Ecrivains De Chez Nous : Edouard Rod : 1857-1910
Total Page:16
File Type:pdf, Size:1020Kb
Ecrivains de chez nous : Edouard Rod : 1857- 1910 : romancier vaudois Autor(en): Jean / Rod, Edouard Objekttyp: Article Zeitschrift: Le nouveau conteur vaudois et romand Band (Jahr): 84 (1957) Heft 7 PDF erstellt am: 01.10.2021 Persistenter Link: http://doi.org/10.5169/seals-230421 Nutzungsbedingungen Die ETH-Bibliothek ist Anbieterin der digitalisierten Zeitschriften. Sie besitzt keine Urheberrechte an den Inhalten der Zeitschriften. Die Rechte liegen in der Regel bei den Herausgebern. Die auf der Plattform e-periodica veröffentlichten Dokumente stehen für nicht-kommerzielle Zwecke in Lehre und Forschung sowie für die private Nutzung frei zur Verfügung. Einzelne Dateien oder Ausdrucke aus diesem Angebot können zusammen mit diesen Nutzungsbedingungen und den korrekten Herkunftsbezeichnungen weitergegeben werden. Das Veröffentlichen von Bildern in Print- und Online-Publikationen ist nur mit vorheriger Genehmigung der Rechteinhaber erlaubt. Die systematische Speicherung von Teilen des elektronischen Angebots auf anderen Servern bedarf ebenfalls des schriftlichen Einverständnisses der Rechteinhaber. Haftungsausschluss Alle Angaben erfolgen ohne Gewähr für Vollständigkeit oder Richtigkeit. Es wird keine Haftung übernommen für Schäden durch die Verwendung von Informationen aus diesem Online-Angebot oder durch das Fehlen von Informationen. Dies gilt auch für Inhalte Dritter, die über dieses Angebot zugänglich sind. Ein Dienst der ETH-Bibliothek ETH Zürich, Rämistrasse 101, 8092 Zürich, Schweiz, www.library.ethz.ch http://www.e-periodica.ch LE CONTEUR ROMAND 167 ECRIVAINS DE CHEZ NOUS : EDOUARD ROD 1857- 1910 Romancier vaudois par Jean des Sapins Enfance Ses premiers pas dans la vie scolaire furent, pour lui, un enchantement. Il a dit de cette maîtresse d'école -s— celle qu'il magnifia dans son roman « Mademoiselle Annette » — des propos qu'il vaut la peine de relever : « Elle avait sur nous beaucoup d'autorité. Notre plus grande peine eût été de lui en causer, car jamais elle ne punissait... O bonne demoiselle Grâce à vous, ma petite enfance a ignoré l'horreur des manuels stupides, de la routine aveugle, de la discipline cruelle. J'ai senti combien les papillons étaient plus intéressants que la grammaire et je vous en ai une C'est à Nyon que naquit Edouard reconnaissance infinie. » Rod le 29 mars 1857. Puis ce fut l'école des garçons où il Il était fils d'un instituteur qui, en souffrit de leur promiscuité. Et enfin, se mariant, quitta l'enseignement pour c'est le collège. Quand il parle de son tenir, dans la petite ville de la Côte, un temps d'école, il dit : magasin de papeterie. « Le collège était triste et massif ; j'y ai été puni deux fois injustement, j'y ai été brutalisé mes camarades, ai Le futur romancier a grandi entre par j'y les colères un père autoritaire — sorte d'esprit connu impuissantes, l'indignation Oh impressions fort qui avait horreur des sectes — sans force. ces premières à et une mère maladive qui, de son nous façonnent jamais » fauteuil de paralytique, témoignait une Cependant, relevons de son adoles- tendresse à enfant. épeurée son cense, un trait de lumière, une page On a raison de dire que rien n'efface sentimentale que publia, en 1902, la les premiers souvenirs. Edouard Rod Semaine littéraire sous ce titre garda, toute sa vie, « ce goût des Réminiscences et qu'il faudrait pouvoir citer larmes » qui se traduisit, dans tous ses tout entière, et qui donne le degré de ouvrages, par une tendance au sensibilité du futur romancier. Il est pessimisme et à la mélancolie. amoureux de la fille d'un chaudronnier 168 LE CONTEUR ROMAND qui habite en face de la papeterie Rod. jeune Français exilé, Georges Renard, Elle s'appelle Marguerite et il l'adore : qui exerça une grande influence sur sa destinée puisqu'il le détourna de la « La Grand'Rue de ma ville natale est politique le vers « les silencieuse, déserte. Quelques- pour pousser presque lettres ». Ce résultat mécontenta unes des boutiques les mieux achalandées Monsieur Rod père qui vit s'effondrer ses déjà allumé leurs lustres. Emmitouflé ont grands projets politiques. Mais dans mon manteau, j'ai ramené ma toque l'étudiant était tenace. Il repoussa les sur les oreilles, j'ai acheté des marrons propositions de sa famille qui le vouait grillés qui me chauffent les poches et je au professorat, voire au pastorat : guette ma petite bien-aimée aux cheveux « Je flottants qui, à cette heure-ci, sort presque n'enseignerai — répondait-il — de nulle tous les jours pour quelques commissions. ni au Collège Nyon, ni part. France deviendrai Quelquefois elle ne passait pas, la petite J'irai en et je écrivain. » bien-aimée ; je rentrais le cœur gros. Mais quel épanouissement quand je la voyais Cependant, puisque son père l'exige, apparaître au coin de la place, avec sa jupe Edouard Rod prépare sa licence es courte de couleur écossaise, ses chaudes lettres. Il part pour Bonn qui était alors mitain&s, son joli visage coloré par le une ville universitaire d'Allemagne, vent... Oui, je la revois malgré la distance puis ensuite se rend à Berlin où il des années. Qu'est-elle devenue, la petite délaisse les cours pour s'enthousiasmer de bien-aimée, je l'ignore. Elle a quitté le Wagner. pays, comme moi, le hasard à peut-être mis entre nous le désert ou l'océan, elle Paris Elle est peut-être femme. a emporté avec De Berlin le jeune Vaudois se rend à à la du elle, jamais fraîcheur premier Paris pour entreprendre la carrière des amour. » lettres. i D'abord, il est désorienté, puis il se lie avec divers débutants, comme Etudes Guy de Maupassant. Peu à peu, il Les ambitions de M. Rod père sont découvre les « maîtres de l'heure », trois grandes. Radical militant, ennemi des grands écrivains qui sont : Flaubert, sectes, il souhaite, ni plus ni moins, Goncourt et Zola — ce dernier surtout. que son fils devienne conseiller d'Etat. Rod se ressaisit. Il envisage l'avenir Edouard quitte Nyon pour Lausanne et établit un programme de vie en trois où il doit faire, selon son père, son points : 1) lire les auteurs du jour ; gymnase et son droit. Mais, pour Rod 2) faire leur connaissance ; 3) les égaler. fils, la politique est loin de valoir la littérature. Dans la capitale vaudoise, Ses premiers livres « Les Allemands il découvre ses poètes favoris, Lamar à Paris » et surtout « Palmyre Veu- tine et Musset, qui sont les poètes à lard » sont tout imprégnés de l'école la mode vers 1873. Il retrouve son naturaliste. C'est Emile Zola qui compagnon de toujours : Albert présente aux lecteurs ce dernier roman, Bonnard. non sans relever les travers de la Suisse Sur les bancs de l'école, il ne récoltait romande où il découvre un « pullulement que de minces couronnes. Un de de sectes extraordinaires. Pour la ises professeurs le considérait même plus légère façon nouvelle d'expliquer comme un élève de « petite moyenne ». la Bible, on se met à quatre ou cinq et Il eut, plus tard, comme maître, un on fonde sa petite Eglise... » LE CONTEUR ROMAND 169- Palmyre Veulard, ce roman réaliste parce que nous retrouvons, dans ces- éveille peu d'écho en Suisse. Le seul pages, l'action persistante qu'exercent bruit qu'il fait c'est « celui d'un caillou sur l'auteur les impressions de l'enfance. dans la mare aux canards ». Ces romans paysans L'Eau courante Cependant le jeune écrivain vaudois et surtout L'Incendie — que Monsieur évolue rapidement. S'il a subi, à ses Henri Perrochon, homme de lettres, débuts, l'influence naturaliste, il s'en considère comme le meilleur ouvrage éloigne sagement pour en venir à une de Rod — sont des modèles de simplicité, conception plus élevée de sa vocation. de naturel et de réalisme. L'émotion Il fréquente Ferdinand Brunetière, va grandissant jusqu'au dénouement. directeur de la Revue des Deux-Mondes Ces études campagnardes ont le et fait paraître, dans cette revue, Les mérite de traduire exactement la vie Roches blanches et Le ménage du pasteur rurale de chez nous, ses intérêts, ses Naudié. peines et ses joies dans le labeur Il serait trop long d'énumérer les quotidien. nombreux livres que publia Edouard Le dernier livre du grand écrivain Rod. II y en a plus d'une cinquantaine. est un recueil de nouvelles parues dans Relevons seulement qu'après ses débuts la Semaine littéraire. C'est l'histoire du à Paris et son professorat à Genève, il Pasteur Gauche. Rod venait d'achever fit toute sa carrière en France. Il collabora le dernier chapitre quand il parti pour aux grands journeaux et revues Grasse où il mourut, quelques jours de ce pays mais n'oublia jamais sa plus tard, d'une crise d'urémie, le 29 petite patrie vaudoise. On lui proposa janvier 1910. même une élection à l'Académie française La presse française de l'époque a qu'il déclina. signalé, dans l'ensemble de son œuvre, Quand il écrivait ses romans, il habitait deux ouvrages qui marquèrent brillamment le quartier de Passy, mais son cœur ses débuts dans les lettres, La était dans la petite contrée qui s'étend course à la mort et le Sens de la vie, où du Léman au Jura. l'auteur déploie ses dons et marque En brillant d'un vif éclat dans les l'évolution de son âme généreuse douée lettres françaises, il a bien servi son d'une connaissance profonde de l'hu-. pays. Comme Benjamin Constant, comme manité. Vinet et comme Amiel, il a témoigné, Un romancier français de son temps, à l'étranger, de la vitalité Paul Margueritte, a dit de notre intellectuelle de la Suisse romande. compatriote : « Son talent fait de droiture et de foi Romans vaudois dans les vérités durables du bien, de l'effort, de la justice, ne s'était jamais révêlé Pour nous, les romans d'Edouard plus à Taise et d'une meilleure maîtrise Rod qui ont pour cadre notre pays sont dans derniers livres.