ZIBELINE 13.03 > 10.04.2020 CULTURE LOISIRS ciné mensuel culturel n° 3 Dansez, chantez, votez !

3€50 - RD élections municipales F: 3,50 la culture à montpellier - 3 L 11477 LIBERTÉ À BRÊMEÀ LIBERTÉ

LIBERTÉ

«CETTE MISE EN SCÈNEEN MISE «CETTE EST UN CHEF-D’OEUVRE»UN EST LES INROCKS LES Rainer Werner Fassbinder Werner Rainer L’HUMANITÉ OFFERT» EST THÉÂTRAL TRAVAIL TEL QU’UN JOURS PAS«CE LES N’EST TOUS LESTHEATRES.NET (0,15 2013 2013 08 9À22€ DE 13001 MARSEILLE FRANÇAIS, THÉÂTRE DU 4 RUE GYMNASE DU THÉÂTRE TEXTE LIBERTÉ ÀBRÊME LIBERTÉ CÉDRIC GOURMELON GOURMELON CÉDRIC SCÈNE EN MISE REINER WERNER FASSBINDER WERNER REINER DU 2 AU 4 AVRIL 2020 2AUDU 4AVRIL €/min.)

À BRÊMEÀ LIBERTÉ

© SIMON GOSSELIN

Photographie © Élizabeth Carecchio NUITS UNE ET MILLE LES Guillaume Vincent réservez ! des âmes. et corps desinvite des cœurs, àla liberté des contes qui célèbres orientaux, envoûtante et poétique Adaptation de création une 04 91 54 70 54 70 91 54 04

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edito

Culture dans la cité

a Culture ? Les candidats aux élec- Jean-Claude Gaudin. Elle signifierait l’avène- tions municipales en parlent peu, ment du divertissement populiste au détri- en parlent mal. Pourtant les po- ment de la culturelle plurielle, du préfabriqué litiques culturelles municipales au lieu du fabriqué ensemble. peuventL changer le cours d’une ville et trans- Le débat sur une culture populaire contre former nos vies : la commune est l’actrice de une culture d’élite est factice, entretenu pour proximité par excellence, et sa politique cultu- ne pas répondre aux enjeux actuels : ceux des relle en dit long sur son projet, sur sa vision. droits culturels de chacun. Droit d’accéder Comme le logement, les transports, l’école, au livre, à une éducation artistique, aux res- la culture dépend très majoritairement de sub- sources culturelles, droit d’exprimer sa culture ventions publiques. Mais contrairement à ces librement. Ce sont les communes qui peuvent domaines, elle est celle qui peut rassembler ces rendre effectifs ces droits culturels en fonc- thématiques sectorielles et leur donner du sens. tion de leurs choix politiques. Favoriser l’im- On aurait tort de croire qu’à l’instar de l’éco- plantation d’un cinéma multiplexe, d’un ca- logie, la culture ferait consensus. Serait ni sino, d’une pharaonique salle de concert ou de gauche ni de droite. Comme l’écologie, la créer des bibliothèques par quartier, ouvrir culture n’est pas compatible avec les valeurs des ateliers d’artistes, soutenir les pratiques libérales de rentabilité et de consumérisme. artistiques amatrices ? Les moyens diffèrent Ce qui ne signifie pas qu’elle ne peut pas être selon que l’on habite dans un centre métro- un formidable levier économique : l’économie politain, dans un milieu rural ou péri-urbain de la culture est créatrice d’emplois, de diplô- mais, partout, il s’agit d’encourager à la fois la més, à condition qu’elle ne pâtisse pas de la création, la diffusion et la pratique sans oppo- culture de l’économie. ser gros opérateurs et petites structures, mais La victoire du Rassemblement national (ex en les accompagnant au regard de leur action FN) dans un certain nombre de communes du durable dans le territoire. Sud-Est serait fatale à la liberté de création : Les élections municipales des 15 et 22 mars ils le disent, ils le mettent en œuvre, arrivés au sont le moment de réaffirmer le droit à un pouvoir ils veulent être les gardiens du sens, et service public de la culture, en phase avec la feront des autodafés. Mais la victoire de Mar- diversité culturelle réelle de chaque cité. tine Vassal à Marseille signerait elle aussi un LUDOVIC TOMAS indiscutable recul, y compris avec la politique culturelle menée, ou plutôt non menée, par

Photo de couverture : Everyness, Honji Wang et Sébastien Ramirez © Denis Kooné Kuhnert

ZIBELINE MAGAZINE, MENSUEL CULTUREL

CULTURE LOISIRS CINÉ Rédactrice en chef : Dominique Marçon Chargée des abonnements Rédaction : [email protected] [email protected] Mensuel paraissant le vendredi Contact diffuseurs : Commerciale Édité à 20 000 exemplaires Zoé Guillou A juste Titres - tél : 04 88 15 12 41 par Zibeline [email protected] 07 67 19 15 54 Titre modifiable sur www.direct-editeurs.fr BP 90007 13201 Marseille Cedex 1 Administration Dépôt légal : janvier 2008 ISSN 2491-0732 RETROUVEZ TOUS NOS CONTACTS [email protected] Imprimé par Rotimpress Directrice de publication SUR JOURNALZIBELINE.FR Imprim’vert - papier recyclé Agnès Freschel Abonnez-vous et recevez Zibeline, tous les mois, chez vous ou accédez à votre zone premium sur journalzibeline.fr

Zibeline pour sortir malin et penser la vie sommaire

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grand entretien (P.6-7) Jean-Marie Blanchard, Politique culturelle (P.8-17) nouveau directeur général de l’Orchestre de Cannes La culture à Montpellier Fermeture partielle du Gymnase pour cause de sécurité société (P.18-25) La Réserve des Arts La scène nationale Châteauvallon-Liberté Les chroniques du changement climatique, huitième volet Elsa Dorlin, philosophe engagée Les Nouveaux Troubadours de Gil Aniorte Paz cité queer (P.26-27) Entretien avec Sergent Garcia, Tour Sud de SOS Méditerranée Transphobie à la CPAM 13 Madame, documentaire de Stéphane Riethauser

événements (P.28-43) Chinese Man Records a quinze ans La Biennale des écritures du réel, Marseille Entretien avec Hubert Colas pour Superstructure Festival L’impruDanse, Draguignan Printemps de la marionnette, Mougins Festival Festo Pitcho, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Gard Festival de Pâques, Aix-en-Provence Festival Présences Féminines, Var Festival L’orgue vivant, Marseille Sensational Platz de Margo Chou Festival Faveurs de Printemps, Hyères Festival Le Son des Peuples, Vaucluse Le printemps au Mucem

Superstructure, critique (P.44-55) mes Hubert Colas © Julian Johannes Olbrich La Criée, le Zef, Lieux publics, Mars en Baroque, la Cité de la Musique, le Jeu de Paume, le GTP, les Nouvelles Hybrides, Un Piano à Grans, Les Suds en hiver, Arles se livre, Les Hivernales, le Vélo Théâtre, l’Opéra de Toulon, les 13 Vents, le Domaine d’O, AU PROGRAMME le théâtre Jean Vilar, l’Opéra de Nice Spectacle vivant (P.56-80) Musiques (P.80-96) Arts visuels (P.98-101) arts visuels (P.102-103) Exposition Des marches, démarches au Frac Paca Bernard Plossu à la Villa Théo, Le Lavandou CINÉMA (P.105-116) Simon Bérard et Elvia Teotski à Vidéochroniques, Marseille Retours : La Berlinale Annonces : Aflam ; Rencontres du cinéma Sud-Américains ; la Criée Tout Court ; Rencontres cinématographiques de Salon ; Fête du court-métrage ; festival Nouv.o.monde ; Panorama des cinémas du Proche et Moyen Orient ; Fifa ; Itinérances Films du mois : The Room ; Mignonnes ; Abou Leila ; Antigone ; Trois visages, de Jafar Panahi Les grands voisins - Panorama des cinema de Scenes&Cines © Memento Films LIVRES/CD (P.116-123) Distribution Livres du mois : L’espion inattendu ; Tromperie ; L’échelle de la mort ; Romance ; Quelques gouttes de sang sur le bureau du maire ; 33 tours ; Gaby Deslys, reine du music-hall ; Ainsi parlait ÉCOUTES/ÉCRANS (P.124-127) ma mère ; La peur au milieu d’un vaste champ et autres nouvelles ; L’imagement ; Prénom : Inna T1 CD du mois : Incompréhensible ; Amorevolución BALADE (P.128-130) La Maison Bernard à Théoule-sur-Mer 6 grand entretien « L’Orchestre de Cannes doit défendre sa spécificité » Rencontre avec Jean-Marie Blanchard, le nouveau directeur général de l’Orchestre de Cannes

Zibeline : Après vos nombreuses missions de direction en lieu de répétition : la Bocca. Mais Cannes demeure une ville et à l’étranger, dont une incursion à l’Opéra de Paris, remplie de salles, dont malheureusement pas une seule ne et la création du Wagner Geneva Festival, vous revenez avec semble dédiée à l’acoustique, ni même au théâtre. Ces salles l’Orchestre de Cannes à une formation plus classique. sont polyvalentes, mais avec des acoustiques réfléchies davan- Jean-Marie Blanchard : Tout à fait ! Mon parcours s’est tage pour les congrès que pour du Mozart ! Pour un orchestre, toujours, avant tout, dirigé vers le lyrique. J’ai commencé au c’est une difficulté que de ne pas avoir sa salle. Le rapport -pu Théâtre du Châtelet lorsque ce rôle-là s’y affirmait. J’ai ensuite blic/salle/orchestre est important. Un projet de salle peut gé- enchaîné un certain nombre de maisons d’Opéra. À Nancy, nérer des difficultés. Mais je me dis souvent qu’un tel projet l’Orchestre avait une vraie vie symphonique, qu’on prenait très n’a pas à être somptueux ! La Grange au Lac à Evian, toute en à cœur. Je m’en suis occupé avec grand plaisir, ainsi que de bois… sonne merveilleusement bien ! Il n’y a pas forcément la musique de chambre. Vingt ans plus tard, je retrouve avec besoin de mettre du marbre dans les allées ! L’itinérance de grand bonheur un orchestre dans les règles de l’art. l’orchestre est cependant pour beaucoup dans sa plasticité. Comment définissez-vous votre rôle de directeur général ? Jouer dans des circonstances très différentes, et sans domi- Un orchestre, c’est avant tout un instrument, qui se met au cile fixe marque une phalange. service des compositeurs. Les musiciens sont donc la rai- La mise en place de collaborations régulière est également son d’être de l’orchestre. Ce qui n’empêche pas qu’un cer- une de vos lignes de conduites. tain nombre de personnes se doit de faire en sorte que tout L’orchestre a souvent collaboré avec l’Orchestre d’Avignon, cela tienne le cap, et s’organise bien pour mettre en relation et cette collaboration doit évidemment perdurer ! Avec Phi- les œuvres et le public. L’administration et la technique d’un lippe Grison de l’Opéra d’Avignon, et la Biennale de la Danse orchestre rassemble peu de personnes. Le directeur général et Brigitte Lefèvre, nous réfléchissons à un projet commun, accompagne, donne des directions, partage avec le directeur joyeux ! Mais les projets de fusion sont pour la plupart de très musical, Benjamin Lévy. mauvais projets. D’autant que l’Orchestre de Cannes est fi- Parmi ces directions à venir, on compte notamment l’obten- nalement trop unique pour se fondre dans une autre identité tion d’un label d’orchestre national en région. que sa fibre symphonique ! Ce serait bien sûr un signe de reconnaissance important, ainsi L’orchestre a également une fibre moderne, très jeune… qu’un moyen de protection une fois le label obtenu. Mais c’est Effectivement. Depuis sa fondation, il y a quarante ans, un fort aussi une façon de suivre une feuille de route, que je trouve renouvellement des solistes a fait de cet orchestre un orchestre pour ma part très réjouissante. L’Orchestre de Cannes demeure, très jeune. Il y a en cela une grande cohérence générationnelle certes, un orchestre qui mène sa vie dans sa ville-siège, mais avec son directeur musical, qui a insufflé une énergie positive il a aussi une mission de diffusion, une mission d’éducation. rare à l’orchestre. Ce désir de faire de la musique, comme dans La ville de Cannes est sur ce terrain très impliqué. Ce rôle est le répertoire chambriste, cela se sent. C’est différent du rap- rempli depuis très longtemps, avec beaucoup d’idées ! Au- port d’autorité habituel, c’est plus direct et plus simple. Cela trement dit : pour obtenir ce label, nous remplissons a priori s’entend, dans la sonorité, par rapport aux plus anciens, no- toutes les exigences : le processus est donc en route ! Il per- tamment chez les cordes. Il y a une vraie cohérence chez les met un dialogue assez ouvert sur la question. jeunes, qui doit forcément relever de la formation, ou peut- La question du lieu est à ce sujet un point important à envisager. être des choix du chef. L’orchestre est un exercice particulier : Elle devra en effet se poser tôt ou tard. Nous disposons d’un il faut se fondre, apprendre à s’écouter les uns et les autres. 7

Jean-Marie Blanchard © X-D.R.

Les formations académiques ont beaucoup progressé dans ce notre orchestre est donc plus disponible. À nous de nous faire domaine : on joue beaucoup plus ensemble, on se forge déjà valoir autrement ! Pour dessiner cette spécificité, un lien avec davantage d’expérience dans le domaine ! Même si la situa- le cinéma, sous toutes ses formes, est évidemment une piste tion, physique, de jouer en fosse demeure inconnue jusqu’à à suivre. Du ciné-concert aux compositeurs qui ont écrit et ce que les musiciens s’y retrouvent directement confronté. écrivent pour le cinéma, et avec qui nous pourrions échan- C’est pourtant particulier, de garder l’œil sur le chef, sur la ger. Pourquoi ne pas devenir, parfois, prestataires pour cer- feuille, et une oreille sur ce qui se passe sur le plateau ! Avec taines productions ? un son particulièrement redistribué. À Bayreuth, les dyna- Sans pour autant, donc, tomber dans le piège de la spécialisation… miques ne doivent jamais être celles de la partition ! La fosse Tout à fait. La spécialisation des orchestres s’est accentuée est aveugle, enfoncée… C’est sans doute la prochaine étape ces dernières décennies, dans deux répertoires. Du côté de pour perfectionner l’enseignement des conservatoires, qui la musique préclassique, baroque, de l’interprétation dite est de plus en plus complet ! « historiquement informée », elle s’est même avancée sur le Le paysage orchestral de la région est en effet riche, et contrasté. Romantisme, sur Beethoven, Mendelssohn, etc. À l’opposé, Notre région est une région singulière : elle rassemble beau- historiquement, des orchestres se sont dédiés à la musique coup d’institutions musicales. Cinq orchestres y sont présents : contemporaine. Je pense qu’il y a eu dans le domaine de la celui de Toulon, de Marseille, d’Avignon, de Nice et celui de musique ancienne une spécialisation qui a produit des choses Cannes (on pourrait y ajouter Monaco, selon les manières de excellentes. Si bien qu’aujourd’hui, être un orchestre mo- compter…). Cannes est le seul orchestre symphonique, c’est- derne est devenu un handicap ! Jouer Monteverdi était possible à-dire le seul orchestre qui ne fait pas de fosse. Il a le format jusqu’en 1980, c’est inenvisageable aujourd’hui. Impensable ! d’un orchestre de chambre. C’est un orchestre Mannheim : Sur la musique contemporaine, une spécialisation, un goût c’est-à-dire qu’il rassemble trente-six musiciens. Les œuvres des ensembles dédiés sont évidemment nécessaires. Mais il écrites pour bois par deux sont conçues pour cette formation. me semble qu’explorer ces territoires, sans l’idée de rivaliser Les équilibres sont à conserver : on ne va pas jouer du Bruc- avec un ensemble spécialisé, est importante pour faire vivre kner ! Mais pour Beethoven, c’est l’idéal. Les orchestres ont un orchestre. Certains de nos programmes de musique de grossi avec l’histoire : on a souvent gonflé ces effectifs. Les chambre vont vers le XXe siècle et le baroque. Et je m’en ré- formations réduites permettent d’entendre les œuvres mieux, jouis ! C’est tout de même un peu triste de se couper défini- avec plus de transparence. Notre orchestre ne souhaite donc tivement d’une séquence du répertoire. Surtout pour un or- pas se spécialiser dans un segment du répertoire. On ne va chestre aussi heureux de jouer ! pas non plus devenir des spécialistes de Haydn… Ce serait un ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SUZANNE CANESSA peu triste ! Malgré tout, l’Orchestre de Cannes doit défendre, ou du moins d’autant plus montrer sa singularité dans ce pay- sage. Les orchestres de fosse sont pris par leurs obligations : 8 politique culturelle Si elle a dû céder son statut de capitale régionale au profit de Toulouse, la cité languedocienne n’a rien perdu de son attractivité. Après les années d’explosion culturelle sous les mandats du controversé Georges Frêche, la ville a maintenu le cap des réalisations de prestige. Que manque-t-il à Montpellier ? Pour les uns, pas grand-chose. Mais d’autres en appellent à un nouveau souffle Montpellier, la surdouée qui doit se réinventer

« Quel récit chorégraphique écrit-on pour cette ville ? »

vec son Centre chorégraphique national (CCN), son festival m’importe est d’être dans un double mouvement qui par- Montpellier Danse et le retour de la chorégraphe Mathilde vient à accueillir l’extérieur et à sortir du lieu. AMonnier dans la ville, Montpellier s’affirme comme une Les politiques culturelles menées à Montpellier peuvent-elles place forte de la danse du grand Sud. Comment ces dif- impacter le projet du CCN ? férentes structures peuvent-elles s’inscrire dans Elles le pourraient si elles s’en emparaient. Les une démarche croisée et cohérente ? Entretien politiques culturelles existent à l’intérieur des avec Christian Rizzo, directeur d’ICI-CCN. institutions à travers les projets portés. La Zibeline : Quel rapport entretient une struc- question est : comment ces projets peuvent ture d’envergure nationale comme le CCN aussi être initiateurs de réflexion pour des avec sa ville d’implantation Montpellier ? politiques culturelles plus larges ? C’est à Christian Rizzo : La première chose ce niveau qu’il y a moins de concertation. que j’ai faite en prenant la direction du Je le regrette car certaines réflexions et CCN, même si elle est symbolique, est de actions que l’on mène rejoignent à mon le nommer ICI (Institut chorégraphique sens les enjeux de politique culturelle. Par international, ndlr). Cela signifie que le pro- exemple, il serait intéressant que nos par- jet du CCN n’est pas hors-sol et qu’il est bien tenariats avec des structures à l’internatio- C hr isti ancré dans la multiplicité des territoires qui an R staj nal débouchent sur des partenariats entre mé- izzo © Mario Sini l’accueillent. La question internationale, nationale, tropoles étrangères. Et que les deux projets puissent régionale ou métropolitaine constitue une seule et même se charger mutuellement. Pour l’instant, ce n’est pas le cas. question. Ce sont quatre cartographies qui se superposent, Les élections municipales peuvent-elles avoir une incidence se renseignent et s’accompagnent constamment, sans échelle sur ICI ? de valeur. En étant posé physiquement à Montpellier, nos De fait, puisque les institutions sont aussi portées par le po- propositions s’adressent aux gens les plus proches. Ce qui litique. Le paysage chorégraphique de demain à Montpellier 9

Montpellier, la surdouée qui doit se réinventer

Montpellier - Place de la Comedie © CC - Henri Moreau

est-il une question politique ou pas ? Tout Mathilde Monnier, à laquelle vous avez Tropisme dépend de quel projet pour la culture succédé à la direction du CCN, est de re- dans cette ville. C’est un sujet relative- tour à Montpellier, via la Halle Tropisme. ment absent de la campagne. On ou- Que cela vous inspire-t-il ? créatif blie que le champ de l’art est aussi un Sa vie est ici, il n’y a rien à redire. Ma- laboratoire, qu’il a des choses à dire et à thilde Monnier, c’est une compagnie. et culturel mettre en œuvre s’il était plus entendu Montpellier Danse est un festival. Et il y par le politique. a le Centre chorégraphique. Personne uverte il y a un an, la Halle Tropisme Jean-Paul Montanari vient d’annon- n’est au même endroit. Il serait très inté- est l’une des principales réalisations cer* qu’il restait directeur de Montpel- ressant de réfléchir à la spécificité de ces Odu mandat de Philippe Saurel. Entre- lier Danse. Un commentaire ? projets et de voir à partir de là comment tien avec Vincent Cavaroc, son directeur. Je n’ai rien à dire. on peut les mettre en lien. Mais si tout le Zibeline : Quelles sont les missions et l’am- Vous êtes deux institutions qui cohabitez monde fait la même chose en parallèle bition de la Halle Tropisme ? dans le même bâtiment dédié à la danse, et sans concertation, alors qu’on n’a ni Vincent Cavaroc : Le premier est cela ne serait pas incohérent qu’il y ait les mêmes missions, ni les mêmes ob- d’ouvrir les champs classiques de la culture des ponts entre vous... jectifs, ni les mêmes financements, on aux industries créatives et culturelles, en Des ponts il y en a : on fait des coproduc- prendra le risque d’entretenir une ex- initiant un rapprochement entre la créa- tions en commun, on réfléchit à des co- trême confusion qui ne permettrait pas tion artistique et des secteurs tels que le réalisations pour l’an prochain. Je trouve au projet de chacun d’être compris pour cinéma d’animation, le jeu vidéo, la radio. réjouissante une ville qui a plusieurs en- ce qu’il est. Ma seule inquiétude est de Avec 220 entrepreneurs créatifs résidents, tités qui réfléchissent sur une pratique, savoir si les tutelles ont la capacité fi- la Halle s’inscrit comme un lieu liant ces et même vertueux qu’il n’y ait pas un nancière de permettre la pérennisation différents acteurs. Le deuxième objectif est monopole de pensée sur cette pratique. et le développement de tous ? de se développer comme une vraie friche Le plus important est de savoir quel ré- ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS culturelle dans une ville qui ne dispose cit chorégraphique écrit-on pour cette pas de bâtiments industriels à réhabiliter. ville. Et avec quels moyens pourrait-on * Lors de la conférence de presse de la Nous avons la chance d’occuper une an- e activer davantage de zones communes. 40 édition du festival, le 3 mars cienne halle de mécanique de l’armée de 10 politique culturelle La culture, supplément d’âme de (presque) tous les candidats Tour d’horizon des propositions culturelles des aspirants maires. Quand il y en a…

a Halle Tropismes (lire ci-contre) Coralie Mantion. Concertation, coo- et le Mo.Co sont les deux plus re- pération, mise à disposition de lieux et marquables réalisations du mandat création d’ateliers, les propositions des V inc ol L en ign t Ca oss varoc © Marielle R de Philippe Saurel. Jouant sur la tra- écologistes ciblent particulièrement les ditionnelle prime au sortant, le maire artistes locaux. La bonne surprise vient de 4000 m2. C’est pour nous un terrain de ne s’est pas précipité pour repartir en la liste citoyenne « Nous sommes Mont- jeu et de liberté infini qui nous permet campagne, officialisant sa candidature pellier ». « La vision actuelle de la culture de passer de la musique à la philosophie, à peine plus de trois semaines avant le à Montpellier est celle d’une vitrine ins- de la danse à la gastronomie, du cinéma premier tour de l’élection municipale. trumentalisée au service du marketing à des ateliers pour les enfants. Sur le plan culturel, il était impossible territorial et de la communication poli- Quel est votre rapport avec les artistes à l’heure de publier ces lignes de cer- tique. On arrive au bout d’un cycle et on et les opérateurs culturels du territoire ? ner ses ambitions. Même inconnue du a l’impression qu’il n’y a plus de projet Notre coopérative -illusion&macadam- côté de l’injoignable Michaël Delafosse, culturel. Les élus qui sont là depuis 20 ou travaille depuis 18 ans à l’accompagne- candidat du Parti socialiste soutenu par 30 ans ont l’habitude de couper des ru- ment des artistes. La Halle est le pro- le PCF et ancien adjoint de la maire Hé- bans. Or ils savent qu’on n’a plus besoin longement naturel de notre activité, en lène Mandroux (2004-2014), délégué à… de nouvelles infrastructures et n’arrivent permettant à de nombreux artistes de s’y la culture. Novice en politique, l’homme pas à trouver d’autres modèles », tacle la produire. En tant qu’acteur indépendant d’affaire et président du Montpellier Hé- tête de liste Alenka Doulain. de la culture, notre objectif est de conso- rault Rugby Mohed Altrad se lance dans lider nos moyens pour pouvoir leur don- la bataille. Au-delà de quelques propo- Rééquilibrage ner plus de place. Ouvrir notre espace de sitions de l’ordre de l’événementiel et Pour tenter d’inventer ce nouveau mo- façon permanente à la chorégraphe Ma- du divertissement, il avance trois idées dèle, « Nous Sommes » estime qu’il faut thilde Monnier est pour nous un signe non négligeables : un pass culture pour en passer par « un rééquilibrage », à la fois très encourageant. Nous développons les jeunes, une véritable saison d’opéra budgétaire et territorial, certains quar- de plus en plus de collaborations qui se et des conférences de concertation des tiers étant dépourvus de lieux culturels. traduisent par des projets montrés ici ou acteurs associatifs et professionnels. « Il faut s’appuyer sur les grandes institu- ailleurs. Nous sommes déjà en lien avec le D’après un récent sondage réalisé par tions culturelles existantes, mais une par- CDN, le MoCo, le Musée Fabre ou l’Opéra. l’Ifop pour Midi Libre, le second tour se tie de leur budget doit être fléchée vers le Comment percevez-vous l’évolution de la jouerait entre ces trois hommes… soutien à la scène artistique locale et aux vie culturelle montpelliéraine ? formes émergentes ». Plus dans le détail, Au début des années 80, Montpellier a Une cité du cinéma Alenka Doulain souhaite « revoir le projet su miser sur la culture en profitant de Parmi les grands projets de Patrick Vi- artistique du Mo.Co pour en faire un lieu la décentralisation pour implanter les gnal, candidat LREM, on note une « Cité avec plus de brassage sur le modèle du grands équipements qui rayonnent en- du cinéma au cœur de la ville ». Un « fes- 104 à Paris ». Mesure phare : la gratuité core aujourd’hui, tels que les CCN et CDN, tival européen des arts urbains » et des des médiathèques. Ou encore transfor- Montpellier Danse, le Printemps des co- mystérieuses « places créatives dans tous mer l’ancien conservatoire en lieu de médiens… Aujourd’hui, j’ai le sentiment les quartiers » sont également au pro- répétition, s’appuyer sur le réseau des que la ville parvient à se réinventer à tra- gramme. Pour Alex Larue (LR), Mont- Maisons pour tous, développer une offre vers l’impulsion donnée du côté de l’art pellier aurait « perdu de son attractivité plus dense l’été quand « tous les Montpel- contemporain et des industries créatives en matière culturelle ». Celui-ci souhaite liérains vont à Sète parce que c’est là que et culturelles. Cela s’illustre notamment redéfinir « une politique culturelle ambi- ça se passe ». Et de déconstruire le dis- par l’implantation à Montpellier de so- tieuse et concertée en partenariat étroit » cours classique sur les publics qui n’au- ciétés comme Ubisoft ou Dwarf aux cô- avec les autres collectivités « avec lesquelles raient pas accès à la culture : « de quelle tés de grandes écoles telles que l’ESMA les liens sont dénoués ». Et d’imaginer culture on parle ? Tout le monde a accès ou ArtFx. L’implantation de ce nouveau Montpellier en « lieu incontournable des à sa culture. Comment valorise-t-on les tissu contribuera à écrire un nouvel acte industries culturelles et créatives », no- cultures populaires plutôt que de vouloir de la politique culturelle de Montpellier. tamment dans la filière des tournages et apporter « la » culture de manière condes- ENTRETIEN RÉALISÉ PAR L.T. des métiers liés. Après avoir accusé sa cendante à ceux qui n’en auraient pas ? » tête de liste démocratiquement désignée, La question mérite d’être posée. Clothilde Ollier, d’être trop marquée à LUDOVIC TOMAS gauche, EELV s’est choisi l’architecte 11 Un amateur très éclairé Gilles Mora est directeur artistique du Pavillon populaire à Montpellier, qu’il a érigé en lieu incontournable de la photographie. Portrait

as plus tard qu’en février dernier, les bourg de Louisiane où il avait été nommé Frantic Rollers donnaient un concert à coopérant au début années 70, il a com- PAgen. C’est dans cette ville que Gilles mencé à s’intéresser à la photographie. Mora, guitariste et chanteur, a fondé Porté par le personnage d’Antonioni dans le groupe avec trois copains en 1962. Blow up, qui avait contribué selon lui à Au moment de préparer l’agrégation populariser la figure du photographe, de lettres, il comprend qu’il devra choi- il achète un appareil, et sort à la ren- sir la case amateur, et c’est peut-être ce contre du Sud profond des États-Unis. qui a préservé la fougue inentamée des « À l’époque, tout le monde avait l’appa- quatre rockeurs. À 75 ans, il revendique reil autour du cou, et chacun compre- encore de n’avoir « aucune spécialité », nait que faire des photos, ça n’était pas de ne rien faire « à temps complet ». Et une agression. » Son premier vrai déclic, même s’il est depuis longtemps reconnu inspiré par Walker Evans qu’il venait de comme l’un des meilleurs connaisseurs découvrir : « un Noir, qui tient un oiseau de la photographie américaine, qu’il a, mort, je me suis dit tiens, ça, ça pour- après avoir créé la première revue fran- rait être bien ». L’homme est jeune, il © GM, sept. 2018 çaise de critique photographique, été à regarde tout droit l’objectif en souriant, éviter le regard uniforme « lié à la mon- ce titre plusieurs fois missionné par le la carabine levée dans une main, le ca- dialisation » et encourager « ceux qui ont ministère de la Culture, puis directeur davre dans l’autre, dans un paysage de des petites voix, des petites musiques », de collection au Seuil et nommé à la tête neige. Il a aimé passionnément ce Sud, il programme depuis 2010 au Pavillon des Rencontres d’Arles, il a mené toutes ses habitants, sa musique, son histoire. populaire des artistes importants mais ces activités de front avec son métier de Il y a connu ce qu’il avait trouvé chez peu montrés, oubliés. La municipalité le professeur de lettres en classe prépa- James Joyce dans Portrait de l’artiste en suit, c’est gratuit, et au fil des expositions, ratoire. « Le directeur du Seuil me disait jeune homme, son « territoire épipha- « les gens ont fini par comprendre qu’il fal- “Venez ! On vous salarie !”, je n’ai jamais nique : un lieu, des gens, quelque chose lait y aller parce que ça allait leur appor- voulu, parce que je savais que c’était ma qui concrétise à la fois les fantasmes, les ter quelque chose ». Il a encore « plein de liberté, que je n’avais pas besoin de ça rêves, les désirs ». Aujourd’hui, l’Amé- choses à montrer », mais si la prochaine pour vivre. » rique, « littéralement épuisée par l’ico- équipe ne s’engage pas de la même fa- Finalement, ce qu’il craint avant tout, nographie photographique », a perdu à çon dans le projet, « ce sera tout simple- c’est de « s’emmerder ». Parce qu’« il n’y ses yeux son attrait photogénique : « il ment : au revoir ! ». avait vraiment rien à faire à Jena », petit faut passer à d’autres territoires ! ». Pour ANNA ZISMAN

Passeur de regards l y a une réelle fascination à plonger dans le regard de toutes life, mais aussi des quotidiens géographiquement bien plus ces personnes que Jean-Philippe Charbonnier a attrapé au proches (les mineurs de Lens, les marins de l’Île de Sein) ; la Icours de ses multiples voyages à travers le monde. Qu’ils palette est large, mais l’humain toujours au centre. L’un de soient réunis sur une place à Wuxi, en Chine, courant 1955, ses reportages les plus bouleversants, mené dans des hôpi- boucher au Maroc en 1973, photographe ambulant à Ankara taux psychiatriques français, révélait, en 1955, les conditions (1951), il y en a toujours au moins un pour nous regarder. indignes réservées aux patients. S’il jugeait que « les photos L’envoyé du magazine Réalités, inscrit dans le courant de de folie, c’est trop facile, parce que les fous sont toujours pho- l’École humaniste de Paris, ne cherche ni le sensationnel, ni togéniques », la publication de ces terribles images marque le l’image poétique : en provoquant la rencontre (une grimace début d’une nouvelle prise de conscience. Avec plus de 200 pour attirer l’attention d’un enfant, un signe de la main), il photographies, le travail de cet outsider resurgit, et son œil crée un moment incarné. De 1950 à 1974, salarié de la re- vise toujours là où ça vibre. vue mensuelle, il pose son objectif sur des sujets dont il par- A.Z. vient toujours à rendre la profondeur. Dans ces années-là, Jean-Philippe Charbonnier - Raconter l’autre et l’ailleurs (1944-1983) les gens et les images circulent bien moins qu’aujourd’hui, jusqu’au 19 avril et Charbonnier fut l’un de ceux qui contribua à rapprocher Pavillon populaire, Montpellier les regards. Les modes de vie « exotiques », l’American way of 04 67 66 13 46 montpellier.fr 12 politique culturelle Pas de monde au balcon Le Théâtre du Gymnase à Marseille ferme partiellement pour cause de sécurité, et doit entamer de lourds travaux qui vont entraîner une délocalisation des deux prochaines saisons

ur la Canebière, à deux pas de rues -deux des membres du personnel sont Las, le Théâtre du Gymnase, s’il ne s’ef- traumatisées par les effondrements, morts du cancer de l’amiante- n’en finit fondre pas vraiment, présente de graves Sles expulsions et les arrêtés de péril, pas de voir se succéder des travaux par- défaut de sécurité. Le Second Balcon et l’annonce de la fermeture d’un bâtiment tiels. Aujourd’hui, ce sont des éléments les Loges ont révélé des fissures : elles pour raisons de sécurité a de quoi in- de sa corniche qui nécessitent échafau- reposent sur des poutres et un système quiéter : à ce jour les rues voisines, celle dages et travaux en urgence... d’attaches jugés « insuffisants » et « in- d’Aubagne, de la Palud et Jean Roque, suffisamment entretenus », et viennent restent fermées. Depuis le 5 novembre Dans un écrin fragile d’être interdits par la commission de 2018 rien n’a été reconstruit, les habitants Jusqu’alors le Théâtre du Gymnase, en- sécurité. Sont donc condamnés trois ne sont pas tous relogés, et les expulsions tièrement refait en 1983 avec des sub- étages, soit plus de la moitié des 680 continuent... Tandis que les rénovations sides de la Ville, de l’État et des collec- places du théâtre. Encore un théâtre en moins ? Dominique Bluzet se veut rassurant. Pour son public, pour ses salariés (près de 100 pour le seul Gymnase), pour les artistes programmés en fin de saison et les saisons prochaines. Il se réjouit de la solidarité immédiate de la Criée, de La Friche, de L’Odéon et de L’Opéra qui ont d’emblée répondu présents pour sauver et accueillir chez eux ce qui peut l’être. Soulignant que le parterre ne re- présente aucun danger et que les spec- tacles peuvent avoir lieu avec une jauge réduite, le directeur sait pourtant qu’il devra rembourser des places, payer des dédits aux compagnies programmées, et s’attendre à de longs travaux entraînant une longue fermeture... Theâtre du Gymnase © Caroline Doutre Reste à espérer qu’ils seront menés ef- de façades et les piétonnisations / bé- tivités territoriales, semblait échapper ficacement et que les Marseillais ne se tonisations tentent de sauver la face et à la loi marseillaise de l’effondrement : verront pas privés d’une salle de théâtre de clamer que « Marseille change », la le projet de Dominique Bluzet semblait de plus : les lieux qui programment du situation du bâti marseillais s’aggrave. recueillir l’attention sinon de la Ville, du spectacle vivant à Marseille se font rares, Pourquoi ? La Chambre régionale des moins du Département : il s’agissait pour après les changements de destination comptes l’a noté très clairement, la Ville de le directeur du Gymnase et des Bernar- successifs du Théâtre du Gyptis et du Marseille n’entretient pas suffisamment dines de redonner un élan culturel à la Théâtre de Lenche, alors que les théâtres ses bâtiments, et les bâtiments culturels Canebière et à ses rues adjacentes, où de la Friche n’ont qu’une programma- n’échappent pas à la règle : L’Alcazar, se côtoient la plus grande pauvreté, le tion sporadique, et que L’Odéon, pour- grande bibliothèque municipale à voca- marché de Noailles et son trafic de ciga- tant municipal, ne programme que du tion régionale, est entourée de barrières rettes, et des équipements culturels ma- théâtre privé vu à la télé... de sécurité parce que des éléments de jeurs : Conservatoire, Théâtre de l’Odéon, Les Marseillais, la Canebière et le Gym- sa façade se détachent ; la Criée, Centre Alcazar, Gymnase et Bernardines, sans nase méritent mieux que cet abandon ! dramatique national qui a fermé trois compter le Lycée Thiers et ses classes DOMINIQUE MARÇON fois pour trois désamiantages successifs prépas, et la grande Librairie Maupetit. 2020 CEPAC 2020 SILO

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CLUB CEPAC SILO ENTREPRISE 14 politique culturelle Culture : vive le réemploi !

Pouvez-vous détailler cette démarche ? Nos priorités sont la prévention et la ré- duction des déchets. Nous promouvons le réemploi par opposition au recyclage ou à la déchetterie, sur les bases d’un projet moins énergivore, local, qui soutienne les professionnels du secteur culturel, et soit créateur d’emploi. À Marseille, nous pré- voyons une dizaine d’embauches, de gens du coin. À Paris, 22 salariés travaillent ac- tuellement, qui devraient être 35 d’ici la fin de l’année, plus 60 « valoristes », indé- pendants, travaillant à la mission sur des collectes. Comment fonctionnez-vous ? Nous faisons de la sensibilisation dans les écoles, les entreprises ou les institutions culturelles. On agit en tant que prestataires de service de gestion des déchets, payés pour récupérer les matériaux. Puis on les valorise,

© La Reserve des arts ils sont triés, pesés, on enlève les agrafes, les logos... Nous passons des contrats de confidentialité : l’origine des La Réserve des Arts, association matières de luxe, chutes de d’économie circulaire pour les cuirs de très bonne qua- lité par exemple, n’est pas professionnels du secteur culturel, identifiée et les marques ne communiquent pas ouvre une Grande Halle à Marseille. dessus. Et après la collecte et la Entretien avec Louisane Roy, valorisation ? Nous vendons les matériaux responsable de l’Antenne Sud à nos adhérents. L’adhésion L oui R. sane Roy © X-D. n’est pas chère : 8 € pour les étu- diants, 13 € pour les indépendants... Zibeline : Racontez-nous votre projet. et les prix très bas. Le secteur culturel a de moins en moins Louisane Roy : Nous ouvrons le 1er avril un espace de de ressources, notre idée est de permettre aux profession- 840m2, dans le 15e arrondissement de Marseille, dédié au nels, petites compagnies et structures précaires, de basculer réemploi dans le secteur culturel. L’idée est de collecter des une partie de leur budget en matières premières sur l’humain matières premières auprès d’entreprises ou institutions -bois, et le processus de création. En parallèle, on les sensibilise à bâches, métaux, verre, tissus, quincaillerie, mercerie...- qui faire des choix précis. Le réemploi c’est cela aussi, tout est seront mis à disposition des professionnels du secteur cultu- fonction des arrivages. Dans nos entrepôts il y aura toujours rel à très bas coût, pour leurs créations. du tissu, mais cet imprimé-là, une fois seulement ! Cela peut Quelle est l’origine de votre structure ? stimuler l’inventivité. La Réserve des Arts est une association Loi 1901 créée en Qui est le cœur de ces métiers. 2008 à Paris, avec des ventes éphémères au début, puis une Oui ! Le réemploi, la culture de la débrouille ont toujours petite boutique de 130 m2, ouverte dans le 14e arrondissement existé dans les structures légères. À présent l’enjeu est de en 2012. En 2014, nous avons ouvert un entrepôt de 1200 convaincre les grandes institutions, les musées, les théâtres, m2 à Pantin, et l’année dernière un plus important encore, pour qu’ils s’emparent de la question. Il faudrait que la légis- de 3000 m2, qui est déjà trop petit ! Devant un tel succès, on lation évolue. Nous travaillons avec le Mucem, où l’on a fait se dit que la démarche répond à un véritable enjeu social et de la collecte. Si le prochain Plan B y a lieu (temps fort estival, environnemental. ndlr), on pourrait tenir des ateliers, créer des produits dérivés INVITATION VERNISSAGE PHOTOGRAPHIE Culture : vive le réemploi !

à partir de rebuts de scénographies, vitrines d’exposition, cimaises, châssis... Mais en tant qu’établissement recevant du public, ils ont un cahier des charges très strict, et ne peuvent se fournir chez nous en matériaux de récupération. Les mentalités bougent ? Indéniablement. J’ai commencé à la Réserve des Arts il y a 4 ans, et depuis deux ans environ je perçois un fort change- ment. Ne serait-ce qu’à travers le développement exponen- tiel de notre activité ! D’ailleurs, si les logiques de l’économie circulaire commençaient à être appliquées sérieusement dans le secteur culturel, avec des dispositifs internes aux structures et collaboratifs, nous n’aurions plus de raison d’être et ce serait très bien ! Pourquoi avoir choisi Marseille ? C’est la 2e ville de France, qui rayonne en Région Sud, avec énormément de festivals et de tournages, beaucoup d’évé- nementiel, l’ennemi de l’écologie. Mon objectif ce printemps est d’infiltrer leFestival de Cannes avec les logiques d’éco- nomie circulaire. L’an dernier une marque de mode éthique a conçu une robe à partir du tapis rouge. On aimerait que nos adhérents aient accès à ce type de produits-là. On va entrer en contact avec les Rencontres de la photographie à

Arles, le Festival d’Avignon, le Festival d’art lyrique d’Aix-en- Omar - Boxing Club Saint Louis © Vincen Beeckman Provence, Marsatac... Y a-t-il des différences avec le projet parisien ? LUNDI 30 MARS > 19h L’Antenne de Pantin devient organisme de formation certi- Entrée libre fiée en avril. Le local là-bas comprend 500m2 d’ateliers pour travailler le bois, le métal... Mais nous sommes voisins d’Ici PARTOUT AILLEURS Marseille, atelier partagé qui fait cela très bien depuis deux ans, aussi nous allons plutôt proposer des résidences d’ar- CE SERAIT MARSEILLE tistes et artisans. L’idée est de mettre à disposition des es- Vincen Beeckman paces gratuitement, sur 3 ou 6 mois. La contrepartie serait de tenir une permanence pour l’association, et d’animer un Une soirée festive concoctée par le photographe belge Vincen atelier où l’on invitera les habitants du quartier. Beeckman invité cette saison par Yohanne Lamoulère, artiste- er Vous ouvrez le 1 avril, à quelle adresse ? photographe de la Bande du ZEF ! Au 10-12 Impasse du Pétrole, Quartier des Crottes, on pou- Autour d’un verre, venez découvrir le projet d’immersion d’un belge en vait difficilement trouver meilleur nom, j’adore ! Nous nous escale à Marseille ; Vincen Beeckman, photographe basé à Bruxelles, y installons pour trois ans, ensuite Euroméditerranée récu- s’est lancé le pari de traverser la cité phocéenne en deux semaines, pérera les lieux. C’est une grosse machine, qui réaménage selon un emploi du temps intense. D’un club de boxe à une boîte le quartier à sa façon technocratique mais nous loue le local de nuit : itinéraire sur (dé)mesure, vagabondages photographiques contre un petit loyer. Si ça marche, qui sait, peut-être que atypiques et portraits humanistes... Au programme : rencontres avec d’autres antennes ouvriront à Nice ou Montpellier ? les personnes qui ont accueilli Vincen, anecdotes, échanges autour Avez-vous fait appel à des financements publics ? de la photographie, playlist belge et talents marseillais... Une soirée festive, orchestrée par Vincen Beeckman, qui promet de joyeux Oui, nous sommes aidés par l’Ademe sur une partie de l’in- impromptus ! vestissement. D’autres demandes de subventions d’investis- sement et de fonctionnement sont à l’étude auprès de la Ville Rencontre avec Vincen Beeckman, de Marseille, du Département 13 et de la Région Sud-Paca. ses hôtes et Yohanne Lamoulère PROPOS RECUEILLIS PAR GAËLLE CLOAREC

> HALL DU ZEF La Grande Halle, antenne sud de la Réserve des arts Avenue Raimu, Marseille 14e Marseille 15e lareservedesarts.org 04 91 11 19 20 www.lezef.org 16 politique culturelle Châteauvallon-Liberté garde le cap

Charles Berling lors du lancement de la saison d'été à Châteauvallon © Vincent Berenger, Châteauvallon, scene nationale de Toulon

n février 2018, Charles Berling et Pascale Boeglin, qui du Liberté et de Châteauvallon, Sarah Behar et Janusz Wo- dirigeaient déjà conjointement le théâtre Liberté à Tou- lanin, et depuis le début de l’année 2019, pour faire face au lon, prenaient aussi la direction de Châteauvallon. Le 31 volume de travail, une déléguée générale avait été embau- Ejanvier 2020 Pascale Boeglin quittaient ses fonctions de chée. Pour moi il est vraiment fondamental que chacun soit codirectrice de la scène nationale Châteauvallon-Liberté. En- vraiment responsable, prenne des initiatives... Je continue tretien avec celui qui en devient le directeur unique donc, comme je l’ai toujours fait, et c’est ce qui se faisait avec Pascale déjà, à beaucoup diriger avec mon équipe pour qu’on Zibeline : Quelles sont les raisons du départ de Pascale Boeglin ? trouve les directions justes, pour qu’on approfondisse le geste Charles Berling : Nous avons fait un très bon travail d’une institution territoriale bien ancrée dans son territoire ensemble depuis 2015 où Pascale est devenue codirectrice et en même temps qui a le regard tourné vers le national et du théâtre Liberté avec moi. Le fait qu’on nous ait confié la l’international, pour apporter tout ce qu’on peut en pluridis- direction de Châteauvallon en plus a donné une autre enver- ciplinarité. Je poursuis cette direction, et en même temps, gure à l’entreprise, et on en est arrivé à une sorte d’usure de et ça apporte aussi au lieu, je continue ma carrière d’artiste. collaboration. C’est fragile une codirection, surtout à parité, Donc ça suppose que je délègue vraiment les choses. Je ne à égalité. L’harmonie qui existait a un peu pris l’eau. Or il pense pas qu’on puisse diriger une entreprise comme la nôtre faut que ce soit parfaitement harmonieux pour que ça fonc- sans réfléchir justement à une forme d’écologie du manage- tionne parfaitement. ment, pour qu’il y ait de la diversité, que les gens puissent Vous êtes confirmé au poste de directeur de la scène nationale s’exprimer. On fait des programmations, des actions cultu- Châteauvallon-Liberté en accord avec les conseils d’adminis- relles... il faut donc imprimer un état d’esprit, que vais d’ail- tration des deux associations ; serez-vous secondé, et par qui ? leurs approfondir. Depuis le début je pense qu’il faut un management collégial qui C’est-à-dire ? délègue bien le pouvoir, qui responsabilise les équipes. Il y a Je veux encore plus impliquer les équipes, encore plus les donc un comité de direction, composé des deux administrateurs responsabiliser. Je suis d’une génération qui a vu émerger déteste leconsumérisme y compris pour lesspectacles. tion entre les programmes et les actionssur le terrain, je il se pose desquestions.Je crois beaucoupà la corréla ces sujetsaujourd’hui brûlants, pour que joyeusement positions qu’on fait au public, qui nous parlent de tous c’est notre devoir d’aller encore plus loin dansles pro- des questionsécologiques, humaines. Ilmesembleque l’équipe, dela direction, dumanagement,tournée vers Tout ça participe d’uneréflexion globale,en regard de ser desinvestissements sur Châteauvallon etLiberté. je viens de vous parler, eten mêmetempsleur propo- voir à la fois développer ce programme artistiquedont qui doitêtre validée en juin, et je veux absolument pou- convention pluriannuelle d’objectifs vis-à-vis destutelles, venu en février. Par ailleurs,on esten train definir la plus expositions, les ateliers. J’ai envie de faire venir encore faire quetoutait un lien,les projections decinéma,les tiques nous permettent d’agir en pluridisciplinarité, de d’installer lesexpositions... Commetoujourscesthéma tiques de4à 3 pour qu’on ait plus letempsd’y travailler, déjà, en danse, et en musique. On va ramener les théma nationaux etinternationaux, en théâtre commeon le fait artistes auxquels on estfidèles,duterritoire, fait peur. On va continuer la programmation avec des pas faits pour eux ouqui en ont peur, parce quela culture ressant plus à ceux qui pensent quecesendroits nesont ler chercher encore plus denouveaux publics, en s’inté- c’est-à-dire être le plus près possible dela population, al courts-métrages en liberté,lesateliersavec lesenfants... de faire desactionsculturelles multiples,commeles pluridisciplinarité, le faitd’être ancré dans le territoire, On va continuer danscequi fait notre ADN, à savoir la même direction donc. Vous allezcontinuer à faire évoluer le projet dansla politique... elle-même,conscience une de la culture, dela pensée, dela joie, une consciencesur de travailler dans une structure qui apporteà la société « faut que nous soyons heureux. Comme dirait Prévert institution culturelle. Je dis toujours à toute l’équipe qu’il le sensd’un management vertueux par rapport à une le mêmeordre d’idée je veux aller encore plus loin dans dans une vision, une façon deconsidérer l’avenir. Dans se poser plus dequestions,d’améliorer, d’aller plus loin une conscienceécologique.Chaqueannéeon essaye de On a ledevoir dubonheur de conférenciers, commeBorisCyrulnik qui est ENTRETIENRÉALISÉPAR DOMINIQUEMARÇON

» ! On a beaucoupdechance mais aussi - - - -

Incertain Monsieur Tokbar © Romain Etienne - Item ANIMÉES ET DESFORMES NETTE MARION- DE LA LE PRINTEMPS 23 MARS>11AVRIL SCENE55 18 société Déboiser, reboiser qu’ils disaient ! Une leçon d’histoire entre que le développement de la technique photographique l’a permis, avec une procédure très encadrée. Le forestier la Durance et l’Ubaye, s’est muni de prises de vues réalisées il y a plus de 130 ans, exactement à dans les forêts des l’endroit où nous sommes environ- nés de verdure. Stupeur ! On dirait Hautes-Alpes la Lune. Pas un rameau à l’horizon. Ce féru d’histoire nous explique qu’une telle désertification était due ervé Gasdon arrive en s’excusant d’être pressé par le à la conjonction de divers facteurs : temps : un glissement de terrain vient d’endommager un pic de population montagnarde plusieurs bâtiments de la ville d’Embrun, les agents vers 1850, vivant en autosubsistance de l’ONF sont occupés à poser des balises GPS pour dans une société agro-silvo-pasto- mesurer l’évolution de la situation. Mais ce n’est pas rale où quasiment toute l’activité hu- Au Torrent de Vacheres, en 2020 et 1912 © Gaëlle Cloarec Havec sa casquette de fonctionnaire qu’il est venu, ni avec celle maine nécessitait du bois, afin de se de son syndicat, Solidaires. S’il nous emmène dans sa forêt, chauffer, se nourrir, se déplacer ; les usages militaires, parti- c’est en tant qu’auteur d’un ouvrage paru fin 2019 aux édi- culièrement gourmands de cette ressource ; la construction tions Transhumances, Les sentiers de montagne des forestiers. et l’essor de l’industrialisation, en bas dans les vallées ; et En remontant un sentier non loin de la station des Orres, son jusqu’aux chantiers navals de la Méditerranée, qui achetaient débit se précipite, comme celui du torrent de Vachères que les plus beaux fûts alpins, assemblés en immenses radeaux nous longeons. C’est qu’il a tant à raconter ! Il travaille pour de grumes (troncs non-équarris) pour descendre la Durance l’Office National des Forêts depuis 1977 et s’apprête, l’heu- jusqu’au Rhône et atteindre la mer. reux homme, à prendre sa retraite. Après une formation à l’école forestière de Nancy et un début de carrière dans les Une politique de reboisement hautes futaies de Chinon, où il a âprement milité contre le Nous ne sommes pas au bout de nos surprises. Pourquoi, nucléaire, cet écologiste convaincu s’est installé avec sa fa- comment est-on passé de ce vide à ce plein ? Qui a replanté mille dans les Alpes, où il exerce depuis les années 1980 avec les arbres ? Des ingénieurs ont estimé que leurs réseaux ra- enthousiasme (encore une casquette : il y préside la Société cinaires contiendraient l’érosion et qu’ils contribueraient Alpine de Protection de la Nature). à calmer les cours d’eau. « La France fut le premier pays au monde à mener une telle politique de reboisement », explique Un passé minéral Hervé Gasdon avec une pointe de fierté. Des moyens consi- En cheminant, Hervé Gasdon désigne les beaux arbres qui dérables ont été alloués au projet : moult pépinières produi- poussent partout : mélèzes, pins cembros, sylvestres, noirs sirent des milliers de résineux et feuillus, à grand renfort de d’Autriche... Difficile d’imaginer, comme il nous y invite, graines, boutures et marcottes, afin qu’ils prennent racine qu’après avoir été « ratiboisées depuis Jules César ! », ces mêmes sur les hauteurs désolées et, espèces rustiques soigneusement montagnes étaient un désert minéral au mitan du XIXe siècle. sélectionnées, puissent y prospérer. En parallèle l’État a en- Mais il n’est pas venu sans preuves. L’administration des Eaux trepris de construire des barrages destinés à réguler l’élan et Forêts, ancêtre de l’ONF, a pris d’innombrables clichés1 dès tumultueux des torrents. 19

Au Torrent de Vacheres, en 2020 et 1912 © Gaëlle Cloarec

Pour comprendre la raison de cette vaste entreprise, il faut aux gardes. « J’ai un exemplaire du Code forestier de 1827 dans avoir en tête les terribles crues survenues au XIXe coïncidant mon bureau, remarque notre guide, comme nombre de mes avec la fin du Petit âge glaciaire, lorsque le climat est sou- collègues : c’est la base de notre métier. » L’un des objectifs de dain devenu très pluvieux, et connaître la capacité de l’eau la Restauration, alors que le taux de boisement atteignait son à ravager un territoire. En 1998 encore, malgré les ouvrages minimum historique en France (autour de 16%, d’après ses bâtis sur le parcours du torrent de Bragousse, notre fores- chiffres), était « d’arrêter le déboisement, notamment en res- tier a observé les conséquences d’une lave torrentielle (mé- treignant les droits d’usages des paysans ». « Sous Charles X, les lange boueux d’eau, argile, limon, sables et cailloux de toutes forêts communales autrefois gérées par les populations locales tailles) : un bloc de 11 mètres de haut, 26 mètres de circonfé- vont l’être par une organisation paramilitaire, ce qui ne s’est rence et approximativement 500 tonnes a été transporté sur pas fait sans heurts. » Dans les Alpes, comme dans les Pyré- plus de 500 mètres. C’est dire la puissance de l’onde ! Or les nées où eût lieu l’épisode le plus connu, la Guerre des Demoi- rivières alpines se jettent en aval, notamment dans la Du- selles, les fameux « troubles forestiers » marquent l’opposition rance, domestiquée depuis la construction en 1961 du Bar- populaire face aux gardes, souvent soutenus par la troupe... rage de Serre-Ponçon, mais dont la Marquise de Sévigné di- À terme, la volonté étatique a prévalu, les arbres ont grandi, sait qu’elle avait « le Diable au corps », en son temps. « Pour faisant preuve de leur efficacité pour tempérer les crues. For- protéger les intérêts économiques des basses vallées, relate tement incités à réduire leurs troupeaux de moutons qui gri- Hervé Gasdon, il fallait réguler les débordements consécutifs gnotaient les pousses, les montagnards ont élevé plus de bo- aux violents orages en altitude. » vins. Des fruitières se sont créées ; pour vivre, ils ont vendu d’excellents fromages, passant d’une économie de subsistance Oppositions locales à une économie de marché, avant de miser sur le tourisme et Cela ne s’est pas fait en un tournemain : les montagnards, les sports d’hiver. Dans son livre, Hervé Gasdon évoque deux qui avaient un besoin vital des ressources forestières, à la dis- courants chez les forestiers : l’un, autoritaire, dont la priorité parition desquelles ils contribuaient, ont tenté de s’opposer était le développement de l’économie, même s’il devait se faire 20 société

au détriment des populations ; l’autre, dit social, cherchant j’estime qu’il ne faut freiner la reforestation qu’en cas de né- à concilier les impératifs de protection avec les activités lo- cessité agricole. » cales. Ces deux approches, écrit-il, ont eu « indéniablement Encore faudrait-il que l’humanité soit capable de tirer les le- une influence sur la politique de protection de la nature au XXe çons du passé. Apprendre de l’histoire, comme il le fait, est siècle » : elles se retrouveraient dans les différents objectifs de une nécessité qui devient vitale. La forêt est revenue dans conservation à l’origine des Parcs nationaux d’un côté, des les Hautes-Alpes (42% de reboisement actuel contre 11% Parcs naturels régionaux de l’autre. fin XVIIIe, d’après ses relevés) pour des raisons qui sont ce qu’elles sont. Mais c’est bien la preuve qu’un tel renversement Préoccupations contemporaines est possible ailleurs, partout : nous devons laisser à nouveau Aujourd’hui on reste songeur, car nos préoccupations contem- la place aux arbres. poraines -préservation de la biodiversité, capture du car- GAËLLE CLOAREC bone- n’ont jamais effleuré les pouvoirs publics à l’origine de ce changement considérable, dont nous nous réjouissons 1 en foulant les sous-bois des Alpes. La forêt n’était qu’un ou- Les photographies réalisées par les agents des Eaux et Forêts puis de l’ONF ont été numérisées et sont consultables sur le site des Archives til, pas encore considéré comme un écosystème. Naïvement, départementales des Hautes-Alpes (Fonds du service de restauration les randonneurs qui découvrent les couverts de montagne y des terrains de montagne, 1795-1990, qui comprend aussi de multiples voient un espace naturel, sans réaliser qu’ils sont à ce point cartes, plans d’ouvrages hydrauliques et de correction torrentielle, etc.) dus à la main de l’homme. Avec le recul de sa longue carrière, 2 notre forestier y glane de l’espoir. Les forestiers de l’ONF sont actuellement en lutte contre les objectifs de rentabilité et la privatisation du service public qui mettent en Ces essences variées, ces arbres d’âges différents qui poussent danger leurs missions. Nous y reviendrons dans un prochain numéro. sur son territoire, sagement « jardinés » par les agents de l’ONF2, devraient mieux résister au changement climatique que les monocultures de pins Douglas destinées uniquement à l’ex- ploitation du bois. Déjà, la « zone de combat » où poussent des arbrisseaux épars, à l’avant-garde d’une forêt en reconquête naturelle, est remontée de 200 mètres en altitude : « Elle se situait à 2200 mètres il y a 60 ans, 2400 mètres actuellement ». Cela signifie qu’il y aura plus d’arbres. À quelque chose mal- heur est bon, dans un océan d’inquiétudes. « Il n’y aura probablement bientôt plus de hêtres dans les Alpes du Sud, nous dit-il, le frêne aussi ou l’aulne, qui ont besoin d’eau, seront impactés. Mais d’autres espèces prendront le re- lais. Vouloir conserver les « paysages ouverts », une vue déga- gée, est un cliché qui amène à des aberrations. Attention, je ne suis pas contre le pastoralisme, activité ancestrale ! Cependant

à lire

Les sentiers de montagne des forestiers, itinérance entre la Durance et l’Ubaye Hervé Gasdon Éditions Transhumances, 14 €

Herve Gasdon © Gaëlle Cloarec 21 Légitime défense

Elsa Dorlin, philosophe revigorante

a philosophe Elsa Dorlin enseigne à si un syndicaliste déchire une chemise pa- l’Université Paris VIII, dans le Dé- tronale, si une vitrine de banque est bri- L partement de Science politique. En sée, « c’est indéfendable moralement, ce 2009, elle a reçu la médaille de bronze n’est pas de la politique, c’est de la co- du CNRS pour l’ensemble de ses lère ». L’espace-temps que tentent travaux sur le genre et l’épistémo- de préserver les Zadistes face à logie féministe. Son ouvrage Se l’ultralibéralisme appelle l’envoi défendre, une philosophie de de blindés. Les Gilets Jaunes la violence, publié en 2017, ramassent leur yeux et leurs a été réimprimé depuis au mains en manifestation, format poche par les édi- mais ils l’ont bien cherché. tions La Découverte. Un livre « Déjà, pendant l’histoire colo- court, mais dense, où elle re- niale, le colon pacificateur était trace une « généalogie de l’au- glorifié face au sauvage ». to-défense politique ». Sa réflexion s’appuie sur un travail d’historienne Le vivant qui se défend très documenté, pour comprendre la La jeune femme s’interroge sur le pas- façon dont les êtres humains opprimés sage à l’auto-défense pour des condi-

par d’autres en arrivent à se révolter. © G.C tions d’existence digne. Pour la simple Le 7 février, Elsa Dorlin était l’invitée de survie, de plus en plus. « Qui est épargné l’Université Populaire Marseille-Métropole (UPOP) à la biblio- aujourd’hui ? Qui peut encore se tenir sur la rive, se sentir en thèque de l’Alcazar. Elle a commencé par expliquer pourquoi sécurité et trouver sublime le naufrage du Titanic ? Jusqu’à elle travaille sur le temps long de l’histoire, à partir de l’ar- quand ? » Face à l’empoisonnement, à la destruction du vi- chive, y compris celle du présent : « parce que cette ontologie* vant opérée par le capitalisme, elle prévoit que la violence de la trace est éminemment politique ». Ce sont les vainqueurs sera le seul et l’ultime recours. « Même si je ne crois pas à sa qui archivent ; elle a voulu aller voir du côté des vaincus. romantisation », précise-t-elle. Ce jour-là, dans l’auditorium feutré de l’Alcazar, une per- Double obstacle sonne du public lui a demandé : « Une fois qu’on aura repris Bien des groupes minorisés, rappelle la philosophe, se sont le droit à la violence, ce qui fait peur c’est l’après, est-ce qu’on insurgés. Dans l’Antiquité, les révoltes serviles ont secoué va savoir se contrôler ? » Elsa Dorlin a répondu « C’est un Rome. Les suffragistes anglaises ont appris le ju-jitsu. Le ghetto luxe de penser à l’après quand on joue sa survie. Il nous reste de Varsovie s’est soulevé. Toutefois pour mettre en branle ce quoi, 20, 30 ans ? Pas le temps de se demander comment ça qu’elle appelle une « éthique martiale de soi », il faut à chaque va finir si on se défend. » fois s’extraire d’un discours extrêmement rodé, qui délégi- Le rôle d’un philosophe est de fournir des armes intellectuelles time l’insoumission. Au XVIIe siècle, si l’on en croyait John que chacun puisse fourbir. Jean-Pierre Brundu, souriant pi- Locke, l’un des inspirateurs de la notion d’« état de droit », la lier de l’UPOP, a conclu la conférence benoîtement : « C’est Les sentiers de montagne des légitime défense, qui permet à quelqu’un peut-être le moment de se rappeler de notre Mar- forestiers, itinérance entre la Durance d’user de violence si sa vie est en péril, ne seillaise. Aux armes, citoyens ! » et l’Ubaye Hervé Gasdon s’applique pas aux esclaves parce qu’ils GAËLLE CLOAREC Éditions Transhumances, 14 € ne sont pas propriétaires d’eux-mêmes. L’obstacle est parfois explicite, parfois plus * Ontologie : théorie de l’être, étudié à travers insidieux, intériorisé. « Sans défenses », ses propriétés (possibilité, durée, destin...) les femmes doivent désinhiber leur capa- cité à porter un coup à leurs agresseurs. « Leur corps a appris à ne jamais avoir confiance en lui-même, voire que plus il se défendra, plus il sera battu. » Pour Elsa Dorlin, le même discours est à l’œuvre à lire dans nos mouvements contemporains, où les mots d’ordres restent pacifiques, Se défendre, une philosophie de la violence afin de ne pas décupler les violences poli- Éditions La Découverte poche, 11,50 € cières. Si un quartier populaire s’embrase, Herve Gasdon © Gaëlle Cloarec 22 société Troubadours contemporains

À l’invitation de Nuits Métis, en herbe enfants et seniors de Miramas participent à la création de Gil Aniorte Paz, Les Nouveaux Troubadours, pour Babel Minots

excitation est palpable, le trac aussi. À quelques jours du grand jour, c’est répétition pour les ac- L’ teurs-chanteurs d’un spectacle un peu particulier, qui aura lieu à Miramas le 17 mars. « Nous sommes les nouveaux troubadours. On veut mieux vivre sur notre planète. » Les premiers mots de la chanson d’ouver- ture donnent le ton. Sur la scène de l’imposant Théâtre La Colonne, l’immense troupe arbore les couleurs de l’arc-en-ciel : vingt seniors et cent-trente enfants du CM1 à la 5e dont une dizaine issue d’un foyer de nou- veaux arrivant. Ce « grand serpent multicolore », comme le nomme le metteur en scène Philippe Car, incarne Les Nouveaux Troubadours, création pluridisciplinaire mêlant musique, littérature, arts plastiques, histoire, dans le cadre des actions culturelles qui font « partie des fondements de l’association Nuits Métis » et du festi- val éponyme qu’elle organise depuis plus d’un quart de siècle. Au même titre que « le mélange des publics et des générations, la diversité culturelle, le lien social et l’accès à la culture », souligne son directeur Marc Ambrogiani. Une création pluridisciplinaire À la direction artistique du projet, un incontournable de la scène marseillaise, Gil Aniorte Paz. De Barrio Chino à Radio Babel Marseille en passant par Nova Troba (lire ci-contre), il contribue depuis plus de trente ans à ce © Ludovic Tomas que l’on pourrait qualifier de fusion méditerranéenne. C’est humblement depuis l’orchestre, au pied du plateau, encadré les ateliers de percussions corporelles. « Le public qu’il accompagne à la guitare les chansons issues d’un travail est un même monstre à 500 têtes. Il faut que vos yeux soient collectif d’écriture, l’année scolaire précédente. À ses côtés, tournés vers lui », explique Philippe Car, par ailleurs directeur sa complice à la ville comme à la scène, Annie Maltinti, au artistique de la compagnie Agence de voyages imaginaires. chant et à l’animation des ateliers de dessin qui ont servi à la conception d’un livret rassemblant les chansons du spectacle, Efforts et progrès et illustré à la manière de la littérature de Cordel du Brésil Entre deux consignes sur la rigueur et la concentration qu’exige dont elle est une spécialiste. En chef d’orchestre ou plutôt une adresse au public, il salue régulièrement les efforts et va- de chœur, son fils,Lucas Aniorte, baguettes de batterie en lorise les progrès. « Je travaille à peu près de la même manière main, guide les apprentis troubadours sur scène après avoir que ce soit avec des acteurs professionnels ou des enfants. Ce 23 CD qui est sûr, c’est que j’ai la même exigence. La plus grande dif- du mois ficulté est de parvenir à éprouver l’émotion avec le dernier par- Cometa que brilha tenaire qu’est le public. Quand il n’est pas encore dans la salle a culture occitane au temps des troubadours faisait fi des fron- et qu’on n’a pas l’habitude, c’est impossible à ressentir. Donc tières. Les échanges avec le voisinage musulman de l’époque j’utilise beaucoup d’images pour les amener un par un à tenir Ld’Al-Andalus ne sont plus à démontrer. C’est un aspect plus leur rôle. » Issus de quartiers différents en termes de condi- près de nous mais moins connu du grand public, le rayonnement tions sociales, les jeunes sont tout aussi divers quant à leur de l’esprit troubadour jusqu’au Brésil via l’influence portugaise, parcours scolaire, de l’écolier modèle à celui qui ne parle pas que le groupe Nova Troba a voulu mettre en lumière et en mu- français, en passant par l’élève de Segpa (section d’enseigne- sique. Et d’une manière pertinente et singulière puisqu’il s’agit ici ment général et professionnel adapté) en grande difficulté. d’un dialogue entre la poé- C’est justement une des élèves de la 5e Segpa du collège Mi- sie contemporaine occitane ramaris, classé dans le réseau d’éducation prioritaire (REP+), de l’auteur nîmois Robert qui va provoquer une belle émotion au sein de l’équipe. Lafont (1923-2009) et des vers de la tradition populaire Confiance en soi brésilienne appelée quadra, « Elle devait dire un petit texte en solo, raconte Virginie, sa proche des copea d’Espagne. professeure de français. Mais malade pendant une répétition, Ces quatrains, à l’origine elle a dû être remplacée par une autre jeune. À son retour, elle a transmis oralement par des annoncé à sa remplaçante qu’elle lui cédait le rôle et celle-ci a troubadours modernes bré- fondu en larmes. C’est un beau cadeau à une enfant qui n’en a siliens, sont transcrits, im- pas beaucoup dans sa vie. » Et sa collègue Angèle de développer : primés et colportés sur des « Ce projet apporte non seulement un enrichissement culturel petits feuillets suspendus mais il permet aussi un travail à des cordes à linge dans les marchés de nombreux États du sur la prise de risque, la confiance sous-continent à partir des années 60. Rassemblés et adaptés en soi. Quand on connaît les si- au cours d’un voyage outre-Atlantique par la chanteuse et mu- tuations de mal-être de certains sicienne Annie Maltinti, ils sont interprétés en occitan et por- qui n’arrivent même pas à s’ex- tugais sur des compositions de Gil Aniorte Paz, également à la primer en classe, c’est énorme ce direction artistique. Aux deux voix fondatrices de Nova Troba qu’on leur demande. » s’ajoutent le multi-instrumentiste Nicola Marinoni et l’accor- En s’inspirant de la culture des déoniste François Escojido. Sans oublier deux invités qui il- troubadours qu’il souhaitait lustrent à la perfection la convergence culturelle du projet : transmettre aux jeunes géné- Miquèu Montanaro de Correns (Var) et Rodrigo Samico de rations, Gil Aniorte Paz n’a pas l’État du Pernambuco, au Brésil. Une rencontre dans la lignée choisi la facilité. « Personne ne d’un occitanisme ouvert sur le monde qu’incarnait Lafont. Sur connaissait même le mot. On a disque, cette troba des deux continents provoque ambiances so- tendance à penser qu’ils étaient nores et esthétiques musicales aussi variées que l’instrumenta- des poètes et des musiciens de rium réuni est vaste. Créant un territoire inexploré, parcouru la tradition et de l’amour mais de métissage et d’improvisation. ils étaient aussi des journalistes L.T. de leur temps qui traitaient de sujets sociaux, en racontant leur Cometa que brilha Nova Troba ville, la société. » Indalo/Arts et Musiques/EPM

Ecologie et citoyenneté En amont de la phase d’écriture, qui se nourrit de déchets. Une des fables nées des ateliers les jeunes troubadours de Mira- comme celle du lac enchanté qui change les enfants pollueurs mas sont donc allés à la décou- en poissons, la complainte des enfants qui est une requête © Ludovic Tomas verte des différents quartiers chantée destinée au maire de Miramas pour les aider à avoir de la commune, à la rencontre d’habitants, d’élus du terri- un potager dans leur école. Les troubadours contemporains toire. De leurs échanges émergent des questionnements et feront-ils les candidats de demain ? aspirations sur l’écologie, la citoyenneté, la solidarité, la ville LUDOVIC TOMAS et le monde de demain. Autre défi : faire écrire aux enfants les textes en suivant la technique d’Espinel selon laquelle les poèmes comptent dix vers en octosyllabes avec des rimes en- lacées ou séparées. Sur scène, on répète Le Papiostr, un titre Les Nouveaux Troubadours en forme de clin d’œil à la prononciation d’un jeune réfugié 17 mars du groupe. Des sachets kraft sur la tête avec des trous au ni- Théâtre La Colonne, Miramas veau des yeux, la chorale géante singe ce monstre de papier 04 90 58 98 09 miramas.fr babelminots.com 24 société Sergent Garcia embarque avec SOS Méditerranée armi les artistes solidaires (voir ci- Tout au long de l’année Tour Sud propose une contre), Bruno Garcia fait figure de Pvieux capitaine. Acteur majeur de série de concerts donnés au profit de l’ONG de la scène punk rock française dans les années 80 et 90 avec le groupe Ludwig sauvetage en mer, dont l’Ocean Viking a succédé von 88, il opère un virage musical à 180 degrés sous le nom de Sergent Garcia et à l’Aquarius proclame l’invention de la salsa muffin. Une musique inévitablement métissée Sergent Garcia © Liberto PEIRÓ et sans frontières. Entretien. Zibeline : On ne vous a pas entendu de- puis un certain temps. Que faisiez-vous ? Sergent Garcia : (Rires) La même chose mais peut-être pas au même en- droit. C’est peut-être pour ça qu’on m’en- tendait moins. Je suis toujours actif. J’ai sorti un maxi, fait des collaborations, tourné dans un film en tant qu’acteur, composé la musique d’un autre... J’ai surtout passé ces quatre dernières an- nées à restaurer un bateau qui malheu- reusement a coulé pendant la tempête Gloria, en janvier dernier, et que j’essaie actuellement de réparer. Quel est ce projet ? Cela faisait quelque temps que je navi- guais. J’avais envie de continuer à faire de la musique à un autre rythme, celui du vent et de la mer et non plus de la route et de la voiture. L’idée m’est venue de transformer un bateau en un studio d’enregistrement nomade en mer. On était en train de finir les travaux quand la tempête est arrivée. Les prochains mois vont être consacrés à sauver le projet. Si tout va bien, j’y enregistrerai mes pro- chains morceaux dans différents ports de la Méditerranée. Une prochaine aven- ture sera de suivre la route des tambours africains de l’Afrique jusqu’aux Antilles, dans une démarche ethnomusicologique. Pourquoi participez-vous à Tour Sud au profit de SOS Méditerranée ? Justement parce que je suis marin et que j’habite en Méditerranée. Il est impossible de pouvoir penser laisser quelqu’un sans assistance s’il rencontre un problème SAISON Théâtre d’objets & opéra de poche - Dès 13 ans 2019 2020 en mer. C’est le droit maritime international. J’ai été plusieurs Frankenstein fois en contact avec SOS Méditerranée qui a tenu des tables d’information pendant mes concerts. C’est dans la continuité Cie Karyatides de mon engagement politique depuis de nombreuses années. Leur action est concrète : sauver des vies. C’est le même boulot, le même cas de figure que les pompiers ou les médecins. Ils ne sont pas censés demander les papiers des personnes auxquelles ils portent secours ou qu’ils soignent. Quel regard portez-vous sur l’attitude des pays européens à l’égard des personnes réfugiées ? Cela fait très longtemps que plusieurs organisations mettent le doigt sur la situation des échanges entre le Nord et le Sud. Et qu’elles dénoncent les politiques prédatrices du monde occiden- tal envers les pays en voie de développement. On ne fait qu’en vivre les conséquences. Il va peut-être falloir se poser et voir ce qu’il faut changer dans le fonctionnement établi pendant toutes ces années post-coloniales. On assiste à un retour de l’égoïsme, à un enfermement identitaire au niveau mondial. Les enjeux vont bien au-delà des migrations, ils sont climatiques, écono- miques... Les milliers de personnes qui tentent de traverser la Méditerranée, ce n’est rien par rapport à ce qui risque de nous arriver dans quelques années. Dans toutes les sociétés, des dé- placements de populations entraînent des changements aux- quels il faut réfléchir. Ce n’est pas nouveau, cela a toujours existé. Votre vision est à l’opposé de tout ça... Je défends tout le contraire : l’ouverture, la coopération, l’en- Lun. 30, mar. 31 mars, Renseignements & réservations mer. 1er avril à 19h traide, la solidarité. Il n’y a qu’avec un projet collectif qu’on 04 92 52 52 52 pourra s’en sortir. Je suis un peu à l’envers oui, parce que c’est www.theatre-la-passerelle.eu l’époque qui est à l’envers. Je n’ai pas changé de conception, de philosophie. Il y a des moments dans l’histoire où le monde est plus progressiste et d’autres où il devient plus réactionnaire. Ça ne veut pas dire qu’il faut baisser les bras. Du punk aux musiques latines, les manière de dénoncer et de résister sont-elles les mêmes ? Je dirais qu’elles sont complémentaires. Le mouvement punk porte un esprit de révolte et de recherche d’alternatives. La mu- sique latine exprime les problématiques d’un continent qui sont les mêmes qu’en Afrique ou en Occident. Il n’y a pas de mer entre l’Amérique du Sud et les États-Unis et le Canada mais il AVRIL y a des drames aussi. À chaque fois que des gens ont pour idée de construire des murs, on régresse. ven 03 avr 21:00 musique jeu 09 avr 19:00 danse ENTRETIEN RÉALISÉ PAR LUDOVIC TOMAS

Tour Sud 2020 en quelques dates Big Sun Presqu’ils Chassol Cie Melting Spot - Farid Berki 27 mars : Siem Folk Nomade + Yugen Blakrok - Nomad Café, Marseille 10 avril : chœur Le Chant du voisin + ensemble vocal Les Vallonés - Temple Grignan, Marseille mar 28 avr 21:00 théâtre 1er mai : Temenik Electric + Les Dames de la Joliette - Club Convergence, La Ciotat J’abandonne 8 mai : Sergent Garcia + HK + Caravane Namasté - 6Mic, Aix-en-Provence une partie de moi 19 septembre : Radio Mindelo + La Fanfare Mundaza - La Grange, Miramas que j’adapte 15 octobre : Trio Tin’Fa Théâtre National Wallonie-Bruxelles - L’Éolienne, Marseille Justine Lequette 12 décembre : Watcha Soundclash + Massilia Sound 04 92 64 27 34 System- Espace Julien, Marseille THEATREDURANCE.FR 26 actualité culturelle lgbtqi du sud-est

Une jeune femme transgenre se voit refuser le remboursement des Cité frais médicaux qu’implique son souhait de transition Queer médicalisée Virus transphobe à la Sécu du 13

azikeen va vers ses 21 ans et aborde une nouvelle étape de sa vie. Mais depuis plusieurs mois, la jeune femme Mtransgenre voit son projet de transition médicalisée stoppé net à la suite d’une décision inattendue de la Sécurité sociale. Le 20 juillet 2019, un courrier de la Caisse primaire d’assurance maladie des Bouches-du-Rhône l’informe du re- jet de sa demande de régime dit d’affection de longue durée (ALD), permettant le remboursement à 100% des frais médi- caux. « Je ne peux ni prendre rendez-vous avec des chirurgiens ni même entamer une épilation définitive au laser car les coûts sont très élevés », explique Mazikeen dont la CMU prend heu- reusement en charge le traitement hormonal. La raison ini- tialement mentionnée par l’Assurance maladie ? « L’ensemble des pièces n’est pas parvenu au service médical, finit-elle par apprendre. Le dossier n’est pas refusé mais en attente. » Après un recours gracieux et de longs mois sans éclaircissement, Mazikeen, soutenue par Transat, association trans à Mar- seille, découvre le pot aux roses. Un protocole illégal C’est « l’absence de certificat psychiatrique ou pluridiscipli- naire » qui a motivé le refus de l’organisme. Selon l’associa- tion, cette exigence est infondée puisqu’elle se base sur un protocole consultatif pour la prise en charge du transsexua- lisme émanant de la Haute autorité de la santé qui date de 2009 et repose sur une loi ancienne à laquelle succède l’année suivante celle dite Bachelot, qui retirera cette ALD du cadre psychiatrique, la plaçant parmi les affections hors liste. « Ce protocole n’est plus légal et ne devrait pas exister. De plus, il a été invalidé par la Cour de cassation. Aujourd’hui, la tran- sidentité est censée relever du même type d’ALD hors liste que le diabète », affirme Julien, juriste et compagnon de Mazikeen. Pour Lee Ferrero, membre fondateur de Transat, l’attitude de la CPAM tient d’une « vision de la transidentité pathologisante, psychiatrisante et infantilisante. C’est également considérer que toutes les personnes transgenres ont les mêmes besoins ». Or il n’est jamais inutile de rappeler la diversité des parcours de transition qui fait que certaines personnes ne verront ja- mais ni psychiatre, ni chirurgien, ni même endocrinologue car elles ne le souhaitent pas. Un médecin généraliste comme un gynécologue étant apte à prescrire une hormonothérapie. Julien et Mazikeen © X-D.R. 27

Film Boy meets girl du mois

Principe d’autodétermination Parmi les arguments opposés par le médecin-chef du service médical de la CPAM 13 qui a accordé un ren- Madame, de Stephane Riethauser © outplayfilms dez-vous à Mazikeen et son conjoint, le diagnostic d’un epuis sa première projection en avril 2019, en Suisse, le psychiatre serait nécessaire en raison de l’existence de documentaire de Stéphane Riethauser rencontre une maladies d’ordre psychiatrique qui imiteraient la tran- Dforte adhésion dans les festivals. Il faut dire qu’il traite sidentité. « Une logique qui est la même que celle appliquée de front, et avec une justesse imparable, un double sujet par- jusque dans les années 70 pour les homosexuels », tranche ticulièrement délicat : celui, tout d’abord, du coming-out de Julien. Les associations ne cessent pourtant de le marte- son réalisateur dans les années 1990 ; et celui, en parallèle, ler : la transidentité ne requiert aucun diagnostic car elle de la masculinité toxique dont il se révèle à la fois la victime repose sur l’autodétermination de la personne qui est la et le perpétuateur. Les deux sujets sont intimement liés, et seule à connaître sa propre identité de genre et pouvoir convoqués par le personnage de Caroline, la grand-mère du savoir comment elle se définit. La cas de Mazikeen est-il réalisateur, décédée en 2004 à l’âge avancé de 95 ans. Car isolé dans le département ? « Jusqu’il y a quelques mois, la c’est bien le lien, unique, qui rapproche le jeune Stéphane de CPAM 13 n’avait jamais refusé une demande d’ALD, ou si cette grand-mère au fort tempérament et au parcours peu cela arrivait une lettre de l’association suffisait à la faire commun, qui est au cœur de ce très beau premier long-mé- revenir sur sa décision », témoigne Lee Ferrero pour le- trage. La tendresse que son souvenir convoque, et l’empathie quel la position récente de la caisse constitue donc « une que Stéphane nourrit pour ses blessures -son mariage forcé, rupture d’égalité devant l’accès au service public et la loi ». sa solitude- apparaît comme le catalyseur nécessaire à sa li- bération. Si bien que le documentaire se révèle une réussite Pour un projet de loi totale sur les deux fronts. Le récit pourtant commun de la Pourquoi cette soudaine restriction ? Sans doute la consé- révélation de son homosexualité, à lui-même comme à ses quence d’un changement d’équipe en charge de ce genre proches, est évidemment bouleversant. Et le discours éla- de dossier et l’arrivée de personnes non formées. Au-delà boré en creux sur les identités de genre, plus rare, plus dé- des démarches judiciaires engagées, Mazikeen et ses licat, se révèle tout aussi percutant. Le regard sans conces- soutiens sont décidés à se saisir de l’affaire pour mettre sion que jette Stéphane Riethauser sur son adolescence, sur en œuvre une entreprise nationale de déconstruction sa propre haine des femmes et, somme toute, de lui-même, des mythes sur lesquels prospère la transphobie. Avec y est pour beaucoup. On en trouve les fondements dans les pourquoi pas comme aboutissement la rédaction d’un abondantes archives familiales qui servent de toile de fond « projet de loi visant à protéger à la fois les médecins et au film : celles-ci sont composées des nombreux rushes du les personnes trans par des modalités de prise en charge père de Stéphane, aux ambitions de cinéaste contrariées. totalement détachées de la psychiatrie, remboursées et On reconnaît ainsi sans peine, dans les lieux communs ho- respectueuses de droits fondamentaux des personnes », mophobes, sexistes et proto-fascistes du journal intime du comme l’indique un communiqué rédigé à l’initiative de jeune Stéphane, et de ses réalisations « maison », les éléments Transat et soutenu par les associations trans et alliées. de langage d’une certaine droite, voire d’une extrême-droite Première étape : faire disparaître toute trace du proto- française. À méditer… cole de 2009 qu’elles considèrent comme une négation SUZANNE CANESSA du droit fondamental à l’auto-détermination des per- sonnes et de disposer de leur corps. Madame, de Stéphane Riethauser LUDOVIC TOMAS Sortie le 18 mars 28 événements Cocktail d’anniversaire pour la bande du Chinois Pour fêter les quinze ans de son label, Chinese Man invite les groupes Scratch Bandits Crew et Baja Frequencia à une création commune

uoi de plus vivifiant qu’un séjour au vert devant les an- nées qui défilent ? À l’occasion du quinzième anniver- Q saire de Chinese Man Records lancé en 2004, le groupe éponyme avec Scratch Bandits Crew et Baja Frequencia, les deux autres formations majeures du label, se sont retrouvés pendant dix jours dans les Cévennes pour faire éclore leur nouveau projet. « On s’est enfermés dans une maison isolée de tout, dans laquelle on a construit trois studios éphémères. Le but était qu’à la fin de la session on ait les maquettes de nos futurs morceaux », explique Supa-Jay, membre de Scratch Bandits Crew, basé à Lyon. Si les artistes réunis ont déjà tous travaillé les uns avec les autres, à l’occasion d’un mor- ceau ou d’un remix, c’est en revanche la première fois qu’ils Chinese Man © Damien Chamcirkan participent tous ensemble à la création commune d’un al- Cadavre exquis bum complet. « Nous voulions profiter de la fraîcheur et de la « C’est un peu un cadavre exquis, complète Sly de Chinese spontanéité que pouvaient générer des combinaisons inédites. » Man. On a voulu casser les groupes en faisant plusieurs binômes pour commencer les premières pistes de chaque titre. Au bout de plusieurs années d’expérience, on avait des mécanismes, un style de musique dans lequel on se sent à l’aise. L’intention The Groove Sessions 5 était de sortir de notre confort, de remettre en question nos fa- lbum anniversaire, le 5e volume des Groove Sessions çons de produire et de composer, que chaque groupe s’inspire CD de Chinese Man Records (CMR) est le contraire d’une des autres. À la mi-journée, on faisait un point et deux autres du mois Acompilation. Le nouveau-né du label présente deux personnes prenaient la suite de ce qui avait été fait dans la ma- différences de taille par rapport aux éditions précédentes tinée. » Lors d’une deuxième session de trois jours, des MC qui donnaient à écouter une sélection des productions de CMR sur du label ou proche de lui ont procédé en suivant la même une période donnée. Non seulement les quinze titres qu’il contient méthode pour écrire et enregistrer. « Au final, tout le monde sont autant de créations, mais ils sont surtout l’œuvre collective aura contribué à une étape de chaque morceau. On ne savait résultant d’une recherche commune menée pendant une résidence pas ce que ça allait donner. À la fin, il s’avère qu’on avait quinze de travail des trois principaux groupes de la maison (lire ci-contre) : titres que l’on pourrait développer et qui feraient sens dans un Chinese Man, Baja Frequencia et Scratch Bandits Crew. La syn- . » Quelques mois d’arrangements et de mise en forme thèse musicale constitue un joyeux patchwork sonore des univers plus tard, sans toucher aux jalons posés, The Groove Sessions et influences de chacune des formations. Les genres ne sont pas volume 5 était né (lire ci-contre). additionnés, ils ont fusionné, tissant un ensemble d’une évidente unité et d’une cohérence rythmique surprenante. Au trip hop hy- Rencontre humaine bride du trio chinois se mêlent naturellement les incursions lati- C’est en prenant le temps de tisser des liens solides que Chinese no- de Baja Frequencia qui naviguent entre sons tropicaux Man Records procède pour accueillir ses nouvelles recrues. Si traditionnels et électro, global bass, musiques africaines, jamaï- Scratch Bandits Crew existe depuis 2002, ce n’est qu’en 2015 caines ou encore trap-music. Le puzzle est complété par l’habilité qu’ils signent chez le Chinois. Intégrés en 2017, les Marseillais aux platines des Scratch Bandits Crew qui revendiquent un hip hop de Baja Frequencia côtoyaient la fine équipe depuis déjà une d’inspiration old school biberonné aux évolutions techniques. Mais dizaine d’années. « C’est souvent le même schéma quand des à l’exception des mots posés par artistes nous rejoignent. Il y a d’abord une rencontre humaine et une brochette de MC, il relève du une affinité musicale. Si ça fonctionne, cela se finit généralement défi de distinguer avec précision par des projets communs », raconte Sly. S’ils ne revendiquent qui a fait quoi. Et c’est bien aussi pas d’esthétique musicale commune, ils considèrent parler en cela qu’il s’agit d’une réussite. « le même langage », venant tous de deux mêmes univers : le L.T. hip-hop pour certains, la musique électronique pour d’autres. « On fait tous également partie de la génération Internet où tu The Groove Sessions 5 Chinese peux produire et diffuser toi-même. » Une même façon d’en- Man + Baja Frequencia + visager la musique qu’ils qualifient de « Do it yourself. On est Scratch Bandits Crew Chinese Man Records arrivés à une époque où le schéma classique de devoir signer Cocktail d’anniversaire pour la bande du Chinois

chez une grosse maison de disque Tout ira relativement vite. 2004, sortie global, dans lequel nous six derrière nos était déjà presque obsolète ». À ces du premier vinyle et 2007, celle du pre- machines sommes immergés dans un en- points de convergence s’ajoute mier volume des Groove Sessions, com- vironnement d’écrans mobiles tandis que une culture partagée, celle du pilation des créations musicales du label les MC Youthstar et Miscellaneous sont DJ, constituée de mélanges et à un instant t, parmi lesquelles figure le sur le devant de la scène. » Fidèles à leur de samples. titre I’ve got that tune, choisi par une cé- principe de proposer un spectacle autant lèbre marque voiture allemande comme visuel que sonore, ils n’en dévoileront Tube viral bande-son d’une publicité. Le tube du pas davantage. Après une première date à Au sein de Chinese Man, la ren- Chinois devient viral avec 34 millions Marseille, au Moulin, le 12 mars, ils vont contre s’est faite dès le lycée, à de vues ! En 2008 démarre une tour- sillonner les salles de France pendant Aix, entre Sly et Matteo, avant née en Asie. Et trois ans plus tard sort au moins un mois. « Nous avons fait le que High Ku les rejoigne plus le premier album, Racing with the sun, choix de jauges qui nous correspondent, tard à l’université. DJ Shadow, qui devient double disque d’or. La même entre 1000 et 2000 places, parce que le premier musicien à faire du année, Deluxe, autre groupe aixois au spectacle a besoin de se faire et par sou- rap sans MC provoque le déclic. succès fulgurant, rejoint le label qu’il a cis de proximité avec le public. » « On faisait tous de la musique depuis quitté. À l’occasion des dix ans LUDOVIC TOMAS séparément. On s’est dit : pour- de Chinese Man records, les deux for- quoi ne pas essayer de faire des mations remplissent quinze Zénith dans Chinese Man © Damien Chamcirkan morceaux ensemble pour voir ce toute la France. concerts à venir que ça donne ? » Ninja Tunes et Warp, leurs modèles en termes de label, les En tournée 14 mars, Salle de l’Etoile - Châteaurenard motivent à choisir le format collectif où Pour défendre leur dernière et particu- 21 mars, Domaine d’O - Montpellier l’identité du label est peut-être encore lière Groove Session, la scène paraît une chinesemanrecords.com plus importante que celle des groupes. évidence. « Ce sera un show intense et 30 événements La vie en face La Biennale des écritures du réel multiplie les occasions de s’emparer de notre quotidien

bserver le réel, l’appréhender dans ce qu’il a de plus concret, c’est sou- Ovent s’en éloigner. C’est en effet l’un des grands principes du travail de terrain tel que le pratiquent les anthropologues, qui toujours mettent en œuvre une dis- tance, le fameux « regard éloigné », pour mieux découvrir, et souvent ainsi redé- couvrir, les aspérités de la (vraie) vie, les habitudes, le quotidien, le banal, tout ce qu’on ne voit plus parce qu’on croit trop le connaître. L’équipe du Théâtre La Cité à Marseille empreinte, pour introduire la cinquième Biennale des écritures du réel, la plume d’un des maitres de l’ob- servation de notre réalité d’humains, celui qui sous couvert de ne parler que de lui s’est fait le peintre de toute une société, dans ses moindres détails. Mar- cel Proust formulait ainsi sa façon de décrypter le réel : « voir le monde avec les yeux des autres ». De mars à juin, il sera question, à travers des spectacles, des lectures, des débats, des balades, des films, d’appréhender, en conjuguant les regards, un réel clair et net, un réel ferment de fantasmes, un réel qui fait peur autant qu’il ouvre la porte aux rêves les plus fous ; bref, voir la vie comme elle est et comme elle va. Et, surprise, la programmation traduit un grand élan Alcool, Nadege Prugnard © Daniel Aime d’optimisme, quelque chose qui « ouvre les possibles » ; le réel, parfois peut don- de mots, accrochée à ses rêves, qu’elle traductrice (l’un ne va pas sans l’autre) de ner des ailes. nourrit de verre en verre (Alcool, un petit notre contemporain, l’une des grandes On rentre pourtant dans le dur, avec la coin de paradis, 21 mars, Joliette). figures de la danse contemporaine,Ma - proposition de Gérard Watkins (Perdita La Cie de La Conquesta del Pol Sud s’est guy Marin, avec son dernier spectacle Ensemble). Scènes de violences conjugales emparé du récit de l’écrivaine roumaine Ligne de crête, passe notre société de (19 & 20 mars, Joliette) plonge résolument exilée Carmen-Francesca Banciu pour consommation au rouleau compresseur dans ce qui occupe aujourd’hui (enfin) élaborer un théâtre documentaire (A Land (26 mars, La Garance). En écrivant « une le devant d’une actualité qui jusqu’ici Full of Heroes, 21 mars, Joliette) qui té- fiction plus vraie que vraie », Myriam Sa- était occultée. À travers l’histoire de deux moigne d’une histoire européenne pas- duis rejoue son histoire familiale. Elle a couples, la pièce, largement conçue à sée et actuelle, avec « une matière brute décidé que face à sa mère, merveilleuse partir d’improvisations, démonte les que sont le réel et le vécu des personnes ». et gravement paranoïaque, c’est elle qui mécanismes d’installation de la maltrai- Performance le 24 au Théâtre La Cité, détenait le Final Cut (29 mars, Mucem), tance. Sur le plateau, une porte de sortie avec l’auteur et comédien Julien Mabiala et aujourd’hui, elle recompose avec le s’ouvrira peut-être. Nadège Prugnard Bissila et le Grand 8, ensemble de mu- passé. Mallika Taneja performeuse de empoigne à bras le corps la réalité de sique improvisée. Spectacle total où les New Delhi, déboule avec son percutant l’alcoolisme. Seule en scène, elle incarne mots, les gestes et les sons s’imbriquent Be careful, Pour survivre, cesse d’exis- Fanny-peau-de-whisky, ivre d’alcool et dans l’ici et maintenant. Observatrice et ter (31 mars, La Cité), où elle démonte 31 Alger par

et démontre l’hypocrisie de cette recomman- sa jeunesse dation serinée à toutes les femmes indiennes. À la tête de Diphtong Compagnie, le metteur en scène Encore plus vrai Hubert Colas signe sa 5e collaboration avec l’auteure Les mois suivants accueillent des proposi- tions différentes. En avril : une lecture (Julie Sonia Chiambretto. Fresque chorale balayant 70 ans Villeneuve, Cosmo ce chien et moi), En-jeu de l’histoire algérienne, Superstructure convoque faits majeur, « tentative en espace public » avec La Réplique et la formation supérieur d’art en historiques et myriade de subjectivités. espace public (FAI-AR), une sortie d’atelier (M moi nous même) où Julien Pillet pose la ques- Zibeline : le visuel de Superstructure Certaines figures sont appelées, d’autres tion du pourquoi Emmanuel Macron est-il bel couronne la victoire de l’Algérie à la passent d’un corps à l’autre. Il s’agit aussi et bien notre président, et finalement, ne pour- Coupe d’Afrique des Nations, célébrée de camper un corps littéraire, dans une rions-nous pas prendre sa place. Grandir est avec faste sur le Vieux-Port en 2019. Que adresse qui ne soit ni un cours, ni un un work in progress mené par Karine Fourcy, raconte-t-il sur le spectacle ? discours péremptoire. Hormis Manuel associée à la romancière Valérie Manteau : une Hubert Colas : Il symbolise un Vallade (rôle-titre de Mon képi blanc) et écriture qui croise une aventure théâtrale au lieu d’inspiration de ce que peut deve- Isabelle Mouchard, j’ai fait appel à de Congo-Brazzaville et les mots entendus sur le nir l’Algérie dans le futur, du point de jeunes acteurs. Leurs origines diverses plateau lors des ateliers menés avec les jeunes vue de sa jeunesse. Le texte traverse les -kurde, turque, malienne et italienne, au Théâtre de la Cité. Incursion dans l’espace nombreuses contradictions française, marocaine…- font public encore avec Nos corps citoyens (Bahri entre les pouvoirs exécu- écho au propos du texte, Ben Yahmed), et conférence avec l’auteur de tifs successifs post-dé- qui ouvre à tous les l’Atlas de l’Anthropocène François Gemenne. colonisation, puis la peuples pris en étau En mai, Florence Lloret restituera le travail décennie noire. par des pouvoirs vidéo réalisé avec les élèves du lycée profes- Écrit avant 2010, politiques, parfois sionnel Ampère, L’école, rêveries : une entrée il contient im- dictatoriaux. sensible dans le « vrai » monde de l’éducation ; plicitement un À quoi la Su- ici on prépare les élèves à devenir agent de sé- décryptage des perstructure épo- curité. La co-directrice artistique du Théâtre événements qui nyme fait-elle de la Cité collabore également à la création de en ont découlé. référence ? Laurent Colomb, auteur, acteur et enseignant, Les nouvelles gé- Nous convoquerons qui, avec Barbare Orgue, restitue une plongée nérations souhaite- sur scène le Plan Obus,

dans un collège polyglotte des quartiers Nord raient en substance que Hu un projet pensé par Le be rt C ra ola Ser de Marseille. Mai s’achèvera sous le signe de la révolution des années 60 s © Marc-Antoine Corbusier pour la recons- la marche. Une randonnée urbaine (Far East, soit actée. truction de la ville d’Alger, qui n’a Bureau des guides du GR2013), une « en- De quelle manière cette 5e collaboration jamais vu le jour. Il symbolisera l’ombre quête marchée » dans le territoire d’Emmaüs s’inclut-elle dans la complicité tissée portée de la culture occidentale sur le Alcool, Nadege Prugnard © Daniel Aime Saint-Marcel (Agonie du Palmier), et la per- avec Sonia Chiambretto depuis 2005 ? territoire africain. L’idée est de mettre formance marathon de Robin Decourcy au Avant ZEP, consacré aux zones d’éduca- en partage cette problématique, sans ju- Centre hospitalier Valvert. tion prioritaire, la trilogie Chto tournait ger ni en faire grief. Simplement de voir La vie, c’est mieux en vrai. autour de l’abnégation de l’identité au comment des populations peuvent être ANNA ZISMAN profit d’une condition -émigrée, militaire ballotées par ceux qui prennent en main ou religieuse. Superstructure est la ver- le pouvoir, et décident au nom de l’en- sion achevée de Gratte-Ciel, ébauché en semble de la population. La résurgence 2013. Il ne s’agit cette fois pas tout à fait de ce phénomène est permanente, tout Biennale des écritures du réel jusqu’en juin d’un texte de théâtre. Plutôt d’un opus comme le rejet de tout ce qui n’est pas Divers lieux, Marseille littéraire, qui sera publié en septembre conforme à soi-même. Or on ne peut theatrelacite.com aux éditions de l’Arche. Je vise sur scène pas prôner la mondialisation sans être à contextualiser les actions qui y sont dans le multiculturalisme, qui constitue égrainées, à traduire cette oralité sans la force d’une nation. être illustratif, en traversant des per- PROPOS RECUEILLIS PAR JULIE BORDENAVE à venir en juin sonnages sans les incarner vraiment, au risque de les figer. Superstructure 9 et 10 avril Projections en soutien à SOS Méditerranée, Comment s’articule le travail avec les ZEF, Marseille de , Ceux qui nous arrivent Michel André huit comédiens au plateau ? 04 91 11 19 20 lezef.org Malgré tout par François Gemenne, Black Belt de Kubilai Khan 32 événements Le Théâtre du Maquis présente BOUGRESSES ! Draguignan, 2 bougresses survoltées et un troubadour allumé jouent et chantent la croisade contre les cathares fer de lance de la danse un spectacle gastronomique à voir et à manger au printemps

vendredi 20 et samedi 21 mars à 20h00 à l’Ouvre-Boîte, nouveau lieu de fabrique 13, rue Joseph Jourdan - 13100 AIX-EN-Pce réservation 06 76 29 37 77 ou [email protected]

Everyness, Honji Wang et Sebastien Ramirez © Denis Koone Kuhnert

L’impruDanse creuse son sillon avec corps la question complexe de la clandestinité et de l’exil (La Géographie du danger). un leitmotiv : le partage ! La danse qui transcende et bouleverse, la danse qui fait rê- ver, aussi. Comme Pierre et le loup, une pièce enchanteresse cousue main pour le jeune public par Émilie Lalande, jeune a danse qui « respire, transcende, transporte, émeut, bou- chorégraphe-interprète qui n’a pas son pareil pour se réap- leverse, questionne » est le fil rouge de la 4e édition du proprier contes et légendes en leur insufflant un brin de folie L festival L’impruDanse organisé par Théâtres en Dracé- et beaucoup d’imagination. Comme EVERYNESS du tandem nie aux premiers beaux jours d’avril. Au cœur des question- Honji Wang et Sébastien Ramirez qui exalte le sentiment nements sociétaux, la danse du circassien Julien Fournier, amoureux dans une combinaison de danse contemporaine, associé à la poétesse Laurence Vielle, expose les paradoxes de hip hop et de figures classiques hautement virtuoses. du monde du travail dans une pièce acrobatique nourrie de L’impruDanse fait son miel du spectacle au plateau mais aime témoignages et de récits de vie : Burning, et son sous-titre aussi les pas de côté qui placent le spectateur au cœur de l’ac- métaphorique Je ne mourus pas et pourtant nulle vie ne de- tion ! Quand les élèves du Pôle national supérieur Danse meura… Après cette ouverture poético-documentaire, le fes- Rosella Hightower de Cannes interprètent Idole(s) d’Émilie tival fait la part belle à une chorégraphie tout entière dédiée Lalande ou restituent une master class, c’est au plus près du au mouvement à l’état pur avec la pièce d’Angelin Preljo- public ; quand les artistes échangent avec lui, c’est en bord caj, Gravité, qui « fait sienne les chaînes de la pesanteur pour de scène. Et quand il s’agit de clôturer le festival, c’est avec mieux les briser dans la grâce de l’éphémère ». En choisissant Arthur Perole en chef d’orchestre de Trouble dans le genre, Atlas/Études de Michèle Murray, l’impruDanse propose une une fête foraine collective et immersive… échappée belle vers une recherche d’états de corps en réso- MARIE GODFRIN-GUIDICELLI nance avec la mythologie contemporaine : l’occasion pour la chorégraphe franco-américaine de développer un vocabu- laire formel fécond interprété en duo, en trio et en sextet. Pour Julie Coutant et Éric Fessenmeyer, le quintette cho- régraphique est la meilleure composition pour atteindre la transe, et faire De(s) personne(s) un groupe soudé dans l’écla- L’impruDanse tement, singulier dans la cohésion. Hamid Ben Mahi à sa 31 mars au 4 avril manière, en solo, fait exploser jusqu’au point de rupture la Divers lieux, Draguignan fluidité du hip hop, ses codes stricts, pour prendre à bras le 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com Le Théâtre du Maquis présente BOUGRESSES !

2 bougresses survoltées et un troubadour allumé jouent et chantent la croisade contre les cathares PRINTEMPS un spectacle gastronomique à voir et à manger 2020

6 & 7 MARS THÉÂTRE DE 2 > 4 AVRIL +13 MARIONNETTE THÉÂTRE +10 +12 ans ans ans BUFFLES CARDAMONE SAMEDI 7 MARS THE LULU PROJEKT CONFÉRENCE 8 & 10 AVRIL JEUNE PUBLIC +10 DANSE ans ESTELLE BLANQUET CONTEMPORAINE +7 INVITÉE DES SIMPLES CONFÉRENCES ans DEVENIR HIBOU LE 14 MARS THÉÂTRE DE RÉCIT 6 & 7 MAI ET DE DANSE THÉÂTRE D’IMAGES +3 +8 ans ans UN FURIEUX PICCOLI DÉSIR DE BONHEUR SAMEDI 16 MAI vendredi 20 et samedi 21 mars à 20h00 CONFÉRENCE 27 & 28 MARS JEUNE PUBLIC +10 à l’Ouvre-Boîte, nouveau lieu de fabrique THÉÂTRE DE ans +6 MARIONNETTE FRANÇOIS SARANO INVITÉ DES SIMPLES CONFÉRENCES 13, rue Joseph Jourdan - 13100 AIX-EN-Pce ans MADEMOISELLE B réservation 06 76 29 37 77 ou [email protected] www.theatremassalia.com 04 95 04 95 75 FRICHE LA BELLE DE MAI MARSEILLE 3 E

les Nouvelles Hybrides

20 et 21 mars - Lecture musicale Joseph Ponthus Jérémie Bédrune (voix), Yves Robert (trombone)

3 et 4 avril - Littératures de La Caraïbe Estelle-Sarah Bulle, Louis-Philippe Dalembert, Karla Suárez

28 avril - Rencontre Mouloud Akkouche

6 Juin - Lecture musicale Nancy Huston Nancy Huston (texte et voix), Claude Barthélemy (guitare)

Pertuis (84), Reillanne (04), Jouques (13), Ansouis (84), Vaugines (84) lNH 04 90 08 05 52 - www.lesnouvelleshybrides.com 34 événements Marionnettes de printemps

uit spectacles et une exposition pour se rendre à un rendez-vous explorer les mondes fascinants sous les étoiles… et Hop là ! Hdans lesquels les personnages, et Deux scénographies inso- les artistes qui les manipulent, nous lites sont à découvrir abso- transportent ! lument : celle des marion- Les sens en éveil, on suivra les péripéties nettistes Alice Therese de l’Incertain Monsieur Tokbar, voyageur Gottschalk, Raphael Mü- infatigable au cœur de ses souvenirs, réels rle et Frank Soehnle et de ou imaginés, dans lesquels se croisent leurs marionnettes à fil qui Napoléon, Neil Armstrong ou Don Qui- évoluent dans un Cabinet chotte, où des chevaliers-robinets d’eau de curiosités hors norme, froide et d’eau chaude se provoquent en véritable collection d’émo- duel… Une folle poésie orchestrée par le tions et de sensualités ; celle Incertain Monsieur Tokbar © Romain Etienne - Item Turak Théâtre. Autre plongée dans un de la Cie Pupella-Noguès est un mu- dit-on, et un hommage joyeux à la my- monde fantastique avec O’Yuki, petite sée imaginaire des objets, de ceux qui thologie concocté par la Cie Arketal et fille encombrée par un père silencieux, nous accompagnent quotidiennement à son théâtre de papier. une belle-mère non désirée, un ami trop ceux qui racontent un ailleurs, soulignés Enfin, avec la CieÉmilie Valantin c’est bavard… C’est dans un conte japonais, d’ombres et lumières qui les réinventent. l’univers de Charles Perrault qui est à Les fraises de décembre, qu’elle trouve Le Théâtre Désaccordé, lui, rend les l’honneur, avec l’adaptation de trois refuge et qu’elle puise la force de sur- lettres vivantes, faisant des mots des contes : La Belle au bois dormant, Le Petit monter son quotidien. La Cie Des petits marionnettes qui vont raconter l’histoire Poucet et Les Fées. Le récit se construit pas dans les grands s’invite dans un de Béatrice, une petite fille qui ne vécut au fil d’extraits qui lient les personnages Japon poétique au moyen d’origamis et qu’un jour et demi… À partir des formes depuis la Princesse endormie dans son de détournement de kimonos. Pour les du livre et de la graphie, tout en ombres lit jusqu’à son réveil à l’arrivée du Prince, tout-petits (dès 2 ans), la Cie 1.2.3 soleil et en projections, Sandrine Maunier et les marionnettes naviguant dans un jeu crée un univers coloré, au sein duquel Rémi Lambert lui redonnent doucement d’ombres délicates, accompagnées de Getulio, une souris curieuse, navigue vie. Des mots, toujours, avec Hermès, musiques baroques jouées sur une vielle dans les rues d’un village animé avant de le dieu espiègle, inventeur de l’écriture à roue.

Festo Picho parade esto Picho, le festival « de tous les goûts. Des proposi- spectacles vivants pour pu- tions pour tout-petits, tels F blics jeunes », revient pour la Ô... eau, par la Cie Zyane, le 14e édition dans dix villes et vil- 6 avril à Caumont-sur-Du- lages du Vaucluse, des Bouches- rance (de 6 mois à 6 ans), jo- du-Rhône et du Gard. S’il est lie variation musicale jouant coordonné par Le Totem, scène des sonorités aquatiques. Ou d’Avignon conventionnée « Art, Petite Source !, récit abori- Enfance, Jeunesse », il se nour- gène livré par La Nébuleuse rit des énergies, goûts et com- au Théâtre du Rond-Point de pétences de nombreuses autres Valréas le 9 avril (à partir de 2 structures culturelles organisées ans). Mais également des ré- en collectif. cits à l’attention des ados et Peau d'Âme, Cie Chantier public © Caroline Orsini 64 représentations sont pré- pré-ados : La guerre n’a pas vues du 30 mars au 12 avril, avec un prélude festif et déam- un visage de femme, adapté du travail journalistique de Svet- bulatoire le 28 mars dans la Cité des Papes : une Festo Picho lana Alexievitch par la Cie CRSE (Campus Hannah Arendt à Parade sur le thème Petites bêtes / Grosses bêtes. À vos dégui- Avignon les 31 mars et 1er avril). sements ! Ensuite, durant cette quinzaine, il y en aura pour La majorité des œuvres au programme sont des spectacles théâtre le sémaphore port- de- bouc

Danse

Théâtre

• PEOPLE WHAT PEOPLE ? • Compagnie Vilcanota Ven 27 mars 20h30 • DU RÊVE QUE FUT MA VIE • E n f Les Anges au Plafond Incertain Monsieur Tokbar © Romain Etienne - Item a Mar 7 avr 20h30 Théâtre m Cette même compagnie propose une exposition, Le Tripotoir, il le qui porte bien son nom : cette « boîte à outils » qui dévoile les secrets de fabrication, permet, chose rare !, d’appréhender par lle Jeune i public le toucher les matériaux utilisés, les mécanismes de toutes m a sortes de marionnettes, pour se rendre compte du processus f

de création mis en œuvre. n Enfin, comme chaque année, un spectacle gratuit précèdera E les représentations ! DO.M.

• LA MÉCANIQUE Le printemps de la marionnette DU HASARD • • MO • 23 mars au 11 avril Le Théâtre du Phare Compagnie MAB Scène 55, Mougins Ven 10 avr 19h Mer 22 avr 14h30 04 92 92 55 67 scene55.fr 020 u 2 Théâtre Théâtre le dans la B ville in a r T

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qui ont déjà fait leurs preuves, souvent des créations régio-

nales, comme la délicieuse adaptation des Voyages de Gulliver par la Cie Skappa !, Swift !, à Avignon le 1er avril (lire notre • VIRGINIA À LA critique sur journalzibeline.fr). Sachez qu’en sus des ateliers BIBLIOTHEQUE • Compagnie ERD’O accueilleront les enfants, accompagnés ou non de leurs pa- Jeu 30 avr 18h30 rents (du beat-box, par exemple, le 8 avril avec Tioneb à Ve- dène), et que des lectures seront données par les écrivains E • SOURCES • n associés au Théâtre Isle80 (Danielle Vioux, Marc Israël-Le fa Humani Théâtre Pelletier, le 12 avril à Avignon). Cirque m Sam 9 mai 14h30 et 17h30 i GAËLLE CLOAREC l l e

Festo Picho Réservations 28 mars au 12 avril 04 42 06 39 09 Divers lieux, Vaucluse, Bouches-du-Rhône, Gard 04 90 85 59 55 festopitcho.com • FACE NORD • Compagnie Un loup pour l’homme Ven 15 mai 19h30

www.theatre-semaphore-portdebouc.com

zibeline vertical 5 mars.indd 1 03/03/2020 16:58 36 événements « Nous sommes les militants du partage de la Musique, du partage de l’excellence » Le Festival de Pâques fête cette année sa 8e édition. Fidèle à sa formule gagnante, il ne s’en aventure pas moins sur d’autres fronts. Entretien avec Dominique Bluzet, son directeur exécutif

Zibeline : Comme chaque année, une Passion de Bach sera que ce que cette musique a de formidable, c’est qu’elle peut donnée pour le vendredi saint. Cette année, ce sont Marc Min- toucher tout le monde. On se fait une image de la musique kowski et les Musiciens du Louvre qui s’y attellent. classique qui est très élitaire alors que c’est quelque chose Dominique Bluzet : Oui, bien sûr ! Nous jouons tou- de fondamentalement populaire. Lorsque vous écoutez Mo- jours la Passion selon Saint Jean et la Passion selon Saint Mat- zart, lorsque vous fermez les yeux, ça vous touche. Il n’y a thieu en alternance. J’ai créé ce festival pour pouvoir y jouer pas besoin d’être un intellectuel pour aimer la musique clas- une Passion par an ! Cela me tenait particulièrement à cœur. sique ! Les concerts dits pour enfants ne sont pas forcément La question de la relation au sacré, qu’on y croie ou non, oc- le meilleur vecteur pour la partager. Mais autour d’un film cupe de toute évidence une place importante. On a pour habi- de Charlie Chaplin… Disons que ça a de la gueule ! Ce sont tude de dire qu’un musicien ou qu’un ensemble s’approprient des choses dont on se souvient. Ce que nous voulons, c’est une œuvre. Je pense que c’est le contraire. On ne peut pas créer des souvenirs inoubliables pour faire revenir ce public. jouer une Passion comme on peut accompagner mollement, Et puis, avant tout, je suis un grand fan de Charlie Chaplin ! parfois, un opéra en fosse. On ne peut qu’être transcendé Vous avez également organisé un certain nombre de par la musique, par son propos, on ne peut que contempler Masterclasses… sa propre fin. Je demeure convaincu que ce questionnement Oui, plusieurs masterclasses effectivement. La transmission métaphysique, de même que cette musique transcendante, fait évidemment partie de nos priorités. D’où une entreprise demeurent universels. nouvelle pour nous cette saison : la délocalisation d’un certain Beethoven occupera également une grande partie de la nombre de concerts, gratuits, à l’échelle de la région. Nous programmation. nous rendrons dans des endroits plus retranchés, même Oui, que voulez-vous, en France, on adore fêter les nais- atypiques, à La Valette-du-Var à Toulon et à Aix : une cour sances, les morts. C’est un peu sinistre, vous ne trouvez pas ? d’école, un EHPAD, le Théâtre National de Nice, une église Je n’ai pas ce culte-là de l’anniversaire. On peut s’intéresser -la Cathédrale d’Embrun. Nous voulions offrir des concerts, à Beethoven tous les jours de sa vie ! Mais beaucoup de mu- qui seront donc gratuits, mais dont nous pouvions choisir les siciens ont eu envie de profiter de cette occasion pour porter publics. Car l’idée n’est évidemment pas de proposer des au- un regard particulier sur ce compositeur. Cela avait l’air de baines, mais de travailler avec les associations. Le public que compter pour eux. l’on choisit, c’est celui qui n’a jamais accès à la musique. Nous Vous vous risquez également à un exercice inédit pour le fes- sommes les militants du partage de la musique, du partage tival : le ciné-concert ! de l’excellence. L’idée c’est d’enfin en faire un rapport d’éga- L’idée nous est venue en évoquant la question du jeune pu- lité. Ce partage est normal : cette musique appartient à tout blic, qui m’interroge beaucoup. C’est certes un peu un cliché, le monde, autant à nous qu’à ceux qui en sont privés. Dans mais cela se vérifie malheureusement souvent : le spectateur la République de la culture, on est égaux en droits ! On a re- de musique classique est blanc, âgé, CSP++… Or, je pense cherché des mécènes pour nous aider dans cette démarche. 37

Dominique Bluzet © Caroline Doutre Quelques dates au programme La région s’y est également beaucoup impliquée. 4 avril, 20h30, Concerto pour violon de Tchaïkovski, Vous retrouvez pour la plupart de ces concerts plusieurs col- Renaud Capuçon, Orchestre de la Monnaie - GTP, Aix laborateurs de longue date. 5 avril, 19h, récital Philippe Jaroussky avec Suivant les années, on suit certaines personnes, mais on es- l’Ensemble Artaserse - GTP, Aix saie de ne pas avoir de collaborateurs attitrés -Renaud Capu- 7 avril, 20h30, Salve Regina, Stabat Mater de Haydn, çon est notre directeur artistique, mais à part lui… Philippe Kammerorchester de Bâle, Grand chœur de Zurich - GTP, Aix Jaroussky, Jérémie Rhorer deviennent des habitués. Mar- 8 avril, 14h30, Concert gratuit Le Maestro c’est vous, Symphonie tha Argerich a cette complicité importante avec Renaud, de n°5 de Beethoven, Le Cercle de l’Harmonie - Cours Mirabeau, Aix même qu’Anne-Sophie Mutter. Ce sont de grandes signatures. 8 avril, 20h30, Missa Solemnis de Beethoven, Le Cercle Nous voulions également cette année mettre l’accent sur le de l’Harmonie, dir. Jérémie Rhorer - GTP, Aix violoncelle, avec six des plus grands violoncellistes français, 9 avril, 20h30, Prélude à l’après-midi d’un faune, Concerto n°4 de tous présents sur deux programmes : les Suites pour violon- Rachmaninov, Orchestre du Mariinsky, dir. Valery Gergiev - GTP, Aix celles de Bach et les Sonates pour violoncelle de Beethoven. 10 avril, 20h30, Passion selon Saint Jean, Musiciens Et ce dans deux cadres : une église et au Théâtre du Jeu de du Louvre, dir. Marc Minkowsk - GTP, Aix Paume. L’idée, c’était de rendre hommage à une génération 11 avril, 20h30, Concert romantique (Schumann, Franck, de violoncellistes, mais aussi à cet instrument qui n’est pas Beethoven), Renaud Capuçon, Martha Argerich - GTP, Aix l’instrument royal du soliste. Et pourtant, le violoncelle est un 12 avril, 16h, Grand concert gratuit pour les Aixois (sur réservation), Thomas Leleu, Lucienne Renaudin Vary, dir. instrument d’une grande noblesse, c’était l’instrument-roi au Jean-Philippe Dambreville - Cathédrale St Sauveur, Aix XVIIIe siècle ! Voilà donc notre nouveau principal collabora- 13 avril, 19h, Symphonie n°9 de Mahler, London teur : le violoncelle ! J’en ris, mais on parle souvent des com- Philarmonic Orchestra, dir. Vladimir Jurowski - GTP, Aix positeurs, des musiciens, et plus rarement de l’instrument, 14 avril, 18h, Ciné-concert The Kid, Orchestre régional quand on évoque les répertoires. Ils ont pourtant une identité Avignon-Provence, dir. Philippe Béran - GTP, Aix forte… Et cela compte aussi, pour comprendre la musique et 15 avril, 20h30, Concert Monteverdi, sacré et profane English son écriture. De même que l’approche des formations telles Baroque Solistes, dir. John Eliot Gardiner - GTP, Aix que le Philharmonix ou le Sirba Octet, qui vont vers une 16 avril, 20h30, Programme Stravinski : Le Sacre du Printemps, légèreté, vers une prise de distance vis-à-vis de la musique. L’Oiseau de Feu, Concerto pour violon en ré majeur, Isabelle Faust, Cette philosophie m’intéresse beaucoup ! Ensemble Les Siècles, dir. François-Xavier Roth - GTP, Aix ENTRETIEN RÉALISÉ PAR SUZANNE CANESSA 17 avril, 20h30, Suites pour violoncelle seul de Bach, Emmanuelle Bertrand, Marc Coppey, Ophélie Gaillard, Anne Gastinel, Jérôme Pernoo, Xavier Phillips - Église du Saint-Esprit, Aix 18 avril, 20h30, Concert lyrique de Juan Diego Florez et Lisette Oropesa, Orchestre de l’Opéra de Lyon, dir. Christopher Franklin - GTP, Aix

38 événements ComposiTRICES en lumière

ixième édition du festival Présences Féminines fondé par Claire Bodin, sa directrice artistique, en 2011 ! Une Dgageure souligne-t-elle dans son incipit, tant il était dou- teux alors de penser alimenter en pièces de qualité, écrites exclusivement par des compositrices, la manifestation sur une si longue période, les aprioris étant tenaces et la présence des femmes dans le monde de la création musicale occultée. Pour ses dix ans, le festival accueille en résidence Édith Ca- nat de Chizy, première compositrice membre de l’Institut de France, aux multiples récompenses et commandes. Le 28 mars lui sera consacrée une soirée anniversaire au cours de laquelle sera projeté un film portrait réalisé par Éric Dar- mon, et créée en première mondiale sa pièce Over the sky (co-commande du festival, de l’association AIE et de l’asso- ciation Musique sacrée et Orgue en Avignon), interprétée par l’accordéoniste Pascal Contet. Une autre de ses œuvres, O God ! (co-commande du festival et de ProQuartet) aura été créée la veille, aussi en première mondiale, par le merveilleux Quatuor Van Kuijk, pièce à laquelle feront écho un quatuor romantique de Johanna Müller et celui aux accents debus- systes d’Henriette Bosmans. Les œuvres d’Édith Canat de Chizy jalonneront le festival qui convoque formations pres- tigieuses et interprètes de premier plan, autour d’œuvres de compositrices dont on se plaît à découvrir la démarche avele regret de les découvrir seulement maintenant. On entendra ainsi le Quatuor Diotima, Isabel Villanueva (alto), François Edith Canat de Chizy © C. Daguet

L’orgue vibrant de Sainte Marguerite

epuis dix-sept ans, l’église de Sainte Marguerite, dans le neuvième arrondissement de Marseille, est équipée Dd’un remarquable orgue de 17 jeux du facteur Pascal Quoirin. Cet instrument singulier, dont la construction fit l’objet d’un projet culturel soutenu par la Ville de Marseille, a la particularité d’être installé derrière le maître autel, d’où le concertiste est visible du public et peut être entouré d’un Orgue de Sainte Marguerite © X-D.R chœur ou d’autres instrumentistes. L’orgue, d’influence germanique, accordé sur le tempéra- ment inégal éminemment baroque de Vallotti, est bien sûr utilisé lors des offices, mais son acoustique très particulière et adaptée aux concerts se retrouve particulièrement mise en valeur deux fois par an lors du festival L’Orgue Vivant, qui, au printemps et en automne, attire de nombreux titulaires d’orgues prestigieuses dans toute la France. Ainsi les dimanches après-midi printaniers de l’église Sainte Marguerite permettront-ils d’entendre des solistes remar- quables : Vincent Bernhard, le 22 mars, consacrera un pro- gramme à Bach, Böhm et Vivaldi. Vincent Dubois, titulaire des orgues de Notre Dame de Paris, se produira le 5 avril sur L’impruDanse #4 Festival du 31 mars au 4 avril 2020

Dumont (piano), Célia Oneto Bensaid (piano), Fran- çoise de Maubus (harpe), l’Ensemble Hélios, Nour Lakis (piano), le Chœur Spirito… se lover dans les œuvres de Graciane Finzi, Betzy Jolas, Elisabeth Jacquet de la Guerre, Barbara Strozzi, Rosy Wer- theim, Clémence de Granval, Marie Jaëll (et ses 18 pièces d’après une lecture de Dante), et Camille Pépin Julien Fournier dont sera donnée en création française la première pièce pour piano, Number 1 (créations données ainsi Angelin Preljocaj que God ! en double concert à la Scala de Paris le 16 Michèle Murray mai)… Sans compter la journée « Compositrices au long Julie Coutant cours » qui présente dix-neuf jeunes artistes femmes et hommes sélectionnés sur les 143 à avoir répondu Éric Fessenmeyer à l’appel à projet ! Autour du festival, tables rondes, Émilie Lalande animations et spectacles scolaires, dont le poétique Hamid Ben Mahi Chant de coton par Michaël Dian (piano) et Cécile Brochoire (récitante)… Honji Wang MARYVONNE COLOMBANI Sébastien Ramirez Arthur Perole

INFORMATIONS ET RÉSERVATIONS www.theatresendracenie.com Présences Féminines 04 94 50 59 59 17 au 28 mars Divers lieux, Toulon, La Garde, La Valette, Le Pradet Edith Canat de Chizy © C. Daguet presencesfeminines.com

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des œuvres de Mozart, Bach, Liszt ainsi que des im- provisations. Le dimanche de Pâques, le 12 avril, le fils rejoindra le père avec des œuvres de Carl Philipp Emmanuel et de Jean-Sébastien Bach interprétées par Jean-Paul Serra, titulaire de l’église parisienne de St Germain des Prés. Enfin,André Rossi, titulaire habituel de l’orgue Quoi- rin de Sainte-Marguerite, clora le festival le 26 avril. Le public pourra y entendre des compositions de Brahms, Kellner, Walther et Bach. Ce concert ainsi que l’ensemble des représentations seront en ac- cès libre, avec une libre participation aux frais afin de soutenir l’Association des Amis des Orgues de Sainte-Marguerite. PAUL CANESSA

Festival L’orgue vivant Jusqu’au 26 avril Eglise Sainte Marguerite, Marseille 06 84 77 61 76 aosmarguerite.org 40 événements Dans le fossé des villes Lieux Publics présente Sensational Platz, la nouvelle création de Margo Chou

latz, c’est la place dans les villes allemandes. Cela signifie aussi le lieu d’habitation pour les Rroms, un ensemble de P baraquements que certains nomment bidonville quand ce n’est pas camp. Un environnement que l’auteure et comé- dienne Margo Chou fréquente depuis de nombreuses années. Sensational Platz a été conçu comme une œuvre-événement, un lieu inoccupé où l’on se pose, où l’on cherche sa place et la position des uns envers les autres. « Pendant quatre ans, je me suis régulièrement rendue à la même platz où vivaient des Tsiganes roumains, alors que j’étais en résidence dans l’Es- sonne pour l’écriture de mon solo Je me suis réfugiée là, là, là. © Vincent Beaume Ce qui m’intéresse le plus, c’est cette vie dans les cabanes. Il se faire un spectacle », confie celle qui, deux ans après cette aven- trouve que ce sont des Roumains qui les habitent. Et malgré ture et la rencontre avec la dramaturge Marie Reverdy, créé les expulsions et les destructions, la vie continue », explique la Sensational Platz. Presque cabaret en est le sous-titre, pour Marseillaise d’adoption pour qui l’espace urbain se réduit avec signifier l’hybridité de l’espace et du moment, entre le salon un système répressif en surenchère permanente. et la fête. La musique est omniprésente dans le parcours de l’auteure. Elle a voulu ici se situer au croisement du cabaret Presque cabaret oriental et du kafana d’Europe de l’Est. Sans oublier les am- Un jour, un jeune homme de la platz la présente à sa famille. biances de marchés, de Marseille ou de Bucarest, et de carna- Le courant passe, la confiance s’instaure. Immersion, prise vals. « Ce spectacle est voué à être joué dans les salles des fêtes. de notes, photographies... « On m’a proposé de faire de l’ac- Du moins celles qui ont du cachet. C’est un vrai choix de le pré- tion culturelle. J’ai refusé car je n’avais aucune envie d’avoir senter à l’Harmonie de l’Estaque. D’abord parce que j’habite un rapport fonctionnel avec eux. Mais je n’avais pas prévu d’en à côté mais surtout parce que c’est un lieu magnifique, avec

Hyères a ses Faveurs de Printemps La 16e édition du festival proposé par Tandem le portrait d’une société qui reste aveugle au chaos écologique qu’elle engendre (9 avril). fait la part belle à la scène pop folk internationale Auteure-compositrice et multi-instrumentiste, Johanna Warren, américaine elle aussi, chemine dans un dark folk sentimental usicien intégral, sans filtres ni artifices,Troy Von Bal- et immersif aux compositions courageuses par leur complexité. thazar vient présenter It Ends like Crazy, album soli- La Néo-Zélandaise Tiny Ruins explore, avec Olympic Girls, les Mtaire et introspectif, sans doute le plus authentique et origines du folk et du blues, narre des tranches de vie teintées le plus riche de sa carrière, dépeignant une sorte de conflit d’humour noir et de confessions désarmantes et s’évade vers intérieur et émotionnel à fleur de peau.JE Sunde, révélé une pop aérienne d’où se dégage une puissance émotionnelle. par le groupe The Daredevil La voix de Janine Cathrein Emilie Lesbros © Philippe Taka Christopher Wright, a en- est aussi grave et chaleureuse richi son esthétique folk de lé- que sa plume est subtile. Avec gères touches de soul, plaçant le groupe suisse Black Sea son univers quelque part entre Dahu, elle délivre un folk té- Paul Simon et Leonard Cohen. nébreux, forgé à l’expérience Cette soirée 100% américaine se des concerts de rues (le 10). poursuit avec Emily Jane White, Le Printemps arabe a permis installée au fil de la décennie l’émergence d’une scène al- parmi les meilleurs ternative. Héritiers de la ré- actuels. Toujours aussi engagée, volution tunisienne, le duo elle brosse, dans Immanent Fire, Yuma est de celle-là. Sabrine 41 Le Son des Peuples,

une histoire. Il est tenu par des sociétaires de- puis deux siècles et le pastis coûte 1,30 euro ! » une certaine idée du Avec Nicolas Cante Le festival vauclusien reçoit entre autres Dans Je me suis réfugiée là,là,là, Margo Chou jazz Émilie Lesbros et The Archetypal Syndicate invitait le public à s’asseoir à sa table. Cette fois, elle s’entoure de plusieurs complices de longue date pour un rendez-vous qu’elle punk, l’électro ou la mu- souhaite « festif, magique et merveilleux ». sique africaine, en pas- Sur le plateau, les hommes sont musiciens sant par le théâtre et la et les femmes comédiennes. Lise Borki a danse. Trio multi-ins- développé un répertoire allant des Balkans trumentiste, The Ar- à l’Occitanie. Gaële Cerisier a une forma- chetypal Syndicate ré- tion de circassienne. Salomé Richez a par- alise un rituel de transe © Vincent Beaume ticipé à de nombreuses créations du réper- du XXIe siècle, fusionnant toire contemporain d’Europe de l'Est et du rythmes traditionnels et Caucase. Benjamin Colin a été le percussion- son électrique et jouant niste de Fantazio. Ronan Drougard est no- sur un minimalisme tamment le guitariste de Johnny Montreuil. répétitif et des envolées Rencontré plus récemment, Nicolas Cante rock psychédéliques. À et son clavier déjanté rejoignent la création. découvrir également Encore une bonne nouvelle. Papanosh, la rencontre LUDOVIC TOMAS entre le saxophoniste et poète new-yorkais Roy Sensational Platz 28 & 29 mars Nathanson et Napoleon L’Harmonie de l’Estaque, Marseille Maddox, rappeur et beat lieuxpublics.com boxer de Cincinnati. Leur spectacle Home renvoie à la solitude, à l’errance, à la mélancolie du foyer perdu et à l’espérance d’un monde ayant re- trouvé la boussole de l’ac- La Feline © Boris Barthes cueil et de la générosité. opulaires, traditionnelles et savantes. L.T. C’est par ces mots que les co-organi- Jenhani vient du folk, de la musique acous- Psateurs du festival Le Son des Peuples tique et des Beaux-Arts. Ramy Zoghlami du caractérisent les musiques jazz et impro- Le Son des Peuples rock, du hip-hop, de l’électro et du cinéma. visées. La compagnie musicale NaïNô, 19 au 29 mars Divers lieux, Avignon, Carpentras, Apt Yuma prend le parti d’une poésie amoureuse, La Garance, scène nationale de Cavail- nainoprod.com dans le désarroi ou dans la quête, sur le che- lon, Le Vélo Théâtre d’Apt, la Gare de min de la révolte et la libération. Autre duo, Coustellet ou encore l’Ajmi à Avignon français celui-là, les Black Lilys sont frère ont préparé ensemble la deuxième édition et sœur, réunis dans la musique après le dé- de ce festival itinérant en Vaucluse. D’un cès de leur mère en 2010. Une pop de son concert impromptu sur une place à un Au programme époque, à la fois organique et électronique. atelier musical dans un conservatoire, en 19 mars : Sylvie Courvoisier La Féline (Agnès Gayraud) est de retour passant par un ciné-concert-goûter des- Trio - Ajmi, Avignon avec son sens des ambiances sonores et son tiné au jeune public, Le Son des Peuples écriture mélodique où, cette fois, les cordes cherche à réunir musiciens et public sur 20 mars : Deep Ford - chapelle des Carmes, Apt se mêlent aux arrangements synthétiques une vision partagée de la musique, celle d’une pop progressive (le 11). d’un bouillon de culture ouvert à tous 21 mars : Home, de Papanosh - La L.T. les possibles, un espace privilégié dont Garance, scène nationale de Cavaillon le terreau transcende cultures, religions 28 mars : Émilie Lesbros, Nakama et origines, aussi éloignées soient-elles. Quintet, The Archetypal Syndicate, Faveurs de printemps DJ M.OAT - Vélo Théâtre, Apt 9 au 11 avril Parmi les temps forts, un solo d’Émi- Divers lieux, Hyères lie Lesbros, exploratrice de territoires 29 mars : Ciné concert Le génie faveursdeprintemps.com musicaux aussi variés que le rock, le de Bricolo - Vélo Théâtre, Apt 42 événements Floraison printanière

Programmation de printemps au Musée du musée, correspondant aux lettres de l’alphabet : A comme acanthe, du nom d’une nymphe, B comme badiane, l’un des des civilisations de l’Europe et de la ingrédients du pastis, C comme chardon, et ainsi de suite… Une visite qui gagnera à se poursuivre à l’extérieur, dans le Méditerranée somptueux et fragrant Jardin des Migrations ! Voire à se conju- guer avec la Fête des Plantes qui se tiendra le week-end des Tarantino - Once Upon a Time photo Andrew Cooper © CTMG Inc - All rights reserved 11 et 12 avril. Le Parc national des Calanques est l’invité du Expositions Mucem pour cette édition 2020 : l’occasion de rencontrer des L’exposition Voyage Voyages s’achève le 4 mai (lire notre cri- associations de défense de la biodiversité, des pépiniéristes tique L’art en voyage sur journalzibeline.fr). Pour patienter spécialistes du jardin méditerranéen ou de l’agroécologie, et avant Pharaons Superstars qui démarre fin avril, d’autres évé- de participer à des ateliers de jardinage. nements de plus modestes dimensions attendent les visiteurs En parallèle, au Centre de Conservation et de Ressources du du Mucem. À partir du 25 mars, la Salle des Collections du musée, situé à la Belle de Mai, se poursuit le projet de coo- Fort Saint-Jean se renouvelle pour célébrer le printemps par pération européenne Excavating Contemporary Archeology, un thème fleuri. Le désormais traditionnel Abécédaire sera reliant création contemporaine et archéologie. L’exposition consacré à La Flore de A à Z. Vingt-six objets issus des fonds Affleurements présente du 3 avril au 1er août les œuvres de

Exposition La Flore de A à Z. C. Amulette Casso-diablo, Provence, début du XXe siecle Mucem © Mucem quatre artistes, Amalie Smith, Sammy Beloji, Cristina Lucas et Francisco Tropa, suite à des résidences effectuées en Belgique, à Chypre, au Danemark et à Marseille : un travail qui s’inspire des contextes culturels locaux, réa- lisé avec des collégiens.

Cinéma Guettez, du 30 mars au 5 avril, la trentaine de films projetés à l’occasion du partenariat entre le musée et les rencontres internatio- nales de cinéma d’Aflam (lire p 106). L’autre temps fort aura lieu du 9 au 30 avril, avec un cycle consacré aux œuvres de Quentin Taran- tino, réparti entre le Mucem, Les Variétés, le Videodrome 2, La Baleine et L’Alhambra. Si par mégarde vous avez raté Reservoir Dogs en 1992, Inglourious Basterds en 2009 ou Once Upon a Time… in Hollywood sorti l’année der- nière, c’est l’occasion de parfaire votre culture cinématographique. Le réalisateur n’est pas des plus productifs, mais il a indéniablement marqué notre époque avec sa dizaine de longs métrages : certains connaissent par cœur des dialogues entiers de sa filmographie, d’autres aiment à fredonner les airs les plus connus de ses bandes originales. Afin de régaler ces fans, le forum du J4 va se mettre en quatre pour créer une ambiance ta- rantinesque : lors des trois soirées prévues au Mucem, on y trouvera un « dinner » à l’amé- ricaine, avec hot-dogs, décoration vintage, néons colorés et musique à l’avenant. Le 9 avril, avant la projection de la Palme d’or du Festival de Cannes 1994, Pulp Fiction, le groupe funk L’Éclair sera en concert. Puis Da Break (soul, funk et hip-hop old school) le 16 avril, avant le très beau Jackie Brown. Dans l’après-midi du 23 avril aura lieu une table-ronde intitulée 43

Marseille en par- de l’architecture, de l’éducation et de la tenariat avec le démocratie », a prévu une table ronde. Mucem, le Frac Julien Blaine (artiste) et Rudy Ricciotti Provence-Alpes- (architecte) échangeront avec le linguiste Côte d’Azur et le Marcel Courthiade autour de son ouvrage Collège Interna- Petite histoire du peuple rrom. Première tional de Philo- diaspora historique de l’Inde (Le Bord sophie, l’Institut de l’eau, 2019). Cette rencontre prélude méditerranéen à une exposition sur les métiers et sa- des métiers du voir-faire romani en Europe et Méditer- patrimoine or- ranée, prévue prochainement au Mucem. Tarantino - Once Upon a Time photo Andrew Cooper © CTMG Inc - All rights reserved ganise le 3 avril GAËLLE CLOAREC une rencontre en D’après Tatantino, animée par le directeur entrée libre avec le cinéaste Fabrizio Ter- du cinéma L’Alhambra, William Bene- ranova. Présent la veille au Frac pour la detto, qui invite trois critiques -Emma- projection de son film Story Telling for nuel Burdeau, Jean Narboni et Hervé Earthly Survival, ce spécialiste de nar- Tarantino Aubron- à débattre des différentes fa- ration spéculative mettra en dialogue 9 au 30 avril (Mucem, Les Variétés, le cettes de son travail aux univers variés, l’œuvre de deux femmes qui ont bous- Videodrome 2, La Baleine, L’Alhambra) du western au polar en passant par le culé ces dernières années les sciences film de samouraïs. Le soir, les deux vo- sociales et la philosophie, dans le champ La Flore de A à Z jusqu’au 30 août (Fort Saint-Jean) lets de Kill Bill seront projetés (interdit du féminisme et des questions environ- aux moins de douze ans). nementales : Donna Haraway et Isabelle Affleurements Stengers. jusqu’au 1er août (CCR) Propositions diverses Enfin le 8 avril, pour la Journée interna- Dans le cadre du séminaire Exposer tionale des Rroms, l’association didat- Mucem, Marseille le récit, proposé par les Beaux-Arts de tica, collectif qui travaille « à la croisée 04 84 35 13 13 mucem.org 44 critiques Théâtre et exorcisme

n spectacle de théâtre contempo- sa propre exploitation. Pour rain dont le pitch mentionne agri- Davy, au début, tout va bien. Uculture et sorcellerie, on en voit pas Mais rapidement tout se dé- tous les jours ! Écrit et mis en scène par règle, les animaux meurent, Tiphaine Raffier, artiste associée à la sa santé et celle de sa sœur Criée, également réalisatrice et comé- se détériorent. L’idée d’un dienne (notamment pour Frank Cas- mauvais sort fait son chemin. torf et Julien Gosselin), le spectacle a Le frère et la sœur, malgré comme sources principales les travaux leurs doutes, vont faire appel d’une autre femme, ethnologue, Jeanne à un désorceleur, l’homme Favret-Saada, dont les ouvrages Les de la croix. Il prononcera ses mots, la mort, les sorts (1977, Gallimard) consignes pour trouver l’ori- et Désorceler (2009, éd. de l’Olivier) ont gine du mal, et le vaincre. © Simon Gosselin été écrits à partir d’enquêtes de terrain Il ne s’agit pas ici de théâtre menées dans le bocage mayennais. documentaire, même si la situation du mots, des phrases, comme des slogans L’histoire : un frère et une sœur, Davy travail agricole contemporain est rendu publicitaires, ou politiques. Commen- et Ilona Fourest, viennent d’hériter d’une très concret par des descriptions bru- tant, orientant, contaminant ce qui se dit somme d’argent à la mort accidentelle tales, rapides et vertigineuses. On est sur scène, prophétisant les évènements de leur mère. Ils sont sollicités par le dans une énigme maléfique, un thril- à venir. Tout se passe, tout a lieu par la parrain de Davy et décident de se lancer ler, on cherche à deviner d’où vient tout langue. L’origine du mal sera trouvée. avec lui dans l’agriculture au sein d’un ce mal, qui est le/la coupable. La scène Captivant. GAEC (groupement agricole d’exploi- est une boite noire, plongée dans la pé- MARC VOIRY tation en commun). Mais, querelle des nombre. Le fond de scène est barré par anciens et des modernes, les relations un immense écran vidéo sur lequel ap- Dans le nom a été présenté à La Criée, se dégradent, chacun se retrouve avec paraissent, de façon spectaculaire, des Marseille, du 13 au 15 février

Sombre farce

e décor savamment reconstitué saute aux yeux à l’ouver- prestation de Christian Heck, de la Comédie Française, est à ture du rideau. Dans une banlieue des années 50, caravane saluer. De la démarche saccadée du rêveur légèrement ina- L aménagée et vieux hangar de tôle trônent sur un bout de dapté, il embraie sur les troubles postures de l’insecte, irré- pelouse, mur de ciment décrépi en fond de scène à l’appui. sistiblement attiré par le sucre et la lumière. Poignante, la Robert, vieux garçon farfelu, y coule des jours paisibles avec mutation kafkaïenne campe en filigrane toute maladie létale, sa maman. Elle vaque à sa ré- vers le lent accomplissement de colte de radis, il trifouille dans l’inéluctable. Musique et jeu ra- son laboratoire pour mettre au sant de lumière rendent l’an- point… la téléportation. Aux goisse et l’effroi, des sensations manettes et sur les planches, peu communes au théâtre. So- Valérie Lesort et Christian phistiqués mais artisanaux, Hecq s’attaquent à un monu- les effets convoqués (marion- ment de la littérature SF : La nettes, théâtre noir, prothèses, mouche de George Langelaan, magie nouvelle…) campent le popularisée par ses adaptations dégoût et l’empathie, pour une filmiques (La mouche noire de tenace sensation de malaise. Neumann en 1957, La mouche Après leur adaptation saluée de Cronenberg en 1986). Les de 20 000 lieues sous les mers metteurs en scène s’inspirent © Fabrice Robin au Vieux Colombier en 2015, d’un épisode de l’émission belge Strip-tease, pour une pre- Hecq et Lesort, tous deux passés chez l’inventif Philippe mière partie primesautière dépeignant le quotidien d’un bi- Genty, prouvent qu’ils sont à même de dynamiter les clas- nôme toxique mais aimant, entre table en formica et rires siques pour susciter d’intenses moments de théâtre. hénaurmes à colporter les ragots. Quand la pochade élégam- JULIE BORDENAVE ment vintage vire à la tragédie, le ton monte d’un cran. On connaît le postulat : une mouche se glisse dans la machine La mouche se jouait du 5 au 7 mars à La Criée, en à téléporter, et Robert fusionne peu à peu avec l’insecte. La coréalisation avec le Théâtre des Bernardines, Marseille 45 Rituel de la perte

arement Sirènes et midi net -le de cette perte par un mot-clé, avant rituel inventé par Lieux Publics de l’envoyer par SMS au comédien Rpour saluer la sirène de la ville, en scène. Chamane 2.0, réceptacle en chaque début de mois- aura autant ou passeur, à la manière du person- collé à la proposition accueillie. Avec nage de La Gloïre inventé par Boris Les Trois points de suspension, Vian (L’arrache-cœur), le comédien il s’agissait en ce mercredi printa- égrainait ensuite les messages lui ar- nier de s’essayer collectivement à rivant par rafale -tour à tour scan- l’apprentissage -sinon l’éloge- de la dant, criant ou chuchotant-, pour perte. Une allégorie sur la manière une véritable liturgie entêtante vi- de réinventer la façon de faire so- sant à dépasser le trauma. Un début ciété autour de la mort, réunissant le de transe, tant exutoire qu’express, public sur deux gradins circulaires. avant le nouveau retentissement de Au cœur du cercle, le comédien Re- la sirène finale, venant sanctifier naud Vincent, accompagné de Jé- ce rituel profane qui fit son office. rôme Coulloud à l’accordéon, nous Intitulée Hou, cette courte perfor- invitait à profiter de ce rendez-vous mance est littéralement un morceau commun, « 12 minutes d’offertes dans de Hiboux (lire sur journalzibeline. nos vies trépidantes », pour éprouver fr), extrait du nouveau spectacle de ensemble le vertigineux exercice de la compagnie qui sera présenté en la résilience. « Les grandes pertes -le avant-première durant le festival toit de Notre-Dame de Paris, Johnny…- Mythos de Rennes les 3 et 4 avril ont leurs cérémonies collectives. Mais © Gregoire Edouard prochains. comment gérer les pertes intimes ? » Tentative d’invention com- JULIE BORDENAVE mune, autour du poème Un art d’Elizabeth Bishop, distri- bué en préambule : fermant les yeux pour se reconnecter à un Hou se tenait le 4 mars sur le parvis de l’Opéra de Marseille, dans deuil, chaque spectateur était invité à identifier la sensation le cadre du dispositif Sirènes et midi nets de Lieux Publics

Du punk un rien bluff(ant)

n a connu le circassien Martin s’y entend, glissant in- Zimmermann par ses collabora- lassablement sur le plan- Otions avec le compositeur Dimitri cher, multipliant chutes de Perrot (Öper Öpis, 2008 ; Hans was et grommelot. Ce slaps- Heiri, 2012…). Des partitions échevelées à tick à l’énergie punk re- l’énergie foutraque, d’où pointait une sau- vendiquée, contrebalancé vage élégance formelle. Il en reste chez le par des décors sophis- metteur en scène suisse, désormais seul tiqués un brin démesu- aux commandes, l’amour des scénogra- rés, réserve d’excellentes phies mouvantes et explosives agencées surprises : des mains qui autour de grands aplats de couleur -ici crèvent littéralement le le noir, le rouge et le blanc. Cette fois, sol de faux stuc, pour il ordonne son petit musée outrancier, faire éclore une créa- © Augustin Rebetez symbolisé par des cadres dorés accro- ture des planches ; des tableaux hu- à accepter que, malgré les apparences, chés à une cimaise, vides et de guingois. mains saisissants, figés sous un stro- Eins Zwei Drei se présente comme un M. Loyal vociférant, le comédien Tarek boscope ; l’inflexibilité d’un gardien, hommage au cirque dans sa forme la Halaby tente d’y canaliser ses compa- qui dépouille littéralement un visiteur plus traditionnelle : une succession de gnons de jeu : l’acrobate Dimitri Jourde, penaud au portique de sécurité… On se saynètes hétéroclites, misant tout sur la méconnaissable (vu récemment auprès tord, on grimace, on lèche des pieds -de monstration de performances portées de Jean-Baptiste André dans Deal, lire préférence les siens-, on bouscule les par d’éclatantes personnalités. sur journalzibeline.fr) et l’époustouflant éléments, jusqu’au musicien Colin Val- JULIE BORDENAVE contorsionniste Romeu Runa. Les deux lon qui pince les cordes de son piano premiers rejouent l’éternel binôme du à queue. Mais cette débauche ne suffit Eins Zwei Drei se jouait les 3 et clown blanc et de l’Auguste ; et Jourde pas à embarquer sur la longueur, sauf 4 mars au ZEF, Marseille 46 critiques Amour, théâtre et cruauté

oin d’être une simple fantaisie sen- timentale, le propos de l’œuvre de LMarivaux, Arlequin poli par l’amour, dépasse largement la légèreté de l’argu- ment initial : une fée enlève le bel Ar- lequin, séduite par sa beauté, et malgré la bêtise abyssale dont il fait preuve une fois éveillé… Il salue « du regard le plus imbécile que jamais nigaud ait porté ». La fée tente d’éduquer son « bel imbécile » avec force cours et divertissements où chants et danses autorisent de cocasses intermèdes. Thomas Jolly s’empare du sujet en une mise en scène décapante et vive, emportant le tout en un rythme alerte dans une scénographie jubilatoire qui met à nu les codes du théâtre, expose ses artifices, en joue avec délectation. © Nicolas Joubard L’illusion théâtrale en sort magnifiée, multiplie les échos, entre la culture an- venu tout droit de Disney, illustre l’attente des cintres… La fougue de la jeunesse tique de Marivaux, le fantôme de la Ta- amoureuse de la bergère Silvia), un air est là, dans ses aspirations, dès l’inci- tiana shakespearienne, les références aux de rock, sous les lumières de guirlandes pit : les acteurs (époustouflants), qui ont mythes qui ont nourri l’enfance des spec- d’ampoules nues (dédoublement de la attendu en fond de scène, penchés sur tateurs (« Un jour mon Prince viendra », servante ?), et des flots d’étoiles tombant leur livre, dans des niches nimbées de

Souvenirs de familles

scène par le fantastique Jonathan Capdevielle. S’adressant autant aux enfants qu’aux adultes, les aventures de Rémi se situent dans notre contem- porain, magnifiquement brouillé par la presque omniprésence d’un onirisme maîtrisé, qui permet à chacun d’entrer dans le récit composé au XIXe siècle par Hector Malot. Le garçon trouvé, adopté, ballotté, mais finalement toujours aimé partout où il passe, suit son parcours initiatique avec une candeur qui prend aux tripes, tant elle est syno- nyme de tout ce que représente l’enfance. Dimitri Doré, qu’on avait découvert dans le splendide À nous deux maintenant en 2018, porte quasiment le même short (de scout), qui souligne l’ambiva- lente jeunesse du comédien. Son visage et son corps juvéniles en font un enfant savant, autant que les animaux qui accompagnent son maître et mentor Vitalis (le magnétique et ultra sapé Ba- bacar M’Baye Fall). Tous les autres personnages © Marc Domage (et ils sont nombreux), sont interprétés par deux l était une voix... » : c’est le titre de l’émission de ra- habitués des créations de Capdevielle. Le toujours parfait Jo- dio où Rémi, qui vient de sortir son premier album, nathan Drillet est le singe Joli-Cœur, le père adoptif Barbe- «Ivient raconter son histoire. Se déroulent alors les cha- rin, l’horrible trafiquant d’enfants Garofoli.Michèle Gurtner pitres mouvementés du roman Sans famille, adapté et mis en s’amuse plus que jamais à moduler sa voix caméléon dans ses 47 Objets poétiques

lumière, s’avancent vers le bord de la scène pour déclarer au public qu’ils seront « amoureux, pas toujours amoureux ordinairement, mais amoureux, ça oui ». Le lieu utopique égratigne en filigrane les mécanismes du pouvoir, les mensonges… La vérité de l’amour elle-même doit se travestir, se dissimuler… ainsi l’amour devient jeu théâtral par excellence. Thomas Jolly fait ressortir avec intelligence les machinations machiavéliques de la fée sous la légèreté onirique du cadre, et choi- sit pour la fin de ne pas rester sur l’injonction à la compassion de Silvia, mais dévoile l’emprise dia- bolique qu’exerce la possession du pouvoir. Lors- qu’Arlequin s’exclame « nous irons nous faire roi quelque part », il semble bien qu’il ait perdu son innocence et basculé du côté obscur… MARYVONNE COLOMBANI

© Nicolas Joubard

© Annie Gava

a salle des fêtes d’Apt était comble le 28 févier pour l’ouverture de la Arlequin poli par l’amour a été joué du 3 au 7 mars 11e biennale de théâtre d’objet Greli Grelo. Petits et grands étaient là au théâtre du Jeu de Paume, Aix-en-Provence Lpour souffler les bougies du 40e anniversaire du Vélo Théâtre. Pour démarrer cette soirée festive et chaleureuse, un de ses spectacles em- blématiques, Enveloppes et déballages de Tania Chastaing et Charlot Lemoine, créé en 1983 et qui a circulé dans le monde entier. Un facteur à vélo, sacoche au dos, arrive en sifflotant, essuie maladroi- tement une fiente de mouette puis commence à déballer les colis qu’il transporte. Du plus gros surgit un continent vert, peuplé d’animaux et de créatures imaginaires, où fume un volcan que notre facteur s’em- presse d’éteindre. Peu à peu, d’autres paquets, émergent tour à tour une incarnations de la mère de Rémi, du chien Capi, île, avec un palmier et un parasol, un océan, une sirène et des bateaux, de Madame Milligan... Il s’agit tout au long de un port la nuit et pour finir un cirque aux tentures roses qui nous offre ce périple de résister à une misère qui gangrène un superbe spectacle. De jolis petits objets très colorés que manipule littéralement tout sur le passage de Rémi. On a avec dextérité Charlot Lemoine tout en faisant mimiques et bruitages. froid, on a faim, on meurt d’épuisement, on vend Des cartes postales oniriques, animées et sonores qui ramènent à l’en- les enfants, on court d’un job à l’autre pour sur- fance et ont ravi petits et grands. Un facteur et un univers qu’aurait vivre quelques mois. Mais l’attrait de la liberté, sans doute apprécié Jacques Tati. la vie de saltimbanques (les représentations de la La soirée s’est poursuivie au Vélo Théâtre où un autre voyage nous at- troupe de Vitalis sont poignantes de sobriété et tendait avec l’installation performance de Flop Lefebvre, Travel-lllling. de triste drôlerie), le droit de cité offert à l’imagi- Sur le sol, des objets divers, des vêtements en tas qui semblent échap- naire (les incroyables masques et costumes créés pés d’une valise. Devant, un rail où circule de manière intermittente par Étienne Bideau Rey et Colombe Lauriot Pré- une horloge sur laquelle sont fixées deux lampes. Et sur le mur blanc, vost propulsent le récit dans une zone qui flirte en face, en ombres portées, se dessine un paysage qui semble défiler superbement avec l’inconscient) insufflent toute devant nos yeux en un long travelling. Tour à tour les immeubles d’une la force qu’il faudra à l’enfance pour aborder le ville, une forêt avec ses animaux, un port et l’océan. On reste là, et dans monde des adultes. un aller-retour entre le sol et le mur, on se demande comment l’artiste ANNA ZISMAN a composé son paysage. Un voyage imaginaire accompagné par la créa- tion sonore d’Antoine Birot, où le temps semble se suspendre et qui nous emmène dans nos propres souvenirs. ANNIE GAVA

La 11e biennale de théâtre d’objet Greli Grelo s’est tenue du Rémi a été joué du 3 au 5 mars au 28 février au 4 mars à Apt et Saint-Saturnin-lès-Apt Théâtre des 13 vents à Montpellier 48 critiques Un boulevard à contre-sens

arius von Mayenburg, auteur qui font se démulti- allemand, travaille depuis plus plier les rôles, mais Mde 20 ans avec le directeur de la la tension introduc- Schaubühne, Thomas Ostermeier. Cela tive est balayée par pose le dramaturge dans un registre plutôt l’atmosphère po- grave, et en tous cas comme un représen- tache qui finalement tant de ce qui se fait de plus contemporain prévaut. Le sexe est dans l’écriture théâtrale. Curiosité donc, invariablement as- pour ce texte, Perplexe, qu’il a lui même socié à des blagues monté sur la scène berlinoise en 2010, plutôt épaisses et le présenté comme une franche comédie, dispositif de la suc- adoptant les codes du théâtre de boule- cession des saynètes vard. Pour mieux les détourner, cela va © Marc Ginot écrase l’effet de sur- sans dire. Pour aborder des thèmes plus protagonistes. Ils naviguent dans des si- prise. L’introspection, l’étrangeté (tou- insidieux que les habituelles tromperies tuations joliment absurdes, qui semblent jours soulignés par une sonorisation de -quoique, c’est aussi un sujet parfois sa- illustrer des cas classiques de rêves de réverbération plutôt très surannée), qui crément sérieux. dépossession. Marc (Pastor) et Evelyne sont pourtant là, à la lisière du texte, Nicolas Pichot (Cie l’Astrolabe, Mont- (Torroglosa) reviennent de vacances, et n’éclosent jamais vraiment, abandon- pellier) s’empare avec gourmandise de leurs amis Anne-Sophie (Leyre) et Tho- nant les quatre personnages dans les rets cet imbroglio domestique. Deux couples mas (Trigeaud), chargés de l’entretien du boulevard qu’ils sont censés déjouer. multiplient les croisements (de personnes, de leur logement pendant leur absence, ANNA ZISMAN de rôles, de relations maritale ou extra- se sont mués en propriétaires des lieux. conjugales) dans un appartement qui, plus La bascule est intéressante, et l’équi- qu’une unité spatiale, représente quelque libre entre humour et angoisse se met en Perplexe a été créé au Théâtre Jean Vilar chose comme l’inconscient des quatre place. S’ensuit une série d’événements de Montpellier, du 26 au 28 février

Pour que ça change

ebraska. États-Unis. 1993. Brandon petites copines, avait interverti son nom d’interviews du film et interprétés en Teena, 21 ans, se fait violer, puis as- et son prénom. Depuis plusieurs an- direct, prose et vers des textes anciens, Nsassiner par ses complices en mas- nées il avait laissé Teena au placard, et longues scènes issues d’improvisations), culinité. Difficile de les appeler ses amis, s’évertuait à donner à Brandon des al- Change me rejoue la destinée de Bran- bien qu’il passait toutes ses soirées avec lures de petit gars. Quand ce fut décou- don concentrée en une nuit. Les deux eux, à boire, fumer, évoquer comment vert, ses compagnons de perdition se copains (Baptiste Chabauty et Mathieu sentirent trahis. L’ami est Metral, parfaits de brutalité et fragilité devenu une proie. Qui s’est mêlées) et la sœur de l’un d’eux (Pauline plainte à la police, dénonçant Bolcatto, désarmante) fêtent l’anniver- le viol. Mais le shérif, trop saire de Brandon (Camille Bernon, à la occupé à s’immiscer dans sobriété percutante). On connaît la suite la vie intime de Brandon, a et c’est terrible de le voir se débattre, les TTT - IL © Christian Rizzo et Iuan-Hau Chiang laissé les coupables aller au passages entre ce long flashback et les bout de l’horreur. témoignages qui suivirent le meurtre Susan Muska et Gréta Olafs- mettent en évidence l’ignorance qui attise dottir ont rencontré les pro- l’intolérance, et l’irruption toute natu- tagonistes de ce drame, qui relle d’Ovide et de Benserade au milieu tous s’expriment dans leur de notre agressive contemporanéité crie © Cie mauvais sang documentaire. Camille Ber- l’universalité de ce qu’on appelle au- choper les filles, et, de surenchère en su- non et Simon Bourgade (Cie Mauvais jourd’hui la dysphorie de genre. renchère, passer pour le meilleur caïd sang) se sont eux aussi replongés dans A.Z. au lit. Se donner des bourrades bien vi- cette terrible histoire, qu’ils raccrochent riles, et se laisser aller à la confidence aux Métamorphoses d’Ovide, reprises parfois, au détour d’un shot bien tassé : par Isaac de Benserade au XVIIe pour sa Change me a été joué les 27 & 28 février une vie de mec. Sauf que celui-ci, dont pièce en alexandrins Iphis et Iante. Mê- au Théâtre Jean-Claude Carrière on riait parce qu’il était tendre avec ses lant très habilement les registres (extraits du Domaine d’O, Montpellier 49 Des Hivernales audacieuses

Carton plein pour la clôture du festival qui n’en finit pas de surprendre

e moins que l’on puisse écrire c’est que la programmation des Hivernales L d’Avignon ne fait pas dans le consen- sus mou. Les artistes invités pour clore la quinzaine ne sont pas dans la réten- tion d’émotions (Philippe Saire), de mots (Abd Al Malik), de postures (Mathilde Monfreux), d’effets visuels (Christian Rizzo) ni de puissance (Nach). Rien qui ne peut laisser le spectateur indifférent.

Le nouvel opus de la danseuse et choré- Beloved Shadows, Nach © Andre Baldinger graphe Nach, Beloved shadows, est sans doute celui qui impacte le plus durable- la trilogie vidéo TTT : tourcoing-taipei- amateurs complices font l’expérience ment la rétine par sa physicalité absolue tokyo laisse le regardeur immobile, captif de la danse-contact sous forme d’un jeu née de la jonction entre la tension mus- d’un long voyage virtuel autour des rela- participatif : le public choisit une carte culaire, des mouvements amples aus- tions corps/mouvement/espace. Réalisés posture, la propose aux interprètes, et sitôt cassés, des déliés vite rompus, le par le chorégraphe Christian Rizzo et peut lui-même y participer. D’une alcôve krump intériorisé, le hip hop dépouillé l’artiste 3D taïwanais Iuan-Hau Chiang cachée à une estrade mise en majesté, de ses figures imposées. Sa présence au Studio national des arts contempo- on peut assister à des postures com- rains Le Fresnoy, mentées -« je goûte profondément à ton les films composent bassin et tu peux déposer complètement des univers mini- tes organes »-, se faire masser les pieds, malistes et poétiques bander les yeux, prendre la pose, s’alan- immersifs. Fom I en- guir. Ou a contrario résister à la sensa- veloppe la forme hu- tion kinesthésique, et fuir… maine de fumerolles En convergence là encore avec les arts évanescentes, jouant visuels, le vaudois Philippe Saire, dont de l’apparition et de la proposition jeune public Hocus Pocus la disparition dans tourne actuellement en région, reprenait une succession d’el- le duo Ether, quatrième volet d’une série lipses immatérielles ; à la frontière entre la présence et l’ab- Il confronte le corps sence. Contraints par un dispositif scé- humain à la géomé- nique en forme de V, les deux interprètes trie de structures ani- apparaissent en clair-obscur, s’unissent, mées aux perspectives s’effacent, luttent, s’affrontent, se frôlent, TTT - IL © Christian Rizzo et Iuan-Hau Chiang rigoureuses ; Paysage entre tension et lâcher-prise. Leur point hypnotique, sa singularité androgyne, joue du corps dans l’environnement et d’équilibre est ténu, mystérisé par les son magnétisme font de son solo l’une des corps-paysages au long d’une sé- jets de fumée, l’orage sonore, le flux des des propositions les plus radicales ce quence onirique. Vécue comme une pa- vagues amplifiées. Seul bémol à ce duo jour-là, comme si le mot « compromis » renthèse entre deux mondes, instable, sensible, superbement interprété, l’ir- était hors du champ chorégraphique de l’installation à la Maison Jean Vilar entre ruption à plusieurs reprises du Kyrie cette danseuse qui a fait les beaux jours en résonance avec la déambulation ima- eleison dont la signification, ici, nous d’Éloge du puissant royaume de Heddy ginée par Mathilde Monfreux dans les échappe totalement. Maalem en 2012. Dès lors sa puissance salons du premier étage. Des séances MARIE GODFRIN-GUIDICELLI n’a cessé de croitre, en témoigne son au- de « câlinothérapie » qui tombent à pic, toportrait chorégraphié par Anne-Ma- précédant ou prolongeant la rêverie rie Van, Cellule, présenté lors de l’édi- dans une ambiance de zénitude totale ! Les Hivernales ont eu lieu du 5 au tion 2019. Dans cette étape de travail de Caring 22 février, à Avignon, Villeneuve- Plus évanescente et tout aussi déflagrante, Banquise, danseurs professionnels et lez-Avignon et Châteaurenard 50 critiques Mars en Baroque : des débuts prometteurs

e festival Mars en Baroque s’est ou- du titre, y revêtent la dernière preuve contrapuntique des sonates. La projec- vert le 29 février avec une conférence de statut social à laquelle le héros, un tion pourtant exemplaire de Sandrine Ld’un habitué du festival, l’historien de aristocrate zamindar, peut s’accrocher Piau, d’une clarté cristalline et d’une la musique Patrick Barbier. Les éclai- avant son inévitable déchéance. La soi- agilité admirable, ne peut toutefois pas rages apportés sur la période, qui ne rée s’achève sur le même thème avec le grand-chose contre l’immensité de la nef. portait pas ce nom au XIXe siècle, s’at- concert de musique classique d’Inde du C’est d’autant plus dommage que l’in- tardent autant sur la musique que sur Nord de l’Ensemble Jhankar. terprétation de certaines œuvres laisse la sculpture, l’architecture et les arts dé- C’est ensuite l’église des Chartreux qui entrevoir la maîtrise et la complicité des coratifs. Le terme de baroque désignait accueille, le 3 mars, le concert Du salon artistes, que ce soit le célèbre air « Lascia au départ des perles difformes, et l’idée à l’Opéra consacré à Haendel avec San- la spina » interprété par Sandrine Piau d’instabilité, d’instantané et d’asymétrie drine Piau, soprano à la reconnaissance sans effets superflus et avec une dévotion presque religieuse : dans un tel écrin, les airs d’opéra sonnent comme des œuvres liturgiques… Le Concerto Soave et no- tamment la violoncelliste solo Cécile Vérolles font montre d’une musicalité exemplaire et le continuo, tantôt solen- nel, tantôt sautillant, est également une réussite. Le public en viendrait presque à regretter qu’un tel concert n’ait pas eu lieu… dans un salon. PAUL CANESSA

à venir

Week-end Renaissance : 13 mars, 20h30, Le Salon de Nostradamus, œuvres de Clément Janequin, Pierre Certon, Roland de Lassus… Concerto Soave - Église de St-Mitre-les-Remparts 14 mars, 18h & 20h, Adieu mes amours, le Salon de Josquin des Prés, Romain Bockler (baryton), Bor Zuljan Sandrine Piau et le Concerto Soave © margotdewavrin (luth) - Salle Musicatreize, Marseille 15 mars, 17h, Œuvres de Josquin traverse toutes les déclinaisons du mou- internationale dans ce répertoire. À un des Prés, Juan Vasquez..., Maria Cristina vement, des sculptures romaines du Ber- programme plus proche de la cantate Kiehr (soprano), Ariel Abramovich nin, aux églises jésuites d’Allemagne en (avec notamment l’aria « What passion (luth) - Temple Grignan, Marseille passant, évidement, par le contrepoint cannot music raise » extrait de l’Ode à Ste 17 mars, 20h, Parla, canta, respira, et la musique profane et sacrée de com- Cécile) succèdent des extraits d’opéra, sé- musiques de Barbara Strozzi, ensemble positeurs italiens comme Carissimi et parés par de remarquables intermèdes Le Stelle - Temple Grignan, Marseille Monteverdi. Le baroque, ce sont aussi instrumentaux interprétés par les cinq 19 mars, 14h, Baroque à l’Hôpital, ensemble Le Stelle - hall de La Timone 2, Marseille les affetti et l’expression des sentiments : musiciens du Concerto Soave, parmi 20 mars, 20h, Tombeau de l’essor de la théâtralité avec la création lesquels deux sonates en entier. Gesualdo, Ensemble Musicatreize - de l’opéra et de l’oratorio est rapproché Si le choix des œuvres renvoie effecti- Salle Musicatreize, Marseille à juste titre d’exemples architecturaux vement à l’ambiance d’un salon londo- 21 mars, 20h30, Miserere d’Allegri, Chœur de où autels d’églises ou escaliers semblent nien du XVIIIe siècle où l’on imagine chambre de Namur - Abbaye St Victor, Marseille mis en scène. Haendel alterner répétitions d’opéra et 27 mars, 20h, Quintette et sonate de Brahms pour violoncelle, L’Armée des La soirée se prolonge avec la projection de répertoire sacré, le carcan acoustique Romantiques - Salle Musicatreize, Marseille du film indien Le Salon de Musique de Sa- de l’imposante église des Chartreux et 28 mars 17h30 & 20h, Le Clavier tyajit Ray (1958), illustration du fil rouge sa réverbération tendent à noyer dans bien tempéré, livre I, étudiants des du festival. Les concerts de musique les échos la finesse des œuvres, la préci- CRR - Salle Musicatreize, Marseille hindoustanie, organisés dans le salon sion délicate des musiciens et la vivacité 04 91 90 93 75 marsenbaroque.com 51 Cordes chantées

la complicité des deux artistes, et la des traits. La maîtrise n’exclue cepen- complémentarité souvent inouïe de dant pas une émotion d’autant plus vive leurs échanges font de leurs concerts qu’elle ne semble jamais feinte. La cé- des moments tout bonnement excep- lébrissime Sonate dite du Printemps de tionnels, portés par un supplément Beethoven convoque un tragique d’une d’âme évident. Sur la Sonatine en ré rare profondeur sans effort apparent. majeur de Schubert, la ligne encore mo- Les rosalies arpégées se répondent d’un zartienne semble s’échapper des har- instrument à l’autre dans un jeu savant monies du piano vers le son pur, et le et ludique de questions et de réponses, phrasé plus limpide encore de la jeune qui n’exclue pas la récurrence bienvenue violoniste. L’aînesse du piano mène la d’instants suspendus. Sur les Variations danse, mais avec bienveillance, et sait opus 15 de Wieniawski, les musiciennes se mettre quand il le faut en retrait. s’aventurent sur le terrain de la virtuo- Le chant s’immisce, mais le violon ne sité avec un plaisir communicatif. Ce-

Caroline Sageman © Michel Nguyen se fait pas pour autant soliste. Il s’ef- lui-ci n’entamera pas la mélancolie du onnues, voire rebattues, les pages facerait même presque dans le grave, Ständchen de Schubert, dédié en bis en écrites pour piano et violon n’en sont pour mieux ressurgir sur des tenus sou- guise de remerciement à Suzanne Gam- Cpas moins passionnantes, et recèlent verains dans l’aigu. Sur la Sonate en si bini et au label Lyrinx, partenaire de la de nombreuses difficultés au-delà de bémol de Mozart, le piano se fait lame soirée. Reconnaissance que le public, très leurs exigences techniques. Les qualités de fond. Mais de l’onctuosité des trilles enthousiaste, a bien raison de partager. d’interprétation hors pair de la pianiste à la souplesse des cadences, en passant SUZANNE CANESSA Caroline Sageman et de sa nièce Sarah par la finesse du staccato, c’est la même Jégou-Sageman sont indéniables ; mais intention qui se fraie dans le moindre Concert donné le 3 mars à La Criée, Marseille

Fureur et tremblement écologiques était l’évènement ! Pastoral for the planet faisait entrer par le public qui vote pour une fin pessimiste ou optimiste (ce une problématique écologique au sein de la musique soir-là l’optimisme remporta la palme)… Les pièces de Bee- C’classique en une performance interactive. Pour la pre- thoven (La Tempesta des Créatures de Prométhée, le 2e mouve- mière fois au GTP, les téléphones mobiles étaient réquisition- ment de la Symphonie n°7, la n°6 (La Pastorale), la Symphonie nés, connectés, et livraient graphiques et sentences illustra- Triomphale d’Egmont) se croisent avec l’Orage (Lenore) de Rei- tives empruntées à Hésiode, Darwin, Beethoven (« agissez au cha, l’ouverture de Hero und Leander de Rietz puis l’œuvre du lieu de vous plaindre ! ») ou même nom de Fanny Hensel émettaient sons de la mer, Mendelssohn, Bataille et Vic- extraits de chansons... per- toire et des extraits d’Obe- dant parfois le spectateur, ron de Weber, des airs po- attaché ici à une lecture, là pulaires venus d’Espagne, un mouvement circassien, là de Guinée, d’Ukraine… Si encore aux images géantes la qualité musicale du spec- projetées, aux murs et au pla- tacle fut indéniable, grâce à fond, d’animaux voués à l’ex- une interprétation pleine et tinction ou déjà disparus, de inspirée de l’orchestre (sans champs d’étoiles… Légendes doute un peu trop éloigné antiques et faits contempo- des auditeurs), et à la voix rains se mêlent… La scéno- sûre et expressive de la so- graphie de Mihael Milunovic prano Sophie Karthäuser, © Agnes Mellon - Grand Theâtre de Provence organise deux larges espaces : on peut douter de l’à-propos au fond Insula Orchestra au grand complet, dirigé par Lau- des prestations des personnages déambulant parfois de ma- rence Equilbey, devant, immense, une structure creuse sym- nière anecdotique… sans doute l’économie rêvée face aux bolisant un arbre domine le plateau. En sortent, comme vomis gaspillages des êtres humains aurait pu commencer par là ? d’une bouche qui les dévorera à la fin, des représentants de MARYVONNE COLOMBANI l’espèce humaine (collectif La Fura dels Baus de Carlus Pa- drissa) qui entament un voyage initiatique en quatre parties, Pastoral for the planet a été donné au GTP, Mythologie, Pluriréalité, La Pastorale, Le Futur enfin, choisi Aix-en-Provence, les 21 et 22 février 52 critiques Dame de Pique et Carré d’As La nouvelle production du chef-d’œuvre de Tchaïkovski par Olivier Py, coproduite par les quatre opéras de la Région Sud, fait des débuts remarqués et remarquables à Nice

e rapprochement des quatre maisons d’opéras de la Région Sud, Marseille, Nice, Avignon et Toulon, dans le cadre de Ll’initiative de coopération Opéras au Sud avait déjà ac- couché du diptyque d’opérettes Pomme d’Api / Le Singe d’une Nuit d’Eté, qui sera donné à Nice et Avignon au printemps (à © Dominique Jaussein lire sur journalzibeline.fr). Mais la mutualisation des moyens Pierre-André Weitz, en teintes de gris, viennent rappeler de production prend toute son ampleur et tout son sens avec à tout instant l’ombre de la mort et condamner la moindre cette Dame de Pique créée à Nice cet hiver avant de faire es- lueur solaire. Seules les lumières de Bertrand Killy viennent cale à Toulon en avril, puis en début de saison prochaine à rendre une vie chancelante à certaines scènes, comme ce ta- Marseille et Avignon. bleau final qui semble issu de Voyage au Bout de l’Enfer. La C’est que la mise en scène d’Olivier Py frappe par son am- danse se fraie un chemin dans tous les tableaux ; le rôle de bition, sa complexité et la minutie de sa direction d‘acteurs. l’excellent Gleb Lyamenkoff rapproche ainsi cette Dame de Son décor unique et savamment délabré semble à l’instar Pique du Cygne Noir du plus célèbre des ballets de Tchaïkovski. du livret osciller entre théâtre et prison. Les costumes de Olivier Py voit dans les deux œuvres le destin tragique d’un

France-Autriche onvoquer lors d’une même soirée dans sa durée à une vingtaine de mi- rebondissante aux cordes graves en piz- de concert symphonique le ténor nutes, l’œuvre révélait un beau travail zicati du plus bel effet. Pour interpréter Cdu classicisme et la fine fleur de la sur la texture sonore : dans le premier le Concertino da Camera pour saxophone musique française moderne et contem- mouvement, où l’on percevait nettement alto de Jacques Ibert, une autre soliste poraine était un pari osé ; mais il n’y eut la prédominance de la pulsation, une avait été invitée : dans les 2 mouvements en réalité pas de match le 28 février à gamme descendante au trombone ser- que compte la partition, Femke Ijlstra se l’Opéra de Toulon, tant la qualité des vait de matériel thématique à l’orchestre montrait d’une virtuosité éblouissante, interprètes effacait toute forme de ri- dans une trame mélodique d’esthétique tout en mettant en évidence la riche pa- valité stylistique et esthétique. Dans le assez répétitive. Le deuxième mouve- lette sonore de son instrument soutenu Concerto pour piano n° 23 en la majeur, ment explorait la lenteur avec une écri- par de très belles couleurs orchestrales. K.488 de Mozart, la décontraction et ture orchestrale dont le matériau thé- Sa prestance scénique captiva l’assemblée le génie interprétatif du soliste Adam matique évoquait des nappes sonores dans un sublime bis pour saxophone solo Laloum transcendaient littéralement synthétiques avec de longues tenues. d’écriture plus contemporaine. La Sinfo- ce monumement de la littérature pia- Le troisième convoquait quant à lui la nietta en 4 mouvements de Poulenc était nistique avec un jeu d’une éloquence danse avec une rythmique obstinée et jouée en guise de point d’orgue à cette rare qui invitait l’orchestre à un dialogue superbe soirée dévoilant une écriture complice et savoureux. Sa maîtrise des très ciselée faisant la part belle à un nuances et du phrasé emportèrent no- orchestre au diapason. En arbitre de tamment l’auditoire vers un sommet de la soirée, le chef Lio Kuokman im- poésie lors du fameux deuxième mou- posait sa lecture juste et attentive à vement. Tout aussi merveilleux, l’ An- chaque spécificité stylistique. Sa di- dante de la Sonate en la majeur D.664 rection très engagée témoignait d’une de Schubert fut offert en bis pour clo- grande maîtrise des partitions quel turer cet hommage au génie Viennois. que soit le répertoire joué, et portait La musique française n’était cependant l’orchestre et les solistes avec la même pas en reste avec la création mondiale attention : un sans-faute. de la Symphonie n°3 «Sinfonietta» de ÉMILIEN MOREAU Lionel Ginoux, partition commandée par la direction de l’Opéra en soutien Concerts donnés le 28 février à la création contemporaine. Réduite Adam Laloum photo Harald Hoffmann © Sony Music Entertainmen à l’Opéra de Toulon 53

amour contre nature, tout comme le compositeur, après un dramatique, l’agilité de son timbre et sa maîtrise des nuances. mariage de convenance désastreux, souffrait de dissimuler Enfin,Oleg Dolgov campe un Hermann détestable comme il son homosexualité dans une Russie aussi impitoyable qu’une faut, à la ligne vocale solide et à la projection généreuse (le rôle barre d’immeubles staliniens. exige de l’endurance !). Deux grandes réussites que le public Derrière des portes-fenêtres vandalisées se tiennent les ar- toulonnais aura bientôt le plaisir d’applaudir ! tistes des Chœurs de Nice et Toulon, unis pour l’occasion SUZANNE CANESSA dans une imposante froideur. En fosse, l’Orchestre Philhar- a été donné entre le 28 monique de Nice, sous la direction de György Rath, déplore La Dame de Pique février et le 5 mars à l’Opéra de Nice quelques décalages anecdotiques qui n’ôtent rien au caractère majestueusement romantique de l’œuvre, et notamment de sa très belle ouverture. © Dominique Jaussein Si la plupart des solistes sont russes, deux artistes françaises se distinguent particulièrement : la jeune mezzo Eva Zaïcik, à venir aux graves étincelants et à la présence lumineuse à chacune de ses interventions dans les rôles de Pauline et de Milo- 21, 24 et 26 avril Opéra de Toulon vzor, et Marie-Ange Todorovitch qui derrière son costume 04 94 93 03 76 operadetoulon.fr de vieillarde fait montre de la chaleur habituelle de sa voix et d’une diction assurée. Parmi les autres seconds rôles, men- 2, 4, 7 et 9 octobre Opéra de Marseille tion spéciale au menaçant Sourine de la basse géorgienne 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Nika Guliashvili. Dans le rôle de Lisa, Elena Bezgodkova brille par son aisance 23 et 25 octobre Opéra Grand Avignon 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr Piano en miroir édition du festival Un Piano à salle, aux subtils tableautins des eGrans (entièrement gratuit), 24 Préludes opus 28 de Chopin, 6 concocté avec des artistes de pre- dont la mouvante palette se plie mier plan ! En ouverture, Julien Brocal à une gradation « oulipienne », faisait une pause dans sa région d’origine si l’on s’autorise un anachro- à l’Espace Robert Hossein de Grans. Au nisme, puisque chaque prélude programme se croisent avec une subtile est écrit dans une tonalité dif- intériorité les partitions dont les diffi- férente en suivant le cycle des cultés semblent s’effacer grâce à un jeu quintes, toute tonalité majeure en épure qui ne cherche pas à briller, étant suivie de sa relative mi- mais se glisse avec une fine élégance neure. Nouvel effet de reflet de dans la Suite Anglaise n° 3 BWV 808 de la soirée, les 24 Préludes sont Jean-Sébastien Bach, à laquelle répond inspirés du Clavier bien tem- la Sonate n° 13 K 333 de Mozart. La Suite péré de Bach… Une âme nous prend alors des airs mozartiens, tandis parle dans ces périodes ciselées, que la Sonate emprunte un phrasé qui à la respiration bouleversante. doit beaucoup à Bach… la filiation appa- L’artiste consentait à se plier raît évidente, nourrie des contrepoints à l’injonction des rappels d’un de l’un, de l’espièglerie primesautière public captivé, et offrait avec de l’autre. La musique s’enivre d’une générosité un bis virtuose, La joie première, renouant avec une en- vallée des cloches (in Miroirs) de fance du monde et de la création. Cette Ravel, refermant ainsi l’écrin légèreté pailletée d’échos succédait aux ouvert avec Mompou. Julien Brocal © Frederic Barres larges empâtements de La Fontaine et la MARYVONNE COLOMBANI Cloche de Mompou (La fuente y la cam- pianiste qui sait avec une joyeuse liberté pana), extrait de Paysages (Paisajes). faire partager son approche intime des « Cette pièce aurait été inspirée au « De- auteurs interprétés. La deuxième partie bussy espagnol » par une soirée passée du concert était consacrée, malgré un Concert donné le 20 février à l’Espace en compagnie de sa fiancée près d’une piano dont les réglages ne résistaient Robert Hossein, Grans, dans le cadre cathédrale de Barcelone… », raconte le pas aux variations de température de la du festival Un piano à Grans 54 critiques Jouer collectif

l’occasion des 70 ans de collabora- fusion, du multiple faire l’un ». tion bilatérale entre l’Indonésie et Étrange instrument en effet, Àla France, le spectacle Ngayah, était dont les divers éléments oc- proposé par les musiciens de Bintang cupent toute la scène, gongs, Tiga (musiciens et danseuses du game- cymbales, xylophones, métal- lan marseillais), réunis pour l’occasion lophones, tambours, flûte… avec la section parisienne Puspawarna un ensemble percussif, aux (sous la houlette commune de Jérémie divers accords, qui demande Abt, Théo Merigeau, Tseng Hsiao-yun une coordination parfaite des et Agung Krishna Sutedja), en présence divers instrumentistes, lors de représentants de l’ambassade indo- des variations de tempi allant nésienne en France. Catherine Basset, de la lenteur à d’époustou- © X-D.R spécialiste de culture balinaise, apportait flantes accélérations parfois de précieuses précisions au cours de cette proches de la transe. La géographie du chamarrées. Naissent les concours qui plongée musicale et dansée. Elle revenait voyage s’accorde aux fêtes, au quotidien, attirent autant de supporters que le foot… d’abord sur la spécificité du gamelan, seul aux pratiques rituelles sacrées et profanes, La création contemporaine enfin vient instrument nécessairement joué collec- s’immisce au cœur de l’histoire, voit les avec une toute nouvelle œuvre de Kri- tivement : « Jouer du gamelan n’est pas jeunes gens désœuvrés des années 1990 shna Sutedja donnée pour la première jouer en orchestre ! Il faut davantage le trouver dans la pratique du gamelan un fois avec un enthousiasme et un art de penser comme un piano qui serait coupé nouvel art de vivre. Les rythmes cycli- la joie communicatifs. en morceaux et dont chaque musicien ques annihilent la sensation du temps, MARYVONNE COLOMBANI jouerait avec un marteau »… « Le titre du effacent les égos, tissent dans leur abs- spectacle, Ngayah, signifie « servir » en ba- traction des architectures où l’esprit se linais. Il n’y a pas ici de « pros », mais des love alors que les danses très codifiées Spectacle donné le 29 février à la citoyens qui s’investissent. Il s’agit d’une semblent animer des statues aux tenues Cité de la Musique, Marseille

Duos d’hiver et vagabonds Les Suds en hiver accueillaient par le soleil de Méditerranée. Les flûtes Puissance mesurée traversières en bois du Breton s’enivrent L’envie le travaillait de renouer avec ses Gurvant Le Gac et Pierre-Laurent aux sonorités créatives de la vielle à roue amours gitanes. Titi Robin invite pour Bertolino puis Titi Robin et électro-acoustique du Provençal. Dans ce retour aux sources un vieux complice, ce dialogue intimiste qui brouillent les le Perpignanais Roberto Saadna. Roberto Saadna repères de l’espace et du temps, les ma- Si le compas catalan constitue l’ossature chines viennent confir- du répertoire, les introductions de Robin mer l’approche définiti- au oud, au luth ou à la guitare donnent vement actuelle de leur une coloration beaucoup plus large au tissage musical. Entre re- concert. Notes orientales et blues en- cueillement et transe, oni- gagent à enjamber les rives et renvoient risme et mélancolie, le duo immanquablement à la pluralité cultu- annihile les kilomètres qui relle et musicale du musicien angevin. séparent leurs cultures Dans la forme épurée d’un duo, la rumba respectives. Les morceaux catalane se fait sobre et délicate. De la exclusivement instrumen- même manière que les occasions sont taux s’enchaînent comme rares d’entendre le cante et les palmas les pages d’un carnet de d’un rumbero servis avec une puissance voyage, au rythme du vent, toute mesurée. Un moment de finesse

Titi Robin et Roberto Saadna © Florent Gardin des marées, des récoltes et et de simplicité complice. des rencontres de comp- LUDOVIC TOMAS est à la découverte d’un territoire toir. Car Le Gac et Bertolino, dans leurs imaginaire que nous convient Gur- élans mélodiques et leurs envolées hyp- C’vant Le Gac et Pierre-Laurent notiques, parviennent à réunir les élé- Bertolino. Une plage balayée par les ments comme à relier les saisons, avec Les Suds en hiver ont eu lieu du 1er au 8 embruns de l’Atlantique puis caressée eux toujours fertiles. mars dans divers lieux du Pays d’Arles 55 Un conte médiéval au coup Arles se livre proposait une projection de crayon moderne animée et musicale d’après la BD L’Âge d’Or

ilm d’animation émanant de la chevaleresque à travers un royaume bande dessinée éponyme, L’Âge tourmenté et ses inquiétantes forêts, Fd’Or habite de sa force poétique dans un Moyen-Âge sublimé. Par la les voûtes en berceau de la nef de modernité du crayon subtil de Cy- l’église romane Saint-Honorat ril Pedrosa qui colore de mystère d’Arles. Aucun autre site archéolo- des arbres en mouvement et dont gique que la nécropole paléochré- les tons pastel irisés adoucissent tienne des Alyscamps ne pouvait une atmosphère parfois pesante. mieux convenir pour accueillir la Par l’univers musical imaginé par création du dessinateur et co-scéna- Alain Arsac, par moments grave et riste Cyril Pedrosa et du musicien angoissant, à d’autres enfantin et et compositeur Alain Arsac. Ce ne lumineux, pour finir dans un élan sont bien entendu que des extraits conquérant et libérateur qui laisse de l’ouvrage que propose la projec- deviner l’avènement d’un âge d’or tion d’une quinzaine de minutes, reconquis. Un message d’espoir mais ils en dévoilent un condensé à intemporel. la symbolique riche. Le récit débute LUDOVIC TOMAS devant le lit de mort d’un vieux roi veillé par sa fille Tilda. Promise au L’Âge d’Or a été projeté du 29 février au trône, elle est finalement condamnée 8 mars, aux Alyscamps, à Arles, dans à l’exil. S’engage alors une odyssée le cadre du festival Arles se livre L'âge d'or - editions Dupuis © Dupuis 2020

Requiem pour une naissance

e journaliste baroudeur, vous la clarté, mais « l’écriture romanesque, af- occulter aujourd’hui. La France blanche passez au statut d’écrivain », firme l’auteur, c’est la liberté ! Enfin des est en train de se métisser en même temps «Dsourit Michel Gairaud, ré- dialogues, la possibilité des “ gros mots ”, qu’elle perd son empire colonial, et voit dacteur en chef du Ravi, en s’adressant à des phrases sans verbe. On peut se per- dans l’appropriation du nucléaire une l’invité des Nouvelles Hybrides, Thomas mettre des impasses, garder du flou. Il autre manière de rester une grande puis- suffit de quelques allusions et tout sance ». L’auteur s’empare d’un genre de suite un milieu, une situation avec ses stéréotypes, les déconstruit, surgissent, grâce aux images de ajoute des « zones de gris », inscrit l’in- cinéma que nous connaissons trigue rocambolesque à souhait dans un tous… ». Les influences se des- maillage historique qui permet de faire sinent depuis James Ellroy, aux apparaître en personnages secondaires auteurs de Série Noire, le cinéma les silhouettes de Papon, Mitterrand, De- aussi pointe ses images avec Mel- bré, Le Pen…, dessine les accointances ville, les dialogues d’Audiard. « J’ai entre la pègre et la politique. Le tout est toujours travaillé à l’internatio- habité d’un souffle dynamique qui em- nal, la fiction est un moyen de porte le lecteur, en un tournoiement qui me confronter à mon pays, sans se moque des codes, puissant et burlesque

Michel Gairaud et Thomas Cantaloube © MC doute parce que j’adopte alors une à la fois. Génial ! écriture différente, avec un style plus MARYVONNE COLOMBANI Cantaloube, actuellement grand repor- personnel ». Le paradoxe du titre attire, ter au pôle international de Mediapart l’ouvrage évoque la naissance de la Ve Cette rencontre a eu lieu le 5 mars à (depuis 2008), et dont le premier roman, République, qui semble, dès ses débuts, la bibliothèque de Mirabeau Requiem pour une République, paru en porter les germes de sa fin. L’action se 2019, collectionne déjà les récompenses. déroule en 1959, « la guerre d’Algérie s’in- à lire Du journaliste restent sensibles le goût vite en France, avec des attentats, c’est une de la précision, la documentation serrée, époque très violente que l’on a tendance à Requiem pour une République Thomas Cantaloube éditions Gallimard, 21 € 56 au programme bouches-du-rhône

Les milles et une nuit

Voyage en Italie À la fin du XVIe siècle, au moment des guerres de religion, Montaigne a traversé la France, la Suisse, l’Allemagne et l’Italie jusqu’à Rome, et fait noter ce qu’il a ob- servé dans un « Journal de voyage » très personnel. Michel Dydim s’en inspire pour nous emmener sur les pas de ce grand hu- maniste en des temps tout aussi troublés que les nôtres. © Brescia e Amisano Teatro alla Scala © Brescia e Amisano Teatro Winterreise James Vaughan, pianiste star de La Scala de Milan, et le baryton Thomas Tatzl sont présents aux côtés d’une douzaine d’inter- prètes du Ballet Preljocaj pour ce « Voyage en hiver » commandé en 2019 par La Scala à © Elisabeth Carecchio Angelin Preljocaj. Un spectacle intimiste, Guillaume Vincent signe une adaptation mélancolique, traversé par la violence des très librement inspirée du fameux recueil © Eric Didym émotions, qui joue à guichets fermés. de contes, qui a incarné depuis le XVIIIe 26 au 28 mars siècle l’imaginaire de l’Orient par l’Occi- La Criée, Marseille 3 au 5 avril dent. Mais qu’en est-il de cet imaginaire 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com La Criée, Marseille aujourd’hui ? Un spectacle hypnotique et 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com 8 avril labyrinthique, qui mêle onirisme, inven- Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules tion, humour et grivoiserie. Déconseillé 04 94 22 02 02 chateauvallon.com aux moins de 16 ans.

19 au 21 mars La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com Stellaire Retour à la Criée du duo Stéréoptik, com- posé de Romain Bermond et Jean-Bap- tiste Maillet, l’un plasticien, l’autre mu- sicien, qui font spectacle en fabriquant et Le prince Ahmed performant sur scène, de façon artisanale Cinéma en conte et inversement avec cette et poétique, les images et les sons des his- proposition de Laurent Daycard, alliant la toires qu’ils projettent en même temps. Il projection d’un film muet réalisé en 1926 va s’agir ici d’« une histoire d’amour sur en papiers découpés par Lotte Reiniger, à l’expansion de l’univers » ! Théâtre visuel © S.Armengol une voix off en live qui raconte l’histoire. inventif et enchanteur, dès 9 ans. Deixe-me Princesse courageuse, cheval volant, Em- Cirque et théâtre hilarants et foutraques pereur de Chine, et fougueux Prince Ah- par La Subliminati Corporation, compa- med. Dès 5 ans. gnie dont le but est notamment de « pro- mouvoir des spectacles vivants, énergiques 21 mars et acidulés ». Objectif parfaitement atteint La Criée, Marseille dans ce « Laisse-moi » qui raconte le virus 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com de l’individualisme en borborygmes, logorrhées, acrobaties, danse, cascades et jonglages. © stereoptik 19 au 21 mars Le Gymnase, Marseille 31 mars au 5 avril 08 2013 2013 lestheatres.net La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com 57

Candide C’est Arnaud Meunier, directeur de la Comédie de Saint-Etienne qui signe ce « Candide », avec la volonté d’y faire entendre l’humour féroce et la langue somptueuse de Voltaire. Sur scène : neufs comédien-ne-s conteur-euse-s, qui endossent plusieurs rôles, deux musiciens, et un conte philosophique revisité en un chant joyeux, débridé © Sonia Barcet et salutaire.

24 au 26 mars Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Liberté à Brême Farce macabre inspirée d’un fait-di- vers historique, écrite par Fassbinder dans les années 70, mis en scène ici par Cédric Gourmelon. Valérie Dréville y incarne Geesche Gotfried, femme au foyer brutalisée, dans l’Allemagne du XVIIIe siècle, qui empoisonnera quinze de ses proches. Une réflexion critique

sur la liberté et la morale. © Simon Gosselin

2 au 4 avril Le Gymnase, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net

Est-ce que je peux sortir de table ? Un repas de famille qui s’éternise dans LE GRAND l’ennui, à l’horizontale. Mais « l’en- MÉNAGE nui est un moteur créatif » nous dit le de Théâtre Bascule ! L’évasion, au propre PRINTEMPS comme au figuré, se fera à la verticale : acrobatie, mât chinois et vidéo. Une rêverie performée par l’acrobate Claire Auzanneau, au son d’une musique jouée live. Format court : 35 mn, à par- tir de 3 ans.

24 au 25 mars Les Bernardines, Marseille 08 2013 2013 lestheatres.net © DR 58 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse

La petite fille de monsieur Linh

Hocus Pocus Radio Live... Une amitié fraternelle nait entre deux dan- Aurélie Charon et Caroline Gillet, ac- seurs, à travers les défis qu’ils s’inventent, compagnée de la scénariste et réalisatrice et le voyage fantastique dans lequel ils sont Amélie Bonnin, ont imaginé cet événement ensuite emportés. Une chorégraphie tout spectacle qui reprend le dispositif d’une en apparitions et disparitions, des corps et émission de radio en public. Aux micros, des accessoires, conçue pour des enfants un jeune homme d’origine rwandaise, et de 7 à 11 ans. Par la compagnie suisse Phi- deux jeunes femmes, l’une d’origine bos- lippe Saire. niaque, l’autre d’origine tunisienne. Il et © Kurt van der Elst elles vont échanger sur la démocratie, le Adaptation théâtrale du roman de Phi- droit des minorités, la place des femmes, lippe Claudel par Guy Cassiers, un seul en ou les nouveaux modes d’actions. scène délicat porté par le comédien Jérôme Kircher, qui se fait tour à tour narrateur, personnage, musicien. Le déracinement, l’exil, la difficulté à communiquer, l’empa- thie, abordés ici avec pudeur et subtilité.

1er au 3 avril © Philippe Weissbrodt Théâtre Joliette, Marseille 7 au 10 avril 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr

Les Bernardines, Marseille Printemps du tnb © Louise Quignon 08 2013 2013 lestheatres.net Radio live, une nouvelle génération au micro 25 mars Le Zef, Marseille Ces filles-là 04 91 11 19 20 lezef.org

Les enfants éblouis 2 avril La vie comme un flot de paroles errantes, La Garance, Cavaillon celles d’un homme, joué par Yann Collette, 04 90 78 64 64 lagarance.com dans ce texte écrit et mis en scène par Yan Allegret. De l’aube à la tombée de la nuit, cet homme, seul dans une chambre, ar- pente sa mémoire vacillante, interrompu La mécanique du hasard de temps à autre par les balises du quoti- Deux comédiens sur scène, à la fois nar- © Raphaël Labour e dien : un repas, une douche. De l’intime et rateurs et personnages, pour cette adap- de l’ailleurs, poétique, lumineux. Une pièce intergénérationnelle, d’actua- tation jeune public du roman de Louis Sa- lité, inspirée d’un fait divers, jouée par huit char, Le passage : aventures et initiation adolescentes accompagnées de 12 comé- adolescentes, histoires à tiroirs, hasards diennes professionnelles. À partir d’une et destin d’un anti-héros cherchant à de- photo d’une jeune fille dévêtue diffusée venir ce qu’il à toujours été. Mise en scène sur les réseaux sociaux, une réflexion en d’Olivier Letellier, de la Cie Théâtre du théâtre sur l’image, l’adolescence, l’individu Phare. À partir de 9 ans. et le groupe, et le féminisme ! Texte d’Evan Placey, mise en scène par Anne Courel. 31 mars au 1er avril Le Zef, Marseille 17 mars 04 91 11 19 20 lezef.org © Yan Allegret © Yan Le Zef, Marseille 26 au 28 mars 04 91 11 19 20 lezef.org 7 avril Théâtre Joliette, Marseille Théâtre de l’Olivier, Istres 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr

10 avril Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 42 06 39 09 theatre- semaphore-portdebouc.com au programme spectacles bouches-du-rhône 59

Soma Devenir hibou

Les mariés de l’apocalypse Répétition publique, en entrée libre (sur réservation), de la nouvelle création des NoNo, dont le théâtre a été rebaptisé il y a peu Théâtre des Calanques. Une création où vont se côtoyer mélancolie et carnaval, rêves et désirs sauvages, rituels, utopies et effondrements, artistes et public. ©Loran Chourrau et Benoit Gob

© Herman Diephuis « Dans l’obscurité, nous ne voyons pas moins, Ex interprète de Pina Bausch et de Jiri Ky- nous voyons autrement » : les sensations de lian, danseuse issue de l’Opéra de Paris, la nuit, de l’obscurité, proposées dans une Raphaëlle Delaunay propose avec Soma fable chorégraphique par Magali Milian et un spectacle sur ce qui habite les nom- Romuald Luydlin, accompagnés d’Anna breuses salles de gym-fitness, et celles et Vanneau. Un spectacle à destination des ceux qui s’y rendent, plus ou moins volon- familles, dans lequel l’engagement phy- tiers : imaginaires de corps musclés-par- sique des danseurs-chorégraphes ne se faits, existences fragiles, et la quête du tout dément pas. contrôle. Un spectacle haletant et drôle. 8 au 10 avril 3 avril Klap Maison pour la Danse, Marseille Le Zef, Marseille 04 96 11 11 20 kelemenis.fr 04 91 11 19 20 lezef.org

Zingari Mademoiselle B © Emmanuel Valette 21 mars Théâtre des Calanques, Marseille 04 91 75 64 59 theatre-nono.com

Travaux d’école Le théâtre des Calanques (anciennement © Th e âtre d saccord théâtre NoNo) a fondé en 2017 son école Des lettres et des mots qui deviennent ma- d’acteurs : l’École du Cerisier. Tout au long rionnettes, c’est le Théâtre Désaccordé, de cette formation, chaque élève, s’entou- qui, autour de l’histoire d’une enfant qui rant de complices, développe un travail per- © DR. n’a vécu qu’une journée, et de son frère né sonnel autour d’un texte de théâtre choisi. Douze danseurs de la Cie Christine Co- cinq ans plus tard, célèbre la révélation et Le fruit de ces travaux sera présenté au lombani, accompagnés par le Massilia la puissance des mots et de l’imaginaire public, au cours d’un temps d’échange et Gipsy Band (cinq musiciens et une so- enfantin. Un spectacle tout en délicatesse, de partage. prano) et leur musique klezmer sur la scène imprégné de l’ambiance des fictions d’Ha- de l’Odéon pour « un ballet qui « frôle » la ruki Murakami. 10 avril comédie musicale ». Le cadre : un campe- Théâtre des Calanques, Marseille ment tzigane pendant les années 30, per- 27 au 28 mars 04 91 75 64 59 theatre-nono.com sonnages haut en couleurs, tendresse et Théâtre Massalia, Marseille tensions, quelques heures avant le spec- 04 95 04 95 75 theatremassalia.com tacle de cirque du soir.

1er avril 21 mars Le Comoedia, Aubagne Théâtre de l’Odéon, Marseille 04 42 18 19 88 aubagne.fr 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr 60 au programme spectacles var bouches-du-rhône

La marche, Subjectivité et désir une expérience du temps La philosophe Céline Acker prend la suite de sa consœur Anaïs Simon pour parler d’amour à la Casa Consolat, à l’occasion De l’idée d’anthropocène de deux nouvelles sessions de réflexion or- dans l’art ganisées par L’Université Populaire Mar- L’historienne de l’art Maria Stavrinaki tra- seille-Métropole. Gageons que malgré des vaille sur les interactions entre le monde millénaires d’interrogations sur le jeu cruel artistique, les sciences humaines et la du désir, le sujet n’est pas épuisé ! sphère politique. Elle évoquera la prise de conscience des impacts humains à l’échelle 30 mars & 6 avril géologique, dès les débuts de l’ère indus- UPOP, Marseille trielle, en relation avec l’essor des disci- 06 52 78 67 85 upop.info plines scientifiques au XIXe siècle. Sa confé- rence sera suivie d’un Apéro Mundi afin de permettre des échanges plus conviviaux. Titre Définitif * (Titre Provisoire) Le Théâtre Fontblanche reçoit la Cie Raoul Lambert pour un concert de magie men- tale, troisième volet des incursions d’un « crooner/looser presque digitateur » dans le monde « des paillettes et du soufre » : le David Le Breton © Claude Truong Ngoc show business ! Un spectacle qui tourne de Opera Mundi poursuit l’exploration du succès en succès sur les planches comme temps, son thème 2020-2021, à la Seyne- en rue depuis 2015, de et avec Kevin La- sur-Mer, en partenariat avec la Villa Ta- val et Mathieu Pasero, mis en scène par

maris. Guillaume Rao, biomécanicien, et Maria Stavrinaki © DR Mathieu Pasero et Raquel Silva. David Le Breton, anthropologue, donne- À partir de 10 ans. 7 avril ront des conférences le 19 mars. Ils seront Opera Mundi, Vitrolles rejoints le lendemain par l’artiste Hendrik 04 42 77 90 40 opera-mundi.org Sturm, pour une conversation marchée. Sans oublier les ateliers philo proposés à l’occasion de ce temps fort avec les Mé- diathèques et l’École des Beaux-Arts de la Le corps féminin dans Seyne-sur-Mer (7/12 ans le 18 mars, tout l’espace public public à partir de 15 ans les 14 et 21 mars) Meryem Sellami, socio-anthropologue de l’Université de Tunis, intervient au centre 14 & 18 au 21 mars social Mer & Colline à l’invitation du Col- Villa Tamaris, La Seyne-sur-Mer lège de Méditerranée, pour dresser une so- 04 94 06 84 00 opera-mundi.org ciologie du voile en Tunisie. À partir d’une enquête ethnologique, elle interroge la « per- ©- Ileks ception stéréotypée du corps voilé, intrin- 7 avril sèquement liée à l’image archétypale de la Théâtre Fontblanche, Vitrolles Le futur existe-t-il déjà femme orientale soumise, à travers les dis- 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr dans l’avenir ? cours des jeunes filles qui ont choisi délibé- Doit-on encore présenter Étienne Klein ? rément de l’adopter alors qu’elles étaient a Le physicien et philosophe des sciences priori « libres » de ne pas le faire ». est l'un des scientifiques français les plus médiatisés. Il interviendra pour Opera Mundi à la BMVR Alcazar lors d’un Grand format s’adressant aux 15 ans et plus, sur la très politique question du futur. Son in- tervention sera précédée de deux ateliers philo destinés aux enfants et adultes, ainsi que d’une conférence marchée animée par l’écologue Tarik Chekchak. Meryem Sellam © DR 4 avril Opera Mundi, Marseille 28 mars 04 91 55 90 00 opera-mundi.org Collège de Méditerranée, Marseille 04 84 89 02 00 college-mediterranee.com au programme spectacles bouches-du-rhône 61

Les Passagers de l’Aube

Ma prof ? Le Cocu Magnanime Troisième volet d’un triptyque dansé dans Christophe Gorlier adapte et met en scène une salle de classe, après Ma maîtresse ? Le Prix Martin, vaudeville d’Eugène Labiche. version maternelle et cours élémentaires. L’histoire d’un mari trompé par son meil- L’idée du collectif Seul le dimanche est leur ami : suspens ! voudra-t-il s’en ven- d’opérer une irruption surprise pendant ger ? Un amateur -et non des moindres, © Philippe Hanula le temps scolaire, en s’appuyant sur ses ri- il s’agit de Gustave Flaubert- écrivit à pro- tuels et sa gestuelle particulière. Un spec- Une fiction construite sur une base scienti- pos de cette pièce qu’il s’agit d’« un bijou tacle tout public à partir de 11 ans, choré- fique, doublée d’une histoire d’amour, sur […] dont le dénouement est un chef-d’œuvre graphié et interprété par Émilie Buestel fond de quête spirituelle : « l’histoire de Noé, d’originalité et de profondeur ». et Marie Doiret. jeune et brillant interne en dernière année de neurochirurgie et à l’avenir tout tracé, dont les certitudes vont voler en éclats ». Pour ceux qui n’ont pas peur de voir se confron- ter médecine occidentale et sagesses exo- tiques, Expériences de Mort Imminente et physique quantique...

© DR 25 mars Le Comoedia, Aubagne 9 & 10 avril 04 42 18 19 88 aubagne.fr © Christophe Gorlier Lieu surprise, Vitrolles 11 avril 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr Boléro, pour 10 danseurs

Oh oh ! Deux complices, Camilla Pessi et Simone Vocazione Fassari, utilisent le langage universel du Danio Manfredini, auteur et interprète corps et, sans prononcer un mot, se livrent phare du théâtre contemporain italien, re- à des acrobaties. Dit comme ça, cela n’a l’air vient au Bois de l’Aune avec Vincenzo del de rien, mais la compagnie suisse Baccalà Prete. Dans ce nouvel opus, Vocazione, le rafle les prix de festival en festival depuis génial dramaturge questionne sa propre sa création... ce spectacle d’inspiration vocation en une plongée introspective ver- clownesque vaudra sans doute le détour ! tigineuse. On remonte aux sources de la À partir de 8 ans. création théâtrale, au mystère fascinant qui permet l’accord rêvé entre la parole et l’action. Sont convoqués Shakespeare, Tchekhov, Thomas Bernhard, ces poètes qui ont guidé ses premiers pas. Virtuose ! (spectacle en italien, surtitré en français) © Lucien Sanchez

Les danseurs de Julien Lestel interprètent des extraits de ses chorégraphies créées ces dernières années : Misatango, qui suit les mouvements d’une messe en latin sur un rythme de tango ; La Paix des Étoiles, ballet accompagné des airs du composi- teur Jacques Diennet ; et enfin le fameux © Agn e s Corkin Boléro, sur la musique de Maurice Ravel. 19 & 20 mars Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence © Sylvie Bosc 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr 28 mars 15 mars Le Comoedia, Aubagne Le Comoedia, Aubagne 04 42 18 19 88 aubagne.fr 04 42 18 19 88 aubagne.fr 62 au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse

À poils

Kara-da-Kara La promenade Le titre joue avec les mots japonais, Ka- Le metteur en scène Malte Schwind, avec rada, le corps, Dakara, parce que, Kara, sa Cie En Devenir 2, s’empare de La Pro- vide. Selon l’assemblage des syllabes, on menade de Robert Walser. Ici, l’esquisse © Compagnie S'appelle Reviens obtient trois traductions, « par le corps », se pose en choix esthétique. Effleurer si- « parce que c’est le corps », « parce que c’est Autorisez-vous tous les jeux de mots à pro- tuations et personnages pourrait sembler vide ». La danseuse et chorégraphe japo- pos du poil, vous serez encore en deçà de tenir de la superficialité, mais cet art aé- naise Azusa Takeuchi invente ces jeux de l’invitation au voyage dans la « poilosphère » rien se teinte d’ironie, et pose un regard mots pour définir son esthétique, dont elle concocté et mis en scène par Alice Laloy ! d’une acuité nouvelle sur le monde. Don- nous livre un aperçu dans ce spectacle lové À poils, sa dernière création, installe dans née dans le cadre de la 3ème Semaine Inter- au cœur des lumières de l’artiste Nicolas un espace vide trois bonhommes assis sur nationale du Théâtre d’Aix-Marseille Uni- Villenave. Des correspondances se tissent, des caisses, dockers du rock avec tee-shirt versité et de l’IDEX POTEAC de la Maison le corps se libère et la pensée aussi. noir et veste cloutée : des experts du poil du Théâtre d’AMU sur le thème « L’art de qui nous entraînent dans un délire jubi- l’acteur à l’épreuve des temps présents : latoire où le poil est réhabilité, contre la patrimoine et innovation », la pièce sera bien- séance des milieux policés sur papier suivie d’un bord de scène avec Catherine glacé des magazines… « Enfants de tout poil Teissier et Arnaud Maïsetti. unissez-vous ! » (dès trois ans)

9, 10 & 11 avril Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence

© Pierre Ricci 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr 24 & 25 mars Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr Le reste...

La brèche © DR « Quelque part dans la banlieue d’une ville 25 mars Théâtre Vitez, Aix-en-Provence à moitié oubliée dans un possible Kentu- 04 13 94 22 67 theatre-vitez.com chy », quatre adolescents scellent un pacte. Quatorze ans plus tard, ils se retrouvent lors de l’enterrement de l’un d’entre eux. Cette trame permet à la dramaturge Naomi Wallace (traduction Dominique Hollier) Quand j’étais petit je voterai de dessiner un portrait de l’Amérique (et Les élections se passent ici dans une cour © Agn e s Maury sans doute du monde), avec ses tensions, d’école, où le jeune Anard mène campagne ses violences sociales et politiques que met Le reste, vous le connaissez par le cinéma, afin d’être élu délégué de classe contre Ca- en scène Tommy Milliot avec sa compa- instaure dès son titre un détachement hu- chot, son adversaire aux méthodes « mus- gnie Man Haast. moristique. Le texte de Crimp s’inspire de clées ». Simon Pineau et Cloé Lastère les la pièce d’Euripide, Les Phéniciennes, qui campent avec fraîcheur et s’affrontent sur rapporte la lutte fratricide entre les fils les notions de laïcité, liberté d’expression, d’Œdipe, Étéocle et Polynice pour le trône parité, intégration, dans une mise en scène de Thèbes. Le titre Les Phéniciennes est dû d’Émilie Capliez au cœur des peintures à la présence de jeunes femmes de Phéni- oniriques de Franck Van Leeuwen. (à par- cie, destinées à entrer au service d’Apollon tir de 8 ans) à Delphes mais bloquées à Thèbes en rai- son de la guerre. Angie Pict met en scène 24 & 25 mars

© Tommy Milliot © Tommy la Compagnie L’Argile, qui accorde à la Jeu de Paume, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net 2 & 3 avril tragédie antique reprise par Crimp des Théâtre du Bois de l’Aune, Aix-en-Provence accents poignants d’actualité. 04 88 71 74 80 boisdelaune.fr 21 mars L’autre scène, Vedène 17 mars (15h & 20h) 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr 8 au 10 avril Théâtre Vitez, Aix-en-Provence Théâtre Joliette, Marseille 04 13 94 22 67 theatre-vitez.com 04 91 90 74 28 theatrejoliette.fr au programme spectacles bouches-du-rhône alpes-maritimes 63

Marie-Antoinette Tout bascule Amateurs de pièces sérieuses s’abstenir ! Le texte d’Olivier Le Jeune va de rebon- dissements en quiproquos, en un rythme A Teste of Ted soutenu mis en scène par Jean-François Jérôme Brabant et Maud Pizon partent Pomerole. Certes, les comédiens des Quatre du principe que la danse contemporaine Tours ne font pas partie de la catégorie occidentale est née de la réinterprétation « professionnelle », mais leur passion et de danses d’ailleurs. La création choré- leur approche jubilatoire de cette comédie graphique, à la suite de Ruth Saint-Denis décapante fait bien vite oublier les appar- © Olivier Houeix et Ted Shawn, les pionniers de la modern tenances. Le mariage et ses conventions La dernière création de Thierry Malan- dance américaine, devient un creuset où en prennent pour leur grade, les répliques dain cisèle une série de tableaux desti- se fondent les époques et les pays, entre fusent avec entrain, un vrai festival ! nés à évoquer la vie tragique de la reine de Asie, Afrique, Amérique d’avant la colo- France, depuis les années d’insouciance nisation. Le spectacle, mis en scène par 3 avril au revirement vers une certaine sagesse Clara Le Picard, jongle entre la forme d’une Espace Nova, Velaux pieuse qui précéda la fin. LeMalandain conférence dansée et une danse des to- 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com Ballet Biarritz apporte toute la finesse de tems. Fascinant ! son interprétation à la palette colorée du chorégraphe, sur des musiques de Haydn et Gluck. Plaidoiries

20 & 21 mars Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence 08 2013 2013 lestheatres.net © Alain Julien 6 & 7 avril Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org Ich sah : das Lamm…

Bougresses ! Pierre Béziers s’inspire de la Canso des © Celine Nieszawer eretges (XIIIe siècle) et d’œuvres de trou- Meilleure pièce de théâtre aux Globes de badours, pour vous convier à une expé- Cristal 2019, Plaidoiries, mise en scène par rience de teatre degustacioun : deux comé- Éric Théobald, présente, seul en scène, Ri- diennes concoctent en direct une spécialité chard Berry qui redonne vie à cinq grandes culinaire médiévale, la « frigousse des hé- plaidoiries, avec les figures du barreau qui rétiques », et racontent la croisade contre les ont prononcées, à partir du livre de les cathares conduite par le cruel Simon Matthieu Aron, Les grandes plaidoiries de Montfort (mort caillassé, dit-on, par des ténors du barreau. À travers ces textes des toulousaines à qui sa tête ne revenait que le grand public n’a jamais entendus,

© Neuer Tanz pas). Les spectateurs sont invités à man- se dessine l’évolution de notre société, et « Et je vis l’agneau sur la montagne de Sion » ger le plat à la fin. son appréhension des frontières entre le (Apocalypse 14.1). Le chorégraphe, peintre, bien et le mal. Passionnant et magistrale- photographe, homme de théâtre Va Wölfl ment interprété. nous donne à entrevoir l’incommensu- rable en une création où des projecteurs 10 avril pivotants deviennent corps de ballet, la Espace Nova, Velaux musique baroque de John Dowland est 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com jouée sur clavier électronique et ne dé- 11 avril pare pas celle des contemporains Jeans © DR Théâtre de Grasse Team. Les danseurs-acteurs (10), armés 20 au 22 mars 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com ajoutent à cette œuvre autant plastique L’ouvre-boîte, Aix-en-Provence que chorégraphiques. 06 76 29 37 77 theatredumaquis.com

26 & 27 mars Pavillon Noir, Aix-en-Provence 04 42 93 48 14 preljocaj.org 64 au programme spectacles bouches-du-rhône

Rustine Mirages - Les âmes boréales Paulémilevictor Rustine raconte sa vie aux multiples rebondissements avec sa bicy- clette en pièces détachées dont chacune est un élément de son existence. Cols dif- Joseph Ponthus ficiles, pentes vertigineuses, crevaisons sous la pluie, promenades reposantes à tra- vers champs… tout devient symbole d’un état d’âme, d’une réussite ou d’un échec… Le vélo parabole de la vie, un spectacle de cirque musical trépidant et poétique par la Cie l’Awantura.

20 mars Halle Léo Ferré, Gardanne 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr © Philippe Matsas © Patrick Berger L’association Nouvelles Hybrides accueille C’est dans les étendues glacées du Grand Little Red Joseph Ponthus. Ancien éducateur en ban- Nord que Christian et François Ben Aïm lieue parisienne, il a chroniqué son quoti- ont planté le décor de ce « conte philoso- dien dans le journal libertaire Article 11. Son phique et chorégraphique contemporain ». premier roman, À la ligne-Feuillets d’usine, Au cœur d’un décor onirique, que com- a reçu de nombreux prix . On le rencontrera plètent une composition sonore et musicale, à Reillanne grâce à Sadou Czapka, puis on des images vidéo et de superbes lumières, appréhendera ses textes lors d’une lecture deux interprètes explorent ce monde à pas musicale à Pertuis avec la voix de Jérémie mesurés, et observent la lente déliques- Bédrune accompagné par le trombone cence d’une nature très fragile. Dès 5 ans. d’Yves Robert, spectacle suivi d’une ren- contre animée par Elodie Karaki. 25 mars Théâtre Les Salins, Martigues

© C e line Chartier 04 42 49 02 00 les-salins.net 20 mars Parodie du Petit Chaperon rouge, ce conte Médiathèque Les Carmes, Pertuis moderne voit une mère, femme d’affaires 04 90 08 05 52 lesnouvelleshybrides.com autoritaire, envoyer sa fille Little Red à Les hauts plateaux 21 mars New York rendre visite à sa grand-mère Librairie Regain, Reillanne durant ses vacances. La galette et le petit 04 92 75 30 84 lesnouvelleshybrides.com pot de beurre se transforment en panier bio et voici notre Little Red partie dans ce voyage où la forêt est remplacée par les bâtiments contemporains et le loup La Caraïbe par… mais il faut aller le découvrir, dans Imaginées et proposées par le journaliste ce spectacle interactif et musical de la Cie littéraire Bernard Magnier, trois jour- de l’Atelier Florentin. nées seront consacrées par l’association Haberey © Wilfrid Nouvelles Hybrides aux littératures des Dans un monde en suspension, le trampoli- 9 & 10 avril Caraïbes, avec trois auteurs moult fois pri- niste, acrobate et metteur en scène Mathu- Maison du Peuple, Gardanne més, Estelle-Sarah Bulle, Louis-Philippe rin Bolze nous fait contempler les ruines 04 42 65 77 00 ville-gardanne.fr Dalembert et Karla Suárez. À Jouques : d’un univers en constante reconstruction, panorama « subjectif » des littératures de en prise avec les guerres, les exodes clima- la Caraïbe avec Bernard Magnier et des tiques et politiques, violences passées et lectures par Jean-Marc Fort. Puis, après à venir. Aux côtés de ses six acrobates en des rencontres à Pertuis, Jouques, Ansouis : apesanteur, se jouant des lois de l’attrac- une table ronde pour confronter les pra- tion, il évolue avec élégance sur des sols tiques, esthétiques, et sensibilité littéraire rebondissants, des plateaux volants et des des invités réunis. agrès en lévitation, faisant naître de poé- tiques et acrobatiques envolées ouvertes 24 mars au 4 avril sur de possibles reconstructions. Médiathèque des Carmes, Pertuis Bibliothèque, Ansouis 31 mars Bibliothèque municipale, Jouques Théâtre Les Salins, Martigues 04 90 08 05 52 lesnouvelleshybrides.com 04 42 49 02 00 les-salins.net au programme spectacles bouches-du-rhône 65

Du rêve que fût ma vie

Acqua Alta Une lune entre deux maisons Avec Claire Bardainne et Adrien Mondot Plume et Taciturne sont voisines : la pre- la réalité est toujours augmentée, grâce mière est enjouée, vive, bavarde, quand la à l’immersion qu’ils proposent dans des seconde préfère écouter et observer, s’ex- univers numériques oniriques des plus primant en musique. C’est à la faveur de originaux. Leur nouveau projet confronte la découverte des bruits hostiles qui enva- un couple (la danseuse Satchie Noro et le hissent la nuit qu’elles vont se découvrir et circassien Dimitri Hatton) à une montée devenir amies. Marie-Eve Huot, codirec- des eaux qui engloutit leur maison d’une trice artistique de la Cie Le Carrousel, met mer d’encre… Un livre pop-up en réalité en scène le texte de Suzanne Lebeau, quête augmentée et une œuvre virtuelle à expé- poétique des tout-petits dans leur appren- rimenter casque sur les yeux complètent tissage du monde et des autres. l’expérience. © Vincent Muteau © Vincent

Après avoir exploré l’enfance de Camille Claudel dans Les mains de Camille, les ma- rionnettistes Camille Trouvé et Brice Ber- thoud (Cie Les Anges au plafond) s’invitent dans sa correspondance pour « tenter de © Romain Etienne © FX-Gaudreault comprendre le moment où la raison va- er 10 avril cille », des lettres libertaires de sa jeunesse, 1 avril , Martigues Théâtre La Colonne, Miramas Théâtre Les Salins jusqu’aux courriers qu’elle ne pouvait expé- 04 42 49 02 00 les-salins.net 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr dier durant son internement. Accompagnée de la contrebassiste Fanny Lasfargues, C. 4 avril Trouvé manipule le papier, le déchire et Théâtre de l’Olivier, Istres People what people ? le sculpte, dévoilant la femme et l’artiste. 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr Entre transes collectives et danses rituelles joyeuses, sept danseurs occupent le dance- 7 avril floor, soumis aux rythmes lancinants d’une Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc musique électro. Le groupe, soudé par une 04 42 06 39 09 theatre- Gravité semaphore-portdebouc.com pulsation commune, est comme électro- Sur la crête, entre danse classique et contem- cuté, traversé de souffles, éclats de voix, poraine, les pièces d’Angelin Preljocaj cris discordants et mouvements convul- dessinent un chemin singulier. Gravité sifs, lancé par le chorégraphe Bruno Pra- La révérence aborde, en toute légèreté, la notion de gra- det (Cie Vilcanota) dans un processus de Philippe Chuyen se replonge (à l’écriture vité, celle qui nous arrime au sol de notre résistance ininterrompue. Haletant. avec José Lenzini, à la mise en scène et bonne vieille Terre. 13 danseurs prouvent au jeu) dans le bouleversement de Mai 68. que le corps peut parfois s’en affranchir, sur Cette journée du 29 mai, nous la (re)vivrons une partition qui relie Bach à Daft Punk, aux côtés du Général de Gaulle, désabusé, Chostakovitch et le Boléro de Ravel. harassé par la crise, désemparé dans un monde qu’il ne maitrise plus. L’histoire de la dernière convulsion révolutionnaire du XXe siècle. Avec la participation de l’Amiral François Flohic, aide de camp du général. © Alain Scherer 26 mars 27 mars Théâtre La Colonne, Miramas Théâtre Le Sémaphore, Port-de-Bouc 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr

04 42 06 39 09 theatre- © Jean-Claude Carbonne semaphore-portdebouc.com 7 avril Théâtre La Colonne, Miramas 04 90 50 66 21 scenesetcines.fr 66 au programme spectacles bouches-du-rhône

Suis-moi

Mo Le (tout) petit prince C’est pour fuir la guerre dans son pays que Si tout le monde connaît le Petit Prince, il Mo a décidé de quitter son petit village. En est temps de faire la connaissance du tout quête d’une vie meilleure, et la tête pleine Petit Prince, son alter ego, minuscule bon-

de rêves et de désirs, il entreprend un long © Cie Les voisins du dessus homme vivant au milieu des étoiles qui périple, de l’Afrique jusqu’à l’Europe. Ma- rêve d’aventures et de rencontres… La Cie rie Vauzelle et Selman Reda mettent en Drôle de couple que celui que forment une Croqueti adapte le conte de Saint-Exupéry scène ce voyage épique, faisant de chaque fourmi à taille de guêpe et un éléphant gris en remplaçant les mots par des images étape un chapitre de l’histoire que jouent, à pois violets ! Ensemble ils entament un très colorées et de la musique, transpor- en direct, un danseur-acrobate, deux co- long voyage, la fourmi invitant son pachy- tant les marionnettes dans des paysages médiens, un musicien, un graphiste et un derme amoureux à la suivre sur et sous la féériques ! Dès 2 ans. vidéaste. Autant de tableaux qui révèlent terre, dans l’eau, et toujours en passant par le parcours émouvant tout autant que lu- un trou de fourmi… Car, comme par magie, mineux d’un exil clandestin. l’amour rend tout possible, nous apprend la Cie Les Voisins du dessus. Dès 2 ans.

4 avril Théâtre de Fos 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr

Not quite midnight © Cie Croqueti © DR 21 mars 21 mars Espace Robert Hossein, Grans Théâtre de Fos 04 90 55 71 53 scenesetcines.fr 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr 4 avril Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis Longueur d’onde 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr Lorraine Cœur d’acier fut la première radio « libre », pirate et militante, créée en 1979 à Longwy par la CGT, qui la mit à disposi- tion de toute la population de la Lorraine Moi aussi je suis Barbara en lutte contre la suppression d’emplois, Au sein d’une famille boiteuse où le mal de © Damian Siqueiros et plus largement pour donner la parole à vivre semble être la norme, une jeune fille celles et ceux qui ne l’ont jamais. Béran- Cendrillon, sa belle-mère et ses deux de- tente d’échapper à la médiocrité ambiante gère Vantusso (mise en scène) et Paul Cox mi-sœurs, la bonne fée, la robe de bal et la en s’imaginant être une chanteuse. Et pas (mise en image) se sont librement inspirés pantoufle de vair, la citrouille, le carrosse, n’importe laquelle, Barbara, son idole. Jean- du documentaire radiophonique Un mor- le Prince charmant, et ce temps à défier et Charles Mouveaux met en scène le texte ceau de chiffon rouge (éd. La Vie Ouvrière) ne pas laisser filer… La chorégraphe québé- de Pierre Notte, sur une idée de Pauline pour redonner vie à cette expérience dé- coise Hélène Blackburn s’empare de cette Chagne qui incarne magnifiquement la mocratique inouïe. histoire d’amour et de haine au travers des longue dame brune. écrits de Perrault et des frères Grimm, de Rossini et de Prokofiev, retravaillés par le compositeur Martin Tétreault, avec six danseurs qui insufflent magie et poésie à ce conte emblématique de l’imaginaire collectif.

17 mars Théâtre de l’Olivier, Istres

© Jean-Marc Lobb e 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr © Paul Evrard Longueur d’onde - Histoire d’une radio libre 27 mars 24 & 25 mars 21 mars Espace Gérard Philippe, Port-Saint-Louis Théâtre de Fos Salle Guy Obino, Vitrolles 04 42 48 52 31 scenesetcines.fr 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr au programme spectacles bouches-du-rhône vaucluse 67

Chroniques d’une ville qu’on To be or not to be Avignon croit connaître

Ligne de crête Maguy Marin « ne lâche rien ». Toujours sur le front, elle reste l’une des chorégraphes les plus importantes, engagée, inventive, creusant un sillon qui relie les différentes facettes de son travail. Se libérer des désirs imposés par le capitalisme, tel est le pro-

© Darek Szuster gramme de cette nouvelle création pour Pourquoi une jeune fille se suicide-t-elle six danseurs, présentée dans le cadre de en 2011, à Damas, alors même que dans la Biennale des écritures du réel (lire P 30). son pays, la Syrie, s’annoncent peut-être de meilleurs lendemains ? L’auteur et jour- naliste Wael Kadour a enquêté sur la dis- © Paul Wagner parition de Nour, qu’il connaissait. En ten- En vingt tableaux, Stephan Caso, mis en tant de répondre à la question Pourquoi ?, scène par Christophe Barbier, dresse une il interroge aussi la violence dans la so- histoire corrosive d’Avignon, convoquant ciété syrienne. aussi bien Jules César que Jean Vilar, mais aussi des poètes, des généraux, quelques 24 mars © Cie Maguy Marin papes, et de nombreux saltimbanques. Des Théâtre d’Arles 26 mars figures emblématiques qui, d’hier à au- 04 90 52 51 51 theatre-arles.com La Garance, Cavaillon jourd’hui, fabriquent un voyage imagi- 04 90 78 64 64 lagarance.com naire qui prône l’amour du théâtre et de cette ville si particulière. Et pourquoi moi je dois parler comme toi Je brûle (d’être toi) 26 mars Comment se faire comprendre quand les Théâtre du Chêne Noir, Avignon mots qui sortent de notre bouche ne sont 04 90 86 74 87 chenenoir.fr pas ceux qu’on voulait dire ? Lova, ça la fait hurler. Avec son cœur de louve qui déborde de toutes parts et son besoin de trouver un sens à tout, elle part sur les traces de Le château sa grand-mère, dont elle ne sait rien ou presque, mais qu’elle sait vibrer à l’inté- rieur d’elle, dans le pays glacé où elle vivait. Marie Levavasseur et Gaëlle Moquay (Cie Tourneboulé) ont conçu un conte initia- tique « où l’on marche sur les traces que la mémoire a dessinées […] ». Dès 3 ans. © Meghann Stanley

© Sarah Moon Fidèle à son exploration des frontières entre Accompagnée du musicien Nicolas Re- le réel et l’illusion, Collectif 8 s’empare de pac, Anouk Grinberg s’empare des mots l’œuvre inachevée de Franz Kafka pour in- écrits par des hommes et femmes inter- terroger l’aliénation de l’individu face à la né.e.s dans des hôpitaux psychiatriques. machine bureaucratique et plus largement Les lettres, les textes, les chansons de ces nos sociétés déshumanisées. Les créations auteur.e.s méconnu.e.s s’entremêlent avec vidéo de Paulo Correia et musicale de Be- ceux de poètes tels que Henri Michaux ou noît Berrou plongent les spectateurs dans Emily Dickinson. Le recueil de ces textes un monde immersif, soulignant la mise en réunis par Anouk Grinberg sera publié aux scène très visuelle de Gaële Boghossian. éditions Le Passeur en mars.

© Jeanne Roualet 4 & 5 avril 3 avril Théâtre du Chêne Noir, Avignon Théâtre d’Arles 8 avril 04 90 86 74 87 chenenoir.fr 04 90 52 51 51 theatre-arles.com La Garance, Cavaillon 04 90 78 64 64 lagarance.com 68 au programme spectacles vaucluse var

Camus, Sartre… et les autres Lorenzaccio Sartre et Camus se rencontrent en 1944 lorsque ce dernier est engagé par Simone de Beauvoir pour monter la pièce de Sartre Les autres, qui deviendra plus tard Huis Gharnata clos. En pleine occupation allemande le trio se positionne différemment face aux restrictions et à la censure allemande, et à l’arrestation d’une des comédiennes. Le texte de Jean-François Prévand pose la question de la création dans un pays oc- cupé ; résistance ou collaboration ?

6 avril Luis de la Carrasca © FR. Martinez Théâtre des Carmes, Avignon Il est l’une des grandes voix du flamenco.

04 90 82 20 47 theatredescarmes.com L’Andalou Luis de la Carrasca n’a de cesse © Pascal Elliott de chanter cette terre qui l’a construit, sans Marie-Claude Pietragalla et Julien De- oublier ceux qui l’ont foulée aussi et à qui rouault mêlent théâtre et chorégraphie il rend hommage, Federico Garcia Lorca pour revisiter l’œuvre d’Alfred de Musset, La graine et Antonio Machado entre autres, dont il avec Daniel Mesguich à la dramaturgie. a adapté des poèmes. Il est entouré de ses Entourés de danseurs-comédiens, qui évo- fidèles compagnons à la guitare, aux per- luent dans le décor virtuel d’images en 3D cussions, à la contrebasse et au piano, et de Gaël Perrin, ils livrent une création hy- Ana Pérez qui accompagne de sa danse bride qui transcende le texte par les corps. l’univers du chanteur. 28 mars 27 mars Opéra Confluence, Avignon Théâtre du Balcon, Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org

Rock the ballet PITCH C’est Piotr Ilitch Tchaïkovski qui est le fil rouge, d’où le titre !, de cette déclaration d’amour que lui offre le chorégrapheMar - tin Harriague. Les interprètes de la Kib- butz Contemporary Dance Company s’emparent des mouvements musicaux, © DR se pensant comme des instruments mu- C’est une graine tout juste au début de sa sicaux qui rendent chaque note de chaque germination qui va conter son histoire et partition uniques. © Manfred H. Vogel ses tribulations, depuis le Mont Ventoux Créée par le danseur et chorégraphe Rasta jusqu’au Caucase. Accompagné de la mu- Thomas, la troupe les Bad Boys of Dance sicienne Mariane Farook, Thomas Da- en met plein les yeux et les oreilles. Ce spec- viaud dévoile quelques secrets, celui de la tacle chorégraphié par sa femme Adrienne ronde des saisons qui perdurent grâce à Canterna dynamite les plus grands suc- la collaboration d’une fée et d’un gnome, cès de la pop et du rock -de Michael Jack- ou encore celui de la création de l’arc-en- son à Queen, en passant par Coldplay et ciel qui résulte de la bataille de gestes et Alicia Keys-, en mêlant la danse classique de mots entre des personnages-couleurs… au hip hop, aux claquettes, et même aux © DR arts martiaux. 15 mars 15 mars Opéra Confluence, Avignon Théâtre du Balcon, Avignon 7 avril 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr 04 90 85 00 80 theatredubalcon.org Opéra Confluence, Avignon 04 90 14 26 40 operagrandavignon.fr

8 avril Opéra de Toulon 04 94 92 70 78 operadetoulon.fr au programme spectacles vaucluse 69

MétamorPhone

La théorie du crocodile La tour de Belba Le crocodile en question c’est notre cer- Des drôles de zigotos Tohu et Bohu. Des veau reptilien, cette partie du corps res- nomades qui débarquent comme ça, pour ponsable des instincts et des réflexes innés, raconter leur histoire, celle de la construc- qui protège et défend nos besoins. Delphine tion d’une tour, leur grand projet de vie. Bachacou et Jean-Philippe Costes Mus- Pour raconter il faut s’écouter et surtout cat, Cie Les ouvreurs de possibles, à la se partager la parole, et c’est là que les en- chorégraphie, la danse et aux textes, ex- © Centre des arts Enghien nuis commencent… S’appuyant sur le livre plorent les émotions -colères, luttes, fuites, Christophe Béranger et Jonathan Pran- de Sarah Carré, Babïl (éd Théâtrales), Sa- replis sur soi…- d’un personnage qui s’ef- las-Descours, Cie Sine Qua Non Art, rah Nedjoum et Elsa Kmiec revisitent le forcera d’apprivoiser son crocodile pour donnent un coup de fouet à L’après-midi mythe de la tour de Babel, questionnant la en faire des alliés. d’un faune de Nijinski, dans cette pièce parole comme enjeu de pouvoir. Dès 4 ans. pour un danseur (Brice Rouchet) et un beatboxer (Tioneb). À la croisée des danses ancestrales et de la culture urbaine, les deux artistes vibrent d’une même éner- gie, unissant corps et voix pour faire de ce Faune un voyage intemporel.

8 avril L’Autre scène, Vedène © Cie Eclats de sc e ne © Gil Lefauconnier 04 90 31 07 75 lautrescene.com 29 mars 25 mars Salle des fêtes, Séguret L’Autre scène, Vedène 06 74 49 21 63 cddv-vaucluse.com 04 90 31 07 75 lautrescene.com

Cendrillon Vélo Théâtre Éric Belaud, directeur de la danse du Ballet d’objets jaillissant de colis délivrés par un de l’Opéra Grand Avignon, a chorégraphié facteur fantaisiste, créateur de mondes Cendrillon de Sergueï Prokofiev en trois ta- minuscules, colorés et enchanteurs. En- bleaux qui relatent l’histoire de celle qui fin, avec Y’a un lapin dans la lune, le duo arrivera à s’affranchir de sa belle-mère et fondateur Charlot Lemoine et Tania Cas- de ses demi-sœurs tyranniques pour vivre taing nous conte les aventures oniriques de le grand amour avec le Prince rencontré Thomas Snout, disciple du Petit Prince. Ce au bal après moults péripéties… collectionneur hors pair capture les nuits à mains nues, et c’est dans son atelier qu’il Y a un lapin blanc dans la lune © Ch. Loiseau reçoit les visiteurs avec lesquels il partage Le Vélo Théâtre part en tournée dans les ses aventures. villages du Haut Vaucluse avec trois de ses spectacles. Une poignée de gens… Quelque chose qui ressemble au bonheur s’appuie sur Une poignée de gens… 4 avril les témoignages et le vécu de personnes, Espace Sautel, Visan Monsieur et Madame tout le monde, in- terrogés sur le thème du bonheur. C’est Enveloppes et déballage Cendrillon © Delestrade par le pouvoir évocateur de l’univers fer- 11 avril 4 avril roviaire que les spectateurs-voyageurs Salle du parc, Lapalud L’Autre scène, Vedène s’abandonnent au pouvoir de la poésie, le 04 90 31 07 75 lautrescene.com Y’a un lapin dans la lune regard et l’ouïe transportés vers « les petites 12 avril choses, porteuses d’étincelles ». Enveloppes Espace Julian, Lapalud et déballages, spectacle emblématique de la compagnie, est un théâtre fourmillant 06 74 49 21 63 cddv-vaucluse.com 70 au programme spectacles alpes var alpes-maritimes hérault

Lilelalolu Heroe(s)

Musique de tables Musique de tables, partition pour trois per- cussionnistes disposant de tables pour seuls instruments, a été composée par Thierry de Mey en 1987. Trois jeunes comédiens © Sylvain Duffard -Éléonore Auzou-Connes, Emma Liégeois, Trois hommes de théâtre ont décidé de Romain Pageard- s’en sont emparés et monter ensemble un spectacle. Inspirés jouent de toutes les facultés sonores de leurs par le traitement médiatique des attentats doigts, ongles, paumes et phalanges, qui du 13 novembre 2015, puis par le scandale caressent, percutent ou battent le rythme des Panama Papers, Philippe Awat, Guil- sur les meubles en bois. laume Barbot, Victor Gauthier-Martin se concentrent sur la figure du lanceur d’alerte, ce héros des temps modernes. Une œuvre incisive, bien décidée à nous faire ouvrir les yeux sur notre réalité.

23 & 24 mars © Philippe Cibille La Passerelle, Gap Damien Bouvet seul en scène, avec ses 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu pantoufles bleues, sa chemise de nuit rose © Raoul Gilibert et ses sourcils amovibles à forte pilosité, les « lumouttes ». Seul ? Non ! La souris 16 & 17 mars Frankenstein Cabotine, marionnette qui porte bien son La Passerelle, Gap 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu nom, est à ses côtés. Le soir venu, c'est l'heure de se coucher : il lui lit des histoires, merveilleusement bien, mais cela ne suffit pas à endormir la coquine bestiole, qui a Ravie rongé les livres comme si c'était du fromage. C’est l’histoire d’une émancipation caprine : Alors il met le paquet, à la grande joie des tout le monde connaît La chèvre de Mon- petits spectateurs. sieur Seguin, ce conte d’Alphonse Daudet À partir de 3 ans. qui finit mal pour la belle échappée. Son adaptation par la Cie La Paloma maintient 18 mars une fin plus ouverte. Blanquette, héroïne © Marie-Francoise Plissart Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban récalcitrante (elle pèse longuement l’ap- Décidément, Karine Birgé et Marie Del- 04 92 64 27 34 theatredurance.fr pel de la montagne contre l’affection as- haye, artistes de la Cie Karyatides, aiment phyxiante de l’homme), s’en va gambader à réactualiser les chefs-d’œuvre de la lit- 25 & 27 mars parmi les chamois. Le sort, sous la forme térature. Après Les Misérables et Madame Le Pôle, Le Revest-les-Eaux 04 94 98 12 10 le-pole.fr du terrible loup, va-t-il la punir définiti- Bovary, elle s’attachent à celui écrit par vement de son désir d’escapade ? Mary Shelley. L’histoire de Frankenstein, Dès 10 ans. écrite en 1818, a fait date dans le courant fantastique. Elle résonne encore fortement aujourd’hui, avec les enjeux de bioéthique Presqu’ils et les délires transhumanistes. Trois danseurs dirigés par Farid Berki s’amusent avec des ballons de baudruche, 30 mars au 1er avril cartons, tubes, tissus divers... Le choré- La Passerelle, Gap graphe s’est intéressé, pour cette nou- 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu velle pièce tout public à partir de 6 ans, à 10 avril la construction de soi et l’émancipation. © Marion Duquenne Maison pour tous Mélina Mercouri, Montpellier Thèmes qu’il traite par petites touches, avec légèreté, en s’appuyant sur la musique 19 & 20 mars , Gap 17 avril du compositeur hip hop Franck 2 Louise. La Passerelle 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu Maison pour tous Albert Camus, Montpellier

9 avril 27 mars 18 avril Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban Théâtre de la Licorne, Cannes Maison pour tous Marie Curie, Montpellier 04 92 64 27 34 theatredurance.fr 04 97 06 44 90 cannes.com 04 34 46 68 38 theatrejeanvilar.montpellier.fr au programme spectacles alpes var 71

Illusions

Flaque Teatro Comico Les deux jongleurs de la Cie deFracto, Éric La Cie Dell’Improvviso propose une confé- Longequel et Guillaume Martinet, pra- rence-débat où a été invité un éminent spé- tiquent l’humour décalé, et n’aiment rien cialiste de commedia dell’arte. Évidemment, tant que la rupture des codes souvent ri- rien ne se passe comme prévu, l’organisa- gides de leur discipline. Ils font donc ap- trice se laisse déborder par son tempéra- pel à la pratique du clown et du hip-hop © Nico M ment colérique, le bénévole est vraiment pour mâtiner de poésie leur travail clas- Quatre comédiens racontent les histoires trop benêt, et l’artiste italien, constam- sique de circassien. En résulte une réflexion croisées de deux couples d’octogénaires, ment interrompu, n’est pas au bout de plus profonde qu’elle n’en a l’air sur l’art formant un groupe d’affectueux amis. Mais ses surprises. de réussir à rater ses objectifs... Sauter à les sentiments sont fuyants et les percep- Tout public à partir de 8 ans. pieds joints en plein milieu d’une flaque, tions glissantes... tout est affaire de point par exemple, c’est réussi ou c’est raté ? de vue, en amour comme dans la vie en Dans le cadre des Excentrés. général. Le dispositif scénique, sous forme de banquet auquel le public est convié, de plein pied avec les artistes, participe de ce processus de dessillement. À partir de 14 ans.

3 avril Théâtre du Briançonnais, Briançon 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu © Pierre Morel © Olivier prevosto 4 avril 5 avril, Tallard Quai des Arts, Veynes 7 avril, Chabottes 04 92 51 41 05 lepasdeloiseau.fr 8 avril, Chorges Jeanne... pour l’instant 10 avril, Veynes 11 avril, Embrun

La Passerelle, Gap Orphelins 04 92 52 52 52 theatre-la-passerelle.eu Vincent Franchi met en scène une pièce du dramaturge anglais Dennis Kelly, thril- ler implacable qui sonde les tréfonds de l’âme humaine. Pour traiter du racisme Bienvenue en Corée du Nord et de la question fondamentale de la jus- Aïe aïe aïe... il fallait oser, et bien sûr, oser tice, dans le huis clos d’un intérieur petit c’est un peu la devise des clowns. Quatre bourgeois où chacun s’empêtre dans ses d’entre eux (Marie-Laure Baudain, convictions, ses contradictions, il use de Alexandre Chatelin, Laura Deforge et noirceur et d’ironie. Adélaïde Langlois) sont partis voir si la Corée du Nord est bien cette dictature ultra verrouillée dont parlent les journaux. De © Sophie Vernet retour, ils témoignent de leur expérience exotique, au pays de la danse des missiles, Nicole Choukroun a écrit un texte savou- sur des airs de tubes nord-coréen. Autant reux, qu’elle interprète elle-même : une dire que ça dépote. (lire journalzibeline.fr) comédienne refuse de jouer le personnage À partir de 12 ans. de vieille dame qui lui a été attribué. Elle tente de s’en débarrasser, mais la mémé, 20 mars aussi bavarde que facétieuse, ne l’entend Théâtre du Briançonnais, Briançon pas de cette oreille. D’ailleurs, à son âge... 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu Une fine exploration de l’emprise que peut avoir un rôle sur ceux qui s’en emparent, doublée d’une réflexion sur la fin de vie. © Roxane Samperiz

20 mars 17 & 18 mars Salle des fêtes, La Faurie Théâtre Liberté, Toulon 04 92 51 41 05 lepasdeloiseau.fr 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr 72 au programme spectacles var

Hedda

Antigone Hate Les Dakh Daughters, groupe d’Ukrai- Laetitia Dosch a eu l’idée de ce spectacle niennes punks, forment le chœur antique équestre en tournant un western aux États- de ce spectacle, adapté de Sophocle par Unis. De retour, elle a travaillé avec Ju- Lucie Berelowitsch, qui s’appuie aussi dith Zagury, de l’école-atelier circassienne sur la version de Bertolt Brecht. La révolte Shanju, en Suisse. Une structure dont la © Nico MPhotographe d’Antigone résonne en trois langues, russe, spécificité est d’instaurer une relation de ukrainien et français, sans que le mythe, Accusée par son mari d’avoir tué leur fille compréhension et non de domination avec pour être actualisé avec les problématiques adoptive, Hedda Nussbaum a publié le les animaux. Le résultat est à son image, contemporaines, ne perde de sa profon- récit des sévices physiques et psycholo- décalé et profond, comme le lien noué avec deur. Le désir de monter cette pièce lui giques infligés par son époux.Sigrid Car- son partenaire de jeu, un très beau che- est venu à Kiev, quelques mois après la ré-Lecoindre s’est appuyée sur son livre val nommé Corazon, « être calme et sans révolution de Maïdan... Surviving intimate terrorism, pour évoquer jugement ». les violences conjugales, à travers un mo- nologue interprété par Léna Paugam. « Le sujet véritable, déclare l'artiste, c’est ce- lui-là : comment la violence peut naître dans l’amour, comment elle peut s’en nourrir ».

7 au 9 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr © A. Keil © Doroth e Th bert Filliger 24 mars Théâtre Liberté, Toulon 27 & 28 mars 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules Dévaste-moi 04 94 22 02 02 chateauvallon.com

Premier(s) pas Deux pièces chorégraphiques en une soi- rée. En première partie, Être là, de Nawal Cabaret Louise Lagraa Aït Benalla, est empreinte d’un La Cie du Grand Soir poursuit la ligne d’un fort désir d’émancipation. Elle sera suivie « théâtre joyeux et engagé » sous la forme de Ha’min (« intime » en arabe), création d’un cabaret, mis en scène par Marc Pis- d’Abou Lagraa autour de la vulnérabilité tolesi, et interprété par Charlotte Zotto, de l’individu et sa solitude face à la société. notre collaborateur Régis Vlachos, et Jo-

Les deux artistes travaillent ensemble de- © Jean-Louis Fernandez hanna Garnier. S’y mêlent en un parcours puis près de 15 ans, sur les deux rives de The Delano Orchestra (Guillaume Bon- diachronique la Commune, Mai 68 et notre la Méditerranée. giraud, Yann Clavaizolle, Mathieu Lopez, époque, qui a bien besoin de se remémo- Julien Quinet et Alexandre Rochon) ac- rer le courage et les idées fortes de Louise compagne en direct la comédienne sourde Michel, la Vierge rouge. de naissance Emmanuelle Laborit, avec des airs d’opéra et des chansons populaires. Une ode au corps et au rythme, que l’être humain perçoit même sans entendre. Le titre est inspiré d’une chanson de Brigitte Fontaine, reine des pulsations (pour ne pas dire des pulsions !).

9 avril Théâtre Liberté, Toulon 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr © Xavier Cantat © Eric Boudet 24 mars 28 mars Espace Comedia, Toulon Théâtre Liberté, Toulon 04 94 36 19 16 espacecomedia.com 04 98 00 56 76 theatre-liberte.fr au programme spectacles var bouches-du-rhône alpes-maritimes 73

Les préjugés 1984

Univers-mer Cocréé avec les étudiants et enseignants du campus de l’Université de La Garde, le spectacle de la Cie Demain nous fuirons est

une invitation à voyager en Méditerranée. © Meghann Stanley Partant de trois ports d’attache -Gibraltar, Le Collectif 8, à la recherche d’une hybri- © Emmanuel Ciepka Bosphore, Suez-, les spectateurs seront dation entre théâtre et cinéma, utilise des « Oserais-je, sans être importun, Madame, pilotés par des duos de guides à travers procédés vidéos très élaborés pour impli- vous demander un instant d’entretien ? » Les un dédale artistique parsemé d’œuvres, quer sensoriellement le spectateur. C’est amoureux d’antan étaient-ils mieux armés de performances théâtrales et dansées, d’autant plus frappant dans cette adapta- face au trouble sentimental que les galants de créations numériques et sonores. Fin tion du chef d’oeuvre de Georges Orwell, contemporains ? La Cie Rêve général ! met de soirée en lumière et pyrotechnie avec puissante dénonciation du totalitarisme... en parallèle Le Préjugé vaincu de Marivaux la Cie Karnavires. et de sa capacité de manipulation. La met- et un texte bien d’aujourd’hui, Fake, de teuse en scène Gaële Boghossian déclare Marilyn Mattei. Près de trois siècles les 3 avril que monter 1984 aujourd’hui, quand res- séparent, et pourtant... on n’a toujours pas Divers lieux, Campus de surgissent les questions de surveillance, appris à aimer ! l’Université de La Garde formatage de la pensée et du langage, res- 04 83 36 63 92 univ-tln.fr triction des libertés, était une nécessité 24 mars artistique. Théâtre du Rocher, La Garde 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr Hip-Hop(s) or not jusqu’au 20 mars Ingrid est « maître de conférence en agrono- Anthéa, Antibes 30 & 31 mars 04 83 76 13 00 anthea-antibes.fr Théâtre de l’Olivier, Istres mie et hip-hop ». Elle s'attelle au second sujet, 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr pour tout nous dire sur ses origines, dans le 24 mars Bronx des années 1970. Fortuitement, deux Théâtres en Dracénie, Draguignan danseurs sont à proximité, et se prêtent 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com Jetlag volontiers au jeu d'une démonstration « old school » au débotté... Angel Sinant et Mi- 27 mars lène Duhameau sont remarquables. La Espace NoVa, Velaux conférencière, Chrystel Pellerin, est quant 04 42 87 75 00 espacenova-velaux.com à elle hilarante avec son collier de perle et ses préjugés. Dès 9 ans. Zaï zaï zaï zaï

2 avril Théâtre Marelios, La Valette-du-Var

© Yves Kerstius © Yves 04 94 23 62 06 lavalette83.fr La Cie Chaliwaté, créée il y a 15 ans, ex- plore spectacle après spectacle les arts du geste, en mettant l’accent, non sur la per- Le tarot du grand tout formance physique, mais sur les capacités Le Théâtre Marélios accueille le conteur suggestives et métaphoriques du corps. Jet- Lamine Diagne, qui nous invite à pénétrer © François GOIZE lag, comme son nom l’indique, porte sur dans l’hôpital de La Timone à Marseille. Un Un jeune dessinateur a oublié sa carte de cette sensation étrange qui envahit les voya- jeune musicien y accompagne son neveu, fidélité, la sécurité d’un magasin le prend en geurs entre deux fuseaux horaires. Dans victime d’un accident de voiture ; il s’aven- chasse, il devient l’ennemi public numéro 1. une zone de transit, un homme cherche à ture dans le dédale des couloirs hospita- « Et comme par hasard c’est un auteur de BD... tromper sa solitude. Deux autres person- liers pour glaner de fantastiques histoires, Je te les foutrais tous dans un charter moi, et nages entrent en scène, pour une série d’in- et ainsi stimuler sa guérison. Un spectacle hop, direction Bruxelles ! » Une dénonciation teractions aussi cocasses qu’émouvantes. réalisé suite à une immersion dans les ser- burlesque des intolérances, on ne peut plus vices de l’hôpital pour enfants, avec l’aide d'actualité, adaptée de l'ouvrage éponyme 1er avril à la dramaturgie de François Cervantes. de Fabcaro par le Théâtre de l’Argument, Théâtre du Rocher, La Garde À partir de 7 ans. sous forme de fiction radiophonique. 04 94 08 99 34 ville-lagarde.fr 10 avril 9 avril 4 avril Théâtre Marelios, La Valette-du-Var Théâtres en Dracénie, Draguignan Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence 04 94 23 62 06 lavalette83.fr 04 94 50 59 59 theatresendracenie.com 04 90 92 70 37 mairie-saintremydeprovence.fr 74 au programme spectacles var alpes-maritimes

Grand Finale Hermès le dieu espiègle

Peer Gynt Une version épique de la pièce d’Ibsen, mise en scène par David Bobée dans un décor de fête foraine abandonnée, à l’am- biance de fin du monde.Radouan Leflahi interprète le héros quatre heures durant, © Rahi Rezvani du tout jeune homme baratineur au vieil- Le chorégraphe israélien Hofesh Shech- lard fatigué par 90 ans de vie tumultueuse. ter s’est inspiré des danses traditionnelles Le texte résonne fortement avec les im- de son pays et de celles de l’Irlande pour passes contemporaines : individualisme, cette fresque apocalyptique. Sur scène, dix cynisme, opportunisme. danseurs et six musiciens évoluent entre des pans de murs monumentaux. Berlin, Cisjordanie, frontière mexicaine ? Médi- tation sur un monde qui court à la catas- © A. Oriola trophe, Grand Finale met son dernier es- poir en la fraternité. Hermès, le dieu messager entre l’Olympe et les hommes... Pour garder trace de la vie 21 mars de ces étranges mortels, il invente l’alpha- Le Carré, Sainte-Maxime bet, puis l’écriture. C’est ainsi que la Cie 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com Arketal invente un spectacle de marion- nettes en papier, et rend hommage à cette incarnation joyeuse de la mythologie. À partir de 9 ans. Rien à dire 19 au 21 mars Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr

L’amour vainqueur © Arnaud Bertereau

4 avril Le Carré, Sainte-Maxime © Alejandro Ardilla 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com

Les lampes se rebellent et les parapluies tombent du ciel, dans l’univers de Leandre Ribera, clown muet mais très parlant : sa gestuelle venue du mime crée une at- Blizzard

mosphère puissamment évocatrice. Dans La compagnie québécoise Flip Fabrique © C. Raynaud de Lage sa maison sans murs, ouverte aux quatre présente sa nouvelle création au Carré, un vents, tout est de guingois, parce que pour « voyage immaculé et cotonneux au cœur Olivier Py, directeur du Festival d’Avignon, l’artiste, la fonction du clown est de « créer de son blizzard canadien ». Des acrobates, a su garder son âme d’enfant. L’été dernier un trou », un « espace entre l’optimisme et la jongleurs, trapézistes, perdus dans une il présentait dans la cité des papes sa qua- nostalgie, où peut apparaître la beauté ». Voilà tempête, qui se demandent si l’hiver n’a trième adaptation d’un conte de Grimm. qui donne envie d’aller respirer avec lui ! pas tout envahi, les champs, rues, maisons, Dans l’atmosphère créée par Pierre-An- voire les cœurs. Un pianiste, Ben Nesral- dré Weitz, L’amour vainqueur triomphe 28 mars lah, accompagne en direct les circassiens de la médiocrité des adultes, et donne un Le Carré, Sainte-Maxime sur un instrument doté de tiroirs cachés sens à la vie de ceux qui pénètrent dans le 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com permettant des manipulations sonores. monde des grands. En chansons, il sera question de mort, de désir, de politique, 11 avril d’art... Dès 9 ans. Le Carré, Sainte-Maxime 04 94 56 77 77 carreleongaumont.com 19 & 20 mars Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr au programme spectacles alpes-maritimes 75

Bells and spells

La Gioia Le lien Il y a 25 ans, le metteur en scène Pippo Sur un texte de François Begaudeau, une Delbono rencontrait Bobò dans un asile mère et son fils déjeunent ensemble, un sa- psychiatrique. Peut-être fou, peut-être cha- medi, quelque part en province. En temps man, voilà un homme dont la place était réel, les deux personnages parlent « juste bien sur scène plutôt qu’emmuré dans sa comme ça » (la mère) et pour « plus que ça » © L. Jansch maladie. Il est devenu l’un des acteurs em- (le fils). Et peut-être bien que la vraie pa- blématiques de la compagnie italienne. La Aurélia Thierrée, avec la complicité de role ne se situe pas là où on le croit. Avec Gioia est un hommage vibrant à ce génie sa mère Victoria Thierrée Chaplin à la deux comédiens à leur sommet : Cathe- hors du commun, disparu il y a tout juste conception, est une charmante cleptomane : rine Hiegel et Pierre Palmade, qui nous un an. Un spectacle extatique sur la mort danseuse, magicienne, circassienne, elle livrent un jeu criant de vérité. et la joie. (lire journalzibeline.fr) se retrouve finalement sous l’emprise des objets qu’elle dérobe. Festival d’imaginaires tous azimuts, Bells and spells nous emmène dans des contrées où humour surréaliste côtoie onirisme et acrobatie. Un pur plai- sir visuel, digne de l’illustre nom porté par les deux femmes.

8 au 10 avril Théâtre national de Nice

© L. Del Pia 04 93 13 90 90 tnn.fr © J. STEY 27 & 28 mars 28 mars Théâtre national de Nice Théâtre de Grasse 04 93 13 90 90 tnn.fr 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com Hakanaï

Carte blanche à Zabou Breitman Zabou Breitman nous offre une lecture #MMIBTY / À l’ombre de Coré des textes de la caustique auteure améri- Week-end hip-hop au théâtre de Grasse, à caine Dorothy Parker, (Lire Parker), puis vivre à travers deux chorégraphies. Celle son fameux Logiquimperturbabledufou, de Valentine Nagata-Ramos, #MMIBTY, sur des textes de Tchekhov, Shakespeare, qui entremêle deux danses, le b-boying, et l’humoriste Zouc : une réflexion débri- ancré au sol, et le voguing, axé sur le jeu dée, poétique, follement inspirée, sur le de bras, pour évocation subtile de la ma- monde psychiatrique –tant celui des pa- © Romain-Etienne ternité. Mickaël Six part à la rencontre tients que des soignants. L’enfermement, Adrien Mondot et Claire Bardainne de Coré, déesse grecque, et croise danse les échappées imaginaires, la limite entre développent depuis plusieurs années des contemporaine, hip-hop classique et vidéo. normalité et folie, tout est abordé avec un créations qui hybrident l’univers choré- Beau métissage formel. magnifique brio par les quatre jeunes co- graphique à celui des arts numériques. médiens-circassiens dans une mise en Les performances sont chaque fois des 3 avril scène onirique. moments troublants, proposant au regard Théâtre de Grasse quelque chose de totalement nouveau. Ici, 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com l’interprète entre en interaction avec des motifs (des lettres, des quadrillages,...) mouvants, qu’elle anime en direct. Une fusion onirique entre programmation informatique et poésie.

24 & 25 mars Espace du Thiey, Saint-Vallier-de-Thiey © Anaïs Heluin 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com 2 & 3 avril Théâtre national de Nice 04 93 13 90 90 tnn.fr 76 au programme spectacles alpes-maritimes

Le jeu de l’amour et du hasard

Du sale ! We are Monchichi Suite du week-end hip-hop, avec la création Shihya Peng est née à Taïwan. Marco de Marion Siéfert, qui poursuit sa collection Di Nardo vient de Naples. L’une danse de rencontres avec des femmes puissantes, contemporain, l’autre hip-hop. Les accents qu’elle met en scène dans des situations se mélangent à la langue française, qu’ils entre théâtre documentaire et manifeste. Ici, ont appris sur le tas. Les clichés sont dé- © V. Arbelet © V. ce sont Original Laeti, rappeuse, et Janice zingués, on rit beaucoup des aventures de Bieleu, danseuse de popping qui racontent « À tort ou à raison, Marivaux m’apparaît ces deux interprètes au pays de Descartes. leurs rêves et cauchemars. C’est intime et comme un trait d’union entre Molière et Avec Fabrice Melquiot à la dramaturgie, percutant : deux vies qui se livrent, deux Musset. Ou comme un chaînon qui me ce spectacle de danse-théâtre en dit long femmes qui s’imposent. manquait », déclare le metteur en scène sur les frontières symboliques et la joie Benoît Lambert. Il est vrai que rien que le de les franchir pour mieux se réunir. (lire titre de ce marivaudage est un chef d’œuvre ! journalzibeline.fr) Les jeunes interprètes de cette pétillante pièce font honneur au chassé-croisé amou- reux le plus célèbre du théâtre classique, un texte virevoltant écrit en 1730, et qui n’a pas pris une ride.

26 mars Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr © Morah Geist Jacob's Pillow Dance 27 mars

© Willy Vainqueur © Willy Forum Jacques Prévert, Carros Romance 04 93 08 76 07 forumcarros.com 5 avril Théâtre de Grasse 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com 31 mars Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr

Flow C’est le flux Flow( ) du monde sauvage qui a inspiré les chorégraphes Katarzyna Gda- La violence des riches niec et Marco Cantalupo pour leur der- Stéphane Gornikowski a travaillé main © Marine Drouard nière création, présentée à Grasse pour dans la main avec les deux sociologues leur première française. Nuées d’oiseaux, Blexbolex est un magicien des images, des militants Michel Pinçon et Monique Pin- essaims d’insectes, bancs de poissons : sens qui se répondent, des associations çon-Charlot, spécialistes de la grande bour- autant de mouvements sculpturaux qui d’idées. Pour les petits de 3 ans, il crée des geoisie française, pour écrire ce spectacle portent les interprètes de la Cie Linga. Avec magnifiques, à la fois simples et mordant et drôle. Puisant dans l’impor- la musique jouée sur scène par le groupe délicieusement complexes, dont Romance tante production des deux scientifiques, Keda, qui mêle les sonorités du geomungo (2013, Albin Michel), que la SoupeCie adapte avec la mise en scène de Guillaume Bail- à l’électronique. pour la scène. Avec des découpages pro- liart, les répliques font résonner l’absur- jetés et manipulés en direct, les marion- dité des règles du jeu économique et fi- nettistes invitent à un voyage immersif, nancier, qui crée toujours plus d’inégalité au cœur d’une histoire rocambolesque. et d’injustice. Où la réflexion se mue en arme consciente contre cette violence qui 21 mars gangrène notre monde. Forum Jacques Prévert, Carros 04 93 08 76 07 forumcarros.com © Gert Weigelt 3 avril Forum Jacques Prévert, Carros 20 mars 04 93 08 76 07 forumcarros.com Scène 55, Mougins 04 92 92 55 67 scene55.fr au programme spectacles alpes-maritimes bouches-du-rhône gard 77

Killing robots De la nature de l’eau Pour ce second temps de lecture, Emma Mo- rin invite le musicien Ryan Kernoa à mêler les sons de sa guitare aux écrits de Léonard Éclipse de Vinci. Parmi les 7000 feuillets que le En 1967, Luigi Tenco, crooner italien, 29 maître a laissé, qui abordent une somme ans, disparaissait dans des circonstances incroyable de notions, Emma Morin choisit mystérieuses. Une formule qui enrobe le ceux qui traitent plus particulièrement de suicide d’un homme désespéré de ne pou- la nature et de l’eau. Une belle entrée dans voir se faire accepter dans le monde mer- ce que le peintre appelait « cette terrestre ©DR veilleux qu’il tentait de pénétrer. Katja machine ». C’est l’histoire d’un robot humanoïde, et Hunsinger s’empare de ce destin tragique pourtant, c’est une histoire vraie. En 2015, pour aborder la disparition, et le chagrin 28 mars HichBot créé au Canada, capable de com- de ceux qui restent. L’occasion de régler Musée de la Romanité, Nîmes muniquer avec l’homme et de prendre des quelques comptes, avec les outils du conte, 04 66 36 65 10 theatredenimes.com photos est lâché pour un road trip en au- dans une atmosphère qui transporte les tostop à travers les États-Unis. Mais voilà trois comédiens entre les années 60 et 80. qu’on le retrouve au bout de quelque temps Dalida for ever ! « assassiné » au bord de la route. Linda Demi-Véronique Blanchet (Cie Hanna R) a mené l’enquête Jeanne Candel (Collectif La vie brève) pro- sur ce premier meurtre de robot. Qui est pose une drôle d’aventure, où le specta- l’assassin ? Quel est le mobile ? Une ré- teur part à la découverte de l’imaginaire flexion sur la cohabitation avec les ma- des trois interprètes (la chorégraphe, Ca- chines intelligentes. roline Darchen et Lionel Dray). Sur la majestueuse Cinquième symphonie de 20 mars Gustav Mahler, ils « font jaillir tout ce que Théâtre de la Licorne, Cannes cette musique contient de fantômes qui nous 04 89 82 22 24 cannes.com © Jean-Louis Fernandez hantent ». Ainsi, dans une atmosphère quasi 18 & 19 mars surréaliste, les artistes nous emmènent 2 avril Odéon, Nîmes dans un pays inquiétant et passionnant, Théâtre Fontblanche, Vitrolles 04 66 36 65 10 theatredenimes.com 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr quelque chose qui ressemble à un passé où l’amour existait encore.

Hop là ! Far West Voilà un univers qu’on a peut-être encore jamais vu en danse : le far West. C’est bien pourtant le mythe de la conquête, de la peur et la découverte qu’aborde la Cie La Zampa. C’est sur la musique originale de Marc Sens que les six interprètes incarnent ce grand Ouest fantasmé, avec danses tri- bales et Slowpock (oui, il y a un mot pour

© Nathalie Sternalski décrire la démarche si caractéristique du Pascale Thévenon (Cie 1,2,3 soleil) s’est cow-boy !). Un ballet d’images ensorcelant. inspirée de l’album-jeu Prendre et donner © JeanLouisFernandez (Lucie Félix, éditions Les Grandes per- 1er avril sonnes) pour composer ce spectacle adressé Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes aux tout-petits (dès 2 ans) et leurs parents. 04 66 36 65 10 theatredenimes.com Marionnettes à doigts et à tiges côtoient le théâtre d’ombres, et le son remplace les mots. La souris Getulio se promène dans cet univers sensible, et appréhende la no- tion de contraire : prendre/donner, appa- raître/disparaître,... Tout se transforme, © Alain Scherer tout est possible. 25 mars Odéon, Nîmes 04 66 36 65 10 theatredenimes.com 4 avril Théâtre de la Licorne, Cannes 04 89 82 22 24 cannes.com 78 au programme spectacles hérault bouches-du-rhône var

Ce sera comme ça Nickel

Notre danse Mylène Benoit, plasticienne arrivée à la danse « sans doute pour des raisons poli- tiques » se pose la question de la choré- graphie comme un objet, déplaçable. Et si

© Olivier Pasquiers nous n’avions qu’une seule danse à empor- © Arthur Crestani Le metteur en scène Patrick Pineau a ter (sur une île déserte, bien sûr) ? Com- Créé par le Théâtre National Immatériel rencontré des jeunes habitantes de Se- mencer à y répondre, c’est cerner l’essence (Chalon-sur-Saône), Nickel est l'histoire vran (93) entre 8 et 16 ans et les a encou- même de la danse. « La danse pour penser d’un lieu, partition visuelle, dansée, tex- ragées à s’exprimer sans limites sur ce le monde et produire un geste collectif, un tuelle, où le temps passe très vite, depuis que pourrait être leur avenir. Si tout était acte collectif ». l’époque de l’extraction du nickel, à celle possible, que souhaiteraient-elles ? Leurs où l’usine est devenue un bar underground réponses ont été recueillies par l’auteure traversé par la vague du voguing, jusqu’à Claire Lasne-Darcueil qui en a tiré un un futur (proche), où des chasseurs-cueil- texte pour deux comédiennes. Un futur leurs y viennent récolter des champignons advient, pas si impossible que cela : il suf- poussés dans les ruines du capitalisme... fit d’y croire. Dès 9 ans. Avec 6 comédiens- performeurs ; résolu- ment décapant. 17 mars

Salle communale, Saint-Etienne-Vallée Française © Delphine Lermite 26 & 27 mars 17 au 19 mars Théâtre Jean-Claude Carrière, 18 mars Théâtre des 13 vents, Montpellier Domaine d’O, Montpellier Bibliothèque, Bessèges 04 67 99 25 00 13vents.fr 0 800 200 165 domainedo.fr

19 mars Foyer, Brignon Pólis Burning... 20 mars Emmanuel Eggermont propose d’expé- Julien Fournier (L’Habeas Corpus Cie), Salle des fêtes, Le Pradel rimenter concrètement l’« outre-noir » du seul sur scène, se démène, enchaine les 04 66 52 52 64 lecratere.fr peintre Pierre Soulages. Alors tout est noir : gestes inutiles, absurdes, comme un for- les costumes, les objets, la scénographie, cené. Au son, le texte et la voix de la poé- le plateau. Et peu à peu, on distingue le tesse Laurence Vielle, qui souligne ce vide La Galerie mouvement, la vie. Le chorégraphe, lar- qui se creuse. Burning est un spectacle de gement influencé par Raimund Hoghe, cirque documentaire qui aborde le pro- pousse le spectateur à découvrir cet ins- blème du burn out. Éclairant. tant créatif situé entre contemplation et Burning (Je ne mourus pas et pourtant nulle sensation intime. vie ne demeura)

19 & 20 mars Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 34 46 68 38 theatrejeanvilar.montpellier.fr © Loup William Th e berge © Loup William 24 mars Ils réussissent à allier la précision du Théâtre Durance, Château-Arnoux/Saint-Auban « show » à l’américaine et l’exigence du 04 92 64 27 34 theatredurance.fr contenu artistique propre au cirque contemporain européen : une sacré 26 mars Théâtre Fontblanche, Vitrolles prouesse ! Les sept acrobates de Machine 04 42 02 46 50 vitrolles13.fr de Cirque tournent leurs envolées spec- taculaires dans le monde entier, avec un 2 avril humour qui décoiffe et un goût du risque Auditorium Pôle culturel, Chabran qui donne des frissons. Détonnant ! 09 94 50 59 59 theatresendracenie.com 4 avril 31 mars & 1er avril Le Pôle, Le Revest-les-Eaux Le Cratère, Alès

© Jihj e Jung 04 94 98 12 10 le-pole.fr 04 66 52 52 64 lecratere.fr 24 au 26 mars 8 avril Théâtre des 13 vents, Montpellier Théâtre de Fos 04 67 99 25 00 13vents.fr 04 42 11 01 99 scenesetcines.fr au programme spectacles hérault bouches-du-rhône var vaucluse 79

T

L’éveil du Printemps Les enfants c’est moi En 1891 sortait un ouvrage tellement pré- Mais au fait, les adultes, ce sont tout sim- curseur et pertinent que Freud lui-même plement des enfants devenus grands, non ? salua ses qualités. Frank Wedekind en- Amélie Roman (avec des marionnettes) in-

voyait balader joyeusement, avec son Éveil © Anaïs Lleixa carne l’une de ces grandes personnes, qui du Printemps, les carcans de tous poils, et n’a pas oublié, elle, ce que c’est que l’enfance. livrait un tableau lumineux des troubles de Ce solo est né des premières recherches À tel point qu’au moment de devenir mère, la sexualité chez un groupe d’adolescents. (2008) personnelles de Jordi Galí autour tout remonte, et son monde imaginaire re- Sébastien Bournac (Cie Tabula Rasa) a ré- de l’objet. Artiste associé au Centre choré- fait surface. Beau et grinçant, drôle aussi, uni sept jeunes comédiens qui réincarnent graphique montpelliérain pour deux ans le spectacle de la Cie Tourneboulé creuse cette tragédie intemporelle. jusqu’en 2022, il propose une construction habilement les relations parents-enfants. délicate, complexe, où tout est question d’équilibre : un travail d’une extraordi- naire tension.

18 mars ICI-Centre chorégraphique de Montpellier 04 67 60 06 79 ici-ccn.com © Fabien Debrabandere © François Passerini 21 mars 31 mars & 1er avril Andando Centre culturel Léo Malet, Mireval Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 67 74 02 02 tmsete.com 04 34 46 68 38 theatrejeanvilar.montpellier.fr 26 & 27 mars Théâtre Jean Vilar, Montpellier 04 34 46 68 38 theatrejeanvilar.montpellier.fr Steve Jobs Le semi gourou d’Apple est aujourd’hui mort ; l’auteur Albert Lefranc mène alors une sorte d’autopsie pour mieux démonter São Paulo Dance Company cet étrange dieu contemporain. La création © Jean-Louis Fernandez Composée de jeunes danseurs et choré- de Robert Cantarella, où Nicolas Maury et Concert théâtral réunissant six comédiennes graphes qui ont très rapidement atteint un Cécile Fisera incarnent un Steve Jobs dans chanteuses, Andando célèbre l’œuvre de niveau international, la compagnie brési- tous ses états (ses colères, son cancer, ses Frederico García Lorca : Daniel San Pedro, lienne revient à Alès pour un programme de drogues, son pull à col roulé), symptôme sur la musique de Pascal Sangla, ancre trois pièces où ils pourront à nouveau expri- de notre contemporain, remet en jeu l’art le récit dans La maison de Bernarda Alba. mer leur technique et leur swing sud-amé- du théâtre, prisme révélateur. La mort, l’amour, l’engagement politique, ricain : Agora, de Cassi Abranches, L’oi- nous sommes bien chez Lorca, avec la pré- seau de feu, de Marco Goecke et Odisseia sence, entre autres, de Camélia Jordana de Joëlle Bouvier. Influences diverses au pour faire revivre l’âme et les rêves du service de la beauté et de l’émotion. grand écrivain.

17 mars Théâtre Molière, Sète 04 67 74 02 02 tmsete.com

© Marc-Antoine Serra 20 mars 26 mars Théâtre de l’Olivier, Istres Théâtre de la Vignette, Université 04 42 56 48 48 scenesetcines.fr Paul-Valéry, Montpellier © Clarissa Lambert 04 67 14 55 98 theatrelavignette.fr 3 & 4 avril 24 & 25 mars Châteauvallon - Scène Nationale, Ollioules Théâtre Molière, Sète 04 94 22 02 02 chateauvallon.com 04 67 74 02 02 tmsete.com

5 avril L’Autre scène, Vedène 04 90 31 07 75 lautrescene.com 80 au programme spectacles hérault musique bouches-du-rhône

Belles et bois

Dans ton cœur The tragedie of Dido La Cie Akoreacro détourne les poncifs de La vidéaste Juliette Deschamps s’empare la vie domestique, et, avec la mise en scène du mythe de la reine Didon, fondatrice de de Pierre Guillois, ça déménage ! Les huit Carthage, après avoir fui la Phénicie. Avec acrobates et quatre musiciens empoignent The Tragedie of Dido, l’artiste brosse, par © DR les frigos qui valsent, les machines à laver une série de vidéos réalisées à Carthage, ne savent plus dans quel sens tourner, bref, La Belle au Bois dormant, vous connais- un portrait contemporain de celle qu’Énée c’est de la pure folie ! Faire le ménage dans sez ? Oui, bien sûr, mais quelle version ? abandonna. Le merveilleux pianiste Paul ces conditions, cela tient de la haute vol- Emmanuelle Vo-Dinh et David Monceau Lay ourle de la poésie de ses compositions tige ! Un spectacle qui sait toucher là où réunissent et mélangent toutes les approches les images où apparaissent les jeunes Tu- ça fait (un peu) mal. de ce conte (de Perrault ? de Grimm ? de nisiens qui interprètent les différents rôles Disney ?). Quatre interprètes mènent la de la tragédie. Envoûtant ! danse, se trompent dans la chronologie, les styles, les rythmes, et créent un uni- vers tout nouveau où il est encore permis de tout inventer.

17 mars Scène de Bayssan, Béziers 04 67 28 37 32 heraultculture.fr

69 minutes pour s’aimer

© Richard Haughton quand même © Juliette Deschamps

26 au 29 mars 7 avril Espace chapiteau, Frontignan la Peyrade Théâtre La Criée, Marseille 04 67 74 02 02 tmsete.com 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

Le quai de Ouistreham La diva sans voix La grande reporter Florence Aubenas avait « Mandaté par l’Opéra de Marseille et Pôle ouvert les yeux de la plupart d’entre nous emploi » suite aux « nouvelles directives mi- en livrant le récit de son enquête auprès nistérielles », le récitant, Olivier Pauls, s’en des femmes de ménage. Elle avait tait son donne à cœur joie, « dynamise sans dy- identité de journaliste, et avait pendant namiter » Stéphane Coutable (basson), 3 mois mené la même vie que celle dont Benjamin Clasen (alto), François Tor- elle allait décrire le si difficile quotidien. resani (violoncelle) qui interprètent dans Louise Vignaud adapte cet ouvrage indis- une ambiance potache les airs trouvés pensable, avec Magali Bonat qui incarne « trop niais » par une diva qui ne viendra © DR. ces femmes de l’ombre. pas… Jubilatoire entre Bizet, Verdi, Rossini Quatre grands noms dans ce spectacle écrit, et d’autres ! 1er avril mis en scène par Isild le Besco, qu’elle joue Le Piano Tiroir, Balaruc-les-Bains avec Charlotte Rampling, Elodie Bou- 21 mars chez et Lolita Chammah. Transposition Foyer de l’Opéra, Marseille 2 avril à la scène du roman poignant de la comé- 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr Centre Nelson Mandela, Loupian dienne, qui parle de femmes, d’enfance, d’effroi, en danse, musique et vidéos. 69 3 avril Salle Marcelin Albert, Montbazin minutes de performance corporelle. Spec- tacle coproduit avec Hérault Culture - Scène 4 avril de Bayssan. La Passerelle, Sète 26 mars 04 67 74 02 02 tmsete.com Scène de Bayssan, Béziers 04 67 28 37 32 heraultculture.fr au programme musique bouches-du-rhône 81

Adrienne Lecouvreur Sacrée musique

Schubert en miroir L’Ensemble Musicatreize accompagné d’un quintette à cordes, propose sous la houlette de Roland Hayrabédian un concert en diptyque où les Amours sido- niennes du contemporain Michel Petros- Ermonela Jaho © DR Marselha ensemble © X-DR sian répondent au Chant des esprits sur les L’opéra de Francesco Cilea s’appuie sur un eaux de Schubert. Ici, une inscription sur L’Ensemble Marselha, composé de Lucile livret d’Arturo Colautti d’après la pièce de un vieux tombeau évoquerait un message Pessey (soprano), Sterenn Boulbin (so- Scribe et Legouvé, inspirés par la vie de laissé par deux amants, là, une invitation prano), Thomas Barnier (ténor), Maxime l’actrice Adrienne Lecouvreur (Ermonela onirique aux adieux. Cette double médita- Marchand (contre-ténor) et Jean-Bernard Jaho). Aimée du maréchal de Saxe, Mau- tion aux accents graves sera précédée d’un Arbeit (baryton-basse), rejoint le CALMS rice (Sébastien Guèze), elle fut peut-être, lever de rideau par de jeunes interprètes pour un concert a capella, voyage dans le comme le pensa Voltaire qui l’appréciait de l’IESM à Marseille. répertoire de la musique sacrée (d’Arvo Pärt aussi, empoisonnée par sa rivale la Du- à Brahms). Outre le bonheur d’écouter de chesse de Bouillon (Sonia Ganassi). Par- superbes musiciens, vous lutterez contre tition brillante dirigée par Paolo Arriva- l’illettrisme, nouvelle branche d’actions de beni dans une mise en scène de Davide la Croix-Rouge Marseille à qui 100% de la Livermore. recette sera reversée.

24 au 31 mars 28 mars Opéra, Marseille Grand Hall de la bibliothèque 04 91 55 11 10 opera.marseille.fr de l’Alcazar, Marseille calms-france.fr © A. Loubert 10 avril Salle Musicatreize, Marseille Lischen et Fritzchen 04 91 00 91 31 musicatreize.org De Chœur à cœur

Auscultations La danse s’invite au PIC. Fantaisie musi- cale et chorégraphique, Auscultations, après une résidence (30 mars au 5 avril), réunit deux musiciens performers et trois dan- seurs musiciens : Aurélien Arnoux (gui- tare, voix parlée, chantée, danse), Marie Les petits chanteurs de la Major © X-DR

Xavier Mauconduit © 2020. Han & Teacup Bosque (danse, bandonéon), Fabien De- Les grandes comédies musicales revivent On dit qu’Offenbach composa cette opé- lisle (danse, guitare, voix parlée, chantée), grâce aux voix des 40 petits chanteurs de la rette en une semaine à la suite d’un pari Mélanie Loisel (contrebasse, voix parlée, Major dirigés par Rémy Littolff. Ils par- avec un ami. Cette fantaisie alsacienne en chantée, danse), Geneviève Sorin (danse, courront le répertoire de West Side Story, un acte met en scène le jeune Fritzchen accordéon, voix parlée, chantée). Frontières Cats, Le Magicien d’Oz, Mary Poppins, Le (Xavier Mauconduit), renvoyé sous pré- abolies entre les genres pour un art total Roi Lion (…) aux côtés de la soprano Da- texte qu’il ne parle pas bien le français, et c’est très beau. vina Kint. Éblouissements dus au CALMS et la belle Lischen (Louise Pingeot) qui qui organise ce concert dont la recette sera rentre aussi dans son Alsace natale, déçue 5 avril reversée intégralement à l’association Res- de Paris. Aucun ennui entre lettre, recon- PIC, L’Estaque tart (contre l’isolement des malades et le naissances et happy end, sous la houlette 04 91 43 10 46 ensemble-telemaque.com soutien des personnes ayant eu une greffe de Jean-Christophe Keck et le piano de de moelle osseuse). Diego Mingolla, le tout assorti d’un bel accent alsacien ! 4 avril Auditorium de la Maison des Arts, Cabriès 5 avril calms-france.fr Odéon, Marseille 04 96 12 52 70 odeon.marseille.fr 82 au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse

Requiem Mozart La femme samouraï

Café Zimmermann La claveciniste Céline Frisch et le violoniste Pablo Valetti, codirecteurs artistiques et fondateurs de l’Ensemble Café Zimmer-

mann, conjuguent leur maestria et leur © DR finesse interprétative sur des partitions de © Christophe Abramowitz Jean-Sébastien Bach, Francesco Antonio Est-ce la figure de Tomoe Gozen (XIIe À la tête de l’Orchestre Philharmonique Bonporti (prêtre, violoniste et composi- siècle) qui hante l’œuvre de Pierre Thil- de Radio France, l’inclassable soprano et teur baroque italien), Johann Georg Pisen- loy co-commandée par l’Orchestre Régio- cheffe d’orchestreBarbara Hannigan, en- del (compositeur baroque allemand), Carl nal Avignon-Provence ? Peu importe, les tourée des talentueux solistes Elizabeth Ka- Philip Emanuel Bach, Wilhelm Friedemann femmes samouraï ont bel et bien existé, rani (soprano), Kate Howden (mezzo-so- Bach, avant de clore le concert sur une so- portant en elles les valeurs d’une maîtrise prano), Elgan Lyr Thomas (ténor), Yannis nate de Mozart, à la frontière des genres. absolue du corps et de l’âme, ainsi que François (basse) et du Chœur de Radio celles d’une déesse solaire. Envoûtante, France (direction Martina Batic), livrera cette création mondiale dirigée par Gast son approche fine de Djamila Boupacha de Waltzing convoque les tambours de Fa- Luigi Nono, la Symphonie 49 en fa mineur, bien Kanou-Taiko, les arts scéniques de La Passion, de Haydn, Freide auf Erden Masato Matsuura, la danse et la peinture de Schoenberg et le Requiem de Mozart. de Yon Costes. Somptueux ! Celine Frisch © C e line 20 mars 24 mars 28 mars Opéra Confluence, Avignon Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence Chapelle de la Consolation, Aix-en-Provence 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr 08 2013 2013 lestheatres.net Réservations en ligne cafe-zimmermann.com

Trio Wanderer

Le Bourgeois gentilhomme Quatuor Modigliani Ils ne comptent plus leurs prix interna- tionaux, réunis en quatuor depuis 2003, Amaury Coeytaux, Loic Rio (violons), Laurent Marfaing (alto), François Kief- fer (violoncelle), arpentent les scènes du monde entier, interprétant les œuvres du répertoire, classiques et contemporaines avec le même bonheur. Ils proposeront une soirée tout en finesse avec des œuvres de © Marie Clauzade Debussy, Quatuor à cordes en sol mineur Jérôme Deschamps rend son faste à la co- opus 10, Saint-Saëns, Quatuor à cordes n°1 médie-ballet de Molière et Lully, où théâtre, en mi mineur opus 112 et une création com- danse et musique se mêlent avec une élé- posée pour eux par Philippe Hersant, Pièce. © DR gance et une inventivité dignes de char- On ne les présente plus, Vincent Coq (piano), mer le Roi Soleil et sa Cour, dont les nobles Jean-Marc Phillips-Varjabédian (violon), moquent le bourgeois, sans doute plus riche Raphaël Pidoux (violoncelle). Le Trio Wan- qu’eux, mais sans titres, que Monsieur derer sait se glisser avec maestria dans Jourdain cherche avec naïveté et aveugle- tous les répertoires. On aura le privilège ment à posséder pour être digne de l’amour de les entendre dans des œuvres de Rach- d’une belle marquise aux « beaux yeux »… maninov, palette colorée du Trio élégiaque n°1 en sol mineur, Schumann, harmonies 27, 28 & 29 mars complexes du Trio en ré majeur opus 63, Grand Théâtre de Provence, Aix-en-Provence Beethoven, « impérieuse plénitude » de son 08 2013 2013 lestheatres.net ultime Trio en si bémol majeur opus 97, dit

© Luc Braquet Archiduc (dédié à l’Archiduc Rodolphe). 18 mars Opéra Confluence, Avignon 4 avril 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr Opéra Confluence, Avignon 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr au programme musiques var alpes-maritimes hérault 83

Les Préludes de Debussy Dans le cadre d’une résidence des artistes au Lycée Dumont d’Urville, les pianistes Frantz Baronti et Bertrand Massei ainsi South Pacific que la conférencière Coline Miallier pro- Piano séries V : Poulenc Richard Rodgers (La Mélodie du bonheur) posent un concert consacré aux Préludes installe sa comédie musicale, South Paci- de Debussy, au nombre de 24 en hommage fic en pleine Seconde Guerre mondiale, aux 24 Préludes de Chopin. Sommet de sur deux îles du Pacifique. Nellie Forbush la musique impressionniste, ces œuvres (Emma Williams) est infirmière, mais nous convient à un voyage où défilent pay- repousse le propriétaire-planteur Émile sages rêvés, et personnages fantasmago- de Becque (Maxime de Toledo) dont elle riques issus des légendes du monde. En- est pourtant éprise, le lieutenant Joe Cable voûtantes fééries… (Jonathan Winsby) se refuse au mariage avec la belle Liat (Yu Yingqing)… Sous la 19 mars Nicolas Stavy © Jean-Baptiste Millot houlette de Larry Blank dans une mise Lycée Dumont d’Urville, Toulon Raretés au programme de cette soirée grâce en scène d’Olivier Bénézech. Première 04 94 18 53 07 festivalmusiquetoulon.com au subtil pianiste qu’est Nicolas Stavy avec française. le Concerto pour piano de Poulenc et son inénarrable final inspiré d’un negro spiri- 27, 29 & 31 mars Grand piano tual entre rythme de matchiche brésilien Opéra de Toulon et french-cancan ! Ensuite, l’Orchestre de 04 94 92 70 78 operadetoulon.fr Cannes sous la direction de Charles Oli- vieri-Munroe proposera l’étonnant bal- let-pantomime d’Albert Roussel inspiré des travaux de Fabre, le Festin de l’Arai- Rivages gnée, puis la dense Symphonie n°2 en la Programme onirique pour l’Orchestre de mineur de Saint-Saëns. l’Opéra de Toulon dirigé par Jurjen Hem- pel accompagné de la mezzo-soprano Fleur 20 mars Barron : Le Cygne de Tuonela de Sibelius Théâtre Croisette, Cannes ouvrira la soirée, nous entraînant à la suite 04 92 98 62 77 orchestre-cannes.com du héros du Kalevala, Lemminkäinen, qui partit apprendre les secrets de la mort et tenta de tuer le cygne sacré de l’île de la Falstaff mort. Puis, le Poème de l’Amour et de la Le dernier opéra-bouffe de Verdi s’inspire Mer d’Ernest Chausson, qui voit la mort de la pièce de Shakespeare, Les Joyeuses de l’amour, comme « le temps des lilas et Commères de Windsor mêlées à quelques (…) des roses », avant la sublime Sympho- fragments de son Henry IV dans le livret nie n°2 de Johannes Brahms. d’Arrigo Boito. On y voit le gros, vieillis- sant et concupiscent Falstaff Bruno( Tad- Nelson Goerner © Marco Borggreve dia) berné avec malice, (il n’est d’ailleurs Nelson Goerner propose un voyage au cœur pas le seul à l’être !), et tout finit dans la de partitions intenses : la série enluminée bonne humeur avec les mariages réellement de Blumenstück de Schumann, la subtile souhaités, sous la houlette bienveillante de Sonate en fa mineur n°3 opus 5 de Brahms, Michael Schønwandt dans une mise en Funérailles (Harmonies poétiques et reli- scène de David Hermann. gieuses) et Les jeux d’eau à la Villa d’Este (Années de pèlerinage) de Liszt, rêveries et acrobaties virtuoses, enfin, Métamorphose symphonique sur la « Vie d’artiste » de Jo- hann Strauss par Leopold Godowsky ce pianiste dont les transcriptions font frémir

Fleur Barron © Victoria Cadisch Fleur Barron © Victoria les interprètes tant elles sont difficiles, (ce 3 avril qu’il niait absolument !). Opéra de Toulon 04 94 92 70 78 operadetoulon.fr 6 avril Palais Neptune, Toulon 04 94 18 53 07 festivalmusiquetoulon.com © DR. Bruno Taddia 15 au 22 mars Opéra Comédie, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr 84 au programme musiques gard hérault

La Folle nuit Sol Gabetta 2020 célèbre le 250e anniversaire de la nais- & Bertrand Chamayou sance de Ludwig van Beethoven. Au Théâtre On ne vantera jamais assez le bien des de Nîmes, une Folle Nuit concoctée par académies ! C’est à l’une d’entre elles, en René Martin lui rend hommage en quatre Suisse, il y a environ 20 ans qu’une solide concerts de haute volée. Mathilde Calde- amitié a lié la violoniste Sol Gabetta et le rini (flûte traversière) etSylvain Blassel pianiste Bertrand Chamayou. Voici réunis (harpe) proposeront les Sonates 4 (en si bé- ces deux grands solistes sur un répertoire mol majeur Anh.) et opus 17 (en fa majeur) de musique de chambre romantique, qui ainsi que les Variations sur des airs popu- Mathilde Calderini © mathildecalderini parcourt des œuvres sublimes de Robert laires opus 107 en extraits. Puis, Tanguy dans la nuit avec l’accordéon de Félicien Schumann, (Cinq pièces dans le ton popu- de Williencourt (piano) interprètera des Brut aux côtés du Quatuor Hermès et de laire), Beethoven (Sonate pour violoncelle « tubes » dont la « Pathétique », l’incontour- la contrebasse d’Édouard Macarez, pour et piano n°3 en la majeur), Chopin (Sonate nable Bagatelle « Für Elise », et la « Sonate au neuf créations de neuf compositeurs dif- pour violoncelle et piano en sol mineur). Clair de lune ». Le Trio Karénine prendra le férents qui se sont, chacun, inspirés d’un relais pour trois pièces lumineuses, la So- élément caractéristique de la musique de nate pour violon et piano n°5, Le Printemps, Beethoven. les Variations pour violoncelle et piano sur « Bei Männern welche Liebe fühlen » de La 28 mars Flûte enchantée de Mozart, enfin leTrio pour Théâtre Bernadette Lafont, Nîmes piano et cordes n°5, Les Esprits. On entrera 04 66 36 65 00 theatredenimes.com B.Chamayou © Marco Borggreve-Erato

31 mars Le Corum, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr

Les Ombres La Pathétique L’ensemble baroque Les Ombres, dirigé L’Orchestre national Montpellier Occi- par Margaux Blanchard, nous propose Roméo et Juliette tanie dirigé par Gergely Madaras livrera en diptyque un florilège d’œuvres de Vi- son interprétation inspirée du chant du valdi, dont la Sinfonia de L’Olimpiade RV725 cygne de Tchaïkovski, la Symphonie n°6 (ou les enjeux amoureux d’une compéti- en si mineur, dite La Pathétique, compo- tion sportive dans l’Olympie antique), son sée en 1893, année de la mort du compo- Concerto pour flûte en sol majeur (avec Syl- siteur. Certains y virent un écho de la fin vain Sartre, flûte), et des pièces de celui de Mozart lors de la composition de son qui fut considéré comme le meilleur vio- Requiem. Auparavant, on aura découvert loniste de son temps, Jean-Marie Leclair, une prodige de l’accordéon, Ksenija Si- Ouverture et Concertos avec en soliste le dorava en soliste pour la fantaisie pour violoniste Théotime Langlois de Swarte. accordéon et orchestre de Václav Trojan, Contes féériques. La magie est dans l’air. Jean-François Borras © Youness Taouil Youness Jean-François Borras ©

En cinq actes, l’opéra de Gounod reprend

© N. Perrier Stefanovitch la tragique histoire des amants de Vérone. 19 mars Voici Mercutio (Guillaume Andrieux), l’air à Opéra Comédie, Montpellier propos de la Reine Mab, la scène du balcon, 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr les adieux, les terrifiantes rivalités entre les Capulet et les Montaigu, l’amour en- fin, entre les jeunes gens, Juliette Capulet Gergey Madaras © Marco Borggreve (Vannina Santoni) et Roméo Montaigu 9 avril (Jean-François Borras), sacrifiés aux haines Opéra Berlioz, Montpellier familiales… Un pur chef d’œuvre sous la 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr direction de David Reiland.

26 mars Opéra Berlioz, Montpellier 04 67 601 999 opera-orchestre-montpellier.fr au programme musiques hérault bouches-du-rhône alpes 85

Zoppa

Caligula delirante Yuma Héritiers de la révolution tunisienne, le duo Yuma livre des rhapsodies entre anciens mystiques orientaux, folk-soul acoustique, férocité du blues du désert et fébrilité de la musique néo-arabe alternative. Sabrine Jenhani vient du folk, de la musique acous- tique et des Beaux-Arts. Ramy Zoghlami du rock, du hip-hop, de l’électro et du ci- néma. Yuma prend le parti d’une poésie © Maroussia Podkosova © DR. amoureuse, sur le chemin de la libération. Vincent Dumestre exhume de trois siècles Kalliroi Raouzeou et Sylvie Paz forment d’oubli un opéra vénitien du XVIIe signé ce duo où les inspirations grecques et 10 avril Giovanni Pagliardi à propos de l’empereur hispaniques se mêlent avec intelligence, sous Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com fou Caligula, et ajoute à la mise en doute du l’égide des échos phoniques, intonations, réel baroque, « la vie est un songe », l’art des phrasés, prononciations. Des chansons marionnettes siciliennes de Mimmo Cu- « échopoétiques » en deux langues, portées ticchio, dans une mise en scène poétique par les vers de Borges, Neruda ou Pes- d’Alexandra Rübner. Trahisons, passions, soa, auxquels se joignent des textes issus Riccardo Del Fra folie, ambitions, reconnaissances, quipro- des traditions populaires. Un avant-goût quos, tout est là pour un spectacle magique, de leur premier album Topographia dont magnifié par la musique et la magie des nous reparlerons. personnages de bois… Un petit bijou ! 26 mars 28 mars Cité de la Musique, Marseille Théâtre Molière, Sète 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com 04 67 74 02 02 theatredesete.com © Christian Ducasse Musicien majeur de la scène jazz fran- Paroles de Méditerranée La Nuit des griots çaise et internationale, le compositeur et Originaire du Burkina-Faso, Kady Diarra contrebassiste Riccardo Del Fra, entouré propose un spectacle où se mêlent la sen- de quatre jeunes musiciens qui furent ses sualité des musiques du Sahel et l’éner- élèves, puise aux sources du jazz américain gie festive des percussions africaines. Les dans les titres emblématiques de l’Ameri- quatre Algériennes de Tighri Uzar font can Songbook. Au menu : Gershwin, Por- vivre un patrimoine ancestral de chants ter, Rodgers, Kern. kabyles traditionnels. Auteur, compositeur et joueur de kora, Djeli Moussa Condé a 25 mars collaboré avec Manu Dibango, Salif Keïta, Salle Musicatreize, Marseille Mory Kante, Alpha Blondy, Césaria Evora… 04 91 00 91 31 musicatreize.org 26 mars © Frederic Pauvarel Salle polyvalente, Réallon Poètes syriens, libanais, algériens, espa- gnols sont à l’honneur pour ce deuxième 27 mars volet de Vers la lumière. Des textes dits et Salle des fêtes, Bréziers chantés par Philippe Gastine, comme des 28 mars mots d’amour glissés au creux de l’oreille. Maison de pays les Sérigons, Au chant également, compositeurs et mu- La Roche des Arnauds siciens aussi, Fouad Didi (oud, violon) et Anne Derivière-Gastine (piano) habillent Dupr e Kady Diarra © Veronique 29 mars 2 & 3 avril Maison de la Vallée, Pont du Fossé les poèmes méditerranéens de musiques 09 82 20 10 39 festivaldechaillol.com originales d’inspiration arabo-andalouse. Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com

14 mars Cité de la Musique, Marseille 04 91 39 28 28 citemusique-marseille.com 86 au programme musiques bouches-du-rhône

Andy Emler Pablo Held Trio

Ahamada Smis Sortie de résidence pour Ahamada Smis qui termine son 4e album, Air, dans lequel le slameur et multi-instrumentiste d’héri- tage comorien navigue entre rythmes tra- ditionnels de l’Océan Indien, hip-hop, soul et chanson. Aux dzenzé (harpe artisanale) et gabouss (luth), Smis est également ac- compagné du bassiste américain Reggie Washington, du percussionniste como- rien Ibrahim Mfougoulié et du Marseil- © DR © Sylvain Gripoix lais Yul à la batterie. Créé il y a déjà plus de treize ans, le trio Pour célébrer les 30 ans du MegaOctet, du pianiste Pablo Held arrive aujourd’hui ensemble de référence du jazz européen, à maturité, fort de collaborations presti- Andy Emler réunit huit musiciens et les gieuses, avec notamment le guitariste amé- solistes Nguyên Lê et Médéric Collignon. ricain John Scofield. C’est un autre guita- Ils interprètent des morceaux incontour- riste dont la notoriété dépasse largement nables de leur histoire, tout en faisant une nos frontières qui est le deuxième invité

place de choix aux solos de chacun. Avec © DR dans ce dernier projet : le franco-brésilien l’énergie du rock et le groove du jazz, le 17 mars Nelson Veras. Son jeu atypique mêle tech- MegaOctet émerveille par sa musique vir- Espace Julien, Marseille nique classique et liberté du jazz. tuose, jamais sérieuse qui explose vérita- 04 91 24 34 10 espace-julien.com blement sur scène. 26 mars Le Cri du Port, Marseille 04 91 50 51 41 criduport.fr 17 mars Théâtre du Gymnase, Marseille Arno 08 2013 2013 lestheatres.net Le poète rock belge fête ses 70 ans avec l’album Santeboutique et une tournée ma- rathon éponyme. À chaque apparition sur Sidi Wacho Soirée tango scène, Arno laisse un souvenir empreint de révolte, d’euphorie et d’émotion. Ses mélodies, sa voix écorchée, son accent, sa poésie brute et sa folie douce en font un des personnages les plus poignants et in- dispensables du patrimoine musical fran- cophone. L’intimité du lieu ne rendra la rencontre que plus intense. © Fredo Mat © Aucepika Ils sont originaires de Valparaíso, de Rou- Le trio formé par Magali Rubio avec ses baix, de Lima et de Barbès, mais reven- complices Marcel Atienzar et Jean-Marc diquent être partout chez eux. Nomade et Sourd se pose comme un groupe atypique, rebelle, la caravane Sidi Wacho propose décalé, flirtant volontiers avec le free jazz. une ambiance cumbia et hip-hop entre Plaisir d’inverser les nuances, de changer envolées orientales et rythmes des Balk- les tempi, il créé un espace de liberte d’où ans. Deux MC’s, un trompettiste, un accor- nait un esprit de creation fantaisiste et ins- déoniste et un percussionniste mixent les pire. Apres leur concert, une piste de danse sonorités et les dialectes tandis que leur attend les amateurs de tango a joindre au nouvel album, Elegancia Popular, a inévi- tempo musical le mouvement des corps. tablement été nourri par les contestations sociales, de Santiago aux Gilets jaunes. 4 avril

Théâtre Nono, Marseille © Danny Willems 27 mars 04 91 75 64 59 theatre-nono.com 11 avril Le Makeda, Marseille Espace Julien, Marseille lemakeda.com 04 91 24 34 10 espace-julien.com au programme musiques bouches-du-rhône hérault 87

Tio Manuel

Cléa Vincent Moon Hooch Cléa Vincent vient de l’école rigoureuse Ils ne sont pourtant que deux saxophonistes du conservatoire, de l’apprentissage du et un batteur. Mais quand leurs prestations piano et du jazz, dont elle s’est éloignée sur les quais de métro de New York ont pour s’immerger dans la pop. Un genre © DR transformé des stations en soirées dan- qu’elle représente à la perfection avec ses Tio Manuel n’est pas un inconnu pour qui santes, le trio en a été banni par la police. textes faussement légers, francs et inspi- suit le rock made in France. Manu Cas- Aujourd’hui, ils remplissent les salles du rés, ses mélodies aux accroches imparables. tillo est un membre historique de Wun- monde entier. Hypnotisant et musclé, leur Plantant un décor néoromantique, l’album derbach, emblématique groupe de punk son groove techno mélange musicalité et Nuits sans sommeil installe un univers rock des années 80 aux côtés de La Souris gaité. Fait rare, leur dernier album Life dansant et sensuel. Déglinguée et d’Oberkampf. L’eau a coulé on Other Planets procure la même éner- sous les ponts et Tio Manuel s’est rangé au gie que sur scène. blues et à la guitare acoustique. Une gui- tare, une voix, un harmonica et un Dobro pour toute signalétique. Il n’en faut pas plus pour déclencher l’émotion.

26 mars Le Molotov, Marseille 06 33 63 48 57 lemolotov.com © Kamila k Stanley

3 avril © Jon Tresko Le Makeda, Marseille 26 mars lemakeda.com Les Sales Majestés Le Moulin, Marseille 04 91 06 33 94 lemoulin.org 4 avril Rockstore, Montpellier 04 67 06 80 00 rockstore.fr

Cyril Mokaiesh Cyril Mokaiesh revient avec Paris-Beyrouth, Chapelier Fou écrit, composé et produit entre la France Entre musique minimaliste, electro, hip- et le Liban, où est né son père. L’album, hop instrumental et musiques du monde, électro et oriental, associe instruments Chapelier Fou est hybride par essence. Dix électroniques et cordes traditionnelles. ans après son premier EP, il sort son projet L’Orient n’y est pas un décor mais la ma- le plus ambitieux et tente de surplomber tière. Un chemin spirituel, personnel et une discographie pourtant irréprochable. politique dans lequel le chemin n’apporte Et revient pour défendre sa vision ambi- pas l’évidence d’une lumière mais la cer- tieuse, personnelle et ludique de la scène. titude que la lumière se déplace avec celui Comme d’habitude, on se laisse embarquer qui chemine. sans soupçonner que le voyage sera plus tumultueux qu’il n’y parait. © Morgane Guilbaud Musicalement influencées par le punk an- glais de la première génération, Les Sales Majestés dépeignent le quotidien insup- portable des exclus du système et le cy- nisme des classes dirigeantes. Dans des textes sans concession, le groupe appelle au réveil des consciences sociales. Adeptes du « do it yourself », le principe même du © Marie Minair punk, ils sont depuis toujours entièrement 2 avril © DR indépendants et producteurs de tous leurs Le Moulin, Marseille 04 91 06 33 94 lemoulin.org 4 avril albums. Le Makeda, Marseille lemakeda.com 27 mars Le Molotov, Marseille 06 33 63 48 57 lemolotov.com 88 au programme musiques bouches-du-rhône hérault

Carte blanche à Bruno Allary

Nicola Cruz Devenir Jeune Fils de parents équatoriens, Nicola Cruz Ils ont démarré à trois, puis progressive- compose ses chansons étape par étape, ment sont arrivés à neuf. Devenir Jeune, instrument par instrument. Explorant les c’est une bande de musiciens qui courent cultures indigènes sud-américaines, le DJ de salles de spectacles en festivals. Un col- nourrit sa musique des racines vivantes lectif qui joue une musique de rue moderne, et des rituels chamaniques. Une ballade au son brut et aux accents de fête, avec des entre percussions, ancêtres et spiritualité arrangements brillants d’élégance. De cet qui propulsent des rythmes oubliés dans esprit du plein air, ils ont gardé la notion le 21e siècle. Sont aussi de la fête les Mar- d’espace et de mouvement. Ça chaloupe, seillais de Lugal Lanbada et Tropicold. ça danse, ça électrise, ça chante en chœur. © Muriel Despiau

Pour fêter le 20e anniversaire de la Com- pagnie Rassegna, son directeur artistique propose une soirée constellée d’invités. Au programme, le prestigieux conteur réno- vateur du genre Jihad Darwiche, Maxime Merlandi de l’ensemble polyphonique corse de Barbara Furtuna, Cesare Mattina, chan- teur, sociologue et enseignant-chercheur en Courir Les Rues & Sa Band' © D. Chauvin

© DR science politiques napolitain et DJ Boucané, spécialiste des musiques de l’Océan Indien. 18 mars 9 avril Théâtre Comoedia, Aubagne Le Cabaret Aléatoire, Marseille 2 avril 04 42 18 19 88 aubagne.fr 04 95 04 95 09 cabaret-aleatoire.com L’Éolienne, Marseille 04 91 37 86 89 leolienne-marseille.fr

Hypnotic Brass Ensemble Lise Viricel Trio Avec un bel héritage musical jazz, les huit Lise Viricel, Parsival Castro et Flore Seube Moodie Black fils du trompettiste Phil Cohran forment invitent à une plongée intime dans la mu- la plus intéressante fanfare tendance hip- sique baroque des XVIe et XVIIe siècles. hop du moment. Les concerts du Hypnotic L’ensemble livre une exploration musicale Brass Ensemble sont des purs moments érudite entre Italie, Angleterre et Allemagne. de fête, d’entrain et de célébration. Entre Au fil de la voix, de la viole de gambe, du fanfare et brass band, le groupe redonne luth ou du théorbe, un monde surgit avec vie au jazz des années 60/70, en lui in- ses audaces mélodiques, ses rythmes sa- sufflant des influences funk, r’n’b et soul. vants, ses ornementations foisonnantes et ses variations entre profane et sacré.

© DR

Avec un son unique à la croisée d’un noise- rap, de coldwave et de noise addictives, le duo américain Moodie Black est de retour avec Fuzz, nouvel album très frontal et dis- tordu. Les textes fustigent les violences à

l’encontre des personnes transgenres, K © DR. Death, rappeur et principal compositeur 27 mars du groupe ayant entamé une transition. 6Mic, Aix-en-Provence 6mic-aix.fr Les Marseillais de Postcoïtum et les Al- pins de Golden Fangs viennent complé- 5 avril © Antonin Sumner ter le plateau. Rockstore, Montpellier 18 mars 04 67 06 80 00 rockstore.fr L’Éolienne, Marseille 28 mars 04 91 37 86 89 leolienne-marseille.fr L’Embobineuse, Marseille 04 91 50 66 09 lembobineuse.biz au programme musiques bouches-du-rhône 89

Blick Bassy Mohs

Les Amazones d’Afrique C’est autour de la lutte en musique et un désir d’égalité que Mamani Keïta, Oumou Sangaré et Mariam Doumbia, artistes-ac- tivistes maliennes, ont créé en 2014 Les

Amazones d’Afrique. Étoffé par d’autres © Sofi Nadler voix féminines du continent, le collectif À l’origine du groupe Mohs, il y a l’envie sort Amazones Power. Un brûlot contre du trompettiste Zacharie Ksyk et du gui- les violences faites aux femmes, des mu- tariste Erwan Valazza de créer leur propre tilations génitales aux mariages forcés. univers. Les ont rejoints Gaspard Colin

© 2018 Justice Mukheli à la basse et Nathan Vandenbulcke à la Le folk-singer camerounais Blick Bassy batterie. Se référant autant à Shai Maes- aborde un pan méconnu de son pays d’ori- tro qu’à Philip Glass, ces quatre musiciens gine à travers l’histoire de Ruben Um Nyobe, à l’esthétique minimaliste proposent un père oublié de l’indépendance. Accompa- son organique et aérien, passant sonorités gné par le violoncelliste Clément Petit, le électroniques et acoustiques au prisme de tromboniste Johan Blanc et le trompettiste l’improvisation. et claviériste Alexis Anerilles, il présente la version scénique du remarquable 1958. 3 avril Un dernier album très personnel dans le- Le Petit Duc, Aix-en-Provence quel l’artiste poursuit sa quête intime, où 04 42 27 37 39 lepetitduc.net cohabitent cordes, cuivres et synthés.

14 mars 6Mic, Aix-en-Provence Léopoldine HH / Bastien Lucas 6mic-aix.fr © KAREN PAULINA BISWELL © KAREN PAULINA

26 mars 6Mic, Aix-en-Provence Ayo 6mic-aix.fr

27 mars Alpilium, Saint-Rémy-de-Provence mairie-saintremydeprovence.com

Elodie Martelet Après un premier concert en solo, Elodie Martelet, auteure et compositrice, revient se produire en trio. Demi-finaliste de The Voice en 2014, la chanteuse aixoise présente Léopoldine HH © Calypso Baquey © Sophie KOELLA des chansons issues de son deuxième al- À l’origine, Ayo devait enregistrer une com- bum, écrin pop aux sonorités électro. À Poétique et barrée, l’Alsacienne Léopol- pilation de reprises de ses propres mor- l’image d’un journal de bord, les titres aux dine HH a sorti un premier album Blu- ceaux, de Down on my knees à Help is co- couleurs nuancées racontent une rencontre men Im Topf (fleurs en pot), composé à ming. Finalement, l’album Royal contiendra au hasard d’un métro, des moments de vie, partir de textes littéraires. Elle signe la bien des reprises mais pas de ses compo- des joies, des peines, futiles ou tenaces. plupart des musiques, entre épure inti- sitions. Toujours entre blues, jazz et soul, miste et orchestrations plus complexes. celle qui se désigne comme « la fille à la gui- 21 mars À l’affiche également,Bastien Lucas tente tare » y chante les différences, de Throw it Le Petit Duc, Aix-en-Provence de réconcilier musique savante et chanson away d’Abbey Lincoln à Né quelque part, de 04 42 27 37 39 lepetitduc.net populaire avec des cantates de poches am- Maxime le Forestier. Avec comme instru- plifiées, entre Boogaerts et Sheller, qu’il ment principal, sa voix lumineuse. présente en solo sur scène.

22 mars 4 avril 6Mic, Aix-en-Provence MJC, Venelles 6mic-aix.fr 04 42 54 71 70 mjc-venelles.org 90 au programme musiques bouches-du-rhône hérault

Keren Ann Sayag Jazz Machine

Paloma Pradal La musique a toujours fait partie de la vie de Paloma Pradal. Issue d’une grande fa- mille d’artistes, elle a chanté dans la qua- si-totalité des créations portées par son père Vincente, tout en travaillant avec des © DR jazzmen ou participant à des projets hip Depuis les années 2000, Sayag Jazz Ma- hop, électro et ragga-dancehall. Son premier chine distille une musique electro-jazz aux album solo, Rabia, fusionne jazz, flamenco influences multiples, du hip-hop ou nu- ou encore salsa. En première partie, l’hyp- roots. Le groupe prend son ampleur sur

© Bouchra Jarrar notisant duo Bertolino / Le Gac. scène avec des prestations mêlant musique Auteure, compositrice et interprète, Keren et création vidéo. Leur 4e album, Quantic Ann est une artiste de rencontres aussi Jumping, est une immense fresque dont la éclectiques qu’internationales. Iggy Pop, version scénique s’apparente à un road-mo- Luz Casal, Henri Salvador ou Françoise vie déjanté, en multi-projections, où l’es- Hardy l’ont chantée. Et de composer pour poir et le ré-enchantement s’opposent au le cinéma, le théâtre et la danse contempo- constat lucide de notre monde. raine. La mélancolie, compagne de route de l’artiste et du folk, domine dans Bleue, 27 mars son huitième album, où elle raconte l’éphé- L’Usine, Istres © DR mère. Comment l’amour, l’attachement se 04 42 56 02 21 scenesetcines.fr délite et se saborde. 3 avril Forum de Berre, Berre-l’Etang 04 42 10 23 60 berreletang.fr 17 mars Les Salins, Martigues Gari Grèu 04 42 49 02 00 les-salins.net

Maceo Parker Avec plus de 200 dates annuelles et 3 heures Supersonic & friends de concert en moyenne, le saxophoniste Maceo Parker semble aussi indémodable qu’inépuisable. Depuis deux décennies de carrière sur son nom, il ressucite à la fois l’ambiance soul des années 60 qu’il a nourri auprès du maître James Brown que l’uni- vers funk des seventies dans le sillage de George Clinton. Sa touche personnelle ? Une audace qui lui permet de flirter avec

© DuNose Prod le jazz et le hip-hop. © DR Thomas de Pourquery bouillonne de pro- MC de Massilia Sound System, Gari Grèu jets à la tête de son exubérant sextet, Su- s’autorise régulièrement des échappées en personic. Il livre ici le fruit de rencontres solo. En début d’année, il sortait l’album en République du Congo. Ce nouveau projet Barka, un concentré de la cité phocéenne retisse un lien direct entre des musiques et de sa vie de quartier, avec des incur- et des musiciens des deux continents. Une sions en Afrique inspirées par un voyage histoire de retour aux origines, d’exploration initiatique à Ouagadougou. Produit entre de l’inconnu, de passerelles à consolider. amis, l’opus contient des collaborations de Guizmo (Tryo), Moussu T et La Rue Ké- 2 avril tanou. Un résultat inévitablement solaire Théâtre Molière de Sète et empreint de fraternité. 04 67 74 02 02 theatredesete.com 20 mars 3 avril Cargo de nuit, Arles

Les Salins, Martigues © DR 04 90 49 55 99 cargodenuit.com 04 42 49 02 00 les-salins.net 14 mars L’Usine, Istres 04 42 56 02 21 scenesetcines.fr au programme musiques bouches-du-rhône vaucluse 91

Brigitte Fontaine

Grandbrothers Soirée Dub Né de la rencontre entre un clavier clas- Quatre groupes pour représenter le dub sique et l’électro, le duo germano-suisse européen. Duo avignonnais, Ashkabad Grandbrothers s’illustre dans un genre puise son inspiration autant dans le roots hybride, entre musique expérimentale et jamaïcain que dans la bass music actuelle. techno, que l’on a pu entendre dans la bande À l’instar de Wedding Dub aux lives in- originale du film Hors normes en 2019. teractifs atypiques. Basses profondes et Sur scène, tandis que l’un promène ses style percussif, Kanka a ouvert la voie au doigts sur les touches d’ivoire, le second dub-steppa français. Radikal Guru, la ré- le sample en direct grâce à un dispositif férence en Europe de l’Est, est à l’initia- mécanique unique. Un show scénique ul- Minh Tan © Tu tive d’un nouveau style qui combine dub, tra-visuel et captivant. Maîtrisant les mots avec une agilité aussi reggae et dubstep. distinguée qu’irrévérencieuse, Brigitte Fontaine marche sur un fil entre fragilité et cynisme, révolte et douceur. Ses chansons, comme autant d’histoires, racontent avec un décalage qui la caractérise les choses de la vie. Au-delà de cette poésie réaliste, son personnage volontiers punk explore tous les arcanes de la musique, sans manquer d’y apporter une touche personnelle.

21 mars Opéra Confluence, Avignon 04 90 90 27 79 passagersduzinc.com Weeding-Dub © Qwest Weeding-Dub © DR. 2 avril 10 avril Cargo de nuit, Arles Salle de l’Étoile, Châteaurenard 04 90 49 55 99 cargodenuit.com Maxime Le Forestier 04 90 90 27 79 passagersduzinc.com

This is the girl Duo Bertolino-Le Gac Le temps d’un concert ou d’un enregistre- Depuis leur rencontre au sein du groupe ment, les chansons de Joni Mitchell ou Rickie Dupain en 2015, Pierre-Laurent Bertolino Lee Jones avaient rejoint les répertoires (vielle à roue électroaccoustique) et Gurvant respectifs de la pianiste Perrine Mansuy Le Gac (flûtes traversières) poursuivent en et de la chanteuse Eyma. La voix de cette duo leur conversation étoilée. Ils nous em- dernière, sombre et puissante, son énergie portent dans leur musique vagabonde faite inépuisable rejoignent l’art punkisant de de transe hypnotique, électro organique,

Patti Smith. L’esprit frondeur des icônes © Magda Lates nourrie aux sources de Bretagne et de Pays veillant sur elles, les deux musiciennes Presque six ans après son précédent album, d’Oc. Une musique riche et vivante, entre sauront sans nul doute créer un univers Maxime Le Forestier revient avec Paraître tradition et futur musical. à leur hauteur. ou ne pas être. Une dizaine de nouveaux titres, tour à tour poétiques, réalistes ou 9 avril ironiques. Une moisson riche et limpide, Ajmi, Avignon avec son élégance coutumière et sa chaleur 04 90 860 861 jazzalajmi.com consolante. Dix chansons conçues dans une forme très proche de celle qu’elles auront sur scène. Pas d’arrangements orgueilleux ni grands gestes orchestraux.

1er avril Opéra Confluence, Avignon © Eric Legre. 04 90 14 26 00 operagrandavignon.fr 10 avril La Gare de Coustellet, Maubec 04 90 76 84 38 aveclagare.org 92 au programme musiques alpes

David Le Deunff La voix et la guitare d’Hocus Pocus enta- ment une nouvelle aventure en solo. Au- tant Guadeloupéen que Breton, David Le Chassol Deunff ne pouvait qu’offrir une musique Don Billiez Avec Big Sun, Chassol clôt la trilogie com- généreuse, aux parfums métissés de blues, mencée à la Nouvelle-Orléans et poursui- soul, world music et reggae. Une fusion vie en Inde. C’est en Martinique, l’île na- musicale qui renvoie à ses débuts avec le tale de ses parents, qu’il a posé ses micros groupe Rebellion, avant d’intégrer la célèbre pour réaliser un album lumineux, peuplé formation hip-hop nantaise en 2006. Au de personnages attachants. Tel un docu- fil des projets parallèles, Le Deunff prend mentariste, il a filmé la nature, les gens, son envol. les bruits de la vie et le carnaval. Sur scène, images et son réunis, un dialogue s’instaure 21 mars entre les musiciens et l’écran. Le K’fé Quoi !, Forcalquier 09 50 46 58 19 le-kfe-quoi.com

Sages comme des sauvages Fort du succès de leur premier album, le quatuor revient avec Luxe Misère avec un concert pour parer la brutalité du monde, © Marc Robert prendre le maquis et préparer les révoltes à venir. Sages comme des sauvages écha- Saxophoniste incontournable de la scène faude sa musique comme le lieutenant franco-world, Don Billiez a travaillé avec Colombo mène l’enquête et le Douanier des artistes aussi différents que Nino Ferrer, Rousseau peint ses tigres, avec la naïveté Touré Kunda, Alain Bashung. Avec Chapter © DR en bandoulière, comme une arme contre V, cet amateur de Nino Rota et Bertolucci 3 avril le second degré et les désillusions de notre signe un nouvel album en forme de bouts Théâtre Durance, Château-Arnoux-St-Auban temps. de pellicules cinématographiques sonores. 04 92 64 27 34 theatredurance.fr Façonnant une soul méditerranéenne, Bil- 20 mars liez offre un concentré d’énergie solaire, à la Le K’fé Quoi !, Forcalquier rencontre des villes cosmopolites des suds. 09 50 46 58 19 le-kfe-quoi.com 4 avril Le K’fé Quoi !, Forcalquier 09 50 46 58 19 le-kfe-quoi.com

Raphaël Imbert Avec Invisible Stream, le saxophoniste Ra- phaël Imbert célèbre notre identité plurielle, à l’image du rhizome cher au poète Édouard Glissant. Pour cette créolisation, le jazzman réquisitionne le violoncelle de Jean-Guihen Queyras, la batterie de Sonny Troupé et les claviers de Pierre-François Blanchard.

8 avril Église St-Apollinaire, L’Argentière-La-Bessée

9 avril Salle polyvalente Le Queyron, Guillestre

10 avril

Théâtre du Briançonnais, Briançon © Martin Sarrazac 04 92 25 52 42 theatre-du-brianconnais.eu au programme musiques alpes var 93

Tété Idem

Oboy + Makala Ancien membre du collectif Way Boto, le rappeur parisien Oboy, 22 ans, est resté fidèle à son style mélancolique, se confiant sur un quotidien sombre dont il s’éman- cipe peu à peu, sans parvenir à s’en déta- cher entièrement. L’univers de Makala est plus métaphorique. L’album Radio Suicide ambitionne d’aider la jeunesse à la fois à se connaître et le comprendre. Également © DR à l’affiche,Nelick , le rappeur à la plume Conteur d’histoires, Tété revient avec un travaillée (lire p.95). album acoustique et mélodique où la gui- © DR tare s’appuie sur des programmations don- Évelyne Girardon et Marino Le Mapihan, nant une couleur résolument moderne. deux chanteuses fidèles aux répertoires de Le disque s’intitule Fauthentique, néolo- la tradition orale, sont accompagnées de gisme croisant « faux » et « authentique ». Marc Anthony et Gilles Chabenat, vielleux Deux notions dans l’air du temps, à l’heure à la pointe du renouveau de l’instrument. de la désinformation, des fake news, des Ensemble, ils conjuguent les univers, entre rumeurs et des certitudes balayées par la rivages bretons et montagnes alpines. Les réalité. Tété y manie l’ironie, faussement voix, enveloppées par le son des vielles à folk et faussement naïf. roue, tissent un camaïeu musical narrant les contours colorés des monodies modales 27 mars Makala © DR d’un héritage trop méconnu.

Théâtre Jean le Bleu, Manosque 27 mars 04 92 72 19 70 mjc-manosque.com 20 mars Omega Live, Toulon Eglise, Le Val tandem83.com 04 94 59 56 49 le-chantier.com Mnnqns + The Psychotic Monks + Bara Bandai Aymeric Maini J. Aubertin Après cinq ans de tournée, des premières parties de Santana, Maceo Parker, Lucky Peterson aux centres culturels partout en France, le temps était venu pour le Nantais Aymeric Mani de se poser. Il en sort Win- ter sun, un deuxième album plus épuré et marqué d’une sensibilité que le accepte d’assumer pleinement. Laissant place aux histoires, aux guitares acous-

The Psychotic Monks © X-DR tiques, voix, pianos et violoncelles, dans Pour leur premier album Body Negative, une douce mélancolie. © DR. Mnnqns affiche clairement Sonic Youth Après avoir sillonné les États-Unis en pre- comme une influence majeure du disque. Un mière partie de Willy Tea Taylor, l’Auvergnat point commun avec The Psychotic Monks, J. Aubertin veut rester fidèle aux grands dont la noise expérimentale s’inspire tout auteurs folks et continuer à écrire cette autant de Pere Ubu, l’intensité nihiliste des histoire, même à plusieurs milliers de ki- Stooges et le lyrisme de Joy Division. Bara lomètres, faisant fi des modes musicales. Bandai, projet solo du guitarsite Clément En quête d’authenticité, il refuse les com- Jeunet Fougerat, se concentre sur la tex- promis mais pas les sophistications, uti- ture du son et la sensibilité de l’instrument. lisant bandes magnétiques et ambrotype.

© DR Dans l’esprit de Neil Young et non par op- 14 mars 14 mars portunisme vintage Omega Live, Toulon Usine de La Redonne, Flayosc tandem83.com tandem83.com 28 mars Le Moulin à paroles, Méounes tandem83.com 94 au programme musiques gard

We love Ella DTSQ

Fat Freddy’ Drop La tournée européenne des Fat Freddy’s Drop tient de l’évènement annuel. Depuis plus de 20 ans, ces huit néo-zélandais in-

© DR. carnent un bouillonnement culturel et eth- Créé en 2010, Amazing Keystone Big Band nique. À l’image de leur musique métissée exprime à la fois l’esprit des grandes for- et chaleureuse. On se laisse convaincre par mations de l’ère du swing et l’inventivité l’alchimie entre reggae-dub, funk, hip-hop du jazz actuel. Dans un hommage à Ella et soul. Le tout porté par les performances Fitzgerald, les 17 musiciens réinventent les vocales de Joe Dukie dans un show lais- plus grands succès de la chanteuse. Pour sant place à une improvisation bien rodée

interpréter celle qui fut l’une des voix les et une folie communicative. © DR. plus marquantes du XXe siècle, le Keystone Créé en 2013 à Séoul et autoproclamés fait appel à Célia Kameni à l’interpréta- « rockeurs coréens bizarres », DTSQ avait tion volcanique, capable de mille nuances emballé le public du festival TINALS l’an- et de scat endiablés. née dernière. Ils reviennent à Paloma, sur la scène du Club cette fois, avec l’intention 17 mars sans doute décuplée de conquête. Entre Le Cratère, Alès envolées noise et rythmes psyché-rock, la 04 66 52 52 64 lecratere.fr culture garage façon synthéthique-punk des quatre jeunes Coréens est la preuve © DR que la déferlante K-Pop n’est pas tout dans 25 mars la scène musicale du pays Pomme Paloma, Nîmes 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr 2 avril Paloma, Nîmes 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr

Snarky Puppy La tribu de jazzeux menée par le bassiste Michael League parcourt le monde depuis Orange Blossom le début des années 2000. Au fil de sa dis- cographie (récompensée par un Grammy Award pour la meilleure prestation R&B, un autre pour le meilleur album instru- mental contemporain), la formation fait de la diversité leur mot d’ordre. Leur der- nier opus Immigrance, voyage spirituel et politique, dissout les frontières du jazz et des musiques actuelles. © J e r my Kergourlay © DR Plus qu’un concert, Sharing est une instal- C’est pour pouvoir assister à des Victoires lation scénique qui se déploie telle une mé- de la Musique bien blanches que Pomme canique poétique emportée par la musique a annulé son concert initialement pro- tantôt planante, tantôt dansante d’Orange grammé le 14 février. Résolument folk, Blossom. C’est aussi le fruit d’un voyage elle compose aussi bien en français qu’en à travers le , l’Égypte, Cuba comme anglais, laissant parfois un semblant de © DR en terre occidentale. Musiciens, acteurs country transpirer de ses mélodies. Ses 28 mars et machines - conçues par François Dela- textes personnels évoquent avec sensibi- Paloma, Nîmes rozière, créateur des monumentales Ma- lité les émotions à fleur de peau des jeunes 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr chines de l’Île de Nantes - créent un conte gens de son âge. N’hésitant pas à dénon- moderne hors du commun. cer le sexisme et défendre la cause LGBT. 9 avril 20 mars Paloma, Nîmes Paloma, Nîmes 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr 04 11 94 00 10 paloma-nimes.fr au programme musiques hérault var 95

Les Hurlements d’Léo

Nelick Kid Francescoli Nelick aka Kiwi Bunny fait partie de cette Kid Francescoli est le projet musical pop génération de rappeurs qui a su piocher électro fondé par Mathieu Hocine en 2002. avec malice le meilleur dans la old comme Révélé en 2013 par With Julia, le musicien dans la new school. Au-delà d’un genre, marseillais a souhaité, pour son nouvel c’est une tendance à part qu’il parvient à album Lovers, collaborer avec plusieurs créer par des sonorités tantôt cloud, tan- chanteuses d’horizons différents pour en- tôt groovy. Sa plume travaillée lui permet richir les sonorités et les ambiances de sa de se balader sur les rives d’un rap féroce © artsanpo musique. Nassee, à la voix douce et r’n’b, et donjuanesque pour un flirt flegmatique Avec Mondial Stéréo, nouvel album aux so- Samantha, voix chaude et grave, Ioni et et enivré. norités rock et calypso, Les Hurlements Sarah pour garder la touche disco queen d’Léo abordent avec espoir et simplicité la américaine. question de l’exil. Ce conte musical retrace le parcours d’un enfant qui fuit la guerre avec sa mère, traverse la Méditerranée, rencontre des musiciens et finit par fon- der un groupe de musique. Un spectacle sur fond d’actualité politique faisant écho à l’investissement militant du groupe.

3 avril © Universal music Salle Victoire 2, Montpellier

20 mars 04 67 47 91 00 victoire2.com © DR Salle Victoire 2, Montpellier 21 mars 04 67 47 91 00 victoire2.com Rockstore, Montpellier 04 67 06 80 00 rockstore.fr 27 mars Omega Live, Toulon Pongo tandem83.com

Prime C’est l’histoire d’un jeune de la cité des Lofofora 4 000 à La Courneuve qui, sans maison Leur nouvel album Vanités ! est la démons- de disques et sans album, a rempli l’Olym- tration que Lofofora en a encore dans le pia. Sa célébrité, Prime la doit aux réseaux ventre. D’un côté, un rythme froid, impla- sociaux. Sa chaîne YouTube rassemble 1,5 cable, rapide et fort et de l’autre, une voix million d’abonnés et cumule 330 millions de © Yann Etienne © Yann telle un rictus frondeur. Le groupe formé vues. Avant le rap, Amine Mekri était spor- en 1989 est parmi les plus réguliers du Découverte par le groupe portugais Buraka tif de haut niveau, recruté par une grande heavy metal français. Les Montpelliérains som Sistema avec qui elle a parcouru le équipe canadienne de football américain. de Verdun ouvriront le bal entre hardcore monde, Pongo marie maintenant en solo C’est une blessure au genou qui mettra lancinant, riffs arides, groove brise-nuque, l’influence de ses racines africaines, ku- fin à ses rêves. gueulantes incantatoires et psychédélisme. duro, langa, zaïco, avec bass music, dance- hall et tribal pop. Sa voix, puissante et ryth- 22 mars mique, nous entraîne dans son univers Rockstore, Montpellier envoûtant, aux confins de la danse et du 04 67 06 80 00 rockstore.fr saudade. En première partie, Dope Saint Jude repousse les frontières d’un hip-hop sud-africain innovant.

© P'sND - Jennifer Jozwicki 4 avril 21 mars Salle Victoire 2, Montpellier Salle Victoire 2, Montpellier 04 67 47 91 00 victoire2.com 04 67 47 91 00 victoire2.com 96 au programme musiques hérault alpes-maritimes

Lou Doillon

Leto Souad Massi Grand espoir du rap français depuis ses Considérée comme la plus belle voix fé- premiers titres, Leto a fait ses armes minine d’Afrique du Nord, Souad Massi très jeune au sein du groupe Pso Thug. À jette un pont entre musique folk et chaâbi l’époque, le milieu tombe sous le charme de algérois. Son dernier album Ya dra (Qui ces deux rappeurs du nord parisien. Leto © DR. sait ?) rend hommage aux femmes. Contre s’impose par son flow acéré et brutal et sa Lou Doillon avait beaucoup de choses à se les maltraitances, pour l’indépendance et capacité à créer des mélodies entêtantes. dire et par chance elle a voulu les partager, le droit à la dignité pour toutes. Entourée Adoubé par Booba et après plusieurs ap- les mettre en musique, les jeter en pâture à de quatre musiciens (violon, percussions, paritions aux côtés d’artistes renommés, certains des producteurs français les plus derbouka, mandole), elle convie à un retour il sort sa 2e mixtape Trap$tar qu’il vient audacieux et franchir une nouvelle étape à ses fondations musicales, empreintes de défendre sur scène. dans une carrière qui ne cesse d’étonner. diversité culturelle. Après l’inaugural Places en 2012 puis Lay Low trois ans plus tard, voici Soliloquy, troisième album d’une auteure/compo- sitrice qui aime fuir le confort et se re- mettre en jeu.

8 avril Rockstore, Montpellier 04 67 06 80 00 rockstore.fr © FIFOU © Victor Delfim © Victor

3 avril 18 mars Rockstore, Montpellier Théâtre de Grasse 04 67 06 80 00 rockstore.fr Katia Guerreiro 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

Lonepsi Fanny Polly On ne sait pas bien si Lonepsi parle, rappe Depuis son adolescence, la rappeuse de ou chante. Et pour cause : pendant long- Mouans-Sartoux a le hip hop qui coule temps, le rap a été pour Lonepsi un pur dans le sang. amusement, un vivifiant jeu de rimes et de Production actuelle et textes à l’ancienne, © DR. vannes qui se joue entre potes, en battle ou Fanny Polly porte haut les couleurs du rap dans la rue. Pendant longtemps aussi, il a Pour Sempre, son 10e album, Katia Guer- « old school » et conscient dans son premier écrit dans son coin, pour la seule beauté du reiro, ambassadrice du Fado aux 20 ans album Toute une histoire. Influencée par geste. Après des études en psychologie, il de carrière, a collaboré avec José Mario Diam’s ou Casey, elle prône un rap loin des est aujourd’hui un ovni du rap au langage Branco. Cet auteur, compositeur et ar- stéréotypes, ouvert à d’autres influences soutenu et à la plume fleurie. rangeur a accompagné d’incontournables musicales et sur le monde. Un concert en- chanteurs, tels que Fausto, Amelia Muge ou gagé mêlant danse et textes. Carlos de Carmo. La force du chant épuré et spontané de Katia Guerreiro est bril- lamment portée par des instrumentistes maniant notamment la guitare portugaise, emblématique du genre.

© Lola-Moser 21 mars 27 mars Domaine de Bayssans, Béziers Rockstore, Montpellier 04 67 28 37 32 heraultculture.fr

04 67 06 80 00 rockstore.fr © C Cebos 4 avril Salle Mistral, Pégomas 04 93 40 53 00 theatredegrasse.com

98 au programme arts visuels bouches-du-rhône

Dominique Figarella C’est l’œuvre récente (2014-2018) de Dominique Figarella qui est pré- sentée à la Galerie de la Scep, réunissant un corpus de peintures sans toiles ni châssis, exécutées dans un rapport très physique : il griffe le support, posé au sol, il y imprime le passage de son corps. « Pour au- tant, ses peintures font toujours images », précise Diego Bustamante, commissaire de l’exposition. A.Z.

La distance au soleil est d’un pied jusqu’au 9 avril Galerie de la Scep, Marseille marseilleexpos.com

Détail de Sans titre, 2018, Dominique Figarella, acrylique sur alucore, 124 x 154 x 3 cm ©Alberto Ricci Julien Blaine Figure du paysage culturel marseillais, Julien Blaine se qualifie d’anar- tiste : poète expérimental, performeur, plasticien, il est aussi, sous son nom porté à la ville, Christian Poitevin, initiateur de revues, de festivals, de lieux (dont la Friche). À bientôt 80 ans, il décide de liquider sa vie d’artiste. Tout doit disparaître ! Chacun pourra repartir avec une œuvre, gratuite, exfiltrée du marché de l’art. A.Z.

Le grand dépotoir = Bon débarras / Fin d’un artiste 14 mars au 10 mai Friche de la Belle de Mai, Marseille lafriche.org

Julien Blaine, Bordeaux

Street trash En 1987, l’Américain Jim Muro réalisait Street trash, film devenu culte : l’histoire d’une communauté de misérables vivant dans une casse automobile, qui peu à peu sont transformés en matière répugnante. Pollution, pauvreté, corruption, mutation : Marseille serait peut-être aujourd’hui un décor possible pour une suite du film. L’exposition rassemble des œuvres d’artistes contemporains qui partagent cette fascination pour le « gore ». A.Z.

L’effet spécial de la sculpture 13 mars au 10 mai Friche de la Belle de Mai, Tour Panorama, Marseille lafriche.org

© Alexandre Bavard, 2019 Margret Hoppe Moins connu que son frère de Normandie, le Südwall (Mur de la Mé- diterranée) a lui aussi été érigé pendant la Seconde Guerre mondiale par les Allemands pour parer à la venue des Alliés. La photographe Margret Hoppe documente les restes des bunkers le long des Ca- lanques et sur les îles autour de Marseille. Et fait un parallèle entre les formes issues de la guerre et celles de la nature, mur naturel contre la force des flots.A.Z.

Südwall (La mur de la Méditerranée) 13 mars au 19 mai Friche de la Belle de Mai, Salle des Machines, Marseille lafriche.org

© Margret Hoppe, VG Bildkunst Bonn, 2020 au programme arts visuels bouches-du-rhône 99

Omar Victor Diop Dans la série Liberty, l’artiste dakarois Omar Victor Diop dresse une chronologie photographique de la protestation noire, gommant les différences géographiques, historiques ou temporelles pour en don- ner une lecture plus universelle. De la grève des cheminots du Da- kar-Niger en 1938 et 1947, à l’assassinat de Trayvon Martin en 2012 en Floride, ses « jeux de références visuelles » mêlent savamment au- toportraits et mises en scène. M.G.-G.

3 avril au 6 mai La Criée, Marseille 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com

Liberty © Omar Victor Diop Vincen Beeckman Vincen Beeckman n’était jamais venu à Marseille. Photographe belge, il a été invité au ZEF par Yohanne Lamoulère (artiste associée) pour une résidence de deux semaines. Alors il est allé à la rencontre de ceux qui font cette ville « mythique ». La ville lui a plu, il a beaucoup photographié, beaucoup recueilli. Un vagabondage photographique à retrou- ver les soirs de spectacles. A.Z.

Partout ailleurs ce serait Marseille 30 mars à la Toussaint, les soirs de spectacle ZEF, Marseille 04 91 11 19 20 lezef.org

© Vincen Beeckman Marianne Bourges Juste retour aux sources pour Marianne Bourges qui fut durant 30 ans conservatrice de l’Atelier de Cézanne ! Aujourd’hui, c’est à l’Atelier et au MAC Arteum qu’elle lève le voile sur sa propre création picturale, née sans relâche, et avec modestie, à l’ombre du maitre et de la Sainte-Victoire auquel elle a consacré trois fascicules : « Cézanne en son atelier », « Le jardin de Cézanne » et « Itinéraires de Cézanne ». M.G.-G.

jusqu’au 29 mars MAC Arteum, Châteauneuf-le-Rouge 04 42 58 61 53 mac-arteum.com

2 au 31 mars Atelier de Cézanne, Aix-en-Provence 04 42 21 06 53 cezanne-en-provence.com

© Marie Roudil Rocher

Promenons-nous L’Espace culturel départemental, sis en lieu et place de la Galerie d’art-Espace 13, a rouvert ses portes, permettant au public l’accès gratuit aux arts visuels. L’exposition, doublée d’ateliers, est l’occasion d’une visite ludique et immersive dans un parcours d’œuvres contemporaines scénographié à la manière d’un conte : forêt, chevalier, châ- teau… servent de décor à une sélection d’œuvres issues de la collection permanente du Département. M.G.-G.

jusqu’au 30 mars Espace culturel départemental, Aix-en-Provence 04 13 31 68 13 departement13.fr

Babel zone, encre et gouache sur papier, 100 x 70 cm © Bruno Sedan 100 au programme arts visuels bouches-du-rhône vaucluse var

Charles Fréger Quelle part d’animalité est-elle contenue dans notre humanité ? Avec cette série de portraits conçue à travers 18 pays d’Europe, Charles Fréger remonte à nos origines pour esquisser une nouvelle forme de primitivité pourtant bien actuelle. Soirées-per- formances avec la Cie Précipité les 3 avril et 16 mai ; rencontre avec l’artiste le 30 avril suivie d’une performance sonore d’André Fortino. C. L.

Wilder Mann 12 mars au 19 juin Centre d’art intercommunal, Istres 04 42 55 17 10 ouestprovence.fr

© Charles Freger José Manrubia Espagne années vingt. Un groupe littéraire et artistique d’avant-garde : Generación del 27. 2020 : José Manrubia entouré d’un collectif d’artistes (Cynthia Colbourne, Isabelle Cousteil, Alain Dervieu, Marc Lecarpentier, Laurent Moulin, Marie Manrubia, Jean-Marie Pouvrese, Maria Del Rio, Sébastien Thon) réactive le besoin d’utopie tant nécessaire aujourd’hui. Vernissage le 3 avril à 18h. C.L.

Generation27, Couleurs, Passion et Utopies 4 au 24 avril Chapelle Sainte-Anne, Arles josemanrubia.myportfolio.com

© Jose Manrubia

Sybille Friedel Quand l’esprit des lieux et la philosophie de la calligraphie se ren- contrent. Suite à sa résidence dans les jardins de l’abbaye, Sybille Friedel ouvre la nouvelle saison avec des travaux inédits, des encres de Chine sur papier de riz et une installation in situ, la « Forêt des sons » dans le sentier botanique. Ateliers et rencontres avec l’artiste sur réservation. C.L.

Morphologie jusqu’au 31 mai Abbaye Saint-André, Villeneuve-lez-Avignon 04 90 25 55 95 abbayesaintandre.fr

Sybille Friedel, Série Morphologie, peinture à l’encre de Chine sur papier de riz marouflé sur tissu, 97/97cm, 2020. Photo, courtesy artiste.

Léo Fourdrinier La première exposition personnelle de Léo Fourdrinier, Pulse, est le fruit d’une résidence arts, sciences et nouvelles technologies au Port des créateurs à Toulon. Fasciné par la variation lumineuse des étoiles, cherchant à transposer sa perception de leur pulsation en œuvres artistiques, il grave dans le marbre ou le calcaire, « sculpte » des clous tapissiers laitonnés et creuse le béton pour mieux « les mé- tamorphoser, les poétiser, les sacraliser ». M.G.-G.

Pulse jusqu’au 2 mai L’Axolotl, Toulon 07 83 30 73 75 Pulse, L'Axolotl, Toulon 2020 © Leo Fourdrinier au programme arts visuels hérault alpes-maritimes 101

Selphish Quatre artistes (Martin John Callanan, Alix Desaubliaux, Lauren McCarthy et !Medien- gruppe Bitnik) vous tirent le portrait à l’aide de ce que vous postez sur Instagram ou Twit- ter. Pendant une semaine chacun, les profils personnels des volontaires (depuis la date de leur choix) seront le matériau des œuvres exposées. Tentés ? [email protected]. A.Z.

jusqu’au 7 juin Mécènes du Sud Montpellier-Sète, Montpellier mecenesdusud.fr

Lauren Lee McCarthy, Autocomplete, 2020, Mac mini et programme informatique, structure bois, écran et pied d’écran, chaise, tablette, plantes artificielles, bois, peinture acrylique et aérosol, 250 x 250 x 250 cm. Vue de l’exposition Selphish, Mécènes du sud Montpellier-Sète, 2020. © Thierry Fournier et Pau Waelder 2020

Mondo DERNIER CRI !! Les éditions marseillaises Dernier Cri sont invitées à présenter au MIAM une rétrospective de leur 26 ans de « suractivation graphike », le tout augmenté d’un panorama sur certains artistes internationaux (17 pays) croisés au fil des aventures éditoriales. Une belle occasion de découvrir les œuvres de ces « undergraphistes » en marge du marché de l’art. A.Z.

Mondo DERNIER CRI !! Une internationale sérigrafike jusqu’au 20 septembre Musée International des Arts Modestes, Sète 04 99 04 76 44 miam.org © Pierre Schwartz

Jacques Monory Chacun pouvait reconnaître ses peintures à travers ses emblématiques mises en scènes bleues. En hommage à cette figure majeure de la Figuration narrative, soixante ans de carrière se déploieront sur les cimaises de la Fondation. Le visi- teur se retrouvera parfois acteur d’une cinématographie statique grâce aux jeux de miroirs, et parce qu’ici les impacts de balles sont bien réels. C.L.

28 mars au 24 juin Fondation Maeght, Saint-Paul de Vence 04 93 32 81 63 fondation-maeght.com

Jacques Monory, Technicolor n°8, 1977. Huile sur toile, 150x150cm. Photo Galerie Maeght, Paris. © Jacques Monory / Adagp, Paris 2020

Villa Arson Quatre artistes pour ce printemps à la Villa Arson. Un artiste brah- mane, Shailesh BR, qui habite in situ et invite tout le monde à pé- nétrer dans son espace. Sol Calero, vénézuélienne, qui installe « une école dans l’école » qu’elle souhaite comme un lieu de vie. Zora Mann, dont les peintures évoquent le mode de pensée de l’art brut. Et le niçois Kristof Everart qui lui aussi interroge les différentes façons d’occu- per le territoire, avec une réflexion graphique sur le flux urbain.A.Z.

jusqu’au 3 mai Villa Arson, Nice 04 92 07 73 73 villa-arson.org

Zora MANN - Vue de l’exposition Waganga - Villa Arson - photo François Fernandez 102 arts visuels L’art qui marche De haut en bas, de long en large, et tout autour du Frac, l’exposition Des marches, démarches se parcourt jusqu’au 10 mai prochain

our Guillaume Monsaingeon, philosophe-commissaire (à qui l’on doit aussi Le temps de l’île au Mucem, Map- Ppamundi à l’Hôtel des Arts de Toulon, Echelle 1 : 1 pen- dant MP2013…) il ne s’agit pas avec Des marches, démarches de répondre, une nouvelle fois, à la question : la marche est- elle une forme d’art ? Il nous rappelle que la question a été traitée, et réglée, par Dada, les Surréalistes, les Lettristes, les Situationnistes, le Land Art, et celles et ceux, nombreuses et nombreux, qu’ils inspirent depuis. Tout en notant, d’entrée de jeu, avec humour et quelques objets vernaculaires, qu’« on n’a pas attendu les artistes pour marcher », son exposition se Jeremy Wood, My Ghost, sixteen years of London, 2000 - 2016. © Jeremy Wood. Collection Frac donne donc comme mission de proposer un panorama, non Provence-Alpes-Côte d’Azur exhaustif, de démarches artistiques assez récentes, utilisant marche (promenades, déambulations, parcours, errances, la marche comme forme artistique. Tout le bâtiment du Frac performances, randonnées, processions - individuelles, ac- est concerné : sur le plateau 1, l’exposition s’oriente autour compagnées, collectives) et du milieu dans lequel elle a lieu du corps qui marche, sur le plateau 2 autour des paysages (urbain, naturel, entre les deux, espace ouvert, espace clos) de leurs expériences. Avec une donnée immuable : la marche, c’est avant tout de la lenteur. Une lenteur qui détermine les espaces auxquels on accède, et un rapport au monde spécifique, qui imprègne toutes les productions. Sur le plateau 1, on relèvera l’ins- tallation vidéo de la hollandaise Paulien Oltheten. Point de départ esthétique de son travail, aux airs d’anthropologie : son intérêt pour les routines des gens, qu’elle aime observer, dans l’espace public. La façon qu’elle a de mettre en scène et de tenir son point de vue, tout en se laissant porter par la fantai- sie de ce qu’elle découvre auprès des passant(e)s et des espaces qu’elle sollicite, est réjouissante. Ainsi la très lente « Meditation walking » d’un employé de bureau à New York. Ou les hauts et les bas, les dessus et dessous, du parvis de La Défense à Paris. Sur le plateau 2, on notera le compte-rendu, sous

Pol Bury (1922-2005), Images pour la théorie de la démarche, ensemble d’essais d’Honoré de Balzac. La chèvre (2e état). Estampe. forme d’une sorte de constellation murale consti- Paris, Maison de Balzac. © Pol Bury / Maison de Balzac / Roger-Viollet © ADAGP, Paris, 2020 tuée de photographies, de textes, de cartographies de la marche, sur le plateau 3 sur une mise à disposition ar- subjectives, d’objets, d’un livre et de sons, d’un projet de Till tistique des archives du collectif italo-romain Stalker, sur le Roeskens : le « Sentier Marcel ». Un ancien sentier de berger plateau multimédia une sélection de vidéos, et sur le plateau de la Haute-Bléone, dans les Alpes-de-Haute-Provence, me- expérimental un « all-over », dessin-sculpture d’Anaïs Le- nacé de disparition. Reconstruit collectivement par l’artiste lièvre. Le tout accompagné de rendez-vous ponctuels pour et quelques complices. Force, fragilité et humilité. À souli- des marches « live », proposées in-situ et dans le quartier, gner enfin les nombreux jeux de proximité et de résonnances conçues par différents artistes. révélés entre les œuvres grâce à l’accrochage de Guillaume Monsaingeon, qui permet la mise en abîme de la situation L’art de la lenteur de marcheur-visiteur. Ce sont ainsi les travaux de plus de 60 artistes, marcheurs MARC VOIRY soit à temps plein, soit à temps partiel, qui sont offerts aux jusqu’au 10 mai regard des visiteurs. Artistes qui témoignent, à partir de leurs Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur, Marseille différentes façons d’observer et/ou de s’engager dans une 04 91 91 27 55 fracpaca.org CRAC Centre Régional d’Art Contemporain Occitanie / Pyrénées-Méditerranée à Sète Les souvenirs varois de م Bernard Plossu s قلقلة -ans l’opuscule publié par la Villa Théo à l’occasion de l’expo sition Promenade varoise, de Toulon au Lavandou, Bernard DPlossu fait ressurgir ses souvenirs d’enfance : sa découverte Qalqalah de l’île de Porquerolles en 1963, son voyage de noces à l’île de Lawrence Abu Hamdan. Port-Cros en 1986, ses nombreuses incursions photographiques Sophia Al Maria à la Villa Noailles, à la Villa Tamaris, et sur les routes du littoral. Mounira Al Solh.. ة ..Noureddine Ezarraf ي Un chapelet de souvenirs réactivés à l’aune de l’invitation de Raphaël Dupouy à pérégriner au Lavandou, le sac à dos plein Fehras Publishing Practices d’une dizaine de rouleaux de pellicule argentique. Octobre 2019 : Benoît Grimalt « Alternant deux attitudes - aller chercher la photo ou la laissant Wiame Haddad venir à lui - l’artiste regardait le monde comme un poète surréa- Vir Andres Hera. liste » préface Raphaël institute for incongruous translation Dupouy, son guide. (Natascha Sadr Haghighian et Ashkan Sepahvand) Des balades dans ce avec Can Altay ` Serena Lee ` T ب -qui fut un ancien ha meau de pêcheurs, Scriptings #47 : Man schenkt keinen Hund sur la page de Saint- .Ceel Mogami de Haas Clair, les rivages de Sara Ouhaddou. Port-Cros… de quoi Temporary Art Platform (Works on Paper) lui offrir « une douce Intervention graphique :.. paix propice à la Montasser Drissi photographie » et ré- 5 Commissaires invitées : قactiver sa mémoire. Virginie Bobin et Victorine Grataloup D’ailleurs, sortis des archives de l’Hôtel des arts de Toulon, des tirages anciens côtoient les travaux de commande, faisant Plus renaître des lieux dis- parus, urbanisés ou E ض -colonisés par le tou © B.Plossu, 26,8x17,8 cm, Villa Raynaud et pointu-2012 d’une risme… Une douceur diffuse, comme on dirait de la lumière automnale, se propage jusque dans le regard du spectateur enveloppé à son tour d’une nostalgie bienheureuse. Face aux cieux envahissants pris en langue 1976 et en 2019, aux ruelles de Saint-Clair en 2012 et 2019, un constat s’impose : les photographies de Bernard Plossu sont ح intemporelles. Un halo désuet tronque notre perception du Œ temps. Pourtant tout est à l’identique : les dégradés ombrés, les contrastes noirs et de blancs immuables, les sujets décentrés, les détails invisibles à l’œil pressé, les tirages couleur Fresson, moins connus mais déjà présents dans son travail aux États-Unis Exposition du 7 mars au 24 mai 2020 dans les années 60. Et cette clarté que seul le grain poudré d’un CRAC Centre Régional d’Art Contemporain papier, parfois, vient embuer. Une touche, reconnaissable entre Occitanie / Pyrénées Méditerranée à Sète toutes, subjective, devenue « classique » à force de modernité. MARIE GODFRIN-GUIDICELLI

Promenades varoises, de Toulon au Lavandou 26 quai Aspirant Herber [email protected] jusqu’au 21 mars F-34200 Sète crac.laregion.fr +33 (0)4 67 74 94 37 Facebook : @crac.occitanie Villa Théo, Le Lavandou Instagram : @crac_occitanie 04 94 00 40 50 villa-theo.fr Ouvert tous les jours (sauf le mardi) de 12h30 à 19h et le week-end de 14h à 19h. Entrée libre et gratuite. Fermé le 1er mai. 104 arts visuels Jus de chou rouge et pommes de terre Pour son premier « vrai » duo d’artistes, Vidéochroniques convie Simon Bérard et Elvia Teotski à interagir pour œuvrer ensemble

es pratiques de Simon Bérard et d’Elvia Teotski diffèrent net- «L tement » selon Édouard Mon- net, directeur de Vidéochroniques, qui a choisi « d’éprouver leur porosité ». Habile manœuvre car leurs travaux, articu- lés dans un même espace, font appa- raître une réelle connivence. Formelle ou conceptuelle. Repérées en 2013 à la Biennale des jeunes créateurs d’Europe et de la Méditerranée à Ancône, les œuvres d’Elvia Teotski creusent toujours plus profondément le sillon de l’instabilité, de la transfor- mation et de l’évolution. Son installation Un monde en construction parle d’elle- même qui laisse croitre naturellement une culture de pleurotes sur des briques de paille devenues improductives : le mycélium mis en dormance végète puis Installation Informites, Simon Berard, Elvia Teotski, 2020 © Videochroniques se réactive à la lumière et à l’humidité ambiante. L’évolution de la pièce est à l’œuvre secrètement… Ceci n’est pas une pipe De même Archéologie future fait germer à l’air libre un tas Au-delà de ces affinités électives, c’est leur complémenta- indéchiffrable de pommes de terre, certaines enveloppées de rité dans leurs singularités qui prévaut car tous deux inter- reflets bleu brillant après avoir été immergées dans un bain rogent le vivant dans sa manifestation biologique, chimique de sulfate de cuivre. Ici, la tension nait de la confrontation de ou humaine. Tous deux questionnent la forme et l’informel. couleurs et de matières, provoquant le désordre ! L’une en recherchant les points de rupture (impressions ali- La nature, le végétal, l’organique ne sont pas pour déplaire mentaires Sans fin aux feuilles prêtes à s’envoler du mur une à Simon Bérard qui en fait un usage à géométrie variable. à une) et en réactualisant les œuvres (installation en agar- Direct, comme les œufs de caille visibles dans Dentier mâ- agar, Spleen microbien, vue à La Friche en 2015) ; l’un en dé- ché soufflé, Littéral, e Morandi, les haricots secs mouchetés veloppant un continuum de peintures, objets, reliefs, livres traités en reliefs, en jeux de mots (Egg) ou en motifs… Ou ordonnancés malgré le chaos apparent. Les deux artistes détourné, comme le jus de chou rouge qui remplace l’encre qui ne s’étaient jamais rencontrés auparavant ont construit dans des peintures a tempera, mélangé au verre (Formule) ou et déconstruit, ensemble, l’exposition Informités, bataillant à l’empreinte de langue au citron (Faites aaaa)… Car si l’ar- dur jusqu’à l’épure. Se posant la question d’une pièce com- tiste prête une attention particulière à l’élaboration des titres mune avant d’y renoncer, n’hésitant pas à se parasiter l’un de ses œuvres, c’est qu’il n’a pas sa langue dans la poche, au l’autre par de menus subterfuges pour obtenir in fine une propre comme au figuré ! Quelques empreintes de langues en formidable unité. caoutchouc ici ou là, des chewing-gums triturés, des pailles MARIE GODFRIN-GUIDICELLI transformées en pipeau ou en pipe. Ah ! le joli clin d’œil à Ma- gritte et aux surréalistes belges qui l’inspirent. À sa manière, Informités ludique, décalée, inventive, il joue à son tour de l’image et de jusqu’au 28 mars sa représentation, fabrique des rébus visuels (15 éléments Vidéochroniques, Marseille distincts constituent Fumée de caille-pipes), des ensembles 09 60 44 25 58 videochroniques.org hétéroclites (14 éléments pour Une Partie de plaisir). Et une pièce qui semble s’échapper de son corpus, Pomme de terre, Erratum : L'Hôtel des arts à Toulon change de cap mais ne change pas de nom, sculptée en bois de tulipier, fondatrice de son travail depuis comme nous l'avions indiqué par erreur dans notre numéro 2, et est placé sous qu’il a quitté la Villa Arson à Nice. la responsabilité de Céline Ricci. Nous vous prions de nous en excuser. 105 Berlin parle d’AmourS… On nous annonçait une 70e Berlinale noire sous la une mère ne trouve d’autre solution que de s’immoler par le feu, c’est un père qui nouvelle direction bicéphale et paritaire de Carlo va lutter pour récupérer ses enfants que les services sociaux lui ont confisqués, Chatrian et Mariette Rissenbeek. Or, si le sujet le jugeant trop pauvre pour les élever. Face à des fonctionnaires corrompus et n’exclut ni la violence du monde ni les ombres des arrogants, il décide de s’adresser direc- tement au Ministère des Affaires sociales âmes, l’amour fut aussi au cœur de cette sélection à Belgrade. Nikola (excellent Goran Bog- dan) parcourt ainsi à pied les 150 kms qui n noir et blanc, urbain et mélanco- la précision d’une mécanique parfai- séparent Grab de la capitale, traversant lique, dans le sillon de la Nouvelle tement huilée et le film, avec humour, des paysages dévastés. Usines et stations EVague sans cesse (trop) creusé par maintient le doute exquis : l’amour se- services désertées, routes défoncées, Philippe Garrel avec Le Sel des larmes. rait-il un Horla ? maisons décrépies. Et même si, comme Portrait en creux d’une génération qui le lui dit un vieil homme croisé dans son perd ses pères - ceux qui savaient rêver Pas tout rose long périple de cinq jours, « ça ne sert à devant les étoiles - et ne se sent pas prête Quand il est maternel, l’amour se fait rien de se battre pour sa famille », rien à engendrer. Sans re-père, lâche et versa- absolu. Il insuffle la force du combat qui n’arrêtera cet homme qui parle peu mais tile, Luc (Logann Antuofermo) suit une emplit toute la vie de la mère de Sasha, dont le regard traduit la détermination éducation amoureuse en trois actes qui 8 ans, petite fille née dans un corps de et l’amour paternel. On ne sort pas in- ne le mènera qu’à l’amertume partagée garçon. Comment être sûre qu’on n’est demne de ce road movie bouleversant que laissent les larmes quand elles ont pas responsable de la situation ? Com- du réalisateur serbe Srdan Golubovic, séché. Amour intrusif et électromagné- ment faire pour que Sasha, qui pleu- tiré d’un fait réel et titré tout simple- tique qui prend possession du corps et de rait déjà de douleur à 4 ans, souffre le ment Otac /Père. Des histoires d’amour, la voix d’Inès (magnifiqueÉrica Rivas), moins possible ? Aidée par une spécia- oui, mais bien loin des romances. An- une comédienne s’adonnant au chant et liste de la dysphorie de genre, soutenue crées dans l’histoire du cinéma (Le Sel au doublage avec El Profugo (Intruder) par son mari et ses autres enfants, cette des larmes), dans l’exploration de l’in- de Natalia Meta. Dans la caverne d’un femme forte réussit à obtenir de l’insti- conscient (El Profugo), dans des com- auditorium - Platon n’est pas loin - et tution scolaire que Sasha soit considé- bats contre l’injustice (Otac) ou l’into- le labyrinthe de ses studios, la réalité se rée comme une petite fille.Sébastien lérance (Petite Fille), ce n’est jamais le double, se trouble, vacille. L’« intruder » Lifshitz filme avec justesse et retenue rose qui domine ! passe-t-il par les tuyaux du grand orgue, la vie quotidienne de cette famille unie, ELISE PADOVANI ET ANNIE GAVA se colle-t-il aux cordes vocales d’Inès, les angoisses, les instants de bonheur se faufile-t-il sous la peau de la possé- partagé mais aussi les entretiens, face dée, s’incarne-t-il dans sa mère, est-il caméra où chacun se livre. Petite Fille est le fantôme de son mari défenestré ? Les un documentaire poignant sur l’identité La 70e Berlinale s’est tenue à Berlin motifs du fantastique s’articulent avec de genre et la force d’une mère. Et quand du 20 février au 1er mars

Petite fille de Sebastien Lifshitz © Agat Films 106 cinéma Plein feu sur Aflam

rojections de documentaires et de fictions, principalement Pau Mucem, en format court ou long, rencontres-débats avec les réalisateurs.trices ou des spé- cialistes invité.e.s : une semaine bien trop courte mais bien rem- plie, pour diffuser les cinémas arabes et approcher intime- ment, allégoriquement, politi- quement, par le drame ou l’hu- mour, des pays, riches de leur diversité et de leur histoire. Le Maghreb, l’Égypte, le Liban, la Syrie, l’Arabie Saoudite, l’Irak dont on humera le Parfum tout au long de la semaine avec la web série tirée du roman graphique du reporter Feurat Alani. La sélection fait la part belle aux sujets de société que les jeunes cinéastes tunisiens post Ben Ali Brotherhood, de Meryam Joobeur © Travelling distribution explorent avec acuité à l’instar de Maryam Touzani (Adam) (lire journalzi- célèbre pour ses doublages d’Eddie Mur- beline.fr), ou Mehdi Barsaoui (Un Fils) (lire phy ou de Morgan Freeman, était surtout journalzibeline.fr). Aux rapports familiaux Portées par Aflam un scénariste, un producteur, un met- dans des systèmes patriarcaux sclérosés teur en scène et un réalisateur en- comme dans ce curieux film saoudien et le Mucem, les gagé explorant le colonialisme et sans femmes : Last Visit d’Abdul- le post-colonialisme. On pourra mohsen Aldhabaan, ou encore Rencontres Internationales voir cinq de ses films : West dans le court-métrage multi primé de Cinéma mettent en lumière Indies, Watani, Soleil O, Sar- de l’Algérienne Meryam Joobeur : raouina et Les Bicots-Nègres. Brotherhood. Il y sera question de la les cinématographies Les Rencontres s’ouvriront par condition féminine bien sûr : le gavage Dream Away, un documentaire co- traditionnel et insupportable d’une jeune arabes signé par l’Égyptien Marouan Omara Mauritanienne dans le Mariage de Verida et l’Allemande Johanna Domke qui nous de Michela Occhipinti, le cauchemar d’une invitent dans la luxueuse station balnéaire femme adultère dans Noura rêve de Hinde Boujemaa, le de Sharm El Sheikh. Un petit paradis déserté par les touristes combat de footballeuses soudanaises contre la Charia dans après l’attentat sanglant perpétré par Daesh en 2015, et dans Khartoum Offside de Marwa Zein, le désir d’émancipation lequel le personnel poursuit son travail « à vide », accomplis- d’une jeune Chiite voilée des quartiers populaires de Bey- sant des rituels surréalistes. Elles s’achèveront par une fic- routh dans Zeinab’Al Moto de Dima El-Horr. Il y sera ques- tion : Yara d’Abbas Fahdel. Une histoire d’amour entre une tion d’exil aussi : pour les jeunes Sahraouis d’Eloy Domin- orpheline vivant dans une somptueuse vallée au nord du Li- guez Serén, dans Hamada, partagés entre rire et larmes et ban et un jeune homme de passage. Né sous les auspices de dont les rêves peuplent le cœur du désert. Pour le vieux tra- Luis Buñuel et de Robert Bresson, ce 5e long métrage du ré- vailleur immigré des Bains Douches de Le Chant d’Ahmed alisateur franco-irakien peut aussi bien se lire comme une de Foued Mansour. déclaration d’amour au cinéma. Une jolie conclusion pour À côté de cette programmation de films récents, comme cette édition 2020 des Rencontres d’Aflam. chaque année, trois temps forts marqueront la semaine. Un ELISE PADOVANI ciné café autour du cinéma arménien pour regarder au-delà des frontières des pays arabes vers l’Asie occidentale. Une master class au cinéma Le Miroir menée par le cinéaste al- Aflam - Rencontres Internationales de Cinéma gérien Malek Bensmaïl, auteur entre autres de La Bataille 30 mars au 5 avril d’Alger, un film dans l’histoire. Et enfin, l’hommage rendu au Mucem et autres lieux, Marseille Mauritanien Med Hondo, disparu au printemps dernier, qui, mucem.org 107

Les Rencontres du Cinéma Sud- Américain se dérouleront cette année Latin lovers sous le signe « Amour et Empathie »

n ces temps troublés, particulière- jury constitué cette année par l’homme (Argentine) s’attache à l’histoire d’une ment au Chili, où depuis octobre 2019, de radio Antoine Chao, la réalisatrice dessinatrice qui cherche l’équilibre entre Emanifestations pour des réformes Daniela Luizi, et François-Xavier Re- passion professionnelle et vie familiale sociales et terrible répression n’ont tou- nucci, passeur de cinéma au lycée de- (La afinadora de árboles). Marioneta na- jours pas cessé, où, au Brésil, tout et puis 20 ans. Ils départageront aussi les vigue entre drame et conte de fée, dans tous sont si honteusement malmenés, courts-métrages, et décerneront le Co- une comédie sociale située dans l’uni- où la pauvreté dévore la population vé- libri de la meilleure actrice, et celui du vers du théâtre (Álvaro Curiel, Mexique). nézuélienne, l’Association Solidarité meilleur acteur. Le prix du public sera Enfin,La espuma de los días (Fernando Provence Amérique du Sud (ASPAS) déterminé avec les votes des spectateurs Timossi, Cuba) s’attache au destin de décide de s’inscrire en contre-pied et cumulés à la fin des séances. quatre amis, à la vie à la mort, plus que choisit de placer ses 22e Rencontres du des frères, dans la vieille Havane. Une Cinéma Sud-Américain sous le signe À la vie à la mort fiction au plus près de la jeunesse du de l’Amour et de l’Empathie. Avec 22 Dans Pureza (Brésil, Renato Barbieri), Cuba contemporain. films de fiction (courts et longs), 7 pays une mère part à la recherche de son fils La sélection de courts-métrages est une seront représentés (le Chili, le Brésil en Amazonie, et découvre la terrible ré- belle occasion de partir dans les univers et le Venezuela, donc, avec l’Argentine, alité de la condition de quasi esclavage variés des réalisateurs, dans des fictions la Colombie, Cuba et le Mexique). Sans où sont réduits les travailleurs. Andrés qui sont autant de prismes singuliers nécessairement limiter la programma- Wood aborde les années Allende au Chili grâce auxquels on pourra découvrir l’his- tion aux films d’amour, ou à ceux qui dans Araña. Un trio d’amis/amoureux toire et les présents des différents pays traitent d’une certaine attention à l’autre, décide de renverser le chef d’État et com- invités cette année. l’équipe du festival, et sa directrice Leo- met l’irréparable. Ils se retrouvent 40 ANNA ZISMAN nor C. Harispe, visent à offrir des clés de ans après ; sera-ce l’heure de la remise compréhension aux spectateurs, qu’ils en question ? Chili encore, avec la fiction ressortent plus riches des salles de pro- franco/chilienne Perro Bomba de Juan jection ; c’est cela, l’amour au cinéma, Cáceres, qui suit le parcours difficile 22e Rencontres du Cinéma Sud-Américain l’amour du cinéma. Et parce qu’un peu d’un émigré haïtien à Santiago : une pre- 27 mars au 4 avril d’émulation ne nuit pas aux bonnes rela- mière dans le cinéma de ce pays, qui n’a Friche de la Belle de mai, Marseille, tions, 7 longs-métrages seront en compé- jusqu’ici jamais mis en avant un person- puis dans 15 villes en Région tition pour le Colibri d’Or, décerné par un nage afrodescendant. Natalia Smirnoff 09 80 78 01 53 cinesud-aspas.org

Perro Bomba de Juan Cáceres © Bobine films 108 cinéma Toutes et tous aux courts dont un programme suisse de poing de Guy Nattiv, Skin. En Es- (11 avril à 21h) et un sur les pagne, en compagnie d’une adolescente mondes paysans (11 à 18h15). obèse, humiliée par des filles de son âge Voir des courts-métrages, et qu’un inconnu va défendre d’une fa- c’est découvrir en peu de çon radicale : Cerdita de Carlota Pereda, temps des univers variés, violent et efficace sur la différence et le passer de la fiction au harcèlement. Dans la campagne tuni- documentaire, voir le monde sienne où le retour du fils ainé provoque avec des regards différents. des tensions familiales terribles : Bro- Ainsi on pourra rire, s’émou- therhood de Meryam Joobeur ne nous voir, réfléchir ou simplement laissera pas indifférent (lire aussi P 106). Makada © Nest distribution se laisser emporter et voya- En France, Pile Poil de Lauriane Escaffre i vous n’êtes pas allés au festival ger dans une vingtaine de pays. et Yvonnick Muller vous donnera l’oc- de courts-métrages de Clermont- Par exemple en Roumanie, juste après casion de voir l’excellent acteur Grégory SFerrand, si vous aimez découvrir les la répression à Timisoara du régime de Gadebois, et de rire un bon coup. Elodie talents de demain, La Criée vous donne Ceausescu, le 20 décembre 1989, dans a décidé de passer un CAP d’esthétique, l’occasion de voir plus d’une quarantaine une famille où une lettre au père Noel n’en déplaise à son père qui préférerait de courts proposés par Sauve qui peut le Noël provoque quelques problèmes fa- qu’elle continue la tradition familiale, la court métrage, et une programmation miliaux et politiques : l’excellent Cadoul boucherie. Quand son modèle la laisse « jeunesse » concoctée par le Festival in- de Craciun de Bogdan Muresanu. Aux tomber, la situation se complique… Chien ternational du Film d’Aubagne (lire P 112). États-Unis, dans un magasin d’une ville Bleu de Fanny Liatard et Jérémy Trouilh Lucas Brunier-Mestas, Marine Bordes ouvrière où le sourire d’un homme noir vous touchera : Émile a peur du monde et Sébastien Duclocher, du festival de à un petit garçon blanc déclenche une extérieur, reste cloitré chez lui, et pour Clermont, présenteront les 8 séances véritable guerre des gangs, le film coup se rassurer peint tout ce qui l’entoure

Rencontres printanières Les Rencontres Cinématographiques de Salon de Provence labellisées par Télérama fêtent cette année leur 30e printemps.

u cinéma Les Arcades, floraison de 59 films venus de 40 pays : 23 prima opera, 4 inédits, 5 avant-premières. ADans cette programmation généreuse, impossible de ne pas trouver à butiner tant le foisonnement se conjugue à une grande variété de tons, formats, genres. Cette année, focus sur le documentaire avec 4 films : l’émouvant Pour Sama de Waad al Kateab et Edward Watts qui suit le quotidien d’un Aurora de Mila Tervo © Dionysos Films couple dans Alep en guerre, partagé entre le désir de rester de travail indécentes pour Shimu dans Made in Bangladesh en Syrie et celui de protéger leur fille. Le musical Inna de Yard de Rubaiyat Hossain ou contre l’embrigadement religieux de Peter Webber, revival d’un groupe mythique de reggae en pour Camille dans Les Éblouis, premier film de Sarah Suco. Jamaïque. Le glaçant Thousand girls like me de Sahra Mani où Résister à la prison uruguayenne pour les Compagneros d’Al- une jeune afghane violée, enceinte de son père, ose le procès. varo Brechner. Prendre tous les risques et s’évader en mont- L’offensifIndianara d’Aude Chevalier-Beaumel et Marcelo golfière de la RDA au temps de la partition de l’Allemagne Barbosa qui dit le combat des minorités à Rio face à la me- pour les familles du thriller Un Vent de liberté de Michael nace totalitaire. Mise en scène des résistances qu’on retrou- « Bully »Herbig. vera aussi dans des fictions ancrées dans le réel. Ken Loach (Sorry we missed you), Guédiguian (Gloria mundi) Ainsi les deux longs métrages choisis par FFM pour sa Carte Ladj Ly (Les Misérables), Rodrigo Sorogoyen (El Reino) : le Blanche : Papicha de Mounia Meddour où les aspirations cinéma social et politique est à l’honneur. La lutte des classes de jeunes étudiantes algériennes à vivre s’opposent aux magistralement mise en scène dans Parasite de Bong Joon-Ho intégrismes, et le jouissif Dieu existe, son nom est Petrunya et dans le sanglant Bacarau de Kleber Mendonça Filho et Ju- de Teona Strugar Mitevska. Résister contre des conditions liano Dornelles, ou traitée en fable dystopique, façon Kameloot 109 Idées longues, en bleu jusqu’à ce que son fils Yoann... Dans le court au rythme haletant de Léopold Legrand, Mort aux codes, vous vous demanderez de quoi nous protègent vraiment bobines courtes les codes que nous mettons à nos portes en suivant une équipe du SAMU qui doit accéder le plus vite possible à un appartement pour sauver une victime. Le 9 avril à 21h, Paul-Louis Léger et Pascal Messaoudi présenteront leur documentaire Malanka, un rite païen autour de l’ours, dans les collines ukrainiennes aux fron- tières de la Roumanie : un film où le noir et blanc montre la relation que peuvent encore entretenir les hommes avec le sacré. Le 11 avril à 11h, 6 films d’animation pour toute la famille et les enfants dès 3 ans. Et à 21h, une Carte blanche est donnée aux jeunes créateurs du dé- partement SATIS : fictions, documentaires, créations Make it Soul, de Jean-Charles Mbotti Malolo expérimentales et un ciné-concert créé dans le cadre du programme « Regards Croisés » du 21e Festival Music & u 25 au 31 mars, deux associations, le festival aixois international Cinema d’Aubagne. Tous Courts et Des courts l’après-midi proposent La Fête du ANNIE GAVA DCourt Métrage, une manifestation presque entièrement gratuite, qui se déroulera dans la quasi-totalité des cinémas marseillais (Varié- tés, Gyptis, Pathé, Europacorp, Baleine, Vidéodrome…) et dans trois La Criée Tout Court 6 au 11 avril salles à Aix (Institut de l’Image, Le Cube et Les Gazelles). Théâtre de la Criée, Marseille Parmi les événements à ne pas manquer, la réalisatrice Lucie Bor- 04 91 54 70 54 theatre-lacriee.com leteau (Chanson Douce) et l’acteur-réalisateur Jérémie Elkaïm ani- meront une master-class « Du court au long » aux Variétés le 27 mars. Jean-Charles Mbotti Malolo, dont son Make it soul à été nommé aux Césars 2020, animera lui deux ateliers consacrés au court-métrage d’animation le 29 mars aux Docks et le 31 mars à la Baleine. Des évé- nements pour lesquels il faut réserver. Du 26 au 30 mars, un tournage participatif haut en couleurs, avec le cinéaste Benoît Grimalt, se tiendra à bord du ferry-boat du Vieux-Port mâtiné de Monty Python dans Tiempos despues de José pour le prix d’un ticket. Du 26 au 29 mars, un programme « Bienve- Luis Cuerda. On aura aussi des histoires de rencontres : nue sur le tapis rouge » permettra de découvrir des courts-métrages entre une veuve et un fossoyeur au cimetière dans la primés à Cannes ou à Hollywood pour le prix d’une place aux cinémas comédie de Yasmine Chouikh, Jusqu’à la fin des temps, Pathé Madeleine, Variétés et à l’Institut de l’Image. Les lauréats du fes- entre une Finlandaise fêtarde et frivole et un Iranien tival international d’Aubagne seront présentés le 29 mars au Miroir. acculé au mariage sous peine d’expulsion, dans Aurora D’autres projections spéciales, gratuites, viendront émailler cette se- de Miia Tervo. Ou, plus insolite entre un flic, un œuf et maine de cinéma : le rire sera à l’honneur à la Baleine le 27 mars avec une femme des steppes dans le polar mongol Öndög de le programme « Ah ah ah », la sélection de la Région Sud sera projetée Wang Quan’an. La sélection offre des drames poignants aux Variétés le 25 mars, et Louis Séguin sera présent au Vidéodrome 2 comme celui de la mort d’un enfant unique dans la Chine le 28 mars pour évoquer les courts-métrages de la jeune génération. en devenir avec So long my son de Wang Xiaoshuai, ou Les jeunes publics ne seront pas oubliés, avec, entre autres, des adap- celui d’un père prêt à tout pour sauver son fils gravement tations des œuvres de Leo Lionni Le Petit Monde de Léo dans trois blessé dans la Tunisie post Ben Ali avec Un fils de Me- salles, des ateliers jeune public gratuits sur la conception du dessin dhi Barsaoui, le film d’ouverture du festival, projeté en animé à l’Alcazar et aux Docks (réservation conseillée) et une séance présence du réalisateur. Car, comme toujours, de nom- suivie d’un goûter au Gyptis le 29 mars programmée par la plate- breux invités sont attendus, entre autres Olivier Meys forme de VOD jeunesse Benshi. et Gérard Meylan. Notons l’hommage rendu à Sergio PAUL CANESSA Alfano, membre de l’équipe, disparu récemment avec 4 films italiens, singuliers, engagés, poétiques, drôles, et… chaleureux, à l’image de la manifestation salonaise. ELISE PADOVANI

La Fête du court-métrage Rencontres Cinématographiques de Salon de Provence 25 au 31 mars 27 mars au 5 avril Divers cinémas, Marseille & Aix-en-Provence Les Arcades, Salon-de-Provence descourtslapresmidi.fr rencontres-cinesalon.org festivaltouscourts.com 110 cinéma Un tout nouv.o.monde Sylvia Vaudano, directrice des Films du Delta, présente la 9e édition du festival cinéma de Rousset et Pays d’Aix. Une riche programmation qui fait la part belle aux réalisatrices

Zibeline : Promouvoir un cinéma d’auteur riche, exigeant Qu’en est-il en 2020 ? et de qualité ouvert et accessible à un public large, créer des On rouvre 3 nouvelles séances. 35 films, une trentaine d’invités. espaces d’échanges autour du cinéma, est-ce encore la ligne Une programmation autour de Jean-Claude Izzo et de son artistique des Films du Delta ? rapport à Marseille, avec deux films : Les Marins perdus et on Sylvia Vaudano : Oui, toujours, mais la ligne a bougé. accueillera Claire Devers. Karim Dridi sera là pour Chouf. Au départ c’était autour de la création en région, « Provence, Quels sont les moments forts de votre programmation ? terre de cinéma ». En prenant la direction, je me suis dit qu’il Un film inédit, présenté à la Berlinale,Père de Srdan Golu- fallait s’ouvrir sur le monde. C’est devenu nouv.o.monde. On bović . On a la chance qu’un coproducteur français qui a un s’est posé la question des jeunes réalisateurs, émergeants ou coup de cœur pour notre festival nous l’amène. C’est un film plus confirmés : quel est leur regard de cinéaste très fort sur la problématique de la pauvreté dans sur les transformations du monde ? L’œil de la Serbie d’aujourd’hui ; un film universel, la l’artiste est important pour accompagner bataille d’un père pour garder ses enfants. ces changements et aussi réinventer Bouleversant et cinématographique- le monde de demain. ment très fort. (le 28 à 20h30). Il y D’où les deux temps forts dans l’an- aura aussi beaucoup d’avant-pre- née : Courts- Bouillon en décembre mières et d’inédits. Un film ké- et nouv.o.monde en mars ? nyan que Vincent Virgili, mon J’avais envie de développer collaborateur, a déniché, une le court-métrage, un espace petite perle qu’on peut voir en très libre, où il y a moins de famille, estampillé « Votre 1er contraintes financières, très film sous-titré » : Supa Modo créatif. On voit les préoccu- de Likarion Wainaina, sur le pations intimes des cinéastes pouvoir de l’imagination et du dans ces premiers films. Le cinéma. Une soirée autour de court a une place primordiale dans la danse qui me tient personnel- Courts-Bouillon mais il y a aussi des lement à cœur avec un film d’Icíar séances thématiques dans nouv.o.monde. Bollaín, Yuli, sur un gamin des rues Certains festivals ont eu des coupes sombres de Cuba devenu un danseur étoile (Car-

dans leur budget. Est-ce le cas pour Les Films Sy los Acosta) et qui, sa carrière achevée, est re- lvia Vaudano © A.G. du Delta ? venu à Cuba pour transmettre son art. Un ancrage Oui ! En 2018, il y avait eu une promesse de pérennisation, social et un regard nouv.o.monde sur ces problématiques de suivie d’une coupure nette et franche du jour au lendemain, transformation. La projection sera précédée d’un ballet de 20 de la part de la Région ! Les actions étaient entamées. Cela a minutes de la Cie Norma, en résidence au pavillon Noir. Un été très compliqué mais on a relevé les manches pour trou- croisement de regards entre danse et cinéma. ver des solutions et perdurer. D’autres institutions ont joué Et si on ne peut voir qu’un seul film ? le jeu à nos côtés pour pallier le manque. Pour 2020, on reste Choix cornélien ! Le Père et pour le fun, Il Campione de Leo- quand même avec un institutionnel de moins. nardo D’Agostini, avec l’excellent Stefano Accorsi, une belle nouv.o.monde se tient du 20 au 29 mars. Est-ce que tout se comédie. Une histoire d’amitié qui se passe dans le monde passe à Rousset ? millionnaire du football professionnel italien. On a une journée à Trets depuis sept ans et tout un travail ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ANNIE GAVA* d’éducation à l’image. 3000 personnes sont concernées par des ateliers. Un travail de fourmi, mais conséquent pour un * qui suggère d’aller voir aussi Honeyland de Tamara Kotevska petit festival comme nous. Et une journée à Aix, le 24 mars et Ljubomir Stefanov, qui n’est pas distribué en France. avec l’avant-première du nouveau film d’Haifaa Al Man- sour, The perfect candidate, le combat courageux d’une jeune femme en Arabie saoudite. nouv.o.monde Pour 2019, 33 films étaient présentés, avec 17 pays, une vingtaine 20 au 29 mars d’invités, 13 séances publiques, 3 séances de courts-métrages. filmsdelta.com 111

Le levant à portée

Pour Sama, de Waad al-Kateab et Edward Watts © ITN Productions 2019 d’écrans Les cinq cinémas de Scènes & Cinés (Grans, lumière les cinémas de ces pays-là. Comment avez-vous choisi les invités qui viennent parler Istres, Fos, Miramas et Port-Saint-Louis) des films ? e On s’est attaché à avoir des invités qui allaient intervenir avant accueillent la 12 édition du Panorama, tout sur le cinéma et pas sur un propos politique. Les films ont bien évidemment été choisis parce qu’ils sont le reflet de dédiée aux cinématographies du Proche la société et du pays auquel ils appartiennent, mais ils ont et du Moyen-Orient. Entretien avec Joël aussi intrinsèquement une valeur artistique, et ne sont pas choisis pour être un support idéologique. Les intervenants Bertrand, l’un des coordinateurs de la sont sur cette ligne. Je pense à Xavier Nataf, pour le cinéma israélien, qui, indépendamment de ce qui se passe là-bas, et manifestation de la politique du pays, défend ce cinéma pour ce qu’il est ; de la même manière Asal Bagheri, qui est spécialiste du ci- Zibeline : Comment s’est construite cette édition, après le néma iranien, va notamment parler de la place de la femme départ à la retraite d’Alain Bombon qui en était jusqu’alors dans ce cinéma. le directeur artistique, et dont le poste n’a pas été remplacé ? Avez-vous des coups de cœur à nous faire partager ? Joël Bertrand : C’est une construction collégiale qui s’est Il y a des films forts : Pour Sama, un documentaire syrien faite avec l’ensemble des directeurs des cinémas de Scènes & de Waad al-Kateab et Edward Watts, qui raconte l’histoire Cinés, mais aussi avec les personnalités invitées à intervenir d’une femme qui vit à Alep et filme son quotidien avec son lors des soirées thématiques. mari, pour leur fille, Sama, bébé né pendant la guerre ; ceux Dans la continuité des éditions précédentes donc ? de Jafar Panahi, qui fait l’objet d’un hommage, Trois visages Oui, en mettant l’accent cette année sur les cinématogra- et Le Miroir, son premier film sorti en France, en ouverture ; phies de huit pays du Proche et du Moyen-Orient : l’Afgha- Yomeddine de A. B. Shawky, l’histoire d’un lépreux qui tra- nistan, l’Égypte, l’Iran, Israël, le Liban, la Palestine, la Syrie verse l’Égypte ; le très joli Le poirier sauvage de Nuri Bilge et la Turquie. Le principe est toujours le même, on ne traite Ceylan, belle fresque dans la Turquie d’aujourd’hui ; le même que des films qui sont sortis en France ces deux ou trois der- soir il y aura une avant-première avec le film turc deSerhat nières années. La place du cinéma iranien, israélien et pa- Karaaslan, Passed by censor, qui raconte l’histoire d’un gar- lestinien est importante dans cette sélection, mais ça laisse dien de prison employé pour lire les lettres des prisonniers et aussi la place au cinéma turc, afghan, syrien égyptien, liba- censurer tous les propos d’ordre politique ; il y aura aussi des nais. L’idée est de faire état de ces cinématographies qui sont soirées musicales à Fos, avec No Land’s song de Ayat Najafi, toutes différentes mais qui ont aussi un point commun : c’est suivi d’un concert, et à Port-Saint-Louis autour du film pa- une région du monde qui partage un certain nombre de va- lestinien Wajib, l’invitation au mariage d’Annemarie Jacir. leurs, culturelles, sociales, politiques éventuellement ; et de À noter aussi, lors de la projection du documentaire de Nicolas faire émerger une cinématographie qui passe au travers de Wadimoff, L’Apollon de Gaza, la venue de Thomas Bauzou, toutes les sorties trustées par les blockbusters. C’est le meil- un archéologue qui travaille beaucoup dans cette région du leur moyen de les faire vivre auprès des spectateurs, de pro- monde et qui propose une conférence sur son travail là-bas voquer une rencontre. et sur l’état des fouilles qui fait écho au film. Avez-vous eu du mal à trouver et programmer ces films ? PROPOS RECUEILLIS PAR DOMINIQUE MARÇON Pas tant que ça, parce qu’on s’attache à programmer unique- ment des films sortis en France. Nous avons vraiment à cœur Panorama - Cinémas du Proche et Moyen Orient de faire émerger la cinématographie de cette région du monde. 3 au 12 avril Elle est peu mise en exergue, peu valorisée, y compris dans Cinémas, Grans, Istres, Fos, Miramas et Port-Saint-Louis les médias. C’est l’occasion de faire un focus, de mettre en scenesetcines.fr 112 cinéma Fissa au FIFA !

Zibeline : Le FIFA depuis 20 ans allie Short Film Festival ainsi que le FEST - New Directors la promotion de la jeune création / New Films Festival du Portugal. cinématographique et la créa- Gaëlle Le FIFA est un festival ; il y a donc des compé- tion musicale pour l’image, titions ? Y a-t-il des pays particulièrement seule manifestation de ce Rodeville, représentés ? type en Europe. Quels sont Oui, une grande diversité de pays, mais les invités d’honneur en Déléguée générale du la Belgique est très présente. Les pays du 2020 ? Nord ont encore un espace de liberté de Gaëlle Rodeville : Festival International du création et les films de Belgique, des Pays- C’est la seule axée sur la Bas sont extrêmement décalés. En tout, jeune création cinémato- Film d’Aubagne nous nous avons reçu 1200 courts et 400 longs. graphique où sont invités Nous en avons sélectionnés 71 et 10. systématiquement réalisa- parle de la prochaine Quels sont les temps forts de la semaine ? teurs et compositeurs. Les deux Question compliquée ! J’aurais envie de dire invités d’honneur sont l’actrice, édition que c’est important de voir les courts-métrages chanteuse et réalisatrice Agnès Jaoui car c’est la création de demain. Mais la com- et le Canadien Howard Shore, com- pétition des longs est aussi un mo- positeur attitré de Cronenberg, de Scorsese et ment fort car on voit des pre- très connu pour ses partitions du Seigneur miers films qui, souvent, des anneaux. Il a accepté de venir partager n’ont pas de distributeur. avec les jeunes créateurs et présentera 5 On n’est pas sur l’exclu- films dont le dernier deFrançois Gi- sivité et on veut que les rard, The Song Of Names. Il animera films circulent. Autre une master class, précédée d’un pe- moment fort : la ren- tit concert de ses œuvres et animée contre avec Howard par Thierry Jousse. Shore, et celle avec Vous invitez aussi ceux que vous ap- Agnès Jaoui pour pelez les passeurs d’expériences. Pou- son engagement. vez-vous nous en dire plus ? Elle n’a pas choisi de Nous avons deux dispositifs autour de présenter un film de la transmission. « Ils repasseront par sa filmographie mais là » avec des compositeurs qui ont béné- L’Amour des hommes de ficié de dispositifs de professionnalisation Mehdi Ben Attia où c’est et ont développé leur carrière depuis. Dan une femme qui regarde les Levy pour J’ai perdu mon corps de Jérémy Cla- hommes. Un choix intéressant, pin ; Rémi Boubal avec Nuestras Madres (Caméra une façon à elle de parler de la Ga d’Or 2019) de César Díaz, Wissam Hojeij pour Land elle Rodeville © A.G. féminité et de la liberté, de sa vision du of Ashes de Sofía Quíros Ubeda. Pablo Pico sera présent monde, et de son métier de scénariste, réalisatrice avec L’Extraordinaire voyage de Marona d’Anca Damian, et et chanteuse. Un signe d’ouverture Anne-Sophie Versnaeyen avec La Belle Epoque de Nicolas Et votre coup de cœur ? Bedos. Aubagne leur a servi de tremplin. Pour le deuxième Encore plus dur ! Je suis très attachée à Un Fils de Mehdi dispositif, « Duo », on aura le compositeur Renaud Barbier Barsaoui, présenté en ouverture. Une première œuvre et son frère Éric Barbier qui présenteront Petit Pays adapté extraordinaire. C’est Amine Bouhafa, fidèle du festival, qui de Gael Faye, présent pendant tout le tournage ; ils ont tra- en a composé la musique. Et Najla Ben Abdallah (qui inter- vaillé ensemble et ce sera un témoignage très intéressant. prète une des protagonistes) fait partie du jury « longs ». J’ai Chaque année, vous mettez en lumière le travail d’écoles un faible aussi pour Patrick de Tim Mielants, un film belge européennes de musique et de cinéma. Quelles seront-elles ? complètement décalé et joué de façon extraordinaire. Y aura-t-il aussi des Cartes Blanches ? ENTRETIEN RÉALISÉ PAR ANNIE GAVA Quatre écoles, l’Aristotle University of Thessaloniki, l’Aca- démie de musique de Cracovie et l’ArtEZ des Pays-Bas sont invitées avec le SATIS à participer au programme « Regards Croisés » et donneront un ciné concert. Pour les Cartes Blanches, nous accueillerons les festivals qui Festival International du Film d’Aubagne présenteront leurs films : Fimucité - Tenerife International 30 mars au 4 avril Film Music Festival, le Glasgow Short Film Festival, le Hamburg aubagne-filmfest.fr P Les secrets de l’écran A N CINÉMAS O DU PROCHE R ET MOYEN Zombi Child de Bertrand Bonello © Ad Vitam ouvent, les thématiques des festivals sont plutôt floues, et on perd finalement le sens concret du focus choisi. Ce n’est S jamais le cas à Alès, où chaque année, Itinérances propose, A en plus de tout le reste, une quarantaine de films répondant ORIENT parfaitement à la cible annoncée. La 38e édition explore les Pas- sages secrets. Une belle porte d’entrée pour revisiter l’histoire du cinéma, en fiction, documentaire, animation. Le choix est M multiple, les voix singulières : on pourrait commencer par Eyes Wide Shut, le dernier Kubrick (1999), continuer par Le Troisième DU 3 AU 12 AVRIL 2020 homme, de Carol Reed (1949) en s’offrant un détour par le très subtil Zombi Child de Bertrand Bonello (2019). Ils reste 36 autres A films dont 4 occuperont la Nuit de tous les secrets 21( mars), riches en frissons (The Vigil, Keith Thomas, 2019, Vampires en toute intimité, Taika Waititi et Jemaine Clement, 2014,...). Un hommage sera rendu au documentariste Yves Jeuland, dont 10 films seront présentés. Ce sera l’occasion de revoir Le Président (2010), incroyable portrait de l’ancien maire de Mont- pellier Georges Frêche, ou Bleu Blanc Rose (2002), qui retra- çait 30 ans de luttes et de vie LGBT en France. Les éditions Au Diable Vauvert auront Carte Blanche pour présenter 3 films de l’écrivain et réalisateur Vincent Ravalec. Carte Blanche aussi pour l’incontournable critique de cinéma qui publie depuis 20 ans dans Le Monde : Samuel Blumenfeld choisit d’introduire Blow Out (Brian de Palma, 1981, sur lequel il a écrit un ou- vrage épuisé et réédité récemment) et La vengeance aux deux visages, de Marlon Brando (1961), qu’il a rencontré (Les der- niers jours de Marlon Brando, Stock, 2019). Avec d’autres focus, soirées spéciales et cartes blanches, ce sont des dizaines d’iné- dits et avant-premières que l’on pourra découvrir, dont le très attendu Adolescentes, documentaire de Sébastien Lifshitz, qui vient de présenter à la Berlinale le bouleversant Petite fille (lire FOS-SUR-MER GRANS P. 105). Et les nouveaux talents s’exprimeront à travers la com- ISTRES MIRAMAS pétition de courts-métrages, cette année très focalisée sur les questions de genre. PORT-SAINT-LOUIS-DU-RHÔNE ANNA ZISMAN

10 jours de projections, de rencontres, de soirées en présence d’invités dans vos salles de cinéma. Toute la programmation sur www.scenesetcines.fr Itinérances 20 au 29 mars Divers lieux, Alès 04 66 30 24 26 intinerances.org Licence 3-1064783 114 cinéma The Room

att et Kate, couple et les propriétés magiques Film trentenaire, s’ins- de la maison évoquent éga- du mois Mtallent dans leur lement Beetlejuice. Dans The nouvelle demeure isolée Room, peu d’effets spéciaux en campagne. Ils découvrent bien vite et pas de jump scares mais une pièce qui leur accorde tous les biens avant tout une atmosphère matériels qu’ils désirent. Une fois leurs de cloisonnement claustro- fantasmes les plus décadents assouvis, phobique à souhait et portée Kate, fragile psychologiquement, de- par la performance de ses © Les films du Poisson mande à la pièce l’enfant qu’elle et son deux acteurs, Kevin Janssens et parti- les désirs les plus profonds de Kate. mari n’ont jamais pu avoir… culièrement Olga Kurylenko, qui campe Le scénario parvient à captiver de bout The Room (à ne pas confondre avec le mé- avec précision la fragilité psychologique en bout, notamment en redéfinissant les morable nanar de Tommy Wiseau !) est d’une mère en mal d'enfant. limites et les modalités du pouvoir de la un film franco-belge réalisé parChristian Mais si le long-métrage choque et inter- pièce avec cohérence et souci du timing, Volckman, qui n’avait pas travaillé sur pelle, c’est également par l’étendue de et si le fil narratif se déroule de manière un long-métrage depuis le très original sa thématique psychologique, et il est finalement assez prévisible, l’angoisse Renaissance, en 2006. Ici, pas de motion tentant de voir en The Room une vaste profonde et le questionnement intime capture mais un huis clos étouffant dans allégorie du rôle des parents passé par le portés par le film laissent une trace du- une maison-organisme dont les tropes prisme de la psychanalyse, qui ne rechigne rable chez le spectateur. rappellent les codes visuels oppressants pas à des concrétisations dérangeantes. SUZANNE CANESSA du fantastique anglo-saxon qu’on re- Les premières minutes adressent égale- trouve par exemple dans American Hor- ment les enjeux consuméristes actuels : ror Story ou Shining, référence assumée l’abondance de biens disponibles à portée The Room, de Christian Volckman, du réalisateur ; l’enfermement morbide de main (ou de clic) ne peuvent étancher sort le 25 mars (1h40) Mignonnes

ignonne : adj ou n. une même aliénation. On peut Film Qui a de la grâce et de éprouver un certain malaise à du mois Mla délicatesse. Char- voir ces corps à peine pubères mante, jolie, menue, gen- hyper sexualisés. Cette liberté-là tille / Affectueusement : jeune fille. est un leurre et un autre type de Ah qu’elles sont loin de cette définition, formatage. Entre la robe longue les Mignonnes du premier long-métrage de princesse africaine qu’on veut de Maïmouna Doucouré ! car si elles imposer à Amy pour le mariage sont jeunes et jolies, ces fillettes de 11 de son père et le petit short qui ans parlent de cul, jurent, chahutent, sculpte ses fesses, comment Amy se battent, tweetent sans gentillesse, et peut-elle se construire ? La réali- font des 400 coups qui feraient passer satrice franco-sénégalaise, sans Antoine Doinel pour un enfant de chœur. souci du politiquement correct, Les Mignonnes, c’est pourtant le nom se glisse dans le regard de la fil- qu’Angelica, Coumba, Jess et Yasmine lette, et explore cette zone incer- ont choisi pour leur groupe de twerk, une taine et mouvante entre l’enfance danse sensuelle venue de la culture noire. et l’adolescence. Tout est juste L’index mouillé sur la bouche, moulées dans ce premier long-métrage, dans leur tee-shirts brassières, nos fil- et particulièrement la direction lettes se déhanchent dans des postures © Jean-Michel Papazian pour BIEN OU BIEN PRODUCTIONS 2018 d’actrices : Fathia Youssouf est provocantes. écartelée entre son milieu familial et cette proprement époustouflante dans le rôle Amy emménage avec sa mère et son pe- bande de « dévergondées » à laquelle elle d’Amy et so… CUTIE ! tit frère dans un nouvel appartement, en veut appartenir. Sous le voile noir à la ELISE PADOVANI proche banlieue parisienne. La famille mosquée, au milieu des corps contraints sénégalaise, musulmane, respecte la tra- et cachés, elle regarde en cachette des dition. Le père, qui a pris une deuxième vidéos pour trouver l’inspiration de nou- Mignonnes, présenté à la Berlinale épouse, doit les rejoindre pour le mariage. velles « choré ». Grand écart entre deux dans la section Generation Kplus On suit le parcours de cette petite fille, représentations des femmes, unies dans sort en salles le 1er avril 115 Antigone

e 9 août 2008, canadienne. L’esprit d’Anouilh Film un policier et plus encore de Sophocle est du mois Lmontréalais évoqué d’autres manières : par abat dans la rue exemple par la conservation le jeune immigré hondurien anachronique des noms grecs, Fredy Villanueva dans des cir- par ces avalanches de posts sur constances très controversées. des réseaux sociaux qui com- Ce dernier n’avait pas de ca- mentent l’action à l’instar d’un sier judiciaire… Un événement chœur antique, mais surtout dont on a peu entendu parler par l’innocence et la ténacité de en France mais fortement mé- son héroïne, seul pilier moral © Les Alchimistes diatisé au Québec et qui provo- du récit. Nahema Ricci campe quera des émeutes le lendemain à Montréal. C’est de ce crime une Antigone déterminée, dont le corps frêle contraste avec que s’est inspirée la réalisatrice Sophie Deraspe pour adapter la force de sa détermination et de ses principes. Son Hémon, dans un cadre contemporain la tragédie d’Antigone : le per- Antoine Desrochers, est un acteur déjà confirmé au Canada sonnage titre prendra ici tous les risques pour faire sortir de et son charisme sans chichis crève l’écran. À noter égale- prison son truand de frère Polynice, détenu pour s’être jeté ment les performances convaincantes de Rachida Ousaada sur le policier qui venait d’abattre son frère Etéocle. (Ménécée) et Hakim Brahimi (Etéocle) dont c’est le premier La transposition, qui globalement fonctionne, n’est heureu- rôle au cinéma. Le film, choisi pour représenter le Canada sement pas littérale : dans cette adaptation, pas de figure tu- aux Oscars, a déjà rencontré un beau succès dans son pays télaire de Créon, remplacé par les différentes représentations et a remporté la récompense suprême au festival de Toronto. d’autorité de la société (police, tribunaux…). Le châtiment qui SUZANNE CANESSA menace Antigone n’est pas la mort physique mais une mort sociale : l’expulsion de sa famille d’immigrés maghrébins et la renonciation au sésame salvateur que représente la citoyenneté Antigone, de Sophie Deraspe sort le 15 avril (1h49)

Les Grands voisins, la cité rêvée

ur le site de l’ancien Hôpi- friches accueillent des structures asso- Plus surprenantes, malgré leur justesse, Film tal Saint-Vincent-de-Paul, ciatives comme une cantine ou des ate- sont les déconvenues liées à la médiati- du mois Sdans le 14e arrondissement liers d’artistes. Au cœur de ce village en sation du projet et à son retentissement. de Paris, un projet pas comme pleine effervescence que sont les Grands Le dispositif, ainsi questionné, peut par Voisins, c’est le projet qui jus- endroits sembler faussé : la réalisation se tifie la résidence. prémunit heureusement de cet écueil la Bastien Simon a la chance plupart du temps, et n’oublie pas, tout en d’être sur place dès 2015 et de filmant le collectif, de mettre au jour les pouvoir y balader sa caméra, individualités, voire d’en faire des per- de récolter les témoignages sonnages. Si bien que c’est un profond de ces voisins qui sont deve- sentiment d’espoir qui prévaut après la nus les protagonistes de son vision du long-métrage. film à venir. Ce film fut réalisé Aujourd’hui, la friche de Saint-Vincent- dans l’urgence, sur la base de de-Paul accueille encore plusieurs as- dizaines d’heures de rushes sociations en attendant la fin des tra- captés dans l’instant : il n’a vaux, et sa conversion en un éco-quartier © La vingt-cinquieme heure pu être produit que grâce à qui retiendra, on l’espère, l’esprit équi- les autres voit le jour : les Grands Voi- un financement participatif en 2016. Les table et collaboratif de cette belle leçon sins. À une époque où le libéralisme et moments de crise et les obstacles aux- d’humanité. l’ubérisation incitent au repli sur soi, quels sont confrontés les habitants de ce S.C. une expérience sociale inédite se déroule village utopique ne sont pas éludés. Les en plein cœur de Paris : les locaux va- obstacles liés à la concrétisation d’une cants y sont utilisés pour accueillir 600 utopie de vie en communauté sont évi- Les Grands Voisins, la cité rêvée, de personnes en situation d’urgence, les demment nombreux, voire prévisibles. Bastien Simon sortira le 1er avril (1h35) 116 cinéma livres Abou Leila Le dandy espion

éducteur, aventurier, sportif de haut Livre niveau, soldat, diplomate, Raimondo du mois SLanza, prince de Trabia, a tout du héros de roman. Pourtant, il fut bien réel et sa courte vie (il est mort à 39 ans) tient du météore, brillante, mouvementée, et ce, en contact avec les plus hautes sphères des pouvoirs. La littérature devient elle aussi épique, à l’instar du personnage. Sa pe- tite-fille,Ottavia Casagrande, évoque dans un premier ouvrage la vie de cet ancêtre hors normes, Mi toccherà ballare-L’ultime principe di Trabia (Feltrinelli 2014), (« il me faudra danser »), ouvrage nourri de lettres trouvées dans une vieille valise remisée au grenier, de photogra- phies, d’anecdotes rapportées à la mère (née deux mois après la mort de Raimondo) de l’auteure, et des nombreux écrits qu’il a inspirés (tels ceux de Susanna Agnelli). Ce © UFO distribution deuxième opus, L’espion inattendu (titre original : Quando si spense la notte –Il : dans l’Algérie en proie au principe di Trabia, la Film terrorisme des GIA (Groupes spia che non voleva du mois 1994 Islamiques Armés), deux la guerra) est né du hommes, S. et Lotfi, parcourent le Sahara en premier, grâce à voiture à la recherche du dangereux terroriste Abou Leïla. Lotfi un développement parvient à garder la tête sur les épaules mais S. semble som- nouveau : la fille de brer de plus en plus dans la folie tandis que le duo s’éloigne Cora (qui fut l’une d’Alger… des compagnes et Abou Leila est un trip halluciné peuplé de symboles où la vio- alliée, (elle-même lence devient une fatalité, où le décor à la fois coloré et dé- espionne anglaise), peuplé évoque tout d’abord le tragique du western spaghetti de Raimondo, alias pour mieux glisser vers l’étrangeté et la densité d’un Apoca- « Rodrigo Linzer »), lypse Now. Le spectateur, captivé, peine à se raccrocher à un Géraldine, reconnaît élément narratif tangible, ce qui accentue l’incertitude et le à la lecture du pre- malaise. De rencontre en rencontre, les personnages s’en- mier livre celui dont foncent dans un voyage sans retour où la quête initiale du sa mère lui a tant terroriste paraît vite secondaire, et où le conte se fraie peu parlé… Renaissent à peu un chemin. alors en un style fluide les évènements de l’année 1940, Amin Sidi-Boumédiène dresse avec ce premier long-métrage avec les tractations entre l’Allemagne nazie et l’Italie particulièrement inspiré et maîtrisé un tableau d’une rare Mussolinienne, les rôles de la France, de l’Angleterre, noirceur. On y découvre une société en manque de repères, celui primordial de Winston Churchill que Raimondo déboussolée et traumatisée par la brutalité de son quotidien. rencontra, les informations erronées envoyées aux na- La scène d’ouverture nous introduit dans un univers où la zis qui leur donnèrent une mauvaise appréciation des violence la plus gratuite s’est banalisée et peut ressurgir à forces italiennes et une stratégie qui les mena à de cruels chaque coin de rue, au détour de chaque plan. La démence échecs… Courses-poursuites, déguisements, fuites, risques, surgit de l’indicibilité de cette angoisse permanente, et du empoisonnement, coups de feu, passes d’armes, botte désir de symbole et d’imaginaire que le traumatisme suscite. secrète, exode, mais aussi, bals, cinéma, voluptés… Les Le personnage de S., incarné par Slimane Benouari, remar- personnages historiques prennent chair, comme le mi- quable, résume à lui seul cette dissociation sourde. Son com- nistre des Affaires étrangères, Galeazzo Ciano (beau- père Lyes Salem excelle également dans le rôle moins tour- fils de Mussolini). Entre comédie romantique et roman menté mais néanmoins complexe de Lotfi. La photographie d’espionnage, un récit mené avec humour et délicatesse. du chef opérateur Kanamé Onoyama et l’ambiance sonore MARYVONNE COLOMBANI très travaillée par Benjamin Lécuyer et Nassim El Mou- nabbih participent à la tension du film et à la bascule fluide entre réalité et hallucinations : l’onirisme confine tantôt au réalisme magique, tantôt à l’âpreté du réel. Glaçant. SUZANNE CANESSA L’espion inattendu Ottavia Casagrande, traduit de l’italien par Marianne Faurobert éditions Liana Levi, 19 € Abou Leila, de Amin Sidi-Boumédiène le 5 avril (2h13) livres 117 Le dindon de la farce

eorges Feydeau premier roman noir puisque La Ferme du art des formules imagées et des dialogues Livre aurait sans doute crime a été proclamé « meilleur roman enlevés. Finalement, ce qui pique notre du mois Gpu inventer un tel criminel du printemps 2006 » et a reçu curiosité dans Tromperie n’est pas l’épi- personnage ! Il faut dire le prix Friedrich Glauser. On s’attendait logue, évident dès les premières pages, que dans cette histoire rocambolesque donc à un rythme haletant, une enquête mais la peinture réaliste d’une société qui de cambriolage et de meurtres, Hubert bien ficelée avec son lot de rebondis- peine à se relever. Hubert Täuscher rêve Täuscher s’est mis la tête dans le sable au sements et peut-être quelques pointes sa vie comme au cinéma, ses maitresses point de finir, seul, sur d’humour ou de féro- Clara et Théa croient à l’amour absolu, l’échafaud. Les voyous cité. Que nenni. On est le complice maléfique Luck Schinder le laissant choir sans plongé dans une at- traficote, les témoins ragotent à tout va, vergogne… Nous mosphère digne des les journaux relatent les faits comme les sommes à Landshut, premières enquêtes rumeurs. Bref, l’engrenage de faisceaux en 1922, et le sud de du commissaire Mai- concordants désigne le coupable idéal l’Allemagne panse à gret écrites par Sime- sans éveiller les soupçons des enquê- peine ses blessures non ! Une fois passées teurs de la brigade criminelle, excepté de guerre : pauvreté, la déception et la mo- Johann Hutler, perplexe devant les évi- chômage, veuvage,... notonie de l’intrigue, dences… La machine judiciaire écrase La mécanique impla- on s’attache aux re- tout sur son passage, y compris notre cable va se mettre en mous provoqués par plaisir de lecteur qui referme le livre place, resserrant son l’affaire dans cette aussi vite qu’il l’avait ouvert. étau autour du hé- petite bourgade pro- MARIE GODFRIN-GUIDICELLI ros et sous les yeux vinciale, aux person- du lecteur. L’auteure nages bien campés, Tromperie Andrea Maria Schenkel Andrea Maria Schen- aux âmes tourmentées Traduit de l’allemand par Stéphanie Lux kel n’en est pas à son et solitaires, grâce à un Actes Sud - actes noirs 21,80 €

Une vie de chien en somme

insi Salma résume-t-elle son exis- de son bonheur éphémère ». Un premier perpétrées, mais en secret. Lubricité, cu- tence dans le bref et poignant chapitre qui fait froid dans le dos. Voilà pidité, hypocrisie, telles y sont les vertus Aroman de Mamdouh Azzam, ce qui arrive lorsqu’on ose enfreindre la cardinales. Le style d’Azzam, dépouillé, à L’échelle de la mort. Un roman paru en loi, lorsqu’on se prend la limite de la froideur 1989, tout récemment traduit en fran- à rêver d’amour, de clinique, reflète bien çais et édité dans la collection Sindbad bonheur, d’une autre la dureté de l’existence d’Actes Sud. Une bonne occasion de dé- vie en somme. Le reste (particulièrement celle couvrir Mamdouh Azzam, auteur de huit du roman relate ce des femmes) dans romans et recueils de nouvelles qui ont qui a précédé la mise cette contrée reculée ; marqué la vie littéraire syrienne, et qui à mort de Salma. En l’absence de compas- ont tous pour cadre la région druze, au une succession d’al- sion aussi, comme une sud du pays, où il vit. Une région rurale lers-retours entre façon, pour la plupart austère, corsetée dans les traditions an- présent et passé, il des personnages, de cestrales, plombée par la brutalité quoti- dépeint la réalité ter- se protéger, afin de dienne. Le récit commence par la mort rible d’une société pa- pouvoir continuer à annoncée de la jeune Salma. Condamnée triarcale rétrograde et vivre…sans trop de par sa famille et tout le village pour avoir violente. Dans laquelle remords. Un récit tenté de s’enfuir avec celui qu’elle aime, un amour comme ce- court (une centaine elle est enfermée dans une cave obscure lui d’Abdelkarim et de pages) mais qui à l’écart de tout. Résignée à son sort, elle de Salma - pur, réci- pèse son poids. avale chaque jour un peu plus du « repas proque, à cœur bat- FRED ROBERT mortel » que lui concoctent les vieilles tant - ne peut évidemment ni se dire, femmes de la famille ; ne lui restent ni se vivre. Dans laquelle pourtant tant L’échelle de la mort Mamdouh Azzam que sa mémoire et « les champs riants d’infractions aux bonnes mœurs sont éditions Actes Sud coll. Sindbad 12,80 € 118 livres Romance 2.0

n connaît Ar- l’effusion quand ils se trouvent enfin, mais Livre naud Cathrine la descente sera aussi raide que l’ascen- du mois Opour ses talents sion. Arnaud Cathrine est de ces jeunes d’auteur et d’interprète, quadragénaires qui maîtrisent absolu- notamment son époustou- ment les nouveaux codes présidant aux flant Frère animal, brûlot contre l’alié- nouvelles relations amoureuses (chats, nation du monde du travail porté sur les instagram…), et son roman initiatique planches en 2008 sur des musiques de sonne juste. Florent Marchet. Fine, sinueuse mais JULIE BORDENAVE aussi nerveuse par moments, l’écriture de l’auteur va à l’essentiel pour dépeindre Romance Arnaud Cathrine nos sociétés. Toujours par le biais psy- éditions Robert Laffont, collection R, 16,50 € chologique, il se glisse dans la tête de personnages pétris de leur époque, se démêlant simultanément dans d’atem- à venir porels atermoiements. Après son trip- tyque À la place du cœur, qui suivait les 22 avril : Rencontre à la médiathèque tribulations amoureuses de Caumes et Émile Zola de Montpellier Esther, 17 ans, en pleine France déchirée la peau de Vince, adolescent tourmenté 15 mai : Lecture musicale de J’entends par les attentats de 2015, il s’attelle cette par ses hormones, comme par des élans des regards que vous croyez muets, en compagnie de Mathieu Baillot, à fois à l’amour entre garçons. Il faudra ac- que la raison ignore. Jeune gay bagar- la Cité du livre, Aix-en-Provence cepter le parti-pris du livre : une diction reur, il s’éprend d’Octave, pur hétéro 17 mai : Lecture/projection de Andrew hachée, singeant un langage parlé dont ultra sensible. Les corps tâtonnent, se est plus beau que toi & Histoires de le manque de fioritures pourra rebuter cherchent, les fantasmes viennent ali- famille en compagnie de Justine Levy, par moments. Car l’auteur se met dans menter la frustration contenue ; et c’est à La Comédie du Livre, Montpellier

Municipales en polar

lors que la campagne mu- qui aurait commencé en 2008 et dont les les compromis et les compromissions, Livre nicipale bat son plein, le évènements sont rapportés dans la pre- tout peut mener à vengeances et règle- du mois Anouveau roman d’Hubert mière partie du livre. À la narration et au ments de compte… On se laisse empor- Huertas, Quelques gouttes de sang poste clé, la jeune inspectrice de police ter par la prose aisée d’Hubert Huertas, sur le bureau du Naïma Zidani avait en- dont le ton n’est pas sans rappeler celui maire, prend une sa- quêté sans succès sur d’un James Ellroy, jouant entre détache- veur particulière. Le une disparition et des ment et finesse d’analyse. Les person- roman s’ouvre à l’au- morts de personnes nages sont dotés d’une belle épaisseur tomne 2019, sur l’en- proches de la mai- humaine, grâce à leur sensibilité, leurs terrement de Domi- rie… En 2020, revenue atermoiements, leurs doutes, leur par- nique Acquaviva, (son dans sa ville (jamais cours. Le duo commissaire/ journaliste pacemaker l’ayant cu- nommée mais qui doit accorde au récit pertinence et véracité. rieusement lâché), dé- beaucoup à celles de la On se plaît à retrouver dans les noms cédé de « mort acci- région PACA) avec le des protagonistes des échos de person- dentelle, quoique », grade de commissaire nalités connues, à déceler, dans les dé- patron de la Proven- divisionnaire, elle se mêlés syndicaux, la bataille du traite- çale d’Assainissement voit enquêter de nou- ment des ordures, les luttes politiques et adjoint au maire… veau sur une série de intestines, des équivalents historiques Sont présents aux ob- crimes qui touchent les et actuels. On en sourit vite avant d’en sèques le maire sor- proches du maire ac- frémir. Passionnant ! tant, Louis Berisha et tuel. Les rumeurs en- MARYVONNE COLOMBANI son épouse la belle et flent, « accidents, exé- secrète Héloïse, l’an- cutions » ? La politique, cien maire Gaston Cazenave, le repor- cette « drogue dure » et ses « dix engrenages Quelques gouttes de sang sur le ter du quotidien local Alex Carbonier, par jour », habite l’intrigue. Les malver- bureau du maire Hubert Huertas et tous les protagonistes d’une histoire sations, les chantages, les négociations, éditions L’Archipel, 19 € 119 Pour l’amour du rap

isha et Michael se enfance pauvre, celle du rejet et du ra- Livre retrouvent après cisme, comme il l’a racontée dans son du mois Adix années de si- troisième roman, Il est temps que je te lence. Elle revient dans le dise, a nourri ce récit (lire journalzibe- quartier populaire de son enfance de la line.fr). Même origine, Trinidad, même banlieue de Toronto, pour revoir Mickael situation de la famille esclave dans les après avoir assisté aux derniers moments cannes à sucre, même acharnement à de son père. Le passé rejaillit avec les s’en sortir, même dignité. Il a su créer souvenirs du lycée et surtout ceux de des personnages attachants, soulignant Francis, le frère de Mickael. Après une la relation affectueuse des deux frères et enfance tranquille, ce dernier avait eu de leur mère, campant filles et garçons une adolescence révoltée. Sa mère, qui séduits par la modernité, en rupture avec travaillait comme femme de ménage une société dans laquelle ils ne peuvent pour élever seule et dignement ses deux réaliser leurs rêves parce qu’elle ne les garçons, lui reprochait l’abandon de ses comprend pas. études et ses mauvaises fréquentations. CHRIS BOURGUE Une bande de jeunes se réunissaient en effet dans un salon de coiffure qui celui de nos banlieues actuelles : bras- Ce livre fait partie de la sélection pour le Prix leur servait de local pour faire du rap. sage des origines, méfiance envers la littéraire des lycéens de la Région Sud-PACA La pauvreté, les difficultés à trouver un police, peur, honte, puis dérapages. Un travail contribuent à les entretenir dans jour, un geste, un regard de trop, dé- la précarité et à les faire glisser vers la clenchent le drame. 33 tours David Chariandy traduit délinquance. Situé au Canada à la fin Si le texte de David Chariandy n’est pas de l’anglais par Christine Raguet des années 80, le contexte ressemble à autobiographique, son expérience d’une Éditions Zoé, 19 €

Son truc en plumes

e sont trois passions fut d’allier les trois ta- quartier du Chapitre, Livre conjuguées qui ont ins- lents, pour faire naître à apposer une plaque du mois Cpiré à Sylvia Poncet cet la comédie musicale ! sur son lieu de nais- ouvrage auto édité sur Gaby Prenant des cours de sance, rue de la Ro- Deslys : les grands destins, le monde chant en cachette de tonde. De nombreux du spectacle et enfin Marseille, dont elle ses parents, la jeune événements auront tomba amoureuse il y a quelques années fille deviendra la pre- lieu tout au long de au point de quitter son Paris natal. Par mière star mondiale l’année (détails sur le cette biographie romancée, la jeune au- du music-hall, dont site gabydeslys.com). teure, par ailleurs enseignante au Ba- elle inventa les codes Quant à l’auteure, elle daboum Théâtre, rend hommage tant en vigueur jusqu’à pourrait bien mettre à la créatrice du music-hall qu’à la ville nos jours : descente ultérieurement son joli qui l’éblouit. Pour se plonger dans l’in- des marches, girls, talent de conteuse es- time de Gaby, « la femme et son être », strass et paillettes… piègle et passionnée elle a étoffé les faits historiques - dûment Disparue prématu- au service d’une nou- récoltés dans les archives - de son ima- rément à l’âge de 38 velle star du panthéon gination. Charmante et alerte, son écri- ans, la chanteuse lè- féminin marseillais... ture restitue le Marseille Belle Époque, guera sa fortune et somptueuse villa JULIE BORDENAVE autant qu’un destin romanesque : fémi- sur la Corniche à la Ville de Marseille, niste avant l’heure, Gabrielle Caire tra- en souhaitant qu’il devienne un hôpi- vaillera d’arrache-pied pour rester in- tal pour enfants. Vœu hélas resté pieu… dépendante et se soustraire au mariage. Pour célébrer le centenaire de la chan- Gaby Deslys, reine du music- Ni danseuse ni chanteuse hors pair, pas teuse, Sylvia Poncet travaille avec le hall Sylvia Poncet, même comédienne à ses débuts, sa force GLAP, association de valorisation du Édité à compte d’auteur, 19 € 120 livres

Livre La lecture en partage du mois

a mère du narrateur a 93 ans. Avec engouement pour ce texte reste un mys- y a pris goût, malgré ses différences et la son mari, ils ont quitté le Maroc tère pour son plus jeune fils… La cas- méconnaissance des codes de la société Lpour la Belgique au milieu des an- sette perdue, c’est à lui, cinquantenaire, dans laquelle il vit. Rachid Benzine, qui nées cinquante, puis qu’elle en demande la signe là son premier roman, souligne elle a élevé seule ses lecture ; le seul resté avec ce récit aussi émouvant que drôle cinq garçons après célibataire qui vit la difficulté des étrangers à adopter une la mort prématurée encore avec elle bien autre culture « qui exclut autant qu’elle du père. Analphabète, qu’il soit professeur intègre », même quand on ne leur a pas elle parle le français d’université. transmis celle de leurs origines. Dans avec un accent dont Tout petit, il était une langue riche et alerte, il trace le por- souvent on se moque. tombé amoureux de trait émouvant de cette Mère Courage, Ce sont les chansons la poésie des mots et aimante pour ses enfants, généreuse à la mode qui ont en- des images grâce à la pour les autres, rendant service à plus jolivé les quelques ru- multitude de livres pauvre et plus malheureux qu’elle. Mais diments appris sur le rapportés par son il montre aussi comment la culture et tas, notamment celles père qui travaillait l’étude peuvent ouvrir des portes qu’on de Sacha Distel dont au pilon à Bruxelles. croyait fermées. elle est un peu tom- Cependant il s’inté- CHRIS BOURGUE bée amoureuse, ainsi ressait peu aux études qu’un roman qu’elle du collège. C’est l’opi- connaît presque par cœur pour en avoir niâtreté et « la mansuétude » de sa mère, inlassablement écouté la cassette au- son respect des enseignants, qui lui ont Ainsi parlait ma mère Rachid Benzine dio, La peau de chagrin de Balzac. Cet ouvert les yeux, et il s’est mis au travail, Seuil, 13 €

Du fantastique au quotidien

e recueil de nouvelles La transparaît dans ces pages qui l’évoquent Livre peur au milieu d’un vaste sur le mode du conte, la cruauté jubi- du mois Lchamp et autres nouvelles latoire d’un sniper trouvera sa faille de Mustafa Taj Aldeen Almosa dans la présence insistante d’un oiseau, rassemble un florilège de textes parus jusqu’à la mort stupide du tireur, méta- dans ses six précédents recueils (publiés phore d’une histoire contemporaine où entre 2012 et 2019). En quelques trente- l’essentiel se perd, absorbé par la folie deux textes, nous abordons cet auteur des hommes. Ailleurs, on voit un jeune qui cultive le fantastique avec une élé- homme écrire des lettres d’amour pour gance rare et une sobre densité. Ici, les d’autres, Cyrano d’une autre époque, et tableaux prennent vie et entrainent les par ses lettres les jeunes filles gagnent vivants dans leur abstraction, là, un petit en beauté… La vie se mêle à la déliques- rat se sacrifie pour libérer les person- cence, une infinie nostalgie nimbe tout nages de toiles conçues par des peintres cela de tendresse jusque dans les nar- sadiques qui se plaisent à torturer leur rations les plus cruelles… On se laisse sujet. La mort, l’oubli, le souvenir hantent happer par ces courts récits taillés en ces pages peuplées de personnages que diamant, dont l’intense poésie ouvre les ivresses conduisent dans un entre- des mondes. deux du monde où les frontières entre fascination de la beauté flirte avec la MARYVONNE COLOMBANI réalité et songe s’estompent, où la lit- mort, les genoux d’une belle endormie térature s’installe et distille grâce à la dans un train s’avèrent être ceux d’une magie efficiente des mots une nouvelle morte, une jeune fille trahie deviendra appréhension des choses et des êtres. ailleurs statue de porcelaine et une larme La peur au milieu d’un vaste champ et autres nouvelles Mustafa Taj Aldeen Almosa, Souvent une pirouette tragique clôt une sera perle précieuse, ultime témoignage traduction de l’arabe par Amal Albahra histoire, le dérèglement des sens auto- de ce qui fut. en collaboration avec Patrick de Bouter rise à arpenter d’autres territoires. La La terrible situation actuelle de la Syrie éditions Actes Sud, collection Sindbad, 20 € 121 Treize fois l’expérience de l’image

our Jean-Christophe goût d’une formula- tenir dans la rencontre Livre Bailly, écrivain, poète tion simple mais pré- avec l’image, exi- du mois Pet dramaturge, l’image cise. De « l’échappée du geante, qu’il nomme est une énigme, un mystère. À vivant hors de lui » (les « Le travail du seuil », la fois dans le monde et hors du monde, peintures de la grotte titre du texte intro- elle est un entremêlement d’être et de Chauvet, les portraits ductif du livre. C’est non-être (Platon), un « retrait et une in- du Fayoum), à « l’in- à partir de ce seuil que sistance silencieuse face au discours », la fini du sens contigu à la pensée et l’écriture « violence d’une césure spatiale et tem- son obstination à se peuvent se déployer, porelle », un défi pour la pensée et l’écri- dérober » (La Tem- en laissant opérer en ture. Il s’y est confronté à travers treize pête de Giorgione), soi la césure que pro- textes, conférences, articles, préfaces, de « l’épaisseur et l’im- duit l’image, sans es- écrits, donnés à diverses occasions entre mensité du temps et de sayer de la combler, en 2002 et 2018. Le tout est rassemblé au- l’espace » (Hirondelle acceptant le trouble, jourd’hui dans cet essai, L’imagement, andalouse de Bernard « un espace de pro- présenté comme une « enquête en étoile » Plossu), au « régime bation du sens, une sur la nature de l’image, son essence, sa d’incertitude qui ha- étrange salle d’attente, présence. Une enquête illustrée, dont on bite toutes les images » (Souvenirs rêvés où les mots qui dans un premier temps ne constate, avec plaisir, au fil de la lecture, de Tao’an de Zhang Dai), jusqu’au « mou- se bousculent pas, finissent par affluer ». qu’elle cherche plus à ouvrir le sujet qu’à vement de tension et d’étreinte de l’image Pour que s’accomplisse l’expérience du le clore. On y passe, en ricochet, en tui- en direction du réel », ce qu’il nous dit, mystère violent de l’image. lage, d’un millénaire à l’autre, d’un mythe à travers les images qu’il nous convie MARC VOIRY à une énigme, d’une peinture classique à (re)visiter avec lui, que ce soit sur les à un photogramme, d’un dessin à une processus de sa formation aussi bien que sculpture. Bailly a le talent d’une écriture de son action sur nous, est éclairant, sti- L’imagement Jean-Christophe Bailly à la fois déliée et rythmée, ouverte, et le mulant. Il a une façon particulière de se Fictions & Cie / Seuil, 20 €

Livre Tenir bon du mois

nna Shevchenko est une des figures qu’il a rendues à sa famille en Ukraine. majeures du mouvement Femen. Quant au dessin d’Azuelos, réalisé sur INée à Kherson en Ukraine, elle vit une trame à l’encre noire et au crayon aujourd’hui en France, où elle a obtenu gris, dans des dominantes de brun, il se le droit d’asile en 2013. C’est d’elle qu’est colore par flashes, faisant jaillir le blond venue l’idée de revenir sur son enfance d’une chevelure, l’orange d’un ruban, dans l’Ukraine post soviétique. Et de le le rouge d’une paire de baskets ou de faire en bande dessinée ; un support qui, la veste d’un oncle mafieux… Quelques à ses yeux, favorise l’expression d’émo- éclats dans un univers plutôt sombre, tions encore très vives. Une façon pour voué aux privations, aux trafics en tous elle de prendre du recul, en racontant genres, aux humiliations quotidiennes. son histoire, mais également celle de Car la chute du Mur, si elle a suscité bien toute une génération, « l’histoire d’une des rêves dans les pays de l’ancien bloc survie individuelle et collective, tirée des soviétique, n’a pas toujours permis que multiples expériences de vies de celles et s’y instaurent indépendance et liberté. ceux qui se sont battus pour obtenir le récemment, La ZAD, c’est plus grand que On a hâte de lire la suite ! minimum, tout en continuant de rêver de nous. Voici donc Prénom : Inna, une en- FRED ROBERT grandeur », comme elle le précise dans fance ukrainienne, premier volume d’un l’avant-propos de la BD. Une BD qui a diptyque (le second sortira en septembre Thomas Azuelos est venu présenter et dédicacer l’album le 14 février à mis longtemps à voir le jour, le projet prochain). Le scénario de Rochepeau, La Réserve à Bulles, Marseille étant resté en standby plusieurs années, rythmé par des épisodes marquants de faute de scénariste. Thomas Azuelos l’enfance d’Inna, de ses premières années Prénom : Inna tome1 Une enfance ukrainienne a alors proposé le scénario à son com- à son départ pour l’université de Kiev, Récit de Simon Rochepeau avec Inna plice Simon Rochepeau - avec qui il a s’inspire largement des récits et souve- Shevchenko Dessin de Thomas Azuelos réalisé L’homme aux bras de mer, et, plus nirs de la militante, ainsi que des visites éditions Futuropolis 18 € 122 cd Incompréhensible

près Chip Chip, faire mouche pendant ses années CD EP dévoilant cinq marseillaises dans le théâtre jeune du mois Anouveaux mor- public, adoucit des textes en ap- ceaux l’an dernier, parence légers mais plus souvent David Lafore publie Incompré- féroces. Derrière l’humour, la dé- hensible, un cinquième album de rision et la loufoquerie se révèle quatorze titres, co-réalisé en Pro- une plume sensible qui place David vence avec Christophe Van Huffel, Lafore à mille lieux du cliché du fidèle collaborateur de Christophe chanteur rigolo et pare Incompré- et ex-leader de Tanger. Surréaliste, hensible d’une dimension cathar- absurde, excentrique, minima- tique aux contours cyniques. Les liste… Dérouler les qualificatifs ritournelles pop électro ne cachent pour étiqueter l’auteur compositeur pas le désarroi dans lequel la so- interprète, autrefois accompagné ciété actuelle plonge leur auteur, du groupe Cinq Têtes, n’a guère l’inconfort qu’elle lui inflige. Et les d’intérêt. Pas plus que de chercher efforts à commettre pour ne pas à le comparer à d’autres artistes aux univers tout aussi sombrer et se construire un équilibre dans un monde décalés, à commencer par Philippe Katerine. Percus- devenu incompréhensible. sions, cuivres, guitares, synthés et machines, Lafore a LUDOVIC TOMAS plus d’une corde à son arc pour mettre en musique sa poésie faussement naïve, à l’insolence punk et la mélan- Incompréhensible (Auto-production / La Triperie) David Lafore colie provocatrice. Et sa voix espiègle, que l’on imagine sorti le 6 décembre 2019

Amorevolución

atherine Vincent a voulu quelques touches électro ici et là, CD dire en chansons combien les repères musicaux restent rela- du mois Cil croit autant en l’amour tivement « occidentaux » en dépit qu’en la révolution. Particuliè- de la nature du sujet. Mashi el hal rement dans les aspirations révo- ya mama, reprise en arabe du pre- lutionnaires en Syrie, pays cher à mier succès d’Elvis Presley, That’s leur cœur car celui de leur instal- all right mama, imagine une Sy- lation en 2000. Amorevolución ras- rie débarrassée de son dictateur. semble plusieurs chansons écrites Autre adaptation en langue arabe, au regard des événements syriens. le morceau brésilien Samba em Le duo vivant actuellement à Mar- preludio de Baden Powell et Vi- seille rend ici hommage à la dignité nicius De Moraes devient Wala et au courage d’un peuple qui doit shi. Min entou et Compressé, les résister à la fois au régime filial deux morceaux qui concluent le de deux dictateurs successifs, à la disque, sont des chansons en forme montée du radicalisme islamiste de témoignages. L’une rappelant et aux interventions guerrières de l’espoir démocratique suscité par puissances étrangères. On peut les Printemps arabes, l’autre re- regretter d’ailleurs que le duo ne venant sur les conditions d’incar- semble s’émouvoir de l’ingérence cération de Mohamad Al Rashi, russe uniquement, moquée dans musicien syrien rencontré à Da- le morceau Katyusha, mais c’est un autre sujet. mas dans les années 90 et retrouvé à Marseille où il vit Interprété en français, en espagnol, en arabe et plus aujourd’hui en exil. anecdotiquement en anglais, Amorevolución est un al- L.T. bum politique qui choisit l’éclectisme pour ligne musi- cale, au service de textes parfois chantés, parfois parlés. Ici une balade rock psychédélique, là une rengaine folk, Amorevolución Catherine Vincent, sorti en octobre 2019 JEAN-CLAUDE

IZZOHistoire d’un Marseillais - Stefania Nardini Pour les 20 ans de la disparition de Jean-Claude Izzo, les Éditions des Fédérés La Marseillaise publient sa biographie signée par la journaliste et auteure Stefania Nardini. Inclus des extraits de textes inédits du poète et auteur de polars cultes. À offrir et à s’offrir

LIVRE ÉVÉNEMENT

BON DE COMMANDE Je désire recevoir ...... exemplaire(s) du livre « Jean-Claude Izzo » au prix unitaire de 15 € + 2,25 € de participation aux frais de port par livre Nom : ...... Prénom : ...... Adresse d’envoi : ...... Téléphone : ...... email : ...... Chèques de ...... € à l’ordre Éditions des Fédérés à adresser : Les Editions des Fédérés 15 cours d’Estienne d’Orves - 13001 Marseille 124écoutes écrans Zibeline partage ses morceaux choisis

Mois des femmes Culottées On ne présente plus le best-seller de Pénélope Bagieu, qui lui a valu, entre autres choses, le prix Eisner au Comicon de San Diego. Sous-titrée « Des femmes qui ne font que ce qu’elles veulent », la saga en deux volumes tire le portrait de trente personnalités marquantes et inspirantes. Trente portraits qui de- viennent, grâce aux artistes de Silex Animations - Sarah Saidan, Mai Nguyen Phuong et Charlotte Cambon de Lavalette - autant de brèves pastilles de 3 minutes 30, qui font office de fabulettes émancipatrices. La voix polymorphe de Cécile de France fait habilement sienne cette malice tranquille, enfantine mais jamais infantilisante. Culture et élections Sur France 5, disponible jusqu’au 8 juillet sur francetv.fr municipales À l’occasion des élections municipales, Masterclasse Pénélope Bagieu : France Culture a consacré en février « En lisant, en écrivant » dernier une semaine de programmes Pour en apprendre plus sur l’œuvre composite de Pénélope Bagieu, à la lisière entre à la thématique Identité, égalité, at- la fiction et l’Histoire, on pourra également retrouver un entretien mené parVic - tractivité : les territoires de la culture. Arnaud tor Macé de Lépinay le 3 mars dernier à la Bibliothèque François Mit- Laporte réunissait ses chroniqueurs de La dis- terrand (Paris) et diffusé sur France Culture. pute pour un panorama des grands enjeux de la politique culturelle française, à l’échelle des Disponible jusqu’à mars 2021 sur franceculture.fr/emissions/les-masterclasses municipalités et des collectivités territoriales. Abordés notamment : le désinvestissement de l’État, l’évolution des équipements culturels, L’Écho des femmes le maillage opéré par les événements et le Comme à son habitude, la chaîne Arte décline durant tout le mois de mars une syndrome de « festivalite » aigu contaminant programmation dédiée aux droits des femmes, à leur fragilité comme à leur célébration. le pays, un gros plan sur les fusions entre On y retrouve une autre série d’animation politisée et diablement roma- tourisme et culture (Lille, Nantes), avec une nesque, déclinée en micro-épisodes : Les Espionnes racontent, adaptée de ouverture sur les initiatives européennes et l’enquête de Chloé Aeberhardt par l’auteure même, narrée par sa voix transfrontalières… Dans Le cours de l’histoire, et celle de Miou-Miou, et réalisée par Aurélie Pollet. Le documentaire d’Émilie Xavier Mauduit étudiait l’impact des mu- Valentin Sculptrices, ni muses ni modèles étend à l’Histoire du plus plastique des sées sur l’attractivité d’un territoire (Culture Arts la question du regard féminin, et #Metoo entre dans la danse de Lena Kupatz et territoire, l’œuf ou la poule). Dans L’art est et Lina Schienke s’intéresse aux répercussions de la prise de conscience féministe la matière, Jean de Loisy effectuait un focus au sein d’un art forgé sur la discipline des corps. Joli programme ! sur la politique culturelle arlésienne, à travers ses plus récentes métamorphoses (Arles, épi- Les Espionnes racontent, disponible sur arte.tv/espionnes à partir du 23 mars jusqu’en 2022 centre de la création contemporaine). Enfin, #MeToo entre dans la danse, disponible jusqu’au 9 avril sur arte.tv une excellente émission sur Les économies Sculptrices, ni muses ni modèles, disponible jusqu’au 19 mars sur arte.tv informelles, de Marseille à Roubaix (série Des villes en campagne dans la case Entendez-vous l’éco). Le sociologue Michel Peraldi y analyse la « vitrification » à l’œuvre dans le quartier de Belsunce, à l’occasion d’un historique du quartier et des « stratégies de subsistance » qui y perdurent.

Le tout est à réécouter sur franceculture.fr 125 Zibeline partage ses morceaux choisis

PMA, GPA : les enfants ont la parole Et il était grand temps de la autres, et plus précisément du regard leur donner ! Sans surprises, des adultes, semble la plus prégnante. les enfants issus de procréa- Mais le sentiment de honte et de clan- tion médicalement assistée et de gesta- destinité ne se limite pas aux seuls en- tion pour autrui vont globalement bien fants issus de couples homosexuels. La - merci pour eux. Âgés de 8 à 20 ans, question de la stérilité des parents et ils témoignent, devant la caméra bien- du tabou qui l’entoure génère elle aussi veillante de Laure Granjon, de la légiti- des tourments similaires, que seuls le mité à toute épreuve de leurs filiations, dialogue et le questionnement des rôles mais aussi des difficultés qu’ils ont pu genrés semble apte à désamorcer. rencontrer au cours de leur enfance ou de leur adolescence. Celle du regard des Diffusion le 17 mars à 20h50 sur France 5, disponible sur francetv.fr jusqu’au 24 mars

Les accents ont toujours tort Le podcast Parler comme ja- l’accent légitime est celui qui appartient mais se propose d’allier rigueur au groupe social dominant. Or, les ré- scientifique et approche péda- férences fluctuent selon les époques… gogique pour « décomplexer notre rapport Entre l’analyse des tendances actuelles au français ». Consacré aux accents, son - nivellement, homogénéisation - et des 4e épisode convie en plateau les linguistes stigmates de l’imaginaire - associé aux Laélia Véron, chercheuse au CNRS et à congés payés, l’accent du sud serait tou- l’université Paris Diderot-Paris 7, et Mé- jours connoté vacances ! - cette écoute déric Gasquet-Cyrus, maître de confé- édifiante peut s’étoffer de la lecture de rences à l’université Aix-Marseille, au- l’article La notion d’accent de banlieue teur du livre Le Marseillais pour les nuls à l’épreuve du terrain, publié en 2017 et des chroniques radio Dites-le en mar- par Maria Candéa dans Glottopol, re- seillais. « D’un point de vue linguistique, vue de sociolinguistique de l’Univer- tout le monde a un accent ; mais d’un sité de Rouen. point de vue social, certaines manières de parler sont moquées ». Selon Bourdieu, À écouter sur binge.audio

Décolonisations C’est une perspective qui manquait : celle des co- de deux auteurs essentiels, l’Algérien Kateb Yacine et la poé- lonisés, et de leur lutte continue pour se libérer du tesse indienne Sarojini Naidu, et évoque également la figure joug colonial. Les réalisateurs Karim Miské et Marc plus connue et tout aussi essentielle d’Hô Chi Minh. Le Monde Ball, également à l’écriture en collaboration avec Pierre Sin- est à nous traverse enfin la permanence du postcolonialisme garavélou, ont voulu rendre justice avec cette passionnante au lendemain des années 1950, jusqu’à nos jours. Il fallait bien série documentaire à ces voix dissidentes qui se sont faites trois heures pour rendre compte de ce pan capital de l’His- entendre dès le XIXe siècle. Et déconstruire par là-même le toire sous toutes ses dimensions et dans toutes ses subtili- terme de « décolonisation », qui laisse deviner un mouvement tés : le tout fonctionne, grâce à la qualité de la documentation, passif de relâchement dû aux pouvoirs en place, et non une mais aussi grâce à une réalisation au cordeau, portée par la lutte active des colonisés dès les débuts de leur annexion. Le voix-off deReda Kateb, à qui le sujet tient particulièrement premier épisode, L’Apprentissage, s’attarde justement sur ces à cœur : le grand acteur étant le petit-neveu de Kateb Yacine. révoltes, dont celle des Cipayes en 1857 en Inde, ou encore sur la figure injustement méconnue de Lamine Senghor. Le Disponible jusqu’au 5 mai sur arte.fr second volet, La Libération, aborde avec une délicatesse sa- luable les bains de sang des années 1940 à travers les regards 126 écoutes écrans

La Folle Journée de Nantes L’édition 2020 de La Folle Journée prix particulièrement abordables. On y dé- de Nantes a connu une fréquenta- couvre notamment cette année l’Orchestre tion record : de quoi rappeler l’im- Philharmonique de Radio France sous portance de ce rapport renouvelé et la direction de la cheffe sino-américaine décomplexé à la musique classique. 26 ans Zhang Xian. Le tout centré sur un thème après sa création, le concept s’est d’ailleurs large mais bien défini : Beethoven pour cette exporté, notamment à Marseille - La Folle édition. Les solistes, jeunes ou confirmés, Criée (lire journalzibeline.fr). Il ne change sont comme toujours formidables. On aura pas cette année : plusieurs formations de notamment rarement entendu d’aussi belles musique de chambre, mais aussi un très Variations Eroica que sous les doigts du gé- beau concert donné en effectif sympho- nial Nelson Goerner. nique en clôture, permettent d’aborder la musique classique sur des formats courts Disponible sur arte.tv/fr/arte- - une heure de concert maximum - et à des concert jusqu’à janvier 2021

Gaby Deslys, un tour de chant Le Château de la Bu- une oreille sur des extraits de la comédie zine lui a offert une musicale Gaby mon amour, un spectacle rétrospective le mois de Jean-Christophe Born porté par le dernier, un ouvrage lui pianiste Mark Nadler et la soprano Clé- est consacré (lire P 119) : Gaby Deslys mentine Decouture (émission Caba- aurait célébré cette année son centième ret 42e rue diffusée en septembre 2018). anniversaire. À cette occasion, France Musique a consacré deux émissions à la reine marseillaise du music-hall. En Le tout à réécouter sur le site de France Musique, francemusique.fr mots et en nombreux extraits musicaux, Également disponible en VOD sur Arte, Martin Pénet y revient sur la carrière le documentaire La nuit est à elles, fulgurante de la chanteuse, de Paris à Paris 1919-1939 : boutique.arte.tv Broadway. On en profitera pour jeter

Lohengrin La mise en scène de la pionnière pour la servir au premier degré et pour ne allemande Christine Mielitz com- pas ennuyer le public dresdois familial. On mence certes à dater - 1983, cela finit ne s’ennuie donc jamais : sans doute parce par se voir. Il n’empêche : c’est sans doute que l’Elsa von Brabant d’Anna Netrebko et parce que son entreprise visait à ramener le Lohengrin de Piotr Beczala s’avèrent par- l’Opéra sur son terrain populaire d’origine ticulièrement inspirés, et leurs voix idéales que ce Lohengrin s’avère particulièrement pour les rôles. réjouissant. Sujette à plusieurs coupes, l’ac- tion, réduite à une heure trente, peut compter sur des costumes d’époque évoquant davan- Disponible sur arte.tv/fr/arte- concert jusqu’au 7 avril tage Disney que le Moyen-Âge germanique 127

OuFiPo On connaît l’OuMuPo, l’OuBaPo… francophonie et l’oralité, il nous fait décou- Mais qu’en est-il de l’OuFiPo ? Cette vrir avec ferveur ses petits trésors radiopho- énième déclinaison de l’OuLiPo niques - lectures avignonnaises, rencontres originel se présente facétieuse- avec l’affichisteJacques Villeglé, ou encore ment comme l’Ouvroir de Finistérités Po- avec la poétesse japonaise Ryōko Sekiguchi tentielles. Créée en 2011 par l’association revisitant le poétique concept de « nagori », Longueur d’Ondes, cette « webradio locale cette mélancolie pré-crépusculaire sous ten- de podcasts » vise à valoriser la vivacité due par l’incertitude face à l’avenir, que l’on culturelle du Finistère, en veillant à mener déguste la dernière figue de la saison ou que des projets auprès de toutes les populations, l’on fasse ses adieux à un proche… Un régal. notamment les publics exclus. Parmi la pléthore d’archives consignées sur le site À savourer sur oufipo.org. e (ateliers, conférences, fictions, entretiens, À noter que le 17 festival Longueur d’ondes s’est tenu à Brest du 4 au 9 février. Les lauréats primés portraits, documentaires…), citons l’émission sont à découvrir via le site longueur-ondes.fr. Pascal Paradou de vive voix : Jean-Phi- Mention spéciale à La brebis galeuse, une ode un lippe Rossignol y questionne avec délica- peu viciée aux années 60 signée Guillaume Abgrall, tesse le journaliste de RFI à propos de son sur un texte du brillant Ascanio Celestini, porté amour pour la radio. Animateur de l’émis- par le jeu impeccable de l’excellent David Murgia. sion De vive voix, consacrée à la langue, la

Voix, Ma chorale interactive Et si l’on se déliait la voix à apprendre, avec un solide outillage à la l’approche des beaux jours ? clé incluant partitions, paroles, fiches pé- La Chorale de Radio France dagogiques, ou encore enregistrements propose des tutoriels interac- des voix séparées. Les références sont tifs pour apprendre à chanter. Conseils multi générationnelles : Big Flo & Oli, prodigués en vidéo (vocalises, chauffe Albin de la Simone, Serge Gainsbourg… corporelle…), interviews thématiques, le tout épaulé par l’élégante maîtrise des films d’animation didactiques pour les chœurs de Radio France. plus jeunes, et, surtout chaque mois, de nouvelles chansons à apprendre ou faire Disponible sur le site vox.radiofrance.fr

Mon travail ne sert à rien « J’ai souvent l’impression d’être Astérix avec son formulaire A89 ». En janvier 2019, Arte Radio opérait un salutaire focus sur les « bullshit jobs », ces emplois vides de sens qui peuvent conduire au bore out, l’autre ver- sant du burn out. Selon Jean-Laurent Cassely, auteur de La révolte des premiers de la classe, la vacuité de ces métiers est induite par leurs dénominations confuses - consultant organisation, community manager, chef de projet… Autant de nouveaux postes, valorisés socialement, mais difficilement quantifiables en termes d’impact, et susceptibles de procurer rapidement un fort sentiment d’inutilité. La réalisatrice Aurore Le Bihan analyse les sources de dysfonctionnements internes, dont paient un lourd tribut des employés démotivés.

Disponible sur arteradio.com

SÉLECTION DE JULIE BORDENAVE ET SUZANNE CANESSA 128 balade

© Yves Gellie pour le Fonds de Dotation Maison Bernard Une bulle où se lover Visiter une maison bulle, c’est une expérience unique. La famille Bernard ouvre au public les portes de son incroyable cocon au milieu des roches rouges de l’Estérel, conçu par le génial Antti Lovag dans les années 70 129

e charme mystérieux d’une maison bulle opère immé- central, pour mieux ancrer au sol et inciter à lever la tête au diatement. Tout ici est pensé à hauteur - et à forme - ciel. Les imperceptibles détails de la sorte sont légion, qui d’homme. Pas d’angle droit, car la rotondité - origi- influent sur la posture du corps : banc légèrement incliné, nelle - est plus adaptée à nos morphologies comme à pour orienter le regard vers le ciel ; lits - ronds eux aussi - L e notre gestuelle. C’est à la fin du XIX siècle qu’a émergé le légèrement surélevés pour voir le soleil se lever… Les fenêtres, mouvement de l’architecture organique. Le courant prend de innombrables, cultivent un effet d’ébrasement (percement l’ampleur en France dans les années 60. L’un de ses fers de en oblique), renforçant le lien perpétuel avec les éléments, lance, le hongrois Antti Lovag - méconnu encore aujourd’hui évoluant au fil des heures et des saisons en de véritables com- du grand public -, réfutait le terme d’architecte. Il se préférait positions picturales. Jaune ou orange translucides, miroitant « habitologue » ou « bricoleur », revendiquant des constructions au soleil telles des lentilles géantes, les portes ne cloisonnent pensées comme des enveloppes humaines. Tel un agglomé- pas les espaces, mais les définissent. Il faut dire qu’au mitan rat d’alvéoles tapies dans le paysage, ses maisons bulles sont des années 70, la convivialité est de mise : les salles de bains, d’époustouflants cocons qui se lovent dans leur environne- composées d’élégantes mosaïques monochromes, pouvaient ment, en épousent les contours. Seules trois constructions accueillir une dizaine de baigneurs. Au mur, les alcôves ne de ce type signées de sa main existent dans le monde, toutes manquent pas non plus pour ranger les bouteilles ! L’opti- sur la Côte d’Azur. Si le Palais Bulle ayant appartenu à Pierre misation de l’espace est étudiée : tout tourne et vire ici, les Cardin a fait couler beaucoup d’encre - 29 pièces sur plus plateaux sur les tables pour servir chaque invité, comme les de 7 000m², en vente depuis cinq ans à un prix tenu secret, placards pour multiplier les espaces de rangement. Au pla- oscillant entre 100 et 400 millions d’euros -, à quelques en- fond, de nombreux dénivelés, accessibles par d’étroits esca- cablures se situe la plus discrète Maison Bernard, que la fa- liers, créent autant de « hamacs » suspendus, permettant de mille ouvre à la visite depuis 2015. lézarder au plus près des cieux, mais aussi d’atténuer la ré- Immersion auprès de Rachel Robinson, artiste et chef de sonance d’un espace circulaire. projet ayant travaillé dix ans aux côtés d’Antti Lovag, et de Martine Pellissier, professeur d’architecture à Cannes Uni- Construction intuitive versité, qui guidaient ce matin-là de mars un groupe d’une Modèle d’inventivité, la maison bulle de Lovag se construit de quinzaine de visiteurs au sein de la marine jalousement gar- manière quasi intuitive : au plan préétabli, l’architecte préférait dée de Port-la-Galère (lire encadré). une construction « par simulation », nécessitant d’être sur le terrain. Pensée in situ pour trouver le meilleur angle de vue, la Se fondre dans l’environnement structure, véritable squelette d’acier, était ensuite enduite de C’est en 1969 qu’Antti Lovag croise la route de Pierre Ber-

nard. Féru d’art, l’industriel veut bâtir une demeure de va- © Yves Gellie pour le Fonds de Dotation Maison Bernard cances pour sa famille comptant trois enfants. Il opte alors pour une maison bulle, entité enveloppante ménageant une porosité totale avec la nature environnante, accessible par ses innombrables ouvertures. Tapis sur les contreforts de Théoule-sur-Mer, les toits de la Maison Bernard étaient à l’origine recouverts de plantes grimpantes - supprimées lors de la rénovation en 2010, pour renforcer l’étanchéité du bâti. Aujourd’hui, ce sont ses bulles nues qui pointent, d’une magnifique couleur ocre, rappelant tant des coraux que les roches rouges du massif de l’Estérel voisin. Quasi invisible de l’extérieur, la maison est pourtant incroyablement spacieuse et lumineuse en son for intérieur, doté de 800m² habitables. Distribuées en un petit dédale utérin, les pièces communes - salon, cuisine, toutes tournées vers la mer - conduisent aux appartements privés, un pour chaque membre de la famille. Tous convergent vers la piscine à débordement, qui peut se rejoindre pieds nus depuis les toits, ou par des marches d’es- caliers taillées dans la roche. C’est un faste du dénuement que célèbre la demeure. Si elle est aujourd’hui encore habitée du- rant les vacances par ses propriétaires, y trônent seulement quelques lampes d’époque et des sculptures provenant de la galerie que Pierre Bernard possédait près du port de Nice. Les meubles, quant à eux, sont taillés directement dans la pierre noble qui recouvre le sol, marbre ou travertin. Convivialité et intimité Les points de rassemblement sont nombreux dans la maison, jusque sur son perron circulaire incluant un léger dénivelé 130 société

métal perforé ou de béton mélangé à des billes de polystyrène. Les chantiers du constructeur Les résidences d’artistes étaient des lieux de recherche, d’invention et Depuis la création de la Fondation Ber- les compteurs internes à zéro, après une de remises en question perpétuelles ; les ar- nard en 2015, des résidences sont pro- visite qui déboulonne les sens. En 2016, tisans, locaux, y embarquaient souvent pour posées à des artistes pour une durée de Emma Dusong a créé un dispositif jouant plusieurs années. Démarré en 1971, celui de la six mois. Accueillis dans un ancien bas- sur la spatialisation sonore. En début Maison Bernard dura dix ans ; une décennie sin de rétention reconverti en studio, d’année, c’est une sculpture en bronze durant laquelle une solide amitié se noua avec qui hébergea Antti Lovag lui-même et soufflé deSusanna Fritscher qui a été Pierre Bernard. Ses trois enfants ont grandi son épouse, ils sont invités à livrer une installée. Une collection de livres docu- sur le chantier, chacun choisissant couleurs et œuvre in situ inspirée par les lieux, qui mente chacune de ces expériences. Un fonctionnalités de son appartement respectif restera dans les murs. Trois œuvres ont ouvrage plus global concernant la Mai- - à dominante rose, orange ou encore « arc en déjà éclos. Dès 2015, Paul-Armand Gette son Bernard sera édité dans le courant ciel », regroupant toutes les couleurs présentes y a imaginé le 0m, allusion plastique au de l’année. dans la maison. Dès 2010, un travail de rénova- marégraphe marseillais visant à remettre tion est entrepris par la famille, en complicité avec l’architecte Odile Decq. Les couleurs sont ravivées, l’étanchéité et l’isolation repensées. Aujourd’hui, un camaïeu de rouge, d’ocre et d’orange tranche avec le bleu pro- fond de la Méditerranée qui enceint le tout. L’azur se mire par les nombreux skydomes ouvrant sur le ciel ; les baies vitrées oblongues plongent dans la mer ou offrent des instantanés sur le vert éclatant des cactées et palmiers alentour. Une œuvre d’art vivante La Maison Bernard est une réelle œuvre d’art vivante, qui en- serre en ses bras les visiteurs pour entamer avec lui un im- médiat dialogue muet, en connivence avec les éléments. En ce jour de printemps balbutiant, baigné de l’odeur des freesias des massifs voisins, elle ouvrait sur l’incroyable azur d’un bleu profond, balayé par le fort vent de la veille. Les jours de tempête, la bulle constitue un vaisseau amiral défiant le © Yves Gellie pour le Fonds de Dotation Maison Bernard vide. Sur place, les photos sont interdites pour en préserver le secret ; de fait, la visite est une expérience à vivre. C’est un véritable voyage dans une utopie incarnée, autant qu’une Maison Bernard, Port-la-Galère, Théoule-sur-Mer unique expérience sensorielle, sensuelle, quasi charnelle Visites tous les mardis à 10h d’octobre à avril ; un - quand la main se promène sur le marbre poli de la salle de mardi sur deux en mai, juin et septembre bains - qu’en propose la découverte. 20 € tarif plein, 10 € tarif réduit (étudiants, et moins de 18 ans) JULIE BORDENAVE fonds-maisonbernard.com

L’architecture organique, une utopie en actes développa avec Antti Lovag le courant de l’architec- ture-sculpture, dans le sillage de l’habitat organique théorisé par Frank Lloyd Wright. Visant à intégrer le paysage au lieu de le défigurer, leurs construc- tions répondent aux grands ensembles qui poussent alors sur les littoraux afin d’y absorber le tourisme de masse (Grande-Motte, Port-Grimaud, Marina Baie des Anges…). Les deux hommes se rencontrent à Théoule en 1963. Couëlle y démarre une autre réalisation inso- lite : la singulière résidence de Port-la-Galère, marina privée adossée à la falaise rouge de l’Estérel. Regrou- pées en grappes de 6 à 13 logements, ces constructions dardent leurs façades au-dessus des flots. À noter qu’Antti Lovag a signé aussi l’Observatoire de Caus- Port la Galere Couelle © Julie Bordenave sols, sur le plateau de Calern. La Maison Gaudet, sa Issues d’une contre-culture ayant inspiré jusqu’aux Bar- première maison bulle démarrée à Tourrettes-sur-Loup en bapapa, les maisons bulles sont l’apanage de Claude Costy, 1968, est inscrite au titre des Monuments historiques depuis Pascal Haüsermann et surtout Jacques Couëlle. Ce dernier 1998. Antti Lovag y vécut jusqu’à sa mort, en 2014. Tarantino Avril 2020 Cinéma, concerts, table ronde

En avril, le Mucem, L’Alhambra, Les Variétés, Videodrome 2 et La Baleine proposent un cycle consacré au cinéma de Quentin Tarantino. Toute la programmation sur mucem.org

Pulp Fiction de Quentin Tarantino © Images courtesy of Park Circus/Miramax Mucem 4 - 1 9AVRI L

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