Max et les Maximonstres

Maurice Sendak , le père de Max et les Maximonstres

L’artiste dans son atelier ©1976, Nancy Crampton Source : Lanes, S. G. (2009). The Art of

Maurice Sendak est né le 10 juin 1928 à Brooklyn dans une famille d’immigrants juifs- polonais. C’est un enfant craintif et sensible, marqué par la mort de certains membres de sa famille victimes de l’Holocauste. Cette sensibilité développée très tôt influencera sa vie artistique et créative. À l’âge de douze ans, fasciné par le film de Walt Disney Fantasia, il décide de devenir artiste. Ses premières œuvres, fabriquées avec son frère Jack à l’été 1948 sont des jouets mécaniques qu’il propose à un célèbre magasin de jouets sur la 5ème avenue de New York. Le propriétaire du magasin refuse de commercialiser les jouets mais il est impressionné par le talent de Maurice et lui propose de s’occuper de la décoration des vitrines. Le salaire qu’il reçoit lui permet d’étudier le dessin dans une célèbre école, The Art Students League. Très vite, il acquiert une certaine notoriété dans l’illustration de livres pour enfants écrits par des auteurs classiques ou contemporains avant de se lancer dans l’écriture. En 1963, Il rencontre le succès international avec Max et les maximonstres

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(Where the Wild Things Are), bien que les représentations de monstres aux dents pointues inquiètent les parents lors de la sortie de l'album.L'attirance de Sendak pour les aspects sombres, transgressifs, cauchemardesques de l'imaginaire enfantin fait de lui un sujet de controverse. Des psychanalystes spécialistes de l'enfance comme Françoise Dolto en France ont d'abord déconseillé cet album qui finalement allait constituer une référence essentielle dans la littérature enfantine. A partir des années 1970, en parallèle de ses créations et de ses travaux d'illustration, Maurice Sendak se diversifie et commence à réaliser des décors de théâtre. Parmi la cinquantaine d'œuvres qu'il a produites, Maurice Sendak est aussi l'auteur de Cuisine de nuit (In the Night Kitchen en anglais) paru en 1970, et parfois censuré parce qu'il montre un petit garçon nu. Cet album est un hommage à Winsor McCay célèbre dessinateur américain : on y retrouve le style de ses cartoons et la mise en page inspirée de la bande dessinée Little Nemo.

"Where the Wild Horses Are" constitue la première version de l’album "Where the Wild Things are". Réalisé en 1955, cette maquette se présentait sous forme de seize longues et étroites bandes. Entre 1955 et 1963, l’année de publication de "Where the Wild Things are", Maurice Sendak crée plusieurs esquisses, mais n’en utilise que quelques-unes pour la version finale de l’œuvre.

Esquisse pour l’album Where the Wild Things Are, 1963 Source : Lanes, S. G. (2009). The Art of Maurice Sendak

À travers ses œuvres, Maurice Sendak a bouleversé les standards de l’écriture pour la jeunesse. Ses albums ont été précurseurs d’une révolution culturelle et graphique dans la

2 littérature enfantine car il n’a pas hésité à traduire les côtés sombres de l’enfance, tout en cultivant l’imagination, l’amour, l’humour, la tendresse et la poésie… dans un graphisme novateur. Plusieurs prix littéraires prestigieux le récompenseront ; l’Union internationale pour les livres de jeunesse lui décernera la médaille Hans Christian Andersen pour sa contribution exceptionnelle à la littérature de jeunesse. Maurice Sendak s’est éteint le 8 mai 2012 à l’âge de 83 ans dans le Connecticut. Presque tous les dessins originaux de l’auteur sont conservés par le Rosenbach Museum and Library à Philadelphie.

Voir le doodle dynamique réalisé à l’occasion du 85ème anniversaire de naissance de Maurice Sendak : https://www.youtube.com/watch?time_continue=8&v=UgtEDdumbwo Max et les Maximonstres : l’album

Le petit Max, dans son déguisement de loup, accumule les bêtises : il martyrise le chien, ravage la maison et provoque sa mère. Il est envoyé au lit sans manger. Sa chambre se transforme alors en un territoire sauvage qu’il n’aura pas peur d’aller conquérir. Il y rencontre des monstres à l’allure grotesque, qu’il soumettra et dont il deviendra le roi au cours d’une fête de folie où Max et ses montres se livrent à toutes les fantaisies. Mais Max met fin à tout ceci par cette phrase : « Ça suffit. Vous irez au lit sans manger. » Il finit par reprendre la mer et par rentrer chez lui car il est à nouveau capable de ressentir le besoin d’amour.

Cet album est aujourd’hui un classique de la littérature jeunesse mais à sa parution en 1963, Where The Wild Thing Are ne fut pourtant pas bien reçu. Bien que les enfants à qui on confiait le livre ne le lâchaient plus, les critiques le déconseillaient et les bibliothèques n’en voulaient pas car à cette époque les livres pour enfants se devaient d’encourager les comportements vertueux, les héros montraient l’exemple et les histoires enseignaient une morale pour apprendre à se comporter dans un monde d’adulte. L’album de Maurice Sendak prend le contre-pied des publications pour la jeunesse des années 60. Voici ce qu’écrivait un partisan de l’ouvrage à sa sortie : «Loin d’une représentation du réel, Sendak tente de figurer l’inconscient enfantin, en faisant voyager ses lecteurs dans la complexité des relations de l’enfant à sa mère et sans doute à son père, le grand absent du livre. Ce voyage est porté non seulement par le texte et par l’image mais aussi par la maquette, le rythme, l’articulation du texte et de l’image, les couleurs. Max permet à l’album de s’ouvrir à tous les

3 thèmes. Désormais, y seront abordées les relations dans la famille, la mort, les problèmes de société...» Where The Wild Thing Are n’est pas un conte initiatique où le héros triomphe de monstres inquiétants dans une contrée fabuleuse et acquiert de nouvelles valeurs. Le propos du livre est d’explorer la vie intérieure des enfants et leur vision du monde soumise à la complexité de leurs sentiments ; son intérêt est d’assurer une catharsis réussie à travers l’expérience symbolique vécue par Max auprès des Maximonstres qui ne sont finalement que l’incarnation de ses craintes secrètes. Quand on posait à Maurice Sendak la question, de savoir ce qui était arrivé à Max après cette aventure, il répondait avec facétie : « C'est un garçon juif, célibataire, qui vit encore avec sa mère et ne sort pas beaucoup, sauf pour ses consultations chez son thérapeute. » Preuve si il en était besoin de la dimension psychanalytique de cet album … Pour aller plus loin : https://www.cairn.info/revue-enfances-et-psy-2002-2-page-128.htm http://ecoles.ac-rouen.fr/circdarnetal/new_darn/actions/2009/sendak/sendak_max.pdf

La vision cinématographique de L’œuvre de Maurice Sendak devient rapidement un succès qui ne se démentira plus… transposée à travers plusieurs courts métrages d’animation, puis un opéra en 1979 jusqu’à l’adaptation filmique de Spike Jonze, elle aussi succès planétaire. Spike Jonze avant de commencer la réalisation du film avait correspondu plus d’une dizaine d’années avec Maurice Sendak et c’est l’écrivain qui finit par le convaincre d’adapter l’œuvre pour le cinéma. « Je ne voulais pas le faire parce que j’avais aucune idée de comment le faire… Je ne savais pas quoi apporter au texte initial sans le ruiner. Le plus important pour moi était de réussir à capturer l’essence et le ton véritable du livre. Ou du moins, ce qu’il était pour moi... » Finalement Spike Jonze et son scénariste Dave Eggers optent pour une idée très simple : garder l’esprit du livre et la trame narrative, décrire Max et les Maximonstres, des monstres avec des maxi-émotions semblables à celles des enfants. Il leur faut toutefois enrichir le court récit de Sendak (une trentaine de pages seulement) en développant, par exemple, le cadre familial de Max (la sœur et ses amis, la mère et son compagnon…) ou en "humanisant" les Maximonstres dont les doutes et les frayeurs sont directement liés à l’imagination de Max, à sa prise en compte de la réalité.

Le scénario a été publié sous la forme d'un roman de 285 pages, relié en fausse fourrure.

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Si les Maximonstres de l’album et du film sont proches dans leur apparence physique, ceux du film paraissent moins carnivores, moins menaçants que ceux qu'avait imaginés Sendak. Spike Jonze leur donne un prénom et surtout une personnalité. BULL ressemble à un taureau, il est peu bavard et reste souvent à l’écart. CAROL, aux jambes écailleuses, est inventif, passionné, c’est le chef naturel du groupe. ALEXANDER, la chèvre, représente l’adolescent immature et hyperactif. JUDITH, qui porte des cheveux longs mais n’a pas de pattes de canard, est une fille un peu bizarre. Elle est la compagne d’IRA, le Maximonstre au long nez, un être doux et maladroit. KW qui a les cheveux longs et des pattes de canard est amicale et accueillante mais elle souhaite partir du groupe et semble être mise à l’écart pour cette raison. DOUGLAS, l’oiseau, est le plus raisonnable de la bande, et le plus fiable. Les Maximonstres affichent leurs sentiments comme le font les enfants : Judith est jalouse de Carol parce qu'il est particulièrement proche de Max, Carol est triste que KW se soit fait des amis à l'extérieur de la communauté des monstres, Alexander souffre de problèmes de confiance en soi …. Et surtout, comme dans l’album, les Maximonstres réagissent de façon pulsionnelle. Ils cassent tout quand ils sont énervés, bondissent quand ils sont contents, hésitent entre la consommation immédiate de Max ou son couronnement… Nouant des rapports subtils et imprévisibles avec Max devenu leur roi par un coup de bluff, les Maximonstres n’ont pas de but dans leur vie, ils se caractérisent essentiellement par l'émotion qui les domine : la tendresse, la jalousie, la colère ou la peur. Chacune de ces créatures est à la fois l'incarnation d'une des pulsions de Max et le reflet de l'un de ses familiers : sa mère, sa sœur, un professeur... ceci est habilement suggéré par les correspondances développés entre la vie de Max et celle des monstres sur l'île : quand Max arrive sur l'île, sa première rencontre survient avec un monstre en train de faire une crise analogue à la sienne ; plus tard, Carol ne supporte pas l’intrusion des hiboux (les amis de KW) dans le fort ; cette intrusion symbolise évidemment le nouveau contexte familial : une mère que Max va devoir « partager » avec le compagnon qu’elle s’est choisi, à la bataille de boules de neige du début du film répond sur l’île un combat de mottes de terre qui tourne mal car cette bataille sensée être un exutoire aux problèmes de chacun ne fait qu’aggraver le malaise ressenti par les Maximonstres et leur désillusion. Finalement, les Maximonstres comprennent que Max n’est pas un vrai roi et qu’il ne peut régler tous les conflits ; quant à Max, il doit progressivement admettre son impuissance ou du moins ses contradictions et prendre la mesure de ses actes. Il réalise que le jeu ou la fête ne sont pas toujours un remède à la tristesse et qu’il est parfois difficile de maîtriser les tempêtes que l’on déclenche … Dans la conclusion, le scénario s’éloigne du livre qui nous montrait Max abandonnant sa couronne et ses Maximonstres menaçant de le dévorer. Dans le film, Max repart réconcilié avec ses « monstres apaisés ». La boucle est bouclée : au dialogue du début du livre - «Monstre» lui dit sa mère; «je vais te manger» répond Max – c’est un revoir maternel de KW « Oh, je t'en prie, ne pars pas - nous te dévorerons - nous t’aimons tellement ! » qui dans le film clôt tristement le séjour de Max sur l’île. Ayant apprivoisé ses pulsions et appris le renoncement nécessaire pour pouvoir grandir, le garçon peut alors revenir à la réalité. Il rentre chez lui où l’attend le pardon silencieux de sa mère sous la forme du dîner

5 dont il avait été privé au début de l’histoire sans qu’aucun indice ne laisse paraître qu'il est parti un jour, une semaine ou un an alors que dans l’album, lorsque Max revient, sa soupe est toujours chaude, ce qui signifie qu'il a imaginé toute cette histoire dans l'espace temporel de ce que les parents américains appellent aujourd'hui un «time out», c'est-à-dire la punition par mise à l'écart.

Spike Jonze décide de faire un film le plus possible "à l’ancienne" avec peu d’effets spéciaux et dans des décors naturels qui figurent les peurs et les désirs caractérisant le développement psychique des enfants : l'océan/la peur de l'inconnu, le désert de

6 sable/l’angoisse d'abandon, la montagne/le désir de grandir... L’enregistrement des voix a constitué la première étape dans la réalisation car le film entier est fondé sur ce que les personnages disent. Les acteurs ont appris les scènes puis ont été filmés. Ce film est devenu la session de référence (voix des acteurs en fond sonore) permettant de donner sur le plateau des repères aux comédiens costumés (suit performers) qui pouvaient ainsi plus facilement adapter leur jeu car Spike Jonze tenait à de « vrais acteurs » alors qu’on lui conseillait de s'appuyer uniquement sur le numérique pour créer ses Maximonstres. Les costumes ont été à la base conçus avec une expression du visage, les suit performers faisant en sorte d’améliorer encore cette expression par les postures du corps. Les effets visuels ont servi à compléter les interprétations des visages des Maximonstres car leur immense bouche était impossible à animer. Spike Jonze a renoncé à l'animatronique (créatures robotisées ou animées à distance par des câbles ou par radiocommande) et a fait appel à l'animation informatique en cours de post-production mais « l'infographie se limite aux seuls mouvements faciaux », précise Daniel Jeannette (superviseur animations et effets visuels). « Tout est parti du travail vocal du premier groupe, explique Spike Jonze, mais le résultat final est une combinaison de trois éléments distincts : les voix, les costumes et l'animation numérique des expressions des Maximonstres. »

Un film de Spike Jonze, États-Unis, 2009

Durée : 100 minutes. Scénario : Spike Jonze et Dave Eggers d’après le livre de Maurice Sendak Image : Lance Acord Montage : Eric Zumbrunnen, James Haygood Musique : Karen O, Carter Burwell Producteurs : Tom Hanks, Gary Goetzman, John Carls, Maurice Sendak, Vincent Landay Date de sortie : 16 décembre 2009 Les acteurs La mère de Max = Catherine Keener Son ami = Mark Ruffalo Max = Max Records âgé de 9 ans lors du tournage Les voix des Maximonstres James Gandolfini /Carol Catherine O'Hara/Judith Forest Whitaker/Ira Chris Cooper/Douglas Lauren Ambrose/KW

Langage cinématographique Toute la psychologie de Max (esquissée dans le livre) et les émotions des Maximonstres sont développées dans le film à travers les dialogues, le jeu de Max Records et des suit performers, les animations numériques et la musique. Grâce au travail de la lumière, au montage, aux décors…, Spike Jonze projette le spectateur dans un tourbillon d’émotions.

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Procédés cinématographiques : •Gros-plans utilisés dans les scènes où les humeurs des personnages sont très changeantes notamment pour marquer le ressenti de Max. •Plongées, contre-plongées qui positionnent le spectateur dans le personnage de Max dans ses relations aux autres. •Tournage caméra à l’épaule : cadre tremblé, mouvant, presque aléatoire propre à saisir les accidents, les gestes d’agressivité ou de tendresse… •Travelling qui place le spectateur dans l’action, facilite l’identification et l’empathie. Les déplacements des monstres sont filmés en travelling arrière oblique, le petit Max dans leur sillage, procédé qui aide à comprendre que ces monstres, c'est lui ! •Contrastes forts entre lumière et ombre qui renvoient aux sautes d’humeur des personnages. •Des lieux protecteurs : igloo, cabane, grotte, fort / des espaces angoissants : l’océan, le désert…

Avant la projection

Etudier l’affiche et la couverture de l’album (On expliquera aux élèves que le film est l’adaptation d’un très célèbre album de littérature de jeunesse) L’affiche : •Un petit garçon à côté d’un très gros monstre (le garçon porte un drôle de vêtement avec une queue) ; ils se regardent ; le garçon semble impressionné ; le monstre le regarde avec curiosité et avec une certaine bienveillance. •Une dune de sable, un coin de ciel bleu. •Un titre accompagné d’un sous-titre.

L’album : •Un très gros monstre endormi, semblable mais plus menaçant que celui de l’affiche (griffes très pointues). •De la végétation exotique, de l’herbe, des arbres stylisés.

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•De l’eau et un ciel étoilé. •Un petit voilier.

A partir des éléments relevés, on amènera les élèves à poser des hypothèses sur l’histoire du film (Un voyage ? La découverte du pays des Maximonstres après une traversée en bateau, un naufrage ? Des monstres gentils ? Mais alors pourquoi le terme de Maximonstres ?...) Le sous-titre devra également susciter des interrogations « il y en a un en chacun de nous » ? Le pronom renvoie-t-il au mot Max ou au mot Maximonstres ? Pourquoi donc ce sous-titre ? On expliquera aux élèves que Spike Jonze a souhaité rester fidèle à l’album écrit par Maurice Sendak mais il n’a pas conçu le film comme un film pour enfants mais comme un film sur l’enfance. Si l’on considère que le pronom renvoie au mot Max, on peut penser que le sous-titre s’adresse aux spectateurs adultes signifiant la part d’enfance que chaque adulte conserve. Après la projection 1. Recueillir les impressions... On demandera aux enfants ce qu’ils ont retenu du film. On pourra les aider à bâtir un résumé en cinq parties, pour mettre en relief la structure du récit : - la situation initiale : la présentation du héros et des lieux - le problème : la dispute avec la mère / la fuite - les épreuves : Max devient le roi des Maximonstres dont les colères, les excès d’humeur, la sauvagerie vont le déstabiliser car il ne connait pas toutes les règles de leur monde. -le résultat de cette épreuve : les relations entretenues avec les Maximonstres et leur « gestion » difficile permettent à Max de mieux comprendre ses propres émotions et sentiments. - la situation finale ou dénouement : le retour à la maison / le pardon de la mère Les coloriages proposés sur les sites ci-dessous pourront être utilisés comme images séquentielles en aide à l’écriture du résumé : http://www.coloriez.com/coloriage-max-et-les-maximonstres.html http://www.dididou.fr/maximonstre.php

On comparera le résumé aux hypothèses faites à propos de l’affiche. On interrogera notamment les élèves sur le costume de loup porté par Max qui aura peut-être intrigué les élèves lors de la présentation de l’affiche. Pourquoi pensent-ils que Max dès le début du film est affublé d’un tel costume ? On les fera également réfléchir au mot « Maximonstres » (pourquoi le préfixe maxi ?) ; enfin on les amènera à définir la « nature » des Maximonstres (qui sont-ils en réalité ?) afin qu’ils comprennent que les Maximonstres sont en fait l’expression des toutes ses émotions ressenties, ses rancoeurs et ses frustrations auxquelles il est amené à réfléchir lors de sa fuite. On pourra par ailleurs les interroger sur la réalité de sa fuite (Max est-il réellement parti sur l’île des Maximonstres ?). Cette « mise à l’écart » (réelle ou imaginée ?) constitue un temps nécessaire pour que Max puisse méditer sur la

9 colère qu’il a manifestée : on interrogera les élèves sur ce qu’ils pensent de cette situation et comment eux-mêmes vivent de tels moments. On pourra prolonger cette discussion par le visionnage d’un court-métrage Sientje de Christa MOESKER. (Une petite fille pique une crise de nerfs suite à une dispute avec ses parents. Mais que peut-elle faire pour se calmer ? Les quatre cents coups pour finalement être à nouveau en bon termes avec sa maman.) https://www.youtube.com/watch?v=AgYn7j-iEnc http://www.transmettrelecinema.com/film/courts-metrages-1-2-3-leon/sientje/

2. On proposera aux élèves la lecture de l’album de Max Sendak afin de mettre en lumière les adaptations opérées par Spike Jonze et son scénariste : •Comparer le début du film et le début du livre : le film explicite fortement le comportement de Max ; on notera toutefois que Max est costumé de la même façon dans le livre et dans le film. •Rechercher des scènes amplifiées par le film (les moments de fêtes), des scènes du film qui n’apparaissent pas dans l’album (la maquette de la cité), des scènes de l’album qui n’apparaissent pas dans le film (forêt qui pousse dans la chambre de Max)… •Rechercher des personnages du film qui n’apparaissent pas dans l’album ou vice-versa (monstre marin pendant le voyage aller de Max). •Choisir une scène présente uniquement dans le film et la transposer en pages d’album. Pour l’illustration, on pourra s’appuyer sur les dessins de Maurice Sendak proposées sur ce site : https://www.pixelcreation.fr/graphismeart-design/illustration/maurice-sendak/

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•Revisionner la scène du début, quand Max est couché dans sa chambre. Faire lister les indices qui préfigurent la suite de l’histoire (le bateau, le petit objet tressé qui ressemble aux constructions de l’île…)

•Faire comparer par les élèves le «Je vais te manger !» de l’album et la scène du film où Max mord réellement sa mère. «Est-ce que la menace a le même sens dans les deux cas ?» Dans l’album, même s’il est en colère, Max reste dans le cadre du jeu qu’il a entamé en enfilant son costume de loup. En l’envoyant au lit sans manger, la mère le punit, fait preuve d’autorité et permet à Max de délimiter la frontière entre le jeu et le réel. Dans le film, l’exaspération de Max croît d’autant plus que sa mère ne lui oppose pas la loi, mais sa propre colère, lui répliquant, furieuse : « Descends de là, fiche-moi, fiche-moi le camp tout de suite ! Tout de suite !» (Piste proposée sur ce site : http://2013.fif-85.com/sites/default/files/contenus_lies/max_et_les_maximonstres_- _document_pedagogique_maternelleelementaire.pdf) L’importance du mot manger sera à questionner : Au début du film, Max ne veut pas venir manger ; à la fin sa mère le regarde manger. Max veut manger sa mère. Chez les Maximonstres, quand on a un problème, on le mange ; Carol dit à Max qu’il va le manger... On peut comparer avec les histoires d’ogres qui ne pensent qu’à manger. Chercher des exemples.

•La traversée qui, dans l’album, dure « plus d’un an » à l’aller, « un an et un jour » au retour, aurait pu être aussi pleine de péripéties que les aventures d’Ulysse dans l’Odyssée. On proposera donc aux élèves d’inventer des péripéties maritimes arrivant à Max, ce qui donnera lieu à une activité d’écriture. Mais cela pourra également permettre des rapprochements intertextuels. Par exemple, une attaque de pirates peut se référer à Astérix ; un naufrage près d’une île déserte à Robinson Crusoé ; la dévoration par une baleine à Pinocchio, etc. (Piste proposée sur ce site : http://2013.fif-85.com/sites/default/files/contenus_lies/max_et_les_maximonstres_- _document_pedagogique_maternelleelementaire.pdf)

•Repérer et décrire les différentes émotions manifestées par les Maximonstres dans le film. Les émotions sont des réactions physiologiques face à une expérience plaisante ou déplaisante. Les émotions sont universelles et non raisonnées. Elles sont les mêmes pour chacun d’entre nous. Il y a quatre émotions de base : La tristesse, la peur et la colère et la joie. Il faut y rajouter la surprise et le dégoût (ou aversion). Demander aux élèves de décrire à quelles occasions ils éprouvent ces émotions, ce qu’ils ressentent physiquement pendant ces moments.

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•Travailler le vocabulaire : le lexique des émotions, des sentiments : les différencier, les sérier; les nuancer Un sentiment est une réaction à une représentation que l’on se fait de quelque chose. Il exprime ce que l’on perçoit d’une situation et des pensées qui y sont associées. Les émotions sont momentanées et la représentation que l’on se fait de ce trouble d’un instant peut nous mettre dans un état affectif durable : un sentiment. Sentiments de PEUR : adjectifs associés Angoissé – Anxieux – Appréhension (avoir de l’) – Coincé – Confus – Coupable – Craintif – Défensive (sur la) – Désorienté – Effrayé – Épouvanté – Faible – Fourbe – Frousse (avoir la) – Harcelé – Horrifié – Incertain – Inhibé – Inquiet – Méfiant – Nerveux – Paniqué – Pessimiste – Perdu – Prudent – Secoué – Soucieux – Tendu – Terrifié – Timide – Timoré – Traumatisé – Troublé – Vulnérable Sentiments de TRISTESSE : adjectifs associés Abattu – Affligé – Apathique – Blessé – Bouleversé – Cafardeux – Chagriné – Découragé – Déçu – Dégoûté – Déprimé – Désespéré – Embarrassé – Ennuyé – Éteint – Fatigué – Honteux – Humilié – Inadéquat – Inintéressant – Isolé – Lugubre – Malheureux – Meurtri – Nostalgique – Navré – Paumé – Pessimiste – Prostré – Résigné – Submergé – Tourmenté – Triste – Vaincu – Vidé Sentiments de COLÈRE : adjectifs associés Agacé – Agité – Agressif – Amer – Aversion (avoir) – Choqué – Contracté – Contrarié – Courroucé – Critique – Dérangé – Dur – Énervé – Envieux – Exaspéré – Excité – Fâché – Frustré – Furieux – Haineux – Hostile – Hystérique – Insatisfait – Irrité – Jaloux – Mécontent – Mesquin – Outré – Proteste (qui) – Rancunier – Renfrogné – Révolté – Sauvage – Suffisant – Vexé Sentiments de JOIE : adjectifs associés Affectueux – Agréable – Allègre – Amical – Amusé – Bon – Chaleureux – Chanceux – Comblé – Confortable – Content – Décontracté – Enchanté – Entrain (plein d’) – Enthousiaste – Euphorique – Exubérant – Fier – Forme (en) – Gai – Harmonie (en) – Heureux – Jovial – Joyeux – Libre – Lumineux – Motivé – Nourri – Optimiste – Passionné – Ravi – Reconnaissant – Satisfait – Stimulé – Transporté

•Repérer la manière dont Max se console lorsqu’il est contrarié, notamment les lieux qu’il investit : importance des cabanes, igloo, grotte, lit ; rôle sécurisant, pourquoi ? Demander aux élèves d’expliquer la manière dont eux-mêmes se consolent.

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Arts plastiques : Quelques propositions Autour des monstres Les Maximonstres de Maurice Sendak et de Spike Jonze empruntent à toutes les classes du monde animal. Ce sont donc des chimères qui « mélangent » des parties de différents animaux. Ces monstres peuvent donc naturellement déboucher sur une « fabrique de monstres » à partir d’images détournées, de découpages et de collages. Un jeu en ligne pour créer des chimères : http://expositions.bnf.fr/bestiaire/pedago/monstres/bestiaire.htm Un site sur le bestiaire merveilleux du Moyen-Age : http://expositions.bnf.fr/bestiaire/index.htm Des pistes à cette adresse (page 7 et 8) : https://cdn.reseau-canope.fr/archivage/valid/152665/152665-21618-27567.pdf Un dossier très complet avec de nombreuses pistes : http://preac.ia60.ac- amiens.fr/documents/ress.peda/out.pra/them/dossier_pratiques_bestaire_fantastique.pdf

Autour des cabanes, des igloos Pour se calmer, Max se réfugie dans des lieux qui lui permettent de s’isoler du monde des adultes (l’igloo, son lit qui ressemble à une cabane …). Plus tard, dans l’île, Max ordonne la construction d‘un « palais », fait de bois tressé. C’est lui qui en trace les plans et qui donne les consignes aux Maximonstres – et ce fort circulaire, semblable par certains côtés à un nid, est à la mesure de l’enfant qui reconstitue ainsi son univers familier. On amènera les élèves à prendre en considération l’importance et la fonction sécurisante des architectures qu’imagine Max pour lui-même et pour les Maximonstres. Cette réflexion pourra se poursuivre dans un travail plastique de construction de maquettes de cabanes.

De nombreuses pistes pédagogiques aux adresses suivantes : https://cdn.reseau-canope.fr/archivage/valid/459552/459552-27358-35127.pdf https://www.habiter-autrement.org/08.minimaliste/contributions- 08/Abris_cabanes_refuges_fape_2006.pdf

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«L’album évoque chez le lecteur l’image d’une île, d’une plage, d’une forêt», explique le chef décorateur K. K. Barrett, qui collaborait pour la troisième fois avec Spike Jonze. «Nous voulions un environnement réaliste et naturel, censé n’avoir été visité par aucun être humain avant Max.» Pour donner au spectateur l’impression de découvrir cet habitat naturel en même temps que Max, Jonze et son directeur de la photographie Lance Acord tournèrent le plus souvent caméra à l’épaule pour restituer le point de vue subjectif de l’enfant avec un éclairage renforçant les ombres. La notion de «point de vue» s’étend aussi au décor du Fort Suprême dont Max trace les plans et ordonne la construction aux maximonstres afin d’y être entouré de ses fidèles sujets. Barrett reçut une double mission : construire un fort résistant, mais susceptible d’avoir été conçu par un enfant et bâti par des monstres indisciplinés et aussi peu qualifiés que possible. Après avoir envisagé diverses formes, qui leur parurent trop sophistiquées, Barrett et Jonze optèrent pour… le cercle. «Il nous a fallu du temps pour arriver à cette idée toute simple», reconnaît Jonze. «La hutte circulaire, la porte toute ronde, le sol en forme de cercle… quoi de plus simple ?» Et Barrett d’observer : «L’oiseau donne à son nid une forme circulaire, et si un simple volatile parvient à ce résultat, Max et ses Maximonstres pouvaient eux aussi y parvenir.» Source : http://www.elbakin.net/fantasy/news/Max-et-les-Maximonstres-aujourd-hui-dans- les-salles5

MERZ Mario (1925-2003), Igloo de Giap, 1968, armature de fer, sacs en plastique remplis de terres, tubes de néon, 120x200 cm, Paris, MNAM.

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UDO Nils (né en 1937), Habitat, 2000, Paris, Jardin des Champs-Elysées.

DOUGHERTY Patrick (né en 1945), Sortie de Cave, Chateaubourg, 2008, constructions de bois souple et naturel trouvé sur place.

LOEBERMANN Matthias (architecte), Palettenpavillon, 2010

Sitographie https://nanouk-ec.com/enseignants/les-films/max-et-les-maximonstres http://web.ac- reims.fr/dsden52/ercom/documents/education_artistique/ecole_et_cinema/2017_2018/180109_m ax_et_les_maximonstres/180109_dossier_max_et_les_maximonstres_v2.pdf http://web.ac- reims.fr/dsden52/ercom/documents/education_artistique/ecole_et_cinema/2017_2018/180109_m ax_et_les_maximonstres/180109_dossier_max_et_les_maximonstres_v2.pdf

Isabelle Ganon Coordinatrice Ecole et Cinéma DSDEN 76

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