AVANT-PROPOS PAR JEAN-PAUL BODIN, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL POUR L'ADMINISTRATION DU MINISTÈRE DE LA DÉFENSE ET DES ANCIENS COMBATTANTS

Voilà plus de 70 ans, une tragédie effroyable ravagea notre continent. organisées en 1941, concernant surtout les hommes. Mais 1942 fut Au cours du deuxième conflit mondial, l'Allemagne nazie décida une le début de la déportation systématique et massive des Juifs de entreprise de destruction délibérée, systématique et organisée, qui France. Prés de 13 000 personnes, hommes, femmes, enfants, furent conduisit à l'extermination de six millions d'êtres humains, dont le arrêtées lors de la grande rafle «du Vél d'hiv». seul crime était d'être nés juifs au nom d'une idéologie criminelle construite sur la brutalité, la peur, le mépris de la dignité humaine et Au total, durant la Seconde Guerre mondiale, 76 000 Juifs furent l'inégalité des races. déportés, dont 11 000 avaient moins de 18 ans. 3% sont revenus après la guerre. Mais, grâce à l'aide de réseaux et de milliers d'anonymes, En France, une législation antisémite fut très rapidement mise 75% de la communauté juive française survécut. en place par les Allemands en zone occupée, mais aussi à l'initiative du gouvernement du maréchal Pétain, au mépris des L'année 1942 fut donc une année charnière qu'il convient de principes fondamentaux de la République française. Dès octobre commémorer pour rappeler aux jeunes générations l'importance du 1940, un premier statut des Juifs est adopté les excluant de devoir de mémoire, de la lutte contre toute forme de barbarie, certaines professions (enseignant, journaliste, officier, fonctionnaire de la possibilité qu'a tout individu de dire un jour non. Et c'est de police,…) et des responsabilités politiques ou administratives tout naturellement avec le Mémorial de la Shoah, auquel un (mandats électifs, préfets, juges..). Ces interdictions sont renforcées partenariat nous lie depuis 2010, que le ministère de la défense et en juin 1941 lors du deuxième statut des Juifs (banquier, agent des anciens combattants s'est associé pour organiser ensemble immobilier, gérant de cinéma ou de salles de spectacle, avocat, cette commémoration. médecin…). Tout au long de l'année 2012, se déroulera une série de manifestations, Une structure spécifique, le commissariat général aux affaires juives, détaillée dans cette brochure, conçue comme une véritable saison véritable ministère de l'antisémitisme, fut créé et un recensement mémorielle et destinée à tous les publics et toutes les générations des biens et des personnes ordonné en 1941. pour que tous ensemble nous affirmions «plus jamais ça».

Ainsi, tout se mit en place pour que la politique d'exclusion débouche sur une politique de déportation. Les premières rafles furent d'ailleurs JEAN-PAUL BODIN

_05

PRÉFACE PAR ÉRIC DE ROTHSCHILD, PRÉSIDENT DU MÉMORIAL DE LA SHOAH

Tout au long de l’année 2012, l’Europe et notamment la France familles juives à Périgueux. C’est en grande partie à la suite de cet commémore le 70e anniversaire de l’année 1942, une année qui fut événement qu’il décide de fonder à Grenoble, dans la clandestinité, déterminante dans l’histoire de l’assassinat des Juifs d’Europe par le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) afin de les nazis et leurs alliés. recueillir la trace des crimes et pouvoir en demander justice. Ce Après les massacres massifs par fusillades commencés en Ukraine centre est aujourd’hui une composante essentielle du Mémorial de dans le courant de l’été 1941, les nazis décident la mise à mort des la Shoah, héritier du Mémorial du Martyr Juif inconnu érigé en 1956 Juifs de toute l’Europe. En 1942, la déportation des Juifs s’organise par le même Schneersohn et rénové en 2005. avec la complicité, voire le soutien d’un certain nombre d’adminis- Le tournant de l’année 1942, c’est aussi celui d’une partie de trations et de gouvernements, notamment celui du maréchal Pétain l’opinion. Force est de constater que l’indifférence dominait quand en France. les premières mesures antisémites de 1940 et 1941 frappèrent les Juifs, en particulier lors de la promulgation du premier statut des En France, au terme des négociations conclues entre l’administration Juifs en octobre 1940, sans pression allemande, par le maréchal française et l’occupant nazi, les rafles de l’été 1942 sont réalisées Pétain et son gouvernement. Une partie des Français témoigna de par la police et la gendarmerie sur l’ensemble du territoire, y compris sa désapprobation, notamment après le marquage par l’étoile jaune là où l’occupant n’était pas. Ces arrestations massives qui se en juin 1942, puis lors des arrestations massives de l’été 1942. Ils soldent par la remise de dizaines de milliers de Juifs aux autorités se manifestèrent alors au nom de leur conscience, au nom aussi allemandes en vue de leur déportation, marquent un tournant. des valeurs humanistes de la France, fondement des valeurs de la 1942, c’est le temps de la collaboration d’État. Pour la première fois, République que Vichy n’avait pas réussi à extirper du cœur de tous. en plus des hommes, des femmes et des enfants sont arrêtés en plein jour. Ces derniers, les 4 000 enfants que les nazis ne réclamaient Il est aujourd’hui difficile de le concevoir pour un jeune adulte, mais pas, seront finalement déportés. Relisons les pages terribles consa- pendant des décennies, la persécution des Juifs de France durant la crées par Georges Wellers, à «l’épouvantable drame des enfants» Seconde Guerre mondiale fut occultée dans la mémoire collective, au pour tenter de prendre la mesure de cette tragédie. Le sort des mieux noyée parmi la cohorte des victimes de l’occupant nazi. Les enfants en constitue un symbole. C’est le marqueur du génocide. arrestations, l’internement, les rafles et la déportation de 76 000 Juifs Un témoin des rafles de l’été 1942 fut Isaac Schneersohn. Refugié en Dordogne, il assiste impuissant à l’arrestation de dizaines de ••• 

_07 depuis le territoire national furent passés sous silence ou guère mieux. ont servi à renforcer l’exercice de la tolérance et le respect de l’autre L’heure était à la réconciliation nationale après les heures sombres et dans notre société. douloureuses de l’Occupation. Le régime de Vichy et la Collaboration Rendons hommage au Mémorial et au CDJC, devenus aujourd’hui n’étaient qu’une parenthèse. L’ancien chef de l’État, déchu de son le Mémorial de la Shoah, qui ayant réuni au cours des temps les titre de maréchal, Philippe Pétain, avait été jugé comme les principales archives indispensables à la compréhension de cette époque, figures de son régime finalement honni. Le temps de la Libération éduquent de façon inlassable les jeunes générations. était celui de la célébration de la Résistance et d’une forme d’oubli, Rendons hommage à l’engagement de Serge Klarsfeld, historien, malgré la voix de celles et ceux qui refusaient d’oublier, en vérité si avocat, militant de la mémoire dont le rôle fut déterminant pour faire peu nombreux alors. comprendre à la société française et à ses élites, l’étendue de la Il aura fallu toute la ténacité des rescapés, mais aussi, d’historiens, tragédie perpétrée sur son sol en 1942. d’écrivains, de cinéastes, d’associations, touchés souvent dans leur Rendons hommage aux hommes politiques qui ont eu le courage de chair, pour qu’au fil des années 1970 et des années suivantes, le prendre en compte cette tragédie et notamment le Président drame des Juifs de France émerge du pesant silence qui l’entourait. Jacques Chirac qui, au nom de la République française, a reconnu Des hommes, des institutions, ont contribué à mettre en lumière la pour la première fois la responsabilité du pays dans ce drame. tragédie de cette époque. Rendons hommage à Henri Bulawko qui, libéré des camps satellites d’Auschwitz, fut l’une des grandes figures 70 ans après cette année terrible de 1942, le Mémorial de la Shoah du monde de la Déportation et qui vient de nous quitter. et le ministère de la défense et des anciens combattants ont décidé Rendons hommage à tous les déportés qui, ayant vécu l’innommable, de s’associer afin d’en transmettre la mémoire et l’histoire. ont eu la force et la générosité, tant vis-à-vis de leurs compagnons disparus que vis-à-vis des jeunes générations, de témoigner, d’en- seigner, de transmettre cette terrible histoire. Leurs témoignages ERIC DE ROTHSCHILD

_08 1942 LA MISE EN PLACE DU GÉNOCIDE DES JUIFS D’EUROPE

L’année 1942 constitue une année charnière dans la mise en Lors d’une conférence tenue dans la banlieue de Berlin, à Wannsee, œuvre du génocide des Juifs par le IIIe Reich. Si l’antisémitisme le 20 janvier 1942, quatorze hauts responsables de la SS et des figure au cœur de l’idéologie nazie, si la haine des Juifs structure principaux ministères sont réunis autour de Reinhard Heydrich, la vision du monde de ses partisans, leurs manifestations vont le chef de l’Office central de sécurité du Reich (RSHA), à l’origine toutefois évoluer profondément entre 1933 et 1942. de l’invitation. Cette réunion vise à définir les modalités Certes, l’exclusion et la violence les caractérisent dans la durée. d’application de l’extermination des Juifs d’Europe en associant Mais après une première phase visant à débarrasser l’Allemagne l’ensemble des administrations allemandes concernées. de sa population juive par une politique d’émigration forcée, L’extermination à l’échelle du continent repose sur la création la prise de contrôle de la Pologne en 1939, puis de nouveaux de sites de mise à mort. Si Chelmno est ouvert en décembre territoires à l’Est avec le déclenchement de la guerre contre 1941, d’autres fonctionnent dans le cadre de l’Aktion Reinhard, l’URSS en juin 1941, s’accompagnent d’une radicalisation de la le programme d’assassinat des Juifs de Pologne qui constitue violence perpétrée contre les Juifs. À l’automne 1941, alors que la la première communauté juive européenne avec 3 300 000 perspective d’un effondrement rapide de l’Union soviétique personnes dont 90% sont effectivement tués. Belzec est ouvert s’éloigne, les dirigeants nazis lancent un programme d’assassinat le 17 mars 1942, Sobibor en avril et Treblinka en juillet. Le massif des populations juives, d’abord locales puis progressi- 23 juillet, un premier convoi de Juifs transférés de Varsovie vement étendu à l’échelle européenne. arrive à Treblinka, étape initiale dans la liquidation du plus La décision de procéder à l’assassinat systématique des Juifs grand ghetto de Pologne. Le camp d’Auschwitz-Birkenau devient d’Europe est prise au cours du second semestre de l’année 1941, à compter du printemps 1942 le centre de la déportation euro- au plus haut niveau du régime nazi par Adolf Hitler et le chef de péenne des Juifs et de leur assassinat. la SS Heinrich Himmler, mais sa réalisation débute pleinement en 1942. ••• 

_09 L’année 1942 constitue donc un tournant pour les populations de Cette politique est l’aboutissement de négociations entamées toute l’Europe, notamment en France. Dans ce pays, dès l’occu- au printemps 1942 par l’Allemagne nazie auprès des autorités pation en 1940, les Juifs sont frappés par les directives allemandes françaises afin de s’assurer de leur participation pour l’arrestation et celles du régime de Vichy qui visent à les mettre au ban de la et l’internement des Juifs désormais destinés à la déportation société en définissant au préalable des critères d’identification. et à la mort. Ces mesures se précisent et se radicalisent au fil des mois, provoquant l’internement de plusieurs milliers d’individus, leur Des rafles perpétrées dans les semaines suivantes frappent retrait de nombreuses professions comme de pans entiers de la cette fois des familles entières, à à partir de la mi-juillet et vie quotidienne, légalisant aussi le pillage économique. Des rafles en zone sud à partir du 26 août. 10 000 Juifs venant de la zone vont frapper dès mai 1941 des hommes juifs étrangers en zone non occupée seront remis ainsi au IIIe Reich. nord, avant de toucher également des personnalités de nationalité française en décembre 1941. Les rafles visent à interner et à Au cours de la seule année 1942, plus de deux millions et demi exclure les Juifs étrangers puis français de la société. de Juifs d’Europe sont assassinés. S’agissant de la France ou Au printemps 1942, l’application des décisions radicales adoptées de la Belgique par exemple, près de la moitié du nombre total par le régime nazi se met en place, avec la complicité du régime des Juifs tués durant la totalité de la guerre l'est cette année là. de Vichy qui entend affirmer ses prérogatives et sa loyauté envers Entre mars et novembre, 43 convois avec 42 000 Juifs déportés les autorités d’occupation, plus encore après le retour au pouvoir quittent la France. comme vice-président du Conseil de en avril 1942, aux côtés du maréchal Pétain. Mais si 1942 marque une étape cruciale dans l’accomplissement Le responsable des affaires juives de la Gestapo en France, du génocide, parallèlement des informations vont parvenir Dannecker, organise le départ d’un premier convoi de Juifs à auprès des dirigeants alliés sur les crimes en cours. En France, destination d’Auschwitz le 27 mars 1942, dans une optique les mesures d’exclusion et de persécution, notamment les rafles de représailles après les attaques commises contre les troupes de l’été 1942, suscitent une prise de conscience d’une partie allemandes. Il se compose de 1 112 hommes. Les convois grandissante de l’opinion qui favorise le sauvetage de la majorité reprendront à partir de juin et plus encore dans les mois suivants. des Juifs de France. 

DATES DES PREMIERS CONVOIS ARRIVANT À AUSCHWITZ

 Ghettos avoisinant Auschwitz : mars 1942  Slovaquie : 26 mars 1942  France : 30 mars 1942  Pays-Bas : 17 juillet 1942  Belgique : 5 août 1942 Yougoslavie : 18 août 1942  Camp-ghetto de Theresienstadt (Tchécoslovaquie) : 28 octobre 1942  Norvège : 1er décembre 1942  Allemagne : 10 décembre 1942

_10 LA SHOAH L’EXTERMINATION DES JUIFS EN EUROPE

Rampe d'arrivée des convois de déportés à Auschwitz-Birkenau. Pologne, 1945.

© Mémorial de la Shoah/CDJC _11 LA SHOAH L’EXTERMINATION DES JUIFS EN EUROPE

La Shoah se caractérise par trois facteurs historiques majeurs : L’ANTISÉMITISME AU CŒUR DE L’IDÉOLOGIE NAZIE l’intention d’anéantir entièrement un peuple et une civilisation, la mobilisation de moyens criminels massifs par un appareil d’État La vision nationale-socialiste, largement développée par Hitler dans bureaucratique et centralisé, et le nombre des victimes. L’extermination Mein Kampf, est fondée sur le principe de l’existence de races, des Juifs d’Europe se double d’une volonté d’effacer toute trace fondamentalement inégales entre elles, qui déterminent de manière du massacre et d’en masquer la réalité jusque dans le vocabulaire immuable la place de chacun dans une hiérarchie politique, sociale employé («Solution finale de la question juive», «transfert à l’Est», et culturelle. «traitement spécial»...). Evénement sans équivalent, la Shoah marque une rupture brutale dans l’histoire de l’espèce humaine que Au sommet de cette classification, «les Aryens, présupposés fondateurs la haine séculaire des Juifs et l’antisémitisme viscéral d’Adolf Hitler de l’humanité, incarnés par les Allemands, peuple de maîtres à qui il ne suffisent pas à expliquer. revient de dominer le monde». En bas se trouvent les Slaves. Les Juifs sont placés en dehors de l’espèce humaine, assimilés à des parasites Le retour à la chronologie permet de reconstituer les mécanismes à éliminer. L’antisémitisme est d’ailleurs au centre de la conception historiques ayant conduit de l’exclusion juridique des Juifs dans nazie du monde. Selon les nazis, les Juifs animent une conspiration l’Allemagne des années 30 à leur extermination programmée et mondiale et gangrènent les peuples. Ils sont jugés responsables de la systématique à l’échelle du continent européen.  défaite de l’Allemagne en 1918 et de son déclin. Si Hitler se présente comme un théoricien novateur, le mythe qu’il développe à propos des Juifs puise ses racines dans le passé de l’antijudaïsme chrétien et dans celui de l’antisémitisme moderne né au XIXe siècle.

_12 .EXCLURE. .LES PERSÉCUTIONS ANTISÉMITES. .EN ALLEMAGNE (1933-1939).

Inscriptions antisémites sur des boutiques appartenant à des Juifs, après la Nuit de Cristal. Allemagne, 10 novembre 1938.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

En Allemagne, la persécution des Juifs commence dès l’arrivée des Au total, plus de 400 lois et décrets anti-juifs sont édictés entre 1933 nazis au pouvoir, dans une société allemande de plus en plus et 1939, et près de 2 000 jusqu’en 1945. marquée par la violence qui frappe de nombreux groupes sociaux, En septembre 1935, la Loi pour la défense du sang et de l’honneur opposés au IIIe Reich ou jugés déviants. allemand et la Loi sur la citoyenneté du Reich, communément L’égalité civile dont les Juifs bénéficiaient en Allemagne depuis 1871 appelées les Lois de Nuremberg, privent les Juifs de la citoyenneté est brisée. Le champ des interdictions professionnelles s’étend allemande et de tous les droits civiques qui y sont attachés, comme progressivement de la fonction publique aux arts, à la culture, à le droit de vote. Ils sont désormais considérés juridiquement comme l’armée, à la justice, à l’enseignement, à la médecine, à la presse des «sujets de l’État» et non plus des citoyens. et aux professions libérales. De multiples dispositions juridiques frappent les Juifs dans tous les domaines de la vie quotidienne. ••• 

_13 Des SA posent avec un panneau

appelant au boycott des magasins

appartenant à des Juifs.

Allemagne, années 1930.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

Plus de 500 000 Juifs sont directement concernés par l’application à des Juifs sont systématiquement confisquées, les commerces de ces lois. 250 000 autres personnes, issues de mariages mixtes, fermés et les travailleurs indépendants contraints de cesser toute font l’objet de dispositions particulières. activité. Jusqu’au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale, le pouvoir De plus, après l’exécution à Paris d’un conseiller militaire allemand nazi entend se débarrasser des Juifs en les forçant à émigrer. par un jeune Juif polonais, Hershl Grynszpan, en représailles à Contraints à l’exil, environ 150 000 Juifs quittent l’Allemagne dans les l’expulsion récente des Juifs polonais vivant en Allemagne, une cinq premières années du régime, mais après l’annexion de vague de violences anti-juives est organisée en Allemagne et en l’Autriche en mars 1938, 185 000 Juifs sont intégrés au Reich. Toutes Autriche dans la nuit du 9 au 10 novembre 1938. 91 personnes sont les mesures discriminatoires introduites en Allemagne depuis 1933 assassinées, 267 synagogues saccagées et incendiées, et plus de leur sont immédiatement appliquées. Pour chercher une solution au 7 000 magasins pillés. C’est la «Nuit de Cristal». 35 000 hommes, problème des réfugiés, essentiellement juifs, qui fuient l’Allemagne, âgés de 16 à 80 ans, sont arrêtés et envoyés dans les camps de une conférence internationale est organisée à Evian du 6 au 15 juillet concentration. C’est la première fois que des Juifs sont placés 1938. Elle se solde par un échec, aucun des 32 États participants dans le système concentrationnaire au seul motif de leur judéité. n’acceptant d’assouplir sa politique d’immigration pour les accueillir. L’émigration forcée des Juifs du Reich s’accélère. Au total, 120 000 L’année 1938 marque un nouveau tournant dans la politique antijuive Juifs environ quittent l’Allemagne après la «Nuit de Cristal». du régime nazi. Le 26 avril, les Juifs sont contraints par décret de Le 30 janvier 1939, Hitler prononce un discours au Reichstag dans déclarer tous les biens qu’ils possèdent. C’est le début d’un processus lequel il annonce que «si la guerre devait éclater, le résultat en de spoliation appelé «aryanisation». Les entreprises appartenant serait l’extermination des Juifs européens». 

_14 .DE LA CRÉATION DES GHETTOS. .EN POLOGNE OCCUPÉE À L’INVASION. .DE L’URSS (1939-1941).

Un enfant dans le ghetto de Varsovie. Pologne, 1942.

© IPN

Le 1er septembre 1939, les troupes allemandes envahissent septembre, Reinhard Heydrich, nommé à la tête de l’Office central la Pologne. L’Armée rouge prend les défenses polonaises à revers de sécurité du Reich (RSHA), décide de transférer les Juifs du le 17 en application des dispositions secrètes du pacte germano- Warthegau vers le Gouvernement général, de les regrouper dans soviétique, signé le 23 août. Après quatre semaines de combat, les villes et de les parquer dans des quartiers séparés, les ghettos. l’Allemagne et l’URSS se partagent le territoire polonais. Les régions Les petites communautés de moins de cinq cents personnes sont de Poznan (Posen) et Lodz (Litzmannstadt) sont annexées au Reich dissoutes, les villages détruits et les synagogues incendiées. Fin sous le nom de Warthegau, et un «Gouvernement général» créé novembre, les Juifs sont contraints de porter un signe distinctif. autour de Cracovie. Tous les hommes âgés de quatorze à soixante ans sont astreints au Au total, 1 900 000 Juifs habitent dans ces deux zones. Immédiate- ment, les violences à leur encontre se multiplient. Dès le mois de ••• 

_15 Transfert de population

vers le ghetto de Lodz sous

la surveillance de soldats nazis.

Pologne, 1942

© Mémorial de la Shoah/CDJC

travail forcé. Les premiers ghettos apparaissent à la fin de l’année Juifs dans les ghettos ne constitue qu’une étape intermédiaire avant 1939 dans la zone annexée au Reich, et au printemps 1940 dans le leur expulsion définitive des territoires sous domination allemande. «Gouvernement général». Les plus importants sont créés à Lodz en Dans un premier temps, Heydrich envisage de créer une «réserve février 1940, à Varsovie en octobre 1940 et à Cracovie en mars 1941. juive» dans le district de Lublin, mais ce projet se heurte à la double Il n’y a pas de plan d’ensemble. Le processus d’enfermement opposition du chef du Gouvernement général, Hans Frank, et du s’opère au gré des décisions locales des forces d’occupation. Les responsable suprême de l’économie allemande, Hermann Göring, Juifs sont brutalement contraints de quitter leur domicile et d’aller également en charge de la question juive. Après l’invasion de la s’entasser dans le quartier le plus pauvre de la ville. Leurs habitations France, Adolf Eichmann, qui dirige le Bureau des affaires juives et tous les biens qu’ils ne peuvent emporter sont saisis. Les entre- du RSHA (IVb4), étudie l’émigration forcée des Juifs vers l’île de prises leur appartenant sont liquidées. Le ghetto est entouré d’une Madagascar. Mais la poursuite de la guerre contre le Royaume-Uni enceinte surveillée. La famine organisée, le surpeuplement, le froid rend le projet irréalisable. et les épidémies provoquent une mortalité très importante, de près Choisissant la fuite en avant, Hitler décide alors de déclencher de 800 000 personnes. Toutefois, pour les nazis, l’enfermement des l’offensive contre l’URSS. 

_16 .DÉTRUIRE. .L’EXTERMINATION PHYSIQUE. .(1941-1945).

Exécution de femmes et d’enfants juifs du ghetto de Mizocz par une unité mobile allemande aidée de miliciens ukrainiens. Ukraine, 14 octobre 1942.

© USHMM

Le 22 juin 1941, l’attaque de l’Union soviétique marque un tournant forces de police, mais aussi auxiliaires baltes et ukrainiens. Ces dans le processus génocidaire. Pour Hitler, la guerre contre l’URSS «unités mobiles de tuerie », selon l’expression de l’historien américain n’est pas une guerre conventionnelle mais une guerre totale, une Raul Hilberg, sont chargées d’éliminer les commissaires politiques, «guerre d’extermination» ayant pour fin l’anéantissement du «judéo- les militants communistes et les hommes juifs, puis, rapidement, bolchevisme». l’ensemble de la population juive, femmes et enfants compris. Cinq millions de Juifs vivent alors sur le territoire soviétique, dont Derrière un front s’étendant de la Baltique à la Mer Noire, les quatre dans la partie occidentale directement touchée par l’invasion. Einsatzgruppen procèdent à des tueries systématiques qui font Dès le printemps 1941, quatre unités spéciales, les Einsatzgruppen, plus de un million cinq cent mille morts au total. ont été constituées pour suivre l’avancée des troupes allemandes. Elles comptent près de 3 000 volontaires : Waffen SS, membres des ••• 

_17 Les dirigeants nazis pensent remporter une victoire rapide contre Environ 550 000 personnes sont tuées à Belzec en l’espace de neuf l’URSS. La résistance inattendue des troupes soviétiques les amène mois entre mars et décembre 1942 ; 250 000 à Sobibor entre mai à remiser, au moins provisoirement, le projet d’une expulsion 1942 et octobre 1943 ; 900 000 à Treblinka entre juillet 1942 et généralisée des Juifs à l’Est, en même temps qu’elle laisse entrevoir novembre 1943. Alors que le site de Belzec est abandonné en juin l’éventualité d’une nouvelle défaite militaire de l’Allemagne. C’est 1943, Treblinka et Sobibor cessent de fonctionner après la révolte dans ce contexte qu’est prise, à l’automne 1941, la décision d’assas- du commando juif chargé du fonctionnement des installations, siner tous les Juifs d’Europe. La technique retenue est le gazage, respectivement le 2 août et le 14 octobre 1943. L’Aktion Reinhard homicide déjà employé en secret depuis le début de l’année 1940 prend fin avec l’exécution des 43 000 détenus juifs du camp de dans six centres d’euthanasie situés à l’intérieur du Reich à Majdanek et des ateliers de travail de la région de Lublin, entre le l’encontre d’handicapés mentaux et de malades incurables, lors de 3 et le 5 novembre 1943. l’Aktion T4. Dans un premier temps, les Juifs sont asphyxiés à Parallèlement à l’Aktion Reinhard, le camp d’Auschwitz est doté de l’arrière de camions au moyen des gaz d’échappement. Ces camions grandes installations de gazage et d’incinération, où un million de à gaz sont utilisés à Chelmno à partir du 8 décembre 1941. Juifs, déportés de tous les territoires occupés par les forces du L’extermination des Juifs a donc commencé lorsque se tient à Reich, sont assassinés entre 1942 et 1944. Wannsee, le 20 janvier 1942, une conférence au cours de laquelle sont précisées les modalités administratives, politiques et diploma- Malgré la volonté des nazis de préserver le secret sur ces crimes, tiques de la «Solution finale de la question juive». La conférence des informations circulent rapidement au sein des pays occupés et était initialement convoquée pour le 9 décembre 1941. Elle fut sont transmises aux principaux gouvernements alliés. Ainsi en mai repoussée en raison de l’attaque japonaise contre les États-Unis, 1942, un rapport du Bund (Union générale des travailleurs juifs) provoquant son entrée en guerre et l’extension désormais planétaire parvient au gouvernement polonais en exil à Londres, décrivant du conflit. Pour les nazis, onze millions de Juifs, dont ceux présents l’extermination des Juifs, fournissant une liste de sites d’extermi- en Angleterre, en Irlande et sur les territoires liées à la France en nation ainsi qu’une estimation du nombre de victimes de 700 000, Afrique du Nord, sont concernés. La réunion confirme par ailleurs qui s’avère inférieure à la réalité. La radio anglaise rapporte ces la prééminence administrative et bureaucratique de la SS dans le informations. Tout au long du printemps et jusqu’à la fin de l’année, génocide des Juifs d’Europe. de nouveaux messages parviennent à Londres et à Washington. L’étape suivante est la liquidation des Juifs du Gouvernement Ainsi, le 8 août 1942, le représentant du congrès juif mondial en général, appelée Aktion Reinhard. Trois «centres de mise à mort», Suisse, Gerhart Riegner adresse un télégramme au rabbin Stephen selon l’expression de Raul Hilberg, équipés de chambres à gaz fixes, Wise, président du congrès juif mondial aux États-Unis, et à Sidney sont construits à Belzec, Treblinka et Sobibor au début de Silverman, un député britannique, relayant les confidences d’Eduard l’année 1942. Les trois centres de mise à mort fonctionnent selon Schulte, un industriel allemand, sur un vaste programme d’assassinat un même modèle. À l’arrivée des convois, les victimes doivent se des Juifs d’Europe. Dans les dernières semaines de 1942, le résistant déshabiller avant d’être poussées dans les chambres à gaz à travers polonais Jan Karski témoigne de son parcours clandestin au sein du un corridor entouré de barbelés. Les chambres à gaz, maquillées en ghetto de Varsovie auprès du premier ministre britannique puis, en salles de douche, fonctionnent au moyen du monoxyde de carbone 1943, auprès du président américain. produit par des moteurs diesel. Les corps des victimes sont d’abord Sur la base de ces informations, les gouvernements alliés dénoncent ensevelis dans des fosses communes creusées à proximité, puis le 17 décembre 1942, pour la première fois expressément, la politique brûlés sur des bûchers à ciel ouvert, afin de dissimuler toute trace d’extermination des Juifs d’Europe, sans jamais intervenir directement du massacre. jusqu’à la fin de la guerre. 

_18 RÉPARTITION DES VICTIMES PAR PAYS (DANS LES FRONTIÈRES DE 1937)

Les chiffres du bilan établi par Raul Hilberg sont des minima. Pour certains historiens, le nombre des victimes est plus élevé et pourrait atteindre le chiffre de 6,5 millions.

Selon R. Hilberg * Selon l’Enzyklopädie des Holocaust **

EUROPE DE L’EST

Pologne environ 3 000 000 2 900 000 à 3 000 000

Lituanie environ 130 000 140 000 à 143 000

Lettonie 70 000 70 000 à 71 500

Estonie 2 000 1 500 à 2 000

Roumanie 270 000 271 000 à 287 000

URSS plus de 700 000 1 000 000 à 1 100 000

EUROPE CENTRALE ET BALKANIQUE

Allemagne environ 120 000 134 500 à 141 500

Autriche environ 50 000 50 000

Tchécoslovaquie 260 000 146 150 à 149 150

Hongrie plus de 180 000 550 000 à 569 000

Yougoslavie 60 000 56 200 à 63 300

Grèce 60 000 60 000 à 67 000

EUROPE OCCIDENTALE

France 75 000 77 320

Belgique 24 000 28 900

Pays-Bas environ 100 000 100 000

Luxembourg environ 1000 1 950

Italie (y compris Rhodes) 9 000 7680

Norvège environ 1000 762

Total général environ 5 100 000 5 596 000 à 5 860 000

* D’après Raul Hilberg, La destruction des Juifs d’Europe, Fayard, 1988.

** E. Jäckel, P. Longerich, J.H. Schoeps (dir.), Enzyklopädie des Holocaust, Argon, 1993, 1re édition, Israël Gutman (dir.), 1990.

_19 CARTE DES CAMPS EN EUROPE

Helsinki FINLANDE NORVÈGE Camp de concentration Vaivara

Camp d’extermination Oslo Klooga Stockholm Camp mixte

Ghetto

Allemagne et pays annexés

Pays occupés par l’Allemagne SUÈDE

Pays alliés de l’Allemagne OSTLAND

Pays neutres Riga-Kaiserwald

MER BALTIQUE DANEMARK URSS Kauen- MER Copenhague Kovno (Kaunas) DU NORD Vilna

Stutthof Minsk

District de Bialystok Neuengamme Hambourg Bialystok Ravensbrück

Bergen-Belsen Treblinka UKRAINE Oranienburg- Chelmno Amsterdam Sachsenhausen (Kulmhof) Hanovre Varsovie Berlin PAYS-BAS Lodz Sobibor ALLEMAALLEMAGGNENE Lublin Dora-Mittelbau Majdanek Leipzig Dresde Wroclaw Bruxelles Cologne Gross-Rosen GOUVERNEMENT Buchenwald GÉNÉRAL Belzec BELGIQUE DE POLOGNE Theresienstadt Lvov Auschwitz Plaszow Prague Cracovie LUXEMBOURG Flossenburg Luxembourg District BOHÊME-MORAVIE de Lemberg

Nuremberg

ALSACE-LORRAINE SLOVAQUIE

Strasbourg Mauthausen Natzweiler Vienne Dachau Linz Bratislava FRANCE Munich HONGRIE

Budapest AUTRICHE

Berne SUISSE BASSE-STYRIE ROUMANIE ITALIE CROATIE

© Mémorial de la Shoah

_20 .AUSCHWITZ-BIRKENAU. .AU CŒUR DE LA DESTRUCTION DE MASSE. .DU JUDAÏSME EUROPÉEN.

Entrée principale du camp d’Auschwitz I, portant l’inscription : «Arbeit macht frei» (le travail rend libre).

À droite en entrant, se trouve le bloc 24 réservé à l’immatriculation des détenus (le Häftlingschreibstube). Pologne, 1945.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

Le 27 avril 1940, Himmler donne l’ordre d’aménager un camp à la fois au régime concentrationnaire et au meurtre de masse. de concentration à Oswiecim, devenu Auschwitz après l’annexion de Au printemps 1941, plusieurs kommandos de prisonniers sont ce territoire au Reich. En mars 1941, l’emprise administrative du constitués en camps satellites dans des fermes pour des travaux camp d’Auschwitz s’étend sur 40 km2. Le 1er mars 1941, Himmler agricoles, dans des usines, des fonderies, des mines. Le premier et décide l’établissement d’un second camp sur le site du village le plus important de ces camps est celui de Buna-Monowitz autour voisin de Brzezinka, devenu Birkenau, à trois kilomètres. Dans la d’une usine de la firme IG Farben, de caoutchouc synthétique et seconde moitié de l’année 1941, Birkenau est désigné pour devenir d’essence. le principal camp d’extermination des Juifs d’Europe de l’Ouest. Auschwitz prend la forme désormais d’un vaste complexe, lié ••• 

_21 Un convoi de Juifs venu

de Hongrie arrive sur la rampe

de sélection du camp d’Auschwitz

Birkenau, mai-juillet 1944.

© Album d’Auschwitz, Yad Vashem

Le complexe d’Auschwitz constitué de trois camps, le camp principal LA DÉPORTATION DE FRANCE (Auschwitz I), Birkenau (Auschwitz II) et Monowitz (Auschwitz III), VERS AUSCHWITZ BIRKENAU et 40 camps annexes, devient le plus vaste et le plus peuplé des camps de l’univers concentrationnaire nazi. Sur 76 000 déportés juifs de France, 69 000 ont été déportés vers L’efficacité du Zyklon B, un produit insecticide, est d’abord testée Auschwitz, répartis en 69 convois, entre mars 1942 et août 1944. 2 500 seulement sont revenus. en septembre 1941. Rudolf Höss, le commandant d’Auschwitz, juge 3 convois de déportés politiques, composés principalement de résis- le procédé plus sûr que le monoxyde de carbone utilisé par ailleurs. tants, sont partis à destination d’Auschwitz les 6 juillet 1942, 24 janvier Dans un premier temps, les gazages ont lieu dans la morgue du 1943 et 27 avril 1944. Sur 3 060 déportés, 969 ont survécu. Le convoi crématoire I. En 1942, les opérations sont transférées à Birkenau de janvier 1943 était constitué de 230 femmes, parmi lesquelles dans un, puis deux bâtiments, transformés à cet effet, qui reçoivent se trouvaient de grandes figures de la Résistance comme Danielle le nom de bunker n°I et II. Casanova, Marie-Claude Vaillant-Couturier et Charlotte Delbo. À partir de juillet 1942, une sélection est pratiquée à l’arrivée de 145 Tsiganes français ont été déportés à Auschwitz depuis la Belgique chaque transport de déportés juifs. Si tous sont destinés à mourir le 15 janvier 1944. selon les plans nazis, un faible nombre échappe à Auschwitz à ce Aucun Tsigane n’a été déporté directement de France. funeste destin, pour fournir de la main-d’œuvre au service de la guerre totale.

_22 Baraquements du camp

de Birkenau. Pologne, 1942-1944.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

En juillet 1942, la construction de quatre Krematorium, associant BILAN D’AUSCHWITZ chambres à gaz, salle de déshabillage et plusieurs fours, est lancée. Elle s’achève entre mars et juin 1943. Dans ces installations Au moins 1,3 million de personnes ont été déportées à Auschwitz. modernes, il devient possible, en vingt-quatre heures, de brûler près Parmi elles, 1,1 million ont été assassinées : de 4 800 cadavres et de gazer 3 000 personnes en même temps.  960 000 Juifs  70 000 à 75 000 Polonais non-juifs Tandis que les autres centres de mise à mort sont démantelés, à  21 000 Tsiganes Birkenau l’extermination n’est pas interrompue. Entre le 15 mai et  15 000 prisonniers de guerre soviétiques le 9 juillet 1944, plus de 440 000 Juifs hongrois sont déportés à  10 000 à 15 000 détenus non-juifs d’autres nationalités Auschwitz, où la grande majorité est gazée à l’arrivée. (notamment tchèques, russes, biélorusses, ukrainiens, yougoslaves, français, allemands, autrichiens). Les troupes soviétiques pénètrent à Auschwitz le 27 janvier 1945, dont les détenus ont été progressivement évacués à partir de la fin de l’année 1944. Ils découvrent dans l’ensemble du complexe 7 000 déportés, ne mesurant que peu à peu l’étendue des crimes commis par le IIIe Reich. 

_23

LA SHOAH LA PERSÉCUTION ET LA DÉPORTATION DES JUIFS EN FRANCE

Vérification de papiers par des officiers allemands à la ligne de démarcation. France, sans date.

© Mémorial de la Shoah/CDJC _25 LA SHOAH LA PERSÉCUTION ET LA DÉPORTATION DES JUIFS EN FRANCE

Ouverture du pour les ressortissants du Reich

vivant dans la région de Marseille, septembre 1939.

© Mémorial de la Shoah/CDJC/coll. Paulmyer

L’invasion de la Pologne par l’Allemagne en septembre 1939 déclenche la Seconde Guerre mondiale. Soutenant son allié, la France s’engage dans le conflit. Mais l’offensive des troupes du IIIe Reich en mai 1940 sur le front occidental défait les armées françaises. Le 22 juin 1940, la France vaincue signe une convention d’armistice avec le régime nazi. Ses conditions sont sévères. Elle En zone occupée, les autorités allemandes appliquent une législation prévoit notamment l’occupation de plus de la moitié de son territoire, antisémite, inspirée par les lois du Reich. L’ordonnance du 27 sep- l’annexion de l’Alsace-Moselle et le rattachement du Nord et du tembre 1940 énonce les critères d’appartenance à la religion juive et Pas-de-Calais au Commandement allemand de Bruxelles. Une ligne ordonne le recensement des personnes considérées comme telles. de démarcation établit une séparation entre une partie occupée au Il leur est interdit de quitter cette zone. Le processus de spoliation des nord et une zone dite «libre» au sud sous autorité française. La entreprises et commerces juifs s’engage également. «Tout commerce, France doit en outre livrer tous les ressortissants allemands et dont le propriétaire ou le détenteur est juif, devra être désigné autrichiens désignés par le gouvernement du Reich, internés dès comme entreprise juive» par une affiche spéciale en langue septembre 1939. allemande et française. 

_26 .LA POLITIQUE ANTISÉMITE. .DE L’ÉTAT FRANÇAIS.

Affiche éditée par le centre de propagande de la Révolution nationale - Centre d'Avignon, 1942.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

La IIIe République cesse de fait d’exister le 10 juillet 1940 avec le Le régime de Vichy entend mettre en œuvre une «Révolution natio- vote des pleins pouvoirs au maréchal Pétain. La démocratie est nale», devant se traduire par «l’assainissement» politique, social et remplacée par un régime autoritaire. Faisant figure d’homme provi- moral de la nation. Substituant la devise «Travail, Famille, Patrie» à la dentiel, le chef de «l’État français», installé avec le gouvernement formule républicaine «Liberté, Egalité, Fraternité», cet ordre nouveau à Vichy, bénéficie alors du soutien massif de la population française se fonde sur une idéologie nationaliste, autoritaire, xénophobe et traumatisée par la débâcle militaire et l’effondrement du pays. antisémite. Il applique d’emblée une politique d’exclusion à l’égard Appelé au gouvernement dès le 18 mai, Pétain avait rapidement des individus jugés «nuisibles», au premier rang desquels les Juifs. exclu le principe de la capitulation et de la poursuite des combats, convaincu du caractère inéluctable de la défaite. ••• 

_27 Le gouvernement de Vichy, avec à sa tête Pierre Laval, promulgue ainsi précocement une suite de lois et de décrets à leur encontre, applicable en zone occupée comme en zone dite «libre». Durant cette période, on comptera plus de 200 textes législatifs qu’il s’agisse d’ordonnances allemandes, de décrets ou de lois. Le 22 juillet 1940, le gouvernement de Vichy promulgue un décret-loi portant sur la révision des naturalisations établies depuis 1927. 15 000 personnes perdent la nationalité française, dont environ 8 000 Juifs, et deviennent apatrides.

De sa propre initiative, et sans pression nazie, l’État français adopte le 3 octobre une loi définissant le «statut des Juifs». Celle-ci concerne les deux zones. Certains secteurs d’activité leur sont désormais interdits : la fonction publique, la presse et le cinéma notamment. Cette liste ne cessera de s’élargir décret après décret. Les Juifs d’Algérie, sont privés de la nationalité française, acquise depuis le décret Crémieux en 1871. Le 7 octobre 1940, ils deviennent des «indigènes des départements de l’Algérie».  «Vichy a promulgué le statut des Juifs en France», articles de la presse collaborationniste et antisémite, 19 octobre 1940.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

_28 .LA COLLABORATION. .FRANCO-ALLEMANDE. .CONTRE LES JUIFS.

Le maréchal Philippe Pétain est accueilli par Adolf Hitler à la gare de Montoire-sur-le-Loir. Loir-et-Cher, 24 octobre 1940.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

Lors de la rencontre entre Hitler et Pétain à Montoire, le 24 octobre 1940, le principe d’une collaboration d’État entre la France et l’Allemagne dans les domaines économiques, militaires et répressifs est institué. À cette période, malgré la germanophobie d’une majorité de la population, la collaboration est surtout entreprise à l’initiative de Vichy.

••• 

_29 La coordination des appareils répressifs français et allemands est interdictions professionnelles, aryanisation des entreprises). La facilitée par le maintien de l’administration de Vichy, qui entend spoliation concernera au total près de 47 000 entreprises. Le 2 juin préserver ses prérogatives, sur la plus grande partie du territoire. 1941, tout en ordonnant un recensement sur l’ensemble du territoire, Celle-ci recourt de manière systématique à l’internement administratif l’État français promulgue un deuxième statut des Juifs, qui élargit et établit des fichiers utilisés par la suite pour les arrestations. les critères d’appartenance à la «race juive» et étend le champ des interdictions professionnelles. À la demande des Allemands, un Commissariat général aux questions Sur une demande allemande, une loi française est adoptée le 29 juives (CGQJ) est créé par le gouvernement Darlan le 29 mars 1941. novembre 1941 créant l’Union générale des israélites de France Son rôle est d’élaborer une législation à l’encontre des Juifs et (UGIF), chargée d'assurer la représentation des Juifs auprès des de veiller à son application dans les deux zones (recensement, pouvoirs publics. 

Certificat de non-influence juive, délivré aux entreprises par le Commissariat

générale aux questions juives pour éviter leur aryanisation.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

_30 .LES PREMIÈRES RAFLES.

Gare d’Austerlitz, mai 1941.

Les Juifs étrangers raflés suite à une convocation dans les commissariats de police sont emmenés dans les camps du Loiret.

© Rue des Archives

À Paris, en liaison étroite avec l’administration française, les autorités camp d’internement ouvert à cette occasion. Ce sont surtout des allemandes procèdent aux premières arrestations. Le 14 mai 1941, Juifs étrangers bien qu’il y ait aussi parmi eux des Français. 3 710 hommes sont convoqués dans des commissariats où ils sont arrêtés pour être transférés dans les camps de Pithiviers et Le 12 décembre, 743 hommes, des notables essentiellement, sont de Beaune-la-Rolande (Loiret). C’est la rafle dite du «billet vert» arrêtés et enfermés au camp de Compiègne-Royallieu (Oise). Ce camp du nom du document envoyé par les autorités. Le 20 août suivant, sera par la suite le lieu de rassemblement et de transit des déportés plus de 4 000 autres sont conduits à la cité de la Muette, à Drancy, politiques, celui de Drancy le devenant pour les Juifs. 

_31 .LE TOURNANT DE L’ÉTÉ 1942.

Les autobus et voitures de la police ayant servi à transporter les Juifs lors de la grande rafle des 16 et 17 juillet 1942,

garés devant le Vélodrome d’Hiver à Paris. Retrouvée par Serge Klarsfeld en 1990, il s’agit de la seule photographie

connue à ce jour se rapportant à ces journées tragiques.

© Mémorial de la Shoah/CDJC/BHVP

L'année 1942 marque le début de la mise en œuvre de la «Solution Entre-temps, une ordonnance allemande est proclamée le 29 mai, finale» à l’échelle européenne. Le 27 mars, un premier convoi de et simultanément en France, en Belgique et aux Pays-Bas, relative déportés juifs quitte la France pour Auschwitz. Soixante-treize au port de l’étoile jaune. Elle entre en vigueur le 7 juin. Peu après, autres suivront par la suite, la plupart pour cette même destination. l’accès à la plupart des lieux publics est interdit aux Juifs. L’exclusion Reinhard Heydrich se rend à Paris le 5 mai 1942 afin d’installer le se renforce. général SS Karl Oberg comme chef de la SS et de la police en France Début juin, Oberg entame des négociations avec les autorités et lancer la préparation des déportations massives. Adolf Eichmann, françaises sur l’organisation et les conditions de mise en œuvre de le chef de la section antijuive du RSHA, se déplacera à son tour le 30 juin. ••• 

_32 De gauche à droite : Le cardinal Saliège, archevêque de Toulouse. Le cardinal Saliège fait lire dès le 23 août 1942 dans les églises de son diocèse une vigoureuse lettre de protestation contre les rafles de Juifs. Haute-Garonne, non daté. Portrait de Mgr Pierre-Marie Théas, évêque de Montauban, interné à

Compiègne pour des faits de résistance. Tarn-et-Garonne, non daté. Le cardinal Gerlier, archevêque et primat des Gaules. Mgr Jean Delay, évêque de Marseille.

Le pasteur Marc Boegner. Membre du Comité de coordination pour l’assistance dans les camps, il met toute son autorité morale en jeu pour tenter d'améliorer le sort des Juifs. Il défend et sauve de nombreux Juifs et des réfugiés politiques. France, 13 mars 1938. © DR

l’arrestation, du transfert et de la déportation des Juifs de France, À cette date, le gouvernement s’efforce encore de conserver le aboutissant à la signature d’un accord officiel avec René Bousquet, contrôle illusoire des mesures prises envers les Juifs français, tout en secrétaire d’État à la Police de Vichy représentant le gouvernement, acceptant que les enfants nés en France de parents étrangers soient le 2 juillet 1942. Ce document valide la participation des forces de déportés. Plus de la moitié des Juifs déportés de France l’a été au l’ordre françaises aux arrestations de Juifs, le nombre des Juifs à cours du deuxième semestre 1942. arrêter et à livrer, les critères d’arrestation, le transfert de Juifs Les grandes rafles de l’été 1942 concernent pour la première fois depuis la zone sud, alors non occupée, en vue de leur déportation. des familles entières. Elles suscitent une réaction indignée dans une Le nombre est fixé à 100 000 personnes pour l’année 1942. Sur la partie de l’opinion publique, jusqu’alors peu sensible aux persécutions proposition de Pierre Laval, la déportation des enfants de moins de commises contre les Juifs. Ainsi, une partie de l’épiscopat français, 16 ans est en outre acceptée par Berlin et appliquée en août. plus particulièrement en zone libre, se manifeste. De hautes personnalités comme Mgr Saliège, archevêque de Toulouse, Malgré le nombre élevé de personnes prises lors de la rafle, organisée Mgr Théas, évêque de Montauban, Mgr Delay, évêque de Marseille, à Paris et en région parisienne les 16 et 17 juillet 1942, le quota de Juifs le cardinal Gerlier, archevêque de Lyon, ou le pasteur Marc Boegner, à déporter fixé par les Allemands et les représentants du gouverne- protestent contre l’arrestation, les mauvais traitements et la remise ment de Vichy lors de négociations n’est pas atteint. Pour y parvenir, des Juifs à l’occupant. Des institutions religieuses, des couvents, l’État français se tourne vers les camps d’internement de la zone participent à l’accueil sous de fausses identités d’enfants, notamment sud, encore non occupée. Ceux-ci constituent un vivier dans lequel ceux dont les parents étrangers sont enfermés dans les camps d’in- il puisera régulièrement. Ainsi, parmi les 10 000 Juifs livrés au Reich ternement ou sont déjà déportés. Dans le milieu rural, des initiatives en août-septembre 1942, figurent en majorité des apatrides et des individuelles et spontanées se manifestent également. étrangers provenant de ces camps. Les autres sont raflés à partir du 26 août dans les départements du sud de la France. ••• 

_33 Groupe de résistants et de parachutistes anglais du Special Operation

Executive (SOE), internés à la prison militaire de Mauzac. Haute-Garonne, 1942.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

Ces interventions et la désapprobation d’une fraction de la population ont un réel impact sur l’opinion publique. Mais surtout, les Juifs prennent en charge leur propre sauvetage à travers les actions conduites par des organisations juives comme l’Œuvre de secours aux enfants, parfois appuyées par des organi- sations non juives, pour la plupart caritatives et religieuses. Cette résistance a revêtu divers aspects selon les circonstances et les lieux. Le rôle des femmes, souvent jeunes, est exemplaire, notamment dans le sauvetage des enfants qu’elles ont cachés ou fait passer en Suisse. La conjonction de toutes ces actions, juives et non juives, contribue grandement à la survie des trois quarts des Juifs de France ; un phénomène favorisé aussi par la géographie du territoire et les conditions de l’occupation du pays. Le réseau parisien des FTP-MOI est démantelé Par ailleurs, de nombreux Juifs de France s’engagent contre par la police de Vichy et la gestapo en février 1944. l’occupant au sein de la Résistance intérieure ou extérieure, suscitant Le procès de ces résistants, dit le procès des 23, également la création de mouvements spécifiques comme l’Orga- avec parmi eux 12 Juifs, s’ouvre le 10 février. Tous sont condamnés nisation juive de Combat. Cet engagement des Juifs en Résistance à mort et exécutés le 21 février au Mont Valérien. prend de multiples formes.  © Mémorial de la Shoah/CDJC

_34 .DE L’INVASION. .DE LA ZONE SUD À LA LIBÉRATION.

Rafle des Juifs de Marseille (Bouches-du-Rhône). France, 22-27 janvier 1943.

© Bunedsarchiv

Le 11 novembre 1942, la zone sud est envahie par les Allemands et les Italiens. La zone italienne, dans le sud-est de la France, constitue alors un refuge pour les Juifs mais, suite à l’armistice signé en septembre 1943 par ce gouvernement avec les Alliés, l’intégralité du territoire est occupée par les Allemands. Même si les forces de l’ordre françaises demeurent impliquées, le régime de Vichy se montre plus réticent dans sa collaboration en la matière. Les troupes du IIIe Reich se chargent le plus souvent des arrestations, appuyées dès lors par la Milice.

••• 

_35 Les persécutions, les arrestations et les déportations se poursuivent néanmoins jusqu’à la Libération, frappant désormais l’ensemble des Juifs. Ainsi, le 6 avril 1944, quarante-quatre enfants et leurs éducateurs sont raflés à (Ain) par , le chef de la Gestapo à Lyon. En juillet, Aloïs Brunner, alors commandant du camp de Drancy, fait arrêter en banlieue parisienne plus de 230 enfants et adolescents qui sont déportés le 31 juillet, moins d’un mois avant la libération de la capitale. De nombreux Juifs sont par ailleurs arrêtés voire assassinés par la Milice, comme à Rillieux-la-Pape près de Lyon, où , son responsable local, fait exécuter sommai- rement sept otages le 29 juin 1944. Dans les derniers jours de l’Occupation, ils sont encore plusieurs centaines à être massacrés en divers lieux, dont des personnalités comme Jean Zay. 

BILAN DE LA SHOAH EN FRANCE

En 1940, 300 à 330 000 Juifs vivent en France métropolitaine et 370 000 en Afrique du Nord. Parmi les premiers, 200 000 sont de nationalité française et 130 000 de nationalité étrangère. Près de la moitié vivent à Paris et dans les villes limitrophes. Sur les 80 000 victimes de la Shoah en France, 55 000 sont des Juifs étrangers et 25 000 des Juifs de nationalité française. 76 000, dont environ 11 400 enfants (2 000 de moins de 6 ans), ont été déportés, dont 69 000 à Auschwitz. Seuls 2 500 ont survécu. 3 000 sont morts dans les camps d'internement français. 1 000 sont exécutés ou abattus sommairement en France.

Nombre de déportés par année :  1942 : 42 000 en 43 convois (vers Auschwitz-Birkenau) Enfants juifs hébergés par l’UGIF rue Lamarck  1943 : 17 000 en 17 convois (13 vers Auschwitz-Birkenau, dans le XVIIIe arrondissement, parmi eux beaucoup seront 4 vers Sobibor) raflés et déportés à Auschwitz Birkenau, en juillet 1944.  1944 : 15 000 en 14 convois (dont 12 vers Auschwitz-Birkenau, © Mémorial de la Shoah/CDJC un vers la Lituanie et l’Estonie et un vers Buchenwald)

Un millier de Juifs du nord de la France ont été déportés via la Belgique.

_36 .LES CAMPS D’INTERNEMENT. .EN FRANCE.

Groupe d'internés avec Ajzyk-Majer Sendyk au camp de Pithiviers (Loiret) le 23 mars 1942.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

La loi du 4 octobre 1940 permet l’internement des «ressortissants alors d’une mesure d’exception à l’égard de milliers d’étrangers étrangers de race juive» dans «des camps spéciaux», sur simple jugés alors «indésirables» : réfugiés allemands ou autrichiens consi- décision préfectorale. 40 000 Juifs étrangers sont ainsi internés dans dérés comme ressortissants de puissances ennemies, républicains des dizaines de camps, à Gurs (Pyrénées-Atlantiques) ou Rivesaltes espagnols, combattants des Brigades internationales. Conformément (Pyrénées-Orientales) notamment. Le camp des Milles (Bouches- à la convention d’armistice, le IIIe Reich obtient le transfert des du-Rhône) devient à l’automne 1940 un camp de transit pour les internés qu’il réclame. internés en instance d’émigration. Ces camps avaient été créés pour la plupart sous le gouvernement Daladier à l’automne 1939. Il s’agissait ••• 

_37 63 CARTE DES CAMPS D’INTERNEMENT EN FRANCE

Calais Wadelincourt ROYAUME-UNI BELGIQUE Sangatte Frénois Illy Boulogne-sur-Mer Dom-le-Mesnil Francheval Flize Brévilly Chalandry-Élaire Tétaigne Dannes-Camiers Les Ayvelles Carignan PAS-DE- Mézières Puilly Étaples Merlimont CALAIS St-Marceau Margny MANCHE Balaives Herbeuval Fort-Mahon NORD Poix-Terron Singly Sailly Vaux-lès-Mouzon Chagny Villemontry ALLEMAGNE Alderney-Aurigny Boutancourt Beaumont-en-Argonne Chémery-s.-Bar Bulson SOMME Le Radois LUXEMBOURG Compiègne Rémaucourt OISE Écly ARDENNES Fleurines MANCHE

Austerlitz LORRAINE Bassano MEUSE Lévitan Drancy BAS-RHIN Paris Écrouves SEINE- MEURTHE- ET-OISE ET-MOSELLE Natzweiler EURE- Voves ET-LOIRE Pithiviers ALSACE FRANFRANCCEE SARTHE Vittel LOIR- Beaune-la-Rolande La Flèche ET-CHER LOIRET Clefs Angers INDRE- Lamotte-Beuvron ET-LOIRE CÔTE-D’OR MAINE-ET-LOIRE

La Lande Bligny-sur-Ouche

St-Sauveur Meillant VIENNE Douadic INDRE Lons-le-Saunier SUISSE Poitiers CHER Rouillé ALLIER La Guiche JURA OCÉAN ATLANTIQUE Les Bournets- HAUTE- de-Chirat-l'Église VIENNE Montluçon Vichy AIN Oradour-sur-Glane Savigny Hauteville Mons RHÔNE Leyment HAUTE-SAVOIE Moussac St-Priest-Taurion Marsat Annecy St-Paul-d'Eyjeaux Clermont- Lyon CHARENTE Séreilhac Villeurbanne Ruffieux St-Germain-les-Belles Ferrand Ceyzerieux Nexon Nébouzat Soudeilles Ussel PUY-DE-DÔME Vénissieux Montmélian Thiviers La Meyze Égletons Neuvic ISÈRE Auchère-par-Égletons SAVOIE Mauriac Fort-Barraux Le Change Lentiol Camp de concentration Chancelade CORRÈZE Uriage Rabès CANTAL St-Georges-d'Aurac Mérignac DORDOGNE Beaulieu Altillac HAUTE-LOIRE ITALIE Mauzac Camp d'internement Alboussière Aurillac GIRONDE LOT Crest Camp réservé aux Juifs LOT-ET-GARONNE HAUTES-ALPES Uzeste Casseneuil LOZÈRE Rieucros Fumel Catus Montélimar ARDÈCHE Pont-la-Dame TODT Marmande Chanac Camp de l'organisation « » Penne-d'Agenais DRÔME (Aspres-sur-Buëch) Tombebouc Nicole Septfonds La Vernède TARN-ET- Caylus BASSES-ALPES Camp sous administration allemande LANDES Agen GARONNE La Favède La Grand-Combe Sisteron Montauban Gabarret Montech Réalville Brens GARD Alès Castillon-du-Gard VAUCLUSE Les Mées ALPES Groupement de travailleurs étrangers Albi Norante Villemur Langlade MARITIMES BOUCHES- Reillane GERS Fleurance St-Sulpice TARN Calvisson Beaucaire Centre géré par le Service Social des Étrangers DU-RHÔNE L'Isle-Jourdain Toulouse BASSES- HÉRAULT Carnon-Plage Arles Barjols Castres Les Milles Nice PYRÉNÉES Muret Miramas Vidauban Lieu de départ des convois de déportation Récébédou Pézenas Meyreuil Mandelieu Masseube Capestang Villeneuve-lès- Gardanne Idron Maguelone VAR HAUTES- Noé Aubagne Gurs La Peyrade Salin-de-Giraud Centre de rassemblement départemental Buzy PYRÉNÉES HAUTE- Bram Agde Hôtel Bompard Nans-les-Pins ou régional pour la rafle du 26 août 1942 Fabrèges GARONNE Lagrasse Le Vernet Hôtel du Levant La Ciotat St-Cyr-sur-Mer Bagnères-de-Bigorre Sabarat AUDE St-Pierre-des-Champs Hôtel Terminus des Ports Zone nord ARIÈGE Marseille Hyères Rivesaltes Barcarès Canet-Village Zone d’occupation allemande Le Soler CORSE Perpignan Argelès Mont-Louis St-Cyprien Le Boulou Zone sud MER MÉDITÉRRANÉE ESPAGNE Zone d’occupation italienne

© Mémorial de la Shoah

_39 .LA RAFLE DU VÉL D’HIV. .ET SES CONSÉQUENCES.

Pour la première fois en France, des femmes et des enfants sont Après la déportation des adultes, près de 3 000 enfants restent sans raflés. Les 16 et 17 juillet 1942, 12 884 personnes dont 4 051 enfants leurs parents, plongés dans une profonde détresse morale et ma- de 2 à 16 ans sont arrêtés par la police française à Paris et en térielle. Lorsqu’Adolf Eichmann répond positivement à la demande banlieue. Son engagement dans cette vaste opération résulte d’une française de les déporter également, ils sont transférés dans des décision du régime de Vichy. Si cette rafle vise principalement les conditions effroyables à partir du 15 août à Drancy puis envoyés vers Juifs étrangers, la très grande majorité de leurs enfants sont de Auschwitz-Birkenau entre le 17 et le 28 août. Pour faire croire qu’ils nationalité française, car nés en France. partent vers l’Est avec leurs parents, ils sont mélangés dans les Les célibataires et les couples sans enfant sont conduits directement convois à des adultes en provenance de la zone non occupée. Aucun à Drancy. Les familles, soit les deux-tiers des personnes arrêtées, de ces enfants déportés n’a survécu. sont regroupées dans des conditions déplorables au Vélodrome d’Hiver avant d’être transférées dans les camps du Loiret à Pithiviers Le sort de ces enfants constitue un des événements parmi les plus et Beaune-la-Rolande. Les adultes et les plus âgés des enfants sont dramatiques de la persécution des Juifs de France. déportés au cours des semaines suivantes. 

LES JUSTES PARMI LES NATIONS

«Quiconque sauve une vie sauve l’univers entier». Dans l’Europe occupée, une petite minorité d’hommes et de femmes, de toutes croyances et de tous milieux sociaux, ont sauvé des Juifs, parfois au péril de leur vie.

Ils leur ont fourni de faux papiers, les ont aidés à se cacher ou à fuir. Institution de mémoire créée en 1953 par l’État d’Israël, le Mémorial de Yad Vashem leur attribue «au nom du peuple juif reconnaissant» le titre de «Juste parmi les nations», le plus haut titre de vertu biblique. Cette distinction n’est en principe décernée qu’à des personnes individuelles, exception faite de la commune néerlandaise de Nieuwlande et de celle du Chambon-sur-Lignon (Haute-Loire) qui, avec l’ensemble du plateau Vivarais-Lignon occupe une place exceptionnelle dans l’histoire du sauvetage des Juifs en France. Au 1er janvier 2011, 23 788 personnes (dont 6 266 en Pologne, 5 108 aux Pays-Bas et 3 331 en France) s’étaient vues décerner la médaille des «Justes parmi les nations» par Yad Vashem.

_40 1942 CHRONOLOGIE DE L’ANNÉE SELON 3 AXES

.EUROPE. .FRANCE. .GUERRE.

_41 .EUROPE - ANNÉE 1942. 20 JANVIER 27 JANVIER 24 FÉVRIER

 À la conférence de Wannsee,  Bilan global des tueries jusqu'alors  Naufrage du Struma, un navire mise au point des modalités effectuées par l'Einsatzgruppe D, avec à son bord 767 Juifs fuyant de l’extermination massive d'après le rapport d'activité l'Europe pour la Palestine et refoulés des Juifs d'Europe. USSR N°150 : 76 000 Juifs. par les autorités turques.

© DR © USHMM, coll. David Stoliar

.FRANCE - ANNÉE 1942. JANVIER 16 JANVIER 7 FÉVRIER

 Rassemblement des Juifs étrangers dans  Premier versement  6e ordonnance allemande : Couvre-feu des Groupements de travailleurs étrangers, de «l'amende du Milliard», pour les Juifs en Zone occupée entre 20 heures en marge des camps d’internement. imposée aux Juifs en Zone occupée et 6 heures du matin. Interdiction de changer par le Militärbefehlshaber in Frankreich, de résidence. le Haut-Commandement militaire en France.

.GUERRE - ANNÉE 1942. 15 FÉVRIER

 Prise de la base anglaise de Singapour par les Japonais.

_42 25 FÉVRIER DÉBUT MARS 16 MARS

 Les déportés du premier convoi  Début de l’extermination massive  Mise en fonction du camp de Juifs provenant de Haute-Silésie par le gaz à Auschwitz-Birkenau d'extermination de Belzec sont exterminés à Auschwitz. dans une ferme aménagée à cet effet. dans le cadre de ce qui deviendra l’«Aktion Reinhard» ; Un premier convoi de 6 786 Juifs venant du Gouvernement général arrive le lendemain.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

22 FÉVRIER 9 MARS 24 MARS

 Exécution au Mont Valérien  Nomination du général Karl Oberg,  7e ordonnance allemande donnant de 13 Juifs transférés du camp chef des SS et de la police allemande une nouvelle définition des personnes d’internement de Drancy à la prison en France. considérées comme «juives». du Cherche-Midi à Paris.

_43 .EUROPE - ANNÉE 1942.

26 MARS 1ER AVRIL 8 AVRIL

 Arrivée à Auschwitz du premier  Premier rapport de l'organisation juive  Rapport de l’Einsatzgruppe D convoi de Juifs en provenance clandestine «Oyneg Shabbes» sur déclarant la Crimée «judenfrei» de Slovaquie. l'extermination des Juifs en Pologne (nettoyée de Juifs). adressée au gouvernement en exil à Londres depuis le ghetto de Varsovie.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

.FRANCE - ANNÉE 1942. 27 MARS 17 AVRIL 18 AVRIL

 Départ depuis les camps d’internement  Retour de Pierre Laval comme  René Bousquet est nommé de Drancy et de Compiègne chef du gouvernement. Secrétaire général à la Police par P. Laval. du premier convoi de déportation des Juifs de France, avec 1 112 personnes.

© Mémorial de la Shoah/CDJC © Mémorial de la Shoah/CDJC

.GUERRE - ANNÉE 1942. 27 MARS

 Opération «Chariot» des troupes britanniques contre le port de Saint-Nazaire.

_44 1ER MAI 29 MAI

 Mise en fonction du camp  Exécution de R. Heydrich, le chef d’extermination de Sobibor de l’Office central de sécurité du Reich, dans le cadre de ce qui deviendra à Prague par la Résistance tchèque. «l'Aktion Reinhard».

5 MAI 6 MAI 29 MAI

 Arrivée à Paris de R. Heydrich,  Nomination de Louis Darquier  8e ordonnance allemande : chef de l’Office central de sécurité dit «de Pellepoix» à la direction port obligatoire de l'étoile jaune du Reich, pour installer K. Oberg du Commissariat général pour les Juifs de plus de six ans dans ses nouvelles fonctions. aux questions juives, en remplacement en zone occupée à partir de . du 7 juin 1942.

© DR © Mémorial de la Shoah/CDJC © DR © Mémorial de la Shoah/CDJC/ © Mémorial de la Shoah/CDJC/JEAA/ coll. Simon et Annette Lippe Coll. Rebecca Dreyfuss

6 MAI

 Les dernières forces américaines des Philippines se rendent aux Japonais.

_45 Drancy Drancy .EUROPE - ANNÉE 1942.

1ER JUILLET

 Dénonciation en langue française sur la BBC du massacre des Juifs polonais et de l'existence des chambres à gaz.

.FRANCE - ANNÉE 1942. 2 JUILLET 4 JUILLET 6 JUILLET

 Accords Bousquet - Oberg  Accord de P. Laval de livrer  Télégramme de , de collaboration policière, actant à l’Allemagne les milliers de Juifs représentant à Paris d’A. Eichmann, la participation de l’administration étrangers réfugiés en zone sud, à ce dernier relatant la proposition française lors des rafles. à condition que les Juifs français de P. Laval de déporter les enfants de zone occupée soient déportés de moins de 16 ans avec leurs parents. seulement si les «quotas» fixés par l’Allemagne ne sont pas atteints.

© Mémorial de la Shoah/CDJC/BNF

.GUERRE - ANNÉE 1942.

_48 16 ET 17 JUILLET

 Arrivée au camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau du premier convoi de Juifs hollandais, en provenance des camps d’internement de Westerbork et d'Amersfoort.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

8 JUILLET 16 ET 17 JUILLET 17 JUILLET

 9e ordonnance allemande :  Rafle contre les Juifs dite  Convoi n°6 de Pithiviers Il est interdit aux Juifs de fréquenter du Vélodrome d'Hiver à Paris et à Auschwitz-Birkenau, les établissements de spectacle en région parisienne, la plus importante avec 928 Juifs. et autres établissements ouverts de toute la Seconde Guerre mondiale, au public, d'entrer dans les magasins, avec l’arrestation de 12 884 personnes d'y faire des achats sauf dont 4 051 enfants. entre 15 et 16 heures.

_49 .EUROPE - ANNÉE 1942. 22 JUILLET

 Début de la liquidation du ghetto de Varsovie et, parallèlement, mise en fonction de Treblinka, troisième centre d'extermination dans le cadre de «l'Aktion Reinhard».

.FRANCE - ANNÉE 1942. 19 JUILLET 20 JUILLET 22 JUILLET

 Premier transfert des familles internées  Profanation de la synagogue  Lettre non rendue publique du cardinal Suhard, au Vél d'Hiv vers les camps de la rue de la Victoire par des membres cardinal archevêque de Paris, au maréchal d’internement du Loiret. 3 autres transferts du Parti populaire français. Pétain, au nom des cardinaux et archevêques suivront les 20, 21 et 22 juillet.  Convoi n°8 d’Angers de France, protestant contre les traitements  Convoi n°7 de Drancy à Auschwitz-Birkenau, indignes infligés aux Juifs à Auschwitz-Birkenau, avec 827 Juifs.  Convoi n°9 de Drancy avec 999 Juifs. à Auschwitz-Birkenau, avec 996 Juifs.

.GUERRE - ANNÉE 1942.

_50 27 JUILLET

 Création de l'Organisation juive de combat, la Zydowska Organizacja Bojowa, dans le ghetto de Varsovie.

24 JUILLET 27 JUILLET 29 JUILLET

 Convoi n°10 de Drancy  T. Dannecker est évincé et remplacé  Convoi n°12 de Drancy à Auschwitz-Birkenau, par Heinz Röthke comme chef du service à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs. avec 1 000 Juifs. des affaires juives de la Gestapo  Protestation du Consistoire Central en France. des Israélites de France auprès  Convoi n°11 de Drancy du Gouvernement français contre la situation à Auschwitz-Birkenau, des Juifs en zone occupée. avec 1 000 Juifs.

_51 .EUROPE - ANNÉE 1942. 5 AOÛT

 Arrivée du premier convoi de Juifs venant de Belgique à Auschwitz, en provenance du camp d’internement de Malines.

© USHMM / Pro Museo Judaico

.FRANCE - ANNÉE 1942. 31 JUILLET 3 AOÛT 5 AOÛT

 Convoi n°13 de Pithiviers  Convoi n°14 de Pithiviers  Convoi n°15 de Beaune-la-Rolande à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau, avec 1 049 Juifs. avec 1 034 Juifs. avec 1 014 Juifs.

.GUERRE - ANNÉE 1942.

_52 8 AOUT

 Télégramme envoyé par Gerhart Riegner, représentant du Congrès juif mondial à Genève, avertissant du programme d’extermination des Juifs.

7 AOÛT 7 AOÛT 10 AOÛT

 Convoi n°16 de Pithiviers  Arrivée au camp d’internement  Convoi n°17 de Drancy à Auschwitz-Birkenau, de Drancy du premier transfert de Juifs à Auschwitz-Birkenau, avec 1 069 Juifs. arrêtés en zone sud, venant des camps avec 1 006 Juifs. d’internement et des GTE.

_53 .EUROPE - ANNÉE 1942.

.FRANCE - ANNÉE 1942. 12 AOÛT 14 AOÛT 15 AOÛT

 Convoi n°18 de Drancy  Convoi n°19 de Drancy  Premier transfert d'enfants à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau avec, des camps du Loiret vers Drancy. avec 1 007 Juifs. pour la première fois, des enfants de moins de 12 ans, et avec 991 Juifs.

© Georges Horan

.GUERRE - ANNÉE 1942.

_54 18 AOÛT

 Arrivée à Auschwitz du premier convoi en provenance de Croatie.

17 AOÛT 19 AOÛT 20 AOÛT

 Convoi n°20 de Drancy  Convoi n°21 de Drancy  Lettre de protestation du pasteur à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs. à Auschwitz-Birkenau, Marc Boegner, Président du Conseil Début de la déportation des enfants avec 1 000 Juifs. de la Fédération protestante de France, venant des camps du Loiret. à Pétain après les rafles en zone occupée et les transferts de Juifs depuis les camps d’internement du sud de la France en vue de la déportation.

19 AOUT

 Echec de l'opération anglo-canadienne «Jubilé» à Dieppe.

_55 .EUROPE - ANNÉE 1942.

.FRANCE - ANNÉE 1942. 21 AOÛT 23 AOÛT 24 AOÛT

 Convoi n°22 de Drancy  Lecture en chaire de la lettre  Convoi n°23 de Drancy à Auschwitz-Birkenau, de protestation de Monseigneur Saliège, à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs. archevêque de Toulouse, dans les églises avec 1 000 Juifs. du diocèse contre le sort infligé aux Juifs.

.GUERRE - ANNÉE 1942.

_56 25 AOÛT 26 AOÛT 28 AOÛT

 Nouvelle protestation  Convoi n°24 de Drancy  Convoi n°25 de Drancy du Consistoire Central auprès à Auschwitz-Birkenau, avec 1 002 Juifs. à Auschwitz-Birkenau, du Gouvernement contre la situation  Rafle des Juifs étrangers en zone sud. avec 1 000 Juifs. des Juifs en France.  Lettre pastorale de Monseigneur Théas, évêque de Montauban, dénonçant «la barbare sauvagerie» avec laquelle sont traités les Juifs.

_57 .EUROPE - ANNÉE 1942.

.FRANCE - ANNÉE 1942. 30 AOÛT 31 AOÛT 2 SEPTEMBRE

 Lettre pastorale du Cardinal Gerlier,  Convoi n°26 de Drancy  Convoi n°27 de Drancy archevêque de Lyon, primat des Gaules, à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs. à Auschwitz-Birkenau, lue en chaire le 6 septembre,  Sauvetage d’une centaine d’enfants avec 1 000 Juifs. en faveur des Juifs persécutés. internés au camp de Vénissieux par l’Amitié chrétienne, de l’abbé Glasberg et du révérend-père Chaillet, avec le concours de l’Œuvre de secours aux enfants.

.GUERRE - ANNÉE 1942.

_58 9 SEPTEMBRE

 Fusillade par l’Einsatzgruppe D de 2 000 Juifs de Kislovodsk et Jessentuki (Caucase du Nord).

4 SEPTEMBRE 7 SEPTEMBRE 9 SEPTEMBRE

 Convoi n°28 de Drancy  Convoi n°29 de Drancy  Convoi n°30 de Drancy à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau, avec 1 013 Juifs. avec 1 000 Juifs. avec 1 000 Juifs.

_59 .EUROPE - ANNÉE 1942.

.FRANCE - ANNÉE 1942. 11 SEPTEMBRE 14 SEPTEMBRE 16 SEPTEMBRE

 Convoi n°31 de Drancy  Convoi n°32 de Drancy  Convoi n°33 de Drancy à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs. avec 1 000 Juifs. avec 1 003 Juifs.  Rafle des Juifs des départements du Nord et du Pas-de-Calais.

.GUERRE - ANNÉE 1942.

_60 18 SEPTEMBRE 21 SEPTEMBRE 23 SEPTEMBRE

 Convoi n°34 de Drancy  Convoi n°35 de Pithiviers  Convoi n°36 de Drancy à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs. avec 1 000 Juifs. avec 1 000 Juifs.

_61 .EUROPE - ANNÉE 1942.

.FRANCE - ANNÉE 1942. 24 SEPTEMBRE 25 SEPTEMBRE 26 SEPTEMBRE

 Rafle de 1 574 Juifs de nationalité  Convoi n°37 de Drancy  Fermeture du camp d’internement roumaine à Paris et en région à Auschwitz-Birkenau, de Récébédou et transfert des internés parisienne. avec 1 004 personnes. restants au camp d’internement de Nexon.

© Mémorial de la Shoah/ CDJC

.GUERRE - ANNÉE 1942.

_62 OCTOBRE

 Le Comité international de la Croix-Rouge renonce à toute intervention publique sur l’assassinat en masse des Juifs.

28 SEPTEMBRE 30 SEPTEMBRE

 Convoi n°38 de Drancy  Convoi n°39 de Drancy à Auschwitz-Birkenau, à Auschwitz-Birkenau, avec 904 Juifs. avec 210 Juifs.

_63 .EUROPE - ANNÉE 1942. 3 OCTOBRE 7 OCTOBRE 29 OCTOBRE

 Fin de la première grande déportation  Création d'une Commission  Exécution massive des Juifs de Pinsk du ghetto de Varsovie. d’enquête sur les crimes de guerre (Biélorussie) par l’Einsatzgruppe B par les gouvernements anglais et avec l’aide de l’Ordnungspolizei américain devenue la Commission et de la Wehrmacht : 16 200 victimes. des Nations Unies pour les crimes de guerre.

© Mémorial de la Shoah/CDJC

.FRANCE - ANNÉE 1942.

.GUERRE - ANNÉE 1942. 8 OCTOBRE

 Victoire anglaise sur le corps expéditionnaire allemand à El Alamein.

_64 4 NOVEMBRE 5 NOVEMBRE 6 NOVEMBRE

 Convoi n°40 de Drancy  Rafle de 1 060 Juifs de nationalité  Convoi n°42 de Drancy à Auschwitz-Birkenau, grecque à Paris et en zone occupée. à Auschwitz-Birkenau, avec 1 000 Juifs. avec 1 000 Juifs.

NOVEMBRE

 Début du recul des armées allemandes en URSS.

_65 .EUROPE - ANNÉE 1942.

.FRANCE - ANNÉE 1942. 9 NOVEMBRE 11 NOVEMBRE 25 NOVEMBRE

 Interdiction aux Juifs étrangers  Convoi n°45 de Drancy  Dissolution du camp d’internement de quitter leur commune de résidence à Auschwitz-Birkenau, de Rivesaltes. Les derniers internés sans autorisation délivrée par la police. avec 745 Juifs. sont transférés au camp d’internement  Convoi n°44 de Drancy  Invasion de la Zone sud de la France de Gurs. à Auschwitz-Birkenau, par l’Allemagne et l’Italie. avec 1 000 Juifs.

© Mémorial de la Shoah/ CDJC

.GUERRE - ANNÉE 1942. 8-11 NOVEMBRE 19 NOVEMBRE

 Opération «Torch». Débarquement  Offensive soviétique à Stalingrad. anglo-américain en Afrique du Nord.

© SGA/DMPA

_66 1ER DÉCEMBRE 10 DÉCEMBRE 17 DÉCEMBRE

 Arrivée à Auschwitz du premier  Arrivée à Auschwitz du premier  Accusation de l'Allemagne convoi en provenance de la Norvège. convoi en provenance de Berlin. par les États-Unis et les membres européens des Nations-Unies de mener «une politique d’extermination inhumaine du peuple juif en Europe».

9 DÉCEMBRE 11 DÉCEMBRE

 Les derniers internés au camp  Loi relative à l'apposition d’internement des Milles sont transférés de la mention «Juif» sur les titres au GTE de la Ciotat. Le camp est fermé. d'identité et d'alimentation des ressortissants français et étrangers.

© Mémorial de la Shoah/ CDJC

_67

COMMÉMORATIONS ET MANIFESTATIONS CULTURELLES

_69 LES PRINCIPALES COMMÉMORATIONS Frossard et les enfants d’Izieu), placée désormais sous la responsabilité ET CÉRÉMONIES du ministère de la défense et des anciens combattants, ainsi que le village de Chambon-sur-Lignon (reconnu dans son ensemble «Juste La Journée internationale à la mémoire des victimes de l’Holocauste parmi les Nations» pour avoir protégé un très grand nombre de Juifs) le 27 janvier 2012 ont aussi participé à ces manifestations.

Départ du premier convoi (sur 42) de Drancy et Compiègne le 27 mars 2012 Le premier convoi de déportés quitte la gare du Bourget le 27 mars 1942. Ce sont 1 112 hommes qui sont ainsi déportés en direction d'Auschwitz après avoir été, pour moitié, internés à Drancy après la rafle du 20 août 1941, et pour l'autre, internés à Royallieu, lors de la rafle du 12 décembre 1941. Le convoi est escorté jusqu'à la frontière par des gendarmes français et un officier SS. Il s'agit d'un

© J. Robert - SGA/DMPA événement nouveau et dramatique pour la France occupée. Le ministère de la défense et des anciens combattants, en partenariat En 2005, les Nations unies ont voté une résolution selon laquelle avec le Mémorial de la Shoah, participera, dans le cadre de ces l'anniversaire de la libération du camp d'Auschwitz, le 27 janvier, commémorations, à l'organisation d'une cérémonie à Drancy et serait désormais la journée internationale à la mémoire des victimes Compiègne dans la même journée. de l’Holocauste. Depuis lors, de nombreuses manifestations sont organisées chaque année à cette date. La commémoration de la rafle du Vél d’Hiv Le Mémorial de la Shoah, en partenariat avec le ministère de la le 22 juillet 2012 défense et des anciens combattants, ainsi que l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG), a pris l’initiative d’organiser et coordonner sur tout le territoire national, des manifestations à vocation pédagogique et commémorative. À Paris, cette journée au mémorial a été caractérisée par un échange

entre des rescapés et des élèves, puis une cérémonie avec lecture © J. Robert - SGA/DMPA d'un message de en présence du secrétaire d'État auprès du ministre de la défense et des anciens combattants. À cette occasion l'annonce du lancement officiel de l'année mémorielle «1942 : des rafles à la déportation» a été faite. Le dimanche 16 juillet ou le suivant se déroule la Journée nationale à En province, des manifestations ont eu lieu dans différents sites, la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État tels que les camps de Gurs, de Natzweiler-Struthof, des Milles, de français et d’hommage aux «Justes» de France. La date retenue fait Rivesaltes, la Maison d’Izieu, le centre d’étude et de recherche sur les référence à celle du 16 juillet 1942, début de la grande rafle parisienne camps du Loiret ainsi que l’antenne de Toulouse du Mémorial de la à l'encontre des Juifs, connue sous le nom de «rafle du Vél d'Hiv». Shoah. La prison de Montluc (où furent internés Jean Moulin, André Cette journée est organisée par le ministère de la défense et des anciens

_70 combattants en liaison avec les organismes et associations concernés : LES MANIFESTATIONS CULTURELLES Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), amicale des anciens déportés Juifs de France, comité français pour Yad Vashem. Il s’agit de la plus grande arrestation massive de Juifs réalisée en France pendant la Seconde Guerre mondiale. Le régime de Vichy mobilisa la police française pour participer à l’opération au côté des Allemands et le nombre des arrestations dans Paris fut de 13 152 personnes selon la préfecture de police. La date du 16 juillet deviendra, en 2000, la «journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l'État français et d'hommage aux «Justes» de France». © J. Robert - SGA/DMPA

Commémoration des rafles en zone non occupée 13 septembre 2012 La grande rafle du Vél d'Hiv est suivie par des rafles en province. Une journée d’étude sera organisée le 24 mars 2012, par la direction Les Juifs cherchent à quitter la zone occupée et à passer la ligne de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA), sur le thème de de démarcation. Le gouvernement de Vichy participe activement à la déportation des Juifs de France, sous la présidence d'Henry Rousso ces rafles organisées dans toute la zone sud, afin de fournir aux à l’amphi Foch de l’École militaire à Paris. Deux tables rondes seront Allemands le nombre de Juifs demandés. Malgré une exécution organisées : une sur la politique de déportation d’État et une sur la minutieuse de la part de la police et de la gendarmerie, les rafles de mise en place concrète de la déportation, suivies de la projection l'été 1942 sont difficiles à cacher et des protestations commencent d'une fiction. à s'élever. L'Archevêque de Toulouse, Jules Saliège, dénonce alors, dans une Exposition : «Les Juifs de France», réalisée par le Mémorial de la lettre pastorale intitulée Et clamor Jerusalem ascendit, les persécutions Shoah, circulera sous forme d’exposition itinérante dans les villes antisémites et en ordonne la lecture dans toutes les paroisses de son de Montpellier, Poitiers, Marseille, Chambon-sur-Lignon, Toulouse, diocèse le 23 août 1942. Saint-Omer, Metz et Béziers. Une deuxième version de cette exposition Des commémorations auront lieu à Toulouse où un hommage sera sera présentée au plus grand nombre par l’ONAC-VG, avec l’aide rendu à Monseigneur Saliège, «compagnon de la Libération» et «Juste financière de la DMPA. parmi les Nations», avec la lecture de sa lettre du 23 août 1942. Après la cérémonie, une conférence sera organisée sur «l’impact des rafles dans l’opinion publique» en présence d'historiens et enseignants issus de la région.

_71

PROGRAMME DE LA SAISON MÉMORIELLE

_73 DATE ÉVÈNEMENT LIEU

Janvier  Mise en place d’une signalétique spécifique sur les éléments se rapportant Musée de l’Armée, Paris à la persécution des Juifs en 1942 dans l’exposition du Musée de l’Armée.

10 janvier  Conférence inaugurale «1942 : une année charnière Mémorial de la Shoah, Paris pour la Seconde Guerre mondiale et pour la Shoah».

17 janvier  Lancement du cycle : «La conférence de Wannsee : organisation et planification Mémorial de la Shoah, Paris du génocide des Juifs d’Europe».

19 janvier  Centenaire de l'OSE - Projection du film «Le sauvetage des enfants, 1938-1945» Mémorial de la Shoah, Paris de Michel Kaptur et Katy Hazan.

24 janvier  Conférence de Serge Klarsfeld, avocat et historien : Montpellier «1942 : l’année terrible pour les Juifs de France».  Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée par le Mémorial de la Shoah.

27 janvier  Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes Beaune-la-Rolande de l'Holocauste - Cérémonies pédagogiques et commémoratives sur les lieux Chambon-sur-Lignon de mémoire de la Shoah en France (sous l’égide du Mémorial de la Shoah Drancy en partenariat avec l’Amicale du camp de Gurs, le Centre d’étude et de recherche Gurs sur les camps d’internement du Loiret/Musée-Mémorial des enfants du Vél d’Hiv, Izieu le Centre européen du résistant déporté/Camp de Natzweiler-Struthof, du Conseil Les Milles régional Languedoc-Roussillon, du Conseil Général des Pyrénées-Orientales/ Mémorial de la Shoah, Paris Mémorial de Rivesaltes, de la Fondation du camp des Milles, de la Maison d’Izieu, Natzwiller de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre du Rhône, Pithiviers de la Ville du Chambon-sur-Lignon. Avec le soutien de la direction de la mémoire, Prison Montluc, Lyon du patrimoine et des archives du ministère de la défense et des anciens combattants Rivesaltes et de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre. Toulouse  Présentation officielle de l’année commémorative. Mémorial de la Shoah, Paris

29 janvier  Voyage de mémoire sur le site d’Auschwitz-Birkenau, Auschwitz organisé par le Mémorial de la Shoah.

31 janvier  Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes Unesco, Paris de l'Holocauste - Cérémonie à l'UNESCO.

7 février  Rencontre : «La traque des responsables de la Solution finale» Toulouse Avec Efraïm Zuroff (Centre Simon Wiesenthal).

9 février  Rencontre : «Himmler et la Solution finale». En présence de Florent Brayard (EHESS), Mémorial de la Shoah, Paris Peter Longerich (Université de Londres).

_74 DATE ÉVÈNEMENT LIEU

Mars  Rencontre autour de la littérature jeunesse sur la déportation et la Shoah, Centre européen organisée en partenariat par le Centre européen du résistant déporté/ du résistant déporté/Camp Camp de Natzweiler-Struthof et le Mémorial de la Shoah. de Natzweiler-Struthof,  Présentation de l’exposition «Mus/Mouse/Mause. Variations suédoises Natzwiller autour de la BD d’Art Spiegelman».

Mars  Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» Poitiers proposée par le Mémorial de la Shoah.

6 mars  Lancement du cycle sur l’Aktion Reinhardt. Mémorial de la Shoah, Paris

18 mars  Voyage de mémoire sur le site d’Auschwitz-Birkenau, Auschwitz organisé par le Mémorial de la Shoah.

24 Mars  Journée d’étude consacrée à la persécution des Juifs de France, École militaire, Paris sous la direction d’Henry Rousso (CNRS), organisée par la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la défense et des anciens combattants, en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

25 mars  Voyage de mémoire sur le site d’Auschwitz-Birkenau, Auschwitz organisé par le Mémorial de la Shoah.

27 mars  Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°1, sous l’égide Drancy du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah. Compiègne

27 mars  Rencontre : «France, 27 mars 1942 : le premier convoi de déportation» Mémorial de la Shoah, Paris et projection du documentaire «Premier convoi» de Pierre Oscar Lévy.

7 avril  Vernissage de l’exposition «Les convois des 45 000 et des 31 000, Mémorial de l'internement de Royallieu à Auschwitz-Birkenau». et de la déportation, Compiègne

13 avril  Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» Vénissieux proposée par le Mémorial de la Shoah.

18 au 19 avril  Cérémonie de Yom HaShoah, sous l’égide de la Fondation pour la mémoire Mémorial de la Shoah, Paris de la Shoah, organisée par le Mémorial de la Shoah, en partenariat avec le Mouvement Juif Libéral de France, l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France et le Consistoire de Paris.

19 avril  Cérémonie du soulèvement du ghetto de Varsovie, Mémorial de la Shoah, Paris organisée par le Mémorial de la Shoah en partenariat avec la Commission du Souvenir du Conseil représentatif des institutions juives de France.

_75 DATE ÉVÈNEMENT LIEU

29 avril  Journée nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation.

29 avril  Vernissage d’une exposition temporaire à la Maison d’Izieu consacrée Maison d’Izieu, Ain aux documents produits par l’accusation française au procès de Nuremberg sur la «Solution finale», à partir des archives du juge Robert Falco.

Mai  Vernissage de l’exposition «Les enfants et la Shoah». Mémorial de la Shoah, Paris

2 Mai  Rencontre à l’occasion de la publication Mémorial de la Shoah, Paris de l’ouvrage «À l’intérieur du camp de Drancy». En présence d’Annette Wieviorka (CNRS) et Michel Laffitte (agrégé d’histoire).

5 au 10 Mai  «Le train des Mille : un train pour la Liberté», Auschwitz initié par la Fondation Auschwitz, l’Institut National des Invalides de Guerre de Belgique et la Fédération internationale des Résistants, avec le soutien de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre.

9 mai  Conférence : «1942 : Les étapes de l‘évolution du camp d’Auschwitz». Mémorial de la Shoah, Paris En présence de Robert Jan Van Pelt (Université Waterloo), Piotr Setkiewicz (Musée d’Auschwitz), Marcello Pezzetti (Musée de la Shoah, Rome).

9 mai  Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» CRDP, Marseille proposée par le Mémorial de la Shoah.

15 mai  Vernissage de l’exposition «Je pars demain…» CERCIL, Orléans réalisée par le Centre d’étude et de recherche sur les camps d’internement du Loiret et la déportation juive.

29 mai  Rencontre sur «La 8e ordonnance allemande : le port de l’étoile jaune». Mémorial de la Shoah, Paris En présence de Jean-Marc Berlière (Université de Bourgogne), Cédric Gruat (historien), et Emmanuel Debono (Fondation Spielberg).

5 juin  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°2, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

6 Juin  Rencontre : «La France de Vichy et les Juifs. Les grandes étapes de l’historiographie Mémorial de la Shoah, Paris sur Vichy». En présence de Michael Marrus (Université de Toronto) et Henry Rousso (CNRS).

12 Juin  Rencontre sur «La France et les rafles». En présence de Tal Bruttmann (historien), Mémorial de la Shoah, Paris Laurent Joly (CNRS), Claire Zalc (CNRS), Nicolas Mariot (CNRS).

_76 DATE ÉVÈNEMENT LIEU

14 Juin  Rencontre : «De la déportation de représailles à la Solution finale». Mémorial de la Shoah, Paris En présence de Gaël Eismann (Université de Caen), Thomas Fontaine (historien) et Benoit Verny (historien).

 Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°3, Mémorial de la Shoah, Paris 22 juin sous l’égide du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

25 juin  Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°4, sous l’égide Pithiviers du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah. Mémorial de la Shoah, Paris

25 juin  Présentation du webdocumentaire «Objets-Témoins» de Marc Vassal. CERCIL, Orléans

28 juin  Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°5, sous l’égide Beaune-la-Rolande du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah. Mémorial de la Shoah, Paris

Juillet  Programmation cinéma et rencontres au Studio 66, par le Musée Champigny-sur-Marne de la Résistance Nationale de Champigny-sur-Marne.

Juillet  Evénement musical commémoratif, en coopération avec le Festival International Fondation du camp des Milles, de musique d’Aix en Provence. Les Milles

1er juillet  Colloque sur les enfants cachés «Qui sont les enfants cachés ?». Sous la direction Mémorial de la Shoah, Paris de Nathalie Zadje et Catherine Grandsard (Université Paris VIII Saint-Denis, Centre Georges-Devereux), co-organisé par le Mémorial de la Shoah et le Centre Georges-Devereux - Université Paris VIII Saint-Denis.

6 juillet  Conférence consacrée au convoi de déportés politiques Mémorial de l'internement du 6 juillet 1942 vers Auschwitz. et de la déportation, Compiègne

16 juillet  Inauguration du Centre d’histoire et de mémoire de Drancy (sous réserve). Drancy

17 juillet  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°6, sous l’égide Pithiviers du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.  Rencontre autour de l’histoire et la mémoire du Convoi n°6, en partenariat Mémorial de la Shoah, Paris avec l’association mémoire du Convoi 6.

19 juillet  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°7, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

20 juillet  Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°8, sous l’égide Angers du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah. Mémorial de la Shoah, Paris

_77 DATE ÉVÈNEMENT LIEU

22 juillet  Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État français et d’hommage aux «Justes» de France.

22 juillet  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°9, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

24 juillet  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°10, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

27 juillet  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°11, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

29 juillet  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°12, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

31 juillet  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°13, sous l’égide Pithiviers du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah. Mémorial de la Shoah, Paris

Août  Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» Chambon-sur-Lignon proposée par le Mémorial de la Shoah.

3 août  Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°14, sous l’égide Pithiviers du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah. Mémorial de la Shoah, Paris

5 août  Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°15, sous l’égide Beaune-la-Rolande du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah. Mémorial de la Shoah, Paris

7 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°16, sous l’égide Pithiviers du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah. Mémorial de la Shoah, Paris

10 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°17, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

12 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°18, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

14 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°19, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

17 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°20, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

19 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°21, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

21 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°22, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

_78 DATE ÉVÈNEMENT LIEU

24 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°23, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

26 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°24, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

26 août  Hommage au sauvetage des enfants du camp de Vénissieux, Vénissieux en partenariat avec la ville de Vénissieux, le Centre d’histoire de la Résistance Lyon et de la Déportation de Lyon, l’ONACVG et l’association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France.

28 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°25, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

31 août  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°26, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

Septembre  Inauguration du Musée-Mémorial du Chambon-sur-Lignon Chambon-sur-Lignon (sous réserve).

2 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°27, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

4 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°28, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

7 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°29, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

9 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°30, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

10 septembre  Inauguration du site-mémorial du camp des Milles. Fondation du camp des Milles, Les Milles

11 septembre  Cérémonie commémorative en hommage aux victimes de la Déportation Lille de la région Nord Pas-de-Calais, sous l’égide du ministère de la défense Mémorial de la Shoah, Paris et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.  Table ronde : «La Déportation des Juifs du Nord de la France».

11 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°31, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

_79 DATE ÉVÈNEMENT LIEU

13 septembre  Cérémonie en hommage aux victimes des rafles de zone sud et aux Justes. Toulouse  Table ronde : «L'éveil des consciences. L'impact des rafles de 1942 sur l'opinion publique».  Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée par le Mémorial de la Shoah.

14 septembre  Vernissage de l’exposition «1942 : le temps des rafles en Nord-Pas-de-Calais La Coupole. et en Belgique» proposée par La Coupole. Centre d’Histoire et de Mémoire Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais. du Nord–Pas-de-Calais,  Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée Saint-Omer par le Mémorial de la Shoah.

14 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°32, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

16 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°33, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

16 septembre  Vernissage de l’exposition : «Nouvelles architectures et projets mémoriaux Mémorial de la Shoah, Paris en France», suivie d’une rencontre internationale.

18 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°34, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

21 septembre  Cérémonies commémoratives liées au départ du Convoi n°35, sous l’égide Pithiviers du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah. Mémorial de la Shoah, Paris

23 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°36, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

23 septembre  Cérémonie de la Hazkarah, en présence d’Alain Finkielkraut (sous réserve) Mémorial de la Shoah, Paris

25 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°37, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah

28 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°38, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

30 septembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°39, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

Octobre  Hommage aux Justes du Béarn, à l’initiative de l’Amicale du camp de Gurs Pau avec le soutien du Mémorial de la Shoah.

_80 DATE ÉVÈNEMENT LIEU

Octobre  Colloque sur «Rafles et déportations dans le massif central Guéret et ses marges, 1942-1943», sous la direction de Pascal Plas (Université de Limoges), co-organisé par le Centre de la mémoire d’Oradour-sur-Glane et la revue «Histoire et mémoires», en partenariat avec le Conseil général de la Creuse.  Exposition «Les rafles de 1942 en Haute-Vienne» au Centre de la mémoire Centre de la mémoire, d’Oradour-sur-Glane. Oradour-sur-Glane

Octobre  Journée d’étude : «Le tournant de l’année 1942» proposée par le Mémorial de Caen, Mémorial de Caen en partenariat avec le Mémorial de la Shoah.

Octobre  Rencontre avec Piotr M.A. Cywinski (Musée d’Auschwitz-Birkenau). Mémorial de la Shoah, Paris

Octobre  Rencontre : «Les camps, une mémoire européenne». Strasbourg En présence de : Frédérique Neau-Dufour (CERD), Piotr M.A. Cywinski (Musée d’Auschwitz-Birkenau), Jacques Fredj (Mémorial de la Shoah).

Octobre  Vernissage de l’exposition «Les Juifs de France dans la Shoah» proposée Metz par le Mémorial de la Shoah.  Rencontre avec Annette Wieviorka (CNRS).

28 octobre au  Voyage de mémoire sur les lieux de déportation des Juifs de France Pologne, 1er novembre (Auschwitz-Birkenau, Sobibor, Majdanek, Kaunas et Reval), Lituanie, proposé par le Mémorial de la Shoah. Estonie

Novembre  Rencontre organisée par le Mémorial de la Shoah : Bordeaux «Les procès de la collaboration antijuive en France».

Novembre  Evénement commémoratif des actions de sauvetage de l’OSE Fondation du camp des Milles, (Organisation de Secours à l’Enfance) au camp des Milles, dans le cadre Les Milles du 100e anniversaire de l’OSE.

4 novembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°40, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

6 novembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°42, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

7 au 8 novembre  Colloque sur les Juifs en Afrique du Nord face aux persécutions, Mémorial de la Shoah, Paris en partenariat avec l’Institut Ben Zvi.

19 au 23  Cycle de projections-débats sur la persécution des Juifs de France, en partenariat Cinémathèque, novembre avec l’ONACVG, la Cinémathèque de Toulouse et le Mémorial de la Shoah. Toulouse

_81 DATE ÉVÈNEMENT LIEU

9 novembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°44, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

9 novembre  Manifestation commémorative du 20e anniversaire de l’installation Fondation du camp des Milles, du Wagon-Souvenir des Milles. Les Milles

11 novembre  Cérémonie commémorative liée au départ du Convoi n°45, sous l’égide Mémorial de la Shoah, Paris du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah.

Décembre  Rencontre internationale sur la perception de la Shoah durant Mémorial de la Shoah, Paris la Seconde Guerre mondiale.

9 décembre  Cérémonie commémorative en mémoire des victimes de la rafle des Juifs de Tunis. Mémorial de la Shoah, Paris

Les cérémonies commémoratives des départs des convois de déportation sont placées sous l’égide du ministère de la défense et des anciens combattants et du Mémorial de la Shoah, et organisées en partenariat avec l’Association des Fils et Filles des Déportés Juifs de France, et le soutien notamment de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah, l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre, l’Œuvre nationale du Bleuet de France, la ville de Pithiviers, la ville de Beaune-la-Rolande, et le Centre d’étude et de recherche sur les camps d’internement dans le Loiret et la déportation.

_82 LES PRINCIPAUX PARTENAIRES DE L’ANNÉE MÉMORIELLE

_83 LES INSTITUTIONS FRANÇAISES Un dispositif d'indemnisation FACE AU DRAME DE LA SHOAH En 1997, la mission Mattéoli est créée et chargée «d'étudier les conditions dans lesquelles les biens immobiliers et mobiliers Lorsque, en 1943, le général de Gaulle crée, à Alger, l'embryon du futur appartenant aux Juifs de France ont été confisqués ou, d'une manière ministère des prisonniers, déportés, réfugiés, il a déjà conscience de générale, requis par fraude, violence ou vol, tant par l'occupant que l'enjeu considérable que représentera la réintégration dans la nation par les autorités de Vichy entre 1940 et 1944». des 5 millions de personnes arrachées à leur foyer. Concernant les Ainsi, depuis le décret du 10 septembre 1999, la France indemnise les Juifs, seuls 3 000 reviennent, en 1945, de l'enfer des camps. «victimes des persécutions antisémites et des actes de barbarie pendant la Seconde Guerre mondiale», après instruction des demandes Les premières mesures de réparation par une commission autonome. Tous les internés et déportés français, quel que soit le motif de leur Par ailleurs, dans le prolongement de la mission Mattéoli, les internement ou de leur déportation, sauf comme «droit commun», dispositions du décret du 13 juillet 2000 instituent une mesure de ont pu obtenir le titre de «déporté - ou interné - politique», institué par réparation pour les orphelins dont les parents ont été victimes de l'ordonnance du 11 mai 1945 complétée par les lois du 5 septembre persécutions antisémites. 1947 et du 9 septembre 1948. Le bénéfice de l'indemnisation s'adresse aux personnes dont le père Ces mêmes textes précisaient les dispositions relatives au droit à ou la mère, victime des persécutions antisémites, a trouvé la mort en pension et aux droits et avantages accessoires qui leur étaient appli- déportation, si elles étaient mineures (moins de 21 ans) au moment cables en tant que victimes civiles. où la déportation est intervenue. Tous les textes législatifs pris ultérieurement concernant l'évolution La mesure de réparation, sous réserve de ne percevoir aucune du droit à réparation en faveur des internés et déportés politiques leur indemnité viagère de la part de la République fédérale d'Allemagne ont été appliqués. ou de la République d'Autriche en réparation de la déportation dont ses parents, ou l'un d'eux, ont été victimes, prend la forme, au choix La reconnaissance du génocide du bénéficiaire, d'une indemnité ou d'une rente viagère. Même si la littérature aborde le thème de la déportation et de l'extermination des Juifs dès les années 1950, c'est à l'aide de puissants Entretenir la mémoire leviers, comme le cinéma et la télévision, qu'une prise de conscience Le traitement mémoriel de la Shoah par le gouvernement français va générale se produit dans les années 1970-1980. suivre le même cheminement que la législation relative à la réparation. En 1993, un décret institue une journée à la mémoire des «victimes Dans un premier temps, indissociés de l'hommage rendu à l'ensemble des crimes racistes et antisémites commis sous l'autorité de fait dite des déportés, le souvenir de la Shoah et les réflexions qu'elle suscite du gouvernement de l'État français, 1940-1944». vont bénéficier, à partir des années 1990, d'une action individualisée En juillet 1995, le Président de la République déclare officiellement de la part du gouvernement. que «la folie criminelle de l'occupant a été secondée par des Français, Cette action s'est amplifiée au fil du temps et revêt aujourd'hui de par l'État français». multiples formes, depuis que la reconnaissance de ce génocide a été La loi du 10 juillet 2000, tout en reconnaissant explicitement le rôle de effective au niveau européen et mondial. l'État français, associe au souvenir des victimes celui des «Justes», Une direction spécifique, la direction de la mémoire, du patrimoine et ces Français qui, au péril de leur vie, ont caché et sauvé des Juifs des archives (DMPA), a été créée en 1999. Sous l'autorité du secrétaire durant l'Occupation. d'État, elle définit et met en œuvre la politique de mémoire et

_84 culturelle du ministère de la défense. À ce titre, elle organise les La Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes cérémonies commémoratives et assure le suivi de la vie associative racistes et antisémites de l’État français et d’hommage du monde combattant. Elle apporte son soutien à des projets éducatifs aux «Justes» de France dans le cadre d'un partenariat avec le ministère de l'éducation natio- Le dimanche 16 juillet ou le suivant se déroule la Journée nationale à nale et conçoit des outils pédagogiques. Elle veille à l’entretien et à la la mémoire des victimes des crimes racistes et antisémites de l’État valorisation des lieux de mémoire. Elle publie des ouvrages relatifs au français et d’hommage aux «Justes» de France. patrimoine, à l'histoire et à la mémoire des conflits contemporains et La date retenue fait référence à celle du 16 juillet 1942, début de apporte un soutien financier à la réalisation de documentaires. la grande rafle parisienne à l'encontre des Juifs, connue sous le nom de «rafle du Vél d'Hiv» et devenue symbolique de la politique Les cérémonies anti-juive du Gouvernement de Vichy. Cette journée est organisée par le ministère de la défense et des anciens combattants en liaison avec les organismes et associations concernés : Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF), amicale des anciens déportés Juifs de France, comité français pour Yad Vashem.

L'anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau Le gouvernement français s'associe fréquemment à cette célébration, qui correspond à la Journée internationale à la mémoire des victimes de l'Holocauste. Le 60e anniversaire de la libération de ce camp a été

© J. Robert - SGA/DMPA l'occasion d'inaugurer le nouveau Pavillon français d'Auschwitz par le Président de la République le 27 janvier 2005. Le 65e anniversaire de la libération du camp d’Auschwitz-Birkenau a été célébré avec solennité, le 27 janvier 2010, dans l'enceinte des La Journée nationale du souvenir camps, en présence de nombreuses délégations internationales. des victimes et des héros de la déportation La direction de la mémoire, du patrimoine et des archives (DMPA) a Une loi du 14 avril 1954 institue le dernier dimanche d'avril «Journée organisé le déplacement d'une délégation française (180 personnes) nationale du souvenir des victimes et des héros de la déportation». pour assister à ces cérémonies. Cette date a été choisie en raison de sa proximité avec l'anniversaire de la libération de la plupart des camps de concentration. Lors de cette Les actions pédagogiques journée de commémoration nationale, plusieurs cérémonies, présidées Depuis la fin des années 1980, les voyages scolaires à Auschwitz et sur par une autorité gouvernementale et organisées par le ministère de les autres lieux de mémoire rappelant la Shoah se sont multipliés. La la défense et des anciens combattants, se déroulent en France. DMPA subventionne bon nombre de ces initiatives. À Paris, la déportation et l'extermination des Juifs y est spécifiquement En outre, elle soutient, dans la réalisation de ses actions, l'association rappelée, puisqu'une cérémonie de dépôt de gerbe, une lecture du Maison d'Izieu - Mémorial des enfants juifs exterminés, par l'intermé- Kaddish et une courte visite se déroulent au Mémorial de la Shoah diaire d'une convention de partenariat. En particulier des sessions de à Paris, avant que les participants ne se rendent au mémorial de la formation à Térézin, Auschwitz et Berlin à destination des enseignants Déportation, dans l'île de la Cité. sont mises en place grâce à ce financement.

_85 rassemblement exceptionnel vienne conclure l'année du 65e anniver- saire de la libération des camps. Des débats, entrecoupés d'animations et d'intermèdes culturels, ont réuni rescapés et jeunes générations dans l'enceinte de l'École Militaire, en novembre 2010. Primé au Festival international du film d'histoire de Pessac en 2010, le documentaire intitulé «Moi petite fille de treize ans. Simone Lagrange témoigne d'Auschwitz» et réalisé par Elisabeth Coronel, Florence Gaillard et Arnaud de Mezamat, a reçu le soutien du ministère de la défense et des anciens combattants. © J. Robert - SGA/DMPA En dernier lieu, la DMPA a coédité en 2011 un guide historique d'Auschwitz avec les éditions Autrement. Le Concours national de la Résistance et de la Déportation, mis en œuvre conjointement par le ministère de l'éducation nationale et la La valorisation des lieux de mémoire DMPA aborde, tous les deux ans, un thème relatif à la Déportation. Par exemple, en 2009, le thème «Des enfants et des adolescents dans l'univers concentrationnaire nazi» portait la réflexion sur les enfants et adolescents juifs assassinés dans les camps d'extermination nazis. En 2012, le thème est : «Résister dans les camps nazis». Enfin, tous les ans, une formation est dispensée aux nouveaux attachés d'administration du ministère de la défense et des anciens combattants par le Mémorial de la Shoah, organisme avec lequel la DMPA a signé une convention de partenariat en septembre 2010. Elle a pour objectif de les faire réfléchir aux limites du devoir d'obéis- sance, en s'appuyant sur l'exemple de la collaboration du régime de Vichy au processus de déportation des Juifs de France. © J. Robert - SGA/DMPA

Les productions culturelles La DMPA soutient de nombreux projets culturels de tous types (livres, plaquettes de présentation, films, DVD ou expositions), relatifs à la mémoire de la Shoah. Le monument du quai de Grenelle On peut citer l'appui à la mise en œuvre de pièces de théâtre sur la L'œuvre, réalisée par M. Walter Spitzer, lui-même ancien déporté, mémoire de la Shoah : la DMPA a financé ainsi la compagnie TRAC qui associé avec l'architecte Mario Azagury, est située square de Grenelle réalisait un spectacle pédagogique, au profit des scolaires, tiré du récit à Paris (15e). Elle est conçue comme un contact réel et symbolique : de Francine Christophe sur sa déportation à Bergen-Belsen, «Une sur une forme courbe en béton armé, sept personnages de bronze petite fille privilégiée», ainsi que la comédie musicale «Cabaret Térézin». sont assis ou étendus, en attente. C'est l'image anonyme de tous les Le ministère de la défense et des anciens combattants et le monde persécutés, même si une lecture directe peut y voir une évocation des associatif de la Résistance et de la Déportation ont tenu à ce qu’un victimes des rafles des 16 et 17 juillet 1942.

_86 C'est devant ce monument, financé par le ministère des anciens Afin de tenir compte notamment des recherches historiques intervenues combattants et inauguré le 17 juillet 1994 par le Président de la depuis cette époque, le Premier ministre a annoncé, lors du dîner République, que se déroule la cérémonie annuelle marquant la du CRIF du 27 janvier 2003, la rénovation complète du contenu de Journée nationale à la mémoire des victimes des crimes racistes l'exposition. Le ministère de la défense en a assuré la mise en œuvre. et antisémites de l'État français et d'hommage aux «Justes» de France. Il est, depuis, l'un des pavillons nationaux les plus visités.

Le monument de Gurs Le centre européen du résistant déporté (CERD), Ce monument fut érigé comme lieu symbolique des camps site de l'ancien camp de Natzweiler-Struthof d'internement. Il comporte deux parties, symboliquement reliées par un tronçon de voie ferrée : un «monument-signal», situé en bordure de la RD 936, qui comporte une dalle bétonnée, entourée de lignes de fil de fer barbelé et cantonnée de 4 poteaux d'éclairage, et un «monument-symbole» qui reproduit l'ossature d'une baraque de camp. L'ensemble, financé majoritairement par le ministère des anciens combattants, a été inauguré le 14 octobre 1994.

Le monument érigé à proximité de la maison d'Izieu La maison accueillit, de mai 1943 à avril 1944, plus de 100 enfants juifs, ainsi temporairement soustraits aux persécutions antisémites. 44 d'entre eux furent arrêtés et déportés en 1944 sur ordre de Klaus Barbie. Le ministère des anciens combattants a financé le monument situé à proximité de la maison.

Le Mémorial des martyrs de la Déportation

C'est dans l'île de la Cité à Paris, derrière le chevet de la cathédrale © J. Robert - SGA/DMPA Notre-Dame, que le promeneur découvre le Mémorial des martyrs de la Déportation. L'édifice, financé au moyen d'une souscription nationale, fut inauguré le 12 avril 1962 par le général de Gaulle, Président de la République. Il est dédié à l'ensemble des déportés. Le 29 février 1964, S'il n'est pas un lieu de mémoire dédié à la Shoah, le CERD qui l'association en fit don à l'État. prend place à proximité du camp de Natzweiler-Struthof évoque ce génocide car une partie de ses prisonniers étaient juifs. Le Pavillon français d'Auschwitz La gestion de l'ancien camp a été confiée dès 1949 au ministère des Depuis 1979, la France dispose en Pologne, à l'instar des autres pays anciens combattants et victimes de guerre, date à laquelle s'est européens dont des ressortissants ont été déportés à Auschwitz, d'une engagé le travail de mémoire. Le site est administré depuis 1953 par exposition permanente située dans l'enceinte de l'ancien camp de une structure composée d'anciens internés, résistants et déportés. En concentration d'Auschwitz-I. juillet 1960, le général de Gaulle inaugura le mémorial «aux martyrs et héros de la Déportation».

_87 La création du CERD, inauguré en novembre 2005 par le Président de Le soutien aux institutions ayant trait à la mémoire de la Shoah la République, est venue parachever ce travail de mémoire. Le CERD Créée et reconnue d'utilité publique par décret du 17 octobre 1990, la rappelle le sens de l'engagement résistant et présente l'histoire des fondation pour la mémoire de la déportation bénéficie du soutien du résistances en Europe, il évoque l'ensemble du système concentra- ministère. Elle a pour objectif de pérenniser la mémoire de la dépor- tionnaire, en présentant l'histoire des principaux camps de concen- tation et de l'internement, quels qu'en furent le motif et la finalité. tration et d'extermination. Il se situe dans une perspective résolument Le ministère de la défense a noué ensuite de nombreux partenariats européenne. avec des institutions plus spécifiquement en charge de la mémoire Son fonctionnement, assuré par le ministère de la défense et des de la Shoah, en particulier la fondation pour la mémoire de la Shoah, anciens combattants, est placé sous la responsabilité de l’Office et la Maison d'Izieu, ainsi que le mémorial de la Shoah, ou bien national des anciens combattants et victimes de guerre. encore Yad Vashem France. L'État, par sa contribution, a participé activement à la création de la Mémorial de la prison de Montluc à Lyon fondation pour la mémoire de la Shoah. Le ministère de la défense Lieu d'incarcération pour les détenus des procès du régime de Vichy et des anciens combattants est membre de droit de son conseil entre 1940 et 1942, la prison de Montluc est transformée à partir d'administration. Il assure un suivi, à ce titre, des projets initiés par du 11 novembre 1942 en un centre régional d’internement pour les la fondation. autorités d’Occupation. Jusqu’en août 1944, Montluc fut un lieu de Les statuts et la reconnaissance d'utilité publique ont été officialisés répression, de torture et d’exécution pour plusieurs milliers de par un décret en date du 26 décembre 2000. résistants, d’otages et de persécutés raciaux. Si le nom de Jean Moulin La dotation en capital de la fondation provient en partie des spoliations est demeuré le plus célèbre parmi ceux qui y furent incarcérés, commises pendant l'Occupation à l'encontre des personnes considérées d'autres personnalités y ont été emprisonnées tel l'historien Marc comme juives, et d'une contribution de l'État. Bloch. Le lieu resta également une prison pour des condamnés de D'autres institutions, comme la fondation du camp des Milles, droit commun. l'association Projet Aladin, le Centre d'étude et de recherche sur Transféré en 1947 au ministère de la justice, le fort de Montluc a les camps d'internement dans le Loiret (CERCIL) et l'Union des étudiants ensuite servi de centre pénitentiaire. Le 5 février 1983, Klaus Barbie juifs de France ont bénéficié de financements de la part de la DMPA. y fut incarcéré à son arrivée en France, avant d'être transféré à la prison Saint-Joseph pour raison de sécurité. Jugée trop vétuste au La recherche historique début des années 2000, la prison a fermé ses portes, les derniers Le ministère de la défense et des anciens combattants détient des prisonniers l’ayant quittée début 2009. archives pouvant être utiles à une meilleure connaissance de la Shoah Depuis le 14 septembre 2010, la gestion du site, inscrit à l’inventaire et les met à la disposition des chercheurs, après inventaire et en supplémentaire des monuments historiques, relève du ministère de fonction de la législation. la défense et des anciens combattants, direction de la mémoire, du Ainsi le bureau des archives des victimes des conflits contemporains, patrimoine et des archives (DMPA), et de son opérateur, l'Office localisé à Caen et qui relève du service historique de la défense, national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG). conserve, en son sein, bon nombre de fonds d'archives individuelles Le projet culturel de la prison de Montluc, transformée en mémorial, ou collectives. vise à promouvoir les mémoires de la Seconde Guerre mondiale, Ces fonds concernent les arrestations, les internements, la déportation, notamment en direction des jeunes. les camps de concentration, le rapatriement des survivants ou les demandes d’attribution du statut de déporté politique.

_88 L'OFFICE NATIONAL DES ANCIENS COMBATTANTS ET VICTIMES DE GUERRE (ONACVG)

L’histoire de l’Office national des anciens combattants et victimes de guerre (ONAC-VG) résulte de la fusion de plusieurs organismes, créés au début du XXe siècle, pour faire face aux conséquences de la Première Guerre mondiale. Le très grand nombre des personnes affectées par ce conflit d’une ampleur sans précédent pose la question de leur prise en charge. C’est ainsi que l’ONAC-VG, établissement public d’État né au cœur de la Grande Guerre, continue à apporter un soutien moral et matériel de l’État à plus de 3,5 millions de ressortissants.

Sous l’autorité du secrétaire d’État auprès du ministre de la défense et des anciens combattants, l’ONAC-VG est l’opérateur majeur de la politique de mémoire combattante définie par la direction de la mémoire, du patrimoine et des archives du ministère de la défense et des anciens combattants. Il est chargé de décliner localement, grâce ses services départementaux et ses missions interdépartementales «mémoire et communication», les thématiques liées au calendrier commémoratif. La rencontre avec les témoins de l’histoire, qui disparaissent progres- sivement, reste au cœur des initiatives mémorielles des services départementaux de l’ONAC-VG. C’est pourquoi l’Office conçoit des opérations pédagogiques et culturelles : expositions pédagogiques, théâtre, sport, promotion des porte-drapeaux, voyages sur les hauts lieux de mémoire, édition de dépliants, cinéma, concours scolaires…

Enfin, depuis le 1er janvier 2010, le rôle de l’ONAC-VG a été étendu à l’entretien, la rénovation et la mise en valeur mémorielle ou muséo- logique des nécropoles et hauts lieux de mémoire. En 2012, l’ONAC-VG s’investira totalement dans les commémorations de l’année 1942, l’année de la Déportation.

 www.onac-vg.fr  www.bleuetdefrance.fr

_89 LE MÉMORIAL DE LA SHOAH Les activités pédagogiques et les actions de formation MUSÉE, CENTRE DE DOCUMENTATION Pourquoi et comment enseigner l’histoire de la Shoah au XXIe siècle ? Ces questions sont au cœur de la mission du Mémorial. Le Mémorial Un lieu de référence en Europe de la Shoah poursuit et accentue les actions de sensibilisation Situé au cœur du quartier historique du Marais, le Mémorial de la menées depuis plusieurs années en direction des jeunes publics, en Shoah est aujourd’hui l’institution de référence en Europe sur accueillant des classes dans ses locaux, en développant des l’histoire de la Shoah. Installé au tournant du «siècle des génocides», ateliers pédagogiques ou en organisant des voyages d’étude sur ouvert sur le siècle nouveau, le Mémorial est un pont jeté entre les les lieux de mémoire comme Auschwitz. femmes et les hommes contemporains de la Shoah et ceux qui n’ont pas vécu, ni directement ni par la médiation de leurs parents, cette Se souvenir période historique. Musée, centre de documentation et lieu de Le Mémorial de la Shoah est aussi un lieu de mémoire. À l’extérieur, mémoire, il propose un parcours, une documentation exceptionnelle le Mur des Noms porte les noms des 76 000 hommes, femmes et et de nombreuses activités pour mieux comprendre cette période enfants juifs déportés de France entre 1942 et 1944. Au cœur du tragique de l’histoire, la transmettre aux nouvelles générations et Mémorial, la crypte est le tombeau symbolique des six millions de lutter contre le retour de toute forme d’intolérance. Juifs morts sans sépulture. En son centre reposent les cendres de victimes, recueillies dans les camps d’extermination. Le Mur des Un musée pour expliquer Justes, érigé dans l’Allée des Justes qui jouxte le Mémorial, porte les L’exposition permanente décrit le sort des Juifs pendant la Seconde noms des hommes et femmes qui, au péril de leur vie, ont œuvré en Guerre mondiale et les mécanismes qui ont abouti à l’extermination France pour sauver des Juifs persécutés. de près de six millions d’entre eux. Photographies, documents originaux, affiches, correspondances privées, objets, films… mettent en regard Un centre de documentation l’histoire collective et des destinées individuelles. L’exposition Constitué de trois départements, les archives, la photothèque et la permanente se termine par le Mémorial des enfants où quelque 2 700 bibliothèque, le Centre de documentation juive contemporaine (CDJC) photographies rappellent le sort des enfants juifs déportés de France. du Mémorial de la Shoah est aujourd’hui le plus grand centre de Pour les enfants de 8 à 12 ans, un parcours adapté est proposé à l’aide documentation en Europe consacré à l’histoire de la Shoah et au sort d’une signalétique spécifique et d’un livret d’accompagnement en des Juifs pendant la Seconde Guerre mondiale. Créé dans la vente à la librairie. clandestinité en 1943, le CDJC possède les documents de source allemande tels que les archives du service antijuif de la Gestapo, de Les expositions temporaires l’ambassade d’Allemagne à Paris ou de l’état-major allemand en Complémentaires de l’exposition permanente, les expositions France, mais aussi les documents de source française comme les temporaires proposées tout au long de l’année abordent l’histoire de archives du commissariat général aux Questions juives ou celles la Shoah selon des sujets connexes tels l’approfondissement d’un de l’institut d’étude des Questions juives. moment clé de cette période comme la Nuit de Cristal, l’œuvre d’un auteur dont le destin a été chamboulé par la mise en place de la  [email protected] Solution finale ou encore la perception de la Shoah à travers  www.memorialdelashoah.org l’observation du sport comme outil de propagande. ••• 

_90 LE CENTRE D'ÉTUDE ET DE RECHERCHE LE MÉMORIAL DE CAEN SUR LES CAMPS D'INTERNEMENT DANS LE LOIRET (BEAUNE-LA-ROLANDE, PITHIVIERS ET JARGEAU) Inauguré le 6 juin 1988, le Mémorial de Caen a été édifié au-dessus ET LA DÉPORTATION JUIVE d'une galerie souterraine qui abritait en 1944 le poste de commandement MUSÉE-MÉMORIAL DES ENFANTS DU VÉL D’HIV de la 716e division d'infanterie allemande qui gardait le secteur côtier s'étendant d'Omaha à l'embouchure de l'Orne. Depuis 1991, le Cercil travaille sur l’histoire et la mémoire des camps L’objectif dominant de ce Mémorial, érigé à Caen, ville largement d’internement de Beaune-la-Rolande, Pithiviers et Jargeau, tous trois détruite durant la Seconde Guerre mondiale, est celui de l’hommage situés dans le Loiret, et la déportation juive. mais aussi de la réconciliation. Entre le 14 mai 1941 et juillet 1943, plus de 16 000 Juifs, dont près de Le parcours muséographique se divise en deux parties : «le monde 4 500 enfants, ont été internés dans les camps de Pithiviers et Beaune- avant 1945» et «le monde après 1945». Ces deux espaces permettent la-Rolande, avant d’être déportés et assassinés à Auschwitz-Birkenau. de couvrir les années 1918 à 1989, du Traité de Versailles à la chute En 1942, huit convois partirent directement des gares de Beaune- du mur de Berlin. la-Rolande et de Pithiviers pour Auschwitz. En 2009 et 2010, le Mémorial de Caen a rénové ses parcours et ouvert Entre avril 1941 et décembre 1945, 1 190 Tsiganes, dont 700 enfants, 4 nouveaux espaces de visite : «Guerre mondiale, Guerre totale» et ont été internés dans le camp de Jargeau. «Le Débarquement et la Bataille de Normandie» dans la partie consacrée Depuis 2011, le Cercil est installé dans de nouveaux locaux où on peut à la Seconde Guerre mondiale, «Berlin au cœur de la Guerre froide» découvrir une exposition permanente présentant l’histoire de ces dans la partie consacrée à la Guerre froide, et «Taches d'opinions» (sur camps autour d’archives, d’analyses et de témoignages. Un mémorial l'actualité du monde au travers le dessin de presse) qui remplace consacré aux enfants du Vél d’hiv permet d’évoquer la vie des 4 500 l'exposition précédemment dédiée aux cultures de paix. enfants juifs internés dans le Loiret et assassinés à Auschwitz-Birkenau. Il comprend également un centre de ressources et d’archives. Un pôle  www.memorial-caen.fr pédagogique, composé de deux professeurs mis à disposition par l’Education nationale et de médiateurs, est un interlocuteur privilégié pour les enseignants. Sont organisés des visites sur le site de Pithiviers, des ateliers pédagogiques, des visites interactives de l’exposition permanente, des rencontres avec des témoins. Sont accompagnés les projets initiés par les établissements, les recherches des étudiants et les TPE des lycéens. Ouvert aux chercheurs et au public, le Cercil est ainsi à la fois un lieu de recherche, de mémoire et d’éducation.

 www.cercil.fr

_91 LE MÉMORIAL DE L'INTERNEMENT LA COUPOLE ET DE LA DÉPORTATION MUSÉE BUNKER DE LA SECONDE GUERRE MONDIALE CAMP DE ROYALLIEU Le Centre d’Histoire et de Mémoire du Nord–Pas-de-Calais est Construite en 1913, la caserne militaire de Royallieu, qui s’étendait sur implanté dans un ancien bunker construit par les Allemands pendant 20 hectares, fût transformée en camp d'internement pour prisonniers la Seconde Guerre mondiale, à Helfaut, près de Saint-Omer. Ce politiques de 1941 à 1944. Une partie de l'ancien camp a été conservée blockhaus, édifié par l’organisation Todt, était destiné au stockage, à pour devenir le Mémorial de l'internement et de la déportation, la préparation et au lancement de la fusée V2. inauguré le 23 février 2008. À l’intérieur des baraquements, le parcours C’est en 1987 que le Département du Pas-de-Calais décide de trans- historique permet, grâce aux nouvelles technologies audiovisuelles, former ce gigantesque bunker en centre d’histoire. Après dix années de raconter l'histoire des internés à travers des témoignages sonores, de recherches menées par Yves le Maner, La Coupole est inaugurée le des documents écrits (lettres manuscrites, documents administratifs, 9 mai 1997. Depuis cette date, 1,7 million de personnes l’ont déjà photographies) et des projections. Environ 50 000 personnes visitée. En 2010, le centre d’histoire a totalement renouvelé sa scéno- (prisonniers politiques, Résistants, Juifs, étrangers) ont transité par ce graphie. Celle-ci est structurée autour de deux circuits : camp pour être déportées vers Buchenwald, Auschwitz, Neuengamme,  Le premier parcours porte sur les armes secrètes d’Hitler. Wernher Mauthausen, Dachau, Sachsenhausen ou encore Ravensbrück. Près von Braun en est le fil conducteur. Des laboratoires secrets du centre de la moitié ne sont pas revenues. de recherches de Peenemünde au rêve accompli d’aller marcher sur L'ensemble du site est porteur de mémoire, y compris le Jardin, mis la Lune, le visiteur découvre ce chapitre du XXe siècle où sont abor- en valeur par l'architecte Jean-Jacques Raynaud, avec des stèles de dées les notions de guerre totale, de bombardement stratégique, de verres et des chaises parlantes qui évoquent chaque chapitre de guerre froide… Une analyse comparée de photographies permet l'internement à Royallieu, racontés par les internés eux-mêmes, de de comprendre les terribles conditions de vie et de travail des l'arrivée jusqu'au départ en déportation. Ainsi, le Mémorial permet déportés de Dora chargés d’assembler les fusées V2. de comprendre aujourd’hui comment les Allemands sont passés  Le deuxième parcours est intitulé «Le Nord–Pas-de-Calais dans la d’une politique de répression, marquée par les fusillades d’otages, à main allemande». une politique de déportation, y compris raciale. Plusieurs grands thèmes sont développés : la violence de l’invasion, la pression massive de l’occupant entre 1940 et 1944 sur la population  www.memorial-compiegne.fr civile, les formes particulières de la résistance dans la région, la persécution des Juifs, la collaboration et les différents visages de la Libération, etc. Ce circuit s’achève par un espace consacré à la déportation et au génocide. Un «Mémorial des déportés et des fusillés» rend hommage aux milliers de victimes du régime nazi de la région Nord–Pas-de-Calais. Lorsque le visiteur retrouve la lumière du jour, il aura, on l’espère, mieux compris les drames et les violences du XXe siècle et appréciera la chance qu’il a de vivre dans une Europe en paix.

 [email protected]

_92 LE MUSÉE DE L’ARMÉE LE CENTRE D'HISTOIRE DE LA RÉSISTANCE ET DE LA DÉPORTATION Le musée de l’Armée, situé en l’Hôtel national des Invalides, au cœur de Paris, présente au public un ensemble exceptionnel d’objets et Aménagé dans l’ancienne École de santé militaire, à l’intérieur même d’œuvres relatifs à l’histoire militaire de la France, depuis le Moyen-Âge des bâtiments où le chef de la Gestapo de Lyon, Klaus Barbie, a sévi, jusqu’au XXe siècle : armures, uniformes, armes à feu, armes blanches, le Centre d’Histoire de la Résistance et de la Déportation de Lyon pièces d’artillerie, emblèmes, décorations, figurines historiques, s’attache à être plus qu’un musée du souvenir. tableaux, photographies, effets personnels de grands personnages C’est un lieu fort et symbolique au service de l’Histoire et de la historiques mais aussi d’acteurs anonymes des conflits armés auxquels Mémoire. Un lieu qui nous invite à revisiter l’une des plus sombres la France a participé… Leur diversité, leur nombre et la longue périodes de notre histoire ; c’est également un centre de réflexion période chronologique couverte par ces collections, font du musée ouvert, par ses nombreuses expositions temporaires, sur le monde de l’Armée un des principaux musées d’art et d’histoire militaire contemporain. au monde. Depuis son inauguration en 1992, le CHRD a accueilli près d’un million Au sein du parcours de visite, l’histoire de la Seconde Guerre mondiale de visiteurs et programmé plus de quatre-vingts expositions temporaires. s’étend sur plus de 2 000 m2. Dans ses espaces, le drame vécu par les Bien que plébiscité par le public, le parcours permanent nécessitait populations juives est évoqué, à travers des documents personnels d’être renouvelé pour rendre compte des avancées de la recherche mais aussi au sein d’une séquence dédiée à la déportation et aux historique et répondre aux attentes d’un public toujours plus curieux camps de concentration, dans une scénographie sobre et le respect et exigeant. de leur mémoire. Le musée a donc fermé ses portes pour un an et se consacre à la En 2011, le musée de l’Armée a accueilli plus de 1 450 000 visiteurs. rénovation d’une exposition enrichie d'objets et de contenus inédits, aménagée au sein d'une scénographie innovante.  www.invalides.org  [email protected]

_93 LE CENTRE EUROPÉEN DU RÉSISTANT DÉPORTÉ LA MAISON D'IZIEU

En mai 1941, au lieu-dit le Struthof, au cœur de l'Alsace annexée La Maison d'Izieu perpétue le souvenir des 105 enfants et des adultes de fait par le IIIe Reich, les nazis ouvrent le Konzentrationslager juifs qui y avaient trouvé refuge à partir de mai 1943. Sur ordre de Natzweiler. 52 000 personnes sont déportées dans ce camp ou dans Klaus Barbie, 44 enfants et 7 adultes furent arrêtés le 6 avril 1944, puis l'un de ses 70 camps annexes. 22 000 n'en reviendront jamais. déportés. L’éducatrice Léa Feldblum fut l’unique survivante. Le KL Natzweiler est destiné aux résistants de l'Europe tout entière Lieu d’histoire et de mémoire attaché au présent et tourné vers l’avenir, qui y sont livrés à un travail épuisant au profit de l'économie du la Maison d’Izieu consacre ses activités à l’information et à l’éducation IIIe Reich. Un certain nombre de déportés pour motifs raciaux (Juifs et de tous les publics sur le crime contre l’humanité et les circonstances Tziganes) sont également envoyés au Struthof pour être livrés qui l’engendrent. Elle mène un travail de recherche historique sur la à de terribles expérimentations pseudo-scientifiques. colonie d’Izieu et élargit la réflexion sur la transmission, la mémoire Aujourd'hui, le site historique, protégé au titre des monuments et sa construction. historiques, permet de découvrir ce que fut le fonctionnement de À travers l’évocation des enfants juifs d’Izieu et de leurs éducateurs, ce camp de concentration unique en France, avec ses baraques, c’est contre toute forme d’intolérance et de racisme qu’elle entend lutter. son four crématoire et sa chambre à gaz. La Maison d’Izieu est ouverte à tous types de publics, individuels, Inauguré en 2005, le Centre européen du résistant déporté complète familiaux, groupes adultes, jeunes et scolaires. la visite du lieu par une approche pédagogique affirmée. Bornes Deux bâtiments se visitent. Dans la Grange, dédiée à l’histoire, tactiles, films, objets et photos retracent la montée du fascisme et du l’itinéraire et la vie des enfants d'Izieu et de leur famille sont retracés. nazisme en Europe, la mise en place du système concentrationnaire Des extraits du procès Barbie relatifs à la rafle d'Izieu sont diffusés en nazi, et parallèlement rendent hommage aux résistances qui se exclusivité. Dans la Maison, dédiée à la mémoire, la vie quotidienne levèrent contre l’oppression. de la colonie est évoquée à travers les photos, lettres et dessins Lieu de rencontre et de réflexion, le Centre européen du résistant des enfants. déporté organise régulièrement des expositions temporaires et des conférences. Il s'est donné pour mission de diffuser les valeurs de  [email protected] liberté, de respect, de tolérance et de vigilance.  [email protected] Le Struthof, Haut lieu de la mémoire nationale et européenne, est  www.memorializieu.eu placé sous la responsabilité de l'Office national des anciens combattants et victimes de guerre, établissement public sous tutelle du ministère de la défense et des anciens combattants.

 www.struthof.fr

_94 LE CENTRE DE LA MÉMOIRE D’ORADOUR LE MUSÉE DE LA RÉSISTANCE NATIONALE

Le centre de la mémoire a ouvert ses portes le 12 mai 1999. Il a Le Musée de la Résistance nationale à Champigny-sur-Marne gère, été inauguré le 16 juillet 1999 en présence du président de la conserve, enrichit et valorise une collection exceptionnelle de plus de République. Le centre de la mémoire est situé entre les ruines et le 500 000 pièces sur la Résistance intérieure française. Cette collection nouveau village d’Oradour. Ce bâtiment semi enterré se fond dans dévolue aux Archives nationales est sous tutelle de la Direction des les courbes du terrain, ses façades de verre reflètent les arbres et les Musées de France et de la Direction des Archives de France ; sous bords de la Glane, rappelant la vie paisible précédant le massacre. convention avec le ministère de l’éducation nationale. Une déchirure centrale du bâtiment par des lames d’acier rouillées L’association «Musée de la Résistance nationale» valorise sa collection symbolise à la fois la destruction (par la forme), la mémoire et la auprès de tous les publics ; un outil au service de la collectivité. résistance au temps (par la matière). Dans les années 1960, d’anciens résistants lancent l’idée d’un Musée Le temps faisant son œuvre, les ruines seules peuvent-elles continuer de la Résistance. Ils se constituent en association et, pendant 20 ans, à perpétuer à l’avenir un message de mémoire et de paix sans collectent auprès de leurs camarades de lutte et de leurs familles, présence des témoins ? documents et objets. En 1985, grâce au soutien d’un comité de Le centre fournit une explication historique aux ruines du village martyr parrainage regroupant des centaines de collectivités territoriales, de d’Oradour qui sont les vestiges de l’événement tragique survenu le très nombreux anciens résistants et déportés, des syndicats, des 10 juin 1944, lorsqu’une unité de la division SS Das Reich massacre associations et de simples citoyens, un premier site du musée de la 642 personnes, hommes, femmes, et enfants dans ce petit bourg de Résistance nationale ouvre ses portes à Champigny-sur-Marne. Haute-Vienne situé à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Limoges. Depuis, dans le souci de faire vivre l’histoire et les enseignements de À l’intérieur du centre, une exposition permanente intitulée «Com- la Résistance au plan national, l’Association des Amis du Musée de la prendre Oradour» présente un parcours retraçant les événements Résistance nationale donne naissance à de nombreuses associations qui conduisirent à cet acte de barbarie. De l’expansion du nazisme en d’amis du Musée et de nouveaux sites muséographiques en Île-de- Europe au procès de Bordeaux, 5 espaces d’information permettent France et en province. Chaque site, chaque association développe des de mieux comprendre la réalité historique et l’exemplarité d’Oradour. activités et est devenu un acteur majeur de la politique de mémoire Plus de 300 documents (archives, photographies, films, témoignages) de sa région. apportent des explications sur les événements qui firent d’Oradour un symbole national et préparent à la visite du village martyr.  www.musee-resistance.com En plus de l’exposition permanente, le centre de la mémoire organise des expositions temporaires, des conférences, des journées d’études et d’autres activités qui visent à éveiller la conscience citoyenne et à transmettre un message de paix.

 www.oradour.org

_95 LE CAMP DES MILLES LA VILLE DE VÉNISSIEUX MÉMOIRE ET ÉDUCATION Vénissieux, 60 000 habitants, 3e ville du Rhône, 7e de Rhône Alpes, a Le Camp des Milles, entre Aix-en-Provence et Marseille, est aujourd’hui une forte tradition populaire, industrielle et résistante. le seul grand camp français, et l'un des rares en Europe, encore intact et Dans les heures sombres de notre histoire, Vénissieux s’est illustrée intégralement accessible au public à partir du deuxième semestre 2012. dans la lutte contre l’occupant nazi. Ainsi, le 2 septembre 1944, elle fut Il témoigne de l'engrenage tragique des internements d’«étrangers» une des rares communes à se libérer d’elle-même, par un mouvement et d’«indésirables» puis des déportations de juifs de la zone Sud entre d’insurrection populaire. Après les grandes rafles organisées par l’État 1939 et 1942 vers Auschwitz via Drancy. français de Vichy, le 26 août 1942, nombre de juifs furent internés dans Une de ses fortes caractéristiques fut le nombre d’intellectuels et un camp régional implanté rue de la République à Vénissieux. Des d’artistes parmi ses 10 000 internés venant de 27 pays. Ils ont laissé associations de secours vont arriver à extraire et sauver 84 enfants de nombreuses traces encore visibles aujourd’hui, y compris de et 16 adultes d’une mort certaine. Cependant, 545 furent ensuite grandes peintures murales. Le camp fut donc un lieu d’angoisses, de déportés dans le camp d’Auschwitz. Dans de nombreuses entreprises, souffrances mais aussi de résistance par la création et de sauvetages, des ouvriers et des syndicalistes clandestins ont porté les combats dont il faut se souvenir. contre l’occupant. Ces valeurs de résistance, de solidarité transmises La «Fondation du Camp des Milles - Mémoire et Education» a été en héritage par nos aînés sont constitutives d’être vénissian créée en 2009 comme établissement reconnu d’utilité publique par aujourd’hui. Dire non à l’ordre établi, au règne du tout puissant, décret du Premier Ministre. Elle a pour but d’aménager les espaces et et être en résistance est encore nécessaire de nos jours. bâtiments du camp pour en faire un haut lieu de mémoire et d’histoire, Vénissieux est très attachée au devoir de mémoire collective, à sa d’éducation et de culture. transmission aux générations suivantes, pour former les citoyens de Elle prend ainsi la suite d’un long combat contre l’oubli et l’ignorance demain et lutter contre toute tentative de réécriture de l’histoire, à initié il y a trente ans par d’anciens résistants et déportés. l’instar de la famille de Louis Renault dans une actualité toute récente. Elle est dirigée par un large Conseil d’Administration qui représente Les commémorations sont autant de devoirs de mémoire pour notre la diversité de ses partenaires publics, privés et associatifs : État et ville. Avec le don du musée de la résistance de Vénissieux, la ville a collectivités locales, grandes associations concernées, et entreprises le projet de mettre en valeur ce fonds muséal dans une Maison de la mécènes. Parmi eux, le Mémorial de la Shoah est en charge des mémoire, lieu de compréhension et de transmission de notre histoire contenus historiques du Site-Mémorial en cours d’achèvement. La commune. Fondation est présidée par Alain Chouraqui, Directeur de recherche au CNRS. Serge Klarsfeld en est le Vice-Président.  www.ville-venissieux.fr Le camp des Milles est reconnu comme Monument historique par le ministère de la culture, comme Haut lieu de mémoire par le ministère de la défense et des anciens combattants et comme partenaire institutionnel du ministère de l’éducation nationale. Son Site-mémorial sera ouvert en juin 2012.

 www.campdesmilles.org

_96 LA VILLE DE PITHIVIERS LA VILLE DE BEAUNE-LA-ROLANDE

Le génocide des juifs pendant la Seconde Guerre mondiale appartient La ville de Beaune-la-Rolande s’associe pleinement à la saison à l’histoire. Pour nous, Pithivériens, il est toujours dans notre esprit mémorielle «1942, Des rafles et des déportations» organisée par le même s’il ne reste du camp d’internement que le bâtiment de Mémorial de la Shoah et elle poursuit sans relâche un travail de l’infirmerie ou, pour certains, enfants dans les années 1940, des mémoire sur le camp d’internement et la déportation des juifs durant images d’individus enfermés. la seconde guerre mondiale en liaison avec le CERCIL, dont elle est Nous devons nous souvenir de la persécution de milliers d’hommes, membre fondatrice. de femmes et d’enfants, réalisée en rupture totale avec les valeurs et Le gouvernement de Vichy et sa complicité avec l’occupant n’ont droit les principes consacrés par la Déclaration des droits de l’homme et à aucune indulgence, pas même celle de la défaite car on ne sauve par la tradition républicaine : justice, tolérance, générosité, liberté pas son pays en déshonorant ses principes. En collaborant avec le et respect entre tous les hommes et entre tous les peuples. Autant nazisme, ce gouvernement s’est associé au crime contre l’humanité de valeurs et de principes fondamentaux pour la démocratie et dans toute son horreur. En oubliant les pages sombres de cette notre civilisation. histoire nous pourrions être condamnés à les revivre. Et, en corollaire, il me semble essentiel de transmettre l’horreur Une civilisation sans mémoire est une civilisation sans avenir et il est de l’extermination des juifs dans un souci de vérité historique, tout particulièrement important que les jeunes générations s’en d’enseignement et d’information de nos jeunes et de responsabilité imprègnent. La liberté et la paix ne sont pas des droits naturels et reconnue de l’État français. l’oubli ne peut pas faire partie de l’histoire. C’est pourquoi la Ville de Pithiviers participe bien volontiers à la Grâce au Mémorial de la Shoah, cette initiative de mémoire, détermine saison mémorielle «1942, Des rafles et des déportations» organisée notre reconnaissance envers celles et ceux qui ont soufferts, avec une par le Mémorial de la Shoah, comme elle prend part régulièrement mention particulière pour tous ces enfants, victimes innocentes de la aux manifestations du CERCIL, dont elle est membre, ou aux barbarie nazie. commémorations officielles de la déportation.  www.beaune-la-rolande.mairie.com  www.ville-pithiviers.fr

_97 TABLE DES MATIÈRES

AVANT-PROPOS _05 par Jean-Paul BODIN, secrétaire général pour l’administration au ministère de la défense et des anciens combattants

PRÉFACE _07 par Éric de ROTHSCHILD, président du mémorial de la Shoah

.1942. LA MISE EN PLACE DU GÉNOCIDE DES JUIFS D’EUROPE _09

.LA SHOAH. L’EXTERMINATION DES JUIFS EN EUROPE _11

.LA SHOAH. LA PERSÉCUTION ET LA DÉPORTATION DES JUIFS EN FRANCE _25

.1942. CHRONOLOGIE DE L’ANNÉE SELON 3 AXES : EUROPE / FRANCE / GUERRE _41

COMMÉMORATIONS ET MANIFESTATIONS CULTURELLES _69

PROGRAMME DE LA SAISON MÉMORIELLE _73

LES PRINCIPAUX PARTENAIRES DE L’ANNÉE MÉMORIELLE _83