Risques Info N°14
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Sommaire Risques Infos N° 14 - Juin 2003 LA COEXISTENCE DES VILLES ET DE L'INDUSTRIE 1 EN RHÔNE ALPES : CONSTRUCTION GÉOGRAPHIQUE DES RISQUES INDUSTRIELS C. Chichignoud 2 MISE AU POINT SUR LA NOTION DE SITE SEVESO A. Nigoul, E.Philip LA PRÉVENTION DU RISQUE À LA SOURCE, EXEMPLE 4 DE LA PLATE-FORME CHIMIQUE DU PONT DE CLAIX P. Pouchot L'INTÉGRATION DES RISQUES TECHNOLOGIQUES DANS édito 6 L'URBANISATION, EXTRAIT DU MÉMENTO DES ÉLUS De plus en plus d'événements graves tant dans le LOCAUX domaine des risques naturels que technologiques font sentir le poids humain et économique des IRMa, préfecture de l'Isère, conseil général de l'Isère conséquences qu'ils entraînent. Le développement industriel et celui de l'urbanisation en sont deux causes primordiales. 8 L'URBANISATION AUTOUR DES SITES À RISQUES Au cours du passé, une réglementation tendant à F. Francès prévenir ces risques, à en limiter les conséquences, s'est progressivement mise en place et au fil des INFORMATION PRÉVENTIVE DES POPULATIONS : catastrophes qui l'ont jalonné s'est améliorée sans 10 UNE DÉMARCHE VOLONTAIRE pour autant parvenir, mais rien n'est jamais parfait, à des résultats entièrement satisfaisants. P. Pouchot Les récentes catastrophes de l'usine AZF ou les inondations de la Somme et du Gard pour n'en INFORMATION PRÉVENTIVE DES POPULATIONS citer que quelques unes, ont montré les limites des 12 RIVERAINES DE SITES INDUSTRIELS À HAUT RISQUE : mesures préventives, de l'organisation des secours L'EXEMPLE ISÉROIS et de la réparation des dommages qui découlent de l'application de la réglementation telle qu'elle est L. Albert actuellement. Les articles de ce nouveau numéro de “Risques 14 TOULOUSE FACE À LA CRISE : UN CAS D'ÉCOLE Infos” tentent de faire le point sur la situation pré- sente quant aux problèmes d'urbanisation autour A. Nigoul des sites industriels à risques. Quelques cas concrets essaient de montrer comment a pu être 17 BRÈVES DE L'ASSOCIATION rendue acceptable cette cohabitation difficile entre habitat et sites à risques. CONSIGNES DE SÉCURITÉ EN CAS D'ACCIDENT Fort du retour d'expérience particulièrement INDUSTRIEL douloureux des récentes catastrophes, deux lois en préparation devraient en principe améliorer les choses : la loi préparée par le Ministère de l'Environnement relative à la prévention des risques technologiques et naturels et à la réparation des dommages ainsi que la loi préparée par le Ministère de l'Intérieur sur la réforme des plans de secours. Espérons que les améliorations qu'elles apporteront rendront moins insupportables les conséquences de futurs accidents graves qui, ne nous voilons pas la face, se produiront immanqua- blement dans l'avenir même si, fort heureusement, les mesures de prévention nouvelles en limiteront la fréquence. Henri De Choudens, Président de l'Institut des Risques Majeurs La coexistence des villes et de l’industrie en Rhône-Alpes : construction géographique des risques industriels. Christelle Chichignoud, Doctorante en Géographie-Géopolitique au Centre de Recherches et d’Analyses Géopolitiques a catastrophe de Toulouse en septembre 2001 et sa ont produit des territoires, par leurs activités industrielles, médiatisation ont focalisé l’attention sur les établis- leur développement, leur diversification, et par leur main Lsements classés à risques et ont fait naître de nou- d’œuvre. Le besoin en logements et en services des velles inquiétudes. En région Rhône-Alpes, la demande d’in- ouvriers à proximité de leur usine a ainsi contribué à une formation et d’explication sur la présence de ces industries croissance des communes qui accueillaient les industries. est très forte depuis cette catastrophe. Les populations, en particulier celles de Grenoble et de Lyon, soit environ Dans le même temps, les villes ont rattrapé les usines ins- 410 000 et 1.5 million d’habitants, vivent au quotidien avec tallées en périphérie. Sous l’influence dans un premier des industries à risques, spécialisées dans la chimie et la temps de l’urbanisation, puis de la croissance démogra- pétrochimie. phique d’après-guerre, les villes voient leur nombre d’habi- tants augmenter. Cette croissance urbaine se traduit par une densification de l’habitat et un étalement du territoire Des usines à la campagne de la ville. Ce déplacement du front urbain en direction des périphéries se poursuit et s’accentue avec le phénomène de La présence de ces usines dans notre paysage urbain est périurbanisation dans les années 1980. Ceci s’accompagne liée historiquement à une longue tradition industrielle et d’une modification du type d’habitat, désormais essentielle- aux potentialités énergétiques offertes dans la région. Ainsi ment pavillonnaire demandant davantage d’espace pour son la présence dans l’agglomération grenobloise d’industries implantation. Les anciens hameaux ou bourgs en périphérie spécialisées dans la chimie remonte-t-elle au début du de Grenoble ou de Lyon sont alors absorbés par la ville et 20ème siècle. Les besoins en eau et en électricité pour ce forment une agglomération. type de production ont fait que les usines ont été implan- tées dans une région qui avait su développer l’hydroélectri- Ainsi ces mêmes usines qui avaient été construites sur cité. Pour ces usines de l’agglomération lyonnaise ou gre- des territoires ruraux, antérieurement à la croissance nobloise, le choix du site d’implantation de ces industries urbaine et en marge des villes, se retrouvent insérées dans faisait intervenir différents critères : nuisances pour les une urbanisation continue, jusqu’à leur imbrication dans les populations des villes, réputation d’usines à la production agglomérations lyonnaise ou grenobloise. dangereuse, ou encore la question de la disponibilité et du coût du foncier. C’est ainsi qu’elles furent finalement locali- sées sur des territoires ruraux, très faiblement peuplés à Risque et conscience du risque l’extérieur des villes. Or, dans la Région Rhône-Alpes, la plupart de ces indus- Dans les années 1950-1970, en période de croissance tries, en particulier celles spécialisées dans la chimie ou la économique des Trente Glorieuses et de développement pétrochimie, présentent potentiellement un danger pour des secteurs chimiques dans la région, de nouvelles usines les populations par les substances qu’elles stockent, mani- s'implantent dans les zones industrielles déjà existantes. pulent ou produisent. Si un incendie, une explosion, une L’accès aux matières premières des productions, le moindre fuite venaient à se produire, grenoblois ou lyonnais vivant coût de l’énergie s’avèrent alors déterminants pour la loca- dans les environs du site industriel pourraient être des vic- lisation des sites industriels. Des réseaux de pipelines et la times potentielles dans un périmètre plus ou moins étendu redistribution des matières premières et/ou des produits selon le degré de gravité de l’accident. La probabilité que transformés permettent la création de pôles industriels. cela se produise est faible, mais la seule présence de popu- C’est à cette époque que les sites industriels se multiplient lations à proximité des usines constitue un enjeu, il existe le long du Rhône au sud de Lyon et donnent naissance au un “risque industriel”. Incidents et catastrophes médiatisés “couloir de la chimie”. Dans le même temps, Grenoble jouent le rôle d’électrochocs qui poussent l’ensemble des connaît cette concentration d’usines avec la naissance d'une acteurs concernés par la coexistence ville/industrie à s’in- plate-forme chimique à partir de la commune du Pont de terroger sur la gestion passée et à venir des risques indus- Claix. triels. On assiste donc à un décalage dans le temps entre la construction, l’extension géographique de ce risque, et sa prise de conscience collective, sa traduction dans la régle- A partir des années 1980 : la ville consomme mentation d’une maîtrise de l’urbanisation. l’espace Dans les années 1970, le paysage industriel a certes été modifié par la concentration d’industries et la création de pôles chimiques en périphérie des villes, mais l’on pouvait toujours parler “d’usines à la campagne”. Cette situation a rapidement évolué pendant les vingt dernières années. A partir des années 1980, des mutations socio-économiques et géographiques ont bouleversé les relations ville/indus- trie par un phénomène général de consommation d’espace. Les nombreuses “usines à la campagne” en Rhône-Alpes Risques-Infos n° 14 Juin 2003 1 Mise au point sur la notion de site SEVESO Adeline NIGOUL et Eric PHILIP, Ingénieurs Sécurité Environnement à l'Institut des Risques Majeurs epuis l’accident de l’usine AZF en septembre ministériel du 10 mai 2000, qui a introduit les seuils 2001, notre perception du risque majeur indus- de classement suivants : triel a été exacerbée, notamment sous l’action D ➤ Seveso seuil bas des médias. Des termes nouveaux nous semblent aujour- d’hui familiers, sans pour autant nous être parfaitement ➤ Seveso seuil haut. Les sites classés dans cette connus, à commencer par le mot “Seveso”. Retour sur la catégorie sont les sites industriels présentant les risques notion centrale, qui forme un cadre législatif européen dans les plus élevés. Ils subissent des contraintes de sécurité la recherche publique de la sécurité des citoyens. plus importantes que les autres sites, notamment les Seveso, à l'origine, c’est une petite ville d’Italie, victime mesures décrites ci-après. Ces sites Seveso seuil haut sont d’un accident industriel en 1976. Une émission accidentelle également appelés sites Seveso ou sites Seveso 2. A titre de dioxine par une usine du groupe Hochmann-Larocheent, d'exemple, quand on dit qu'en Isère, il y a 29 sites Seveso, y a entraîné l’évacuation de 700 personnes et a provoqué il faut comprendre 29 sites classés Seveso seuil haut. des dommages sur l’environnement évalués à 72 millions d'euros, sans toutefois faire de victimes sur le coup. C’est à cette époque que la France a modifié sa législation La directive Seveso 2, plus contraignante que la première sur les installations nuisibles et insalubres afin de créer une introduit les notions suivantes : loi réglementant l’exploitation des Installations Classées pour la Protection de l’Environnement (ICPE).