Orchestre Français Des Jeunes Petra Lang Fabien Gabel Jeudi 13 Décembre 2018 – 20H30
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GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE Orchestre français des jeunes Petra Lang Fabien Gabel Jeudi 13 décembre 2018 – 20h30 NPGS_13-12_20h30_Petra Lang_19154.indd 1 10/12/18 10:36 Ce concert est enregistré par France Musique. NPGS_13-12_20h30_Petra Lang_19154.indd 2 10/12/18 10:36 PROGRAMME Richard Wagner Ouverture des Maîtres chanteurs de Nuremberg Clemens Krauss Huit Lieder sur des poèmes de Rainer Maria Rilke – extraits (orchestration de Michael B. Weiss) Richard Strauss Die heil’gen drei Kön’ge aus Morgenland Morgen! Wiegenlied Cäcilie ENTRACTE Igor Stravinski Le Chant du rossignol Claude Debussy La Mer Orchestre français des jeunes Fabien Gabel, direction Petra Lang, soprano Coproduction Orchestre français des jeunes, Philharmonie de Paris. FIN DU CONCERT VERS 22H30. Livret en page 24. NPGS_13-12_20h30_Petra Lang_19154.indd 3 10/12/18 10:36 LES œUVres Richard Wagner (1813-1883) Ouverture des Maîtres chanteurs de Nuremberg Composition : 1861-1867, mais projeté dès 1845. Création : le 21 juin 1868 au Hoftheater de Munich, sous la direction de Hans von Bülow. Effectif : 3 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 4 cors, 5 trompettes, 2 trombones, tuba basse – timbales, triangle, tambour, cymbales – harpe, luth – cordes. Durée : environ 15 minutes. La découverte, en 1845, du personnage historique de Hans Sachs, « der- nière incarnation de l’esprit populaire artistiquement créateur en art » (Une communication à mes amis, 1851), pousse Wagner à esquisser les grandes lignes des Maîtres chanteurs de Nuremberg ; s’il faut attendre les années 1860 et la composition de Lohengrin, de Tristan et Isolde et d’une grande partie de la Tétralogie pour que le compositeur s’y attelle véritablement, la thématique principale, elle, est déjà présente : réflexion sur l’art, l’opéra prône la réconciliation entre tradition (représentée par la confrérie des maîtres chanteurs) et nouveauté (incarnée par le jeune Walther). Comme une illustration de cette problématique, la musique se réappro- prie des tournures « anciennes » (forme bar AAB, fugue, contrepoint) et délaisse le chromatisme tristanien pour un vigoureux diatonisme : Wagner « forge […] pour chaque œuvre une langue nouvelle », comme le fait remarquer Nietzsche dans sa Considération inactuelle no 4. Ainsi, le prélude, dans un grandiose ut majeur, se présente comme un morceau symphonique quasi autonome articulant entre eux des thèmes selon une logique qui pourrait être purement musicale. Ceux-ci sont de deux types : le premier est affirmatif, parfois pompeux, et renvoie à l’univers des maîtres chanteurs (motif des maîtres chanteurs, motif de la bannière), le second, plus chantant, à celui de l’amour qui pousse Walther 4 NPGS_13-12_20h30_Petra Lang_19154.indd 4 10/12/18 10:36 vers Eva. Le savant contrepoint sur ces trois thèmes principaux qui clôt cette page est ainsi tout à la fois un tour de force technique et une pré- figuration de la résolution du conflit qui sous-tend l’œuvre. Angèle Leroy Clemens Krauss (1893-1954) Huit Lieder sur des poèmes de Rainer Maria Rilke – extraits (orchestration de Michael Bastian Weiss) 1. Das war der Tag der weißen Chrysanthemen [C’était le jour des chrysan- thèmes blancs] 5. Der Abend ist mein Buch [Le soir est mon livre] 6. Und reden sie dir jetzt von Schande [Et ils te parlent à présent de la honte] 8. Herbst [L’automne] Composition : 1920 ou avant. Durée : environ 12 minutes. Il est des secrets bien gardés : le chef d’orchestre Clemens Krauss était aussi compositeur. Cet ami de Richard Strauss, ardent défenseur de sa musique (il créa Arabella, Friedenstag, Die Liebe der Danae et Capriccio dont il signa aussi le livret), connaissait toutes les facettes de la voix humaine. Enfant, il avait chanté à la Hofkapelle de Vienne. En 1912, il fut nommé chef de chœur à Brno, où il dirigea son premier opéra l’année suivante. Plus tard, il épousa la soprano Viorica Ursuleac, grande inter- prète straussienne. Mais les Huit Lieder sur des poèmes de Rainer Maria Rilke, édités en 1920, ne sont guère influencés par Strauss car Clemens Krauss creuse son propre sillon. L’ampleur de la ligne vocale ? Le piano qui semble appeler l’orchestre ? Autant d’éléments dans l’air du temps, que l’on perçoit aussi chez Pfitzner ou chez Berg. D’ailleurs, Krauss n’a pas franchi le pas de l’orchestration, préférant laisser le lied dans l’univers de la musique de chambre (on doit à Michael Bastian Weiss, compositeur et philosophe allemand né en 1974, la version symphonique des pièces de ce concert). 5 NPGS_13-12_20h30_Petra Lang_19154.indd 5 10/12/18 10:36 La poésie nocturne et crépusculaire de Rilke inspire en outre des lignes tendues (« Und reden sie dir jetzt von Schande »), parfois un style de récitatif jugulant le lyrisme (« Herbst »). Des harmonies étranges dans certains passages, à d’autres moments torturées, renforcent la sensation de trouble, dans un discours qui frappe par sa discontinuité. Alors que l’Europe se relève à peine de la Première Guerre mondiale, la musique de Krauss reflète la quête d’une impossible sérénité. Hélène Cao Richard Strauss (1864-1949) Die heil’gen drei Kön’ge aus Morgenland [Les Trois Rois mages de l’Orient] op. 56 no 6 Morgen! [Demain !] op. 27 no 4 o Wiegenlied [Berceuse] op. 41a n 1 o Cäcilie op. 27 n 2 Composition : 1903-1906, orchestration en 1906 pour Die heil’gen drei Kön’ge ; 1894, orchestration en 1897 pour Morgen! ; 1899, orchestration en 1900 pour Wiegenlied ; 1894, orchestration en 1897 pour Cäcilie. Durée : environ 17 minutes. Richard Strauss composa une grande partie de ses lieder avant Salome (1905), son premier succès à l’opéra. De fait, la miniature pour voix et piano constitue le laboratoire d’un style vocal qui s’épanouira ensuite sur la scène lyrique. L’orchestration (ici de sa plume, alors qu’il la laisse à d’habiles faiseurs pour d’autres morceaux) signale la volonté d’élargir le format et la palette des timbres tout en conservant l’intériorité propre au genre. Un ample souffle porte la ligne vocale, notamment dans l’Opus 27 que Strauss offrit à Pauline de Ahna le jour de leur mariage, le 10 septembre 1894. L’événement, sans doute, explique qu’il laisse libre cours à sa passion dans Cäcilie (sur un poème de Heinrich Hart), car il atteint rarement un tel degré d’effusion. À l’opposé, Morgen! confie ses sentiments à fleur de lèvres, comme une confidence que l’auditeur percevrait fortuitement. C’est ce que suggère la facture du poème de John Mackay : le premier vers commence au milieu d’une phrase, de même que la voix glisse sur 6 NPGS_13-12_20h30_Petra Lang_19154.indd 6 10/12/18 10:36 la mélodie du violon. Cependant, la conjugaison au futur laisse supposer que le poète rêve à cette idylle sans l’avoir encore vécue. Cinq ans plus tard, Strauss est devenu père d’un petit garçon, Franz, né en 1897. Y aurait-il une relation entre cette situation et la composition de Wiegenlied (Berceuse) ? Car ce morceau se distingue des nombreux Wiegenlieder romantiques par son allusion au moment de la naissance ([le] « clair matin fleuri / Où ta petite âme se révéla au monde », à la fin de la strophe centrale). En fait, le poème de Richard Dehmel était à l’origine intitulé Venus Mater, et inclus dans le cycle Die Verwandlungen der Venus (Les Métamorphoses de Vénus). Si le titre du lied supprime la référence à la déesse de l’amour, l’harmonie voluptueuse la sublime. De la maternité de Vénus à celle de la Vierge, il n’y a qu’un pas, franchi dans Die heil’gen drei Kön’ge aus Morgenland. Volontairement naïf, stylisant un parler populaire (les élisions du premier vers), le poème de Heinrich Heine suit les trois Rois mages en route vers Bethléem. Amorcée dans un climat plutôt sombre, la musique s’illumine peu à peu, scintillant du tintement du célesta et du triangle qui figurent l’étoile, jusqu’aux vocalises jubilatoires au moment de l’arrivée dans l’étable. Hélène Cao 7 NPGS_13-12_20h30_Petra Lang_19154.indd 7 10/12/18 10:36 Igor Stravinski (1893-1954) Le Chant du rossignol 1. Introduction (presto). Fête au palais de l’empereur de Chine. 2. Marche chinoise. 3. Chant du rossignol. Les deux rossignols. 4. Le rossignol mécanique. Maladie et guérison de l’empereur de Chine. Composition : 1917. Création : le 6 décembre 1919 à Genève sous la direction d’Ernest Ansermet. Création chorégraphique : le 2 février 1920 à l’Opéra de Paris sous la direction d’Ernest Ansermet, chorégraphie de Leonide Massine. Effectif : 2 flûtes, 2 hautbois, 2 clarinettes, 2 bassons – 4 cors, 3 trompettes, 3 trombones, 1 tuba – timbales, batterie – célesta, glosckenspiel (ou piano) – 2 harpes – cordes. Durée : environ 22 minutes. Le Rossignol d’après le conte d’Andersen Le Rossignol et l’Empereur de Chine est le premier opéra composé par Stravinski. En 1908, il termine le premier acte de cette œuvre destinée au théâtre libre de Moscou. Quand il reprend sa partition quatre ans plus tard, après Le Sacre du printemps, il craint qu’un contraste trop fort entre l’acte I et les autres ne ruine l’unité de la partition. Celui-ci lui apparaîtra finalement comme faisant partie intégrante de son sujet : « Je me suis dit qu’il ne serait pas illogique que la musique du prologue revêtît un caractère quelque peu différent de celui des autres tableaux. Et, en effet, la forêt avec son rossignol, l’âme candide d’une enfant qui s’éprend de son chant, toute cette douce poésie d’Andersen ne pouvait être rendue de la même façon que la somptuosité baroque de cette cour chinoise avec son étiquette bizarre, avec cette fête de palais, ses milliers de clochettes et de lanternes, ce monstre bourdonnant de rossignol japonais, bref toute cette fantaisie exotique, qui, naturellement, exigeait un autre discours musical.