Ancienne Abbaye De Cheminon
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Champagne-Ardenne, Marne Cheminon L'Abbaye Ancienne abbaye de Cheminon Références du dossier Numéro de dossier : IA51001070 Date de l'enquête initiale : 2015 Date(s) de rédaction : 2016 Cadre de l'étude : Recensement des sites cisterciens de Champagne-Ardenne Degré d'étude : recensé Désignation Dénomination : abbaye Genre du destinataire : de chanoines réguliers, de cisterciens Vocable : Notre-Dame Appellation : Cheminon Destinations successives : abbaye, ferme Parties constituantes non étudiées : ferme Compléments de localisation Milieu d'implantation : isolé Références cadastrales : 1997, ZA, 12-15 Historique Dans les dernières années du XIe siècle apparaît en forêt de Luiz (ancien nom du massif forestier de Trois-Fontaines) un prieuré bénédictin, sous le vocable de saint Nicolas, dépendant de l’abbaye Saint-Vanne de Verdun (J. Lusse) (ill. IVR21_20155100115NUCA). Son existence est attestée en 1196 par la bulle du pape champenois Urbain II qui demande à l’évêque de faire rétablir la sécurité dans ce monastère et de le prendre sous sa protection. L’établissement est confirmé par Pascal II en 1102, mais sous la règle de saint Augustin cette fois, qui semble avoir été adoptée juste avant 1100. Les chanoines reconnaissaient alors pour fondateurs la comtesse de Champagne Adélaïde, qui donna un alleu à proximité, et ses deux fils Hugues, comte de 1090 à 1125, et Philippe, évêque de Châlons, à qui reviendrait l’initiative de la fondation. L’église abbatiale fut édifiée dès cette époque puisqu’elle est consacrée en 1110 par le légat pontifical. Comme Montiers en Argonne et Lisle-en-Barrois un peu plus tard, Cheminon s’affilia à la congrégation d’Arrouaise après 1130, mais pour quelques années seulement car les chanoines demandèrent bientôt à être accueillis au sein de l'ordre cistercien, dont ils suivaient déjà plus ou moins les usages semble-t-il. Le pape Innocent II, peut-être sur le conseil de saint Bernard, donna son approbation en 1138 et Cheminon fut placé dans la dépendance de la jeune abbaye de Trois-Fontaines, lignée de Clairvaux, éloignée de 5 km à peine. Bénéficiant alors de l’élan favorable suscité par les moines blancs, Cheminon se développa assez rapidement sous l’effet de nombreuses libéralités des seigneurs de la région tels que les Dampierre, Garlande et surtout les comtes de Champagne. Le village homonyme ne fut construit qu’assez longtemps après ; un bornage est effectué en 1171 entre les terres délaissées à la Neuville et celles de l’abbaye (É. de Barthélemy, "Recueil des chartes de l’abbaye Notre-Dame de Cheminon (1100-1387)", Mémoires de la Société des Sciences et Arts de Vitry-le- François, t. XI, 1881, p. 53). De fait, le premier curé titulaire n’apparaît pas avant 1178. Suivant le mouvement général, les moines octroyèrent une charte d’affranchissement à la communauté villageoise dans le courant du XIIIe siècle. À Cheminon, le recrutement fut important, à en juger par les restrictions imposées à l’abbé Pierre (1246-54) par celui de Trois-Fontaines, notamment en fixant le nombre maximal de moines à 60 pour 140 convers, l’excédent devant nourrir de nouvelles fondations (Barthélemy, op. cit., p. 12). Décision fut prise de ne pas augmenter cet effectif à l’avenir et dès 1335 le nombre était déjà tombé à 20 moines et 8 novices, concurrence des ordres mendiants oblige. L’activité intellectuelle se mesure à la riche bibliothèque dont disposait l’abbaye. Transférée à Vitry-le-François en 1790, elle fut malheureusement détruite par le bombardement de la ville en 1944. De la même façon qu’à Montiers, Cheminon n’échappa pas aux méfaits de la Commende, et cela dès 1546, date de prise du titre abbatial par le premier commendataire, Claude d’Ancienville. De 26 septembre 2021 Page 1 Champagne-Ardenne, Marne, Cheminon, L'Abbaye Ancienne abbaye de Cheminon IA51001070 1583 à 1636-40, le siège fut occupé par des membres de la maison de Lorraine, uniquement préoccupés par le bénéfice du titre. Dans les derniers temps, le roi en avait fait un enjeu stratégique et consenti à le réserver aux princes-évêques de Liège, afin d’entretenir l’influence française sur les marges germaniques. Malgré une situation sur la frontière d’Empire, les archives de Cheminon ne relatent pas de destructions durant les différents conflits qui ont ravagé les environs à l’époque moderne ; l’abbaye eut plus à souffrir de l’humidité et des infiltrations des eaux de la Bruxenelle. Bien que grevées par de nombreuses restaurations de bâtiments, les finances de l’abbaye au XVIIIe siècle permirent de venir ponctuellement en aide à d’autres abbayes telles que Montiers, Trois-Fontaines et surtout Clairvaux, à qui furent prêtées 6000 £ en 1786, ou encore Chaâlis (3000 £) (A. Kwanten, "Les moines de Cheminon au XVIIIe siècle", Mémoires de la Société d'agriculture, commerce, sciences et arts du département de la Marne, 1986, t. CI, p. 239-250). Divisé par deux depuis l’instauration de la Commende, le nombre de moines n’était plus que de 7 en 1789, lorsque l’abbaye fut supprimée. Les bâtiments conventuels et la basse-cour furent vendus au titre des biens nationaux et adjugés à François-Claude Addenot, notaire à Vitry, et Charles Rougelot, marchand à Maurupt, village voisin, pour 130 000 £ en tout (Kwanten). Amorcé pendant la période canoniale, le temporel de Cheminon resta confiné dans un premier temps à l’espace de la clairière primitive, ouverte dans la forêt de Luiz (cf. carte du temporel ill. IVR21_20155100230NUCA). Les contours en sont donnés dans l’acte de 1110 que les moines considérèrent comme leur charte de fondation (AD51, 17H2, cartulaire, f°3 r, « De fundo ecclesie » par Hugues, comte de Champagne). C’est donc en toute logique que les deux plus anciennes granges, Brusson et Bredée (51-com. Cheminon), y aient trouvé place ; elles sont en effet mentionnées dans la première bulle pontificale confirmative des biens de Cheminon, émise par Alexandre III en février 1163 (n. st.) (AD51, 17H3), mais elles ne sont pas les seules car à cette date le temporel est déjà composé de 4 granges, dont celles de Beaumont (51-com. Blesme) et de la Borde (ou de Champagne), qui prit bientôt le nom du village sur le ban duquel elle avait été édifiée, Togny [-aux-Bœufs, 51]. La configuration générale de l’implantation est fixée : sans sortir de l’évêché de Châlons, les moines ont naturellement suivi les vallées de la Bruxenelle et de la Saulx pour s’étendre en Perthois et enfin passer la Marne pour atteindre la Champagne crayeuse où une autre grange fut fondée au XIIIe, Coole (ou Jouy, 51) (1225). Le temporel s’inscrit ainsi d’ouest en est dans un espace linéaire, fortement contraint au sud (mais aussi au nord) par les emprises de Trois-Fontaines et Haute-Fontaine. Cheminon érigea 9 granges au total, grange abbatiale comprise (mentionnée seulement en 1187) : aux domaines cités, s’ajoutèrent à la fin du XIIe siècle l’importante grange de Tournay (51-com. Favresse), constituée entre 1188 et 1194, puis au début du XIIIe siècle celles d’Étrepy, créée en 1220 à partir d’un moulin sur la Saulx acquis en 1178, et de la Corre (ou Chasson, 51-com. Scrupt). Proche de l’abbaye, dans la même forêt de Luiz, cette dernière fut acquise en 1213 par échange avec les prémontrés de Montcetz (AD51, 17H2, cart. f.32 r). Les forêts et plaines humides du Perthois furent exploitées pour leurs ressources fourragères tandis que les labours se concentrèrent sur les terres alluviales et limoneuses des terrasses interfluves (Beaumont et Tournay). Le plateau crayeux vint compléter ce système agro-pastoral (savarts). Dès 1332, les moines se séparèrent de la grange de la Borde à Togny, domaine le plus éloigné, et la vendirent à l’abbaye de la Chalade. Tout aussi éloigné, le domaine de Coole fut conservé, notamment pour ses vignes, mais si une petite cense y est encore signalée en 1684 (AD51, 17H22, 2e lot), on n’y relève plus que des revenus au cours du XVIIIe siècle. Comme d’autres, les moines se sont implantés en ville pour y établir des refuges (Vitry- en-Perthois, Saint-Dizier) et des comptoirs d’écoulement de denrées, ainsi à Châlons et Verdun vers 1240, mais aussi à Laon. Nombre de moulins furent construits ou acquis sur la Bruxenelle et la Saulx principalement, pendant qu’une tuilerie et une forge étaient exploitées à proximité (Renauval et Brusson, 51-com. Cheminon). D’autres domaines, ne prenant pas le titre de grange mais plutôt de domus, ont été exploités dès le XIIIe siècle, notamment Saint-Quentin-les-Marais (51) avec un troupeau conséquent en 1256, ou encore Sermaize (51) dotée de plusieurs maisons, terres et vignes. Le temps du faire-valoir indirect venu, Cheminon aliéna plusieurs possessions tout en en créant d’autres, de moindre importance, en particulier au XVIe siècle, autour du noyau abbatial. La plupart existait encore au milieu du XIXe siècle. Période(s) principale(s) : 19e siècle (?, détruit) Description Histoire architecturale Bien que très important, le fonds archivistique de Cheminon ne conserve que peu de documents permettant de restituer l’état ancien de l’abbaye. La documentation relative aux travaux menés renvoie aux XVIIe et XVIIIe siècles pour l’essentiel. Le dernier abbé régulier, Jean de Rancières, fit exécuter de nombreux travaux de réparations aux bâtiments entre 1530 et 1543, en particulier à l’église où l’on restaura le pignon (nord ?), les verrières, le pavage et les stalles, ainsi que les cuisines, les couvertures, le mur d’enceinte et le moulin. Moins d’un siècle plus tard, le 17 avril 1628, la foudre détruisit le clocher et déclencha un incendie qui embrasa toute l’église et une partie du monastère (Barthélemy, op.