Noyonnais

28 Juillet 2020

L’ÉGLISE CHEZ NOUS ◗ 2 Célébrations et Assomption

ÉDITORIAL ◗ 3 Une halte pleine de surprises

ART & CULTURE ◗ 15 Le confinement de Noé

C’EST MON HISTOIRE ◗ 16 Odile, infirmière en Ehpad

ÇA SE PASSE CHEZ NOUS Confinement : de l’ombre à la lumière ?

oise.catholique.fr 12104 2

CONTACTS L’ÉGLISE CHEZ NOUS

PAROISSE DE CARLEPONT Messes dominicales en juillet-août Père Guy-Marie Tavignot, vicaire (sous réserve de modifications en fonction de l’évolution 10 rue du Général de Gaulle 60 170 Carlepont des mesures sanitaires) 03 44 30 82 31. SAMEDI [email protected] ~~18h30, Guiscard (juillet), Ribecourt (août) ; Permanence : vendredi matin de 10h à 12h 19h, cathédrale, Noyon. ~~ PAROISSE DE GUISCARD Communauté paroissiale de Carlepont, samedi, 18h30 : 4 juillet à Caisnes, 11 et 18 juillet à Tracy-le-Mont, 25 juillet à Caisnes. Père Benoît Lecointe, administrateur ~~Communauté paroissiale de Lassigny, samedi, 18h30 : 306 rue du Château - BP 27 - 60 640 Guiscard 1er août à Lagny, 8 août à Laberlière, 03 44 43 20 48 - 03 44 44 02 05 22 août à Candor, 29 août à Dives. Maison paroissiale : 03 44 30 82 31 DIMANCHE [email protected] ~~10h30 : cathédrale, Lassigny. Permanences à la maison paroissiale, le samedi : 10h-12h ~~11h : Carlepont et Ribecourt (juillet), Guiscard (août). PAROISSE DE LASSIGNY MESSES DE L’ASSOMPTION, SAMEDI 15 AOÛT ~~11h : Carlepont, Guiscard et Ribecourt. Père Serge Hallette, vicaire ~~Cathédrale, Noyon : vendredi 14 août 19h, 2 rue de la Basse ville 60 310 Lassigny samedi 10h30 (et procession mariale à 20h30). 03 44 43 60 28 - 06 11 19 67 68 ~~Lassigny : 17h, procession, départ de l’église de Plessier de Roye. [email protected] 18h30 : messe solennelle de l’Assomption à Lassigny. PAROISSE DE NOYON Père Benoît Lecointe, curé-archiprêtre DU 18 AU 26 JUILLET Responsable du secteur missionnaire 3 parvis Notre-Dame 60 400 Noyon PÈLERINAGE À SAINTE ANNE 03 44 44 02 05 - 06 81 72 32 15 DE CHIRY-OURSCAMP [email protected] hhSamedi 18 juillet : messe d’ouverture à 10h30. Permanences : Mardi et jeudi de 10h à 12h et de 15h30 à 18h hhDimanche 19 juillet : messe à 10h30 ; 10h45, messe suivie de la Mercredi de 15h30 à 18h. Vendredi et samedi de 10h à 12h procession dans le village avec la relique ; 14h30, prière du chapelet ; 15h, adoration ; 16h, vêpres solennelles. PAROISSE OISE & MATZ hhLundi 20, mardi 21, mercredi 22 juillet : messe à 10h30. (RIBÉCOURT-THOUROTTE) hhJeudi 23 juillet : 9h30, préparation au sacrement des malades Père Benoît Lecointe, administrateur et confessions ; 10h30 messe avec le sacrement des malades. 282 rue de Paris 60 170 Ribécourt hhVendredi 24 juillet : messe à 10h30. 09 61 30 81 96 hhSamedi 25 juillet : 10h30, messe selon la forme extraordinaire ; [email protected] 12h, repas tiré du panier ; 14h45, prière du chapelet et adoration. Site Internet : http://noyon.paroisse.net hhDimanche 26 juillet – Fête de sainte Anne Permanences : samedi de 10h30-12h 9h30, office de laudes ; 10h, démarche pénitentielle ; 10h45, messe solennelle en la fête de sainte Anne et de saint Joachim, suivie de la Père Michel Mallet, prêtre au service de la communauté procession dans le village avec la relique ; 14h30, prière du chapelet ; attachée à la forme extraordinaire du rite 15h, adoration ; 16h, vêpres solennelles – clôture du pèlerinage. [email protected]

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ÉDITORIAL

Pensée ˜

«Le silence, c’est quelquefois se taire, Une halte mais le silence c’est toujours pleine de surprises écouter.» n traversant le village, vous aviez remarqué son clocher, plutôt discret, Madeleine Delbrel au-dessus des toits des maisons : l’église. Elle est un peu l’âme d’une commune, et son histoire ; alors vous avez décidé d’y faire une halte. E Vous vous êtes approchés de sa porte à la peinture délavée par le soleil et les pluies d’ouest. Par chance, elle était ouverte, et bientôt, votre curiosité allait être satisfaite. Vous vous êtes assis un instant pour écouter le silence, pour goûter la fraî- cheur. Vous avez regardé à droite, puis à gauche. Votre regard s’est levé vers la voûte et vous avez eu envie de faire le tour en commençant par les bas-côtés. Quelques cierges Diocèse de Beauvais se consumaient devant une statue, porteurs de la prière 15 rue Jeanne Hachette - BP 20636 - 60026 Beauvais cedex - Tél. : 03 44 06 34 41 - d’un précédent visiteur. Qui était-il ? Qu’a-t-il confié dans le https://oise.catholique.fr silence de son cœur ? Rédacteur en chef : Julien Serey Équipe diocésaine de rédaction : Geneviève Desprez, Jenny Tillé-Martinez, Un cierge, une intention, des mots ?… Alain et Sylvie Marié. Père Benoît [email protected] Lecointe Un instant, vous avez hésité à imiter ce geste en allumant Équipe locale de rédaction : P. Benoît Lecointe (responsable), P. Serge Hallette, un cierge à votre tour… Non ce n’est pas une visite au Saint P. Guy-Marie Tavignot, Catherine Soufflet, Liliane Souleyre, Bernard Rogez, Sacrement ! Mais c’est peut-être une prière. De fait, les intentions sont nom- Marie-Antoinette Bonte, Pascal Le Roux breuses : ce parent malade, ce jeune voisin en recherche d’emploi, ces amis Marie-Danielle Della Schiava. [email protected] qui divorcent… Quels mots prononcer ? On n’a pas toujours les mots pour Textes et photos, droits réservés. N°ISSN 2270-4167 dire que l’on croit… Alors, vous avez fait silence, avec le secret espoir d’être Édité par Bayard Service écouté. C’est important de penser à ceux que l’on aime, et l’on prétend même Parc d’activité du Moulin, allée Hélène-Boucher, 59874 Wambrechies – Cedex – que la prière change toujours le cœur de celui qui prie… Tél. : 03 20 13 36 60 - Fax : 03 20 13 36 89 [email protected] – En franchissant la porte de la sortie, vous vous êtes surpris à remercier cet Directeur de publication : Pascal Ruffenach Conseillère éditoriale : Geneviève Pasquier – humble édifice de vous avoir fait signe, et de vous avoir communiqué un peu Secrétaire de rédaction : Éric Sitarz Graphiste : Florence Dupond de sa paix et du mystère de la présence qu’il porte en lui. Imprimerie : Roto Champagne (Chaumont, 52) Contact publicité Où vous arrêterez-vous, cet été ? Tél. : 03 20 13 36 70. Crédit photo Cet été, sur votre route de vacances, vous apercevrez certainement d’autres Christian Schryve – Église Catholique dans l’Oise clochers. N’hésitez à vous approcher et si, par chance, la porte est ouverte, dites-vous qu’une présence, un texte, une image, un tableau ou un cahier ouvert vous inviteront à une réflexion, à un appel, à une question. Alors, cette visite deviendra une étape décisive. «Dans ce cas, c’est avec soi-même qu’on fait une rencontre et peut-être, sans le savoir, avec Dieu lui-même.»

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ÇA SE PASSE CHEZ NOUS

Confinement : de l’ombre à la lumière ?

L’épidémie, le confinement, tout cela nous a changés, va nous changer. Notre vécu a été, est radicalement différent, selon la proximité du danger pour soi-même ou les proches, selon notre engagement professionnel ou bénévole, selon notre situation familiale, notre isolement consenti ou imposé. Loin de chercher à opposer les témoignages recueillis, relevons leur point commun. Combien cette période singulière nous pousse à nous interroger au moins momentanément, mais espérons-le sur le long terme, sur le sens de la vie et sur ce que nous voulons en faire, sur nos priorités.

FAIRE PAROISSE, N’EST-CE PAS AVANT TOUT RESTER UNIS DANS LA PRIÈRE ? Comment continuer à avoir une vie de paroisse quand chacun est confiné chez lui et que nous ne pouvons plus nous rencontrer pour prier et célébrer ensemble ? Voilà le défi que nous avons tous eu à relever. Heureusement, à Carlepont, nous avons une équipe communication très efficace. Corinne et Marion ont su utiliser les moyens modernes de communication dont nous disposons pour informer chacun sur les dernières nouvelles provenant du diocèse, mais aussi mettre en relation les différents membres de notre communauté permettant ainsi aux idées de continuer à circuler au sein de notre paroisse. Ainsi, au début «Tous frères et sœurs du confinement, une neuvaine de solidarité contre l’épidémie provenant en Dieu notre Père» du site «Carême dans la ville» a été lancée et, semble-t-il, suivie par bon urant le confinement, nous nous ternet ; oui, je peux dire vraiment que ce nombre de paroissiens. Elles ont relayé les informations sommes tournés vers la prière temps de confinement nous a fait gran- telles que la messe du pape François D avec une grande soif de commu- dir dans la prière, la flamme qui s’étei- retransmise en direct chaque jour niquer avec Celui qui est toujours resté gnait a pu renaître et maintenant notre sur KTO, le renouvellement de la fidèle, lui demandant son secours pour regard est beaucoup plus tourné consécration de notre diocèse à la nos frères en détresse, pour tous ceux vers nos frères de souffrance. Vierge Marie ou la retransmission de qui souffrent de cet isolement, pour nos Qu’il est bon de se tourner la messe à l’abbaye d’Ourscamp. Enfin, malades et pour que s’arrête cette héca- vers les autres, de rompre en mai, avec la lettre hebdomadaire nous avions la possibilité d’ouvrir un tombe… Cette prière que nous faisions par tous les moyens l’isole- lien vers le site «Prions en Église» où chacun de notre côté, nous avons décidé ment des personnes âgées en nous avons retrouvé des chants, des de la faire ensemble. Chaque jour, nous leur faisant parvenir les prières prières et méditations de grands saints attendions cette rencontre et y prenions du pape ou du diocèse, en leur don- pour accompagner chaque mystère du beaucoup de joie ; notre prière était de- nant aussi la possibilité de se confes- Rosaire. venue profonde, et nous nous abandon- ser spirituellement et de communier AR de l’équipe de communication nions dans une totale confiance à notre spirituellement. Non, nous ne sommes du conseil paroissial de Carlepont Père. Nous avons suivi la Passion, les plus seuls, nous sommes tous frères et Rameaux, les célébrations dominicales sœurs en Dieu notre Père. à l’aide des émissions télévisées ou d’in- MARIE-DANIÈLE DELLA SCHIAVA

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ÇA SE PASSE CHEZ NOUS

CHRISTOPHE DE NOYON UN TEMPS POUR «Je suis un “miraculé”» CULTIVER LES TALENTS Ce temps de confinement nous aura permis de stopper le temps ’ai 63 ans, agriculteur. La mort a Merci au personnel hospitalier, méde- qui, d’habitude, file à toute allure frappé à une porte et je suis re- cins, infirmiers, aides-soignants, kiné et de profiter de notre conjoint, de J venu parmi les vivants… Parti le et autres…, pour leur dévouement, leur nos enfants : jeux de société, temps 16 mars avec 38,5 °C de température à qualité de travail, leur gentillesse et les pour discuter et faire des activités l’hôpital de Compiègne, j’ai été trans- risques pris pour leur santé. Après un complices… Un temps pour prier en féré quatre jours après, d’urgence en mois de kiné, j’ai retrouvé le goût de la famille et nous abandonner à la divine hélico, à l’hôpital d’Amiens au service vie, le moral et surtout l’importance de providence ! Cette période a également été l’occasion de cultiver les talents de réanimation. Après quinze jours de l’entourage familial : mon épouse Mar- reçus ; au programme, de nombreuses coma, je me réveille intubé, 25 kg en tine, mes enfants et petit-enfants. Je pâtisseries, réalisées par les enfants, et moins, les poignets entravés et l’esprit vois la vie différemment et j’apprécie le montage d’un orchestre familial pour perturbé par une multitude de délires les gestes quotidiens. La prière fait par- répéter différents chants religieux, en dus aux médicaments. Aucun souvenir, tie de mes gestes. La Vierge Marie m’a vue d’accompagner les cérémonies de la sauf de mes rêves délirants, comme protégé plusieurs fois dans ma vie… paroisse. Oui, vraiment, ce temps a été quoi le cerveau bouillonne ! Après seize Il me reste un mois de kiné. Pour finir, je une occasion de grâce pour toute notre jours à Amiens, j’arrive à la clinique voudrais remercier tous mes amis, mon famille, merci, Seigneur ! Saint-Côme de Compiègne, complète- médecin et toute l’équipe paroissiale de Famille Chigot de Noyon ment grabataire. Je n’ai jamais autant Noyon pour leurs prières destinées aux «LE ROI ET MAZARIN pleuré de ma vie ! malades du Covid-19. Merci encore !… NOUS CONFINENT TOUS DANS NOS APPARTEMENTS» PÈRE SERGE HALLETTE En d’autres temps, mais des circonstances quelque peu similaires, «Non, nous ne sommes voici ce que Madame de Sévigné écrivait à sa fille Madame de Grignan, pas à l’abri !» le jeudi 30 avril 1687… «Surtout, ma chère enfant, ne venez ous confions au Seigneur toutes les victimes de l’épidémie. point à Paris ! Plus personne ne sort de Parfois, ces victimes sont très proches de nous… J’ai plaint peur de voir ce fléau s’abattre sur nous, N toutes les familles, avec enfants, dans de petits appartements il se propage comme un feu de bois en ville. Pour eux, le confinement a été une véritable épreuve, même sec. Le roi et Mazarin nous confinent sans maladie ; à la campagne, c’était moins difficile. Cet événement tous dans nos appartements. Monsieur donne à réfléchir : non, nous ne sommes pas à l’abri ! La science de Vatel, qui reçoit ses charges de marée, l’homme et sa technique ne sont pas toutes puissantes. pourvoie à nos repas qu’il nous fait livrer. Cela m’attriste, je me réjouissais d’aller Mais du mal, Dieu tire toujours un bien : nous avons vécu, peut-être, de façon plus assister aux prochaines représentations fervente, la Prière des heures. Nous avons la chance d’être trois personnes au pres- d’une comédie de Monsieur Corneille bytère de Lassigny. Nous avons mieux perçu la communion spirituelle avec tous, “Le Menteur”, dont on dit le plus grand dans la paroisse, l’Église et le monde, à l’eucharistie quotidienne. Notre confinement bien. Nous nous ennuyons un peu et je n’était pas synonyme de solitude. ne peux plus vous narrer les dernières Nous avons plus pensé aux peuples voisins, plus touchés encore que nous. Nous intrigues à la Cour, ni les dernières avons recouru davantage au téléphone, à l’ordinateur, pour entrer en relation. Le tenues à la mode. Heureusement, je vois petit monde paroissial a été quelque temps rétréci, avec toutes les activités sus- discrètement ma chère amie, Marie- Madeleine de Lafayette, nous nous pendues. Mais l’Esprit vivifie le Corps du Christ. Peut-être était-ce une préparation régalons avec les Fables de Monsieur de à la grande Pentecôte où «Dieu sera tout en tous» ! La Fontaine, dont celle, très à propos, “Les animaux malades de la peste” ! “Ils ne mouraient pas tous, mais tous étaient frappés”. Je vous envoie deux drôles de masques ; c’est la grand’mode. Tout le Ne refuse pas de faire du bien à qui en a besoin quand tu peux monde en porte à Versailles. C’est un joli air de propreté, qui empêche de le faire. Ne dis pas à ton prochain : «Va-t’en ! Tu reviendras se contaminer. Je vous embrasse, ma demain, alors je te donnerai», quand tu as ce qu’il faut. bonne, ainsi que Pauline.» D’après une idée de LE LIVRE DES PROVERBES (3, 27-28) Marie-Antoinette Bonte missio ~ Juillet 2020 - NUMÉRO 28 6

ÇA SE PASSE CHEZ NOUS

«Cela a été un vrai ressourcement» Confiné professionnellement, François-Régis Chasseguet, responsable services grands comptes, entend dorénavant continuer à insérer une part de télétravail dans sa vie. «Un gage d’équilibre entre vie professionnelle et vie EMEN IN T personnelle», selon lui. F • N D E O

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vant, la vie, c’était deux bureaux réalisations que cela apporte. Dans I

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L à Noyon et Flixecourt, 67 points notre mentalité, ce n’était pas encore A A de vente et des clients sur les un système très accepté. Le dirigeant huit départements de Picardie, Nord- aime avoir sous ses yeux ses collabora- DES PROJETS Pas de Calais et Champagne-Ardenne teurs et pense que, chez eux, ils ne font BOULEVERSÉS soit 70 000 km par an, deux pleins de rien ou pas grand-chose. Ces trois der- «Notre famille habite une maison carburant par semaine, parti tôt et niers mois nous ont montré que nous avec un jardin dans un village. Nous rentré tard. Comme pour beaucoup, avons pu continuer à faire marcher sommes cinq. Le papa, retraité de le Covid-19 a fait voler en éclats cette l’entreprise en étant chacun chez soi. 59 ans, avait imaginé son début de organisation. Le gain de temps pris sur les transports, retraite autrement, certains de ses projets ont été annulés. La maman, Dès le début mars, mon employeur, notamment, le déjeuner en famille mère au foyer de 49 ans, a vécu un conscient des risques, a prôné le télétra- et non pas seul avec son sandwich, changement avec le retour des enfants. vail ; puis est arrivé le confinement que etc. nous mettent dans les meilleures Elle a vécu des moments très précieux nous avons respecté scrupuleusement. conditions pour travailler. Les moyens avec notre famille. Estelle, étudiante À ce moment, nous hébergions une de techniques mis à notre disposition nous de 21 ans, a appris la fermeture des nos filles médecins dans un service d’ur- ont permis de continuer à organiser universités jusqu’à l’été. Cela représente gence et son compagnon médecin hos- rendez-vous ou réunion de travail en des incertitudes pour les examens, pitalier aussi. Leur retour d’expérience visio-conférence. et remet en cause sont Erasmus de septembre. Son projet sportif n’a pas nous a vite fait comprendre l’intérêt de Tout le monde gagnant pu se concrétiser. Alexis, étudiant de respecter les règles sanitaires. Je me 22 ans, petit ami d’Estelle, est loin de suis retrouvé au milieu de cette cellule Dans les grandes villes où les loyers de sa famille. Ce confinement lui a permis familiale 24 heures sur 24 et sept jours bureau sont élevés et où les temps de de découvrir la mécanique, mais il n’a sur sept. Cela a été un vrai ressource- transport sont si longs, le télétravail pas pu commencer son job d’été. Cyril, ment. Géographiquement, j’ai colonisé connaîtra certainement la pérennité la lycéen de 17 ans, se pose beaucoup de pendant les deux premiers mois la salle plus longue. C’est un système gagnant- questions pour son bac. Il a la passion de la mécanique et a restauré des à manger, me situant ainsi au cœur de la gagnant pour le collaborateur et l’entre- véhicules anciens. Le confinement nous vie de la maisonnée. Tout en travaillant, prise. Moins de monde sur les routes, ce a semblé long, mais nécessaire. Il nous j’étais au cœur de l’action du réveil au sont aussi des économies et de la pol- a également permis de nous retrouver. coucher. J’ai pris un très grand plaisir à lution en moins. Vivre où l’on travaille Nous appréhendons le déconfinement.» voir ma famille ainsi dans son quotidien. aide aussi à recréer du lien social, de la Famille Bekaert, On ne se rend pas compte de ce que font proximité. Ne pas faire une heure de tra- secteur de Lassigny les autres dans la maison quand on est jet permet d’aller à la boulangerie du dans sa course au travail. coin chercher son pain frais et d’y croi- Côté professionnel, il y a une décou- ser son voisin que l’on ne voyait avant verte du télétravail et de la qualité des qu’à travers le carreau de sa voiture.

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ÇA SE PASSE CHEZ NOUS

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L A Dominick est infirmier dans une unité de soins palliatifs qui, depuis le début de la pandémie, a accueilli des patients atteints du Covid. «Cette prise en charge a tout changé», raconte-t-il.

e fonctionnement d’une unité Des relations très limitées mise en place, mais une seule personne de soins palliatifs est bien dif- L’accompagnement des familles, si im- par jour. De ce fait, les familles étaient L férent d’un service classique. portant pour nous, a été mis à mal. La mécontentes et nous disaient : «Vous Nous n’avons pas d’heure de visite et relation avec elles était très limitée. En nous volez les derniers instants avec nos les proches, même les mineurs ou les cas de décès, nous faisions rentrer les proches.» Dur à entendre et «à encais- bébés, peuvent venir. Dans certains plus proches, mais ils n’avaient pas le ser» alors que, dans notre philosophie cas, un ou deux proches peuvent dor- droit de toucher le corps et avaient peu des soins palliatifs, le sens de l’accueil mir dans la chambre du patient, ou dans de temps pour se recueillir. Puis le dé- est primordial. Nous avions beau expli- le studio, et amener de petits plaisirs part en chambre mortuaire, il n’y avait quer que c’était pour protéger leurs alimentaires. De plus, nous travaillons pas de présentation de corps. Tout cela proches du Covid. Si l’état du patient avec l’association Jalmalv (Jusqu’au à pour éviter risque de contamination. se dégradait (pour les non Covid), les la mort accompagner la vie), associa- Dans l’autre secteur, non Covid, il a fallu proches étaient accueillis à n’importe tion de bénévoles qui rendent visite aux mettre en place un règlement pour l’ac- quelle heure. patients en fin de vie. cueil des familles. Une tranche horaire Cette période a été difficile à vivre pour Avec la pandémie, nous avons été obli- de visite de 14 heures à 16 heures était chacun d’entre nous. Pour moi, cela n’a gés de créer un secteur où étaient hos- pas été évident, car en plus de ne pas pitalisés les patients atteints du Covid. être rassuré devant cette maladie, le ca- Pas de visite pour eux. Notre service se fouillage du départ, la peur de la rupture trouvant au rez-de-chaussée, chaque des stocks de protection, le risque de chambre a une terrasse avec porte-fe- l’attraper et de la ramener à la maison, nêtre. Cette terrasse a permis à ce que la relation à l’autre (soignant-malade, les proches puissent voir leur malade soignant-famille) a été mise à mal dû au sans rentrer dans les chambres. Toutes stress ambiant. Il m’a été difficile d’être visites de l’extérieur étaient interdites, moi-même. même pour les bénévoles de Jalmalv. DOMINICK VALCK

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ART & CULTURE

Le confinement de Noé Au commencement de la quarantaine était la Bible…

l est bien difficile de traverser le et leurs femmes, ainsi que des couples moment présent sans chercher des de chaque espèce animale. Puis Dieu I lumières susceptibles de nous éclai- déclenche le déluge, une pluie battante rer sur l’épreuve que nous vivons. Être qui submerge les montagnes et tue tous assigné à résidence n’empêche pas de les animaux et tous les humains. Seule réfléchir, au contraire. Aujourd’hui, re- l’arche flotte. tour aux fondamentaux avec la Bible, où le nombre «40» est récurrent. L’origine Du déluge à l’arc-en-ciel probable de la notion de quarantaine. Après quarante jours, la pluie s’arrête, Dans la Bible, lorsque Dieu veut parler mais la terre est entièrement sous à son peuple, il l’emmène au désert ou l’eau. La décrue s’amorce, et un jour, dans un lieu clos comme l’arche de Noé Noé lâche une colombe qui revint avec ou au cénacle à la Pentecôte. un rameau d’olivier au bec. Il la relâche Noé fait sortir une colombe de l’arche La Bible raconte de multiples confine- sept jours après et elle ne revient plus, (mosaïque de la basilique Saint-Marc ments, préfigurant toujours une sortie, signe que la terre se découvre de plus de Venise, XIIe siècle). voire une nouvelle naissance. Le plus en plus. Au bout de quelques mois, frappant, dans le récit de l’arche de l’arche repose sur le mont Ararat (dans La question n’est pas de savoir si ce Noé, n’est pas le déluge en lui-même, l’actuelle Turquie). Lorsque la terre est récit est vrai, si c’est une fiction ou une mais le comportement des humains enfin sèche, Dieu dit à Noé de faire sor- réalité. Mais ce texte ne nous dit-il pas avant les premières pluies. Ils vivaient tir tous les animaux et leur enjoint de se que Noé et ses compagnons se sont alors dans l’insouciance et n’avaient que multiplier à nouveau sur la surface de la alors confinés ? Pour au moins quarante faire des nuages sombres qui se profi- Terre. Dieu fait alors alliance avec Noé jours, le temps du déluge, soit peu ou laient au-dessus de leur tête. Malgré les et ses fils, leur donne pour nourriture prou la période que nous avons expé- avertissements, ils étaient totalement tout animal ou végétal, condamne le rimentée. Toute proportion gardée, ce désinvoltes, avides, sans s’inquiéter meurtre, et leur ordonne d’être féconds. temps de confinement peut être fécond. du lendemain. Dieu décide d’épargner Puis il promet qu’il n’y aura plus de Dans la Bible, l’épreuve est toujours pré- toutefois Noé, le seul homme juste. Il déluge et désigne l’arc-en-ciel comme sentée comme une chance, comme une lui ordonne de fabriquer une arche, et rappel du déluge et en signe d’alliance occasion de conversion. de s’y réfugier avec sa femme, ses fils entre lui et la terre. MARIE-PAULE CARDEY

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C’EST MON HISTOIRE

Sauver et guérir Sur le trajet pour aller à mon travail, je croise quatre calvaires au bord de la route qui me rappellent que Jésus a dit : «Et moi, je serai avec vous tous les jours jusqu’à la fin des temps.» Alors, dans ma voiture, je dis : Seigneur, guide mon cœur, guide mes lèvres, guide mes pas et guide mes mains. Avec lui, ma journée se passera bien en tant qu’infirmière en Ehpad…

i-je eu peur de contracter atteintes de troubles cognitifs sévères. le Covid-19 ? Cette question Elles ne comprennent pas forcément A ne me tracasse pas. En tant pourquoi le confinement dans leur C’EST MA PRIÈRE qu’IDE [infirmière diplômée d’État], chambre, car elles avaient l’habitude de nous sommes aussi confrontées à des déambuler dans les couloirs du fait de «Seigneur, tu me sondes patients porteurs de bactéries mul- leurs maladies. Si vous, vous étiez confi- et me connais ; que je me ti-résistantes, donc nous respectons nés dans un appartement avec plusieurs lève ou m’assoie, tu la sais, déjà les protocoles d’hygiène et les pièces, eux, ils sont confinés dans leurs tu perces de loin mes pensées ; mesures de protection. Par rapport au chambres de 12 m² sans sortir… que je marche ou me couche, coronavirus, d’autres consignes, tant tu le sens, mes chemins te sont pour les résidents que pour le person- «À mon âge, me faire ça ?» tous familiers.» nel soignant, ont été mises en place : Les repas sont servis en chambre, porte PSAUME 138 (139) masques, lunettes de protection, char- ouverte sur le couloir, pour ceux res- lottes, sur-blouses, tabliers plastiques pectant la consigne, et porte fermée à imperméables, surchaussures, gants, clé pour les autres. Situation difficile à ressort et l’humour console. Quand vous SHA (solution hydro alcoolique), avec vivre, pour les soignants et les résidents, enfermez un résident dans sa chambre, un ordre précis pour l’habillage et le sans se poser la question : «Peut-on en- il a du temps toute la journée pour s’oc- déshabillage ; des secteurs distincts fermer quelqu’un qui n’a pas été jugé ni cuper et en visiter tous les recoins. Il ont été établis et attribués à différents condamné ?» L’un d’entre eux m’a dit : déplace ses meubles, ouvre les robinets soignants et résidents sans pouvoir en «À mon âge, me faire ça ? Je suis en pri- d’eau ou se cache dans son placard pour sortir, avec un secteur Covid-19 pour les son !» Même si l’animatrice passe dans faire peur à l’aide-soignante qui le dé- résidents testés positifs ou suspectés. chaque chambre pour proposer et faire couvre et la surprend en criant : «Bouh !» Nous passons donc du temps à nous ha- des jeux, et la présence bienveillante N’oublions pas que le Seigneur est venu biller, à changer de tenues, à revoir les des soignants, cette situation reste dif- pour sauver et guérir. protocoles surtout pour les personnes ficile. Heureusement, l’être humain a du ODILE, INFIRMIÈRE

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