LIVRES, DISQUES, MULTIMÉDIA COURRIER PICARD DIMANCHE 9 MARS 2014 LIVRE MUSIQUE BANDE DESSINÉE Le club de la petite Young Rascals Alice in Borderland

librairie En 1964, le clavier et chanteur Felix ▶ De Haro Asô. 5 t parus en France. Delcourt. ▶ De Deborak Meyler. Ed. City. 18,90 €. Cavaliere, le guitariste Gene Cor- L’action de ce manga se situe dans Jeune femme brillante, Esme nish, le chanteur et le batteur Dino un Tokyo parallèle dans lequel les tombe amoureuse de Mitchell. Tout va bien, jus- Danelli forment les Young Rascals qui enchaînent les trois protagonistes vont devoir « jouer » pour vivre et qu'à ce qu'elle soit enceinte et qu’il la quitte. tubes. Après le départ de Brigati et Gornish, Cava- surtout gagner du « temps » pour survivre… Aucun Esme trouve alors un travail dans la librairie liere et Danelli continuent sous le nom des Rascals. répit donc pour les participants, tout comme pour le qu’elle fréquente assidument... Un beau roman, En 1971 et 1972, sortent Peaceful World (un double) lecteur qui est happé par la vitesse d’action et les une déclaration d'amour aux livres, à l’écriture et et The Island of real, mélanges de soul et funk. superbes réflexions de cet excellent manga. Entre COUP DE CŒUR DE COUP à l'amitié. Un livre pour les amateurs de bonnes Joe Farrell, Alice Coltrane, Ron Carter, Buzz Feiten, King’s Game et Death Note , ce « survival game » est librairies et de bons libraires qui lisent les livres Ann Sutton… complètent la formation. Ces deux un petit bijou, le meilleur de sa catégorie. A lire et ont envie de partager leurs plaisirs de lecture. sont en double CD au prix de 18 €. absolument Anne Martelle, Librairie Martelle, Amiens Joël Bonnel, Margny-lès-Compiègne, Oise Quentin Tissot, Bulle en stock, Amiens

ROMAN CRITIQUE CRITIQUE EXPRESS Un voyage EXPRESS BLUES-ROCK POP-FOLK Le poisson-chat au pays de l’enfance Des chats Jura dans les arbres Un chat qui jure, ça dépote Vous avez perdu votre âme d’enfant ? Gilles Paris va vous aider Mais qu’ont-ils donc, ces déjà. Mais un poisson-chat à la retrouver. Son « Été des lucioles » a le goût des Mistrals Gagnants. nouveaux groupes, après les du Jura, c’est encore plus chats ? Sur la colonne de fort. Celui-là a toute la di- ’est écrit sur la couverture, au gauche, figure l’excellent mension d’un silure. C’est du feutre noir et bien baveux, L’Été disque de Catfish, le pois- lourd, du bon, du grand. Catfish, c’est Aman- C des lucioles. L’été de Victor, petit son-chat du Jura. Voilà maintenant Cats on dine, la chanteuse à la voix à la fois voilée, homme de 9 ans qui a « deux mamans Trees, des chats dans les arbres. Et, là encore, cassée, brisée et très puissante ; et Damien, et un papa qui ne veut pas grandir » . quelle belle surprise ! Un duo, comme les Ju- guitariste. Ils jouent de tout : basse, batterie, Une maman libraire, qui colle des rassiens, Nina et Yohan, ont mûri, apprend-on, harmonica, washboard… Leur musique lorgne post-it jaunes sur la couverture des leur pendant trois ans, peaufinant, ex- sur le blues traditionnel façon Muddy Waters livres qu’elle aime. Une autre maman plorant, recommençant. Ces félins-là ont pris ou Jimmy Reed, avec un son terriblement déracinée, qui rejoint l’Argentine leur temps. Ils se sont fait épauler par l’ex- rock’n’roll. C’est basique, efficace ; ça vous grâce à la peinture. Un papa Peter cellent et amiénois Albin de la Simone qui leur prend aux tripes. Ce n’est pas français pour Pan, photographe qui capture les a arrangé les – jolies – parties de cordes. Il en deux ronds. On dirait un groupe du Missis- montagnes dans son appareil. Une résulte un très beau disque d’où surgissent de sippi. Et ça fait un bien fou. Ils sont deux, sœur aussi, amoureuse des garçons, petites perles mélodieuses comme « Sirens font du bruit comme huit. Ils ont enregistré de tous les garçons. En vacances à la call ». La voix de Nina, très anglaise, est on ne leur brûlot de onze chansons dans un studio résidence du Grand Hôtel du Cap- peut plus convaincante car fraîche, enthou- de leur Jura natal, en live, of course. Ils se Martin, sur la plage où « des centaines siaste et non formatée. Les arrangements sont permettent même des ballades, comme le de bouches avalent des beignets », la écrits, puissants, mais jamais épais ni entê- doux « Holdon », mélodieux et calme comme vie citadine de Victor va se transfor- tants. On se laisse également envoûter par la le roucoulement d’un ramier dans un sapin mer en initiation fantastique. C’est très belle chanson « Jimmy » qui flirte avec de Lelex. Et ils enchaînent sur « Catch me », l’aventure, et pour une aventure il une pop acidulée. Même atmosphère poppy brutale réjouissance à la ZZ Top. Un régal. Ce faut des copains, « rencontrés au local avec « Full Colours », porté par un piano duo-là ira très très loin. Pêchez-le tout de des poubelles ». Il faut aussi une jolie émouvant. Et quel bonheur que cette espèce suite ; ce poisson-chat-là est encore tout fille, Justine. Deux jumeaux, Nathan d’ovni qu’est « Tikiboy », joyeux, vif et éton- frais. PHILIPPE LACOCHE et Tom, insondables, étranges. Et un nant. On en redemande. PH. L. ▶ Muddy Shivers, Catfish. Pias-Odeva-Volvox Music. mystère, des mystères, qui se cachent Cats on Trees, Cats on Trees. Tôt ou Tard. ROCKABILLY dans les villas abandonnées et en- FOLK chantées, dans les absences de son Tony persiste père et les silences de sa mère. Sans L’Américain et signe oublier une vieille baronne pétrie de de Strasbourg Ancien membre de Ro- souvenirs et de douleurs, qui se sur- Excellent ! Chapel Hill : un ckin’Rebels et de Betty and prend à cracher par terre lorsqu’elle Américain, Nathaniel Symes, the Bops, Tony Marlow par- est avec ce petit garçon. qui chante son pays d’origine court la France et l’Europe (les États-Unis), depuis son depuis trente-cinq ans, portant au bout de Si tu ne crois pas à la magie… pays d’adoption (la France, l’Alsace) en compa- sa guitare Janis Martin la musique qu’il vé- Tous les ingrédients sont réunis, gnie de trois Français : Yves Maillé, Rym Boos nère : le rockabilly. Ça lui va bien. Il sait de place à l’escapade, à l’extraordinaire. Gilles Paris est aussi l’auteur de « Au pays des kangourous ». et Gregory Pernet. Contrairement à ce que quoi il chante : n’a-t-il pas joué avec Willy Comme ces lucioles qui se réunissent pourrait faire penser la première chanson ( De Ville, Carl Perkins, et Wilko Johnson. Ado- par dizaines, par centaines, par mil- dans le pays de l’enfance, ses décou- « This House « ), où Symes se prend tant pour rateur d’Eddie Cochran, Elvis Presley, Vince liers peut-être, éclairant la nuit d’une vertes, ses chemins de traverse, ses Cohen que c’en devient gênant. Sur le reste de Taylor et Link Wray, il revient avec un ex- lumière irréelle. Comme la pluie, qui, « Quelque chose me dit envies et ses rêves. « Les lucioles sont l’album, sa voix rappelle celle d’un Tom Waits cellent album qui rend hommage au genre. Il en rencontrant la chaleur torride de que je dois aller plus magiques pour ceux qui savent voir la moins imbibé ou d’un Bob Hite moins ours ru- y parle de cuir, de baston, de la rue Drouot l’été, s’évapore avant même d’avoir magie. Et qui peut la voir en dehors de gueux. Il passe du folk doux à des boogies fié- (où se trouvait le Golf Drouot, avec ses di- touché le sol. Le long de la côte, sur loin, pour comprendre. nous, les enfants ? », s’interroge Vic- vreux et endiablés. Le nom de son groupe est manches après-midi consacrés au rocka- un étroit chemin des douaniers, les Un peu comme une clé tor. Grâce à Gilles Paris, nous aussi celui de la ville où il est né, Chapel Hill, en Ca- billy). Chante l’ivresse de la vitesse (façon enfants vont aller de rencontres in- qui ouvrirait plusieurs pouvons voir la magie, celle d’un roline du Nord. Quand ses parents divorcent, il Stray Cats sur la chanson du même nom) ; solites en rendez-vous manqués. Ils monde décrit avec beaucoup de ten- a cinq ans. Il suit sa mère en France. À Aix-en- on y retrouve même avec un vif bonheur un vont emprunter des passages secrets, portes à la fois » dresse, de pudeur et de justesse. Et ça Provence d’abord, puis en Alsace. On se laisse texte – celui de la chanson « Debout ! »- de déposer des petits mots dans un donne envie d’aimer plus fort, plus séduire par l’atmosphère à la fois noire et l’ami Jean-William Thoury, le Pic de la Mi- vieux chêne à demi mort et un peu d’eux comme des autres. Le héros a juste. bluesy de Chapell Hill. Sa version de « The randole du rock’n’roll, ancien parolier de Bi- effrayant. Ils vont aller jusqu’au bout, beau avoir 9 ans, l’ordinaire a beau MARION BERTEMES Ballad of Omie Wise » et celle de « Hoochie jou. PH.L en manquant de se brûler les ailes, et être saupoudré de fantômes, tout ▶ Coochie Man » valent le coup d’oreille. Très ▶ Rockabilly Troubadour, Tony Marlow. Rock Para- ressortir de leur Été des lucioles gran- sonne juste dans le livre de Gilles Pa- « L’été des lucioles », Gilles Paris. réussi. PH. L. dise-Dist. Rue Stendhal. dis, en ayant appris à se rapprocher ris. C’est avec délice que l’on plonge Éd. Héloïse d’Ormesson. 17 € ▶ One for the Birds, Chapel Hill. Du Bruit au Balcon.

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