Antonio Das Mortes Glauber ROCHA
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Synopsis du film Biographie du réalisateur Antonio Zoom sur le Cinema Novo das Mortes Pistes pédagogiques Glauber Rocha Document pédagogique Conception : Guillaume Mainguet et Julie Brébion Textes « pistes pédagogiques » : Nicolas Thévenin Réalisation graphique : Chloé Bergerat et Mathilde Fenoll - BRÉSIL - 2 Zoom sur le Cinema Novo Extrait du dossier de presse, Films sans Frontières Antonio das Mortes Glauber ROCHA FICHE TECHNIQUE Brésil · 1969 · couleurs · 95’ · vostf · 35mm Réalisation, scénario : Glauber Rocha Image : Afonso Beato Montage : Eduardo Escorel Musique : Marlos Nobre, Walter Queiros, Sergio Ricardo Interprètes : Mauricio do Valle, Odete Lara, Othon Bastos, Jofre Soares Synopsis Biographie Antonio das Mortes, un ancien tueur de Né en 1938 au Brésil, Glauber Rocha est issu Les années soixante, riches en bouleverse- néastes du Cinema Novo s’intéressent aux Cangaceiros, est convoqué par un riche d’une famille religieuse. À partir des années ments et fertiles pour le cinéma, voient ex- problématiques de la pauvreté, et tournent propriétaire terrien, le colonel Horacio, 60, il se tourne vers le cinéma. Producteur ploser un courant de cinéastes novateurs au principalement dans les bidonvilles ou dans pour se débarrasser de Coirana. Ce der- du film Barravento, il prend finalement la Brésil. Ces artistes, en inventant les images la région du Sertao. Le Cinema Novo consti- nier dirige un groupe de paysans mys- tête du projet en tant que réalisateur. Le film de leur histoire et de leur culture pour les tue l’un des principaux mouvements de tiques, les Beatos, en compagnie d’un fait bonne impression dans plusieurs festi- propulser à la face du monde, révèlent un décolonisation de la culture brésilienne et noir nostalgique de l’Afrique et d’une vals internationaux. En 1964, Le Dieu noir art nouveau. De tous, le plus spontanément l’affirmation culturelle du cinéma brésilien. «Sainte» locale. En arrivant au village, et le Diable blond est ovationné au Festival reconnu pour son talent fut sans aucun Plusieurs films sont emblématiques de ce Antonio le provoque en duel et le blesse de Cannes. Cinq ans plus tard il y reçoit le doute Glauber Rocha. En 1964, Le dieu noir mouvement: La parole donnée d’Anselmo grièvement. Cependant il ne savoure Prix de la Mise en Scène avec Antonio das et le diable blond est ovationné au Festi- Duarte, Le dieu noir et le diable blond de Glau- guère sa victoire. Lorsque le colonel fait Mortes. Journaliste, critique de cinéma, val de Cannes. En 1967, Terre en transe et ber Rocha et Vidas Secas de Nelson Pereira appel à de cruels tueurs à gages pour réalisateur, écrivain, agitateur culturel, en 1969, Antonio das Mortes, remporte- Dos Santos. Glauber Rocha devient le chef massacrer les beatos, Antonio com- polémique, controversé, Glauber Rocha de- ront le prix de la mise en scène. La jeunesse de file charismatique du mouvement dont il prend que la justice devrait être du vient le nom le plus important du «Cinéma du monde entier, au son de la musique et contribue à porter les revendications sociales côté des déshérités et change de camp.. Novo» du Brésil. Il meurt le 21 août 1981. des chansons du Brésil, reconnaissait dans et politiques. A partir de 1968, lorsque les le sertao, l’espace des luttes de libération militaires durcissent leur régime, le cinéma du tiers monde et celles des Cangaceiros, brésilien entre dans une phase de récession les nouveaux héros des peuples opprimés. artistique et de productions commerciales Travaillant avec de petits budgets, les ci- qui durera jusqu’à la fin des années 1970. 3 4 Pistes pédagogiques par Nicolas Thévenin Cinema novo et nouvelles vagues mondiales Héros populaire gie, le film a d’ailleurs remporté le prix de la Glauber Rocha est l’un des points focaux des ment des schémas habituels de production. Né de cette rage, Antonio das Mortes se mise en scène au Festival de Cannes en 1969. bouleversements de l’économie et des moda- Dans ce contexte, l’ambition première de déploie au croisement de trois dynamiques, Antonio, s’il agit au nom de ses conceptions lités d’expression du cinéma dans les années Glauber Rocha, qui postulait le cinéma dans un désordre savamment ordonné : ten- personnelles et contradictoires de la Justice, 1960. Emblématique du “cinema novo” brési- comme “une interrogation personnelle for- sion entre réalité synchrone de cette région du pourrait apparaître comme un personnage lien, son travail résonne avec les ambitions mulée publiquement”, était la représentation Brésil et fantaisie mystique du passé, ques- lâche et opportuniste. Mais c’est cependant et les désirs révolutionnaires des nouvelles de la domination, du populaire, selon un en- tionnement sur la possibilité de représenter en changeant de camp, en “retournant sa vagues française (Jean-Luc Godard, François gagement fougueux : « Le cinéma politique une culture, un folklore, et imagerie emprun- veste”, qu’il prouve sa vaillance. Il met son Truffaut, Eric Rohmer, etc.), japonaise (Nagisa ne veut rien dire s’il est produit par le mora- tée au cinéma de genre. Si des coups de feu adresse, sa force et son courage au service Oshima, Shohei Imamura, Hiroshi Teshiga- lisme, l’anarchie, l’opportunisme. Seul un et des cris d’agonie se font entendre dès les d’un peuple malheureux, symbolisé par hara, etc.), tchèque (Milos Forman, Vera Sim- misérable comme moi pourrait dire que l’art cartons du générique, avant que n’aparaisse son alliance avec l’instituteur, le noir et la kova, etc.), polonaise (Roman Polanski, Jerzy a un sens pour les misérables, et c’est pour- le premier plan, plaçant ainsi le film sous “sainte”. Son statut de héros populaire se Skolimowki, etc.) ou encore le “free cinema” quoi je n’ai pas honte de dire que mes films l’imagerie du western (que viendra ensuite retourne alors positivement, vers la révo- anglais (Lindsay Anderson, Sidney J. Furie, sont produits par la douleur, par la haine, par corroborer la stylisation du personnage lution, grâce à une prise de conscience poli- etc.) de la même période. Tous ces courants un amour frustré impossible, par l’incohé- éponyme), c’est ensuite en opéra baroque tique. Le dernier plan, outre qu’il en fait défi- étaient passionnément animés par la volonté rence du sous-développement. ». Au niveau que va évoluer Antonios das Mortes, dans nitivement une figure de cowboy solitaire, en de faire rupture avec les conventions narra- le plus immédiatement perceptible, l’impor- une multitude de paradoxes : lyrisme et vio- errance sur les routes, conclue un aller-retour tives et esthétiques du cinéma classique, et de tance accordée aux chants et aux danses est lence, complaintes et combats, sauvagerie et et passé et présent, et donne à voir une ligne politiser les films en les décloisonnnant notam la principale manifestation de cette volonté. dimension baroque faisant parfois place à un de fuite symbolisant l’entame d’une quête de vrai souci d’épure. Pour son élan et son éner sens ; une sorte d’apaisement après le chaos. 5 6 À consulter : - Tout sur le film : http://www.films-sans-frontieres.fr/glauberrocha Un peu d’histoire : Les cangaceiros Au XIXème siècle, des bandes armées -les cangaceiros- parcourent la région semi-aride du Nordeste brésilien. Ce phénomène du Cangaço, qui prendra fin en 1940 avec la mort du dernier grand chef de bande, Corisco, ne tardera pas à devenir une légende. Dès le début du siècle, les poètes populaires nordestinos immortalisent les prouesses des cangaceiros à travers une Le Festival des 3 Continents remercie pour leur sou- littérature régionale, sorte de chanson de geste, le Cordel. Sur les marchés et les foires, on 7 rue de l’Héronnière -BP 43302 tien à ce programme le Conseil Général de Loire-Atlan- chantera ou on lira à haute voix l’épopée tragique de ces héros d’autrefois. Le Cangaceiro s’ins- 44033 Nantes cedex 1 tique, la Ville de Nantes et le Conseil Régional des Pays crit parmi les éléments symboliques de la «brésilianité». Le cangaceiro -symbole de liberté, www.3continents.com de Loire, ainsi que pour leur collaboration l’association d’identité nationale ou de force occulte des opprimés-, que l’on oppose désormais aux grands Bul’Ciné, les dispositifs d’Education à l’image Ecole et Responsable Pôles Publics : Guillaume Mainguet propriétaires terriens, se transforme à partir des années soixante en une sorte d’«infra-révolu- Cinéma, Collège au Cinéma et Lycéens et Apprentis au [email protected] tionnaire», luttant inconsciemment pour la réforme agraire.. Cinéma, l’Inspection académique de Loire-Atlan- 02 40 69 74 14 tique et la Maison des Citoyens du Monde de Nantes. 7 8.