Diagnostic agraire et études filières

District des Cataractes – Bas-Congo – RDC

Diagnostic réalisé dans le cadre du Projet d'Appui au Développement Durable des Activités et filières et agricoles dans le Territoire de Luozi - Province du Bas Congo -PADDALU

Juin – Juillet 2011 Préface – Mot d’AGRISUD International

AGRISUD, Association de Solidarité International, s’implique depuis 1992 dans le développement économique des pays du Sud. Sa vocation: faire passer des populations d’un état de pauvreté à une situation d’autonomie économique et sociale par la création de très petites exploitations et entreprises (TPE) agricoles familiales, durables, ancrées sur le marché local. Ces TPE créent des emplois et génèrent des revenus. Elles répondent aux besoins des marchés locaux et réduisent les importations alimentaires .

AGRISUD, est en République Démocratique du Congo depuis 2005, et dans la Province du Bas-Congo Union Européenne (, Mbanza Ngungu) depuis 2007. Le Projet d’Appui au Développement Durable des Activités et Filières Agricoles dans le District des Cataractes (PADDAFAC) et Production Agricole et Sécurité Alimentaire dans l’Ouest du Congo (PASAOC) ont permit de créer 3.200 nouvelles TPE agricoles familiales. Depuis novembre 2010, Le Projet d’Appui au Développement Durable des Activités et Filières agricoles dans la vallée de la Luala-Territoire de Luozi (PADDALU) cofinancé par l’Union Européenne, France Volontaire, et AGRISUD International vise à appuyer 2.000 bénéficiaires sur 4 ans. République Démocratique du Congo PADDALU travaille sur 3 domaines : - La production végétale (Formation des bénéficiaires, Appuis en intrants, Organisation Professionnelle, Vulgarisation des pratiques agroécologiques, etc,); - La production animale (Formation des éleveurs, Appuis en intrants, Développement de la Traction animale…); - La commercialisation et la valorisation des produits agricoles (Observatoire Economique, création de Centre de Regroupement Ruraux, Réhabilitation et entretien de pistes rurales, etc,)

Dans le cadre du démarrage du projet PADDALU, AGRISUD a souhaité capitaliser ses connaissances du territoire de et mettre en évidence les particularités du territoire de Luozi, à travers ce manuel « Diagnostic agricole du District des Cataractes (territoires de Songololo et Luozi) dans la Province du Bas-Congo et Caractérisation des filières et Détermination des axes prioritaires d’intervention pour leur développement durable ».

Page 2 Sommaire CONTEXTE DE L’ÉTUDE

 Contexte et objectifs de l’étude 3 L’étude s’est déroulée en République  Méthodologie 4 Démocratique du Congo, dans la province du Bas-Congo, dans le district des Cataractes.  Présentation de la zone d’étude La République Démocratique du Congo 5 Elle intervient à la fin du projet PASAOC sur le Le district des Cataractes 6 territoire de Songololo et au lancement du projet PADDALU, sur le territoire de Luozi. Le territoire de Songololo 10 Le territoire de Luozi 12 Dans le but de capitaliser les informations relatives à la zone d’action de ce dernier projet et  Le système de commercialisation 16 d’identifier les particularités agricoles du  Typologie des producteurs 21 territoire de Luozi, Agrisud a souhaité réaliser cette étude. Elle permettra d’identifier les axes  Etude des filières par spéculation 23 prioritaires du projet.

L’association manioc-arachide 24 L’étude a été réalisée par le groupe Adonis Le haricot 32 composé d’étudiants de l’ISTOM (École L’oignon 37 d’ingénieurs en agro-développement Le riz 42 international). Le pois d’Angole 46 Carte : La République Démocratique du Congo – Encadré vert: le Bas-Congo L’huile de palme 48  Axes d’interventions 52 L’ÉTUDE  Annexes 54

L’étude est un diagnostic de l’agriculture du district des Cataractes. Elle a été élaborée selon trois axes : l’organisation des filières de commercialisation, la typologie des producteurs et la caractérisation des sept principaux produits agricoles identifiés comme prioritaires.

Dans un premier temps, l’étude présente les fonctions et rôles des différents lieux et acteurs de la commercialisation. Ceci permet d’avoir une meilleure compréhension du fonctionnement global du système de commercialisation des denrées agricoles.

Dans un deuxième temps, une typologie effectuée par le groupe Adonis, présente succinctement les différentes catégories de producteurs qui ont été rencontrés sur le territoire de Luozi.

Enfin, pour chacune des productions identifiées comme prioritaires une étude approfondie a été effectuée, mettant en avant les caractéristiques de leur production et de leur commercialisation.

Lexique

Le franc congolais (FC) : monnaie nationale en RDC. Au moment de l’étude, 1 $ valait 920FC et 1 € valait 1200 FC. Dans le rapport, tous les prix sont exprimés en franc congolais. Papa, Maman : formule de respect donnée respectivement aux hommes et aux femmes en RDC.

Les termes entre guillemets sont des termes locaux que nous avons repris tels quels et qui peuvent ne pas correspondre à la définition exacte selon la définition française. « Maman-manœuvre » par exemple. Vallée maraichère – Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 2011 Page 3 MÉTHODOLOGIE DE L’ÉTUDE

Cette étude s’est déroulée sur une période de deux mois. L’essentiel du travail a été la réalisation et l’analyse d’enquêtes auprès de producteurs et de divers acteurs participant à l’organisation des circuits de commercialisation. L’étude s’est déroulée en deux phases consécutives, chacune d’un mois. La première phase a permis d’identifier les acteurs et les circuits de commercialisation des productions agricoles. Elle a abouti à la sélection de sept filières prioritaires. La seconde phase a permis d’analyser plus précisément les contraintes de production et de commercialisation de ces filières prioritaires.

Choix des personnes enquêtées Élaboration des questionnaires et guides d’entretien

L’étude s’appuie sur un échantillon raisonné du nombre de producteurs du district. Dans un premier temps, un nombre La première phase a correspondu à des enquêtes quantitatives s’appuyant sur des questionnaires. La maximum de producteurs a été interrogé pour pouvoir déceler les différences entre les producteurs et établir de grandes deuxième phase comportait des entretiens plus ouverts réalisés à l’aide de guides d’entretien catégories d’exploitants. Dans un deuxième temps, les enquêtés étaient ciblés en fonction des informations recherchées. Après A chaque type d’acteur (producteurs, commerçants, transporteurs, responsables de marché, responsables avoir discuté des attentes d’une enquête avec les animateurs terrains, ils nous permettaient de choisir des cibles pertinentes d’association) correspondait un questionnaire. Ils étaient nominatifs et individuels. Certaines enquêtes ont été puisqu’ils travaillent avec les producteurs et connaissent leurs particularités. Certains des producteurs enquêtés étaient donc, réalisées collectivement pour des raisons logistiques (nombre de personnes trop important ou manque de surtout sur la zone de Kimpese, des bénéficiaires des projets d’Agrisud. temps). L’ensemble des acteurs de la commercialisation est rencontré de façon aléatoire en se déplaçant sur les marchés, les parkings, Le type de question (ouverte, fermée, à réponses multiples, etc.) a été sélectionné selon l’information les dépôts, le long des axes routiers et au niveau du bac de Luozi. recherchée et de manière à favoriser le dialogue.

Méthodologie d’enquête et d’analyse selon les objectifs Construction de la typologie Caractérisation du système de commercialisation des produits identifiés comme prioritaires Dans l’objectif de cerner les futurs bénéficiaires du projet PADDALU, la typologie prend uniquement en considération les producteurs du territoire de Luozi. • L’évolution (inter et intra-annuelle) du prix des produits a été réalisée grâce à l’analyse des bases de données Dans un premier temps, une approche quantitative a été privilégiée. Les enquêtes ont permis d’apprécier et de d’Agrisud, complétées par les entretiens. Ces bases de données sont issues de la collecte, tous les quinze jours, des prix comprendre la diversité des exploitations. À la suite de cette première série d’enquêtes, les premiers sur les différents marchés (Kimpese, , ). indicateurs et les grandes catégories d’exploitants ont été définis. Dans un second temps, nous avons privilégié une approche plus qualitative des systèmes de productions existants. Ainsi des entretiens plus exhaustifs nous • Pour la composition des prix en fonction des lieux de vente, les prix sont découpés de la façon suivante : ont permis d’affiner notre compréhension des caractéristiques et des stratégies employées par chaque catégorie . Prix d’achat bord champ en période d’abondance (sur le territoire de Luozi) . Coûts de transport (bord champ vers lieu de vente) : caractérisé grâce aux bases de données d’Agrisud, et aux Analyse technico-économique des systèmes de culture et des contraintes de entretiens menés auprès de responsables des prix de transport (l’organisme A.C.CO, Association des Chauffeur production du Congo), de transporteurs et de producteurs. . Coûts de dépôt : définis grâce aux enquêtes auprès des producteurs et des dépôts. Des entretiens semi-directifs ont été effectués auprès des producteurs. Ils ont permis de révéler, pour chaque . Taxes liées à la commercialisation : définis grâce aux enquêtes auprès des producteurs et des dépôts culture les principaux facteurs limitants, le principal itinéraire technique effectué, ainsi que les coûts liés à . Marges commerciales : elles ont été calculées en soustrayant l’ensemble des charges au prix de vente sur le marché chaque opération agricole. en période d’abondance.

• L’estimation des charges de chaque production est basée sur les résultats des entretiens. • Afin d’identifier les bassins de productions et les flux de commercialisation de chaque produit, des entretiens Ils ont permis de dégager l’itinéraire technique type, mais également d’estimer la quantité d’intrants et de auprès des agents de commercialisation, principalement transporteurs et commerçants, ont été effectués selon une semences généralement utilisées pour une surface donnée. Afin de mieux évaluer l’importance de chaque méthode participative utilisant une carte sur laquelle les agents devaient replacer les informations demandées. opération unitaire il est important de considérer le nombre d’hommes nécessaire à sa réalisation. C’est-à- dire le nombre d’hommes nécessaire pour effectuer l’opération sur la surface établie en 1 jour. Analyse des circuits de commercialisation de chaque filière

• Pour établir les comptes d’exploitations de chaque culture ; nous avons considéré les charges • Identification par produit des principaux circuits de commercialisation et des agents les composant. Pour effectives : les dépenses réelles des exploitations les plus fréquemment rencontrées. C'est-à-dire les charges ce faire, nous nous sommes basés sur les résultats des enquêtes des producteurs et des agents de commercialisation. Ces effectives en main d’œuvre et intrants des principaux systèmes de culture observés pour une culture informations ont été complétées et approuvées par le personnel responsable de la commercialisation au sein d’Agrisud. donnée. • Identifier les charges de chaque acteur pour les différents circuits de commercialisation sélectionnés. Ces charges • Concernant le produit dégagé pour une culture donnée, il a été construit en prenant en compte le se composent des coûts de transport, des taxes de commercialisation, des coûts de dépôt et également du prix d’achat rendement moyen multiplié par le prix de vente bord champ (en période d’abondance et de rareté). du produit. Les sources sont issues de l’analyse des bases de données d’Agrisud, et des enquêtes réalisées auprès des différents acteurs. Afin de ne pas introduire de biais dans le calcul des charges, une distinction sur les prix a été faite en • La valeur ajoutée est égale au produit dégagé par la culture moins les consommations intermédiaires soit fonction des périodes d’abondance ou de rareté. Pour l’analyse, seul le prix d’abondance a été retenu. les charges en intrants. • Les marges dégagées par les différents agents en fonction des circuits ont été calculées de la façon suivante : • La marge brute est égale au produit dégagé par la culture moins les consommations intermédiaires et les Marge d’un acteur = Prix de vente sur le lieu donné (période d’abondance) — Charges de l’acteur (coûts de transport + charges effectives en personnel du système. taxes liées à la commercialisation + coût de dépôt + prix d’achat en période d’abondance)

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 4 LA RÉPUBLIQUE DÉMOCRATIQUE DU CONGO

Géographie Histoire

La République Démocratique du Congo (RDC) est un pays d’Afrique Centrale, partageant ses C’est en se lançant à la recherche d’une nouvelle route maritime entre l’Europe et l’Asie que les frontières avec neuf pays. D’une superficie de 2 344 860 km2 (soit trois fois et demie la France), la RDC Portugais découvrirent au XVe siècle l’embouchure du fleuve Congo. Ils nouèrent ainsi les est un vaste plateau forestier recouvrant la plus grande partie du bassin versant du fleuve Congo. À premiers contacts avec le royaume Kongo. Leur présence se limite alors aux côtes où ils l’est, d’importantes chaînes montagneuses constituent la bordure orientale et marquent la frontière entretiennent leurs activités commerciales, notamment le commerce triangulaire avec la traite avec ses pays voisins de la région des Grands Lacs. des Noirs.

Le réseau hydrographique de la RDC couvre 3,5 % du territoire et offre 14 000 km de voies navigables À partir des années 1870, le roi belge Léopold 11 envoie Henry Morton Stanley à la découverte ainsi qu’un potentiel hydroélectrique considérable au travers l’ensemble du pays. Le fleuve Congo est du Congo et de ses alentours par la remontée du fleuve. — après le Nil — le deuxième plus long fleuve du continent, mais celui-ci possède le débit le plus Lors de la conférence de Berlin, en février 1885, Léopold II fit reconnaître un « état indépendant important. À cheval sur l’équateur, la répartition presque homogène de ses affluents dans les deux du Congo » dont il fut le souverain à titre personnel. En 1908, le territoire devient une colonie hémisphères régularise son débit et en fait le fleuve le plus régulier du monde. De plus, le pays possède belge. La colonie est gérée depuis Bruxelles qui assure son administration et veille à son 37 km de bordure littorale sur l’Océan Atlantique. autonomie économique . La Belgique établit un « régime paternaliste d’exploitation » du pays,

La RDC bénéficie d’une large variété de climats (types équatorial qu’elle dote d’une infrastructure routière et ferroviaire destinée à faciliter

humide, méditerranéen, tropical humide, montagnard) et l’acheminement vers la métropole des produits des mines et des plantations.

d’écosystèmes. La température moyenne de l’ensemble des plateaux Face à la multiplication des émeutes, le gouvernement belge entame des

du pays est de 25 °C, avec une alternance de quatre saisons : deux négociations à partir de l’année 1959. L’indépendance est déclarée le 30 juin

saisons des pluies et deux saisons sèches. La surface forestière 1960. Faute de cadres indigènes suffisamment nombreux, la jeune république

représente 58 % du territoire, soit 80 % de la forêt équatoriale sombre aussitôt dans le chaos et la division. Après plusieurs années de guerres

africaine. civiles, la situation est stabilisée par la prise du pouvoir de Mobutu en 1965, avec

le support des États-Unis et de la France Le pays dispose de sous-sols extrêmement convoités dans les régions de l’est et du sud. Les ressources de minerais concernent Au début des années 70, les cours des matières premières sont très élevés avec surtout les diamants, l’étain, l’or, le cuivre, le cobalt, le coltan, le plein emploi en Europe. L’abondance des ressources naturelles au Congo l’argent, l’uranium, etc. Les sous-sols congolais renferment également permet un enrichissement important du pays. En 1971, Mobutu met en place la du pétrole. « Zaïrianisation » ou retour à l’authenticité : c’est la rupture totale avec les Économie connotations coloniales. Le Congo devient le Zaïre, des fêtes religieuses sont supprimées, il y a obligation de transformer son prénom chrétien, l’adhésion au Avec un Produit Intérieur Brut (PIB) par habitant de 163 $ en 2009, parti unique est obligatoire, etc. la RDC fait actuellement partie des pays à faibles revenus et des En 1991, la dégradation des conditions de vie de la population entraine une Pays les Moins Avancés (PMA). [Banque Mondiale] vague de violence et de pillage sans précédent.

En 2009, la RDC a réalisé une croissance économique de 2,7 %, soit Une coalition militaire composée du Rwanda, de l’Ouganda et de rebelles Tutsi, un ralentissement important par rapport à 2008 (6,2 %) [B.M.] Ce conduite par Laurent-Désiré Kabila, se forme pour venir à bout des camps de repli est lié aux problèmes structurels du pays et aux effets de la réfugiés Rwandais dans lesquels se sont mêlés des génocidaires et pilleurs des crise de 2008. Celle-ci a particulièrement touché la RDC par la ressources naturelles du Congo. Après sept mois de combats à travers le pays, baisse de la demande mondiale et la chute des cours des minerais, Kabila renverse Mobutu en 1997 et devient président. principaux produits d’exportation congolais. Village de pécheurs le long du fleuve Congo, Adonis, Juin 2011

Avec la reprise de l’économie mondiale, la mise en œuvre de l’accord sino-congolais (attribution de Le président Kabila limite alors l’activité politique. En 1998, le président engage la seconde guerre gisements miniers à un consortium chinois contre la construction d'infrastructures), l’allègement de la du Congo contre les rwandais. Elle entraine la mort de plus de trois millions de Congolais et dette extérieure réalisé durant l'été 2010 et les réformes en cours, le taux de croissance économique déstabilise le pays. Le président Kabila est assassiné par des proches en janvier 2001 et est devrait passer à 6.5 % en 2010 et 8.8 % en 2011. remplacé par son fils, Joseph Kabila.

La structuration du PIB de la RDC est caractéristique des économies africaines avec une large part Avec l’aide de l’ONU, des élections sont programmées et une nouvelle Constitution est e consacrée au secteur agricole et à l'extraction de matières premières (plus de 50 % du PIB). Le promulguée le 18 février 2006. C’est le début de la III République, dirigée par le président Joseph commerce représente quant à lui 21 % du PIB. L'économie de la RDC est ainsi une économie minière Kabila. Les prochaines élections sont prévues en novembre 2011. avec une dynamique spécifique axée sur la production et la circulation de rentes.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 5 LE DISTRICT DES CATARACTES

Situé au centre de la province du Bas-Congo, au sud-ouest de la RDC, le district des Cataractes possède une superficie de 23 481 km², correspondant à environ la moitié de la province. Les langues parlées sont le kikongo et le lingala.

Le district est découpé en trois territoires : Songololo, Luozi et Mbanza Ngungu. La ville de Mbanza Ngungu est le chef-lieu. Il est traversé de part et d’autre par le fleuve Congo et par la RN1. Cette route relie la ville portuaire de Matadi à Kinshasa, les deux principaux grands centres de consommation du Sud-Ouest de la RDC.

Le transit des denrées agricoles d’ouest (district du Bas-Fleuve et la ville portuaire de Boma) en est (districts de Lukaya et de Kinshasa), assure au district des Cataractes la place de carrefour commercial du Bas-Congo. Sa proximité avec l’ et la République du Congo lui confère une dynamique de commercialisation .

Ce district représente l’un des principaux bassins de production agricole de la province. Son potentiel agricole et sa position stratégique sont favorables au développement de l’agriculture, dont dépend la majorité de la population du district. Savane du district des Cataractes, Adonis, Juillet 2011

Ces projets de développement agricole trouvent ainsi tous leurs sens, puisqu’ils permettent la Conditions agro-écologiques valorisation de cette activité et l’amélioration des revenus des agriculteurs des territoires de Songololo et Luozi. Ils aident également à la lutte contre l’insécurité alimentaire dans les grands LE CLIMAT

centres de consommation tel Kinshasa, où le manque de denrées agricoles fraîches peut impliquer Climat tropical soudanais (classification de Koppen) : température moyenne annuelle de 25 °C et l’augmentation des maladies liées à la malnutrition et la consommation de denrées avariées. quatre saisons climatiques. Les précipitations annuelles varient entre 900 et 1500mm. Trois saisons principales sont utilisées pour les calendriers culturaux : les saisons A, B et C.

Janv Févr Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct Nov Déc Saisons Petite Pluies peu Grande saison séche Fortes pluies climatiques saison séche abondantes Période fraiche P. chaude Saisons

KINSHASA culturales S. A Saison B Saison C Saison A

LA RESSOURCE EN EAU

Traversé par le fleuve Congo sur environ 100 km du nord-est au sud-ouest, le district possède un réseau hydrographique composé de petites et moyennes rivières (Luozi, Lukunga, Luala, etc.).

LES SOLS

Sols ferrallitiques dont deux types apparaissent majoritairement : les sols argilo-sablonneux,

KIMPESE particulièrement fertiles pour des cultures vivrières, et les sols sablo-argileux très sujets à l’érosion.

LES RELIEFS ET LA VÉGÉTATION

Le district est caractérisé par un plateau qui s’étend sur les territoires de Songololo et de Luozi et par le mont Bangu culminant à 750 m. Au-delà de ces zones « montagneuses », on trouve aussi des plaines alluviales comme la vallée de la Luala. La savane et les zones de forêt dans les bas-fonds sont les deux végétations caractéristiques du district. Carte du la province du Bas-Congo (le district de cataractes avec ses trois territoires est entouré en rouge), F. VAN HOOF, 2011

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 6 LE DISTRICT DES CATARACTES

Le paysage et ses aménagements Pratique et gestion de la fertilité

Le district des Cataractes présente un relief très vallonné, composé d’une multitude de petites collines formées par La plupart des sols du district présentent une carence en phosphore qui est un l’érosion des sols cristallins. Le territoire de Luozi présente une zone de plaine : la vallée de la Luala, ainsi qu’une zone facteur limitant pour l’agriculture, comme de nombreux sols ferralitiques tropicaux. dite « montagneuse » présentant des reliefs à fortes pentes, située au nord-est de la vallée. Afin de pallier à ce problème, les producteurs pratiquent un brulis systématique avant la mise en culture. Les cendres permettent ainsi un apport en phosphore et en Le territoire de Songololo comporte une vallée le long de la Lukunga, autour de la ville de Kimpese, ainsi qu’une chaîne potassium, malheureusement peu durable. montagneuse appelée le mont Bangu. La mise en culture de zones de savane nécessite un travail du sol plus conséquent L’ensemble du district présente un paysage de savane au sein duquel on observe des portions de forêts tropicales dont puisque ces sols sont initialement moins fertiles. Ce travail nommé « écobuage » des forêts galerie. Ces forêts sont généralement situées sur les bassins versants et dans les bas fonds. consiste à former des plates-bandes avec les résidus végétaux issus du désherbage, à

recouvrir ces dernières d’une couche de terre avant de les bruler, et à mélanger les La savane est un territoire sur lequel le feu passe chaque année. C’est un milieu créé et maintenu par l’homme, sans cendres et les résidus organiques obtenus. lequel il évoluerait spontanément vers un milieu entièrement forestier. Les feux sont dans la majorité des cas réalisés sous le contrôle du chef de terre et ont pour principale fonction de faciliter la chasse. Elle présente une flore Les sols du district sont rapidement altérés et sont fortement sensibles à l’érosion composée essentiellement d’herbacée, voire d’une strate arbustive très éclaircie composée d’arbres courts à ligne lorsqu’ils sont découverts. La zone est très soumise à ces phénomènes. Elle présente brisée. On distingue deux types de savane : herbeuses ou arbustives. notamment des sols indurés et des cuirasses latéritiques, ainsi que des ravines qui sont le signe d’une érosion hydrique importante. Ces phénomènes ont pour effet de Le territoire de Luozi et plus spécifiquement la savane de Sundi Manba, présentent une proportion de forêts plus réduire de manière parfois irréversible les surfaces cultivables. importantes. Ceci explique la présence dans cette région, des cultures d’huile de palme et de riz qui préfèrent les milieux forestiers fertiles. Une autre pratique ayant un effet sur la fertilité du sol est la gestion de la friche. Plus la friche est longue, plus elle est fertile, mais le travail de défriche est d’autant plus Une autre spécificité du territoire est liée à l’aménagement des lits et des abords des cours d’eau en période de décrue. important, les arbres et arbustes ayant eu plus de temps pour repousser. Le temps Ces zones hydromorphes constituent les principaux terrains sur lesquels sont cultivées les productions de saison de friche est donc un compromis entre ces deux facteurs et varie en fonction des sèche (oignon, légumes feuilles, etc.). villages et des producteurs. Sur un nombre important de villages, un autre facteur Les forêts tout comme la savane sont mises en culture et représentent ainsi une grande surface agricole disponible. influe sur le temps de friche : l’augmentation de la pression démographique.

Il existe peu d’autres pratiques visant à améliorer la fertilité des sols. Un minimum de couverture des sols est réalisé de manière généralement spontanée puisque les producteurs laissent les résidus végétaux au champ après le sarclage ou la récolte. Il faut noter que dans certaines zones, les producteurs préfèrent avoir des sols sans résidus afin de les protéger du feu. De plus, exception faite des cultures d’oignons voire de tomates sur le territoire de Songololo, l’utilisation d’engrais de synthèse est presque inexistante sur l’ensemble du district. La fiente de chauve-souris (guano) et la cendre sont ainsi les principaux apports réalisés.

Pour le choix des parcelles mises en culture, les producteurs semblent s’appuyer sur de nombreuses plantes indicatrices de la fertilité dont la principale est Chromolaena odorata. Cette plante, apparue dans les années 80, ne pousse que sur des sols déboisés et fertiles, et nécessite une grande luminosité.

Le district est actuellement soumis à une pression démographique croissante, qui a pour effet de réduire les temps de friche, principal paramètre permettant de Feu de brousse, Territoire de Kimpese, Adonis, Juillet 2011 maintenir la fertilité des sols. Parallèlement à cela, les pratiques permettant d’améliorer voire de maintenir la fertilité sont peu nombreuses. C’est pourquoi ces terres sont soumises à des phénomènes importants de dégradation. Aménagements maraichers le long de la rivière Luozi, Adonis, Juillet 11

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 7 LE DISTRICT DES CATARACTES

L’élevage

En premier lieu, l’élevage constitue un capital sur pied, c'est-à-dire une source de liquidité sûre pour la famille en cas de problème. La vente de l’animal vivant, le plus souvent en raison des contraintes de conservation de la viande, permet de subvenir au besoin de la famille en cas de maladie, mauvaise récolte, mariage, etc. Les animaux élevés sont donc rarement destinés à l’autoconsommation, mais plutôt à la vente. Seules les volailles rentrent dans la ration alimentaire du ménage, à hauteur de 50 % de l’effectif détenu par l’éleveur. Économiquement, les volailles rapportent moins que les caprins et ovins, qui eux rapportent moins que les porcins. Le prix de l’animal varie toutefois en fonction du lieu de vente : il se vend moins cher au village (directement auprès de l’éleveur) que sur les marchés.

L’élevage des bovins est présent dans tout le district des Cataractes. Bien que quasi-inexistant sur le territoire de Songololo, il se concentre sur le territoire de Luozi, où il est destiné au travail des champs. La place occupée par ce dernier peut donc être supposée significativement différente de celle des élevages de petits ruminants et de volailles, seulement considérés comme un capital sur pied et non pas comme une force de travail.

Dans les zones étudiées, l’élevage doit faire face à de nombreuses contraintes pour les Papa nourrissant ses poules, Territoire de producteurs. Les principales sont la santé des animaux et leur alimentation. La difficulté d’accès Kimpese, Adonis, Juiller 11 aux produits vétérinaires, ainsi que leurs prix très élevés, rendent ces petits élevages très Bœufs, Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 2011 Bœuf, T. de Luozi, Agrisud, 2011 vulnérables aux maladies, notamment à la peste porcine et à la peste aviaire. L’aliment pour bétail présente les mêmes contraintes que celles posées par les produits vétérinaires : prix élevés et Le métayage difficultés d’approvisionnement.

Afin de pallier à ces difficultés, les éleveurs laissent leurs sujets en divagation. Cette pratique Le métayage est une association où le propriétaire apporte le capital, et le métayer son consiste en la libre circulation des animaux dans le village et ses alentours. Ils sont parqués en travail. Dans notre cas, le capital correspond généralement à un caprin, un ovin, ou un enclos seulement pour la nuit afin, entre autres, d’éviter les vols de bêtes. Toutefois, cette porcin. Le propriétaire initial confie son animal à une autre personne afin que cette dernière l’élève à sa place en échange d’une contrepartie. claustration des animaux pour la nuit n’est pas systématique ni généralisable. Elle dépend des moyens (temps, argent, main d’œuvre) que l’éleveur a à sa disposition afin de construire ces Les contrats entre propriétaire et métayer peuvent être très différents. Cependant ils sont enclos. construits généralement de la façon suivante quelque soit le type d’animal : le propriétaire

La divagation présente d’autres contraintes comme la non-régulation des naissances, les ravages initial récupère 50 % du prix de vente de l’animal dans le cas où ce dernier est directement des cultures (en particulier par les porcs, les chèvres et les moutons) et l’impossibilité de destiné à la vente après engraissement. S’il est élevé à des fins de reproduction, le centraliser les déjections animales dans le but de les réutiliser comme fertilisants organiques. propriétaire peut récupérer le produit de 50 % des mises bas. Toutefois, cette répartition des mises bas n’est pas généralisable. Le nombre de petits laissés au copropriétaire est décidé par le propriétaire initial. Ce dernier peut ne recevoir qu’une bête toute les deux mises bas.

Cette pratique est retrouvée sur l’ensemble des deux territoires et concerne tout type d’élevage. Le métayage permet aux producteurs d’acquérir des sujets à moindre coût et ainsi agrandir son cheptel, ou de se décharger de l’entretien demandé par un sujet tout en conservant un droit sur ce dernier. Elle représente donc une solution à la capacité d’investissement limitée de certains producteurs.

Cette pratique donne lieu à des relations relativement complexes entre producteurs. Toutefois, son fonctionnement reste relativement simple et équitable vu les modalités d’élevage actuelles.

Porcs, Territoire de Luozi, Agrisud, 2011 Chèvres, Territoire de Luozi Adonis, Juillet 2011

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 8 LE DISTRICT DES CATARACTES

Principaux produits cultivés et systèmes culturaux

L’agriculture dans le district est majoritairement familiale et non mécanisée. Les surfaces cultivées ne dépassent que rarement 1 ha.

Les principaux produits vivriers sont le manioc, l’arachide, le haricot, le riz pluvial, le pois d’Angole, le niébé, le soja, le maïs et les bananes. Ces produits vivriers sont à la fois autoconsommés et vendus, voire échangés dans un système de troc.

Les principaux produits maraîchers sont l’oignon, les légumes feuille, le chou, l’aubergine, la tomate, le piment et le gombo.

Les produits issus de l’arboriculture sont l’huile de palme, les agrumes, le safou et l’avocat.

Rivière Luozi, Territoire de Luozi, Adonis, Juin 11

L’AGRICULTURE DANS LE DISTRICT DES CATARACTES

FORCES FAIBLESSES

- Diversité des cultures grâce aux situation agro-écologiques variés - Exploitation des sols de savane peu fertiles, pauvres en humus - Développement du maraîchage sur les bords des rivières - Pratiques agricoles favorisant l’érosion et lessivage des sols sur les - Présence de nombreux marchés ruraux pentes - Existence d’un bon réseau de commercialisation et de nombreux - Peu d’encadrement technique des agriculteurs acteurs. - Exploitations peu productives - Accès facilité vers les grands centres de consommation (le port de - Peu d’entretien routier entrainant un mauvais état des pistes Matadi et la capitale Kinshasa) grâce à la route nationale 1 (RN1) - Mauvaise maintenance des moyens de transport (camions et bac de asphaltée traversant le district. traversée du fleuve) : difficultés d’écoulement des produits - Peu de marchés structurés et aménagés pour la vente

OPPORTUNITÉS MENACES

Champ de haricot et maïs, Kimpese, Adonis, Juin 11 - Beaucoup de surfaces arables disponibles et non exploitées - Variations interannuelles des pluies : forte variation des rendements - Développement des groupements de producteurs pour la d’une année sur l’autre commercialisation - Augmentation de la pression foncière - Amélioration des pistes et routes rurales existantes pour - Déforestation par l’augmentation de la démographie et la non- l’écoulement des produits maîtrise des feux de brousse. - Diversification des zones d’écoulement des produits : Angola et - Risque de destruction de la fertilité Congo Brazzaville - Pression des autorités sur l’exploitation et les marchés - Présence de grands centres de consommation à proximité (augmentation des taxes) - Multitudes de tracasseries de tous ordres

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 9 LE TERRITOIRE DE SONGOLOLO

Le territoire de Songololo couvre une superficie de 8507 km² et est découpé en 5 secteurs : Bonboma, Luima, Palabala, Kimpese et Wombo.

La cité de Kimpese est le chef-lieu du territoire et un carrefour commercial pour les denrées agricoles venant du district du Bas-Fleuve, du territoire de Luozi et des villages du territoire de Songololo, en direction de la capitale. La présence d’une cimenterie et de certains services notamment bancaires, en font notamment une ville stratégique en plein essor économique.

Le territoire est traversé par la RN1 reliant Matadi à Kinshasa, à laquelle sont reliées de nombreuses routes en plus ou moins bon état, jusqu’aux villages d’agriculteurs. Celles-ci leur permettent toutefois d’écouler les produits agricoles vers ces centres de consommation. Ce territoire est notamment à la frontière avec l’Angola, impliquant des flux de migrations. La proximité avec la capitale Kinshasa en fait un bassin d’approvisionnement des produits agricoles important. Territoire de Songololo vu du mont Bangu, Adonis, Juin 2011

Caractéristiques du territoire

PRATIQUES CULTURALES

Les principaux produits cultivés sont les produits caractéristiques du district des Cataractes, avec une spécificité de la ville de Kimpese pour les oignons et du mont Bangu pour les bananes (plantains et desserts). En effet, la région autour de la cité de Kimpese est une forte zone de production de l’oignon, reconnue pour la qualité et la productivité de ceux-ci. Les cultures sont principalement vivrières. Le maraîchage est aussi très pratiqué dans les vallées pendant la saison sèche grâce aux facilités d’écoulement des produits vers Kinshasa et Matadi.

L’agriculture est pratiquée sur de petites surfaces avec un accès aux intrants et aux variétés améliorées facilité par la proximité de la cité de Kimpese. L’association de cultures (manioc + légumineuses) est très pratiquée, de même que les associations multiples.

COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES

Les marchés ruraux sont actuellement au nombre de 11 sur le territoire (Chantier-Malele, Kilueka, Kitobola, etc.) Cf. Carte p17. Ce sont des marchés de gros plus que de détail. Deux autres marchés dans la cité de Kimpese sont des marchés secondaires, plus fréquentés en termes de produits et d’acteurs. Les prix y sont notamment plus élevés.

Les principaux centres de consommation sont Matadi, Kinshasa, Mbanza Ngungu et la cité de Kimpese. Les acteurs présents sur ces lieux de commercialisation sont les détaillants, les grossistes et semi-grossistes, Territoire de Songololo (entouré vert), Province du Bas-Congo, RD Congo, UC Louvain les « mamans manœuvres » (spécifiques aux marchés secondaires et tertiaires) et les producteurs, qui se déplacent à pied ou en transport jusqu’aux dépôts.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 10 LE TERRITOIRE DE SONGOLOLO

Utilisation d’engrais chimique et de produits phytosanitaires

L’utilisation d’engrais chimique est relativement courante sur le territoire de Songololo. Les producteurs ont principalement recours à de l’urée et du NPK composé. L’application se fait uniquement sur les cultures destinées à la vente (oignon, tomate). Il y a plusieurs possibilités pour un producteur de s’approvisionner : . À Kinshasa lorsqu’il part vendre ses productions sur les marchés de la capitale, . Auprès de distributeurs spécialisés à Kimpese qui eux, s’approvisionnent une à deux fois par mois à Kinshasa, . Au niveau des CRR (Centre de Regroupement Ruraux), qui permettent aux producteurs de bénéficier de tarifs avantageux et à proximité de leurs zones de production. Les engrais sont de plus ou moins bonne qualité selon la source d’approvisionnement.

Les producteurs utilisent aussi des insecticides et des fongicides. Les applications se font principalement sur les cultures maraîchères telles que la tomate, le piment et l’oignon. L’accès aux produits est le même que pour les engrais chimiques : distributeurs agréés d’une société étrangère à Kinshasa, revendeurs à Kimpese ou aux CRR. Les risques liés à l’utilisation de produits phytosanitaires ne sont pas toujours connus ou pris en compte par Paysage du mont Bangu, Adonis, Juin 2011 les utilisateurs. La qualité de certains produits et leurs conditions d’application ne sont donc pas optimales. Certains producteurs n’utilisent pas de produits phytosanitaires notamment à cause du manque de moyens financiers et de la non-maitrise de la technicité des produits. Spécificités du mont Bangu

Le mont Bangu est la zone montagneuse du territoire de Songololo. Elle se caractérise par son climat, sa topographie et son agriculture. C’est en effet le point le plus haut du territoire, qui est géologiquement différent du reste du territoire. Le climat y est plus froid et plus humide. ATOUTS ET CONTRAINTES DU TERRITOIRE

Au-delà des différences de température, de végétation et de pluviométrie, le mont Bangu se différencie surtout au niveau de ses sols plus argileux. Pour la fertilité des sols, la principale ATOUTS CONTRAINTES

contrainte n’est pas de restaurer la fertilité, mais plutôt d’éviter qu’elle se dégrade par des - Proximité des centres de consommation grâce - Transports peu nombreux et trop coûteux, phénomènes de lessivage et d’érosion des sols très importants sur les pentes. D’où les à la RN1 asphaltée qui facilite l’écoulement des depuis les villages jusqu’à l’axe principal techniques préconisées par Agrisud : billons perpendiculaires à l’axe de la pente d’une produits - Accès difficile aux villages du mont Bangu longueur de 10m, paillage, etc. - Pistes en bon état grâce à l’action d’Agrisud et - Forte pression foncière dans les villages en

L’enclavement des villages est relativement important étant donnée la dégradation des autres bailleurs de fonds (PARSAC et JICA) périphérie de Kimpese avec les saisonniers routes. L’une des pistes en état d’accueillir des véhicules est celle allant de Kimpese à dans cette zone Lombo Fuese. Elle a été réhabilitée par Agrisud lors des précèdents projets (PADDAFAC). - Développement des marchés ruraux - Renommée de l’oignon de Kimpese Face à ces contraintes, les pratiques agricoles se différencient de celles observées en - Présence ponctuelle d’intrants et variétés brousse. Les stratégies s’orientent plus vers la culture de légumineuses, de bananes plantain améliorées et dessert en bananeraie et de la canne à sucre. Pour cette dernière, la commercialisation - Présence d’un marché frontalier avec l’Angola : reste majoritairement interne au village. Le maraîchage est très peu développé en raison des le marché de Lufu difficultés imposées par le milieu. Point commun avec les systèmes de la vallée, le manioc occupe toujours une place importante dans les choix culturaux, tout comme les bananes plantain et dessert.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 11 LE TERRITOIRE DE LUOZI

D’une superficie de 6784 km², le territoire de Luozi est découpé en 10 secteurs : Balari, Kenge, Kimbanza, Kimumba, Kinkenge, Kivunda, Mbanza-Mona, Mbanza-Mwembe, Mbanza-Ngoyo et Mongo-Luala, Son chef-lieu est la cité de Luozi, située sur la rive nord du fleuve Congo.

Il faut traverser le fleuve en bac pour faire transiter les marchandises vers Kinshasa, Matadi, ou la cité de Kimpese. Il s’agit ainsi d’une zone enclavée par rapport aux autres territoires du district des Cataractes, entre au nord la frontière avec la République Populaire du Congo et au sud le fleuve Congo.

Le degré élevé d’enclavement de la zone, ainsi que le mauvais état des pistes, ont un impact considérable sur l’écoulement des produits agricoles. La traversée du fleuve par le bac est inévitable et aléatoire, c’est ainsi un goulot d’étranglement qui freine l’évacuation des productions agricoles vers les grands marchés. Deux bacs sont présents, mais un seul des deux est en activité : le « grand bac » d’une capacité de 30T environ. Le petit, d’une capacité de 12T, entre en activité seulement en cas de panne du grand.

La pratique du troc est typique de cette zone enclavée et peut être perçue comme une adaptation à ces contraintes.

Son histoire récente

Territoire de Luozi (entouré vert), Province du Bas-Congo, RD Congo, UC Louvain Depuis les années 50 jusqu’au début des années 2000, des programmes du gouvernement congolais et des projets de coopération se sont succédés sur ce territoire. Ces projets fonctionnaient sur le modèle d’une entreprise, dont Caractéristiques du territoire l’activité principale était la production de produits agricoles et d’élevage : céréales (riz, maïs, etc.), manioc, bovins, poissons, etc. PRATIQUES CULTURALES La réussite de ces projets reposait essentiellement sur la mécanisation de l’agriculture et l’utilisation de terres en On y retrouve les traditionnels produits vivriers et maraîchers observables dans le métayage. En plus de leurs propres concessions, ces structures cultivaient les terres villageoises, proposant, labour, territoire de Songololo. Luozi se distingue de ce dernier par la production de riz semis et récolte mécanisée en contrepartie de 25 % de la récolte. En créant la COPAL (Coopérative Intégrée de la pluvial, des plantations d’agrumes (oranges, mandarines) dans les zones Luala), les producteurs pouvaient vendre le reste de leur production sur place. Les marchandises de la coopérative montagneuses et une production importante d’huile de palme, un des produits étaient ensuite rachetées, la COPAL se chargeant du transport et de la vente sur les marchés. La coopérative disposait phares de la zone. De même, on retrouve le gingembre, très cultivé, dans les zones de ses propres moyens de stockage et de transport. montagneuses de l’est du territoire et généralement commercialisé vers la Selon les projets, d’autres services périphériques étaient mis en place : la location et la vente de couple de traction République du Congo. animale, la production de semences, le décorticage du riz, le broyage du manioc en farine et enfin la réhabilitation des

Les produits agricoles présents sur les marchés, ou échangés (troc) sont routes. principalement vivriers, les légumes pleins champs étant majoritairement De 1950 à 1979, les Belges se sont installés avec le

autoconsommés. En effet, la plupart sont très sensibles aux conditions de transport Groupe d’Économie Rurale auxquels ont succédé les (fragilité du produit, périssabilité…) et leur commercialisation, ne dépasse que Italiens avec le Projet de Développement Rural Intégré rarement le fleuve. de la Luala, appelé aussi la compagnie Italo-zaïroise.

Les spécificités de ce territoire reposent ainsi sur la production d’huile de palme, de Après leur départ en 1990, l’État congolais crée le riz, d’agrumes ainsi que sur l’utilisation de la traction animale. Centre National d’élevage et de Dressage des Animaux de traction animale (CENADRA) pour promouvoir la COMMERCIALISATION DES PRODUITS AGRICOLES culture attelée. En 1994, un programme cofinancé par

Ce territoire ne comporte que des marchés ruraux, de gros et de détail, au nombre le Ministère de l’Agriculture et la FAO met l’accent sur de 8 (Séraphin, Marché Central, Nkundi,). Les marchandises accumulées par les le riz, le Programme National Riz (PNR). Mais depuis grossistes sont acheminées jusqu’à la cité de Luozi, déposées dans le dépôt demi- 1997, lorsque la FAO met un terme à son soutien, le terrain et transportées jusqu’à la cité de Kimpese, Kinshasa ou Matadi. La PNR a cessé toute activité. Il ne reste plus aujourd’hui commercialisation des denrées agricoles est rythmée par le régime des pluies qui que quelques représentants et vestiges de la mécanisation, au siège à Nkundi. influe sur la fréquence des camions et le fonctionnement du bac. Petit bac de Luozi, Agrisud, 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 12 LE TERRITOIRE DE LUOZI

Cultures spécifiques du territoire de Luozi

La culture du soja fut introduite dans le territoire de Luozi à la suite d'un projet mené par une ONG. Celle-ci avait identifié un potentiel productif important dans la région. Les rendements furent conformes aux attentes. Toutefois, cette culture fut vite abandonnée en raison des difficultés d’évacuation des produits et du manque d’acheteurs. La majorité des producteurs Production d’oranges dans la région de Kibunzi ayant suivi les recommandations de l’ONG sont restés avec leur production non vendue. La région de Kibunzi, située à l’ouest de Luozi, est spécialisée dans la La culture du tabac est propre à ce territoire et est plus particulièrement présente sur l’axe de Nkenge-palu – Kibusi (Cf. production et la commercialisation d’agrumes (oranges p17). Cette culture est un moyen pour les producteurs de valoriser des sols relativement pauvres dans un contexte de majoritairement). La culture d’agrume a été mise en oeuvre à la suite de l’installation d’une communauté suédoise au début du XXe siècle. pression foncière importante avec une culture qui rapporte de l’argent. La production est majoritairement vendue à des commerçants se déplaçant spécialement pour cette occasion depuis Kinshasa. Ce sont essentiellement les économies faites sur les bénéfices des D’un point de vue agronomique, deux cycles de tabac sont souvent réalisés à la suite, avec un repos de la parcelle entre deux productions vivrières qui permettent de créer petit à petit un verger. semis. On sème au début de la saison sèche au mois de juin et la récolte se fait vers septembre. La période de culture est la Cette culture pérenne requiert une capacité d’investissement et une même que celle de l’oignon et le tabac peut être vu comme une sécurité en cas de mauvaise récolte de l’oignon. trésorerie conséquente pour démarrer et entretenir le verger pendant 15 à 20 ans avant que le verger n’entre en pleine production. Une fois à ce stade, le verger nécessite par contre peu de dépenses et d’entretien et est à ce titre considéré comme « une culture de retraite ».

La commercialisation des oranges est systématique et il n’existe pas de filière de transformation. Ce sont les commerçants eux-mêmes qui gèrent la récolte. C’est-à-dire que le producteur vend sa production en champs (non récoltée). Le commerçant emploie alors de la main- d'œuvre locale pour récolter les agrumes et les transporter jusqu’au camion.

L’écoulement des marchandises se fait majoritairement vers Brazzaville. En effet, le prix d’achat est toujours plus élevé que celui pratiqué par des commerçants de Kinshasa et la valeur de la marchandise est payée directement, en même temps que le chargement des agrumes. Les prix pratiqués par les commerçants de Kinshasa sont à crédits et peuvent très vite s’avérer inintéressants pour le producteur lorsque les routes sont très détériorées et les produits trop abimés à leur arrivée sur les marchés. Plantation de tabac, Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 11 Camion chargé d’oranges à destination de Brazzaville, Territoire de Luozi, Adonis, Juillet11 Dans le cas où les oranges sont vendues à Kinshasa, l’écoulement se fait majoritairement par la route nécessitant la traversée du fleuve Congo. La culture du riz pluvial est spécifique au territoire de Luozi. La présence du riz dans les montagnes et à Nkundi, repose en Cet itinéraire est le plus rapide, mais très coûteux en main d’œuvre. partie sur les programmes qui se succèdent depuis les années 50. Les filets peuvent traverser le fleuve de différentes manières : hors Aujourd’hui, le riz reste une production importante étant donnée la place occupée par ce dernier dans la ration alimentaire camion sur le bac, dans le camion sur le bac, en pirogue, etc. Il faut des ménages, mais aussi par son statut de monnaie d’échange dans le cadre du troc dans beaucoup de zones enclavées du donc de la main d’œuvre pour décharger recharger à chaque territoire. Sa commercialisation ne dépasse que rarement le fleuve et demeure ainsi propre au territoire de Luozi. changement de moyen de locomotion. Selon l’état des routes, il faut environ deux semaines pour que la production arrive jusqu’à Kinshasa. Le caractère périssable des oranges est donc problématique face à la La culture du gingembre est réalisée dans la zone montagneuse à l’est de Luozi. Elle se fait sous ombrage et il y a possibilité durée du transport. de garder cette culture en terre pendant un long moment. Elle est principalement vendue à Brazzaville à un prix important

permettant aux exploitants agricoles d’avoir une culture de rente et de la liquidité facilement disponible.

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Traction animale

La traction animale facilite le travail du sol et le transport. Elle permet ainsi de réduire la pénibilité du travail, participe à l’amélioration de la productivité du travail agricole et contribue à la durabilité des systèmes mixtes, alliant agriculture et élevage dans les petites exploitations familiales. ATOUTS ET CONTRAINTES DU TERRITOIRE

Dans le territoire de Luozi et plus particulièrement dans la vallée de la Luala, la pratique est bien développée. Une des raisons qui CONCERNANT L’AGRICULTURE explique la non utilisation de la traction, autour de Kimpese, est le faible développement de l’élevage, Ceci se justifie par la place de l’élevage dans les sociétés rurales du Bas-Congo et par les récents conflits (2008) durant lesquels les animaux ont été volés ou ATOUTS CONTRAINTES tués. - Plaines alluviales fertiles - Routes et pistes très dégradées : Sur le territoire de Luozi, ce sont les bœufs race N’Dama qui sont au centre de cette pratique. La pratique de la traction animale - Renommée de l’huile de palme du transports peu nombreux et est déjà ancienne, ce qui explique notamment son usage courant. Les progrès apportés par la traction animale sont les suivants : territoire coûteux • Efficacité du travail du sol (sarclage, buttage, labour de meilleure qualité) - Débouchés commerciaux avec - Écoulement difficile surtout en • Rapidité du travail : aspect important du point de vue des premières pluies ou encore pour l’évacuation des Congo Brazzaville saison des pluies et pertes de produits. - Potentiel d’augmentation de la production • Gain de temps pour d’autres activités productivité avec la traction - Flux de marchandises limités par le • La productivité du travail humain animale par des bœufs de trait bac (goulot d’étranglement)

Dans la zone de Luozi, les bœufs sont essentiellement utilisés pour les cultures suivantes : manioc, haricot, arachide et oignon. La - Cheptel animal conséquent - Enclavement de la zone vallée de la Luala est la zone du territoire où la pratique de la culture attelée est la plus développée. Ceci s’explique par la (traction et capital sur pied) - Pas d’accès aux intrants géomorphologie plane autorisant et facilitant ce type de pratique. - Développement des cultures de rente : oranges, gingembre, huile, Cette pratique a également permis à un acteur d’émerger : le producteur-éleveur prestataire de services. Ce dernier loue ses tabac bœufs à d’autres producteurs pour en moyenne 80 000 FC/ha. Ceci permet au producteur-éleveur prestataire de service - Marchés frontaliers d’amortir l’achat de ses bœufs. Il existe une autre solution qui est choisie par les producteurs pour lever la contrainte financière que représente l’achat d’une paire de bœufs : le regroupement. D’un point de vue plus technique, les bœufs travaillent généralement de 5 h du matin jusqu’à 16-17h avec une heure de pause. Ce rythme est relativement intense, ce qui rend d’autant plus importante la qualité des soins et de l’alimentation donnée aux animaux. Les animaux sont gardés à proximité de la maison dans le village, au piquet.

Labour effectué par traction animale avec deux taurins, Agrisud, 2011 Labour effectué par traction animale avec deux taurins, Agrisud, 2011 Taurins, Agrisud, 2011

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Le troc

Gabrielle Il existe deux types d’échanges : des produits agricoles contre des biens manufacturés ou contre différents produits agricoles. La Plue-Value est-elle réelle ?? Si il y a Les échanges de matières premières peuvent avoir lieu entre producteurs d’un même village ou de villages différents, équité au moment de l'échange (en valeur lorsqu’un ménage manque d’une denrée alimentaire. Dans le cas d’un échange entre deux villages distincts, les produits monétaire), même si l'arachide se revend échangés sont en général spécifiques de chaque zone (haricot de la vallée contre riz des zones montagneuses par exemple). plus cher en théorie, la quantité est Les échanges de matières premières contre des produits manufacturés peuvent avoir lieu entre des producteurs et des moindre que pour le pois. Donc aller la commerçants qui amènent ces produits manufacturés (pétrole, vêtements, etc.). Ce type de troc peut aussi être revendre sur un marché représente-t-il observé entre producteurs d’un même village, l’un d’eux étant revenu d’un grand marché avec des produits manufacturés à échanger. Cette pratique permet au producteur de rentabiliser son trajet. vraiment une plue-vlaue (étant donné qu'il Les produits agricoles les plus couramment troqués sont le haricot, l’arachide, le riz, les pois et les cossettes de manioc. faut ajouter des frais d'acheminement, Dans la plupart des cas, les échanges sont plus ou moins équitables, notamment pour les produits manufacturés, car on passe par la valeur monétaire des biens. Voici quelques exemples : Défriche d’une parcelle de manioc, Adonis, Juin 11 etc.)De plus phrase globalement peu clair, revoir la syntaxe. 3 verres de riz local  2 verres de haricots 2 verres de riz importé  2 verres de haricots Les membres 1 tas de cossettes  1 boîte de conserve de pétrole I bidon (25L) d’huile de palme  haricots (équivalence non connue) Les groupes de membres sont une organisation sociale de travail spécifique au Adonis Arachides  poisson-chinchard (équivalence non connue) territoire de Luozi. En tout cas c'est ce que nous avons Ce sont des groupes de 7 à 15 villageois mixtes ou non, ayant leur propre organisation (chef, comptable, etc.) et travaillant une à deux journées par ressorti de nos enquêtes et pas qu'une Le principal objectif du troc pour les producteurs est donc de compléter et de diversifier leurs réserves semaine aux travaux des champs pour une personne tierce. En moyenne le seule fois....C'était gagnant! Cela reste à alimentaires avec des produits qu’ils ne cultivent pas ou pour lesquels la récolte aura été mauvaise. De plus, il est travail dure entre 4 et 5 h par jour, sans pause. N’importe qui peut devenir creuser, le troc n'était pas notre sujet difficile de les acheter, compte tenu du temps et de l’argent dépensés pour se rendre sur les marchés et obtenir de la membre s’il est « fort et motivé ». Dans un village où les membres sont liquidité. présents, environ un tiers des villageois fait partie de cette organisation. principal, nous sommes contentés de Cependant, certains producteurs y voient un autre intérêt : la plus-value réalisée par l’acquisition d’un produit de Le groupe est payé environ 1500 FC/pers./jour plus le repas. Concernant ce vous retranscrire nos observations. J'ai valeur comme l’arachide ou le haricot, contre un produit de moindre valeur comme le pois. En effet même si l’échange dernier, il peut avoir des demandes spécifiques pour le choix des ingrédients et personnellement essayé de faire ce calcul est normalement équitable, lorsqu’elle sera revendue l’arachide aura plus de valeur que le pois, et d’autant plus si le la quantité (par exemple : 10 verres de riz, 10 verres de haricots, du pundu, de producteur se déplace pour la vendre sur les marchés secondaires ou tertiaires où les prix sont plus élevés qu’au village. la boisson, etc.) mais il y a trop de variables pour justifier correctement par les chiffres cette Les salaires du groupe sont épargnés jusqu'à la fin de l’année, puis redistribués donnée. entre les membres au moment des fêtes de Noël. Des provisions sont Le troc est un moyen d’échange commercial qui se achetées : une partie est réservée pour les festivités et l’autre est redistribuée pratique notamment dans les zones enclavées, où le aux membres sous forme de colis (sel, sucre, savons, viande, habits, machette, déplacement vers les marchés est difficile et peu etc.). Si un membre est en difficulté, il est possible de lui avancer de l’argent. rentable. Il s’avère aussi être une alternative lorsque la Quand une personne du groupe souhaite bénéficier des services des membres, liquidité vient à manquer. Ce sont deux raisons qui le prix est divisé par deux et la personne est prioritaire sur le planning. expliquent que ce phénomène s’observe essentiellement Malgré l’obligation de fournir le repas à l’ensemble du groupe, le service des sur le territoire de Luozi. membres est apprécié en raison de leur efficacité ainsi que le coût relativement Néanmoins par cette pratique, le producteur peut être faible de leur service. défavorisé, notamment lorsque le lieu d’échange est déconnecté des marchés et que le producteur n’a pas Appartenir au groupe de membre pourrait être ainsi décrit comme un système accès à l’information du prix des marchandises. permettant d’épargner, de garantir le paiement des services, de se constituer un petit capital pour l’année suivante et d’avoir de la main-d'œuvre à moindres coûts pour ses adhérents. Marché, Territoire de Luozi, Adonis, Juillet 2011 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 15 LA COMMERCIALISATION

Les différents lieux de vente Localisation des Marchés sur les zones d’action d’AGRISUD International

République République Les villages

SUNDI MAMBA du Congo du Congo Les grossistes viennent y acheter ou récupérer les marchandises agricoles (en gros ou en détail). Ils se déplacent le plus souvent via des transporteurs (camions ou bus).

MBIONGO Les marchés primaires ou marchés ruraux N NKUNDI

MBANZA KINTETE MBANZA TADI NGOYO NSONA BANDAKANI Marchés de petites tailles en terme de volumes de KIBUSI KINGILA NKENGE NKENGE YENGO marchandises présentes et de fréquentation des différents MBANZA BULU BETELEMI LUFUKU NSUNDI NSANGU acteurs. Ils se situent dans les villages importants du territoire 20 km LUNANA KIMGUAMBA LUOZI KIMBEMBA pour l’écoulement des produits, comme Chantier Malele, LUKOKO MAFUILU Kilueka, Luozi, etc. On y trouve de la vente au détail, en demi- DIVAGAMENE BIDI CHANTIER gros et en gros. MALELE KIDADA LOMBOFUESE KITOBOLA Les marchés secondaires et tertiaires KIASUNGUA KILUEKA KIBUNZI LUMUENO KINSHASA NKONDO Marchés de plus grande envergure dans les grandes villes du KUMBI NKUMBA district ou du pays (Kimpese, Matadi, Kinshasa). Les prix y sont NKALANGA VALLA généralement plus élevés que dans les marchés ruraux ou que KIMPESE dans les villages. Les marchandises y sont principalement Dépôt de Kimpese, Adonis, Juin 2011 KIYALA KIANDU acheminées par véhicule depuis les zones de production ou le Marchés quotidiens DIBU lieu d’achat. MATADI SANZIKWA Marchés hebdomadaires NGOMBE NSUMBA

LIEUX DE VENTE (GROS ET DETAIL) ET DE STOCKAGE DES PRODUITS AGRICOLES DU BAS- CONGO Les dépôts demi-terrain DEPOT

Depôt demi-terrain L’état des pistes et le passage du fleuve sont deux éléments qui conditionnent fortement la commercialisation à partir du territoire de Luozi. Ce type de dépôt, aussi appelé dépôt de transit, se met en place à Luozi juste avant le passage du bac. Selon les contraintes du terrain et la logistique de transport, les chargements sont fragmentés. Les dépôts demi-terrain Marché rural permettent de déposer une partie des cargaisons dans un lieu sûr, le temps de retourner compléter le chargement dans Village les villages. Ils peuvent aussi être vus comme une optimisation du remplissage du camion permettant d’aller dans des zones différentes et isolées où se trouve la marchandise. DEPOT II Lorsque le « grand bac » est en panne et que seul le « petit bac » fonctionne, les dépôts demi-terrain se font sur l’autre rive à Kimbemba, car les camions limités par le poids ne peuvent traverser qu’avec un chargement réduit. Depôt secondaire Marché secondaire Les dépôts

Ces lieux de stockage des marchandises sont présents sur les marchés secondaires et tertiaires. Ce sont principalement

les producteurs, les commerçants et les « mamans-manœuvres » qui utilisent ces dépôts pour entreposer les DEPOT III marchandises. L’émergence des dépôts s’est accompagnée de l’émergence de petits marchés à leur périphérie. Pour chaque dépôt, on trouve un responsable de dépôt responsable de la gestion du lieu et de la collecte de la taxe s’élevant à Depôt tertiaire Marché tertiaire environ 100FC/sac/jour. Destination des produits agricoles

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 16 LA COMMERCIALISATION

Les acteurs de la commercialisation Le grossiste La « maman-manœuvre » Le grossiste et le semi-grossiste sont présents sur tous les lieux de vente. La « maman-manœuvre » est présente dans les dépôts des marchés secondaires et tertiaires. Elle se fournit en Ils achètent les produits en grande quantité (minimum marchandises auprès des producteurs dans les villages ou sur les marchés ruraux par le biais d’intermédiaires deux sacs pour le grossiste, un demi-sac pour le semi- (éclaireurs ou gérant de camion) grâce à qui elle envoie ses propres sacs vides. (Voir l’encadré ci-dessous) La grossiste), directement aux producteurs ou aux « maman-manœuvre » ne se déplace pas jusqu’aux lieux de production. Dépôt de Kimpese, Adonis, Juin 2011 producteurs-spéculateurs (cf. paragraphe ci-dessous). Elle achète aussi auprès des grossistes revenant des villages, arrivant sur les marchés secondaires ou tertiaires. Dans les villages, certains de ces commerçants louent Le mode de paiement de cet acteur lui est spécifique : elle achète les marchandises « à crédit », puis se charge un local pour stocker leurs marchandises le temps d’en de la vente des produits en s’assurant de tenir à l’écart leur propriétaire par une prise en charge financière réunir des quantités suffisantes. (repas par exemple). Le prix de vente est négocié avec le producteur/grossiste avant qu’elle ait procédé à la Le grossiste vend ses produits au niveau des dépôts ou vente. Elle effectue alors la vente à un prix qu’elle espère plus élevé, auprès des commerçants, détaillants ou sur les marchés secondaires et tertiaires, sur lesquels consommateurs. Suite à la vente, elle remet la somme prévue au propriétaire des marchandises. La marge les prix sont les plus élevés. Ses clients sont les obtenue reste secrète, il est difficile de la chiffrer. détaillants et les « mamans-manœuvres ». La « maman manœuvre » parvient à fidéliser des producteurs en leur envoyant des outils ou semences, en

Le moyen de déplacement est le camion, en raison des cadeau ou à leur demande. Ces derniers commercent alors exclusivement avec elle. grandes quantités de marchandises à transporter. Marché de détail, Adonis, Juin 2011 La détaillante Les sacs des « mamans-manœuvre »

Elle est présente sur tous les types de marchés. Elle Il est fréquent que les « mamans-manœuvre » confient des effectue ses achats auprès des semi-grossistes, des sacs vides au responsable du camion à destination des « mamans-manœuvres » ou des producteurs, en producteurs. En effet, les producteurs rencontrent des moyenne quantité (1/2 sac ou bassines). difficultés pour conditionner leurs produits agricoles, liées à Elle revend aux consommateurs, sur des étalages la disponibilité de sacs dans les villages. Les « mamans- ou à même le sol, sur les marchés ruraux, manœuvre » envoient donc des sacs aux producteurs en secondaires ou tertiaires. échange de quoi, la marchandise leur revient. Ainsi elles s’assurent de recevoir des produits agricoles. Marché de détail, Adonis, Juillet 2011

Lorsque le producteur ne se déplace pas, le prix se négocie par téléphone une première fois avant l’envoi des sacs et une Le producteur-spéculateur deuxième fois quand la « maman-manœuvre » reçoit la

marchandise. Le producteur recevra l’argent une fois la Le producteur-spéculateur vend sa propre production sur les marchés, qu’il vente effectuée, via le même responsable qui a transporté les complète par l’achat de marchandises agricoles à d‘autres producteurs. sacs. Il revend les marchandises principalement sur les marchés ruraux aux grossistes et L’intérêt est mutuel pour le transporteur, le producteur et la aux consommateurs. Il peut les vendre aussi dans les dépôts et marchés « maman-manœuvre » : la « maman-manœuvre » s’assure de secondaires, voire tertiaires, aux grossistes et aux « mamans-manœuvres ». recevoir des produits, le producteur est assuré de Le choix du lieu de vente dépend de la quantité de marchandises à vendre, ainsi commercialiser ses marchandises et le transporteur est que des possibilités de déplacement. assuré d’un chargement dés le départ. Leurs déplacements peuvent être effectués à pieds, avec l’aide ou non de porteurs, Marché Séraphin, Cité de Luozi, Adonis, Juillet 2011 entre les villages et les marchés ruraux. Au-delà, le transport de marchandises se fait par camion.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 17 LA COMMERCIALISATION

Transport des produits Les taxes

Il existe deux types de taxes :

- Les taxes légales qui sont collectées selon une fréquence irrégulière par des agents autorisés. - Les taxes illégales : communément appelées « tracasseries » et « roulages » qui sont tolérées et payées.

C’est au niveau des marchés tertiaires, que sont collectées un grand nombre de taxes. Les taxes des services de l’agriculture et des affaires économiques sont payés par les producteurs et les commerçants à chaque sac déchargé, et par les « mamans manœuvre » à chaque sac acheté. Celles des services de l’environnement, des affaires économiques, de l’art et la culture, vétérinaires, et autres sont payés par les propriétaires des dépôts.

Les affaires économiques délivrent un « ticket » ou droit (de vente) aux détaillantes, moyennant un impôt. Les transporteurs, pour pouvoir stationner, doivent payer une taxe à la police qui garantit la sécurité du lieu et des véhicules. Pour la circulation sur les routes, ces derniers ont aussi des frais de péages destinés à l’Office des routes. D’autres services, tels que l’Hygiène, la Jeunesse, l’Entretien des marchés, etc. imposent Marché à Luozi, Adonis, Juin 2011 Camion en direction de Brazzaville, Adonis, Juin 2011 parfois ces acteurs. Les transporteurs

Les éclaireurs Le propriétaire : il possède un ou plusieurs véhicules pour le transport de marchandises et/ou de personnes. Il met ses véhicules en location ou embauche lui-même le personnel L’éclaireur informe le transporteur de la quantité de d’équipage. marchandises disponibles dans les villages de producteurs. Il Il a à sa charge les salaires des membres de l’équipage, les frais de carburant, les réparations est affilié à une zone de production. Soit il contacte les et les tracasseries (taxes, douanes, police, etc.). commerçants étant sur la zone pour connaître les volumes L’équipage : il se compose en général d’un chauffeur, d’un gérant responsable de la facturation disponibles, soit il va lui-même sur place et appelle le du transport et du paiement des charges et d’un à deux aides-chauffeurs chargés de faciliter transporteur. les manœuvres et de faire les réparations. Chacun est rémunéré entre 5 et 10 % des recettes Lorsqu’il contacte un transporteur, il peut voyager avec lui du transport. jusqu’aux lieux de chargement. Il reçoit 10 % des marges

dégagées par le transport, versées par le propriétaire. Le coût de transport

Les manutentionnaires Les coûts de transport sont aux frais des producteurs et des commerçants qui chargent la marchandise. Ils sont basés sur le prix de vente des produits sur les marchés et sont

Ils chargent les marchandises dans les véhicules de fonction du nombre de sacs, du poids, du type de produit, et de la distance parcourue. transport, sur les marchés ruraux, secondaires et tertiaires Le transport se fait à crédit le plus souvent, le paiement s’effectuant à l’arrivée, après la (si ce n’est pas l’équipage du véhicule qui s’en charge). Ils vente des produits sur les marchés/dépôts secondaires ou tertiaires par les producteurs ou grossistes. déchargent également les marchandises des camions présents sur les dépôts et parkings des marchés secondaires Les prix de base du transport sont généralement fixés par l’A.C.CO (Association des et tertiaires. Ils sont payés jusqu’à 1000FC/sac par le Chauffeurs du Congo), mais varient indépendamment des tarifs fixés en fonction de la propriétaire des marchandises. distance du trajet, du prix du carburant et de l’état des routes empruntées, qui dépend de

Camion sur la route de Kinshasa, Adonis, Juil. 2011 la saison.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 18 LA COMMERCIALISATION

Etats des axes de transports État des axes routiers du district des Cataractes

République République SUNDI MAMBA du Congo du Congo La commercialisation des produits agricoles est effectuée vers différents types de marchés : les villages, les marchés ruraux, les marchés secondaires et les marchés tertiaires. Les prix sont fixés selon l’offre et la demande du produit sur les marchés tertiaires, les grands

MBIONGO centres de consommation.

N NKUNDI MBANZA KINTETE Le transport entre les villages et les marchés ruraux s’effectue généralement à pied, et ce, MBANZA TADI NGOYO NSONA BANDAKANI malgré les grandes distances à parcourir. KIBUSI KINGILA NKENGE MBANZA BULU BETELEMI Au-delà le transport des marchandises se fait en véhicule via des transporteurs. Le coût LUFUKU NSUNDI NSANGU élevé du transport véhiculé est dû au mauvais état des routes (majoritairement des pistes), 20 km LUNANA KIMGUAMBA LUOZI aux tracasseries (frais) sur le trajet et aux prix des produits. KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU L’état des pistes est correct sur le territoire de Songololo, grâce aux interventions d’Agrisud DIVAGAMENE BIDI CHANTIER MALELE KIDADA et de la JICA (Agence Japonaise de Coopération Internationale) pour la réhabilitation des LOMBOFUESE KITOBOLA pistes. Sur le territoire de Luozi les pistes sont en mauvais, voire très mauvais état. Ceci KIASUNGUA rend l’évacuation des produits de ce territoire plus difficile. Par exemple, l’axe Luozi-Nkundi KILUEKA KIBUNZI LUMUENO KINSHASA est dans un piètre état, ce qui perturbe le transport des marchandises puisqu’il est souvent NKONDO KUMBI NKUMBA impraticable pour les camions en saison des pluies. Ceci empêche donc l’écoulement des

NKALANGA marchandises de la seconde vallée de la RDC. VALLA

KIMPESE De plus, le passage du bac pour traverser le fleuve reste un frein important à l’évacuation

Axe asphalté reliant Matadi à Kinshasa KIYALA des produits agricoles car des congestions s’y créent. La réhabilitation des pistes du KIANDU Axe en bon état, accès véhiculé aisé territoire de Luozi (par la CTB, Copération Technique Belge) et la mise en place de ponts Axe dégradé, accès véhiculé possible DIBU Axe très dégradé, accès véhiculé très difficile MATADI SANZIKWA flottants sont en cour (par l’OR, Office des routes). NGOMBE Traversée en bac NSUMBA

Camion qui s’apprête à traverser le fleuve pour s’approvisionner Animateur sur une piste dégradée, Adonis, Juin 2011 sur le Territoire de Luozi, Adonis, Juin 2011 Camion très chargé en direction de Kinshasa, Adonis, Juillet 2011 Piste qui relie Kimpese à Luozi, Adonis, Juin 2011

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 19 LA COMMERCIALISATION

Dynamiques de commercialisation des produits agricoles Cas de cossettes de manioc Luozi-Kinshasa

La commercialisation des produits agricoles suit des schémas complexes. Il existe une multitude de circuits en fonction des acteurs et des lieux par lesquels transite la marchandise. Le choix du circuit est régi par les quantités commercialisées, la fréquence de passage des camions, le coût de transport, les prix du produit sur les différents marchés, etc. La dynamique de commercialisation des produits agricoles repose sur la diversité des acteurs et leur complémentarité. Pour comprendre le fonctionnement global du système de commercialisation. Nous reconstituons ci-dessous, étape par étape le trajet effectué par un sac de cossettes de manioc.

Dans le cas où un producteur ne souhaite pas se déplacer pour vendre ses sacs, il va faire appel à un éclaireur. Il le contacte par téléphone pour l’informer de la quantité dont il dispose. Avant de proposer ses services à un transporteur, l’éclaireur cherche d’autres marchandises en contactant des producteurs issus de la zone qu’il connait, afin de disposer de la quantité suffisante pour remplir un camion. Après avoir négocié avec le transporteur, l’éclaireur se charge ensuite de trouver des commerçants ou « mamans-manœuvres » qui sont intéressés par la marchandise disponible. Une fois que les commandes sont suffisantes, le camion part de Kinshasa à destination de Luozi par exemple, avec son équipage, l’éclaireur et les commerçants. Certains de ces commerçants emporteront à l’aller des biens de consommation (pétrole, riz importé, sel, sucre, habits) qu’ils revendront dans les villages enclavés. Les commerçants ne se déplacent pas toujours, ils confient alors leur argent à l’éclaireur pour une quantité donnée de produits. Vente d’oignons bord champ, Territoire de Kimpese, Adonis, Juil. 11 Le transporteur ne prend pas systématiquement d’éclaireur, notamment lorsque le chauffeur ou le gérant connait la zone. Mais l’éclaireur a aussi la responsabilité de contrôler le chargement indépendamment du gérant. Ainsi lorsque le transporteur ne fait pas confiance au gérant, pour éviter tout trafic, il prend un éclaireur.

Une fois sur la zone d’approvisionnement, l’éclaireur guide le chauffeur dans les différents villages, où se trouvent les marchandises. Les commerçants peuvent alors négocier, acheter ou non les marchandises. Dans les zones d’accès difficiles, l’éclaireur a aussi le rôle d’aller au-devant du camion à pied pour rechercher des marchandises supplémentaires. Si le camion n’est pas plein, malgré les commandes annoncées par les commerçants au début du voyage, les colis de producteurs et d’autres commerçants peuvent être ajoutés. Ces derniers sont des commerçants itinérants venus par leurs propres moyens, en repérage dans les villages avant l’arrivée d’un transport, pour préparer leurs achats. Soit ils commandent un transporteur habituel, dans le cas où ils ont acheté beaucoup de marchandises, soit ils profiteront du passage d’un véhicule pour transporter leurs sacs. Lorsque le camion est chargé, il prend la route du retour, les producteurs et les commerçants n’accompagnent pas toujours leurs marchandises, ils doivent dans ce cas prendre un taxi. Il faut en moyenne une semaine, pour effectuer un voyage entre la zone rurale de Luozi et Kinshasa. Cependant, on atteint parfois deux semaines en fonction de la disponibilité des marchandises, de l’état des routes, de l’état du camion et de l’éloignement des villages. En effet, sur le territoire de Luozi, le mauvais état des routes impose au transporteur de faire des voyages à moitié pleins et d’utiliser des dépôts demi-terrain à Luozi.

Arrivés à destination, les commerçants et producteurs déchargent leurs marchandises puis vendent les produits le plus souvent aux « mamans-manœuvres » qui sont au dépôt. C’est lors du déchargement, lorsque le gérant ou l’éclaireur font descendre les sacs pour chacun de leurs clients que la plupart des taxes (agriculture, affaires Transport de marchandises, Adonis, Juil. économiques, etc.) sont relevées par des agents de l’État. 11

Le producteur qui a reçu les sacs d’une « maman-manœuvre » doit lui confier ses produits. La « maman-manœuvre » vend la marchandise et le producteur est rémunéré après la vente. Pour faciliter le paiement en différé, la vente pouvant prendre d’un à deux jours, la « maman-manœuvre » « prend en charge » le producteur ou le commerçant. La part qui revient au producteur correspond au prix négocié auquel sont soustraits les frais de transport et de déchargement.

Si un commerçant ou producteur souhaite poursuivre sa route vers un autre marché, avec un autre transporteur, alors une personne de l’équipage aura le rôle de mandataire pour accompagner la marchandise jusqu’au règlement du transport.

La « maman-manœuvre » en possession de la marchandise a le choix de vendre au détail ou en gros. La marchandise invendue est stockée dans un dépôt moyennant un prix fixé selon le produit et le nombre de sacs. La durée du stockage n’a pas d’influence sur le prix.

En conclusion, il est important de souligner la souplesse des modalités de commercialisation, elles s’adaptent en fonction des acteurs, de leur disponibilité en trésorerie ; les nombreux règlements à crédits en sont une bonne illustration. Certes, la multitude des acteurs intermédiaires et la complexité des rapports de force entre eux réduisent la marge du producteur, mais rendent les circuits souples et performants puisqu’ils permettent une redistribution importante de la valeur ajoutée à de nombreux agents et répartie de façon globalement homogène, puisque les monopôles semblent inexistants. Marché, Territoire de Kimpese Songololo, Adonis, Juil. 11 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 20 TYPOLOGIE DES PRODUCTEURS DU TERRITOIRE DE LUOZI

Double actif investissant son capital dans l’agriculture Exploitant misant sur les cultures de rente

Caractéristiques Caractéristiques

Ce producteur a une autre activité à laquelle il consacre la plus grande partie de son temps. L’agriculture est sa principale activité et sa principale source de revenus. Cependant, il a investi un capital conséquent dans le secteur agricole, qui représente une part Petit à petit, il a réalisé des économies pour améliorer son exploitation et il possède aujourd’hui importante de son revenu. des moyens de production suffisants qui lui permettent notamment d’avoir une capacité de mise Il possède une forte capacité de mise en culture (supérieure à 2 ha de manioc mis en culture en en culture conséquente (de 1 à 2 ha de manioc en saison A). Il a pour principale stratégie de saison A) miser sur les cultures à forte valeur commerciale (manioc, arachide, haricot, huile de palme, Sa production ayant pour objectif principal de générer un fort revenu, il cultive essentiellement des oignon, gingembre) dont il commercialise l’essentiel de la production. cultures à forte valeur commerciale (manioc, haricot, arachide). En outre, il utilise généralement de la Il possède également du petit bétail (petits ruminants) qui représente un capital sur pieds. Il peut main-d'œuvre salariée pour l’ensemble des tâches. aussi posséder un attelage dont il loue les services aux autres exploitations. Enfin, il possède une véritable stratégie de commercialisation, il se déplace systématiquement sur les En plus de la main d’œuvre familiale, qui participe à l’ensemble des travaux, il fait appel à de la marchés les plus porteurs et il est en capacité de stocker afin d’obtenir de meilleurs prix. main-d'œuvre salariée pour les travaux les plus pénibles voire pour l’ensemble des travaux.

Enfin pour la commercialisation de ses produits, il a généralement la possibilité de se déplacer sur les marchés les plus rémunérateurs. Papa Fido

Il est originaire de Kilomba, à quelques kilomètres de Nkundi. Adolescent, il a étudié la mécanique à Luozi et a Papa Jean Pierre ensuite été embauché dans la société sucrière de Kwuilu

Ngongo. En 1982, il décida de retourner au village pour démarrer Il est né à Kivunda et a suivi l’école primaire à Zimba. une petite activité de commerce de produits manufacturés et Il a commencé à cultiver dans ce village de petites surtout pour cultiver les terres familiales. Dés le départ il surfaces d’oignons, de gingembre et de manioc. En privilégia les cultures de manioc et de haricot ; et quelques 2005 il s’installe à Mbanza Mpombo (à proximité de années plus tard, il acheta une paire de bœufs qu’il utilise Kintete) après s’être marié à une femme du village et encore aujourd’hui. Les deux bêtes sont aussi mises en être devenu ayant droit par alliance. À son arrivée, il location pour les autres exploitants. réinvestit les bénéfices dégagés par les cultures dans de

plus grandes surfaces de manioc qui l’obligent à En 1990, il déménagea à Nkundi où il réside toujours aujourd’hui. Il y ouvrit une boutique de produits employer de la main-d'œuvre pour l’ensemble des manufacturés et mis de nouvelles terres en culture. opérations. Il a aussi acheté 5 porcs et 10 chèvres. Cependant, n’étant pas de Nkundi, il est obligé de louer les Pour maximiser son revenu, il compare systématiquement les prix sur les différents marchés terres qu’il exploite au prix de 60 000 FC/ha/an. À l’heure actuelle, il possède 4 ha sur lesquels il cultive du (Kinshasa, Kimpese, Mbanza Ngungu) avant de décider où il va vendre sa production. manioc, de l’arachide, du riz, du haricot et du soja. Il ne Papa Fido devant sa boutique, Adonis, Juil. 11 Papa Jean-Pierre dans ses champs, , Adonis, Juil. 11

participe plus aux travaux agricoles, mais emploie de la main d’œuvre . Le secteur agricole demeure sa principale source de revenus. En effet, les produits agricoles et ses Il a aujourd’hui pour projet de continuer à augmenter les surfaces des cultures à forte valeur bœufs de traction lui rapportent respectivement 50 % et 20 % de son revenu total. commerciale, principalement le manioc.

Avec les profits de ses activités, il a pu construire une maison à Kinshasa et projette d’agrandir ses surfaces de manioc.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 21 TYPOLOGIE DES PRODUCTEURS DU TERRITOIRE DE LUOZI

Exploitant de subsistance Exploitant pratiquant une agriculture vivrière

Caractéristiques Caractéristiques Cet exploitant vit essentiellement de son activité agricole. Il dispose de moyens et d’une capacité Il représente la majorité des exploitants de la zone. C’est un exploitant à temps complet. L’essentiel de de mise en culture très limités. son revenu provient de sa production, qui a également pour fonction de subvenir aux besoins de la Ainsi la surface de manioc mise en culture en saison A est comprise entre 25 et 50 ares. La famille. Il a des moyens modestes et une capacité de mise en culture généralement à peine supérieure à fonction de sa production est avant tout de couvrir ses besoins alimentaires. C’est pourquoi la part celles des actifs disponibles sur l’exploitation, soit entre 50 ares et 1 ha de manioc mis en culture en vendue est très faible. Il possède , dans quelques cas, quelques têtes de petits bétails voire un à saison A. La quantité de manioc vendue est similaire, voire légèrement supérieure à la quantité deux porcs. autoconsommée. La main d‘œuvre utilisée est uniquement familiale ou du type entraide pour l’ensemble des travaux. Son système de production est diversifié (vivrier, cultures de rente, maraîchage, etc.). Il possède Concernant la location de force de travail, il faut discerner deux sous-types : quelques têtes de petits bétails, mais il est rare qu’il possède du gros capital (bœufs, etc.). La main- - Les personnes limitées par leur force de travail, essentiellement les personnes âgées qui sont d'œuvre familiale est utilisée pour l’ensemble des travaux. Cependant, lorsque des opérations dans l’incapacité de la louer nécessitent un emploi de main d’œuvre conséquent, il peut faire appel à des personnes salariées. Il peut - Les personnes en capacité de louer leur main d’œuvre, et qui le font très fréquemment lui-même louer sa propre force de travail en appartenant à un groupe de membres ou de manière

Leur stratégie de commercialisation est limitée par leur faible ressource financière. L’essentiel de la individuelle. vente est effectué au village ou sur les marchés primaires. Sa capacité de trésorerie est modeste, c’est pourquoi il ne se déplace pas systématiquement sur les marchés les plus rémunérateurs. De même, sa capacité à stocker une partie de la récolte, afin d’obtenir Papa Lucinga de meilleurs prix, est restreinte. Il vit à Mbanza Buende, un village de la vallée de la Luala depuis plus de Papa Jacques 40 ans. Il a toujours été agriculteur et cultivé des surfaces modestes. Durant de Il est originaire de Nsanda, un village dans la zone de montagne du territoire nombreuses années et jusqu’à ce que sa force de travail se réduise, il de Luozi. Il a reçu une formation de boulanger, mais il n’exerce cette activité appartenait à un groupe de membres. Aujourd’hui, il travaille avec sa que de manière très ponctuelle. Ainsi, il a toujours vécu de l’activité agricole femme et cultive le haricot le manioc et l’arachide sur à peine plus de pratiquée de manière familiale. À ce jour, sa femme, ses enfants, ses neveux . 0.5 ha. Il cultive également des cultures dédiées seulement à sa propre et lui-même, soient sept personnes, travaillent à temps complet sur consommation telle que la patate douce. l’exploitation. Cette importante main d’œuvre lui permet de mettre en Sa force de travail limitée l’oblige à récolter le manioc de manière très culture, un peu plus d’un ha de manioc chaque année en saison A. La moitié fréquente et ponctuelle. Il peut réaliser jusqu’à cinq récoltes sur un de ses productions de manioc et de riz, qui sont les plus importantes Papa Jacques, Adonis, Juil. 11 même pied. sont dédiées à la consommation de la famille. Il cultive également un jardin en saison sèche. Papa Jacques possède Ses besoins financiers l’obligent à vendre l’essentiel de ses ventes au Papa Luncinga dans ses champs, Adonis, un modeste « petit capital » composé de deux porcs, en métayage dans un autre village, et quelques poules. village. Il vend régulièrement de petites quantités, quelques bassines de Juil. 11 Concernant sa stratégie de commercialisation, il préfère réaliser ses ventes à Kimpese, cependant lorsqu’il a besoin manioc tout au plus. d’argent rapidement il vend aux commerçants du village.

Double actif dont l’agriculture est un complément de revenus Maman Rachelle Caractéristiques Cet actif possède une autre activité à laquelle il dédie l’essentiel de son temps. Il s’agit principalement de Elle est enseignante et a été mutée au village de Kintete depuis 12 ans. fonctionnaire pour qui l’activité agricole n’est qu’un complément de revenu. Afin de compléter ses revenus, elle loue des terres et y cultive le haricot et l’association manioc-arachide. Chaque année, elle met en culture un peu Leur capacité de mise en culture est moyenne et dépend des revenus de l’activité principale. De manière moins de 1 ha de manioc. Cette production lui permet de couvrir ses générale, c’est de la main-d'œuvre salariée qui est utilisée. La part vendue est légèrement supérieure à la besoins et génère un revenu suffisant qui vient compléter son modeste part autoconsommée. salaire. Il peut posséder quelques têtes de petits ruminants, mais a rarement du gros capital. Le travail d’enseignante ne lui permettant pas d’assurer elle-même Le type de main d’œuvre utilisé dépend de ses ressources, même s’il utilise généralement de la main- l’ensemble des travaux agricoles, elle emploie des journaliers, mais d'œuvre salariée pour les travaux conséquents. également ses élèves. De même, la stratégie de commercialisation est fonction de ses ressources, même s’il se déplace Comme elle compte rester encore quelques années à Kintete, elle aimerait fréquemment sur les marchés les plus rémunérateurs. Maman Rachelle, Adonis, Juil. 11 augmenter ses surfaces. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 22 LES SEPT FILIÈRES IDENTIFIÉES

La première partie du travail de terrain, qui s’appuyait sur des enquêtes quantitatives, a permis de déterminer les cultures les plus fréquemment pratiquées par les exploitants agricoles et les plus porteuses. Ce sont celles-ci qui ont été retenues pour une étude plus approfondie dans une seconde phase, afin de déterminer les itinéraires culturaux pratiqués et les circuits de commercialisation.

Les cultures suivantes seront ainsi présentées dans la suite de ce rapport :

L’association manioc-arachide Le pois d’Angole Le riz pluvial

Le manioc est une culture pratiquée par tous la grande majorité des exploitants. Il constitue la Le pois d’Angole ou pois Cajan est cultivé en Le riz est cultivé uniquement dans le territoire de base de l’alimentation des populations du Bas-Congo. Il est dans la majorité des cas cultivé association. C’est une culture de soudure Luozi. Cette production est destinée de manière dans un but premier d’autoconsommation et de vente. Le manioc est généralement cultivée en pratiquée principalement pour équitable à la vente et à l’autoconsommation. II est association dont la principale est manioc-arachide. l’autoconsommation. Il est mangé frais ou sec. Il réalisé majoritairement en culture pure. Le riz L’arachide est une culture pratiquée en début de cycle du manioc, c’est une culture dont l’objectif peut être vendu localement sur les marchés de peut être vendu sous forme de riz paddy ou sous principal est la vente. Elle peut-être considérée comme une culture améliorante puisqu’elle couvre Luozi et Kimpese. forme de riz décortiqué. Ce riz « local » est le sol et apporte de l’azote. Les fanes, souvent laissées au champ, servent ainsi de paillage au exclusivement vendu sur ce territoire. Il est manioc. majoritairement décortiqué au mortier et au pilon Le manioc est vendu sec sous forme de cossettes, l’arachide est vendue décortiquée ou en par les femmes au village. gousses. Ces deux cultures sont principalement vendues à Kinshasa, mais également sur tous les autres marchés.

L’huile de palme Le haricot L’oignon L’huile de palme est produite essentiellement dans Le haricot est pratiqué soit en culture pure L’oignon est une culture de rente, le territoire de Luozi. Cette activité est réalisée en un ou plusieurs cycles par an sur une caractéristique du territoire de Kimpese. souvent durant les premières heures de la même parcelle, soit en culture associée avec Elle est également pratiquée sur le territoire matinée. La coupe des régimes et l’extraction de le manioc. Cette plante est cultivée dans un de Luozi, mais dans des proportions l’huile sont effectuées dans un premier temps. Le but premier de vente. moindres. Cette culture est réalisée en ramassage et la collecte des noix sont réalisés par Il est consommé par une majorité de Bas- saison C (saison sèche) près des points la suite. L’huile est majoritairement vendue pour Congolais tout au long de l’année en d’eau pour faciliter l’arrosage. L’oignon est venir en complément de l’activité agricole pure. La accompagnement du manioc. Le haricot est produit essentiellement pour la vente et est vente est principalement effectuée à Kimpese, via vendu sur tous les marchés : Luozi, Kimpese principalement commercialisé à Kinshasa. Luozi. et Kinshasa. Kinshasa est le marché principal.

Vallée maraichère sur le Territoire de Luozi, Adonis, Juil. 11

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 23 Le Manioc (Manihot esulenta) L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE

Il constitue la base de l’alimentation de la population du Bas-Congo. Système de culture

Le manioc est autant cultivé à des fins d’autoconsommation que de commercialisation, il est d’ailleurs considéré comme la culture principale par l’ensemble des producteurs. C'est pourquoi il peut être considéré comme Variétés :

une culture vivrière tout comme une culture de rente. Les variétés améliorées (Rav, Butamu, etc.) sont résistantes aux maladies, principalement la

Le manioc est principalement cultivé pour ses racines tubéreuses, mais les mosaïque et présentent de meilleurs rendements que les variétés locales. Elles sont présentes sur feuilles sont également consommées. Celles-ci sont d'autant plus appréciées les deux territoires. Il existe également des différences organoleptiques entre les variétés. Les si elles proviennent d'un pied affecté par la mosaïque, car celle-ci provoque variétés sucrées telles que Lueki, sont généralement cultivées à des fins d’autoconsommation.

une accumulation des sucres dans la feuille. Dans la majorité des cas, une parcelle de manioc présente plusieurs variétés.

Besoins théoriques de la culture : Association culturale : Température : minimale 12 °C, optimale entre 25 et 29 °C.

Eau : de 600 mm à plus de 4 000 mm, résistance aux périodes de sécheresse En début de cycle, le manioc est généralement planté en association avec une légumineuse qui présente un cycle de trois à quatre mois. L’association la plus fréquente est manioc-arachide, Sol : meuble, afin de faciliter la formation des tubercules c’est pourquoi elle est présentée plus en détail dans les pages qui suivent. Cette association Adaptabilité : à tous les types de sols permet d’éviter la croissance d’adventices pendant les trois premiers mois de culture du manioc

Durée du cycle : de 1 à 2 ans — période à laquelle il est le plus soumis à la compétition — et également d’enrichir le sol en azote.

Cycle de culture du Manioc

Mois Janv Févr Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct Nov Déc Saison culturale Saison B Saison C Saison A S Sa Manioc saison A r r R r Manioc S Sa saison B r r R r Légende: S : semis (plantation des boutures) ; Sa : sarclage ; R : récolte

La durée du cycle est différente en fonction des variétés. Ainsi les variétés précoces, telles que le Rav, forment des tubercules à partir de 9 mois après la plantation de boutures. Cette dernière est effectuée à deux périodes de l’année : au début du mois d’octobre en saison A et au début du mois de mars en saison B. Le temps de préparation du sol étant court à cause des contraintes climatiques, les surfaces de mise en culture en saison A sont généralement plus importantes que celles de saison B. Il est également fréquent que les parcelles mises en culture en saison B soient dédiées à l’autoconsommation. La récolte est préférentiellement effectuée au mois de septembre, car ce mois bénéficie d’un climat idéal pour le séchage du manioc.

Pieds de manioc, Adonis, Juil. 11

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 24 L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Système de culture

L’arachide (Arachis hypogaea)

L’arachide est une légumineuse annuelle, cultivée pour ses gousses qui sont vendues. Elle est mise sur le marché sous deux formes : décortiquées ou en gousses.

Besoins théoriques de la culture :

Température : optimale entre 25 °C et 35 °C

Eau : 500 et 1 000 mm

Sol : meuble et non rocailleux, bien drainé et aéré, pour permettre la formation des gousses.

Durée du cycle : 90 jours

Variétés :

Dans les territoires de Luozi et de Songololo, la durée du cycle est de 90 jours. Ce sont donc des variétés hâtives moins sensibles à la sécheresse.

Cycle de culture : Pieds d’arachide, Adonis, Juil. 11 L’arachide est principalement semée en association avec le manioc. Elle est toujours semée en début de cycle du manioc, simultanément voire avec un décalage de quelques jours. Ainsi, l’arachide est comme le manioc, semée à deux périodes de l’année : en saison A et en saison B. Mais contrairement au manioc, son cycle court permet d’obtenir deux productions dans l’année.

Mois Janv Févr Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct Nov Déc Saison culturale Saison B Saison C Saison A Arachide saison A S R Arachide gousse, Adonis, Juil. 11 S Arachide saison B R Légende: S : semis ; R : récolte

Arachide décortiquée, Adonis, Juil. 11 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 25 Types de terrain L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Cette association est présente sur tout type de terrain : les plaines, les bas de pente et les coteaux. Elle est mise en culture en zone forestière tout comme en zone de savane boisée. Système de culture

Itinéraire traditionnel Rendements :

Défriche : coupe des herbes et dessouchage. Ce travail est effectué en saison sèche. Il est plus laborieux en Les enquêtes et l’analyse des bases de données STE forêt. d’Agrisud ont permis de révéler les résultats suivants:

Préparation du sol : . Les rendements observés sur le territoire de Brûlis Luozi sont en moyenne de 12 tonnes de manioc Labour : Il est majoritairement effectué avec du petit outillage (houe). Dans la vallée de la Luala, sur le territoire frais à l’hectare (soit 2,8 T de cossette), et peuvent de Luozi il peut également être effectué grâce à la traction attelée. atteindre jusqu’à 18T/ha dans la vallée de Nkundi Formation de billon : Ce travail est seulement effectué sur le territoire de Kimpese. En effet, sur le territoire de (soit 4,1 T de cossette). Luozi, le travail du sol se limite à la formation de buttes. . Dans le territoire de Kimpese, les rendements Semis : le manioc est généralement planté sur les buttes afin de bénéficier d’un sol meuble et l’arachide entre observés semblent être légèrement inférieurs avec celles-ci afin de recouvrir le sol. 10 T/ha (soit 3 T de cossette). On observe cependant une forte variabilité entre les Plantation des boutures de manioc. : espacement de moins d'un mètre, soit pour un fort remplissage plus de Jeune pied de manioc, Adonis, Juillet 2011 exploitations. 50 bottes/ha. (une botte = 50 tiges d’un mètre ~ 150 boutures de 30cm) Semis d’arachide: graine par graine, soit pour un fort remplissage 150 kg/ha.

Sarclage : Effectué manuellement. Le premier est réalisé un mois après le semis, un second peut être réalisé après la récolte de l'arachide. Il faut également noter qu’un travail conséquent de désherbage est effectué lors de la récolte d’arachide.

Récolte de l’arachide (Semis + 3 mois) : Arrachage des pieds et collecte des gousses A Luozi, les pieds sont arrachés puis laissés sécher sur le champ durant une à deux semaines. L’arachide est alors commercialisée sèche. À Kimpese, l’arrachage et la récolte des gousses sont effectués le même jour. L’arachide est commercialisée fraiche.

Récolte du manioc : déterrement des tubercules, pelage et transport. Le transport du manioc depuis le champ jusqu’au lieu de rouissage (point d’eau) est toujours nécessaire. Tubercules de manioc fraichement déterrés, Adonis, Juil. 11 Lorsque la parcelle est également dédiée à l'autoconsommation, une faible quantité est récoltée de manière Les facteurs limitants hebdomadaire dés la tubérisation. Cependant, la plus grande partie de la production est récoltée un à deux ans après la mise en culture selon les variétés. Il s’agit avant tout de maladies : La culture de manioc peut constituer un garde-manger, voire un capital en terre. Ces différentes stratégies de récolte sont • La Mosaïque est la principale maladie. observées en fonction des besoins des producteurs. Elle a pour conséquence un retard de croissance et une baisse de rendements Conditionnement : rouissage, découpage et séchage des cossettes et mise en sacs. de 25 % Le rouissage est l’immersion des racines pelées durant 2 à 8 jours selon les variétés. Ce procédé est nécessaire • L’Anthracnose est la seconde maladie pour la majorité de variétés afin de décomposer les composés cyanés et rendre le manioc comestible. Les responsable d'une baisse de rendement. modalités de rouissage ont une forte influence sur les qualités organoleptiques et nutritionnelles du manioc. • La Pourriture des tubercules est principalement présente dans les zones de bas fonds. Séchage des cosettes, Adonis, Juil. 11

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 26 Répartition des charges du système Manioc- L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Arachide Économie de la production Boutures Semences Arachide de Cas 1 Cas 2 Manioc 2% Charges Valeur en Francs 10% Préparation H/J Opération Congolais Récolte et post de la parcelle 100 Défriche 150 000 120 000 récolte manioc 29% 50 Préparation du sol 75 000 30 000 19% 100 Semis 150 000 120 000 Main d'œuvre salariée 75 Sarclage 112 500 0 Semis 25 Récolte arachide 37 500 0 Sarclage 19% 50 Récolte manioc 30 000 15% 75 000 Récolte arachide Conditionnement 50 0 6% (Rouissage etc) 75 000 Total charges de main d'œuvre 675 000 300 000 Consommations Boutures Manioc (pour 50bottes) 100 000 100 000 Cette répartition des coûts a été établi grâce à l’analyse de bases STE d’Agrisud. Elle représente une moyenne des dépenses intermédiaires Semences Arachide (135kg) 22 500 22 500 générées par la culture de Manioc. Total charges consommations intermédiaires 122 500 122 500 Total des charges 797 500 300 000

Analyse des comptes de résultats Production MANIOC cossette (en sac sucrière de 50kg) 52

Produit prix bas bord champ (8000/sac) 416 000 416000 Le compte de résultat est établi pour un hectare de l’association culturale manioc-arachide. La culture est conduite selon un itinéraire technique traditionnel. La production est évaluée à 12 tonnes de manioc frais, ce Produit prix haut bord champ (12000/sac) 624 000 624000 qui d’après les conversion basée sur les bases de données d’Agrisud et les enquêtes équivaut à 2.7 tonnes de Production ARACHIDES gousses (en sac bande verte de 700 verres) 2.6 cossettes; et à 52 sacs UPAK de cossette. La production d’arachide est de 520 kg de gousse ce qui équivaut à Produit prix bas Arachide graines (100/verre) 180 000 180 000 270 kg d’arachide graine et donc a environ 1800 verres (0,15 kg/verre). Cette production a été valorisée au Produit prix haut arachide graines (200/verre) 360 000 360 000 prix bord champs. Les boutures et semences ont été valorisées au prix d’achat en période de semis. Les hommes/jour (H/J) présentés ici représentent le nombre total d’hommes nécessaire par étape pour une surface Valeur ajoutée prix bas 473 500 473 500 d’un ha. Il existe des différences dans les systèmes de culture, les deux types d’exploitations observés sur le -201 500 173 500 territoire de Marge brute prix bas

Luozi sont présentés ici. Les charges représentent les dépenses réelles des exploitants. Valeur ajoutée prix haut 861 500 861 500 Cas 1 : Double actif investissant son capital dans l’agriculture. Marge brute prix haut 186 500 561 500 Il utilise un groupe de membres pour réaliser l’ensemble des travaux. En comptant les dépenses liées à leurs Analyse de la marge brute et de la valeur ajoutée salaires et repas, le coût est de 1500 FC/personne/jour. Cas 2 : Exploitant pratiquant une agriculture vivrière. De part les différents types de main d’œuvre utilisés, les deux cas présentent des coûts Il emploie de la main d’œuvre salariée seulement pour les travaux conséquents : le défrichage, le sarclage et la différents qui se reflètent dans leurs marges brutes. En effet, elles représentent le différentiel récolte. Pour l’ensemble des opérations, il s’appuie essentiellement sur la force de travail de sa famille qui est entre le produit et les charges (consommation intermédiaires et charges en personnel) de composée de dix personnes. L’utilisation de cette main d’œuvre familiale ne représente aucun coût pour l’exploitant. l’exploitant. On s’aperçoit que pour le cas 1, l’association manioc-arachide n’est pas rentable si l’ensemble de Ses charges correspondent à l’emploi d’un groupe de membres de vingt personnes en complément de la main la production est vendue à des prix bas. d’œuvre familiale, pour les opérations de défriche de préparation du sol, de semis et la récolte de manioc. En outre, il faut également noter que si le cas 2 présente des fortes marges brutes. Ces chiffres sont peu envisageables dans la réalité. En effet, l’utilisation de la main d’œuvre uniquement familiale ne permet généralement pas de cultiver plus de 50 ares.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 27 L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE

Commercialisation du manioc

Principaux bassins de production et flux de commercialisation du Manioc (à la plus forte période de production)

République

SUNDI MAMBA République du Congo du Congo Rareté Abondance

MBIONGO

N NKUNDI MBANZA KINTETE Source: Obseco; Agrisud. MBANZA TADI NGOYO NSONA BANDAKANI KIBUSI KINGILA NKENGE MBANZA BULU BETELEMI On distingue très clairement une période d’abondance à la fin de la saison C. Le principal LUFUKU NSUNDI NSANGU 20 km facteur explicatif est les conditions climatiques qui sont propices à la récolte et à la transformation LUNANA KIMGUAMBA LUOZI KIMBEMBA LUKOKO du manioc. MAFUILU

DIVAGAMENE BIDI CHANTIER MALELE KIDADA LOMBOFUESE Construction du prix de gros du Manioc Cosette KITOBOLA Gabrielle KIASUNGUA (Pour un sac UPAK en période d'abondance) KILUEKA pas clair. qu'entendez-vous par" KIBUNZI LUMUENO KINSHASA NKONDO KUMBI Francs Congolais NKUMBA moyennement" ? 30 000 NKALANGA VALLA quelles quantités ? quels prix ? 17 % KIMPESE 25 000 Légende Bassins de production 21 % KIYALA KIANDU Marges commerciales Faible Fort 20 000 Moyen DIBU Taxes liées à la vente MATADI SANZIKWA Flux de commercialisation NGOMBE 9 % NSUMBA 15 000 Coûts du Dépôt Faible Moyen Fort Coûts de Transport Adonis 10 000 Prix bord champ Le manioc est produit dans tout le territoire et par tous les producteurs. Il est vendu sous forme de manioc cossettes (rouies puis séchées) à Kinshasa et Kimpese et sous forme de chikwangue (pâte de manioc cuite). Nous sommes dans l'incapacité 5 000 Lorsqu’il est produit sur le territoire de Luozi, le manioc est vendu principalement à Kinshasa et dans une moindre mesure à de fournir des quantités et pour Kimpese voir dans d’autres provinces de la République du Congo. les prix le tableau illustre bien la 0 Le manioc produit sur le territoire de Kimpese est essentiellement Village Luozi Luozi Kimpese Kinshasa commercialisé à Kinshasa. variabilité des prix.

La construction du prix de gros du manioc nous montre une marge commerciale plus importante à Kimpese qu’à Kinshasa (respectivement 21 % et 17 % par rapport au prix de gros), ce phénomène est principalement expliqué par les forts coûts de transport et de dépôt à Kinshasa. La marge commerciale correspond au total des marges prises par les acteurs de la commercialisation entre le prix bord champs et le prix de gros sur le marché donné par rapport au prix total. La proportion du prix bord champs par rapport au prix de gros diminue avec l’éloignement au village (100 % au village, 75 % à Luozi, 48 % à Kimpese et 40 % à Kinshasa) et le coût du transport augmente Séchage de manioc au champs, Adonis, Juillet 2011 (16 % à Luozi, 28 % à Kimpese et 37 % à Kinshasa).

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 28 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. Circuits de commercialisation du manioc • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix Le manioc est vendu essentiellement sous forme de cossettes indiqué, séchées en sac de 50 kg, couramment appelés sacs UPAK. Les schémas ci-contre présentent les principaux circuits de commercialisation de ces sacs. VILLAGE MARCHE RURAL MARCHE SECONDAIRE MARCHE TERTIAIRE 25 000 Cas 1. Ce circuit est emprunté pour de petites quantités de 700 Kimpese Kinshasa 25 000 2 300 cossettes, en moyenne d’un sac. Le producteur se déplace à 28 000 7 000 1200 pied, au moyen d’un vélo ou encore en louant les services d’un 1700

15 000 15 700 porteur à hauteur de 500FC/sac, jusqu’au marché rural 15 000 hebdomadaire. Les commerçants achètent une partie de leurs

12 500 2 300 marchandises sur ces marchés ruraux avant d’aller les vendre 25 000 7 000 sur les marchés à Kinshasa. 2 500 CAS 1 CAS 2 Grossiste Cas 2. et 4. Les producteurs de Luozi et de Kimpese suivent ce circuit en général lorsqu’ils ont une production suffisante à Producteur de la Maman écouler (plus de 10 sacs). Les coûts de transport étant plus Gabrielle zone de Kimpese CAS 2 Manœuvre importants pour le producteur de Luozi, sa marge est plus 25 000 faible que celle du producteur de Kimpese. couleurs des flèches différentes pour 3 700 Cas 3. Lorsque les commerçants se présentent directement identifier les différents cas 2 300 dans les villages, le producteur peut lui vendre des sacs. Il se

11 000 36 000 déplace alors jusqu’à Kinshasa, où il les revend à une « maman- manœuvre ».

7 500

Adonis 25 000 8 000 500 18 000 Cas 5. Le producteur sur le territoire de Luozi est susceptible Nous avons essayé de différencier les 550 450 de s’arrêter au marché secondaire de Kimpese. En effet, les 17 000 11 700 Grossiste prix de Kimpese sont parfois plus intéressants que ceux de cas par des flèches de couleurs 17 000 2 300 8 800 28 000 Kinshasa, relativement aux coûts supplémentaires engendrés différentes mais cela faisait trop bariolé et 8 000 1 200 11 000 par le transport jusqu'à Kinshasa. l’information était encore moins lisible. 8 000 1 200 Maman Analyse des marges : CAS 3 CAS 4 CAS 5 Manœuvre La marge du producteur est plus importante lorsqu’il vend sur Producteur de la 22 000 Détaillant 2 700 les marchés de Kinshasa. Cependant pour que la marge soit 1 000 zone de Luozi 300 aussi importante que dans le cas 4 (11700 FC), le producteur

18 000 doit vendre plus de 10 sacs afin d’amortir les coûts de transport. Prix de vente Légende D’après l’analyse le second marché le plus rémunérateur est 10000 Marge Kimpese. Néanmoins, il faut noter que le différence entre la Consommateur 10000 Coûts de commercialisation Détaillant marge du producteur à Kimpese (cas 5) et au village (Cas 3) (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) Prix de vente conso:36 000Fr n’est que de 800 FC. On peut donc penser qu’il est préférable

10000 Coûts de transport du sac de vendre au village en période d’abondance puisque les prix Consommateur de la marchandise sont au plus bas et que les coûts de 10000 Prix d’achat transport grèvent la marge. 1cm  10 000Fr Prix de vente conso:22 000Fr Les détaillantes semblent bénéficier d’une plus grande marge PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DU MANIOC COSSETTE (pour un sac UPAK en période d’abondance) par rapport aux grossistes et aux « mamans-manœuvre ». Cet écart est probablement compensé par des quantités achetées NB: seuls les circuits jugés les plus représentatifs sont représentés ici.. plus importantes pour ces deux derniers commerçants.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 29 L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE Commercialisation de l’arachide graine

Principaux bassins de production et flux de commercialisation de l’Arachide graine

(à la plus forte période de production)

République du Congo SUNDI MAMBA République du Congo

Abondance Rareté Abondance Rareté

MBIONGO

N NKUNDI MBANZA KINTETE MBANZA TADI NGOYO NSONA BANDAKANI KIBUSI KINGILA NKENGE MBANZA BULU BETELEMI LUFUKU NSUNDI NSANGU Ce graphique représente l’évolution du prix de l’arachide gousse qui est semblable à celle de 20 km LUNANA KIMGUAMBA LUOZI KIMBEMBA l’arachide graine décrite dans cette partie. On observe ainsi une diminution du prix de l’arachide en LUKOKO période de récolte avec une plus forte baisse en janvier-février, moment de la récolte de l’arachide MAFUILU semée en association avec le manioc. Aussi, le prix remonte plus fortement en septembre-octobre DIVAGAMENE BIDI CHANTIER MALELE KIDADA moment de rareté et de semis de l’arachide en association avec le manioc. LOMBOFUESE KITOBOLA KIASUNGUA KILUEKA KIBUNZI LUMUENO KINSHASA NKONDO KUMBI NKUMBA

NKALANGA VALLA Gabrielle KIMPESE Légende pouvez-vous préciser les quantités ? ou Bassins de production KIYALA Construction du prix de gros de l'Arachide KIANDU au moins donner un ordre de grandeur ?

Faible Moyen Fort DIBU (Pour un sac bande verte en période d'abondance) Faible MATADI SANZIKWA Flux de commercialisation NGOMBE NSUMBA Faible Moyen Fort Francs Congolais Adonis 160 000 Cette carte représente les flux d’arachide graine. Elle est équivalente à celle du manioc puisque l’arachide est semée Nous ne sommes pas en capacité 140 000 principalement en association avec le manioc, les bassins de production sont donc identiques. Pour la commercialisation, d'estimer quantitativement les flux. 42% les flux sont également similaires : 120 000 Marges commerciales •un flux moyen du territoire de Luozi vers Kinshasa 100 000 23% Taxes liées à la vente •un flux faible du territoire de Luozi vers Kimpese et la République du Congo 14% •un flux moyen entre le territoire de Kimpese et Kinshasa 80 000 Coûts du Dépôt Les flux sont exprimés de manière qualitative, une quantification de ceux-ci est une chose très complexe. 60 000 Coûts de Transport Prix bord champ 40 000 La construction du prix de gros de l’arachide nous montre une marge commerciale presque deux fois plus 20 000 importante à Kinshasa qu’à Kimpese (42 % du prix de gros à Kinshasa est composé de la marge commerciale, 13 % du prix de gros à Kimpese est composé de la marge commerciale). 0 À Kimpese, le prix bord champs représente plus de la moitié du prix de gros (63 %), à Kinshasa il représente Village Luozi Luozi Kimpese Kinshasa 45 % du prix de gros. Le coût du transport est équivalent pour Kimpese et Kinshasa.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 30 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. L‘ASSOCIATION MANIOC ARACHIDE • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. Circuits de commercialisation de l’arachide • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué, VILLAGE MARCHE RURAL MARCHE SECONDAIRE MARCHE TERTIAIRE L’arachide suit quatre circuits de commercialisation principaux, à l’échelle du Kimpese Kinshasa District des Cataractes. L’arachide est 154 000 commercialisée en gousse ou décortiquée en graine dans de grands sacs de 150 kg dits 142 200 « bande-verte ». Les circuits suivants font

3 800 référence à l’arachide graine. 8 000 CAS 1 Cas 1 et 3. Lorsqu’un producteur a de 189 000 nombreux sacs d’arachides, il préfère se Producteur de la 33 200 1 800 rendre directement à Kinshasa pour les zone de Kimpese vendre. Pour cela, il emmène des sacs 154 000 d’arachides et d’autres produits agricoles (un 150 000 producteur se déplace rarement pour un seul 62 200 type de produit). Il lui arrive de prendre les 3 800 Maman 18 000 sacs des voisins, le but étant d’optimiser le Manœuvre 70 000 coût du trajet, du séjour et du temps passé.

292 600 Cas 2. Les commerçants viennent au village Grossiste lors des fortes périodes de récolte pour 103 100 ensuite revendre les produits à Kinshasa.

500 154 000 Cas 4. Le producteur peut décider de vendre à Kimpese à un commerçant pour limiter les 112 000 189 000

70 000 132 200 dépenses en transport et le temps passé. Ce 94 100 commerçant se chargera de vendre à 70 000 3 800 1 900 154 000 18 000 16 000 Kinshasa. CAS 2 CAS 3 CAS 4 29 200 4 800 8 000 Détaillant

Producteur de la 154 000 Analyse des marges : zone de Luozi Il est plus rentable pour le producteur Grossiste d’aller vendre directement à Kinshasa, qu’il soit du territoire de Luozi ou de Kimpese. Prix de vente Légende Mais il y a une mobilisation en temps non 10000 Marge Consommateur prise en compte dans les calculs. Pour les grossistes, il est plus rentable 10000 Coûts de commercialisation Prix de vente conso: 292 600Fr (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) d’aller chercher directement les produits au village. 10000 Coûts de transport du sac

10000 Prix d’achat 1cm 100 000Fr PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DE L’ARACHIDE (pour un sac bande verte en période d’abondance)

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 31 LE HARICOT Système de culture

Le Haricot (Phaseolus vulgaris)

Cette légumineuse annuelle est avant tout cultivée à des fins commerciales, même si une petite partie de la production est dédiée à l’autoconsommation. Elle est souvent décrite par les producteurs comme l’une des cultures les plus rentables du système de production.

Sur le territoire de Luozi, elle sert de monnaie d’échange. À ce titre, elle est fréquemment troquée contre du riz et peut servir à payer des services tels que le labour par traction animale, ou même des soins médicaux.

Au vu des difficultés de gestion de la fertilité des sols, l’introduction de cette culture en début et en fin de cycle de successions culturales peut être perçue comme une réponse permettant d’améliorer la fertilité des sols.

Variétés : Il s’agit de variétés naines locales blanches et jaunes (Ntendezy).

Type de terrain et cycle de culture

Cette culture est présente sur de nombreux types de terrains : les vallées comme les coteaux. Elle est principalement mise en culture en zone forestière, mais est également présente en zone de savane voire dans les zones marécageuses.

Il est possible de réaliser jusqu’à trois cycles de haricot sur une année, mais en général les producteurs en réalisent un à deux par an. Les itinéraires techniques et les cycles de cultures sont quelque peu différents en fonction des terrains mis en culture : Haricots, Adonis, juin 2011

. En saison A ou B, le haricot est semé sur des pentes faibles et/ou dans les bas de pente. Dans la zone de Kimpese, lorsqu’il est semé sur les bas de pente, il est fréquent que des billons soient formés. . Lorsque le haricot est mis en culture en saison C, les seuls terrains propres à la culture sont les terrains marécageux où un labour ponctuel est effectué. Besoins théoriques de la culture : . Les terrains forestiers, qui présentent une plus forte capacité à retenir l’eau, sont semés plus tardivement que les zones de Température : entre 17.5 °C et 25 °C, optimale entre savane. 20 °C et 22.5 °C.

Eau : de 300 mm à 400 mm. La sécheresse et l’excès d’eau Mois Janv Févr Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct Nov Déc lui sont néfastes. Elle nécessite de l’eau en début de cycle. Saison culturale Saison B Saison C Saison A Cependant après la floraison un excès d’eau rend la plante Haricot saison A plus sensible aux maladies. R S Haricot saison B S R Sol : léger à moyennement lourd, pH neutre et bien drainé. Haricot saison C S R Durée du cycle : 75 jours Légende: S: semis ; Sa: sarclage ; R: récolte

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 32 LE HARICOT Système de culture

Successions et associations culturales :

Il existe différentes successions culturales possibles. Elles sont principalement fonction des zones mises en culture.

- Sur les zones de vallée ou de bas fond, le haricot peut être suivi de maraichage, ou d’une culture de Manioc. - Sur les coteaux à forte pente, dans le territoire de Luozi, il est généralement mis en culture avec le pois d’Angole,

Les rendements :

On observe une variation de rendement en fonction Gabrielle Bords de la rivière Luozi, Adonis, Juillet 2011. de la période de mise en culture. Ainsi les rendements Pourquoi ne pas utilisé les rendement de la saison B sont supérieurs à ceux de la saison A. observé sur la base STE de PADDAFAC Mais c’est en saison C que l’on observe les meilleurs rendements. Le haricot est semé dans les bas-fonds ? Itinéraire traditionnel en culture pure hydromorphes qui gardent l’humidité pendant la plus grande partie de la saison sèche. Préparation du sol : défriche/brûlis Labour sur toute la superficie (manuellement ou avec la Il existe une forte variabilité interannuelle. Cette Adonis traction attelée) ; labour localisé (travail manuel) culture est qualifiée de capricieuse, car d’une année sur l’autre, la production peut varier du simple au Pourquoi pas, elle donne , en extrapolant Semis : effectué graine par graine de manière aléatoire triple. la moyenne des résultats collectés sur toutes les périodes, 300kg/ha. Ce qui est Note : Une étape de gardiennage peut être nécessaire depuis la sortie des cotylédons Les rendements observés sur le territoire de Luozi jusqu’à la sortie des premières feuilles pour éviter que la culture soit piquetée par les lors d’une bonne année de production sont de l’ordre dans la fourchette que l'on donne et qui oiseaux. de 600 kg par ha. Pour une mauvaise année, les donc n'invalide pas nos chiffres. rendements peuvent descendre jusqu’à 220 kg/ha. Notre méthode d'enquête qualitative Sarclage : (Semis + 1 mois) Effectué manuellement donnent des résultats probablement moins précis que les vôtres mais pas Récolte : (quand les pieds sont secs) Parcelle de haricots, Adonis, Juillet 2011. moins sûrs. Ils permettent au moins Coupe des pieds Battage (Effectué au champ si le risque de vol est inexistant. S’il y a d'avoir un ordre de grandeur. risque de vol : battage du pied entier au village) Les facteurs limitants De plus nos résultats d’enquête sont sur . Cette culture est affectée par un problème de fonte des semis dû à un excès d’humidité. Luozi et la base STE de PADDAFAC est Conditionnement : Vannage . Elle subit également des attaques d’insectes qui endommagent les feuilles et génèrent une baisse de rendement Mise en sac . Le manque d’eau entraine de fortes baisses de rendement surtout pour le haricot cultivé en saison B. sur Kimpese.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 33 Répartition des charges LE HARICOT Économie de la production Semences Défriche Récolte 10% 21% 9% Charges Valeur en Analyse des comptes Franc d’exploitations : Nbre H/jour Opérations Congolais Le compte d’exploitation suivant est établi sur Main 30 Défriche 15 000 0.5 ha cultivé en zone de forêt. Cela signifie 40 Semis 30 000 Sarclage qu’il y a peu de préparation du sol. d'œuvre 26% Semis Le produit est calculé en prenant en compte le 30 Sarclage 0 34% prix bord champs. Au vu de la faible variation 10 Récolte 0 de ce prix au cours de l’année, il s’agit du prix Total charge main d'œuvre 45 000 moyen. Le rendement du haricot quant à lui varie Semences 24 000 La répartition des charges fait référence à un itinéraire technique classique que l’on retrouve chez fortement d’une année sur l’autre, c’est Total des charges consommation la plupart des exploitants. pourquoi nous avons choisi de présenter une 24 000 année à forts rendements dite « bonne intermédiaire récolte » et une année à faibles rendements La valeur du haricot troqué dite « mauvaise récolte ». Quantité produite 304 kg En général, la valeur monétaire du produit échangé et la valeur de la quantité de Le cas présenté est un exploitant pratiquant (bonne récolte = 3 sacs bande verte)) haricot troquée sont équivalentes pour le producteur. une agriculture vivrière. PRODUITS (200fr/verre) 320 000 De plus, le troc est souvent effectué en période d’abondance au cours de laquelle la La main-d'œuvre salariée a été utilisée Valeur ajoutée 296 000 valeur bord champs du haricot est au plus bas. Cette pratique présente donc un seulement pour effectuer les gros travaux tels Marge brute 251 000 intérêt pour le producteur qui ne doit pas se déplacer. que la défriche et le semis.

Quantité produite 114 kg (mauvaise récolte = 1 sac bande verte) PRODUITS (200fr/verre) 120 000 Haricot Valeur ajoutée 96 000 Produit échangé Marge brute 51 000 (valeur commerciale au village) (valeur commerciale : prix bord champs) Analyse de la marge brute et de la valeur 1 verre ajoutée 1 verre de riz importé équivaut entre 150 équivaut à 275FC La plupart des producteurs achètent une partie des semences, à 250 FC ces charges sont donc comprises dans la valeur ajoutée. La comparaison d’une « bonne année » et « mauvaise année » 2 verres 3 verres de riz local montre qu’une diminution du rendement de 60% aura pour équivalent entre équivalent entre 350 à 600 FC conséquence une diminution de la valeur ajoutée de 70 % et de 300 à 500 FC 80% de la marge brute. L’analyse montre que si l’on emploi pour toute les opérations de Labour (traction animale) pour 100 à 120 verres la main-d'œuvre salariée au cours d’une mauvaise année de ha équivalent entre ¼ 16 500 à production, le système ne serait probablement pas rentable. La équivaut à 20 000 FC 275 000 FC marge brute serait surement négative. Battage au champ des pieds de haricot, Agrisud, 2011

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 34 Evolution du prix détail du haricot LE HARICOT FC/kg 2000 Commercialisation

1500 Principaux bassins de production et flux de commercialisation du Haricot (à la plus forte période de production) 2008 République République SUNDI MAMBA 1000 du Congo du Congo 2009 500 2010 MBIONGO

NKUNDI N MBANZA KINTETE MBANZA TADI NGOYO NSONA 0 BANDAKANI KIBUSI KINGILA NKENGE MBANZA BULU BETELEMI janv mars mai juil sept nov LUFUKU NSUNDI NSANGU

20 km LUNANA KIMGUAMBA LUOZI KIMBEMBA LUKOKO Les prix du haricot sont relativement constants sur une année, le haricot étant un produit sec qui se MAFUILU conserve bien. On observe une nette augmentation du prix sur les trois dernières années : prix moyen DIVAGAMENE BIDI CHANTIER MALELE KIDADA autour de 1 000 FC/kg en 2008, 1 300 FC/kg en 2009 et 1 700 FC/kg en 2010. LOMBOFUESE Ceci peut être expliqué entre autres par l’inflation qu’a connu le franc congolais (en 2008, 1 USD KITOBOLA KIASUNGUA KILUEKA équivaut à 530 FC ; en 2010, 1 USD équivaut à 920 FC). KIBUNZI LUMUENO KINSHASA NKONDO KUMBI NKUMBA

NKALANGA VALLA KIMPESE Légende Bassins de production KIYALA Construction du prix de gros de l'Haricot KIANDU Faible Moyen Fort DIBU MATADI SANZIKWA (Pour un sac bande verte en période d'abondance) Flux de commercialisation NGOMBE NSUMBA Faible Moyen Fort Francs Congolais 250 000 Le haricot est produit dans presque toutes les zones, ce qui semble normal puisqu’il s’agit d’une culture très rentable les bonnes années de production. La grande majorité de la production est destinée à Kinshasa. Il faut remarquer un flux moyen en provenance du territoire de Luozi et en direction de Matadi. 200 000 29% 25% Marge commerciale 12% 150 000 Taxes liées à la vente Coûts du Dépôt 100 000 Coûts de Transport Prix bord champ 50 000 L’augmentation du prix de gros du haricot est proportionnelle aux coûts de transport et de dépôts normalement croissants avec la distance village-Kinshasa. 0 La marge commerciale est la plus forte à Kinshasa, elle représente 29% du prix de gros. Village Luozi Luozi Kimpese Kinshasa

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 35 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. LE HARICOT • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. Circuits de commercialisation • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix Le haricot suit quatre circuits de indiqué, commercialisation principaux, à l’échelle du district des Cataractes. Il est commercialisé sec, 231 000 VILLAGE MARCHE RURAL MARCHE SECONDAIRE MARCHE TERTIAIRE dans de grands sacs de 150 kg dits « bande- verte », mais l’unité de vente la plus répandue Kimpese Kinshasa sur les marchés de gros est le « verre 215 200 plastique ». Quatre des circuits de commercialisation les plus fréquemment utilisés

252 700 sont présentés. 3 800 12 000 19 900 CAS 1 1 800 Cas 1. et 3. Lorsqu’un producteur fait une Producteur de la bonne récolte, de l’ordre de 5 à 7 sacs, il préfère zone de Kimpese 231 000 se rendre lui-même à Kinshasa pour augmenter sa marge. C’est aussi l’occasion pour lui, grâce aux bénéfices importants dégagés par les 231 000 haricots, d’acheter des biens de consommation 64 200 Maman que l’on ne trouve qu’à la capitale pour les 3 800 23 000 revendre au village. Manœuvre 140 000 Cas 2. En juillet-août, période de récolte dans la 292 600 vallée de la Luala sur le territoire de Luozi, les 39 400 500 commerçants affluent dans les villages pour acheter des haricots. Ils se rendent ensuite Grossiste essentiellement à Kinshasa qui propose les prix les plus élevés. 231 000 252 700 210 000 Cas 4. Le producteur du territoire de Luozi 231 000 4 200 peut s’arrêter à Kimpese pour limiter les 140 000 4 800 12 000 dépenses de transport et vendre au niveau d’un 191 100 204 200 210 000 parking à Kimpese, à un commerçant. Il se rend 140 000 sur un marché tertiaire, via de gros camions 3 800 1 900 Détaillant 23 000 17 000 faisant la navette entre Kinshasa et Matadi. CAS 2 CAS 3 CAS 4

Producteur de la Analyse des marges : zone de Luozi Grossiste La marge du grossiste est plus grande lorsqu’il

Prix de vente s’approvisionne directement au village. Légende Consommateur 10000 Marge C’est à Kinshasa que la marge du producteur est la plus élevée, mais le différentiel entre 10000 Coûts de commercialisation Prix de vente conso: 292 600Fr (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) Kinshasa (cas 3) et Kimpese (cas 4) n’est que de 10 000 FC. Coûts de transport du sac 10000 Ainsi, par rapport aux contraintes de 10000 Prix d’achat déplacement jusque Kinshasa, le producteur 1cm 100 000Fr serait plus avantagé de vendre à Kimpese. Notons que les marges des mamans manœuvres PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DE L’HARICOT (pour un sac bande verte en période d’abondance) sont plus faibes que celles des grossistes. . Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 36 L‘OIGNON Système de culture L’oignon (Allium cepa L.) L’oignon est une culture maraîchère, qui procure des revenus importants aussi bien aux producteurs qu’à la population active non agricole autour des bassins de production. L’argent permet notamment de financer la rentrée scolaire. Cette culture génère un fort engouement de la part des saisonniers : des actifs et des étudiants surtout, qui habitent en ville et qui cultivent en saison sèche l’oignon sur des terres qu’ils louent aux villageois. Ce phénomène se vérifie particulièrement dans la zone périurbaine de Kimpese. Cela génère de nouveaux revenus liés à la location des terres, mais aussi des conflits fonciers.

Besoins théoriques de la culture

Température : Idéale en dessous de 35 °C, au-delà, à 35-40 °C, le cycle de culture se raccourcit et la bulbification est précoce.

Eau : Environ ½ litre/jour/m² depuis la croissance des feuilles jusqu’au grossissement du bulbe. Pendant la maturation du bulbe, 2 à 3 semaines avant la récolte, l’oignon nécessite moins d’eau voire aucun arrosage.

Sol : Tout type de sol, mais pas les milieux trop acides. Les pH favorables sont situés entre 5,5 et 7,5.

Variétés : Succession culturale

Texas grano (jaune) : mauvaise conservation, mais moins sujets aux L’oignon est cultivé dans les bas fonds en friches qui Plates bandes d’oignons à Kimpese, Adonis, Juillet 2011 maladies sont inondés en saison des pluies. Le plus souvent, Red Créole : conservation moyenne aucune culture ne suit ni ne précède l’oignon. Violet de Galmi : bonne conservation, très sujette aux attaques parasitaires. Type de terrain :

Nécessitant beaucoup d’eau, l’oignon se cultive dans les bas fonds à proximité d’un point d’eau pour faciliter l’arrosage essentiellement manuel. Des zones sont parfois équipées de systèmes d’irrigation.

Durée du cycle : 3 à 4 mois Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct Mois 10 20 30 10 20 30 10 20 30 10 20 30 10 20 30 10 20 30 10 20 30 Légende: Saison culturale Saison B Saison C Saison A P : Préparation du sol S D B B B B S : Semis Oignon Rouge P A A A A A A A A A A A R R : Récolte Sa Sa Sa Sa Pp : Pépinière Sa : Sarclage P D B B D : Démariage Oignon Jaune A Rq A A A A A A A R B : Binage

Pp Sa Sa Sa A : Arrosage Oignon rouge, Adonis, Juillet 2011

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 37 L‘OIGNON

Itinéraire technique pour une parcelle en semis-direct Système de culture

Défriche de la parcelle : coupe des herbes Semis en pépinière : Labour : cette tâche se fait manuellement Le semis-direct n’est pas le seul ITK (itinéraire technique) « Écobuage » : remise des herbes sur la parcelle sous forme d’andains, ajout d’une fine pour la culture d’oignon, elle se fait aussi en pépinière. Le couche de terre et brûlage des herbes principal intérêt de cette technique est de concentrer les travaux durant les premiers stades de l’oignon sur une petite Préparation des plates bandes de 10x1m. surface, réduisant ainsi le temps de travail. Le repiquage a lieu un mois après le semis. Le repiquage permet de déclencher Semis-direct : sur la moitié de la surface préparée, on sème les graines plus facilement le bulbage.

Démariage : après 30 à 40 jours on enlève des oignons pour éclaircir les planches semées puis on les repique sur la deuxième partie de la parcelle. L’utilisation d’intrants : Arrosage : chaque jour, chaque plate bande reçoit 4 à 6 arrosoirs (soit 6 à 9 litres par m2). Sur ce point, les deux territoires diffèrent. Sur la zone de Luozi, les producteurs n’appliquent que peu ou pas d’intrant. Sarclage cette étape est répétée 5 fois durant le cycle de culture. Il s’agit de désherber Notons qu’on ne trouve quasiment pas de produits entre les lignes d’oignon. phytosanitaires dans les magasins de la cité de Luozi. Dans la zone de Kimpese, les producteurs en utilisent beaucoup, Binage : il consiste en un léger travail entre les lignes à l’aide d’une binette pour éviter la formation d’une croûte de battance et donc faciliter l’infiltration de l’eau parfois même abusivement. Dans cette zone, ce sont des toutes les deux semaines. engrais tels que du NPK et de l’urée qui sont utilisés : toutes les 2 semaines, un traitement préventif est appliqué. Gardiennage : on surveille les parcelles nuit et jour pour éviter les vols durant les 2 mois précédant la récolte. Pulvérisation des oignons, Adonis, Juillet 2011

Séchage : 1 semaine avant la récolte l’arrosage est stoppé pour permettre aux oignons de sécher. Rendements

Récolte : arrachage des bulbes, coupe des feuilles et mise en filets. Les oignons récoltés précocement peuvent être conditionnés en bottes avec leurs feuilles. En moyenne : 100 g semés = entre 6 à 10 filets = entre 250 et 400 kg Les rendements peuvent cependant être inférieurs à 6 filets pour 100g lorsque la culture subit des dommages par les maladies et ravageurs.

Facteurs limitants Remarque : L’oignon est très sensible aux maladies fongiques et virales Sur la zone de Kimpese, l’influence d’Agrisud sur les pratiques culturales est visible : transmises par les insectes comme les thrips. - l’écobuage est remplacé par un enfouissement profond de la matière organique, Lors de la maturation et du stockage, « la pourriture » des bulbes - des pépinières sur pilotis sont mises en place cause des pertes. Les récoltes subissent aussi les vols.

Oignons verts récoltés, Adonis.; Juillet 2011

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 38 L‘OIGNON Répartition des charges Économie de la production

Intrants Pépinière Préparation de 8% 1% la parcelle Charges Valeur en 11% Analyse du compte Semences Nbre Francs Opérations 15% Opérations d’exploitation H/jour Congolais 14% 4 Défriche 0 Le compte d’exploitation ci-contre a été réalisé 10 Préparation du sol Récolte pour un exploitant moyen du territoire de 0 1% Songololo qui sème 600 grammes d’oignons sur 3 Pépinière 0 Préparation des plates- 150 m². 12 Surveillance B 0 50% Main d'œuvre 1 Repiquage 0 20 Sarclage 0 6 Binage 0 32 Arrosage (100j) 0 10 Récolte 0 120 Surveillance 0 La répartition des charges fait référence à un itinéraire technique classique que Total charge main d'œuvre l’on retrouve chez la plupart des exploitants. 0 Semences 54 000 Les charges de la « pépinière » font référence au sarclage, binage et arrosage Consommations NPK 6 000 des plates bandes de pépinières. intermédiaires Urée 3 400

La préparation de la parcelle comprend les tâches de défriche et de Insecticide 19 000 préparation du sol, soit un travail de la terre et la mise en place des plates- Total charges consommations intermédiaires 82 400 bandes. Total des charges 82 400 Les opérations sont les tâches de sarclage, d’arrosage, de binage et de buttage.

Ce sont ces travaux les plus coûteux en main d’œuvre qui sont généralement effectués par les membres de la famille de l’exploitant. Quantité produites ( filet ) 40

La surveillance est effectuée jour et nuit pendant 60 jours avant la récolte par PRODUITS ( Prix haut bord champ = 50 000fr/filet) 2 000 000 2 personnes. Valeur ajoutée 1 917 600 Marge Brute 1 1 917 600

PRODUITS ( Prix bas bord champ = 25 000fr/filet) 1 000 000 Valeur ajoutée 917 600 Arrosage des oignons, Adonis, Juillet 2011 Marge brute 917 600 Analyse de la marge brute et de la valeur ajoutée

La marge brute reflète la situation réelle de cet exploitant qui ici n’a aucune charge de main d’œuvre puisqu’il utilise les membres de sa famille pour toutes les tâches. Ce qui explique que la valeur ajoutée et la marge brute sont les mêmes.

La comparaison rareté/abondance permet de comprendre l’influence du prix sur les gains du producteur, mais il est assez rare qu’un exploitant puisse conserver toute sa production et attendre des prix plus élevés. Ainsi, le plus souvent, les oignons sont vendus de septembre à novembre en période d’abondance.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 39 (à Kinshasa) L‘OIGNON Commercialisation

Principaux bassins de production et flux de commercialisation de l’Oignon (à la plus forte période de production) République République du Congo SUNDI MAMBA du Congo

MBIONGO

N NKUNDI MBANZA KINTETE MBANZA TADI NGOYO NSONA BANDAKANI KIBUSI KINGILA NKENGE MBANZA BULU BETELEMI LUFUKU NSUNDI NSANGU 20 km LUNANA KIMGUAMBA LUOZI KIMBEMBA C’est en début de saison sèche que les prix sont au plus hauts (2500 FC/kg), juste avant la période de LUKOKO récolte (septembre — octobre), où l’abondance des oignons sur le marché fait chuter le prix à 1000 MAFUILU FC/kg. DIVAGAMENE BIDI CHANTIER MALELE KIDADA En effet, les producteurs rencontrent quelques difficultés liées au stockage de l’oignon durant la saison des LOMBOFUESE pluies, ce qui les contraint à vendre leur production dés la récolte. De plus, les frais de scolarité imposent KITOBOLA KIASUNGUA des besoins de trésorerie conséquents dès le mois de septembre, ce qui ne permet pas aux producteurs KILUEKA KIBUNZI LUMUENO KINSHASA d’attendre de meilleurs prix. NKONDO KUMBI NKUMBA

NKALANGA VALLA Construction du prix de gros de l'Oignon KIMPESE Légende Bassins de production (Pour un filet en période d'abondance) KIYALA KIANDU

Faible Moyen Fort DIBU MATADI SANZIKWA Francs Congolais Flux de commercialisation NGOMBE NSUMBA 40 000 Faible Moyen Fort

35 000 La culture de l’oignon est pratiquée essentiellement sur le territoire de Songololo et plus précisément dans les villages 37% périphériques de Kimpese. Sur le territoire de Luozi, la production d’oignons est beaucoup moins importante et localisée 30 000 Marges commerciales seulement sur certains villages. 25 000 Taxes liées à la vente La quasi-totalité de la production d’oignon est envoyée à Kinshasa pour y être consommée ou pour être revendue au 6% Congo-Brazzaville. Coûts du Dépôt 20 000 Coûts de Transport 15 000 Prix bord champ 10 000 L’essentiel de la production du territoire de Songololo part à Kinshasa pour y être vendu du fait de la demande qui y est très importante. Ceci peut expliquer les faibles marges commerciales réalisées à Kimpese. 5 000 À Kinshasa, les marges effectuées sur ce produit représentent presque 40 % du prix de gros. Ceci peut s’expliquer de 0 deux façons : soit la filière de l’oignon utilise plus d’intermédiaires que les autres produits, soit les intermédiaires traditionnels se rémunèrent mieux sur l’oignon en jouant sur la variation des prix d’une période à l’autre. Village Kimpese Kimpese Kinshasa

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 40 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. L‘OIGNON • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. Circuits de commercialisation • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué, L’oignon est conditionné en filet de 40 kg environ.

35 000 VILLAGE MARCHE RURAL MARCHE SECONDAIRE MARCHE TERTIAIRE Cas 1. En période de rareté, au mois d’août et décembre surtout, les commerçants et même les 13 200 Kimpese Kinshasa +Brazzaville « mamans-manœuvres », se rendent sur les lieux

2 800 38 000 de productions pour rechercher la marchandise 3 000 51 000 qu’ils pourront vendre à des prix élevés sur les Prix de vente conso: 51 000Fr 19 000 10 500 marchés tertiaires.

Consommateur 500 32 200 Cas 2. En pleine période de récolte en octobre, les 19 000 producteurs préfèrent se rendre eux-mêmes à Maman Kinshasa avec la totalité de leur récolte pour la 19 000 40 000 200 vendre. Manœuvre 1 800 2 800 40 000 3 000 Cas 3. Une petite partie des oignons en CAS 1 CAS 2 provenance de Luozi est écoulés à Kinshasa, via 38 000 Producteur de la Détaillant Kimpese. Le producteur vend sa marchandise à un zone de Kimpese commerçant qui se rend à Kinshasa le plus souvent.

22 000 Cas 4. Une autre partie des oignons de Luozi est 19 000 envoyée au Congo voisin, à Brazzaville, via un 50 000 38 000 15 800 commerçant en général. Les producteurs ne 19 000 9 900 Maman préfèrent pas s’aventurer sur un terrain inconnu 700 19 000 Manœuvre pour vendre leurs marchandises et préfèrent 5 500 3 100 3 000 passer par des intermédiaires qui connaissent bien CAS 3 CAS 4 50 000 la ville. NO Producteur de la 22 000 12 000 zone de Luozi Analyse des marges :

Pour maximiser sa marge, le producteur doit 19 000 préférentiellement vendre ses oignons sur les Grossiste Grossiste marchés tertiaires sans passer par un intermédiaire. 50 000 Prix de vente Légende La marge pour un producteur de Kimpese prend 10000 Marge 68 % entre le village et Kinshasa. Alors que pour un producteur de Luozi, la marge prend 20 % 10000 Coûts de commercialisation (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) entre le village et Kimpese. La marge des « mamans-manœuvres » est très 10000 Coûts de transport du sac Détaillant faible en période d’abondance de l’oignon 10000 Prix d’achat lorsqu’elles achètent leurs oignons aux NO : Non Observé Brazza 1cm  10 000Fr producteurs à Kinshasa. En revanche, les détaillantes ont une marge d’environ 10 500 FC PINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DE L’OIGNON (pour un filet en période d’abondance) par filets d’oignons.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 41 Le riz (Oryza sativa) LE RIZ C’est une culture vivrière qui, après le manioc, constitue un aliment de base. Le riz produit est surtout autoconsommé, mais il fait aussi l’objet de vente Système de culture sur le territoire de Luozi uniquement. Il est également utilisé comme monnaie d’échange dans le troc. Itinéraire traditionnel Besoins théoriques de la culture

Température : optimale entre 25 et 30 °C Défriche : coupe des herbes et dessouchage

Eau : nécessite entre 1000 et 1800 mm d’eau pour tout le cycle Préparation du sol : brûlis et labour localisé Sol : riche et meuble avec une bonne capacité aux champs, car le riz est Gabrielle particulièrement sujet à la sécheresse Semis : semis-direct en poquets dispersés (écartement de 30 x 30 cm). 5 à 7 il y a gardiennage non ? graines par poquet. Type de terrain : Gardiennage jusqu’à la germination

Le riz est mis en culture dans les zones montagneuses du Sarclage : effectué manuellement un mois après le semis. Adonis territoire de Luozi. On le trouve dans les bas fonds sur de la Gardiennage du riz de l’épiaison jusqu’à la récolte Nous avons mis en évidence deux forêt défrichée où l’on a laissé les palmiers : « les palmeraies ». Démariage du riz : occasionnel, au cas où toutes les graines germent et sont phases de gardiennage pour protéger la trop serrées récolte des ravageur au moment de la germination et de l'épiaison. Récolte du riz : coupe des épis puis battage aux champs

Décorticage du riz : manuel en le pilant ou mécanique à l’aide d’une décortiqueuse Culture de riz pluvial - Territoire de Luozi, Agrisud, 2011 Conditionnement : séchage puis mise en sac Succession culturale

Le riz est cultivé en culture pure le plus souvent, avant Champ de riz au milieu d'une galerie forestière, Agrisud, 2011 une culture de manioc. Jachère (3-5 ans)  Riz  Manioc  Jachère… Rendement Variétés et cycle cultural Lors d’une bonne année, 1 ha peut produire jusque 4,8 tonnes de riz paddy, soit Les variétés cultivées sont des variétés non améliorées de riz pluvial. On distingue deux types de variétés en 30 sacs bandes vertes de 160 kg. fonction de la durée de leur cycle : Lors des années sèches on peut descendre jusque 1,6 tonne, soit 10 sacs bande . Les précoces qui ont un cycle de 2 mois ½ avec lesquelles il est possible de réaliser 2 cycles culturaux verte. dans une année. Les rendements observés sont de l’ordre de 15-20 sacs bande-verte récoltés . Les tardives qui ont un cycle de 4 mois. pour 1 sac semé.

Mois Janv Févr Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct Nov Déc Facteurs limitants Saison culturale Saison B Saison C Saison A P S Sa Riz - 1 cycle Les oiseaux et les ravageurs attaquent les parcelles au moment du semis et de l’épiaison R réduisant parfois à néant les rendements. Les producteurs doivent donc surveiller les P S1 Sa parcelles pendant plus d’un mois avant la récolte. Riz - 2 cycles R S2 R2 Les sécheresses affectent aussi les rendements. Légende: P: préparation du sol ; S: semis ; Sa: sarclage ; R: récolte

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 42 Gabrielle Répartition des charges LE RIZ vrai pour quel cas analysé ?? bonne ou Économie de la production mauvaise récolte ? ou c'est une moyenne Défriche ? à préciser Semences 12% Semis 18% Analyse du compte d’exploitation 8% Adonis Le compte d’exploitation a été réalisé pour 1 ha de riz cultivé par un exploitant misant sur les cultures de rente. Gardiennage Il n’utilise que de la main-d'œuvre salariée. Seul le gardiennage est effectué par lui-même. Comme l'indique la légende en dessous, il 19% Les semences de riz ne sont pas valorisées, car elles sont retenues sur la récolte précédente. s'agit d'un itinéraire type, donc un cas Les produits tiennent compte de la stratégie de vente du producteur : sur 30 sacs de riz récoltés, le producteur particulier mais semblable à ce qui est fait en vendra 25. Il en garde 5 pour sa propre consommation. Sur les 25, 5 sacs seront vendus paddy et les 20 restants seront décortiqués. A 20 sacs de riz paddy correspondent à environ 15 sacs de riz décortiqué. en général. Récolte 36% Charges Valeur en Franc Nbre H/jour Opérations Congolais Sarclage 40 Défriche 60 000 7% 25 Semis 37 500 Main d'œuvre Pour l’analyse de la répartition des charges, on valorise toutes les charges qu’impliquent un itinéraire 65 Gardiennage 0 technique type. La récolte et le gardiennage sont les plus coûteux en main d’œuvre et représentent 56 % des charges 25 Sarclage 37 500 pour cette culture. 120 Récolte 180 000

Le décorticage : augmenter la valeur du riz Total charge main d'œuvre 315 000 Semences 0 Le riz se conserve mieux lorsqu'il n’est pas décortiqué. Le riz réservé à l’autoconsommation du ménage est donc pilé au fur et à mesure. Total des charges en intrants 0 Lorsqu’il est destiné à la vente, le décorticage permet d’augmenter la valeur du riz. Le décorticage est pourtant rarement de bonne qualité : il laisse des grains mal décortiqués et des brisures, ce qui limite l’augmentation du prix de vente. Quantité produite (bonne récolte) 30 sacs Habituellement, cette transformation est effectuée manuellement, mais pour de grandes PRODUITS 1 650 000 quantités (5 à 10 sacs bandes vertes) elle pourra être faite par une décortiqueuse moyennant Valeur ajoutée 1 650 000 9000 FC par sac. Les décortiqueuses datent de la période où la compagnie italo-zaïroise faisait payer ce service. Marge brute 1 335 000 Aujourd’hui, on n’en compte plus qu’une à Luozi et environ quatre à Nkundi. Quantité produite (mauvaise récolte) 10 sacs PRODUITS 546 000 Valeur ajoutée 546 000 Marge brute 231 000 Analyse de la marge brute et de la valeur ajoutée

Ce compte d’exploitation met en évidence les répercussions économiques des mauvaises années de récolte provoquées par un manque et un retard des pluies. Les mauvaises années, le produit est divisé par trois, comme la récolte. La valeur ajoutée est égale au produit car aucune consommation intermédiaire n’est nécessaire. La marge brute ne Champ de riz, Agrisud, 2011 Champ de riz, Agrisud, 2011 valorise pas la main d’œuvre familiale qui correspond au gardiennage et équivaut à 100 000 FC. Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 43 Périodicité des prix de détail LE RIZ

Le prix du riz évolue selon qu’il soit décortiqué ou non, selon les périodes d’abondance et de rareté et selon le lieu de vente. Le riz local se vend au verre. Commercialisation

Abondance : mai/juin/juillet/août Rareté : septembre/octobre/novembre Village Luozi Principaux bassins de production et flux de commercialisation du Riz Gabrielle (à la plus forte période de production – carte schématique) Riz décortiqué Rareté 200 225 Attention à Nkundi forte production d'où 4 décortiqueuses (1 verre) Abondance 150 175 République République du Congo SUNDI MAMBA du Congo Riz non Rareté 400f/3 verres

décortiqué Abondance 300 f/3 verres MBIONGO Adonis N NKUNDI MBANZA KINTETE D'après nos enquêtes auprès des MBANZA TADI NGOYO NSONA BANDAKANI Concurrence avec le riz importé KIBUSI transporteurs, des producteurs et autre KINGILA NKENGE MBANZA BULU BETELEMI Le riz local et importé ne semble pas être en concurrence, puisque le riz local est moins cher que le riz LUFUKU NSUNDI NSANGU voilà ce qui en ait ressorti ! Maintenant 20 km importé vendu à 300 FC le verre à Luozi. D’autre part, le riz local est apprécié par la population pour ses LUNANA KIMGUAMBA LUOZI nous n'avons pas de chiffres pour dire ou KIMBEMBA qualités gustatives et nutritives. En revanche sur le plan culinaire, le riz importé est préféré, car la meilleure LUKOKO MAFUILU contre dire ni appuyer en terme de qualité du décorticage permet d’avoir un riz plus blanc et une cuisson plus homogène. De plus la production DIVAGAMENE BIDI CHANTIER sur le territoire est trop faible pour répondre à la demande. Cela n’empêche pas le riz importé d’inonder le MALELE KIDADA quantité ou surface. LOMBOFUESE marché, trois mois après la récolte du riz, les stocks sont épuisés et l'on n’en trouve plus sur les marchés. KITOBOLA La relation entre quantités produites et KIASUNGUA KILUEKA KIBUNZI LUMUENO KINSHASA nombre de décortiqueuses n’est pas si NKONDO KUMBI NKUMBA évidente car il y a eu divers projets Construction du prix de gros du Riz NKALANGA VALLA rizicoles à Nkundi qui n’ont pas été (Pour un sac UPAK en période d'abondance) KIMPESE Légende présents dans les autres zones. Bassins de production KIYALA KIANDU

Francs Congolais Faible Moyen Fort DIBU MATADI SANZIKWA Flux de commercialisation NGOMBE 30 000 8% NSUMBA Faible Moyen Fort

25 000 Le riz n’est produit que sur le territoire de Luozi dans les zones montagneuses vers Kintete et Sundi Mamba 20 000 Marges commerciales et dans la vallée de Luala au niveau de Nkundi. Où on peut trouver quatre décortiqueuses. Taxes liées à la vente La production de riz est majoritairement consommée sur ce même territoire, mais de petites quantités sont 15 000 envoyées vers le Congo Brazzaville et la ville de Matadi. Coûts de Transport 10 000 Prix bord champ Le riz troqué

5 000 Le riz est une monnaie d’échange utilisée dans le troc. Soit il est échangé contre des produits manufacturés soit contre des produits agricoles. 0 Village - Territoire de Luozi 200 verres = 1 pièce de vêtement Luozi 40 verres = 1 litre de pétrole 3 verres = 2 verres de haricots

Le prix le plus élevé est celui de la cité de Luozi. Cependant, la hausse du prix est expliquée par les Il existe également du troc que l’on pourrait nommer « troc spéculatif ». coûts de transports et non par les marges commerciales. Cela signifie que le riz n’est pas sujet à une Certains producteurs, commerçants ou autres échangent du riz local ayant une faible valeur sur le marché forte spéculation de la part des commerçants comme l’est le haricot par exemple. (225 FC) et le troquent contre des haricots à d’autres producteurs de la vallée de Nkundi. Les haricots troqués, 2 verres contre 3 de riz, sont revendus sur les marchés secondaires (Kimpese) ou tertiaires (Kinshasa) au moment où les prix sont au plus hauts : 350 – 400 FC le verre.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 44 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. LE RIZ • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. Commercialisation • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué, La production de riz local n’est pas bien valorisée par le prix du marché, c’est VILLAGE MARCHERURAL pourquoi le riz local ne se commercialise Luozi pas au-delà du fleuve.

Cas 1. Dans le premier cas, le

30 000 commerçant se déplace au village pour 2 400 acheter le riz qui est vendu la plupart du 100 5 000 temps sous forme paddy.

22 500 Cas 2. Dans le deuxième cas, le producteur décide de se rendre lui- Consommateur même à pied jusqu’à Luozi, avec une petite quantité de riz décortiqué Prix de vente conso: 30 000Fr manuellement. Il n’a donc pas de coût de Commerçant transport.

30 000 26 250 2 400 100 22 500

26 250 22 500 26 250

CAS 1 CAS 2 Commerçant Producteur de la zone de Luozi

Vendeuse de riz à Luozi, Adonis, Juil. 11

Analyse des marges :

Prix de vente Légende Il est plus intéressant, au vu des marges, 10000 Marge que le producteur décortique le riz pour

10000 Coûts de commercialisation augmenter sa valeur sur le marché et qu’il (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) l’écoule sur le marché de la cité Luozi,

10000 Coûts de transport centre de consommation où le riz local du sac est apprécié et vendu plus cher qu’au 10000 Prix d’achat village. 1cm  10 000Fr PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DU RIZ DECORTIQUE (pour un sac UPAK en période d’abondance)

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 45 LE POIS D’ANGOLE Le Pois d’Angole (Cajanus cajan) Système de culture

Cette légumineuse bisannuelle est présente sur les deux territoires. Elle est principalement cultivée à des fins d’autoconsommation et les quantités mises sur le marché sont faibles. Cependant le pois d’angole a une forte importance pour les exploitants, qui le considère comme une culture de soudure. Sa culture a également pour fonction d’occuper des terres afin de maintenir un droit sur celles-ci. Enfin cette plante est peu exigeante, ce qui permet de valoriser les terrains les plus impropres aux cultures. En fonction de la période de l’année, elle est commercialisée sous forme de gousses à écosser ou de grains secs.

Variétés

La couleur des fleurs (jaunes et rouges) et le nombre de grains par gousse (généralement plus de 3) sont caractéristiques des variétés bicolores.

Besoins théoriques de la culture :

Eau : 1000 à 2000 mm. Il craint l’excès d’eau et l’eau stagnante.

Sol : meuble, tolère alcalinité et la salinité

Adaptabilité : à une très large gamme de sols, supporte les vertisols

Durée du cycle : 10 mois

Propriété de la culture : Sa capacité de fixation de l’azote ainsi que son système de développement racinaire permettent de valoriser les terrains les moins propices à la culture.

Types de terrain et associations culturales :

Dans la zone étudiée, le pois d’angole est toujours cultivé en association culturale et n’est jamais la culture principale. La zone sur laquelle il est cultivé dépend de Pois d’Angole au champ, Adonis, Juil. 11 la culture avec laquelle il est associé.

Sur les deux territoires, il est fréquemment mis en association avec le manioc et est donc présent sur le même type de zone topographique. Il est semé simultanément au manioc, soit au mois d’octobre (saison A). Sur le territoire de Luozi, le pois est également mis en association essentiellement avec le haricot, mais aussi avec le maïs. Ces associations sont principalement effectuées sur les coteaux à forte pente.

Il existe différents espacements selon sa fonction. Il est fréquent que le pois ne serve qu’à délimiter la parcelle, la densité de pois est dans ce cas très faible. Dans d’autres systèmes, le pois est semé en poquet en association avec le manioc. Les poquets de pois sont alors espacés de deux mètres sur un.

Cycle de culture

Mois Janv Févr Mars Avril Mai Juin Juil. Août Sept Oct Nov Déc Saison culturale Saison B Saison C Saison A S Sa Pois d'Angol R Légende: S : semis ; Sa : sarclage ; R : récolte Pois d’Angole en fleur, Adonis, Juil. 11

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 46 Il existe différents systèmes de culture du pois d’Angole. Ci-après est présenté celui LE POIS D’ANGOLE dans lequel le pois présente la plus forte densité de peuplement. Lorsqu'il est mis avec le manioc, l’itinéraire technique est semblable mais la densité de peuplement est Système de culture beaucoup plus faible. Principaux bassins de production du Pois Cajan Itinéraire traditionnel Pois d’Angole-Haricot (à la plus forte période de production) République Défriche du Congo SUNDI MAMBA République du Congo « Écobuage » : Amoncellement d’herbe pour former des billons (longueur 1-2m)

Formation d’une cape de terre au sommet des billons MBIONGO Mise à feu des billons N NKUNDI Mélange de la terre et des cendres MBANZA KINTETE MBANZA TADI NGOYO NSONA BANDAKANI KIBUSI KINGILA NKENGE Semis simultané du pois d’Angole et du haricot : MBANZA BULU BETELEMI LUFUKU NSUNDI NSANGU En poquet, de 3 à 4 graines, espacées de 70 cm à 1 m pour le pois d’Angole 20 km LUNANA KIMGUAMBA LUOZI KIMBEMBA Graine par graine, avec des espacements de 20 cm pour le haricot LUKOKO MAFUILU DIVAGAMENE BIDI CHANTIER Sarclage : (Semis + 1 mois) Effectué manuellement MALELE KIDADA LOMBOFUESE KITOBOLA Récolte du haricot (Semis + 3 mois) KIASUNGUA KILUEKA KIBUNZI LUMUENO KINSHASA NKONDO Récolte du pois d’Angole : (Semis + 10 mois) KUMBI NKUMBA

NKALANGA Coupe de l’arbuste, récolte des gousses sèches VALLA Une partie de la production est également récoltée lorsque les gousses sont KIMPESE fraiches. Légende Bassins de production KIYALA KIANDU Faible Moyen Fort DIBU Conditionnement : les pois sont éventuellement écossés Faible MATADI SANZIKWA Flux de commercialisation NGOMBE NSUMBA Faible Moyen Fort

Le pois est présent sur tout le bassin de production des Cataractes, mais n’est que très peu commercialisé.

Rendement Évolution du prix du pois

Lorsqu’il est associé avec le haricot, les Le pois est présent sur le marché entre juillet et décembre. Durant la période de récolte en août, le pois est vendu « frais » en rendements de pois d’Angole sont de gousse et l’unité de vente est le tas (un tas correspond à une grosse poignée). l’ordre de 400 à 600 kg à l’hectare. Lorsque la quantité de pois présente sur le marché est faible, ce qui correspond au début de la période de récolte (fin juillet), Lorsqu’il est associé au manioc, les le prix du tas est de 200 FC. Alors qu’en pleine période d’abondance (août) un tas vaut 100 FC. rendements sont d’environ 220 kg/ha. Dés le mois de septembre, le pois est vendu sous forme de grains secs. L’unité de vente est alors le verre (200g). Le prix Il semble qu’il n’y ait pas de facteurs moyen est de 150 FC le verre, soit 750 FC le kg. limitants cette culture.

Pois d’Angole en association avec du manioc, Adonis, Juil. 11 Pois d’Angole, Adonis, Juil. 11 Gousses de pois d’Angole, Adonis, Juil. 11 Pois d’Angole écossé, Adonis, Juil. 11 Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 47 L‘HUILE DE PALME Système de culture

Le palmier à huile (Elaeis guineensis)

Le palmier à huile est présent naturellement dans les forêts-galeries des zones de montagne. Il est exploité de manière clanique tant pour la coupe des régimes que pour l’extraction de l’huile.

Cycle de production

Un palmier de variété locale commence à produire ses premiers régimes à partir de la quatrième année, et ce, jusqu’à une trentaine d’années. Chaque année, le palmier produit en moyenne 1,25 régime par cycle, à raison de 3 cycles par an soient 3,75 régimes par an. Le premier cycle, le plus productif, commence en novembre pour se terminer en mars. Le deuxième cycle commence en avril pour se terminer en octobre. La maturation des régimes est échelonnée sur la durée du cycle. Les cycles de production sont liés à la pluie, ainsi il y a plus de régimes en saison des pluies qu’en saison sèche.

Variétés Noix de palme, Agrisud, 2011

Les palmiers présents dans les forêts sont des variétés traditionnelles (Dura). Il est possible de trouver quelques La gestion des forêts et des sites de pieds améliorés (Tenera) issus de projets de reboisement transformation :

qui ont été menés dans la zone rurale de Luozi, impulsés Les palmiers ne font pas l’objet de plantation. Les arbres poussent notamment par le PRODAF (Projet Agricole et Forestier). naturellement dans les forêts de bas fonds. Les exploitants favorisent la croissance des palmiers. En effet, lors de la défriche des forêts pour la mise en culture, ils prennent le soin de les laisser. On observe ainsi des forêts Besoins théoriques de la culture améliorées ou « forêts à palmiers » où la densité de palmiers présents est importante. Température : 18 °C à 34 °C Chaque clan du village possède ses parcelles forestières et son site de Eau : 1 800 mm d’eau par an, bien répartie sur transformation. Cependant, l’accès aux palmiers n’est vraisemblablement pas toute l’année réglementé et les exploitants peuvent couper autant de régimes que leur permet leur force de travail. Sol : Un sol meuble, profond ; à exclure les sols La transformation repose sur un travail d’entraide : des hommes se gravillonaires ou trop argileux et les sables purs. Le réunissent et travaillent mutuellement les uns pour les autres. Les hommes palmier est très sensible à la composition chimique qui travaillent autour d’un même site ne doivent pas nécessairement du sol. appartenir au clan qui a aménagé le site pour pouvoir l’utiliser. Si le site subit des dommages, alors le chef du clan est tenu de les réparer avec la participation des utilisateurs. Les personnes appartenant au clan ne payent pas pour transformer, mais ils cotisent pour le renouvellement du matériel. Galerie forestière, Agrisud, 2011 Les personnes n’appartenant pas au clan payent 2l d’huile par jour pour la transformation, mais ne payent pas pour le renouvellement du matériel.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 48 Itinéraire traditionnel L‘HUILE DE PALME

Débroussaillage : coupe des herbes autour du pied de l’arbre pour faciliter Système de culture et économie de la production l’accès aux arbres et la récolte des noix

Récolte : un grimpeur monte sur l’arbre à l’aide d’un cerceau et coupe les régimes mûrs. Un bon grimpeur peut monter jusqu’à 20 arbres par jour. Répartition des charges

Ramassage : cette tâche, longue et difficile, est effectuée par un groupe de femmes payé par le coupeur. Les noix sont séparées des régimes au pied de l’arbre Extraction puis sont amenées au site de transformation. de l’huile Coupe En général, une ou deux femmes sont utilisées et payées 5 l d’huile pour le 6% transport d’un fût de noix. 31 %

Pressage des fruits : Cuisson des noix Premier pressage dans un fût métallique relié à un rotor Collecte de la première huile Ramassage Deuxième pressage avec de l’eau bouillante pour faciliter l’extraction, cette 2e 62% huile est déversée dans un bassin de décantation Après décantation cette deuxième huile est récupérée, bouillie pour retirer les impuretés et finalement collectée Site de transformation, Adonis, Juil. 11 Pour l’analyse de la répartition des Note : La transformation nécessite de grandes quantités d’eau. C'est pourquoi elle charges, on valorise toutes les charges est toujours effectuée aux abords d’une source d’eau. Charges Valeur en Franc qu’impliquent un itinéraire technique Les sous produits (la coquille et l’amande de la noix) sont peu utilisés, ils sont Nbre H/jour Opérations Congolais type. La charge la plus importante est donnés aux animaux, notamment aux porcs. 20 Coupe 40 000 le ramassage puisque c’est celle où le Main d'œuvre 40 Ramassage 80 000 plus de main-d'œuvre est utilisée. Conditionnement : L’huile est conditionnée dans des bidons de 25 l. L’extraction de l’huile prend peu de 4 Extraction de l'huile 8 000 temps et est réalisée grâce à de Total charge main d'œuvre 128 000 l’entraide. L’huile de palme non raffinée (orange) est tirée de la pulpe du fruit. Les amandes sont jetées Quantité produite 50 bidons de 25l et non utilisées pour la fabrication d’huile de palmiste, le matériel et les techniques n’étant La conservation : pas présents. Rendements PRODUITS (prix période d'abondance; bidon=11 000) 550 000 L’huile de palme se conserve Valeur ajoutée 550 000 assez bien en bidon pendant Par an, un palmier de variété locale produit entre 2 et 5 régimes. Un régime de 15 kg donne de Marge brute 550 000 environ 4 mois, après cette 1500 à 4000 noix. durée il y a une perte de qualité Pour remplir un fût de 200 kg, 15 à 20 régimes sont nécessaires. Un fût de noix donne un PRODUITS (prix période de rareté; bidon=18 000) 900 000 de l’huile. Les producteurs bidon de 25l d’huile. (Taux d’extraction : 11 % du poids du régime frais) Valeur ajoutée 900 000 doivent donc jouer entre la En période de forte production : un coupeur moyen peut extraire 200 l d’huile, pour 1 semaine Marge brute 900 000 durée de conservation et la de coupe, 1 semaine de ramassage et 1 semaine de transformation (entraide : il ne transforme qualité de l’huile pas que son huile) Soit en moyenne 600 l/an = 24 bidons/an En période de faible production : un coupeur peut faire 50l en 3 semaines. Analyse de la marge brute et de la valeur ajoutée : Facteurs limitants Le compte de résultat est basé sur un coupeur travaillant une année entière, soit 50 fûts de noix produits et 800

La production de certains exploitants est limitée par leur capacité de stockage, restreinte par arbres montés. la disponibilité de bidons. La valeur ajoutée et la marge brute sont identiques au produit car il n’y a aucune consommation intermédiaire et Certains feux de brousse peuvent endommager des palmiers en production réduisant ainsi la la main d’œuvre valorisée ici est essentiellement familiale. récolte.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 49 Construction du prix de gros de l'Huile de Palme L‘HUILE DE PALME (Pour un bidon de 25L en période d'abondance) Commercialisation Francs Congolais 20 000 18 000 26%

16 000 35% 14 000 Marges commerciales 12 000 Taxes liées à la vente 10 000 4% Coûts du Dépôt 8 000 Coûts de Transport 6 000 Prix bord champ Palmiers à Huile, Adonis, Juil. 11 Site de transformation, Agrisud, 2011 Palmiers à huile, Agrisud, 2011 4 000 2 000 Principaux bassins de production et flux de commercialisation de l’Huile de Palme 0 (à la plus forte période de production) Village Luozi Luozi Kimpese Kinshasa République République du Congo SUNDI MAMBA du Congo L’huile de palme connait une forte augmentation de ses prix de gros entre le marché de Luozi et celui de Kimpese. Ceci est principalement dû à la marge commerciale qui est de 35 % du prix de gros à Kimpese est de 26 % à Kinshasa. La marge prise par les acteurs de la commercialisation est MBIONGO en proportion plus importante à Kimpese qu’à Kinshasa. La différence s’explique au niveau de N NKUNDI l’approvisionnement : le marché de Kimpese s’approvisionne essentiellement en huile de Luozi alors MBANZA KINTETE que le marché de Kinshasa a plusieurs sources d’approvisionnement en huile. Les commerçants de MBANZA TADI NGOYO NSONA BANDAKANI KIBUSI Kimpese seraient donc en position de force pour augmenter leur marge. KINGILA NKENGE MBANZA BULU BETELEMI LUFUKU NSUNDI NSANGU 20 km LUNANA KIMGUAMBA LUOZI KIMBEMBA LUKOKO MAFUILU

DIVAGAMENE BIDI CHANTIER MALELE KIDADA LOMBOFUESE KITOBOLA

KIASUNGUA KILUEKA KIBUNZI LUMUENO KINSHASA NKONDO KUMBI NKUMBA

NKALANGA VALLA KIMPESE Légende Bassins de production KIYALA KIANDU

Faible Moyen Fort DIBU MATADI SANZIKWA Flux de commercialisation NGOMBE NSUMBA Faible Moyen Fort ANGOLA L’huile de palme est une caractéristique de la zone de montagne du territoire de Luozi (Sundi Mamba -Kintete). Elle est principalement vendue à Kimpese puis à Luozi et Kinshasa. Une petite partie est vendue en République Populaire Régime, Adonis, Juil. 11 Site de transformation, Agrisud, 2011 du Congo du fait de la proximité du pays avec les zones de productions.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 50 • Pour ce schéma on considère que quelque soit l’acteur les prix de transport, les coûts de commercialisation, les prix d’achat et les prix de vente en un lieu donné sont identiques. L‘HUILE DE PALME • Seul le coût du déplacement aller est pris en compte dans les graphiques. Les aspects d’hébergement, de dépenses sur place, le trajet retour ne sont pas pris en compte. • La marge producteur correspond à prix de vente - coût de transport - coût de commercialisation. Circuits de commercialisation • Le prix de vente est en gras. • Chacune des barres concerne l’acteur au-dessus duquel elle est placée, la hauteur de chaque barre et de ses composants et proportionnelle aux prix indiqué,

VILLAGE MARCHE RURAL MARCHE SECONDAIRE MARCHE TERTIAIRE Trois cas sont détaillés dans ce schéma. Kimpese Kinshasa Cas 1 : le producteur vend son huile

17 500 directement à Luozi. Pour cela, il se 7 400 déplace la plupart du temps à pied ou à

100 vélo ce qui limite le nombre de bidons transportés. 10 000 19 000 450 550 Cas 2 : le producteur vend son huile à Kimpese. Pour cela il doit prendre un Détaillant 18 000 moyen de transport pour y aller 18 000 (minibus, camion…) les quantités transportées sont donc plus importantes. 10 000 13 900 Consommateur 26 250 Souvent le producteur en profite pour 8 000 Maman 6 650 10 000 vendre d’autres produits et revenir avec Prix de vente conso: 17 500Fr 1 100 8 000 Manœuvre 400 3 000 des produits manufacturés de la ville. CAS 1 CAS 2 CAS 3 Cas 3 : Le producteur vend son huile au Producteur de la 19 000 Détaillant 22 300 village à un grossiste qui se charge de la zone de Luozi 500 1 800 vendre à Kinshasa. Le dernier cas se produit quand le producteur a besoin de liquidité. Cela se comprend, car c’est le 20 000 cas où il gagne le moins d’argent (8 000 20 000 Consommateur 37 500 FC par bidon de 25L). 4 900 2 100 Prix de vente conso:2 6 250Fr 17 000 5 000 Maman Manœuvre Grossiste 8 000 Analyse des marges : 500 Aller vendre directement à Kimpese est le plus rentable pour un 22 300 producteur puisqu’il gagne 13900 Prix de vente Légende Détaillant FC. Mais aller à Kimpese représente 10000 Marge un coût en temps et un coût de

10000 Coûts de commercialisation déplacement qu’il faut mettre en (Taxes, Stockage, Manutentionnaires) rapport avec la productivité de sa Coûts de transport journée de travail s’il reste au 10000 Consommateur du sac village. 10000 Prix d’achat Prix de vente conso: 37 5 00Fr 1cm 10 000Fr

PRINCIPAUX CIRCUITS DE COMMERCIALISATION DE L’HUILE DE PALME (pour un bidon de 25L en période d’abondance)

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 51 Gabrielle Il serait intéressant de reprendre l'économie de AXES D’INTERVENTION PROPOSÉS POUR LE PROJET PADDALU chaque spéculations sur une page (une page précédente), en la remettant à un surface identique Les observations et analyses faites au cours du diagnostic permettent de proposer des axes d’interventions pour le projet PADDALU, débuté en novembre 2010. (ha) et en comparant + conclusions. De manière générale, les conditions agronomiques et climatiques de la zone d’étude sont favorables à la diffusion des pratiques agro-écologiques, qui permettraient un développement économique des exploitations familiales durable et respectueux de l’environnement. Celles-ci sont applicables aux cultures maraîchères, vivrières et fruitières. L’appui à la création d’organisations de producteurs s’avère aussi être un levier important pour le développement agricole de la région en terme de stratégies de commercialisation de leurs produits et d’influence Adonis politique et économique au sein des filières agricoles. Avec le recul je vois bien l'utilité de faire une telle Ci-dessous, dans les cadres thématiques, nous proposons des axes d’intervention plus techniques. slide. Mais loin du terrain, et maintenant à d'autres préoccupation je ne suis plus en mesure de Promouvoir la traction animale Développer l’élevage réfléchir correctement sur l'économie de ces Les filières prioritaires  Former à l’entretien et au dressage des  Étudier les potentialités de mise en place d’une filière de produits carnés cultures.

animaux de trait.  Manioc – Arachide Former aux techniques d’élevage des animaux De plus les comptes d'exploitation sont difficiles à

 Diffuser des variétés améliorées de manioc  Créer des organisations de producteurs Diffuser la pratique de la claustration pour permettre de lever certaines extrapoler, ils donnent un ordre d'idées mais je de type CUMA pour la mutualisation du Haricot contraintes et de développer l’interaction entre l’élevage et les pratiques matériel et des animaux de traction pour crains qu'on ne puisse en tirer de réelle  Favoriser l’utilisation de bio-pesticides pour lutter contre les insectes culturales: réutilisation des sous produits d’élevage, affouragement avec les résidus amortir plus facilement les coûts engendrés. ravageurs (ex: solution à base de piment) culturaux (ex: pailles de riz), contrôles des maladies et des reproductions, etc. conclusions. 1ha ce n'est pas une bonne surface de comparaison, très peu d'exploitant cultive sur un Oignon  Développer cette culture sur le territoire de Luozi Améliorer la fertilité des sols ha, ça risque de biaiser l'analyse.

 Développer des filières vers le Congo Brazzaville pour contourner la  Aider à la régénération du couvert forestier pour maintenir une fertilité à long concurrence des oignons de Kimpese à Kinshasa terme à l’échelle d’un territoire

 Mettre en place des techniques de conservation de l’oignon pour pouvoir  Diffusion de techniques d’amélioration de la fertilité à court et longs termes à Gabrielle stocker la production et la vendre à des prix plus élevés en période de l’échelle de la parcelle rareté. être plus précis dans l'élevage

 Appuis techniques pour une gestion raisonnée des intrants et diffusion Améliorer la commercialisation des denrées agricoles des biopesticides Adonis  Réhabiliter les pistes vers Kimpese et vers la République du Congo Huile de palme Nous ne pensons pas avoir assez bien compris le  Introduire des variétés améliorées (Tenera) pour augmenter les Mise en place d’un embarcadère flottant pour faciliter l’amarrage du bac en période d’étiage (action déjà entreprise par Agrisud) système d'élevage pour aller plus loin dans les rendements recommandations,  Moderniser et rénover les sites de transformation par notamment le Mettre en place un Comité de gestion du Bac composé d’interprofessions pour responsabiliser les acteurs usagers du Bac à participer à son bon fonctionnement remplacement des pièces métalliques : les fûts et les axes

 Mettre en place des techniques permettant d’extraire l’huile palmiste Coucher de soleil, Adonis, Juin 11  Renforcer la création des organisations professionnelles et interprofessionnelles pour faciliter l’évacuation des produits agricoles Foresteries et arboricultures Riz pluvial fruitières Combinaison variétale: mélange entre variétés résistantes à la sécheresse  Favoriser la diffusion de l’information des prix sur les marchés notamment ceux  Former aux pratiques de l’agroforesterie de Brazzaville, aux producteurs.

et variétés plus productives pour réduire la vulnérabilité des exploitations face aux aléas climatiques et stabiliser les rendements.  Proposer d’autres essences fruitières  Développer les flux de commercialisation vers Brazzaville pour lever la pour enrichir les forêts, favoriser la  Mettre en place des décortiqueuses dans les zones rurales du territoire dépendance au marché de Kinshasa : reforestation et diversifier les productions de Luozi pour faciliter l’accès à ces outils et augmenter la capacité et la - Informer les producteurs du fonctionnement des marchés en République du (ex: espèce tropical de noyer: le badamier) Congo pour leur permettre de se rendre plus facilement, sans appréhension, sur qualité du décorticage. Ceci permettrait de mieux valoriser le riz et ainsi d’inciter les exploitants à la production.  Etudier les potentialités de mise en place ces marchés d’une filière bois pour la construction et la - Favoriser la communication entre les producteurs et les acteurs des filières de production d’énergie commercialisation vers Brazzaville.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 52 Cette étude a été réalisée de juin à juillet 2011 par le groupe Adonis, composé de huit étudiants de l’ISTOM (École d’ingénieurs en Agro-développement International) : • Agnès Delefortrie • Julien Gries • Alicia Lengronne • Johanne Lhomme • Agnalys Michaud • Camille Moulard • Quentin Satgé • Laura Smee

Elle a vu le jour grâce au soutien de M. Marc Oswald, tuteur du groupe Adonis et professeur à l’ISTOM et avec l’appui de toute l’équipe d’Agrisud International au Bas-Congo. Nous tenons particulièrement à remercier M. Cédric Armien, Melle Sophie Christophe et tous les collaborateurs de Luozi et de Kimpese.

Nous voulons également remercier Syngenta et Quenthial. pour leur soutien financier,

ANNEXE

LES INDICATEURS DE LA TYPOLOGIE

. Le temps dédié à l’activité agricole : certains actifs considèrent l’agriculture comme un complément de revenu. Nous avons donc discerné les exploitants en fonction du temps dédié aux activités agricoles par rapport aux autres activités.

. Le revenu agricole par rapport au revenu du ménage : il révèle l’importance de l’activité agricole pour le ménage.

. La capacité de mise en culture : elle reflète le capital et les moyens dont dispose un exploitant. Elle est révélée à travers la surface mise en culture.

. La surface de manioc en saison A : La culture de manioc est réalisée par l’ensemble des producteurs et peut être considérée comme une culture vivrière tout comme une culture de rente. En outre, les contraintes climatiques, la surface de manioc mise en culture est toujours plus importante en saison A. C’est pourquoi cet indicateur est révélateur des moyens et de la stratégie de chaque catégorie d’exploitant. Cet indicateur permet également de révéler la capacité de mise en culture.

. La proportion de manioc vendue par rapport à la proportion autoconsommée : elle reflète également les moyens et les stratégies de chaque catégorie d’exploitant.

. Le capital disponible sur l’exploitation : il permet de révéler la logique d’investissement et de capitalisation des exploitants. Il faut distinguer deux types de capital. Le petit capital composé de petits ruminants qui constitue un capital sur pieds auquel l’exploitant peut avoir recours en cas de besoins. Le gros capital, principalement les bœufs de traction, qui constituent un investissement puisque leur location génère un revenu.

. Le type de main d’œuvre utilisée : il permet de révéler les ressources économiques des exploitants, et ainsi de voir s’ils possèdent une logique de captation du travail ou de maximisation de la ressource familiale.

. La location de leur force de travail : cet indicateur révèle également les ressources économiques que possède l’exploitant et la stratégie qu’il lui est préférable d’adopter. On peut penser qu’il aura intérêt à louer sa force de travail si, de par sa faible capacité de mise en culture, la rémunération de sa journée de travail sur son exploitation est plus faible que celle d’une journée de travail à l’extérieur. . Sur le territoire de Luozi, l’appartenance à un groupe de membres révèle également une logique de capitalisation (cf. page 16).

. La stratégie de commercialisation : elle permet de révéler les ressources financières dont dispose l’exploitant. Elle comporte deux indicateurs : • la fréquence de déplacement sur les marchés les plus rémunérateurs. Elle est en lien direct avec la quantité de produits à vendre, puisqu’en dessous de dix sacs le coût de transport est plus cher. • la fréquence avec laquelle il réalise des stockages spéculatifs.

Méthodologie Présentation de la zone d’étude Le système de commercialisation Typologie des producteurs Etudes des filières par spéculation Axes d’interventions Annexes Page 54 ANNEXE

TABLEAU DE SYNTHÈSE DE LA TYPOLOGIE

Double actif Double actif dont Exploitant investissant son Exploitant misant sur Exploitant de l'agriculture est un INDICATEURS pratiquant une capital dans les cultures de rente subsistance complément de agriculture vivrière l'agriculture revenu Temps passé pour l'activité agricole Non agri. > agri. Non agri. < agri. Non agri. < agri. 100 % agri. Non agri. > agri. 50 % < revenus agri< Revenus agricoles/revenus du ménage 80 %< revenus agri< 100 % 100 % 100 % revenus agri < 50 % 80 % limitée par le nombre Capacité de mise en culture forte forte faible moyenne d'actifs familiaux

Superficie de manioc en saison A > 2ha > 2ha 50 ares à 1ha 25 à 50 ares environ 1ha

Petit capital (Porcs et chèvres) possible + + + + + + + + Capital Gros capital (bœufs de traction, utilisation de animal + + + + + + — + tracteur) Proportion de manioc vendu/autoconsommé V > A V > A V >= A V < A V >= A Pour les gros travaux, voir Pour l'ensemble des MO salariée pour l'ensemble des Pour les gros travaux Jamais Pour les gros travaux travaux Main d'œuvre travaux utilisée MO familiale et entraide Très rarement Pour tous les travaux Pour tous les travaux Pour tous les travaux Pour tous les travaux Location de sa force de travail (membre Dépends de sa force de Jamais Jamais Régulièrement Jamais ou travailleur indépendant) travail Stockage spéculatif + + + + + + + — + Stratégie de Possibilité de se déplacer sur les marchés commercialisation + + + + + + + + — + les plus rémunérateurs

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