L E
LA LETTRE I R T S E
DE L’OBSERVATOIRE M E S CONSULAIRE N° 37 DES ENTREPRISES Décembre 2011 EN DIFFICULTES
EMPLOI CRÉANCIER ENTREPRISE
“Statistiques des Tribunaux de commerce de Paris, Nanterre, Bobigny et Créteil” DOSSIER “MODE D’EMPLOI” : Le plan de sauvegarde ou de redressement
En partenariat avec : Tribunal de Commerce de Nanterre Tribunal de Commerce de Bobigny Tribunal de Commerce de Créteil La Lettre de l’OCED
Numéro 37
Éditorial 5 Jacques DIEMER, Président de l’Union Francilienne des Centres de Gestion et Associations agréés, Président d’honneur du Centre de Gestion et de l’Association Agréés de la Région Parisienne
Daniel FORESTIER, Vice-président de l’Union Francilienne des Centres de Gestion et Associations agréés, Président du Centre de Gestion et de l’Association Agréés de la Région Parisienne Sommaire Sommaire Statistiques et Commentaires 9 Paris, Hauts de Seine, Seine-Saint-Denis et Val de Marne Prévention des difficultés, procédures amiables et judiciaires, de janvier à août 2011 : - Les procédures de traitement des difficultés - Les liquidations judiciaires immédiates
Interview 17 Les actions de la profession comptable en direction de la petite entreprise, en matière de financement Agnès BRICARD, Présidente du Conseil supérieur de l’Ordre des Experts-comptables
Dossier “Mode d’emploi” 23 Le plan de sauvegarde ou de redressement Edmond SCHLUMBERGER, Juriste à la CCI de Paris
Alerte sectorielle 35 Situation financière des TPE franciliennes : Boulangerie et restauration rapide
Claudine ALEXANDRE-CASELLI Rédacteur en chef de la Lettre de l’OCED Yves BURFIN, Chargé d’études au Centre régional d’observation du commerce, de l’industrie et des services - CROCIS
Quelques éléments de bibliographie 39
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n° 37 - décembre 2011 1 2 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n° 37 - décembre 2011 L’OR’ORGANISATION DE L’’OBSERVATOIRE CONSULAIRE DES ENTREPRISES EN DIFFICULT É S
COMITÉ D’ORIENTATION ET DE PILOTAGE
Président : Christian de Baecque (Tribunal de commerce de Paris)
CCIP : Didier Kling - Jean-Louis Scaringella Délégation des Hauts de Seine Véronique de Chavagnac Délégation de Seine-Saint-Denis AFFIC : Bernard Auberger Nicolas GUEURY Délégation du Val de Marne
Tribunal de commerce de Paris : Christian de Baecque Dominique Norguet
Tribunal de commerce de Nanterre : Yves Lelièvre
Tribunal de commerce de Bobigny : Gérard Vedrenne
Tribunal de commerce de Créteil : Marc Corpechot
Ville de Paris : Lyne Cohen-Solal, suppléant Laurent Ménard
Ordre des Experts-Comptables Paris Île-de-France : Françoise Berthon, suppléant Philippe Stempert
Anne Outin-Adam, Délégué général Claudine Alexandre-Caselli, Rédacteur en chef
COMITÉ SCIENTIFIQUE
Président : Michel Germain Professeur de droit à l’Université de Paris II
M. Janin Audas Membre de l’Ordre des experts-comptables Paris Île-de-France Mme Karine Berger Directrice des Etudes d’Euler - Hermès-SFAC Mme Agnès Bricard Vice-Présidente du Conseil supérieur de l’Ordre des experts-comptables M. Claude Cazes Président de la compagnie nationale des commissaires aux comptes M. François Chadelat Inspecteur général des Affaires Sociales M. Yves Chaput Professeur de droit à l’Université de Paris I, Directeur scientifique du CREDA Me Michel Chavaux Administrateur judiciaire, Secrétaire de l’ASPAJ M. Didier Courtoux Président de la Compagnie des mandataires judiciaires à la liquidation des entreprises M. Jean-Yves Demeunynck Délégué général de l’Association Française des Investisseurs en Capital - AFIC M. Jacques Diemer Expert-comptable, Président de l’Union Francilienne des Centres de Gestion et Associations agréés, Président d’honneur du Centre de Gestion et de l’Association Agréés de la Région Parisienne Mme Françoise Dufresnoy Sous-directrice des Affaires juridiques et du droit de l’entreprise, Ministère de l’économie, de l’industrie et de l’emploi Mme Marie-Anne Frison-Roche Directeur de la Chaire régulation- Directeur de la spécialité “Droit des marchés et de la régulation” du Master de Droit économique de Sciences Po. Mme Anne Gazengel Enseignant chercheur à l’ESCP Europe M. Thierry Méteyé Directeur de la Délégation Unédic AGS M. Alain Hollande Ancien membre du bureau du Conseil national des Barreaux M. Vincent Ravoux Directeur général de l’URSSAF de Paris - Région parisienne Mme Sylvie Lemercier-Regnard Greffier associé au Tribunal de commerce de Paris M. Alain Lienhard Rédacteur en chef du Recueil Dalloz Me Jean-François Martin Avocat honoraire M. Patrick Ollier Chef du service de Méthodologie d’analyse des entreprises à la Banque de France M. Jean-Paul Palmade Directeur de la Prévention commerciale et du recouvrement judiciaire à la Société Générale Mme Perdriel-Vaissière -Suppléante Mme Claire Plateau Chef adjoint du Département des répertoires, des infrastructures et des statistiques des entreprises de l’INSEE Mme Anne de Richecour Directeur interrégional adjoint Île-de-France de la Caisse des dépôts et consignations M. Patrick Rossi Chef du Bureau du droit de l’économie des entreprises, Direction des affaires civiles et du Sceau Ministère de la Justice M. Bernard Soutumier Magistrat honoraire M. Cyrille Stevant Chef du service de la méthodologie d’analyse des entreprises, Direction des entreprises, Banque de France M. Philippe Thomas Directeur scientifique à l’ESCP Europe
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n° 37 - décembre 2011 3 4 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n° 37 - décembre 2011 Jacques DIEMER Daniel FORESTIER Éditorial Éditorial
Expert-comptable, Commissaire aux comptes, Vice- Expert-comptable, Président de l’Union Francilienne président de l’Union Francilienne des Centres de des Centres de Gestion et Associations agréés, Gestion et Associations agréés, Président du Centre Président d’honneur du Centre de Gestion et de de Gestion et de l’Association Agréés de la Région l’Association Agréés de la Région Parisienne Parisienne
Les Organismes de Gestion Agréés - OGA - (centres de gestion pour les commerçants, arti- sans et agriculteurs, associations agréées pour les professions libérales) ont été créés à la fin des années 70. L’objectif du législateur était pluriel : meilleure connaissance des revenus des travailleurs indépendants et par conséquent mission informatique des données déclarati- meilleures rentrées fiscales, meilleur usage de ves…). Voilà deux ans, une nouvelle mission a été la comptabilité comme outil de gestion. confiée aux organismes agréés : le contrôle de Depuis l’origine, les OGA ont pour mission la la TVA. Il s’agit non pas d’un contrôle sur pièces prévention fiscale au travers d’un examen de comme s’y livre l’administration fiscale, mais cohérence et de vraisemblance des déclara- d’un contrôle de cohérence effectué à partir tions de résultats. Avec le temps, leurs missions des déclarations de TVA que l’adhérent s’enga- ont été étoffées tant par la règlementation que ge à transmettre à l’OGA à raison de son adhé- par la pratique (dossier de gestion annuel pour sion. En contrepartie de cette transparence et chaque adhérent comparant les scores de son de ce contrôle - dont le résultat est communi- activité dans le temps aux statistiques profes- qué à l’Administration fiscale et à l’adhérent - sionnelles, formation, bulletin d’information, la période vérifiée est réduite de trois à deux dossier de prévention des difficultés écono- ans, en cas de contrôle fiscal. miques, aide à la dématérialisation et à la trans- On observe donc au fil des années un accroisse- ment conséquent des missions confiées par la loi aux organismes agréés et les résultats obte- nus, aux dires des enquêtes parlementaires récentes, ont consacré l’utilité de ces organis- mes.
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n° 37 - décembre 2011 5 Éditorialial
Les fondateurs de ces structures, organisées sous du produit intérieur brut et emploie 4.300.000 sala- la forme d’associations loi 1901 agréées par riés, soit 37% des salariés du privé. l’Administration fiscale et auditées par elle quant à leur fonctionnement, ont été principalement les Que constate-t-on à l’observation des comptes chambres de commerce et des métiers, les organi- annuels de ces entreprises ? sations professionnelles et les experts-comptables. - des difficultés à l’accès au crédit bancaire, Ces derniers sont d’ailleurs les premiers prescrip- - des capitaux propres très limités et souvent teurs à l’adhésion qui emporte toujours aujourd’hui insuffisants, un avantage fiscal puisque les non-adhérents voient leur base imposable majorée de 25 %. - des résultats modestes, - des frais financiers élevés. Précisons que seuls peuvent bénéficier des avan- tages fiscaux liés à l’adhésion à un OGA, les entre- Au contact de ces problématiques interviennent au prises individuelles ou les sociétés de personnes premier chef les experts-comptables, « médecins soumises à l’impôt sur les revenus au titre du résul- généralistes » de l’entreprise ; ils accompagnent tat de l’exercice de leur profession. Cette cible a l’entrepreneur de leurs conseils et prestations per- néanmoins été élargie mais pour la seule réduction sonnalisés. De manière complémentaire, les organis- du délai de reprise de 3 à 2 ans, aux sociétés uni- mes de gestion agréés offrent un accompagnement personnelles assujetties à l’IS (EURL par exemple). collectif apportant une information ainsi que des formations gratuites et mutualisées. On peut aujourd’hui, en étant caricatural, comparer la mission de ces organismes agréés à celle des com- Les nombreuses initiatives prises par la profession missaires aux comptes dans les entreprises plus comptable, au travers de ses instances, en faveur importantes en taille (procédure d’alerte, contrôle de la TPE montrent l’importance qu’attachent les de la légalité et de la sincérité des comptes). professionnels du chiffre à l’accompagnement de S’agissant d’une population très nombreuse (plus leurs clients dans une attitude citoyenne. La d’un million d’adhérents), on comprendra que les recherche de financement meilleur marché que le moyens d’investigation sont moindres (contrôle uni- découvert et moins aléatoire que ce dernier montre quement des déclarations). Il n’en demeure pas l’investissement du professionnel auprès de ses moins que cet accompagnement de l’entrepreneur clients. individuel apparaît bénéfique (information, forma- Les organismes agréés sont, quant à eux, des relais tion, alerte fiscale et économique, prévention…). Il d’information de ces initiatives tant auprès des s’agit là d’une démarche citoyenne qui a, entre bénéficiaires que sont les TPE que des accompagna- autre, pour objectif de préserver le tissu écono- teurs des TPE que sont les correspondants experts- mique donc l’emploi, enjeu majeur aujourd’hui. comptables. Cette collaboration au bénéfice de l’é- Rappelons que le tissu économique de la France, conomie est un facteur essentiel de réussite pour la c’est 2.500.000 entreprises dont 97% de TPE TPE dans un environnement économique difficile. Il (employant moins de neuf salariés). À l’intérieur de convient donc de la poursuivre et de l’étoffer avec ces 97%, 53% n’emploient aucun salarié et 30% de les acteurs de l’environnement professionnel des 1 à 3 salariés. De plus, cette population réalise 28% TPE.
6 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 De Janvier à août 2011
L’alerte du président Rompant avec la situation qui a prévalu en 2010, le entretiens sur demande spontanée du dirigeant qui nombre des entretiens diminue (- 5 %) pour les huit ont fléchi (- 20 %), les entretiens initiés par les premiers mois de 2011. Ce sont principalement les tribunaux étant stables (- 2 %).
Les procédures amiables Sur la lancée de 2010, le nombre des procédures dats ad hoc que pour les conciliations. Au final, conventionnelles se réduit (- 19 %). Cette dimi- ces deux procédures sont à près aussi nombreu- nution est 2 fois plus importante pour les man- ses l’une que l’autre.
Les procédures d’observation En bref... En bref...
Contrairement aux procédures amiables et aux gression des sauvegardes, notamment au début de liquidations judiciaires, les procédures d’observa- l’été (+92 %), en raison de la demande de quelques tion (sauvegardes et redressements judiciaires) groupes à se mettre sous la protection du Tribunal enregistrent une augmentation de leur nombre, à Paris et à Nanterre. La reprise n’étant pas véri- certes relativement modeste (+ 3 %). tablement au rendez-vous, cette évolution pourrait Cette recrudescence s’explique par la forte pro- s’amplifier.
Les liquidations judiciaires immédiates
Les liquidations judiciaires enregistrent une sur les défaillances d’entreprises, c’est que l’é- diminution (- 12 %). Si la crise financière euro- conomie francilienne est dans une situation un péenne ne semble pas encore avoir eu d’impact peu plus favorable qu’au plan national.
Synthèse des évolutions - Janvier à août 2011
Tribunal de commerce Ensemble Paris Nanterre Bobigny Créteil
Procédures amiables
Mandat ad hoc Conciliation
Procédures d’observation
Sauvegarde Redressement judiciaire
Liquidations immédiates
Pour consulter le dossier statistique, se reporter en fin de document, pages I à XI.
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 7 Statistiques et Commentaires
8 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 Statistiques et Commentaires
La prévention de janvier à août 2011
A U TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS
Se reporter au dossier statistique p. III
C’est une constante, la prévention du président du tribunal, a très sen- sentent néanmoins 15 % de l’ensem- constitue une priorité forte pour le siblement diminué (- 10 %) par rap- ble des entretiens. Ceux-ci se dérou- Tribunal, comme en témoigne le nom- port à la même période de 2010. lent à l’initiative du chef d’entrepri- bre des convocations de chefs d’en- Quant au nombre des dossiers se qui, ayant intégré la nécessité treprise. D’ailleurs depuis 2004, ce ouverts, celui-ci a augmenté dans une d’une anticipation, vient ainsi expo- nombre est devenu proche voire plus faible mesure (+ 4 %). ser ses difficultés. important que celui des ouvertures Fait marquant, après une progression L’année 2012 s’annonçant plutôt de procédures collectives. importante des entretiens sur morose, la prévention devrait, de Après leur forte augmentation en demande spontanée des chefs d’en- nouveau, amorcer une remontée et 2009, le nombre des entreprises treprise, quasi-inexistants en 2008, retrouver toute sa place. convoquées, dans le cadre de l’alerte ceux-ci reculent (- 27 %) ; ils repré-
2 873 2 805 2 668 2 295 2 031 2 126 2 428 2 024 1 775 1 911 1 655 1 916 1 377 1 482 1 306 Statistiques et Commentaires Statistiques 1 724 et Commentaires Statistiques 1 489 1 416 1 420 1 419 1 286 1 375 1 369 1 195 422
796 651 140
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Dirigeants convoqués Dossiers ouverts
Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Paris (Cf. Dossier statistique).
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 9 Statistiques et Commentaires
10 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 Statistiques et Commentaires
Les procédures de traitement des difficultés de janvier à août 2011
A U TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS Se reporter au Dossier statistique p. III et IV
Les ouvertures de procédures de trai- Graphique 1 tement des difficultés (amiables ou SAUVEGARDE ET REDRESSEMENT JUDICIAIRE judiciaires) sont globalement orien- tées à la baisse (-17 %), retrouvant 746 ainsi les niveaux d’avant crise. Il n’en reste pas moins que le ralentissement, 459 voire l’arrêt de la croissance, pourrait 370 372 avoir des répercussions sur les ouver- 306 316 317 353 250 tues de procédures, amenant une nou- 207 319 274 281 velle augmentation de celles-ci. 199 LES PROCÉDURES D’OBSERVATION
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 Sur la période de janvier à août 2011, Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce le nombre des procédures d’observa- de Paris (Cf. Dossier statistique). tion (sauvegarde et redressement judiciaire) diminue (-14 %). Mais, ce tablissant à 12 700 salariés ; les Pour l’ensemble des procédures d’ob- recul cache deux mouvements contrai- effectifs moyens sont également en servation, on constate que dans 3 cas res : une diminution soutenue des hausse à 47 salariés par entreprise sur 5, l’entreprise est en mesure de redressements judiciaires (- 24 %) et (soit 3 fois plus qu’en 2010). trouver une solution. De manière très un doublement des sauvegardes exceptionnelle, cette proportion est (+ 114 %). Ce dernier mouvement s’ex- L’ISSUE plus élevée pour les redressements plique, pour l’essentiel, par la demande DES PROCÉDURES D’OBSERVATION judiciaires (60 %) que pour les sauve- gardes (32 %). d’un groupe à se mettre sous la pro- Le Tribunal a arrêté 184 plans, dont tection du Tribunal. 176 plans de continuation ou de ces- LES PROCÉDURES AMIABLES Liés à la progression des sauvegardes, sion. C’est autant que sur la même les effectifs salariés des entreprises période de 2010 ; cette stabilité fait Suivant le mouvement initié en 2010, un moins grand nombre de procédures concernées augmentent (+ 11 %), s’é- suite au bond observé en 2010. amiables ont été ouvertes sur la pério- Graphique 2 de de janvier-août 2011 (- 23 %). Le ISSUE DES PROCÉDURES D’OBSERVATION recul est quatre fois plus marqué pour les conciliations que pour les mandats 262 ad hoc ; au final, les seconds sont rede- 236 venus légèrement plus nombreux que 206 233 182 182 184 les premières. 196 141 148 149 142 148 142 132 187 Malgré ce recul, les effectifs salariés 160 160 131 116 des entreprises concernées par ces 125 122 121 116 115 109 procédures ont augmenté (+ 17 %), 94 89 représentant ainsi au total près de 36 000 salariés, soit 440 en moyenne par entreprise. Il s’agit donc d’entre- 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 prises moyennes à grandes, neuf fois Ensemble des plans arrêtés Li qui da ti on j udi ci ai re postéri eure plus importantes que les entreprises en procédure d’observation. Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Paris (Cf. Dossier statistique).
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 11 Statistiques et commentaires
A U TRIBUNAL DE COMMERCE DE NANTERRE
Se reporter au Dossier statistique p. VI et VII
Contrairement à la situation qui prévaut Graphique 1 dans le ressort parisien, les ouvertures SAUVEGARDE ET REDRESSEMENT JUDICIAIRE de procédures de traitement des diffi- 172 cultés (amiables ou judiciaires) ont nette- 158 ment augmenté (+ 19 %). Cette remontée 141 129 131 est liée à une forte activité enregistrée 105 127 sur le front des procédures collectives 94 111 110 99 pendant les mois d’été, alors que tradi- 92 78 tionnellement l’activité y est nettement 68 ralentie. Cette remontée annonce-t-elle une reprise des ouvertures de procédures pour les mois à venir ? 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
LES PROCÉDURES D’OBSERVATION Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Nanterre (Cf. Dossier statistique). Le nombre des redressements judiciaires a brutalement cru (+ 58 %). Cette progres- ble (+ 17 %) : au total 17 500 salariés LES PROCÉDURES AMIABLES sion fait donc apparaître que des entrepri- concernés, soit 120 salariés en moyenne ses se retrouvent démunies dans un par entreprise (c’est 2 fois plus qu’à Paris). À l’image de la situation enregistrée contexte où la reprise tarde à se confir- pour les procédures d’observation, le L’ISSUE mer. DES PROCÉDURES D’OBSERVATION nombre des conciliations augmente Les sauvegardes sont également plus nom- (+ 25 %) alors que celui des mandats ad breuses (+ 67 %), représentant 2 % des De janvier à août 2011, 77 plans ont été hoc recule (- 62 %). Au total, les premiè- procédures collectives, proportion la plus arrêtés, dont 73 plans de continuation ou res sont deux fois plus nombreuses que forte de la circonscription géographique de cession. les seconds. Le taux de réussite de ces procédures est élevé : 6 rapports sur 10 de la CCIP ; pour autant, elle reste encore D’une manière globale, plus de 3 procédu- ont constaté le succès de la mission, du très en deçà de la proportion nationale. res sur 4 se sont terminées par un plan, même ordre de grandeur que la propor- Les effectifs salariés enregistrent aussi qu’il s’agisse d’une sauvegarde ou d’un tion des sauvegardes ayant abouti à un une progression, mais celle-ci est plus fai- redressement judiciaire. plan.
Graphique 2 Pour la première fois dans le ressort du ISSUE DES PROCÉDURES D’OBSERVATION Tribunal, on doit relever que les accords homologués (6 sur 10) ont été plus nom- 93 breux que ceux constatés. Si l’on rappelle 85 76 qu’avant 2009, très rares étaient les 71 67 68 80 70 64 homologations, on mesure ici l’ampleur du 58 66 55 changement de pratique. 63 59 46 54 38 46 43 51 45 48 38 Les entreprises qui ont obtenu l’ouver- 37 26 34 ture d’une procédure amiable ont employé environ 18 500 salariés, en net 17 10 recul (- 37 %). Ces entreprises sont d’une
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 taille plus importante encore qu’à Paris, celles-ci occupant en moyenne un peu plus Ensemble des plans arrêtés Liquidation judiciaire postérieure de 500 salariés. Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Nanterre (Cf. Dossier statistique).
12 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 Statistiques et commentaires
A U TRIBUNAL DE COMMERCE DE BOBIGNY Se reporter au Dossier statistique p. VIII et IX
LES PROCÉDURES D’OBSERVATION Graphique 1 SAUVEGARDE ET REDRESSEMENT JUDICIAIRE Alors que de 2006 à 2010, le nombre des redressements judiciaires n’a cessé de se 421 réduire, il est pour la première fois en aug- 365 307 318 mentation (+ 46 %), comme à Nanterre. 292 S’agirait-il d’un retournement de situation, 248 en cette période de forte incertitude ? 270 230 164 161 150 134 Les procédures de sauvegarde sont légè- rement plus nombreuses : 11 au total, 113 112 représentant 1,2 % de l’ensemble des pro- cédures judiciaires, se rapprochant ainsi 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 des proportions des trois autres Tribunaux de commerce de la circonscrip- tion géographique de la CCIP. Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Bobigny (Cf. Dossier statistique).
L’ISSUE DES PROCÉDURES D’OBSERVATION sur 2. La proportion est similaire pour les la protection du Tribunal, leurs difficultés redressements judiciaires et deux fois étaient déjà trop importantes. Le Tribunal a arrêté 66 plans, dont 64 moins élevée pour les sauvegardes (26 %). dans le cadre d’un redressement judiciai- Cette situation qui comme à Paris est fort re. Un traitement des difficultés est donc surprenante, indique sans aucun doute que LES PROCÉDURES AMIABLES possible pour 1 procédure d’observation pour les entreprises qui se sont mises sous Les mandats ad hoc (11 au total) ont été Graphique 2 moins fréquents alors que le nombre des ISSUE DES PROCÉDURES D’OBSERVATION conciliations est stable (12 au total). Pour ces dernières, on constate que l’homologa-
320 tion de l’accord est plus souvent demandée que le simple constat par le tribunal. 291 Comme à Nanterre, un changement de pra- 249 237 232 tique est à l’oeuvre. 199
159 194 120 101 102 106 101 80
72 70 74 71 66 65 66 63 60 58 61 49 40 50
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Ensemble des plans arrêtés Liquidation judiciaire postérieure
Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Bobigny (Cf. Dossier statistique).
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 13 Statistiques et commentaires
A U TRIBUNAL DE COMMERCE DE CRÉTEIL Se reporter au Dossier statistique p. X et XI
LES PROCÉDURES D’OBSERVATION Graphique 1 SAUVEGARDE ET REDRESSEMENT JUDICIAIRE Pour la première fois depuis 2008, le nombre des redressements judiciaires 172 158 diminue (- 23 %). 151 154 129 Quant aux procédures de sauvegarde, 141 113 127 celles-ci sont toujours aussi peu fréquen- 118 123 112 tes : 6 au total, représentant 1,0 % de 111 110 92 l’ensemble des procédures collectives. C’est le taux le plus faible de la circons- cription géographique de la CCIP.
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Créteil L’ISSUE (Cf. Dossier statistique). DES PROCÉDURES D’OBSERVATION
Sur la lancée de 2010 et contrairement aux trois autres Tribunaux, le nombre sont trouvées dans près de 2 cas sur 5. LES PROCÉDURES AMIABLES des plans arrêtés augmente fortement Cette proportion, la plus faible de la cir- (+ 59 %). Il s’agit dans leur quasi-totalité conscription de la CCIP, reflète la situa- C’est une constante, peu de chefs d’entre- de plans de continuation ou de cession. tion des redressements judiciaires ; elle prise ont sollicité le Tribunal en vue d’ob- Rapportés au nombre des procédures est deux fois plus élevée pour les sauve- tenir l’ouverture d’une procédure amiable : d’observation, on note que des solutions gardes. 9 mandats ad hoc et 10 conciliations ont été acceptés.
Graphique 2 Depuis 2006, année de l’entrée en vigueur ISSUE DES PROCÉDURES D’OBSERVATION de la loi de sauvegarde, les deux procédu- res conventionnelles sont, d’un point de
136 vue quantitatif, à peu près à égalité.
111 102 96 101 88 87 81 78 78 68 71 62 58 75 56 47 55 56 50 41 43 44 41 41 34 31 35
1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Ensemble des plans arrêtés Liquidation judiciaire postér ieure
Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Créteil (Cf. Dossier statistique).
14 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 Statistiques et Commentaires
Les liquidations judiciaires immédiates de janvier à août 2011
AU TRIBUNAL DE COMMERCE DE PARIS (Se reporter au dossier statistique p. III)
Sur la lancée de 2010, les liquidations judiciaires immédiates continuent à LES LIQUIDATIONS JUDICIAIRES IMMÉDIATES diminuer (- 13 %), pour atteindre leur niveau de 2006, le plus faible depuis 2 555 2 598 1993. Toutefois, le recul est passé 2 541 2 510 2 183 de - 15 %, au premier quadrimestre, 2 136 2 444 2 430 2 044 2 054 à - 10 %, au deuxième quadrimestre. Est- 1 931 ce le signe d’un réel ralentissement ? 1 830 1 743 1 788 Les entreprises concernées sont de très petite taille, celles-ci ayant employé 2 800 salariés, soit 1,5 sala- rié par entreprise en moyenne. Les effectifs concernés ont diminué plus 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 vite (-23 %) que les procédures elles- mêmes, marquant le recul des PME Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Paris (Cf. Dossier statistique) touchées. C’est une constante, ces procédures qui entraînent inéluctablement la culièrement réduite (9 %) de l’ensem- tres termes, la plupart des entrepri- disparition de l’entreprise en cause, ble des radiations au registre du com- ses radiées, le sont par la volonté de correspondent à une proportion parti- merce et des sociétés (RCS). En d’au- leurs dirigeants.
AU TRIBUNAL DE COMMERCE DE NANTERRE (Se reporter au dossier statistique p. VI)
Comme à Paris, les ouvertures de liquida- LES LIQUIDATIONS JUDICIAIRES IMMÉDIATES tions judiciaires sont moins nombreuses ( -19 %), le niveau ainsi atteint est l’un des 728 plus faibles depuis 1993. Néanmoins, 677 645 652 673 comme semble le suggérer les premiers 630 736 574 678 680 646 624 résultats relatifs au dernier quadrimes- 574 576 tre, cette tendance pourrait s’inverser dès les premiers mois de 2012. Contrairement à ce mouvement, le nombre des salariés touchés est en forte augmen- tation (+ 61 %, en glissement annuel à fin août 2011). Il s’agit, comme à Paris, de très 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 petites entreprises, celles-ci employant en moyenne 2,5 salariés. Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Nanterre (Cf. Dossier statistique) La part prise par les disparitions liées à une liquidation judiciaire dans l’ensemble des radiations au RCS (12 %) est supérieu- re de 3 points à celle constatée à Paris.
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 15 AU TRIBUNAL DE COMMERCE DE BOBIGNY (Se reporter au dossier statistique p. VIII)
Comme à Paris et Nanterre, le nombre des ouvertures de liquidations judiciaires dimi- LES LIQUIDATIONS JUDICIAIRES IMMÉDIATES nue (- 8 %), mais dans une proportion bien moindre. Néanmoins, leur nombre reste 863 821 850 élevé et dépasse de 36 % le niveau de 2005-2006. 789 732 760 587 Le nombre de salariés touchés apparaît 563 693 486 stable, ceux-ci ne reculant que de 2 %. Les 578 entreprises concernées sont très majori- 472 444 461 tairement des TPE : elles emploient en moyenne un peu moins de 2 salariés. Les disparitions d’entreprises liées aux liquidations judiciaires représentent 17 % des radiations au RCS ; c’est le taux le plus 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 élevé de la circonscription de la CCIP.
Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Bobigny (Cf. Dossier statistique).
AU TRIBUNAL DE COMMERCE DE CRÉTEIL (Se reporter au dossier statistique p. X)
Pour la première fois depuis 2008, le ES LIQUIDATIONS JUDICIAIRES IMMÉDIATES L ES LIQUIDATIONS JUDICIAIRES IMMÉDIATES nombre des liquidations judiciaires immédiates a diminué nettement (- 21 %).
680 Elles retrouvent leur niveau d’avant 606 crise, après être restées à des niveaux 550 500 élevés en 2009 et 2010. 573 467 475 433 563 Les effectifs salariés concernés par ces 489 483 504 480 454 procédures reculent moins vite (-16 %). On doit également noter que, de maniè- re constante, les entreprises en liquida- tion judiciaire emploient très peu de salariés : au total un peu moins d’un 1998 1999 2000 2001 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 millier de salariés, soit en moyenne près
Source : OCED, Graphique établi à partir des données fournies par le Tribunal de commerce de Créteil de 2 salariés par entreprise. (Cf. Dossier statistique). Les fermetures d’entreprises liées aux liquidations judiciaires correspondent à 14 % des radiations au RCS, proportion plus forte qu’à Paris ou Nanterre.
16 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 Les actions de la profession comptable en direction de la petite entreprise, en matière de financement
Agnès BRICARD Présidente du Conseil supérieur de l’Ordre des Experts-comptables Interview Interview
Depuis de très nombreuses années, Agnès BRICARD, actuellement Présidente du Conseil Supérieur de l’Ordre des Experts-Comptables, inter- vient de manière active pour mettre en place des mesures visant à faciliter la vie et le rebond des petites entreprises et de leurs dirigeants. tif monté avec quelques réseaux bancaires, qui doit per- Une des dernières illustrations mettre aux TPE d’obtenir des de cet engagement : le disposi- financements bancaires pour couvrir leurs besoins de tréso- rerie. C’est une véritable inno- vation. Son action ne s’arrête pas là, son souci premier étant d’apporter aux petites entre- prises les moyens de faire face à leurs difficultés, le plus en amont possible.
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 17 Interview
En tant que Présidente du Conseil Supérieur, vous avez décidé d’orienter les actions de la profession en vue de favoriser le financement des petites entreprises, pourquoi ?
Au niveau du Conseil Supérieur, comptables et juridiques... Le entreprises lorsqu’ils concernent nous avons constaté que la question Conseil Supérieur a donc rassemblé des éléments fongibles, mais elles du financement des entreprises autour de la table les CCI, les oublient que la TPE va de préféren- n’était jamais spécifiquement abor- chambres de métiers et les ce chercher du crédit-bail quand dée alors même que l’on porte un réseaux d’accompagnement à la elle a besoin d’investir intérêt particulier à leur dévelop- création-transmission d’entrepri- 30 000 euros et pas du crédit à pement ; pourtant, c’est le nerf de ses. C’est parce que nous sommes moyen terme. Si la TPE fait ce la guerre, y compris lorsqu’il s’agit tous ensemble et qu’une profession choix, c’est qu’elle obtient une d’embaucher un salarié. On entend comme la nôtre s’est engagée, que réponse dans les 24 heures et que souvent dire que les entreprises l’on a pu avancer. ce crédit n’est pas pris en compte doivent se développer à l’export ou dans les ratios d’endettement. À D’entrée de jeu, nous avons focali- par les marchés publics par exem- l’inverse, l’entreprise ne peut obte- sé notre attention sur la TPE : ple, mais sans que l’aspect financier nir de crédit pour financer ses d’une part, c’est notre coeur ne soit traité. Néanmoins, lors des besoins de trésorerie qui peuvent métier ; d’autre part, c’est un enjeu États généraux de l’industrie, le être liés à l’embauche d’un salarié, fort – ces entreprises représen- financement a été reconnu comme à un décalage de trésorerie ou tent 97 % du tissu économique un levier de croissance. encore à la fermeture temporaire européen. Venant renforcer notre d’un local. De plus, bien que les Le Conseil Supérieur a décidé de conviction, la mission sur le finan- banques ne l’expriment jamais clai- s’emparer de cette question et a cement des entreprises confiée rement, ce type de petit dossier mis en place un groupe de travail. par le Président de la République au n’est guère rentable ; elles ne cou- Nous nous sommes inspirés de la Médiateur national du crédit, vrent donc pas cette catégorie de voie tracée par le Président Gilbert Gérard RAMEIX, a abouti à la besoin, c’est le propre d’un marché. COSTES qui, lorsque les tribunaux conclusion qu’il faut favoriser la de commerce ont été attaqués dans TPE en raison d’une absence de Mais doit-on se contenter de ce les années 2000, a eu l’intelligence fluidité en matière de financement, constat ou, au contraire, tenter d’y de réunir autour de lui les acteurs notamment en ce qui concerne la remédier, notamment en prévoyant que sont les chambres de commer- couverture de leurs besoins de tré- un modus operandi pour faire en ce et d’industrie (CCI), les cham- sorerie. Les banques financent sorte que ces dossiers trouvent bres de métiers, les professionnels facilement les investissements des une certaine rentabilité ?
Quelles banques ou réseaux bancaires ont accepté de vous suivre ?
Pour la première fois en France, visant les besoins de trésorerie réseaux bancaires nationaux. Si banquiers et experts-comptables des entreprises ne dépassant pas ces conventions portent effective- ont conjugué leurs talents afin de 25 000 euros. Une convention a été ment sur le financement des sécuriser le système et permettre signée en juin 2011. Une deuxième besoins de trésorerie des petites le financement des TPE. Le réseau a été conclue avec le Crédit entreprises, elles prévoient aussi des Banques Populaires a, le pre- Lyonnais en septembre 2011. Deux d’autres types de financement, mier, donné son accord pour implé- autres conventions vont l’être pro- comme le renforcement de fonds menter un produit de financement chainement avec deux autres propres.
18 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 Interview
Quelles solutions ont effectivement été mises en place pour favori- ser le financement des petites entreprises ?
Afin de faciliter l’examen des dos- financement initiale qui portait sur de la moyenne du secteur. Là enco- siers, nous avons tout d’abord eu un montant de 25 000 euros est, re, le professionnel doit exercer l’idée de proposer aux banques de dans ces conditions, insuffisante… son sens critique et ne pas accep- passer par une mise en ligne des Voilà en quoi consiste la validation ter des valeurs « anormales » : par demandes. D’emblée, nous nous de la cohérence des hypothèses de exemple, entériner un montant de sommes heurtés à un refus au travail. 500 000 euros alors que, pour le motif que cette mise en ligne pour- secteur, celui-ci va de Créer de bonnes pratiques qui rait signifier pour les entreprises 80 000 euros en région à deviendront, nous l’espérons, des une forme de « droit à tirage au 150 000 euros à Paris. normes est notre souci premier. crédit », ce qui n’est absolument pas envisageable. Nous avons donc Nous avons également proposé un Les prévisionnels de imaginé un plus : engager la respon- outil qui permette de modéliser les trésorerie : sabilité de l’expert-comptable avec situations et d’éviter, dans la « l’assurance modérée », pratique mesure du possible, les mises en C’est un document essentiel pour internationale qui, jusqu’à présent, cause de la responsabilité de nos les banques car elles pensent, sou- n’avait pas été introduite en professionnels. Nous avons ainsi vent à tort, que l’entreprise qui les France. Cette assurance modérée, prévu la mise en place d’un dossier réalise fait un suivi régulier de sa exprimée sous forme négative, ne sur l’extranet des banques, que les trésorerie. Elles l’exigent donc concernera que les comptes prévi- confrères pourront consulter et pour toute demande de finance- sionnels ; elle consiste à valider la remplir en ligne, ce qui facilitera ment. En lieu et place de ce docu- cohérence des hypothèses de tra- les demandes et leur analyse. En ment souvent long à élaborer, nous vail retenues par le chef d’entre- aucun cas, il ne s’agit d’imposer un avons proposé de remplir une fiche prise. Comme l’indiquent les modèle unique, chaque banque res- simplifiée de détermination de la conventions signées, « c’est un tant libre d’aborder la question CAF afin de déterminer si l’entre- apport réel en termes de crédibili- comme elle le souhaite ; néanmoins, prise est en mesure de rembourser té des prévisions élaborées par les doivent clairement être indiqués l’emprunt sollicité, car au final dirigeants ». Cet engagement, point les documents nécessaires au mon- c’est bien ce qui importe. Nous de passage obligé, n’existe que pour tage et à l’instruction du dossier. avons ainsi réussi à convaincre les des montants ne dépassant pas Ce dernier comporte plusieurs élé- banques de rendre optionnels les 25 000 euros et pour les seules ments incontournables. prévisionnels de trésorerie. TPE. Autre avancée majeure, la banque La justification des varia- À titre d’exemple : lorsque le chef informe le client des raisons du tions du chiffre d’affaires : d’entreprise retient, de manière refus. Ce facteur de transparence, prévisionnelle, une évolution de Un commentaire est porté dans le très anglo-saxon, a été particuliè- 10 % de son chiffre d’affaires, document dès que les variations rement difficile à obtenir, la crain- variation normale pour faire passer sont jugées significatives. te avouée par les banques étant son dossier de financement, l’ex- Volontairement, il n’y a pas de seuil, une augmentation du contentieux. pert-comptable doit vérifier à car pour une TPE une augmentation Trois motifs de refus ont été for- quelles conditions cette augmenta- de 5 000 euros peut être considé- malisés : une cote non éligible, une tion est réaliste. S’il constate en rée comme importante. Il nous est insuffisance d’autonomie finan- examinant les comptes des années apparu essentiel de ne pas border cière et des perspectives d’avenir antérieures que le taux de progres- plus ; mais, si des sinistres non probantes. devaient arriver en nombre pour sion n’a été que de 2 %, le dirigeant Dès lors, l’expert-comptable peut les confrères, nous reverrions ce doit alors expliquer comment il accompagner de manière efficace prévoit de passer de 2 à 10 % : par point. son client en amenant des orienta- exemple, par l’embauche d’un sala- Le chiffre d'affaires tions ou des actions correctives. rié, l’ouverture d’un nouveau mar- rapporté à l’effectif de ché, un changement de bail… Pour Une fois le dossier adressé à la l’entreprise (de l’homme de le professionnel, il s’agit alors de banque, celle-ci s’engage à répon- ménage au PDG) : nouveaux moyens qu’il faudra éga- dre dans un délai bref, inférieur à lement financer. La demande de Le résultat est analysé au regard 15 jours.
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 19 Interview
Parmi les motifs de refus, vous avez cité « cote non éligible ». De quoi s’agit-il ?
Depuis la loi Brunel tendant à favo- prise d’obtenir, quel que soit le suffit tout simplement de trans- riser l’accès au crédit des petites réseau bancaire, un crédit. mettre à l’établissement de crédit et moyennes entreprises et à amé- Auparavant, il était impossible de les comptes annuels. liorer le fonctionnement des mar- comprendre pourquoi les banques chés financiers (L. n° 2009-1255 refusaient des crédits. Face à des Pour assurer une transmission du 19 octobre 2009), les entrepri- certaine et efficace de ces docu- ses peuvent demander à leur ban- refus répétés, l’expert-comptable ments, nous avons passé un quier leur notation, dès lors qu’une n’accompagnait plus ses clients car accord avec les banques afin que ligne de crédit leur a été accordée. il pensait, à juste titre, que la démarche était vaine. celles-ci reçoivent les bilans, par Si l’établissement de crédit inscrit l’intermédiaire du portail « cote non éligible », c’est que la Le fait d’indiquer « cote non éligi- « www.jedeclare.com », dans le note est inférieure à 4. Il n’est ble » amène à réfléchir sur les mois qui suit la sortie des liasses donc pas envisageable pour l’entre- moyens de l’améliorer. Parfois, il fiscales.
Quelles situations ces financements vont-ils pouvoir couvrir ?
Trois types d’événements ont été dommageable car dans les pério- temps que celui-ci devienne pris en considération : les déca- des où le chiffre d'affaires est « productif ». lages de trésorerie, l’embauche inférieur aux frais fixes, le com- Dans le troisième cas envisagé, il d’un salarié ou encore l’améliora- merçant était obligé d’aller cher- s’agit de la consolidation des tion de la structure financière. cher de « l’argent cher » pour se financer. découverts bancaires. Ces décou- Les réseaux bancaires signatai- verts ont fréquemment un carac- res vont être amenés à accepter Pour l’embauche d’un salarié, il tère structurel, notamment lors- de couvrir des décalages de tré- est parfois très important pour sorerie, y compris dans le com- une TPE d’obtenir un crédit d’un qu’ils se répètent de mois en merce, secteur où, traditionnel- montant de 25 000 euros à 5 % mois. Les restructurer pour en lement il ne peut y avoir de déca- pendant les quelques mois néces- faire baisser le coût par un lage du fait de l’absence du poste saires à l’adaptation du salarié financement à moyen terme est clients. Cette situation était embauché au poste de travail, le indispensable.
Agir pour que les banques financent les besoins de trésorerie des entreprises, c’est bien. Mais comment faire pour que les entrepri- ses soient suffisamment informées ?
Nous venons de mettre au point un sache que d’autres solutions exis- « Sémaphore », développé par la blog consacré au financement des tent, comme le financement public CCI d’Amiens(1) et « l’Observatoire TPE et PME que nous alimentons en ou des financements alternatifs. des aides aux entreprises », créé fonction des avancées. par l’ISM. Ce sont des outils sim- Même si l’entreprise est en diffi- ples à utiliser. À côté de ceux-ci - Sont bien évidemment présentés culté ou en convalescence, il exis- mais pas encore sur le blog - il les différents financements propo- te des fonds publics qui peuvent existe celui de l’APCE, dans le sés par les réseaux bancaires ayant l’aider à passer le cap difficile. domaine de la création ou de la signé la convention. Mais cette Plus de 6 000 financements de ce reprise d’entreprise. information ne s’arrête pas là car, type sont recensés par les deux lorsque l’entreprise ne peut, du fait moteurs de recherche que nous Sur le blog, nous avons aussi prévu de sa situation, obtenir un finance- avons intégrés sur le blog dans la une rubrique « Capital investisse- ment bancaire, il est bon qu’elle rubrique « Financement public » : ment » consacrée au financement
(1) Où Jules Vernes a vécu et dont il a été conseiller municipal.
20 La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 Interview des fonds propres, ou plus exacte- ceux-ci sont inférieurs au minimum À quel titre insérer des informa- ment à leur renforcement. Cette fixé dans le règlement du fonds. tions sur l’affacturage ? question doit être rapprochée du Autre moyen pour renforcer les L’affacturage est considéré en motif de refus intitulé « insuffi- fonds propres, les prêts participa- France comme le dernier expédient sance d’autonomie financière », qui tifs d’OSEO dans le cadre de financier, alors que, chez les vise en fait l’insuffisance de fonds « Capital PME ». Quand l’entreprise Anglo-Saxons, c’est le premier propres(2). Selon un accord signé augmente en numéraire son capital, moyen utilisé pour financer son avec CDC Entreprises, nous orien- elle peut obtenir le même montant besoin en fonds de roulement, tons les entreprises vers le Fonds en prêt participatif qui est assimi- c'est-à-dire son poste clients. de consolidation et de développe- lé à des fonds propres ou quasi- Nous allons faire en sorte que les ment des entreprises (FCDE)(3) fonds propres. Si l’entreprise utili- TPE puissent accéder facilement à doté de 200 millions d’euros. Ce se ses réserves ou la capitalisation ce type de financement, notam- fonds qui vise des entreprises réalisée en compte courant d’asso- ment dans le cadre de notre parte- convalescentes, notamment lors- ciés, alors elle obtiendra deux fois nariat avec GE Capital France. qu’il y a médiation du crédit, n’a moins. L’affacturage est difficile à appré- quasiment pas été utilisé faute Si aucun financement n’est possi- hender pour une TPE car le factor d’informations facilement accessi- ble, il reste encore la possibilité sélectionne les clients qu’il couvre, bles sur le sujet. CDC Entreprises a d’étaler les dettes, que celles-ci au vu de leur cote. accepté de changer la donne et concernent des fournisseurs, la De plus, l’État nous propose de nous avons mis à la disposition des banque ou des créanciers publics. regarder du côté des anciennes entreprises une grille de lecture S’agissant d’une forme de finance- SDR, – Sociétés de développement afin de permettre la constitution ment, nous avons regroupé ces régional – car il voudrait bien des dossiers de demande de finan- moyens sous le vocable « Solutions remettre en selle certaines d’entre cement. alternatives de financement ». elles. Nous sommes partants. La CDC s’est également engagée à À terme, de nouvelles rubriques Toutes ces informations sont financer, pour les petites entrepri- viendront enrichir le blog : l’une disponibles sur le site du Conseil ses à fort potentiel de développe- concernera les bonnes questions à Supérieur de l’Ordre des Experts- ment, des investissements même si se poser et l’autre l’affacturage. Comptables(4).
Quelles autres actions envisagez-vous de mener à un horizon plus ou moins proche ?
Aujourd’hui, lorsqu’une petite procédure soit rarement enclen- gner l’entreprise. entreprise est confrontée à des chée dans les TPE. S’il existait une difficultés financières importan- assurance obligatoire dans laquelle Dans les faits, il existe, depuis octo- tes, elle ne dispose généralement une clause permettrait, en cas de bre 2008, trois contrats d’assuran- pas ou plus de moyens suffisants difficultés financières de l’entre- ce(5) de type RC du mandataire dans pour faire appel à des experts et prise, de couvrir certains frais ou lesquels est prévue une clause de trouver des solutions. Le summum honoraires, la procédure d’alerte garantie du souscripteur en cas de en la matière, c’est la procédure serait engagée plus vite. difficulté financière. Cette garantie d’alerte que le commissaire aux « couvre les honoraires et frais du Il est donc urgent de réfléchir à comptes devrait déclencher mais la mise en place d’une telle assu- conciliateur désigné par le tribunal qu’il hésite à faire car c’est la rance pour les TPE. On saurait de commerce, de l’administrateur « mort » quasi assurée pour l’en- ainsi, au moindre signe d’alerte, judiciaire nommé par le tribunal de treprise. Ceci explique que cette qu’un « médecin » peut accompa- commerce, du mandataire ad hoc
(2) NDLR : l’état prévoit de lancer un nouvel outil d’intervention en fonds propres dans le cadre de FSI PME qui serait doté de 300 à 400 millions d’euros. En la matière, les régions sont également actives. La région Île-de-France vient d’ajouter à ses fonds : PM’up, Fonds régional pour l’investissement ou encore Priorité PME… (3) Fonds créé à l’initiative de René RICOL. (4) http://www.experts-comptables.fr/ (5) Le premier avec AIG (assureur américain), le deuxième avec HISCOX (assureur anglais), et le troisième avec AXA (ass- ureur français).
La Lettre de l’Observatoire Consulaire des Entreprises en Difficultés n°37 - décembre 2011 21 Interview
désigné par un tribunal et de l’ex- prises individuelles en étant au-delà de cette durée et la clause pert mandaté par le tribunal de exclues. Pour ces dernières, au- de garantie de passif ne dure que commerce lorsque ces personnes delà des difficultés financières, ce 3 ans, plus une année en cours. interviennent à la suite de la mise en type de contrat pourrait aussi être oeuvre d’une procédure d’alerte ». très utile dans bien d’autres situa- La mise en place d’une assurance Le plafond d’indemnisation ne tions : lorsque l’entreprise a été maladie obligatoire pour les entre- dépasse pas 50 000 euros. transmise et qu’un différend se prises individuelles est une autre fait jour avec le cessionnaire dans idée, d’autant plus importante que, C’est un premier pas, mais encore le cadre par exemple de la garantie depuis 2010, l’EIRL a vu le jour, insuffisant car, d’une part, ce de passif ; ou lorsque des actions permettant une protection du fonds de prévention n’a pas pu être sont intentées en matière de faute patrimoine de l’entrepreneur sans créé de manière autonome, faute de gestion ou de comblement de que rien n’ait été prévu en matière de disposer d’une courbe de sinis- passif… Ce contrat d’assurance tralité et, d’autre part, ces couvre une période allant jusqu’à sociale. Nous allons y réfléchir, car contrats ne touchent que 450 000 5 ans après les faits. C’est suffi- la prévention est bien au coeur de sociétés ou associations, les entre- sant car un acheteur ne peut aller nos missions.
Propos recueillis par Claudine ALEXANDRE-CASELLI
Pour en savoir plus......