Los Rocaires N° 14 - Janvier-Avril 2014 Page de couverture Dessins et travaux manuels d’élèves pour les soldats au front, école de filles de Lodève, Renée Cambon, 9 ans ½, et Eugénie Collot, 12 ans, janvier 1915 (Archives départementales de l’Hérault, 1 T 3778) Ci-contre Sommet du Grand Glauzy (), Monts de Cabrières (cliché Christian Giusti)

Éditorial

a commémoration de la Grande Guerre susciteL d’abondantes publications en comme à l’étranger et la vague éditoriale qui déferle dans les librairies va durer au moins jusqu’en 2018. Au-delà des débats actuels ou des réinterprétations qui s’annoncent sur les

pouvons penser que la connaissance sur cet objetcirconstances complexe et sera la portéeégalement du conflit,éclairée nous par les initiatives locales. La Mission du cente- naire de la Première Guerre mondiale créée par le Gouvernement en 2012 encourage bon nombre de projets allant dans ce sens. Les historiens aujourd’hui se mettent à

largement des catégories populaires. Les ar- chivesl’écoute militaires des marges, et des des organismes bas-fonds en et temps plus de guerre ou encore les papiers de famille offrent aux passionnés de la quête historique la possibilité de mettre à jour l’histoire de ces anonymes qui ont fait la Grande Guerre. Le dépouillement de ces sources constitue

permettre aux noms inscrits sur les monu- mentsune première aux morts étape de prendre incontournable corps. Celui afin qui de a le goût des archives pourra alors entamer

une quête lente, sinueuse, pour trouver des l’histoire.indices et Cefaire changement sortir du néant de regard les passions, se fera parles émotions, petites touches. les sentiments Il a été deentamé ces muets depuis de peu par quelques chercheurs qui décor-

en décryptant leurs carnets de route. Les tiquent l’imaginaire des poilus, par exemple- LOS ROCAIRES Bulletin de liaison du Centre de Ressources Développement durable de Vailhan classes de cycle 3, de collège et de lycée s’as N° 14 - Janvier-Avril 2014 éclairersocieront sous avec un profit nouveau au travail jour quatre de mémoire. années Place de la Mairie - 34320 Vailhan - 04 67 24 80 11 quiAu filont du bouleversétemps, ce regard sur une par longuele bas devrait durée [email protected] - www.crpe-vailhan.org l’échiquier mondial et la vie de millions de Responsable de la publication : Guilhem Beugnon. Equipe de rédaction : Micheline gens. Blavier, Véronique Delattre, Jean Fouët, Gérôme Hernandez, Pascale Théron, Patricia Tisserand-Campana. Conseil scientifique : Ghislain Bagan (archéologie), Jérôme Ivorra (SVT), Philippe Secondy Philippe Martin (écologie), Vivienne Miguet (archives), Sylvain Olivier (histoire). Conception Attaché territorial, chargé de projet maquette et PAO : Steen, Guilhem Beugnon. Crédit photo : Archives départementales de en développement culturel l’Hérault, Argileum, Ghislain Bagan, Eugenia Banks, Guilhem Beugnon, Micheline Blavier, Archives départementales de l’Hérault Sylvie Carsenac, Michel Feugère, Christian Giusti, Annie Meharg, F.-M. Nougaret Sommaire

 PAGE 4 HISTOIRE

La Protohistoire Entre la Boyne et la Thongue se cachent les vestiges d’une occupation humaine mécon- entre Boyne et Thongue nue : celle de la Protohistoire.  PAGE 18 ARTS PLASTIQUES

Sécurité routière A , les conseils de sécurité routière s’affichent en couleurs vives sur des panneaux de l’art dans la rue réalisés par tous les enfants de l’école.  PAGE 23 MUSÉE

Argileum A Saint-Jean-de-Fos, potiers et potières per- pétuent un art séculaire qu’Argileum, centre l’atelier entre au musée muséal actif et original, nous invite à découvrir.  PAGE 25 PRATIQUE ARTISTIQUE

L’argile A la fois minéral et roche, l’argile est pour les élèves un matériau magique qui se prête à de quand la terre devient poésie multiples découvertes artistiques.  PAGE 27 JARDIN SECRET

La pomme de terre Que se cache-t-il derrière ces grappes de fruits ressemblant à s’y méprendre à des tomates ? en quête de fruits Enquête au pays de la pomme de terre.  PAGE 31 NATURE

L’Accenteur mouchet A ras du sol, caché dans les buissons et les fourrés, voici celui que Buffon surnommait le discret et solitaire « traîne-buisson ».  PAGE 36 ARCHIVES

Le solat de 14-18 Les Archives départementales de l’Hérault conservent dans leurs fonds de précieux té- aux sources de l’histoire moignages de la Grande Guerre. Mais aussi... sur un air de flûte de pan / 30 L’histoire de la pomme de terre clin d’oeil botanique / 23 La Cardère sauvage la Grande Guerre / 34 Un autre regard HISTOIRE

Le territoire compris entre les cours supérieurs de la Boyne et de la Thongue recèle les ves- tiges d’une occupation humaine méconnue, celle de peuples sans écriture contemporains des pre- mières civilisations historiques. Du Plan du Célessou au Roc du Cayla, Ghislain Bagan nous entraîne dans un voyage au coeur de la Protohistoire.

Voyage dans la Protohistoire à travers les vallées de la Boyne et de la Thongue

Le Roc de Murviel entre les ruisseaux de la Coste et de Rieu Paders (cliché Ghislain Bagan) Il convient d’emblée de s’interro- raines des premières civilisations historiques qui se développent en romaine. finNous de proposonsl’âge du Bronze ici de à mieuxla conquête com- gerpar là sur ? La la protohistoire signification duconcerne terme - prendre l’occupation humaine pro- « Protohistoire ». Qu’entend-onl’étude de populations qui ne pos- Grèce,signe de en manière Egypte générale ou en Etrurie.le pre- tohistorique d’un espace situé sur sèdent pas leur propre système Dans le Midi de la France, elle dé la rive droite de l’Hérault et drainé d’écriture mais qui sont contempo- termes une période qui s’étale de la mier millénaire av. J.-C., en d’autres los rocaires n° 14 [4] du nord au sud par la Boyne, la coexistence de petites communau- limite de la plaine et des contre- du cours moyen de l’Hérault. Le re- tés obéissant à un mode de peuple- forts de la Montagne noire. Ces Peyne et la Thongue, trois affluents deux habitats ont livré de la céra- sédentarisés depuis la « révolu- liefles puechss’y étage miocènes sur plusieurs entre paliers,100 et ment assez dispersé. Les groupes, e s. av. J. C.). Tous depuis150 m etles les coteaux premiers de 50 contreforts à 100 m, implantation au sein de petits bas- deuxmique semblent datant deégalement l’extrême avoir fin été de du Massif Central entre 150 et 300 tionsins néolithiquede vie qui cristallisent», privilégient l’acti une- l’âge du Bronze (IX m d’altitude. vité quotidienne de la population. qui permettait de barrer l’accès au Pourquoi un tel choix géogra- L’occupation autour de l’ancien dotésplateau. d’un système de fortification étang de Saint-Preignan sur les L’implantation de ces établisse- en place d’un projet pédagogique - phique ? En premier lieu, la mise han est caractéristique de cette pé- semble relativement originale dans protohistorique du Roc de Mur- communes de Pouzolles et d’Abeil ments,la mesure sur où le elle plan est topographique, située en re- avecviel le(Montesquieu) CREDD autour nous de l’oppidum conduit de stockage des récoltes gravitent trait de la plaine et des espaces po- aujourd’hui à élargir sensiblement riodeautour : de habitat, l’étang nécropole et montrent et lieuxdéjà le cadre géographique de l’analyse un premier niveau d’organisation dissimulée derrière une première pour mieux percevoir les choses. sociale. tentiellementligne de collines. cultivables, Il est séduisant comme d’expliquer cela par une orienta- documentation issue de décou- traduisent quant à eux un phéno- D’autrevertes anciennes part, l’accumulation et de recherches de la Quelquesmène de concentrationgrands habitats dans groupés cer- l’élevage et la mise en place de par- plus récentes mérite incontesta- tains lieux comme Carsac à Carcas- tioncours spécifique au sein des de garriguesl’économie et vers des blement l’esquisse d’une première montagnes de l’arrière-pays. synthèse. Cros à Caunes-Minervois ou Mal- - sonne,vieu à LeSaint-Pons-de-Thomières. Traversan à Mailhac, Le blier également que nous sommes La fin de l’âge du Bronze C’est dans ce contexte que l’on Ensitués toile en de bordure fond, ildu ne district faut pas minier ou et le début du premier âge du Fer de Cabrières dont l’exploitation du (IXe – VIIe s. av. J. -C.) (Montesquieu) et de Pioch Arras peut évoquer les sites des Devezes- cette phase est marquée par la cuivre est avérée à la fin de l’âge du Dans l’ensemble du , (Neffiès) qui possèdent une situa Bronze et au début du premier âge tion topographique similaire, en du Fer. A titre d’hypothèse, on peut la Dourbie N

district minier de Cabrières

Cabrières

La Cisterne

Roc de Murviel VAILHAN

Roque de Castel Viel Le Célessou Paulhan Les Devèzes Pioch Arras Fontès Le Grand Glauzy Le Roc du Cayla Neffiès

la Boyne

la Thongue

Gabian

Roujan

Montfo (Magalas) la Peyne 400 300 200 100 l'Hérault 0 m site archéologique Pézenas 0 500 1000 m Saint-Siméon (Pézenas) commune actuelle

[5] los rocaires n° 14 envisager que l’habitat de Pioch aux Monts de Cabrières dont il pation : une première phase entre marque la limite orientale. Inséré e e s. av. J.-C. - et une deuxième phase couvrant le Arras puisse prétendre, de par sa IIlae finet ledu I erVI s.s. av. et J.-C. la fin du V position,qui présente exercer des un enjeux contrôle écono indi- aul’oppidum sein de domine la confluence la vallée entrede l’Hé la- rectmiques de essentiels cette zone pour métallurgique l’époque. Boyne et le ruisseau de Merdols, vient également de s’attarder sur on aperçoit dans le paysage sa sil- A proximité du Célessou, il con- Le VIe s. av. J.-C. : insertion dans rault.houette Depuis tronconique la vallée qui de se l’Hérault, détache e les échanges méditerranéens et - la découverte isolée à la fin du création des oppidums ret et le Pic du Vissou à Cabrières. XIX s. d’un dépôt d’objets en métal La seconde moitié du VIe s. av. sur l’horizon entree la Serre de Pé auFontdouce lieu-dit relate Bautarès les circonstances à Péret. Dans J.-C. marque en Languedoc occi- entrée remarquée dans l’historio- unde la article découverte de 1899, : « c’est P. Cazalis en défon de- dental et plus généralement dans Agraphie la fin dusuite XIX à las., découvertele site a fait d’un une çant un terrain pour planter une l’ensemble du Midi de la France trésor de 4000 oboles de Marseille vigne (…) que la pioche de M. Justi- l’avènement des habitats groupés du IIe s. av. L’oppidum occupe une nien Chabaud rencontra un grand vase en poterie grossière et fit jaillir le principal accès au secteur mi- quelques objets en bronze deCe hauteur,phénomène ceux de que regroupement l’on nomme positionnier de Cabrièresstratégique depuis en contrôlant la basse - traditionnellementet de perchement intervient « oppidums ». au ». Ce vase moment où les contacts com- également d’un large et riche ter- contenait, entre autres, des frag valléeroir propice de l’Hérault, à l’activité et en disposant agricole. ments de bracelets, de torques, des peuples méditerranéens représen- Les prospections menées dans les armes,daté du des VI elingots, des haches… - merciauxtés essentiellement s’intensifient par les avec Grecs les et années 1980 ont permis de récol- Cetique type du dephénomène dépôt (dit de launacien), thésauri- ter des fragments d’amphore mas- sation qui touche s. av., la région. est caractéris L’inter- lesl’oppidum Etrusques. de Saint-Siméon et sa italique ainsi que de la céramique sur le littoral le réceptacle privilé- Dansnécropole la basse traduisent vallée parfaitement de la Peyne, saliète, étrusque, gréco-italique et fluvegié des Orb-Hérault courants de semblecirculation former des de sondages installés sur le tracé métaux qui s’agitent entre l’Ariège l’oppidum du Célessou est révéla- nondu rempart tournée. Para montré ailleurs, que une celui- série et le Languedoc. Ce métal accu- ceteur processus. du phénomène De même, de perchement le cas de mulé permettait aux indigènes de l’habitat qui frappe la région à la du V s. av. J.-C. Même s’il convient d’échanger avec les peuples médi- e s. av. J.-C. Le Plan du Céles- cide avaitrestere été prudent édifié en après l’absence le début de terranéens. C’est pour cela que l’on sou est un piton basaltique culmi- nantfin du à VI 207 m d’altitude et adossé avoir connu deux périodes d’occu- Vue aérienne du Plan de Célessou fouille extensive, l’oppidum semble (www.geoportail.gouv.fr)

los rocaires n° 14 [6] retrouve au VIe s. certains objets - semblablesde Sicile et d’Italie. à ceux du dépôt de Pé ret dans des sanctuaires de Grèce, Le second âge du Fer : une ligne d’oppidums au pied de la Mon- tagne Noire e e s. parEntre l’occupation la fin du V s.de et plusieurs la fin du IIIémi- av.nences J.-C., situéesle peuplement dans les esthautes marqué val- lées de la Peyne et de la Thongue tion liée à l’appropriation et au de réduction du fer est une piste au sein des premiers reliefs de la marquage du territoire en servant intéressante pour mieux com- - prendre les choses et expliquer le ment dans cette perspective que dynamisme de l’établissement. De Montagne Noire : d’est en ouest, on del’on postes replacera de contrôle. les petits C’est sites égale per- - trouveRoc du le Cayla Grand (cf. Glauzy, pages la suivantes). Roque de chés protohistoriques du Roc de la tatives en basalte d’origine locale CastelCes sites Viel, ont le été Roc repérés de Murviel à la suiteet le Cisterne à Cabrières et aussi pro- même,montre la un découverte savoir-faire de précoce. meules ro de recherches toponymiques me- nées sur le canton de par Au-delà des considérations liées André Soutou et suivies par des bablement de l’Arnet à Nizas. - Beaucoup de questions restent- - dum du Roc de Murviel est sans finalementsance des leoppidums plus souvent indigènes en ànul la doute défense l’établissement du territoire, majeur l’oppi suspens, tant notre méconnais prospections de surface. On sou - lignera que « Murvielcastellum » signifie «- e s. et le est grande. En ce sens, et toutes vieux murs » et « Cayla/Caylus/ débutde la zonedu III aue cours de la période proportionsMontesquieu- gardées, il serait s’impose inté Castel» vient de « +» si comprise entre la fin du V ressantcomme un que terrain la zone d’étude de Vailhan-privilé- gnifiantDiscussion « lieu fortifié ». s. av. J.-C. Son étendue, gié de la Protohistoire sur lequel - sonmeunerie…) système défensif,plaident laen présence faveur pourraient s’aventurer des collé- tats de hauteur semblent former d’activitésd’une agglomération artisanales (sidérurgie,disposant giens dans un projet inédit asso- Surune ligne le plan depuis territorial, le Célessou ces à habi l’est ciant l’archéologie et la pédagogie. jusqu’au Roc du Cayla à l’ouest. c’est la découverte de monnaies Mais en l’absence de fouille sur la d’ungrecques certain qui est statut. la plus Plus révélatrice encore, Ghislain Bagan - d’un dynamisme économique et de Docteur en archéologie tons au traditionnel problème de pratiques commerciales peu atten- [email protected] plupartla contemporanéité des sites, nous des nous établisse heur- dues à la fois géographiquement et chronologiquement. Remerciements vu de la nature des vestiges décou- Mes remerciements les plus chaleureux vont à Daniel Bernado pour la mise à disposition de son ments. Ceci étant, il est possible, au plus avancés pour expliquer les matériel archéologique et à Michel Feugère pour Pourdécouvertes autant, monétairesnous ne sommes du Roc pas de l’étude de ces petits objets dans le cadre du disposi- verts, de procéder déjà à quelques tif Artefacts (CNRS/Université Lumière Lyon 2). associationscontemporaine ; ainsi,de celle l’occupation du Roc de échangés contre ces monnaies ? Pour continuer le voyage... du Grand Glauzy paraît en partie- Murviel. Quels ont été les produits- PY, Michel, Les Gaulois du Midi : de la fin de l’âge du ter ? Pourquoi ce pouvoir d’achat bronze à la conquête romaine, Éd. Errance-[Actes Murviel.un modèle En examinantd’implantation la topogra bipo- Quene s’est-il permettaient-elles pas répercuté dans d’ache une Sud], Paris/Arles 2012. phie, il est séduisant d’envisager acquisition de produits importés PY, Michel, Lattara : Lattes, Hérault, comptoir gaulois méditerranéen entre étrusques, grecs et romains, Ed. également la Roque de Castel) plus abondante que ne le laisse Errance, Paris 2009. laire, le Grand Glauzy (et peut-être supposer le mobilier céramique BRUN, Patrice, RUBY, Pascal, L’Age du Fer en France : barrant en quelque sorte l’accès à premières villes, premiers états celtiques, coll. Archéo- formantl’agglomération alors un principale habitat avancé,du Roc déroulées les transactions com- logies de la France, La Découverte, Paris 2008. de Murviel par la vallée de la Peyne découvertmerciales quisur ont le siteconduit ? Où à l’acquise sont- depuis la vallée de l’Hérault. sition de ces monnaies ; au Roc de Il est possible que les points hauts chose nous échappe… La pratique - Murvield’une probable ou sur activité la côte ?artisanale Quelque dits « remarquables » tels que le Grand Glauzy aient ainsi une fonc Protohistoire du Midi de la France Age du Bronze Age du Fer Antiquité VIIIe s. av. - 125

[7] los rocaires n° 14 Grand Glauzy (Vailhan)

Enclavé dans une boucle de la Peyne, le Grand Glauzy désigne un éperon dominant la vallée à une altitude de 229 m. Il se distingue dans le paysage par sa couleur rougeâtre qui caractérise l’importante barre rocheuse qui court en son sommet. A l’est, le site est protégé naturellement par des escarpements rocheux abrupts tandis que les versant nord et sud du massif connaissent un fort pendage. Au sud-est du sommet, la topographie forme une zone présentant un dénivelé moins mar- qué. L’abbé Giry signalait le Grand Glauzy comme un point de découverte archéologique, sans plus de précision. Depuis, plusieurs sorties sur le terrain ont permis de recueillir des fragments de meule en basalte ainsi que des fragments de céra- mique non tournée et d’amphore de Marseille. Sur le versant méridional, une structure en pierre partiellement recouverte par la terre et la végétation délimite l’emprise de l’habitat ; ce dernier semble se concentrer essentiellement dans la zone présentant la topographie la moins accidentée. Sans exclure d’autres périodes, l’occupation de ce site semble concerner le milieu Ve-IIIe s. av. J.-C.

1. Roque Redonde (à gauche), le Grand Glauzy (au centre) et la Roque de Bandies (à droite), de part et d’autre de la vallée de la Peyne (cliché Christian Giusti, mars 2008) 2. Meule rotative en basalte (cliché Guilhem beugnon, coll. Daniel Bernado) 3. Monnaie de Marseille Obole MA, IVe s. av. J.-C., 8-10 mm (cliché Guilhem Beugnon, coll. Daniel Bernado) 4. Fibules de la fin du premier âge du Fer, entre -550 et -400 (cliché Guilhem Beugnon, coll. Daniel Bernado) 5. Céramique non tournée locale avec décors en incision (cliché Guilhem Beugnon, coll. Ghislain Bagan) 6. Céramique tournée à pâte claire massaliète (cliché Guilhem Beugnon, coll. Ghislain Bagan)

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los rocaires n° 14 [8] Roque de Castel Viel (Vailhan)

Piton rocheux dominant la Peyne qui coule à son pied, la Roque de Castel Viel culmine à 234 m d’altitude. Protégé par des falaises abruptes dans sa partie septentrionale et orientale, le site s’étage sur le versant sud en suivant une forte pente où l’on retrouve des murs en pierre écroulés (vestiges de soutènement ou de rempart ?). Le site a livré des fragments de céramique non tournée, d’amphore de Marseille et d’amphore gréco-italique ; même s’il convient de rester prudent en l’absence de recherches plus approfondies, on peut proposer une période d’occupation couvrant de façon large la fin du premier âge du Fer et le second âge du Fer (milieu Ve-IIe s. av. J.-C.) avec des indices de réoccupation durant l’Antiquité tar- dive et le Haut Moyen Age.

1. Roque de Castel Viel (cliché Guilhem Beugnon) 2. Grand bronze BHTAPPATIC, frappé à Béziers Droit : buste à droite, bras levé à main tendue Revers : lion courant à droite ; légende grecque BHTAPPATIC Seconde moitié du IIe s. av. J.-C., 24 mm (cliché Guilhem beugnon, coll. Daniel Bernado) 3. Fragments attestant le travail de l’argent - peut-être d’origine proche - en petites barres martelées et sectionnées, dont le module peut convenir à la frappe de monnaies à la croix 2 (clichés Guilhem Beugnon, coll. Daniel Bernado) 4. Col et anse d’amphore gréco-italique, IIe s. av. J.-C. (cliché Guilhem Beugnon, coll. Daniel Bernado) 5. Fragment d’attache d’anse de bassin italique en bronze, Ve ou IVe s. av. J.-C., type Genova (BAS-3006) (cliché Guilhem Beugnon, coll. Daniel Bernado) 3 6. Remarquable série de fibules de la fin du premier âge du Fer (a-e) au début du deuxième âge du Fer (f, g), entre -550 (a) et -400 (clichés Guilhem Beugnon, coll. Daniel Bernado)

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[9] los rocaires n° 14 Roc de Murviel (Montesquieu)

Situé sur la commune de Montesquieu, le Roc de Murviel désigne un éperon calcaire culminant à 286 mètres d’altitude. Cette élévation imposante surplombe une petite cuvette aux terres cultivables enserrée entre deux ruisseaux affluents de la Lène : le ruisseau de Bosc Viel et le Rieu Paders. Sur ses flancs nord et ouest, le plateau sommital est naturellement pro- tégé par des falaises, contrairement au sud et à l’est où la pente se révèle plus douce. Les premières prospections archéologiques ont été menées par André Soutou et Luc Déjean dans les années 1970. L’exis- tence d’un oppidum occupé durant la protohistoire a pu être mise en évidence au sommet du pic. L’implantation humaine se concentre sur le versant méridional, nettement délimitée par les restes d’un rempart. De nombreux murets en pierre sèche en partie éboulés témoignent de la présence de constructions humaines. L’emprise de l’établissement est estimée à environ 4 hectares, l’habitat ayant certainement une disposition assez lâche. Les vestiges collectés en surface se composent en grande majorité de fragments de poteries, qu’il s’agisse de céramique de cuisine ou de stockage non tournée, d’amphores marseillaises et de céramique fine importée nettement plus rare. Par ailleurs, divers objets de la vie quotidienne ont également été récoltés lors des prospections. Parmi ceux-ci, on souligne- ra la découverte d’un outil en pierre que l’on interprétera comme un galet aménagé en polissoir. Les éléments de parure sont également représentés par deux fibules et une perle en os de forme olivaire peinte. L’activité de meunerie est marquée par la découverte de nombreuses meules en basalte à va-et-vient ainsi que d’autres à système rotatif. Le repérage très localisé d’un nombre important de scories de fer (fosse ?) montre quant à lui le développement d’une pro- bable activité artisanale de métallurgie au sein de l’agglomération. L’ensemble de ces découvertes archéologiques se rattache de façon large à la fin du eV s. av. J.-C et à l’ensemble du IVe s. av. J.C. Cette datation est confirmée par les découvertes de monnaies (oboles de Marseille en argent) effectuées par Daniel Bernado.

1. Du sommet du Grand Glauzy (227 m), au sud de Vailhan, vue sur la Roque de Bandies (198 m), au centre, et le Roc de Murviel (205 m), à droite. A l’arrière-plan, la plateau du Caroux a c (cliché Christian Giusti, mars 2008) 2. Monnaies de Marseille a. Obole à la tête casquée, inédite en Languedoc, -440/-410 b. Obole MASSALIW/M, inédite en Languedoc, -425/-400 c-f. Oboles MA, IVe s. av. J.-C., 8-10 mm (clichés Michel Feugère, coll. Daniel Bernado) 3. Fibule latérienne à pied terminé par un bouton mouluré, b d replié sur l’arc, IVe s. av. J.-C., l. 47,5 mm 2 (cliché Michel Feugère, coll. Ghislain Bagan) 4. Perle en os peinte, 20 mm (cliché Guilhem Beugnon, coll. Ghislain Bagan)

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los rocaires n° 14 [10] CÉRAMIQUE NON TOURNÉE (LOCALE) 1. Décors à impression et à incision 2. Téton de préhension 3. Fond de vase CÉRAMIQUE TOURNÉE (IMPORTÉE) 4. Fragment d’amphore de Marseille avec dégraissant de mica 5. Pâte claire massaliète 6. Céramique tournée lustrée 1 7. Galet aménagé en polissoir, Ø 65 mm 8. Coquille de consommation (clichés Guilhem Beugnon, coll. Ghislain Bagan)

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[11] los rocaires n° 14 Roc du Cayla (Roquessels)

Le Roc du Cayla se dresse au milieu d’une dépression située dans le bassin supérieur de la vallée de la Thongue. Il est consti- tué de deux massifs calcaires étagés et reliés par une plateforme de formation schisto-gréseuse. L’escarpement supérieur (202 m d’altitude) est délimité au nord par des falaises abruptes et au sud par les vestiges d’une structure en pierre écrou- lée (possibles restes de rempart). A une vingtaine de mètres en contrebas (191 m d’altitude), l’escarpement inférieur est défendu à l’est et au sud par des abrupts, prolongés sur le côté ouest par une possible fortification partiellement recouverte et matérialisée par un long talus visible dans la topographie. Découvert par André Soutou en 1976, le site a fait l’objet de prospections qui ont livré des fragments de céramique non tournée, d’amphore de Marseille, de sigillée gallo-romaine ainsi que des fragments de meules à va-et-vient. De 1978 à 1980, des sondages réalisés par Alberto Cornejo, du Groupe de Recherches archéologiques piscénois, ont permis de reconnaître les différentes séquences et niveaux d’occupation. Plus récemment, de nouvelles prospections ont livré des fragments de céramique et du mobilier en bronze rattachant l’occupation protohistorique de l’oppidum entre le milieu du Ve s. et le début du IIe. s. av J.-C. Au début du XXe s., la découverte d’une nécropole à incinération du premier âge du Fer au lieu-dit « Champ- des-Aiguilles », au pied de l’escarpement du Cayla, avait déjà attiré l’attention des archéologues. Les découvertes monnétaires faites par Daniel Bernado attestent une réoccupation du site à l’époque romaine.

1. Au coeur des vignes, le Roc du Cayla (cliché Sylvia Halpern) 2. Plan du Roc du Cayla, par Alberto Cornejo (Rapport de fouille : le Roc du Cayla, novembre 1980) 3. Fibule à timbale sur le pied, Ve s. av. J.-C (clichés Guilhem Beugnon, coll. Daniel Bernado)

los rocaires n° 14 [12] LE ROC DE MURVIEL : UNE DECOUVERTE PLURIDISCIPLINAIRE pour des élèves de cycle 3

1. SE SITUER

Accueil des élèves Accueil des élèves au pied du Roc de Murviel, sur la route -Montesquieu, après avoir laissé à main droite l’embranchement de Vailhan puis franchi les trois lacets. Les élèves se répartissent en six groupes. Se situer Se repérer sur trois cartes à des échelles différentes. Quelle est celle qui permettrait à des touristes de se rendre dans le sud de la France, à une classe de Pézenas de se rendre au Roc de Murviel, à un archéologue de randonner autour du roc ? Pourquoi ? (notion d’échelle). Sur la carte topographique et sur la photographie aérienne, repérer le Roc de Murviel et le lit du ruisseau à suivre pour accéder à son sommet.

2. ADAPTER SES DEPLACEMENTS

En longeant le lit du ruisseau par un étroit sentier, atteindre le sommet du Roc de Murviel en adaptant son déplacement à cet environnement caillouteux et épineux.

3. IDENTIFIER DES ROCHES

Expliquer le fonctionnement d’une clef simplifiée de détermination des roches puis identifier celle qui compose le Roc de Murviel.

4. LIRE LE PAYSAGE

Il s’agit d’observer les lieux de culture et d’habitation actuels et les lieux « abandonnés » afin de préparer une lecture historique du paysage. Observer silencieusement le paysage, faire provision de mots, les présenter aux autres groupes puis classer ces mots par familles (éléments naturels, constructions humaines). Compléter un croquis du paysage à l’aide de la carte topographique.

5. PROSPECTER

Chaque groupe part sur une mission différente et peut en changer lorsqu’elle a été accomplie avec succès : 4.1. A l’aide du plan topographique, retrouver sur le terrain les deux entrées méridionales du site et les photographier. 4.2. Retrouver un mur encore en élévation dans la partie occidentale du site, mesurer sa largeur et sa hauteur puis le photogra- phier. 4.3. A l’aide du plan topographique, retrouver sur le terrain l’abri en pierre sèche et le photographier. 4.4. Trouver deux morceaux de basalte de texture différente et placer les lieux de découverte sur le plan topographique (on mon- trera aux élèves deux échantillons de basalte, l’un d’origine locale, l’autre d’origine régionale). 4.5. Trouver deux morceaux de céramique de couleur différente et placer les lieux de découverte sur le plan topographique (on montrera aux élèves quelques fragments de céramique). 4.6. A l’aide du plan topographique, trouver une scorie puis photographier le lieu de votre découverte (on montrera un échan- tillon de scorie).

6. EXPLOITER ET PROLONGER SES DECOUVERTES

Se poser des questions au sujet du Roc de Murviel et de son occupation humaine, les soumettre aux autres groupes et aux inter- venants. La réponse à la plupart de ces questions pourra être donnée en prenant appui sur un corpus de mobilier archéologique ou géologique, de textes et de documents. Rempart : fiche proposant une reconstitution, extrait de texte traduit du grec→ importance du rempart dans les oppidums, lien inter-visibilité entre le Roc de Murviel, le Roc du Cayla et le Grand Glauzy, sites probablement contemporains. Abri de pierre : fiche présentant plusieurs constructions en pierre sèche, texte précisant la période d’utilisation→ réutilisation du site au fil du temps et jusqu’à nos jours en lien avec le pastoralisme. Basalte : fiche précisant l’origine du basalte, carte géologique indiquant les affleurements micro-régionaux, échantillons de roches volcaniques → activités de meunerie, lien avec l’agriculture.

[13] los rocaires n° 14 6. EXPLOITER ET PROLONGER SES DECOUVERTES

Céramique : fiche distinguant les différents types de céramique (tournée, non tournée, dégraissant), tessonnier de référence → datation du site (les groupes humains qui vivaient au Roc de Murviel ne connaissaient pas encore l’écriture contrairement aux civilisations classiques de la même époque : Grecs et Etrusques). Scories : fiche technique du fonctionnement d’un four→ activités artisanales. Monnaies : photos de monnaies trouvées sur le site → activité commerciale avec les peuples méditerranéens ().

7. SE SITUER DANS LE TEMPS

Chaque groupe reçoit un jeu de photographies à replacer dans l’ordre chronologique : Paléolithique : pointe moustérienne en silex (Les Côtes, Neffiès) / -100 000/-50 000 Néolithique : hache en pierre polie (Cante-Merle, Vailhan) / -2 500/-2 200 Protohistoire : rempart et obole massaliète (Roc de Murviel, Montesquieu)/ IVe siècle av. J.-C. Période romaine : sigillée gallo-romaine avec estampille (Perdut, Vailhan) / Ier siècle ap. J.-C. Moyen Age : château médiéval (Le Castellas, Vailhan) / XIIe siècle Renaissance : fenêtre Renaissance (rue de la Ville, Neffiès) / XVIe siècle Temps modernes : façade d’un prieuré (Cassan, Roujan) / XVIIIe siècle Epoque contemporaine : barrage (Les Olivettes, Vailhan) / 1986-1988

8. FABRIQUER

Fabrication de vases en céramique modelée. Fabrication de farine à l’aide d’une meule à va-et-vient protohistorique et d’une meule rotative moderne.

MATERIEL

Fiches Se situer (x6) Cartes topographiques et photographies aériennes (x6) Roche, quel est ton nom ? (x6) Plans topographiques (x6) Croquis de paysage (x6) Fiches missions (2x6) Frise chronologique à reconstituer 1 Matériel archéologique et géologique Echantillons de basalte régionaux Echantillons de céramique (tessonnier) Echantillon de scorie 2 Autre matériel

Appareil photo numérique (x6) 3 Acide chlorhydrique (un flacon pour l’animateur) Planchettes support (x6) Crayons, gommes (x6) Décamètre (x2)

Argile, couteau, eau, papier sopalin, cagette de transport 4 Meule à va-et-vient protohistorique Meule rotative moderne Blé 1. Fragment de meule en basalte local 2. Fragment de meule en basalte du secteur Agde--Saint-Thibéry 3. Scorie de forge 4. Meule à céréales moderne

los rocaires n° 14 [14] 2. je lis le paysage

Nomme ces six éléments du paysage :

1.

2.

3.

4.

5.

6. éléments naturels constructions humaines

N

275 m

250 m

lieu d'activité métallurgique 225 m falaises : défenses naturelles tracé du rempart encore visible principaux accès à 0 l'agglomération fortifiée emprise estimée de l'agglomération m 50

[15] los rocaires n° 14 QUESTIONS-REPONSES

Questions posées par les élèves de CM1-CM2 de l’école de Pouzolles le 26 novembre 2013 Réponses proposées par... Ghislain Bagan (GB), docteur en archéologie Michel Feugère (MF), chargé de recherche au CNRS en archéologie Christian Giusti (CG), enseignant-chercheur en géographie environnementale à Paris-Sorbonne Bernard Halleux (BH), professeur de sciences de la Vie et de la Terre er Philippe Martin (PM), écologue et photographe naturaliste

Quand les hommes se sont-ils installés sur le Roc de Murviel ? Quand et pourquoi sont-ils partis ? GB : A la fin du Ve s. av. J. C., un groupe humain est venu s’installer sur le Roc de Murviel en y implantant un village. Plus d’un siècle plus tard, vers le début du IIIe s. av. J.-C., l’habitat semble abandonné par la population. Plusieurs facteurs peuvent expliquer l’abandon du site. Une période moins tendue peut par exemple rendre inutile la position presque inaccessible du village. Une orientation différente de l’élevage ou de l’agriculture a pu conduire le groupe à se déplacer localement vers de nouveaux terroirs plus propices. Plus généralement, l’abandon du Roc de Murviel coïncide avec l’apparition dans le Midi de la France des premiers commerçants italiens. Ce changement dans l’économie régionale a certainement contraint les populations locales à s’adapter et à changer parfois de lieu d’habitat.

Pourquoi ont-ils choisi ce lieu ? GB : Quand un groupe humain s’installe quelque part, il choisit un lieu et en exclut d’autres en fonction de multiples paramètres. Pour le Roc de Murviel, la topographie du site semble avoir été un facteur déterminant dans le choix de l’homme. Sa position perchée, dominant un petit terroir cultivable et offrant un large champ de vision jusqu’à la mer, conférait à l’oppidum du Roc de Murviel un rôle de poste-frontière entre la plaine littorale et les premiers contreforts du Massif Central.

Combien étaient-ils ? Combien ont-ils construit de maisons ? GB : En l’absence de fouille, il est difficile d’estimer la population de l’oppidum du Roc de Murviel. Néanmoins, la surface occupée, les restes de nombreuses cabanes en pierre ainsi que la présence sur le site d’activités artisanales laissent penser qu’une centaine d’individus vivaient là. L’agglomération comprenait plusieurs dizaines de maisons construites en pierre ou en matériaux périssables.

Etaient-ils pauvres ? GB : Les gens qui vivaient au Roc de Murviel étaient dans leur majorité des agriculteurs et des éleveurs. Ces gens produisaient et fabriquaient suffisamment pour pouvoir échanger et vendre leurs biens avec les étrangers grecs venus par la mer dans notre région. La découverte de monnaies grecques montre ainsi qu’ils pratiquaient le commerce et pouvaient donc largement subvenir à leurs besoins.

N’ont-ils travaillé que le fer et la pierre ? GB : Non, d’autres matériaux ont été travaillés par les habitants du Roc de Murviel. L’argile a par exemple permis de confectionner des poteries, que ce soit pour la vaisselle ou pour la cuisine. D’autres activités manufacturières telles que le travail du bois, de l’os, du textile ou la mégisserie (tannerie des peaux de chevreaux et d’agneaux) étaient également pratiquées.

Avaient-ils des animaux ? GB : Les porcs, les boeufs, les moutons et les chèvres constituaient les principaux animaux élevés par les habitants du Roc de Murviel. Il est également très probable que des chiens aient accompagné la vie des hommes.

Comment se nourrissaient-ils ? GB : La population se nourrissait de différentes manières. Tout d’abord, la pratique de l’agriculture permettait de disposer de céréales, de fruits et de légumes. La viande et le lait provenaient des nombreux animaux d’élevage. La chasse, la cueillette et la pêche offraient quant à elles un complément non négligeable en nourriture. Dans une moindre mesure, d’autres produits consommables plus rares comme le vin ou l’huile étaient directement achetés à d’autres groupes humains.

Quelles étaient leurs armes ? GB : Les hommes du Roc de Murviel disposaient d’une large panoplie d’armes : épée, poignard, lance, pointe de flèche... Les armes étaient majoritairement fabriquées en métal.

Les remparts étaient-ils plus hauts qu’aujourd’hui ? GB : Oui, les remparts étaient beaucoup plus hauts que ce que l’on distingue aujourd’hui. Dans certaines parties du site, les plus vulnérables et les plus exposées au regard du visiteur, le rempart pouvait atteindre deux à trois mètres de hauteur et plus de deux mètres de largeur. De plus, on peut penser que la partie nord-est du rempart était flanquée de plusieurs tours circulaires. los rocaires n° 14 [16] Pourquoi les remparts sont-ils détruits ? GB : Suite à l’abandon du village, l’ensemble des structures bâties n’a plus été entretenu par l’homme. Au fil des siècles, l’action conjuguée de la pluie, de la végétation, des animaux et des promeneurs a conduit à l’effondrement total ou partiel du rempart, tel qu’on peut l’observer aujourd’hui.

Comment se forment les scories ? MF : Les scories du Roc de Murviel proviennent d’une forge installée dans une fosse. Pour travailler le métal en le rendant plus malléable, il faut le chauffer à très haute température dans un foyer (du charbon de bois alimenté en air par un soufflet). Une réaction chimique se produit alors entre les braises et les impuretés contenues dans le fer. Des particules de métal et de silice sont éjectées et s’agglomèrent pour former une scorie. Les bulles de gaz qu’elle emprisonne le plus souvent peuvent lui donner l’aspect d’une éponge. Cette masse semi-liquide à chaud se solidifie en refroidissant. La scorie n’est qu’un déchet mais c’est un important témoin archéologique.

Comment s’est formé le Roc de Murviel ? CG : Pour expliquer le relief du Roc de Murviel, il faut connaître trois informations, dont la compréhension est plus ou moins difficile, ce qui nécessite toute une collection de boîtes à outils. Le moins difficile, c’est de définir la nature de la roche à l’aide de ses minéraux, et son âge grâce aux fossiles que cette roche contient : la chimie minérale et la paléontologie seront nos deux premières boîtes à outils. Ce qui est plus difficile, c’est de comprendre que cette roche a appartenu il y a très longtemps – en fait, très très longtemps, infiniment longtemps, on pourrait même dire « Dans la nuit des temps ! » – à une chaîne de montagne dont on suppose qu’elle devait ressembler aux Alpes ou aux Pyrénées, mais dont nous ne pouvons connaître que les restes, très incom- plets : il faut ici une troisième boîte à outils, qui s’appelle la géologie structurale. Enfin (et c’est ce qui est encore plus difficile), il faut expliquer le relief actuel, car les « Monts » de Cabrières – où se trouve la colline du Roc de Murviel – ne sont pas des montagnes malgré leur nom : il faut pour cela recourir à une quatrième boîte à outils, la géomorphologie, qui est l’étude des formes du relief et des processus de l’érosion (par exemple, comment l’eau use les roches ?). Comme l’explique très joliment mon collègue le Professeur Patrick*, si la Terre était une personne de 46 ans, la formation de la roche calcaire et son incorporation à une très ancienne chaîne de montagne disparue depuis longtemps sont des événements qui se seraient déroulés au cours de sa 44e année. Comparativement, la mise en relief du Roc de Murviel par le creusement des petites vallées affluentes de la Boyne et de la Thongue, et par l’enlèvement des roches peu résistantes qui entou- rent le noyau calcaire dur, a commencé il y a environ un mois. L’espèce Homo sapiens se répand depuis quatre heures seulement, inventant l’agriculture pendant la dernière heure. La Révolution industrielle a commencé il y a une minute, au cours de laquelle les sociétés d’Homo sapiens sont devenues plus compétentes, plus nombreuses, se sont urbanisées, et ont surexploité la planète Terre pour son métal et son énergie. * Patrick De Wever, professeur au Muséum national d’histoire naturelle, auteur de Temps de la Terre, temps de l’Homme, Albin Michel, Paris 2012

Comment les pierres se sont-elles coupées en morceaux ? BH : Les eaux de pluie qui se sont infiltrées dans les roches calcaires en ont dissout une partie. L’eau qui a gelé dans les fractures a pu, en se dilatant, faire éclater ces roches. Au Roc de Murviel, les hommes de la Protohistoire ont pu aussi tailler les roches pour construire leurs maisons et les remparts qui protègent le site.

Comment se forme le basalte ? BH : Le basalte est une roche volcanique issue d’un magma refroidi rapidement au contact de l’eau ou de l’air. C’est le constituant principal de la couche supérieure de la croûte océanique. Le magma se forme à haute température et sous haute pression par fusion partielle de la croûte terrestre ou du manteau. Sur le Roc de Murviel on trouve des fragments de meule en basalte d’origine locale (volcan de La Capelle, sur la commune de Montesquieu) ou régionale (volcans d’Agde et de Saint-Thibéry).

Existe-t-il d’autres sortes de pierres que l’on n’a pas apprises ? BH : Le Roc de Murviel n’est formé que de calcaire mais dans les alentours on rencontre de nombreuses roches différentes (argile, marbre, sable, grès, poudingue, schiste, quartzite …).

Comment la végétation arrive-t-elle à pousser avec autant de cailloux ? PM : Les plantes se nourrissent avant de tout de soleil et d’eau. Le premier éclaire le roc de Murviel près de 2300 heures par an. La seconde est présente sous différentes formes (eau de surface, eau de profondeur), et les plantes ont développé de multiples stratégies pour la récupérer et supporter les longues périodes de sècheresse (graines résistantes, feuillage caduc, développement de tissus succulents, réduction de la surface des feuilles, cuticule épaisse, présence de poils, réduction du nombre de stomates…). Le sol étant très peu épais voire absent par endroits, le Roc de Murviel se contente d’une végétation basse mais extrêmement diversifiée (plus diversifiée que celle des forêts de chêne vert qui recouvrent la presque totalité du territoire de Montesquieu). Ici prédominent des petites espèces très méditerranéennes qui meurent à l’ombre des grandes.

[17] los rocaires n° 14 ARTS PLASTIQUES

Des panneaux colorés égayent depuis quelques semaines les rues du village de Pouzolles afin de signaler à tous les dangers de la route. Des personnages de tous les âges, des véhicules de toutes les formes et de toutes les tailles, des Jean qui rit et Jean qui pleure s’exposent au yeux d’un public surpris, amusé puis conquis. sécurité routière De l’art dans la rue

Attention, danger ! : document de travail des écoliers de Pouzolles (cliché Annie Meharg)

S des voitures rapides. depuis quelques semaines les rues papas qui jouent au foot avec leurs C’est là le fruit d’un projet péda- eize panneaux colorés égayent cules dans de jolies poussettes, des gogique mené en 2013 par la cen- signaler à tous les dangers de la avec des sacs à dos qui prennent le taine d’élèves de l’école sous la du village de Pouzolles afin de enfants après le travail, des enfants des grands-mères et des grands- d’œuvre de la grande fresque qui route.pères traversant Ici, pas de la symboles, chaussée maisavec chemin de l’école, une petite fille- directionorne notre d’Annie préau (cf. Meharg, Rocaires n° maître 12). « leur cabas chargé de fruits du fièrement juchée sur son nouveau Jamais, depuis mon installation en vélo,confus un qui chauffard marche ivresur quidu verre s’en France en 2001, je n’ai reçu autant castre dans un poteau, un chien de retours que pour ce projet - marché,grandes desavec adolescents des bébés surminus leur- ligne l’artiste. Les gens sont sur- scooter, de jeunes mamans très brisé, des bus scolaires ponctués , sou los rocaires n° 14 de visages, des [18] tracteurs lents et pris, intrigués, contents et amusés. Des personnes que je n’avais jamais Annie Meharg vues sont venues frapper à la porte Regarde, écoute, dessine ! de l’Atelier pour me dire leur satis- faction. Ils aiment les dessins, les couleurs, les messages et, surtout, ils aiment voir les travaux des enfants du village exposés dans des lieux publics.

Le projet» en six étapes 1. L’enquête Chaque enfant a reçu un plan du villageet trois auendroits format jugés A4 surdangereux lequel, en famille, il a localisé sa maison précisant les raisons de ce choix. 2.pour L’atelier les utilisateurs dans la cour de la route, en Un atelier a été monté dans un coin - gues tables pour travailler et des Artiste indépendante et mère de cinq enfants, Anne Meharg a reçu sa formation degrilles la cour pour de exposer l’école, deux avec degrands lon plans du village et les dessins des artistique au Loughborough College of Art and Design et obtenu une licence de littérature et de philosophie à l’Université d’York. et leur famille ont ainsi vu le projet En 1980, elle a présenté « Look ! Hear ! », une émission télévisée sur les arts pour élèves.prendre Jour forme. après jour, les enfants les jeunes, avec la BBC. 3. Les plans du village Pendant les années 1980 et 1990, Annie a conçu de nombreuses affiches pour des pièces de théâtre pour enfants (Half Moon Theatre, National Theatre de leur lieu de résidence sur le pre- Londres…) et pour des organisations humanitaires (National Peace Council, Nica- Unmier par plan un, et les les enfants lieux de ont danger reporté po- ragua Health Fund, Tools for Self Reliance…). Pendant cette période, elle a aussi travaillé au sein de projets artistiques dans des écoles, des hôpitaux et des mai- leur choix. Une fois ce travail ache- sons de quartier en Angleterre, en Irlande et en Inde. tentiel sur le second, en justifiant Son travail prend des formes aussi diverses que de grandes fresques murales, des jeux de plateau, des affiches et des costumes de carnaval. par de multiples points de couleur. vé, les endroits les plus dangereux Quand elle travaille avec les enfants ou les adultes, elle combine ses compétences 4.sont Les clairement dessins apparus, signalés avec les leurs afin de « créer ensemble une œuvre que nous ne pourrions pas créer chacun de notre côté ». crayon et deux minutes pour des- En 2000, grâce à une subvention de la « Millennium Commission », Annie a pris Classe par classe, chaque enfant 2000 photos d’aires de jeux pour enfants, lors d’un voyage en famille dans 15 asiner reçu chacun une feuilledes sujets de papier,suivants un : - pays européens. Depuis son arrivée en France en 2001, Annie a travaillé au sein de cinq projets de un vélo, un car, un tracteur, des en- santé publique avec les infirmières scolaires de la ville de Béziers, avec l’objectif fants en train de jouer, des grands- d’introduire un esprit artistique dans l’éducation à la santé, par le biais de jeux, parents,chiens. Lades contrainte poussettes, temporelle des scoo de déguisements, d’ateliers de peinture, de dessins en extérieur, de chansons et ters,et l’absence des motos, de desgomme chauffards, sont trèsdes d’animaux totémiques. importantes car elles encouragent Elle écrit actuellement de la poésie dans le cadre du projet « Théâtre du Vécu » - de la « Fondation de Recherche et Formation pour l’Enseignement du Malade » siner spontanément leur première à Genève. représentation de l’élément. les enfants à réfléchir vite et à des En 2014, Annie continuera à élaborer des projets artistiques avec les écoles, Nous nous sommes ainsi retrou- - dans le cadre du centre de ressources de Vailhan, à accepter des commissions publiques ou privées pour des fresques murales, et à développer son projet de peinture sous le titre évocateur de « Paysage Rayé ». vés avec plus de 600 dessins, ano nymesont été agrandis afin de à renforcer la photocopieuse l’aspect Atelier Meharg collectif du projet, dont beaucoup représenté une source d’intérêt et 4, avenue Carnot 34480 Pouzolles et affichés à la vue de tous. Ceci a - 04 67 24 85 34 dement débats au momentconstants de entre la sélection enfants, [email protected] enseignantsdes dessins. et parents, notam [19] los rocaires n° 14 5. La fabrication des panneaux Les panneaux de bois ont été pré- quelques mètres pour des raisons à quel prix ? - cas, l’emplacement a été décalé de Intervenant extérieur parés au Gesso, un enduit permet techniques.déplacé après Quelques une demande semaines de 150 € / jour (min. 4 jours) tantl’absorption de rendre de la la surface peinture plus par lisse, le plusFrance tard, Télécom un des dont panneaux les poteaux a été Matériaux support. ne peuvent pas être utilisés à cette plus adhérente, tout en réduisant 400 Les dessins sélectionnés ont été € devrait inclure le coût de poteaux Peinture acrylique, vernis de bonne fin.dédiés. Dans l’idéal, ce type d’action qualité, 8 planches de contreplaqué agrandisconservant à laprécisément photocopieuse, les traits puis Un des aspects les plus impor- marine 40 x 60 cm, épaisseur 1 cm décalquésdes dessins surd’origine. les panneaux, en tants du projet est qu’il permet aux Durée du projet enfants de s’intégrer pleinement venus peindre chacun une partie dans la vie de leur village. Leurs 8 jours Deux par deux, les enfants sont - qui a ensuite mis les dernières d’untouches panneau, et appliqué guidés deux par couches l’artiste opinionssa juste valeur sont par écoutées, la communauté. valori de vernis. sées,Nos craintes et leur travailde voir est les apprécié panneaux à 6. La mise en place - tie dans le village à la recherche vandalisés se sont éloignées au fil Lades classeendroits de signalés CM1/CM2 sur estle plan sor desne laissent jours. Ils personne plaisent, indifférent. attirent le comme étant les plus dange- regard,Gageons soulèventaussi qu’ils des induisent questions, de reux.car le Surbudget chaque du projet site, les n’incluait enfants nouveaux comportements, plus- ontpas cherchél’achat de un poteaux. point de fixation,Le per- responsables,laises. de la part de tous les usagers des rues et routes pouzol sonnel technique de la mairie a Laurence Rozanès ensuite installé les panneaux aux Ecole primaire de Pouzolles endroits suggérés. Dans de rares laurence.rozanes@ac-.fr

los rocaires n° 14 [20] [21] los rocaires n° 14 los rocaires n° 14 [22] MUSÉE

Saint-Jean-de-Fos, à deux pas du Pont du Diable et du village de Saint-Guilhem-le- Désert, présente une particularité parfois méconnue : ses ruelles bordent de nombreuses et curieuses officines, colorées et vivantes, où potiers et potières perpétuent un art séculaire dont témoignent les reflets vernissés du clocher de l’église. Argileum plonge au coeur de cette tradition artisanale. Argileum l’atelier entre au musée...

Au coeur d’un atelier traditionnel, Argileum : centre muséal actif et original (cliché Argileum)

entre de production de céra- tecture commercialisés dans les C e environs proches ou plus lointains. le village de Saint-Jean-de-Fos Amorçant un déclin aux alentours totalenouveaux d’atelier, potiers qui dureraviennent jusqu’au s’ins- mique attesté dès le XV siècle, milieu des années 80, lorsque de- potiers à son apogée1 fait au lendemain de la Première compte jusqu’à soixante-quinzee siècle des années 1830, elle cesse tout à tallerà Saint-Jean-de-Fos au village. On et compte dans auses , entree. Carac la- d’œuvre mais aussi du fait de la jourd’huienvirons proches. une quinzaine d’ateliers deuxièmetérisée par moitiéla fabrication du XVIII de pièces Guerreconcurrence mondiale, des grandes faute demanufac main-- et le premier tiers du XIX - tures et des changements de mode Un socle exceptionnel duction livre surtout des éléments de vie lui substituant l’objet métal- de terre cuite vernissée, la pro- lique. Suit une période d’absence - L’atelier Albe-Sabadel, construit culinaires, utilitaires ou d’archi [23] en 1850, compte trèslos rocaires probable n° 14 ment parmi les derniers à rester en activité lors de la période « tra- ditionnellelieux s’oriente » de exclusivement l’épopée potière. vers Ill’agriculture. ferme en 1921 Vendu et à le la maître commune des dégagements archéologiques qui en livrent 2005, l’atelieralors l’état fait exception l’objet de- nel de conservation. Les bassins extérieurs de décantation de l’ar- gile,outils un caractérisant monumental fourune àactivité tirage vertical,de type semi-industrielle ainsi que de nombreux sont mis

àprojet jour. deConfié Maison à la decommunauté la Poterie de de- communesvient Argileum Vallée en de2011. l’Hérault, Il abrite le un parcours scénographique réso- mettant en valeur l’authenticité tique. C’est un travail à la fois cultu- l’ensemble des artisans d’art. lument moderne, contrastant et était un impératif fort du cahier est en train de se mettre en place Argileum coordonne également dedes l’atelier,charges donné dont laaux préservation équipes de rel, économique et touristique qui Lieudepuis d’échange 2012 l’accueil et de de rencontres, stagiaires scénographie et architecture. Le monument particulier témoin des étrangers dans le cadre du pro- àpratiques Saint-Jean-de-Fos, industrielles autour et tech d’un- gramme « Voyager pour apprendre niques d’une région entière. bâtimentdes Monuments est en effet,Historiques. ainsi que Tout les céramique est plus que jamais outilsson intérêt qu’il contient, réside dans inscrit la aupréser titre- Lieu d’échanges et de découvertes les Métiers d’Art ». A Argileum, la vation intégrale de l’ensemble des A l’issue de sa troisième année indéniable richesse humaine ras- espaces dédiés à la fabrication des au goût du jour, et au cœur d’une pièces : on suit ainsi l’argile de sa déjà parcouru un chemin considé- patrimoine valorisé et de la néces- d’ouverture,rable. Le lieu Argileums’est ouvert a d’oresà la pra et- sembléesaire transmission autour de des la terre, gestes d’un et - savoir-faire portés par des généra- préparation au four, en passant par tions d’artisans. soncar la façonnage visite d’Argileum et ses décors, est tout tiquedémonstrations grâce à la dansprésence le cours d’un de po la sauf statique… - en allant de surprise en surprise, tier dans son équipe, réalisant des Samantha Jones tiation et de pratique aux thèmes Attachée de conservation du patrimoine Une visite ludique et instructive visite, et animant des ateliers d’ini Directrice d’Argileum Fondé sur les principes des centres ainsi coupler la visite du parcours [email protected] - variés et adaptés à tous. On peut Notes dresse au visiteur d’une façon tement en application les notions 1. Jean-Louis Vayssettes, Les Potiers de terre de Saint- d’interprétation,dynamique et l’implique le parcours dans une s’a- avecrencontrées un atelier, dans mettant l’exposition. immédia Jean-de-Fos, Montpellier 1987. découverte ludique voulue comme Des visites adaptées et commen- une expérience. Adaptée à des niveaux de lecture et de connais- Argileum téesdes sontoutils proposées pédagogiques aux scolaires, dont la La Maison de la Poterie degamme la maternelle s’étoffe peu au à lycée,peu. grâce à sancesn’en délivre préalables pas différents,moins d’impor multi-- - sensorielletantes informations et interactive, sur l’histoire la visite mations et d’expositions tem- Enfin, une programmation d’ani deslecture techniques, du territoire des hommes bien particu et du- poraires vient, tout au long de métier,lières et tout en ouvranten donnant sur desdes clés possi de- l’année,faisant le enrichir lien avec l’offre la culturellecréation bilités d’animation et de médiation decontemporaine l’équipement et et valorisant du territoire, les - Métiers d’Art : la communauté de - multiples.un lieu unique Associés, mettant les enpotiers lumière ac 6, avenue du Monument tuels y voient, plus qu’une vitrine, communesdécerner en Vallée juin dedernier l’Hérault, le pres por- 34150 Saint-Jean-de-Fos de visiter leurs ateliers. Ils sont teuse du projet, s’est d’ailleurs vu Tél : 04 67 56 41 96 leurpartenaires savoir-faire, de l’organisation suscitant l’envie d’ani- marquant un engagement toujours www.argileum.fr / [email protected] mations locales et pourvoyeurs de tigieuxplus fort label envers Ville etla Métierstransmission d’Art, Argileum reçoit les classes toute l’année - des savoir-faire et techniques de lospièces rocaires spécifiques n° 14 vendues en bou [24] PRATIQUE ARTISTIQUE

Pour le géologue, l’argile est à la fois un minéral et une roche à grain fin. Pour l’enfant, c’est un matériau magique qui devient plastique et malléable au contact de l’eau, dur comme du cuir quand il sèche et solide comme la roche après cuisson. Travailler la terre, c’est partir à l’écoute de la matière et de soi, accepter d’être surpris et de découvrir sans cesse. L’argile quand la terre devient poésie

En boule, en plaque, en colombin, en bosse ou en creux, l’argile se prête à toutes les découvertes (cliché Sylvie Carsenac) C’est avant tout par l’intermé- - diaire de la main que l’enfant cis a évidemment sa place dans les refait une boule et on recommence ! explore les qualités tactiles des d’unséances vocabulaire d’arts plastiques. spécifique et pré boue… Et en cas de « ratage », on objets et des matériaux. Manipuler Manipuler librement moyen d’acquérir des savoir-faire Travailleret des techniques l’argile, très c’est anciens aussi qui un manipuler d’abord librement l’ar- la terre, c’ est l’occasion d’éprouver existent dans le monde entier. Ongile laissera: avec profit les enfants des sensations contrastées : frais/ -  - tiède, lisse/rugueux, humide/sec, - souple/dur,et de les nommer. compact/friable, L’introduction selon L’actionde la salissure. de saisir, La de terre pétrir, est de aussi tri ter empoigner, les simples pétrir, besoins étreindre, sensoriels lis les différentes étapes du travail, turer la terre, se double du plaisir ser, caresser la terre, pour conten [25] los rocaires n° 14  la plaque : surface plane ani-  etmains gestuels, ou sur la table (nue ou pro- tégée la creuser,par une toile la rouler cirée) dans pour lesen mée de décors (pastilles, billes,- boudins…), d’empreintes (doigts,  l’étirer en boudin ou en vermi- objets divers : vis, écrous, bou faire des billes ou des boules, tons, bobèches, perles, emporte--  bléepièces, à roulettes,d’autres pour légos, construire boules de celle, - cyprès, coquillages…) ou assem tille. l’aplatir, l’écraser, l’arracher, la griffer, la tasser en galette, en pas des la maisons,motte : creusée des labyrinthes, avec des desou- différent et sollicite la paume et maquettes…,tils lisses ou dentés : couverts en Chaque fois, le travail moteur est mirettes… peut aussi recouvrir une lesen entier. doigts, Les ouverts mains ou agissent fermés, en le- plastique,armature (grillage spatules, alvéolé) ébauchoirs, dans le poignet, les avant-bras ou les bras- cas d’une réalisation importante. nant à doser la pression. L’emploi d’argile chamottée (conte- semble ou en alternance, appre nant de minuscules billes d’argile Sculpter cuite) empêchera l’affaissement de Même si le mot évoque immédia- la réalisation en volume. tement la taille de la pierre ou du La cuisson des pièces réalisées - lement une forme élevée dans l’es- bois, la sculpture désigne généra n’est pas obligatoire. Bien que- généralement appuyé contre un peulement solides, peints les et objetsvernis nonaprès cuits sé- pace. On peut distinguer le relief, peuvent être conservés, éventuel l’humidité. fond dont il émerge plus ou moins, chage,Les objets mais destinés ils ne résistent à la cuisson pas à maisl’espace auquel et dont il on reste peut attaché, faire le ettour. la doivent être évidés lorsque la terre ronde-bosse,La sculpture indépendantese fonde sur danstrois opérations : addition ou retrait de que les parois possèdent partout estla même encore épaisseur. fraîche, Cette en s’assurantopération de matériaux sont utilisés : les durs (inutile sur les petites pièces) évite matière, et assemblage. Deux types

(pierre, marbre, béton cellulaire, lesProlongements fissures et la casse à la cuisson. bois…) travaillés par percussion,- etdèlent les mous ou se (terre,moulent. pâte Ces à papier,derniers à - sel,matériaux à modeler, sont plâtre…) les plus employésqui se mo à Dansvité de le modelagecadre de l’histoire par la rencontre des arts, l’école. on prolongera avec profit une acti Les formes réalisables en argile (musée de Millau pour les poteries sont variées : d’oeuvres, la visite d’un musée  tenant par simple jeu d’équilibre ou gallo-romainessite archéologique... de la Graufesenque, collées les billes les unes : entassées, aux autres accumulées, par pres- Argileum à Saint-Jean-de-Fos...), d’un sion ou avec de la barbotine (dé- Sylvie Carsenac Conseillère pédagogique départementale layer de l’argile avec de l’eau pour en arts visuels [email protected] une la consistanceboule : lisse deou pâtedécorée à crêpes, d’em- Bibliographie conserver dans un pot en verre), Ouvrages disponibles au Point Art, CRDP de Montpellier terre (strier les surfaces de contact BAUDIONNIERE, Luc (dir.), Les céramiques : les sorciers preintes, d’autres éléments en tournent autour du pot, coll. C’est pas sorcier, France Télévisions distribution, 2006 (DVD) et enduirele colombin de barbotine), : enroulé traversée sur lui- BERT, Nicole, L’atelier-terre à l’école maternelle, CRDP d’un fil de fer pour la suspendre…,- de l’Ain, Bourg-en-Bresse 1996 met de monter n’importe quelle CASAGRANDA, Brigitte, Modelages : toutes les tech- niques du travail de l’argile, Hachette, Paris 2001 même et collé à la barbotine, il per- HILDRE, Berit, Modelage, têtes et expressions, Ulisse, Paris 2005 forme. Aminci ou épaissi, entor- HUYAR-LETOURNEUR, Florence, Modelage d’argile, tillé ou tassé, torsadé, il décore ou Dessain et Tolra, Paris 2003 anime une surface, dessine les dé lostails rocaires d’une n° forme14 figurative, [26] JARDIN SECRET

Les jardiniers sont parfois surpris de découvrir sur leurs plants de pommes de terre des grappes de fruits verts ressemblant à s’y méprendre à des tomates. S’il ne s’agit pas du produit de la pollinistation croisée avec des « pommes d’amour », l’air de famille s’explique par la botanique : les deux espèces appartiennent précisément à la même famille, celle des Solanacées.

La pomme de terre en quête de fruits

Pommes de terre en fleurs dans le jardin de l’Abelanier(cliché Guilhem Beugnon)

J Comment appelle-t-on l’échelle qui pioche-trident alors que femmes permet de cueillir des pommes de et enfants agenouillés récoltent la esimplicité me souviens, d’une au question tout début posée des « terre ? » les précieux tubercules. Il faut dire années 60, avoir été scandalisé par familier du potager familial (qui servait également Le petit rural de quechamp j’étais, de par Jean Nohain, célèbre animateur bataille à mes petits soldats) savait aussi que, dans la classe à plusieurs radio, dont j’étais le fidèle auditeur niveauxrien des subtilités que je fréquentais,de la culture lesde chaque jeudi après-midi. Bien sûr, les pommes de terre sont enfouies élèves de fin d’études n’ignoraient ilpréjuger s’adressait ainsi àde des la naïveté enfants ou mais, de bien,dans depuisle sol etses que premiers leur arrachage pas, que - toutl’inculture de même, manifeste comment d’élèves osait-il du la pomme de terre, de la plantation- cours moyen à qui il demandait : hommes maniant avec force la à la récolte : les variétés, les para nécessite un travail éreintant, les mètres de productivité, les trai [27] tements… Sans que lelos maître rocaires n°s’en 14 Soudain fusa la question d’un élève leçons de choses réservées à mes Fiche d’identité aperçoive, je ne perdais rien de ces Et ces petites boules, qu’est-ce que de la Pomme de terre futurs loisirs. désignantc’est ? le deuxième chantier : Etymologie : expression calquée sur le - l’adulte répondit avec assurance : aînés et j’en faisais le miel de mes « latin malum terrae Ce sont» Unles fruits instant de désemparée,plants de to- Ade mon leur grand ignorance effroi, lesen enfantsproposant in mates cerises qui se sont ressemés Origine : Amérique du Sud terrogésdes réponses confirmaient insensées l’expression : l’esca- « tout seuls ! Famille : Solanaceae Je crus indispensable d’intervenir Aucun ne sut déceler le piège gros- alors pour» m’inscrire en faux en Genre : Solanum beau,sier qui l’échelle leur était double, tendu l’échelette… par le cé- précisant bien que rares étaient Espèce : tuberosum lèbre Jaboune qui dut se résoudre ceux qui connaissaient l’existence Autres noms : patate (langage fami- à rendre la langue au chat. du fruit de la pomme de terre et avaient eu le privilège de l’obser- lier), bocinhòla, entrefega, patana, Ne pas confondre... ver. Il devenait donc indispensable perilha, tartifla, tartifle, trufa, tufèra, que Los Rocaires contribuent à pal- tura (occitan) plus d’un demi-siècle en éprouvant lier cette méconnaissance. En mai dernier, je crus rajeunir de- lement descriptible tant sont dif- Du semis à la plantation ce même sentiment assez diffici terre renferme en son centre cinq Laétamines fleur normalejaunes accolées de pomme laissant de ficileset de sollicitude à décliner qui les le proportionscomposent. Enà partir France, de ontubercules ne sème germées. pas les passer au milieu un mince style d’étonnement, de pitié, de révolte pommesPourtant deles terre,pommes on lesde planteterre vert. j’étais affairé à désherber minu- Autieusement cœur du la jardinplanche pédagogique, de jeunes fruits qui contiennent des graines. - - fontCes semencesdes fleurs permettentqui deviennent de mul des- Latit par partie un tube supérieure étroit à de une ce partie style, tiplier la plante. C’est d’ailleurs portantglobuleuse le nom appelée de stigmate, ovaire. abouPour carottes,amateurs tâcheet toutefois ô combien indispen fasti- de cette manière que procédaient - dieuse,sable à la peu bonne prisée croissance des jardiniers des lé- les habitants de la Cordillère des cessairement que le pollen des éta- gumes. Accroupi dans mon coin et qu’il y ait fécondation, il faut né très investi dans cette activité peu ce légume. Pourquoi sommes-nous de façon à pouvoir se rendre dans Andes,passés dules semispremiers à la àplantation consommer de minesl’ovaire soit en franchissantdéposé sur le le stigmate, canal du oreille distraite aux propos échan- style. Deux causes principales sont captivante,gés par une jeclasse ne prêtaisen visite qu’une dans on ne sait pas la nature du plant à l’origine de l’absence de fruits : tuberculesque l’on va en? Le obtenir semis !a un défaut, l’infécondité du pollen et la dispa- accompagnateurs en découvraient Les fruits de la pomme de terre le jardin de l’Abelanier. Elèves et- Sans que l’on sache exactement quis et posaient des questions sou- rition hâtive des fleurs. la diversité, confrontaient leurs ac- étantil importe relativement d’indiquer rares, d’abord alors queles souvent avortées et leur pollen lesraisons fleurs de sont ce paradoxe. parfois abondantes, pourquoi, les étamines sont très vent pertinentes afin de les confor ter.l’intervenant En outre, bénévoleils ne tarissaient que je suispas resteFruits infécond.de la pomme de Par terre (cliché ailleurs, Eugenia Banks) de d’élogesdevenu et qui qui comblaient se réjouissait de en fierté se- cret de voir sa passion ainsi récom- pensée. Je ne pipais mot… Ils arpentaient les limites des deux

«abondante chantiers de » del’un pommes d’eux. de terre etL’enseignante s’extasiaient apportait sur la d’intéres floraison- sants compléments d’information sur Parmentier et sur l’impact so- cial de la culture de cette denrée alimentaire qui pouvait se conser- ver et ainsi amoindrir la famine, surMarie-Antoinette les particularités mais qui de est la fleurbien quiinutile orna, au paraît-il,jardinier les puisqu’elle coiffures nede soigneusement conservé les éti- sertquettes pas desà la cagettesreproduction. de « pommesOn avait été mises en terre au mois de mars. de terre de semence » qui avaient los rocaires n° 14 [28] en permettant une bonne alimen- tation végétale. Au coeur de la baie

Àsous l’automne, la forme chez d’une les plantesgrappe ayantpen- fructifié,dante au lessommet baies sedu présententfeuillage. Les baies se détachent ensuite et tombent sur le sol à l’époque de - ment une de ces baies en la fendant laavec maturité. un couteau. Examinons Nous attentivey remar- qui englobe une matière mucilagi- quonsneuse dansune enveloppe laquelle baignent assez coriace 100 à Chaque glomérule de pomme de terre produit de 100 à 400 graines (cliché Eugenia Banks) 1 à 2 millimètres de longueur. nombreuses variétés de pommes nelle Early rose Saucisse Fin de 400L’utilisation graines blanches,de semences aplaties, véri de- Siècle Industrie. , , , - - dese détachentterre ne donnent avant la paspollinisation. de fleurs. centes, comme Cellini Pepo Centi- tables,veloppée c’est-à-dire depuis les de années graines 1980 au Chez d’autres variétés, les fleurs foliaA contrario,Sikingen les Flava variétés fournissent plus ré lieudans de certains tubercules-plants, pays en voie ade été déve dé- presque couramment ,des fruits., - Enfin, une sécheresse prolongée , , - desh et le Viêt Nam. Cette pratique occasionne, comme on le sait, la ment quelques exceptions mais loppement, tels l’Inde, le Bangla dessiccationAge et fructification des organes floraux. Cette règle de l’âge offre évidem - Un fait d’observation courante plantes de semis d’abondantes vise à réduire le coût de la culture, mérite d’être signalé à ce point de lebaies fait montre seul d’observerbien que le chezpassage les àau en lieu simplifier de 2 000 la kglogistique de tubercules) (il suf vue : c’est l’amoindrissement de la à la reproduction normale a pour fitet àde améliorer 200 g de lagraines qualité à sanitairel’hectare dans des régions où la production les variétés par une longue multi- Signalons que les circonstances - plicationfaculté de par fructifier la voie provoquédu tubercule. chez effet d’accroître la fructification. - - mation des fruits comme sur celle de l’Abelanier plants certifiés vont n’estaussi passe lancer orga atmosphériques influent sur la for nisée.dans cette C’est aventure. promis, les jardiniers Ainsi,telles lesque baies Violette sont tout du Forez à fait rarisMer- Jean Fouët simesveille d’Amérique chez les variétésWolthmann anciennesQue- desfavorisent fleurs. la Des production pluies suffisantes, des baies Spécialiste en éclaircissage , associées à une température chaude, , , l’art de semer la pomme de terre selon Rodolphe Groléziat

Le semis des petites graines de pommes de terre se fait au chaud, en février-mars. Remplissez les contenants de terreau horticole ou de compost bien décomposé. Tassez légèrement et déposez quelques graines à la surface de manière très clairsemée (les graines de pommes de terre ont un bon taux de germination). Recouvrez d’un peu de terreau (ou compost), tassez à la main délicatement pour bien coller les graines au terreau. Arrosez par le dessous (l’eau remonte par capillarité). Couvrez d’une plaque de plastique ou de cellophane transparent. Au bout de quelques semaines, les plants ont germé et at- teignent une dizaine de centimètres. Il est temps de les repiquer. Séparez les différentes plantules. Vous pouvez déjà observer de petites pommes de terre à leurs racines. Les plants sont fragiles, maniez-les avec précaution. Remplissez de terreau des petits pots en plastique, plantez très profondément la plantule. Enterrez en ne laissant dépasser que les feuilles du sommet. Tassez la terre, étiquetez les plants. Laissez les grandir, en arrosant régulièrement. Quand les risques de gelées ne sont plus à craindre (après la mi-mai), replantez-les au jardin. Récoltez les pommes de terre à la fin de l’été, quand les fanes sont complètement séchées. En images en suivant ce lien : semer la pomme de terre

[29] los rocaires n° 14 sur un air de flûte de pan Les premiers hommes à avoir at- La pomme de terre va devenir le teint l’Amérique du Sud sont sans pomme de terre comme la légende principal soutien de la révolution aucun doute arrivés plusieurs tier, s’il n’est pas l’inventeur de la millénaires avant l’adoption de en promouvoir la culture. Libérant économique aux ouvriers toujours le montre en France, s’est attaché à industrielle,plus nombreux offrant à se une presser nourriture dans ils ont rencontré au cœur des - l’agriculture.Andes de nombreuses Chasseurs espèces cueilleurs, de lerir peuple les soldats des disettes, et accompagner cette culture les allaitarmées renforcer dans des les conquêtes États, nourplus lessur villes,tous les au continents. plus près des usines. - e Aujourd’hui, la plante est présente ver. Comment les hommes sont-ils et la stabilité alimentaire acquises pommes de terre sauvages que, Source verspassés - 8000, de tubercules ils se sont au mis goût à amerculti lointaines. Au XIX siècle, la force ROUSSELLE, Patrick, ROBERT, Yvon, CROSNIER, Jean- et riches en alcaloïdes toxiques aux empires coloniaux la possibi- Claude Crosnier (éd.), La pomme de terre : production, à des racines comestibles ? Sans grâcelité de às’étendre la pomme et de dominerterre offrent une amélioration, ennemis et maladies, utilisations, INRA, doute par la reconnaissance et la grande partie du monde. Paris 2011. sélection de clones moins amers et moins toxiques couplées à des technologies de transformation. Plant de Taratouffli, pomme de terre du Pérou. Cette domestication de la pomme Aquarelle adressée en 1589 de terre semble avoir commencé par Philippe de Sivry, gouverneur de la ville de Mons, à Charles de l’Ecluse, du lac Titicaca. médecin et botaniste sur l’altiplanoe andin, dans la région flamand. Il s’agit très certai- nement du premier dessin réalisé d’après la plante que Au XVI siècle, lorsque débarquent l’on venait d’introduire lesà la base conquistadors de l’alimentation espagnols, de l’en la- en Europe pommesemble de de l’empire terre est, Inca avec comme le maïs, des (Musée Plantin-Moretus, Anvers) populations voisines. Les explora- teurs du Nouveau Monde rappor-

(vers 1570) puis en Angleterre. De teront des tubercules en Espagne conquête des jardins botaniques là, la pomme de terre partira à la européens, grâce notamment à CharlesGuillaume de Rondelet l’Ecluse, à ditl’université Clusius (1526-1609),de Montpellier. ancien étudiant de

- Objet de curiosité des botanistes et desne fût rois, pas remède tout de à suite certaines considérée mala diescomme pour un lesaliment. ecclésiastiques, Dans le sud elle de l’Europe, elle va circuler de cours en couvents, d’Espagne en Italie puis vers l’Autriche, d’Angleterree verssiècle l’Irlande pour qu’elle et les Flandres,commence mais à ilêtre faudra sporadiquement attendre le début cultivée. du XVII e siècle verra dans tout

Le XVIII levéritable vieux continent,engouement et jusqu’auxpour ce confins de la Russie, naître un tubercule, facile à cultiver et à- conserver,mines. Antoine-Augustin et qui va permettre Parmen à- l’Europe d’espérer la fin des fa los rocaires n° 14 [30] NATURE

A ras du sol, caché dans les buissons et les fourrés où son camouflage s’avère très efficace, voici celui que Buffon surnommait le « traîne-buisson » : l’Accenteur mouchet. Bénéficiant d’une pro- tection totale sur le territoire français, cet oiseau discret est un hôte hivernal du littoral méditerranéen qu’il quitte au printemps pour prendre de l’altitude. discret et solitaire L’Accenteur mouchet

L’Accenteur mouchet, Prunella modularis (cliché François-Marie Nougaret, LPO34) C’est l’hiver. Les feuillages per- des arbres picorent les miettes de pattes brun rouge ne sont pas les Rougegorgegraines de tournesol familier, échappées des Pinsons à trine, le bec bref, fin et pointu et les sistantslierres habillent des lauriers ce coinsauce, touffu lauriers du la voracité des deux gourmands. cerisejardin. etUne lauriers mangeoire palme, se bambous, balance Parmi eux un oiseau légèrement attributstout en picorant de notre activement.« pierrot ». A la plus petit ressemblant au Moineau Il déambule à petits pas traînants- rameaux d’une spirée. Deux Ver- - cillant et en ondulant légèrement doucement au-dessus des fins- moindrepuis plonge alerte, à l’abri agile, des il frondaisons. vole en va domestique : plumage terne, des - diers y sont agrippés, pas parta susgris brunbleuté châtain de la gorge rayé de et noirde la mais poi- geurs du tout ! Au sol, une bande à y regarder de près, la couleur C’est le discret, solitaire et sou de Moineaux domestiques, un [31] vent méconnu Accenteurlos rocaires mouchet, n° 14 Prunella modularis (prunella modularis , pour petit clin d’oeil botanique le prune de sa livrée,Parrasèga des, pour le mélodieux de son chant),- letaines Traîne-buisson, régions. le Occitans,Dans nos leplaines « Moineau du littoral fou » de médi cer- la Cardère sauvage - nal. Il y niche rarement. Au mois ou Cabaret des oiseaux de mars il s’envole plus au nord. Le terranéen, c’est un visiteur hiver

Haut-Languedoc, principalement - au-dessusSa vie amoureuse de 500m est d’altitude, étonnante. et Cabaret des oiseaux, Baignoire de- La Hulotte l’EuropeLes couples entière et les l’accueillent trios paradent alors. Vénus,gination Fontaine populaire des semble oiseaux, ne pas La n° 61, 1989 voiravoir de de Vénus, limites. Peignerolle… Mais qui se l’imacache femelles s’accouplent avec divers derrière ces jolis noms ? en ondulant des ailes. Mâles et brunes munies de robustes ai- partenaires, même pendant que L’hiver,guillons bienet surmontées visibles, sesde tigesgros laine. les femelles couvent : un mâle capitules1 secs et épineux se Puis avec deux femelles, une femelle des machines avecdéfendent deux mâles,farouchement deux mâles leur avecter- - troisritoire. femelles….mais les mâles dressentbord des haut routes. dans Aules friches,printemps les tamment pour un autre Le nid tapissé de poils et de plumes décombres,la plante développe les fossés de et talus,grandes au usageont été: brosser inventées, le drap no déjà confectionné pour - renforcer la douceur et la est caché à faible hauteur, voire à feuillestite cuvette coriaces, que traverse opposées, la tigesoudées et chaleur des tissus. mêmeLa femelle le sol, y couvedans une quatre haie ou ou cinq un deuxqui retiendra à deux, formant la rosée ainsi et la unepluie. pe Pour alimenter ces ma- buisson,œufs bleu bien turquoise. à l’abri desLes regards. petits chines utilisant jusqu’à 800 s’envolent à 12 jours pour mener cette petite écuelle naturelle ! kg de chardons par an et par rou- comme leurs parents une vie effa- Belle aubaine pour les oiseauxcardôu que le carducho ou l’èrba de gobelet des Mais la CardèreDipsacus sauvage, fullonum le pour, leau,appuyer le Chardonà plusieurs à Foulon, reprises proche avec céemoindres dans recoins les haies, de leur les ronciers,petit do- de l’espèce sauvage (de « fouler », lesmaine basses à la recherchebranches, desexplorant graines les et sonoccitans, sac ! grande échelle dans le sud de la les savants, a plus d’un tour dans- le pied, un outil), a été cultivé àe naient pour précieuse à cause de - aussi, à la belle saison, des insectes, Autrefois, les campagnards la te France.vence est Ainsi, exportée jusqu’au dans début le monde du XX araignées,c’est avec impatiencevers... que nous at- la suspendaient au-dessus de leurs siècle, la réputée cardère de Pro Dèstendrons le mois le deretour novembre de la silhouette prochain, ses propriétés hygrométriques, et Couture achète les luxueux tissus furtive de notre Parrasèga ses bractées2 entier.de laine Aujourd’hui, cardée à l’aide seule des la cardesHaute portes comme un baromètre, car végétales venant dorénavant d’Ita- , fidèle changent de forme étroites, suivant épineuses que l’air hôte du jardin. etest plussec ou longues humide. que le capitule, - lie,pour d’Espagne étancher ou leur du Brésil. soif et leur Quant aux oiseaux et aux insectes, Produit de santé, sa racine, diuré tiqueDe juillet et sudorifique, à septembre était éclosent récoltée de faim,fréquenter les abeilles assidûment pour le fabriquergénéreux en fin d’été. - leur excellent miel, ils continuent à Micheline Blavier jolies inflorescences rose lilas, ra- « Cabaret desVice-présidente oiseaux ». de la LPO Hérault 3 rementgillés blanches, très appréciées [email protected] des abeilles. A l’automne, les frin Linottes, Chardonneretsmélodieuses… élégants,sauront 1. Capitule : groupement de fleurs, serrées en tête sur Verdiersextraire et d’Europe,décortiquer Serins de leur cini,bec un réceptacle commun et simulant parfois une fleur tranchant les graines des capitules. unique (ex. la pâquerette, le dahlia). 2 Sorte de petite feuille ou écaille située à la base ses gros fruits cylindriques. Alignés d’un pédoncule floral. 3. Grand groupe varié de passereaux de petite taille Nid d’Accenteur mouchet Très tôt l’homme a su aussi utiliser à fort bec conique. Essentiellement granivores ; par- (cliché Marcel Jérôme) tiellement insectivores en été. et fixés sur de longues planchettes los rocaires n° 14 de bois, ils servaient [32] à carder la Machine à déboulochage Fabrique-Musée de la Laine Pont d’Arsèguel (Espagne) (cliché Micheline Blavier)

Moulin à foulon de Gaumier Cugand (Vendée)

Cardère sauvage Castelnau-de-Guers (Hérault) (cliché Micheline Blavier, juin 2011)

[33] los rocaires n° 14 ARCHIVES

La commémoration de la Grande Guerre suscite d’abondantes publications en France comme à l’étranger. Au cours du second semestre 2013, 126 livres abordaient cet objet historique uniquement sur le territoire national ! La vague éditoriale qui déferle dans les librairies va durer au moins jusqu’en 2018. un autre regard sur La Grande Guerre

Inauguration du monument aux morts du Pouget, 23 juillet 1922 (Archives départementales de l’Hérault, 2 FiCP 1668)

u hasard des publications ac- de ces quatre années d’affronte- A - consacrés au contexte historique drame des fusillés, les différentes tuelles, on relève des ouvrages- facettesthématiques de la qui violence, garnissent source les de ment.et de Decommémoration manière parallèle, mettent les ré traumatismesrayons des librairies. et de folie, Plus sont éton des- flexionsen perspective sur la notioncette fracture de mémoire avec àrégionale la veille dansdu conflit, un premier au jeu tempsdiplo d’autres épisodes douloureux de matique,qui s’étend à à une l’échelon crise à mondial. dimension La notre passé. nant, les historiens se penchent Au-delà des débats actuels ou des notamment à propos de la terrible aussiguerre sur au les cinéma couleurs ou encore de la guerre, sur le réinterprétations qui s’annoncent résurrection de l’histoire bataille, sursport la comme place deshéritage femmes, inattendu sur la sur les circonstances et la portée losépreuve rocaires den° 14Verdun, tout comme le [34] que la connaissance sur cet objet ducomplexe conflit, sera nous également pouvons penseréclai- rée par les initiatives locales. La Mission du centenaire de la Pre- mière Guerre mondiale créée par le Gouvernement en 2012 encou- rage bon nombre de projets allant dans ce sens. Des pièces de théâtre, desbandes-dessinées expositions, despermettront reportages au photographiques,plus grand nombre des de films,découvrir des cetla vie événement de nombreuses qui a marqué, familles. et qui parfois marque encore aujourd’hui, La parole des poilus Demande de laine par une institutrice de Saint-Privat (Archives départementales de l’Hérault, 10 R 49)

sur un inconnu choisi au hasard Parmiles travaux les pistesqui s’intéressent fructueuses, aux il dans les archives (Le monde retrou- nous paraît intéressant de noter Près de 10 000 fiches matricules vé de Louis-François Pinagot). Les longtemps négligée et dont la pa- ontpar la été méthode utilisées. élaborée André par Loez Jules et historiens aujourd’hui se mettent à poilus,role a pu une être catégorie instrumentalisée historique Nicolas Offenstadt sont éberlués- tique en était à ses balbutiements. et plus largement des catégories Maurin,« Pour chacun à une époquedes individus où l’informa retenus, l’écoutepopulaires. des Lesmarges, archives des bas-fondsmilitaires durantpar l’intermédiaire la guerre par d’associations les autorités, 82 items sont notés ou codés, colos- et des organismes en temps de voire au lendemain des hostilités, sal travail de saisie qui permettra guerre ou encore les papiers de de peser sur le jeu politique en re- ensuite le croisement systématique famille offrent aux passionnés de d’anciensconstruction. combattants, Dans le cadre soucieuses régio- entre toutes les variables et la réa- la quête historique la possibilité - lisation de puissantes analyses fac- de mettre à jour l’histoire de ces rin (Armée-guerre-société. Soldats torielles - anonymes qui ont fait la Grande languedociensnal, la thèse d’Etat (1889-1919) de Jules Mau Guerre. Le dépouillement de ces l’analyse ». comparée Dans le cadre pour desaisir ce tra les sources constitue une première , Paris, vail quantitatif, l’historien prône - Publications de la Sorbonne, 1982, en s’inscrivant dans une perspec- mettre aux noms inscrits sur les 750 p.), récemment rééditée avec singularités et les régularités, tout étapemonuments incontournable aux morts afin de prendre de per une préface d’André Loez et de Nouvelle Histoire qui défendent corps. Celui qui a le goût des ar- Nicolasanalyse quantitative Offenstadt, demeuredes conscrits une tiveun détour définie anthropologique. par les tenants deC’est la chives pourra alors entamer une œuvre pionnière. Basée sur une- ainsi que Jules Maurin donne la la seule qui dé- - des indices et faire sortir du néant voilede la les Lozère ressorts et sociaux de l’Hérault de l’armée occi quête lente, sinueuse, pour trouver françaisedental, l’étude durant est le« conflit parolerecherche aux « rescapés »sur un vaste de lacorpus « bou sentiments de ces muets de l’his- les préfaciers. Les fantassins recru- cheriede témoignages de 14-18 ». oraux Il construit (environ sa lestoire. passions, Ce changement les émotions, de regard lesse tés au sein des catégories» popu selon- - fera par petites touches. Il a été nomique et sociale. Cette brève entamé depuis peu par quelques - 150),description sans négligernous donne l’histoire un aperçu éco chercheurs qui décortiquent l’ima- laires, c’est-à-dire les travailleurs de l’originalité d’une thèse passée manuels peu qualifiés et les agri inaperçue dans les recensions pro- décryptant les carnets des poilus. culteurs, représentent 90% des ginaire des poilus, par exemple en morts. Les hommes, un peu plus- bas devrait éclairer sous un nou- instruits, affectés dans les armes poséesinvite à par porter les revues une attention scientifiques. spé- Auveau fil jour du temps,ces quatre ce regard années par qui le «bien techniques moindres. » Cet (comme apport l’artille histo- Or, dès 1982, Jules Maurin nous ont bouleversé sur une longue du- rie, le génie…) subiront des pertes de traces. Il ouvre une voie alors rée l’échiquier mondial et la vie de cifiquepeu arpentée sur ceux par qui les laissent observateurs si peu millions de gens. riographique,travail archivistique énoncé minutieux il y a une à de la Grande Guerre. Dans un autre trentainepartir des d’années,registres reposematricules sur undu Philippe Secondy recrutement militaire et une mise à l’orée des années 1980 l’idée de Attaché territorial, chargé de projet en développement culturel un sondage registre, Michel Foucault défendait Archives départementales de l’Hérault au 1/10e ayant conduit à la consti- - [email protected] tutionen série, d’un à échantillontravers « stratifié suivre les pas des « déviants » (les exclus, les délinquants…). Plus ré ». cemment, Alain [35] Corbin a enquêté los rocaires n° 14 ARCHIVES

Si la Grande Guerre n’a pas laissé d’empreintes dans nos paysages méridionaux, hormis les monuments aux morts érigés dans les années qui suivirent l’armistice, elle a généré de nombreux écrits conservés dans des fonds d’archives publiques ou privées. Les Archives départementales de l’Hérault offrent à ce titre de très précieux témoignages dont beaucoup sont aujourd’hui en ligne. aux sources de l’histoire Le soldat de 14 -18

« Journal résumé de la guerre 1914-1918 », par Jean Pouzoulet, caporal au 23e Bataillon de chasseurs alpins (Archives départementales de l’Hérault, 172 J 2)

Le fonds d’archives incontour- - nable pour qui cherche à retracer - le parcours militaire d’un soldat àtins 3 Rindividuels 790. Ils contiennent, synthétiques classés des pèrebourg paternel, du canton Louis des Secondy,Matelles. oriNé de la Grande Guerre porte la lettre parcombattants ordre alphabétique, de la guerre lesde 1914- bulle ginaire de Vailhauquès, un petit donc à la classe 1909 (on rajoute organismes de temps de guerre - le 18 décembre 1889, il appartient R, celle des « Affaires militaires et 1918 : nom, prénom, date, adresse la sous-série 1 R et plus précisé- pas la date de naissance du sol- etd’instruction. lieu de naissance, parfois pro 20 ans). On peut alors consulter (1800-1940) ». Si l’on ne connaît fession,C’est ainsi situation que le dossier familiale, 3 R degré 783 - consultation des dossiers 3 R 699 mentticle 1 lesR 879 « Registres (classe 1867) matricules à 1 R dat, l’enquête commencera par la de recrutement » qui vont de l’ar los rocaires n° 14 renferme la fiche [36] de mon grand- 1514 (classe 1940). Il existe dans l’Hérault deux bureaux de recru- tement : Lodève-Montpellier et

Le premier a traité le dossier de Béziers-Saint-Pons-de-Thomières.Louis Secondy né dans l’arrondis- sement de Montpellier. La table al- phabétique de la classe 1909 pour ce bureau nous donne son numéro matricule - 528 - et c’est dans la liasse 1 R 1224 qu’il faudra cher- qui récapitule la carrière militaire cher sa fiche matricule : un état lignes : du- Son conscrit. état civil Apparaissent : né le 18 décembre au fil 1889 des

de Marcellin Secondy et de Louise Gui- à Vailhauquès, cultivateur, il est le fils

gou, tous deux de la même commune, - Son signalement : 1 m 63, yeux bleus, -nez Les moyen, détails visage des services ovale…, et mutations diverses- La décision : incorporé du conseil le 2 de octobre révision, 1910 au 11e régiment de hussards de Ta- rascon ; envoyé dans la disponibilité le 24 septembre 1912 ; mobilisé en août 1914 ; passé au 54e régiment d’artille- rie (18 août 1916) ; passé au 3e régi- ment d’artillerie coloniale le 31 août 1916 ; nommé brigadier le 1er avril

- Les campagnes : en ce qui concerne 1918…,

Louis Secondy, les informations sont- peu lisibles, - Les blessures, actions d’éclats, déco rations : citation collective, citation de Unela brigade, telle recherche « brigadier peut courageux désor et- maisconsciencieux se faire en »… ligne sur le site des Archives départementales de l’Hé- rault en suivant ce lien :

Registres matricules de recrutement Fiche matricule de Louis Secondy (Archives départementales de l’Hérault, 1 R 1224) classe (1909) et l’on consultera mandés aux habitants et bien - Ond’abord tapera la table l’année alphabétique exacte de en la d’autres informations sur cette cliquant sur l’appareil photo. période déterminante de notre his- Duranten étant quatre au quotidien années, préoccupésles Héraul - taispar viventune guerre loin desqui combats,a aspiré toutune laire de recherche dans l’onglet départementales de l’Hérault ont partie des forces vives du départe- Très bientôt, un nouveau formu toire contemporaine, les Archives ment. La lecture de la presse per- d’accéder directement aux res- «sources Archives numérisées en ligne »en permettra rapport établiliasses un intéressantes guide des sources conservées qui, sur des événements. L’Hérault possède avec la guerre 14-18. 34dans pages, nos fonds répertorie : la plupart des metalors à deux la population journaux deprimordiaux suivre le fil : Guide des sources Le Petit Méridional - Pour poursuivre la recherche Pour mieux saisir la nature de ces blicain radic L’Eclair - royaliste. Ce sont ,deux journal journaux répu quelques repères. bon marchéal, (5 et centimes , journalle nu- Afin de mieux percevoir l’envi documents, nous allons donner ici méro) qui annoncent à peu près ronnementl’importance qui de entoure la propagande le poilu, de la même manière la guerre et legouv contextee général de efforts l’époque, de- Enprendra août 1914, une dimension la France et mondiale. l’Europe l’attaque allemande. L’Eclair est sont entraînés dans un conflit qui rnementale, les [37] los rocaires n° 14 gnants au fro - vices rendus par les instituteurs nt (1 T 4332) ; les ser livre d’or des instituteurs publics pendant la guerre (1 T 4825) ; le des notices biographiques et des mortsphotographies pour la (1 France, T 5547). contenant Notons

également,émouvante contenant pour compléter des dessins cette listeet des non travaux exhaustive, manuels une réalisés liasse très par les enfants des écoles primaires de Lodève (1 T 3778).

encore des photographies (voir 2 DesFi) permettent cartes, des de pointer illustrations du doigt ou

lestickets difficultés de pétrole à l’arrière pour la consom avec les- carnetsmation domestique. de sucre, de Dans charbon, la sous- les

aux chercheurs une vision sou- sérievent en12 couleursFi, les affiches de cette proposent période sombre. Les journées du poilu (12

de l’Armée d’Afrique et des troupes Ficoloniales 175), des (12 orphelins Fi 326) (12 ou Fiencore 342),

à la population (Pour la France, versezles efforts votre financiers or demandés- tuent un échantillon modeste de ce fonds original. / 12Les Fi cartes 8) consti pos- tales apportent un autre éclairage

ou sur des lieux de mémoire : le sur les protagonistes du conflit 81e régime d’infanterie de Mont- drapeau et les officiers blessés du- formation de l’école de Lunel en accessible en ligne sur le site des pellier (2 Fi CP 3974), la trans Archives départementales : aux morts …. A propos de ces lieux joursla vision par gouvernementale la préfecture, à partir des évé des- hôpitaldu souvenir militaire, qui représentent les monuments en- et Le Petit Méridional sur celui de la télégrammesnements qui cherchent du ministère, souvent donne à core aujourd’hui des marqueurs L’Eclair rassurer la population (voir 8 R 30- prépondérants des deux guerres de Montpellier : - ravitaillement civil nous apporte tration communale dans la sous- MédiathèqueLe Petit Méridional centrale Emile Zola 76). Dans la série 10 R, le fonds du mondiales,série 2 0 nous les livrentdossiers des d’adminis données Les publications nationales (L’Il- lustration Le Miroir…) offrent des unles efforts éclairage faits sur pour les confectionner difficultés de reportages photographiques négli- lades vie vêtements quotidienne chauds à l’arrière,pour les sol sur- précieuses sur les plans élaborés,- gés par la ,presse régionale. La plus leur emplacement, les sculpteurs part sont consultables sur le site de bienfaisance… Parmi les autres sélectionnés, la thématique privi dats, les dons de vins, les journées légiée.l’œuvre Par du exemple,célèbre sculpteur le monument Paul se focalise sur les conséquences de réaliséDardé. Ilà Lodèves’intitule (2 : «0 Mère142/28) conso est- Gallica,France : bibliothèque numérique sourcesla guerre à signaler,dans le lamilieu sous-série éducatif. 1 T deGallica la Bibliothèque nationale de Les fonds du Rectorat et de l’Ins- L’œil de l’observateur attentif de la pection académique apportent des lantpériode son peut enfant » aussi être (1926-1929). attiré par renseignements sur de nombreuses les plaques de verres collectées Lesdevant affiches les mairies officielles, apportent imprimées aussi thématiques : l’organisation provi- - en noir sur fond blanc, placardées- soire des classes en 1914 et 1915 tion culturelle (1926 W) ou encore (1 T 3734) ; la présence des ensei- par l’Officedes archives départemental sonores derépan l’ac- des nouvelles du front. Le Bulle lostin rocaires des communes, n° 14 publié tous les [38] dant la parole de combattants des tranchées (1771 W) qui proposent ainsi leur regard sur cet épisode dramatique de notre histoire. Des pièces isolées dans les archives privées nous aident à mieux com- prendre leur vie quotidienne. Nous entrons dans leur intimité en par- courant des correspondances fa- miliales (1 J 831, 1 J 1026…). Les journauxrelatent l’enfer personnels, du front comme vécu celui par rédigéun modeste par Jean viticulteur Pouzoulet de(172 Cas J),- telnau-de-Guers recruté par les chasseurs alpins. Nous ne sommes qu’au tout début d’une profonde introspection du corps social. Les - dépôts d’archives départemen tales,mettre et àtout la dispositionspécialement du celui publi dec l’Hérault,une pléthore vont de très témoignages prochainement per- sonnelsréalisés par (lettres, les soldats…). carnets écrits dans les tranchées, dessins, objets La Grande Collecte Dans la cadre de la Grande Col- dans neuf pays européens depuis lecte, une vaste opération menée- tamment la bibliothèque en ligne la fin de l’année 2013 alimente no personnelles longtemps abandon- Europeananées dans les de greniers. nombreuses Cette traces mine de souvenirs complètera les col- presse et d’imprimés disponibles lections d’archives publiques, de- sion du Centenaire a mis en place aujourd’hui.des comités D’ores-et-déjà,départementaux la Mis du centenaire qui ont accordé par exemple dans l’Hérault un label à des projets de recherche sur les lettrescoordonne de poilus, à l’échelle la peur, nationalela guerre dansune myriade les manuels d’initiatives scolaires… qui Ellere- nouvelleront le regard porté sur cet événement traumatique. Philippe Secondy Attaché territorial, chargé de projet en développement culturel Archives départementales de l’Hérault [email protected]

Dessin de Juliette Caul, 13 ans, janvier 1915 (Archives départementales de l’Hérault, 1 T 3778) Don de vin rouge aux armées (Archives départementales de l’Hérault, 10 R 50) Monument aux morts de Lodève, Paul Dardé (Archives départementales de l’Hérault, 2 Fi CP 3859)

[39] los rocaires n° 14