Résister Par L'art Et La Littérature
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CNRD 2016. Résister par l'art et la littérature. Combattre et survivre. 1 Sommaire. Avant-propos : Introduction. Partie I: Un artiste peut-il être un combattant dans la France occupée ? I) Combattre avec les mots. 1.La presse clandestine. 2. Les éditions de minuit. 3. La poésie engagée. II) L’art, un « instrument de guerre ». 1. La sculpture 2. La peinture 3. La musique Partie II : Comment les artistes se sont-ils engagés dans la France libre ? I) Combattre avec les mots dans la France Libre. 1. Les émissions de la BBC 2. Les poètes en zone sud. 3. La littérature combattante des français libres. II) L’art, une arme idéologique. 1. La contre-propagande alliée 2. Dessins et peintures 3. Les chansons de la résistance 2 Partie III : Peut-on survivre à l'enfermement et à la déportation par l'art et la littérature ? I) Créer dans les camps d'internement et le prisons 1. Prisons et camps en France 2. Les chants dans les prisons françaises. 3. Dessins et peintures II) Créer dans un camp de concentration 1. La nécessité de témoigner avec les mots. 2. La création artistique dans les camps nazis. a. La musique et le chant. b. Le théâtre c. les "objets humbles". 3. Témoigner par le dessin et la peinture. a. Créer, c'est survivre b. Les camps nazis avec les yeux d'enfants. Conclusion; Ressources. Table des matières. 3 Avant-propos : En 1940, la demande d’armistice formulée par Philippe Pétain auprès de l’Allemagne d’ Hitler marque une rupture dans l’histoire du XX° siècle. Dans un premier temps, les voix sont peu nombreuses pour s’élever contre cette décision qui implique le sort des français. Résister pour les artistes et tout d’abord un refus intellectuel. Que signifie résister ? Le mot résistance peut avoir plusieurs significations. Il signifie en premier lieu refuser l’ordre établi ; qu'il soit d'ordre politique, économique, social, ou culturel imposé par les occupants et le régime dictatorial de Vichy. Cette résistance est active et passe par des actes. Résister c’est aussi désobéir, s’insurger, tenir tête, ne pas participer à ce qui est proposé et imposé par les occupants …. C’est le non consentement. C’est aussi refuser d’être détruit, affaibli, supporter ce qui est pénible, vouloir survivre au delà des conditions de détention et d'enfermement. C’est une résistance mentale et psychologique. C’est une urgence de survie, conserver sa dignité, aider ses camarades à tenir, à résister. C’est aussi créer une œuvre pour s’évader, pour sortir de la sordide réalité. C’est continuer de créer malgré les conditions matérielles contraignantes, en dépit des interdits politiques et hors des «normes» esthétiques imposées par les forces au pouvoir. 4 Introduction. Les nazis et l'art. Des 1933 en Allemagne les nazis ont appliqué leur idéologie dans le domaine des arts. Les expositions artistiques ont pour but de promouvoir un art allemand façonné par l'idéologie. Les nazis veulent imposer leur loi à la vie culturelle française. La censure a pour but de détruire la culture française basée sur les idéaux révolutionnaires. Les œuvres encouragées exaltent le travail, la famille, la patrie et l'héroïsme. Le régime de Vichy collaborationniste adopte naturellement la même orientation. Il affiche un anti- modernisme en matière d’art mais, de façon ambiguë couvre les grands musées français pour les préserver du pillage. La difficile position de l'artiste. Face à cette situation, quel choix se pose à l’artiste ? Fallait-il se taire ? Poser sa plume ? Éteindre sa caméra ? Cesser de créer et de produire ? Contribuer à la propagande nazie ? Ou bien fallait-il affronter la censure ? Donc, fallait-il continuer d'exercer son art ? Certains font le choix de partir, de s’exiler, d’autres de se taire et les plus audacieux de produire dans la clandestinité. Cette forme de résistance est donc intellectuelle et morale. Pour comprendre comment l’art et la littérature ont-ils été une arme de la résistance, il convient donc de se demander comment les artistes ont-ils engagé leur art comme une arme dans la lutte contre l’occupant ? Il faut donc bien comprendre dans quels contextes les œuvres artistiques et littéraires ont été produites : - Dans la France occupée. - Dans la France libre - Dans les prisons et les camps. C’est à travers ces trois contextes de production que nous allons essayer de comprendre comment les artistes ont exprimé leur engagement. 5 Partie I : Un artiste peut-il être un combattant dans la France occupée ? Qu'est-ce que la France occupée ? Le 17 juin 1940, le maréchal Pétain annonce à la France qu’il « faut cesser le combat ». Le 18 juin 1940, le général de Gaulle lance son premier appel à la radio anglaise : "La France a perdu une bataille, mais la France n'a pas perdu la guerre !". Il refuse d'accepter la défaite, d'être soumis et encourage tous ceux qui pensent comme lui à résister à l'occupant. La « France occupée » désigne la France occupée par les nazis suite à la signature de l’armistice signé le 22 juin 1940 par le maréchal Pétain. La France est divisée en deux, séparée par la ligne de démarcation. - Une zone dite « libre » au sud où se situe le gouvernement de Vichy. - Une zone occupée par l’Allemagne au nord. À partir du 11 novembre 1942, la zone libre est à son tour occupée par les Allemands, qui ripostent au débarquement allié en Afrique du Nord. 6 Source : AJPN (Anonymes, Justes et Persécutés durant la période Nazie dans les communes de France) 7 I) Combattre avec les mots dans la France occupée. La liberté d’expression a été étouffée dans la France occupée ; des écrivains et artistes ont décidé d’engager leur art dans la lutte contre l’occupant en dénonçant à travers leurs écrits la domination allemande. 1. La presse clandestine En zone nord, la presse est directement sous tutelle de la Propaganda-Abteilung (direction de la propagande), contrôlée par Goebbels(ministre allemand de la propagande), à laquelle se trouve rapidement subordonnée l'Agence française d'information de presse. Une presse clandestine spécialisée se développe ; elle est faite par des écrivains et des artistes qui affichent leur solidarité avec les résistants. Par leurs publications, ils protestent, dénoncent l’occupation, luttent contre la censure et témoignent de l’action des combattants de la résistance. Les mots ont pour but d'informer et de réveiller l'opinion publique en apportant des éléments de réflexion et d'autres lectures que la propagande allemande. Les premiers papiers, les premiers tracts circulent dès l'été 1940, en zone occupée comme en zone libre. Les tracts privilégient les dessins, caricatures et les phrases chocs. Quelques titres de journaux clandestins parus à partir de 1940. 8 Extrait de la Une du journal clandestin Combat dans lequel on raconte l'avancement de la guerre et la progression des allemands aux résistants. La recherche du papier, de l’encre, l’utilisation d’une imprimerie, la rédaction et la diffusion de ces feuilles clandestines ne peuvent en effet être l’œuvre d’un seul homme, mais d’une équipe. Au début, les textes sont écrits à la main ou dactylographiés. Ils se terminent alors souvent par la mention "à copier et à faire circuler". Certains journaux, comme Combat ou Défense de la France, créent leur propre imprimerie clandestine, d'autres ont recours aux services d'imprimeurs. Par souci de sécurité, le travail ne peut s'effectuer que de nuit, avec un minimum de personnel, car les imprimeries sont surveillées par la police. Les imprimeurs lyonnais réalisent un véritable coup d'éclat. Depuis le débarquement d'Afrique du nord, la zone sud, dite "libre" est envahie par l'armée allemande le 11 novembre 1942. Le 31 décembre 1943, le quotidien collaborationniste Le Nouvelliste est détourné par un groupe d'imprimeurs et de résistants lyonnais qui publient un faux journal " le faux Nouvelliste" . Ce journal est tiré à 30.000 exemplaires et distribué dans les kiosques et chez les marchands de journaux de Lyon par des Groupes Francs de la Résistance lyonnaise, entre 5 et 7 heures du matin. 9 C'est Eugène Pons, imprimeur clandestin qui, aidé de résistants, imprime et publie ce faux journal qui garde l'exacte mise en page du Nouvelliste, mais détourne chacun des articles. Nous avons rencontré son petit-fils Bruno Canard, qui nous a raconté l'histoire de son grand père. Eugène Pons est arrêté le 22 mai 1944 et emprisonné à la prison de Montluc. Il sera déporté à Neuengamme un camp de concentration au sud d'Hambourg en Allemagne, où il meurt en 1945. Le Nouvelliste daté du 31 décembre 1943: les articles sont détournés par les résistants. 10 Photographie d'Eugène Pons transmise par son petit-fils Bruno Canard et certificat d'attribution de la médaille de la Résistance Française. 2. Les éditions de Minuit. Les Editions de Minuit apparaissent au début de l’année 1942. Jean Bruller un dessinateur connu fonde cette maison d’édition avec Pierre de Lescure. C’est dans cette maison d’édition clandestine que les plus grands poètes de la résistance publieront : Louis Aragon, Paul Eluard, Pierre Seghers… En février 1942 est publié le premier ouvrage des Editions de Minuit, Le Silence de la mer écrit par Jean Bruller sous le pseudonyme de Vercors. L’impression clandestine de ce livre a pris plus d’un 11 mois ; en effet, il fallait trouver du papier acheté au marché noir et les plombs pour l’impression. C’est dans la cuisine d’une amie de Vercors, Yvonne Desvignes, que les pages ont été assemblées pendant plus d’un mois ! Le Silence de la mer commence à circuler sous le manteau puis à l’automne 1942, il est publié par les services de propagande de La France Libre en plusieurs langues et diffusé à travers le monde.