Jean-Marc Doumenc
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L’ Jean-marc Doumenc University of Technology, Sydney Faculty of Humanities and Social Sciences Work submitted for a DCA by Research 2007 Supervisor: Professor Stephen Muecke i STATEMENT OF ORIGINAL AUTHORSHIP: “The work contained in this thesis has not been previously submitted for a degree or diploma at any other higher education institution. To the best of my knowledge and belief, the thesis contains no material previously published or written by another person except where due reference is made. Signed: Date: 20 April 2007 “ ii AKNOWLEDGEMENTS: I would like to thank my supervisor, Dr Stephen Muecke, for the freedom he let me enjoy while working on the project, and especially for reading my French! Many thanks to the group of friends, Rebecca, Elvan, David and Andrew, who provided me with a couple of lists of constraints at the beginning of my work. Thanks a lot to Jean- Philippe, who from Bruxelles and through email has always been keen to give ideas and references, and many thanks to Marguerite Scaife for helping out with the English in my dissertation. I will be for ever grateful for the scholarship which during more than two years allowed me to write full time. Thanks to the many people who have built online in only a few months a great tool of reference, Wikipedia, which I used a lot. iii TABLE OF CONTENTS: P.ii Statement of original authorship. P. iii Acknowledgements. P. iv Table of contents. P. v List of illustrations and tables. P. vi Keywords, Abstract. P. 1 L’€ (novel in French) P. 425 Oulipians are rats who build the labyrinth from which they will try to escape (Theory component in English) P. 486 Appendix, list of News Agencies news used in the novel. P. 493 Bibliography. iv LIST OF ILLUSTRATIONS AND TABLES: Cover Euro symbol P. 460, 461, 462, 463, 464, 465, 466, 467, 468, 469, 470, 471 Tables v KEYWORDS: Euro € Europe Money Coin OuLiPo Literary constraints ABSTRACT: I thought a Euro coin would be a good main character for my story, the perfect medium to go everywhere and traverses social strata, gender and culture. The story and character are a pretext to visit different European countries, following the uncontrolled trip of the coin from one’s pocket to someone else’s wallet. Through the point of view of the coin, we are able to apprehend slices of daily life in Europe, of the actual state of the unity of the countries, at different levels, political, administrative and cultural. Through the coin’s experiences we see the reactions of ordinary people to the new currency: resentment of the way Europe is changing, indifference to whatever may occur, or the feeling that idealistic values are in danger when facing Kafkaesque bureaucratic decisions or the fact that 380 combinations are needed to translate every speech in every language of the Union. I chose a low-value coin rather than a banknote, because of its greater insignificance. A five cents coin comes and goes. The novel is also a reflection on money, its power, the triumph of capitalism in countries formerly communists or socialists and examine if this power is a “necessary evil” or a human weakness that needs to be reformed if possible. The novel is written using literary constraints, so the theoretical component of the thesis presents a short history of constraints as they have been explored, analysed and put in practice by OuLiPo (A Primer of Potential Literature) and authors like Georges Perec, Raymond Queneau or Christian Bök. Some of the constraints I used were unexpected like the use of daily News Agencies news (Reuters, AFP) dealing with Europe and the E.U. that I discovered and incorporated in the story while writing it. I believe that constraints can trigger creativity. The strategies I used while writing have been identified, analysed and categorized, as well as the solutions I found to sometimes overcome these constraints and keeping the novel readable and consistent. vi CHAPITRE 1 Je suis née des cendres du passé, probablement mélange d’autres pièces plus anciennes, mes ancêtres en quelque sorte, usées, mises au rebut. Quelque chose d’anthropophagique git donc en moi, dans mes entrailles. Je me suis repue de mes semblables, et peut-être même de ma parenté immédiate. Mais je suis aussi sûrement faite de minerai venu tout droit de quelque mine, et aussi de métaux recyclés, poutrelles, rails, armes, canons peut-être. Scientifiquement, je ne suis qu’un peu d’alliage, 3,9 grammes d’acier et de cuivre pour être exacte, mais je suis bien plus que ça, je suis la somme des désirs, le moyen d’échange universel, ce qui permet de tout faire, le bien, le mal, ce qui permet d’exaucer les désirs les plus fous. Les humains s’entretuent pour moi, me volent, me dérobent, m’échangent, se vendent, se prostituent pour m’avoir, vendent leur labeur, s’endettent, me convoitent. Enfin, quand je dis moi, j’exagère, je parle au niveau symbolique, parce que moi, petite individuelle, je ne vaux pas très cher. Au tout début, je n’étais qu’une part infime d’une bande d’acier roulée en bobine, en provenance directe d’une aciérie. Ma vie précédente je ne m’en souviens pas. La fusion dans cette usine a effacé hélas toute mémoire. Peut-être venais-je directement de la mine, minerai juste extrait, ou peut-être m’avait-on refondue, à partir de vieux objets de fer périmés, désuets, bons pour la décharge. Mais rien ne se perd, tout se transforme, alors me revoilà, guillerette. De l’aciérie, on m’a transportée par camion jusqu’à l’hôtel de la Monnaie, et là, ils ont commencé de découper ma bobine d’acier pour en faire des flans, des rondelles de métal. Et du coup on s’est retrouvé des centaines. Des milliers même, une vraie multiplication des pains, car il n’y avait pas qu’une bobine de métal, mais des dizaines d’après le peu que j’ai pu voir. Mais ça n’était que le commencement, il faut souffrir pour exister, ensuite j’ai du subir le cordonnage. Des machines, différentes, ont repoussé le métal en périphérie de la pauvre rondelle que je suis, donnant une bande lisse et saillante tout autour, le listel. Puis, on me repasse au four, c’est l’opération du recuit, comme si la fusion à haute température de la fonderie n’avait pas suffi… cette fois, c’est pour que je retrouve un peu de malléabilité. Ensuite on me passe au cuivrage, on me recouvre par électrolyse d’une couche de cuivre pur. On me polit, et l’on me sèche. Enfin, l’on nous trie, pour vérifier que l’une d’entre nous n’aurait pas quelque défaut, puis l’on nous compte. Ca commence à devenir sérieux, pas question d’égarer l’un d’entre nous, l’on a maintenant parait-il quelque valeur. Puis on est stockés dans l’entrepôt, pour un temps qui semble interminable. Des mois ont du passer. On est réveillés de notre torpeur que pour se faire frapper. Quelle honte ! Frapper de pauvres flancs sans défense. On y passe tous. Changement de sexe et de genre au passage aussi, de flancs masculins, nous devenons des pièces féminines. On nous coince entre une paire de coins, deux outils gravés avec la face et le revers, et on serre, on serre, on presse, dieu que l’on presse dans la presse, et voilà, je suis une pièce de monnaie, flambant neuve. Ma valeur ? Pas grand-chose, je dois l’avouer, cinq centimes seulement. Des centimes d’€. Et oui, car j’ai un nom, Euro. Quoique l’€, ce ne 1 soit pas vraiment moi, le vrai € c’est cette frimeuse de pièce d’un €, tout le monde fait tout le temps référence à elle. Elle vaut 40,3399 francs belges, 1,95583 mark allemand, 166,386 pesetas espagnoles, 6,55957 francs français, 1936,27 lires italiennes, 40,3399 francs luxembourgeois, 2,20371 guilders hollandais, 13,7603 schillings autrichiens, 200,482 escudos portugais, 5,94573 markkas finlandais et 340,750 drachmes grecques. Mais surtout, et c’est la référence que tout le monde utilise le plus par ici, la pièce d’un € vaut 0,787564 pound irlandaise. Car nous sommes en Irlande. Et nous allons être appelées à localement remplacer la vieille valeur pound et sa déclinaison de pièces. Quand à mon nom, il y a déjà longtemps qu’il m’a été donné. Il a été pensé, supputé, cogité, brainstormé. Mentalement malaxé. Ca n’a pas été une petite affaire, car il devait être acceptable dans une dizaine de langues. Tout d’abord on a pensé m’appeler ECU, European Currency Unit, nom donné en 1979 à l’unité de compte européenne de référence dans le Système monétaire européen. Moi personnellement ça me dérangeait pas, et puis ça sonne bien pour les francophones vu que c’est le nom de l’ancienne monnaie battue par les rois de France depuis le 14ème siècle. Par contre, pour les germanophones, cette appellation est grotesque, écu (prononcer ékou) résonne comme eine Kuhe, une vache ! En définitive, au Sommet de Madrid de 1995, le choix s’est porté sur le mot euro, un nom sans séduction particulière mais sans ambiguïté. Quoique c’est pas terrible pour les grecs à ce qu’il paraît, € chez eux ça sonne comme urine… mais bon, on a fait un effort pour les allemands, par contre les grecs ils auront qu’à s’adapter ! Non mais, on en finirait plus autrement… faut croire que mon tonton teuton a le bras plus long que mon tonton grec.