Département de l’ Communes de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles ______

ENQUÊTE PUBLIQUE

relative à la demande d’autorisation unique pour l’exploitation d’une installation de quatre éoliennes et de deux postes de livraison

sur le territoire des communes de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles,

sollicitée par la S.A.S. C.E.P.E. BEL AIR NORD WEB Energie du Vent 15 rue de Bruxelles - 75009 PARIS ______

arrêté préfectoral n° PREF-DCPP-SE-2017-343 du 4 mai 2017 consultation du public du 6 juin 2017 au 6 juillet 2017 ______

BLEIGNY-LE-CARREAU LIGNORELLES

RAPPORT, CONCLUSIONS et AVIS du commissaire enquêteur José JACQUEMAIN désigné par décision n° E17000040/21 du Président du Tribunal Administratif de Dijon Le dossier est présenté en 2 parties, détaillées dans le sommaire ci-dessous. La première partie, intitulée « RAPPORT D’ENQUETE », présente le dossier et ses enjeux, rapporte le déroulement de l’enquête publique et examine les observations du public, les diverses consultations et les réponses du maître d’ouvrage. La seconde partie, intitulée « CONCLUSIONS MOTIVEES et AVIS » présente l’analyse de l’ensemble du projet par le commissaire enquêteur, ses conclusions motivées et son avis.

SOMMAIRE

Première partie : RAPPORT d’ENQUETE

1 - Présentation du projet ...... 6 1.1 Objet de l’enquête publique ...... 6 1.2 Identité du demandeur ...... 6 1.3 Localisation du projet ...... 6 1.4 Contexte législatif et réglementaire ...... 7 1.5 Composition du dossier ...... 7 1.6 Concertation locale ...... 11 1.7 Caractéristiques essentielles du projet ...... 12 1.8 Principaux enjeux environnementaux ...... 12

2 - Organisation et déroulement de l’enquête ...... 14 2.1 Désignation du commissaire enquêteur ...... 14 2.2 Préparation de l’enquête ...... 15 2.3 Décision de procéder à l’enquête ...... 15 2.4 Calendrier et périmètre de l’enquête ...... 15 2.5 Rencontre avec le responsable du projet et visite des lieux ...... 15 2.6 Réunion des commissaires enquêteurs des projets Bel Air Nord et Sud ...... 16 2.7 Mesures de publicité ...... 17 2.8 Modalités d’information et de consultation du public...... 17 2.9 Clôture de l’enquête ...... 18 2.10 Notification des observations du public au maître d’ouvrage ...... 18 2.11 Mémoire en réponse du maître d’ouvrage ...... 18 2.12 Remise du rapport ...... 18

3 - Bilan quantitatif et analyse des observations du public ...... 18

3.1 Compte-rendu des permanences ...... 19 3.2 Observations du public consignées dans les registres ...... 19 3.3 Observations du public exprimées par voie électronique ...... 20 3.4 Observations du public émises par courrier ...... 20 3.5 Réponses de la société WEB aux avis défavorables par thématiques ...... 35

4 - Questions du commissaire enquêteur et réponses du maître d’ouvrage ...... 43

5 - Avis des conseils municipaux ...... 45

6 - Autres avis adressés au Préfet ...... 53

7 - Avis de l’autorité environnementale ...... 54

8 - Réponse de la société WEB à l’avis de l’autorité environnementale ...... 56

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Deuxième partie : CONCLUSIONS MOTIVEES et AVIS

1 - Rappel de l’objet de l’enquête publique ...... 59

2 - Résumé des caractéristiques du projet...... 59

3 - Synthèse du déroulement de l’enquête publique ...... 60 3.1 Au sujet du dossier mis à disposition du public ...... 60 3.2 Au sujet de l’information du public et du déroulement de l’enquête ...... 62 3.3 Au sujet de la participation du public ...... 62 3.5 Au sujet des avis exprimés ...... 63

4 - Conclusions motivées ...... 64 4.1 Au sujet du développement du projet et de la concertation avec la population ...... 64 4.2 Au sujet de la place du projet dans la politique énergétique nationale et régionale ...... 65 4.3 Au sujet des dimensions économiques et sociales du projet ...... 66 4.4 Au sujet des impacts du projet sur l’environnement ...... 67 4.5 Au sujet de l’insertion paysagère du projet ...... 70 4.6 Au sujet des autres incidences du projet pour la population locale ...... 73 4.7 Au moment de conclure… ...... 74

5 - Avis argumenté ...... 76

ANNEXES :

- 1 : registres d’enquête - 2 : procès verbal de synthèse des observations du public - 3 : mémoire en réponse du maître d’ouvrage

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Préambule

Une éolienne est un dispositif qui permet de convertir l’énergie cinétique du vent en énergie mécanique. Cette énergie est ensuite transformée dans la plupart des cas en électricité. La possède le deuxième gisement éolien européen après la Grande-Bretagne. Un développement important de l’énergie éolienne en France est attendu pour répondre aux objectifs fixés par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte et par la Directive Européenne sur les Énergies Renouvelables.

Fin septembre 2016, le parc éolien français atteignait 11,2 GW et représentait presque 25 % de la puissance électrique renouvelable installée en France.

La programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE), qui décline les objectifs prévus par la loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte a fixé pour l’éolien terrestre les objectifs suivants : - puissance installée au 31/12/2018 : 15 GW - puissance installée au 31/12/2023 : entre 21,8 et 26 GW

La quasi-totalité des éoliennes actuellement en service sur le territoire sont d’une hauteur totale, en bout de pâles, de l’ordre de 150 mètres. Dans les années à venir, la hauteur pourrait augmenter pour d’une part améliorer la puissance unitaire et d’autre part exploiter les zones de gisement de vent moins favorables. Avec cette augmentation de la hauteur des machines et le nombre croissant d’éoliennes sur le territoire métropolitain, le développement de la filière doit intégrer encore davantage les enjeux environnementaux et les conflits d’usages (circulation aérienne, radars météorologiques et d’aviation). Il s’agit aussi d’éviter le mitage du territoire ou la densification excessive des parcs.

La France, qui a ratifié la Convention européenne du paysage, veille à ce que le développement de l’éolien terrestre se réalise en adéquation avec la préservation de la qualité et de la diversité de nos paysages qui constituent une richesse nationale. Le gouvernement soutient en effet un développement de l’éolien terrestre à haute qualité environnementale qui passe par une limitation de l’impact visuel des éoliennes sur les paysages. L’intégration paysagère sera en général plus réussie si le paysage reste lisible après implantation d’un parc éolien. Le respect des lignes de fuites, la création de perspectives, la cohérence et l’uniformité du parc sont autant de moyens permettant d’assurer une insertion satisfaisante dans l’environnement.

En raison des enjeux et des impacts potentiels associés à l’exploitation des éoliennes, l’implantation de tout parc est soumise à un examen approfondi de l’intégration des éoliennes dans leur environnement et de la bonne prise en compte des enjeux associés à leur exploitation, et fait notamment l’objet d’une étude d’impact.

L’étude d’impact doit aborder les impacts positifs et négatifs d’un projet pour l’ensemble des thématiques environnementales. Les effets négatifs des installations elles-mêmes peuvent être temporaires ou permanents. De façon générale, une attention forte est apportée aux impacts acoustiques, visuels et aux effets sur la faune volante (oiseaux et chauve-souris). Mais au regard des caractéristiques du site d’implantation et du projet, d’autres impacts notables peuvent intervenir qui doivent être pris en compte.

La production éolienne génère, notamment dans les zones rurales, une nouvelle activité qui implique de nouveaux emplois, et de nouveaux revenus fiscaux pour les collectivités qui choisissent de prendre part, par l’installation d’éoliennes, à la transition énergétique.

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Dans son Observatoire de l’Éolien 2016, France Énergie Éolienne (FEE) dénombre 14 470 emplois localisés en France, dont une hausse de 15 % en 2015. Ces emplois se répartissent sur différents secteurs : études et développement, fabrication de composants, ingénierie et construction ou encore exploitation et maintenance.

En tant qu’activité économique, une installation éolienne génère différents revenus fiscaux, au titre notamment des taxes foncières, de la Cotisation Foncière des Entreprises, de la Cotisation sur la Valeur Ajoutée des Entreprises et de l’Imposition Forfaitaire sur les Entreprises de Réseaux. Ces revenus fiscaux sont de l’ordre de 10 à 15 k€ par MW installé et par an. Ils sont par la suite redistribués entre les différentes collectivités en fonction principalement du régime fiscal de l’établissement public de coopération intercommunale auquel appartient la commune d’implantation.

A l’échelon régional, le Schéma Régional Éolien (SRE) est un volet annexé au Schéma Régional Climat Air Energie qui a pour objectif de définir des zones favorables au développement de l’éolien, c’est-à-dire qui concilient les objectifs énergétiques avec les enjeux environnementaux.

Il identifie « les parties du territoire régional favorables au développement de l’énergie éolienne compte tenu d’une part du potentiel éolien et d’autre part des servitudes, des règles de protection des espaces naturels ainsi que du patrimoine naturel et culturel, des ensembles paysagers, des contraintes techniques et des orientations régionales. Il établit la liste des communes dans lesquelles sont situées ces zones. Les territoires de ces communes constituent les délimitations territoriales du schéma régional éolien au de l’article L. 314-9 du code de l’énergie. » (Article R222-2 du Code de l’environnement)

En Bourgogne, ce schéma affiche une ambition forte de développement de l’énergie éolienne. Ce sont en effet pas moins de 1500 MW soit 500 à 600 éoliennes qui devraient être implantées à l’horizon 2020 pour équilibrer le futur mix énergétique régional. Toutes les énergies renouvelables, l'éolien comme les autres, doivent être fortement sollicitées pour que la Bourgogne puisse atteindre l'objectif de 23 % de part d'énergies renouvelables dans sa consommation énergétique.

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Chaque projet éolien terrestre, soumis à autorisation au titre de la réglementation des installations classées pour la protection de l’environnement, dans le cadre de la procédure de permis unique désormais, fait l’objet d’une enquête publique, ouverte à tous, avec affichage dans un rayon de plusieurs kilomètres autour du lieu envisagé pour l'implantation des éoliennes. Elle permet à chacun de s'informer sur le projet et d’exprimer son avis, ses suggestions et d'éventuelles propositions.

L'enquête publique donne lieu à un rapport qui est pris en compte dans l'instruction de la demande d'autorisation, notamment à travers le rapport de synthèse préparé par l’inspection des installations classées et présenté à la Commission Départementale de la Nature, des Paysages et des Sites (CDNPS). Après examen par cette instance, le Préfet prend sa décision, par voie d’arrêté préfectoral. Cet arrêté peut fixer des prescriptions complémentaires et compensatoires (éloignement, niveau de bruit, contrôles réguliers, plantations d’écrans, …) qui viennent s’ajouter aux prescriptions réglementaires nationales en fonction des résultats des consultations et de l’enquête publique.

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Première partie : RAPPORT d’ENQUETE

1 - Présentation du projet

1.1 - Objet de l’enquête publique

La présente enquête publique est organisée dans le cadre de l’instruction d’une demande d’autorisation unique d’exploiter une installation de quatre éoliennes et de deux postes de livraison, sur le territoire des communes de Bleigny-le Carreau et de Lignorelles, dans le département de l’Yonne.

Cette demande d’autorisation unique vaut : - autorisation d’exploiter au titre des ICPE, définie à l’article L.512-1 du Code de l’Environnement, - permis de construire au titre de l’article L.421-1 du Code de l’Urbanisme, - approbation de projet d’ouvrage privé de raccordement au titre de l’article L.323-11 du Code de l’Energie.

L’installation projetée, d’une puissance totale maximale de 14,4 MW, comprend 4 éoliennes d’une hauteur maximum de 165 mètres en bout de pales et 2 bâtiments de livraison de 31,5 m2 chacun.

1.2 - Identité du demandeur

La demande d’autorisation unique a été adressée le 11 mai 2016 à Monsieur le Préfet de l’Yonne par la Centrale Eolienne de Production d’Energie (CEPE) BEL AIR NORD SAS, dont le siège social est situé au 15 rue de Bruxelles à PARIS et qui est représentée par M. Nicolas BLAIS agissant en qualité de Directeur Général.

La C.E.P.E. BEL AIR NORD est une filiale à 70% de la société WEB Windenergie AG, dont le siège social est situé Davidstrasse 1, A-3834 Pfaffenschlag, Autriche et à 30% de WEB Betriebsgesellschaft Deutschland GmbH dont le siège social est situé Am Nesseufer 14, 26789 Leer, Allemagne (filiale de WEB Windenergie AG à 100%).

1.3 - Localisation du projet

Le projet se situe au centre du département de l’Yonne, à environ 7 km à l’Est d’ et 4 km au Nord-Ouest de , sur le territoire des communes de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles.

La commune de Lignorelles fait partie de la communauté de communes du Chablisien et la commune de Bleigny-le-Carreau de la communauté d’agglomération de l’Auxerrois.

Les 4 éoliennes forment un linéaire orienté Sud-Ouest / Nord-Est. Deux d’entre-elles, identifiées N1 et N2, sont implantées sur la commune de Bleigny-le-Carreau ; les deux autres identifiées N3 et N4 sont en limite du territoire communal de Lignorelles. La répartition est également équitable en ce qui concerne les postes de livraison : l’un proche de N1 sur Bleigny-le- Carreau, l’autre proche de N3 sur Lignorelles.

La commune de Bleigny-le-Carreau dispose d’un PLU approuvé par délibération du conseil municipal le 30/04/2014. Le projet se situe en zone agricole (A) où les constructions et installations nécessaires aux équipements d’intérêt public et collectif sont admises. Aucune zone à urbaniser n’est prévue dans un périmètre de 500 mètres autour des éoliennes.

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La commune de Lignorelles ne dispose pas de document d’urbanisme. Elle est régie par le Règlement National d’Urbanisme (RNU) avec lequel le projet de BEL AIR est compatible.

Les parcelles requises portent les références cadastrales suivantes : - ZH 20, 22, 23 et ZE 60 à Bleigny-le-Carreau, - ZA 14,15 et 55 à Lignorelles.

Concernant la proximité du projet avec les habitations : - l’habitation la plus proche se trouve à 890 mètres de l’éolienne N4, mais il s’agit d’une ruine inhabitée classée en zone non constructible dans le Plan d’Occupation des Sols ; - cette même éolienne N4 est située à 1350 mètres des premières habitations de Lignorelles ; - l’éolienne N1 est à 1100 mètres des premières habitations de Bleigny-le-Carreau et à 1660 mètres de celles de .

Le site est actuellement accessible par des chemins ruraux à partir de la RD 124. Certains accès seront aménagés depuis la RD 965 qui relie l’autoroute A6 à Chablis.

1.4 - Contexte législatif et réglementaire

La construction et l'exploitation d’un parc éolien sont soumises à plusieurs réglementations :

- Au titre du code de l’énergie : - L’autorisation d’exploiter (pour les installations de plus de 50 MW) en application de l’article L.311-1. - La demande de raccordement vis-à-vis du gestionnaire du réseau public auquel le producteur souhaite raccorder son installation de production (gestionnaire du réseau de distribution local ou gestionnaire du réseau de transport).

- Au titre du code de l’environnement : L'exploitation d'un parc éolien relève de la législation des installations classées pour la protection de l’environnement (cf. décret n° 2011-984 du 23 août 2011 modifiant la nomenclature des installations classées). Cette activité est soumise à: - déclaration lorsque l’installation comprend uniquement des aérogénérateurs d’une hauteur comprise entre 12 et 50 mètres et pour une puissance installée inférieure à 20 MW ; - autorisation lorsque l’installation comprend au moins un aérogénérateur d’une hauteur supérieure à 50 mètres ou lorsque l’installation comprend des aérogénérateurs dont le mât est compris entre 12 m et 50 m pour une puissance installée supérieure à 20 MW. - dérogation espèces protégées dès lors que le fonctionnement du parc éolien conduit à atteindre au bon état de conservation d’une espèce protégée.

- Au titre du code de l’urbanisme : Les éoliennes dont la hauteur du mât est supérieure à 12 mètres sont soumises à permis de construire.

- Au titre du code forestier : Le porteur de projet éolien peut-être soumis à l’obtention d’une autorisation de défrichement au titre du code forestier.

Ces différentes autorisations font aujourd'hui l'objet d'une procédure dite "d'autorisation unique" menant à une seule et unique décision du Préfet.

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En effet, dans le cadre de la modernisation du droit de l’environnement et des chantiers de simplification, le gouvernement a expérimenté le principe d’une autorisation environnementale unique pour les projets éoliens. Cette expérimentation a poursuivi plusieurs objectifs : - une simplification des procédures sans diminuer le niveau de protection environnementale, - une intégration des enjeux environnementaux pour un même projet, - une anticipation, une lisibilité et une stabilité juridique accrues pour le porteur de projet.

La procédure associée a été initiée par l’ordonnance n° 2014-355 du 20 mars 2014 et encadrée par le décret n° 2014-450 du 2 mai 2014 relatif à l'expérimentation d'une autorisation unique en matière d'installations classées pour la protection de l'environnement.

Suite à cette expérimentation, la loi de transition énergétique pour la croissance verte du 17 août 2015 a généralisé cette procédure à l’ensemble des régions françaises, rendant ainsi plus rapide et lisible pour tous les porteurs de projets la procédure d’autorisation liée à l’éolien. Le présent dossier est instruit dans le cadre de la généralisation de cette autorisation unique.

La procédure d’autorisation unique d’un parc éolien prévoit la réalisation d’une étude d’impacts et de dangers qui évalue les effets du projet sur l’environnement, en incluant des critères tels que l’impact paysager, la biodiversité, le bruit et les risques pour les riverains. Elle prévoit également une enquête publique avec affichage dans un rayon de 6 km autour du lieu envisagé pour l’implantation des éoliennes.

Les enquêtes publiques relatives aux opérations susceptibles d'affecter l'environnement relèvent du Livre Ier – Titre 2 - Chapitre III des parties législative et réglementaire du code de l’environnement, et en particulier des articles L.123-1 à L.123-19 et des articles R.123-1 à R123-27.

Aux termes de l’enquête, le Préfet prend sa décision, par voie d’arrêté préfectoral. Cet arrêté peut fixer des prescriptions complémentaires et compensatoires (éloignement, niveau de bruit, contrôles réguliers, plantations d’écrans, …) qui viennent s’ajouter aux prescriptions réglementaires nationales en fonction des résultats des consultations et de l’enquête publique.

D'une manière générale, les Installations Classées pour la Protection de l'Environnement (ICPE) sont régies par les Livres V – Titres 1ers des parties législative et réglementaire du Code de l'environnement. Les installations classées soumises à autorisation sont celles qui présentent de graves dangers ou inconvénients pour les intérêts visés à l’article L.511-1.

Le projet de centrale éolienne BEL AIR NORD, compte tenu de ses caractéristiques :

- est soumis à autorisation d’exploiter au titre des ICPE La rubrique de la nomenclature des ICPE le concernant est la suivante : 2980-1 : - Installation terrestre de production d’électricité à partir de l’énergie mécanique du vent et comprenant au moins un aérogénérateur dont le mât a une hauteur supérieure ou égale à 50 mètres. - Régime d’autorisation. - Rayon d’affichage de 6 km.

Ce rayon d’affichage concerne les 23 communes suivantes : - AUGY, AUXERRE, BEINE, BLEIGNY-LE-CARREAU, CHABLIS, , , FONTENAY-PRES-CHABLIS, HERY, LA CHAPELLE-VAUPELTEIGNE, LIGNORELLES, LIGNY-LE-CHATEL, MALIGNY, MONETEAU, MONTIGNY-LA-RESLE, , , ROUVRAY, SAINT-BRIS-LE-VINEUX, , , VILLENEUVE-SAINT-SALVES, VILLY.

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- est soumis à permis de construire Au titre des articles R.421-1 et suivants du code de l’urbanisme, les éoliennes dont la hauteur du mât est supérieure à 12 mètres nécessitent un permis de construire.

- ne nécessite pas d’autorisation d’exploiter une installation de production d’électricité Le projet, d’une puissance maximale de 14,4 MW, n’atteint pas le seuil de 30 MW fixé à l’article 1 du décret n° 2000-877, et ne nécessite par conséquent pas d’autorisation au titre de l’article L.311-1 du code de l’énergie.

- nécessite une approbation de projet d’ouvrage privé de raccordement Tout ouvrage privé de transport d’électricité qui emprunte le domaine public nécessite une approbation au titre de l’article L.323-11 du code de l’énergie.

De plus, le projet n’a pas fait l'objet d’une demande d’autorisation au titre des articles L.214- 13 et L.341-3 du code forestier, dans la mesure où il ne nécessite pas de défrichement.

Il n’est pas non plus de nature à porter atteinte à l’objectif de préservation d’une espèce protégée et n’a donc pas fait l’objet d’une demande de dérogation au titre du 4° de l’article L.411-2 du code de l’environnement.

1.5 - Composition du dossier

Le dossier a été réalisé par le bureau d’études SCIENCES ENVIRONNEMENT dont le siège se trouve 6 boulevard Diderot 25000 BESANCON. Il est daté de mai 2016 et a été complété en février 2017.

Le volet paysager a été réalisé par le cabinet JDM PAYSAGISTES, 54 boulevard Carnot, 21000 DIJON. Les photomontages ont été réalisés par le cabinet GEOPHOM, 327 rue de vieille cour, 44521 OUDON. L’étude acoustique a été réalisés par les sociétés RES et GAMBA ACOUSTIQUE, 136 rue du colombier, 31670 LABEGE.

L’ensemble du dossier est constitué de 8 volumes reliés de format A3 et regroupés dans un coffret qui ne pèse pas moins de 13 kilos. L’ensemble compte environ 1280 pages A3 et 150 pages A4, le tout équivalant à 2710 pages A4.

Sa composition est la suivante :

- volume 1 - : CERFA unique

- volume 2 : Sommaire inversé

- volume 3 : Description de la demande d’autorisation - document de 38 pages comprenant 9 figures et 3 tableaux

- volume 4 : Etude d’impact sur l’environnement et son résumé non technique - Ce document concerne l’ensemble du projet éolien Bel Air (Bel Air Nord et Bel Air Sud). - Le résumé non technique présenté en préambule compte 74 pages, comprend 33 figures et 10 tableaux. - L’étude proprement dite compte 382 pages, comprend 198 figures et 98 tableaux. - Son sommaire est le suivant : - 1 : présentation du projet - 2 : analyse de l’état initial de la zone et des milieux susceptibles d’être affectés par le projet

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- 3 : raisons du choix et étude des variantes - 4 : analyse des impacts du projet sur l’environnement - 5 : analyse des effets cumulés du projet avec d’autres projets - 6 : mesures prises pour éviter, réduire ou compenser les effets du projet sur l’environnement et la santé humaine - 7 : compatibilité du projet avec l’affectation des sols et articulation avec les plans, schémas et programmes - 8 : incidences Natura 2000 - 9 : demande de dérogation aux espèces protégées - 10 : présentation des méthodes et difficultés rencontrées - Ses annexes sont les suivantes : - 1 : réponses aux consultations des services techniques et administratifs (45 pages) - 2 : rapport de concertation (14 pages) - 3 : devis pour clôture et haie paysagère

- volume 5 : Etude de dangers et son résumé non technique - Ce document ne concerne que le projet éolien Bel Air Nord, le projet Bel Air Sud ayant fait l’objet d’une étude spécifique, et les effets cumulés des deux projets entre eux ayant été estimés nuls. - Le résumé non technique présenté en préambule compte 8 pages. - L’étude proprement dite compte 67 pages et comprend 22 figures. - Ses 5 annexes comptent 10 pages.

- volume 6 : Documents spécifiques demandés au titre du code de l’urbanisme - 17 documents représentant environ 20 pages.

- volume 7 : Documents demandés au titre du code de l’environnement - partie 1 : cartes et plans (5 pages plus 8 plans) - partie 2 : expertises annexées - expertises naturalistes (218 pages) - étude paysagère (334 pages) - étude acoustique (108 pages) - expertises anémométriques (2 pages) et hydrogéologiques (14 pages)

- volume 8 : Accords et avis consultatifs - Ce document de 18 pages au format A4 contient les avis de la Direction de la Sécurité Aéronautique de l’Etat, de la Direction Générale de l’Aviation Civile, de Météo France, ainsi que ceux des maires et propriétaires, pour la remise en état.

- volume complémentaire (75 pages de format A4) - Il s’agit des éléments que le pétitionnaire a ajoutés en janvier 2017 au dossier initial, suite aux demandes formulées par la Préfecture de l’Yonne dans un courrier daté du 2 septembre 2016.

En complément de ce dossier, l’avis de l’autorité environnementale qui est un document de 17 pages daté du 21 mars 2017 a également été mis à disposition du public.

Le porteur de projet a souhaité ajouter deux documents avant le début de l’enquête publique : - une réponse de la société WEB à l’avis de l’Autorité Environnementale (15 pages A4), - des éléments complémentaires portés à la connaissance du public (il s’agit en fait d’un complément au volume 8 - 28 pages A4).

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1.6 - Concertation locale

Mis en œuvre à l’initiative des sociétés WEB Energie du Vent et EoleRES, un dispositif de concertation avec la population a été mis en place. Il s’est déroulé de juin 2015 à février 2016 et a donné lieu à un rapport du garant dont la synthèse est la suivante :

« Mandatée par les sociétés W.E.B. Energie du Vent et EoleRES afin d’organiser et animer cette consultation locale, Médiation et Environnement a désigné son directeur-associé, Jean- Stéphane Devisse, afin de mener à bien cette mission en tant que garant du dispositif.

M. Devisse a siégé de 2001 à 2013 à la Commission Nationale du Débat Public et à ce titre, a participé à plusieurs débats publics et concertations recommandés par l’autorité administrative; il présente toutes les qualités d’indépendance requises à l’égard de la maîtrise d’ouvrage du projet de Bel-Air, et n’est porteur d’aucun intérêt tant envers ce dernier qu’avec les sociétés concernées.

Le dispositif de concertation s’est articulé autour i/ d’un comité de pilotage composé des représentants des collectivités et de diverses parties prenantes (riverains, agriculteurs) concernées par le projet de Bel-Air, ii/ de la tenue d’une réunion publique à laquelle la population des communes de Beine, Bleigny-le-Carreau, Lignorelles, Montigny-la-Resle et Venoy a été conviée.

Le comité de pilotage s’est réuni avec les représentants du maître d’ouvrage à trois reprises en présence du garant, les 24 juin, 9 septembre 2015 et 24 février 2016 et à une reprise le 10 novembre en réunion de travail avec les membres du comité représentant les communes. Chaque rencontre du comité , d’une durée d’environ 2h15, a permis à ses membres d’interpeller le maître d’ouvrage sur plusieurs points sensibles (distances des habitations, incidences sonores, insertion paysagère) ; ces rencontres ont permis au comité de retenir une variante du projet qui a été soumise à l’appréciation du public au cours de la réunion du 17 novembre 2015.

Celle-ci a permis à une assistance forte de 51 habitants des communes concernées, dont plusieurs membres du comité de pilotage, d’entendre le maître d’ouvrage exposer son projet et de l’interroger durant 1h45 sur les incidences locales de ce dernier.

Tant au cours des rencontres du comité qu’à la réunion du 17 novembre, toutes les questions posées au maître d’ouvrage ont trouvé une réponse que le garant considère sincère et complète.

A noter que toute personne qui le souhaitait avait la possibilité de s’adresser directement au garant en dehors des différentes rencontres et réunions.

A l’exposé de ces faits, le garant considère que : 1. Ce dispositif de concertation locale a été correctement proportionné au projet de Bel-Air et s’est déployé conformément aux attentes exprimées tant par les membres du comité de pilotage que par le maître d’ouvrage, 2. Tout acteur local, partie prenante ou habitant du territoire qui a souhaité s’exprimer a pu le faire, 3. Le maître d’ouvrage a correctement répondu à toutes les questions qui lui ont été posées, à l’appui de documents préparés par ses soins permettant un niveau d’information très satisfaisant.

En conclusion, la qualité du dialogue et des échanges tels qu’ils se sont déroulés ont permis une bonne appréhension du projet par ses protagonistes.

Le garant émet donc les recommandations suivantes : - Le dialogue instauré au sein du comité de pilotage devra se poursuivre sous une forme à déterminer, afin de faire suite à la concertation engagée par le maître d’ouvrage.

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- Il devra se traduire par une information régulière à la population à l’aide d’outils de communication et selon une périodicité à définir ultérieurement. - En tout état de cause, le comité devra veiller à ce que cette information du public n’interfère pas avec le processus d’instruction administrative et d’enquête publique, afin d’éviter toute confusion avec la procédure légale. »

1.7 - Caractéristiques essentielles du projet

Ce chapitre ne mentionne que les principales caractéristiques du projet de parc éolien. Pour plus de précisions, on se reportera au chapitre I du volume n° 4 du dossier, où figure un descriptif technique des installations prévues.

Le projet éolien de Bel Air est composé de deux unités distinctes : - la centrale éolienne de Bel Air Nord, composée de 4 éoliennes (nommées N1 à N4) et de 2 postes de livraison électrique, implantée sur les communes de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles. - la centrale éolienne de Bel Air Sud, composée de 5 éoliennes (nommées S1 à S5) et de 2 postes de livraison électrique, implantée sur les communes de Beine et Venoy.

Le projet d’ensemble regroupe donc 9 éoliennes d’une puissance unitaire maximale de 3600 kW pour une puissance totale installée maximale de 32,4 MW. L’investissement total prévisionnel est de 27 M d’Euros HT.

Les caractéristiques du projet de BEL AIR NORD qui nous intéresse plus particulièrement car objet de la présente enquête publique sont les suivantes : - 4 éoliennes de 3,6 MW maximum. - hauteur totale en bout de pale de 165 mètres maximum. - raccordement au réseau HTA 20 kV en souterrain depuis les éoliennes jusqu’aux deux postes de livraison implantés sur le site, puis jusqu’aux postes source de Bréau et Auxerre. - dimension maximale des postes de livraison de 10,5 x 3 x 3 m chacun. - production d’énergie estimée à 30,6 GWh/an (hypothèse éoliennes de 3,3 MW et fonctionnement annuel de 2320 heures). - équivalence en consommation d’environ 14 100 habitants (consommation domestique, chauffage compris) sur la base d’une consommation annuelle de 4,56 MWh/foyer (source CRE 2015 - INSEE 2,1 personnes/foyer).

L’accès au parc Bel Air Nord est envisagé depuis la RD 965. Il nécessitera de créer 65 mètres de piste, soit 293 m2 de bande roulante et 98 m2 de bordure à terrasser. Par ailleurs, 2735 mètres de piste seront à améliorer, 4800 mètres seront à élargir de 2 m environ et 13 virages seront à créer. Les surfaces de chantier seront de 19 600 m2. (voir tableau de synthèse en page 43 de l’étude d’impact)

Les parcelles concernées sont des propriétés privées. Chaque propriétaire et exploitant agricole a signé une promesse de bail emphytéotique et/ou une promesse de convention de servitude.

A la fin de l’exploitation, le parc éolien sera démantelé et les terrains remis en état comme le prévoit la réglementation.

1.8 - Principaux enjeux environnementaux

Seuls les enjeux environnementaux les plus importants sont ici résumés. Il n’est en effet ni nécessaire ni utile de reproduire le contenu de l’étude d’impact qui, rappelons-le, est développée sur près de 400 pages de format A3. On pourra aussi se reporter au résumé non technique, plus facilement accessible.

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1.8.1 - Enjeux relatifs au milieu physique

Le projet se situe sur le bassin versant de l’Yonne via le Serein et le Sinotte mais il n’y a pas de cours d’eau sur l’aire d’étude rapprochée. On ne relève pas non plus de captage d’eau potable sur l’aire d’étude immédiate.

La création des fondations et des postes de livraison entraîne l’imperméabilisation d’une surface d’environ 2100 m2. Les risques principaux sur les milieux aquatiques sont surtout liés aux phases de chantier par pollution accidentelle, car en fonctionnement normal, les éoliennes n’ont pas d’impact sur la qualité des eaux superficielles et souterraines.

Les fondations, tranchées et créations des voies d’accès engendreront une modification de la qualité des sols, mais cet effet sera relativement limité dans l’espace et dans le temps.

Le risque de retrait/gonflement des argiles sur le secteur est estimé moyen à faible. La sensibilité du site est faible à très faible pour les autre risques naturels (risque sismique, risque de mouvement de terrain, risque incendie et tempête).

1.8.2 - Enjeux relatifs au milieu naturel

L’aire d’étude élargie comprend des sites Natura 2000 faisant partie du réseau européen de protection de la biodiversité, mais aucun espace remarquable n’est concerné par le périmètre d’implantation des éoliennes. Le plus proche, une ZNIEFF de type 1, dénommée « Thureau de Saint Denis », se trouve à 800 mètres. Les autres sont au minimum à 3 km.

Le Schéma Régional de Cohérence Ecologique de Bourgogne ne mentionne pas de corridor écologique sur l’aire d’étude rapprochée. Les trames vertes et bleues ne seraient pas interrompues.

Du point de vue agricole, le secteur comporte surtout des cultures, des vignobles, quelques boisements majoritairement feuillus abritant des mares, des bosquets et des haies. Aucune espèce floristique protégée ou remarquable n’a été identifiée. Toutefois, l’aménagement de deux virages (F et G) nécessite la destruction de 150 mètres de haies qui seront ensuite restaurées.

Concernant les oiseaux, 120 espèces ont été observées sur l’aire d’étude rapprochée dont 72 en période favorable à leur reproduction. Les enjeux se concentrent au droit du bois de Bel Air et des secteurs bocagers.

Le fait majeur est qu’un couloir de migration de la grue cendrée et de plusieurs espèces de rapaces, orienté sud-ouest/nord-est traverse la zone. Il concerne plus particulièrement l’éolienne N1 et dans une moindre mesure l’éolienne N2 qui se situe à la marge de ce couloir.

Les 17 espèces de chauves-souris identifiées fréquentent surtout les milieux boisés, leurs lisières et les haies. Leur activité enregistrée à 22 contacts par nuit en moyenne a été estimée très faible. A 41 mètres d’altitude, des écoutes de longue durée ont donné une moyenne de 1,5 contact par nuit. Les prospections n’auraient pas révélé la présence des espèces réputées les plus sensibles aux collisions avec les éoliennes.

1.8.3 - Enjeux relatifs au milieu humain

Les 5 communes qui sont touchées par le périmètre d’étude rapproché comptent toutes moins de 2000 habitants. La plus peuplée est Venoy avec 1776 habitants, la moins peuplée Lignorelles avec 182 habitants. De nombreux hameaux jalonnent le territoire. La distance minimale réglementaire de 500 mètres entre les éoliennes et les habitations est respectée. L’habitation la plus

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proche se trouve à 890 mètres de l’éolienne N4, mais il s’agit d’une ruine inhabitée classée en zone non constructible dans le Plan d’Occupation des Sols.

L’agriculture et la viticulture constituent des activités importantes pour les communes concernées par le projet. La surface agricole totale impactée par le projet Bel Air Nord sera de 33 250 m2, dont 19 600 m2 de surface de chantiers temporaires. Le secteur présente aussi de nombreux atouts touristiques, les principaux étant la découverte du vignoble et la randonnée.

L’aire d’étude est grevée par plusieurs contraintes et servitudes liées au passage de faisceaux hertziens, à la présence de la station radio-électrique de Bleigny-le-Carreau et à la proximité d’une ligne électrique aérienne 25 kV. Les éoliennes se situeraient en dehors de ces zones de servitudes.

Concernant les impacts sonores, aucun dépassement des seuils d’émergence réglementaire (différence entre le niveau sonore avec et sans le projet) n’a été évalué en période diurne. En revanche, des dépassements ont été constatés en période nocturne, nécessitant la mise en place d’un plan de bridage.

1.8.4 - Enjeux relatifs au paysage

La présence de sites patrimoniaux très touristiques à Auxerre, Chablis et Pontigny doivent retenir l’attention. D’après le Schéma Régional Eolien, une zone d’attention patrimoniale accrue s’organise à 10 km autour de l’Abbaye de Pontigny. Les distances de plusieurs kilomètres (Auxerre à 7 km à l’ouest, Chablis à 4 km à l’est, Pontigny à 5 km au nord) entre ces sites et le projet limitent néanmoins les impacts.

Les centre-bourgs de Bleigny-le-Carreau, de Lignorelles et de Beine sont éloignés respectivement d’environ 1,1 km, 1,4 km et 1,7 km du projet.

Les paysages de la vallée du Serein et du vallon de Beine, ainsi que les paysages viticoles, présentent une sensibilité majeure. De plus, des risques d’inter-visibilité existent à Lignorelles et Bleigny-le-Carreau. Les églises de Beine et de la Chapelle-Vaupelteigne sont inscrites au titre des monuments historiques.

Depuis le chemin de grande randonnée (GR de Saint-Jacques de Compostelle) qui traverse le Chablisien, les enjeux sont également importants.

Enfin, l’autre aspect de ce projet réside dans l’effet cumulé avec les projets éoliens autorisés ou en cours d’instruction dans cette partie du centre-Yonne. Dans un rayon de 20 km autour du projet, 73 éoliennes ont été autorisées.

2 - Organisation et déroulement de l’enquête

2.1 - Désignation du commissaire enquêteur

Par décision n° E17000040/21 du 20 avril 2017, M. le Président du tribunal administratif de DIJON a désigné M. José JACQUEMAIN en qualité de commissaire enquêteur pour l’enquête publique ayant pour objet : Demande d’autorisation unique pour l’exploitation d’une installation de 4 éoliennes et de deux postes de livraison par la S.A.S. CEPE BEL AIR NORD (WEB Energie du Vent) sur le territoire des communes de Bleigny-le-Carreau et de Lignorelles (89).

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2.2 - Préparation de l’enquête

Afin de retirer le dossier et de définir les modalités de l’enquête, je me suis rendu à la Direction des collectivités et des politiques publiques - Service de l’environnement - de la préfecture de l’Yonne à Auxerre.

Conformément à la concertation prévue par le Code de l’environnement, le projet d’arrêté préfectoral prescrivant l’ouverture de l’enquête publique m’a été soumis pour avis le 2 mai 2017 par courrier électronique. L’observation que j’ai formulée, relative au fait que l'article R123-10 mis à jour suite à la publication du nouveau décret n° 2017-626 du 25 avril 2017 ne prévoit plus de "contre-proposition" du public, a été prise en compte.

2.3 - Décision de procéder à l’enquête

Par arrêté n° PREF-DCPP-SE-2017-343 du 4 mai 2017, M. le Préfet de l’Yonne a prescrit l’ouverture de l’enquête publique relative à une demande d’autorisation unique pour l’exploitation d’un parc éolien sur le territoire des communes de Bleigny-le-Carreau et de Lignorelles, présentée par la S.A.S. C.E.P.E. BEL AIR NORD - WEB Energie du Vent.

2.4 - Calendrier et périmètre de l’enquête

Dans son article 1er, l’arrêté préfectoral indique que l’enquête publique sera ouverte en mairies de BLEIGNY-LE-CARREAU et de LIGNORELLES du mardi 6 juin 2017 (9h00) au jeudi 6 juillet 2017 (17h00) inclus.

L’article 2 précise que le commissaire enquêteur sera présent : - à la mairie de BLEIGNY-LE-CARREAU: - mardi 6 juin 2017 de 9 h à 12 h, - mercredi 14 juin 2017 de 9 h à 12 h, - samedi 1 juillet 2017 de 9 h à 12 h, - à la mairie de LIGNORELLES - jeudi 8 juin 2017 de 15 h à 18 h, - samedi 24 juin 2017 de 9 h à 12 h, - jeudi 6 juillet 2017, de 14 h à 17 h.

2.5 - Rencontre avec le responsable du projet et visite des lieux

J’ai rencontré pour la première fois le chef de projet, Monsieur Laurent MAHIEU, le 16 mai 2017 à la mairie de Bleigny-le-Carreau. Cette réunion de travail qui a duré deux heures s’est tenue en présence de Monsieur le Maire, Monsieur Jean-François TRUCHY qui a souhaité y assister.

Dans un premier temps, j’ai rappelé l’objet de l’enquête publique, le rôle du commissaire enquêteur et les conditions d’une bonne prise en compte de la participation du public.

Mr MAHIEU avait préparé un diaporama qui comprenait : - une présentation des sociétés WEB Energie du Vent et Eole-RES, - un rappel de l’historique du projet, - une synthèse de ses caractéristiques essentielles.

Nos échanges ont d’abord porté : - sur les conditions dans lesquelles le projet à été développé, - sur les raisons pour lesquelles les sociétés WEB et RES ont été amenées à signer un protocole d’accord en septembre 2015, afin de réaliser un co-développement,

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- sur les modalités de la concertation qui a été mise en place, avec création d’un comité de pilotage et recours à un garant.

Nous avons également abordé les enjeux environnementaux les plus importants du projet et les questions que la lecture du dossier m’avait suggérées. Sur ce point, Mr MAHIEU m’a remis un document de 15 pages qui est une réponse de la société WEB à l’avis de l’autorité environnementale, document qui sera joint au dossier et mis à disposition du public.

A l’issue de ce temps de travail, nous avons entrepris la visite des lieux. Après avoir rejoint Mme Floriane GIROD, responsable du projet BEL AIR SUD, et Mr PATIGNIER, commissaire enquêteur, nous avons ensemble effectué en 2 heures et demie un parcours d’environ 40 kilomètres autour du site d’implantation des éoliennes. Ce circuit nous a conduits de Lignorelles à Bleigny-le- Carreau, Venoy, Chablis, Maligny, Pontigny, Montigny-la-Resle et Merry.

Nous avons fait étape et approfondi nos observations aux endroits correspondant aux photomontages suivants : - n° 43 : vue depuis la D124, route Sud de lignorelles, - n° 45a et 45b : vue depuis la D124, sortie Ouest de Bleigny-le-Carreau, - n° 13 : vue depuis la RN65 reliant Auxerre à Chablis, près de l’échangeur A6, - n° 22 : vue depuis le chemin de Saint-Jacques de Compostelle sur Chablis et ses paysages viticoles. Nous nous sommes également rendus à la table d’orientation qui domine la côte des Grands Crus. - n° 51 : vue depuis les abords proches de l’Abbaye de Pontigny.

Ce 16 mai, le temps était particulièrement clément, la visibilité maximale et la vue dégagée. La présence des deux mâts de mesure d’une hauteur d’environ 100 mètres, installés à l’emplacement des éoliennes S1 et N2 et visibles de très loin a facilité nos repérages. A chacune de nos étapes, nous avons pu constater l’existence ou non de co-visibilités avec des monuments patrimoniaux ou d’autres parcs éoliens.

De cette visite particulièrement instructive, au-delà de tout ce que l’étude paysagère indique, je retiens essentiellement: - qu’à Bleigny-le-Carreau, seules les maisons qui sont situées rue des Sources à la frange du village, auront une vue directe sur les éoliennes, - qu’à proximité de l’échangeur A6 Auxerre Nord, en direction de Chablis, il n’existera pas de co-visibilité avec les pars éoliens du Soleil Levant et de Chitry-Quenne, - que depuis la table d’orientation qui surplombe les Grands Crus de Chablis, lieu particulièrement fréquenté par les touristes, 27 éoliennes sont déjà visibles. Dans leur prolongement, le projet Bel Air Sud en ajouterait 2, alors que les 7 autres du projet Bel air, nettement plus au Nord- Ouest, ne seraient pas visibles, - que des abords de l’abbaye de Pontigny, les éoliennes ne pourront être perçues.

2.6 - Réunion des commissaires enquêteurs des projets BEL AIR NORD et BEL AIR SUD

Suite à ce travail de terrain, Mr PATIGNIER, commissaire enquêteur chargé de conduire l’enquête publique relative au projet Bel Air Sud et moi-même avons souhaité nous rencontrer aux motifs que : - les deux projets ont fait l’objet d’un co-développement par les deux maîtres d’ouvrages, le choix de les dénommer Bel Air Nord et Bel Air Sud attestant de cette volonté de rapprochement, - les demandes d’autorisation ont été déposées simultanément et les enquêtes publiques organisées selon le même calendrier, - l’étude d’impact est commune aux deux projets dont les effets se cumulent, - pour le public, concrètement, les 9 éoliennes installées constitueraient un seul et unique parc éolien.

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Nous nous sommes donc retrouvés le jeudi 18 mai à 14h00 à la mairie de Beine pour une réunion qui a duré 3 heures. Nous avons pu faire le bilan de nos rencontres avec les maîtres d’ouvrage, échanger au sujet des points sensibles du dossier et ce faisant, approfondir notre connaissance des projets.

Nous nous sommes à nouveau concertés à la fin de l’enquête publique, le samedi 8 juillet, afin de faire le bilan des observations du public.

2.7 - Mesures de publicité

En application de l’article 6 de l’arrêté préfectoral, l’avis d’ouverture d’enquête publique a été publié dans les journaux suivants : - « L’Yonne Républicaine » le vendredi 19 mai et le mercredi 7 juin 2017, - « La Liberté de l’Yonne » le jeudi 18 mai et le jeudi 8 juin 2017.

Ce même avis a également été publié sur le site Internet des services de l’Etat dans l’Yonne, à l’adresse : www.yonne.gouv.fr (rubrique Politiques publiques / Environnement / Installations classées / Enquêtes publiques).

Dans les mêmes conditions de délai et de durée, à savoir quinze jours au moins avant l’ouverture de l’enquête et pendant toute la durée de celle-ci, il devait aussi être affiché : - dans les mairies de Bleigny-le-Carreau et de Lignorelles, ainsi que dans les 21 mairies des communes dont une partie du territoire est touchée par le rayon d’affichage réglementaire de 6 km autour du site, à savoir : Augy, Auxerre, Beine, Chablis, Chitry, Courgis, Fontenay-près-Chablis, Héry, La Chapelle-Vaupelteigne, Ligny-le-Châtel, Maligny, Monéteau, Montigny-la-Resle, Pontigny, Quenne, Rouvray, Saint-Bris-le-Vineux, Venouse, Venoy, Villeneuve-Saint-Salves et Villy, - dans le voisinage de l’installation projetée et en des lieux visibles de la voie publique.

2.8 - Modalités d’information et de consultation du public

Les pièces du dossier comprenant une étude d’impact et l’avis de l’autorité environnementale, ainsi qu’un registre d’enquête à feuillets non mobiles, coté et paraphé par le commissaire enquêteur ont été déposés en mairie de BLEIGNY-LE-CARREAU et de LIGNORELLES, pendant toute la durée de l’enquête du 6 juin 2016 au 6 juillet 2017, afin que chacun puisse en prendre connaissance et consigner ses observations, aux jours et heures habituels d’ouverture de ces mairies.

Parallèlement, le dossier complet, ainsi que l’avis de l’autorité environnementale, ont pu être consultés sur le site Internet des services de l’Etat dans l’Yonne à l’adresse : www.yonne.gouv.fr (rubrique Politiques publiques / Environnement / Installations classées / Enquêtes publiques).

Le dossier a pu également être consulté, entre le 6 juin 2017 et le 6 juillet 2017, sur un poste informatique mis à disposition du public à la préfecture de l’Yonne à Auxerre (Service Environnement) de 9h00 à 12h00 et de 14h00 à 16h30, sur rendez-vous en téléphonant au 03.86.72.78.18 ou 03.86.72.79.89

Pendant cette période, le commissaire enquêteur a tenu 6 permanences de 3 heures pour recevoir en personne les observations du public.

De plus, les observations que soulève le projet ont pu être adressées : - au Préfet, par voie électronique, à l’adresse : [email protected], - au commissaire enquêteur, par courrier, à la mairie de Bleigny-le-Carreau.

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2.9 - Clôture de l’enquête

Le jeudi 6 juillet 2017, à 17 heures, à l’expiration de la durée de l’enquête, j’ai clos et signé les registres des mairies de Lignorelles et Bleigny-le-Carreau. Le lendemain matin, je me suis assuré que des messages électroniques n’avaient pas été déposés à la Préfecture tardivement.

2.10 - Notification des observations du public au maître d’ouvrage

Conformément aux dispositions de l’article 8 de l’arrêté préfectoral, le procès verbal de synthèse des observations du public contenant aussi les questions du commissaire enquêteur a été remis en mains propres à Mr Laurent MAHIEU, chef de projet, le lundi 10 juillet 2017 à 10 heures, à la mairie de Bleigny-le-Carreau.

2.11 - Mémoire en réponse du maître d’ouvrage

Le maître d’ouvrage m’a fait parvenir le 20 juillet 2017, c'est-à-dire dans le délai qui lui était imparti pour le faire, un mémoire en réponse aux observations du public qui compte 36 pages.

2.12 - Remise du rapport

Le 28 juillet 2017, le commissaire enquêteur a adressé au service « Environnement » de la préfecture de l’Yonne, son rapport, ses conclusions motivées, le procès verbal des observations, le mémoire en réponse du maître d’ouvrage, ainsi que les registres et les courriers contenant les observations du public. Parallèlement, il a adressé son rapport et ses conclusions motivées à Mr le Président du tribunal administratif de Dijon.

3 - Bilan quantitatif et analyse des observations du public

Au cours des 6 permanences de 3 heures tenues dans les mairies de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles, le commissaire enquêteur a accueilli 7 personnes dont 2 couples qui ont souhaité consulter le dossier, obtenir des renseignements sur le projet, déposer un courrier ou inscrire des observations sur le registre.

Le bilan comptable des observations recueillies dans les registres et des courriers reçus s’établit ainsi : - 1 observation sur le registre ouvert à la mairie de Bleigny-le-Carreau, - 0 observation sur le registre ouvert à la mairie de Lignorelles, - 1 courrier électronique déposé sur la boîte ouverte à la Préfecture, - 4 courriers adressés ou remis au commissaire enquêteur.

Mis à part les contributions « collectives » du groupement d’entreprises de la filière éolienne Wind for Future (W4F) et du conseil municipal de Saint-Bris le Vineux, 7 personnes se sont exprimées à titre individuel dans les registres ou par courrier, 3 favorablement, 4 défavorablement.

Au titre des contributions FAVORABLES au projet, on compte celles : - de Wind for Future, - de Mr Ferrier Pierre, - de Mme et Mr Bosseaux Dominique. Au titre des contributions DEFAVORABLES au projet, on compte celles : - de Mme et Mr Martinez (non argumentée), - de Mme et Mr Magne, - du conseil municipal de Saint-Bris le Vineux.

Parmi ces différentes contributions, on ne relève aucune proposition.

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3.1 - Compte rendu des permanences

1ère permanence du mardi 6 juin 2017 de 9h00 à 12h00 à Bleigny-le-Carreau :

- visite de Mme HUGOT GILBERT Michelle, habitant 51 rue des 3 Soleines à Soleines, venue se renseigner sur la position des éoliennes par rapport à des terres qu’elle possède dans le secteur de la « Haie des Pruniers ». - aucune observation n’est portée au registre.

2ème permanence du jeudi 8 juin 2017 de 15h00 à 18h00 à Lignorelles :

- aucune visite. - aucune observation.

3ème permanence du mercredi 14 juin 2017 de 9h00 à 12h00 à Bleigny-le-Carreau :

- visite de Mme et Mr MARTINEZ Antonio, demeurant 1 chemin des Barres à Bleigny-le Carreau, qui ont formulé une observation sur le registre. - visite de Mme LE STRAT demeurant 7 rue des Sources à Bleigny-le-Carreau, venue simplement se renseigner sur le projet, sans rédiger d’observation ni exprimer de point de vue particulier.

4ème permanence du samedi 24 juin 2017 de 9h00 à 12h00 à Lignorelles : - visite de Mr GUILLE Daniel, habitant 6 rue Saint Vincent à Lignorelles, venu se renseigner sur le lieu d’implantation des éoliennes et déclarer oralement qu’il ne voit pas d’inconvénient à la réalisation de ce projet.

5ème permanence du samedi 1 juillet 2017 de 9h00 à 12h00 à Bleigny-le-Carreau :

- visite de Mme et Mr MAGNE, Domaine de Sainte Anne à 89290 Venoy, venus dire leur opposition au projet et déposer un courrier de 4 pages.

6ème permanence du jeudi 6 juillet 2017 de 14h00 à 17h00 à Lignorelles : - aucune visite. - aucune observation.

Hors permanences : - Courrier de W4F, Wind for Future, 8 rue du 19 mars 1962, 21600 LONGVIC, signé de Mr Emmanuel SCHUDDINCK, Délégué Général. - Courrier de Mme le Maire de Saint-Bris le Vineux rapportant l’avis du conseil municipal, - Courrier de Mme et Mr BOSSEAUX Dominique, 24 Grande Rue, 89230 Bleigny-le- Carreau, daté du 27 juin 2017. - Message électronique de Mr FERRIER Pierre, demeurant 10 Grande Rue à Bleigny-le- Carreau.

3.2 - Observation du public consignée dans les registres

Observation de Mme et Mr MARTINEZ Antonio, 1 chemin des Barres à Bleigny-le- Carreau : « Je suis contre ce projet. »

Commentaires du commissaire enquêteur : La société WEB n’a pu apporter de réponse à cette observation parce qu’elle est non argumentée.

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Lors de leur visite, Mme et Mr MARTINEZ ont consulté des cartes. Ils voulaient connaître l’emplacement des éoliennes. Résidant à l’extrémité Sud de Bleigny-le-Carreau, ils ont surtout exprimé oralement l’inquiétude d’avoir une vue directe sur les machines dont ils considèrent la taille excessive. Ils ont pu constater que l’éolienne la plus proche de leur domicile sera la N1 qui est distante d’environ 1 kilomètre. Toutes les habitations qui se trouvent sur le côté Est du village se trouvent à cette même distance.

3.3 - Observation du public exprimée par voie électronique

Message de Mr FERRIER Pierre, 10 Grande Rue à Bleigny-le-Carreau : « Je suis favorable à ce projet. Il serait dommage de ne pas profiter des possibilités qu'offre ce plateau. Certes, il y a déjà quelques parcs autour mais cela est moins dommageable qu'une autre source de production d'électricité thermique. Je préfère grandement avoir des éoliennes que même une unité photovoltaïque. En espérant que ce projet verra le jour. »

Réponse du maître d’ouvrage : La société WEB a apporté une réponse commune aux 3 contributions favorables. Celle-ci peut-être consultée à la suite du courrier de W4F ci-dessous.

3.4 - Observations émises par courrier

Courrier de W4F, Wind for Future, 8 rue du 19 mars 1962, 21600 LONGVIC, signé de Mr Emmanuel SCHUDDINCK, Délégué Général, et dont le contenu est le suivant :

« Groupement d’entreprises de la filière éolienne unique en France de par sa taille et sa reconnaissance par les services de l’état en tant que grappe d’entreprises labellisée regroupant 90 membres dont environ 70 entreprises, notre association fédère ainsi plus de 1200 d’emplois dans l’éolien sur les régions Bourgogne et Franche Comté potentiellement concernées par ce projet.

A ce titre, nous nous permettons d’apporter à votre connaissance notre contribution et expertise sur ce projet de parc éolien.

Comme vous le savez, la France dans le cadre des différents protocoles de Kyoto, de Copenhague, dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, s’est engagée à réduire ses émissions de CO2 et à développer les énergies renouvelables à hauteur de 23% de sa consommation à l’horizon 2020.

Ces objectifs ont été rappelés par la loi sur la transition énergétique qui vise à porter à 34% la part des énergies issues du renouvelable et par l’accord historique de Paris visant à réduire les émissions et donc le réchauffement du climat.

L’éolien constitue une part importante de cet effort ce qui a d’ailleurs été relevé dans le cadre de la réalisation du schéma régional climat air énergie de Bourgogne et de son volet éolien à hauteur de 1500MW de puissance installée avec l’Yonne comme département offrant le meilleur potentiel. Cet objectif ambitieux, mais d’engagement concret, fut établi conjointement par les services de l’état en région et le conseil régional après une longue phase de concertation avec les associations et collectivités locales.

D’ailleurs, la Cour des Comptes a relevé dans son dernier rapport la maturité et la compétitivité de l’éolien terrestre, seule énergie renouvelable avec l’hydro-électricité à proposer des coûts tarifaires très compétitifs.

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Avec l’arrivée des appels d’offres et un prix plafond de 76€/MW l’énergie éolienne terrestre propose des coûts de production inférieurs à ceux de la filière du nucléaire de nouvelle génération de type EPR.

Au niveau de la Bourgogne, l’atteinte des objectifs passe par une forte évolution de la puissance éolienne installée limitée actuellement à un seul de parc de 450MW, très loin de l’objectif de ces 1500MW.

Au-delà de la contribution aux objectifs du schéma régional éolien, nous le soutenons aux motifs suivants :

1) La société WEB Energie du Vent connait parfaitement le contexte éolien régional et national au travers du développement de nombreux projets de parcs éoliens dans le ¼ nord-est de la France. A travers ce premier projet en région Bourgogne-Franche- Comté, WEB Energie du Vent a souhaité contribuer au développement de l’énergie éolienne dans l’Yonne. 2) La réalisation du parc éolien générera d’importantes retombées fiscales pour les collectivités locales, indispensables pour leurs développements économiques et la réalisation d’éco-activités. 3) Comme l’attestent d’autres parcs éoliens déjà existants, la construction de ce nouveau parc éolien aura des retombées très fortes sur l’hostellerie et la restauration locale, qui perdureront lors de son exploitation et de sa maintenance. 4) La dévalorisation du patrimoine immobilier qui est parfois invoquée par les opposants n’a jamais pu être confirmée par des études sérieuses sur le sujet. Au contraire, les retombées fiscales locales étant facteurs de développement ou de maintien de services de proximité (commerces, crèches, taux de taxes locales)… 5) La société s’engage à privilégier la sous-traitance locale tant au niveau de la fabrication de certains composants d’éoliennes que de la réalisation d’une partie du chantier (génie-civil, voirie, raccordement électrique). La réalisation de ce projet de parc éolien aura donc une incidence significative sur l’activité économique locale et régionale aussi bien sur la phase de chantier que sur la fabrication de composants que sur les activités de maintenance et d’exploitation. 6) Le projet permettra également la création d’emplois dans les services de maintenance et d’exploitation des éoliennes avec des techniciens recrutés localement et formés notamment en lien avec la filière énergies renouvelables proposée au lycée Eiffel de Dijon soutenue par la région et le pôle emploi avec aujourd’hui une plateforme et des équipements qui ont déjà permis la création de plus d’une cinquantaine d’emplois dans la maintenance éolienne. 7) Le projet initié s’inscrit dans une démarche concertée avec les élus et la population, équilibré dans sa conception eu égard aux avis recueillis, et à la prise en compte des contraintes environnementales. 8) Le projet s’inscrit dans la continuité de parcs existants avec un impact minimisé. »

Réponses du maître d’ouvrage : « Ces contributions mettent en évidence la volonté de WEB d’associer les territoires en phase de développement. Consciente que l’acceptabilité locale est un élément clé de la réussite de ses projets, WEB a eu pour objectif permanent sur Bel Air Nord la prise en compte des recommandations des parties prenantes pour proposer un projet adapté aux spécificités locales. Forte de ces convictions, les projets qu’elle dépose reflètent la considération de nombreuses contraintes environnementales et paysagères, dans le respect des territoires et de leurs spécificités. Les conseils municipaux, impliqués dans la conception du parc éolien protègent les intérêts locaux et font valoir les attentes

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de leurs administrés. Sur le projet Bel Air Nord, nous avons mis en place une concertation innovante et fédérative. WEB a multiplié les opérations de communication, conseillées et accompagnées par un expert de la démocratie participative et de la concertation locale. Les sociétés se sont appuyées sur le comité de pilotage, regroupant les représentants des institutions et associations influentes locales, pour l’élaboration de leurs projets. Le projet initié s’inscrit donc dans une démarche concertée avec les élus et la population, équilibré dans sa conception eu égard aux avis recueillis, et à la prise en compte des contraintes environnementales.

La contribution de Monsieur Bosseaux est intéressante car elle permet de souligner le travail réalisé par WEB en recherche de site. Le site de Bel Air Nord est particulièrement propice à l’éolien, notamment en terme de gisement.

La filière éolienne en France ne cesse de se développer et crée ainsi de nombreux emplois dans tous corps de métiers. Le cluster éolien Wind for Future témoigne de la dynamique des entreprises bourguignonnes dans le secteur de l’éolien. Il réunit plus de 60 entreprises représentant aussi bien la fabrication d’équipements éoliens, que l’étude et le contrôle, les transports ou la maintenance. La création de formations, soutenues par la Région Bourgogne et spécifiques à la filière des énergies renouvelables témoigne des besoins en terme d’emploi puisqu’elles ont déjà permis la création de plus d’une cinquantaine de postes dans la maintenance éolienne

Wind for future souligne également que le parc éolien de Bel Air Nord contribuera à la création d’emplois directs et indirects, que ce soit dans les métiers de la maintenance ou de l’exploitation. L’éolien permet à ce titre de créer des emplois temporaires et permanents en valorisant, de manière systématique, les entreprises françaises et locales.

Enfin, ces contributions mettent en évidence l’appropriation par les populations de la transition énergétique. WEB s’inscrit comme un acteur de cette transition. L’éolien constitue une part importante de l’effort engagé par la politique nationale française pour porter à 34% la part des énergies issues du renouvelables. Ces objectifs sont déclinés au niveau des régions et notamment au travers de la réalisation du schéma régional climat air énergie. Pour la Bourgogne le volet éolien est porté à hauteur de 1500MW de puissance installée avec l’Yonne comme département offrant le meilleur potentiel. Cet objectif ambitieux, mais d’engagement concret, fut établi conjointement par les services de l’état en région et le conseil régional après une longue phase de concertation avec les associations et collectivités locales. Au niveau de la Bourgogne, l’atteinte des objectifs passe par une forte évolution de la puissance éolienne installée limitée actuellement à un seul de parc de 450MW. D’ailleurs la Cour des Comptes a relevé dans son dernier rapport la maturité et la compétitivité de l’éolien terrestre qui, avec l’hydro-électricité, propose des coûts tarifaires très compétitifs. »

Commentaires du commissaire enquêteur : Il est peu fréquent qu’une enquête publique portant sur un projet de ce type recueille aussi peu d’observations. Il est encore plus rare que des avis favorables s’expriment. Il est ici surprenant de compter autant de contributions favorables que défavorables, à la nuance près que celle de W4F va de soi. Alors, indifférence ou approbation de la population ? En général, l’opposition s’exprime… Concernant ce projet Bel Air Nord, on peut effectivement penser qu’il bénéficie d’une bonne acceptabilité. Le rapport du garant fait état d’une démarche de communication sincère, d’un travail

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sérieux du comité de pilotage et d’une prise en compte par la société WEB des souhaits des collectivités locales. Il ne fait pas de doute que dans ces villages que sont Bleigny-le-Carreau et Lignorelles, la population connaît le projet. L’hypothèse la plus vraisemblable est que les habitants soit l’approuvent, soit l’acceptent. Cependant, l’absence d’intervention des associations « anti-éolien » et des syndicats viticoles est à noter.

Courrier de Mme et Mr BOSSEAUX Dominique, 24 Grande Rue, 89230 Bleigny-le- Carreau, daté du 27 juin 2017 et dont le contenu est le suivant :

« Suite au projet d’enquête publique sur les communes de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles d’un projet de parc éolien, nous supposons qu’il n’y aura pas une pollution des terres agricoles (anciens agriculteurs). Nous donnerons un avis très favorable pour ce petit parc éolien. Car deux éoliennes sur Bleigny ne vont pas obstruer le paysage. »

Réponse du maître d’ouvrage : La société WEB a apporté une réponse commune aux 3 contributions favorables. Celle-ci peut-être consultée à la suite du courrier de W4F ci-dessus.

Courrier de Mme et Mr MAGNE, Domaine de Sainte Anne, 89290 Venoy, non daté, dont le contenu est le suivant :

« De l’utilité des éoliennes… en Bourgogne. 1) Principe de base : Pour que les éoliennes fournissent de l’électricité, il faut du vent. La Bourgogne est la quatrième région la moins ventée de France. Réponse de Web Energie du Vent : « Le rapport anémométrique présenté dans le volume 7 du dossier déposé, fait état d’une prévision de vent à 100m au-dessus du sol, qui est supérieure à 6.5m/s sur le site de Bel Air. Ce résultat est tout à fait compatible avec la réalisation d’un projet éolien, le facteur de charge attendu pour ce projet étant bien supérieur à la moyenne nationale. Plus de détails sur les conditions de vents dans l’Yonne sont précisés dans le paragraphe 5.3.2 (Gisement éolien en Bourgogne, dans l’Yonne et sur Bel Air) du présent mémoire en réponse. » Commentaires du commissaire enquêteur : La propension des investisseurs à développer des parcs éoliens dans cette partie du département de l’Yonne prouve bien qu’il existe ici un véritable gisement. Les 73 éoliennes déjà présentes aux alentours n’auraient pas été autorisées si les conditions de vent n’étaient pas favorables.

2) Quand on veut utiliser des énergies nouvelles, autant être à la pointe du progrès : Entre la conception d’un projet de parc éolien et son aboutissement opérationnel, il s’écoule en général de 10 à 15 ans ! Donc, les outils prévus au départ seront obsolètes 10 à 15 ans après. Réponse de Web Energie du Vent : « La demande d‘autorisation unique est basée sur un gabarit machine type de 165m de hauteur bout de pale maximale et 3.6 MW de puissance maximale. Cette demande se concentre donc sur une enveloppe et non uniquement sur un type de machine actuel. Comme indiqué dans le rapport, le modèle d’éolienne retenu après consultation des constructeurs pourra présenter des caractéristiques géométriques ou électriques différentes de celui présenté dans ce rapport, sans que cela ne constitue un changement notable de l’installation au sens du Code de l’Environnement. En effet, avant la construction du parc, WEB choisira le modèle d’éolienne

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disponible sur le marché, respectant le gabarit des autorisations, et le plus adapté au site (courbes de production et données acoustiques, possibilité éventuelle de bridage).

L’économie du projet pour la CEPE de Bel Air Nord est décrite en détail dans le Volume 3, section 4.

Il est également utile de préciser à cette occasion que le temps moyen entre le dépôt des dossiers de demande et la mise en service, dans le cadre d’une instruction classique (incluant les demandes de compléments) est d’environ 2 à 3 ans. Nous convenons cependant que les délais peuvent être plus importants lorsque les autorisations préfectorales sont attaquées par les personnes opposées au projet. En effet, les recours durent généralement entre 4 et 6 ans. Le choix de fixer une enveloppe projet, et non une machine précise permet alors de respecter le contexte démocratique Français tout en installant les éoliennes les plus performantes sur le marché au moment de la construction. » Commentaires du commissaire enquêteur : Les énergies renouvelables sont en plein développement ; la réglementation évolue sans cesse ; les progrès technologiques sont constants. Il me semble que la stratégie qui consiste à développer le projet dans un cadre défini, puis à choisir les machines les plus appropriées et les plus performantes au moment de la construction, est pertinente. Ceci dit, il faut déplorer qu’il faille encore plusieurs années d’instruction de dossier pour monter 4 éoliennes, alors qu’on parle d’urgence climatique. Et que dire de la lourdeur et du coût des études d’impact et de dangers, alors que ceux-ci sont dans leur majorité désormais parfaitement connus, compte-tenu de l’expérience acquise dans ce domaine.

3) La conception d’un parc éolien devrait fournir des emplois locaux : Faux. Les sociétés sont la plupart étrangères (anglaises, autrichiennes,…) et font venir pour la construction de la main d’œuvre étrangère (polonais…). Réponse de Web Energie du Vent : « M. et Mme MAGNE soulèvent à deux reprises le fait que l’éolien ne participe pas à la création d’emploi en France et au niveau local (point 3 et point 6) alors que l’éolien est une industrie créatrice d’emplois, en Europe et en France.

En France, l’éolien comptait 12 000 emplois fin 2014 selon les types d’activités suivantes (extrait de l’Observatoire de l’éolien, étude BearingPoint pour France Energie Eolienne) :

La chaîne de valeur de la filière éolienne se divise en quatre secteurs, ce qui correspond, fin 2015, à plus de 12 500 emplois :  Services  Industrie  Construction  Exploitation et maintenance

Ces emplois se répartissent sur un tissu industriel diversifié de plusieurs centaines d’entreprises de toutes tailles actives dans le secteur éolien. Environ la moitié de ces emplois, liés à l’ingénierie, la construction, l’exploitation et la maintenance, s’exercent, par nature, sur notre territoire et cette part est destinée à augmenter de manière significative dans les années à venir, en raison de la croissance soutenue du secteur de l’exploitation et de la maintenance, qui accompagne l’extension du parc français.

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En Bourgogne, par exemple, le cluster éolien Wind for Future témoigne de la dynamique des entreprises bourguignonnes dans le secteur de l’éolien. En effet, ce cluster réunit plus de 60 entreprises représentant aussi bien la fabrication d’équipements éoliens, que l’étude et le contrôle, les transports ou la maintenance.

Plus localement, et concernant la main d’œuvre étrangère lors de la construction de ses parcs, WEB sous-traite un lot global appelé "Génie Civil - Terrassement". Les ouvrages de génie civil (fondations) étant les plus conséquents en montant, ce lot est généralement attribué à un groupe national du génie civil. Lors de la remise des offres, la partie terrassement et emploi local est analysée de très près par WEB. Très souvent (2/3 des chantiers), l'entreprise attributaire du lot sous-traite la partie terrassement à une entreprise locale. WEB privilégie ce montage. Dans les cas où la partie terrassement n'est pas sous-traitée, l'emploi local se fait de manière indirecte : location des engins, travail temporaire. Dans les deux cas de figure, le recours aux carrières et centrales à béton locales sont systématiques.

La contribution de Wind for Future confirme très clairement la considération des entreprises locales pour la construction des parcs et la création d’emplois qui en découlent. Cet aspect positif de l’activité éolienne en France contribue, entre autre, aux avis favorables qu’ils ont émis. » Commentaires du commissaire enquêteur : On peut ajouter que l’actuel gouvernement compte sur la politique de transition énergétique, la création de nouveaux métiers qu’elle induit et les formations qu’elle nécessite pour relancer la croissance et l’emploi.

4) L’intérêt d’un parc éolien devrait être sa rentabilité : Ce n’est pas le cas. Les éoliennes en Bourgogne ne fonctionnent qu’à 18% à 22%. (car difficile d’avoir des chiffres précis avec les sociétés installatrices !) Réponse de Web Energie du Vent : « Il est faux de dire qu’une éolienne ne fonctionne que 18% à 22% du temps. En électricité, le facteur de charge d'une centrale électrique ou d'une éolienne correspond au rapport entre l'énergie effectivement produite durant un laps de temps donné et l'énergie qu'elle aurait pu générer à sa puissance nominale pendant la même période.

Une éolienne fonctionne en réalité bien plus que 22% du temps (puisqu’elle ne fonctionne pas tout le temps à puissance nominale). Il est également intéressant de noter que sa source d’énergie (le vent) est renouvelable, inépuisable, et se régénère – contrairement à des sources d’énergie comme le pétrole, le charbon, le gaz ou le nucléaire.

Le facteur de charge est indépendant de la rentabilité économique d’un projet. Il s’agit d’un indicateur technologique/technique.

Pour le projet de Bel Air, avec des vents supérieur à 6.5m/s à 100m comme indiqué dans l’expertise anémométrique, le facteur de charge attendu pour ce projet devrait se situer aux alentours de 30 à 35%, bien supérieur à la moyenne de 24% (chiffres de RTE).

L’économie du projet pour la CEPE de Bel Air Nord est décrite en détail dans le Volume 3, section 4. »

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Commentaires du commissaire enquêteur : Les chiffres annoncés par la société WEB montrent que la rentabilité du projet Bel Air ne fait pas de doute, même si des facteurs de charge supérieurs peuvent être obtenus dans des régions avec des vents encore plus favorables.

5) Des études environnementales précises et impartiales devraient être entreprises, avant la conception d’un parc : Ce n’est pas le cas. Elles sont généralement bâclées ou insuffisantes, et financées par les entreprises conceptrices des parcs ! Difficile d’être rigoureux et objectif !! A titre d’exemple, les éoliennes ne détruisent pas la faune. Or, depuis l’installation d’un parc proche de chez nous, il y a quelques années, nous n’avons plus une seule chauve-souris (derrière nos volets). Elles sont très sensibles aux infrasons et ont disparu !! Réponse de Web Energie du Vent : « Les études environnementales ont été réalisées par Sciences Environnement, un bureau d’étude technique, indépendant, spécialisé en matière de problématiques environnementales et reconnu pour la qualité de ses expertises. Les personnes ayant réalisé les études sont des spécialistes qualifiés et expérimentés, leur identité et qualification sont présentes en page 19 de l’étude d’impact.

Concernant les études sur la biodiversité par exemple, point soulevé plus précisément par le contributeur, les expertises ont été réalisées en conformité avec les recommandations de la DREAL Bourgogne notamment pour les chauves-souris où des études de longue durée et en continu ont été mises en place pour préciser les enjeux.

Des mesures d’évitement (ex : l’implantation des éoliennes en zone de grandes cultures et donc hors zones favorables aux chauves-souris), de réduction (ex : bridage de certaines éoliennes par précaution durant les périodes à risque) et de suivi (pour attester de l’efficacité des mesures précédentes) sont prévus pour anticiper tout impact significatif sur les populations de chauves- souris dans le cadre du projet Bel Air.

Concernant le fait que M. et Mme MAGNE constatent la disparition des chauves-souris derrière leurs volets, seules des études de suivi mortalité réalisées par un expert pourraient prouver de telles allégations et le lien direct entre la présence d’éoliennes et la potentielle disparition de ces chauves-souris.

En outre, WEB rappelle à ce sujet qu’une récente étude de l’ANSES montre qu’aucun impact d’infrason d’éolienne n’a jamais été démontré ni sur l’homme ni sur aucune autre espèce animale. Concernant plus précisément les chauves-souris, elles ne peuvent pas entendre les infrasons d’éoliennes. En réalité, les risques d’impacts pour les chauves-souris sont uniquement liés à leur sensibilité au différentiel de pression créé par le passage d’une pale. Ainsi, une chauve-souris volant trop près de la zone de rotation des pales risque un barotraumatisme pouvant occasionner la mort. M. et Mme MAGNE semblent par ailleurs remettre en cause la « rigueur et l’objectivité » des études (expertises, étude d’impact) et par voie de conséquences l’intégrité des bureaux d’études qui en sont les auteurs, au motif que WEB en est le financeur.

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WEB tient à rappeler que la loi oblige les porteurs de projets de ce type, et à fortiori, lorsqu’il s’agit un projet soumis à autorisation ICPE, de produire, et donc de financer une étude d’impact. Jusqu’à lors, nous n’avons pas identifié d’autres possibilités de financement pour ces études obligatoires. Remettre en cause l’objectivité des prestataires retenus pour les études de faisabilité est assez paradoxal car c’est justement pour garantir une indépendance des études menées que le pétitionnaire sollicite des prestataires indépendants et ne réalise pas les études lui même. Le recours à des prestataires financés par les porteurs de projets est une pratique utilisée dans tous les corps de métiers, et pas seulement l’éolien. Notons, à toutes fins utiles, que dans le cadre de l’instruction des demandes d’autorisation, les différents services techniques des administrations contrôlent la qualité des études réalisées. Le Préfet s’appuie sur ces avis pour délivrer ou refuser les demandes d’autorisations qui lui sont soumises. » Commentaires du commissaire enquêteur : J’ai présenté l’étude d’impact à Mme et Mr MAGNE, pour qu’ils en mesurent l’ampleur : 400 pages au format A3 ! On ne peut pas dire qu’elle a été « bâclée ». L’autorité environnementale l’a jugée satisfaisante, même si elle a estimé que certains points auraient mérité davantage de précisions. Je la juge personnellement largement proportionnée aux enjeux. Je considère même que certains thèmes, développés systématiquement dans toutes les études, pourraient être moins approfondis, compte-tenu de l’expérience acquise dans le domaine éolien. Il faut bien sûr prendre en compte le contexte local, mais le document final est tellement volumineux qu’en prendre connaissance nécessite plusieurs heures de travail et décourage le public. En revanche, le résumé non technique est souvent décevant pour qui est vraiment intéressé. Rappelons que je n’ai vu personne ouvrir le dossier au cours de cette enquête.

6) La fabrication des éoliennes devrait fournir des emplois en France : Faux. A 90% elles sont fabriquées en Chine, 2ème pays le plus pollueur de la planète (29%) après les Etats-Unis. Vive l’écologie !! La France étant pollueur à hauteur de 2% seulement. Réponse de Web Energie du Vent : « Concernant la création d’emploi en France, des éléments de réponses ont déjà été apportés dans le point n°3 de M. et Mme MAGNE. Concernant le fait que 90% des éoliennes sont fabriquées en Chine : ce chiffre n’est pas avéré. En réalité, il est important de différencier les différents composants d’une éolienne puisqu’ils ne sont pas fabriqués dans les mêmes pays. Par ailleurs, il n’y a pas actuellement de marque d’éolienne chinoise en France, tous les modèles proposés sont Européens.

WEB agit toujours comme maître d’œuvre/contractant général sur la construction de ses projets en s’entourant de partenaires pour chaque lot qui constitue le chantier d’un parc éolien. Seuls les mâts d’éoliennes sont fabriqués en France, la fabrication des autres composants n’ayant pas suscité l’intérêt de l’industrie française. A ce sujet, WEB s’engage systématiquement à contracter avec les fabricants français de mâts lors de l’achat de ses machines. Pour les autres composants, il existe de très nombreux fabricants d'éoliennes, principalement originaires du Danemark et d'Allemagne. Il est donc intéressant de noter que seules les pâles des éoliennes sont parfois originaires de Chine, et l’achat de ces dernières varie en fonction des constructeurs et de l’offre du marché.

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Par ailleurs, l’arrivée de POMA, nouvel entrant français provenant du transport par câble, renforce également la filière avec un investissement de 16 millions d’euros pour la construction d’une usine de production d’éoliennes en Savoie. De nouvelles éoliennes 100 % françaises vont donc voir le jour ces prochaines années et WEB s’intéresse au développement de cette nouvelle société. »

Commentaires du commissaire enquêteur : La société WEB apporte ici des informations qui contredisent les éléments rapportés par Mme et Mr MAGNE qui ne citent malheureusement pas leurs sources.

7) Les sociétés (Eole Res, WEB,…) s’engagent à démonter les éoliennes à la fin du bail emphytéotique de 18 ans : Existeront-elles encore dans 18 ans ? Pas sûr. Par le biais de contrats avec les propriétaires terriens où sont installées les éoliennes, il devrait revenir au propriétaire, le coût de la destruction qui est énorme, et ne sera pas couvert par les 50 000 euros provisionnés lors de l’installation. Donc, qui va payer le démantèlement ? Les contribuables, ou on aura comme aux Etats-Unis des cimetières d’éoliennes rouillées ! Parfait pour le paysage et l’environnement. Réponse de Web Energie du Vent : « Il est tout d’abord utile de préciser que le bail emphytéotique signé avec les propriétaires terriens n’est pas de 18 ans mais de 40 ans. Il est également rappelé que les 50 000 € provisionnés pour le démantèlement par éolienne lors de la construction du parc ne sont pas mis à disposition du propriétaire pour « participer au coût de la destruction ».

o Concernant la responsabilité du propriétaire foncier et le montant des garanties financières, La loi impose que les éoliennes soient démantelées à la fin de l’exploitation du parc afin que le site retrouve son état et son usage initial, et ne porte pas de trace de son activité éolienne passée. A cette fin, la société d’exploitation doit effectuer une provision contractuelle pour assurer ces opérations de démantèlement.

Depuis la parution du décret du 23 août 2011, la mise en service du parc est subordonnée à la constitution de garanties financières visant à couvrir les opérations de démantèlement en cas de défaillance de l’exploitant. Le montant de ces garanties est fixé par l’Etat dans l’arrêté du 26 aout 2011 et est actualisé selon la formule mentionnée en annexe II dudit arrêté.

En cas de disparition juridique de l’exploitant, c’est le préfet qui appelle ces garanties financières et qui met en œuvre le démantèlement du parc éolien. Par ailleurs, la pérennité du futur exploitant et demandeur doit être prouvée dans les demandes d’autorisations administratives. Les articles R515-101 à R515-108 du code de l’environnement détaillent précisément et clairement l’ensemble de cette procédure réglementaire. Pour faciliter la lecture de ce mémoire, WEB fourni un exemplaire de ces articles en annexe du document.

Plus de détails sur les conditions de démantèlement sont précisés dans le paragraphe 8.3.1 (Conditions de démantèlement et de remise en état du site après exploitation) du présent mémoire en réponse

o Concernant le cimetière d’éoliennes rouillées aux Etats-Unis, nous préciserons simplement que la réglementation Française détaillée au point précédent, aussi complexe soit-elle, a été conçue pour éviter cela et qu’elle offre des garantie importantes. »

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Commentaires du commissaire enquêteur : Je confirme à Mme et Mr MAGNE que les conditions de démantèlement des éoliennes et les dispositions financières afférentes sont définies réglementairement et que la société WEB ne pourra pas s’y soustraire. J’ajoute que le démontage d’une éolienne et la remise en état du site ne présentent pas de difficulté technique majeure.

8) Les éoliennes sont censées ne générer aucun bruit nuisible : Faux. De plus, il est difficile, voire carrément impossible d’obtenir le résultat de l’installation d’un sonomètre. Cela fait 2 ans que je le réclame à la société Eole Res qui ne daigne pas répondre, alors que c’était convenu au départ. Qu’y-a-t-il à cacher ? Réponse de Web Energie du Vent : « Concernant la mise à disposition des résultats du sonomètre installé chez M. et Mme Magne : Tout d’abord, les sonomètres n’ont pas vocation à mesurer le bruit créé par les éoliennes, ils mesurent le bruit de fond actuel, sans les éoliennes. Les mesures sont faites pendant une durée suffisante pour caractériser l’ambiance sonore des lieux étudiés en fonction des différents régimes de vents du site. Ces mesures fixent pour le développeur et garantissent aux riverains que les critères d’émergences (« bruit supplémentaire généré ») imposés par la loi sont bien respectés.

La totalité des résultats des enregistrements des 11 sonomètres est mise à disposition dans le Volume 7, dans le rapport d’étude d’impact acoustique en annexe (y compris pour le « point 11 – Château de Saint-Anne »). A toutes fins utiles, nous nous permettrons de préciser que ces résultats bruts, demandés par M. et Mme MAGNE sont difficilement expoitables hormis pour les experts réalisant ce type d’étude.

Des détails supplémentaires sont disponibles sur les études acoustiques dans le paragraphe 5.2 (Mesures acoustiques) du présent mémoire. » Commentaires du commissaire enquêteur : Les études acoustiques sont complexes et leurs résultats difficiles à interpréter pour qui n’est pas spécialiste. L’unité de mesure du bruit elle-même nous parle peu. Quant aux effets d’accentuation ou de masquage, ils nous sont étrangers. Pour apprécier le bruit généré par une éolienne, le mieux est d’aller se rendre compte personnellement sur place, à proximité d’un parc existant.

9) Lors d’une réunion publique d’information en vue de l’installation d’un parc, un compte- rendu doit être fourni à la demande d’un intéressé : Comme pour le sonomètre, pas de réponse de la société Eole Res. Nous avons dû faire appel au médiateur présent à Lignorelles pour obtenir (après 4 SMS) un compte-rendu qui malheureusement était partiel. Pourquoi ? Réponse de Web Energie du Vent : « La société WEB, ainsi que la société RES avec qui elle a développé son projet, a porté une attention particulière et permanente à la communication, la transparence et la concertation pour élaborer ce projet de parc éolien. C’est pour cela que, comme précisé dans cette contribution, les deux sociétés ont fait appel à un médiateur tiers, spécialisé dans la démocratie participative et la concertation locale et en particulier dans le domaine des projets d’aménagements de territoire et de développement durable. Les pages 153 à 159 de l’étude d’impact détaillent l’important processus de concertation mis en place. Par ailleurs, en annexe 2 de l’étude d’impact, WEB founi le rapport du médiateur sur la concertation effectuée ( sujet abordés en comité de pilotage, réunion publique, permanences en mairies…).

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La communication est un élément essentiel pour le développement d’un projet éolien. C’est pourquoi, nous nous sommes efforcés de diffuser la totalité des supports de communication (présentation réunion publique, comptes rendus des comités de pilotage, mise à disposition de simulations visuelles, bulletin municipal d’information…etc). L’ensemble de ces éléments a été disponible en mairie et accessible à tous pendant toute la durée du projet. S’agissant de la diffusion du compte rendu et de la présentation de la réunion publique, les sociétés s’étaient engagées à founir ces documents aux mairies. Ces envois ont été fait le 24 Novembre, soit 6 jours après la réunion. Malheureusement, deux mairies n’ont pas reçu ces documents, d’autres exemplaires ont donc dû être renvoyés. Cela a donc effectivement retardé la mise à disposition de ces supports d’information en mairies mais toutes les personnes interessées ont pû, in fine, en prendre connaissance quelques semaines après. Au sujet des éléments transmis plus particulièrement au Domaine de Saint Anne, les deux sociétés ont fait preuve d’écoute à l’égard de M. et Mme MAGNE durant le développement du projet BEL AIR. Ayant conscience de leur craintes, nous avons sollicité un rendez-vous pour comprendre et tenir compte de leurs attentes. Le rendez-vous, fixé le 29 septembre 2015, avant la réunion publique, a été annulé par M. et Mme MAGNE. L’installation du dit sonomètre pour la campagne accoustique a été perturbée et l’équipe en charge de la campagne acoustique a été contrainte à réaliser une intervention supplémentaire pour ce point suite aux problèmes rencontrés au Domaine de Saint Anne. S’agissant de la diffusion de la présentation de la réunion publique, nous rappellons que ces éléments étaient à dispositions dans les 4 mairies du projet (une fois les problèmes de réception réglés). Nous avons cependant ressenti que le sujet de l’éolien cristalisait beaucoup de tensions pour M. et Mme Magne et, tout au long du projet, nous avons tenté de répondre de la manière la plus objective et la plus calme à l’ensemble de leurs questions, leurs demandes et leurs sollicitations. La totalité de la présentation de la réunion publique a été envoyée à leur domicile ainsi que l’installation du sonomètre à leur demande et en dehors du calendrier prévu. Nous noterons également que le médiateur environnement était tout à fait légitime, au même titre que RES ou WEB Energie pour la diffusion de ce support. » Commentaires du commissaire enquêteur : Je ne peux pas laisser dire que la société WEB a refusé de communiquer sur son projet. Tout dans le dossier démontre le contraire. Je considère même que le dispositif de concertation mis en place est exemplaire. 10) Des éoliennes détruisent-elles le paysage environnemental ? Au dire des sociétés : non. Ce n’est pas notre avis. La Bourgogne est une région magnifique, verdoyante, vallonnée. Que viennent y faire ces géants métalliques en parfaite inadéquation avec le paysage ? Réponse de Web Energie du Vent : « Il est difficile de répondre à cette contribution qui relève d’un « avis » personnel et donc très subjectif sur la faculté d’intégration des éoliennes dans les paysages. Nous ne remettons en aucun cas en question la qualité et la beauté des paysages de Bourgogne, le projet Bel Air est le fruit de la prise en compte par l’étude paysagère des particularités locale du paysage. Le projet a été adapté pour aboutir à une intégration paysagère optimale tant dans le choix de l’aire d’étude (en zone favorable et hors zone de forte sensibilité paysagère d’après le SRE Bourgogne) que dans

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l’implantation projetée des éoliennes en évitant les secteurs les plus sensibles (éloignement des coteaux viticoles). » Commentaires du commissaire enquêteur : Je développerai largement en conclusion de ce rapport la difficile question de l’intégration paysagère des éoliennes. Mon avis est qu’il faut respecter le point de vue de chacun à ce sujet, tant il est empreint de subjectivité.

11) Quels motifs poussent les propriétaires terriens à faire installer une éolienne sur leur champ ? L’argent, et uniquement la carotte mercantile. Rien à voir avec l’écologie ! C’est de l’argent qui tombe dans leurs poches sans rien faire. Réponse de Web Energie du Vent : « La société WEB ne se permettra pas, ici, de se prononcer pour les propriétaires fonciers participant au projet éolien. » Commentaires du commissaire enquêteur : Je considère que ces propos désobligeants pour les personnes visées n’ont pas leur place dans cette enquête publique. On peut exprimer son point de vue, son désaccord, mais on doit le faire en termes respectueux.

12) En 2016, la production d’énergie, « en live », fournie par les éoliennes a été de 2,65%. Quel intérêt ! Au vu des désagréments… Réponse de Web Energie du Vent : « Selon les chiffres officiels de RTE (http://bilan-electrique-2016.rte-france.com/production/le- parc-de-production-national/#), l’Eolien a représenté 3.9% de la part de la production d’électricité en 2016. Toujours selon les chiffres officiels de RTE, le taux de couverture moyen est désormais de 4.3% à mi année 2017, avec un taux de couverture maximum atteint le 06/06/2017 de 20%.

Le développement des énergies renouvelables, toutes sources confondues, combiné à une réduction de la consommation à une large échelle peut apporter tout ou partie de la réponse face au changement climatique. Les énergies renouvelables s’inscrivent dans la dynamique du développement durable, « développement qui répond aux besoins du présent sans compromettre la capacité des générations futures à répondre à leurs propres besoins ». » Commentaires du commissaire enquêteur : Quand on donne des chiffres à l’appui de sa thèse, il est toujours préférable de citer ses sources. Par ailleurs, il s’agit de données de portée nationale qui ne concernent qu’indirectement l’instruction du projet de Bel Air Nord.

13) L’éolien n’est pas rentable : Il est subventionné par la CSPE, collectée sur la facture EDF. Actuellement 13%, et 25% d’ici 1 à 2 ans. A titre d’exemple : en Allemagne de 1998 à 2013 : augmentation de 68% de la facture d’énergie. Le financement des énergies renouvelables, via la CSPE, est en grande partie remis en cause par la commission européenne. Réponse de Web Energie du Vent : « L’éolien bénéficie d’un tarif d’achat de l’électricité fixé par décret et géré par la Commission de Régulation de l’Energie. Cette obligation d’achat est le seul dispositif de soutien dont bénéficie la filière éolienne.

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Le surcoût lié à cette obligation d’achat de l’électricité éolienne est financé par la contribution au service public d’électricité (CSPE), payée par les consommateurs d’électricité.

Depuis le 1er janvier 2013, la CSPE est fixée à 13,50 €/MWh. Celle-ci est évaluée par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) à 6,3 milliard d’euros pour 2015. Cette contribution permet de financer les énergies renouvelables mais aussi la cogénération, la péréquation tarifaire (zones insulaires) et les dispositions sociales.

Plus de détails sur la CSPE sont apportés dans le paragraphe 5.3.3. (Principe de la CSPE) du présent mémoire en réponse. » Commentaires du commissaire enquêteur : Ces éléments factuels n’appellent pas de commentaire de ma part.

14) A qui profite l’énergie fournie par les éoliennes ? L’énergie n’est pas utilisée sur place (donc aucun intérêt pour les riverains). Elle est acheminée à plusieurs centaines de kilomètres et 1/3 est vendu à l’étranger. Réponse de Web Energie du Vent : « L’énergie des éoliennes profite à tout le monde, comme toute autre forme d’électricité. L’intérêt pour les riverains est de participer à lutter contre le réchauffement climatique, et à aider la France à une transition vers l’indépendance énergique pour avoir une énergie plus propre.

L'électricité est effectivement une des rares énergies non stockable à grande échelle (hormis via les batteries, ou les barrages considérés comme des réserves d'énergie électromécanique à faible inertie). C’est pourquoi, les opérateurs des réseaux, doivent s'assurer en permanence de l'équilibre entre l'offre et la demande. Il est impossible de suivre un électron à partir du moment où il rentre sur le réseau de distribution, mais d’une manière générale, l’électricité tend à aller vers l’endroit où elle est demandée et emprunte le chemin le plus court.

L'apparition de la production décentralisée (éolien, biomasse, photovoltaïque,…) sur les réseaux de distribution conduit à tenir compte de cette production non centralisée dans l'équilibre global des réseaux, notamment pour les problématiques de tenue à la tension. C’est pourquoi, une évolution du réseau se fait en parallèle de l’évolution de nos moyens de production d’électricité. L'émergence des réseaux intelligents ou smart grids doit notamment concourir à faire cohabiter l'équilibre global du réseau de transport (fréquence, tension), avec l'équilibre local des réseaux de distribution.

Il est utile de rappeler que toutes les sources de production d’électricité sont concernées par la problématique de l’acheminement une fois sur le réseau de distribution. Les opérateurs européens réfléchissent à des solutions techniques pertinentes compte tenu de l'évolution progressive des modes de production aujourd'hui fortement centralisés (centrales nucléaires, hydraulique...), et demain beaucoup plus décentralisés (éolien, photovoltaïque...).

Les projets FENIX, EU-DEEP, ou les AMI de l’ADEME visent à éclairer les choix techniques de demain. » Commentaires du commissaire enquêteur : Il faut noter que le maître d’ouvrage s’est efforcé de répondre avec précision à toutes ces questions d’ordre général qui ne concernent pas spécifiquement le projet Bel Air.

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15) Réduction des émissions de CO2 : En Allemagne, d’après le journal « Der Spiegel » du 25-10-2013, les éoliennes n’ont pas réduit d’un gramme les émissions de CO2. Réponse de Web Energie du Vent : « Le site internet http://decrypterlenergie.org, initiative de l’Association négaWatt, explique de manière très pédagogique les changements et les résultats obtenus lors d’un changement de politique nationale sur le mix énergétique du pays. L’Allemagne, pays précurseur pour le développement et l’implantation d’éoliennes est pris en exemple :

Source :http://decrypterlenergie.org/la-sortie-du-nucleaire-en-allemagne-entraine-t-elle-une- hausse-des-emissions-de-co2 » Commentaires du commissaire enquêteur : Il me semble que la question des émissions de CO2 tient à de nombreux facteurs, liés aussi bien à la production qu’à la consommation d’énergie. Il ne peut être établi de rapport simpliste de cause à effet entre le développement des centrales éoliennes et les émissions de CO2.

16) Incidence sur le patrimoine immobilier : Après consultation de différentes agences immobilières, l’installation d’un parc éolien proche d’une habitation en diminue la valeur de 30 à 40%. Réponse de Web Energie du Vent : « Une enquête de terrain réalisée par l’institut de sondage BVA, en mai 2015, auprès de 900 personnes vivant dans un rayon de 600 à 1 000 mètres de parcs éoliens révèle que les riverains interrogés sur les éventuels éléments négatifs d’un parc éolien, n’évoquent jamais le risque de dévaluation des biens immobiliers.

Plus de détails pour l’impact des éoliennes sur l’immobilier sont apportés dans le paragraphe 8.1 (Impact sur la valeur foncière et immobilière) du présent mémoire en réponse. » Commentaires du commissaire enquêteur : Je ne sais pas ce que l’on peut attendre de ce genre de sondage. La valeur d’un bien immobilier dépend de nombreux paramètres, en particulier de l’offre et de la demande à un moment donné et à un endroit donné. Il faudrait pouvoir comparer le prix de vente d’un bien avant et après l’installation d’éoliennes à proximité. Je doute qu’il soit possible d’établir des statistiques significatives à ce sujet.

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Cette liste de remarques n’est malheureusement pas exhaustive et on est loin d’une parfaite transparence d’informations par les sociétés d’éoliennes. La prochaine bulle financière sera éolienne ; déjà, certaines sociétés ont disparu. Réponse de Web Energie du Vent : « Concernant la parfaite transparence d’information par les sociétés éoliennes et les mairies : WEB a la volonté de toujours travailler en « parfaite transparence » avec les territoires comme détaillé dans le point n°9, d’innover et d’apporter une amélioration permanente à ses processus de concertation, en témoignent les nouvelles démarches mises en places sur le projet BEL AIR. Par ailleurs, nous rappellerons la contribution de Wind for Future met en valeur notre implication pour la concertation locale. Concernant le bilan financier des développeurs éoliens : Comme toutes industries ou entreprises, il est évident que certaines sociétés de développement éolien puissent cesser leur activité pour des raisons qui leurs sont propres. Concernant le fait que « les banques ne prendraient pas le risque de prêter de l’argent à ces sociétés », il est utile ici de préciser qu’un projet éolien se finance essentiellement par emprunt. Un projet éolien nécessitant des investissements lourds, les montages financiers visent généralement à minimiser le capital initial sur fonds propres. 75 à 85% du montant du projet peut être financé par emprunt selon sa «qualité» (site plus ou moins bien venté). Les fonds propres complétant l’emprunt sont amenés par les investisseurs. Ils représentent 15 à 25% du montant du projet. La page 21 du volume 3 (présentation de la demande) précise par ailleurs que WEB a construit un grand nombre de parcs éoliens ces dernières années. À noter que la plupart des banques françaises ont étendu leurs compétences au financement de projet éolien. La plupart des projets éoliens sont développés et financés aujourd’hui par des entreprises spécialisées dans l’éolien et les énergies renouvelables. »

Rappelons qu’il existe d’autres solutions : - nucléaire - géothermie - hydrogène - piles à combustible - thorium,… Conclusion : quel intérêt d’un parc éolien ? NB : - Président d’honneur des anti-éoliens : Valéry Giscard d’Estaing - Avis du ministre de l’énergie anglais, Mr John Hayes : Les énergies renouvelables doivent prouver à la fois leur insertion environnementale et leur performance économique. Or, les éoliennes ne franchissent aucune de ces deux conditions. »

Commentaires du commissaire enquêteur : Mme et Mr MAGNE ont manifesté leur opposition au projet dès la réunion publique du 17 novembre 2015. Au cours de notre entretien, ils se sont montrés toujours aussi déterminés. Leur long réquisitoire en 16 points montre une hostilité au concept éolien en général. Il ne concerne le parc de Bel Air que de manière incidente. Ils auraient pu trouver réponse à la plupart des questions qu’ils posent dans le dossier qui était mis à leur disposition. S’agissant par exemple du point n°5 de leur contribution, je leur ai présenté le contenu de l’étude d’impact et le chapitre relatif aux chiroptères auxquels ils s’intéressent tout particulièrement, avec les mesures de protection de la faune volante envisagées. Le maître d’ouvrage a eu le mérite de répondre point par point, de manière précise et documentée à cette longue contribution, et a ainsi démontré qu’il entend poursuivre le dialogue avec Mme et Mr MAGNE.

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3.5 - Réponses de la société WEB aux avis défavorables par thématiques

Après avoir répondu point par point et de manière individuelle aux observations du public, le maître d’ouvrage a dans un second temps souhaité apporter des éléments de réponse par thématique, dès lors qu’il lui a semblé pertinent de développer le sujet.

« 5.1. Impact sur la valeur foncière et immobilière La valeur d’un bien immobilier est basée à la fois sur des critères objectifs (localisation, transport à proximité, surface habitable, nombre de pièces, isolation, etc.) mais aussi sur des critères subjectifs (beauté du paysage, impression personnelle, attachement sentimental, charme du bâti, etc.).

L’implantation d’un parc éolien n’affecte pas les critères de valorisation objectifs d’un bien, il ne joue que sur les critères subjectifs : certains apprécient la vue sur une éolienne, alors que d’autres la considère comme dérangeante.

Une enquête de terrain réalisée par l’institut de sondage BVA, en mai 2015, auprès de 900 personnes vivant dans un rayon de 600 à 1 000 mètres de parcs éoliens révèle que les riverains interrogés sur les éventuels éléments négatifs d’un parc éolien, n’évoquent jamais le risque de dévaluation des biens immobiliers.

Source : « Vivre à proximité des parcs éoliens » - Enquête réalisée par BVA, 2015

Pour 2 tiers des riverains interrogés, l’implantation du site éolien est vécue positivement.

Il est de plus difficile de définir l’origine de la dépréciation ou l’augmentation de la valeur d’un bien immobilier. De multiples facteurs peuvent y contribuer : projets d’aménagement des

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communes, nouvelles infrastructures (ligne TGV, 2x2 voies par exemple), projets immobiliers (immeubles, quartiers résidentiels, etc), fermeture d’une entreprise, etc. Le discours des vendeurs ou de la population locale peut également influencer la décision de l’acheteur. Un message laissant entendre que les biens vont perdre de la valeur sous prétexte qu’un parc éolien va voir le jour à proximité peut générer de l’inquiétude, ne pouvant être bénéfique au marché immobilier local.

A ce jour, aucune étude n’a établi de modèle échelonnant très précisément l’impact d’un projet éolien sur la valeur des biens immobiliers en fonction de la distance aux habitations. Cela demanderait un panel de parcs éoliens très important et un traitement des données particulièrement lourd, sachant qu’en milieu rural les transactions ne sont pas très fréquentes. Des échelles de distance sont utilisées, par exemple moins de 2 kilomètres, moins de 10 kilomètres…

Afin de donner des informations adaptées, et comme il est possible de le trouver dans l’Etude d’Impact p.244-245, WEB s’appuie en effet majoritairement sur l’étude réalisée dans le Nord-Pas- de-Calais par l’association Climat Energie Environnement en 2010. Il s’agit de l’étude française la plus aboutie et représentative : suivi pendant 7 ans des permis de construire et des transactions dans 240 communes situées à moins de 10km de 5 parcs éoliens, pour 109 éoliennes au total.

Méthodologie de l’étude :

- Une série d’enquêtes conduites autour de cinq parcs éoliens (109 éoliennes au total) localisés dans le Pas-de-Calais. Les investigations portent sur des zones de dix kilomètres autour des centrales éoliennes de Widehem, Cormont, la Haute- Lys (secteur de Fauquembergues), Valhuon et Fruges. Il s’agit surtout de territoires ruraux avec des zones périphériques urbaines. - Période de collecte de données de 7 années centrées sur l’année de la mise en service (3 ans avant construction et 3 ans en exploitation). Plus de 10 000 transactions ont été prises en compte ; les registres de demande de permis de construire ont été consultés dans une centaine de communes.

Conclusion de l’étude :

Les communes proches des éoliennes n’ont pas connu de baisse apparente de demande de permis de construire en raison de la présence visuelle des éoliennes, ni de baisse des permis autorisés. De même, sur la périphérie immédiate de 0 à 2 km, la valeur moyenne de la dizaine de maisons vendues chaque année depuis la mise en service (3 années postérieures) n’a pas connu d’infléchissement observable.

Les réactions recueillies auprès des mairies montrent que :

- les prix des terrains et maisons ont fortement augmenté ces dernières années;

- depuis 2005, le nombre de permis demandés et accordés a bien augmenté ;

- les éoliennes sont bien acceptées par les locaux ; jusqu’à présent, ce n’est pas un élément qui a pu influencer l’achat d’un terrain ou d’une maison.

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Enfin, si les craintes concernant la baisse des prix de l’immobilier s’appuient sur la détérioration supposée et subjective des paysages, il faut aussi rappeler qu’un parc éolien contribue à l’amélioration du cadre de vie des communes rurales par les recettes fiscales qu’il génère.

Les communes bénéficient de retombées économiques qui leur permettent de créer ou renforcer des services collectifs et d’améliorer les conditions de vie locale, ce qui peut entraîner une revalorisation, parfois très importante, de la valeur des biens.

D’autres enquêtes réalisées en France et à l'étranger montrent que l'immobilier à proximité des éoliennes n'est pas dévalué. Ces études sont détaillées dans l’Etude d’ Impact à partir de la page 244-245.

WEB prend note de la crainte des riverains de voir leurs biens dépréciés et tient à rassurer les riverains du projet en se basant sur les conclusions de l’ensemble des études menées selon des méthodes scientifiques probantes. Ces études ont pu démontrer que l’effet des éoliennes sur le coût de l’immobilier n’est pas significatif. L’impact attendu du projet l’est donc également.

Commentaires du commissaire enquêteur : Avec celle de l’impact sur le paysage, cette question d’une éventuelle dépréciation immobilière me semble difficile à traiter. Comme le précise WEB dans sa réponse, la part de subjectivité est très importante. Il en résulte que la valeur du bien qui tient aussi au marché lui- même, est très fluctuante. Je comprends que certaines personnes puissent exprimer de l’inquiétude à ce sujet. Ceci dit, les habitants de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles ne sont pas venus le faire pendant cette enquête. Il faut dire que seules quelques maisons de Bleigny-le-Carreau pourront avoir, sous certains angles, une vue sur le parc. Les habitants de ces villages connaissent déjà l’existence d’éoliennes dans le secteur.

5.2. Mesures acoustiques WEB suit scrupuleusement la réglementation française afin de s’assurer que le bruit émis par les éoliennes ne soit pas une nuisance. L’ensemble de la méthodologie, des données, mesures et calculs est fourni dans l’analyse acoustique complète, dans le volume 7 « Expertises Spécifiques ». L’arrêté du 26/08/2011 relatif au classement des éoliennes en ICPE fixe les limites réglementaires à respecter pour le bruit des parcs éoliens ainsi que les modalités d’analyse des mesures selon le projet de norme NFS 31-114. La méthodologie décrite dans cette norme a été suivie spécifiquement par GAMBA Acoustique et RES pour la réalisation de l’étude acoustique. Pour rappel, la méthodologie suit les étapes suivantes : 1. (Etat initial) 8 points de mesure ont été sélectionnés au sein des ZER répertoriées autour du projet : ces points sont jugés représentatifs de l’environnement sonore des hameaux les plus proches et/ou impactés par le projet. 2. (Etat initial) Une campagne de mesures du bruit résiduel permet de déterminer les niveaux de bruit résiduel (bruit de l’état initial sur site, i.e. avant installation des éoliennes) pour les points de mesures pendant une durée suffisante pour caractériser l’ambiance sonore des lieux étudiés en fonction du régime de vent du site.

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L’ensemble des données pour tous les points de mesures sont disponibles dans le Volume 7 (choix des points de mesure, évolution temporelle, nuage de point par vitesse de vent). Aucune donnée n’est cachée, et les résultats sont accessibles. 3. (Impact) Choix de l’éolienne : le type d’éolienne VESTAS V126 3.3MW a été retenu pour la modélisation acoustique du parc. Le modèle d’éolienne retenu après consultation des constructeurs pourra présenter des caractéristiques géométriques ou électriques différentes, sans que cela ne constitue un changement notable de l’installation au sens du Code de l’Environnement. En effet, aucun danger ou inconvénient significatif n’en résultera dans la mesure où les niveaux d’émission sonore du modèle finalement retenu devront permettre de respecter les critères acoustiques réglementaires définis dans l’arrêté du 26 août 2011. 4. (Impact) 15 points de calculs ont été sélectionnés au sein des ZER les proches du site. Les niveaux du bruit ambiant sont calculés à partir des mesures de bruit résiduel et des données acoustiques de l’éolienne. Ils sont analysés pour chacun des 8 points de calcul et sur la plage de vitesses de vent de 3 à 10 m/s (à 10m de haut sur le site), pour les périodes diurnes et pour les périodes nocturnes. Le fonctionnement des éoliennes selon des modes acoustiques réduits est défini pour respecter le critère d’émergence : le projet éolien est ainsi conforme à la réglementation acoustique. 5. (Impact) Le critère de tonalite marquée est vérifié en étudiant les données acoustiques du modèle d’éolienne envisagé, sur la base du spectre sonore de 1/3 d’octave, fourni par le constructeur. Les éoliennes du marché actuel ne présentent pas de tonalité marquée au sens de l’arrêté du 23/01/1997 et de la NFS 31-010. 6. (Impact) Le troisième et dernier critère consiste à vérifier le niveau maximum du bruit ambiant vis-à-vis des limites réglementaires, sur le périmètre de mesure du bruit de l’installation : 60 dB(A) la nuit et 70 dB(A) le jour. Le critère est bien respecté comme détaillé dans l’analyse complète. Enfin, il est bon de rappeler qu’au moment de la mise en service du parc, des mesures acoustiques sont réalisées afin de vérifier la conformité du parc éolien en fonctionnement. Si le parc n’est pas conforme, l’entreprise WEB se doit de modifier le fonctionnement du parc. Cette étude est systématique lors de la mise en service de l’installation. Commentaires du commissaire enquêteur : Comme on le comprend à travers ce long développement du maître d’ouvrage, les études acoustiques sont d’une grande complexité. Le lecteur novice n’y trouve pas réponse à ses inquiétudes dans la mesure où le bruit se traduit sur le papier par des indicateurs qui restent abstraits, imperceptibles, contrairement aux études sur le paysage qui donnent lieu à des photomontages. Pour évaluer le bruit généré par une éolienne, je recommande vivement de se rendre sur place. Les parcs sont accessibles et il est possible de faire ses propres observations à différentes distances. Ce faisant, chacun reconnaît que l’impact acoustique de ces machines n’est pas l’enjeu majeur. Concernant le projet Bel Air Nord, il faut surtout retenir que les habitations sont éloignées d’au moins un kilomètre et que dans ces conditions la probabilité de nuisances acoustiques est très faible.

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5.3 Choix de la politique énergétique française et de la réglementation

5.3.1. Conditions de démantèlement et de remise en état du site après exploitation

o Concernant les baux signés avec les propriétaires fonciers et donc la responsabilité de la société propriétaire du parc éolien : Il est rappelé en préambule que ces baux sont signés devant Notaire, après obtention des autorisations administratives et en présence de toutes les parties.

La réglementation sur les conditions de mise en œuvre d’un bail emphytéotique est très spécifique et très claire. Elle précise notamment dans l’article L451-6 du Code rural que « Le preneur ne peut se libérer de la redevance, ni se soustraire à l'exécution des conditions du bail emphytéotique en délaissant le fonds. ».

Concernant ces dites conditions mentionnées dans le bail emphytéotique signé par les propriétaires foncier (nous ne rappellerons ici que les éléments relatifs à la responsabilité de la société sur les éoliennes) :

I. Conditions générales – 4) Entretien des constructions installations et aménagements

Le PRENEUR devra pendant tout le cours du bail conserver en bon état d’entretien les constructions et installations édifiées et tous les aménagements qu’il y aura apportés, et effectuer à ses frais, et sous sa responsabilité, les réparations de toute nature, y compris les grosses réparations telles qu’elles sont définies par l’article 606 du Code civil et par l’usage, ainsi que le remplacement de tous éléments de la construction et de son aménagement au fur et à mesure que le tout se révélera nécessaire.

Le PRENEUR répondra de l’incendie et autres sinistres subis par les constructions et installations édifiées quelle qu’en soit la cause, dans les conditions de l’article 1733 du Code civil. En cas de sinistre, le PRENEUR pourra, si bon lui semble, procéder à la reconstruction de la centrale éolienne ou à la remise en état des parties endommagées ou à la reconstruction des fractions détruites, sous réserve de toutes autorisations administratives préalables.

I. Conditions générales – 10) Propriété des constructions et installations. Les constructions et installations édifiées et tous travaux et aménagements effectués par le PRENEUR resteront sa propriété et celle de ses ayants cause pendant toute la durée du présent bail.

Dûment informées, les parties ont requis le Notaire de régulariser les présentes et conviennent qu’en toute hypothèse, le BAILLEUR s’engage de manière irrévocable à ne pas se prévaloir des dispositions des articles 551 à 553, 555 du Code civil, acceptant ainsi de ne pas prétendre à la propriété des biens entreposés par le PRENEUR, ainsi que des constructions, ouvrages, installations et améliorations réalisées par le PRENEUR sur les TERRAINS appartenant au BAILLEUR, pour une durée identique à celle prévue pour le bail emphytéotique. […..]

Compte tenu de la nature particulière des constructions entreprises par le PRENEUR, le PRENEUR devra, six mois avant l'expiration du bail, commencer à démolir et/ou démanteler lesdites

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constructions et/ou installations et araser les soubassements jusqu'à une profondeur 1 mètre en zone agricole et 2 mètres en zone forestière en dessous du sol naturel et ce conformément aux textes applicables.

Ces travaux de démolition/démantèlement et d'arasement devront être achevés au plus tard à l'expiration du bail. La remise en état du site sera constatée par un état des lieux contradictoire. […]

II. Conditions particulières – 2) Conditions relatives à la protection de la santé publique et de l’environnement démantèlement

Les parties reconnaissent avoir été informées par le Notaire soussigné des dispositions de l’article L.553-3 du code de l’environnement, dont les termes sont ci-après littéralement rapportés: “L’exploitant d’une installation produisant de l’électricité à partir de l’énergie mécanique du vent est responsable de son démantèlement et de la remise en état du site à la fin de l’exploitation ».

Au cours de l'exploitation, il constitue les garanties financières nécessaires, dans les conditions définies par les décrets n° 2011-284 et 2011-985 du 23 août 2011, et l'arrêté de Madame la Ministre de l'Ecologie, du Développement Durable, des Transports et du Logement en date du 26 août 2011. […] Il est ici précisé que si la réglementation devait évoluer, le PRENEUR devra se mettre en conformité avec la réglementation en vigueur au jour des opérations de démantèlement et de remise en état du site.

o Concernant le coût de démantèlement des parcs éoliens français : Les modalités de démantèlement sont définies par décret et elles sont les plus exigeantes parmi les installations classées pour la protection de l’environnement.

En effet, la loi impose que les éoliennes soient démantelées à la fin de l’exploitation du parc afin que le site retrouve son état et son usage initial, et ne porte pas de trace de son activité éolienne passée. A cette fin, la société d’exploitation doit effectuer une provision contractuelle pour assurer ces opérations de démantèlement.

Depuis la parution du décret du 23 août 2011, la mise en service du parc est subordonnée à la constitution de garanties financières visant à couvrir les opérations de démantèlement en cas de défaillance de l’exploitant. Le montant de ces garanties est fixé par l’Etat dans l’arrêté du 26 aout 2011 et est actualisé selon la formule mentionnée en annexe II dudit arrêté.

En cas de disparition juridique de l’exploitant, la maison mère est sollicitée pour le démantèlement du parc, si celle-ci venait à disparaître également, c’est le préfet qui appelle ces garanties financières et qui met en œuvre le démantèlement du parc éolien. Par ailleurs, la pérennité du futur exploitant et demandeur doit être prouvée dans les demandes d’autorisations administratives. Les articles R515-101 à R515-108 du code de l’environnement détaillent précisément et clairement l’ensemble de cette procédure réglementaire. Pour faciliter la lecture de ce mémoire, WEB fournit un exemplaire de ces articles en annexe du document.

Concernant les couts réels du démantèlement d’une éolienne, WEB se base sur un devis effectué par RAZEL. Ces données sont susceptibles de varier puisqu’il faut bien sûr prendre en compte la

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topologie du site, qui diffère pour chaque parc. Néanmoins, elles apportent un bon éclairage sur l’adéquation entre le montant des garanties et les coûts de démantèlement estimés :

 15 000 € à 20 000 € par éolienne pour les fondations (on arrive à 40 000€ pour un massif entier),

 11 000 € pour l’éolienne (21 000 € auxquels on soustrait 10 000 € de revente de l’acier),

 2 000 € par éolienne pour le démantèlement des réseaux et postes de livraison,

 Jusqu’à 20 000 € par éolienne pour le démantèlement des voiries

 De 10 000 à 15 000 € pour les aires de grutages.

En tout état de cause, la somme de 53 800 € est forfaitairement fixée au niveau national pour tout type d’éolienne ; le pétitionnaire n’a aucun moyen d’ajuster ce montant aux spécificités du projet.

En fin de vie du parc éolien, l’exploitant peut éventuellement décider de remplacer tout ou partie des éoliennes de son parc. La durée de vie d’une éolienne est en moyenne de 20 années.

Les modalités de démantèlement sont ainsi strictement régulées et encadrées par la loi dans le cadre du régime ICPE. Cela constitue des garanties solides de remise en état du site à la fin de la période d’exploitation du parc éolien. En aucun cas, ni les contribuables ni les propriétaires n’auront à leur charge les coûts du démantèlement.

5.3.2. Gisement éolien en Bourgogne, dans l’Yonne et sur Bel Air Nord Le potentiel en vent du site de Bel Air est avéré. Le rapport d’expertise anémométrique attestant du potentiel en vent du site est fourni parmi les expertises spécifiques dans le volume 7 de l’étude d’impact environnemental. Les principes rappelés ci-dessous utilisés pour l’analyse du gisement sont détaillés dans ce volume :

Le potentiel éolien du site Bel Air a été estimé à l’aide du modèle méso-échelle WRF, affiné à l’aide du code CFD linéaire MS3DJH. La combinaison des codes WRF et MS3DJH a permis d’élaborer une carte du gisement éolien à haute résolution à l’échelle de la France.

Le code méso-échelle WRF s’appuie :

 Sur des données climatologiques ;  Sur des données de relief (Modèle Numérique de Terrain) ;  Sur des données de couvert végétal (Corine Land Cover) ;

Les données climatologiques utilisées par le modèle sont issues de deux sources distinctes mais complémentaires de mesures :

 Des observations atmosphériques à l’échelle globale (données ré-analysées NCEP/NCAR) : pression, température, humidité ;  Des mesures de vent au sol issues de mâts de mesures de RES et des stations de mesures du réseau Météo France ;

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Le modèle WRF permet de calculer une vitesse de vent moyenne, une distribution et une rose des vents tous les 2km du territoire, à n’importe quelle altitude par rapport au sol.

Le résultat est ensuite affiné à une résolution plus fine à l’aide du modèle linéaire MS3JD, ce qui permet de calculer une vitesse moyenne en tout point du territoire, à n’importe quelle altitude par rapport au sol. Cette vitesse peut ensuite être affinée en fonction d’éléments spécifiques au site étudié (arbres ou obstacles non pris en compte dans les données Corine Land Cover, complexité du terrain…).

Comme expliqué dans le rapport anémométrique, la prévision à une hauteur de 100m par rapport au sol est supérieure à 6.5m/s sur le site de Bel Air. Ce résultat est tout à fait compatible avec la réalisation d’un projet éolien.

Depuis le dépôt du dossier, deux mâts de mesure ont de plus été installés en mai 2017. L’installation des deux mâts ne sert pas à confirmer le potentiel en vent, déjà confirmé par l’utilisation du modèle méso-échelle WRF, affiné à l’aide du code CFD linéaire MS3DJH. L’installation sert à réduire la variance, et à aider au financement du projet. L’utilisation d’années complètes de mesure sur site permet de s’affranchir des biais saisonniers et de conforter l’analyse du gisement.

Cette méthodologie de prédiction long-terme et de calcul de productible est largement utilisée dans la profession et par l’ensemble des tiers experts. Lors des phases d’audit par des experts indépendants, les analyses de gisement de WEB sont en adéquation avec celles des tiers experts tant dans la méthodologie utilisée que dans les résultats. WEB a pleinement confiance dans la vitesse de vent estimée ainsi que dans le chiffre de productible attendu pour le projet de Bel Air. Au moment du financement du projet, WEB s’appuiera sur des expertises indépendantes pour certifier le productible calculé ici.

5.3.3. Principe de la CSPE La Commission de Régulation de l’Energie (CRE), autorité administrative indépendante, créée à l’occasion de l’ouverture à la concurrence des marchés de l’énergie, apporte des informations claires et transparentes au sujet de la CSPE sur son site internet. Nous reprendrons donc simplement les points suivants de son analyse :

Toutes les filières énergétiques en phase de développement – comme le nucléaire, le thermique ou l’hydraulique en leur temps – ont bénéficié d’un soutien économique de la part des pouvoirs publics. C’est le cas de l’éolien, avec la création du tarif d’obligation d’achat en 2001, confirmé en 2008 puis 2014. C’est le seul dispositif de soutien dont bénéficie la filière éolienne.

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Le surcoût lié à cette obligation d’achat de l’électricité éolienne est financé par la contribution au service public d’électricité (CSPE), payée par les consommateurs d’électricité.

Depuis le 1er janvier 2013, la CSPE est fixée à 13,50 €/MWh. Celle-ci est évaluée par la Commission de Régulation de l’Energie (CRE) à 6,3 milliard d’euros pour 2015. Cette contribution permet de financer les énergies renouvelables mais aussi la cogénération, la péréquation tarifaire (zones insulaires) et les dispositions sociales.

En se basant sur les données publiées par la CRE, il est possible de calculer le surcoût lié à l’éolien que chaque français devra supporter en 2015 au travers de la CSPE.

D’après les estimations de la Commission de Régulation de l’Energie (CRE), les charges liées à l’énergie éolienne représenteront, en 2015, 15,2% de la CSPE, soit 945 millions d’euros. Ce montant représente une contribution de 2€/MWh, soit en moyenne, pour un ménage consommant 2 700 kWh par an (source : ADEME), 5,4 euros/an.

Commentaires du commissaire enquêteur : Ces précisions apportées par le maître d’ouvrage sur la politique énergétique française et la réglementation correspondante sont d’un grand intérêt mais n’appellent pas de commentaires de ma part dans la cadre de la présente enquête publique.

4 - Questions du commissaire enquêteur et réponses du maître d’ouvrage

Q1 : En réponse à l’avis de l’autorité environnementale, vous proposez des mesures de bridage supplémentaires pour tenir compte des enjeux relatifs à la faune volante. Etes-vous en mesure d’évaluer l’impact de ces mesures sur la production et la rentabilité du parc ?

Réponse du maître d’ouvrage :

« En effet, concernant la Grue cendrée, l’autorité environnementale a estimé que les modalités de mise en œuvre des mesures ERC ne paraissaient pas adaptées aux enjeux du secteur d’étude. De plus, concernant les chiroptères, l’autorité environnementale craignait que les conditions d’asservissement et de bridage ne soient pas suffisamment conservatoires au regard des enjeux de la zone d’étude. C’est pourquoi, dans une logique de précaution maximale, WEB s’est engagé à mettre en place de nouvelles mesures à titre préventif dès le début de l’exploitation du parc et avant tout suivi environnemental. Ainsi, WEB s’est engagé à arrêter les éoliennes pour des conditions de visibilité inférieures à 500 m à hauteur de rotor pendant les périodes de migration de la Grue cendrée (soit du 15 février au 15 mars et du 15 octobre au 15 novembre) pendant toute l’exploitation du parc sauf cas de réévaluation des risques à la baisse par les services de l’état (Ces mesures sont décrites page 196 du volet naturaliste du Volume 7 et sont reprises dans l’étude d’impact du Volume 4 page 342). De plus, concernant les Chiroptères, WEB à convenu de mettre en place de nouvelles mesures de bridages à titre préventif dès le début de l’exploitation du parc

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et avant tout suivi environnemental pour l’éolienne N4. Ce nouveau bridage suivra les mêmes critères que ceux initialement développés pour S4 et S5 du projet BEL AIR SUD détaillé page 167 de l’expertise écologique. Enfin, en complément des mesures de bridages supplémentaires proposées, WEB s’engage à réaliser un suivi d’activité en nacelle en continu sur la période d’activité des chiroptères pendant les années de suivi mortalité (mise en place d’un détecteur à ultrason sur la nacelle d’une éolienne et fonctionnant pendant toute la période d’activité des chiroptères) couplé à un suivi de mortalité (recherche de cadavres sous les éoliennes). Ils seront réalisés la première et la deuxième année d’exploitation du parc éolien puis la dixième et la vingtième. Le premier suivi en nacelle permet d’analyser les comportements et la présence des chiroptères à hauteur de rotor d’éolienne pour en déduire s’il y a changement de comportements et surtout préciser les périodes de fortes affluences des chiroptères à proximité des éoliennes. La recherche de cadavre permet d’établir un bilan de la mortalité accidentelle le cas échéant. L’analyse conjointe de ces deux suivis permettra de vérifier l’efficacité des mesures et le cas échéant d’adapter les paramètres de bridages des éoliennes si nécessaire.

La perte de production sur la période de bridage concernant la Grue cendrée est estimée à 0,9% au maximum ce qui n’est pas de nature à remettre en cause la nature économique du parc.

Par ailleurs, concernant les chiroptères, la mesure ne sera effective que du 15 avril au 15 octobre, pendant 2h30 après le coucher du soleil et 1h30 avant le lever du soleil, en deçà de 6m/s de vent, ce qui limite la durée de l’asservissement à 4 h au maximum et durant les périodes de vents faibles. Cette contrainte étant limitée à 2 éoliennes du parc et sur une période restreinte durant laquelle les vents sont faibles, La perte de production globale annuelle du parc ne sera donc que très peu affectée par ces mesures ce qui n’est pas de nature à remettre en cause la nature économique du projet. »

Q2 : Les informations récentes données par le mât de mesure installé sur le site depuis avril 2015 sont-elles de nature à conforter le projet ou bien à envisager de l’aménager ?

Réponse du maître d’ouvrage :

« Le mât de mesure installé sur site en avril 2015 pour une durée de 1 an, couplé à un LIDAR (instrument qui émet un faisceau laser qui, par réflexion avec les particules de l’atmosphère, permet de mesurer les caractéristiques de l’écoulement de l’air (vitesse, direction…)), nous a permis, de caler nos modèles de propagations acoustiques et de mesurer l’activité des chiroptères.

Les informations recueillies nous ont permis de conclure que les chiroptères, pour leur immense majorité, ne s’aventurent guère en altitude comme l’ont montré nos enregistrements de longue durée au sommet du mât de mesure éolien. Par ailleurs, les modélisations acoustiques effectuées sur la base des mesures du mât et du LIDAR nous ont permis de caractériser au plus juste les émissions sonores et de prévoir les bridages adaptés à chaque secteur de vent. Ces mesures seront par ailleurs affinées lors de la mise en service du parc par des mesures in situ.

La durée d’un an de mesure sur mât nécessaire au bon déroulement des études et au dimensionnement du projet de parc éolien de Bel Air a donc été proportionné et cohérente. Le

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mât installé n’a fait que conforter le choix du site et a notamment été un élément primordial au choix du dimensionnement du parc éolien proposé.

Il n’y a pas eu de nouvelle donnée récoltée suite à la désinstallation du mât, la campagne de mesure de 12 mois a permis de récolter toutes les données nécessaires à la conception du parc suivant les standards de l’industrie. »

Q3 : Vous indiquez que la société WEB compte environ 3600 petits actionnaires privés et qu’elle ambitionne de mettre en œuvre l’expérience du groupe en matière d’investissement citoyen et/ou public dans les projets qu’elle développe sur le territoire français. Pouvez-vous préciser plus concrètement quelle pourrait être la déclinaison de cet objectif pour le projet Bel Air ?

Réponse du maître d’ouvrage :

« WEB Energie du Vent n’a pas fait le choix en France d’ouvrir directement le capital de ses sociétés de projet mais a pris l’engagement fort d’ouvrir le financement de tous ses projets éoliens à l’échelle locale. Ceci répond à la volonté de la société de faire participer les parties prenantes à la réalisation du projet, d’assurer une meilleure acceptabilité et de partager les retombées économiques du projet.

WEB Energie du Vent émettra, à la mise en service du parc éolien, des obligations simples à taux fixe pour un total de 30 000 euros par mégawatt installé :

 10 000 euros par mégawatt installé pour les riverains des communes d’implantation du projet,  10 000 euros par mégawatt installé pour les propriétaires et exploitants agricoles ayant signés des accords avec WEB Energie du Vent (même si il n’y a pas d’aménagement in fine sur les parcelles concernées),  10 000 euros par mégawatt installé pour les collectivités (communes, EPCI, SEM).

Pour le projet de Bel Air Nord, c’est donc un total de 432 000 euros d’obligations qui seront proposées aux parties prenantes du projet.

Cette opportunité proposée après la mise en service évite le risque lié au développement du projet pour l’investisseur.

Afin de rendre cet investissement citoyen accessible à tous, WEB Energie du Vent s’est associé à Lumo, plateforme d’épargne participative dédiée aux énergies renouvelables. Sur www.lumo- france.com, les parties prenantes du projet pourront y investir dès 25 euros et suivre la production énergétique de leur épargne en ligne. »

5 - Avis des conseils municipaux

Durant l’enquête publique, seul l’avis du conseil municipal de SAINT-BRIS LE VINEUX m’est parvenu. Il a pu être intégré au procès verbal de synthèse des observations et ainsi obtenir des réponses du maître d’ouvrage.

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- Avis du conseil municipal de SAINT-BRIS LE VINEUX : Mme le Maire a adressé au commissaire enquêteur un courrier daté du 10 juin 2017 dont le contenu est le suivant :

« Dans sa séance du 8 juin 2017, le conseil municipal a mandaté le maire pour établir le courrier destiné au commissaire enquêteur.

Aussi, au nom du conseil municipal (14 voix pour / 1 abstention), je tiens à vous indiquer que les élus Saint-Brisiens sont, par principe, favorables au développement des énergies renouvelables qui doivent progressivement remplacer les énergies fossiles.

Ils sont informés de plusieurs projets actuels, avancés, d’installation d’éoliennes dans les communes viticoles situées aux alentours.

Ils sont déterminés d’adopter une position vigilante pour ne pas laisser faire n’importe quoi, n’importe où, et conviennent de refuser de nouveaux projets pour les principaux motifs suivants :

- Le sud-auxerrois présente des paysages de grande qualité. Ce patrimoine naturel est reconnu dans l’Atlas des paysages de l’Yonne établi en 2008 par l’Etat. Il doit être préservé de l’effet de saturation de nos paysages par les parcs éoliens qui provoquent maintenant un véritable effet d’encerclement de nos communes. Réponse de Web Energie du Vent : « Tout d’abord, notons qu’aucune visibilité sur les éoliennes de Bel Air n’est possible depuis la commune de Saint Bris le Vineux du fait de la topographie comme le montre la carte de Zone d’influence visuelle page 74 de l’étude paysagère. L’impact sur le caractère patrimonial et la qualité des paysages viticoles est donc à relativiser fortement. De plus, les éoliennes existantes des parcs du Soleil Levant et de Chitry-Quenne sont très peu visibles depuis cette commune. L’effet d’encerclement doit donc également être relativisé. L’analyse des sensibilités paysagères réalisée dans le Schéma Régional Eolien (SRE) permet de voir que l’implantation du projet de parc éolien de Bel Air est situé en zone de sensibilité modérée pour les paysages et en dehors de la zone d’attention patrimoniale accrue pour la ville d’Auxerre. Nous nous basons sur les documents les plus récents en termes de planification et d’intégration de l’éolien dans le paysage. A ce jour, il apparait que l’Atlas des paysages de l’Yonne est obsolète comparativement au SRE.

Il n’en reste pas moins que la société WEB porte une attention particulière et systématique à la bonne insertion paysagère de ses parcs éoliens. Une étude paysagère complexe et complète est réalisée et la société suit les recommandations du paysagiste en charge de cette étude.

Les services de l’état sont, par ailleurs, garants de la qualité de ces analyses puisque les autorisations sont délivrées après une évaluation précise de l’intégration du projet dans son environnement. » Commentaires du commissaire enquêteur : Comme son patronyme l’indique, Saint-Bris le Vineux est un village viticole. Le conseil municipal relaie l’hostilité d’une partie de la profession et de ses représentants à voir s’installer de nouveaux parcs éoliens à proximité du vignoble. Je fais observer, qu’à ma connaissance, les conseils municipaux des autres villages appelés eux-aussi à se prononcer ne se sont pas positionnés durant l’enquête. Je confirme l’absence d’impact visuel depuis le village de Saint-Bris le Vineux. Quant à l’effet d’encerclement, pour avoir beaucoup circulé sur les routes du secteur, je ne l’ai pas personnellement ressenti.

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- Ce principe s’énonce en outre en pleine cohérence avec la stratégie de développement touristique de l’auxerrois qui axe le développement économique du sud-auxerrois sur le potentiel viticole, patrimonial et naturel. Il est ici rappelé au passage que le secteur viticole représente 350 emplois sur la seule commune de SAINT BRIS LE VINEUX. Réponse de Web Energie du Vent : « La commune de Saint Bris le Vineux semble avoir des inquiétudes concernant l’impact des éoliennes pour le développement touristique et économique de l’Auxerrois. Il est habituel mais infondé d’imaginer que les éoliennes peuvent légitimement remettre en question l’attrait touristique d’un site ou d’une région. A notre connaissance aucune étude ou rapport sur le territoire français ne démontre l’existence d’une perception négative sur l’éolien de la part des touristes. Au contraire, il semblerait que l’ensemble des énergies renouvelables ait plutôt une image positive auprès des populations et donc des touristes. Plusieurs études ou enquêtes ont été réalisées, nous n’en citerons qu’une partie. En 2002, une étude du Conseil d’Architecture, d’Urbanisme et de l’Environnement de l’Aude affirme que « les sentiments dominants de la part des touristes, concernant les éoliennes, sont l’approbation et l’indifférence ». L’étude stipule que les touristes ne font pas le déplacement pour voir les éoliennes mais que leur présence les interpelle, et qu’ils cherchent à en savoir plus sur le parc. Par ailleurs, le rapport révèle qu’« à plusieurs reprises, des personnes interrogées ont regretté l’absence de guides » pour le parc. L’étude distingue deux « catégories » de touristes : ceux qui viennent régulièrement sur un site, et ceux qui le découvrent. L’appréciation tend à diverger entre ces deux groupes : il s’avère que les réguliers ont parfois l’impression de perdre le côté nature qu’ils étaient venus chercher dans les paysages alors que les nouveaux arrivants intègrent l’éolienne dans le paysage comme si elle y avait toujours été présente. Plus récemment, l’institut d’études de marché et d’opinion BVA a réalisé en 2011 un sondage auprès de 308 touristes venus visiter la cité de Carcassonne ou l’aire du Belvédère sur l’autoroute A61. Ces lieux ont été sélectionnés car ils ouvrent un champ visuel sur de nombreux parcs éoliens existants et futurs parcs éoliens. Le sondage a révélé que pour 54% des touristes, le projet s’intégrait bien au paysage ; et que pour 71%, la présence d’un parc éolien n’altérait en rien le caractère et l’intérêt de Carcassonne. C’est également 80% des répondants qui s’accordent pour affirmer que l’on s’habitue à leur présence et qu’ils ne constituent pas un frein à l’activité touristique locale. On peut aussi en déduire que la présence d’éoliennes n’a pas entaché leur séjour dans la région. Dans le cadre des différents protocoles de Kyoto, de Copenhague, dans le cadre du Grenelle de l’Environnement, la France s’est engagée à réduire ses émissions de C02 et à développer les énergies renouvelables à hauteur de 23% de sa consommation à l’horizon 2020, il serait préférable pour les territoires de tirer profit de l’image qu’apportent les éoliennes. Elles participent de manière significative à l’effort national de réduction des émissions de CO2. Ces installations doivent être valorisées par les acteurs locaux. Les parcs éoliens existants peuvent aujourd’hui entrer dans le cadre du tourisme scientifique, du tourisme industriel, de l'écotourisme et du tourisme vert, autant de formes nouvelles et originales de découvertes.

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Des parcs éoliens sont aujourd’hui largement connus pour les retombées touristiques qu’ils génèrent. Face à l’afflux de curieux, de plus en plus de collectivités adoptent une démarche de mise en valeur touristique de leur parc : organisation de randonnées, de visites, de festivals, …On parlera ainsi : du parc éolien de Bouin en Vendée, très proche de l’île touristique de Noirmoutier, du parc éolien de Saint-Agrève en Ardèche, de son sentier de découverte du patrimoine naturel et de l’énergie éolienne, du parc éolien de Mont-Crosin en Suisse, véritable référence en la matière, ou plus localement des visites organisées par l’office de tourisme sur le parc éolien du Pays de Saint-Seine en Côte-d’Or. Bien d’autres pourraient être cités mais tous ont la particularité de générer des retombées touristiques pour les territoires qui les accueillent, au-delà même des communes seules où sont implantées les éoliennes. C’est dans cet état d’esprit que la société WEB propose la mise en place d’un sentier de découverte du parc éolien et de son environnement sur le territoire des communes d’implantations de Bel Air Nord (p334 – Etude d’impact). Une mise en valeur touristique et pédagogique du parc est prévue, afin de donner aux promeneurs une information sur le projet (principe de fonctionnement du parc, démarche du projet, enjeux écologiques et paysagers, etc.) et de mettre en avant la démarche environnementale des collectivités locales. Le contenu de l’information à destination des visiteurs sera défini en concertation avec les élus et l’Office de Tourisme et évoquera notamment des généralités sur l’énergie éolienne, la faune et la flore remarquable aux alentours, l’histoire du vignoble Chablisien et la présentation des villages alentours. » Commentaires du commissaire enquêteur : Moi qui suis un lecteur assidu de la presse locale, je n’y ai jamais remarqué d’article relatant une désaffection des touristes pour Auxerre, Chablis ou Pontigny depuis que des éoliennes ont été implantées dans la région. J’ignore si les professionnels du secteur sont en mesure d’argumenter objectivement à ce sujet. En revanche, si j’en juge par l’évolution du climat des enquêtes publiques relatives aux projets éoliens depuis quelques années, je suis convaincu d’une forte évolution des représentations du public à ce sujet. La population est de plus en plus sensibilisée aux questions environnementales. C’est pourquoi je soutiens sans réserve l’idée d’accompagner les projets par des outils pédagogiques favorisant la compréhension des enjeux par le public. Ce sentier de découverte est assurément intéressant. De même, les quelques tables d’orientation du secteur sont situées à des endroits où pourraient être présentées des informations sur les parcs visibles.

Plusieurs interrogations restent posées et les motifs d’opposition sont nombreux :

- Désormais, la compétence appartient aux intercommunalités seules. Réponse de Web Energie du Vent : « La loi portant nouvelle organisation territoriale de la République (NOTRe) du 7 août 2015 a effectivement entrainé un certain nombre de transferts de compétences des communes aux communautés de communes dès le 1er janvier 2017, soit à titre obligatoire, soit à titre optionnel. Ce transfert n’a pour autant rien modifié aux conditions d’implantation d’éoliennes sur un territoire. WEB continue donc d’innover en termes de concertation pour garantir une parfaite information aux collectivités compétentes qui restent aujourd’hui les portes paroles de leurs administrés. Par ailleurs, le transfert de compétence n’empêche pas la société WEB se faire participer les communes et leurs élus locaux à la conception du projet pour garantir une bonne acceptation locale, comme cela a été le cas pour le développement du projet BEL AIR Nord. »

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Commentaires du commissaire enquêteur : Je confirme que la société WEB a développé son projet en concertation avec les conseils municipaux et les intercommunalités présentes sur le territoire.

- Le bilan économique de l’éolien est négatif pour les propriétaires, les collectivités locales et le contribuable, si l’on tient compte du montage financier, du rendement électrique plus faible que celui annoncé, des coûts induits de démantèlement à terme en cas de disparition de l’installateur et nonobstant la consignation d’une somme, le socle béton maintenu sur le site constituant une pollution, la dévaluation foncière et immobilière qui suit les implantations d’éoliennes. Réponse de Web Energie du Vent : « La société WEB n’a pas réussi à saisir quelles peuvent être les raisons qui amènent la commune de Saint-Bris-le-Vineux à penser que le bilan économique de l’éolien est défavorable pour les propriétaires, les collectivités locales et le contribuable. Nous essayerons cependant d’apporter des éléments d’informations ci-dessous. o Concernant le coût pour la collectivité D’une manière très générale, les collectivités accueillant des éoliennes bénéficient des retombées économiques au titre de la fiscalité (CVAE, IFER…). Cela leur permet bien souvent de réaliser des investissements sur leur territoire qui n’auraient pas vu le jour sans le projet éolien.

Par ailleurs, il est rappelé que la société WEB loue les terrains aux propriétaires et verse de ce fait un loyer annuel à ces derniers.

o Concernant le montage financier : La rentabilité économique du projet est avérée. Pour le financement, WEB a recours à l’emprunt bancaire non déblocable si la viabilité de l’opération n’est pas démontrée aux banques. La solidité financière de la société WEB est également avérée : ces dernières années, la société WEB a ainsi pu financer tous ses projets sur l’ensemble du territoire Français.

Le business plan met en évidence que la société sera en mesure de supporter les coûts suivants :

 Prescriptions et mesures compensatoires de l’autorisation d’exploiter ;

 La quote-part des prestations de maintenance et de supervision dans les charges d’exploitation ;

 Le coût de la garantie démantèlement (coût de la garantie bancaire) qui est provisionné annuellement.

o Concernant le rendement électrique des parcs construits : Les éoliennes fonctionnent 80% du temps et pour des vitesses comprises entre 14 et 90 km/h. En moyenne les sites français permettent aux éoliennes de produire à leur puissance nominale l’équivalent de 2 200 heures / an, ce qui équivaut à un facteur de charge de 24 %. En électricité, le facteur de charge d'une centrale électrique ou d'une éolienne correspond au rapport entre l'énergie effectivement produite durant un laps de temps donné et l'énergie qu'elle aurait pu générer à sa puissance nominale pendant la même période. Ce même facteur de charge est indépendant de la rentabilité économique d’un projet. Il s’agit d’un indicateur technologique/technique.

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Pour le projet de Bel Air, avec des vents supérieur à 6.5m/s à 100m comme indiqué dans l’expertise anémométrique, le facteur de charge attendu pour ce projet devrait se situer aux alentours de 30 à 35%, bien supérieur à la moyenne de 24% (chiffres de RTE).

L’économie du projet pour la CEPE de Bel Air Nord est décrite en détail dans le Volume 3, section 4. o Concernant les coûts induits de démantèlement à terme en cas de disparition de l’installateur et nonobstant la consignation d’une somme: La réponse à ce point est apportée au paragraphe 5.3.1 (Conditions de démantèlement et de remise en état du site après exploitation) du présent mémoire en réponse. o Concernant la dévaluation foncière et immobilière : La réponse à ce point est apportée au paragraphe 5.1 (Impact sur la valeur foncière et immobilière) du présent mémoire en réponse. o Concernant le socle béton maintenu sur site et constituant une pollution : L’étude d’impact a vocation à traiter et anticiper la totalité des impacts potentiels du projet éolien sur l’environnement et entre autres les effets du projet sur le milieu physique, tant au moment de la phase chantier que pour toute la durée d’exploitation du parc. L’étude d’impact précise en page 178 dans la partie 1.1 : impact sur le sol et le sous sol : « Le coulage du béton n’aura pas d’impact significatif sur la qualité des sols agricoles environnants. Les travaux s’effectueront avec les précautions d’étanchéité nécessaires pour éviter le transfert de substances indésirables aux nappes. Et conclut sur le fait que « Les impacts négatifs temporaires dus aux travaux sont donc très limités dans le temps et dans l'espace » Elle précise également en page 182 que « Il peut être rappelé que le socle en béton est considéré comme un matériau inerte, au même titre que les blocs de béton issus de déconstruction et utilisés en remblaiement (carrière…) en centre de classe III. Il ne présente pas de dangers de pollution des sols et des eaux. ». A toutes fins utiles, nous pourrons également rappeler que le béton armé est classifié en « déchet inerte » (nomenclature N° 17 01 01) de la liste de codification des déchets (Annexe II de l'article R. 541-8 du CE) : « Les déchets inertes ne subissent aucune modification physique, chimique ou biologique importante. Les déchets inertes ne se décomposent pas, ne brûlent pas et ne produisent aucune autre réaction physique ou chimique. Ils ne sont pas biodégradables et ne détériorent pas d'autres matières avec lesquelles ils entrent en contact, d'une manière susceptible d'entraîner une pollution de l'environnement ou de nuire à la santé humaine. (Source : Directive 1999/31/CE du conseil du 26 avril 1999 - JOCE du 16 juillet 1999.) » Commentaires du commissaire enquêteur : Ces sujets ont été développés dans les réponses thématiques au chapitre précédent. On y trouvera aussi mes commentaires.

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- Notre économie viticole, prééminente et millénaire, doit être préservée, les effets négatifs sur l’aérologie locale sont possibles.

Réponse de Web Energie du Vent : « A l’arrière d’une éolienne, un sillage tourbillonnaire se développe. Dans ce sillage, la vitesse moyenne du vent est diminuée puisque l’éolienne a capté une partie de l’énergie cinétique du vent naturel et l’intensité de turbulence est augmentée. Le vent partant de l'hélice a une capacité énergétique plus faible que le vent arrivant dans l'hélice. Le sillage d’une éolienne a donc un double effet à proximité immédiate du rotor :  une diminution de la vitesse du vent derrière l’éolienne entrainant notamment une baisse de production des éoliennes environnantes ;  Une augmentation des charges de fatigue (et donc une diminution de la durée de vie de certains composants des éoliennes) liée à l’augmentation de l’intensité de turbulence. Néanmoins, ces effets sont très localisés et ne se situent qu’à quelques centaines de mètres derrière une éolienne, à hauteur de rotor, soit bien au-dessus de la hauteur des vignes de sorte qu’un effet sur le vignoble est improbable. Au-delà, les vents se régénèrent, en réintégrant les courants non perturbés au-dessus et en-dessous du rotor. » Commentaires du commissaire enquêteur : On pourrait peut-être craindre des effets de ce type si les éoliennes étaient implantées dans les vignes, ce qui n’est pas le cas. Je crois savoir qu’on cherche à lutter contre le gel printanier de la vigne en brassant l’air, pour éviter que l’air froid ne stagne au sol. On a même cette année utilisé un hélicoptère à cet effet. Dans le sud de la France, j’ai vu des éoliennes installées au milieu des vergers, avec le même objectif.

- Les effets sur la faune avec, pour SAINT BRIS LE VINEUX, à BAILLY, la présence d’un site NATURA 2000 (cavités à chauve-souris de Bourgogne / zone spéciale de conservation) reconnu d’intérêt national par arrêté ministériel le 23 juin 2015. Réponse de Web Energie du Vent : « Une étude des incidences Natura 2000 du projet sur le site de Bailly fait état d’une distance de presque 10 km entre le projet éolien BEL AIR et le site Natura 2000 de Bailly, ce qui limite fortement les risques d’impact sur la faune volante. De plus, il est bien expliqué dans cette analyse page 212 de l’expertise naturaliste que les très faibles activités chiroptérologiques, répertoriées sur l’aire d’étude du projet, pour les espèces de chiroptères désignées pour ce site Natura 2000, n’impliquent aucun risque d’impact significatif sur ces espèces. Les éoliennes sont effectivement implantées dans les milieux de grandes cultures que ces espèces ne fréquentent pas ou très rarement. Aucun effet négatif n’est donc attendu sur la faune ayant fait l’objet de la désignation du site Natura 2000 de Bailly. » Commentaires du commissaire enquêteur : Pour plus de détails, on se reportera à l’étude d’impact, très précise à ce sujet. Mon avis est qu’un des principaux avantages de ce projet est de se situer à grande distance de toute zone remarquable et protégée du point de vue de la biodiversité.

- Le parc éolien icaunais a déjà atteint l’objectif de 500 à 600 MW soit 200 éoliennes environ (506,87 MW et 208 éoliennes actées à ce jour). Le sud-auxerrois est sur-représenté avec de nombreux parcs déjà implantés (Quenne, Chitry, Venoy, Beines, Migé, Courson les Carrières, Lichères-près-Aigremont, ,…) et de surcroît, n’offre pas toujours le potentiel de vent le plus favorable.

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Réponse de Web Energie du Vent : « Le Schéma Régional Climat Air Energie (SRCAE) de Bourgogne a été approuvé par arrêté préfectoral DREAL-2012-AG-007 du 26 juin 2012. Le SRCAE de Bourgogne fixe des objectifs régionaux à l’horizon 2020 pour le développement de l’énergie renouvelable. L’objectif global de 10 000 GWh en 2020 a ainsi été retenu soit 23 % de production d’énergie d’origine renouvelable dans la consommation d’énergie finale avec une hypothèse de maîtrise des consommations énergétiques de 20%. Les objectifs fixés pour l’éolien terrestre représentent 1 500 MW installés, soit environ 500 à 600 mats. Le Schéma Régional Eolien (SRE), annexé au SRCAE, identifie à l’échelle régionale, les enjeux à prendre en compte pour le développement de projets éoliens terrestres et fixe des recommandations et objectifs qualitatifs à atteindre. La contribution de WIND FOR FURTURE reprend également ces objectifs régionaux : « L’éolien constitue une part importante de cet effort ce qui a d’ailleurs été relevé dans le cadre de la réalisation du schéma régional climat air énergie de Bourgogne et de son volet éolien à hauteur de 1500MW de puissance installée avec l’Yonne comme département offrant le meilleur potentiel. Cet objectif ambitieux, mais d’engagement concret, fut établi conjointement par les services de l’état en région et le conseil régional après une longue phase de concertation avec les associations et collectivités locales. » Enfin les pages 12 à 17 de l’étude d’impact (Volume 4) sont consacrées au potentiel éolien de la région Bourgogne-Franche-Comté et de l’Yonne. Concernant le département de l’Yonne, la DREAL Bourgogne faisait état au 08/10/2015 que le département de l’Yonne compte actuellement 226 grandes éoliennes (taille > 50 m) construites ou pour lesquelles un permis de construire est en instruction ou a été accordé :

En considérant un objectif de 500 à 600 éoliennes d’ici 2020, la région est donc encore loin des objectifs fixés par le schéma régional éolien. Le récent bilan électrique présenté par RTE est sans appel : les puissances installées et en attente sur la région Bourgogne-Franche-Comté sont loin de répondre aux objectifs du SRCAE.

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o Concernant le potentiel de vent Le rapport anémométrique présenté dans le volume 7 du dossier déposé, fait état d’une prévision de vent à 100m au-dessus du sol, qui est supérieure à 6.5m/s sur le site de Bel Air. Ce résultat est tout à fait compatible avec la réalisation d’un projet éolien, le facteur de charge attendu pour ce projet étant bien supérieur à la moyenne nationale Plus de détails sur les conditions de vents dans l’Yonne sont précisés dans le paragraphe 5.3.2 (Gisement éolien en Bourgogne, dans l’Yonne et sur Bel Air) du présent mémoire en réponse. » Commentaires du commissaire enquêteur : Concernant le nombre d’éoliennes implantées actuellement dans le département de l’Yonne, je constate dans des publications diverses des chiffres différents. Il est certain que les statistiques de 2015 ne sont plus d’actualité. Je ne suis pas en mesure d’être plus précis car je ne détiens pas ces informations de source officielle, ni ne connaît les projets en cours d’instruction ou au contentieux. Je laisse aux pouvoirs publics le soin de dire si les objectifs du Schéma Régional sont près d’être atteints dans l’Yonne.

- Ces implantations n’ont pas respecté le plan de développement EOLIEN de l’YONNE élaboré par l’ADEME. Réponse de Web Energie du Vent : « Le plan de développement Eolien cité ci-dessus est obsolète puisqu’il date de 2005 et a été remplacé par le Schéma régional éolien de Bourgogne datant de 2015. »

En conséquence, Monsieur le commissaire enquêteur, je vous remercie de bien vouloir prendre acte que les élus Saint-Brisiens, soucieux de la responsabilité qui est la leur, s’opposent par conséquent à toute nouvelle implantation d’éolienne. »

6 - Autres avis adressés à Monsieur le Préfet

Les services de la Préfecture m’ont transmis, pour information, les autres avis ci-dessous qui ont été adressés à Monsieur le Préfet de l’Yonne.

- De Mme le Maire de Saint-Bris le Vineux, courrier du 10 juin 2017, dont le contenu est identique à l’avis du conseil municipal rapporté ci-dessus.

- De l’Institut National de l’Origine et de la Qualité (INAO), courrier du 14 juin 2017, dont le contenu essentiel est le suivant :

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« … Le parc envisagé occupe la ligne de crête entre le vignoble Chablisien à l’est et le vignoble d’AOC Bourgogne de l’Auxerrois au sud-ouest. Bien que les éoliennes ne soient pas implantées sur des parcelles classées en AOC, elles sont situées soit sur une commune de l’aire géographique des AOC du Chablisien (Lignorelles), soit sur une commune de l’aire géographique de l’AOC « Bourgogne » (Bleigny-le-Carreau), à des distances comprises entre 150 m et 700 m du vignoble.

Il faut préciser que la centrale éolienne de Bel Air Nord fait partie d’un projet global nommé Bel Air, constitué de deux projets « Bel Air Nord » et « Bel Air Sud », composée au total de neuf éoliennes. Le parc prolonge vers le nord l’ensemble déjà important d’éoliennes occupant les plateaux de Bourgogne à proximité d’Auxerre. Cette nouvelle implantation ne fait qu’accentuer l’effet de saturation visuelle perceptible depuis les sites viticoles.

Le paysage viticole de la région auxerroise, et en particulier le Chablisien, constitue un ensemble patrimonial remarquable, fruit d’une longue histoire. Au-delà de la production de vins recherchés, cette région est le siège d’une importante activité économique liée à l’oenotourisme.

L’impact visuel de ces mâts pourrait porter atteinte à l’image des vignobles voisins (notoriété du produit, oenotourisme). Il convient donc de protéger au mieux ces paysages viticoles en limitant l’impact paysager de tous projets susceptibles de s’implanter dans, ou, à proximité du vignoble. Par ailleurs, l’INAO constate que les parcs éoliens situés à proximité des vignobles icaunais se développent sans qu’aucune organisation globale des projets ne soit proposée et analysée en particulier eu égard à leurs impacts paysagers.

L’INAO considère que ce projet peut porter atteinte durablement au paysage viticole de qualité ainsi qu’au potentiel de développement des AOC du territoire.

Par conséquent, l’INAO émet un avis favorable à l’encontre de ce projet. »

- Du Conseil Départemental, courrier du 22 juin 2017, dont le contenu essentiel est le suivant :

« … Je vous informe que ce dossier appelle de ma part les observations suivantes pour ce qui concerne l’impact sur le réseau routier départemental : - pour les raccordements aux postes sources, les travaux se feront sur accotement, - le traversée des routes départementales se fera par fonçage ou forage dirigé, - le recul des éoliennes par rapport au réseau routier sera au moins égal à la hauteur des éoliennes (mât + pale) + 5 mètres. »

7 - Avis de l’autorité environnementale

Cet avis a été élaboré par les services de la DREAL Bourgogne - Franche-Comté avec la contribution de la DDT (direction départementale des territoires) de l’Yonne et de la DRAC (direction régionale de l’architecture et de la culture) et suite à la consultation de l’ARS (agence régionale de la santé). Il est signé de Mme la Préfète de la région Bourgogne - Franche-Comté et daté du 21 mars 2017.

La synthèse de cet avis est ainsi rédigée :

« Le projet consiste en la création d’un parc éolien au centre du département de l’Yonne (89) sur les communes de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles. Ce parc serait composé de 4 aérogénérateurs d’une puissance unitaire prévue de 3,6 MW, soit une puissance totale de 14,4 MW, pour une hauteur en bout de pale de 165 m. Ce projet développé par la société WEB Energie du

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Vent s’inscrit dans un projet éolien global de 9 machines, nommé BEL AIR et co-développé avec la société RES. Dans un périmètre d’environ 20 km, le secteur est fortement plébiscité par les développeurs éoliens : les parcs éoliens du Soleil Levant, de l’Auxerrois, de Migé-Escamps, de Lichères-près-Aigremont, du Télégraphe, d’, de - et de Dyé, sont autorisés.

Le dossier d’étude d’impact est complet au regard de l’article R.122-5 du code de l’environnement. La progression logique de la démarche « étude d’impact » est respectée et les effets du projet sont analysés pour l’ensemble des thématiques environnementales. Globalement, sur le fond et sur la forme, le dossier est de qualité correcte mais reste perfectible. Les principaux enjeux liés au développement d’un projet éolien sont correctement mis en évidence par le pétitionnaire : le paysage, la faune volante (chiroptères et oiseaux potentiellement impactés par collision, barotraumatisme ou modification de trajectoire de vol) et les habitants proches, dont le cadre de vie peut être impacté par le bruit et les ombres portées des machines. Ces thèmes ont fait l’objet d’expertises spécifiques, à l’exception du paysage, reprises fidèlement dans l’étude d’impact mais dont la qualité est cependant variable selon les thèmes.

Le secteur retenu pour le projet accueille une diversité d’habitats, dont certains présentent un intérêt faunistique indéniable. Le pétitionnaire a recherché une implantation limitant les impacts potentiels du projet sur les milieux naturels en privilégiant les parcelles cultivées.

Concernant les oiseaux, l’étude met en évidence un enjeu majeur sur le secteur, le projet se situant dans le couloir de migration de la Grue Cendrée. Plusieurs espèces patrimoniales et sensibles à l’éolien ont également été identifiées (Faucon Hobereau, Milan Royal, Milan Noir, Goéland leucophée, Faucon crécerelle, Busard cendré, Balbuzard pêcheur, Aigle botté, Pluvier doré). Ces enjeux nécessitent la mise en œuvre de mesures au titre de la démarche ERC (d’évitement, de réduction et de compensation des impacts) telles que : adaptation des périodes de travaux au sol, suivi du chantier par un écologue, bridage des machines en période migratoire, implantation perpendiculaire à l’axe de migration des grues, suivi environnemental en phase d’exploitation. D’une manière générale, l’autorité environnementale estime que les modalités de mise en œuvre de ces mesures ne paraissent pas adaptées compte-tenu des enjeux du secteur d’étude. Au regard du retour d’expérience, le risque de collision des espèces migratrices avec les aérogénérateurs en présence de brouillard aurait pu faire l’objet d’une analyse spécifique.

Concernant les chiroptères, le secteur est marqué par une diversité chiroptérologique importante puisque 17 espèces sur les 23 que compte la Bourgogne ont été identifiées mais la Pipistrelle commune reste fortement prédominante. Parmi les espèces observées, 6 sont d’intérêt communautaire. L’enjeu pour les chauves-souris se concentre toutefois au niveau des milieux utilisés pour chasser et se déplacer, c'est-à-dire les lisières forestières, le maillage bocager et les axes de déplacement. La majeure partie des contacts concerne des espèces sensibles à l’éolien dont la Pipistrelle commune fait partie. L’implantation des éoliennes S4 et S5 au droit de milieux utilisés par les chiroptères et des éoliennes N4, S2 et S3 à proximité immédiate, risque donc d’avoir un impact sur ces espèces. Le bridage proposé pour les éoliennes S4 et S5 est une mesure pertinente pour réduire ces impacts. Toutefois, l’autorité environnementale craint que les conditions d’asservissement du bridage ne soient pas suffisamment conservatoires au regard des enjeux chiroptérologiques élevés sur la zone d’étude.

D’un point de vue paysager, le projet situé sur les plateaux de Bourgogne impacte principalement les vignobles du Chablisien, qui présentent une qualité paysagère reconnue à l’échelle du département. Le secteur d’étude bénéficie d’une forte reconnaissance grâce à la présence et à la richesse naturelle des vallées et vallons champêtres entaillant le relief de plateau et de nombreux éléments patrimoniaux remarquables dont la ville d’Auxerre, le bassin de Chablis et l’Abbaye de Pontigny. Au regard de l’étude paysagère, les visibilités depuis le bassin de Chablis sont impactées en terme de saturation et de rivalité de vue vis-à-vis de l’église Saint Martin de

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Chablis. De même, la présence visuelle d’éoliennes surplombant l’horizon impacte la perception en co-visibilité de l’abbaye de Pontigny.

L’autre enjeu de ce projet en termes de paysage réside dans l’effet cumulé avec les différents projets éoliens autorisés et en instruction dans le département de l’Yonne. Les documents fournis par le pétitionnaire semblent démontrer que le projet contribue globalement plus à accroître la prégnance de l’éolien qu’à densifier les éoliennes autorisées.

S’agissant des nuisances sonores et stroboscopiques, le pétitionnaire indique respecter les critères réglementaires et recommandés en s’appuyant sur des études théoriques. Ce point est satisfaisant mais nécessite d’être confirmé après la mise en service du parc par des études un situ. »

Commentaires du commissaire enquêteur :

Chacun des aspects du projet qui a fait l’objet d’une critique positive ou négative de l’autorité environnementale sera commenté et analysé ultérieurement, en vue de fonder mes conclusions motivées. Celles-ci sont présentées comme l’exige la procédure dans un document séparé de ce rapport.

On retiendra d’ores et déjà que l’étude d’impact a été jugée globalement satisfaisante et que les critiques les plus importantes de l’autorité environnementale portent sur l’insuffisance des mesures de protection de la faune volante.

10 - Réponse de la société WEB à l’avis de l’autorité environnementale

Le pétitionnaire a souhaité apporter des réponses à l’avis de l’autorité environnementale avant que l’enquête publique commence. Il a produit en mai 2017 un petit document de 15 pages qui suit logiquement le même plan que l’avis. Celui-ci a été mis à la disposition du public avec l’ensemble du dossier.

Une synthèse de cette réponse est fournie en introduction du document. Elle est retranscrite intégralement ci-après :

« L’avis de l’autorité environnementale a jugé le dossier d’étude d’impact complet au regard de l’article R.122-5 du code de l’environnement. L’avis précise que les principaux enjeux liés au développement du projet éolien sont correctement mis en évidence (le paysage, la faune volante, les habitations proches et le cadre de vie). L’avis précise également que le pétitionnaire a recherché une implantation limitant les impacts potentiels sur les milieux naturels en privilégiant les parcelles cultivées. Par ailleurs, WEB a identifié deux enjeux majeurs dans l’avis de l’autorité environnementale pour lesquels elle souhaite apporter de nouveaux éléments de réponse :

1. Concernant les oiseaux, le projet se situe dans le couloir de migration de la grue cendrée. A ce sujet, l’autorité environnementale estime que les modalités de mise en œuvre des mesures ERC ne paraissent pas adaptées compte tenu des enjeux du secteur d’étude.

- Dans une logique de précaution maximale, WEB convient de mettre en place de nouvelles mesures à titre préventif dès le début de l’exploitation du parc et avant tout suivi environnemental. Ainsi, WEB s’engage à arrêter les éoliennes pour des conditions de visibilité inférieures à 500 m à hauteur de rotor pendant les périodes de migration de la grue cendrée (soit du 15 février au 15 mars et du 15 octobre au 15 novembre) pendant toute l’exploitation du parc, sauf en cas de réévaluation des risques à la baisse par les services de l’Etat.

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2. Concernant les chiroptères, le bridage proposé pour les éoliennes S4 et S5 est une mesure pertinente pour réduire les impacts. Toutefois, l’autorité environnementale craint que les conditions d’asservissement du bridage ne soient pas suffisamment conservatoires au regard des enjeux chiroptérologiques élevés sur la zone d’étude.

- Toujours dans une logique de précaution maximale, WEB convient de mettre en place des nouvelles mesures de bridage à titre préventif dès le début de l’exploitation du parc et avant tout suivi environnemental pour l’éolienne N4. Ce nouveau bridage suivra les mêmes critères que ceux initialement développés pour S4 et S5 du projet Bel Air Sud détaillé page 167 de l’expertise écologique.

- En complément des mesures de bridage supplémentaires proposées par l’autorité environnementale, WEB s’engage à réaliser un suivi d’activité en nacelle en continu sur la période d’activité des chiroptères pendant les années de suivi mortalité.

- Les nouvelles mesures de bridage proposées précédemment seront identiques pour les éoliennes S2 et S3 et seront reprises dans la réponse à l’avis de l’autorité environnementale de Bel Air Sud. »

Commentaires du commissaire enquêteur :

La société WEB a utilisé une sorte de droit de réponse qui permet de nourrir le débat autour des grands enjeux du projet. Le contenu du document est intéressant car il rend explicite des choix que la lourdeur et le formalisme de l’étude d’impact ne mettent pas toujours en évidence. Au même titre que les critiques de l’autorité environnementale, ces précisions du pétitionnaire éclaireront mes conclusions.

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Fin de la première partie

A , le 28 juillet 2017,

José JACQUEMAIN Commissaire enquêteur

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Département de l’Yonne Communes de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles ______

ENQUÊTE PUBLIQUE

relative à la demande d’autorisation unique pour l’exploitation d’une installation de quatre éoliennes et de deux postes de livraison

sur le territoire des communes de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles,

sollicitée par la S.A.S. C.E.P.E. BEL AIR NORD WEB Energie du Vent 15 rue de Bruxelles - 75009 PARIS ______

arrêté préfectoral n° PREF-DCPP-SE-2017-343 du 4 mai 2017 consultation du public du 6 juin 2017 au 6 juillet 2017 ______

deuxième partie

CONCLUSIONS MOTIVEES et AVIS

du commissaire enquêteur

José JACQUEMAIN

désigné par décision n° E17000040/21 du Président du Tribunal Administratif de Dijon

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1 - Rappel de l’objet de l’enquête publique

La présente enquête publique est organisée dans le cadre de l’instruction d’une demande d’autorisation unique d’exploiter une installation de quatre éoliennes et de deux postes de livraison, sur le territoire des communes de Bleigny-le Carreau et de Lignorelles, dans le département de l’Yonne.

Cette demande d’autorisation unique vaut : - autorisation au titre de l’article L.512-1 du Code de l’Environnement, - permis de construire au titre de l’article L.421-1 du Code de l’Urbanisme, - approbation au titre de l’article L.323-11 du Code de l’Energie.

L’installation projetée, d’une puissance totale maximale de 14,4 MW, comprend 4 éoliennes d’une hauteur maximum de 165 mètres en bout de pales et 2 bâtiments de livraison de 31,5 m2 chacun.

La demande d’autorisation unique a été adressée le 11 mai 2016 à Monsieur le Préfet de l’Yonne par la Centrale Eolienne de Production d’Energie (CEPE) BEL AIR NORD SAS, dont le siège social est situé au 15 rue de Bruxelles à PARIS et qui est représentée par M. Nicolas BLAIS agissant en qualité de Directeur Général.

La C.E.P.E. BEL AIR NORD est une filiale à 70% de la société WEB Windenergie AG, dont le siège social est situé Davidstrasse 1, A-3834 Pfaffenschlag, Autriche et à 30% de WEB Betriebsgesellschaft Deutschland GmbH dont le siège social est situé Am Nesseufer 14, 26789 Leer, Allemagne (filiale de WEB Windenergie AG à 100%).

2 - Résumé des caractéristiques du projet

Le projet se situe au centre du département de l’Yonne, à environ 7 km à l’Est d’Auxerre et 4 km au Nord-Ouest de Chablis. La commune de Lignorelles fait partie de la communauté de communes du Chablisien et la commune de Bleigny-le-Carreau de la communauté d’agglomération de l’Auxerrois.

Les 4 éoliennes forment un linéaire orienté Sud-Ouest / Nord-Est. Deux d’entre-elles, identifiées N1 et N2, sont implantées sur la commune de Bleigny-le-Carreau ; les deux autres identifiées N3 et N4 sont en limite du territoire communal de Lignorelles. La répartition est également équitable en ce qui concerne les postes de livraison : l’un proche de N1 sur Bleigny-le- Carreau, l’autre proche de N3 sur Lignorelles.

La commune de Bleigny-le-Carreau dispose d’un PLU approuvé par délibération du conseil municipal le 30/04/2014. Le projet se situe en zone agricole (A) où les constructions et installations nécessaires aux équipements d’intérêt public et collectif sont admises. Aucune zone à urbaniser n’est prévue dans un périmètre de 500 mètres autour des éoliennes.

La commune de Lignorelles ne dispose pas de document d’urbanisme. Elle est régie par le Règlement National d’Urbanisme (RNU) avec lequel le projet de BEL AIR est compatible.

Les parcelles requises portent les références cadastrales suivantes : - ZH 20, 22, 23 et ZE 60 à Bleigny-le-Carreau, - ZA 14,15 et 55 à Lignorelles.

Concernant la proximité du projet avec les habitations : - l’habitation la plus proche se trouve à 890 mètres de l’éolienne N4, mais il s’agit d’une ruine inhabitée classée en zone non constructible dans le Plan d’Occupation des Sols ;

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- cette même éolienne N4 est située à 1350 mètres des premières habitations de Lignorelles ; - l’éolienne N1 est à 1100 mètres des premières habitations de Bleigny-le-Carreau et à 1660 mètres de celles de Beine.

Le projet éolien de BEL AIR est composé de deux unités distinctes : - la centrale éolienne de Bel Air Nord, composée de 4 éoliennes (nommées N1 à N4) et de 2 postes de livraison électrique, implantée sur les communes de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles. - la centrale éolienne de Bel Air Sud, composée de 5 éoliennes (nommées S1 à S5) et de 2 postes de livraison électrique, implantée sur les communes de Beine et Venoy.

Le projet d’ensemble regroupe donc 9 éoliennes d’une puissance unitaire maximale de 3600 kW pour une puissance totale installée maximale de 32,4 MW. L’investissement total prévisionnel est de 27 M d’Euros HT.

Les caractéristiques du projet de BEL AIR NORD qui nous intéresse plus particulièrement car objet de la présente enquête publique sont les suivantes : - 4 éoliennes de 3,6 MW maximum. - hauteur totale en bout de pale de 165 mètres maximum. - raccordement au réseau HTA 20 kV en souterrain depuis les éoliennes jusqu’aux deux postes de livraison implantés sur le site, puis jusqu’aux postes source de Bréau et Auxerre. - dimension maximale des postes de livraison de 10,5 x 3 x 3 m chacun. - production d’énergie estimée à 30,6 GWh/an (hypothèse éoliennes de 3,3 MW et fonctionnement annuel de 2320 heures) - équivalence en consommation d’environ 14 100 habitants (consommation domestique, chauffage compris) sur la base d’une consommation annuelle de 4,56 MWh/foyer (source CRE 2015 - INSEE 2,1 personnes/foyer).

L’accès au parc Bel Air Nord est envisagé depuis la RD 965. Il nécessitera de créer 65 mètres de piste, soit 293 m2 de bande roulante et 98 m2 de bordure à terrasser. Par ailleurs, 2735 mètres de piste seront à améliorer, 4800 mètres seront à élargir de 2 m environ et 13 virages seront à créer. Les surfaces de chantier seront de 19 600 m2.

Les parcelles concernées sont des propriétés privées. Chaque propriétaire et exploitant agricole a signé une promesse de bail emphytéotique et/ou une promesse de convention de servitude.

A la fin de l’exploitation, le parc éolien sera démantelé et les terrains remis en état comme le prévoit la réglementation.

3 - Synthèse du déroulement de l’enquête publique

3.1 - Au sujet du dossier mis à la disposition du public

Le dossier a été réalisé par le bureau d’études SCIENCES ENVIRONNEMENT dont le siège se trouve 6 boulevard Diderot 25000 BESANCON. Il est daté de mai 2016 et a été complété en février 2017.

Sa composition est la suivante : - volume 1 : CERFA unique - volume 2 : Sommaire inversé - volume 3 : Description de la demande d’autorisation - volume 4 : Etude d’impact sur l’environnement et son résumé non technique - volume 5 : Etude de dangers et son résumé non technique - volume 6 : Documents spécifiques demandés au titre du code de l’urbanisme

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- volume 7 : Documents demandés au titre du code de l’environnement - volume 8 : Accords et avis consultatifs - volume complémentaire : Il s’agit des éléments que le pétitionnaire a ajoutés en janvier 2017 au dossier initial, suite aux demandes formulées par la Préfecture de l’Yonne.

En complément de ce dossier, l’avis de l’autorité environnementale a également été mis à disposition du public.

Le porteur de projet a souhaité ajouter deux documents avant le début de l’enquête publique : - une réponse de la société WEB à l’avis de l’Autorité Environnementale, - des éléments complémentaires portés à la connaissance du public (il s’agit en fait d’un complément au volume 8).

L’ensemble du dossier est constitué de 8 volumes reliés, de format A3, et regroupés dans un coffret qui ne pèse pas moins de 13 kilos. L’ensemble compte environ 1280 pages A3 et 150 pages A4, le tout équivalant à 2710 pages A4.

C’est donc un énorme volume de documents qui a été proposé au public, complet au regard du code de l’environnement, mais néanmoins difficilement accessible pour un lecteur novice. D’ailleurs, au cours des permanences, personne ne s’est lancé dans la lecture du moindre chapitre, pas même du résumé non technique de l’étude d’impact.

En fait, les quelques personnes qui sont venues me rencontrer ont simplement consulté les cartes que je leur ai présentées et commentées. J’ignore si le dossier mis en ligne sur le site Internet de la Préfecture a été consulté, mais compte-tenu de la faible participation du public à l’enquête, on peut en douter.

Pour moi qui l’ai étudié de manière approfondie, ce dossier de près de 3000 pages est un document (ou bien un monument !) correctement organisé, de présentation soignée et abondamment illustré de nombreux plans et cartes lisibles. La précision et la qualité des études, menées par des spécialistes, est toujours impressionnante. L’étude paysagère et ses 53 photomontages m’ont été d’une aide précieuse.

Bien sûr, un tel travail pourrait encore être approfondi, comme le suggère l’autorité environnementale sur certains points. Elle estime que « Globalement, sur le fond et sur la forme, le dossier est de qualité correcte mais reste perfectible. Les principaux enjeux liés au développement d’un projet éolien sont correctement mis en évidence par le pétitionnaire : le paysage, la faune volante et les habitants proches ».

Mon avis est que l’étude d’impact fait bien la distinction entre le chapitre consacré à l’analyse de l’état initial des milieux concernés, celui qui porte sur les effets potentiels sur l’environnement et celui qui décrit les mesures envisagées pour éviter, réduire ou compenser les inconvénients du projet. Elle contient l’ensemble des informations requises au titre de l’article R 122.5 du code de l’environnement et respecte la progression logique de la démarche.

Le résumé non technique qui a pour objectif de faciliter la prise de connaissance, par le public, des informations contenues dans l’étude d’impact et l’étude de dangers est présenté de manière claire et synthétique.

En conclusion, j’estime que le contenu du dossier est tout à fait satisfaisant au regard des informations qu’il fournit au public.

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3.2 - Au sujet de l’information du public et du déroulement de l’enquête

A ma connaissance, l’enquête publique n’a souffert d’aucun défaut d’organisation.

La publication des premiers avis dans la presse a eu lieu les 18 et 19 mai soit 18 et 19 jours avant le début de l’enquête fixé au 6 juin 2017, celle des seconds avis les 7 et 8 juin soit 1 et 2 jours après le début de l’enquête. Ce même avis a également été publié sur le site Internet des services de l’Etat dans l’Yonne dans les délais réglementaires.

La société WEB a adressé aux 23 mairies concernées des affiches de grand format A2 sur fond jaune particulièrement visibles. Elle a fait constater la réalité de ces affichages par un huissier. J’ai moi-même vu ces affiches en différents points des communes de Lignorelles et Bleigny-le- Carreau à chacune des permanences.

Le dossier complet, l’avis de l’autorité environnementale et les registres ont effectivement été mis à disposition du public pendant toute la durée de l’enquête dans les mairies de Bleigny-le- Carreau et Lignorelles, aux heures habituelles d’ouverture. Ces documents ont également été consultables sur le site Internet des services de l’Etat. La boîte électronique mise en place à la Préfecture a fonctionné puisqu’un habitant de Bleigny-le-Carreau en a fait usage pour déposer une observation.

Monsieur le Maire de Bleigny-le-Carreau et Madame le Maire de Lignorelles ont mis à disposition du commissaire enquêteur une salle adaptée à la tenue des permanences dans de bonnes conditions. Le public qui s’est déplacé pour me rencontrer a pu s’exprimer librement.

Il importe également de signaler, qu’à l’initiative des sociétés WEB et RES, un document d’information A4 recto-verso a été distribué en 1300 exemplaires dans toutes les boîtes à lettres des habitants de Beine, Venoy, Bleigny-le-Carreau et Lignorelles, quelques jours avant le début de l’enquête publique. Ce document est particulièrement bien fait : au recto, on y trouve l’essentiel du projet et au verso, toutes les informations utiles pour participer à l’enquête publique.

Il faut se féliciter de cette initiative. En effet, tout le monde ne lit pas les annonces classées des journaux locaux et ne consulte pas les panneaux d’affichage municipaux, mais chacun ouvre sa boîte à lettres.

En conclusion, j’estime que la population a été correctement informée de l’existence de l’enquête d’une part, et de la teneur du projet d’autre part. J’atteste donc que l’enquête publique s’est déroulée sans incident de procédure, conformément à la réglementation en vigueur et selon les conditions fixées par l’arrêté préfectoral la prescrivant.

3.3 - Au sujet de la participation du public

- Au cours des 18 heures de permanence que j’ai tenues dans les mairies de Bleigny-le- Carreau et Lignorelles, je n’ai accueilli que 7 personnes, dont 2 couples. - Les deux registres ne contiennent qu’une seule observation et 4 courriers y sont annexés. - Mis à part le groupement d’entreprises de la filière éolienne W4F, 7 personnes se sont exprimées à titre individuel. - Au bilan, on compte 3 contributions favorables et 3 contributions défavorables. - Parmi ces différentes contributions, on ne relève aucune proposition.

C’est objectivement une très faible participation, pour un projet de cette nature. Comment l’interpréter ?

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Il faut rejeter l’idée d’un manque d’information pour plusieurs raisons : - Le projet est en développement depuis plusieurs années ; il a donné lieu à de nombreuses réunions et publications. - Dans ces villages, les conseillers municipaux sont au contact de la population et l’information circule facilement. - Comme exposé au paragraphe précédent, l’enquête publique a été largement annoncée.

Je retiendrais volontiers l’hypothèse optimiste d’une bonne acceptabilité du projet. Mon sentiment est que la société WEB en la personne de Mr MAHIEU est présente sur place depuis longtemps et a su gagner la confiance de nombreux habitants. De plus, une concertation préalable que je juge assez exemplaire a été menée, avec recours à un garant indépendant et mise en place d’un comité de pilotage regroupant l’ensemble des acteurs locaux. Enfin, les attentes des maires et des conseils municipaux ont été prises en compte; ils soutiennent les projets.

Il est également possible, qu’en raison de la présence de nombreuses éoliennes dans la région, les inquiétudes et réticences qui s’exprimaient lors des premières implantations soient aujourd’hui moins importantes.

Peut-on pour autant parler de véritable « projet de territoire », comme cherchent à le promouvoir les sociétés WEB et RES ? Il ne fait pas de doute que le concept progresse et que la majorité des acteurs locaux soutiennent le projet. J’ai même rencontré des viticulteurs qui y sont favorables… mais je n’oublie que les représentants de la profession ont fait savoir dans l’Yonne Républicaine qu’ils ne veulent plus d’éoliennes à proximité du vignoble. Je m’étonne d’ailleurs qu’ils n’aient apporté aucune contribution à cette enquête, pas plus que les associations « anti- éolien » habituellement actives dans le département.

3.4 - Au sujet des avis exprimés

Avec une aussi faible participation, ce sont surtout « les abstentionnistes » qui se sont exprimés. On s’est essayé à une interprétation de cette situation au paragraphe précédent, car on ne peut tirer aucun enseignement significatif des quelques avis reçus.

A titre individuel, 7 personnes se sont exprimées, 3 favorablement, 4 défavorablement. Mais en fait, 3 contributions sont favorables et trois défavorables.

Seuls deux couples ont émis des avis défavorables, l’un n’est pas argumenté du tout, l’autre l’est longuement. Il est le fait de personnes qui ont manifesté leur opposition dès la réunion publique de novembre 2015 et qui défendent des positions militantes.

Le groupement d’entreprises de la filière éolienne, Wind for Future, W4F, qui compte 90 membres dont 70 entreprises, et fédère 1200 emplois, soutient logiquement le projet et en a exposé les raisons.

J’ai pris acte que le conseil municipal de Saint-Bris-le-Vineux s’est dit, par principe, favorable au développement des énergies renouvelables mais opposé à toute nouvelle implantation d’éolienne dans le sud-auxerrois.

Je note enfin que les syndicats de vignerons qui se sont déclarés opposés à toute nouvelle implantation d’éoliennes dans « L’Yonne Républicaine » à la veille de l’ouverture de l’enquête publique (édition des 3,4 et 5 juin), n’ont apporté aucune contribution à cette enquête publique.

J’ajoute que personne n’a consulté la somme de documents mise à disposition pendant les permanences. Dans ces conditions, est-il encore pertinent d’imprimer des dossiers de 2700 pages et 13 Kg ? Quel gâchis de papier pour publier des études censées concourir à la défense de

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l’environnement ! La mise à disposition d’un poste informatique et d’un CD par le porteur de projet aurait été assurément moins coûteuse.

4 - Conclusions motivées

4.1 Au sujet du développement du projet et de la concertation avec la population locale

La société WEB Energie du vent, fondée en 1995, porteuse du projet Bel Air Nord, exploite actuellement 204 éoliennes, 16 centrales solaires et 3 barrages hydroélectriques, pour une puissance totale de 354MW. Son siège est en Autriche et ses filiales sont implantées au Canada, en République Tchèque, en Allemagne et en Italie. En France, elle est surtout présente dans le quart Nord-Est du territoire, avec une capacité de 65 MW en exploitation et 150 MW en développement. La revente de projets ou de sites en exploitation ne fait pas partie de la stratégie de la société.

C’est à la fin de l’année 2013 que le site a été identifié par deux sociétés concurrentes : EOLE-RES et WEB. Au terme des études de faisabilité qui ont eu lieu en 2014, les deux sociétés ont décidé de se rapprocher en vue d’un accord de co-développement.

La volonté de la société WEB de mettre en place une concertation avec les parties prenantes s’est traduite concrètement dès l’identification du site. Différents moyens de communication ont été utilisés: bulletin d’information, deux permanences publiques d’information, portes ouvertes, visite du parc éolien de Forterre avec les élus et organisation d’une réunion publique.

De plus, un comité de pilotage composé d’élus, de représentants des riverains et des différents acteurs du territoire a été constitué. Le fait le plus marquant est le recours à un médiateur professionnel, tiers expert indépendant, garant de la concertation, en la personne de Jean-Stéphane DEVISSE, membre de la commission du débat public (CNDP) et du comité national du développement durable et du Grenelle de l’environnement jusqu’en 2013. Il a réalisé pour l’ADEME un « Outil d’insertion territoriale et sociale des éoliennes » et intervient depuis 15 ans dans les sessions de formation des agents de l’Etat et des porteurs de projets éoliens organisées par l’ADEME et l’IFORE. Il est l’un des référents français du « Climate Action Network » (Réseau Action Climat) sur les sujets « Gouvernance territoriale du changement climatique, Adaptation et réduction des vulnérabilités et Biodiversité ». C’est dire si la concertation a été supervisée par quelqu’un dont la compétence est reconnue !

Le rapport du garant dont j’ai reproduit la synthèse au chapitre 1.6 de mon rapport d’enquête publique est un modèle du genre, fruit d’un incontestable professionnalisme. J’en rappelle ici la conclusion : « 1. Ce dispositif de concertation locale a été correctement proportionné au projet de Bel-Air et s’est déployé conformément aux attentes exprimées tant par les membres du comité de pilotage que par le maître d’ouvrage, 2. Tout acteur local, partie prenante ou habitant du territoire qui a souhaité s’exprimer a pu le faire, 3. Le maître d’ouvrage a correctement répondu à toutes les questions qui lui ont été posées, à l’appui de documents préparés par ses soins permettant un niveau d’information très satisfaisant. En conclusion, la qualité du dialogue et des échanges tels qu’ils se sont déroulés ont permis une bonne appréhension du projet par ses protagonistes. »

La qualité de cette concertation a permis une véritable évolution du projet au cours des 3 dernières années, notamment en ce qui concerne l’implantation des éoliennes : plusieurs variantes ont été étudiées, trois secteurs ont été écartés à la demande des municipalités et le bois de Bel Air a été préservé.

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Les échanges que j’ai pu avoir au cours de cette enquête publique avec des habitants et des élus m’ont convaincu que ce comité de pilotage a joué un rôle déterminant dans l’acceptabilité du projet. Il est devenu aujourd’hui un comité de suivi qui, de mon point de vue, devrait poursuivre le dialogue et continuer à fournir une information régulière à la population, jusqu’à la construction du parc, puis au cours de son exploitation.

4.2 Au sujet de la place du projet dans la politique énergétique nationale et régionale

L’importance et le poids (au sens propre du terme !) pris dans le dossier par l’étude d’impact sur l’environnement et l’étude de dangers pourraient faire oublier que le projet s’inscrit dans la stratégie de transition énergétique conduite à tous les échelons politiques jusqu’au plan international.

C’est la raison pour laquelle l’autorité environnementale n’a pas omis de mentionner dans son avis que le premier enjeu du projet était le développement d’une énergie renouvelable, et que celui-ci contribue à l’atteinte des objectifs en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les objectifs fixés par le Grenelle de l’Environnement sont de porter à au moins 23% la part des énergies renouvelables dans la consommation d’énergie à l’horizon 2020. Pour y parvenir, la France doit développer l'éolien terrestre à hauteur de 19 000 MW. L'atteinte de cet objectif passe par la mise en place des Schémas Régionaux Climat Air Energie (SRCAE) dont l’un des volets est le Schéma Régional Eolien (SRE). En région Bourgogne, le SRCAE a été défini le 26 juin 2012 par arrêté préfectoral, après délibération favorable du Conseil Régional lors de sa séance du 25 juin 2012.

Ce schéma affiche une ambition forte de développement de l’énergie éolienne en Bourgogne. Ce sont en effet pas moins de 1500 MW soit 600 éoliennes de 2,5 MW qui devraient être implantées à l’horizon 2020 pour respecter l’engagement de la région Bourgogne et équilibrer son futur mix énergétique.

L’observatoire de l’éolien indique que 11 000 MW étaient installés en France en juin 2016, soit 54 % de l’objectif 2020 qui est de 19 000 MW. A cette même date, la Bourgogne-Franche- Comté compte 467 MW installés.

Le projet Bel Air est situé dans une zone du territoire identifiée au Schéma Régional Eolien comme favorable au développement de l’énergie éolienne, avec un gisement éolien moyen de secteur Sud-Ouest d’environ 6,5 m/s à une hauteur de 100 mètres. La présence de plusieurs parcs éoliens à proximité atteste du fait que le secteur est propice à l’exploitation de l’énergie du vent.

La production électrique des 9 éoliennes du parc de BEL AIR est estimée à 71 GW par an. Elle permettrait de répondre à la consommation de 32 600 foyers environ, chauffage compris, et d’éviter chaque année la production de 4500 tonnes de CO2.

L’Yonne offrirait le meilleur potentiel et serait le premier département éolien de Bourgogne Franche-Comté mais les chiffres avancés par les uns et les autres au sujet de son niveau d’équipement divergent parfois. Ainsi, W4F estime que la région dispose d’un potentiel important mais est encore sous-dotée alors que les élus Saint-Brisiens affirment que le parc éolien Icaunais a déjà atteint son objectif. Dans la mesure où je ne dispose pas des informatives relatives aux parcs bénéficiant d’une autorisation préfectorale, ou en cours d’instruction, ou faisant l’objet d’un recours, je ne saurais dire s’il y a trop ou trop peu d’éoliennes dans l’Yonne et si le parc de Bel Air pourrait contribuer à cet éventuel « excès ».

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4.3 Au sujet des dimensions économique et sociale du projet

Concernant ses capacités financières, on retiendra que la société WEB Windenergie AG qui détient majoritairement la C.E.P.E. de Bel Air Nord dispose de fonds propres à hauteur de 107,4 millions d’euros au 31 décembre 2015.

Le parc éolien de Bel Air Nord représenterait un investissement initial estimé à environ 19 000 Keuros, tandis que les charges d’exploitation seraient comprises entre 603 et 969 Keuros. L’apport en capital de la C.E.P.E. Bel Air Nord représenterait 20% des besoins de financement du projet.

Dans l’hypothèse d’une puissance installée de 14,4 MW, l’estimation de la production annuelle du parc s’élève à 30 600 MW. Le chiffre d’affaire, correspondant à la vente de l’électricité produite, est estimé dans le dossier à 2 479 251 d’euros pour la première année d’exploitation. Au bilan, le Taux de Rentabilité Interne tiré du plan d’affaires prévisionnel est estimé aujourd’hui à 8%.

Concernant ses capacités techniques, la société WEB indique que le choix du constructeur sera réalisé lorsque les autorisations auront été obtenues. La maintenance sera confiée à ce constructeur via un contrat qui entrera en vigueur dès la mise en service du parc.

Il faut également noter que WEB exploite les parcs éoliens qu’elle construit, pour son propre compte et qu’elle possède déjà d’une solide expérience en ce domaine puisqu’elle détient 57 parcs éoliens en Europe et au Canada. Elle vise à acquérir un maximum d’expertise en interne, afin de pouvoir garantir la maîtrise des projets tout au long de leur cycle de vie.

La société WEB dispose d’un centre de contrôle avec 7 employés qui collecte l’ensemble des données des parcs éoliens et réalise les diagnostics à distance. Ses services « exploitation technique et commerciale » et « maintenance » comptent 36 employés.

Les activités de surveillance seront confiées à une entreprise locale employant du personnel ayant les qualifications nécessaires à l’intervention dans les éoliennes et les postes de livraison, et pouvant assurer une astreinte permanente.

Ces quelques données techniques et financières sont tirées du dossier. Chacun comprendra que je ne sois pas en mesure de les vérifier, a fortiori de les valider. Néanmoins, j’ai estimé utile de les rapporter ici pour dire à quel point la crédibilité et la fiabilité du porteur de projet sont des conditions indispensables à la réussite de l’opération. On ne peut parler de projet de territoire, s’il n’est partagé par l’ensemble des acteurs locaux, dans une relation de confiance. A ce sujet, il me semble, à travers les observations que j’ai pu faire au cours de l’enquête, que Mr MAHIEU, chef de projet, grâce aux moyens de concertation mis en place, mais aussi par une démarche de communication sincère, a réussi a se faire connaître et reconnaître positivement dans le secteur.

La société WEB compte environ 3600 petits actionnaires privés. Sur chacun de ses projets, elle s’engage à mettre en place un investissement participatif à hauteur de 30 000 euros par MW installé, de façon à obtenir une meilleure acceptabilité des projets et à en partager les retombées économiques. S’agissant du projet Bel Air Nord, ce sont 432 000 euros d’obligations qui seront émises et proposées aux parties prenantes du projet. Pour plus de précisions sur les conditions de cette participation dont j’estime le principe intéressant, on se reportera aux réponses que le maître d’ouvrage a apportées à mes questions, au chapitre 4 de mon rapport.

L’implantation d’une éolienne engendre aussi des retombées fiscales à destination des collectivités, dont le montant se situe entre 14 000 et 20 000 euros par an et par éolienne, en fonction de la puissance de la machine. Ainsi le projet Bel Air, avec ses 9 éoliennes, pourrait rapporter entre 130 000 et 180 000 euros chaque année pendant toute la durée de l’exploitation,

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répartis entre les communes de Beine, Lignorelles, Venoy, Bleigny-le-Carreau, la Communauté de communes du Chablisien et la Communauté d’agglomération de l’Auxerrois. J’ai bien compris, lors de mes échanges avec les maires, l’intérêt de ces recettes nouvelles pour de petites communes.

L’observatoire de l’éolien estime que l’éolien installé génère actuellement 15 000 emplois directs en France (+15% / an). En Bourgogne-Franche-Comté, le groupement d’entreprises W4F annonce fédérer plus de 1200 emplois. Il rappelle aussi que la filière de formation « énergies renouvelables » proposée au lycée Eiffel de Dijon, soutenue par la Région et Pôle Emploi, a déjà permis la création de plus d’une cinquantaine d’emplois dans la maintenance éolienne.

4.4 Au sujet des impacts du projet sur l’environnement

Le choix des deux maîtres d’ouvrage des projets Bel Air Nord et Bel Air Sud de conduire une étude d’impact commune est parfaitement justifié car les deux projets, si proches l’un de l’autre, posent des questions identiques et cumulent assurément leurs effets sur l’environnement. En produisant deux avis distincts mais au contenu similaire, l’autorité environnementale valide implicitement cette démarche et reconnaît de fait que la distinction des projets Sud et Nord tient essentiellement à des questions stratégiques, administratives ou économiques.

L’étude d’impact est complète, les principaux enjeux correctement identifiés et la démarche ERC (éviter, réduire, compenser) respectée. Ceci dit, à plusieurs reprises, l’autorité environnementale juge les expertises insuffisantes. Par exemple, elle suggère « pour les chiroptères, une cartographie par espèce, toutes saisons confondues pour les espèces les plus sensibles à l’éolien, ainsi qu’une cartographie par date et par saison toutes espèces confondues avec des camemberts représentant l’activité de chaque espèce ». Je ne conteste pas que le dossier soit perfectible, mais souhaite simplement rappeler qu’il pèse déjà 13 kilos, que l’étude d’impact compte environ 800 pages et que des documents aussi lourds sont difficilement exploitables par le public. N’oublions pas non plus que l’approfondissement des expertises n’est pas sans incidences financières.

Je considère même que certains thèmes, développés systématiquement dans toutes les études d’impact, pourraient être moins approfondis, compte-tenu de l’expérience acquise dans le domaine éolien. On me rétorquera qu’il faut prendre en compte le contexte local, mais le document final est tellement volumineux qu’en prendre connaissance nécessite plusieurs heures de travail et décourage le public. Rappelons que je n’ai vu personne ouvrir le dossier au cours de cette enquête.

Le projet se situe en secteur agricole, dans une zone de grandes cultures qui de fait présente un intérêt limité en termes de biodiversité. L’autorité environnementale elle-même reconnaît que le pétitionnaire a limité les impacts potentiels du projet sur les milieux naturels en privilégiant les parcelles cultivées. J’ajoute que l’aire d’étude rapprochée ne comporte aucun zonage environnemental. Le site Natura 2000 le plus proche, « cavités à chauve-souris en Bourgogne », comprenant notamment les carrières souterraines de Pinelle et de Bailly est à 8 km minimum au Sud. De plus, aucun corridor écologique recensé dans le cadre du Schéma Régional de Cohérence Ecologique de Bourgogne n’est affecté.

Pour résumer, j’estime que les enjeux liés à la flore sont faibles et que s’agissant de la faune, les principales problématiques touchent les chauves-souris, les rapaces et les oiseaux migrateurs.

S’agissant des chiroptères, les prospections à l’aide de détecteurs à ultra-sons ont permis d’identifier de nombreuses espèces et des populations importantes dans la zone d’étude. Il est indiqué que la Pipistrelle commune reste fortement prédominante mais ni l’étude d’impact, ni l’autorité environnementale ne signalent que nous sommes néanmoins en présence d’une population remarquable. Je fais l’hypothèse que si c’était le cas, le site bénéficierait d’une protection particulière.

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L’étude a aussi montré que les chauves-souris se cantonnent aux secteurs boisés et bocagers, et à leurs lisières dans un périmètre inférieur à 50 mètres. La différence d’activité me semble très significative : 269 contacts/ heure dans ces zones d’habitat privilégiées, contre 5,3 contacts/heure dans les espaces cultivés ouverts. La présence des chauves-souris est encore moindre en altitude puisque seul 1,5 contact par nuit a été enregistré à 41 mètres au dessus des cultures. Il me semble que ces données invitent à analyser la question du danger pour ces populations avec discernement. Peut-on véritablement estimer que les enjeux chiroptérologiques sont élevés ?

L’étude d’impact a conduit la société RES à proposer une mesure de bridage des éoliennes S4 et S5 du parc Bel Air Sud que l’autorité environnementale a jugée pertinente. Mais, au sein du parc Bel Air Nord, c’est l’éolienne N4 qui est la plus proche d’un espace boisé, tout en respectant l’éloignement minimal de 50 mètres préconisé.

En réponse à l’autorité environnementale qui « craint » que les mesures de réduction des impacts envisagées ne soient pas suffisamment conservatoires, la société WEB propose une mesure de bridage, à titre préventif, dès le début de l’exploitation pour l’éolienne N4. Ce bridage suivra les mêmes critères que ceux initialement développés pour les éoliennes S4 et S5 du projet Sud. En complément, WEB s’engage à réaliser un suivi d’activité en nacelle en continu sur la période d’activité des chiroptères pendant les années de suivi mortalité. Les éoliennes S2 et S3 bénéficieront des mêmes mesures.

Ainsi, avec ces nouvelles dispositions, les craintes de l’autorité environnementale auront été prises en compte. WEB manifeste sur ce sujet comme sur d’autres, sa capacité à adapter son projet. Il me semble qu’il convient d’approuver cette logique de précaution, sachant néanmoins que ce sont surtout les modalités du suivi environnemental qui seront déterminantes pour apprécier l’impact du parc éolien sur les chiroptères.

S’agissant maintenant de la faune volante, ce sont des espèces de rapaces remarquables comme le Milan Royal, l’Aigle Botté ou le Balbuzard pêcheur ainsi que les migrateurs tels la grue cendrée qui retiennent principalement l’attention. Le projet se situe en effet dans un couloir de migration des grues cendrées.

Pour les habitants de la région, le passage des grues cendrées est d’observation courante. Il ne fait pas de doute que le parc de BEL AIR pourrait être survolé, comme toutes les autres éoliennes déjà autorisées et installées autour d’Auxerre.

L’étude consacrée à l’avifaune migratrice dans le dossier est extrêmement détaillée. Le lecteur non-expert s’étonnera peut-être que les tracés des couloirs de migration puissent être représentés avec une précision millimétrique. Ainsi, on en arrive à conclure que l’éolienne N1, par une position plus centrale, représente un danger supérieur à l’éolienne N2. Mais l’autorité environnementale admet aussi que les effets sur l’avifaune migratrice sont limités par l’espacement minimal entre les éoliennes, en l’occurrence 665 m pour Bel Air Nord.

A la question de savoir si ces éoliennes représentent un risque avéré de collision pour les oiseaux et quelle est cette part de danger par rapport aux autres pouvant se présenter sur leur parcours de migration, le dossier évoque des études qui montrent de fortes capacités d’évitement des éoliennes par de bonnes conditions de visibilité. Bien que les grues cendrées traversent les pays possédant les plus grands nombres d’éoliennes en Europe (Allemagne et Espagne notamment), très peu de cas de mortalité ont été observés à ce jour : 23 cas au total en Europe ( Dürr, 2016) à comparer aux centaines milliers de grues cendrées traversant l’Europe.

La Ligue pour la Protection des Oiseaux (LPO) a publié récemment (le 20 juin 2017) une étude nationale inédite sur la mortalité des oiseaux due aux éoliennes qui conduit simplement à préconiser l’implantation des parcs en dehors des zones Natura 2000.

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L'étude estime la mortalité due aux éoliennes entre 0,3 et 18,3 oiseaux tués par éolienne et par an, des chiffres proches de ceux constatés aux Etats-Unis (5,2) ou au Canada (8,2). Toutefois, une grande hétérogénéité entre les parcs a été constatée, la mortalité étant au moins deux fois plus importante dans ceux situés à proximité des zones de protection spéciale (ZPS), ce qui paraît logique puisque ces zones sont classées dans le réseau Natura 2000 au titre de la directive Oiseaux en raison précisément de leur intérêt ornithologique. Rapportés à leur population, ce sont les rapaces diurnes comme les Faucons crécerelle et crécerellette, les Milans noir et royal, le Busard cendré ou la Buse variable qui sont les principales victimes des pales.

Ce rapport d’étude publié par la LPO comporte un chapitre « 3.3.1 Cas particulier de la grue cendrée » ainsi rédigé :

« A ce jour aucun cadavre de grue cendrée n’a encore été répertorié en France. Ailleurs en Europe, la compilation réalisée par Tobias Dürr ne mentionne que 23 cas de mortalité, principalement en Allemagne, plaçant la grue cendrée au 92ème rang des espèces impactées en Europe.

Plusieurs raisons expliquent qu’aucun cadavre de grue cendrée n’a encore été répertorié sous les éoliennes françaises.

D’une part, lors de leur migration, les grues cendrées volent principalement de jour lorsque les conditions météorologiques sont favorables et à des altitudes bien supérieures aux plus hautes éoliennes existantes, ce qui leur permet de voir et, si besoin, de contourner les parcs éoliens bien en amont. C’est donc plus aux abords des sites de stationnement ou d’hivernage que les grues présentent une sensibilité à l’éolien.»

Ce détour par l’étude de la LPO apporte un éclairage positif puisque le projet Bel Air est éloigné de tout site Natura 2000 et qu’aucun site de stationnement de la grue cendrée n’est mentionné à proximité.

En fait, sur notre dossier, la rigueur des expertises ne semble pas contestée ; ce sont plutôt les conclusions qui sont discutées par l’autorité environnementale. Je note d’ailleurs qu’aucune observation du public n’évoque ce sujet et que la LPO n’est pas intervenue au cours de cette enquête.

L’étude d’impact rapporte que le niveau de sensibilité de la grue cendrée peut être considéré comme modéré, au motif que 67% des effectifs printaniers et 93% des effectifs automnaux ont été observés à des altitudes excluant tout risque de collision. A contrario, l’autorité environnementale estime que les enjeux concernant cette espèce sont forts sur la totalité de l’aire d’étude, dans le contexte de multiplication des projets éoliens. Elle considère en conséquence que le bridage proposé pour les éoliennes N1 et S2 devrait être étendu à l’ensemble des machines.

Malgré les infinies nuances apportées par l’étude, je partage l’idée que la totalité du parc éolien Bel Air Nord est certainement concerné par cette problématique. Il me semble assez logique de considérer que si un bridage a été estimé utile pour N1, il faut aussi l’envisager pour les trois autres éoliennes.

Anticipant sur ces conclusions, et prenant aussi en compte le risque accentué de collision en cas de brouillard, dans sa réponse à l’avis de l’autorité environnementale, WEB « s’engage à arrêter les éoliennes pour des conditions de visibilité inférieures à 500 mètres à hauteur de rotor pendant les périodes de migration de la grue cendrée (soit du 15 février au 15 mars et du 15 octobre au 15 novembre) pendant toute l’exploitation du parc, sauf en cas de réévaluation des risques à la baisse par les services de l’Etat. » Ce sont des dispositions que j’approuve, d’autant

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que le système de détection des oiseaux décrit en page 323 de l’étude d’impact semble particulièrement efficace.

Mais aussi satisfaisantes soient-elles au plan environnemental, je me suis inquiété de savoir quel serait l’impact de ces mesures de protection de la faune volante sur la production et la rentabilité du parc. Le maître d’ouvrage m’a répondu que « la perte de production sur la période de bridage concernant la grue cendrée est estimée à 0,9 % au maximum, ce qui n’est pas de nature à remettre en cause la nature économique du parc. »

Enfin sur ce chapitre consacré à l’impact environnemental, il faut encore mentionner :

- que le pétitionnaire a décidé de ne pas implanter d’éolienne à proximité du bois de BEL AIR, compte-tenu de l’intérêt floristique et faunistique qu’il présente.

- que le projet aura peu d’impact sur la voirie : 65 m seulement de piste seront à créer, le reste consistant à conforter ou élargir des chemins existants. - qu’une haie de 150 mètres sera détruite au cours du chantier afin d’aménager les virages F et G, puis restaurée par le maître d’ouvrage.

- qu’une mesure de balisage des zones de travaux et de suivi par un écologue est prévue, de façon à respecter les emprises du chantier et éviter toute destruction d’espèce protégée.

- que la société WEB a produit en réponse à l’avis de l’autorité environnementale un document de 15 pages extrêmement précis et détaillé, que je ne peux reproduire ici intégralement, mais qui me semble convaincant quant à la qualité de l’étude d’impact.

4.5 Au sujet de l’insertion paysagère du projet

Les paysages évoluent sans cesse, à l’échelle du temps long sous l’action du climat, plus rapidement sous l’action de l’Homme : urbanisation, défrichement, constructions de routes, de ponts,… Le vignoble lui-même n’échappe à cette évolution, planté sur des zones marécageuses asséchées par les moines au moyen âge ou façonné à coups de bulldozers comme ce fut encore le cas récemment pour un coteau Chablisien. La côte des Grands Crus de Chablis elle-même comporte son lot d’artificialisation par les larges surfaces qui ont été bétonnées pour lutter contre le ravinement.

Que dire également de l’évolution des regards quand on sait que la Tour Eiffel, emblème de Paris pour le monde entier, n'a pas toujours connu le succès d'aujourd'hui : sa construction a provoqué débats, polémiques et protestation d'artistes de renom ! Les injures ont fusé : "ce mât de fer aux durs agrès, inachevé, confus, difforme" (François Coppée) ; "cette haute et maigre pyramide d'échelles de fer, squelette disgracieux et géant, dont la base semble faite pour porter un formidable monument de Cyclopes, et qui avorte en un ridicule et mince profil de cheminée d'usine" (Maupassant).

Je constate moi-même qu’entre les premières enquêtes publiques que nous avons conduites sur les projets éoliens et celles d’aujourd’hui, le degré d’acceptabilité dans la population a beaucoup changé.

Ceci dit, la question de l’impact visuel des éoliennes est une des plus difficiles à aborder, tant elle est marquée de subjectivité. Pour certains, rien n’est plus esthétique que ces fins moulins modernes, en comparaison par exemple des pilônes électriques haute tension ou autres silos de béton. Pour d’autres, les éoliennes sont des balafres insupportables dans le paysage. Le quotidien « l’Yonne Républicaine » rapportait le 3 juin dernier que l’Académie de médecine avait livré

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récemment un rapport sur les « nuisances sanitaires des éoliennes terrestres » où sont évoqués des sentiments de contrariété, d’irritation, de stress et de révolte liés à la défiguration du paysage.

Les syndicats de vignerons s’inquiètent eux-aussi de l’image que renvoient ces éoliennes dans un contexte où ils cherchent à valoriser la notion de terroir et à développer l’oeno-tourisme. L’Yonne Républicaine de ce 3 juin titrait : « Le vignoble vent debout contre les éoliennes ». Le conseil municipal de Saint-Bris va sans équivoque dans le même sens. Mais je fais remarquer que ces craintes énoncées au sujet de l’impact sur l’activité économique et touristique, aussi respectables soient-elles, ne sont pas documentées ni étayées.

Les quelques vignerons avec lesquels j’ai abordé ce sujet ont reconnu ne pas avoir ressenti l’effet de l’arrivée des éoliennes sur leur activité commerciale. Quant à une éventuelle atteinte à l’image du vignoble et à la désaffection des touristes, comment l’objectiver ? Moi qui suis un lecteur assidu de la presse locale n’ai jamais rien lu d’inquiétant à ce sujet. Dans son mémoire en réponse, le maître d’ouvrage rapporte à ce sujet des études éclairantes.

Je connais des producteurs de fruits de la vallée du Rhône qui ont fait installer des éoliennes (non productrices d’électricité mais génératrices de mouvements d’air) au dessus des pêchers pour lutter contre le gel printanier. Qui sait si on ne verra pas un jour les mêmes installations dans les vignobles, ici ou ailleurs ? On a bien déjà eu recours à des hélicoptères pour produire le même effet !

Mais ces considérations d’ordre général ne répondent pas à la question qui nous est ici précisément posée : la construction des éoliennes du projet Bel Air est-elle acceptable du point de vue du paysage et du patrimoine local ?

Le projet se situe à environ 7 km à l’Est d’Auxerre et à 4 km à l’Ouest de Chablis, sur un plateau agricole. Les 4 éoliennes du parc Bel Air Nord se répartissent sur une ligne d’une longueur d’environ 2 km orientée Sud-Sud-Ouest - Nord-Nord-Est.

L’analyse des effets sur le paysage renvoie à une carte de zone d’influence visuelle qui permet au lecteur de repérer facilement les secteurs touchés (pages 90 et 91). Ces impacts paysagers ont été étudiés dans un rayon de 10 km autour du site, ce qui me semble adapté aux enjeux. L’analyse est détaillée puisque 53 photomontages sont présentés, en double format A3, avec les dimensions des machines les plus conservatrices, à savoir le moyeu à une hauteur de 110 mètres et des diamètres de rotors de 110 mètres également. Les points d’observation sont situés à La Chapelle Vaupelteigne, Beine, Lignorelles, Bleigny-le-Carreau, Pontigny, Chablis et les Hauts d’Auxerre. Toutes les communes limitrophes ont fait l’objet d’au moins trois photomontages. Les outils méthodologiques employés, particulièrement les coupes topographiques, les reportages photographiques, les cartes de zones d’influence visuelle et les photomontages, ont été estimés pertinents par l’autorité environnementale.

Parmi cette somme importante de données, il me semble qu’il faut examiner de près les co- visibilités avec trois sites sensibles : Auxerre, Pontigny et Chablis.

S’agissant d’Auxerre, il est avéré que le parc éolien ne sera pas visible depuis les nouveaux quais aménagés de l’Yonne et le cœur historique de la ville. En revanche, elles seront perceptibles depuis les Hauts d’Auxerre, dans certaines rues du quartier Saint-Siméon, à une taille néanmoins très réduite compte-tenu de la distance.

S’agissant de Pontigny, l’ancienne abbatiale romane classée et protégée au titre des Monuments Historiques, dont le caractère remarquable est incontestable, se trouve à 5,3 km au nord de la zone d’implantation potentielle. M’étant rendu sur place, je confirme qu’un visiteur ne percevra pas les éoliennes depuis les abords immédiats de l’abbaye. En revanche, les éoliennes

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seront bien visibles à grande distance depuis la RN 77 dans le même champ que l’abbaye. Mais compte-tenu de la vitesse des véhicules et des obstacles boisés et bâtis présents, les éoliennes ne seront perçues par les automobilistes que quelques secondes au dessus d’un toit qui ne peut pas être identifié comme étant celui d’une abbaye. En toute responsabilité, j’estime pouvoir conclure que le site classé de Pontigny ne sera pas impacté visuellement.

S’agissant de Chablis, il n’est pas nécessaire de rappeler les valeurs économiques, patrimoniales et touristiques du vignoble Chablisien. Chacun sait qu’il s’agit d’un vignoble de reconnaissance internationale.

D’un point de vue général, il est désormais acquis que dans l’Auxerrois et le Chablisien, vignoble et éoliennes cohabitent déjà largement. Les implantations ne se font pas dans les vignes mais les co-visibilités sont très fréquentes. Ainsi, depuis la table d’orientation de la côte des Grands Crus de Chablis, j’ai compté sur l’horizon 28 éoliennes. Le projet Bel Air en ajoutera 2 sur la droite, dans la continuité de la ligne existante, de taille similaire. Les autres seront masquées par la végétation. Depuis le chemin de Saint-Jacques de Compostelle qui longe la Côte des grands Crus, les 9 éoliennes de Bel Air viendront s’ajouter à celles déjà installées.

L’avis du conseil municipal de Saint-Bris me conduit aussi à préciser que le parc de Bel Air ne présentera pas de co-visibilité avec le village depuis le bourg, car il se situe en arrière-plan et en contrebas du relief marquant l’horizon. La carte des zones d’impact visuel le confirme.

Il me semble que la question suivante est celle de l’effet cumulé avec les autres parcs déjà construits dans l’Auxerrois.

Le dossier rapporte que dans un périmètre d’environ 20 km, plusieurs parcs sont construits ou autorisés, totalisant 73 éoliennes :

Nom de la centrale Nombre d’éoliennes Distance à l’éolienne la plus proche Soleil Levant 12 S1 à 690 m Auxerrois 16 S1 à 3,3 km Migé-Escamps 7 S1 à 18,5 km Lichères-près-Aigremont 12 S1 à 15,5 km Télégraphe 4 S1 à 16,5 km Yrouerre 5 S1 à 20 km Serrigny-Collan 10 N4 à 13 km Dyé 7 N4 à 10 km

C’est cette densité de l’éolien dans la région qui motive essentiellement la protestation des syndicats vignerons. Les risques de mitage ou de saturation visuelle ne sont effectivement pas à négliger. Mais je constate qu’aucun vigneron ni qu’aucun représentant de la profession ne s’est exprimé au cours de l’enquête. La présence d’un représentant de l’association de défense de l’appellation Chablis au sein du comité de pilotage explique-t-elle cette abstention ?

Je note que l’autorité environnementale s’inquiète également de cette densité, ajoutant que « le projet contribue globalement plus à accroître la prégnance de l’éolien qu’à densifier les éoliennes autorisées ».

Dans le cadre de l’étude paysagère, l’analyse des effets cumulés a donné lieu à des travaux très techniques (angle d’occupation, densité, angle de respiration, vues filaires sur 360°) qui ne concluent pas à un effet de saturation. Mon avis est que, sur ce point également, quelle que soit la pertinence de ces outils méthodologiques, ce sont d’abord des considérations subjectives qui

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fondent les convictions. Personnellement, en circulant dans le secteur, je n’ai jamais ressenti l’effet d’encerclement que signale le conseil municipal de Saint-Bris.

Je suis néanmoins très sensible aux arguments de ceux qui estiment qu’il y a maintenant assez d’éoliennes dans cette partie du département. Ceci dit, ce sont les pouvoirs publics qui disposent des informations relatives aux parcs autorisés et à construire. Si ceux-ci estiment que l’Auxerrois, saturé d’éoliennes, ne doit plus en accueillir, ils devraient le faire savoir aux porteurs de projets avant que ceux-ci ne se lancent dans de très longues et onéreuses études.

La difficulté tient aussi au fait que les implantations se succèdent au gré du développement des projets, des autorisations de construction ou des interdictions, instruites parfois à des niveaux de contentieux différents, en dehors de tout schéma global, et sans qu’une cohérence d’ensemble n’apparaisse à l’évidence. Il y a assurément urgence à ce que les élus s’emparent de cette question, à une échelle suffisamment grande, pour que l’aménagement du territoire soit véritablement « piloté ». Il y aurait aussi à s’interroger sur l’absence de développement du photovoltaïque et de la méthanisation dans la région.

Il ne faut pas oublier que la première variante du projet comportait 14 éoliennes et que la société WEB a largement amendé son projet initial au cours de la phase de concertation préalable, prenant en compte les observations du comité de pilotage. Au final :

- une cohérence paysagère avec le parc du Soleil Levant a été recherchée,

- une implantation rectiligne des 4 aérogénérateurs de Bel Air Nord a permis une insertion plus fine, - les exigences de la commune de Lignorelles, excluant une partie de son territoire pour des raisons d’urbanisation future, ont été acceptées ;

- une ligne entière d’éoliennes a été supprimée sur le plateau agricole des Vallins et du Bois du bas de Lignorelles pour réduire l’impact sur le vignoble Chablisien et la ville de Chablis,

- par leur taille modeste (10m x 3m x 3m) et leur couleur, les deux postes de livraison n’impacteront pas gravement le paysage.

Enfin, je reprends à mon compte cette formule de l’autorité environnementale qui estime que « le scénario retenu est effectivement celui présentant les impacts les plus faibles sur le paysage, le milieu humain et la biodiversité ».

En effet, le positionnement des éoliennes a été fortement contraint par les enjeux du site, comme pour le développement de tous les projets éoliens. La prise en compte de la biodiversité, de la consommation d’espaces agricoles, du contexte technique (faisceau hertzien par exemple) et de l’acceptation locale, a façonné l’aspect général du projet. Toutes les précautions utiles ont été prises, mais il va de soi que l’installation d’éoliennes ne peut se faire sans impact sur le paysage.

Au terme d’une longue réflexion sur cette question particulièrement difficile, m’efforçant d’écarter des considérations trop subjectives, j’en viens à conclure que l’insertion paysagère de ce projet ne présente pas d’élément rédhibitoire qui puisse constituer un obstacle radical à sa réalisation.

4.6 Au sujet des autres incidences du projet pour la population locale

La précédente conclusion ne peut faire ignorer que l’environnement quotidien des habitants serait néanmoins modifié par la construction de cette centrale éolienne.

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L’habitation la plus proche, située à 890 mètres, est une maison isolée, actuellement en état d’abandon.

Concernant les villages, les distances à l’éolienne la plus proche sont les suivantes : - Centre-bourg de Bleigny-le-Carreau : 1100 mètres - Sud de Bleigny-le-Carreau : 1500 mètres - Est de Bleigny-le-Carreau : 1000 mètres - Centre-bourg de Lignorelles : 1400 mètres - Sud de Lignorelles : 1300 mètres - Est de Lignorelles : 1800 mètres - Nord de Merry : 2000 mètres

A ces distances, l’effet de surplomb sur les habitations est très limité. Il en va de même de l’effet stroboscopique et des ombres portées.

L’étude acoustique a consisté d’abord à mesurer le bruit existant au niveau de 11 des habitations les plus proches du parc pendant 50 jours en avril et mai 2015. Sur cette base, des simulations ont été réalisées. Elles ont montré que le projet respecte les seuils d’émergence réglementaires qui sont les plus stricts d’Europe. Ainsi, de jour, les éoliennes ne seront pas perceptibles car masquées par le bruit ambiant. De nuit, le niveau de bruit simulé ne dépasserait pas 35 dB, ce qui est objectivement très faible. La société WEB s’engage à fournir le rapport d’impact acoustique, réalisé par un tiers indépendant, pour le modèle d’éolienne qui sera retenu, avant la mise en service du parc.

La réponse du maître d’ouvrage à l’observation du public sur ce thème est particulièrement détaillée. On a vu que les études acoustiques sont d’une grande complexité. Cependant, le lecteur novice n’y trouve généralement pas réponse à ses inquiétudes dans la mesure où le bruit se traduit sur le papier par des indicateurs qui restent abstraits, imperceptibles, contrairement aux études sur le paysage qui donnent lieu à des photomontages. Pour évaluer le bruit généré par une éolienne, je recommande vivement de se rendre sur place. Les parcs sont accessibles et il est possible de faire ses propres observations à différentes distances. Ce faisant, chacun reconnaît que l’impact acoustique de ces machines n’est pas l’enjeu majeur.

Concernant le projet Bel Air Nord, il faut surtout retenir que les habitations sont éloignées d’au moins un kilomètre et que dans ces conditions la probabilité de nuisances acoustiques est très faible.

L’étude de dangers présente de manière exhaustive les scénarios prévisibles, en termes de probabilité et de gravité. Les risques étudiés sont ceux habituellement décrits pour des éoliennes : projection ou chute d’éléments, projection ou chute de glace. Les mesures de sécurité retenues semblent adaptées. Ce ne sont pas des éléments qui inquiètent la population.

Au moment de conclure, je retiens essentiellement:

- que le projet Bel Air Nord s’inscrit dans les objectifs de la politique énergétique nationale qui vise à porter la part des énergies renouvelables à 23% de la consommation finale brute d’énergie en 2020 et qu’il contribue également de manière concrète à la mise en œuvre du Schéma Régional Eolien ;

- que la société WEB qui détient déjà 57 parcs éoliens bénéficie d’une expérience reconnue et possède les compétences requises pour l’exploitation d’un tel site ;

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- que cette société a aussi démontré au cours de la phase de concertation préalable, sa capacité à tenir compte des exigences locales et sa volonté de développer un projet de territoire, partagé avec la population ;

- que le dossier présenté au public est complet et les études de qualité satisfaisante ;

- que l’enquête publique s’est déroulée conformément à la procédure prescrite, en particulier en termes d’information du public ;

- que la population a eu la possibilité de se renseigner sur les enjeux et les caractéristiques du projet, et de s’exprimer, notamment au cours des 18 heures de permanence, mais n’en a pas éprouvé le besoin ;

- qu’au bilan, la participation du public est extrêmement faible et ne rend compte d’aucune opposition manifeste au projet ;

- que le nombre de contributions favorables et défavorables émises est identique et que les principales inquiétudes exprimées concernent l’impact paysager du projet ;

- que les élus ne se sont pas davantage exprimés, puisque sur les 23 conseils municipaux appelés à se prononcer, seul l’avis du conseil municipal de Saint-Bris le Vineux m’est parvenu ;

- que chacune des rares observations favorables ou défavorables formulées pendant l’enquête a été examinées avec attention par le maître d’ouvrage qui a fourni dans les délais impartis un mémoire en réponse argumenté et détaillé de plus de 36 pages ;

- que la société WEB a également répondu de manière très argumentée aux critiques de l’autorité environnementale au moyen d’un document de 15 pages qui a été mis à disposition du public dès le début de l’enquête ;

- qu’il n’existe aucun zonage environnemental à proximité de l’aire d’étude ;

- que l’impact du projet sur le sol et les eaux est minime et que toutes les mesures de prévention utiles seront prises pendant la phase de construction qui constitue le moment le plus sensible ;

- que l’implantation des éoliennes en zone de culture agricole limite les impacts sur la flore et la faune, et permet de les relativiser au regard des autres enjeux environnementaux du projet ; - que les mesures de bridage décidées par la société WEB, à titre préventif, répondent favorablement aux critiques de l’autorité environnementale et sont de nature à protéger véritablement l’avifaune migratrice et les chiroptères;

- que le parc éolien de Bel Air constituera inévitablement un nouvel élément du paysage qui sera diversement apprécié par la population ;

- qu’aucun des sites patrimoniaux des environs, situés notamment à Pontigny, Chablis et Auxerre, ne sera atteint par une co-visibilité inacceptable ;

- que le site est suffisamment éloigné des habitations pour que les impacts sonores et les effets stroboscopiques soient pratiquement inexistants pour les populations locales ;

- que l’étude de dangers (projection ou chute d’éléments, projection ou chute de glace, effondrement de l’éolienne) démontre que le risque en termes d’occurrence et de gravité est absolument modéré.

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5 - Avis argumenté

Ainsi, après avoir : - étudié attentivement le dossier soumis à l’enquête publique, - rencontré le maître d’ouvrage et m’être fait préciser différents aspects du projet, - visité le site retenu et ses environs, d’Auxerre à Chablis et Pontigny, - tenu 18 heures de permanence dans les mairies de Bleigny-le-Carreau et Lignorelles, - analysé les rares observations formulées par le public, - pris en compte l’avis du conseil municipal de saint-Bris le Vineux, - pris en compte l’avis de l’Autorité Environnementale, - pris en compte la réponse de la société WEB à l’avis de l’Autorité Environnementale, - pris en compte les réponses du maître d’ouvrage aux observations du public et à mes propres questions, - motivé mes conclusions sur tous les aspects du projet, et approfondi celles concernant l’impact sur la faune volante et le paysage,

et après avoir finalement considéré : - que l’enquête publique a été organisée dans le respect de la réglementation en vigueur et conformément à l’arrêté préfectoral la prescrivant, et qu’elle s’est déroulée sans incident,

- que la faible participation du public permet de faire l’hypothèse d’une bonne acceptation du projet par la population et les élus locaux,

- que le projet s’inscrit dans la politique de transition énergétique et écologique de notre pays,

- que le projet se situe dans une zone favorable au développement de l’éolien et contribue à l’atteinte des objectifs du Schéma Régional Eolien ;

- que le projet prend en compte le Schéma Régional de Cohérence Ecologique (SRCE) de Bourgogne et n’a pas d’impact significatif sur les continuités écologiques ;

- que plusieurs variantes du projet ont été étudiées et que l’implantation finalement retenue est celle qui présente les impacts sur l’environnement, les paysages et le milieu humain les plus faibles ;

- que le projet prend en compte de façon proportionnée les enjeux environnementaux du territoire concerné ;

- que la société WEB a répondu de manière satisfaisante aux critiques de l’autorité environnementale en proposant de renforcer les mesures d’évitement, de réduction et de compensation des impacts ;

- que les capacités techniques et financières de la société WEB doivent lui permettre de réaliser ce projet dans de bonnes conditions,

j’émets un AVIS FAVORABLE à la demande d’autorisation unique pour l’exploitation d’un parc éolien composé de 4 aérogénérateurs et de 2 postes de livraison sur le territoire des communes de Bleigny-le-Carreau et de Lignorelles, présentée par la S.A.S. C.E.P.E. BEL AIR NORD - WEB Energie du Vent, telle que présentée dans le dossier soumis à l’enquête publique. A Gurgy, le 28 juillet 2017, José JACQUEMAIN, commissaire enquêteur.

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