BULLETIN SOCIÉTÉ DE LA ARCHÉOLOGIQUE SCIENTIFIQUE & LITTÉRAIRE DU VENDÔMOIS ANNÉE 2021, pages 1 à 20

Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher). Leur position dans les dépôts sédimentaires périglaciaires recouvrant les alluvions fossiles du Loir dans le fossé tectonique du Haut-Vendômois

1-2-3 2 Préhistoire à Pezou à Préhistoire JACKIE DESPRIÉE et GILLES COURCIMAULT

Résumé : Dans les années 1980, à l’occasion de En vue de caractériser l’origine des silex et la mise travaux effectués sur le versant sud de la vallée du Loir en place des dépôts caillouteux, une observation « Haut-Vendômois », des bifaces acheuléens, des géomorphologique du versant sud a été réalisée en nucléus et des nucléus Levallois ont été mis au jour sur continu en suivant la tranchée du gazoduc « Artère du la commune de Pezou, aux lieux-dits les Grouais-de- Centre ». Suffisamment profonde, la tranchée a d’abord Chicheray et le Grand-Clos de Chêne-Carré. Les permis d’observer et de dater quatre formations fluvia- découvertes sont localisées à quelques dizaines de tiles fossiles déposées par le Loir sur le versant sud et mètres de l’atelier de l’Acheuléen supérieur fouillé en montré qu‘elles avaient été postérieurement recouvertes 1972 au sommet du front de taille sud de la carrière par différents dépôts grossiers argileux, graveleux ou exploitée aux Grouais près de Chicheray. caillouteux. Dans l’atelier et dans les deux autres points de Plusieurs types de dépôts ont été observés : des découverte, les artefacts ont été façonnés dans des couches de débris de craie cryoclastiques, des collu- nodules de silex gris à cortex usé présents dans des vions argilo-graveleuses, des coulées de boue, et enfin sédiments argilo-caillouteux dans lesquels ont été trou- des dépôts de sédiments argilo-caillouteux contenant vées les pièces taillées. Ces nodules, issus de forma- des nodules de silex gris des Argiles à Silex du Crétacé tions crétacées locales, se trouvaient en position terminal et des cailloux de silex rubéfiés des formations secondaire dans les sédiments qui ont servi de gîtes à détritiques de l’Éocène. Ces dépôts gravitaires qui ont matériaux siliceux aux homininés. transporté les matériaux provenant de l’érosion des formations mises au jour sur le versant se sont produits 1. UMR 7194 Histoire Naturelle de l’Homme Préhistorique (HNHP) en réponse aux très longs cycles climatiques CNRS - Département Homme et Environnement, MNHN, Paris, . « glaciaire-interglaciaire » du Pléistocène moyen qui 2. Centre Régional de Recherches Archéologiques, 18, rue Lind- ont fortement déstabilisé le versant. Les couches, sépa- bergh 41000 , France. 3. Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois, rées par des lits de cailloux siliceux ou des surfaces Hôtel du Saillant, 47 rue Poterie, 41100 Vendôme. d’érosion, ont souvent été cryoturbées après leur dépôt 2 Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. ANNÉE 2021, pages 1 à 20.

(cellules, festons et fentes à coin de glace) et certains Introduction nodules siliceux ont été gélivés. Les fouilles avaient permis de constater que l’atelier En mai 1968, des galets en silex taillés par des acheuléen des Grouais-de-Chicheray était associé à des homininés étaient découverts sur le plancher argileux alluvions déposées par le Loir (Formation D). Les de la carrière artisanale de « tout-venant » exploitée par nodules de silex gris exploités par les homininés s’y Paul Rendineau aux Grouais-de-Chicheray à Pezou, étaient mélangés par solifluxion. La partie supérieure Loir-et-Cher. Les études géoarchéologiques, géochro- de ces alluvions, au niveau stratigraphique de l’atelier, nologiques et paléoenvironnementales ont depuis a été datée par ESR de 398 ± 60 ka (Stade Isotopique montré l’intérêt géologique et préhistorique excep- Marin (SIM) 11, milieu du Pléistocène moyen). tionnel de ce site vieux de 400 000 ans qui a été classé Les bifaces, les nucléus acheuléens et les nucléus à au titre des Monuments Historiques en 1982 débitage Levallois trouvés à proximité de cet atelier (DESPRIÉE et LORAIN, 1972 ; DESPRIÉE, 1979, sont associés aux mêmes dépôts de pente grossiers et 1985, VOINCHET, 2002). Les assemblages préhisto- aux mêmes nodules de silex qui ont été débités et riques provenant des fouilles de ce site ont été déposés façonnés. L’hypothèse peut être émise que ces pièces au Musée de Vendôme (fig. 1). aient un âge assez proche de celles trouvées dans l’ate- Postérieurement, d’autres travaux de génie rural liés lier voisin et qu’elles pourraient être également attri- au remembrement, et de génie civil comme la mise à buées à l’Acheuléen supérieur. quatre voies de la route nationale « N.10 » ou la pose Mots-clés : bifaces, nucléus Levallois, Acheuléen, du gazoduc « Artère du Centre », ont permis de localiser silex, dépôts de pente, périglaciaire, Loir Haut-Vendô- d’autres sites du Paléolithique ancien et moyen sur les mois. communes de Pezou, Lisle et Saint-Firmin-des-Prés

Fig. 1 : Pezou, les Grouais-de- Chicheray. Exemples de galets de silex taillés trouvés au niveau du plancher de la carrière Rendineau. 1, galet à un enlèvement (chopper) ; 2 et 3, galets à enlève- ments distaux et traces d’utilisation sur les tranchants (chop- pers) ; 4, quartier de galet brisé avec enlèvements distaux (chop- per-core). (Dessins J. Despriée, échelle en centimètres, Musée de Vendôme). Les carrés noirs indiquent la localisation des prélèvements pour datation par Résonance de Spin Electronique (ESR) ; les triangles, la position de l’industrie acheuléenne à bifaces ; le cercle noir, le niveau de l’industrie colomba- nienne à galets taillés. Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher)… 3

(DESPRIÉE et LORAIN, 1982 ; DESPRIÉE et al., d’artefacts préhistoriques remarquables glanés par 1983 ; LHOMME et al., 1999). M. Moireau. Ils seront comparés aux artefacts compo- Les différents travaux ont également permis de sant l’assemblage préhistorique déjà étudiés à proximité compléter nos connaissances sur le système fluviatile dans l’atelier de la carrière Rendineau. du Loir dans le secteur Haut-Vendômois et de replacer dans le cadre chronologique du Quaternaire la dizaine de formations alluviales fossiles déposées par le Loir (VOINCHET, 2002 ; DESPRIÉE et al., 2003 ; VOIN- Situation géologique et structurale CHET et DESPRIÉE, 2005 ; DESPRIÉE et VOIN- de la vallée du Loir haut-vendômois CHET, 2005 ; DESPRIÉE et al., 2010, 2011, 2012 ; TISSOUX et al., 2011). Dans le Haut-Vendômois, entre Cloyes-sur-le-Loir La découverte et la fouille du site à galets taillés des et Thoré-la-Rochette, la vallée du Loir incise la bordure Grouais-de-Chicheray, puis d’un atelier acheuléen dans sud-orientale du Faux-Perche. En amont de Morée, le le sommet de la coupe, et les diverses publications qui Loir suit une direction générale nord-sud. Puis, à suivirent, suscitèrent à l’époque un « intérêt » certain de Morée, la rivière est guidée par un système tectonique la part des « amateurs » locaux ou régionaux qui vinrent qui lui permet de franchir l’anticlinal de et « prospecter » sur les trois communes concernées. le dôme de Fréteval (DE BRÉTIZEL, 2012). Souvent, seules les pièces typiques ou de grande taille En aval de Morée, la vallée suit une direction tecto- (bifaces, nucleus…) furent ramassées à l’occasion de nique nord-est /sud-ouest (N.45°E) jusqu’à Vendôme. travaux. Certaines d’entre elles furent données à la Elle comprend une succession de larges bassins reliés Société archéologique du Vendômois (collections par des fossés tectoniques ouverts dans les craies du Moireau et Lebert). Nous présentons ci-dessous la série Turonien-Sénonien (Crétacé supérieur) (fig. 2).

Fig. 2 : Situation structurale et tracé de la vallée du Loir dans les communes du Haut-Vendômois. 1. Cloyes-sur-le-Loir (Eure-et-Loir) ; 2. Saint-Jean-Froidmen- tel ; 3. Saint-Hilaire-la-Gravelle ; 4. Morée ; 5. Fréteval ; 6. Lignières ; 7. Pezou ; 8. Lisle ; 9. Saint-Firmin-des- Prés ; 10. Moncé ; 11. Meslay ; 12. Saint-Ouen ; 13. ; 14. Vendôme ; 15. ; 16. Thoré-la-Rochette (Loir-et- Cher). Les accidents majeurs qui guident le cours de la rivière depuis le Pléistocène infé- rieur : f1. Faille de Fontaine-Raoul ; f2. Faille de Saint-Hilaire-la-Gravelle/Morée ; f3. Faille du Gratteloup ; f4. Faille de Chicheray ; f5. Faille de ; f6. Faille du Réveillon ; f7. Faille de Vendôme/La Chappe ; f8. Faille du boulon ; f9. Faille de Huisseau/la Brisse (d’après DE BRÉTIZEL, 2012). Le rectangle renvoie à la figure 3 et à la fig. 12). 4 Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. ANNÉE 2021, pages 1 à 20.

D’amont en aval, le couloir tectonique qui relie le Prés. Le graben est ouvert entre deux failles, la faille bassin de Fréteval-Lignières à celui de Meslay-Areines de Busloup (f2) au-dessus du versant nord (rive droite) est orienté N.45°E. Il traverse successivement les et celle de Chicheray, sur le versant sud (f3) ; il est communes de Pezou, de Lisle et de Saint-Firmin-des- limité au nord-est par la faille du Gratteloup (f1) et au

Fig. 3, A : Cartographie des formations géologiques incisées par la vallée du Loir Haut-Vendômois. On notera l’importance des colluvions sur les deux versants au-dessus du couloir qui masquent les dépôts fluviatiles fossiles.B : transect nord-sud montrant le fossé tectonique (graben) au fond duquel coule la rivière et l’étagement des nappes fluviatiles sur le versant. Les lettres indiquent les formations fluviatiles fossiles déposées par le Loir : I. Lisle, Belle-Assise ; H. Saint-Firmin-des-Prés (les Terres-Noires) ; G. Chêne-Carré, Haie-Barderie, Che- nevière-Dieu en rive gauche et Lisle, le Cimetière, en rive droite ; F. Pezou, Chicheray ; E. Saint-Firmin-des-Prés, Moncé, la Garenne, le Silo ; D. Pezou, les Grouais-de-Chicheray ; C. Pezou, le Silo-Franciade ; B. Pezou, la Plaine-des-Sables ; A. Plaine alluviale actuelle. Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher)… 5

sud-ouest par celle du ruisseau du Réveillon (f4) nappes ont été, progressivement étagées sur le versant (fig. 3A). au fur et à mesure de l’incision, les nappes G (Chêne- De fréquentes cassures latérales, dans lesquelles Carré/la Haie-Barderie/la Chenevière-Dieu : +26/+36 m coulent des ruisseaux parfois intermittents, indiquent la rel.), puis F (Chicheray, +16/+21 m rel.) à Pezou. Ces présence d’autres accidents qui limitent les différents alluvions sont essentiellement sableuses. Au- dessous, blocs qui se succèdent tout au long des versants a été déposée la première nappe caillouteuse, la (fig. 3B). Comme il l’a également été observé dans les nappe D des Grouais-de-Chicheray (+11/+16 m rel.). autres vallées de la Loire moyenne, la tectonique locale Ces nappes fluviatiles ont été datées par la méthode de a parfois modifié l’altitude relative en provoquant le Résonance de Spin Électronique ou ESR (VOINCHET basculement de certains d’entre eux (DESPRIÉE et al., et DESPRIÉE, 2005 ; TISSOUX et al., 2011). Les âges 2007 ; VOINCHET et al., 2007 ; DESPRIÉE et al., obtenus pour les nappes fluviatiles du versant sud sont 2011 ; TISSOUX et al., 2011). donnés dans le tableau 1. Dans ce secteur du fossé de Saint-Firmin/Lisle/ Ces âges ESR permettent de situer le dépôt de la Pezou, l’incision maximale de la vallée du loir, entre nappe des Terres-Noires (886 ± 104 ka) dans la dernière le plateau du Faux-Perche et le plancher de la nappe partie du Pléistocène inférieur qui s’est terminé vers de fond actuelle, est de 70 m. Les terrains géologiques 781 ka. Le dépôt des nappes suivantes paraît corres- incisés sont les formations argilo-sableuses détritiques pondre à chacun des cycles climatiques « glaciaire-­ tertiaires (Éocène sensu largo), qui forment le subs- interglaciaire » d’une durée de 100 ka qui se sont tratum des plateaux du Faux-Perche. Au-dessous, les succédé durant la première moitié du Pléistocène séries argilo-crayeuses marines du Secondaire (Crétacé moyen (≈ 781 – 126 ka, LISIECKI et RAYMO, 2005). supérieur) apparaissent dans les escarpements sub-ver- Plus récemment dans l’histoire de la vallée, des ticaux qui limitent l’actuel couloir (fig. 3B). Ces forma- colluvions sablo-graveleuses, des dépôts de pente argi- tions de craies, de tuffeaux et d’argiles contiennent de lo-caillouteux, puis des limons éoliens (lœss), ont nombreux accidents siliceux disposés en bancs, les progressivement recouvert le sommet érodé des forma- nodules de silex. Ces « rognons » ont été remaniés, tions fluviatiles (fig. 3B). brisés, parfois latéritisés, sont retrouvés dans les forma- Pendant les phases climatiques tempérées chaudes tions détritiques tertiaires. puis tempérées des périodes interglaciaires, la vallée En réponse aux cycles climatiques « glaciaire-inter- offrait des niches écologiques complémentaires très glaciaire » qui se sont succédé au Quaternaire (Pléisto- favorables à la vie végétale et animale. L’abondance cène) les versants mis au jour, au fur et à mesure de des nodules de silex et leur accès facile dans les dépôts l’incision de la vallée ont été recouverts par des forma- sédimentaires ont également été l’un des facteurs déter- tions fluviatiles sableuses fossiles. Ces nappes sableuses minants au retour régulier des homininés dans la vallée ou caillouteuses ont été recoupées en continu par la du Loir Haut-Vendômois dès le Pléistocène inférieur, tranchée de gazoduc sur les deux versants et dans le depuis un million d’années. Plusieurs sites importants fond du fossé, ce qui a permis de relever leur stratigra- du Pléistocène moyen dans lesquels ils ont abandonné phie et de les prélever pour analyses sédimentologiques les artefacts façonnés à partir des silex locaux − puis et datation. Neuf nappes d’alluvions fluviatiles utilisés sur place − ont été localisés en stratigraphie et nommées de I (la plus haute) à A (la plus basse) ont en surface dans le fossé de Pezou/Lisle/Saint-Firmin- ainsi été reconnues (fig. 3). des-Prés. D’autres sites associés tantôt aux formations Sur le versant sud, la nappe la plus haute est la fluviatiles, tantôt aux dépôts de pente, et aux limons formation H conservée sur l’interfluve Loir-Réveillon lœssiques ont également été observés à Lisle, Belle-­ (les Terres-Noires : +42/+47 m rel. mesurés au-dessus assise ; Lisle, le Cimetière ou Saint-Firmin, la Garenne du plancher de la nappe de fond). Au fur et à mesure (DESPRIÉE, 1979 ; DESPRIÉE et al. 1983, 2005 ; de l’incision, en réponse à la surrection régionale, ces LHOMME et al., 1999a et b).

Nappes Communes Lieux-dits Altitude Âges relative (m) ESR (ka) H Saint-Firmin-des-Prés les Terres-Noires + ?/+ 47 886 ± 104 G Pezou la Haie-Barderie le Chemin du Bois de Chicheray + 26/+ 36 731 ± 76 la Chenevière-Dieu Chêne-Carré F Pezou Chicheray + 16/+ 21 617 ± 65 E Absente sur le versant sud étudié D Pezou Les Grouais-de Chicheray + 11/+ 16 426 ± 31

Tabl. 1 : Âges ESR des nappes fluviatiles fossiles conservées sur le versant sud du fossé du Loir (d’ap. TISSOUX et al., 2011). Les âges et leurs marges d’erreur sont donnés en milliers d’années (ka). 6 Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. ANNÉE 2021, pages 1 à 20.

Cet outil a été façonné par débitage bifacial sur un éclat de décorticage épais débité au percuteur dur à partir d’un gros nodule de silex. Des traces de cortex subsistent après le façonnage sur la face supérieure. Le choix de la position de l’éclat cortical à prélever sur le nodule avait pour objectif la conservation d’une plage de cortex concave qui a été réservée sur le bord latéral gauche pour faciliter la préhension. Le bord opposé montre des traces d’utilisation : écrasements importants et continus tout le long du tranchant, traces qui ne sont pas retrouvées côté préhension (fig. 5, 1 et fig. 6).

Le biface 2.334 des Grouais-de-Chicheray Ce biface a été obtenu par le façonnage direct d’un petit nodule allongé en silex gris beige à lunules Fig. 4 : Extrait cadastral du secteur des Grouais à Chicheray, blanches légèrement pénétré par les hydroxydes de fer. commune de Pezou (Loir-et-Cher) et localisation du site à galets taillés à la base des alluvions (cercles noirs) et des pièces acheu- L’outil obtenu mesure 152 mm de longueur sur 89 mm léennes au sommet des alluvions (triangles noirs) : 1. bifaces (coll. de largeur (L/l = 1,7), et 47 mm d’épaisseur (l/e = 1,9) Moireau) ; 2. bifaces, nucléus (coll. Moireau et prospections pour un poids de 670 g. Une plage du cortex beige très Despriée) ; 3. atelier acheuléen fouillé en 1972 (J. Despriée). usé, sur laquelle on observe de nombreux bioclastes a été conservée pour la préhension (fig. 5. 2 et fig. .6) L’une des faces montre une coloration blanche correspondant à une altération chimique de plus d’un Les artefacts décrits ci-dessous étaient associés à millimètre. Sur la face opposée, non colorée, on des dépôts de pente. Trouvés lors de travaux aux observe une fissure sub-circulaire limitant une cupule Grouais- au sud du hameau de Chicheray et au lieu-dit de gel non dégagée. Des cupules de gel millimétrique le Grand-Clos-de-Chêne-Carré à Pezou, ils sont également visibles dans le cortex. Cette différence proviennent des collections Moireau et Lebert données résulte vraisemblablement d’un abandon à l’air libre de ces dernières années à notre Société. Ils sont comparés la pièce à plat sur un sol avant un enfouissement suffi- aux artefacts précédemment trouvés au même endroit samment épais qui l’a protégée d’une totale destruction et déposés au musée de Vendôme par J. Despriée, et par le gel. au niveau trouvé en fouille aux Grouais-de-Chicheray (fig. 4). LES NUCLÉUS ET LES BIFACES DU GRAND-CLOS DE CHÊNE-CARRÉ

Les artefacts du versant sud à Pezou Ils ont été trouvés après des labours profonds dans les parcelles cadastrées le Clos-de-Chêne-Carré Il s’agit de neuf pièces, cinq qui proviennent de la (fig. 4, 3). Il s’agit d’un nucléus inventorié 2.332, d’un collection Moireau, quatre trouvées lors des fouilles et nodule partiellement décortiqué inventorié 2.335 et prospections Despriée (fig. 4). d’un fragment distal d’éclat de débitage (sans numéro) qui proviennent de la collection Moireau. Deux autres nucléus et deux bifaces avaient été trouvés au même LES BIFACES endroit des prospections J. Despriée et déposés au DES GROUAIS-DE-CHICHERAY musée de Vendôme (fig. 6 et 7).

Deux bifaces numérotés 2.333 et 2.334 (fig. 4, 1) ont été trouvés à proximité de l’atelier fouillé en 1972 Le nucléus 2.332 (coll. Moireau) (fig. 4, 3). Le nucléus résiduel mesure 114 mm × 92 mm × 80 mm pour un poids de 1 060 g. Le silex est gris, à lunules blanches. La pâte fine et homogène a conservé Le biface n° 2.333 des Grouais-de-Chicheray une zone globuleuse mal silicifiée. Le cortex beige rési- Le biface 2.333 a été façonné dans un silex gris à duel est usé. Le bloc originel résulte de la fragmenta- lunules blanches et cortex résiduel beige rosé, usé, tion volontaire d’un nodule allongé subcylindrique, par recouvert par un dépôt ferrugineux. De forme ovalaire un choc donné perpendiculairement au grand axe. La allongée, il mesure 146 mm de longueur, 73 mm de surface d’éclatement orthogonale a servi de plan de largeur (allongement : L/l = 2) et 42 mm d’épaisseur frappe initial pour un décorticage périphérique par des (aplatissement : l/e =1,7) pour un poids de 478 g. éclats inversés par demi-périmètre ; ensuite, des éclats Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher)… 7

Fig. 5 : Collection Moireau. Les bifaces des Grouais-de-Chicheray. 1 : n° 2.333 ; 2 : n° 2.334. Coll. Moireau, Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. Les pointillés indiquent le tranchant portant des traces d’utilisation visibles à l’œil nu (dessins J. Despriée, échelle en cm).

assez longs (L : l = 1,7) de taille moyenne (6 à 8 cm) Un nucléus acheuléen (coll. Musée de Vendôme) ont été débités sur la face supérieure selon un débitage Ce nucléus mesure 115 × 93 × 73 mm. Le nodule unidirectionnel. On observe de nombreuses cupules de de silex de nodule de silex gris a conservé son cortex gel de taille centimétrique et millimétrique et des gris beige sur le revers très convexe. Aux deux extré- fissures de gélifraction dans la masse siliceuse. Une mités, un plan de frappe oblique forme un angle moyen altération beige jaunâtre d’un millimètre d’épaisseur est de 70° avec la table à débiter. Il a été aménagé par trois visible sur toutes les surfaces d’enlèvements (fig. 6 et enlèvements convergents. Sur la face supérieure, sub- fig. 7, 1). rectangulaire, la dernière phase de débitage a produit 8 Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. ANNÉE 2021, pages 1 à 20.

Fig. 6 : Collection Moireau. 2.332 : nucléus ; 2.333 et 2.334 : bifaces des Grouais-de-Chicheray (clichés G. Courcimault, échelle en cm). Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher)… 9

Fig. 7 : A. Nucléus trouvés au nord de Chêne-Carré : 1. Nucléus à débitage unidirectionnel, coll. Moireau, n° 2.332 ; 2. Nucléus à débitage bipolaire ; 3. Nucléus Levallois, coll. Musée de Vendôme (dessins J. Despriée, échelle en cm).

des éclats assez longs (L/l = 1,9 mm) de taille moyenne dénommé à « éclat Levallois » (BORDES, 1980 ; (5 à 7 cm) par débitage bidirectionnel opposé (fig. 7, 2). BOËDA, 1993).

Un nucléus Levallois (coll. Musée de Vendôme) Le nodule 2.335 (coll. Moireau) Ce nucléus subcirculaire mesure 88 × 93 mm pour Le nodule de silex originel était de forme subsphé- une épaisseur maximale de 40 mm au niveau du plan rique. La pâte de silex gris à lunules blanches, fine et de frappe. Le revers a été totalement décortiqué par des homogène, enferme une cavité tapissée de calcédoine. enlèvements centripètes (fig. 7, 3). L’avers, préparé Le cortex beige, régulièrement usé, montre quelques selon la même méthode, a fait l’objet du débitage d’un cupules de gel millimétriques. Le noyau résiduel éclat large (70 × 60 mm) de forme polyédrique. Cette mesure 108 × 91 × 75 mm pour un poids de 1 315 g. méthode de préparation est caractéristique du débitage Après décorticage, une des faces orthogonales obtenues 10 Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. ANNÉE 2021, pages 1 à 20.

pas le gel. Sur l’autre face, la dernière série d’enlève- ments, assez larges, petits et épais, correspondent égale- ment à des débris qui résultent de la gélifraction (fig. 7, 1).

Un éclat (coll. Moireau) Il s’agit d’un fragment distal d’éclat de débitage en silex jaune orangé à patine beige foncé. Le cortex rési- duel, beige clair, est très usé. Les dimensions actuelles sont 65 × 104 × 16 mm. On observe une retouche continue sur le tranchant disto-latéral droit ainsi que des traces d’utilisation. Des enlèvements alternes sur la cassure indiquent un bris possible pendant son usage (fig. 8, 2).

Deux pièces bifaciales cassées (coll. Musée de Vendôme) Ces deux pièces bifaciales épaisses (150 × 97 × 57 et 125 × 80 × 61 mm), ont eu la pointe cassée lors de leur mise au jour (fig. 9). Elles ont été aménagées dans un silex gris à lunules blanches, avec un cortex gris beige usé réservé pour la préhension sur l’une des pièces (fig. 9, 1). Les nodules ont été décortiqués et façonnés par enlèvements de grands éclats au percuteur de pierre. Sur chaque biface, la section sub-triangulaire obtenue après façonnage a permis de dégager un tranchant latéral plus fin qui porte des traces d’utilisation. Ces traces consistent en des enlèvements continus sur une seule face (fig. 9, 1) ou un tranchant irrégulièrement esquillé sur l’autre face (fig. 9, 2). Le bord opposé, épais et arrondi, permet une préhension facile. Cette morpho- logie et les traces d’utilisation peuvent correspondre à une utilisation de la pièce comme racloir massif.

COMPARAISONS TECHNO-TYPOLOGIQUES

En 1972, des travaux d’extension ont mis au jour en Fig. 8 : Le Gand-Clos-de-Chêne-Carré. Collection Moireau. haut du front de taille de la carrière Rendineau un 1 : Nodule de silex globuleux 2.335 en cours de débitage. niveau archéologique situé à une profondeur d’environ Les surfaces blanches indiquent les parties gélifractées. 40 cm. Ce niveau était constitué par un amas de sédi- 2 : fragment distal d’un grand éclat utilisé (dessins J. Des- priée, échelle en cm). ments argilo-graveleux déposé sur des lentilles sableuses entre des chenaux remplis d’argile. Il s’agis- sait d’un atelier de débitage de nodules de silex gris à lunules blanches et à cortex rosé très usé particulière- a été exploitée par des enlèvements unidirectionnels. ment abondants dans cet amas (fig. 10, unité b). Les éclats, assez longs, ont des dimensions moyennes Les éléments retrouvés dans l’atelier des Grouais de 70 × 40 mm (fig. 8). sont des éclats de décorticage de nodules, un biface, L’arête qui joint la surface exploitée des plans de trois pics, sept nucléus, des éclats de débitage souvent frappe est maintenant une ligne brisée dont les brisés, et quelques outils sur éclats (fig. 10). segments réguliers forment des angles obtus de Le biface lancéolé (fig. 10, 1) par sa forme allongée 140-150° correspondant aux talons triangulaires des et amincie, avec le cortex réservé pour la préhension, éclats enlevés. Sur les négatifs d’enlèvements, le silex peut être rapproché des deux bifaces trouvés dans la a pris une coloration jaunâtre due à la pénétration même parcelle par M. Moireau (fig. 5 et 6). postérieure par des oxydes de fer. Au long de l’arête, Parmi les sept nucléus, on distingue : un nucléus une face montre des parties éclatées postérieurement unipolaire à plan de frappe très oblique, lisse et naturel ; Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher)… 11

Fig. 9 : Pièces bifaciales de Chêne-Carré. Les pointillés indiquent les zones de tranchant utilisées. Coll. Musée de Vendôme (dessins J. Despriée, échelle en cm).

deux nucléus prismatiques à plans de frappe opposés et sont dans un état de fraîcheur remarquable. Des (fig. 10, 3). L’un des plans de frappe est lisse. L’autre fissures gélives affectent les pièces épaisses, notamment plan de frappe a été préparé par un enlèvement ortho- les nucléus. gonal repris par deux enlèvements convergents donnant à l’enlèvement primitif une forme triangulaire et formant deux dièdres convergents très obliques (fig. 10, 3). Discussion L’avers du nucléus reste cortical. Ce type paraît corres- pondre au nucléus de Chêne-Carré (fig. 6, 2). L’association de bifaces, nucléus, nucléus Levallois Trois nucléus Levallois, dont l’avers, le revers et et éclats indique la présence possible, dans les sédi- plan de frappe ont fait l’objet d’un décorticage et d’une ments de couverture du Clos-de-Chêne-Carré, d’une ou préparation, sont à rapprocher du nucléus Levallois du plusieurs occupations préhistoriques du Paléolithique Clos de Chêne-Carré déposé au musée de Vendôme ancien, attribuables à l’Acheuléen. Lors des comparai- (fig. 7, 3). Les outils récupérés sont peu nombreux et sons techno-typologiques avec les artefacts découverts peu typiques. Les pièces n’ont subi aucune altération dans les sites des Grouais-de-Chicheray à Pezou, et du 12 Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. ANNÉE 2021, pages 1 à 20.

Fig. 10 : Carrière des Grouais-de-Chicheray. A. Quelques exemples d’artefacts retrouvés dans l’atelier fouillé au sommet des coulées de graves argi- leuses à nodules de silex gris. 1. Biface ; 2. Pic triédrique ; 3. Nucléus bipolaire ; 4, Bec et 5. Denticulé sur éclats de décorticage ; 6, 7. Éclats de décorticage ; 8. Éclat de débitage (dessins J. Despriée, échelle en cm). Les âges ESR sont donnés en milliers d’années (ka). B. Log stratigraphique de la formation des Grouais : a. Limon de surface ; b. Chenal rempli d’argiles, lentilles de sables et dépôt grossier à silex gris soliflué ; c. Graves argileuses solifluées ; d. Graves gros- sières gélifractées ; e. Sables grossiers et lits de graviers ; f. Graves grossières gélifractées ; g. Argile d’altération de la craie ; h. Craie sénonienne cryoturbée. Le triangle noir indique la position de l’industrie à bifaces, pics et nucléus ; le cercle noir indique la posi- tion de l’industrie sur galets ; les carrés noirs indiquent la localisation des prélèvements ESR ; les âges sont donnés en kilo-années (ka) (d’après DESPRIÉE, 1985 et 2003 ; échelle en mètres). Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher)… 13

Fig. 11 : Pezou, Formation des « Argiles à Silex » observée à la Chenevière-Dieu, le long de la cassure limitant le compartiment du Bois-de-Chicheray. A : stratigraphie des ateliers et fosses d’extraction néolithiques relevée dans le vallon du ruisseau intermittent. B et C : dégagement du banc de nodules de silex gris et cortex usé encore en place dans les argiles à silex mais partiellement exploité par les Néolithiques (relevés et clichés J. Despriée).

Cimetière à Lisle, il a été constaté que le silex utilisé ­creusées au Néolithique pour la fabrication de lames de provenait toujours de nodules de silex gris à gris-beige, haches sur un atelier voisin qui a été fouillé (fig. 11). à lunules blanches et à cortex usé. Ces nodules étaient L’origine probable du silex gris à lunules blanches vraisemblablement facilement accessibles et doivent utilisé pour le façonnage des outils mis au jour aux vraisemblablement être recherchés dans un environne- Grouais-de-Chicheray et au Clos de Chêne-Carré serait ment proche, dans les formations du Crétacé, de l’Éo- donc les bancs de nodules de la formation des « Argiles cène ou dans les dépôts remaniés au Quaternaire plus à Silex » du Crétacé terminal qui ont été observés in ou moins contemporains de la présence humaine. situ dans la cassure de la Chenevière-Dieu en milieu de versant sud de la vallée. Toutefois, sur l’atelier des Grouais-de-Chicheray, les nodules de silex gris étaient LE GISEMENT ORIGINEL DU SILEX GRIS présents sur place. Certains montraient une fissuration DANS LE SECTEUR DE PEZOU gélive, d’autres, non gelés, montraient des tentatives (tests ?) de décorticage. La présence de ces nodules Les nodules de silex qui sont régulièrement présents dans le niveau avait été interprétée comme le résultat en bancs dans les diverses séries crayeuses et argileuses d’un transport des nodules sur la pente du versant lors crétacées affleurantes dans le fossé de Lisle-Pezou sont de dépôts en réponse aux variations climatiques de couleur brun à brun noir dans les craies-tuffeaux du (DESPRIÉE et al., 2005). Turonien supérieur-Santonien. Ils sont blancs ou noirs dans la craie du Coniacien qui affleure à Pezou, notam- ment à Chicheray (MANIVIT et al., 1983). Ils ne LES GISEMENTS SECONDAIRES DU SILEX GRIS correspondent donc pas aux nodules utilisés. ET LEURS IMPLICATIONS CLIMATIQUES Des lits de nodules globuleux ou branchus en silex gris à lunules blanches, à cortex usé, ont été mis au Lors des travaux de terrassement préalables à la pose jour dans le fossé creusé dans le vallon de la Chene- du gazoduc, ces mêmes nodules de silex gris ont égale- vière-Dieu lors de travaux connexes au remembrement. ment été observés en dehors du vallon de la Chene- Le dégagement de la coupe a montré dégagée dans la vière-Dieu, dans les colluvions recouvrant le versant Formation des Argiles à Silex du Crétacé terminal que sud et masquant l’escarpement du versant nord les nodules y avaient été exploités dans des fosses (fig. 12, A). Ces travaux de terrassement ont été 14 Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. ANNÉE 2021, pages 1 à 20.

Fig. 12 : Fossé tectonique (graben) de Pezou-Lisle. A : carte morphosédimentaire montrant l’extension de la couverture déposée par gravité sur les versants. B : profil A-A’. Recouvrement des formations fluviatiles fossiles étagées sur le versant sud (H = les Terres-Noires, +42/+47 m rel. ; G = Chêne-Carré/la Haie-Barderie/la Chenevière-Dieu, + 26/+36 m rel. ; D = les Grouais-de-Chi- cheray (+11/+16 m rel.) par les colluvions de versant. Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher)… 15

­suffisamment profonds pour permettre une étude Comme les formations fluviatiles qu’ils recouvrent, géomorphologique continue du versant en vue de ces dépôts de couverture résultent des impacts sur le préciser l’origine et les conditions de gisement de ces sol et le sous-sol, des conditions climatiques périgla- silex gris. Les travaux ont atteint et recoupé, parfois ciaires qui ont rythmé chacun des très longs cycles sur plusieurs mètres, les formations fluviatiles déposées « glaciaire-interglaciaire » (≈ 100 ka) qui se sont par le Loir. Ils ont donc permis l’observation, dans succédé au Pléistocène moyen (LAUTRIDOU et al., leurs épaisseurs totales, des dépôts de sédiments argi- 1984 ; ANTOINE et al., 1993, 2000 ; LEFÈVRE et al., lo-graveleux (colluvions) et caillouteux (dépôts de 1994 ; DESPRIÉE et al., 2003 ; 2007 ; 2017). pente) et limoneux qui avaient recouvert et masqué ces Pendant et après leur dépôt, les diverses unités sédi- nappes fluviatiles Ainsi, sur le replat formé par le mentaires ont enregistré les couches de ruissellement, de sommet de la terrasse d’alluvions de Chêne-Carré colluvionnement et de solifluxion lors des phases (nappe G, +36 m d’altitude relative), ces dépôts de humides ; les coulées de gélifluxion, et les figures de recouvrement s’épaississent sur près de deux mètres cryoturbation indiquant la présence de pergélisol et de avant de s’étaler sur le versant au Grand-Clos de mollisol, et contenant les roches siliceuses gélivées ; ou Chêne-Carré puis sur la terrasse inférieure des Grouais des limons apportés par le vent en période sécheresse où ils atteignent encore 0,50 m (fig. 12, B). dans un autre type de paysage de steppe semi-désertique.

Fig. 13 : Exemples de dépôts de pente climatiques périglaciaires sur le versant sud à Pezou. A : chemin du bois-de-Chicheray, coulées de solifluxion d’argiles graveleuses puis de cailloutis avec nodules ; B : Chemin du bois-de-Chicheray, coulées de solifluxion cryoturbées ; C : la Haie-Barderie, coulées de solifluxion cryoturbées, à nodules de silex. Cailloux descendus par gravité au sommet des alluvions ; D : le Petit-Chicheray, dépôts limoneux sur débris crayeux accumulés en couche fines (CC) ; E : la Chenevière-Dieu, coulées boueuses sur coulée de débris cryoclastiques de craie (CCC) (clichés J. Despriée, Les lieux-dits renvoient aux cartes fig. 3 et 12). 16 Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. ANNÉE 2021, pages 1 à 20.

Nous donnons ci-dessous quelques exemples des les replacer dans le cadre chronologique du Quater- figures de dépôts périglaciaires observés sur le versant naire ? sud à Pezou, et superposés en plusieurs couches limi- Dans la carrière des Grouais à Chicheray, les arte- tées par de multiples surfaces d’érosion (fig. 13, A facts ont été aménagés à partir de nodules introduits à E). Ce sont des couches de débris de craie cryo- par solifluxion dans l’unité c de la formations fluviatile clastée (CCC), des colluvions de sédiments argilo-li- D. Peut-on attribuer le même âge aux artefacts acheu- moneux graveleux et sableux parfois litées (CLL), des léens remontés par des labours profonds effectués dans coulées de boue déposées par reptation sur la pente les parcelles du Grand-Clos de Chêne-Carré qui (CBG), des dépôts de sédiments grossiers limono-cail- paraissent provenir de la même unité sédimentaire ? louteux (CSG). Ces dépôts successifs ont eux-mêmes Trois paramètres de chronologie relative et absolue été perturbés par des phénomènes de cryoturbation doivent être considérés : les caractéristiques techno-ty- (CPC) ou des fentes de gel à coin de glace (FG). pologiques, la situation stratigraphique et les données Les nodules de silex sont généralement présents dans géochronologiques, éventuellement les altérations les coulées supérieures grossières (CSG). Ils sont physico-chimiques (fig. 14). visibles à une profondeur d’au moins 50 cm. regroupés en amas, en poches, ou dans des coulées (fig. 13, A, B, C). Mis au jour par l’incision du Loir, ils ont été LES DONNÉES dégagés par l’érosion des « Argiles à silex » puis sont CULTURELLES descendus sur le versant par coulées gravitaires durant les phases humides (solifluxion), ou sur sol gelé Les caractéristiques techno-typologiques de l’assem- (gélifluxion). Ensuite, lors d’une phase climatique blage des Grouais qui comprend un biface et deux pics tempérée, les homininés les ont triés et débités, ce qui associés à des nucléus à débitage unipolaire ou bipo- explique que ces couches livrent des artefacts et des laire, et des nucléus à débitage Levallois avaient permis sites d’ateliers lors de travaux de terrassement ou de de proposer une attribution à l’Acheuléen, culture labours. industrielle bien développée dans le site éponyme de Saint-Acheul (Amiens), vallée de la Somme (MORTILLET, 1872, 1885 ; COMMONT, 1907, 1913 ; Données culturelles et chronologiques BORDES, 1966). Les preuves les plus anciennes de cette culture De quels éléments disposons-nous pour essayer de acheuléenne à bifaces, ont été mises au jour en France situer les artefacts des collections Moireau et du Musée dans la vallée du Cher (Brinay, Cher ; Villefranche-sur- de Vendôme dans le cadre culturel préhistorique et pour Cher, Loir-et-Cher) et en Italie (Notarchirico, di Venosa,

Fig. 14 : Pezou, les Grouais-de-Chicheray : exemple de nodule de silex accumulés dans les dépôts grossiers périglaciaires. Le fragment résiduem montre une fissuration multidi- rectionnelle provoquée par le gel total de la masse siliceuse poreuse (cliché G. Courci- mault, échelle en cm). Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher)… 17

Basilicata). Elles sont datées entre 700-650 000 ans les silex ont vraisemblablement été exploités entre 458 (DESPRIÉE et al., 2007 ; VOINCHET et al., 2010 ; et 338 000 ans soit dans la première moitié du stade MONCEL et al., 2013 ; SANTAGATA, 2016). L’Acheu- isotopique suivant, ou SIM 11 (≈ 424 - 374 ka). léen se généralise en Europe entre 700 et 400 ka. Le Ce stade 11, au climat interglaciaire, est logique- débitage Levallois, qui serait apparu en Europe au ment caractérisé par le passage progressif d’un milieu Stade 12 (≈ 450 ka), s’est développé au stade 11 ouvert à des milieux forestiers de plus en plus fermés (≈ 424 − 374 ka) en Italie, en France et jusqu’en (LIMONDIN-LOZOUET, 2011). Au début, les coulées Grande-Bretagne avant de se généraliser pendant les de solifluxion pouvaient donc encore se produire sur stades suivants (SANTONIA et VILLA, 2006 ; les pentes. Ces coulées de solifluxion ont apporté les MONCEL et al., 2020). Ce débitage, apparu dans la nodules des silex provenant des « Argiles à Silex » dernière partie du Paléolithique moyen (Acheuléen mises au jour sur le versant. Ces nodules, restés acces- supérieur) sera couramment utilisé ensuite durant tout sibles pendant la période d’absence de végétation, ont le Paléolithique moyen. été triés par les homininés revenus sur le site en débit À Pezou, dans l’atelier fouillé aux Grouais-de-Chi- de phase interglaciaire, avant la mise en place de la cheray, et au Grand-Clos de Chêne-Carré, l’association couverture forestière durant laquelle les sédiments de bifaces de type acheuléen avec des nucléus débités argilo-siliceux meubles du versant étaient désormais selon la technique Levallois paraissent en accord avec maintenus par la végétation arborée qui s’était déve- les données typologiques et chronologiques récemment loppée. documentées en Europe.

Chronologie relative des artefacts du site LES DONNÉES du Grand-Clos de Chêne-Carré GÉOCHRONOLOGIQUES D’après les observations facilitées par la tranchée du gazoduc, les artefacts du Grand-Clos de Chêne-Carré Les dépôts de pente qui contiennent les silex gris proviennent des mêmes coulées grossières de solifuxion exploités par les homininés recouvrent le versant situé (CSG) qui ont recouvert la nappe D des Grouais-de- entre les nappes G de Chêne-carré et D, puis recouvrent Chicheray, qui ont également recouvert le versant entre la formation D des Grouais-de-Chicheray (fig. 12, B). les nappes D et G quelques dizaines de mètres au- Ils se seraient donc déposés postérieurement à cette dessus. formation fluviatile D. Fabriqués avec les mêmes nodules de silex gris à cortex usé, les artefacts du Grand-Clos de Chêne-Carré ont la même typologie associant bifaces acheuléens et Géochronologie de la Formation D nucléus Levallois que dans l’atelier des Grouais. Le des Grouais-de-Chicheray recouvrement de la nappe D par les mêmes dépôts Un âge ESR moyen pondéré de 426 ± 31 ka a été grossiers permet de considérer que ces pièces trouvées obtenu pour la formation D des Grouais-de-Chicheray hors contexte précis sont vraisemblablement contem- à partir de trois échantillons sableux prélevés de bas en poraines de l’atelier attribué à l’Acheuléen supérieur haut de la colonne stratigraphique (fig. 10) (TISSOUX fouillé aux Grouais-de-Chicheray, ou légèrement posté- et al., 2011). Cet âge moyen indique que les unités f, rieurs. Ces types de bifaces disparaissent en effet vers e et d se seraient accumulées durant le stade isotopique 350-300 ka avec la présence progressive de l’homme marin 12 (stade froid, SIM 12 ≈ 478 - 424 ka, de Néandertal, auteur des diverses industries mousté- LISIECKI et RAYMO, 2005). La gélifraction à 80 % riennes qui succèdent à l’Acheuléen. des cailloux (fig. 14) des unités f et d confirment des Pourrait-on obtenir une datation absolue par ESR, dépôts pendant un stade froid et les lentilles sableuses pour ces dépôts de pente et les artefacts qui leur sont de l’unité e correspondent bien à des dépôts de rivière associés ? Les seules méthodes de datation actuellement en chenaux anastomosés caractéristiques d’un plénigla- disponibles sont l’ESR (Résonance de Spin Électro- ciaire (ANTOINE, 1993 ; COJAN et RENARD, 2006). nique) et l’OSL (Luminescence Optiquement Stimulée) Aux Grouais-de-Chicheray, l’atelier acheuléen a basées sur le même principe d’accumulation au cours exploité les nodules accumulés dans l’unité stratigra- du temps, après blanchiment originel, des électrons phique c (fig. 10). Lors des études géochronologiques, dans des pièges de la matière. L’utilisation de ces une lentille de sables fluviatiles de cette unité c a été méthodes dites paléodosimétriques paraît difficile, sinon datée de 398 ± 60 ka (DESPRIÉE et al., 2003). De par impossible : d’une part, dans ces coulées de matériaux, les alternances saisonnières de gel-dégel ou lors de les grains de sable de quartz utilisés pour les mesures phases climatiques successives, plusieurs coulées de ont des origines diverses : on risque donc de dater le solifluxion et de gélifluxion ont pu s’accumuler pour ou les sédiments « sources » mis au jour en haut du constituer cette unité c. Il n’est donc pas non plus versant ; d’autre part, les dépôts de pente ont probable- possible de préciser le délai entre le dépôt et les phases ment été plusieurs fois remaniés, et les résultats obtenus de tri et de débitage par les homininés après ce dépôt. sont aberrants ou ont une marge d’erreur trop impor- Toutefois, compte-tenu de la marge d’erreur de ± 60 ka, tante. 18 Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois. ANNÉE 2021, pages 1 à 20.

Conclusion ESR effectuées sur l’ensemble des nappes alluviales fossiles reconnues dans le secteur Haut-Vendômois ; le Facilitées par d’importants travaux de génie civil ou Conseil régional du Centre-Val de Loire, le Conseil rural, les études géologiques menées dans la vallée du départemental du Loir-et-Cher et le ministère de la Loir Haut-Vendômois ont permis de mieux caractériser Culture-DRAC Centre-Val de Loire, pour leur soutien les multiples dépôts de versant déjà signalés par les financier ; la Direction des Études et Techniques cartes géologiques levées dans ce secteur et dénommés nouvelles de Gaz de France pour son autorisation à colluvions de pente alimentées « par les silex et les accéder aux travaux du gazoduc « Artère du Centre » et argiles crétacées », et « par les silex, perrons et argiles son soutien logistique. Notre gratitude à Monsieur éocènes » (MANIVIT et al., 1982, 1983). Gérard Moireau pour le don de sa collection à notre Les différentes typologies, morphologies et altéra- Société. tions des matériaux grossiers siliceux permettent en effet d’identifier l’origine des matériaux qui ont alimenté ces dépôts. Mais les coupes réalisées posté- rieurement et suivies en continu sur plusieurs kilo- Références mètres ont facilité l’observation de faciès caractéristiques des dépôts gravitaires en milieu péri- ANTOINE P., 1993 – Le système de terrasses du bassin glaciaire, avec présence de pergélisol et de mollisol. de la Somme : Modèle d’évolution morphosédimen- L’impact du gel sur les matériaux siliceux a également taire cyclique et cadre paléoenvironnemental pour le pu être mesuré. Dans le site majeur des Grouais-de- Paléolithique. Quaternaire, 4 (1), 3-16. Chicheray, la stratigraphie de la formation sédimentaire ANTOINE P., LAUTRIDOU J.-P., LAURENT M., (Formation D), montre une alternance de coulées gros- 2000 – Long-term fluvial archives in N-W France: sières et de dépôt fluviatiles dont l’âge ESR moyen response of the Seine and Somme rivers to tectonic pondéré de 426 ± 42 ka indiquerait un dépôt durant le movements, climatic variations and sea-level changes. SIM 12. Geomorphology, 33 (3-4), 183-1207. Aux-Grouais-de-Chicheray, les unités sédimentaires BOËDA E., 1993 – Le débitage discoïde et le débitage inférieures ont fossilisé un assemblage préhistorique à Levallois récurrent centripète. Bulletin de la Société galets de silex taillés abandonnés sur le plancher d’in- Préhistorique Française, 90 (6), 392-404. cision en début glaciaire. Absents pendant les péjora- BORDES F., 1966 – Typologie du Paléolithique ancien tions du pléniglaciaire, les hommes sont revenus au et moyen. Mémoire n° 1, Institut de Préhistoire de début de l’interglaciaire suivant (MIS 11). Ils ont l’Université de Bordeaux, 86 p et 108 pl. exploité les nodules de silex gris à lunules blanches à BORDES F., 1980 – Le débitage Levallois et ses cortex usé issus la formation d’ Argiles à silex du variantes. Bulletin de la Société Préhistorique Fran- Crétacé terminal, et soliflués depuis le milieu de çaise, 77 (2), 445-49. versant. Ces hommes ont façonné des bifaces, des pics, BRÉTIZEL P. de, LEPILLER M., LORAIN J.-M., produit des éclats à partir de nucléus à débitage unipo- DEFARGE C. & JOSZIA N., 2012 – Sources et eaux laire, bipolaire et Levallois, et abandonné les rebuts sur souterraines du Perche vendômois. Géologie, Hydro- le sol de l’« atelier ». L’assemblage est typologiquement géologie et Inventaire. Éd. Groupe Scientifique les rapportable à la culture acheuléenne, dans son faciès Amis Des Sources (ADS), (41270), 109 p. 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Un terminus post Paris, 97-155. quem d’environ 400 – 350 000 ans paraît plausible pour DESPRIÉE J., 1979 − Les industries du Paléolithique ces artefacts. inférieur et moyen de la vallée du Loir vendômois (Loir-et-Cher) dans leur contexte géologique. Thèse de doctorat, Géologie du Quaternaire et Préhistoire, Université de Provence, Aix-Marseille I, 388 p. Remerciements DESPRIÉE J., 1985 − Les industries du Paléolithique inférieur et moyen de la Formation des « Grouais-de- Nous remercions Pierre Voinchet et Hélène Tissoux Chicheray », commune de Pezou, Loir-et-Cher. Revue du Laboratoire de Géochronologie du Muséum National Archéologique du Centre de la France, 24 (2), 145- d’Histoire Naturelle pour les mesures de datation par 189. Éd. FERAC, Tours. Note sur des artefacts en silex du Paléolithique ancien trouvés à Pezou (Loir-et-Cher)… 19

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