Étude De La Dynamique De Deux Populations D'ours Noirs De L
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ÉTUDE Étude de la dynamique de deux populations d’ours noirs de l’Outaouais fortement exploitées par la chasse et le piégeage, E1992-1995 8165-06-05 8098-04-02 Direction du développement de la faune Direction régionale de l’Outaouais ÉTUDE DE LA DYNAMIQUE DE DEUX POPULATIONS D’OURS NOIRS DE L’OUTAOUAIS FORTEMENT EXPLOITÉES PAR LA CHASSE ET LE PIÉGEAGE, 1992-1995 par Hélène Jolicoeur François Goudreault et Michel Crête Ministère des Ressources naturelles et de la Faune Février 2006 Dépôt légal – Bibliothèque et Archives nationales du Québec, 2006 ISBN : 2-550-47115-6 iii RÉSUMÉ Cette étude sur la dynamique de deux populations d’ours noirs a été réalisée en Outaouais, de 1992 à 1995, dans des secteurs considérés comme fortement exploités par la chasse et le piégeage (≥ 0,30 ours/10 km²/an), soit la portion sud-est de la réserve de La Vérendrye (707 km2) et le sud de la zec Pontiac (560 km2). Afin de déterminer si ces deux populations étaient exploitées en fonction de leur potentiel ou plutôt surexploitées, nous avons capturé 83 ours différents (45 ours à La Vérendrye; 38 ours à Pontiac) et nous les avons équipés d’émetteurs-radios dans une proportion de 93 %. Tous les paramètres de la dynamique de population (densité, reproduction, taux de survie, taux d’accroissement, etc.) ont été documentés et comparés d’un secteur à l’autre. Sur le plan de la condition physique et du potentiel reproducteur, les femelles de La Vérendrye se sont avérées moins performantes que les ourses de Pontiac. En effet, le poids moyen des femelles capturées en juillet à La Vérendrye a été inférieur de 6 kg (50,2 kg 1,6; n = 30) à celui mesuré à Pontiac (56,7 kg 2,5; n = 13; P = 0,053). De juillet à décembre, les ours de La Vérendrye et de Pontiac ont réalisé respectivement un gain de poids significatif de 16 kg (P = 0,000) et de 18 kg (P = 0,000) pour atteindre en début d’hiver un poids de 65,8 kg 2,9 (n = 33) et de 75 kg 2,8 (n = 23). D’un territoire à l’autre, seules les femelles qui élevaient deux oursons affichaient des poids différents, les femelles de La Vérendrye étant de 11 kg plus légères que celles de Pontiac (La Vérendrye = 70,6 kg; Pontiac = 81,3 kg; P = 0,0749). Au cours des trois années de l’étude, nous avons visité 89 femelles dans leurs tanières. Grâce à un échantillon de 13 femelles précédemment nullipares, nous avons pu déterminer que l’âge à la première mise bas survenait le plus souvent, dans ces deux territoires, à 5 ans (38,5 %) puis à 6 ans (30,8 %) et, dans une proportion beaucoup moindre, à 7 ans (23,1 %) et à 4 ans (7,6 %). L’âge moyen des femelles à leur première mise bas a été, dans cette étude, de 5,7 ans. iv Le taux de mise bas a été de 25 % pour les femelles âgées de 4 ans, puis s’est élevé au-dessus de 50 % pour les femelles de 5 ans et plus. Pour les trois années de l’étude, ce taux a été de 52,2 %. Sur une base annuelle, les taux de mise bas ont varié de 45,5 % à 70,6 %. Les taux de mise bas des femelles de Pontiac ont été, de façon significative, plus élevés les années qui suivaient une bonne production automnale de faînes (1993 et 1995; ² = 6,49; dl = 2; P = 0,0388) alors qu’à La Vérendrye, la production de jeunes semblait s’étaler plus uniformément sur toutes les années (² = 2,95; dl = 2; P = 0,2279). Onze femelles adultes ont pu être visitées pendant trois hivers de suite. De ce nombre, 9 femelles (trois à La Vérendrye et six à Pontiac) ont mis bas à intervalle de deux ans et deux autres femelles, qui n’en étaient pas à leur première mise bas, ont mis plus de deux ans entre deux portées successives. Si on attribue à ces femelles un intervalle minimum de 3 ans entre leurs deux mises bas, on obtient, pour le secteur La Vérendrye, un intervalle moyen minimum de 2,4 ans entre deux mises bas et un intervalle de 2,0 ans à Pontiac. Pour les deux territoires réunis, l’intervalle est alors de 2,18 ans. Le rapport des sexes des oursons à la naissance a été de 51 mâles pour 36 femelles ou 142M :100F. Cette proportion ne diffère pas de la parité (P = 0,2524). Sur les 38 portées examinées, le nombre moyen d’oursons produits par femelle a été, au total, de 2,29 0,12 oursons, soit 2,25 0,14 oursons à La Vérendrye et 2,33 0,21 oursons à Pontiac (P = 0,6378). Les portées constituées de deux et de trois oursons ont été plus les fréquentes (deux = 44,7 %; trois = 34,2 %) et cette répartition a légèrement varié entre La Vérendrye et Pontiac (2 =3,09; dl = 1; P = 0,0785). C’est ainsi que les portées de deux oursons étaient plus fréquentes à La Vérendrye (60,0 %) qu’à Pontiac (27,8 %) et vice versa. Les portées de trois oursons se rencontraient plus fréquemment à Pontiac (44,4 %) qu’à La Vérendrye (25,0 %). La production d’oursons a été significativement moins élevée parmi les femelles de 5-7 ans (2,00 0,16 oursons) que parmi celles de 8 ans et plus (2,50 0,18 oursons; P = 0,0460). La fréquence des portées de deux et de trois oursons a v varié également entre les catégories d’âge des femelles. Ainsi, les jeunes femelles ont produit plus de portées de deux oursons, alors que les vieilles femelles de huit ans et plus ont produit des portées de trois oursons en plus grand nombre (2 = 3,83; dl = 1; P = 0,050). Par rapport au poids des mères, nous avons observé que le nombre moyen d’oursons nés de femelles légères ( 75 kg) était plus faible (1,93 ourson 0,17) que celui provenant de femelles lourdes ( 75 kg; 2,52 oursons 0,16; P = 0,0180). Par contre, le poids des oursons issus de femelles légères ( 75 kg) ne différait pas de ceux provenant des femelles lourdes ( 75 kg) et ce, peu importe la taille de la portée (P = 0,7365). Finalement, le taux de recrutement annuel (nombre moyen d’oursons par portée/intervalle moyen entre deux mises bas) a été de 0,94 ourson/année à La Vérendye (2,33/2,4) et de 1,16 ourson/année à Pontiac (2,33/2,0). Pour les deux secteurs réunis, le taux de survie des oursons a été évalué à 71 % 16, ce qui est considéré comme très bon. Par contre, le taux de survie annuel des mâles et des femelles âgés d’un an et plus a été de beaucoup inférieur à La Vérendrye (mâles = 27 %; femelles = 85 %) qu’à Pontiac (mâles = 74 %; femelles = 96 %). Avec l’aide de traceurs radioactifs, nous avons pu déterminer que la population d’ours de La Vérendrye était plus dense et plus nombreuse (0,18 ourskm2; 118 ours) que celle de Pontiac (0,12 ourskm2; 67 ours) et qu’elle était moins fortement exploitée. En effet, à la grandeur des deux aires d’étude, il y a eu 111 ours abattus par des chasseurs, entre 1992 et 1994 (incluant les ours marqués). Ces prélèvements annuels représenteraient des taux d’exploitation respectifs de 16 % à La Vérendrye et de 22 % à Pontiac. Ce dernier taux est très élevé et excède les taux trouvés ailleurs au sein des autres populations d’ours d’Amérique du Nord (12-17 %; Bunnell et Tait 1981). Avec un tel taux d’exploitation, la population d’ours de Pontiac devrait se retrouver, en théorie, surexploitée et en décroissance. Ce n’est pas le cas puisqu’en gardant les taux de fécondité fixes et en appliquant les taux de mortalité observés dans chacun des secteurs d’étude, nous avons trouvé un taux fini d’accroissement de 1,02 à La Vérendrye et de 1,13 à Pontiac. Les deux populations vi étaient donc en croissance au moment de l’étude (La Vérendrye = 2 %; Pontiac = 13 %). Malgré une proximité géographique et une ressemblance au niveau de la composition de l’habitat, il nous est apparu assez clairement que les deux secteurs d’étude n’affichaient pas le même potentiel au niveau de la reproduction des femelles et qu’ils n’avaient pas la même capacité de réaction face à l’exploitation. L’habitat de Pontiac était, d’après nous, plus productif que celui de La Vérendrye en raison de sa situation au cœur de la zone feuillue et de la proximité des peuplements de hêtres et de chênes. Cette légère différence dans la qualité de l’habitat s’est manifestée par des écarts, légers mais constants, parmi presque tous les paramètres de reproduction (âge à la première mise bas, intervalle entre deux mises bas, taux de mise bas, nombre d’oursons/portée, poids des ours). Il n’est donc pas étonnant que le taux de recrutement annuel de ce secteur ait été supérieur à celui de La Vérendrye. Avantagée sur le plan de la reproduction, il nous apparaît normal que la population d’ours du secteur Pontiac puisse supporter un plus grand prélèvement annuel qu’à La Vérendrye mais il est toutefois difficile d’imaginer que cette population puisse soutenir annuellement, selon nos calculs, un prélèvement de 22 % de ses effectifs et montrer, malgré tout, des signes de croissance démographie de 13 %.