La Pratique Du Breton, De L'ancien Régime À Nos Jours
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
La pratique du breton de l'Ancien Régime à nos jours Dans la même collection : Corentin Canévet, Le modèle agricole breton, 1992. Michel Phlipponneau, Le modèle industriel breton, 1993. Jacqueline Sainclivier, La résistance en Ille-et-Vilaine 1940-1944, 1993. Pierre Corbel et François Vatin (Sous la direction de), Mondes ruraux en mutation, 1993. Pierre Merle (Sous la direction de), La compétence en question, 1993. Jean-Jacques Monnier, Le comportement politique des Bretons 1945-1994, 1994. A paraître : Rémi Allain, Un siècle d'urbanisme en Bretagne, 1995. I Fanch Broudic La pratique du breton de l'Ancien Régime à nos jours Presses Universitaires de Rennes avec le concours du Centre de Recherche Bretonne et Celtique 1995 Cet ouvrage a bénéficié d'une aide de l'Institut Culturel de Bretagne (Conseil Régional) Dépôt légal - 2e trimestre 1995 ISBN 2-86847-128-5 ISSN 1242-8523 @ Presses Universitaires de Rennes, 1!1595 La Harpe, 2, rue Doyen Denis-Leroy,.. 35043\V Rendes, \ Cedex A tous ceux avec qui nous avons eu l'occasion de parler en breton et... de breton. AVERTISSEMENT Cet ouvrage est l'édition allégée et partiellement remaniée de la deuxième et de la troisième parties de la thèse de doctorat que nous avons soutenue devant l'uni- versité de Bretagne Occidentale à Brest en juin 1993 sur l'« évolution de la prati- que du breton de la fin de l'Ancien Régime à nos jours ». Différents éléments constitutifs de la première partie ainsi qu'un certain nombre d'autres développe- ments feront l'objet d'éditions ultérieures. Pour la présente publication, l'appareil de notations ainsi que la bibliographie ont été conservés pour l'essentiel. Mais faute de place, les index des noms de lieux et de personnes n'ont pu être reproduits. S'il le désire, le lecteur pourra toujours se référer à la thèse originale, consultable dans différents dépôts d'archives et bibliothèques, notamment au Centre de Recherche Bretonne et Celtique (CRBC), à Brest. REMERCIEMENTS Etudier la pratique du breton sur une période aussi longue que deux siècles était un projet considérable. Si nous avons pu y prétendre, c'est parce que nous avons bénéficié d'aides et de conseils multiples. Nous tenons à remercier le Professeur Jean Le Dû (UBO, Brest), qui a bien voulu diriger cette recherche sur un sujet « sensible », ainsi que Mme Fernande Krier et M. Michel Lagrée (Université de Rennes 2), M. Yves Le Berre (UBO, Brest) et M. Jean-Baptiste Marcellesi (Uni- versité de Rouen). Nos remerciements vont également aux Archives Départementales du Finistère (Brest et Quimper), à celles des Côtes d'Armor, du Morbihan et d'Ille-et-Vilaine, aux Archives Nationales, à la Bibliothèque Nationale ; aux chanoines Jacques Raison du Cleuziou et Jean-Louis Le Floc'h, archivistes de l'Evêché à Saint-Brieuc et Quimper ; aux Archives de l'Evêché de Vannes ; à Mme Chantal Guillou et à ses collaboratrices du Centre de Recherche Bretonne et Celtique de Brest. Le sondage dont les résultats sont publiés dans cet ouvrage n'aurait pu être réa- lisé sans l'aide de nombreux partenaires. Nous voulons témoigner notre recon- naissance au Conseil Général du Finistère, au Conseil général des Côtes-d'Armor, au Crédit Mutuel de Bretagne, à l'association « Ar Skol Vrezoneg », ainsi qu'à la société TMO-Ouest de Rennes, et plus particulièrement à Mme Pascale Louvel, chargée d'études. Sans pouvoir citer toutes les personnes et organismes auxquels nous sommes redevables de l'avancement de cette recherche, nous mentionnerons spécialement M. Jean-Pol Guguen, ancien Directeur Régional de France 3 Ouest ; l'AFAUDI (le Fonds d'Assurance Formation de la Communication Audiovisuelle) ; Mme Anne Guillou, MM. René Abjean, Humphrey Lloyd Humphreys, Maurice Haslé, René Le Bihan, Ronan Le Coadic, André Le Mercier, Bernard Tanguy. Merci enfin à Jean Le Calvez pour son « Minervois ». Nous reconnaissons avoir une dette particulière à l'égard de M. Charles Le Gall, à qui nous devons d'exercer aujourd'hui le métier de journaliste, ainsi qu'envers le Professeur Yves Le Gallo : nous avons eu le privilège d'être non seulement l'un de ses étudiants, mais également son collaborateur pendant plusieurs années. A l'occasion de la parution de cet ouvrage, nous aurons aussi une pensée pour notre épouse Marie-Françoise qui a été notre première lectrice, et pour nos enfants, Tekla et Gweltaz. Sans leur bonne volonté et leur compréhension, nous aurions difficilement pu concilier notre vie professionnelle et les nécessités de la recherche. Nous remercions enfin les Presses Universitaires de Rennes d'avoir bien voulu accueillir cette édition dans le cadre de leur collection « Des Sociétés », et le Cen- tre de Recherche Bretonne et Celtique d'avoir pris part à ce projet de co-édition. INTRODUCTION POUR UNE SOCIOLINGUISTIQUE HISTORIQUE S'il est un sujet qui, en Bretagne, et singulièrement en Basse-Bretagne, ne laisse personne indifférent, et peut même susciter les passions, c'est à l'évidence la lan- gue bretonne. Si certains sont tentés de minimiser la réalité qu'elle représenterait toujours, d'autres affirment son existence avec véhémence s'il le faut, et réclament avec force qu'on en respecte les droits. Les uns et les autres, en tout cas, s'interro- gent sur les chances concrètes de survie du breton. De fait, l'on peut aujourd'hui traverser la Bretagne de part en part, ou même y séjourner quelque temps, sans entendre parler le breton. Il serait, par contre, dé- sormais bien difficile de voyager en Basse-Bretagne en ne s'exprimant qu'en bre- ton exclusivement. Les signes extérieurs ne manquent pas, pourtant, qui témoi- gnent que l'on parle à l'ouest de la Bretagne une langue qui n'est pas le français. La toponymie et l'anthroponymie sont bien connues. Mais il est aussi des enseignes de magasins (1), des noms de maisons (2) ou de bateaux (3) bretons et des campagnes publicitaires (4)- etc..., qui continuent d'être rédigés en breton. (1) Exemples d'enseignes de magasin : - bars, cafés : le « Gwell mad » à Bannalec ; le « Breiz-Izel », le « Jabadao », le « Lak atao », à Brest ; « l'y ar pesketer » à Crozon ; « l'y chouchen » à Loctudy... - audio-visuel : « Radio Sell » à Brest ; « Al lutig » à Lampaul-Plouarzel - dépannage auto : « Breiz Remorquage » à Brest - librairies : « Ar Bed Keltiek » à Brest et Quimper, « Ker Ys » à Moiiaix, « Barzaz Breiz » à Pont-L'Abbé - vêtements pour enfants : « Babig koant » à Saint-Renan. Relevés personnels et dans les pages jaunes de l'annuaire téléphonique du Finistère. (2) Exemples relevés sur la commune de Carantec : « Ker Jeanne », « Bro Nevez », « Amzer zo », « Didrous », Ty mammig », « Ti mam-ich », « Avel Komog », « Taol Avel », « Mouez an Dour », « Liorz an eol », « Goudor an Avel », « Villa Ty-Nod », « Ar Vriniquet », « Ar lochen valan », « Picou Panez », « Ker By », etc... Relevé effectué par Mme Marie-Anne Guéguen-Porzier, en mars 1991. Noms de résidences, à Brest : « Ker-Digemer », « Ker-Gwenn », « Ker-Heol »... Relevé dans l'annuaire téléphonique du Finistère. En Bretagne, la question linguistique présente un caractère d'acuité et d'actua- lité tout à la fois. Le breton fait en permanence l'objet de débats, mais également de prises de position (de la part d'associations culturelles, d'organisations syndi- cales ou politiques, d'élus, voire des pouvoirs publics...), de démarches ou même de manifestations (5). Il n'est guère de semaine que la presse n'ait à diffuser des informations relatives à la langue bretonne, à son enseignement, à sa présence dans les médias, etc... : sur une période d'un mois, du 16 octobre au 15 novembre 1982, ce sont 34 chroniques ou articles différents qu'ont publiés les deux princi- paux quotidiens de la région sur ce thème, soit une moyenne de plus d'un article par jour de parution. Dix ans plus tard, « Ouest-France » en publie cinq en deux jours (les 4 et 5 décembre 1992). L'importance de la production journalistique témoigne d'un certain niveau de préoccupation : la langue bretonne est, d'évidence, l'un des thèmes les plus présents de l'actualité régionale. La question linguistique est, à bien des égards, incontournable en Bretagne. Même si la France « est l'exemple d'un territoire national à base pluri-ethnique où l'unification linguistique a été poussée bien plus loin que dans la plupart des Etats à base ethnique plus homogène » (6), à la fin du XXe siècle, cette unification n'est tou- jours pas achevée. Il est assurément impossible de déterminer à quel moment les langues de France, par exemple le breton, pourraient être amenées à disparaître, mais l'on ne peut exclure que ce processus puisse un jour parvenir à son terme. Les défenseurs les plus actifs de la cause bretonnante eux-mêmes sont bien conscients que « le point zéro » (7) pourrait bien, un jour, être atteint : pour eux, le breton est aujourd'hui en danger de mort : « ce sera la reconquête ou le tombeau », écrit par exemple Jorj Gwegen, dans un livre paru il y a déjà près de vingt ans (8). (3) Bateaux inscrits à la vente des 9 et 10 août 1990 : « Atlantel », « Ar-Zantez », Gwaien », « An diou bleizi » (sic), « N'hoU zent », « Sant Erwan », « Traezh Aour », à Loctudy ; « Eon an Hent », « Mab ar Moor », à Penmarc'h ; « Pena-Wouez », « Breizh-Izel », « Frankiz », au Guilvinec ; « Sant-Julian », « Bugale San Yan », « Lapart Bihen », « Pors Melen », « Dalc'h mad bihen », etc.... à Douarnenez. D'après « Ouest-France », 8 août 1990, p. 12. Au port de plaisance du Moulin Blanc, à Brest, nous avons nous-même relevé, le 11 novembre 1990, les noms suivants : « Araog atao III », « Pen Baz », « Goanag », « Tann avel », « Neizig baradoz », « Santez Anna », « Edan Mor », « Stulten »..