De L'utilité Des Regestes
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discussions 9 (2014) Rolf Groûe De l'utilité des regestes Résumé: Les grandes entreprises telles les »Regesta Imperii« et le »Göttinger Papsturkundenwerk« montrent que les regestes ont bien une valeur propre. La mise en valeur de grands fonds de sources représente certainement leur principal avantage. En rassemblant tous les témoignages écrits qui se réfèrent à un événement, les regestes historiographiques permettent de confronter les différentes sources et d'évaluer leur crédibilité. En plus, ils donnent un aperçu de l'état actuel de la recherche. La structure géographique du »Göttinger Papsturkundenwerk« aide à établir des parallèles entre les régions bénéficiaires d'actes pontificaux. Les regestes donnent de plus des indications sur le fonctionnement des chancelleries et sur l'itinéraire des rois et papes. Ils peuvent éviter au chercheur d'examiner le texte entier des actes. Resümee: Die groûen Projekte wie die »Regesta Imperii« und das »Göttinger Papsturkundenwerk« belegen, dass Regesten ihren eigenen Wert besitzen. Die Erschlieûung umfangreicher Quellenbestände ist ihr wichtigster Vorzug. Indem sie alle schriftlichen Zeugnisse für ein bestimmtes Ereignis zusammenstellen, gewähren historiographische Regesten die Möglichkeit, Quellen gegeneinander abzuwägen und auf ihre Glaubwürdigkeit hin zu prüfen. Zudem bieten sie einen Überblick über die Forschung. Die geographische Struktur des »Göttinger Papsturkundenwerks« erleichtert den Vergleich von Regionen, aus denen die Empfänger der Papsturkunden stammten. Regesten gewähren Aufschluss über den Arbeitsablauf innerhalb der Kanzleien wie auch über das Itinerar von Königen und Päpsten. Ein gutes Regest kann die Einsichtnahme des gesamten Urkundentextes ersetzen. »Une propriété pour toujours« <1> »Je suis alors ma route droite et fixe à travers les siècles et apprécie la vue à droite et à gauche sans écrire beaucoup à ce sujet«: c'est avec ces mots que Johann Friedrich Böhmer, le fondateur des »Regesta Imperii«, mort en 1863, décrit son activité1. Celle-ci ne semble pas très tentante car tout historien, même celui qui fait une édition de chartes ou qui rédige des regestes, ne voudrait pas seulement préparer des textes en regardant à droite et à gauche, mais voudrait aussi puiser aux sources et les exploiter par des études accompagnant son travail d'éditeur. L'idée de créer par la publication des sources »une propriété pour toujours«, un κτῆμ α ἐς αἰεὶ, comme le dit Thucydide (I, 22, 4), peut ne pas être si séduisante: l'historien se veut aussi homme de lettres. Tout comme Leopold 1 Johannes Janssen, Joh. Friedrich Böhmer's Leben, Briefe und kleinere Schriften, t. 1, Fribourg-en-Brisgau 1868, p. 156: »Nun führe ich meine geraden festen Straûen durch die Jahrhunderte und genieûe dabei die Aussicht rechts und links, ohne gerade viel davon zu schreiben.« Cf. Alfred Hessel, Zur Geschichte der Regesten, in: Archiv für Urkundenforschung 10 (1928), p. 217‒ 225, ici p. 222; réimpr. in: Harald Zimmermann (dir.), Die Regesta Imperii im Fortschreiten und Fortschritt, Cologne, Weimar, Vienne 2000 (Forschungen zur Kaiser- und Papstgeschichte des Mittelalters, 20), p. 63‒ 71, ici p. 68. Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative-Commons-Lizenz Namensnennung-Keine kommerzielle Nutzung-Keine Bearbeitung (CC-BY-NC-ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/de von Ranke, qui souligna l'alliance entre la science et l'art2, le médiéviste qui prépare une édition ou des regestes aimerait bien lui aussi úuvrer comme artiste. Même Paul Kehr, le fondateur de ce que l'on appelle le »Göttinger Papsturkundenwerk«, ne considérait pas ses éditions et regestes comme une fin en soi, mais comme la base d'autres études qu'il espérait pouvoir mener lui-même3. Raison suffisante alors pour se demander quelle est la valeur des regestes. <2> Pour la plupart d'entre nous, les recueils de regestes, comme le »Jaffé«4, font partie de nos outils quotidiens. Nous en connaissons très bien les avantages et les limites tout en sachant qu'il n'est pas facile de rédiger un bon regeste. Par son travail, comparable à celui d'un anatomiste, le »cordonnier de regestes«, »der Regestenschuster«, pour utiliser une expression de Paul Kehr5, dissèque et analyse la charte. Ce qui est souvent plus difficile que l'édition d'un texte entier. Chaque mot compte, il faut trouver une traduction adéquate des termes techniques et l'on ne doit pas non plus perdre de vue la question du vrai ou du faux. Il faut casser chaque noix, aussi dure soit-elle. Car, contrairement à l'auteur d'une étude, celui d'un regeste n'a pas la possibilité de contourner aisément des problèmes ou des questions ouvertes6. <3> N'attendez pas de ma contribution des idées novatrices7. Je vais surtout y aborder l'histoire des grands projets de regestes, en l'occurrence les »Regesta Imperii« et le »Göttinger Papsturkundenwerk«. Un aperçu de leur genèse et de leur structure donne des éclaircissements sur leur fonction, leur utilité et leurs limites. Le but d'un regeste, comme chacun sait, n'est pas de présenter le texte complet d'une charte. Il défriche plutôt celui-ci pour la recherche, en résumant les parties essentielles de son contenu, en en citant de manière normalisée les noms propres et la date, 2 Leopold von Ranke, Französische Geschichte vornehmlich im sechzehnten und siebzehnten Jahrhundert, t. 5, Leipzig 1870 (Sämmtliche Werke, 12), p. 5. Cf. Rudolf Vierhaus, Leopold von Ranke. Geschichtsschreibung zwischen Wissenschaft und Kunst, in: Historische Zeitschrift 244 (1987), p. 285‒ 298; Harald Zimmermann, Verschiedene Versuche, Vergangenheit vollständig zu vermitteln, in: id., Die Regesta Imperii (voir n. 1), p. 1‒ 17, ici p. 16‒ 17. 3 Cf. Rudolf Hiestand, Vorwort, in: Paul Kehr, Ausgewählte Schriften, t. 1, Göttingen 2005 (Abhandlungen der Akademie der Wissenschaften zu Göttingen, phil.-hist. Klasse, III/250), p. V‒‒ XVIII, ici p. VI IX. 4 Voir ci-dessous, n. 11. 5 Cf. Hiestand, Vorwort (voir n. 3), p. V. Voir aussi Ludwig Schmugge, »Regestenschuster 2004«, in: Brigitte Merta, Andrea Sommerlechner, Herwig Weigl (dir.), Vom Nutzen des Edierens. Akten des internationalen Kongresses ¼, Vienne, Munich 2005 (Mitteilungen des Instituts für Österreichische Geschichtsforschung. Ergänzungsband, 47), p. 117‒ 129, ici p. 117. 6 Zimmermann, Verschiedene Versuche (voir n. 1), p. 16. 7 Sur les regestes, nous disposons de plusieurs articles de fond réunis dans: Zimmermann, Die Regesta Imperii (voir n. 1); voir aussi Johannes Bernwieser, Les »Regesta Imperii«. Un recueil de sources sur l'histoire du Moyen Âge européen, in: Francia 40 (2013), p. 189‒ 205. Lizenzhinweis: Dieser Beitrag unterliegt der Creative-Commons-Lizenz Namensnennung-Keine kommerzielle Nutzung-Keine Bearbeitung (CC-BY-NC-ND), darf also unter diesen Bedingungen elektronisch benutzt, übermittelt, ausgedruckt und zum Download bereitgestellt werden. Den Text der Lizenz erreichen Sie hier: http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/de en fournissant des informations sur sa tradition manuscrite et ses éditions, tout en apportant des commentaires diplomatiques et historiques. Un bon regeste peut remplacer non seulement la lecture du texte de la charte, mais très souvent aussi la consultation d'une littérature scientifique dispersée. <4> Lors du grand colloque sur les cartulaires organisé par l'École des chartes en 1991, Dietrich Lohrmann souligna dans son exposé que des traditions scientifiques différentes en Allemagne et en France ont fait que l'Allemagne est aujourd'hui un pays à »Urkundenbücher«, alors que la France est un pays à cartulaires édités8. Tandis que les diplomatistes français gardent à l'esprit la pratique de l'administration médiévale et font des éditions de cartulaires, la recherche allemande préfère le classement chronologique de tous les actes établis par ou pour une institution spécifique. Il y a même des »Urkundenbücher« qui concernent une région entière, tel le »Urkundenbuch für die Geschichte des Niederrheins« publié par Theodor Lacomblet9. Le même schéma, l'ordre chronologique, est suivi par les recueils de regestes, et eux aussi sont typiques de la tradition allemande de mise en valeur des sources médiévales. <5> Cela ne signifie pas que d'autres pays ne disposent pas de regestes. À titre d'exemple, nous pouvons citer les úuvres d'Achille Luchaire sur Louis VI et Louis VII ou les quatre volumes des »Regesta regum Anglo-Normannorum«10. Mais les deux grands projets que sont les »Regesta Imperii« et le »Göttinger Papsturkundenwerk« ont été fondés en Allemagne. Sans parler des regestes pontificaux de Philipp Jaffé et d'August Potthast11, et des recueils de regestes pour l'histoire des villes allemandes, telles Aix-la-Chapelle, ou pour des régions entières, telles les archidiocèses de Cologne, Mayence et Trèves12. Ces ouvrages qui, dans le cas des archevêques de Cologne, couvrent en douze 8 Dietrich Lohrmann, Évolution et organisation interne des cartulaires rhénans du Moyen Âge, in: Olivier Guyotjeannin, Laurent Morelle, Michel Parisse (dir.), Les cartulaires. Actes de la table ronde ¼, Paris 1993 (Mémoires et documents de l'École des chartes, 39), p. 79‒‒ 90, ici p. 79 80. 9 Urkundenbuch für die Geschichte des Niederrheins, éd. Theodor Joseph Lacomblet, t. 1‒‒ 4, Düsseldorf 1840 1858. 10 Achille Luchaire, Louis VI le Gros. Annales de sa vie et de son règne (1081‒ 1137). Avec une introduction historique, Paris 1890; id., Études sur les actes de Louis VII, Paris 1885 (Histoire des institutions monarchiques de la France sous les premiers Capétiens. Mémoires et documents); Regesta regum Anglo-Normannorum 1066‒ 1154, éd. Henry William Carless Davis e.a., t. 1‒‒ 4, Oxford 1913 1969. Voir aussi la bibliographie donnée par Raoul Charles Van Caenegem, Introduction aux sources de l'histoire médiévale, Turnhout 1997 (Corpus Christianorum. Continuatio Mediaeualis), p. 351‒ 354. 11 Regesta pontificum Romanorum ad a. p. Chr. natum MCXCVIII, éd. Philipp Jaffé. Ed. secundam curaverunt Samuel Loewenfeld, Ferdinand Kaltenbrunner, Paul Ewald, t. 1‒‒ 2, Leipzig 1885 1888; Regesta pontificum Romanorum inde ab a.