Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien

Dans le cadre de ce colloque consacré aux ques- proposons ici un premier bilan sur l’organisa- tions de peuplement dans l’Arc jurassien, les tion du château comme lieu de vie, pour mon- châteaux du Moyen Âge ont toute leur place. trer que, loin d’être des forteresses imprenables, Alors que pendant longtemps, ils n’ont été étu- ces sites sont en osmose avec leur environne- diés que pour leur aspect de fortification au ser- ment. En attendant de pouvoir, espérons-le, vice de divers pouvoirs, les recherches de ces d’ici à quelques années, proposer des bilans dernières décennies ont largement ouvert les plus larges, grâce à une meilleure définition problématiques à d’autres types de questionne- chronologique des vestiges existants (Schwien ment, la résidence des élites, les techniques de 2003). construction, les modes de vie, l’occupation de Les premières recherches remontent aux années l’espace. La question plus précise du rapport au 1980. Elles concernent les vestiges en terre de peuplement a d’abord été abordée par les histo- Haute-Saône et du Territoire de Belfort dans riens (des textes), dont Pierre Toubert qui a défi- le cadre de diplômes à l’université de Nancy, ni le processus « d’incastellamento » (ou encha- dirigés par Michel Bur (Affolter et Voisin tellement) dans le Latium du milieu du Moyen 1984 ; Bouvard 1981-1982). Dès lors, plu- Âge dès 1973, ou, dans l’espace français, dans sieurs fouilles de sites castraux ruinés voient le cadre d’un colloque en 1979 (Flaran 1980). le jour à « Pymont » (Villeneuve-sous-Pymont, Parallèlement, les archéologues ont commencé ), à l’« Aigle » (Chaux-du-Dombief, Jura), à à engranger des données sur le réseau castral, en « Scey » (Chassagne-Saint-Denis, Doubs) et à particulier des mottes, maisons-fortes et bourgs Rougemont-le-Château (Territoire de Belfort). castraux. Beaucoup de ces recherches ont avant Il s’ensuit des expositions et des monographies, tout consisté en des inventaires de ressources notamment pour « Pymont », Rougemont-le- localisés, à l’échelle régionale principalement, Château et « Scey » (Jeanjacquot 1993, Walter mais qui, dans certains cas, ont pu faire l’objet 1993, Croizat et al. 1992). Dans les années de synthèses, comme pour les bourgs castraux, 1990, plusieurs châteaux de pierre font l’ob- ces petites villes soit nées à partir d’un château jet de consolidations ou de restaurations sans soit qui ont rapidement vu la construction d’un réel contrôle scientifique. Les travaux mettent château en leur sein après leur fondation (avec ainsi en évidence certaines carences dans le deux colloques en 1984 puis 1992). Pour ce domaine architectural castral. Pour répondre qui concerne notre région d’étude, les travaux aux attentes des services de l’État, un groupe d’Éric Affolter et Jean-Claude Voisin pour la de recherche, informel puis réuni dès 1995 au Haute-Saône (1984) et plus récemment d’An- sein d’un Projet Collectif de Recherche, réalise dré Bouvard sont de bons exemples de cette un inventaire-prospection architectural, ouvert tendance, le dernier s’étant plus particulière- aux questions de peuplement tenant compte ment intéressé au rapport entre bourgs castraux également du développement urbain ou rural et peuplement des deux premiers plateaux du autour de ces bâtiments. Doubs (Bouvard 2006). De façon générale, Les recherches régionales essentiellement pourtant, le rôle du château dans le processus menées par Jean-Marie Croizat, Yves Jeannin de colonisation n’a pas été clairement pris en et Jean-Jacques Schwien mettent en évidence compte, sauf par exemple notre collègue suisse, 1 322 mentions de sites – mottes, châteaux ou Werner Meyer, qui a établi très tôt une relation maisons fortes – en Franche-Comté dont 539 entre certains châteaux et des phénomènes de (soit 41 %) dans l’unique département du Jura. défrichements de hauteurs (un type de châteaux Celles-ci résultent majoritairement d’investiga- qu’il a dénommé des « Rodungsburgen »), à tions en archives, mais aussi sur le terrain. l’image des modalités de prise de possession Dans le même temps et toujours sous l’égide du sol des cisterciens (Meyer 1979). Il faudra de la direction régionale des Affaires cultu- attendre les années 2000 pour que ce question- relles de Franche-Comté, plusieurs opérations nement soit abordé à grande échelle, au travers archéologiques des archives du sous-sol et du du 22e congrès international des castellologues bâti sont mises en place préalablement aux (Château-Gaillard 2006). consolidations et/ou restaurations. Certaines Les inventaires et études que nous avons enga- sont l’occasion d’organiser des séminaires et gés en Franche-Comté ont d’emblée été menés des stages de formations aux bénévoles en col- avec ces problématiques-là comme horizon. laboration avec l’université, alors que d’autres Mais le travail d’enquête est trop récent, encore sont des chantiers professionnels. Le travail de incomplet et surtout avec des lacunes considé- collaboration entre l’archéologie et la restaura- rables en matière d’étude de la documentation tion est testé sur les châteaux de Présilly et de d’archives, pour pouvoir proposer des pistes pour le Jura, ainsi que Montfaucon argumentées et transposées sur des cartes du et « Scey » pour le Doubs. rapport entre les constructions de châteaux et Entre 2004 et 2007, les recherches sur les sites la chronologie (ou la nature de l’implantation) castraux en Franche-Comté ont connu un nou- des châteaux dans notre région. De ce fait, nous veau développement, grâce à un cofinancement

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des services de l’État et des collectivités territo- et Vallerois-le-Bois pour la Haute-Saône et riales, le conseil régional de Franche-Comté Delle pour le Territoire de Belfort, ont permis en tête, adossée par convention au CNRS et de dépasser le cadre strictement jurassien de à l’université de Strasbourg (UMR 7044). Ces l’enquête initiale. recherches ont porté principalement sur le Jura. Les données recueillies permettent d’établir Le budget a permis de mettre en place des mis- une première cartographie de l’espace cas- sions avec une ou deux personnes de 4 mois tral, en livrant de sérieuses pistes de réfl exion par an, consistant en un relevé des vestiges sur la chronologie du phénomène castral, d’architecture conservés et un relevé en plan de la typologie des sites, la variété des équipe- chacun de ces sites. La fi che d’enquête recense ments internes, les matériaux et techniques de de nombreux attributs ou d’éléments archi- construction. À part quelques dépouillements tectoniques, mais aussi plus spécifi quement d’archives systématiques, comme le beau dos- l’emplacement, l’environnement, les espaces sier réuni par René Locatelli pour Montfaucon visibles ainsi que les bâtiments circonscrits. (Doubs), il faut souligner les fortes carences en Les relevés ont pu se faire selon les cas avec des matière de documentation écrite pour les sites moyens de topographie ad hoc (tachéomètre) étudiés : l’essentiel de nos données est tiré des ou, en particulier sous couvert forestier dense, historiens du XIXe siècle, comme Rousset ou par simple triangulation à la boussole et au Feuvrier, complétées par quelques maîtrises distance-mètre. À raison de 15-20 sites par an, ou DEA universitaires. Le potentiel des sources cette opération a porté au total sur 73 châteaux écrites paraît important mais reste au total médiévaux jurassiens. quasi inexploité. Depuis, cette base de travail a pu être aug- mentée de diverses manières. La collabora- tion au projet de publication sur les châteaux 1. implantation castrale : de Nicolas Rolin par Hervé Mouillebouche, les mottes et les châteaux de l’université de Bourgogne, y a apporté une dizaine de sites supplémentaires. Des opéra- 1.1. Approche régionale tions plus ponctuelles, sollicitées par les ser- vices régionaux des Monuments Historiques La mise en perspective des inventaires établis Fig. 1. Implantation castrale ou de l’Archéologie, dans le cadre de travaux de dans les années 1980 permet d’établir une en Franche-Comté. (S. Guyot) restaurations, comme à Montbozon, Oricourt carte de tous les sites castraux en terre et bois ou en pierre (fi g. 1). À l’échelle régionale, les constructions se répartissent de manière assez uniforme sur les quatre départements, mais avec une densité qui varie d’entités fortes à faibles. Ces dernières se situent sans surprise sur les plateaux du Haut Jura/Doubs et les pré- misses du Massif vosgien. D’autres zones plus réduites sont également constatées au cœur des premières terrasses. À l’opposé, des concentra- tions sont perceptibles le long des cours d’eau, en particulier des trois premiers d’entre eux, le Doubs, la Saône et l’Ognon. Il en est de même des rebords de plateaux dont plus spécialement le premier. L’implantation des 1 322 sites suggère que chaque commune (actuelle) ait possédé un, voire deux châteaux sur l’ensemble du territoire (1 786 communes). Le département du Jura compte le plus de mentions avec 539 sites (544 communes) ; ils sont 425 en Haute-Saône, 298 dans le Doubs et 38 dans le Territoire de Belfort.

1.2. Le cas jurassien : emplacement et environnement

Les constructions castrales dans le départe- ment du Jura s’intègrent dans ce schéma géné- ral (fi g. 2). Seul le troisième plateau ne com-

0 20 40 km porte qu’un faible nombre de bâtiments, six au total. Parmi eux, deux ont fait l’objet d’une

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une évolution architecturale, mais davantage à l’absence de défenses naturelles et de maté- riaux pour construire les bâtiments. Pour une chronologie comparable, du XIIIe au début du XVIe siècle, la carte de répartition des mottes et des châteaux de pierre témoigne d’une appa- rente scission des deux types de monuments. En revanche, à l’approche de la fi n du XIVe e LONS-LE- et surtout du XV siècle, les mottes semblent SAUNIER nettement délaissées au profi t des édifi ces en pierre, et plus particulièrement pour les mai- sons-fortes. Les sites de hauteur ne semblent plus privilégiés. Ces nouveaux bâtiments pren- dront systématiquement place aux abords des axes de circulations ou cours d’eau, comme le montre parfaitement le fi nage dolois.

1.2.2. Les maisons-fortes et Motte les tours de guet Tour de guet Maison forte Les maisons-fortes et les tours de guet n’ont que Château rarement fait l’objet d’études archéo-architectu- rales. Deux seules ont été abordées ces dernières années, la maison-forte de Montbozon (Haute-

0 20 km Saône) et la tour de guet, « La Tour Girard », située sur la commune de (Jura). Malgré des apparences et des tailles très dif- Fig. 2. Implantation castrale étude archéologique, les châteaux de l’« Aigle » férentes, les informations les plus abouties dans le Jura. (S. Guyot) (Chaux-du-Dombief) et de Chaux-des-Crote- témoignent d’un développement tardif. Ce der- nay, situés autour de 800 m d’altitude. Le pre- nier, établi d’après des mentions historiques, mier plateau et notamment son rebord pré- se situe dans le courant du XVIe siècle, sinon sentent, en revanche, une forte concentration à partir de la seconde moitié du XVe siècle. Du de monuments, en particulier l’espace entre point de vue de l’architecture, les différences Revermont et Petite Montagne. À l’extrémité avec les châteaux sont fondamentales. Les septentrionale de l’entité, les édifi ces s’orientent espaces, l’organisation, les modes construc- vers les cours d’eau, à défaut de reliefs naturels. tifs et défensifs ne présentent aucune simili- Ainsi, à l’instar du schéma régional, le Doubs et tude. La maison-forte s’apparente davantage à la Saône se révèlent par un chapelet sinueux de une résidence. Les modes défensifs se limitent constructions. Quant à la zone de plaine, elle souvent à une enceinte, équipée de quelques se caractérise par une proportion plus élevée de canonnières sur le monument lui-même. Ce mottes et maisons-fortes et une faible présence dernier se compose fréquemment d’un seul de châteaux de pierre. corps de bâtiment, semblable à une très grosse tour. Des tours fl anquées aux angles peuvent le 1.2.1. Les mottes compléter, comme à (Jura) par exemple. Les dernières recherches sur les mottes Quant aux tours de guet, nous ne disposons remontent aux années 1980, mais les travaux que de peu d’informations. Les vestiges de « La les plus aboutis sont l’œuvre de l’archéologue Tour Girard » semblent correspondre à un très amateur Julien Feuvrier qui mène ses études petit complexe, pourvu d’une tour de 3 m de entre la fi n du XIXe et le début du XXe siècle. côté, adossée à un bâtiment d’une vingtaine de À ce jour, 197 mottes sont recensées dans la mètres carrés, le tout défendu par une enceinte région Franche-Comté – recherche non exhaus- aux contours fugaces. tive –, dont 109 mentionnées dans le Jura. Celles-ci s’implantent a priori de manière 1.2.3. Les châteaux de pierre parallèle aux premiers châteaux de pierre. Dans À l’instar des autres édifi ces castraux, les châ- le Jura, cette évolution est étroitement liée au teaux de pierre se répartissent essentiellement contexte géo-topographique. Les implantations au sein du massif, notamment du premier des mottes se limitent aux plaines du Nord- plateau. Dans ce secteur, chaque commune Ouest, dépourvues d’affl eurements rocheux. compte un, souvent deux sites. Cette densité Seules quelques exceptions sont disséminées s’explique vraisemblablement par de multiples sur le premier et le deuxième plateau. raisons mais dont seul le contexte topogra- Ainsi, pour une même période, la présence phique nous apparaît le plus clairement. Dans des mottes en plaine ne serait pas attachée à le courant des XIIe-XIIIe siècles, une multitude

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de petits seigneurs locaux construisent des plateaux du Jura. Les sites sont très souvent dis- bâtiments de taille modeste, qui seront agran- tants entre eux de quelques kilomètres seule- dis jusqu’à la première moitié du XVIIe siècle. ment. Ce développement frénétique nous livre Chaque territoire, voire chaque butte, doté des édifi ces complets avec leurs espaces de vie d’une falaise est ainsi fortifi é. La topographie (logis), de travail (communs) et, d’une façon du rebord du premier plateau, se prête très remarquable, leurs espaces religieux. Ainsi, bien à ce développement. Son découpage natu- la présence de chapelles ou d’oratoires intra rel en dents de scie et les aplombs rocheux muros est systématique pour les constructions de plusieurs dizaines de mètres autorisent la les mieux connues. D’une taille comprise de construction de monuments défensifs, visibles 1 à 2 m2 au château du Pin, de Marigna-sur- de loin. D’autres constructions privilégient Valouse, de Sirod ou de Verges, ils sont net- des sites pourvus d’une défense naturelle plus tement plus vastes à l’Aubépin, à ou à sommaire mais plus ouverts, ce qui autorise , biens de riches propriétaires. l’accroissement des surfaces bâties. C’est ainsi le cas des zones de pentes ou plus planes des petites cités, comme Nozeroy ou « Loyon » 2. État général des châteaux (anciennement Saint-Julien-sur-Suran). de pierre Le développement d’un bourg à proximité du château profi te également de la topographie En dépit de certaines faiblesses méthodolo- du site sélectionné, cumulant les avantages giques ou matérielles, l’Inventaire-prospection d’une position défensive et de disponibili- a eu le mérite d’établir un premier état des lieux tés en termes d’espace civil. Pour la période de 73 édifi ces castraux dans le département du médiévale, ce dernier est essentiellement hors Jura, auxquels il faut ajouter ceux de Chaux- enceinte, situé en aval du château. À la fi n du des-, Chevreaux, Présilly, « Oliferne » Moyen Âge ou au début de l’époque moderne, () et « Vaugrenant » () qui font la construction d’une seconde enceinte inclut l’objet d’opérations archéologiques depuis plu- le bourg de nombreux sites. C’est le cas de La sieurs années (fi g. 3). Ces sites livrent donc plu- Châtelaine, de Crotenay ou de Saint-Laurent- sieurs niveaux d’observation liés à leur degré de la-Roche. D’autres en revanche, comme conservation : les édifi ces habités ou habitables, Montrond ou « Montrivel » (Équevillon), gar- les ruines ou ceux enfouis seulement percep- deront a priori une enceinte castrale unique tibles aux yeux aguerris. malgré la présence accolée du bourg, alors dépourvu de protection. 2.1. Les châteaux habités ou habitables Dès le XIIe siècle et de manière plus consé- Fig. 3. Sites prospectés e e et en cours de fouilles quente du XIII au XV siècle, un maillage cas- Les édifi ces habités s’avèrent souvent d’excel- archéologiques. (S. Guyot) tral se met en place sur les premier et deuxième lente conservation et de qualité architectu- rale, malgré les transformations du XIXe siècle. Les propriétaires actuels tendent dans leur grande majorité à retrouver sinon l’esthétique médiévale, au moins la pré-conquête fran- çaise, comme à Andelot-Morval, « Blandans » () ou Marigna-sur-Valouse. Les tra- vaux se font pour l’essentiel sous l’égide des services des Monuments Historiques et dépar- tementaux de l’Architecture, mais un petit Vaugrenant LONS-LE- SAUNIER nombre est mené sans contrôle, souvent avec des choix et des restitutions erronés. Dans leur ensemble, les monuments habitables forment une source privilégiée d’informations, permet- tant de reconnaître et de mettre en contexte des structures moins bien conservées dans les

Chaux-des- ruines. Ainsi, le logis primitif de Montbozon a Crotenay été retrouvé avant la reprise de la toiture, datée par dendrochronologie de 1570, alors que la Présilly fouille de la haute cour du château de Vallerois- e Chevreaux Fouille archéologique le-Bois, qu’on croyait fondé au XV siècle, Inventaire-prospection atteste pour la première fois de son existence dès le XIVe siècle. À la lumière de ces informa- tions, il nous semble que le suivi archéologique des travaux contrôlés dans ces demeures encore Oliferne 0 20 km habitées devrait être plus systématique.

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2.2. Les châteaux en ruine s’inscrivent au sein de deux grandes familles qui sont les plans brévilignes et longilignes Ils s’avèrent être les plus nombreux. Leur (fig. 4). Aucun ne se rapproche des plans-type potentiel archéologique est incontestable, plus connus de l’architecture philipienne ou comme en attestent les opérations jurassiennes plantagenet. en cours. La plupart du temps, notre inven- taire-prospection s’est attaché aux seules élé- 3.1.1. Les édifices brévilignes vations. Les maçonneries en place atteignent Les châteaux qui adoptent une forme brévi- parfois plusieurs dizaines de mètres de hauteur ligne, soit aux tracés concentrés, sont les plus (« Montdidier » à Aromas, Montrond ou Vers- abondants. Leur tracé est essentiellement géné- en-Montagne), auxquels il faudrait ajouter les ré par la topographie des sites. Les surfaces remblais dus aux démolitions anthropiques construites offrent une défense plus facile, ou à l’érosion naturelle qui masquent parfois puisque pourvues d’un tracé compact. Parmi plusieurs niveaux d’étages, comme l’a prouvé ce groupe typologique, six sous-groupes sont l’étude du logis de La Tour-du-Meix. La plupart identifiés, répartis au sein des formes polygo- de nos sites majeurs, comme le rare exemple nales et circulaires. de la tour-maîtresse romane de « Beau regard » Les premiers adoptent une forme globale- (), les fortifications multiples de La ment polygonale avec quatre côtés minimum Chaux-des-Crotenay, l’exploitation de défenses comme à « Montdidier » (Aromas), La Chaux- naturelles de Saint-Laurent-la-Roche, ou les des-Crotenay, Lons-le-Saunier ou Nozeroy. Il structures défensives de « Château-Vilain » sont s’agit alors de plans de préférence carrés. Pour malheureusement affectées par un lent proces- chacun d’eux, des fossés sont mentionnés dans sus de ruinification. les publications anciennes, dont quelques-uns encore perceptibles. À l’exception de « Pecault » 2.3. Les châteaux enfouis () et de La Châtelaine, tous arborent des tours flanquées à leurs quatre angles. Les sites mentionnés en archives et décelables La deuxième forme est celle des plans rectangu- par de maigres reliefs ou talus n’apportent à ce laires. À l’instar du précédent, les édifices monu- jour que peu d’informations à notre enquête mentaux comme « Saint-Sorlin » (Charézier) de surface. Découverts à l’occasion de tra- ou « Binans » (Publy) côtoient des bâtiments vaux routiers ou de terrassements comme à nettement plus réduits comme « Blandans » « Faratte » (), la plupart ont été obser- (Domblans). Pour les six cas présentés, tous vés dans des sites boisés où, en conséquence, englobent la totalité de l’éminence construite, ils sont assez bien protégés. Mais, à plusieurs basse-cour inclus. « Binans » est sans aucun reprises, nous avons pu noter des destructions doute le cas le plus notable avec son fossé sépa- par l’utilisation comme carrières de matériaux à rant la basse-cour du château proprement dit. et à , ou la réalisation de voies À Rosay, seul le périmètre des courtines et de la d’accès comme à « La Tour-Girard » (Nogna). tour-maîtresse peut être étudié, les autres struc- Quelques-uns de ces sites enfouis, bien que tures étant entièrement reconstruites. hors programme « châteaux de pierre », ont Les châteaux à tendance trapézoïdale sont des cependant été relevés comme « Pellapucin » édifices de taille moyenne, prenant place sur la (), ou Sarrogna. Les indices mis totalité de l’espace constructible. Contrairement en évidence témoignent du tracé des bâtiments aux autres, notamment aux formes carrées, la quadrangulaires, entourés par un fossé et proté- topographie du site influe directement sur la gés par une enceinte. forme de l’enceinte. Celle-ci est alors érigée au bord d’un à-pic le plus souvent naturel, par- fois retravaillé comme à Meussia, où les fossés 3. Les espaces castraux résultent de l’extraction des matériaux. Pimorin et La Tour-du-Meix ne comportent que de Le relevé archéo-topographique de nos sites a fortes pentes. mis en évidence une multitude de formes et de Les plans polygonaux irréguliers reprennent particularités, livrées non seulement par les ves- les caractéristiques précédentes. Les châteaux tiges hors sol mais aussi par la topographie et couvrent la totalité des surfaces constructibles, les bans rocheux. Plusieurs informations sont constituées de petits plateaux ou de buttes. alors perceptibles et interprétables, comme les « Montrivel » (Équevillon), « La Tour Girard » espaces castraux. (Mesnois) et « Montgefond » () domi­ nent une falaise de plus de 10 m sur l’un de 3.1. Les plans des châteaux leur côté. Enfin, notons que « Montrivel » pos- sède un double fossé, un extérieur à l’enceinte Les édifices jurassiens les plus archéologi- et un second intra-muros, signe potentiel d’un quement complets, soit 43 sur les 73 sites, développement en deux temps.

450 Deuxièmes Journées Archéologiques FrontalièresL’espace de l’Arclaïc du Jurassien Jura. Prospections-relevés sur les châteaux médiévaux du département du Jura (F) VALEMPOULIÈRES VESCLES, Oliferne ANDELOT-MORVAL AROMAS, Montdidier IRREGULIER POLYGONAL ou allongé Monnet MIREBEL 100 m Reculet-les-Mirebel PLAN LONGILIGNE MONTIGNY-SUR-L'AIN TRAPÉZOIDAL 50 BOURG-DE-SIROD Château-Vilain del. : CNRS / UMR 7044, St. Guyot, 2012 TYPOLOGIE DES CHÂTEAUX PROSPECTÉS 43 édifices jurassiens 0 Le Châtelet MONTROND Roche "Ronnel” OVOIDAL LES PLANCHES-EN-MONTAGNE Château (hors basse cour) Donjon (présumé) Logis (présumé) Fossé Limite rocheuse La Chana GERMAGNAT NOGNA, Faratte BEFFIA, Pellapucin CHATEAU-CHALON CIRCULAIRE ONOZ PUBLY MESNOIS Virechâtel ÉQUEVILLON, Montrivel MARIGNA-SUR-VALOUSE Tour Girard PRÉSILLY Beaulieu Beauregard ARLAY CHARNOT Montgefond POLYGONAL IRRÉGULIER ou centré CHAMBÉRIA BEAUFORT ALIÈZE Fig. 4. Typologie des châteaux de pierre dans le Jura. (S. Guyot) des châteaux de pierre Fig. 4. Typologie PLAN BRÉVILIGNE Épercy MEUSSIA PIMORIN AUBEPIN CHATILLON Château-Sarasin LA TOUR-DU-MEIX LAVANCIA-ÉPERCY TRAPÉZOIDAL Aigle Saint-Sorlin CHAREZIER CHAUX-DU-DOMBIEF ROSAY DOMBLANS Blandans RECTANGULAIRE PUBLY Binans VERGES Vieux-Château LA CHÂTELAINE

SIROD Montrichard Vieux-Château CARRÉ ARBOIS Plan de préférence NOZEROY Château Pécauld Champ-des-Mottes CHAUX-DES-CROTENAY

451 Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien

Les formes rondes sont de deux types : les cir- ne peut être envisagé, à Andelot-Morval, en culaires et les ovoïdes. Les premières corres- revanche, son entrée fortifiée existe encore, pondent à des sites de taille moyenne, voire malheureusement en partie réaménagée, avec petite. Deux configurations se côtoient, les sites un pont en pierre remplaçant l’accès primitif. sommitaux d’une butte, comme à Germagnat (Ain), et ceux défendus par un fossé anthro- 3.1.3. Statistiques des emplacements pique, décelé à Château-Chalon, « Faratte » et des environnements (Nogna) ou « Pellapucin » (Beffia). Pour ces Sur un panel de 62 sites aux données archéolo- derniers, le tracé des enceintes n’est a priori giques et historiques suffisantes, une approche contraint par aucune formation topographique. statistique est possible pour un certain nombre Deux sites ovoïdes ont, enfin, été répertoriés, de paramètres. Montrond et Les Planches-en-Montagne. Dans L’implantation des sites castraux se situe pour les deux cas, ils occupent la totalité de l’émi- plus de la moitié d’entre eux entre 500 et 750 m nence. Montrond recevra un premier bourg d’altitude, soit au sein des premier et deuxième sur son flanc sud-ouest, qui sera transféré plateaux. Les 18 autres prennent place entre après le démantèlement du château, vers le vil- 200 et 500 m d’altitude. Notons que le premier lage actuel. Quant au second, le site médiéval plateau est parfois considéré à partir de 400 m. sera entièrement repris par la construction du Enfin, seuls six édifices correspondent au troi- « Château de la Folie » au XIXe siècle. Un riche sième plateau (tableau 1). personnage fait en effet construire un édifice de Les sites de hauteur représentent un cinquième grande taille à l’emplacement du château. À ce des configurations, tandis que ceux en plaine et jour en ruine et ayant servi de carrière, il est dif- en montagne sont plus négligeables. Pour les ficile de distinguer les reliefs primitifs de ceux sites de hauteur, les collines sont privilégiées, récemment taillés. Seule l’enceinte et une ter- suivies par le promontoire et les reculées. Les rasse peuvent être définies. implantations constatées pour ce même groupe sont en grande majorité situées au sommet et 3.1.2. Les édifices longilignes dans une moindre mesure en pente. Comme les précédents, ceux-ci comportent deux groupes typologiques, trapèzes et poly- Tableau 1 gones irréguliers. Nombre de châteaux Les tracés trapézoïdaux sont exclusivement Altimétrie Entre 200 - 500 m 18 37 % contraints par la topographie des sites choisis. Entre 500 - 750 m 32 52 % Tous sont très allongés et pourvus de défenses Entre 750 -1 000 m 6 10 % importantes à leur extrémité. Mirebel en est Relief Plaine 7 11 % sans aucun doute le plus caractéristique avec Hauteur 50 81 % une succession de trois espaces, dont la plus Montagne 5 8 % vaste au sud, reliés par plusieurs portes forti- Hauteur Colline 27 44 % fiées. À « Château-Vilain » (Bourg-de-Sirop), Promontoire 14 23 % les flancs sud et nord reçoivent respectivement Reculée 11 18 % des tours flanquées défendues par des archères- Implantation Sommet 45 73 % canonnières et des structures sommitales, alors Pente 8 13 % que neuf fentes de tir protègent l’un des accès. Plat 8 13 % En revanche, celui de Montigny-sur-l’Ain est trop ruiné pour que l’on puisse envisager son mode défensif. Dans les trois cas, les logis et les L’examen des espaces choisis et construits tours-maîtresses sont implantés après la cour, apporte également d’autres renseignements. soit à l’opposé de l’accès principal présumé. Ainsi, 42 d’entre eux disposent d’une implan- Les plans polygonaux irréguliers ont été recon- tation stratégique (68 %), marquée par la nus pour quatre édifices. Ils sont tous implantés proxi­mité d’un axe routier commercial. La plu- en bord de terrasse et en position sommitale. part de ces édifices connaissent également un À l’instar des autres, les bâtiments sont situés accroissement de leur superficie, autorisé pour en arrière et en amont des cours. À l’exception 46 d’entre eux inscrits sur des sites ouverts d’« Oliferne » (Vescles), qui présente une forte (71 %). Les observations de chronologie rela- pente, les trois autres jouissent d’un fossé intra- tive révèlent souvent deux grandes phases de muros, isolant le château proprement dit de construction avec des bâtiments primitifs des la haute-cour voire de la basse-cour. Si Valem­ XIIe-XIIIe siècles et une réorganisation dans le poulières ne permet aucune observation en rai- courant des XVe-XVIe siècles se traduisant par son de sa forte ruinification, Andelot-Morval une modification du tracé de l’enceinte, voire la et « Montdidier » (Aromas) comportent des construction d’une seconde. défenses avancées, notamment des tours flan- Du point de vue topographique, 30 sont des quées. Si pour ce dernier, aucun pont-levis édifices isolés puisqu’inscrits dans un espace

452 Deuxièmes Journées Archéologiques FrontalièresL’espace de l’Arclaïc du Jurassien Jura. Prospections-relevés sur les châteaux médiévaux du département du Jura (F)

réduit. 17 sont à proximité de bourgs, 8 de vil- défensives ou de confort. Enfin, certains monu- lages et 7 de villes (tableau 2). ments comportent encore des restes qui per- En ce qui concerne les habitats civils identi- mettent d’apprécier les tracés des espaces cas- fiables, 23 (37 %) sont implantés entre 0 et traux ainsi que de bâtiments. 24 m d’altitude de la cote moyenne du châ- teau. Dans cette configuration, le bourg s’ins- 3.2.1. Les appareils crit aux abords sinon contre le château. Les La morphologie des maçonneries est liée à plu- autres s’avèrent dissociés : 14 entre 50 et 99 m, sieurs critères, l’environnement géologique, le 10 entre 25 et 49 m, 9 entre 100 et 149 et les 5 statut du propriétaire (dont les moyens finan- derniers supérieurs à 150 m d’altitude. ciers peuvent éventuellement compenser l’ab- sence de certains matériaux au loin), les modes Tableau 2 et, bien évidemment, l’évolution générale des Nombre de châteaux techniques. Dans le Jura, ce qui prédomine, Isolé 30 48 % ce sont les moellons de taille moyenne, gros- Implantation Bourg 17 27 % sièrement équarris au marteau (têtu). Mais des habitats Village 8 13 % des variantes existent. Sur les sites de la Petite Ville 7 11 % Montagne, les châteaux sont bâtis par contre Entre 0 et 24 m 23 37 % avec des formes proches de la dalle, soit des Entre 25 et 49 m 10 16 % blocs minces, extraits et grossièrement équarris, Entre 50 et 99 m 14 23 % très proches de l’épaisseur des bancs rocheux. Altimétrie C’est particulièrement le cas d’« Oliferne » ou du bourg Entre 100 et 9 15 % 149 m de « Montgefond », où les parements s’avèrent Supérieur à 5 8 % irréguliers. Dans la zone centrale du Jura, dont 150 m la côte de l’Heute, les bâtiments de la fin du XIIe au début du XIVe siècle sont, eux, édifiés en moellons calibrés. Les assises sont alors par- 3.2. État général des sites faitement rectilignes et régulières, comme la tour-maîtresse de Mirebel, tandis que son logis, Comme partout ailleurs, nos châteaux ont plus tardif, est en moellons et plus irréguliers. subi les vicissitudes du temps et sont de ce fait Une partie de ces variantes est en effet chrono- conservés de façon différentielle. Le processus logique : à quelques exceptions près comme de destruction est à la fois direct, par le fait des « Château-Vilain » ou Nozeroy, les monuments guerres ou du démantèlement volontaire lié les plus anciens présentent plus régulièrement aux changements d’organisation de la société, des murs en grand (ou moyen) appareil, dispo- ou involontaire par un lent phénomène d’éro- sés joint sur joint, alors que les constructions sion, après abandon du site. La part de chacun plus tardives, au-delà du XIVe siècle et surtout des processus ne peut de loin pas être définie à l’époque moderne, sont érigées en moellons pour chacun des sites étudiés. Entre les men- de taille plus petite, aux arêtes plus irrégulières, tions écrites et la réalité de la destruction et de avec de larges joints de mortier, les ensembles l’abandon, la marge est importante. Ainsi, en étant même parfois enduits. Ces changements Franche-Comté, les destructions liées aux épi- pourraient être liés à des questions très pragma- sodes de la conquête française en plusieurs tiques d’épuisement des bancs rocheux superfi- étapes, (Louis XI en 1479, la guerre de Dix ans, ciels d’où l’on peut tirer de la belle pierre de autour de 1 636 et les contrecoups de la guerre taille, à une période (au-delà de 1300) où l’es- de Hollande en 1 674) sont toujours évoquées sor quantitatif des constructions tant d’édifices et rarement définissables sur le terrain. Il est religieux que civils, châteaux y compris, pro- plus vraisemblable que la plupart de nos châ- voque une sorte de « faim de pierre » de qualité teaux se sont dégradés dès lors qu’ils n’avaient plus d’utilité socio-politique, un processus par- 3.3. Les espaces intra-muros fois accéléré lorsque le pouvoir en place crai- gnait une utilisation par des opposants quel- Outre la forme générale du château, l’en- conques et surtout lorsque les sites ont pu ceinte, les fossés, la plateforme et la basse-cour servir de carrières de pierre. dépendent étroitement du lieu choisi et en La plupart de nos sites sont donc ruinés. Malgré conséquence de la topographie du site. Seuls tout, 55 (89 %) présentent encore des vestiges les sites ouverts ont pu être façonnés à la guise maçonnés et 18 (29 %) des indices topogra- des constructeurs. phiques en terre. Du seul point de vue archéo- logique, le potentiel s’avère incontestablement 3.3.1. L’enceinte et le fossé riche pour au moins 48 d’entre eux (77 %) qui Pour les édifices bâtis en sommet de colline, comportent des vestiges maçonnés sur un ou l’enceinte et les fossés s’inscrivent quasi systé- plusieurs niveaux, parfois pourvus de structures matiquement en périphérie de la plateforme,

453 Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien

induisant la taille et la configuration de la mais 53 ne sont pas visibles ou identifiables. basse-cour. Les observations effectuées sur ces Toutes sont des tours-résidences, celle du châ- maçonneries montrent qu’elles sont invariable- teau du Pin étant la plus monumentale. ment rectilignes, quelle que soit la configura- Leur état de conservation ne permet pas tou- tion du plan, notamment circulaire comme à jours d’observer leur équipement défensif. Les Montrond ou à Germagnat. Notons toutefois plus complètes, construites aux XIIe-XIIIe siècles, que l’espace ainsi décrit est dans la plupart des ne révèlent que peu d’indices. En revanche, il cas polygonal. Les élévations conservées sont en apparaît que, pour les rares exemples conservés revanche très variables d’un site à l’autre, par- (Dramelay, Marigna-sur-Valouse, Montrond, ticulièrement pour les sites en ruine. Les plus Présilly, Le Pin, Rosay), leur accès primitif pri- hautes sont visibles à « Montdidier » (Aromas) vilégiait une porte (piétonne) en hauteur. À et à Montrond, atteignant plus de 10 m. Les Marigna-sur-Valouse et Présilly, on conserve fossés, quand ils sont encore visibles et anthro- même les modes d’attaches du dispositif d’ac- piques, soulignent l’enceinte. Tous sont secs et cès en bois. Les unités les plus complètes pré- en U, taillés dans le rocher (86 %). Pour ces sentent encore également des traces de bre- derniers, les blocs extraits ont a priori servi tèches ou de mâchicoulis comme systèmes de de matériaux à l’édifice. Cette observation est protection. Quant aux circulations internes, les manifeste au « Château-Sarasin » (Meussia) et escaliers sont parfois incorporés dans les murs au « Châtelet » (Les Planches-en-Montagne), où porteurs de La Chaux-des-Crotenay, de « Beau des traces d’outils sont décelées sur le rocher, le regard » (Publy), d’Épercy et de Marigna-sur- pic et le marteau taillant. En présence d’un fossé Valouse. D’autres systèmes existent, comme au ou d’un à-pic, les maçons ont invariablement château du Pin où cette circulation intérieure a épousé l’arête supérieure. Ils ont alors parfois pu faire l’objet d’une étude poussée, permettant réalisé des constructions vertigineuses, dont de proposer leur restitution (fig. 5), et ce, mal- les plus notables sont l’« Aigle » (La Chaux-du- gré d’importantes reprises, notamment l’inser- Dombief) ou à La Châtelaine, qui surplombent tion de l’escalier hélicoïdal à la fin du XVe siècle. un vide d’une centaine de mètres. Après l’accès par la porte piétonne nord, la Les édifices implantés sur des sites ouverts ne circulation entre les deux espaces internes du présentent souvent plus leur fossé. Ils sont niveau 1 n’est pas connue. L’ascension à l’étage comblés après leur démantèlement ou par les est décelée par le jambage et le départ d’arc exploitations agricoles contemporaines. Les d’une porte dans le refend, alors que l’implan- érudits et historiens locaux du XIXe siècle sou- tation de l’escalier ouvert est déterminée par le lignent cependant leur tracé et leur forme, sec jambage qui se trouve entre les niveaux 1 et 2, et en U. Les hauteurs exprimées se situent le ajusté à l’emplacement de la chapelle de la fin plus souvent entre 1 et 4 m (13 sites ; 21 %) et du XVe siècle (mur est). Les différents ressauts entre 5 et 10 m (14 sites ; 23 %) alors que 10 dans la maçonnerie trahissent aussi ces implan- sont comblés et sans mentions (16 %). Quant tations. Les circulations entre les espaces nord aux enceintes, les constructions les plus tar- et sud de ces mêmes niveaux s’effectuent par dives les ont régulièrement enchâssées, mais les des portes à piédroits et arc taillés, superposées modes constructifs s’avèrent distincts. et établies à proximité de degrés. Entre le 3e et À plusieurs reprises ont été observés des le 4e niveau, l’escalier prend place à l’opposé doubles fossés. Deux raisons sont envisa- du bâtiment, sur le flanc ouest (mur ouest). geables à ce jour et avant toute fouille archéo- Son arrivée dans le refend est encore présente. logique. Pour « Binans » (Publy), La Châtelaine Cette volée est donc implantée sur un res- et « Montdidier » (Aromas), le fossé sépare le saut de maçonnerie de l’espace sud, démonté château à proprement parler du bourg ou de pour le percement d’une ouverture à la fin du la basse-cour ; pour La Chaux-des-Crotenay, La XVe siècle. Enfin, une porte contiguë permet Tour-du-Meix, et « Montrivel » (Équevillon), la la circulation entre les deux espaces de l’étage. raison semble chronologique, le château primi- Pour les trois niveaux, les circulations verti- tif étant réorganisé tardivement, probablement cales s’effectuent seulement dans les murs est après le passage des troupes de Louis XI. et ouest. Quant aux modes de couvrement primitifs de 3.3.2. Les tours-maîtresses ces tours-maîtresses, leur examen actuel ne Ces tours, autrefois appelées donjons, sont les livre guère d’indices. Si la lauze semble privi- bâtiments les plus imposants ou remarquables légiée, car constatée par des éléments in situ de nos sites. Hauteurs d’élévations et épaisseurs ou des traces aux chéneaux, il est possible que de leurs maçonneries les démarquent aisément leur emploi soit tardif, à l’image des habitats des autres constructions, notamment du logis et civils et religieux. Selon notre étude inédite sur des communs. Elles adoptent des formes essen- les couvertures en pierre, leur développement tiellement polygonales avec quatre, cinq ou se situe en effet aux XVe-XVIe siècles pour les six côtés (respectivement 10, 1 et 2 exemples), édifices religieux et même plus tardivement,

454 Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien L’espace laïc du Jura. Prospections-relevés sur les châteaux médiévaux du département du Jura (F)

Niveau 3

Mur est Parement interne

Niveau 2

Niveau 3

Niveau 2

Niveau 1

Niveau 1

Mur ouest Parement interne 0 10 m

Fig. 5. Circulations internes du donjon du Pin. (S. Guyot)

455 Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien

aux XVIIIe-XIXe siècles pour les bâtiments On notera l’association de la grande salle et de civils (Guyot 2009b). À ce jour, les données la chapelle/oratoire aux surfaces restreintes à comparatives, exception faite des bâtiments Marigna-sur-Valouse, au Pin, à La Tour-du-Meix construits ou transformés au courant des XVIe ou à Verges. À l’exception du Pin, les trois autres et XVIIe siècles, s’avèrent trop lacunaires pour sont engagées dans des édicules en encorbelle- attester de leur présence dès les origines de ces ment. Enfin, il faut signaler la découverte d’une constructions. salle des bains à « Scey » (Chassagne-Saint- Denis, Doubs) en 2006 (Guyot 2006) dans le 3.3.2. Les logis logis Montsoufflot du XVIe siècle. Les 21 logis les mieux conservés longent sys- tématiquement la cour ou la haute-cour. Ils 3.3.3. Les tours sont constitués par des maçonneries moins Les tours défensives sont au nombre de 44 épaisses que la tour-maîtresse. Aucune struc- unités, observées sur 33 sites. Seules les plus ture de défense n’est constatée sur le bâti- complètes sont prises en compte ici, en négli- ment lui-même. En revanche, plusieurs tours geant celles reconnues par leurs seuls vestiges qui lui sont flanquées témoignent de fentes talutés Parmi elles, 28 sont de section circu- de tir (« Oliferne »), d’archères-canonnières laire (64 %), essentiellement comme flanque- (Marigna-sur-Valouse, Verges) ou des mâchi- ment dans les angles des courtines. Dans cette coulis (« Blandans »). Ces logis sont éclairés par configuration, elles possèdent des fentes de tir des fenêtres de grande taille, notamment pour ou des archères-canonnières (« Binans », Vers- les constructions et les reprises du XVe siècle en-Montagne) et pour les constructions les et plus encore pour les transformations du plus récentes, des canonnières (Marigna-sur- XVIIIe siècle. Rares sont les exemplaires médié- Valouse, Verges). Les autres sont polygonales vaux conservés. L’organisation interne n’est que avec des formes et tailles variées : neuf sont partiellement cernée, mais le triptyque aula, proches du carré (Dramelay, « Montdidier »), camera et capella apparaît systématiquement quatre du rectangle (La Chaux-des-Crotenay), pour les mieux documentés. Deux physiono- deux de l’hexagone (Marigna-sur-Valouse, mies se côtoient cependant. Pour la première, « Pymont ») et un seul de l’octogone (« Beau les espaces utilitaires semblent se cantonner au regard »). rez-de-chaussée, les salles d’apparat au premier étage, souvent dotées d’une chapelle ou d’un 3.3.4. Les porteries oratoire (Verges). Les chambres prennent ici Les porteries sont relativement mal conser- place au second étage. Si dans la seconde confi- vées, sans doute parce qu’elles ont dû subir les guration les chambres sont toujours implan- attaques de façon privilégiée ou dû être déman- tées à l’étage supérieur, la grande salle et les cui- telées pour démilitariser les sites. Les plus sines sont adossées, notamment à « Blandans ». complètes sont des tours-porche, avec des élé- ments défensifs importants, une épaisseur des maçonneries conséquente et une présence sys- tématique de fentes de tir. La plus notable est celle de « Château-Vilain » (Bourg-de-Sirod) : elle comporte une porte charretière, protégée par deux tours engagées munies de trois fentes de tir périphériques et une herse. En présence d’un fossé, la porterie est équipée d’un pont- levis simple – charretier – ou double – charre- tier-piétonnier (Marigna-sur-Valouse, Présilly) (fig. 6). Dans les deux cas, la herse et les mâchi- coulis semblent systématiques. Enfin, aucune défense avancée de type barbacane n’a pu être reconnue sur les sites étudiés. Seul Présilly dis- posait d’un châtelet, désormais bien connu par la fouille et étudié dans le cadre d’un mémoire universitaire (Rousset 2008). Deux autres struc- tures avancées sont encore mentionnées à Arlay et au Pin, mais aucun indice ou étude ne per- met de prouver leur existence.

3.3.5. Les communs Plus encore que les bâtiments à vocation

Fig. 6. Porterie du château défensive ou résidentielle, les communs intra de Présilly (39). (S. Guyot) ou extra-muros ont subi de nombreuses

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dégradations. Les plus complets s’apparentent d’arquebuses, contrairement au modèle à canon à des aires de stockage comme pour quatre de « Château-Vilain ». Elles appartiennent­ à des d’entre eux (dont la grange du XVe siècle de bâtis d’époque moderne. Présilly), ou d’écuries pour quatre autres (dont Les bretèches, enfin, sont implantées dans les celle de Chevreaux qui a fait l’objet d’une derniers niveaux mais pas de manière sommi- fouille archéologique complète ; Schwien- tale au contraire des mâchicoulis. Des indices Jeannin sous presse). Toujours à Présilly, un de bretèche ont été observés à « Blandans » colombier indépendant du XVe siècle, partiel- (Domblans) et au Pin. Si pour ce dernier, seules lement restauré au XIXe siècle puis dans les les traces de l’ouverture sont perceptibles, les années 1990, occupe un angle de la basse- deux unités de « Blandans » sont conservées cour. D’autres types, intégrés dans des murs, dans les combles actuels. Les édicules prennent existent également à Marigna-sur-Valouse et place sur une série de corbeaux en quart-de- Vallerois-le-Bois (Haute-Saône). Enfin, un gre- rond. Contrairement à celle du château du Pin, nier (La Tour du Meix et Présilly), une étable les deux bretèches ne sont cependant pas placées (« Aigle ») et une forge (« Pymont ») ont aussi à la verticale de l’ouverture, actuellement obtu- été identifiés. rée et remplacée par une cheminée, mais de part et d’autre, engagée et protégées par les deux tours 3.4. Les structures de défenses flanquées.

Les vestiges les plus complets permettent 3.4.2. Les structures sommitales d’identifier­ quatre formes de structures défen- L’identification des défenses sommitales est évi- sives. L’inventaire-prospection s’est en revanche demment liée à la conservation des monuments. essentiellement focalisé sur les monuments en Elles sont donc essentiellement repérées sur des ruines. Des défenses murales, sommitales, les sites habitables ou habités, ainsi que dans les chemins de ronde et les ponts-levis sont néan- ruines les mieux conservées. Trois formes de moins identifiés parmi tous les sites retenus. structures ont été repérées, les échauguettes, les hourds et les mâchicoulis. 3.4.1. Les structures murales Les échauguettes subsistent au Pin et à « Beau Parmi les défenses frontales, les fentes de tir regard » (Publy). Dans les deux cas, elles sont sont prépondérantes pour les bâtiments juras- situées dans les chaînages de la tour maîtresse. siens, inscrites notamment dans les murs bou- Au Pin, quatre unités identiques (non datées cliers des porteries et surtout des enceintes. Les mais en place au XVIe siècle au moins) prennent plus communes sont les fentes de tirs droites place sur un double encorbellement en quart- à ébrasement interne. Certaines adoptent des de-rond, à ce jour enchâssé dans le chemin de chanfreins externes sur les jours. Par com- ronde, érigé dans les années 1930-1933. Avant paraison avec d’autres régions, on peut les cette date, les quatre exemplaires dépassaient attribuer au XIIe, pour l’essentiel et pour par- des rives du toit. Pour « Beauregard », la structure tie au XIIIe siècle. Nous en connaissons ainsi datée du XIIe siècle est fondée sur sept encorbel- à Château-Chalon, Dramelay et Mirebel. lements chanfreinés. D’autres, dépourvues de chanfrein, ont été rele- Toujours en encorbellement sur les façades exté- vées sur quinze sites. Seul « Château-Vilain » rieures, le hourd ne peut être que supposé de (Bourg-de-Sirod) possède des fentes de tir à façon hypothétique, de par la présence d’encor- double ébrasement, soit neuf archères alignées bellements ou de corbeaux, ce qui est le cas à hori­zontalement sur le même flanc. Château-Chalon et à « Pecauld » (Arbois). À Les archères-canonnières sont présentes dans Andelot-Morval, A. Rousset mentionne la pré- une dizaine de sites dont celui de « Pecauld » sence d’une « galerie en bois » (Rousset 1853, (Arbois), de l’Aubépin, du Pin, de Présilly et p. 2331). Enfin, un dernier exemplaire subsiste d’Arlay. Ce dernier monument dispose d’ail- sur la porte du bourg d’Arlay. leurs des deux modèles, les archères et les Quant aux mâchicoulis, ils n’ont été obser- archères-canonnières. Elles ne sont pas incor- vés que sur deux sites. À Marigna-sur-Valouse, porées dans les mêmes bâtiments, témoignant les traces s’avèrent très fugaces, exclusivement évidemment de différences chronologiques, déterminées par des corbeaux taillés en quart-de- les premières appartenant à des constructions rond, placés au-dessus des portes charretière et antérieures au XIVe siècle et les secondes étant piétonnière du front d’entrée. Au Pin, les mâchi- plus tardives. coulis sur la tour-maîtresse appartiennent à une Les canonnières sont les structures les plus construction de 1930-1933, souhaitée par le tardives. Nous en disposons à l’Aubépin, à propriétaire malgré son inscription à l’inventaire « Château-Vilain » (Bourg-de-Sirod), à Épercy, en 1926. Un dessin à la sanguine du XVIe siècle à La Tour-du-Meix, à Marigna-sur-Valouse et apposé dans une embrasure de fenêtre prouve à Verges. Pour ces deux derniers sites, il s’agit leur absence. En revanche, les corbeaux soute- de petits modèles réservés à l’unique emploi nant la toiture sont réemployés à cet effet.

457 Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien

3.4.3. Crénelage et chemins de ronde 3.5. Les escaliers et Placé dans œuvre, le chemin de ronde est pré- les structures de conforts sent sur cinq monuments en ruine ou habi- tables. Ils prennent place au sein de trois bâtis Le mauvais état de conservation de la majeure différents. À Marigna-sur-Valouse, il est incor- partie des édifices n’a pas permis de mettre en poré dans la tour-maîtresse du XIIIe siècle. À évidence les autres structures en grand nombre ce jour, ce dernier est inaccessible mais semble comme les escaliers, cheminées ou latrines. être contemporain de la tour, desservi par l’es- calier également incorporé. Plusieurs fenêtres 3.5.1. Les ouvertures : portes et fenêtres sont présentes, dotées chacune d’un volet à Contrairement à d’autres régions, la Franche- charnière haute par des doubles corbeaux. À Comté n’a jamais fait l’objet d’une enquête Présilly, les bribes des circulations sur dalles, méthodique de ses ouvertures (y compris des pourvues d’un petit encorbellement interne, édifices civils urbains), si bien que leur étude et deux baies dont une au moins avec des cor- dans l’unique contexte castral ne peut aboutir beaux pour un mantelet (ou volet) sont conser- à des conclusions fermes pour l’instant. Nous vées au dernier niveau des logis ; les fouilles des avons engagé un tel recensement pour les châ- fossés du châtelet ont montré que celui-ci en teaux depuis 2009, mais ses résultats ne nous était équipé également (Rousset 2008). Enfin, permettent pas encore d’établir une chrono- un chemin de ronde est également observable typologie locale. Les vestiges en place sont en sur les enceintes de la haute-cour au Pin et à effet souvent partiels, mal cernés chronologi- Vers-en-Montagne ainsi que celle du bourg quement et dans les détails avec des modéna- pour « Oliferne » (Vescles). Pour chacun de ces tures multiples et très variées : l’une des carac- exemplaires, aucune défense de type fente de téristiques locales est en effet l’emploi général tir n’est repérée, potentiellement détruite ou (sur tous les types d’édifices, y compris reli- modifiée. gieux) d’une pierre calcaire très dure (donc Le crénelage classique, avec alternance de mer- difficile à tailler finement) et gélive (ce qui lons et créneaux est apparemment absent du gomme rapidement les traces de taille voire de mode de défense sommitale dans le Jura et décor sous l’effet du gel). peut-être même en Franche-Comté (un seul exemplaire attesté à Oricourt, Haute-Saône). 3.5.2. Les escaliers Les seuls éléments sont donc ces ouvertures Ils sont de plusieurs types, ceux de service, équipées de volets (mantelets), comme à implantés dans tous les bâtiments, qu’ils soient Présilly, qui ailleurs apparaissent comme des défensifs ou utilitaires, et les autres, présents modifications tardives liées aux premières dans les tours-maîtresses et les logis. Les pre- armes à feu (XVe-XVIe siècles). miers sont souvent des constructions sans détail esthétique. Les blocs employés s’avèrent 3.4.4. Les ponts-levis seulement taillés en section quadrangulaire, les Ils sont bien documentés dans notre corpus marches n’étant pas systématiquement enga- jurassien. Aucune de leurs structures en bois gées dans les maçonneries, contrairement aux n’en subsiste mais les archives écrites en men- unités incorporées. Ces dernières sont de petite tionnent fréquemment. C’est le cas de quinze taille, inférieures à 0,90 m de largeur, sou- châteaux (Andelot-Morval, Aubépin, Bourcia, vent complétées par un couvrement en lauzes. « Binans » à Publy, Chambéria, Dramelay, Quant aux escaliers dans les espaces seigneu- Marigna-sur-Valouse, Mirebel, Montrond, riaux, l’esthétique est plus soignée. L’escalier Nozeroy, « Pellapucin » à Beffia, Le Pin, « d’honneur » du château de Nozeroy est stylis- Pimorin, Saint-Laurent-la-Roche et « Oliferne » tiquement le plus abouti. Les fleurs de rinceaux à Vescles). Parmi ces sites, les flèches peuvent et autres grappes de raisin embellissent les arca- par ailleurs être observées à Marigna-sur- tures alors que des deux personnages chacun Valouse, Le Pin et Présilly. Ce dernier possède sur une barque (fig. 7) et des sculptures zoo- de plus les deux paires de rotules de ses trois morphes sont taillés sur le noyau et dans l’une ponts-levis, porte intérieure, porte extérieure des mains courantes. et châtelet (Rousset 2006). À l’exception du Les deux principales formes d’escaliers sont Pin, qui ne comprend qu’une paire de flèches, présentes partout, les droits étant les plus reprises très tardivement, les deux autres dis- nombreux avec 13 unités, dont 8 incorpo- posent de deux portes, une charretière et une rées (« Beauregard », « Blandans », « Château-­ piétonnière et donc de trois flèches. Vilain », « Épercy », « Montrivel », « Mont­­ richard­ », Nozeroy). Celui de Marigna-sur- Valouse est sans aucun doute le plus complexe. Les quatre étages dont la galerie sommitale sont desservis par un escalier incorporé dans le même parement, alors que le premier étage est

458 Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien L’espace laïc du Jura. Prospections-relevés sur les châteaux médiévaux du département du Jura (F)

Main courante sculptée tore outre passé et scotie droite Repos supposé, retour complet à droite 5,00

Sculpture zoomorphe

Mur de cage 3e volée 4,00 4,00 Sculpture d'une main Culot de voûte replacé

Position théorique du Palier supposé culot de voûte Engravure et réservation de la voûte

3,00 3,00

Main courante sculptée tore outrepassé et scotie droite

Sculpture végétale 2,00 (feuilles de vigne & grappes de raisins) 2,00

Repos supposé, retour complet à droite

Sculpture de deux hommes sur leur barque 1ère volée 1,00 1,00

Sculpture végétale (arbre aux branches coupées)

Reprise de maçonnerie récente Sculpture zoomorphe Palier supposé 0,00 m 0 1 m Restitution des marches d'escalier en degré droit rentrant

Fig. 7. Parement ouest accessible par une poterne. Les escaliers droits prouvent l’existence de poêles en céramique à du mur-noyau de la cage correspondent essentiellement à des dessertes Beaufort, Mirebel et Saint-Laurent-la-Roche, d’escalier du château de e Nozeroy (39). (S. Guyot) secondaires. Ils sont souvent peu larges, hormis datables de la seconde moitié du XV et du celui de Nozeroy. Rappelons que l’escalier pri- courant du XVIe siècle. D’autres exemplaires mitif du Pin (fi g. 5) a été entièrement repris par de carreaux de poêle du XVe siècle ont été l’insertion d’un modèle hélicoïdal à la fi n du observés dans les gravats de la porterie du châ- XVe siècle. teau de Montfaucon dans le Doubs (Schwien Les unités plus récentes, à partir du XVIe siècle, 1999), une structure complète à pots ou gobe- semblent disposer d’une inclinaison plus faible lets vernissés de même période étant en cours que ceux antérieurs. Le chanfrein apparaît éga- de fouilles dans une partie du logis à l’heure lement plus systématique sur les dalles du actuelle (2011). couvrement. Pour les modèles hélicoïdaux, le Deux groupes de cheminée se distinguent, chanfrein est également constaté en sous-face celles antérieures aux XIVe-XVe siècles et celles des marches supérieures. Quinze exemples sont postérieures. Les premières sont observées sur hélicoïdaux, datables du XVe siècle au plus tôt quelques sites, notamment la tour-maîtresse et observés pour huit châteaux. Tous arborent du château du Pin. Malgré les modifi cations une base prismatique aux sculptures soit four- récentes en cours de travaux (et non relevées), nies (pour l’escalier du logis de La Chaux-des- les unités primitives du XIIIe siècle sont encore Crotenay) soit plus sobres (tour-maîtresse du perceptibles. Il s’agit de modèles très som- Pin ou de Nanc-lès-Saint-Amour). Les plus maires, formés de deux corbeaux droits engagés. récents ne présentent qu’un simple tore comme La hotte n’est plus conservée et la modifi cation à Verges. Un escalier à vis incorporé est conser- des sols de circulation altère les dimensions du vé dans la tour sud-est du château de La Chaux- contrecœur. Un autre exemplaire est conservé des-Crotenay et à Présilly. à l’étage du donjon de Présilly, avec des traces de hotte en bois et un cœur légèrement mar- 3.5.3. Les cheminées qué dans l’épaisseur du mur. Les cheminées Les structures de chauffage se limitent à 47 che- construites à partir du XVe siècle sont pré- minées observées sur 24 édifi ces, alors que plu- sentes en plus grand nombre. Toujours au sieurs tessons de carreaux pleins ou en corniche Pin, la cheminée de la grande salle présente

459 Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien

une modénature simple pour ses jouées et puisage, mais aussi souvent une source ou une son manteau, mais la hotte est pourvue d’une résurgence naturelle à proximité. peinture héraldique de 1634. Les autres sont Notre enquête a ainsi permis de repérer 23 dispersées dans les châteaux en ruine, où elles citernes (Andelot-Morval, Arlay, Château- sont conservées en l’état, comme à « Binans » Chalon, « Château-Vilain » à Bourg-de-Sirod, (Publy), Bourcia, La Châtelaine, « Montrivel » La Châtelaine, Marigna-sur-Valouse, Mirebel, (Équevillon), « Oliferne » (Vescles) ou . « Mongefond » à Charnod, Montigny-sur- La tour-maîtresse du XIIIe siècle de Marigna- l’Ain, « Montorient » à , Nozeroy, Le sur-Valouse comporte le seul exemplaire qui Pin, Présilly (et « Beaulieu »), « Pymont » à soit engagé dans un chaînage. Les autres se Villeneuve-sous-Pymont, « Binans » à Publy, placent au sein d’un parement droit ou dans la « Oliferne­ » à Vescles, Rosay, Saint-Laurent-la- tour circulaire pour Ougney. Deux modèles se Roche, Verges). Seul le site d’Andelot-Morval côtoient avec ou sans jouées. Pour celles qui en en comporte plusieurs, soit 4 au total, répar- sont pourvues, le tore massif sur base prisma- ties aux abords de la tour-maîtresse et dans la tique est le plus commun. Les autres sont seu- haute-cour. Deux plans coexistent, quadrangu- lement constituées de consoles à profil galbé et laires – le plus fréquent – et cylindriques (Arlay, chanfreiné. La fouille de la tour-maîtresse de « Beaulieu », « Binans », « Château-Vilain », Mirebel a permis de mettre au jour en 2010 un Monti­ gny-sur-l’Ain,­ Le Pin et Rosay). Dans la exemplaire unique, doté des feuilles d’acanthes majeure partie des cas, ces stockages sont ins- (Guyot 2011b). tallés dans la haute-cour, alors qu’un faible nombre se rencontre dans la basse-cour ou 3.5.4. Les latrines dans le bourg comme à La Châtelaine. Le mode Les latrines mises en évidence ne concernent d’alimentation de ces citernes, par conduites que des vestiges incomplets. Ceux-ci, avec 16 depuis les toitures ou ruissellement sur le sol, unités dans le Jura, permettent néanmoins de n’est pas connu, par absence généralisée de distinguer les trois types d’évacuation repé- fouilles conséquentes. À Présilly, une fouille rés un peu partout. Les édicules en encorbel­ complète a toutefois pu être menée, mettant au lement visibles à Andelot-Morval, Arlay, jour un seau en bois et divers autres objets ; vu Mirebel, Le Pin, « Beauregard » et « Binans » sa position, cette citerne était sans aucun doute (Publy), sont les plus abondants. Ces struc- alimentée à partir d’un angle de la toiture du tures appartiennent toutes aux bâtiments sei- donjon ; l’étanchéité de cette citerne était d’ail- gneuriaux, tours-maîtresses ou logis. Le second leurs encore complètement active, avec un mor- type, construit dans l’épaisseur du mur avec un tier de tuileau enduisant les parois : depuis la conduit biais débouchant sur le parement exté- remise en place d’une voûte et d’un pertuis, elle rieur (et à des hauteurs variables) a été recon- sert de cuve de stockage (sans perte) pour les nu à La Tour-du-Meix, à Montigny-sur-l’Ain, à travaux de restauration au château (Schwien Chevreaux, à Nanc-lès-Saint-Amour. Le dernier 1999). type enfin, associé à une fosse (rarement recon- Deux structures circulaires pouvant être des nue directement) est présent à l’« Aigle » (La puits sont présentes à « Montrichard » (Sirod) Chaux-du-Dombief), à Verges et sans doute à et à Saint-Laurent-la-Roche, celui-ci en complé- Présilly, ici d’ailleurs avec un siège double. ment d’une citerne quadrangulaire et partielle- Les latrines sont toutes situées sur des éléva- ment fouillé (Jeannin 1982 ; Guyot 2000). tions externes aux enceintes, à l’opposé des Plusieurs de nos sites disposent également accès, les fossés faisant office de réceptacle. Du de sources dans leur proche environne- point de vue de la chronologie, il semble que ment. C’est le cas des châteaux de l’« Aigle » les édicules en encorbellement soient plus pré- (Chaux-du-Dombief), « Beauregard » (Publy), coces que les latrines à conduits. Ces dernières Clairvaux-les-Lacs, , Mirebel et Vers- apparaissent lors de modifications ou de trans- en-Montagne. À l’exception de ce dernier site, formations aux XVe et XVIe siècles, alors que les toutes les autres résurgences se situent hors unités de Mirebel, du Pin et de « Beauregard » enceinte. La plupart sont également aménagées appartiennent aux constructions primitives de de diverses manières, avec des sortes de bassins la fin du XIIe et du XIIIe siècle. et des systèmes de couvrement (en pierre et terre), mais dans un état apparemment tardif, 3.5.5. L’alimentation en eau : ces sources ayant servi encore après l’abandon citerne, puits et sources des sites. Il peut paraître étrange d’avoir des L’alimentation en eau est l’élément indispen- structures aussi importantes pour la vie du châ- sable pour l’installation des édifices castraux. Si teau hors les murs, mais le cas existe de façon toutes les sources d’approvisionnement ne sont générale partout ailleurs. Ces sources apportent pas repérées en raison de l’état sanitaire des en effet de l’eau filtrée en bas de coteau, donc ruines, tous les sites comportent de manière potable pour l’homme, en complément de obligatoire des structures de stockage ou de l’eau croupissante des citernes qui ne peut être

460 Deuxièmes Journées Archéologiques FrontalièresL’espace de l’Arclaïc du Jurassien Jura. Prospections-relevés sur les châteaux médiévaux du département du Jura (F)

utilisée que pour les besoins domestiques, l’histoire des autres sites (mottes et châteaux l’alimentation des animaux ou divers travaux de pierre « ruraux ») est à reprendre pour corri- (maçonnerie, forge). La chose paraît moins ger et compléter les notices sans références du étrange si l’on considère les conditions habi- XIXe siècle (Rousset, Feuvrier). tuelles de la vie de château, le caractère exter- Dès lors que ce travail sera fait, on pourra peut- nalisé des sources, c’est-à-dire hors du domaine être répondre aux deux questions principales : protégé, ne pose en réalité pas de problème qu’est-ce qu’un château et à quoi sert-il ? majeur si l’on tient compte du fait que l’état À la première question, il a déjà été répondu habituel d’un château n’est pas d’être en état de partiellement pour les époques primitives : il siège. En réalité, le château n’est soumis à un s’agit d’une résidence des élites laïques, com- siège que de façon exceptionnelle, voire pour portant salle (aula), chambres (camera) et cha- beaucoup d’entre eux jamais. De ce fait, l’accès pelle (capella), protégée par une enceinte et (et la sécurité alimentaire) de la source n’est généralement valorisée par une tour (le don- pas un problème. jon ou tour-maîtresse). Pour les époques sui- vantes, on a étudié les forteresses ou tenté de définir des typologies-chronologie des « haut- 4. Conclusion châteaux », mais bien peu considéré les sites dans leur globalité, avec leur cour basse. Or, Notre tour d’horizon a permis de caractériser celle-ci est au château ce que les communs sont la nature des sites, les contextes de conserva- aux abbayes centrées sur leur clôture, le centre tion et l’organisation interne des espaces. À de leurs ressources matérielles. En termes de chaque fois, nous avons rencontré des ques- peuplement, le couple haut château/cour basse tionnements liés à la place du château dans son offre un espace résidentiel en grande partie environnement, matériel et historique. Si pour autarcique, tout comme les abbayes (fig. 8). les premiers (topographie, ressources construc- À la seconde question, il a de même été répon- tives, densité du réseau...), les données sont du pour leur place dans les politiques terri- satisfaisantes – parce qu’en partie intemporelles toriales des familles, villes ou états, avec des – pour réfléchir à l’organisation spatiale de développements sur le rôle symbolique de ces ces structures, pour les secondes, en revanche, monuments qui servent d’ascenseur social tout nous restons globalement démunis. Il manque au long de leur histoire. En revanche, on a peu en effet un nombre suffisant de monographies étudié le rapport entre ces châteaux et les sei- permettant de déterminer l’histoire des familles gneuries dont ils sont la microcapitale. Plus qui ont construit et/ou occupé les sites ; il n’y a exactement, les historiens ont depuis long- pas non plus assez d’analyses en chronologie temps précisément décrit les origines et l’orga- relative et absolue, issues de fouilles et de rele- nisation de ces entités économico-politiques vés d’élévations, pour proposer des étapes fines au cœur des pouvoirs féodaux naissants, mais, du mouvement castral. Il paraît certes évident au-delà de 1300, elles disparaissent des pro- qu’ici comme partout ailleurs en Europe, l’his- blématiques générales. Cependant, c’est pré- toire des châteaux a connu trois grandes phases cisément là qu’elles structurent durablement de développement : la haute noblesse est à l’ori- (jusqu’à la Révolution) l’espace rural européen, gine des premiers sites entre l’an mil et 1200, générant d’ailleurs une documentation consi- mais portant sur un petit nombre ; au cours du dérable (inventaires de droits, comptes...) mais XIIIe siècle ensuite, on observe un essor sans largement sous-exploitée par les recherches. Or, précédent des châteaux, le plus souvent du fait il apparaît plus que probable pour notre sujet de la petite noblesse ; enfin, après 1300, il n’y que les modalités de conservation et de trans- a plus guère de châteaux neufs alors que beau- formation d’une bonne part de nos châteaux coup disparaissent, par la guerre, l’abandon sont directement liées à la pérennité de ces du fait d’inadaptation des sites ou de l’extinc- centres de ressources que sont les seigneuries tion de certaines familles nobles ; un certain au-delà des années 1300-1400, alors même que nombre est en revanche adapté à de nouvelles les sites perdent en partie leur attrait comme modalités de confort (à la Renaissance surtout) résidence nobiliaire. C’est certainement dans voire défensives, avec quelques transformations les contours (physiques et immatériels) de ces en forteresses. territoires seigneuriaux que réside une partie Mais ce schéma chronologique général ne peut des clés de lecture de l’histoire et de l’organisa- être adapté au cas par cas à nos sites, chose pour- tion du peuplement jurassien (et ailleurs) dans tant nécessaire pour évaluer les relations avec le la seconde partie du Moyen Âge. peuplement alentour, abbayes, prieurés, villes et villages (voir à ce sujet Bischoff et Schwien 2012 ; Schwien 2012). Si les bourgs castraux ont été étudiés (bien que le travail reste à finaliser pour le département du Jura proprement dit),

461 Deuxièmes Journées Archéologiques Frontalières de l’Arc Jurassien s f ensi f erie t or P et espaces dé dins anges G r C ours/ja r ge o r erne F our basse C i t Pigeonnier ournil C UNS/ eurs t Artisans- f curies Logis OM M

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e i r e t r o P e age oi r erne ésor a t r Bains T C ours/ C i t Latrines O r C ouloirs C hauf f e t e on ants Don j épouse C elliers C hamb r our hau C h. en f C . e OGIS/ L Salle uisines C seigneur C hamb r C h. domes t Fig. 8. Le plan idéal d’un château, avec la nomenclature des espaces fonctionnels (extrait de Schwien, Dossiers de l’Archéologie, 2012). des espaces fonctionnels (extrait de Schwien, Dossiers l’Archéologie, Fig. 8. Le plan idéal d’un château, avec la nomenclature

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