinois, inquiets par son état 21 6.6 de santé, penchent pour 20.3 20.6 possible si l’on n’y prend pas garde. un dérèglement hormonal 20 doublé d’une alimentation très peu saine. 17.7 5 Années (ans) Nous ne sommes plus au XIXème siècle où d’énormes pandémies 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 contagieuses faisaient la loi. Chaque époque a tenté de réagir et de 15 14.4 lutter contre son lot de souffrance par des modèles urbains adaptés : 13.2 Paris IMC 25-30 l’hygiénisme haussmannien contre le choléra, l’architecture moderne 11.9 12.1 IMC > 30 contre la tuberculose. Shanghai 10 8.9 9.2 9.5 Sachant ces maladies vaincues - du moins dans les pays riches -, qu’en est-il Shanghai 7.8 Paris de l’époque contemporaine ? 6.6 New York 5 Années (ans) 42 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 43

IMC 25-30 IMC > 30 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER Les dépenses de santé des américains liées aux problèmes engendrés par l’obésité dépassent toutes les autres. Rien qu’à New York, la mairie estime cette catégorie de dépense à plus de 9.9 milliards de dollars US chaque année. C’est pour cela que le maire, Michael Bloomberg, a mobilisé ses services en faisant de la lutte contre l’obésité la cause sanitaire principale de son mandat. Le problème est cependant mondial, puisque aussi bien en France qu’en Chine, nous sommes en train de rattraper à grande vitesse les statistiques américaines.

Or, les médecins ont découvert que la structure même de nos cités affectait ces taux moyens d’obésité, et notamment à cause des efforts musculaires fournit quotidiennement par leurs habitants. Le simple fait de pouvoir régulièrement marcher sur une distance qui n’a rien de marathonienne (2 kilomètres suffisent) diminue déjà de façon importante l’incidence de l’obésité. Mais encore faut-il pouvoir marcher, rendre cette activité nécessaire, utile et même désirable, car ce n’est pas forcément le cas partout. Et c’est là où le style de vie périurbain ou campagnard pose de graves problèmes, car le mode de transport le plus fréquent y est celui de la voiture, que ce soit lors des achats, ou même pour aller travailler. Beaucoup de banlieues américaines s’opposent et empêchent même une activité pédestre régulière. De plus la qualité de la nourriture que l’on y trouve dans les supermarchés y est très mauvaise (notamment à cause de l’abondance des plats, de sodas ou de préparations saturées en sucres, ce < qui dérégule le cycle hormonal de la leptine, c’est à dire de l’appétit) et Ergonomic Crosswalk ,Jea ne peut là encore que contribuer à augmenter l’incidence des troubles du Min Lim Ce passage clouté en forme comportement alimentaire parmi leurs clients. de parabole est censé épouser les trajectoires préférentielles des piétons. < Les chercheurs anglo-saxons ont donc abouti au concept de marchabilité (walkability), afin de déterminer quels facteurs pouvaient inciter les habitants Andreas Gursky ,99 Cent II Diptychon, 2001 d’un quartier donné à régulièrement marcher ou utiliser le vélo. Quantité de Les drugstores comme effet de société ont eu une facteurs rentrent en réalité en jeu : que ce soit la perméabilité des îlots et influence sur la santé des leur connectivité au reste de la ville, la présence de voies piétonnes larges et habitants.

protégées, des lieux agréables et sains où se promener, bien desservis, une < grande mixité fonctionnelle des commerces et des services, et bien sûr une densité critique pour que le tout puisse fonctionner. A ce jeu, les habitants Publicité de la mairie de New York incitant à prendre des cœurs métropolitains denses sont les grands gagnants. Et c’est cette l’escalier. raison principale qui explique que leurs artères et leurs veines sont souvent dans un bien meilleur état que partout ailleurs. En plus de disposer d’un mode de vie plus dynamique qu’en banlieue ou dans la campagne, ces mêmes habitants du centre-ville ont généralement accès à une nourriture plus variée et de bien meilleure qualité du fait de l’abondance et de la diversité des commerces de proximité. Cette idée consistant à stimuler physiquement les habitants de villes ne s’arrête cependant pas là. Le Design Actif propose justement de concevoir des bâtiments et des lieux de rencontre qui nécessitent la complicité de leurs usagers afin d’en obtenir les effets bénéfiques. C’est d’ailleurs en cela qu’il s’oppose et complète à la fois le Design Passif, qui consiste déjà à sélectionner des matériaux sains et recyclables lors des chantiers.

Le Design Actif, cela consiste donc à faire de beaux escaliers qui donnent envie de les gravir et de les parcourir de long en large, à limiter délibérément (mais pas totalement) l’usage des escalators et des ascenseurs en suggérant d’autres circulations, d’autres lieux de rencontre possibles au sein des universités et des entreprises, à créer des bâtiments qui nous stimulent physiquement sans même que l’on s’en rende véritablement compte, et qui soient capables de briser l’extrême sédentarité des emplois de bureaux, assis toute la journée sur le même fauteuil et devant le même écran. Signe de ce succès outre-Atlantique après plusieurs expérimentations concluantes, la certification LEED est dorénavant sur le point d’intégrer officiellement tous les paramètres reconnus du Design Actif1, aussi bien en matière de construction individuelle que d’urbanisme.

1 « Developing an Active Design Index for LEED », Karen Lee, 5 mars 2014, Green Building Information Gateway ; article disponible en ligne sur l’adresse : http://insight.gbig.org/developing-an-active-design-index-for-leed/ 44 45 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER L’OMS recommande donc de ne pas dépasser le seuil de 20 microgrammes de particules fines par mètre cube d’air1. L’environnement Or dans les grandes métropoles, ce seuil est la plupart du temps dépassé, même dans le cas de villes relativement peu polluées telles que New York. Etant donné notre plus grande espérance de vie que dans le siècle En Chine et en Inde, la pollution de l’air est même prend une tournure précédent, la qualité de l’environnement devient également un critère de cataclysmique, et dans les cas de Pékin, Shanghaï et Chongqing, les plus en plus nécessaire à ce que l’on nomme une bonne qualité de vie. particules fines représentent très certainement la première cause de surmortalité en général, comme en témoignent plusieurs articles rédigés En plus des équilibres homéostatiques déjà mentionnés auparavant et par des médecins chinois. Dans le cas d’un phénomène climatique comme qui conditionnent de façon globale notre existence sur cette planète, le smog de Harbin d’octobre 2013 (en Mandchourie), il est probable que disposer de biotopes urbains variés et riches en biodiversité possède le précédent record détenu par Londres en 1952 ait été très largement quantité d’autres avantages. Les maladies des plantes et des organismes dépassé. Durant ces trois jours, les mesures locales ont rapporté des pics y sont beaucoup plus faibles, et le risque d’allergie également (puisque allant au delà des 1000 microgrammes de particules fines par mètres les réactions allergènes dépendent de la quantité et de la fréquence de cubes, c’est à dire près de 50 fois le seuil d’alerte de l’OMS. La visibilité l’exposition des sujets à certaines substances ou pollens). réelle était réduite à 30 ou 50 mètres maximum, et la région de Harbin est La présence des plantes affecte également la bonne humeur, la sociabilité devenue invisible même depuis l’espace, recouverte d’un nuage gris-noir et la santé des habitants, comme l’ont démontré les fameuses expériences tranchant singulièrement avec le blanc floconneux de nos braves cirrus, de Roger Ulrich en Pennsylvanie, ou bien celles réalisées sur le grand cumulus et autres altostratus2 ensemble Robert Taylor Homes à Chicago1. .

Une bonne présence des plantes et des arbres contribue énormément à Il y a donc encore beaucoup de chemin à parcourir, y compris dans les réguler et tempérer l’effet d’îlot de chaleur. Ce dernier d’ailleurs, n’est pas villes européennes puisque malgré tous nos efforts nous continuons toujours forcément que corrélé à la minéralité et à la densité des villes, mais surtout < de régulièrement franchir ces fameux seuils recommandés par l’OMS. 2 à leur forme, à leur étendue et donc à leur albédo moyen. Une ville telle Robert Taylor Homes à que Atlanta avec un très fort coefficient desprawl et de surfaces bitumées Chicago, 1962. 1 Voir le document en ligne de l’OMS (en anglais) : http://www.euro.who.int/__data/assets/pdf_ file/0006/189051/Health-effects-of-particulate-matter-final-Eng.pdf Pollution de l’est de la Chine par habitant est beaucoup plus sensible aux phénomènes des ICU et des 2 « Harbin smog crisis highlights China’s coal problem », Christina Nunez, édition du National Geographic, 22 depuis un satellite, NASA, 16/03/2007. 3 octobre 2013 ; consultable à l’adresse : http://news.nationalgeographic.com/news/energy/2013/10/131022- événements thermiques extrêmes que New York . Les villes compactes, harbin-ice-city-smog-crisis-china-coal/ là encore, s’en tirent beaucoup mieux, à condition toutefois de disposer < d’espaces plantés stratégiquement et astucieusement disposés, comme par exemple en généralisant les fameuses toitures et terrasses végétalisées dont les effets sur les habitants des centres urbains n’ont rien d’uniquement cosmétique. La qualité et la réflexion préalable que cela suppose parmi les planificateurs a toujours plus d’effet que la quantité brute mesurée en Beijing surfaces d’espaces verts par habitant.

Certaines plantes enfin, peuvent permettre de lutter (au moins localement) contre les effets de la pollution en absorbant plusieurs catégories de polluants par leurs feuilles ou leurs racines. Les environnements urbains denses ont cependant un très grave problème de ce côté-là. L’OMS estime que la pollution de l’air est responsable de plusieurs millions de morts chaque année (au moins 2.4 millions), c’est à dire bien plus que la plus < virulente des maladies « classiques » telles que le Sida, le paludisme ou la grippe. La ville de New York s’est récemment lancée dans En France même, la seule pollution aux particules fines (des particules de une vaste campagne écologique visant à réduire moins de 10 microns de diamètre, techniquement abrégées PM10) serait les consommations des citoyens en travaillant responsable d’une surmortalité de l’ordre de 44000 décès par an, d’après son albédo. Le total de la surface peinte à ce jour est une étude résultant du programme communautaire européen CAFE d’environ 92 903 m². -Clean Air for Europe-.

Ces particules, en plus de leur effet mesurable sur le climat, sont susceptibles de se loger dans les plus fines alvéoles des poumons et parfois même de pénétrer directement dans le flux sanguin. Et d’après une étude de 2002 du Journal of the American Medical Association, chaque augmentation de 10 microgrammes de particules fines par mètre cube d’air augmente de 6% la surmortalité due aux affections cardiopulmonaires et autres maladies chroniques hélas courantes.

1 « Do Trees Strengthen Urban Communities, Reduce Domestic Violence? », W. C. Sullivan, Ph.D. & Frances E. Kuo, Ph.D. , ACES laboratory, University of Illinois-Champaign, publié dans Forestry Report, 1996 2 Rapport de l’énergie solaire réfléchie par une surface à l’énergie solaire incidente. < 3 Cf article paru dans Environmental Health Perspective, janvier 2013, « Urban form and extreme heat events : are sprawling cities more vulnerable to climate change than compact cities? », Brian Stone, Jeremy J. Hess Paris le 14 mars 2014. and Howard Frumkin ; disponible à l’adresse suivante :http://www.researchgate.net/publication/49641774_Ur- ban_form_and_extreme_heat_events_are_sprawling_cities_more_vulnerable_to_climate_change_than_com- pact_cities 46 47 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER Mais ce n’est pas tout. La pollution des eaux et des sols est également un La seule solution de long terme est fournie par les progrès récents de la bio- problème fondamental qui peut finir par affecter la santé des habitants ingénierie. Et elle consiste à créer des écosystèmes capables de digérer d’un quartier. En Chine, et malgré tout le formidable développement et de métaboliser toute cette pollution (via des plantes et des bactéries), économique du pays, il est toujours quasiment impossible d’obtenir et ce, même si ce processus peut s’étaler sur un grand nombre de de l’eau vraiment potable au robinet, du fait que cette même eau décennies comme c’est le cas dans le projet du parc de Freshkills à Staten soit pompée dans des fleuves parmi les plus pollués au monde. Il faut Island (NYC), construit sur ce qui fut autrefois la plus grande décharge aussi savoir que, selon le WWF, 42% des égoûts chinois et 45% des rejets à ciel ouvert du monde. Le suivi actif de la dépollution des sols devrait industriels du pays finissent dans le Yangtsé1. Mais le gouvernement prendre entre 30 et 70 ans selon les secteurs (40 années en moyenne), et chinois ne désespère pas pour autant, et multiplie les investissements ce sur un site grand comme 2.7 fois la surface de Central Park1. Autant dans les systèmes de retraitement des eaux, qu’ils soient lourds, très dire qu’il faudra savoir être patient, et accepter de collaborer avec des

centralisés, ou bien complètement locaux, à l’échelle de quartiers < cycles biologiques qui fonctionnent sur un temps beaucoup plus long que ou même d’îlots. Le contact avec les eaux charriées par les fleuves ce à quoi les promoteurs immobiliers sont ordinairement habitués. Mais Les exemples de ces est cependant encore jugé tellement dangereux pour les habitants pollutions ne manquent pas. le résultat peut être là, et aucune pollution (autre que radiologique) ne En septembre 2013, le fleuve que dans le cas de nombreux quartiers, les planificateurs et urbanistes Yangsté, autrefois appelé semble dorénavant tout à fait inéluctable et impossible à nettoyer. Ce qui «fleuve bleu», virait au rouge chinois préfèrent développer des zones tampons, très souvent des près de la ville de Chongqing, constitue déjà un très grand progrès, une vraie source d’espoir par rapport suscitant l’inquiétude des parcs capables de régénérer et d’assainir l’eau avec laquelle habitants. aux décennies précédentes. pourraient entrer en contact les visiteurs (voir à ce sujet les projets du 1 http://4.bp.blogspot.com/_C5AZ7HfCG3A/TUGfFNXMnmI/AAAAAAAAAB0/dmFXyaK_Bb4/s1600/ paysagiste Kongjian Yu et de son agence Turenscape, qui ont une fresh%2Bkills%2Bpark-06.jpg spécialité dans l’élaboration de parcs incluant de grandes zones humides capables de se nettoyer et de régénérer naturellement. Cf Zongshan Yards, Yongning river park, Tanghe river park... etc...).

La pollution des sols, enfin, résulte le plus souvent d’une ancienne activité industrielle. Lorsque les cités finissent par rattraper ces lieux et qu’il est question de lotir ces anciennes zones industrielles, la présence de polluants dans le sol peut finir par constituer un grave problème de santé à cause des poussières délétères qui seraient alors involontairement absorbées, respirées et ingérées par les futurs habitants. Le plus souvent, le réflexe préalable à toute opération immobilière suppose de simplement cureter le sol sur une épaisseur < plus ou moins profonde. Mais ce n’est hélas pas toujours suffisant, En septembre 2011, le fabricant chinois de et certains habitants du nouveau quartier de la plaine de France panneaux photovoltaïques Jinko Sola avait dû fermer semblent à présent développer des pathologies propres à celles des l’une de ses usines à Haining, dans l’est du pays, sous la sols pollués, malgré un curetage effectué selon toutes vraisemblances pression de la population. La raison, le site rejetait des dans les règles. niveaux excessifs de fluorure, un élément très toxique à haute dose, tant pour les poissons que les riverains.

1 « Threat of pollution in the Yangtze », site en ligne du WWF : http://wwf.panda.org/about_our_earth/ < about_freshwater/freshwater_problems/river_decline/10_rivers_risk/yangtze/yangtze_threats/ Les rivières Baiyang et Daqubang, dans la province du Zhejiang (sud-est), sont devenues orange en mars 2012, et se sont vues surnommées par des locaux «la rivière jaune» et la «rivière jus d’orange». Selon des scientifiques, ce ne sont pas la boue ou le sable qui ont coloré l’eau, mais bien la pollution industrielle et en particulier des rejets de fer. PM10PM10 en microgrammes/m3 (microgramme/m3) PM10 (microgramme/m3) 80 PM10 en microgrammes/m3 80 500 500 500 76 500 Shanghai 73 74 « If we turn our attention to aspects of the environment that may enhance 69 68 68 434 70 67 66 health, we need to open collaborations with a broad range of professionals, such 64 64 62 Shanghai 400 as 60 358 landscape architects to help identify the salient features of outdoor ‘exposures’… » 50 300 273 269

40 Howard Frumkin 208 200 187 179 149 191 30 28 28 26 27 161 180 25 24 Paris «Si nous tournons notre attention sur les aspects de l’environnement qui peuvent 23 23 124 22 21 21 21 21 129 Paris 115 20 Années (ans) augmenter la santé, nous devons ouvrir des collaborations avec une large gamme 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 100 Années (ans) 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 de professionels commes les architectes paysagistes pour nous aider à identifier < < Shanghai Shanghai les caractéristiques sous jassente à l’exposition au milieu extérieur.» Moyenne de la pollution au Pic de la pollution au pm10 entre 1999 et 2011 à Paris pm10 entre 1999 et 2011 à Paris Shanghai et Paris Shanghai et Paris 48 49 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER Les abeilles des villes, en revanche, semblent être en bien meilleure santé que dans les campagnes. Les avancées technologiques Un scénario étrange et inédit devient tout à coup envisageable, c’est à dire la survie de ces espèces uniquement en milieu urbain Quelles leçons peut-on tirer de tous ces problèmes ? dense. Nos grandes métropoles, malgré leurs problèmes encore récurrents de pollution aux particules fines, aux métaux lourds et Les biotechnologies sont en réalité une arme à double tranchant. Si aux diesels, risquent de devenir bientôt des réservoirs de biodiversité elles permettent à présent des résultats qui pourraient tenir du miracle essentiels. Et certaines activités agricoles - telles que l’arboriculture lors de la dépollution de grands sites urbains, il ne faut pas oublier fruitière - pourraient très bien, à l’avenir, être confinées aux que simultanément, plusieurs laboratoires mettent au point des environnements périurbains encore non contaminés : développer molécules dont la présence au sein des écosystèmes peut avoir des < des scénarios crédibles d’agriculture urbaine est plus que jamais < conséquences beaucoup plus importantes qu’auparavant. Et ces Molécule de 2-hydroxy-atrazin. une question d’actualité, et peut-être même de survie. Ancienne activité industrielle sur la Plaine St nouvelles molécules sont tellement efficaces, tellement dangereuses Denis. Usine de LANDY produisant 1.000.000 aussi, qu’il suffit désormais de doses tout à fait infimes pour éradiquer m3 de gaz par jour. Les technologies permettent également de très importants progrès en presque un clin d’oeil des centaines d’espèces d’insectes dont la médicaux. C’est pour cela que quantité de maladies autrefois plupart sont loin d’être des ravageurs. considérées comme mortelles deviennent simplement « chroniques », du moins dans les pays riches. C’est à dire que si l’on ne sait La nature des polluants change, les habitudes aussi. Et c’est un toujours pas exactement les guérir, on n’en meurt plus comme autre paradoxe auquel nous devons faire face dans ce monde avant et on peut même vivre avec assez normalement et de plus contemporain, à savoir que les campagnes (et surtout les régions en plus longtemps sous réserve d’accepter un traitement régulier. dédiées à la monoculture extensive) sont de plus en polluées par C’est le cas, par exemple, du SIDA et de certains cancers. des pesticides qui sont non seulement de plus en plus dangereux mais aussi de plus en plus persistants, nombre d’entre eux étant de redoutables perturbateurs endocriniens. L’élimination progressive de ces molécules semble être également beaucoup plus difficile et peut prendre des décennies, les métabolites et les sous-métabolites des molécules initiales tendant à être tout aussi toxiques (cas de l’atrazine, pourtant interdite au sein de l’Union européenne depuis 2003, et dont les sous produits de dégradation, l’atrazine-désethyl et le 2-hydroxy-atrazine figurent toujours dans le palmarès de tête des molécules les plus problématiques).

Les grandes villes, là encore, s’en sortent très bien, étant donné que < leurs services municipaux cherchent à limiter voire à totalement éliminer l’usage du moindre produit. Mais dans les communes Monsanto, connu pour ses OGM est aussi le créateur du Roundup et d’autre super- rurales, la situation est hélas inversée et tend à s’aggraver. En Seine pesticides. < et Marne, par exemple, 177 communes sur 514 possèdent une eau massivement contaminée par des produits phytosanitaires, au Risque de transfert de pesticides agricoles vers les eaux de surface. point d’être déclarée impropre à la consommation quotidienne IAURIF des nourrissons et des femmes enceintes1 (voire, dans certains cas, impropre à la consommation).

On se pose dorénavant la question de la responsabilité de ces molécules dans le déclin massif d’un très grand nombre d’espèces de vertébrés et d’invertébrés, déclin qui semble être aussi récent que brutal. Depuis les années 80, le nombre total de papillons de prairie a diminué de 70% en Europe, et c’est près de 14% des espèces diurnes qui pourraient bientôt disparaître2.

Et bien entendu, il y a les abeilles et les bourdons qui subissent une < véritable hécatombe depuis la fin des années 90. Sauf que, compte L’Appollon, une des espèces de papillon quasiment éteinte sur le territoire Français. tenu de leur rôle essentiel en matière de pollinisation des plantes (et en particulier dans les vergers), dans le cas de leur totale disparition c’est près de 75% de nos récoltes qui subiraient une baisse importante de rendement comme le rappelle le laboratoire de recherche de Greenpeace basé à l’université d’Exeter, en Angleterre3.

1 Cf Article de Francis Gouge paru dans « Le Monde » du 30 avril 2009, consultable en ligne à l’adresse suivante : http://planete.gaia.free.fr/climat/hydrologie/nappe.champigny.html 2 Cf Benoît Fontaine, chercheur sur la conservation de la biodiversité au Museum d’histoire naturelle, et cité dans un article du Figaro du 22 mars 2012, consultable à l’adresse suivante : http://www. lefigaro.fr/environnement/2012/03/22/01029-20120322ARTFIG00738-les-papillons-de-plus-en-plus-

menaces-en-france.php < 3 Rapport complet en pdf consultable : http://www.greenpeace.org/france/PageFiles/266577/declin- des-abeilles-resume.pdf Encore le meilleur traitement contre le SIDA ...

50 51 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER Il y a dans les pays riches une véritable explosion des demandes de traitement de ces pathologies chroniques, dont beaucoup sont également dues à l’âge. Sauf que ces traitements requièrent des locaux ou des équipements spécialisés à utiliser ou visiter régulièrement, ce qui est beaucoup plus facile à trouver au sein de métropoles denses offrant des services variés plutôt qu’en rase campagne. Le mode de traitement de ces maladies suscite également un débat au sein de la communauté des médecins, certains suggérant ainsi d’aller délocaliser directement au cœur des cités nombre des fonctions ordinairement réservées aux grandes structures hospitalières, créant et disséminant ainsi quantité de petits cabinets spécialisés mais très bien équipés. Cette position peut se résumer par la phrase prononcée par le docteur Montaldo lors des débats organisés par l’agence régionale de la santé Île de France : « les hôpitaux doivent aller là où sont les malades, et non l’inverse. C’est à dire au cœur des villes et des quartiers résidentiels. »

Quoiqu’il en soit, les modeles de ville plus compacts et plus denses semblent < là encore les plus à même d’anticiper ces changements d’orientation Fresh Kills Park, FIELD Operations. dans le traitement de toutes ces maladies. Une tendance qui va même < plus loin, puisqu’il est également prouvé que le style de vie dominant en centre ville possède apparemment un effet mental stimulant ralentissant le développement des maladies neuro-dégénératives, en plus de nettement limiter la fréquence de ces maladies dans l’absolu1 (les habitants de zones rurales ont en revanche un risque parfois plus que doublé de développer de telles maladies par rapport aux habitants des centres urbains)... C’est notamment le cas de l’Alzheimer et de plusieurs autres maladies conduisant à différentes formes de démence, telle que la maladie de Parkinson. Les malades vivant en centre-ville possèdent également une longévité beaucoup plus forte que celle de leurs homologues vivant dans la campagne ou même en banlieue2.

1« Geographical variation in dementia : systematic review with meta-analysis », Tom C. Russ, G. David Batty, Gena F. Hearnshaw, Candida Fenton, John M. Starr, International Journal of Epidemiology (Oxford Journals), août 2012 ; disponible en ligne : http://www.ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3429875/ 2Cf « Population Surveillance of Dementia Mortality », Richard F. Gillum, Ralston Yorrick, Thomas O. Obisesan ; International Journal of Environmental Research and Public Health, avril 2011 ; disponible en ligne : http://www. ncbi.nlm.nih.gov/pmc/articles/PMC3118887/ REX’ design, the Songdo Landmark City Block <

52 53 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER Et sans surprise, c’est la ville de New-York qui possède le plus faible taux de Mais cela ne s’arrête toujours pas là. Les réfrigérateurs fournis dans cas de démence et d’Alzheimer de tous les Etats-Unis... les appartements sont capables d’analyser leur contenu, et de vous prévenir si la consommation de ces aliments présente un risque, ou si Cependant, il faut garder clairement à l’esprit que même lorsque nous vous vous nourrissez mal. Les miroirs présents dans les salles de bains croyons bien faire, les technologies ne solutionnent pas tout. Leur usage sont même capables d’analyser votre silhouette et vous faire des pose souvent autant de questions qu’elles n’en résolvent, et c’est aussi le recommandations en cas de problèmes de surpoids ou d’anorexie. cas de l’irruption de l’électronique au sein des « Smart Cities ». Et ces deux appareils, bien entendu, transmettent toutes leurs Le projet le plus abouti du genre est situé en Corée du sud, non loin de la données en temps réel vers l’hôpital central de la ville. capitale, Séoul. Il s’agit de Songdo, une cité construite par un consortium L’accès à la ville étant bien entendu limité et sécurisé par des péages privé sur une île artificielle dans la baie d’Incheon, sur un secteur bénéficiant électroniques, et on peut donc quelque part parler d’une « super- en particulier du statut de zone franche. gated community ».

Songdo possède la particularité d’être la résultante de la plupart des théories de planification urbaine à la mode. Son tracé a été extrêmement Songdo est un modèle de ville optimisé et expérimental que ses rigoureux : c’est un modèle de ville dense et compacte, très économe concepteurs comptent pouvoir fournir « clés en main » à plusieurs en énergie, privilégiant les modes de transports doux et sans le moindre pays déjà intéressés -la Chine et l’Inde par exemple-. Et nous ne rejet de CO2. Sa « marchabilité » a été très étudiée, son accessibilité et < parlons pas d’une cité du futur ou d’un quelconque rêve utopique, Bracelet COR permettant par contact sa connectivité également, de même que la disposition de ses parcs (et avec l’épiderme d’injecter de l’insuline nous parlons bien d’une cité fonctionnelle quasiment terminée, qui pour les personnes diabétiques en leur biodiversité), de ses écoles et de ses commerces. Toutes les places moment de crise. existe déjà au moment même où nous rédigeons cet article. Est-ce de parking sont souterraines. C’est également la première cité au monde là vraiment l’avenir de la planification urbaine ? dont TOUS les bâtiments sont certifiés LEED, que ce soit au niveau de leur Ce n’est pas du tout impossible si nous n’y prenons pas garde. construction ou à celui de leur mode de gestion. Songdo, sous prétexte de vouloir à tout prix notre bien et de veiller L’autre particularité de cette ville, c’est d’être truffée de capteurs à notre bonne santé, sous prétexte de vouloir intégrer toutes les électroniques. C’est une cité dite « ubiquiste », dans le sens presque toutes dernières avancées en matière d’écologie, de bien-être et de

les fonctions courantes sont dématérialisées. Les achats, les consultations, technologie médicale, n’en reste pas moins un cauchemar orwellien < l’enseignement, les nécessités administratives : tout est connecté ainsi qu’une énorme machine de ségrégation où la question du Le réfrigérateur Samsung T9000 LCD électroniquement, et tout est immédiatement consultable via un simple degré de liberté individuelle de ses habitants finit par réellement se analysant son contenu en temps réel. SmartPhone. poser.

Mais cela ne s’arrête évidemment pas là. Sous prétexte d’optimiser la santé On pourrait rire de cela et croire que seules les foules asiatiques, de ses habitants, les indicateurs généraux de santé de ces derniers sont bercées par le confucianisme, seraient capables d’accepter de vivre également surveillés en permanence via des capteurs spécialisés, l’hôpital dans un tel environnement. Mais nombre d’expatriés plébiscitent central de Songdo possédant ainsi des données adaptées à chaque Songdo l’hyper connectée et l’hyper sécurisée et préfèrent y acheter

patient, ce qui devrait lui permettre d’approcher une efficacité quasi- < des appartements plutôt qu’à Séoul. Et toutes les technologies qui y idéale dans le cas du traiteme nt et du suivi des fameuses « pathologies Moniteur cardiaque intégré à un smart- sont développées le sont d’abord en Californie au sein de la Silicon phone fonctionnant en Bluetooth pour le chroniques » précédemment évoquées. Il est ainsi possible d’anticiper le transfert des données. Valley, puisque c’est l’opérateur américain Cisco Systems qui est moindre problème cardiaque et ce avant même que le patient/citoyen/ en charge de la partie électronique de Songdo. Cette entreprise habitant ne le soupçonne, ou de prévenir en direct un diabétique des spécialisée dans la technologie des réseaux possède une expertise moindres variations de son taux de glycémie toujours via son SmartPhone. Schéma de fonctionnement d’une «Smart presque inégalée sur toutes les technologies de cloud computing Grid» urbaine. et de stockage des données. Et Cisco Systems compte bien vendre < ce type de modèle de cité électronique ailleurs. Cela arrive en ce moment en France, sous prétexte de créer des quartiers à Nice qui seraient fabriqués sur mesure pour les seniors ou bien d’implanter le premier « Boulevard Connecté »1. Le prétexte invoqué n’est certes pas le même puisqu’il s’agit de séduire les marchés européens, sauf que derrière le discours vertueux, le système, la technologie employée, les capteurs et les moyens déployés sont identiques par rapport à Songdo.

Cela peut donc arriver beaucoup plus vite qu’on ne le croit, à l’image des milliers de caméras à Londres. Est-ce cependant souhaitable ? Et n’est-ce pas en réalité inéluctable puisqu’il y aura toujours des gens

pour vouloir toujours vivre plus longtemps et en meilleure santé, et ce <

à presque n’importe quel prix? Capteur relais sur le «boulevard connecté» niçois. A nous de voir et d’anticiper.

1 Cf article de Jean-François Balcon: http://gblogs.cisco.com/fr-smartcities/2013/07/02/quest-ce-que- le-projet-boulevard-connecte-a-nice/

54 55 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER 2.2 De nombreux critères concomitants

2.2.1 Vecteurs de bien-être

La notion de vecteur induit l’idée d’un mouvement, d’un

 élément dynamique pouvant se diffuser, qui transporte ou      qui véhicule. En biologie, le terme de vecteur est utilisé pour 

désigner un organisme qui ne provoque pas lui même de  maladie mais qui disperse l’infection en transportant les

 agents pathogènes d’un hôte à l’autre.          Pourtant, l’élément véhiculé par un vecteur n’est pas

nécessairement pathogène. Ce qui nous intéresse ici c’est 

le caractère dynamique de cet élément. Le milieu urbain       a du évoluer et muter en fonction des variations de sa  population, comme nous l’avons vu précédemment. La   manière dont la ville a pu s’adapter aux besoins de sa   population pour en favoriser la bonne santé ont donc eux aussi évolué en fonction du temps et des nouveaux modes de vie.          Nous parlons bien de caractéristiques du milieu urbain, des   caractéristiques qualitatives d’une qualité de vie, d’une dynamique de bonne santé, de vecteurs de bien-être en

 somme.  

            

 

                         



                           

                      





               



56 57 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

Le dynamisme comme vecteur de bien-être

Le territoire des grandes métropoles mondiales sont des lieux changeant. Leur expansion, les grands mouvements de population, l’évolution de leur structure sociale sont autant de facteurs aux quels les villes doivent être capables de s’adapter. Ces problématiques contemporaines peuvent être envisagées comme des moteurs pour une mutation bénéfique des métropoles pouvant avoir des répercussions à l’échelle locale, territoriale voire nationale. Cette réactivité possible des métropoles tient dans leur capacité à avoir mis en Comment produire aujourd’hui une ville durable, place un dynamisme, qu’il soit culturel économique ou social, bénéfique aux urbains. Cette recherche d’une De 1973 à 2000, la et plus spécifiquement surface habitable ici, une partie de ville dynamique urbaine renforce la capacité des métropoles à être des hauts lieux de « compétitivité ». Par < durable ? C’est la question Les quartiers d’habitat dans Paris est passé de 57 millions de que se pose le projet du compétitivité il faut ici entendre le statut de « modèle », de référentiel que sous-entend la métropole face aux social peuvent être Cluster Descartes dans remodelés et embellis m² à 72 millions de m² en 2000, soit un un territoire aux ambitions autres grandes villes. Toutefois, ce dynamisme métropolitain est parfois à l’origine de l’image stressante du tout en les densifiant. Certaines friches en locales métropolitaines et Roland Castro, équipe accroissement de plus périphérie des villes il de 25% alors que la internationales. milieu urbain. Une compétitivité qui peut parfois devenir pathogène si elle est mal gérée. Atelier Castro / Denissof y a quelques années BASE paysagistes + TVK / Casi. population a diminué , sont actuellement elle, de 7%. urbanistes, Marne-la-Vallée, de fortes polaritées 2010. La densité, un bon métropolitaines. outil pour connaître < < Paris, APUR, 2002. <

   

    

< Anish Kapoor au Grand Palais,  Monumenta,   2011   <

 80 % du tourisme < d’affaire de   L’espace urbain l’hexagone se occupe 21.8% concentre en du territoire Ile-de-France. français, soit un Office du augmentation tourisme et des de 19% en dix Congrès de ans. Paris, 2011. INSEE, Le découpage en unités urbaines en 2010-2011.

      <

Le plateau de Saclay, futur pôle d’excellence du Grand

Paris. Les régions métropolitaines < qui s’étendent aux villes secondaires dans des organisations multipolaires est vérifiée pour certaines fonctions et certains types   d’échanges (migrations- RÉFÉRENCES pendulaires par exemple) qui tendent à créer un espace métropolitain en University of California cours d’extension. Press Cartographie des principaux Los Angeles : The flux de navettes domicile- Architecture of Four travail (Bassin parisien et Ecologies. Sud-Est anglais). Reyner Banham, 1971. Ludovic Halbert et Kathy Pain Services globaux, géographies locales : les services aux entreprises dans les métropoles de Londres et Paris 2010.

58 59 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

Le confort comme vecteur de bien-être

Le milieu urbain est une création totalement artificialisée propre à l’homme. Au-delà d’une adaptation à un environnement naturel, l’homme se crée son propre lieu de vie. Ce processus de création a pour avantage de répondre à tous les besoins et attentes d’une population dans le but de fournir la plus haute qualité de vie et de confort possible. Le confort est en soi une notion subjective correspondant à des attentes culturelles et climatiques. A travers le monde, les métropoles se sont adaptées aux contraintes climatiques et environnementales de leur lieu d’implantation tout en prenant en compte les attentes culturelles de leur population. L’histoire de l’urbanisme nippon n’aura pas mis l’accent sur les mêmes caractéristiques que les La biodiversité est plus villes françaises, au même titre que l’urbanisme français dénote des villes scandinaves. Il est donc logique importante en La fontaine Wallace, créée ville qu’à la < pour répondre aux besoins que leur morphologie soit différente. La création d’un environnement artificiel, mais dans un contexte campagne. des populations les plus Renouveler le parc de Carte des démunies. logement ne signifie pas quant à lui bien naturel. Le confort résultant de la création d’un environnement adéquat aux besoins ne espaces verts, forcement démolir. APUR. Tour du Bois le Prêtre, peut plus être pensé au détriment du contexte naturel. A savoir si la vraie démarche écologique du 21ème Lacaton et Vassal, Paris, 2011. < siècle ne serait pas de reconsidérer notre notion de confort ... <

   

      

Les 63 lignes de < bus parisien sont accessibles par les personnes à mobilité réduite. <

Nature et logement peuvent être  pensés comme deux éléments   interdépendants.

  Parc du Trapèze, Agence TER,

Boulogne, 2009. < L’identité d’une < commune peut  Certains bureaux vides sont promouvoir une réaménagés en attendant certaine forme de leur location par des tradition et ainsi entreprises en logement participer au bien-être pour 200 euros par mois.   de la population. Mur à pêche, Montreuil, 19ème siècle.

 <

Les arrêts de bus peuvent aussi devenir un moyen d’envisager autrement l’espace urbain.   Installation de Bruno Taylor à      Londres, 2008.

La ville de Rio de < Janeiro a installé depuis 2010 des  équipements de fitness ludiques accessibles à tous.

 

RÉFÉRENCE

APUR L’espace public parisien : nouvelles pratiques, nouveaux usages, juin 2012.

60 61 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

La diversité comme vecteur de bien-être

Les métropoles sont des lieux à l’attractivité forte compte tenu de leur dynamique culturelle, économique et

sociale. Cette attractivité conduit à une mixité culturelle et sociale qui entraine une diversité des modes de Il existe d’autres alternatives < de densification du vie. S’il est question ici de différentes formes de mode de vie c’est parce qu’il est nécessaire de considérer tissu urbain et tout particulièrement du tissu la population urbaine comme une entité elle-même diversifiée et mixte venant de parcours différents, pavillonnaire. BIMBY, Build In My Back appartenant à des classes sociales différentes et aux vécus multiples. L’offre urbaine dans son sens large doit Yard. être adaptée aux besoins de chaque et proposer une complémentarité dans son ensemble pour permettre un La présence d’une trame épanouissement optimal de sa population. La population des métropoles évolue, elle grandit, vieillit, se modifie Une grande partie verte dans un milieu urbain de la population et la question de son dans sa structure sociale ; l’offre urbaine doit donc pouvoir évoluer dans le même sens tout en proposant un métropolitaine est issue accessibilité est essentielle à d’un autre pays. une diversité des situations panel de possibilité d’activité, d’emploi, de logement, de soin (etc.) le plus large pour une stimulation optimale Carte de la proportion urbaines. de population Dessertes des espaces verts de la population. immigrée. Source APUR publics dans la Trame verte BdRef Décembre 2012. de l’agglomération, IAU, juin 2009. < <

   

         

La densification des tissus < peut être un moyen d’y implanter de nouvelles formes urbaines ainsi que des programmes complémentaires. Densification à la parcelle,

IAU.

   < < L’intelligence  de conception Paris intra-muros peut permettre compte 26% de sa de réinventer de surface comme nouvelles manières espace public de vivre ensemble. La diversité des formes  alors qu’en petite Le modèle de < urbaines dessine en   couronne cette l’appartement négatif tout un panel proportion diminue haussmannien n’est d’espace public. Ces à 15%. pas figé et peut être fragments urbains sont Carte de la repensé comme un l’origine de tout un proportion d’espace moyen de repenser la imaginaire. public. Source APUR manière d’habiter. Tout bien rangé, Armelle BdRef Décembre STAR Strategies, Co Caron. 2012.  résidence, 2013.      <

Des linéarités commerciales sont autant de cheminements permettant de relier différentes parties de la ville tout en proposant différentes formes d’activité.  Projet de l’Esplanade, Commune de Dardilly, 2007.    <

Le caractère cosmopolite des métropoles fait que RÉFÉRENCE de multiples langues y sont pratiqués. De nouvelles  Babels sont apparues sur la IAU totalité du globe. Les carnets pratiques : Comment encourager l’intensification urbaine ? août 2009.

62 63 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

La fluidité comme vecteur de bien-être

Dans un monde aux villes tentaculaires les déplacements ne se pensent plus en termes de distance mais en fonction du temps de parcours. Les frontières se dématérialisent, de nouvelles Babels aux accents cosmopolites se créent autour du globe. Les métropoles savent ainsi intégrer des modes de déplacement se développant sur de multiples échelles. Les grands hubs de transport créent des interfaces permettant aux habitants de pouvoir se déplacer au sein même de la métropole, à l’échelle du territoire voire jusqu’à l’international. Cette

fluidité des moyens de transport fait en sorte que le rayonnement des métropoles s’étend bien au-delà de La ville de New-York < souhaite limiter la circulation son agglomération. Il suffit de 45 minutes pour relier la gare Montparnasse à la région Centre, de plus en plus automobile et privilégier le vélo. de Français n’ont ainsi plus peur de travailler à plusieurs centaines de kilomètre de leur lieu de travail. Il est Publicité de prévention de la mairie de New-York, 2013. L’infrastructure souterraine donc à présent difficile de délimiter l’aire d’influence des métropoles compte-tenu que les populations qu’elles 160 000 passagers sur de transport peut devenir le seul week-end de un moyen de dynamiser les touchent s’étendent parfois sur la totalité du pays voire même au-delà. Pâques entre la gare du activités de surface. Nord et St. Pancras. Proposition pour le projet des Halles de Paris, OMA, 2007. < <

  



    

Les réseaux < de transport en commun peuvent faire partie  intégrante du tissu urbain voir être interpénétrant.  Polybahn,

 Zürich. < < Pont Jean-Jacques Bosc à  Système de Bordeaux, OMA, 2018. juxtaposition de vélo sur le tramway à Le Grand Stuttgart. < Paris Express 205km de lignes et 72 gares. <

Walkscore est une application qui permet d’évaluer le niveau de walkability d’une rue ou bien d’un quartier.

     <  Outre le fait de pouvoir avoir la localisation de vélib’ RÉFÉRENCE disponibles l’application officielle géolocalise les pistes cyclables les Gouvernement du plus proches, la gestion Québec d’itinéraires pour découvrir Stratégie nationale de Paris ainsi que le C02 mobilité durable, une économisé et les calories approche responsable dépensés. et novatrice, 2014.

64 65 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

L’attractivité comme vecteur de bien-être

Les métropoles, compte-tenu de leur dynamisme, sont des lieux qui sont fondamentalement attractifs pour toutes sortes de populations. Ces populations cherchent à se rapprocher de leur lieu de travail, événement tout de même à comparer avec le phénomène inverse de « fuite » de la métropole pour plus de calme. Des échanges économiques ainsi que les plus grandes firmes mondiales s’implantent au cœur des quartiers d’affaires. Les hauts lieux culturels attirent de nombreux touristes. Autant de mouvements économiques ou

de populations que les métropoles doivent pouvoir intégrer et gérer. Cette nécessité de perméabilité des 20 000 participants au défilé métropoles peut être un atout car créateur d’une diversité ethnique, culturelle et donc devenir un haut lieu < de la fête du Têt en 2011. d’échange intellectuel. Nouvelle ligne du Grand Paris Express reliant les deux Réseau d’accueil touristique aéroports de Paris en Ile-de-France. entre eux. IAU, 2013. < <

CARTOGRAPHIE THÉMATIQUE Oise RÉGIONALE ^_ ^_ Eure ^_^_ ^_^_ ^_ ^_ La Roche-Guyon Théméricourt_^ Auvers-sur-Oise^_ ^_ ^_ Aisne Cergy ^_  _^"" ^_ ^_ _^ ^_ Mantes-la-Jolie ^_^ ^_ ^_ ^_ ^_ _^_^  ^_ ^_ ^_ _^ ^_Meaux  ^_ La Ferté-sous-Jouarre^_ Le réseau d'accueil ^__^_^^__^ ^_ _^ Saint-Denis_^ ^_ touristique ^_ ^_ ^_ ^_ "" ^_ Bobigny^_ ^_ ^_ _^Nanterre_^_^ ^_" ^_ "^_ ^_ ^_""^_ ^_ _^ _^ Île-de-France ^_ ^_ ^_ ^_^_^_ ^__^ _^_^_^^_^_ ^_^_^_ ^_ Torcy^_ ^_ ^_ Situation en 2013 _^ ^_ ^_ ^_^_ ^_ ^_^_ ^_ " ^_ Coulommiers^_ Versailles_^ ^_ ^_" ^_^_^_ _^ ^_ ^_ "" ^_ ^_ ^_^_ Créteil ^_  st-quentin-en-yvelines ^_ ^_ ^_ ^_ Marne ^_ ^_ ^_ ^_ ^_ _^_^ ^_  ^_ ^_ Office de Tourisme ^_ ^_^__^ ^_ ^_ ^_ ^_ ^_ ^_ ^_ ^_ Syndicat d'Initiative ^_ ^_ ^_ Rambouillet^_ _^ Espace accueil Tourisme ^_ ^_ ^_ "Evry " Autres organismes publics ^_ ^_ ^_ ^_ Limite départementale Provins^_ Limite communale ^_ ^_ ^_Melun Parc naturel régional et projet ^_

Espace construit ^_ Eure - et - Loir Espace boisé ^_ Aube Etampes^_ Principaux cours d'eau ^_ Milly-la-Forêt^_ Fontainebleau^__""^ ^_ ^_ ^_ ^_   ^_ ^_   ^_ Yonne

Loiret ^_ ^_

^_ 0 5 10 km

Source : FNOTSI, CRT Paris Île-de-France, IAU îdF ¡

PSA le numéro  < un français de l’automobile a intégré à son capital en 2014 le  groupe chinois   Dongfeng.

 < < Certaines limites de la ville Les échanges étudiants Les cultures du dues à ses infrastructures <   rendent des zones Erasmus entre monde entier se les différents retrouvent au sein inaccessibles. Ce foncier pourrait être le lieu d’une pays européens des métropoles aura regroupé les transformant nouvelle perméabilité urbaine. près de en des villes 1.5 millions mondes. Les propriétés de Lucifer, Equipe Studio 09 Secchi- d’étudiants en Vigano + EMU fall semester 20 ans entre 2008 Univ IUAV. 1987 et 2007. <

  En 2013 Airbus aura vendu    5559 avions soit un record historique dans l’histoire de

l’aviation. Les conférences TED (Technology, < Entertainment and Design),  sont une série internationale de    conférences organisées par la fondation à but non lucratif Sapling Fondation. Cette fondation a été créée pour diffuser des « idées qui valent la peine d’être diffusées » selon les dire de leurs fondateurs Richard Saul Wurman et Harry Marques.

RÉFÉRENCE

APUR La densité un bon outil pour connaître Paris, 2002

66 67 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

La proximité comme vecteur de bien-être

La diversité et la mixité de lieux et d’activités formant les métropoles sont une des caractéristiques de leur

urbanisme. Cette particularité urbaine est une des raisons majeures de l’espérance de vie des populations Le quartier des Halles au vivant en milieu urbain. Le fait d’avoir à proximité tout élément nécessaire à la vie journalière est un des < milieu du 20ème siècle. facteurs justifiant la haute espérance de vie des citadins. De plus, la diversité des activités est bénéfique au développement intellectuel et à la création d’une cohésion sociale. La ville en tant que regroupement humain doit ainsi mettre à disposition tous les besoins nécessaires à la bonne santé de sa population. En moyenne Paris compte 51.% de sa population composée de ménage comportant une personne Les trames vertes seule. La proximité et bleues et tout d’activité et de moyens particulièrement la de sociabilisation est donc ceinture verte sont des primordiale. réserves de biotope. Recensement de la population, INSEE, 2009. < <

 

    

Zone urbaine < et agriculture  ne sont pas  deux choses incompatibles. La ferme du bonheur,  Nanterre.

  < < Au delà de < leur aménité la D’ici 2050 50% de la La carte du Mode présence de  chirurgie du cancer du d’Occupation des Sols proximité de sein devrait se faire de (MOS) est représentatif de zones humides manière ambulatoire. la mixité d’activité et de la permet la UNICANCER, diversité des programmes rétention des Traitement des qui forge la métropole eaux de pluie cancers : vers une parisienne. et ainsi évite les évolution de la prise inondations des en charge d’ici 2020, zones bâties. 2013 Qunli   Stormwater    < Wetland Park, Turenscape, Au cours du mois d’avril 2011 Chine, 2010. il y eu 2 521 379 locations  de vélib’, ce succès étant en parti du aux 1300 sites de locations répartis dans la capitale. Fréquence des locations, Open Street Map.  

    Carte de la < proximité des transports en commun. SGP, STIF, APUR.

RÉFÉRENCES

Les acteurs locaux face à la problématique de l’accès aux soins, IAU, 2011 Aménité : qualité des relations sociales, qualités d’un lieu Sophie Le Floch, Jacqueline Candau et Philippe Deuffic Ingénieries N° spécial 2002.

68 69 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER 2.2 De nombreux critères concomitants

2.2.2 Facteurs de crise

Les villes sont des lieux aux nombreuses facettes Environnement Abris physique Sans-abris de fortune et technique Absence pathogènes. Ces caractéristiques du milieu urbain sont d’équipements Difficulté Non encourageant et exigence l’exercice Faible des tâches intégration d’espaces physique diversité des des aspects ayant un impact néfaste sur la santé et le Camping Squat Problèmes dédiés au sport commerces à l’année d’organisation dans le d’alimentation bien-être des habitants mais qui ne sont pas foncièrement bâtiment Absence Stress de logement Omniprésence Faibles au travail Conflits de l’information variations d’usage personnel en dehors du des taux voués à complètement disparaître. Comprendre ces voiture/piéton Diversité d’occupation Hébergement travail voiture/vélo Bidonvilles horaires chez un tiers Faible continuité Accès aspects pathogènes est un moyen d’envisager des difficile aux de l’espace Non Mobilité Environnement équipements, Mauvaises public Mauvaise Manque de considération Usage résidentielle macroéco. parcs, Accueil de Nuisances relations Conditions Eléments (entrées, qualité spatiale partenariats des différences automatique (santé éco., jeux Expulsion Hotel (sonores, de travail socio-éco. découragant façades) et insécurité avec les physiques des ascenseurs Absence l’habitat solutions permettant de diminuer leurs impacts. concurrence...) locative visuelles, (concurrence, ou interrompant des rues et organisations et culturelles et escalators d’éclairage mobile olfactives) inflation...) la marche à des trottoirs locales des usagers public Accès à la Insécurité pied Explosions propriété (routière, Précarité des Conception délinquance, de l’emploi Absence de dépenses Difficultés des niveaux volonté de Faible commodités limitant Absence Blocage nuire...) Stress attractivité de pour les piétons de maintient Stress Design l’utilisation ou mauvaise Un facteur est un élément qui concourt à un résultat. l’environnement (trottoirs, Accessibilité des parcours et cadre économique des escaliers bancs...) connectivité dans son le long des des pistes résidentiels de vie cheminements cyclables logement piétons Dans le cas présent, ces facteurs ont pour effet d’influer Quartiers Parcs et d’habitat aires de Trop grande Absence de populaire Saturation de Organisation jeux Manque distance aux des programmes stations de signalétique de manière néfaste sur certains aspects de la ville, cela la technologie Position, inadaptés à non favorable transport en encourageant (téléphone, attractivité, l’activité Accès Stress Taux d’effort à leur liaison commun l’exercice Mal-logement écrans etc.) visibilité, physique d’activité difficile aux Hausse Faible (loyers, charges, à pied physique dimensions, commerces de des liens sociaux, éducation, produits ayant pour résultat un impact sur le bien-être. Nous intégration et usage des impayés alimentation, escaliers physique frais parlons donc bien d’un processus où des aspects propres transports) Inconfort Manque (thermique, de visibilité Absence Droit auditif, olfactif, Rythmes et d’attractivité de programmes au logement liés à la rue au milieu urbain sont dans certaines conditions, amenés ergonomique, scolaire des stations opposable surcharge) de transport (art, cafés, évènements) Précarité énergétique Facilité à entraîner un cas de crise, de «mal-être». Mauvaise d’accès aux gestion de Insécurité parkings trop l’intensité du (comportements, Temps Relations Evironnement importante Accès aux traffic routier agressivité, de trajet longs profs-enfants de travail Trop de vols...) Densité demande transports Programmes Difficultés Mauvaises Copros Stress Stress éloignés des en social Manque de Inconforten stations de Logement conditions et transports scolaire porosité des ilots d’accès au difficultésanitaire Comprendre la création d’une condition néfaste à la Faible transport Discrimination surpeuplé desserte des Espaces dans l’accès logement d’habitat transports ouverts trop en commun santé des habitants est alors nécessaire pour minimiser Utilisation de petits la voiture Faible Non Manque trop présence de Matériaux Aléas, intégration Copros Horaires d’intermodalité importante végétation dangeureux grèves, d’espaces en atypiques Relations (Amiante, l’impact de certains facteurs de crise urbains en milieu embouteillages, Compétition ouverts dans difficulté (nuit, dimance) inter-enfants les opérations Forte Location et COV) ... solicitation sous-location urbain. des aides de meublés

Eaux de ruissellement Préoccupation  sécuritaire Anonymat Ennui     

Qualité de Eaux l’eau potable usées

Sentiment Manque Mal-être  d’écoute Ressenti Impacts d’insécurité

Peur Peur personnelle personnelle dans dans   l’environnement les transports   proche Qualité de     Incompréhension Solitude Fiabilité et l’air Déchets Isolation Nettoyage   transparence   des mesures  

  Concentration   Vols de deux roues Agressions Mesures de  Agressions Urbanisme Seuils  par des Dégradations Perte de Peur de sexuelles en Enclaves protection proches et destruction mobilité gêner raquette de voitures  Victimations Victimations Tri Recyclage personnelles Insécurité ménages Vols à la Isolement Pollution   roulotte   Définition de  Urbanistique Relationnel  seuils   de tolérance    Vols de Agressions voiture Vols sans tout-venant Espaces publics violence Etalement Marketing Peur de inappropriables Nuisances  urbain relationnel sortir Gestion des phoniques  Cambriolages déchets 

    Maladies Education    Manque de Phénomènes Qualité des  Evolution du chroniques civique & Chauffage    Pression de aliments  marché de mixité sociale et infectieuses modes de vie   foncière décohabitation l’emploi   Nuisances Causes   comportementales

Peur de Social l’avenir   Difficultés de     respiration   Allergies Déplacements Usines  (Asthmes, ...)    Vieillisse, Eclatement Personnes Personnes maladie des foyers socialement âgées traditionnels défavorisées

70 71 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

Le stress comme facteur de crise

Bruit, agitation, compétitivité, perte d’individualité, autant d’éléments inhérents à l’environnement urbain pouvant causer mal-être, tensions et stress. Il est reconnu que le stress peut avoir un impact sur la santé physique et mentale des habitants. Jean Pruessner, chercheur à l’Institut Douglas sur le thème du vieillissement et de la maladie d’Alzheimer, explique que « le stress est l’un des facteurs contribuant à l’apparition de psychose et que l’incidence de la psychose est plus grande en ville. On voit une augmentation entre la campagne et les petites villes, et entre les petites villes et les villes. On voit aussi que, si l’on a grandi dans une ville, la réponse est plus profondément enracinée. Les gens qui habitent en ville depuis quelques années seulement ont une activité < La France est un des pays accrue de l’amygdale, une région du cerveau impliquée dans la gestion du stress. Ceux qui ont grandi en ville d’Europe les plus touchés par la dépression. Les ont aussi une activité accrue de la région du cerveau qui contrôle l’amygdale elle-même. Cela signifie que anxiolytiques occupent la Suicides au première place même si un citadin de naissance déménage en campagne, il sera vulnérable au stress. » travail des psychotropes prescrits Le cône de bruit de France depuis la mise sur le marché l’aéroport Charles de Gaulle Mais après tout, le stress n’est pas fondamentalement mauvais pour la santé, il peut être un stimulus permettant Télécom. du Valium dans les années expose des nuisances à 150 1960. communes. < de garder une certaine motivation autant d’un point de vue professionnel que social, si toutefois il est possible < à l’individu de pouvoir se retrouver et s’isoler de toute l’intensité de la vie urbaine.

Environnement physique et technique

Difficulté et exigence des tâches <

Robert Doisneau Problèmes < d’organisation Passerelle de la SNCF à Villeneuve Saint Georges Stress 1945 Omniprésence au travail de l’information en dehors du travail < Pollution visuelle...... Environnement Mauvaises Nuisances macroéco. relations Conditions (sonores, (santé éco., de travail socio-éco. visuelles, concurrence...) (concurrence, < olfactives) inflation...) Insécurité (routière, Précarité Campagne de la région délinquance, de l’emploi Ile-de-France contre la volonté de violence à l’école. nuire...) Stress Stress

et cadre D’importants économique < < moyens sont mis de vie Bernardino Ramazzini, est en oeuvre afin de considéré comme le père limiter l’exposition fondateur de la médecine des habitants aux du travail. Il pose, avec la nuisances du trafic publication de son automobile. Saturation de Traité des maladies des la technologie Dispositif anti-bruit, artisans Porte d’Ivry. (téléphone, Stress Taux d’effort (1700-1714), le concept de écrans etc.) Faible (loyers, charges, « pathologie du travail ». liens sociaux, éducation, Il fut l’un des premiers à intégration alimentation, rapprocher les champs de transports) l’ergonomie et du travail.

Inconfort

(thermique, < auditif, olfactif, Rythmes ergonomique, scolaire Avec plus de 280 millions de surcharge) voyageurs annuels, RER A est la ligne ferroviaire la plus fréquentée du monde, mais Paris est aussi celle qui connaît le plus l’agglomération la Insécurité de disfonctionnements. plus embouteillée (comportements, Temps Relations d’Europe (INRIX, Evironnement 2009). La capitale agressivité, de trajet longs profs-enfants de travail < est particulièrement vols...) pénalisée par son Stress Stress périphérique sud. Le reste du pays et transports scolaire ne connaît pas les RÉFÉRENCES mêmes problèmes en revanche, se situant INRS globalement devant Stress et risques le Royaume-Uni ou psychosociaux encore l’Allemagne Aléas, en termes de fluidité : concepts et Horaires grèves, du trafic. prévention, atypiques Relations embouteillages, Compétition brochure 18p, 2006 (nuit, dimance) inter-enfants ... Université Paris Dauphine Étude d’impact des transports en commun de Région Parisienne sur la santé des salariés et des entreprises, Technologia/, étude 78p, Janvier 2010

72 73 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

L’insécurité comme facteur de crise

Carte de l’enquête sur le L’enquête « Victimation et sentiment d’insécurité » faite par l’IAU en Ile-de-France est la seule enquête de ce A/NM/A sentiment d’insécurité et de Passerelle piétonne victimation en Ile de France. type à l’échelle d’une région, preuve d’une réelle dangerosité ou seule impression ? Selon l’enquête 2013, Rueil-Malmaison 2008. < 55,5 % des Franciliens interrogés se sentent en insécurité. Ils étaient 57,5 % en 2011. Pourtant on ne peut pas dire < que le sentiment d’insécurité a réellement diminué, c’est davantage la préoccupation des franciliens qui a changé. L’augmentation du chômage se révèle être à présent la première des préoccupations. Les transports en commun, les nuisances le soir au sein des quartiers, l’augmentation des cambriolages ainsi que des vols sans violence restent les craintes les plus fréquentes de la population francilienne.

Préoccupation sécuritaire

Robert Doisneau Passerelle de la SNCF à Villeneuve Saint Georges Sentiment 1945. d’insécurité

< Peur < Peur Gaspard personnelle personnelle dans Noé dans Irréversible l’environnement les transports Long proche métrage, 97min 2002. Jean Robin Observer la loi Application Iphone 2012.

Vols de < deux roues Agressions par des Agressions sexuelles Dégradations proches et destruction de voitures

Victimations Victimations Insécurité ménages Vols à la personnelles roulotte

Vols de Agressions voiture Vols sans tout-venant violence

Cambriolages <

Oscar Newman Evolution du Defensible space. Crime prevention marché de Pression foncière through urban design l’emploi Macmillan 1972. Carte de caméras de < surveillance dans Paris 2006. Peur de l’avenir

Vieillisse, Eclatement maladie des foyers < traditionnels Jane Jacobs The death and life of great american cities Random house

RÉFÉRENCE 1961. IAU < Rapport final de Joseph Beaume, l’enquête de 2011 : Charles-Louis Mozin Victimation et Attaque de l’Hotel de Ville sentiment de Paris, le 28 juillet 1830 d’insécurité en Île- Huile sur toile de-France 1831. Août 2013

74 75 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

L’isolement comme facteur de crise

L’isolement relationnel concerne les personnes qui n’entretiennent qu’un nombre très faible de contacts avec autrui. Deux groupes sociaux sont particulièrement touchés : les personnes âgées et les personnes socialement défavorisées, en particulier les titulaires de faibles revenus et les non-diplômés. A l’isolement peut s’ajouter un certain mal-être. Ainsi, une personne isolée sur quatre éprouve un sentiment de solitude ou d’ennui, contre une personne non isolée sur dix. Ces personnes, cumulant isolement relationnel et mal-être, sont donc particulièrement fragiles sur le plan psychologique et social. De plus, la composition sociale des zones urbaines sensibles y augmente le risque d’isolement relationnel. De manière contradictoire, il semblerait que la densité Les personnes âgées et de population existante en ville ne favorise pas forcement la création de liens sociaux, bien au contraire. Est-ce < socialement défavorisées Le projet qui pourrait voir sont plus exposées à le jour en 2016 à Maule dû au tissu urbain, au manque de mixité sociale et intergénérationnelle ? l’isolement. rappelle le principe des « villages seniors » créés aux Etats-Unis il y a une cinquantaine d’années. <

1 suicide tous les deux jours chez les agriculteurs. Anonymat Ennui <

Manque Mal-être d’écoute Ressenti

Incompréhension Solitude

En 2013, plus de < 20 000 personnes expulsés suite au démantèlement de 165 campements de Roms.

Urbanisme Perte de Peur de en Enclaves mobilité gêner raquette <

Urbanisme 15 000 personnes sont < Isolement en raquette. actuellement sans Urbanistique Relationnel domicile fixe à Paris selon le Samu Social.

Espaces publics Etalement Marketing Peur de inappropriables urbain relationnel sortir

Manque de Phénomènes de mixité sociale < décohabitation Pro Infirmis, une association suisse, L’isolement des personnes lutte contre âgées est une des < l’isolement et principales causes de l’exclusion des dépression. handicapés à travers une campagne de publicité montrant Social des mannequins reproduisant la morphologuie de personnes handicapées avec comme slogan «Qui donc est parfait ?» Personnes Personnes socialement âgées défavorisées RÉFÉRENCES

INSEE Isolement relationnel et mal-être 2003 Nantes 2030 Ma ville de demain Décembre 2012

76 77 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

Le manque d’activité physique comme facteur de crise

Les nouveaux modes de vie contemporains, alliés aux nouvelles technologies, ont eu pour tendance de chercher à limiter au maximum les dépenses physiques. De manière contradictoire, c’est cette recherche accrue d’un confort de vie qui a eu en partie pour effet la recrudescence de maladies chroniques cardiovasculaires, du diabète ainsi que de l’obésité. Les grandes métropoles pensées pour la voiture ont oublié qu’il était possible de se déplacer par des moyens plus doux et que tout déplacement n’est pas forcement de plusieurs kilomètres. Le La division pavillonnaire en Île-de-France. Nombre de maisons recensées en 2001 divisées en 2011- Sources : Filocom 2011 d’après DGFiP. Elaboration Cete fait que le piéton a parfois partiellement perdu son droit d’urbanité impacte sa manière de s’approprier la ville Nord-Picardie, IAU îdF, IUP < et donc son rapport avec cette dernière. Les designers ont un rôle essentiel à jouer dans la manière de repenser Les trottoirs sans aménagements des villes « walkable », le cas de New-York en est un parfait exemple. et le long de grands axes Les 5D «Density, Diversity, Design, Destination accessibility, Distance to transit» sont des vecteurs essentiels à n’incitent pas à prendre en compte dans la manière de repenser la ville du piéton et ainsi permettre aux habitants de pratiquer leur usage des déplacements journaliers de courte distance permettant ainsi de réduire les risques d’ostéoporose, d’obésité < ou de maladie cardiovasculaires. Ce design urbain doit de plus être pensé en fonction des nécessités de chacun Zone commerciale en prenant de plus en plus en compte l’impact du mobilier urbain sur les personnes âgées. Médicalement ou Dans ces zones, la mobilité est sociologiquement, on parle de «sédentarité». La sédentarité désigne une faible dépense énergique couplée à monopolisée par la voiture : il n’y a pas une position assise ou semi-allongée. En effet, les comportements sédentaires sont des comportements où il est de trottoirs et chaque enseigne possède son noté moins d’une demi-heure d’activité physique par jour et où le sujet passe quasiment tout son temps assis propre parking devant un écran (télévision, ordinateur...). La sédentarité provoque une prise de poids, l’obésité et des risques < cardio-vasculaires. Une personne sédentaire voit donc son risque de morbidité et de mortalité augmenter.

Absence d’équipements Non encourageant intégration l’exercice Faible d’espaces physique diversité des dédiés au sport commerces dans le d’alimentation bâtiment

Faibles N. Foster, autoroute Conflits variations < cyclable à Londres d’usage des taux Suite à de nombreux voiture/piéton Diversité d’occupation décès de cyclistes voiture/vélo horaires dans la capitale Faible Britannique, ce projet continuité Accès propose de véritables difficile aux de l’espace Non autoroutes urbaines équipements, public Mauvaise Manque de considération Usage pour cyclistes qui parcs, Eléments (entrées, qualité spatiale partenariats des différences automatique seraient implantées au jeux découragant façades) et insécurité avec les physiques des ascenseurs Absence dessus de l’emprise du ou interrompant des rues et organisations et culturelles et escalators d’éclairage réseau métropolitain la marche à des trottoirs locales des usagers public pied <

Conception Absence de Les espaces Parc urbain < des niveaux Faible commodités limitant Absence perçus comme La présence attractivité de pour les piétons dangereux de parcs et Design l’utilisation ou mauvaise l’environnement (trottoirs, Accessibilité n’incitent pas à la d’équipements des escaliers bancs...) connectivité le long des des pistes mobilité. de loisirs favorise cheminements cyclables la mobilité. piétons Parcs et aires de Trop grande Absence de Organisation jeux Manque distance aux des programmes stations de signalétique Position, inadaptés à non favorable transport en encourageant attractivité, l’activité Accès à leur liaison commun l’exercice visibilité, physique d’activité difficile aux à pied physique dimensions, commerces de et usage des produits escaliers physique frais < Manque de visibilité Absence Hall de l’aéroport Charles de Gaulle. et d’attractivité de programmes liés à la rue La conception des espaces peut influer sur les des stations pratiques des occupants. Ici, l’escalier est caché alors de transport (art, cafés, évènements) que les ascenseurs et escalators sont mis en avant. < Facilité Mauvaise d’accès aux gestion de Rue parkings trop l’intensité du commerçante importante Accès aux traffic routier L’animation Densité favorise la transports Programmes mobilité éloignés des Manque de stations de porosité des ilots Faible transport desserte des Espaces transports ouverts trop en commun Utilisation de petits la voiture Faible Non Manque trop présence de intégration d’intermodalité importante végétation d’espaces ouverts dans RÉFÉRENCE les opérations

Mairie de New York Active design guidelines 2011

78 79 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

Le mal-logement comme facteur de crise

Pour avoir un emploi, il faut disposer d’un logement au coût supportable et qui ne soit pas trop éloigné du lieu de travail … comme il faut un emploi avec les ressources qu’il procure pour avoir un logement. Voilà toute la contradiction de la situation du mal logement et le fait que la précarité puisse être une situation d’où il est difficile de sortir. Selon l’INSEE, 1.4millions de logements sont suroccupés en Ile-de-France. La dégradation des conditions de logement peut ainsi avoir un impact direct sur les conditions d’emploi des personnes et donc sur leur sociabilité, leur santé et leur bien-être. Les jeunes sont tout particulièrement touchés, selon le rapport

de la Fondation Abbé Pierre c’est en France où les jeunes quittent le plus tôt le cocon familial, en moyenne Carte des places d’hébergements en Ile de entre 19 et 21 ans. Pourtant, l’obtention d’un CDI se fait en moyenne à l’âge de 27 ans, suite à une période de France, 2012, IAU.

situation précaire entre emploi à courte durée et stage plus ou moins rémunérés. Cette situation d’entre deux Certaines initiatives < < repensent le logement a souvent pour effet une dégradation des conditions de logement des étudiants ainsi qu’une malnutrition, d’urgence comme celle de Yes We pouvant même aller jusqu’à une forte précarité si le noyau familial n’est pas là en tant que soutient. Camp. Logement de fortune Depuis quelques années des nouveaux logements de fortune apparaissent dans les dents creuses de la ville. < En France, 117 000 Abris personnes sans Sans-abris de fortune logement personnel doivent se loger, à leurs frais, dans des chambres d’hôtel ou chez des particuliers. Camping Squat < à l’année Absence de logement personnel

Hébergement Bidonvilles chez un tiers

Mobilité résidentielle Accueil de Tsunami Expulsion Hotel l’habitat < House de locative mobile Shigeru Accès à la Ban Explosions propriété des dépenses Difficultés de maintient Blocage

dans son des parcours résidentiels < < logement Campagne de la Quartiers Squat Fondation Abbé Pierre d’habitat Face à la pénurie de contre le mal logement. populaire logement, certains, 2,7 millions de comme Jeudi Noir personnes vivent à Paris, s’organisent dans des logements Mal-logement et occupent des inconfortables et/ou Hausse surpeuplés. bâtiments vacants. Bidonville des < de impayés Nanterre Démantelé en 1971,

< c’est un des Droit derniers Carte des déplacements au logement bidonvilles de communautés Roms français. opposable roumaines vivant sur des Précarité «terrains» durant l’année énergétique 2006. Observatoire régional de santé Ile-de-France.

Trop de demande Mauvaises Copros Difficultés en social Logement conditions Inconforten d’accès au sanitaire Discrimination surpeuplé difficulté dans l’accès logement d’habitat

Matériaux Copros dangeureux en (Amiante, difficulté Forte Location et COV) solicitation sous-location des aides de meublés

RÉFÉRENCE

Fondation Abbé Pierre Rapport Mal- Logement 2013

80 81 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

La pollution comme facteur de crise

La principale forme de pollution impactant la santé des populations vivant en milieu urbain est la pollution de l’air. Selon l’OMS, cette forme de pollution serait la cause de 7 millions de morts prématurées à l’échelle mondiale en 2012. Cette forme de pollution a pour principale cause les véhicules motorisés et particulièrement les moteurs diesels, les installations de chauffage, les centrales thermiques et les installations industrielles. Il en existe deux sources : anthropiques (poêles, moteurs …) et naturel (volcanisme, émissions naturelles de méthane …). Il existe d’autres formes de pollution de l’environnement urbain, tout particulièrement dû au passé industriel des villes. En 2000, près de 230 000 sites ont été décelés comme pollués en France suite à des activités industrielles Cancers et pollutions < Les liens sont aujourd’hui dont près de 4000 font l’objet d’une surveillance accrue. A cela il convient de rajouter les sites des anciennes clairement établis et l’OMS a classé la pollution comme décharges, les sites militaires, agricoles … Les répercussions de cette forme de pollution ne fait pas que toucher « facteur sûr » du cancer. directement les populations vivant à proximité, le danger est de voir les nappes phréatiques contaminées et Les comportements individuels et ainsi avoir un impact plus large sur le territoire. collectifs sont au En 1952 Londres connut un très fort tôt de pollution coeur des questions durant 4 jours. Il en résultera près de 4000 décès de pollution. ce qui en fait la plus grave catastrophe liée à la

< pollution qu’ai connu la planète. < Eaux de ruissellement

Qualité de Eaux l’eau potable usées

Impacts

Qualité de Fiabilité et l’air Déchets Isolation Nettoyage transparence des mesures

La ville Concentration < industrielle : Le Creusot Mesures de Seuils protection

Pollution Tri Recyclage Définition de seuils de tolérance <

Airparif Capteurs analysant le taux de pollution de l’air. Nuisances Gestion des phoniques déchets <

Maladies Education Qualité des Carte de la pollution en NO2 en Ile de chroniques civique & Chauffage et infectieuses aliments France. modes de vie Airparif, 2007. Nuisances Causes comportementales <

Réduction de la vitesse sur le périphérique parisien 10 km/h en moins pour une baisse de 5% des émissions de polluant Difficultés de et une diminution des nuisances sonores équivalentes à une réduction de 20 % du trafic (selon la mairie de Paris) respiration Allergies Déplacements Usines (Asthmes, ...)

RÉFÉRENCES

Projet Aphekom 2013 Loi LAURE 1997

82 83 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

L’altération des ressources comme facteur de crise

Le milieu urbain induit une forte concentration de personnes se trouvant regroupées sur une superficie réduite. La consommation de < masse a pour effet Cette densité de population a pour effet de regrouper une grande quantité de besoins sur un même territoire. une dégradation de la qualité des aliments de Ces besoins, qu’ils soient d’ordre alimentaire, de logement ou de déplacement impactent l’environnement consommations et donc une augmentation du taux naturel des métropoles. La production de masse, la densification de zones bâties ou l’essor industriel du début d’obésité. du siècle ont des effets nuisibles sur des ressources qui sont pourtant indispensables à la vie humaine. Outre l’impact direct d’une mauvaise alimentation sur la santé (due en partie à l’explosion des hard discounts et la difficulté d’avoir une production alimentaire de proximité), la dégradation des sols et de l’air par des polluants peut avoir un effet tout aussi néfaste. Idfproprete, carte de la D. Hanson, vallée de la Bièvres < Supermarket Lady, 1970. Les décharges sauvages sont un danger quand à  leur potentiel contamination   des sols et donc des nappes   phréatiques.  <



             

    Tous cobayes ! < OGM, pesticides, produits   chimiques. Gilles-Eric Séralini 

      

  <   La plaine Saint Denis a connu un long passé industriel. De nos jours, les sols hautements toxiques sont S’il existe aux  potentiellement dangereux < Etats-Unis un  pour la population y label BIO comme  habitant. en Europe il n’y a < pas d’étiquetage «sans-OGM» La pollution des sols : impact sur sur les autres  l’environnement et la santé, produits.   IAU, novembre 2001.  Une fois libérés, les métaux se concentrent de     préférence dans la partie superficielle du sol     et leur mobilité, donc leur disponibilité pour les   plantes, va dépendre de ses caractéristiques.    

           Risque de  < transfert de pesticides RÉFÉRENCES agricoles vers les eaux INSEE souterraines, Les terres agricoles IAURIF - BRGM, face à la pression de 2001. l’urbanisation : une résistance et des enjeux différenciés Avril 2011. Haut Conseil des biotechnologies Impacts des OGM sur les filières agricoles et alimentaires 23 avril 2013.

84 85 Val-d’Oise 82.0 ans

Seine-Saint-Denis Haut-de-Seine 81.7 ans 83.6 ans Val-de-Marne Yvelines 82.9 ans 83.3 ans

Seine-et-Marne Essone 81.8 ans 82.4 ans CHAPITRE 2 : S’INTERROGER sont plus entretenus. Cette dérive enferme les habitants chez eux, leur CHAPITRE 2 : S’INTERROGER bien se déprécie. Enfin, à l’est de la Seine-et-Marne, dans la partie la 3 plus rurale, le mal-logement touche principalement des personnes 2. Inégalités métropolitaines âgées qui vivent dans des logements vétustes ainsi que des populations défavorisées qui ne trouvent pas à se loger plus près du centre de la Paris 83.7 ans métropole. D’autres facteurs de crise, comme le stress et l’insécurité s’observent de manière aussi localisée dans les métropoles. 2.3.1 Crise métropolitaine ! Centre Vs. Périphérie

L’exemple de l’Ile-de-France Val-d’Oise 82.0 ans XVIIIe 80.1 ans XVIIe XIXe Seine-Saint-Denis Haut-de-Seine 82.3 ans 80.8 ans 81.7 ans 83.6 ans IXe Xe 81.7 ans Val-de-Marne VIIIe 80.2 ans Villeneuve-sous-Dammartin. Depuis 1997, 10 à IIe < 15 millions de mètres cubes de déchets inertes Yvelines 82.9 ans 82.6 ans XXe ont été accumulés par la société ECT sur cette « 80.76 butte paysagère » . 83.3 ans XVIe Ie IIIe 80.2 ans Le département de Seine et Marne accueille 84.1 ans 83.0 ans 82.1 XIe cinq fois plus de déchets qu’il n’en produit. Seine-et-Marne VIIe IVe « A ce rythme, la Seine-et-Marne pourra bientôt Essone 81.3 ans disputer au Rwanda son surnom de pays des 81.8 ans 84.3 ans 82.5 ans Mille Collines. Au fil des années, ce département 82.4 ans VIe au relief peu marqué se hérisse de hautes buttes d’une vingtaine de mètres, dont la forme trahit 84.3 Ve l’oeuvre des hommes. Sous une couche de XVe 84.5 ans XIIe terre recouverte d’herbe et de jeunes arbres, les 83.3 ans 81.9 ans archéologues du futur y trouveront un mélange de béton et de ciment, de débris minéraux ou bitumineux, de terres et de gravats. Ce sont, XIVe XIIIe en langage du XXIe siècle, des installations de stockage de déchets inertes (ISDI). » 82.0 ans 81.35 ans Gilles Van Kote, Le Monde Planète, 08/02/2012 Paris 83.7 ans < <

Observatoire Régional de Observatoire Régional de Santé (ORS) Santé (ORS) La santé observée en Ile-de- La santé observée à Paris France 2011 2011 Le bien-être n’est réparti de manière ni équitable ni homogène au sein des « À quelques kilomètres métropoles. Il subsiste d’importantes inégalités, comme le montrent les XVIIIe de distance, le risque 80.1 ans différences d’espérance de vie à la naissance entre les territoires d’Ile-de- XVIIe XIXe moyen de mourir, à âge « Sur la ligne82.3 ans 12 du métro, selon l’endroit où vous France (cf. cartographie ci-contre). Ce constat se retrouve dans de nombreuses habitez, votre espérance de80.8 vie ans peut varier de 4 ans. » IXe métropoles. Par exemple, à Londres, ce sont dans les borrows centraux que égal, varie du simple au (C. Evin, directeur de l’Agence RégionaleXe de Santé IDF, 2013) 81.7 ans VIIIe 80.2 ans l’espérance de vie est la plus longue. double. (...) C’est l’effet IIe 82.6 ans XXe 80.76 ZUS, il a été démontré XVIe Ie IIIe 80.2 ans Observatoire84.1 Régional ans de 82.1 Ces inégalités peuvent s’interpréter par une analyse à différentes échelles de que le simple fait Santé (ORS) 83.0 ans XIe CNIID VIIe IVe la structure urbaine des métropoles. Tout d’abord, à l’échelle métropolitaine, La santé observée à Paris 81.3 ans Carte des incinérateurs en Mairie de Paris 84.3 ans 82.5 ans France d’habiter dans une zone 2011 2014 ces inégalités reflètent l’organisation et le développement des territoires. Ainsi, VIe urbaine sensible – une < < la faible espérance de vie constatée en Seine-et-Marne peut s’expliquer, en 84.3 Ve XVe 84.5 ans XIIe partie, par le fait que de nombreuses activités polluantes sont concentrées fois qu’on a neutralisé les 83.3 ans 81.9 ans dans ce département : par exemple, il absorbe cinq fois plus déchets du effets d’âge, de sexe et XIVe XIIIe BTP qu’il n’en produit. De même, de nombreux incinérateurs de déchets s’y de classe sociale – a des 82.0 ans 81.35 ans concentrent. Les effets des événements naturels se comprennent aussi par effets pathogènes. Ils l’échelle métropolitaine : la gestion du niveau de la Seine est une question sont liés à mille choses : dépassant l’échelle de Paris intra-muros, de même que celle de la qualité au cadre de vie, au de l’air ou de l’eau. D’autres inégalités, comme celles qui sont relatives à la sédentarité et à l’isolement, sont davantage multi-scalaires : elles peuvent stress, à la pollution s’expliquer autant par des formes d’urbanisation (zoning fonctionnel) que éventuelle, au fait qu’il par un manque d’équipement local (enclave). Enfin, certaines inégalités n’y a pas d’offre de apparaissent plus particulièrement au cœur des territoires et concernent des santé suffisante dans territoires précis. Ainsi, près de 40% des déclarations de logement insalubre en ces zones-là » Ile-de-France concernent la Seine-Saint-Denis (contre moins de 6% pour les (E. Vigneron, comparaison de Hauts-de-Seine alors que ces deux départements concentrent chacun environ l’espérance de vie le long du RER B) 13% de la population). Au sein même de ce département, la situation est

inégale : les centres des villes sont plus touchés (dans la commune de Saint < Denis, 38% des logements du centre-ville sont insalubres). Ces inégalités sont E. Vigneron Les inégalités de santé sur les territoires français aussi spécifiques selon les contextes. Par exemple, dans les Yvelines, lemal- Elsevier Masson

2011 < < logement se manifeste au sein des immeubles de standing : des propriétaires

peu scrupuleux louent des espaces impropres à l’habitation, comme des En 2010, l’APUR recense 1030 immeubles insalubres ou dangereux dans Paris. Cela « L’incinération est la principale filière d’élimination des ordures lingeries. Ailleurs, c’est la situation de certaines copropriétés dites « à la dérive » représente environ 20 000 logements qui se concentrent dans les quartiers Est - anciens ménagères en France (40% des déchets), (...) le Val de Marne arrive qui commence à devenir alarmante. Faute de moyens, les logements ne et dégradés - de la capitale. Une politique d’acquisition (375 immeubles - en rouge sur en tête en termes de capacité d’incinération (plus d’1,1 million de la carte) permet de lutter contre les situations les plus extrêmes. Pour les 655 immeubles tonnes par an), et, en conséquence, de rejet de polluants dans restant (en jaune sur la carte), une politique d’incitation à la rénovation a été mise en l’atmosphère… » place (aides et subventions). 86 87 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER 2.3 Inégalités métropolitaines

2.3.2 Bien-être urbain ? Vers une ville stimulante L’exemple des Active Design Guidelines Pourcentage (%) 25

ADULTS 23.4 23.3

22.6

22.1 21.9 21.7

21.4 21.1 Obésité des adultes 20.9 21.0 < et des enfants à 20.1 19.9 20.7 New-York 2001-2011

20 ELEMENTAY SCHOOL CHILDREN NYC Community Health Survey < (CHS), Youth Risk Active Design Behavior Survey Guidelines, (YRBS) 2001-2011, 18.2 promoting physical NYC FITNESSGRAM activity and health 2006-2010. design. L’état de New York NYC Departments of est un des seuls des City Planning, Health Etats-Unis a avoir vu and Mental Hygiene, sa courbe d’obésité and Design and se stabiliser voir Construction. Active diminuer. Design Supplement: Shaping the Sidewalk Experience, 2013 15 Croquis d’un 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 trottoir adapté à la «walkability». « L’obésité est l’état d’un individu ayant un excès de poids par augmentation de la masse adipeuse. L’obésité se définit parun indice de masse corporelle supérieur à 30. » Medical Subject Headings. National Library of Medicine.

« Active design is En 2009, la mairie de New-York constate l’apparition d’une crise sanitaire environmental design d’un nouveau genre : le nombre d’habitants souffrant d’obésité est that encourages stair en augmentation constante. Plus grave, le développement de cette climbing, walking, nouvelle pandémie a des effets secondaires importants. Elle se traduit bicycling, transit use, plus particulièrement par une forte augmentation du nombre de active recreation, and maladies chroniques, et par une explosion du nombre de personnes healthy eating. » Ce guide est donc une forme d’« educative design » pour la conception de l’espace public et des bâtiments. atteintes de diabète. L’ampleur des effets liés à l’obésité a fait qu’elle Son objectif global est de promouvoir et de favoriser la pratique d’une activité physique journalière. Pour Définition du «design actif» dans l’Active Design Guidelines est devenue la seconde raison de décès prématurés aux Etats-Unis identifier les différents objectifs et moyens de les atteindre, différentes disciplines sont régulièrement convoquées après le tabac1. : médecine, psychologie, sociologie... Il s’agit de comprendre les comportements pour pouvoir proposer des pistes de réflexions. Par exemple, une étude2 montre l’importance de l’accessibilité des places (par rapport à En s’appuyant sur une longue tradition historique - déjà au XVIIIème la rue, aux trottoirs, etc.) dans leur fréquentation. Il peut alors s’ensuivre toute une série de conseils relatifs à leur siècle, les architectes et urbanistes avaient proposé de nouvelles formes conception (visibilité, composition, équipements, etc.). La réussite de ce programme tient dans sa capacité à de bâtiments et de nouveaux plans urbains pour lutter contre le choléra mobiliser ceux qui conçoivent et ceux qui vivent la ville au travers d’objectifs communs. et la tuberculose - la mairie de New-York se tourne vers les domaines Face à l’obésité, l’objectif global de la démarche est de favoriser l’activité des personnes ; notamment en les de la conception urbaine et architecturale pour inciter les maîtres incitant à « se bouger ». La mise en tension entre données scientifiques et expériences de terrain - notamment d’ouvrage et les maîtres d’oeuvre à produire une nouvelle fois « une ville celles menées dans le cadre de projets exemplaires3 - a permis aux auteurs des Guidelines d’identifier cinq qui soigne ». En regroupant les savoir-faire des départements de « Design variables influant fortement sur la mobilité des personnes : and Construction », « Health and Mental Hygiene », « Transportation » - « Density » ; et « City-planning » et de l’ensemble des chercheurs en urbanisme et - « Diversity » ; santé, la mairie coordonne la rédaction des « Active Design Guidelines - « Design » ; ». Ce document compile une série de mesures prescriptives qui visent - « Destination accessibility » ; à prévenir la crise sanitaire et urbaine constatée. Il s’agit non pas - « Distance to transit ». d’imposer des manières de faire, mais plutôt d’inciter à faire mieux. Cette méthode incitative provient du fait que l’objectif n’est pas Ces cinq D forment une grammaire qui structure l’ensemble des préconisations. Ces dernières ne sont pas d’éduquer la population ou de bouleverser ses modes de vie comme formelles : on ne trouve que très peu de dessins formels dans les Active Design Guidelines. Le document est le feraient des campagnes d’éducation, mais qu’il réside davantage surtout composé de croquis et de descriptions dont l’objectif est de transmettre aux lecteurs des principes et dans la volonté d’inciter à interférer dans les quotidiens. Avec ce guide, non un dogme précis. la mairie propose des outils aux concepteurs pour améliorer la qualité de l’urbain.

2 Active Design Guidelines, City of New-York, 2010, p.34 1 Etude du Centers for Disease Control and Prevention des Etats-Unis. 3 Est présenté dans le Guidelines comme projet exemplaire la High Line de James Corner et Diller Scoffidio + Renfro, l’aménagement du Madisson Square Plaza en < espace piéton, l’initiative Green Street transformant des délaissés urbains en espaces verts, l’installation d’abri bus et vélo, l’air de jeu de l’Immaculate Conception School. Couverture du «Active Design Guidelines» édité par la Marie de New-York. 88 89 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER

« Promouvoir un style de vie actif en utilisant un vélo plutôt que la voiture, en consommant des produits de proximité, en pratiquant des activités seines plutôt que Willoughby Plaza, Brooklyn, 2006. Certaines rues sont adaptés aux nouvelles nécessité de regarder la télé, prendre l’escalier plutôt que l’ascenseur sont des moyens de piétonnes et transformées en terrasses. diminuer la consommation d’énergie et la production d’énergie grise par le bâtiment. < L’active design, en plus de permettre de participer à la santé, est un moyen d’influer sur l’environnement en limitant les consommations d’énergie. Santé et qualité de l’environnement sont donc deux éléments en synergie. »

La mairie de New York veut mettre en place une refonte du design de certaines des principales avenues de la ville. Broadway fait ici office de programme pilote. haut. Herald Square bas. Broadway Avenue

À l’échelle urbaine < HeraldHerald Square Square

Ces « cinq D » sont des outils permettant de penser un espace < public adapté aux besoins des habitants, prenant en compte la 41 , New-York, Morphosis Achitects, 2009. Ce bâtiment est composé comme un campus vertical présence d’une multitude d’activités, la qualité esthétique des dans lequel les circulations sont pensées pour être plus fréquemment faites à pied. lieux, leurs connections avec les transports, les distances entre À l’échelle architecturale logement et travail, les interactions entre logement et activité < La conception du bâtiment à travers la mise en valeur des escaliers, récréative, logement et culture ... L’analyse qu’ils permettent, la création de «parcours intérieurs » entre les différents programmes, montre qu’il est essentiel de redonner à la rue une échelle la porosité de l’espace public vers le lobby sont autant d’éléments humaine : les citadins sont plus enclins à se déplacer à pied s’il permettant d’envisager un bâtiment comme un élément pouvant leur est proposé des espaces attirants (y-a-t-il des activités, des influer sur la qualité de santé des habitants, alors que lesnew- commerces, en rez-de-chaussée?) et confortables (par exemple yorkais passent près de 90% de leur temps journalier à l’intérieur. Les ombragés par des arbres), s’ils sont sûrs et calmes (ce qui peut être prescriptions font appel au bon sens. En premier lieu, il est souligné permis par l’implantation de chicanes sur les voies de circulation BEFOREBEFORE AFTERAFTER l’importance de développer l’utilisation des escaliers de manière automobiles) et dans lesquels ils pourront passer des moments journalière, et ce en les rendant attractifs et facilement localisables. agréables (présence de mobilier urbain). Il est en outre conseillé de sectoriser les activités internes au projet pour créer des espaces communs (salle du courrier, repas ...) Les auteurs dégagent quatre grandes caractéristiques permettant accessibles par des parcours de marche acceptables. Ces espaces de penser les espaces urbains en lien avec le passant : communs peuvent aussi intégrer des équipements connexes à la - capacité à garder le lieu en mémoire, à être reconnaissable et pratique d’une activité physique comme des parkings pour vélos à pouvoir évoquer un sentiment ou une impression valorisante ; protégés, des fontaines d’eau potable, des salles de sport équipées - possibilité de définition du lieu en fonction de son contexte (vestiaires, douches ...). Enfin, pour faciliter l’accès du bâtiment aux (immeuble, arbre) et des éléments verticaux environnants ; piétons, la question de l’interface avec la rue est très importante. - transparence du lieu dans le but de lui donner un caractère La multiplication des entrées peut rendre le passage entre intérieur sécurisé et attractif par vue des activités s’y déroulant ; et extérieur plus poreux, la transparence induire une fusion avec - richesse visuelle du lieu l’espace public.

90 91 CHAPITRE 2 : S’INTERROGER CHAPITRE 2 : S’INTERROGER 2.3 Inégalités métropolitaines Dans ses nombreux articles et ouvrages, le professeur Howard Frumkin, doyen de l’école de santé publique de l’université de Washington, reprend plus ou moins cette approche holistique mêlant urbanisme et épanouissement de la biocénose urbaine1, et en particulier celle de l’espèce humaine -puisqu’il s’agit dans ce cas de l’espèce non seulement dominante mais 2.3.3 Et si la ville stimulante pouvait se diffuser dans fondatrice, c’est à dire de « l’espèce clé de voûte » (keystone specie) pour reprendre un terme les métropoles ? plus scientifique, en plus d’être également « l’espèce ingénieur »-. « Lorsque nous étudions des papillons ou des grenouilles », nous dit-il, « nous savons à présent sur quels paramètres jouer afin d’optimiser leur développement en tant qu’espèce biologique . Température, humidité, maladies, densité, présence ou absence de nourriture adaptée ou de prédateurs... ».

Pourquoi ne pas, dès lors, tenter de se poser les mêmes questions avec les êtres humains, et comprendre quels paramètres environnementaux notre espèce considérerait comme optimaux dans l’état actuel de nos connaissances ?

Autrement dit : dans quels types d’écosystèmes urbains les hommes sont-ils les plus à même de s’épanouir ? Que leur faut-il ? Que nous faut-il ? Qu’est-ce qui nous menace, et comment rendre notre vie plus agréable et plus durable ?

1 En écologie, une biocénose (ou biocœnose) est l’ensemble des êtres vivants coexistant dans un espace défini (le biotope, et l’ensemble biocénose+biotope forme un écosystème), ainsi que leur organisation et leur richesse spécifique. <

La Cour d’Honneur du Palais des Papes au Festival Confort Diversité Dynamisme Fluidité Attractivité Proximité d’Avignon.

                      

                                 L’idée comme quoi les villes seraient des lieux foncièrement pathogènes pour   

 

                   leurs habitants est une vision un peu trop manichéenne des choses. Nous ne     

             

       cherchons pas ici à proposer une vision «idéaliste» du milieu urbain. Certes, de     

                       

        nombreux aspects des villes peuvent avoir des effets nuisibles sur la santé des  

       

  habitants. Certes, les inégalités au sein des métropoles sont des réalités qui  ont tendance à s’amplifier. Pourtant, comme décrit précédemment, c’est à présent en ville où l’espérance de vie est la plus grande et où la concentration de la population ne cesse d’augmenter, à l’échelle mondiale.

Mais vivre longtemps n’est pas synonyme de vivre dans de bonnes conditions. Vecteurs de bien être

Face aux avancées de la médecine, l’isolement des personnes âgées

augmente par exemple. En France, selon le rapport Monalisa du Ministère des Affaires Sociales et de la Santé, 23% des personnes en situation d’isolement sont des personnes de plus de 75 ans soit environ 1,2 million de personnes. MÉTROPOLISATION Comment les villes peuvent elles être en mesure de fournir un environnement MÉTROPOLISATION adéquat aux attentes et aux besoins des différentes classes de la population ? En d’autres termes, comment est-il possible de créer un environnement urbain sain compensant les aspects pathogènes de la ville et faire naître une nouvelle ville stimulante ?

Un environnement sain, oui certes... Mais pas n’importe lequel : un environnement d’abord adapté pour l’homme et fabriqué par lui dans ce seul but, même si cela signifie le partager avec des milliers d’autres espèces symbiotique ou commensales1, toutes nécessaires afin de former des écosystèmes complets, avec leurs propres équilibres homéostatiques. Car

Absence d’équipements Abris Sans-abris de fortune encourageant  Environnement Non Préoccupation l’exercice Faible  physique Anonymat Ennui intégration  sécuritaire physique diversité des   et technique d’espaces Eaux de commerces  dédiés au sport ruissellement d’alimentation Difficulté dans le Camping Squat et exigence bâtiment à l’année des tâches Absence Problèmes Faibles Conflits d’organisation variations d’usage de logement  ces équilibres sont nécessaires afin de ne pas perturber la plupart des grands Manque Diversité des taux Qualité de Eaux Mal-être voiture/piéton d’écoute Ressenti d’occupation personnel l’eau potable usées Stress Sentiment voiture/vélo Omniprésence horaires au travail d’insécurité Faible Hébergement Bidonvilles de l’information continuité Accès chez un tiers en dehors du difficile aux Impacts Peur de l’espace Non travail Peur équipements,   personnelle public Mauvaise Manque de considération Usage personnelle parcs, Mobilité   dans Eléments (entrées, qualité spatiale partenariats des différences automatique dans jeux résidentielle    l’environnement découragant façades) et insécurité avec les physiques des ascenseurs Absence Accueil de  les transports Expulsion  Environnement proche ou interrompant des rues et organisations et culturelles et escalators d’éclairage Hotel l’habitat  Mauvaises Incompréhension Solitude locative  la marche à des trottoirs locales public mobile  Nuisances macroéco. relations des usagers Conditions Accès à la   (sonores, (santé éco., de travail pied socio-éco. Explosions propriété Qualité de visuelles, concurrence...)   (concurrence, Conception Absence de des Fiabilité et l’air Déchets olfactives) inflation...) des niveaux Isolation Nettoyage   Insécurité Faible commodités dépenses Difficultés transparence limitant Absence (routière, attractivité de pour les piétons Blocage des mesures Précarité Design l’utilisation ou mauvaise de maintient cycles biogéochimiques terrestres, c’est à dire ceux à l’origine même des délinquance, l’environnement (trottoirs, Accessibilité de l’emploi Vols de des escaliers connectivité   volonté de le long des bancs...) des parcours deux roues des pistes dans son Concentration nuire...) Stress Stress Urbanisme cheminements Perte de Peur de cyclables résidentiels Agressions en Enclaves piétons logement et cadre par des Agressions mobilité gêner Quartiers économique Dégradations raquette Parcs et Mesures de proches sexuelles d’habitat de vie et destruction aires de Trop grande Seuils Absence de populaire  de voitures Organisation jeux Manque distance aux protection signalétique des programmes inadaptés à stations de Position, encourageant non favorable l’activité transport en Accès   attractivité, l’exercice  Saturation de à leur liaison commun Mal-logement  visibilité, physique d’activité difficile aux Hausse  la technologie Victimations Victimations Isolement à pied physique  dimensions, commerces de des  (téléphone, Vols à la Urbanistique Relationnel  Stress Taux d’effort Insécurité ménages et usage des produits impayés  écrans etc.) Faible personnelles roulotte Tri Recyclage   (loyers, charges, escaliers physique frais liens sociaux, éducation, Pollution intégration alimentation, Définition de transports) seuils conditions de notre existence en tant qu’espèce biologique. Le dérèglement Manque  Droit de tolérance Vols de Espaces publics de visibilité Absence Etalement Marketing Peur de au logement  Inconfort Agressions voiture inappropriables et d’attractivité de programmes Vols sans urbain relationnel sortir opposable  (thermique, tout-venant des stations liés à la rue violence auditif, olfactif, Rythmes de transport (art, cafés, Précarité ergonomique, scolaire évènements) énergétique Cambriolages Nuisances  surcharge) Gestion des phoniques   Facilité déchets  Mauvaise    d’accès aux  gestion de     Phénomènes parkings trop Trop de   Insécurité Manque de l’intensité du de importante demande   (comportements, Temps Relations mixité sociale Accès aux traffic routier Difficultés Mauvaises Copros Evironnement décohabitation en social  agressivité, de trajet longs profs-enfants Densité Inconforten  de travail Evolution du transports Programmes d’accès au Logement conditions Maladies Education vols...) Pression éloignés des surpeuplé difficultésanitaire chroniques Qualité des marché de Manque de Discrimination civique & Chauffage Stress Stress foncière stations de d’habitat et infectieuses aliments l’emploi porosité des ilots dans l’accès logement modes de vie Faible transport et transports scolaire Facteurs de crise climatique dû au dégagement de gaz à effet de serre est un exemple de ces desserte des Causes Espaces Nuisances transports ouverts trop comportementales  Social en commun petits Matériaux Utilisation de Copros    dangeureux   Peur de la voiture Faible Non en   Manque (Amiante,  trop présence de intégration difficulté   Aléas, l’avenir d’intermodalité végétation Forte Location et COV)  Horaires importante d’espaces grèves, solicitation sous-location atypiques Relations ouverts dans embouteillages, Compétition des aides de meublés (nuit, dimance) inter-enfants les opérations Difficultés de ... Personnes Personnes respiration Allergies socialement âgées Déplacements Usines (Asthmes, ...) défavorisées Vieillisse, Eclatement maladie des foyers grands cycles que nous sommes en train de durablement transformer, à nos traditionnels propres risques et périls bien entendu ! Stress Insécurité Isolement Manque Mal-Logement Pollution Altération des d’activité ressources 1 En écologie qualifie une espèce animale qui se nourrit des déchets produits par une autre mais sans causer préju- physique dice à cette dernière. 92 93 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Chapitre 3 PROPOSER : La ville stimulante pour le plus grand nombre ?

PROPOSER

Tout en poursuivant notre questionnement, il devrait être possible de mettre au point des indices composites plus adaptés encore à notre démarche, plus à même encore de révéler des pathologies urbaines remarquables, des lieux et des situations où se concentrent nombre de nos diagnostics et donc autant de solutions potentielles. Où intervenir ? Que peut-on éventuellement faire ? Pourquoi ? Quelles améliorations notables en matière de bien-être et de santé certains projets urbains ou architecturaux peuvent-ils apporter aux habitants des métropoles ? Que pouvons-nous éventuellement solutionner ?

3.1 Ouvrir un contexte propice à l’innovation La ville stimulante : un espace privilégié

3.1.1 Expériences contemporaines ...... p.97

3.1.2 Vers un urbanisme guide ...... p.164

3.1.3 Ville et environnement : 3 une transversalité nécessaire ...... p.169

3.2 Une méthode pour stimuler l’imagination Vers un processus de re-singularisation ou comment stimuler de nouvelles situations de projet ?

3.2.1 Identifier, pour en souligner les singularité ...... p.173

3.2.2 Organiser, pour distinguer révéler l’essence ...... p.176

3.2.3 Connecter, pour montrer les modes opératoires ... p.190

94 95 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

3.1 Ouvrir un contexte propice à l’innovation

3.1.1 Expériences contemporaines

La ville stimulante : un espace privilégié

Les médecins semblent donc faire un constat assez unanime : le style de vie contemporain présent dans les cœurs de métropole présente des avantages très nets en terme de santé qui la plupart du temps l’emporte largement sur ses inconvénients, en dépit de la croyance populaire qui maintient la plupart du temps le contraire.

Mais de quels avantages s’agit-il et pourquoi ?

Ces avantages sont essentiellement dus à une stimulation physique et mentale quotidienne mais qui reste en même temps raisonnable, afin de ne pas se transformer non plus en source de stress. De là, nous pouvons dire qu’un cadre de vie stimulant est absolument nécessaire à l’épanouissement et au bien être, en plus de toutes les autres qualités sur lesquelles travaillent actuellement les urbanistes. Un cadre de vie où l’on peut marcher pour la plupart des activités quotidiennes, où l’offre des services (qu’ils soient commerciaux, alimentaires, culturels, sociaux, médicaux, sportifs... etc.) reste relativement complète et diversifiée, et à chaque fois facile d’accès, le tout dans des centre-villes à la fois plus denses et moins minéraux, et que l’on redessinerait à l’usage non des voitures mais d’abord de leurs habitants.

Et ces mêmes avantages sont de plus en plus évidents dans la mesure où une bonne partie des problèmes antérieurs des cœurs de métropoles -à savoir bruit, insécurité, épidémies et mal-logement- sont désormais en capacité d’être contenus, maîtrisés et résorbés, même si celui de la pollution reste très problématique. La qualité de l’environnement urbain des métropoles des pays riches s’est considérablement améliorée sur ces deux dernières décennies, et cette amélioration n’est bien entendu pas terminée puisque de nouvelles solutions d’optimisation ne cessent d’être inventées et pratiquées. C’est uniquement à ces conditions-là que les effets bénéfiques du mode de vie « hyper-urbain » se singularisent et se distinguent par rapport à tous les autres.

Toutefois, ce modèle de la ville stimulante n’est pas sans poser un grand nombre de nouvelles questions car il n’est pas forcément possible de le généraliser partout. Il met en exergue d’autres inégalités territoriales, car qui dit cœur de ville dit aussi périphérie de ville. Comment donc introduire tous les avantages du modèle stimulant dans d’autres structures urbaines qui à l’origine n’avaient pas été conçues dans ce but ? Comment inventer un nouveau modèle de ville qui éviterait de renforcer encore la tendance actuelle à plus de ségrégation spatiale, politique et économique ? Comment généraliser ces nouveaux environnements, quelles innovations et enseignements en tirer ?

96 97 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER 3.1 Ouvrir un contexte propice à

l’innovation Détruire ou requalifier ? Faire table rase ou adapter ?

3.1.1 Expériences contemporaines

Le lien existant entre la santé et le milieu urbain n’est plus à prouver. La manière dont l’urbanisme et l’architecture peuvent influencer le bien-être des habitants peut prendre des formes très variées.

Ce glossaire de projets plus ou moins contemporains offre un panel de ce que peut être un design préventif, de High Line p. 120 Gas Park p. 124 Houtan Park p. 128 guérison ou aidant à l’épanouissement. Ces exemples, une fois analysés, permettent de faire ressurgir des dispositifs J. Corner + Diller R. Haag Turenscape et Scoffidio 1988 2009 urbains applicables dans des contextes divers et à des échelles différentes. 2009 Il existe autant de dispositifs que de projets. Mais certains évoquent des problématiques communes et les abordent de manière plus ou moins similaire, tout cela en fonction de leur contexte et des enjeux inhérent au projet. Comment la conception architecturale intègre-t-elle en amont des dispositifs favorisant la santé ?

Métropole, environnement, santé. Voila le triptyque englobant chacun des dispositifs urbains présents dans ce glossaire, triptyque abordant à chaque fois un aspect de l’environnement urbain.

Pour chaque projet, nous avons cherché à en représenter les caractéristiques relatives aux critères que nous avons choisis ( santé/environnement/métropole), avec leurs déclinaisons, sur une rosace approximative permettant une classification en famille de projets.

FAMILLES DE PROJETS p. 134 Maggie’s Center p. 138 Dulwich College p. 142 Morphosis Gartnavel 2008 2009 OMA 2008 Quelles relations entre la demande croissante en alimentation et des métropoles qui grandissent en Comment rendre la pollution intelligible ? Interpeller pour prévenir. taille et en population ?

Dusty Relief Revival Field Agronica Pig City p. 146 p. 140 p. 102 p. 106 F. Roche M. Chin A. Branzi MVRDV 2002 1990 1993 2000

Comment des systèmes de nature intégrée peuvent-ils transformer une contrainte environnementale en Comment concevoir des réseaux participant d’un environnement urbain efficace et de qualité ? valeur positive ?

Phase Shift Parc p. 112 GP Forest p. 116 Detroit Futur City p. 154 Malagueira p. 158 P. Rahm et C. Mosbach MVRDV Framework A. Siza 2011 2008 Ville de Detroit 1955 2013

98 99 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Croissance Environnement Durabilité Santé Alimentation

Ville et campagne : Quelles relations entre la Symbiose économique Agronica demande croissante en Andrea Branzi alimentation et des métropoles Italie qui grandissent en taille et en 1993 population ?

Mass Production Design Pig City MVRDV Pays-Bas 2000

100 101 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Croissance Ville et campagne : Environnement Symbiose économique Durabilité L’étalement urbain des métropoles induit un Santé besoin accru de surface agricole utile pour nourrir une population grandissante. Alimentation A mesure que les métropoles s’étalent, la surface agricole diminue. Accepter l’étalement urbain permet une symbiose

entre la production de la ville et l’économie Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2 < Les infrastructures de transport disséminées en plusieurs Certaines activités caractéristiques du milieu urbain se réseaux (transport aérien ou routier) sont pensés en Biodiversité 1 mêlent au milieu agricole. Ici des sièges (éléments en adéquation avec les espaces agricoles. Densité rouge) côtoient des zones plantées pour la production de

ressources alimentaires. <

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Agronica Le projet Agronica de l’architecte designer Andrea Branzi explore les relations potentielles entre l’agriculture et la production d’énergie. Il illustre, dans la continuité Andrea Branzi des travaux d’Archizoom et des radicaux italiens, l’étalement à l’infini du capital et Italie la «faible urbanisation» résultante de l’économie néo-libérale. L’agriculture devient 1993 structurante, non seulement en terme de forme mais surtout en terme d’économie. Loin de proposer un modèle innovant de ferme urbaine et autre tours agricoles, Branzi propose plutôt une relecture de la ville diffuse du point de vue des réalités de la production agricole contemporaine.

DISPARITION DE LA INFRASTRUCTURE PAYSAGE EN LISIÈRE VILLE POLYMORPHE : TRANSFORMATION : CAMPAGNE : infrastructure utile trame technique cohabitation des pour des activités mobile s’adaptant deux mondes urbaines ou rurales aux activités

102 103 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Les différents éléments de couverture peuvent être déplacés suivant la trame de poteau implanté sur le territoire, pouvant ainsi protéger certaines activités De simples parois translucides font office de délimitation agricoles ou plus urbaine tout cela dans un but entre les différentes «zones» du projet. Ici un parking d’évolution du paysage et de son adaptabilité. vertical est accolé à un pâturage. < <

104 105 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Croissance Mass Production Design Environnement Il y a une population de 15.2 millions de porcs aux Durabilité Pays-Bas pour 15 millions d’habitants. Santé Dans des conditions optimales d’élevage il faudrait occuper 75% de la surface du pays. Alimentation Regrouper la production en un même endroit

permettrait une alternative à l’élevage en batterie. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2

Biodiversité 1 Densité <

Chaque niveau des tours est divisé en des séries Même si le projet propose une alternative à l’élevage en d’enclos représentant la surface idéal pour un porc batterie on ne peut s’empêcher d’y trouver une certaine ainsi que regroupant tous ses besoins réglés de manière forme d’ironie. mécanique. <

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Pig City Ce projet part du constat qu’avec 15.2 millions de porcs en 1999 aux Pays-Bas il faudrait 75% de la surface du pays pour pouvoir élever la population porcine. Pour MVRDV contrer l’affectation croissante des terres à la production alimentaire de masse, qui Pays-Bas a pour effet de provoquer des maladies animales et leur transmission à l’ensemble 2000 de la chaîne alimentaire, le projet explore deux stratégies : un changement radical des habitudes alimentaires (comme la conversion accélérée au végétarisme) et la reconfiguration intégrale des modèles de productions actuels. Pig City examine la possibilité de restreindre la superficie nécessaire à la production porcine en concentrant les fermes urbaines en un seul lieu afin d’éviter les transports inutiles, le gaspillage des terres et ainsi réduire la propagation des maladies.

PROTECTION DES GESTION DE LA ÉLEVAGE VERTICAL : TERRES AGRAIRES : PRODUCTION : densification en un éviter la mono- automatisation des lieu de la produc- exploitation du besoins du bétail tion porcine territoire

106 107 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Ce plan n’est pas si loin d’un élevage en batterie classique, avec une superficie certes plus généreuse pour chaque porc. La trame du plan permet une rationalisation de la production et des besoins porcins. <

Chaque unité d’élevage étant indépendantes, il est possible de concentrer un grand nombre de tours d’élevage sur une petite superficie. <

Le fait d’envisager l’élevage porcin au sein de tours permet de traiter individuellement chacun des niveaux autant au niveau de l’alimentation des animaux que du traitement de leurs déjections ainsi que d’éviter la propagation d’épidémie.

108 109 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Intensité Urbaine Environnement Contrainte Environnementale Santé Dispositifs de protection

Parc «curatif» Comment des systèmes de Phase Shift Parc Philippe Rahm et nature intégrée peuvent-ils Catherine Mosbach transformer une contrainte Taichung, Taïwan 2011 environnementale en valeur positive ?

Nuisances opportunes GP Forest MVRDV Roissy, France 2008

110 111 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Le parc est envisagé comme un corridor écologique. Ce nouvel élément de liaison à l’échelle urbaine devrait être en mesure de donner une nouvelle dynamique au quartier dans un contexte de restructuration urbaine suite à la délocalisation de l’aéroport. Métropole < Intensité urbaine Parc «curatif» Environnement Besoin de parcs urbains. Contrainte Le climat est humide, bruyant et pollué. environnementale Santé Le parc est une infrastructure active permettant de réguler les nuisances dues Dispositifs de à la ville et au climat.

protection Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2

Biodiversité 1 Densité

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Ce projet de parc tente de comprendre les inconforts et les possibles Phase Shift Parc conséquences négatives des conditions climatiques d’un pays tropical, et de mettre en place des stratégies ou dispositifs climatiques, naturels ou artificiels, qui Philippe Rahm et rendent plus supportables de telles conditions climatiques. Se situant sur le site Catherine de l’ancien aéroport de Taichung, l’idée est que les parcs peuvent agir comme Mosbach instruments urbanistiques d’intervention sur la santé et la physiologie, dérivée des Taichung, Taïwan paradigmes du XIXème siècle. Les dispositifs placés dans le parc créent diverses gradations de climats et d’ambiances, car ils permettent de réduire l’humidité, 2011 la chaleur et le niveau de pollution tout en créant une continuité verte pouvant être motrice d’un développement urbain.

ADAPTABILITÉ DES INGÉNIERIE NATURE DISPOSITIFS : DE CONFORT: PROTECTRICE : adaptation du savoir-faire technique et donner à la nature «mobilier urbain actif» scientifique au un caractère selon les nuisances service du bien-être hospitalier

112 113 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER Le site de l’ancien aéroport (3ème plus fréquenté de Taïwan) se trouve en plein coeur de la ville. Un projet de Les différentes essences d’arbre et de végétation sont Ces images sont restructuration du quartier est en cours voulant valoriser un implantées en fonction des nuisances environnantes. Tout < des exemples nouveau pôle économique de haute compétitivité avec comme le «mobilier urbain» ainsi que les architectures du concept de du logement de standing où le parc viendrait jouer un construisent dans le parc leur densité est pensée en «mobilier urbain atout indéniable. fonction de la présence de routes, des habitations actif» permettant proches nécessitant une baisse des îlots de chaleur (etc.). d’influer sur les nuisances liées à < l’environnement de < la ville de Taichung (chaleur, humidité, pollution etc.). Leur disposition à l’intérieur du parc ainsi que celle des essences d’arbres et de végétation est pensée en fonction du contexte environnant comme la présence de grands axes routiers.

La teinte rose correspond à l’influence de la chaleur, le bleu à l’humidité et le gris à la pollution. Ces trois coupes présentent la manière dont différentes formes de «mobilier urbain» ainsi que des architectures de petite échelle peuvent être en mesure de créer une graduation de l’inconfort de ces différents éléments inhérents au contexte urbain et tropical. <

Le parc est pensé en tant que corridor vert, permettant de créer une nouvelle continuité urbaine au sein de ce nouveau quartier en cours de construction. <

114 115 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Le Plan d’Exposition au Bruit (PEB) de l’aéroport Roissy Charles-de-Gaulle concerne 127 communes au total. Zone actuellement inconstructible compte tenu des nuisances le projet propose de renverser cette contrainte Métropole en une opportunité créatrice d’aménité et de valorisation de ce territoire attractif. Intensité urbaine Nuisance opportune < Environnement Les métropoles ont de grands équipements de Contrainte transport aérien. environnementale Cela a pour effet de provoquer des nuisances sonores ayant un impact sur le bien-être. Santé Faire d’une zone de bruit une opportunité pour Dispositifs de créer une forêt permettant la biodiversité crée de

protection la valeur et du loisir. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2

Biodiversité 1 Densité

La nécessité de construction de logement inhérente au Grand Paris est ici envisagé comme un anneau protecteur faisant face à cette nouvelle foret où différent programmes complémentaires à l’aéroport se mêlent à des logements et toute une diversité programmatique. Population < Ressources

Territoire

Résidus

GP Forest L’apport de la végétation pour compenser les émissions de CO2 des métropoles est souvent mis en avant par les concepteurs. C’est en ce sens que l’agence MVRDV MVRDV propose, dans le cadre de la consultation du Grand Paris en 2008, une Roissy, France reforestation massive de l’aéroport Charles-de-Gaule qui s’appuie sur l’emprise de 2008 son cône de bruit. La force sous-jacente de ce projet radical est de faire d’une contrainte une opportunité porteuse de valeur. Ainsi, le cône de bruit participe au cadre de vie et permet de valoriser le foncier en périphérie. Ce projet trouvera une réalité opérationnelle sur la plaine de Pierrelaye-Bessancourt autrefois utilisée pour l’épandage des eaux usées du Paris Haussmannien. Une forêt d’un million d’arbres, qui verra le jour à partir de 2017, participera à la dépollution du site et favorisera la construction de nombreux logements et autres programmes.

DENSIFICATION DE CRÉATION NUISANCE FERTILE : PROTECTION : D’AMÉNITÉ : utilisation d’une délimitation du création d’une contrainte urbaine cône de bruit par forêt dans une zone en un moteur de un anneaux bâti inconstructible bien-être.

116 117 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Mutation des usages Environnement Recyclage Santé Espaces publics assainissants

Seconde vie Détruire ou requalifier ? High Line James Corner + Renfro + Diller et Scoffidio Faire table rase ou adapter ? New York, USA 2009

Parc industriel Gas Work Park Richard Haag Seattle, USA 1988

Paysage intégré Houtan Park Turenscape, Kongjian Yu Shanghai, Chine 2009

118 119 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Mutation des Seconde vie Les villes ont créé des infrastructures aujourd’hui usages obsolètes. Les villes ont besoin d’espaces publics Environnement de qualité.

Recyclage Ces infrastructures doivent être repensées à Santé travers un nouveau cycle de vie.

Espaces publics Plutôt que de détruire, l’infrastructure s’adapte

assainissants aux nouveaux besoins. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2

Biodiversité 1 Densité <

Tout en redonnant sa place à la nature et à la biodiversité le projet maintient un lien avec son histoire en gardant intactes les rails de train. < Population

Ressources

Territoire

Résidus

High Line Anciennement créée pour permettre de désenclaver le quartier des abattoirs, cette ligne de train aérienne vient desservir directement toute une série d’entrepôts au James Corner début des années 30. Suite à la recrudescence des transports routiers, cette ligne est Renfor + Diller et petit à petit abandonnée jusqu’à être totalement désaffectée à la fin des années Scofidio 1980. Dès 1979, l’architecte Steven Holl propose sa réhabilitation en logements New York, USA sociaux. Le projet de la High Line voit le jour sous l’administration du maire Bloomberg qui décide la construction d’un parc urbain linéaire sur le modèle de la Promenade 2009 Plantée de Paris. Le projet permet ainsi, en plus de son côté récréatif et culturel, de permettre la ré-implantation d’un microcosme propice aux oiseaux et aux insectes.

INFRASTRUCTURE DYNAMIQUE PROJET RÉSILLIENTE : PÉDESTRE : IDENTITAIRE : penser la seconde création de nou- élément symbo- vie d’une infrastruc- veaux chemins lique représentatif ture urbaine piétons du quartier

120 121 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER <

La prise de hauteur du regard permet de donner un autre rapport entre le piéton et son environnement. Ponctuellement, l’aménagement vient jouer avec les façades alentours. < <

La linéarité du projet est rythmée par une série d’aménagements proposant une végétation et des activités différentes.

122 123 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Mutation des Parc industriel Les sols sont pollués, les industries sont à l’abandon. usages Environnement Sols impropres à la production de nourriture et à la Recyclage construction ayant des effets néfastes sur la santé. Santé Des bactéries absorbent massivement les métaux Espaces publics lourds et dépolluent le sol. Les lieux de l’industrie

assainissant deviennent des lieux de loisirs. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2

Biodiversité 1 < Densité La ville de Seattle a voulu à travers ce parc garder une trace de son passé industriel. <

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Gas Park Ce site servit à la production de combustible de 1906 à 1956. Le plan directeur de ce projet était de garder les anciennes bâtisses pour que la ville garde un lien avec Richard Haag son passé et réaffecte les friches à des usages récréatifs. Des échantillons révélèrent Seattle, USA la présence d’une couche de 15m de gravats saturés de déchets industriels. Faisant 1988 appel à la bioremédiation, Haag misa sur les bactéries existantes pour neutraliser les effets de la contamination. Les toxines sont toujours présentes dans le sol et l’eau, et continuent d’être éliminées par les bactéries.

TEMPORALITÉ DE SYMBOLIQUE NOUVELLE REMÉDIATION : HISTORIQUE : CENTRALITÉ : rénovation urbaine garder une trace zone polluée deve- dans un processus du passé nue lieu de loisir à long terme

124 125 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER < <

L’activité industrielle a rendu le sol très toxique, toxicité A présent le parc à permis de recréer une façade sur la potentiellement dangereuse étant donné la proximité des rivière et est devenu un lieu d’agrément très fréquenté. habitations. < <

126 127 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Le parc a rendu le site plus sein permettant la création de logement ainsi que l’implantation de l’Exposition Universelle de 2011. <

Métropole Mutation des Paysage intégré Les villes en Chine souffrent d’un problème de usages pollution des eaux. Environnement Ces problèmes de très grande échelle impactent Recyclage la santé des habitants et interdit l’accès à Santé certaines zones de la ville.

Espaces publics Au lieu de faire des centrales d’épuration

assainissants coûteuses un parc dépolluant devient créateur Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2

Biodiversité 1 Densité La succession des différents bassins filtrant permet la purification de l’eau passant ainsi de saumâtre à translucide. <

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Houtan Park Le projet fait face à la rivière Huangpu longeant Shanghai. Ce parc a pour but de venir traiter l’eau de cette rivière extrêmement polluée dû à la forte présence Turenscape industrielle tout en permettant la mise en place d’un nouvel écosystème par la Shanghai, Chine création de zones humides. Tout en gardant une trace du passé industriel de la 2009 zone avec certains éléments bâtis existants, le projet cherche à requalifier cet espace en bord de fleuve anciennement pollué et dégradé pour le transformer en un lieu de passage agréable et valorisé. Cette requalification fut ainsi pensée pour permettre la création d’un quartier de logements de standing à proximité, profitant des bénéfices apportés par le parc.

PAYSAGE FILTRANT : MOTEUR URBAIN : SÉQUENCES infrastructure pay- restructuration du PAYSAGÈRES : sagère servant de quartier et création traitement paysa- remédiateur urbain d’un nouveau lieu ger en fonction des attractif capacité d’absorp- tion des plantes

128 129 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER < < Le parc garde une trace de son passé industriel servant historiquement de chantier naval. Les différentes parties du parc proposent toute une succession de traitements paysagers à la végétation Les bateaux sont toujours présents dans le parc, mais leurs variée ayant un rôle dans la purification de l’eau. moteurs sont remplacés par des perches. < <

130 131 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Architecture Environnement Espace Santé Corps

Active design Comment la conception Cooper Union Morphosis architecturale intègre-t-elle en New York, USA amont des dispositifs favorisant la 2009 santé ?

Achitecture placebo Maggie’s Center Gartnavel OMA Glasgow, Écosse 2008

Bubble design Dulwich College Shanghai, Chine 2008

132 133 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Architecture Design actif

Environnement Les étudiants ne sont pas connus pour leur bonne Espace nutrition et leur activité physique régulière. Santé Le manque d’activité peut avoir des répercutions sur la Corps santé. Le projet fait en sorte d’inciter à l’activité

physique par des dispositifs architecturaux. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2 < L’escalier principal sert autant de lieu de circulation que Biodiversité 1 Façade du Cooper Union for the Advancement of Science and Art d’espace de rencontre. Densité <

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Cooper Union Compte tenu des nouvelles stratégies urbanistiques et architecturales qui exigent une plus grande dépense physique de la part des usagers et un mode de vie plus Morphosis sain, il est nécessaire d’inciter ces derniers à gravir des volées de marches plus raides, New York, USA à parcourir de plus longues distances ou à éviter les ascenseurs. Ce projet explore 2009 donc la relation entre la stratégie de design durable et celles pour un design actif. Le bâtiment s’articule autour d’un atrium tout en hauteur abritant une vaste cage d’escalier qui sert d’axe de circulation principal et de zone d’interaction sociale.

CIRCULATIONS LIEUX HIÉRARCHISATION ACTIVES : SOCIABILISANTS : DES CIRCULATIONS : design fait pour dimensionnement les ascenseurs sont inciter à l’activité des lieux de pas- mis en retrait face physique sage pour faciliter aux escaliers les rencontres

134 135 Les ascenseurs du projet ne desservent pas tous les L’utilisation de la lumière naturelle en bout de la dernière CHAPITRE 3 : PROPOSER étages, ceci dans le but de favoriser l’utilisation des volet d’escalier rend son utilisation plus attrayante. CHAPITRE 3 : PROPOSER escaliers. <

Le principe du «skip stop stair» permet de lier l’escalier principal à chaque niveau desservi de manière alternée par les deux ascenseurs, cela dans le but d’inciter à monter les marches. < <

La résille structurelle surplombant l’escalier principal a pour but de le monumentaliser d’avantage et ainsi le mettre en valeur. <

136 137 CHAPITRE 3 : PROPOSER Les Maggie Centers sont toujours mis en lien directe avec CHAPITRE 3 : PROPOSER un équipement hospitalier d’importance, ici le Gartnavel General Hospital. < Métropole Architecture Architecture placebo En phase terminale le besoin d’un environnement Environnement sain et calme est nécessaire. Le psychologique Espace aide à la guérison. Santé Les hôpitaux ne sont pas adaptés à l’individu en fin de vie. Corps Les Maggie’s Centers fournissent un espace où la douleur psychologique est prise en charge à

travers l’architecture du lieu. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2

Biodiversité 1 Densité

L’intérieur est conçu comme un lieu de repos psychologique accès sur un rapport avec la nature et la possibilité d’échanger.

Population <

Ressources

Territoire

Résidus

En 1984, le chercheur Roger Ulrich remarque que les patients dont la chambre donne sur les arbres souffrent moins et se rétablissent plus vite.

La philosophie des Maggie’s Center est de proposer un lieu d’accueil permettant un soutien émotionnel dans un environnement de qualité pour les personnes Maggie’s Center atteintes du cancer. Chacun des centres ayant été construits par des architectes Gartnavel de renom, l’idée est donc d’offrir un espace familier permettant la rencontre avec des personnes réceptives aux mal-êtres des patients. Le projet conçu par l’OMA se OMA situe au sommet d’une colline face à un espace naturel appartenant à l’hôpital Glasgow, Écosse de Glasgow. Le projet ressemble à un pavillon dans les bois tourné à la fois vers 2008 l’intérieur et l’extérieur. L’implantation du projet suit la topographie naturelle et se présente comme un espace ouvert et informel avec des endroits discrets pour les rencontres avec le personnel consultant ou alors ouvert et faisant face à la nature environnante..

SPATIALISATION ÉQUIPEMENT QUALITÉ ET NATURE DE LA THÉRAPIE : GREFFON : COMME REMÈDES : les espaces offre architecture d’échange comme complémentaire, placebo prescription valeur ajoutée

138 139 CHAPITRE 3 : PROPOSER La salle des pleurs est une caractéristique du Maggie CHAPITRE 3 : PROPOSER Center créé par l’OMA. < <

L’espace s’organise autour de «blocs» techniques ou privatifs permettant de cloisonner l’espace. Tout en gardant un sentiment lieu apte aux rencontres il est possible de s’isoler dans un but de recentrement sur soi. <

140 141 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Architecture Bubble design Environnement Shanghai est une des villes Espace dont l’air est le plus pollué. Santé Les enfants en faisant du sport sont très exposés aux effets de la pollution car à ce moment leurs Corps poumons sont ouverts. Le projet crée une bulle hermétique qui traite et

purifie l’air. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2 <

Biodiversité 1 Ces structures gonflables sont adaptables à toutes Au delà d’un moyen de protection de l’air vicié extérieur surfaces et peuvent aborder différentes morphologies. des systèmes de filtration permettent de traiter l’air pour Densité le purifier. <

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Dulwich College Shanghai n’a jamais été aussi polluée. Chaque journée annonce des pics de pollution entraînant la fuite d’une grande partie de la classe moyenne. Suite à cette Shanghai, Chine dégradation de la qualité de l’air, de nombreuses écoles privées de la ville ont décidé 2008 d’installer des dômes protecteurs au dessus de leurs espaces extérieurs permettant aux enfants de continuer à pratiquer une activité physique. Sachant que c’est lors de ces activités que le corps est le plus sensible aux pollutions atmosphériques. Ce collège est un des précurseurs de ce type d’aménagement.

PLUGIN FILTRANT : BULLE RÉGULATEUR structure légère PROTECTRICE : CLIMATIQUE : facile à mettre en création d’un système de filtration place espace protégé et de climatisation de l’air

142 143 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Pollution Environnement Toxicité Santé Prise de conscience

Capture et mise en relief Comment rendre la pollution Dusty Relief François Roche intelligible ? Bangkok, Thaïlande Interpeller pour prévenir. 2002

Absorption et ornement Revival Field Mel Chin Minneapolis, USA 1990

144 145 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Pollution Capture et mise Environnement en relief Toxicité Bangkok souffre d’un très haut taux de pollution. Santé Prise de La pollution est seulement intelligible suite à ses effets sur la santé mais n’a pas de «matérialité» conscience Le projet rend la pollution visible, palpable tout en

purifiant l’air. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir < 3 Des canons de lumière transpercent cette fourrure Sous cette « boule de poils » de particules polluantes se toxique pour apporter de la lumière naturelle à l’intérieur cache un musée d’art contemporain. 2 des salles. < Biodiversité 1 Densité

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Dusty Relief Un rapport intitulé World’s Worst Pollution Problem publié en 2010 par le Blacksmith Institute à New York estimait qu’à l’heure actuelle, quelque 100 millions de personnes François Roche courent un risque du fait de leur exposition à des substances comme les pesticides, les Bangkok, radionucléides ou les métaux lourds (plomb, mercure, chrome, arsenic). Désignant Thaïlande ces polluants comme les «six principales substances les plus nocives» pour la santé 2002 humaine, ce projet répond ainsi à ce besoin de purification de l’air de la ville grâce à une façade capable d’attirer et d’emprisonner les particules de matière et ainsi de purifier l’air extérieur. Au delà de son effet purifiant, le projet sert avant tout un but manifeste en matérialisant ces particules nocives pour la santé et les sublimer.

NUISANCE INGÉNIERIE SYSTÈME CAPTANT : INTELLIGIBLE : D’ENVELOPPE : dépollution de l’air rendre visible la technicité créatrice localisée pollution de l’air de formes architecturales

146 147 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER <

Morphologie du projet avant captation de la pollution. Résille hydrostatique de captation de la pollution créant Coupe du projet : Le musée s’organise par une l’enveloppe du projet. succession de volumes simples abritant les salles d’exposition ou bien apportant de la lumière naturelle. < <

148 149 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Pollution Absorption et ornement Environnement Les sols sont pollués suite à des activités industrielles. Toxicité Ils sont impropres à la production de nourriture et à la Santé construction a des effets néfastes sur la santé. Prise de Le fait de planter des plantes qui absorbent conscience massivement les métaux lourds et dépolluent le

sol est un moyen de traiter les sols. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir < 3 Cette technique «low cost» de remédiation des sols prouvent l’efficacité des plantes hyper accumulatrices face aux pollutions des sols par des métaux lourds. Cette performance artistique aura été menée avec le laboratoire scientifique du 2 United States Department of Agriculture

< Dr. Rufus Chaney. Biodiversité 1 Densité

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Revival Field Les friches industrielles, parfois contaminées par des résidus toxiques, font de plus en plus l’objet de planification, de plantation et d’exploitation en vue de leur Mel Chin reconversion. Ce projet artistique suit ainsi cette mouvance en exploitant des Minneapolis, USA procédés agricoles et biochimiques naturels pour extraire les métaux lourds des sites d’enfouissement. Les six sections qui divisent le cercle sont des études de plantes 1990 hyperaccumulatrices et résistantes aux métaux, capables de pousser dans un sol dont la concentration en zinc peut atteindre 250 000 mg/kg.

ART EXPÉRIMENTAL : INGÉNIERIE BIODIVERSITÉ DE démarche VÉGÉTALE : REMÉDIATION : artistique servant capacité des amélioration de la d’expérimentation plantes à traiter des biodiversité permet- remédiatrice polluants tant la dépollution

150 151 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Urbanité Environnement Réseaux Santé Salubrité

Update Comment concevoir des réseaux Detroit Futur City Framework Détroit, USA participant d’un environnement 2013 urbain efficace et de qualité ?

Réseau urbanisant Malagueiras Alvaro Siza Evora, Portugal 1955

152 153 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Update Urbanité Environnement Détroit a vécu une forte décroissance de sa population. Réseaux Les réseaux urbains ont de gros problèmes de Santé salubrité et de maintenance. Salubrité La ville adapte ses réseaux en créant des

systèmes durables et créateurs d’urbanité. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2

Biodiversité 1 Densité

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Detroit La ville de Détroit a perdu depuis les années 50 plus de la moitié de ses habitants. Cette dépopulation résulte de nombreux facteurs tels que la délocalisation d’une Future City industrie automobile structurante, l’explosion de l’habitat individuel et de l’accession Farmwork à la propriété en périphérie et de graves émeutes sociales à la fin des années 60. Ville de Détroit Un cercle vicieux se met en place. A mesure que la population baisse, l’entretien des réseaux (alimentation en eau, égouts, transports, éclairage public etc) calibrés Détroit, USA pour fonctionner au dessus d’un certain seuil de population devient de plus en plus 2013 coûteux alors que les recettes fiscales baissent. Il s’en suit de sérieux problèmes sanitaires dus à la mauvaise qualité de l’eau, des réseaux d’égouts obsolètes et une pollution abondante des sols héritée des débuts du fordisme.

URBANISME RÉSEAUX TERRITOIRE PAYSAGER RÉSILLIENT : INTERDÉPENDANTS : ACTIF : adaptabilité des efficacité des trames vertes fil- < éléments urbains réseaux tout en les trantes et productives La désertification de la ville de Détroit incite d’envisager (besoins, popula- différemment le vide urbain. Les différentes formes de rendant flexibles traitements paysagers sont un moyen de créer une tion, etc.) production agricole de proximité et un complément pour filtrer l’eau des les réseaux de la ville.

154 155

CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER Des manières novatrices d’envisager les espaces < verts sont envisagés dans le nouveau plan urbain

de la ville de Détroit. Chacune de ces solutions serait un moyen de < recréer différentes formes de dynamisme à la ville qu’ils soient de type économique, de loisir, de biodiversité ou liées aux ressources

nécessaires à la vie des habitants. Les parcelles vides sont autant de petites < superficies pour repenser de nouvelles formes de mixité au sein du tissu urbain.

L’agriculture urbaine est ici envisagée comme un moyen de proposer de nouvelles alternatives professionnelles aux habitants de Détroit passant par la production de ressources alimentaires, la production de bois ou bien de nouvelles formes de production innovantes. <

156 157 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Métropole Réseaux urbanisants Urbanité Environnement Réseaux La ville a besoin d’un réseau d’eau en aqueduc. Santé Les réseaux sont cachés et multi-fonctionnels. Salubrité Les réseaux peuvent être un moyen de structurer

les espaces publics et ainsi créer de l’urbanité. Guérir

Prévenir 5

4 S’épanouir

3

2 < L’infrastructure est utilisée comme un élément urbain à Biodiversité 1 part entière et permet d’apporter des zones ombragées. Les aqueducs font parti intégrante du tissu de la ville et sont donc utilisés de manière détournée par les habitants Densité < preuve de leur appropriation.

Population

Ressources

Territoire

Résidus

Malagueira Pour réaliser ce quartier d’habitat social situé en périphérie de la petite ville d’Evora au Portugal, Alvaro Siza s’est approprié la typologie locale des Alentejo. Des maisons Alvaro Siza en bande à patio peintes d’un blanc immaculé se confrontent à un réseau aérien Evora, Portugal d’alimentation en eau. Les aqueducs conçus avec des matériaux très modestes tranchent avec la blancheur des habitations. En pensant ces réseaux comme 1955 éléments structurants du quartier, Siza se démarque d’une vision communément admise selon laquelle les réseaux sanitaires doivent être cachés, enterrés, hors champ. Les aqueducs de Malagueira participent de manière poético-technique à l’intelligibilité du territoire.

RÉSEAUX UNIFICATION LIBERTÉ DE HORS SOL : URBAINE : L’INTERSTICE : ne pas ensevelir les infrastructure comme laisser libre cour à réseaux, baisse du moyen de créer un l’appropriation des coût et jeux avec lien urbain vides et «accidents» le bâti urbains

158 159 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER <

Exemple des «accidents» urbains entre la trame régulière du bâti et le réseau d’aqueduc.

Différentes < typologies de maison présentes dans le quartier de Quinta de Malagueira tentent de répondre le plus largement possible, aux besoins de logements sociaux suite à la dictature de Salazar. < <

La construction en plusieurs phases du quartier de Quinta de Malagueira se fit en fonction de la déclivité du terrain, permettant ainsi de prolonger le réseau d’aqueduc et ainsi connecter le nouveau quartier à la vieille ville. <

160 161 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER 3.1 Ouvrir un contexte propice à l’innovation

Autres références Mur dépolluant Le sel bon pour les sens Allégorie artistique Breathing Room Mine de sel, Ukraine Fellow Kayt Brumber, 2009 Kirill Kuletski David Gissen, 2011 Ce glossaire de projets n’est qu’une ébauche, un catalogue non exhaustif de quelques projets ayant un impact sur la santé des habitants à travers des moyens techniques et ingénieux, un design raisonné et un petit peu de rêverie parfois. Ce catalogue ne demande qu’à être complété, étoffé, pour pouvoir proposer une gamme de solutions encore plus large, créant des visions encore plus riches, de ce que pourrait être la ville du bien-être de demain...

L’huître fait la force Une tour qui pousse Ballade 6 pieds sous terre Oyster Texture Ferme urbaine Low Line SCAPE, 2010 SOA, 2005 James Ramsey, 2012

Technologie verte Équipement communautaire Urbanisme de santé Harmonia 57 Delwara Community Toilets Healthy Urbanism Proposal Triptique, 2008 Vir.Mueller Architects, 2006 Interface Studio Architects, 2012

Une limite créatrice de liens Se réinventer sur soi même Infrastructure mutante Structure végétale Dynamique de comportement Révollution fleurie A8ernA Amphithéâtre romain Transilager Reloaded PF1 Hospice Sondergard Guerilla Gardening NL Architects, 2003 Lucca, XIXème siècle MVRDV, 2011 Work AC, 2008 BIG, 2007

Évolution d’une centralité Ville à la carte La tête dans les arbres Cylindre re-végétalisant Assainissement vert Chaleur créatrice de verdure Ile de Nantes Plugin City Ecological Neighborhood Eco-Boulevard Green Loop Big Data UapS, 2010-2015 Archigram, 1964 Lacaton et Vassal, 2010 Ecosistema Urbano, 2004 Present Archi, 2016 Hudson Yards, 2016

etc.

Continuité urbaine naturelle Methodologie de la ville saine Ville agricole Toiture filtrante Incubateur de créativité Parc Euroméditerranéen Impact Framework for Healty Urban Agriculture Allianz Arena Halle Freyssinet TER, 2008 Urbanism HealthXDesign, 2001 Vogt Landschaftsarchitekten Wilmotte & Associés, 2016 HealthXDesign, 2001 et Herzog et de Meuron, 2005

162 163 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

3.1 selon des modes de lecture qui leurs sont propres mais dans des territoires Ouvrir un contexte propice à de pensée nouveaux, au sein desquels ils ont manifestement besoin d’être l’innovation guidés. Peut-on pour autant parler de l’émergence d’un urbanisme prescriptif ou guide ? Des éléments de réponse se profilent justement dans le domaine de 3.1.2 Vers un urbanisme guide la médecine qui considère la prescription comme l’application d’un plan thérapeutique élaboré selon un diagnostic, lui fixe une durée. Mais surtout, Carte intéractive la prescription rend formelle la relation entre le professionnel de santé et de John Snow, le patient. C’est bien la personne habilitée à formuler une prescription qui CartoDB, 2013 Le site CartoDB met peut, elle seule, établir une relation médecin/patient. Cela pose la question à disposition un du droit de prescription et de manière corollaire, la question du sachant outil permettant la réalisation de cartes : le médecin, chez Platon, «est d’abord celui qui propose un traitement : intéractives. l’acte même de prescrire, fondé sur la capacité d’interpréter et de prévoir ». Le médecin est au centre d’une triple connaissance; celle du pharmakon (bénéfique ou maléfique), celle du métabolisme humain et celle plus spécifique de son patient, de son mode de vie et éventuellement de son

< parcours. gvSIG 1.0 En matière de ville, le sachant est paradoxalement non sachant car il traite Exemples de logiciels de cartographie en accès d’un territoire qui n’est pas nécessairement le sien, il n’a pas l’expertise

libre permettant de créer des cartes dynamiques

d’usage absolument nécessaire, n’a pas forcément l’expertise scientifique < à partir de donné géo-localisées. Capaware rc1 0.1 et technique. Il est une interface au sein de laquelle se rencontrent des

perspectives parfois contradictoire (l’habitant/le politique, le défenseur de < l’environnement/l’opérateur immobilier). Comment alors une prescription Hugh Barton et Catherine Tsourou, Urbanisme urbanistique peut-elle être bénéfique ? et santé, S2D-Association internationale pour la promotion de la Santé et du Développement La prescription est un principe général du Droit qui désigne la durée au-delà Durable, 2004 de laquelle une action en justice n’est plus recevable. En conséquence, la prescription est un mode légal d’acquisition ou d’extinction de droits par le simple fait de leur possession pendant une certaine durée. En droit comme en médecine, le principe et l’acte de prescription ont une The New York City Guidelines Le réseau internet et la «philosophie» naissante du partage des connaissances et de leur libre accès ont dimension temporelle, une durée de validité. Autre exemple de l’utilisation d’internet en tant Une prescription urbaine serait donc efficiente dans le cadre d’une situation que moyen de communication à l’intention des fondamentalement transformé nos modes d’accès à l’information et, a fortiori, notre conception de la propriété concepteurs ou du grand public. des idées. Transparence et fréquence de diffusion, itération et mise-à-jour ; des notions héritées des domaines du donnée correspondant à un temps T. Les manières d’habiter évoluent, < développement informatique, bien que partagées à des degrés différents selon les acteurs, contaminent peu à peu les moyens de rendre un territoire intelligible sont mis à jour. Donner à les «jargons». Les différents champs de nos sociétés sectorielles deviennent poreux, accueillent des intérêts étrangers, l’urbanisme une notion prescriptive induirait donc le fait de reconsidérer ce offrent un espace à de nouveaux avis et de nouvelles critiques. Requêtes, forums, blogs, newsletters, FAQ, tutoriels même urbanisme comme un organisme mutable, adaptable aux nouvelles ; de confortables dispositifs de partage nous fournissent les espaces d’une connaissance du «savoir chercher» bien considérations de l’époque. différente de celle, exclusive et capitalisante du spécialiste. Le champ de la géographie est, à ce titre un exemple particulièrement intéressant ; avec les récents développements des GIS, «Geographic Information Systems», les données La métropole parisienne a dû faire face à travers son histoire à de graves géographiques ont à présent une toute autre teneur ; le passage du tableur de données à une carte dynamique en problématiques sanitaires, comme il l’a été décrit en amont. Les grands ligne est facilité par un accès aux données et une utilisation des outils de cartographie de plus en plus aisés et de plus travaux d’Haussmann et de Belgrand sont des exemples de la nécessité des en plus variés. L’intuition qui nous est donnée est celle d’une connaissance n’ayant de valeur que dans son «devenir métropoles à pouvoir adapter leurs infrastructures. Mais comment passe- autre», dans sa capacité à faire des sauts, si l’on peut dire, de main en main. On ne peut que se rappeler l’apport de t-on des grandes épidémies de choléra du XIXème siècle aux travaux la cartographie dans le travail de John Snow qui put identifier les foyers de choléra à Londres grâce à l’information d’Haussmann et Belgrand ? géographique ; le savoir du cartographe dans les mains du médecin donc. Il aura fallu 20 ans pour voir la refonte des infrastructures sous-terraines de Paris. Ces travaux historiques auront été possibles compte tenu de la conjoncture A cet égard, il est frappant de constater à quel point certaines institutions utilisent le réseau internet comme un de l’époque, une grande crise sanitaire ainsi qu’une gouvernance forte. Le support de diffusion et de partage d’idées. Le professionnel impliqué peut ainsi avoir un accès libre à une pléiade contexte urbain est de nos jours manifestement plus le même et serait peut- de «documents guides» mis à disposition pour l’épauler dans son exercice et l’aider à en enrichir le cadre. Cette être même moins propice à ce type d’initiatives volontaires telles que furent tendance est particulièrement manifeste dans les champs associant la Ville et la Santé comme l’a montré Marcos Weil celles du Paris haussmannien. La ville comme un «plan complet» où tout . Ces documents sont en téléchargement libre et constituent de vrais ouvrages gratuits et imprimables «à l’usage de est intégré laisse donc place à la métropole comme un corps métabolique tous», ou du moins, à l’usage de quiconque veut bien s’y intéresser. constitué d’organes ayant leur fonctionnement autonome. L’ouvrage «Urbanisme et santé»de l’ OMS fait date dans ce mouvement naissant. Il «est centré sur les effets de l’urbanisme qui peuvent être positifs pour la santé, le bien-être et la qualité de vie». Il propose 12 objectifs clés qui En 2008 le président Sarkozy met en place la première consultation du invitent les concepteurs à s’intéresser à des problématiques stimulantes et faisant intervenir la santé, comme l’exercice Grand Paris qui fut l’occasion pour 10 équipes pluridisciplinaires d’architectes physique, l’accès à l’emploi, l’accès à l’alimentation à l’eau potable ou encore les relations sociales. La lecture d’un urbanistes d’exposer leurs perspectives sur la métropole parisienne et la tel document mobilise le concepteur, l’implique. Et bien qu’il ne s’agisse pas forcément de sujets qui intéressent a priori ville post Kyoto . Dans un contexte aux multiples gouvernances, comment les urbanistes, il semble qu’on soit prêt à leur reconnaître une responsabilité, dans un sens positif car on leur reconnaît pouvoir repenser la métropole comme un lieu propice à l’innovation ? en même temps une certaine expertise de la qualité spatiale. Et il est frappant de constater que c’est précisément là où ils n’ont pas à intervenir d’habitude, là où la présence d’un concepteur n’est pas ou plus d’actualité, qu’ils sont Dans ce cadre, la démarche singulière de l’équipe MVRDV/ACS/AAF convoqués. Ceci pour une raison très simple ; des situations de risque nécessitent une démarche d’innovation qui dénonce un «réductionnisme menaçant». En effet, une ville durable tient du savoir-faire des concepteurs bien au-delà de l’évitement du risque. Ils sont invités à découvrir ces situations placée sous le signe de l’austérité et de la sobriété est une perspective peu séduisante pour l’équipe. Elle milite plutôt pour «une approche énergique et enthousiaste» ; un Grand Paris plus stable, plus efficace, plus cohésif, plus attractif et plus ouvert. 164 165 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

L’équipe considère la métropole, et c’est là un point fondamental de sa démarche, comme «une nouvelle entreprise collective». Elle propose un L’arrêt complet de l’épandage des effluents urbains ne fut décidé que très outil informatique dans la lignée du World Peace Game de Buckminster récemment. De 1998 à 2008, plusieurs études d’impact ont été effectuées Füller et du modèle World 3 du Club de Rome . sur le terrain. En 1999, la préfecture du Val d’Oise interdit temporairement la commercialisation des cultures vivrières de la plaine de Pierrelaye, Selon l’équipe, «le Grand Paris devrait prendre l’initiative de développer favorisant, à partir de 2000, les cultures réservées à l’alimentation animale un outil similaire. Un institut métropolitain pourrait être le cadre de sur les zones anciennement réservées à l’épandage. En 2005 une maladie son développement de telle sorte qu’il puisse guider l’agenda de du maïs contraint les agriculteurs à passer aux cultures énergétiques. l’agglomération ainsi qu’actualiser son classement dans le monde». Ce «City Calculator» devrait permettre «une toute autre forme d’urbanisme Selon une étude de l’INRA , le site présente des risques sanitaires dûs à la qui n’aurait plus lieu dans les mairies mais sur tous les ordinateurs. Tout le biodisponibilité des polluants (exposition, ingestion) et à leur infiltration dans monde peut participer». les aquifères. Mais le plus inquiétant concerne le comportement propre de Le City Calculator considère que la métropole a une «capacité» que ces matières polluantes ; en effet l’hypothèse d’une éco dynamique des l’utilisateur peut tester selon différents paramètres. Cette capacité polluants, c’est à dire d’un comportement et d’une évolution autonome représente l’espace disponible pour un programme que l’utilisateur < du milieu pollué, paraît sérieuse. Le rapport est formel ; quelles que soient les choisit et quantifie. Elle intègre des «zones de blocage» identifiées par World Peace Game, Buckminster Füller, 1960. orientations d’aménagement de la plaine, elles devront nécessairement Cet outil était sensé faciliter une interface l’outil, comme les zones de protection du patrimoine, les zones de compréhensive des enjeux mondiaux, utilisable considérer la toxicité du site comme un héritage, et négocier avec cet régulation limitant la densité, les zones de protection et préservation du par tous, et permettant la mise au point de état de fait. solutions aux grands fléaux mondiaux (la haine, paysage et aussi les zones de nuisance. Ainsi l’utilisateur peut, ou non, l’illettrisme, le manque de soin, la dégradation débloquer ces zones afin de tester la capacité de la métropole avec de l’environnement etc.). La création d’une forêt d’un million d’arbres n’est évidemment pas l’enjeu une certaine quantité de programmes qu’il définit. fondamental du projet. Cette décision fait office de «mot d’ordre» dans le but de rendre un territoire inhospitalier propice à l’arrivée de nouvelles La logique sous tendue par cet outil voudrait que la métropole ait un populations et d’activités. En effet, la plaine aujourd’hui n’est pas ou seuil critique ou plutôt une capacité de charge au-delà de laquelle peu accueillante dans la perspective des objectifs de logements prévus. elle n’atteindrait pas les attentes d’une métropole post Kyoto. La L’enjeu est bien de la rendre hospitalière, d’organiser un accueil, de prévoir capacité du Grand Paris est calculée à partir d’une base de données une arrivée. Cette forêt n’est autre qu’un cadre prescriptif pour penser de foncier mutable auquel on ajoute ou l’on soustrait à souhait les zones autrement un territoire. de blocage. Ainsi l’équipe s’opposant au postulat selon lequel l’Ile-de- France manque de place situe la limite foncière dans l’épaisseur de Ainsi c’est bien d’une négociation dont il s’agit. D’une part, le projet s’intègre cette marge de manoeuvre que représente le foncier mutable. Cette dans un paysage d’habitudes, de l’autre il s’inscrit dans le temps long du marge demande une gestion, un jeu de blocages et de déblocages, développement d’un massif forestier et de la remédiation à la pollution des temps et des rotations qui doivent être administrés. On comprend du site. Cette promesse questionne nécessairement le pendant du projet. < alors assez bien l’idée de passer «d’une cueillette à une agriculture du En effet, son intégration dans le jeu des échelles de gouvernance et son Plaine de Pierrelaye - Bessancourt Une forêt d’un million d’arbres sur les sites foncier». inscription dans une dynamique territoriale déjà engagée à la confluence d’épandage des égouts Haussmanniens. de la Seine et de l’Oise est une nécessité quant à sa réalisation. Ainsi le dessin prend le relais dans des propositions concrètes de l’équipe. GP Forest, qui propose une reforestation massive de l’aéroport Le principe même de planter une forêt soulève des questions fondamentales Charles-de-Gaule , s’appuie sur l’emprise de son Plan d’Exposition au quant au rapport de l’habitant et de l’usager en général à la forêt ; ses Bruit, une des grandes zones de blocage de la métropole Parisienne. fonctions et ses qualités, sa dimension récréative, économique, technique La force de cette proposition est de faire d’une contrainte relative à ou encore le cadre de vie qu’elle propose. On pense alors à une forêt la santé publique une opportunité porteuse de valeur. Ainsi le cône de à plusieurs visages, qui multiplie les effets de lisières notamment entre bruit, transformé en une vaste forêt, participe au cadre de vie et permet le logement et les zones d’activités qui devront trouver des modalités de valoriser son foncier en périphérie ; l’équipe imagine des logements innovantes d’organisation spatiale. L’activité agricole également devra, de grande hauteur en bordure du périmètre afin de profiter pleinement < de concours, structurer et rendre intelligible le paysage généré ; structurer de l’espace ouvert ainsi créé et de compléter l’offre relative à l’activité ses lisières, mettre en place ou renforcer des filières, revoir ses stratégies de City Calculator, MVRDV et Why Factory, 2008. aéroportuaire. Ce logiciel permet de quantifier les manques et gestion des polluants et de l’irrigation, etc. les performances d’une ville passant de valeurs Le principe de GP Forest trouvera une réalité opérationnelle sur la qualitatives à des valeurs quantitatives. Cet outil On voit bien que l’urbanisme de projet n’a pas besoin d’une vision peut être utilisé pour le développement de plans plaine de Pierrelaye-Bessancourt autrefois utilisée pour l’épandage des directeurs urbains. autoritaire, ou plutôt que la vision devient un cadre pour une plus grande eaux usées du Paris Haussmannien. Ce site représente un véritable défi souplesse et une mise en œuvre fine. L’exemple de la future Forêt de environnemental et sanitaire pour les sept communes concernées par < Pierrelaye nous montre combien une impasse sanitaire peut être riche de sa transformation. En avril 2011, le ministre de la ville annonce la création perspectives une fois qu’elle est portée à la hauteur d’un projet. Un projet une «forêt d’un million d’arbres», qui verrait le jour à partir de 2017. Cette qui se transforme alors presque en une valeur partagée, autour de laquelle reforestation participerait à la dépollution et la requalification du site, et peut naître un ensemble de prescriptions vertueuses, de dispositifs spatiaux enfin structurerait la construction des zones d’activité économiques en innovants. projet ainsi que 8000 nouveaux logements. Ce projet d’initiative publique est porté par le conseil général du Val Nous nous retrouvons face à une situation inhérente à l’histoire des

d’Oise et les sept communes de l’entente. Il fit l’objet d’une étude villes. Leur capacité d’adaptation aura permis de transformer de graves < synthétique de la part des ateliers de Cergy en vue de la préparation de problèmes sanitaires en des systèmes vertueux. C’est peut-être là que se leur workshop annuel en 2012 et soulève de nombreux questionnements trouve l’urbanisme guide et la ville de New-York l’aura bien compris en GP Forest, MVRDV Roissy, France, 2008. locaux et métropolitains sur lesquels nous reviendrons. Ce projet créant le New-York City Guidelines. Mais la question est à présent de savoir Proposition ayant inspiré l’implantation d’arbre aborde en amont toute une série de questions à l’échelle locale et comment une telle mise en œuvre est réalisable. sur la Plaine de Pierrelaye. métropolitaine qui portent sur des enjeux sanitaires transversaux.

166 167 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

intéragissent entre elles. Ainsi, il serait donc possible de trouver les 3.1 Ouvrir un contexte propice à origines de «problèmes» sanitaires en connaissant leurs causes et donc agir sur ces dernières. Pourtant ces problèmes sanitaires sont une partie l’innovation inhérente au système, comprendre leurs causes permettrait donc de diminuer leur impact sur la santé.

1.3 «Dosis sola facit venenum», c’est la dose qui fait le poison. L’approche 3. Ville et environnement : toxicologique apparue dès le XVIème siècle par Paracelse annonçait déjà ce principe. La santé d’un système ne dépend pas de l’absence une transversalité nécessaire de problèmes sanitaires mais de leur gestion.

De nouveaux modèles sont en train de voir le jour. Avec l’aide des nouvelles technologies il est d’autant plus facile de cerner les éléments constitutifs des systèmes métropolitains.

Image 3D de la vile de Songdo en La ville nouvelle de Songdo en Corée du sud est le signe de l’émergence < Corée du sud conçue par Sisco Sytème imaginée comme une ville de ces nouveaux modèles urbains. Ville high-tech, smart grids, toute une connectée, une smart grid pouvant influer sur tous les aspects de la vie de terminologie naissante tente de définir ce qui pourrait être le futur des ses habitants. métropoles. D’ici quelques années, il est tout à fait sensé de penser que l’ingénierie urbaine ne fera plus l’économie d’une intégration complète des nouvelles technologies. Ce phénomène touche en effet à bien des domaines de la vie courante comme le confort et la gestion de l’énergie, la communication, la santé et l’assistance, la sécurité, la surveillance et bien sûr la mobilité. Songdo fait à ce titre figure de manifeste.

Il est à présent possible à partir de son Iphone et de nombreux capteurs intégrés d’être à toute heure en interaction avec son environnement < domestique ou urbain. A l’échelle de l’habitat la domotique permet la Paracelse Médecin suisse du XVIème gestion de son énergie électrique, de l’éclairage de son électroménager siècle qui aura mis la chimie au service de la médecine. ; à l’échelle du quartier les réseaux sont optimisés en fonction du rapport distribution / consommation permettant de sortir des systèmes basés sur les pointes de consommation ; à l’échelle métropolitaine, les transports sont gérés à l’aide de la navigation embarquée et des avancées quotidiennes de la cartographie numérique.

En quoi la préservation de notre environnement questionne De nombreux opérateurs se disputent les marchés du monitoring urbain l’architecture comme processus organisationnel? ce qui pose le problème de l’inter-opérabilité entre les systèmes qui ont encore bien du mal à fonctionner selon des protocoles communs. La La question est avant tout politique. Elle concerne des «secteurs» ville de Songdo est une expression paroxystique de cette tendance : qui ne pourront partager de vision que si une transversalité «entre» un seul et même opérateur (Sisco systems) gère et surveille absolument secteurs est mise en place. L’architecte adopte la position d’un tout, de la production d’énergie à la surveillance du rythme cardiaque généraliste pour donner des outils opérant à cette transversalité. de ses habitants. Un goût de déjà vu quand on pense au cinéma de Prenons d’abord soin ensemble de notre cadre de vie afin de prendre science fiction de Fritz Lang ou aux écrits de Orwell qui ne sont guère < 1984 soin de nous-mêmes. loin d’une réalité en germe. Version de l’oeuvre d’Orwell adaptée au cinéma par Michael Radford. Des En s’appuyant sur la métaphore de la serre à papillon, Howard On se dirige inexorablement vers une extériorisation du cerveau téléviseurs surveillent constamment chaque Frumkin explique que pour permettre à une espèce de survivre humain à travers des systèmes de gestion intelligents. Cette évolution individu pour leur «sécurité». dans un environnement artificiel, il faut lui fournir les conditions technique pose bien entendu des problèmes éthiques. On comprend environnementales optimales à son développement. Or L’homme est bien l’avantage de ces modes de gestion distribuée qui apparaissent une des rares espèces qui se construit elle même son environnement, sous le signe du partage et de la préservation de la planète. Mais à quel et même la seule, en l’état de nos connaissances, qui le fasse prix ? Au prix d’une surveillance généralisée ? Au prix de l’utilisation tous consciemment. Depuis 2001 l’espérance de vie urbaine est passée azimuts de nos données personnelles, de nos goûts musicaux à notre devant l’espérance de vie rurale. Peut-on en conclure que le milieu taux de cholestérol ? Au prix de l’hégémonie de grandes entreprises urbain est devenu l’environnement idéal au rassemblement humain capables de contrôler une ville entière ? ? Mais surtout, quelles caractéristiques de cet environnement bâti influent sur la bonne santé ? Il y a d’autres domaines que l’énergie ; les questions liées à la gouvernance alimentaire et à l’accès à l’eau potable sont toutes aussi L’approche systémique développé par l’OMS consiste en une urbaines. Même si ce n’est que de manière indirecte, les secteurs de série d’outils de mesure, de méthodes d’analyse permettant de < l’eau et de l’agriculture sont invités au banquet de l’urbanisme. comprendre la dynamique d’un système. Si un système change tout Ouvrage co-écrit par Howard Frumkin qui le temps, si les éléments qui le constituent, agissent, réagissent et donne un cadre à sa Une crise survient quand le déploiement de la population atteint des théorie de l’influence de intéragissent sans cesse de manière souvent paradoxale, comment l’environnement bâti sur la seuils critiques au-delà desquels le fonctionnement du système urbain comprendre la façon dont une intervention extérieure pourrait santé et le bien-être. de manière optimale n’est plus envisageable. Les variations dans les

l’affecter ? rassemblements posent la question de la réactivité. Comment on <

Il serait donc nécessaire de comprendre les caractéristiques adapte ? Comment on met à jour ? En fait la vraie question est comment Bidonville à Noisy-le-Grand, fondamentales d’un système pour envisager la manière dont elles 1956. s’organise cette mise à jour ? Comment les hommes la négocient ? L’arrivée massive de population peut avoir comme effet l’émergence de logements hautement précaires. 168 169 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Detroit est un bel exemple d’intégration des réseaux d’acteurs locaux dans la fabrication d’une grande infrastructure urbaine. La ville de Detroit a perdu depuis les années 1950 plus de la moitié de ses habitants. Cette dépopulation résulte de nombreux facteurs tels que la délocalisation d’une industrie automobile structurante, l’explosion de l’habitat individuel et de l’accession à la propriété en périphérie et de graves émeutes sociales à la fin des années 1960. Un cercle vicieux se met en place ; à mesure que la population baisse, l’entretien des réseaux (alimentation en eau, égouts, transports, éclairage public...) calibrés pour fonctionner au dessus d’un certain seuil de population devient de plus en plus coûteux alors que les recettes fiscales baissent. Il s’en suit de sérieux problèmes sanitaires dûs à la mauvaise qualité de l’eau, des réseaux d’égouts obsolètes et une pollution abondante des sols héritée des débuts du fordisme. Ajoutons à cela une criminalité sans égal aux Etats Unis, les ravages du crack à partir des années 80 et une précarité alimentaire qu’on attribue souvent à l’arrivée des centres commerciaux. Detroit entretient des taux de pathologies bien au dessus de la moyenne nationale, comme les maladies cardio-vasculaires, les cancers, le diabète, l’asthme et le cholestérol. La municipalité entreprend alors en 2009 une vaste étude stratégique associant une grande variété d’acteurs, des voisinages aux philanthropes en passant par les acteurs économiques et décisionnels. Cette étude s’est matérialisée en 2013 par un plan guide (Detroit Future City Framework) dont un des axes est la mise à jour des systèmes urbains, les réseaux originels rigides et peu adaptables sont remplacés par des systèmes intégrés de paysages dépolluants, productifs et créateurs de valeurs. La force de cette démarche réside dans sa capacité à mettre en place une transversalité d’acteurs dans toutes les couches de la société.

L’environnement urbain peut ainsi être la source de nombreux problèmes impactant la santé et le bien-être de ses habitants. Pourtant, la compréhension des interrelations qui existent au sein de l’environnement urbain et donc l’origine de ces problèmes sanitaires peut faire naître une nouvelle inventivité du design urbain. Un système urbain défaillant pourrait ainsi être source d’innovation urbaine et donc, de bien-être ? Cette contradiction fait donc surgir un des paradoxes fertiles de notre temps à savoir qu’un environnement urbain contrôlé peut être vecteur de bonne santé pour ses habitants malgré les problèmes sanitaires que la ville peut engendrer. <

< Detroit Future City Framework < La ville de Detroit cherche à optimiser ses réseaux pour leur permettre de se calibrer en fonction des variations de sa population. Des réseaux plus souples et profitant de moyens d’épuration naturels se superposent pour former un système sain et bénéfique.

170 171 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER 3.2 Une méthode pour stimuler l’innovation ?

Vers un processus de re-singularisation ou comment stimuler de nouvelles situations de projet ?

Changer de paradigme : proposition d’une carte heuristique

Si les conséquences des relations entre nos modes de vie contemporains et les lieux dans lesquels elles s’organisent ont préalablement été explicités et ont témoignés de leur impact sur le développement de chaque individu vivant en société, il est temps d’en prendre la mesure et de réévaluer certaines notions couramment utilisées, ou tout du moins de les reconsidérer, au regard des enjeux qui nous mobilisent. Mais comment apprécier à sa juste valeur des termes, des notions, des qualités, des idées et des concepts, qui sont le fruit de longues recherches - accumulation de l’histoire et de traditions - synthèses de réflexions chez LECTURE certains ou départ d’un questionnement pour d’autres.

Peut-être faut-il d’abord en préciser les enjeux initiaux et se concentrer sur les forces qui s’y cristallisent ?

MÉTROPOLE SANTÉ ENVIRONNEMENT Habitat Une « mise à plat » de ces différents termes pourrait nous permettre d’en proposer une carte heuristique (représentation cartographique qui consiste à Mobilité organiser ou refléter le fonctionnement d’une pensée) ; un outil pédagogique densité population territoire prévenir guérir s’épanouir résidus biodiversité ressources à usage collectif. Intéractions Le graphique qui suit pourra à la fois servir à décrypter certaines singularités sociales au cœur des projets et/ ou devenir un outil au service de la projetassion, en Equipements proposant de nouvelles corrélations entre chacune de ces notions. services

commercer converser converger social corporel mental échanges comport- milieux Il est soit une « grille de lecture » pour déchiffrer les modes opératoires Emploi ements d’un projet réalisé, soit un « plan d’actions » pour stimuler par un processus Culture d’expérimentation de nouvelles situations de projet.

URBANITÉ BIEN-ÊTRE ÉCOLOGIE 3 étapes préalables sont nécessaires pour générer cette nouvelle carte : 1. Les identifier, pour en souligner leurs singularités. 2. Les organiser, pour les distinguer et en révéler leur essence 3. Les connecter, pour montrer leurs modes opératoires

VISION

172 173 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER 3.2 Une méthode pour stimuler l’innovation ? URBANITÉ + BIEN-ÊTRE + ÉCOLOGIE L’URBANITÉ décrit les spécificités, points de vue, réactions et modes de pensée associés au fait de vivre en ville. Sa source en latin est « urbanitas », 1 3.2. Identifier, pour en souligner les singularités qui définit les qualités humaines acquises en société. Elle décrit une élégance de vocabulaire et de savoir-vivre, en opposition à rustique, discourtois ou brutal. Dans l’antiquité, les Écoles de rhétoriques se sont développées dans MÉTROPOLE + SANTÉ + ENVIRONNEMENT l’atmosphère des grandes villes, dans lesquelles des étudiants venant de petites communes venaient faire un apprentissage des habitudes et du LA MÉTROPOLE ou la question des rapports entre la densité, la population et le langage urbains. territoire. * Converger : En parlant de plusieurs personnes ou choses venant d’endroits Si le terme «métropole » vient du grec « métropolis » et désigne la « ville mère », différents qui se dirigent vers un même point ou un même territoire pour y elle n’en est pas moins un lieu de fortes concentrations d’activités humaines où aboutir. évoluent différentes cultures sur un territoire géographique singulier. * Converser : Du latin « conversari » (fréquenter, s’associer), c’est le partage * Territoire : l’entendue géographique sur laquelle se regroupe et évolue une de points de vue, d’expériences ou de questionnements sur un ou des sujets ou des sociétés communs plus ou moins fédérateurs.

* Population : ensemble d’individus partageant une ou plusieurs caractéristiques * Commercer : Du latin « commercium » (commerce, négoce), c’est à dire qui nécessitent de se regrouper « faire des affaires », trouver et faire fructifier un ou des intérêts communs.

* Densité : rapport entre l’intensité des activités humaines et le nombre d’individus qui en bénéficient. ------

LE BIEN-ÊTRE : si pour l’OMS, « La santé est un état de complet bien-être physique, ------mental et social et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité.», le bien-être n’en reste pas moins une qualité difficilement LA SANTÉ ou le champ de la recherche appliquée au corps médical (prévenir, mesurable. C’est avant tout un état, une humeur, une disposition agréable, guérir et s’épanouir) qui participe au développement d’un individu ou d’une société.

La santé est le champ scientifique de l’ensemble des connaissances et * Mental : selon l’OMS, on définit la santé mentale comme un état de bien-être actions médicales qui mesurent et évaluent le degré de survie, de vie ou qui permet à chacun de réaliser son potentiel, de faire face aux difficultés d’épanouissement d’un individu ou d’un ensemble d’individu. normales de la vie, de travailler avec succès et de manière productive et d’être en mesure d’apporter une contribution à la communauté. * Prévenir : l’action de précaution et d’apprentissage de moyens d’évolution et de développement dans un environnement donné. * Corporel : capacité à interagir et évoluer, sans gênes physiques majeures avec son cadre de vie. * Guérir : l’action qui consiste à neutraliser les méfaits d’un développement. * Social : selon l’OMS, le bien-être social englobe les choses qui incident * S’épanouir : l’action qui permet d’accroitre les conditions d’émancipation de manière positive sur la qualité de vie : un emploi digne, des ressources d’un individu ou d’une société en pleine possession de ses moyens de économiques pour satisfaire les besoins, l’accès à l’éducation et à la santé, développement. du temps pour les loisirs, etc. Bien que la notion de bien-être soit subjective (ce qui est bon pour une personne peut ne pas l’être pour une autre), le bien-être ------social est associé à des facteurs économiques objectifs.

L’ENVIRONNEMENT ou « l’ensemble des éléments (biotiques ou abiotiques) qui ------entourent un individu ou une espèce et dont certains contribuent directement à subvenir à ses besoins », ou encore comme « l’ensemble des conditions L’ ÉCOLOGIE ou la science ayant pour objet les relations des êtres vivants naturelles (physiques, chimiques, biologiques) et culturelles (sociologiques) (animaux, végétaux, micro-organismes) avec leur environnement, ainsi susceptibles d’agir sur les organismes vivants et les activités humaines ». qu’avec les autres êtres vivants. (Larousse)

* Ressources : matières premières ou sources d’énergie naturelle permettant de * Milieux : Ensembles des facteurs extérieurs qui agissent de façon permanente subvenir aux besoins d’un être vivant, d’une espèce ou de la société humaine. ou durable sur un animal, une plante, une biocénose et auxquels les organismes doivent être adaptés pour survivre et se perpétuer. (Larousse) * Biodiversité : ensemble de la faune et de la flore présente sur un territoire spécifique (écosystème) * Échanges : cf. économie circulaire (Recyclage) : Science ayant pour objet les relations des êtres vivants (animaux, * Résidus : Sous-produits issus de la transformation de matières et qui subsistent végétaux, micro-organismes) avec leur environnement, ainsi qu’avec les après une opération physique ou chimique, une transformation industrielle, autres êtres vivants. (Larousse) une fabrication, en particulier après extraction des produits de plus grande valeur. * Comportements : Manière d’être, d’agir ou de réagir des êtres humains, d’un groupe, des animaux. (Larousse) 174 175 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER 3.2 Une méthode pour stimuler l’innovation

3.2.2 Organiser, pour distinguer et révéler l’essence

Mode d’emploi Lecture Cette carte est construite autour de 2 équations distinctes : ENVIRONNEMENT MÉTROPOLE

« métropole+santé+environnement » et « urbanité+bien-être+écologie ». SANTÉ biodiversité population s’épanouir ressources déchets prévenir territoire

La première se base sur l’observation qu’on appellera ici la « LECTURE ». La densité résidus guérir deuxième est plus qualitative et propose de se tourner sur les actions à mener : on l’appellera « VISION ».

cycle de vie des espaces verts filières locales Habitat constructions domestiques Ainsi la première partie de ce document, la « LECTURE », présente une observation converger mental milieux pratiques non pratiques converser corporel BIEN-ÊTRE cohabitation comportements URBANITÉ polluantes économes ÉCOLOGIE montrant l’importance de la prise en compte des facteurs de santé, dans la commercer social échanges

service égalité économie de éco- devant réflexion territoriale, urbaine et architecturale. recyclage systémique les ressources La seconde partie, la « VISION », pose une série de constats et analyse les liens qui se tissent entre qualité de vie et qualité de la structure urbaine. Vision

Elle montre la pertinence de l’équation « métropole – santé – environnement » dans Mobilité converger mental milieux la compréhension de l’observation initiale. L’analyse de projets récents permet de converser URBANITÉ corporel BIEN-ÊTRE comportements ÉCOLOGIE commercer social échanges transformer le constat en outil opératoire : en terme de projet, la question de la métropole devient celle de l’urbanité ; celle de la santé devient celle du bien-être et enfin celle de l’environnement celle de l’écologie. Vision

Ces deux premières parties reprennent les deux premières étapes de la méthode Intéractions de réflexion spécifique aux concepteurs urbains : d’une observation, un constat converger mental milieux converser URBANITÉ corporel BIEN-ÊTRE comportements ÉCOLOGIE est posé. A partir de cette matière, il s’agit maintenant de dégager une série sociales commercer social échanges de principes. La grille de lecture proposée a pour objectif de stimuler une pensée, donc l’émergence de principes opératoires. Autrement dit, elle transcrit Vision une lecture d’une problématique en un outil dont l’objectif est de favoriser l’émergence de projet. Équipements

converger mental milieux Cette grille de lecture est construite à la manière d’une pensée : à partir d’une converser URBANITÉ corporel BIEN-ÊTRE comportements ÉCOLOGIE Services commercer social échanges première lecture, trois premières entrées fondamentales sont identifiées. Elles concentrent l’ensemble des questions soulevées par la démarche. Au fur et à mesure du raisonnement, elles s’affinent en passant au travers de Vision différents prismes. Emploi

converger mental milieux

Par exemple, l’entrée « métropole » se décompose en trois notions : densité, converser URBANITÉ corporel BIEN-ÊTRE comportements ÉCOLOGIE population et territoire. Ces notions deviennent alors des prismes qui permettent commercer social échanges de catégoriser une seconde fois l’ensemble des informations selon leur nature.

Vision Un troisième échelon organisé autour de problématiques métropolitaines (usages ou percepts), permet d’affiner une dernière fois notre raisonnement en regroupant Culture l’ensemble de ces termes en catégories : converger mental milieux

converser URBANITÉ corporel BIEN-ÊTRE comportements ÉCOLOGIE

commercer social échanges Habitat Mobilité Interactions sociales Vision Equipements/Services Emploi Culture

Ces catégories situées en ordonnée sont transversales et rencontrent l’ensemble des prismes et des entrées. Elles permettent une lecture dynamique de la grille et introduisent des tensions.

176 177 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

La Tour du bois-le- Prêtre par Lacaton Habitat et Vassal est une Les politiques et propositions d’aménagement urbain favorisent- refonte d’un elles et facilitent-elles la qualité du logement ? immeuble vétuste proposant une nouvelle notion L’accès à un logement adapté est d’une importance vitale, tout de confort à ses habitants sans avoir spécialement pour les jeunes et les personnes âgées. Les atteintes eu besoin de les à la santé qui ont lieu durant le premier développement se déloger. prolongent durant toute la vie. Les facteurs environnementaux, le manque d’hygiène et d’installations sanitaires dans les bâtiments et les espaces urbains ont été largement reconnus depuis la naissance de l’urbanisme comme source de maladies. Des logements en nombre insuffisant et surpeuplés, construits avec des matériaux toxiques et des structures polluantes et dangereuses, s’avèrent nuisibles à la santé physique. Le surpeuplement est associé aux troubles mentaux, aux pathologies physiques et aux accidents. Le choix limité de l’implantation, de l’orientation et de la conception des grands ensembles peut

LectureLecture Une vrai démarche exagérer les actes criminels et le vandalisme. Les hautes tours écologique serait d’habitation ont une influence sur la santé mentale, habiter dans d’envisager «l’après» des ces tours et souffrir en même temps d’isolement social, peut bâtiments. MVRDV ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT mener à la dépression et à un mauvais état de santé générale. réutilise ainsi le MÉTROPOLE MÉTROPOLE

SANTÉ SANTÉ gros oeuvre d’un La qualité du logement peut être améliorée grâce à des études parking pour le détaillées, une orientation et des matériaux favorables à bon transformer en des logements dans la rendement énergétique, permettant de réduire les déperditions commune de Basel. de chaleur. Il est essentiel de proposer des logements locatifs en nombre suffisant bénéficiant de bons services de base. Des bâtiments collectifs adaptables peuvent être prévus pour biodiversité biodiversité population population s’épanouir s’épanouir ressources ressources ressources ressources prévenir prévenir déchets déchets territoire territoire densité densité

résidus résidus différents usages tels que santé, éducation et loisirs. guérir guérir

effet effet cycle de viecycle de vie densité densité bassin bassin qualité qualité placébo placébo cadre cadre lutte contrelutte contre des desespaces vertsespacesfilières verts localesfilières locales d’habitantsd’habitantsde vie de vie architec- architec-(nature, lieux(nature, lieux de vie de vie l’isolementl’isolement constructionsconstructionsdomestiquesdomestiques turale turale intimes ...) intimes ...)

convergerconverger mental mental milieux milieux intensité intensité respect respect des des soins soinsdes normesdes normes pratiques nonpratiques non pratiques pratiques voisinage voisinagequartier quartier converser converser confort confort corporel corporel BIEN-ÊTRE BIEN-ÊTRE cohabitationcohabitation comportementscomportements échanges échanges URBANITÉ URBANITÉ à domicileà domicile de de polluantespolluantes économeséconomes ÉCOLOGIEÉCOLOGIE sociaux sociaux salubrité salubrité commercercommercer social social échangeséchanges

possibilité possibilité service service égalité égalité mixité mixité réseaux réseauxcommerce commerce de loger de logerespaces espaces proximité proximité économie économiede deéco- éco- devant devant des tissus des tissusd’échanged’échange de de ses prochesses prochespartagés partagés recyclagerecyclagesystémiquesystémiqueles ressourcesles ressources proximité proximité à l’hopital à l’hopital

La Walled City de Kowloon à Hong Kong détruite en 1994 est un exemple d’une forme d’hyper-densité, une micro ville regroupant tous les besoins de ses habitants. Mais si cette hyper- densité est mal gérée cela peut entrainer la dégradation de la qualité de vie. VisionVision

178 179 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Les politiques et les propositions d’aménagement urbain favorisent-elles et facilitent-elles la pratique d’activités Mobilité physiques favorables à la santé ?

Le sous sol des villes peut La pratique d’exercices favorables à la santé permet de être un nouveau territoire combattre les maladies cardio-vasculaires, les accidents hospitalier au piéton. La vasculaires et autres maladies associées à la fois aux emplois Low Line pensée par James Ramsey utilise d’anciennes sédentaires et aux styles de vie stressants. Des modes de vie lignes de métro pour les sains sont à même d’améliorer le bien-être mental et, par réaménager en un lieu conséquent, d’avoir une influence sur la santé corporelle. piéton lumineux de jour Les zones d’habitat à faible densité, et éloignées des possibilités comme de nuit. d’approvisionnement impliquant des trajets plus longs entraînent l’utilisation excessive des véhicules qui n’incitent pas à des modes de vie favorables à la santé. L’urbanisme peut créer un environnement attrayant, sûr et commode qui incite les individus à se rendre à pied ou à bicyclette au travail, dans les magasins et les autres équipements. Les projets d’aménagement doivent intégrer LectureLecture des possibilités de loisirs adaptées, également réparties dans le quartier et faciles d’accès. ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT MÉTROPOLE MÉTROPOLE SANTÉ SANTÉ

Le paysagiste Vogt associé avec Herzog et de Meuron ont pensé un parking en biodiversité biodiversité population population s’épanouir s’épanouir lien avec un grand équipement sportif ressources ressources prévenir prévenir déchets déchets territoire territoire densité densité résidus résidus guérir guérir s’intègre au paysage et permet de garder une large surface humide permettant l’infiltration des eaux de pluie.

possibilité possibilité liberté et liberté et densité de densitéattractivité de attractivité thérapie thérapie cycle de viecycle de vie plateformesplateformes de changerde changer possibilité depossibilité de espacescontinuités vertsespacescontinuités verts l’offre l’offredes noeuds des noeuds à domicile ouà domicile ou délaissésdes délaissésdes filièresinfrastructures localesfilièresinfrastructures locales multimodalesmultimodales d’environ- d’environ- déplacementdéplacement écologiquesdomestiquesécologiquesdomestiques modale modaled’échange d’échange ambulatoireambulatoire constructionsconstructions intégrées intégrées nement nement

converger converger mental mental milieux milieux lieux de lieux de activité activité modes de modes de densificationdensification réseaux de réseaux de accès accèsgéographiegéographie savoir savoir rencontre rencontre physique physique pratiques nonpratiques non transportpratiques transportpratiques autour des autour des transport transport converser converser à une activitéà une activitéde l’offre de l’offre corporel corporel pollution pollutioncohabitationsur les cohabitationsur les comportementscomportements (hall de gare,(hall de gare, URBANITÉ URBANITÉ (vélo, marche,(vélo, marche, BIEN-ÊTRE BIEN-ÊTRE (doux,économes ferré, (doux,économes ferré, ÉCOLOGIE ÉCOLOGIE équipementséquipements en communen commun physique physiquede soin de soin polluantes polluantesécosystèmesécosystèmes quais...) quais...) escaliers...) escaliers...) routier...) routier...) commercer commercer social social échanges échanges

accès à accès à soins soins complémen-complémen- exploitation exploitation accessibilitéaccessibilité cohabitationservice cohabitationserviceégalité égalité la mobilité la mobilité diversité diversitémobiles mobiles économie économie logistique logistique -tarité -tarité des réseaux des réseaux des quartiers,des quartiers, économie deéconomieinfrastructure éco-de infrastructure éco- devant devant (prix du ticket,(prix du ticket, dans le choixdans le choix(Croix (Croix du déchet du déchet soutenable soutenable commerce commerce de transportde transport désencla- désencla- recyclage recyclageécosystèmesystémique écosystèmesystémiqueles ressourcesles ressources du péage...)du péage...) du transportdu transportRouge...) Rouge...) mobilité mobilité -vement -vement

Chatelet les Halles est la station la plus fréquentée du monde. OMA envisage ce nœud de transport comme une nouvelle centralité sous- terraine connectée avec la surface grâce à de nouveaux programmes.

VisionVision

180 181 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Les politiques et propositions d’aménagement urbain Interactions favorisent-elles et facilitent-elles interactions sociales ? Les réseaux amicaux et de soutien mutuel présents à travers les

Un processus de guérison quartiers peuvent aider l’individu, à la maison et au travail, à peut être envisagé à accélérer son rétablissement après une maladie et à diminuer travers des rencontres sociales les dépressions et les maladies chroniques. Ceci peut conduire et des discussions. C’est à un sentiment de satisfaction plus important. La ségrégation pour cela que la cuisine du Maggie’s Center sociale tend à aboutir à la formation de ghettos fondés sur construit par Richard le statut socio-économique, l’âge et l’origine ethnique. Cette Rogers occupe une situation peut conduire à l’isolement et à l’insécurité. place centrale. La cohésion sociale peut se voir brisée par des projets de rénovation de logements peu nuancés ainsi que par la dispersion des habitants. Elle se trouve également amoindrie par des routes qui coupent les liens au sein du quartier, constituant des barrières pour les piétons et, dans une large LectureLecture mesure, qui nuisent au développement commercial. Zone polluée et rassemblement de personnes n’est pas L’urbanisme n’est pas en mesure de créer des réseaux de contradictoire. Gaz

ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT quartier ou de cohésion sociale. Toutefois, la cohésion sociale

MÉTROPOLE MÉTROPOLE Park projet en processus peut être facilitée par la création d’environnements sûrs et SANTÉ SANTÉ de remédiation depuis ouverts avec des lieux de rencontre spontanée informelle. Le plus de 25ans mené par Richard Haag est développement de la mixité fonctionnelle dans le centre des maintenant un lieu villes et les centres commerciaux comme dans les quartiers extrêmemnt fréquenté. résidentiels contribuent à élargir les choix sociaux. biodiversité biodiversité population population s’épanouir s’épanouir ressources ressources ressources ressources prévenir prévenir déchets déchets territoire territoire densité densité résidus résidus guérir guérir

possibilité possibilité volorisationcycle de vievolorisationcycle deréserves vie réservesaménité aménité diversité desdiversité desmixité mixitéqualité de qualité de intégration intégrationthérapies thérapiesde vivre de vivre espacesnaturelles vertsespacesnaturelles verts formes formes l’espace l’espace desdes zones desdes zones filières(fleuves, locales filières(fleuves, locales éthnique éthnique à un groupeà un groupede groupe de groupeintégré à intégré à constructionspolluées constructionspolluéesdomestiquesouvertes au domestiquesouvertesforêts...) au forêts...) urbaines urbaines public public un groupe un groupe public public

converger converger mental mental milieux milieux qualité et qualité et intensité intensité milieu milieu loisirs loisirs mixité mixitéprésence présence rééducationrééducation pratiquesdéchetteries, nonpratiquesdéchetteries,effet non curatif effet curatifpratiques pratiques des des converser converser club de club de associatif associatif corporel corporel cohabitationcohabitation(fleuves, (fleuves, comportementscomportements de lieux de lieux URBANITÉ URBANITÉ en groupe en groupe BIEN-ÊTRE BIEN-ÊTRE ressourceries,ressourceries,de la naturede la natureéconomes économes ÉCOLOGIE ÉCOLOGIE interactions interactionssociale sociale sport sport lié à la santélié à la santé polluantes polluantes forêts...) forêts...) de partage de partage tri tri commercer commercer social social échanges échanges

cohérence cohérence groupe de groupe de valorisation valorisation densité densité variété de variété de intégration intégration économies économiesservice serviceégalité égalité de l’offre de l’offre action actiondiscussion discussion économie deéconomiefilière de filièreéconomique économique program- program- l’offre l’offre au milieu au milieu de seconde de secondeéco- éco- devant devant commercialecommerciale sociale sociale(réel (réel recyclage recyclagepédago. pédago.des zones des zones -matique -matique commercialecommerciale professionnelprofessionnel main mainsystémique systémiqueles ressourcesles ressources avec la pop.avec la pop. ou virtuel) ou virtuel) naturelles naturelles de loisir de loisir

La qualité de l’espace public peut changer la conception qu’un passant peut avoir de son contexte. Les bords de fleuve à Lyon de l’agence d’urbanisme M. P. Ruch donne un nouveau rapport avec VisionVision le fleuve.

182 183 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Les politiques et les propositions d’aménagement urbain favorisent-elles et facilitent-elles l’accessibilité aux Les friches sont Équipements équipements et services ? des espaces verts spontanés de nos Réduire la dépendance vis-à-vis des voitures et de toute villes. La High Line du forme motorisée de déplacement peut aboutir à davantage paysagiste James services d’activité physique et réduire les maladies cardio-vasculaires Corner a manifié cette végétation urbaine en et autres maladies chroniques. Un nombre croissant la rendant accessible d’enfants perdent l’occasion d’un exercice physique à tous. régulier en allant à pied à l’école alors que la question de l’obésité s’amplifie. Les modèles d’activité physique établis durant l’enfance sont considérés comme des déterminants clés du comportement de l’adulte. Dans beaucoup de pays, les services publics comme les hôpitaux et les écoles sont en phase de rationalisation, aboutissant par là-même à la fermeture de certains équipements. On répercute la responsabilité du LectureLecture déplacement aux personnes. Ceci diminue l’accessibilité et désavantage certains groupes spécifiques, tels que les personnes âgées, les femmes, les enfants, les personnes ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT handicapées et les minorités ethniques. Les centres MÉTROPOLE MÉTROPOLE commerciaux géants, situés en dehors des villes ont SANTÉ SANTÉ également accru la dépendance vis-à- vis des voitures souvent au détriment des équipements locaux. L’urbanisme peut améliorer le choix entre différents modes de transport, en particulier en rendant les équipements locaux plus facilement accessibles à ceux qui se déplacent biodiversité biodiversité population population s’épanouir s’épanouir ressources ressources ressources à pied, à bicyclette ou en utilisant les transports publics. On prévenir déchets territoire prévenir déchets territoire densité densité résidus résidus guérir guérir cherchera à développer les itinéraires piétons et cyclistes sans danger et écologiques ; la circulation sera gérée de façon à ralentir et calmer la vitesse des véhicules dans les zones d’habitation.

exploitationexploitation géographiegéographie niveaux deniveaux attractivité de attractivité accessibilitéaccessibilitépartenariatspartenariatslieux lieux cycleinfra- de viecycleinfra- dedispositifs vie dispositifs espaces vertsespacessoutenable verts soutenable et densité et densitéfréquentation fréquentationdes des culture cultureculture cultured’apprentis-d’apprentis- -structuresdes de-structuresdeset deplans deet plansfilières de localesfilières locales domestiquesdomestiquesdes des de l’offre de l’offre équipementséquipements éducation éducationpsychiatriepsychiatrie-sage -sage constructionsdépollutionconstructionsdépollutionprotection protection ressources ressources

converger converger mental mental milieux milieux complémentaritécomplémentarité unités unités variété desvariété desrelation relation accessibilitéaccessibilité gestion gestion de l’offre de l’offre complémen-complémen-mobiles mobiles productionproduction profils dansprofils la dans avecla avec équip. équip. pratiquesvalorisation nonpratiquesvalorisation nonintégrée intégréepratiques pratiques au sein de aula sein de la converser converser URBANITÉ URBANITÉ -tarité -tarité de de corporel corporel BIEN-ÊTRE BIEN-ÊTRE cohabitationcohabitationindividuelleindividuelle comportementscomportements ÉCOLOGIE ÉCOLOGIE fréquentationfréquentationl’espace l’espace sportifs et desportifs et de etpolluantes recyclageetpolluantes recyclage(polyculture)(polyculture)économeséconomes structure etstructure du et du public public de l’offre de l’offreprévention prévention d’énergie d’énergie quartier quartier loisirs loisirs de soin de soin commercercommercer social social échanges échanges

masse masse structures structures structures structures valorisationvalorisation accessibilitéaccessibilité services service égalité égalité critique de critiquecohérence de cohérence services de gestion de gestionstructureservice de structurede de gestion de gestion du territoiredu territoire espaces vertsespaces équipements verts équipements d’action économie deéconomie de éco- devant devant fonction- fonction-de l’offre de l’offre d’action (syndicats, (syndicats,gestionéco- gestion(syndicats, (syndicats, par les par les espaces espacespénitentiairespénitentiaires sociale recyclage recyclage systémiqueles ressourcesles ressources -nement -nementavec la pop.avec la pop. sociale exploitants)exploitants)systémique(ONF...) (ONF...)exploitants)exploitants) équip. équip. publics publics

Certaines infrastructures peuvent être la cause de nuisance. Mais Dépolluer une zone peut se faire grace comme l’a fait MVRDV à des espaces naturels. Houtan Park de pour le projet GP l’agence Turenscape offre un cadre à la Forest cette nuisance biodiversité variée tout en rendant la zone est l’occasion d’un accessible et constructible. reboisement massif et de valoriser le lieu. VisionVision

184 185 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Les politiques et propositions d’aménagement urbain

Le futur siège social de Facebook dessiné favorisent-elles et facilitent-elles l’accès à l’emploi ? par Franck Gehry est envisagé comme Emploi un nouveau territoire, un lieu de travail au La sécurité de l’emploi peut améliorer la santé, le bien- multiples ambiances regroupant toutes être et la satisfaction professionnelle Les personnes formes d’activités (restauration, repos, sans emploi souffrent d’un risque de stress économique divertissement ...). pouvant être source de mauvaise santé, de troubles psychologiques et même de décès prématuré. L’urbanisme peut aussi bien contrecarrer que faciliter les possibilités d’emploi. La création d’emplois en des lieux inaccessibles ou encore le manque d’une diversité des emplois au sein d’un quartier peut affecter la santé de manière négative tant directement qu’indirectement. L’urbanisme, associé à des stratégies de relance économique, peut être bénéfique en facilitant l’émergence d’opportunités attractives pour les affaires ce qui peut favoriser la diversité des emplois LectureLecture et garantir le maintien d’offre locales d’emploi. Des politiques de transport équitables peuvent aussi jouer Les activités agricoles peuvent être un rôle important en facilitant l’accès aux lieux de créatrices d’urbanité. C’est le défi de travail. Disposer d’emplois locaux permet de diminuer MVRDV pour l’exposition Floridade 2022 ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT les durées de déplacement et réduit ainsi les émissions

MÉTROPOLE MÉTROPOLE à Almere. Créer des lieux de production

SANTÉ SANTÉ agricoles qui donneront naissance à une de gaz dues aux véhicules à moteur. ville. biodiversité biodiversité population population s’épanouir s’épanouir ressources ressources prévenir prévenir déchets déchets territoire territoire densité densité résidus résidus guérir guérir

secteurs secteurssecteur secteur taux tauxdivesité desdivesité des opportunitésopportunitésprogrammeprogramme cycle de viecycle de vie exploitationexploitation bassin bassin cadre cadre filières filièresagricultureespaces verts agricultureetespaces verts et d’emploi d’emploiprofils profils pour l’initiativepour l’initiativede réinsertionde réinsertion des des filièresdes ressources localesfilièresdes ressources locales d’emplois d’emplois professionelprofessionel déchets déchetsespacesdomestiques vertsespacesdomestiques verts sur place sur place(ouvriers, (ouvriers, professionelleprofessionellepar le travailpar le travail constructionsconstructions locales locales cadres...) cadres...)

converger converger mental mental milieux milieux diversité diversité zone zone proximité proximité secteur secteursecteur secteur de l’offre de l’offre d’affluenced’affluence ergonomie ergonomie multi multi del’emploi del’emploi médecine médecine pratiquessecteur nonpratiquessecteurpréservation non préservationdistributionpratiques distributionpratiques (des PME aux(des PME aux des savoirs des savoirs converser converser corporel corporel cohabitationcohabitation comportementscomportements culturalismeculturalisme URBANITÉ URBANITÉ (activité (activitédu cadre dedu cadredu de travail du travail BIEN-ÊTRE BIEN-ÊTRE prévention prévention consom- consom- ÉCOLOGIE ÉCOLOGIE grands grands (Roissy, (Roissy, polluantes polluantessensibilisationsensibilisationéconomes économes physique) physique)travail travail -mation -mation groupes) groupes) Saclay...) Saclay...) commercercommercer social social échanges échanges

réseaux réseaux secteur secteur plateformesplateformes mobilité promobilitéd’échanges pro d’échanges richesse desrichessecréation des decréation lutte de contrelutte contre servicesecteur servicesecteurproduction égalité productionégalité d’échanges,d’échanges, secteur secteur tourisme tourisme(locaux, (locaux, relations derelationsrelations de derelationsl’isolement de l’isolement économie deéconomie deagro-éco- agro-éco-transformationdevanttransformationdevant quartiers quartiers valorisationvalorisation d’affaire d’affaireréginaux, réginaux, travail travail travail travailprofessionnelprofessionnel recyclage recyclage-alimentairesystémique-alimentairesystémiqueénergétiqueles ressourcesénergétiqueles ressources d’affaires d’affaires mondiaux) mondiaux)

Wilmotte et Associés repense la Halle Freyssinet comme le futur plus grand incubateur d’entreprise au monde. Ancien entrepot SNCF, ce lieu deviendra le passage obligatoire de VisionVision tout chef d’entreprise de passage à Paris.

186 187 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

Les politiques et propositions d’aménagement urbain favorisent-elles et facilitent-elles l’accès à la culture ? La compagnie Royal de Luxe Culture à Nantes ne cherche pas à L’accès à la culture peut être une source de faire venir le public dans un divertissement, d’épanouissement personnel et lieu d’exposition, c’est l’art qui psychologique. déambule dans les rues de la Les formes de culture sont extrêmement variées et ville et qui se l’approprie. peuvent s’appliquer à toutes classes sociales. Au delà d’un épanouissement personnel c’est aussi un acte de sociabilité qui se dessine. Se mettre en contact avec la culture c’est avant tout une marque de curiosité, d’ouverture de soi sur le monde. Le caractère cosmopolite des métropoles est sensé être un environnement idéal pour l’émergence d’une diversité de l’offre culturelle. Musée, bibliothèque, salle de concert, maison de la jeunesse et de la culture, théâtre, squat (etc.), autant de lieux aptes à accueillir LectureLecture une activité complétant ainsi les différentes formes de l’offre culturelle. La pollution peut être créatrice Alors qu’il se dit que les premières restrictions d’esthétique. C’est ce que fait économiques sont faites dans le budget du ministère

le projet Dusty Relief de François ENVIRONNEMENT ENVIRONNEMENT

MÉTROPOLE MÉTROPOLE Roche en captant la pollution de la culture, l’inventivité et le besoin d’expression sont

SANTÉ SANTÉ de la ville pour la matérialiser tout autour d’un musée d’art des choses sur lesquelles il ne peut être mis de prix. moderne. biodiversité biodiversité population population s’épanouir s’épanouir ressources ressources prévenir prévenir déchets déchets territoire territoire densité densité résidus résidus guérir guérir

attractivité attractivitérassem- rassem-identité identité la culture la culture préservationcycle de viepréservationcycle de vie accessibilitéaccessibilité à à faciliter faciliter espacessymbolisme vertsespacessymbolisme verts du pluricultu-du pluricultu--blement -blementculturelle culturelle comme comme qualitativedes desqualitativedes des filièresattachement localesfilièresattachement locales la culture la culture l’intégrationl’intégration domestiquesculturel desdomestiquesculturel des -ralisme -ralismeéthnique éthniquedes quartiersdes quartiers thérapie thérapie constructionsmilieux constructionsmilieuxespèces espècespatrimonialpatrimonial

converger converger mental mental milieux milieux relations relations accessibilitéaccessibilité sensibilisationsensibilisation rapport rapportrecon- recon- mixité mixitécohabitationcohabitationpolyculturellespolyculturelles aux activitésaux activités pratiques nonpratiques-naissance non des-naissance pratiques des pratiques converser converser URBANITÉ URBANITÉ aux activitésaux activitésrééducationrééducation corporel corporel BIEN-ÊTRE BIEN-ÊTRE culturel culturelcohabitationcohabitationarchitecturearchitecturecomportementscomportements ÉCOLOGIE ÉCOLOGIE culturelle culturelle au sein du au sein du polluantes polluantes économes économes éthnique éthnique sportives sportives sportives sportives au déchet au déchetserviceséco-serviceséco-vernaculairevernaculaire territoire territoire à l’école à l’école systémiquessystémiques commercercommercer social social échanges échanges

partages partages immersion immersion identité identité intensité intensitéculturels culturelsdimension dimension accessibilitéaccessibilité sensibilisationsensibilisation économies économiesécosystèmeservice écosystème service égalité égalité culturelle culturelle territoriale liéeterritoriale liée des des(connaissance (connaissance internationale internationale aux lieux deaux lieux de à la toléranceà la tolérance économieimmémoriales deéconomieimmémorialescomme deéco- commeéco- devant devant comme comme aux ressourcesaux ressources échanges échangeset savoirs et savoirs des des sociabilité sociabilité culturelle culturelle recyclageliées aux recyclageliées auxsystémiquevaleur systémiquevaleurles ressourcesles ressources thérapie thérapie faire) faire)échanges échanges à l’école à l’école déchets déchetsculturelle culturelle

Le projet Morro Arena d’Herzog et de Meuron offre aux habitants d’une ville au centre du Brésil un lieu ouvert au public, plateforme sportive, d’expression artistique, d’échange culturel et social.

VisionVision

188 189 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER 3.2 Une méthode pour stimuler l’innovation Outil de lecture / exemple d’analyse du projet Maggie’s Centers  

  3.2.3 Connecter, pour montrer les modes opératoires   Après avoir identifié et organisé sous la forme d’une grille de lecture, les notions intrinsèques et        domaines d’applications en oeuvre dans l’espace de la métropole, des associations inédites        peuvent alors apparaître, et construire ainsi des situations de projet «paradoxales».            Ces dernières structurent la genèse du projet, en le resserrant sur quelques principes ; de       nouveaux dispositifs actifs en somme.               Dans un effet de miroir et par une démarche symétrique à celle qui a organisé la « lecture », la         grille peut aussi devenir un « plan d’actions » :              La construction de nouvelles situations de projet pourrait nous conduire vers de nouvelles visions,                  autrement dit, nous engager vers un processus de re-singularisation.                                                                                                  

                                                                                                                                                                                                                                                                                                                          

             

     



190 191  

   CHAPITRE 3 : PROPOSER  CHAPITRE 3 : PROPOSER

                                       En 1984, le chercheur Roger Ulrich remarque que les patients dont la chambre donne sur       les arbres souffrent moins et se rétablissent plus vite.                                                                                                                                         <  Charles Jencks et Maggie Keswick Jencks   

  

             Maggie Keswick Jencks fut la co-fondatrice des Maggie’s centres aux cotés de son époux    l’architecte Charles Jencks. En 1993, les médecins annoncent à Maggie que son cancer du          sein s’est généralisé aux os, au foie et au cerveau et ne lui donnent que trois mois à vivre.  Les avancées de la chimiothérapie font gagner 18 mois à Maggie pendant lesquels elle  développe l’idée d’un nouveau type de centre de traitement du cancer. Elle était convain-  cue qu’une participation active du patient était la clé d’un traitement efficace voire d’une  rémission. Ainsi, à travers l’information, les stratégies de réduction du stress, le support psycho- logique et les opportunités de rencontres dans une atmosphère domestique et relaxante, le patient ne subirait plus le cancer comme une victime. Elle proposa à l’hôpital général d’Edimbourg son idée d’un endroit proche de l’hôpital dans lequel les patients pourraient apprendre à vivre avec, au travers et au-delà du cancer. Mag- Architecture gie Keswick Jencks mourut en juillet 1995 et le premier Maggie’s centre ouvrit à Edimbourg en Novembre 1996. Aujourd’hui, 10 centres ont ouvert au Royaume-Uni et une dizaine d’autres sont en projet ou en cours d’installation. Les centres sont financés par donation d’organismes placebo publics ou philanthropiques. La force sous-jacente de l’initiative Maggie’s est de mettre une conception architecturale de qualité au service d’un programme de support psychologique novateur. Tout d’abord Maggie’s Fife les centres sont implantés à moins de 100m de l’hôpital ; ils fournissent un complément psy- Conception // Zaha Hadid chologique au traitement curatif lourd. La particularité des centres résident dans leur relation Client // MKJ Cancer Caring Center Trust étroite avec les espaces verts de l’hôpital dont ils privatisent une partie. Un soin particulier est Kircaldy, UK engagé sur la relation du bâtiment au jardin à travers différentes stratégies spatiales le plus 2006 souvent basées sur une intelligence des vues et des ouvertures. Le programme de soin en tant que tel est en majeure partie fondé sur le travail en groupe. Il comprend des séances Maggie’s Gartnavel d’exercices, de cuisine et d’expression artistique, mais également des séances de groupe autour de la perte capillaire, du deuil ou de la gestion des frais de soins. Les centres four- Conception // OMA - Rem Koolhaas nissent des espaces en parfaite adéquation à ce programme avec une cuisine souvent cen- Client // MKJ Cancer Caring Center Trust trale, de petits espaces d’isolement individuel mais également de grands espaces de travail Glasgow, UK en groupe pouvant être utilisés pour les séances d’exercice. Les espaces sont flexibles, il n’y a 2011 pas de salle dédiée ; la circulation se fait de manière fluide et l’on peut d’un regard embras- ser l’intégralité du centre, mises à part les zones prévues pour l’isolement. Aucun patient ne Maggie’s West London doit se sentir seul. Les espaces confortablement meublés, reçoivent de la lumière naturelle Conception // Rogers + Stirk + Harbour & Partners toute la journée grâce aux larges ouvertures. Client // MKJ Cancer Caring Center Trust London, UK 2008 192 193 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

« Architecture plays an important role. The centers helps patients to negociate cancer. I Maggie’s Center Fife Maggie’s Center Gartnavel Maggie’s West London never claim that we can prove we can make ÉQUIPEMENT GREFFON a difference, but I think we do. Architecture is Plans de localisation a placebo »

Charles Jencks Gartnavel

London

Fife

Fife

0 50 100m N

QUALITÉ0 50 100mET NATUREN COMME REMÈDES 0 50 100m N Plans de toiture

Maggie’s Center Fife Zaha Hadid Kirkcaldy, Ecosse

SPATIALISATION DE LA THÉRAPIE Plans des espaces extérieursN

Maggie’s Center Gartnavel OMA Glasgow, Ecosse Plans de circulation

Plans des vues

Maggie’s West London Roger Stirk Harbor Londres, Angleterre

194 195     CHAPITRE 3 : PROPOSER  CHAPITRE 3 : PROPOSER  

  

                                                                                       

                                                                

       

       

          <          Revival Fields  Mel Chin    Seattle, USA  1988

                   

      L’agence de paysage ANDROPOGON, spécialisée dans la rhyzofiltration, décrit le projet comme un « working landscape», mais il semblerait plus juste de le définir comme un « pay-       sage d’évènement » où des processus naturels sont utilisés dans un amalgame cybernétique de paysage architectural, de géologie, de biologie et de pédagogie institutionnelle.    « La phytoremédiation est la dépollution des sols, l’épuration des eaux usées ou l’assainisse-  ment de l’air intérieur, utilisant des plantes vasculaires , des algues (phycoremédiation) ou des champignons (mycoremédiation), et par extension des écosystèmes qui supportent ces végétaux. Ainsi on élimine ou contrôle les contaminations. La dégradation de composés nocifs est accélérée par l’activité microbienne.

La phytoremédiation repose essentiellement sur les interactions entre les plantes, le sol et les Infrastructure micro-organismes. Le sol est une matrice complexe servant de support au développement des plantes et des micro -organismes qui se nourrissent des composés organiques ou inorga- niques le constituant. Lorsque certains de ces composés sont en excès par rapport à l’état active initial du sol, ce dernier est qualifié de contaminé (cela s’applique aussi à l’eau et à l’air qui à la différence sont des fluides). Les composés en excès peuvent alors être utilisés comme source d’énergie par les plantes et les micro-organismes. Dans le système plante - sol - micro- Rio Besos organismes, la biodégradation bactérienne est souvent en amont de l’absorption racinaire. Conception // Barcelona Regional Plantes et micro-organismes ont coévolué pour disposer d’une stratégie à bénéfices mutuels Client // Ville de Barcelone pour gérer la phytotoxicité où les micro-organismes profitent des exsudats racinaires . Alors Barcelone, ESP même que la plante bénéficie des capacités de dégradation des micro-organismes rhizos- 1996 - 2004 phériques pour réduire le stress dû à la phytotoxicité. Au final, la plante est l’agent essentiel de l’exportation d’un contaminant hors du milieu environnant suite au ruissellement des eaux Houtan park de pluies (eau par écoulement passant par des parkings, des zones polluées et finissant sa Conception // Turenscape - Kongjian Yu route dans une rivière). » - wikipédia Client // Ville de Shanghai Shanghai, CH 2011 Green Street Conception // Seattle Department of Planning and Development Client // Ville de Portland Portland, USA 2010 196 197 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER Rio Besos Green Street Le Rio Besos est une rivière d’Espagne localisée dans la province de Barcelone, Ce projet n’est pas une simple installation permettant de rendre une rue plus long de 17,7 km. Elle prend sa source dans les Vallées Orientales, à la rencontre des Rio Mogent et Congost et aboutit dans le Barcelonés. La rivière, une fois apte à la circulation pédestre mais sert surtout un but écologique d’assainisse- qu’elle a rejoint la Méditerranée, fait la délimitation entre la ville de Barcelone et ment urbain. La succession des bassins plantés sert à filtrer et traiter les eaux de San Adrián de Besós. pluie. Fonctionnant grâce à un système de vases communicants sur plusieurs Bien que la rivière n’ait jamais été navigable, elle a été une voie de communica- bassins, des regards permettent aux eaux de ruissellement de s’infiltrer au niveau tion entre la côte catallane et l’intérieur. Ses eaux ont été utilisées pour l’irrigation des plantes. Ces eaux mêlées aux huiles des moteurs et autres résidus d’hydro- des cultures de Barcelone dès le Xème siècle. Suite à la révolution industrielle, les carbures sont ainsi traitées par les bacs filtrants. Ce dispositif traite donc un pro- abords de la rivière se transformèrent en une zone industrielle densément peu- blème de pollution directement à sa source. plée. Pendant les années 1970 et 1980, la rivière est tristement célèbre en tant que le cours d’eau le plus contaminé d’Europe. Depuis le milieu des années 90, les eaux du Rio Besos ont commencé à être net- Ce projet pouvant paraître anecdotique aux premiers abords, cache en fait toyées et purifiées. Le projet suit trois objectifs : une ingéniosité qui lui est propre. Au delà d’implanter de simples systèmes filtrant - l’utilisation de l’espace public étant quasi inexistante (zone délaissée par dans une rue, c’est tout un dimensionnement de la rue qui est remis en question. la population, pas de pratiques urbaines, espaces dégradés) le projet veut Tout en gardant le passage des voitures, leur présence est diminuée alors que redonner aux bords de la rivière une façade urbaine et donc un lien avec la l’accent est mis sur les piétons et leur confort. L’intelligence de ce projet tient ville par la création d’un parc. Dans une volonté d’agrément, la totalité des donc dans le fait qu’un système technique répondant à une problématique lignes électriques furent par exemple enterrées à la fin des années 2005. - valoriser la rivière, la qualité de son eau et la création de zones humides. Le d’ordre environnemental peut être utilisé comme moyen d’apporter une valeur traitement de l’eau grâce à des plantes permet ainsi à la station d’épuration ajoutée à la ville. de Montacada Reixac d’augmenter sa production d’eau propre en facilitant le traitement de l’eau. De plus, la purification de l’eau a permis un retour de la La recherche de la marchabilité (concept de «walkability») peut donc se faire biodiversité (oiseaux et amphibiens). de bien des manières, et la volonté de fournir des lieux agréables, verts, adaptés - assurer la sécurité des populations qui utilisent le parc et les équipements. Un aux différentes formes de mobilité, équipement en mobilier urbain peut donc se système de contrôle assure cette sécurité à tout moment (vidéo-surveillance, faire tout en traitant les pollutions engendrées par le transport motorisé. Sur une accessibilité aux véhicules d’urgence …). Profitant de la restructuration urbaine de la zone, le Fórum Universeldes Cultures bande de 2,40m de large le système de bac peut traiter 60% du ruissellement a inauguré le Parque Fluvial del Besos, zone verte de loisir à proximité de l’estuaire des eaux de pluie soit un total de 818,20 m3 par an pour une rue à trois voies de la rivière. Ce traitement plus écologique est ainsi prévu pour accueillir de nou- avec stationnement. En répartissant les capacités d’absorption des plantes sur velles formes d’activités profitant aux habitants et aux touristes, dans un souci de différents bacs cela permet de réduire leur taille. Ainsi, il est possible de conférer redonner aux rives un caractère sain apte à fournir du bien-être. < plus de place à l’espace piéton, le stationnement, l’aménagement paysager < Zone captante et aménagement urbain de ou l’éclairage public et le mobilier urbain. chaque côté du fleuve. Croquis de concept de la Green Street Houtan Park L’objectif principal du Houtan Parc était de créer une « exposition verte », profi- tant de l’arrivée massive de visiteurs engendrée par l’Exposition Universelle tenue à Shanghai entre mai et octobre 2010. Voulant mettre en avant les technologies vertes, le projet transforme une ancienne zone hautement polluée en un espace public permanent. Le site fait 14 hectares, long de 1,7 km et est localisé le long de la rivière Huan- gpu. Anciennement occupé par des usines manipulant l’acier et par un chantier naval, des structures industrielles furent créées (grues, portiques de levage), élé- ments en partie conservées. Le défi du projet était de restaurer un environnement hautement dégradé. Du à son passé industriel, le site est souillé par de nombreux résidus de construction en surface et des restes des bâtiments enterrés dans le sous-sol. Les eaux de la rivière Huangpu sont donc hautement polluées. Elles atteignent le niveau 5 sur le National Water Quality Ranking, le niveau 5 correspondant à une eau impropre à la baignade et au loisir ainsi que dépourvue de toute forme de vie aquatique. Compte tenu du haut taux de pollutions le projet est envisagé à travers une stra- tégie de « design régénérateur ». C’est-à-dire que le parc propose de redon- ner au site un caractère d’espace de vie tout en donnant différentes formes de services écologiques : production alimentaire, protection en cas d’inondation, traitement de l’eau et la création de logements combiné à un aspect éducatif et esthétique. La construction de terrains humides alliée à un « design régénérateur » permet la mise en place de « machines naturelles de traitement ». La présence de cas- cades successives en terrasse permet l’oxygénation de l’eau riche en nutriment. Cette création d’un courant permet de plus de réduire la présence de sédiments suspendus tout en redonnant un aspect « esthétique » à l’eau. Des terrains hu- mides ont permis l’implantation de différentes plantes choisies pour leur capacité à absorber certains types de polluant. A présent, en une journée, le parc peut traiter 2400 m3 d’eau et faire passer la qualité de l’eau du niveau 5 au niveau 3 (eau où la baignade est possible, forte présence d’une biodiversité aquatique et subaquatique). < < Le retour d’un environnement écologique, l’agriculture urbaine et le maintien Différents types de plante filtrantes tout au long Les bacs permettent de filtrer l’eau ainsi que d’un souvenir industriel sont les 3 principes fondateurs d’Houtan Park. Le parc du parc. récupérer les détritus se trouvant dans la rue. montre qu’une infrastructure active peut fournir tout une série de services pour la société et la nature.

198 199 CHAPITRE 3 : PROPOSER CHAPITRE 3 : PROPOSER

PAYSAGE FILTRANT SÉQUENCES PAYSAGÈRES Coupes du système Plans de filtration Rio Besos Les zones humides, en plus de leur rôle d’épuration, permettent de réimplanter un paysage naturel en pleine ville. Les abords de la rivière Besos sont de nouveau accessibles et se reconnectent à la ville. 10m

Rio Besos <

Houtan Park 5m

Houtan Park

Filtration Rivière HuangpouAération naturelleFiltration / par leBio-purification sol / Bio-purification / Retrait des nutriments Aération naturelle / Stabilisation et contrôleFiltrationEau pure 2m Purification biologique Traitement des métauxTraitement des éléments Purification biologiquede la qualité de l’eau Green Street pathogènes MOTEUR URBAIN Photographies <

La mise en place de ce «design regénérateur» a pour conséquence la création d’une succession de séquences paysagères ayant chacune leur rôle dans un but d’épuration.

Green Street

Rio Besos

Houtan Park <

L’emplacement des bacs filtrant son adjacent aux stationnements des voitures permettant de récupérer directement par des rigoles les huiles Green Street et autres résidus d’hydrocarbure. 200 201 CHAPITRE 4 : DÉMONTRER CHAPITRE 4 : DÉMONTRER

Chapitre 4 DÉMONTRER Le workshop

4.1 Présentation du workshop B2V

4.1.1 Objectif ...... p.204

4.1.2 Organisation du workshop ...... p.205 4 4.1.3 Calendrier ...... p.206

4.2 Trois espaces types de la métropole p.207

202 203 CHAPITRE 4 : DÉMONTRER CHAPITRE 4 : DÉMONTRER 4.1 Présentation du projet de workshop

« D’abord il n’y a rien, et ensuite viens l’idée qu’il n’y a rien » - Lao Tseuz 4.1.2 Organisation du workshop

3 étapes :

1 - Note d’intention anonyme:

format A4 R/V en haut de laquelle figure l’agence (Lyon, Nantes ou Paris), la composition de l’équipe Bien VVorkshop ivre la ille (2a, 2i ou 1a+1i+1p par exemple) et le titre de la candidature. Chaque équipe se positionnera par rapport au sujet développé dans le Cahier B2V et proposera son angle d’approche dans la perspective d’une contribution originale à l’équation « Métropole / Santé / Environnement », avec Santé/Bien-être au centre. 4.1.1 Objectif Les notes d’intention reçues seront analysées et regroupées par thèmes avec pour objectif Sur la base du travail et des recherches initiés par l’atelier B2V, il s’agira de stimuler l’inventivité et l’intérêt des contributions proposées, bien sûr, mais aussi leur capacité à s’intégrer à un groupe l’expertise des ressources internes de l’agence AIA, les compétences et les pratiques de chacun de travail. Ce qui n’exclut pas d’éventuels sujets « solitaires » susceptibles d’enrichir la réflexion qui, au service d’un même objectif, devraient souligner la pertinence d’un tel questionnement. B2V qui pourront être développés parallèlement. A travers l’expérimentation et la mise en situation, les équipes devront proposer un panel de propositions riches et vertueuses à différentes échelles. Ces propositions pourraient s’apparenter 2 - Réflexion et production intensive : à de « nouveaux dispositifs urbains situés». Workshop de 2 jours au Couvent de la Tourette : L’objectif principal du workshop reste la capacité de réaction des collaborateurs d’AIA sur le travail proposé par B2V, sachant qu’il s’adresse à des architectes et des ingénieurs immergés dans - Après-midi de présentation des contributions retenues par chaque équipe et organisation du une production spécifique. Il s’agit donc de proposer un « bol d’air » vers des notions nouvelles travail et inattendues dans des domaines professionnels pratiqués quotidiennement et de provoquer ainsi une « évasion créative opportune » en relation avec des expériences personnelles. Il sera - Journée de travail des équipes intéressant d’observer les « angles d’attaque » sur le sujet proposé, la faculté à le re-questionner et à utiliser (ou non) le diagramme d’analyse pour des interprétations créatives. - Matinée de synthèse.

Réagir sur la dynamique des 2 équations : Pour des questions d’organisation du travail, et suite aux expériences vécues, le nombre de participants ne devrait pas dépasser 20 personnes (hors équipe B2V). « Métropole / Santé / Environnement » « Urbanité / Bien-être / Ecologie » → 3 - Approfondissement : L’équipe B2V attend une vision complémentaire des collaborateurs d’AIA. C’est pourquoi la participation des architectes, des ingénieurs et des paysagistes est attendue sous la forme A la suite de la matinée de synthèse, chaque équipe procèdera au développement de son d’équipes qui peuvent être pluridisciplinaires, pouvant semble-t-il offrir des possibilités plus riches. projet dans un délai des deux semaines. Ce travail constituera le corps du quatrième chapitre Il est entendu qu’il ne s’agit nullement d’une obligation et que seule la pertinence des réponses du cahier B2V « PROPOSER ». Il sera également la base de la contribution d’AIA à une réflexion sera prise en compte. globale « Santé et Dispositifs Urbains » qui pourrait prolonger l’atelier B2V.

204 205 CHAPITRE 4 : DÉMONTRER CHAPITRE 4 : DÉMONTRER 4.1 Présentation du projet de workshop 4.2 Trois espaces types dans la métropole Trois aires de projets potentiels

4.1.3 Calendrier

L’initiative de l’atelier B2V ayant pris corps à l’occasion d’une réunion sur le Grand Paris, nous • Du lundi 12 mai au vendredi 16 mai : proposons comme exemple un corpus de trois territoires caractéristiques de la région parisienne : Présentation du sujet dans les trois agences (Lyon, Nantes, Paris) la ville compacte ou centre-ville, les quartiers ou grands-ensembles et la ville diffuse ou tissus léger. et mise en ligne du Cahier B2V. Il va de soi que ces territoires sont généralisables à d’autres villes telles que Nantes ou Lyon, sachant qu’ils doivent s’intégrer au corpus caractéristique des métropoles contemporaines. Un sujet comme le rapport de la ville à l’eau, par exemple, peut être abordé sur Paris, Nantes, Rennes ou Lyon, toutes • Du 16 mai au lundi 9 juin quatre traversées par un fleuve, ou sur Lorient en contact avec l’océan. Formation des équipes, rédaction de la note d’intention.

• Du lundi 9 juin au vendredi 20 juin : AFEX / MIPIM 2014 Analyse des notes d’intention, sélection des équipes. 12 mars 2014 L’EXEMPLELes territoires DU GRAND du Grand PARIS Paris

•Vendredi 20 juin : Prévenir Annonce des équipes retenues.

•Du lundi 23 juin au mercredi 2 juillet : Approfondissement des notes d’intention, préparation de la présentation par chaque équipe. Préparation du workshop par B2V.

• Du jeudi 3 juillet à midi au samedi 5 juillet après déjeuner Guérir Workshop au couvent de la Tourette.

• Du lundi 7 Juillet au lundi 18 Juillet Développement des projets par les équipes en coordination avec B2V en vue d’une mise en forme cohérente.

• Vendredi 25 juillet S’épanouir Fin du Cahier B2V. Mise à disposition au Comité Scientifique de la Fondation pour Contributions éventuelles.

• Fin 2014 Publication de l’ouvrage « Et si la ville durable favorisait la santé et bien-être ? »

La ville diffuse : Brie-Comte-Robert, prévenir l’expansion du tissu urbain

Les grands ensembles : La Courneuve, guérir de la situation d’enclavement

Le centre-ville : Paris intramuros, s’épanouir dans la ville compacte

206 207 CHAPITRE 4 : DÉMONTRER GrandeGrande couronne couronne CHAPITRE 4 : DÉMONTRER AFEX / MIPIM 2014 GrandeGrande couronne couronne AFEX / MIPIM 2014 Grande couronne / PrévenirPrévenirPrévenirGrande couronne Paris intramuros / S’épanouir 12 mars 2014 PrévenirPrévenir 12 mars 2014 Voies sur Berges Prévenir Paris Intramuros S’épanouir CHARTE POURCHARTE UNE POUR UNE AGRICULTURE AGRICULTURECHARTE DURABLE POUR DURABLE UNE CHARTE POUR UNE Toit d’AgroParisTech CHARTE POUR UNE AgroParis Tech DU AGRICULTURE TRIANGLEDU TRIANGLE VER DURABLET VAGRICULTUREER T DURABLE AGRICULTURE DURABLE Le Triangle Vert DU TRIANGLE VERT DU TRIANGLE VERT Toiture végétalisée hors sol DU TRIANGLE VERT Signature d’une Le NouveauLe Nouveau Grand Grand Paris ParisConception // Nicolas Bel et Voies sur Berges Le NouveauLe NouveauPremier GrandPremier Ministre ParisGrandLe Nouveau Ministre ParisNicolas Grand Marchal Paris Paris Intramuros charte pour une PremierPremier Ministre2013 Ministre2013Premier Ministre 2013 2013Paris, 5ème2013 arrondissement S’épanouir agriculture durable Voies sur Berges Le TriangleLe Triangle Vert, Vert, 2011 2008 Le Triangle Vert, Paris Intramuros LeSignature Triangle Vert,d’uneLe Triangle charte Vert, Toit d’AgroParisTech SignatureSignature d’uned’une chartecharte Juin 2008 CHARTELe Triangle Vert des Villes Maraîchères du Hurepoix Signaturepour une d’une agricultureSignature charte durable d’une charte Juin 2008 CHARTELe Triangle Vert des Villes Maraîchères du Hurepoix pour une agriculture durable S’épanouir Juin 2008 CHARTELe Triangle Vert des Villes Maraîchères du Hurepoix pour une agriculture durable Voies sur Berges Juin 2008 CHARTELe Triangle Vert des Villes MaJuinraîchères 2008 du HurepoixCHARTELe Triangle Vert des Villes Maraîchères du Hurepoix pour une agriculturepour une durable agriculture durableVoies sur Berges Paris Intramuros Toit d’AgroParisTech Scénographie // Choblet & S(t)imulation BIMBY S’épanouirassociés pavillonnaire BimbyBimbyBimby Densification urbaineBords de Seine, Paris Tremblay-en-France Toit d’AgroParisTech Yves Lion Tremblay-en-FranceBimbyTremblay-en-FranceBimbyANR 2013 Tremblay-en-FranceTremblay-en-France Atelier d’Architecture S(t)imulation pavillonnaireTremblay-en-France DSA Marne-la-Vallée S(t)imulation pavillonnaire Autogérée S(t)imulationYves Lion pavillonnaire 2012 Yves S(t)imulationLionYves Lion pavillonnaireS(t)imulation2009 pavillonnaire Le 56 DSA Marne-la-Vallée. Paris 20 DSA YvesMarne-la-Vallée.DSA Lion Marne-la-Vallée.Yves Lion DSA Marne-la-Vallée.DSA Marne-la-Vallée. Le 56 St Blaise Espace culturel écologique géré par des habitants Grande couronne du quartier St Blaise Le nouveau Grand Prévenir Concepteur // Atelier Atelier d’Architecture Paris Express (GPE) d’Architecture Autogérée Atelier d’ArchitectureAutogérée Autogérée Le 56 2013 Le 56 Paris, 20ème arrondissement Paris 20 Paris 20 2006 AFEX / MIPIM 2014 CHARTE POUR UNE AGRICULTURE DURABLE Première couronneDU TRIANGLE VERT / Guérir 12 mars 2014 Atelier d’Architecture Le Nouveau Grand Paris Autogérée AFEX / MIPIM 2014 Première couronnePremier Ministre Le 56 Première couronne / Guérir 2013 Paris 20 12 mars 2014 Guérir Le Triangle Vert, SignaturePremièrePremière d’une charte couronne couronne Grand ensemble Juin de2008 CHARTE la CaravelleLe Triangle Vert des Villes Maraîchères du Hurepoix pour une agriculture durable Conception // Roland Castro GuérirGuérir Villeneuve-la-Garenne Première couronne Grand1998 ensemble de la Caravelle Conception // Roland Castro BimbyGuérir Villeneuve-la-Garenne Tremblay-en-France 1998 S(t)imulation pavillonnaire Roland Castro Yves Lion Villeneuve-la-Garenne DSA Marne-la-Vallée. Roland Castro Villeneuve-la-GarenneRoland Castro Villeneuve-la-Garenne Tour Bois-le-Prêtre Roland Castro Conception // Lacaton et Vassal Villeneuve-la-Garenne Paris, 18ème arrondissement Tour Bois-le-Prêtre 2011 Conception // Lacaton et Vassal Paris, 18ème arrondissement Lacaton et Vassal Tour Bois-le-Prêtre 2011 Paris 18 Lacaton et Vassal TourLacaton Bois-le-Prêtre et Vassal ParisTour 18 Bois-le-Prêtre Paris 18 208 209 Lacaton et Vassal Tour Bois-le-Prêtre Paris 18 « Et si la ville durable

B2V Bien Vivre la Ville favorisait la santé et le bien-être ? » Groupe de travail : Santé et Enjeux urbains. Fondation d’Entreprise AIA Architecture - Santé - Environnement

B2V

D’après une photographie de Tim Sklyarov Bien Vivre la Ville