1. QUELQUES GRANDES DATES

Montregard est une commune française, située dans le département de la Haute-Loire et la région Auvergne.

Les origines de Montregard ne sont pas récentes. Certains écrits indiquent que la commune existait déjà sous le règne du roi Robert, de 1014 à 1031. Le village est également men- tionné en l’an 1020, lorsque Guigo et sa femme Cathaburgis font à l’Abbaye de Chamalières sur Loire, le don d’une mai- son qu’ils possédaient sur la commune.

Le seigneur est alors Adhémar de Beaudiner, du nom d’un lieu-dit sur la commune de Saint-André-en-Vivarais où se dressait jadis un château féodal dont dépendait celui de Montregard. Le fief de Montregard appartient aux de Beaudiner jusque vers 1330, puis passe au gré des mariages entre les mains des de Crussol et des de Lévis, seigneurs d’Annonay. Il est ensuite vendu en 1563 à l’homme de loi de la juri- diction de Montfaucon, Étienne Faure, qui est originaire de Marnas, sur la commune de Saint-Julien-Molhesabate.

Selon le testament d’Étienne Faure, la seigneurie est par- tagée entre ses quatre gendres : Jehan de Colomb, Carlo Figoni – un officier italien immigré – Mathieu de Chabanes et Gilbert de Banne de Boissy. Les gendres ne cessent de se disputer la propriété du château, ce conflit s’aggravant du-

11 rant les guerres de religion, en raison de l’appartenance de ces personnes à des camps différents.

Montregard constitue aussi un prieuré, les habitants étant soumis à un impôt ecclésiastique dont les bénéficiaires sont d’abord l’abbaye franciscaine de Chazeau les Cornillon en Forez, fondée par Luce de Beaudiner, puis le monastère Saint-Martin de L’Isle-Barbe près de Lyon, et le florissant collège des jésuites du Puy-en-Velay. En 1641, les jésuites achètent même un quart de la seigneurie proprement dite à un héritier de Jehan de Colomb.

Le XVIIIe siècle est marqué par les rivalités entre les coseigneurs et le pouvoir religieux, entre ce dernier et une population cherchant avec beaucoup d’ingéniosité à s’af- franchir des innombrables charges pesant sur elle. Ce siècle s’achève à Montregard dans l’adhésion aux idées de la Révolution française.

Au début des années 1880, il faut résister jusque devant le Conseil d’État aux tentatives du maire de Montfaucon, d’annexer une partie du territoire de Montregard et de dé- vier vers Montfaucon, le projet de route du Mas de à Dunières, à la gare récemment construite et qui permet aux paysans d’aller trouver du travail à Firminy. En effet, avec respectivement 1531 et 1865 habitants en 1869 et 1896, Montregard a de la peine à nourrir sa population…

Très durement frappé par la guerre de 1914 – presque 100 morts (plus de 10% de la population masculine, enfants et vieillards compris) – le village souffre alors d’un exode rural qui s’accélère après la seconde guerre mondiale.

2. RETOUR SUR PLUSIEURS ÉVÉNEMENTS AYANT MARQUÉ L’HISTOIRE DE LA COMMUNE

Les guerres de religion – guerres de la ligue En , on appelle guerres de religion, une série de huit conflits, qui ont ravagé le pays dans la seconde moitié du XVIe siècle et où se sont opposés catholiques et protestants.

Les premières persécutions commencent dans les années 1520. Mais il faut attendre les années 1540 et 1550 pour observer le développement des clivages. À la fin du règne d’Henri II, le conflit se politise. Les guerres de religion commencent en 1562 et se poursuivent, entrecoupées de périodes de paix, jusqu’en 1598, avec la mise en place de l’Édit de Nantes.

Montregard n’a pas échappé à ces conflits… Par une lettre datée d’août 1591, Charles de Savoie, duc de Nemours, confie à Guillaume Chabannes de Monistrol, la garde du château de Montregard, pour le maintenir sous son autorité, dans le parti de la Sainte-Union. Fin septembre, cette mis- sion est en partie accomplie avec le stockage à Montregard d’un matériel impressionnant : pétards, poudre, balles, mou- lins à bras, grenades, cuirasses, hallebardes, arquebuses… Cela permet ainsi de conserver cette position, de protéger

13 Montfaucon (appartenant aux ligueurs) et de surveiller de près le fort de la Brosse, appartenant au chef des royalistes.

Mais, le château de Montregard appartient alors à quatre maîtres différents, époux des quatre filles d’Étienne Faure. Seul Mathieu de Chabannes se soumet volontiers aux ordres du duc de Nemours. Les autres n’étant pas d’humeur aussi complaisante, ils trament un complot.

Le 21 octobre 1591, Guillaume de Chabannes, en charge de la garde du château, est absent. Des soldats sont enfermés avec ruse dans le château par les comploteurs qui par- viennent également à faire ouvrir la porte de l’édifice en neutralisant le garde.

Le sieur de La Valette, le sieur capitaine de la Franchière, en compagnie de soixante ou quatre-vingt soldats, tous por- tant des hallebardes ou des armes à feu, surviennent et s’emparent rapidement du château.

Cette épisode est représentatif de la période tumultueuse des guerres de la Ligue, avec les prises et reprises de ces petits châteaux de montagne, qui n’avaient parfois, pour toute défense, qu’une palissade et une demi-douzaine d’ar- quebusiers.

Les passages de saint Jean-François Régis dans la commune Montregard a reçu plusieurs fois la visite de saint Jean- François Régis (né en 1597, mort en 1640), jésuite français, missionnaire des campagnes et surnommé « l’apôtre du Velay ». Ce dernier prêche dans cette paroisse de Montregard, située à la limite des pays protestants, et convertit Louise de Romezin, épouse d’Étienne de La Franchière (seigneur

14 de Marcoux) puis de Banne de Boissy (dont le fils devint en 1693 maire héréditaire de Montregard). On raconte volontiers que devenue veuve, madame de Romezin enfilait discrètement les habits de ses valets, par précaution envers les huguenots, pour venir écouter saint Régis à la nuit tombante.

La mission de Montfaucon au mois de janvier de l’an 1640, se distingue des autres par un incident nouveau : elle est interrompue par l’invasion de la peste. Saint Régis se dévoue au service des pestiférés. Craignant qu’il ne devienne victime de sa charité, et que la perte d’une vie si précieuse ne lui soit imputée, le curé de Montfaucon lui ordonne de se retirer. Il part. « Ayez bon courage, dit-il aux habitants désolés, bientôt, vous verrez cesser le fléau terrible qui vous afflige. » Selon la légende, saint Régis rejoint alors Montregard. À son arrivée, il donne sa bénédiction à la commune de Mont- faucon parfaitement visible depuis le quartier du Château. Et à l’instant la peste cesse…

Une autre de ses entrées dans le village est restée célèbre. Une châtelaine de l’endroit en avait fait le récit : « Tout trempé des pluies et des neiges, il arriva à la nuit. Avant de se montrer à qui que ce soit, il choisit de se rendre directement à l’église pour y adorer le Saint Sacrement. Ayant trouvé l’église fermée à clef, il se prosterna à genoux et tête nue devant la porte pour prier Jésus-Christ ». C’est dans cette posture qu’il est surpris par des passants, « immobile, malgré un froid et une bise presque piquante ». On doit le « saisir » pour l’entraîner dans une maison voisine et « l’obli- ger à se refaire un peu ».

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