Santillane De Lesage

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Santillane De Lesage [Type here] L’utopie de la retraite dans l’Histoire de Gil Blas de Santillane de Lesage. Denis D. Grélé, University of Memphis Dans le roman de Lesage Gil Blas de Santillane (1715-1724-1735), le personnage Gil Blas est généralement présenté comme un être observant, mais incapable de vraiment prendre sa place dans le monde: “Ce n’est pas lui qui aurait écrit: ‘la vie est un combat’; lutter n’est pas son fort” nous dit Olivier de Gourcuff, en 1888, dans la préface de La Morale de Lesage d’Arthur Du Chêne.1 Gil Blas serait l’antithèse du guerrier noble. Pour Francis Assaf, l’“itinéraire géographique correspond assez étroitement à l’évolution psychologique et existentielle du héros”, mais c’est un itinéraire qui conduit au désenchantement.2 De même, quand nous lisons Gil Blas à la lumière du “genre” picaresque, nous finissons, comme Maurice Molho, par concevoir ce texte de Lesage comme une “fade mouture” de Turcaret.3 Daniel-Henri Pageaux y voit une épopée de la médiocrité.4 Si l’on en croit donc ces critiques, Gil Blas se retirerait du monde antagonique de la politique et des affaires, pour construire une utopie rurale basée sur des traditions séculaires et un patriarcat bienveillant. Frédéric Mancier considère que Gil Blas trouve un sens à partir de Lirias–ou Llirias–soit la propriété que Gil Blas acquiert à la fin du second volume. À partir de là, l’œuvre peut alors être définie téléologiquement: “… Lirias, l’âme du roman, la force du seigneur Gil Blas, ses racines nouvelles et ses ailes– juste une terre d’utopie ou un jardin à la Candide?” Frédéric Mancier ne répond pas directement à cette question, même s’il qualifie la vie de Gil Blas de “carrière 1 Olivier de Gourcuff, “Préface”, in Arthur Du Chêne, La Morale de Le Sage (Nantes: Hanciau, 1888), II. 2 Francis Assaf, Lesage et le picaresque (Paris: Nizet, 1983), 95. 3 Maurice Molho, Romans picaresques espagnols (Paris: Gallimard, 1994 [1968]), CXXI. 4 Daniel-Henri Pageaux, Naissances du roman (Paris: Klinsiek, 1995). Grélé 33 réussie”.5 Dans cette optique, le monde que Gil Blas construit à la fin du roman, s’apparenterait à une critique de la société de l’époque contemporaine de l’auteur, en particulier de la société bourgeoise. La vie seigneuriale que le héros se fabrique à la campagne serait alors une utopie possible pour trouver le bonheur dans ce monde. Le texte se terminerait sur une désillusion: l’utopie de Lirias représenterait une communauté autre, meilleure que celle que le héros a quittée, et à partir de laquelle, selon Frédéric Mancier, Gil Blas pourrait se lancer à la reconquête du monde. Mais c’est bien malgré lui que Gil Blas quitte son petit domaine, et il faut toute la persuasion de ses amis pour le faire partir. Dans le cas du jardin à la Candide, Lirias serait un pis-aller dans lequel, après bien des malheurs, Gil Blas se construirait une retraite décevante. Dans les deux cas, l’utopie ou le jardin serait le constat d’un échec. Gil Blas est pourtant un personnage qui change, qui évolue et qui refuse la fatalité de sa naissance, pour devenir quelqu’un dans le monde. À la différence des Picaros, ses aventures ne se résument pas à un jeu à somme nulle: il apprend, s’élève, et réussit en exploitant un talent particulier, celui de bien écrire. Grâce à ce don de la nature et de son éducation, le héros s’élève dans les plus hautes sphères du pouvoir. L’ascension sociale de Gil Blas est justifiée par son inventivité et sa capacité à servir.6 En ce sens, Gil Blas ressemble à ces entrepreneurs que Cantillon décrit dans son Essaie sur la nature du commerce en général.7 L’ascension sociale de Gil Blas est justifiée par la notion d’entreprenariat 5 Frédéric Mancier, Le Modèle aristocratique français et espagnol dans l’œuvre romanesque de Lesage: l’histoire de Gil Blas de Santillane, un cas exemplaire, (Paris, Presses de l’Université de Paris-Sorbonne, 2001), 289. 6 Pour Vivienne Mylne, la raison du succès de Gil Blas repose sur sa personnalité insipide qui lui permet de se distinguer des autres: “Gil Blas […] has no trait, no quirk of feeling or behaviour which makes him absolutely distinct form other characters of his kind and class” Vivienne Mylne, The Eighteenth-Century French Novel: Techniques of Illusion (Manchester: Manchester University Press, 1965), 65. Mais ce n’est pas la raison de sa réussite. Gil Blas est surtout un homme qui travaille, qui suit les règles qu’on lui donne et qui connaît l’importance du “service”. 7 Si nous nous référons à la définition de l’entrepreneur de Joseph Schumpeter, le profit qu’il réalise est le résultat d’une action délibérée. Joseph Schumpeter, Capitalism, Socialism, and Democracy (New York: Harper and Row, 1950) et id., Theory of Economic Development, (Cambridge: Harvard University Press, 1934). En 1734, Richard Cantillon définit un entrepreneur comme quelqu’un, tel un fermier qui “promet de payer au propriétaire, pour sa ferme ou terre, une somme fixe d’argent […] sans avoir de certitude de l’avantage qu’il tirera de cette entreprise”. Cantillon fait une différence entre les gages certains et incertains, ceux qui gagnent ces derniers étant les vrais entrepreneurs: “Il n’y a que le prince et les propriétaires des terres, qui vivent dans l’indépendance; tous les autres ordres et tous les habitants sont à gages ou sont entrepreneurs”. Il clarifie un peu plus loin: “on peut établir que, excepté le prince et les propriétaires de terres, tous les habitants d’un État sont dépendants; qu’ils peuvent se diviser en deux classes, savoir en entrepreneurs, et en gens à gages; et que les entrepreneurs sont comme à gages Proceedings of the Western Society for French History L’utopie de la retraite 34 selon laquelle, comme l’expose Frederick B. Hawley dans un article séminal, les profits que le héros réalise sont réhabilités par les risques–politiques ici plus qu’économiques–que celui-ci prend (“assumption of risk”).8 Ainsi, l’argent qu’il gagne et la propriété qu’il acquiert constituent une récompense pour son dévouement et les services qu’il rend. Dans une société qui est en perpétuelle mutation, Gil Blas prend pleinement les risques qui vont le rendre riche, au point même de faire l’expérience de la prison.9 En ce sens, l’article de Hawley confirme la thèse formulée par Colin Jones à propos de la Révolution française, à savoir que la France n’était pas une société stable et figée, et qu’un brassage social avait continuellement lieu.10 Gil Blas participe à une professionnalisation, décrite par Jones, de la bureaucratie du royaume de France. Ajoutons que dans le roman, Gil Blas choisit très tôt de devenir un serviteur, car, comme semblent le montrer ses premières expériences, d’abord comme voleur, puis comme médecin, ses choix de carrière sont limités.11 C’est ce qui donne à Lirias une couleur positive: sa réussite ne se construit pas en opposition avec le monde de référence, mais en conjonction avec ce monde. La “micro utopie” que se construit Gil Blas ne serait plus alors une utopie du rejet (échec), mais une utopie du repos mérité (réussite), au sens moderne de la retraite, et non au sens de repli sur soi.12 La société qui est décrite dans Gil incertains, et tous les autres à gages certains pour le temps qu’ils en jouissent, bien que leurs fonctions et leur rang soient très disproportionnés.” Richard Cantillon, Essai sur la nature du commerce en général (1755), (Paris: Institut Coppet, 2011), [http://www.institutcoppet.org/wp-content/uploads/2011/12/Essai-sur-la-nature-du- commerce-en-gener-Richard-Cantillon.pdf], 16-8. 8 Frederick B. Hawley, “Enterprise and profit,” Quaterly Journal of Economics 15, no. 1 (November 1900): 75-105. 9 Peter Cambell a décrit avec précision la société contemporaine de Lesage dans Power and Politics in Old France 1720-1745 (London and New York: Routledge, 1996). Cette étude, en particulier l’introduction, a servi de base pour cet article. 10 Colins Jones a examiné les conflits sous-jacents qui existent dans la tranquillité apparente de cette société d’ordres, conflits générés par le développement, sous l’Ancien Régime, du capitalisme. Colins Jones, “Bourgeois Revolution Revivified: 1789 and Social Change,” in The French Revolution: Recent Debates and New Controversies, ed. Gary Kates (New York: Routledge, 2006, 2nd édition), 87-112. 11 Gil Blas est un être qui change. En ce sens, il correspond à son siècle: “Les structures les plus ouvertes et les plus instables, celles qui entretiennent la mobilité des hommes et la circulation des informations, le commerce, l’échange, sont celles qui favorisent le changement. Celui-ci va se révéler dans un type de comportement qui porte au premier plan le rôle de l’‘entrepreneur’ et de ses entreprises.” Daniel Roche, La France des Lumières (Paris: Fayard, 1993), 477. 12 Hélène Cussac, “La Retraite chez Gil Blas: Entre Pascal et Rousseau,” in Lectures du Gil Blas de Lesage, ed. Jacques Wagner (Paris: Presses Universitaires Blaise-Pascal, 2003), 143- 162. Grélé 35 Blas est ainsi révélatrice d’un glissement paradigmatique du sens de la retraite: le repos mérité tend à remplacer progressivement le repli religieux. Lirias et l’utopie Si, comme Jean-Michel Racault, nous définissons l’utopie littéraire narrative comme un texte programme sous forme didactique, dans lequel on trouve “le tableau d’une société imaginaire où ce programme a été accompli”, Lirias ne correspond guère à ce genre.13 Néanmoins, le domaine de Gil Blas coïncide avec la définition plus vaste d’une expérience en “mode utopique”, puisque l’on peut considérer que l’expérience du héros appartient au récit de voyage–au parcours dans l’espace géographique correspond le temps de l’existence–dans une Espagne imaginaire–sans être de fantaisie–dans laquelle on trouve une société donnée comme meilleure que le monde de référence.14 La première fois que Gil Blas nous décrit son nouveau domaine, c’est sous le signe du noble dénuement et de la tranquillité: “C’est une petite maison sur les bords du Guadalaviar, dans un hameau de cinq ou six feux, et dans un pays charmant”.
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