Hommage à Dimanche 18 mars 2018 – 16h

GRANDE SALLE PIERRE BOULEZ – PHILHARMONIE WEEK-END LES OISEAUX

Pour certains scientifiques et certains historiens, la musique pourrait être née du désir des hommes d’imiter la voix des oiseaux, ressentie comme un véritable langage musical, au-delà de la simple émission de sons. Force est de constater que, si l’on ne peut trancher cette question, ceux que Messiaen, reprenant une image déjà utilisée au xviie siècle par le moine Paul de Montaigu notamment, appelait « les premiers musiciens du monde » ont constitué une inspiration de choix pour les compositeurs, qui se sont volon- tiers adonnés à l’évocation ou à l’imitation.

De cette fréquentation plus ou moins intime, c’est effectivement Messiaen qui donna le témoignage le plus riche : « La nature, les chants d’oiseaux ! Ce sont mes passions. Ce sont aussi mes refuges. […] C’est là que réside pour moi la musique », écrivait-il en préface à son Catalogue d’oiseaux, qui réunit presque trois heures de musique évoquant rousserolle effarvatte, cho- card des Alpes ou traquet rieur – la journée du dimanche, en compagnie de Pierre-Laurent Aimard, y sera consacrée. Celui qui se définissait autant comme ornithologue que comme compositeur remplit au cours de sa vie des centaines de carnets de chants d’oiseaux notés aussi précisément que possible, un ardent enthousiasme dont ses pièces musicales sont très nom- breuses à porter la trace.

Mais les petites bêtes à plumes n’ont bien sûr pas attendu le xxe siècle pour investir le champ musical. La musique baroque regorge déjà de leurs trilles et de leurs envolées, chez Vivaldi (notamment dans le Concerto pour flûte « Le Chardonneret ») ou chez Couperin, qui avaient eux-mêmes été précédés par des compositeurs comme Jacob van Eyck. Moins fréquents chez les clas- siques – mais pas absents, loin s’en faut –, ils prennent ensuite une place de choix chez les romantiques. Musique vocale, musique de chambre, musique symphonique, tous les genres les intègrent, et tous les pays les chantent. Respighi, Vaughan Williams, Saint-Saëns ou Debussy donneront tous à entendre leurs oiseaux réels ou rêvés, leurs sons de nature ou leurs histoires et fables animalières : la riche programmation de ce week-end est l’occasion de coups de projecteurs divers sur cette tendance forte de la musique savante.

02_WE_NDP_les-oiseaux.indd 1-2 08/03/2018 17:04 WEEK-END LES OISEAUX

Pour certains scientifiques et certains historiens, la musique pourrait être née du désir des hommes d’imiter la voix des oiseaux, ressentie comme un véritable langage musical, au-delà de la simple émission de sons. Force est de constater que, si l’on ne peut trancher cette question, ceux que Messiaen, reprenant une image déjà utilisée au xviie siècle par le moine Paul de Montaigu notamment, appelait « les premiers musiciens du monde » ont constitué une inspiration de choix pour les compositeurs, qui se sont volon- tiers adonnés à l’évocation ou à l’imitation.

De cette fréquentation plus ou moins intime, c’est effectivement Messiaen qui donna le témoignage le plus riche : « La nature, les chants d’oiseaux ! Ce sont mes passions. Ce sont aussi mes refuges. […] C’est là que réside pour moi la musique », écrivait-il en préface à son Catalogue d’oiseaux, qui réunit presque trois heures de musique évoquant rousserolle effarvatte, cho- card des Alpes ou traquet rieur – la journée du dimanche, en compagnie de Pierre-Laurent Aimard, y sera consacrée. Celui qui se définissait autant comme ornithologue que comme compositeur remplit au cours de sa vie des centaines de carnets de chants d’oiseaux notés aussi précisément que possible, un ardent enthousiasme dont ses pièces musicales sont très nom- breuses à porter la trace.

Mais les petites bêtes à plumes n’ont bien sûr pas attendu le xxe siècle pour investir le champ musical. La musique baroque regorge déjà de leurs trilles et de leurs envolées, chez Vivaldi (notamment dans le Concerto pour flûte « Le Chardonneret ») ou chez Couperin, qui avaient eux-mêmes été précédés par des compositeurs comme Jacob van Eyck. Moins fréquents chez les clas- siques – mais pas absents, loin s’en faut –, ils prennent ensuite une place de choix chez les romantiques. Musique vocale, musique de chambre, musique symphonique, tous les genres les intègrent, et tous les pays les chantent. Respighi, Vaughan Williams, Saint-Saëns ou Debussy donneront tous à entendre leurs oiseaux réels ou rêvés, leurs sons de nature ou leurs histoires et fables animalières : la riche programmation de ce week-end est l’occasion de coups de projecteurs divers sur cette tendance forte de la musique savante.

02_WE_NDP_les-oiseaux.indd 1-2 08/03/2018 17:04 WEEK-END LES OISEAUX Dimanche 18 mars DIMANCHE DE 06H À 22H MESSIAEN / CATALOGUE DE 14H30 À 17H CONCERT-PROMENADE 15H00 CONCERT SYMPHONIQUE D’OISEAUX Vendredi 16 mars DANS LA FORÊT LOINTAINE OISEAUX DE FEU PIERRE-LAURENT AIMARD, PIANO CLAUDINE ET PAUL-HENRI FLORÈS, PIANO ORCHESTRE PASDELOUP 20H30 CONCERT ENSEMBLE BAROQUE ATLANTIQUE 06H CONCERT DU LEVER DE SOLEIL ELENA SCHWARZ, DIRECTION ÉLÈVES DU PÔLE SUPÉRIEUR DES CANYONS AUX ÉTOILES DAVID BISMUTH, PIANO BOULOGNE-BILLANCOURT ENSEMBLE INTERCONTEMPORAIN GUILHEM LESAFFRE, RÉCITANT 10H PROJECTION Œuvres de Couperin, Dvořák et Martinaitis ENSEMBLE OF THE LUCERNE FESTIVAL ALUMNI FERNAND DEROUSSEN, SON DAWN CHORUS : THE SOUNDS OF SPRING MATTHIAS PINTSCHER, DIRECTION Œuvres de Ralph Vaughan Williams, Film de Nigel Paterson HIDÉKI NAGANO, PIANO Olivier Messiaen, Johannes Brahms, 16H00 RÉCITAL ORGUE JEAN-CHRISTOPHE VERVOITTE, COR Einojuhani Rautavaara… HOMMAGE À OLIVIER MESSIAEN SAMUEL FAVRE, XYLORIMBA 11H30 LEÇON DE MUSIQUE VINCENT WARNIER, ORGUE GILLES DUROT, GLOCKENSPIEL PIERRE-LAURENT AIMARD, 17H00 RÉCITAL PAUL MEYER, CLARINETTE ANN VERONICA JANSSENS, CRÉATION VISUELLE PRÉSENTATION, PIANO DAISHIN KASHIMOTO, VIOLON Olivier Messiaen NATURE ENCHANTERESSE Œuvre d’ HENRI DEMARQUETTE, VIOLONCELLE 14H30 DÉBAT ORCHESTRE DE CHAMBRE DE PARIS ÉRIC LE SAGE, PIANO MESSIAEN ET LES OISEAUX SASCHA GOETZEL, DIRECTION animé par Thomas Lacôte Œuvres d’ Olivier Messiaen KARINE DESHAYES, MEZZO-SOPRANO avec Julian Anderson, compositeur Samedi 17 mars JULIAN PRÉGARDIEN, TÉNOR et Peter Hill, musicologue, Jean Œuvres d’ Ottorino Respighi, Robert 16H30 CONCERT SUR INSTRUMENTS DU MUSÉE Boucault et Johnny Rasse, siffleurs 11H CONCERT EN FAMILLE Schumann, Claude Debussy, Charles OISEAUX BAROQUES Gounod, Ernest Chausson, Gustav CARNAVAL DES ANIMAUX 16H CONCERT D’APRÈS-MIDI Mahler, Hugo Wolf, Richard Wagner, HUGO REYNE, FLÛTE À BEC, FLAGEOLET D’OISEAU, SERINETTE SOLISTES DE L’ORCHESTRE NATIONAL Franz Schubert, Johannes Brahms, SASKIA SALEMBIER, VIOLON, CHANT D’ÎLE-DE-FRANCE Edvard Grieg… 18H30 CONCERT DU COUCHER DE SOLEIL CÉLINE GROUSSARD, COMÉDIENNE MARINA PAGLIERI, VIOLON NICOLAS GAUDART, COMÉDIEN JÉRÔME VIDALLER, VIOLONCELLE YANNICK VARLET, CLAVECIN 21H CONCERT DE LA NUIT ÉDOUARD SIGNOLET, TEXTE ET MISE EN ESPACE Samedi 17 mars Œuvres de Luciano Berio Œuvres d’ Antonio Vivaldi, et Camille Saint-Saëns Dimanche 18 mars François Couperin, Jacob van Eyck…

11H ET 15H SPECTACLE JEUNE PUBLIC ACTIVITÉS CE WEEK-END 15H00 MUSIQUE DE CHAMBRE LE PRINTEMPS LE NID SAMEDI DIMANCHE THEATER DE SPIEGEL Le Lab à 11h Un dimanche en orchestre à 14h CLAUDE LE JEUNE BESTIAIRE MUSICAL À PLUMES HELENE BRACKE, CHANT, JEU IGOR STRAVINSKI DOULCE MÉMOIRE ASTRID BOSSUYT, VIOLON, JEU DENIS RAISIN DADRE, DIRECTION, FLÛTE À BEC, Visite-atelier du Musée à 15h HANNE DENEIRE, COMPOSITION FLÛTES COLONNES LE CONCERT DES ANIMAUX KAREL VAN RANSBEECK, STEF VETTERS, WIM VAN DE VYVER, DÉCORS ET AUSSI Enfants et familles Adultes Concerts, ateliers, activités au Musée… Ateliers, visites du Musée…

02_WE_NDP_les-oiseaux.indd 3-4 08/03/2018 17:04 WEEK-END LES OISEAUX Dimanche 18 mars DIMANCHE DE 06H À 22H MESSIAEN / CATALOGUE DE 14H30 À 17H CONCERT-PROMENADE 15H00 CONCERT SYMPHONIQUE D’OISEAUX Vendredi 16 mars DANS LA FORÊT LOINTAINE OISEAUX DE FEU PIERRE-LAURENT AIMARD, PIANO CLAUDINE ET PAUL-HENRI FLORÈS, PIANO ORCHESTRE PASDELOUP 20H30 CONCERT ENSEMBLE BAROQUE ATLANTIQUE 06H CONCERT DU LEVER DE SOLEIL ELENA SCHWARZ, DIRECTION ÉLÈVES DU PÔLE SUPÉRIEUR DES CANYONS AUX ÉTOILES DAVID BISMUTH, PIANO PARIS BOULOGNE-BILLANCOURT ENSEMBLE INTERCONTEMPORAIN GUILHEM LESAFFRE, RÉCITANT 10H PROJECTION Œuvres de Couperin, Dvořák et Martinaitis ENSEMBLE OF THE LUCERNE FESTIVAL ALUMNI FERNAND DEROUSSEN, SON DAWN CHORUS : THE SOUNDS OF SPRING MATTHIAS PINTSCHER, DIRECTION Œuvres de Ralph Vaughan Williams, Film de Nigel Paterson HIDÉKI NAGANO, PIANO Olivier Messiaen, Johannes Brahms, 16H00 RÉCITAL ORGUE JEAN-CHRISTOPHE VERVOITTE, COR Einojuhani Rautavaara… HOMMAGE À OLIVIER MESSIAEN SAMUEL FAVRE, XYLORIMBA 11H30 LEÇON DE MUSIQUE VINCENT WARNIER, ORGUE GILLES DUROT, GLOCKENSPIEL PIERRE-LAURENT AIMARD, 17H00 RÉCITAL PAUL MEYER, CLARINETTE ANN VERONICA JANSSENS, CRÉATION VISUELLE PRÉSENTATION, PIANO DAISHIN KASHIMOTO, VIOLON Olivier Messiaen NATURE ENCHANTERESSE Œuvre d’ HENRI DEMARQUETTE, VIOLONCELLE 14H30 DÉBAT ORCHESTRE DE CHAMBRE DE PARIS ÉRIC LE SAGE, PIANO MESSIAEN ET LES OISEAUX SASCHA GOETZEL, DIRECTION animé par Thomas Lacôte Œuvres d’ Olivier Messiaen KARINE DESHAYES, MEZZO-SOPRANO avec Julian Anderson, compositeur Samedi 17 mars JULIAN PRÉGARDIEN, TÉNOR et Peter Hill, musicologue, Jean Œuvres d’ Ottorino Respighi, Robert 16H30 CONCERT SUR INSTRUMENTS DU MUSÉE Boucault et Johnny Rasse, siffleurs 11H CONCERT EN FAMILLE Schumann, Claude Debussy, Charles OISEAUX BAROQUES Gounod, Ernest Chausson, Gustav CARNAVAL DES ANIMAUX 16H CONCERT D’APRÈS-MIDI Mahler, Hugo Wolf, Richard Wagner, HUGO REYNE, FLÛTE À BEC, FLAGEOLET D’OISEAU, SERINETTE SOLISTES DE L’ORCHESTRE NATIONAL Franz Schubert, Johannes Brahms, SASKIA SALEMBIER, VIOLON, CHANT D’ÎLE-DE-FRANCE Edvard Grieg… 18H30 CONCERT DU COUCHER DE SOLEIL CÉLINE GROUSSARD, COMÉDIENNE MARINA PAGLIERI, VIOLON NICOLAS GAUDART, COMÉDIEN JÉRÔME VIDALLER, VIOLONCELLE YANNICK VARLET, CLAVECIN 21H CONCERT DE LA NUIT ÉDOUARD SIGNOLET, TEXTE ET MISE EN ESPACE Samedi 17 mars Œuvres de Luciano Berio Œuvres d’ Antonio Vivaldi, et Camille Saint-Saëns Dimanche 18 mars François Couperin, Jacob van Eyck…

11H ET 15H SPECTACLE JEUNE PUBLIC ACTIVITÉS CE WEEK-END 15H00 MUSIQUE DE CHAMBRE LE PRINTEMPS LE NID SAMEDI DIMANCHE THEATER DE SPIEGEL Le Lab à 11h Un dimanche en orchestre à 14h CLAUDE LE JEUNE BESTIAIRE MUSICAL À PLUMES HELENE BRACKE, CHANT, JEU IGOR STRAVINSKI DOULCE MÉMOIRE ASTRID BOSSUYT, VIOLON, JEU DENIS RAISIN DADRE, DIRECTION, FLÛTE À BEC, Visite-atelier du Musée à 15h HANNE DENEIRE, COMPOSITION FLÛTES COLONNES LE CONCERT DES ANIMAUX KAREL VAN RANSBEECK, STEF VETTERS, WIM VAN DE VYVER, DÉCORS ET AUSSI Enfants et familles Adultes Concerts, ateliers, activités au Musée… Ateliers, visites du Musée…

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PROGRAMME

Olivier Messiaen Livre d’orgue

ENTRACTE

Olivier Messiaen Quatuor pour la fin du temps

Vincent Warnier, orgue Paul Meyer, clarinette Daishin Kashimoto, violon Henri Demarquette, violoncelle Éric Le Sage, piano

FIN DU CONCERT VERS 18H15. LES ŒUVRES

Olivier Messiaen (1908-1992) Livre d’orgue

1. Reprise par interversion 2. Pièce en trio 3. Les mains de l’abîme 4. Chants d’oiseaux 5. Pièce en trio 6. Les yeux dans les roues 7. Soixante-quatre durées

Composition : 1951-52. Création : avril 1952, inauguration de l’orgue de la Villa Berg à Stuttgart, par le compositeur. Edition : A. Leduc, 1953. Durée : env. 45 minutes.

Le titre Livre d’orgue évoque les publications des organistes français du Grand Siècle comme Nivers, Lebègue, Grigny ou Clérambault, compo- sées de pièces destinées à la liturgie. Olivier Messiaen était lui-même un organiste au service de la liturgie : il a tenu le grand orgue Cavaillé-Coll de l’église de la Trinité à Paris depuis 1931 jusqu’à ses dernières années. Il aimait se définir comme musicien croyant et sa foi profonde teintée de mysticisme imprègne l’ensemble de sa musique. Pourtant, son Livre d’orgue n’est pas directement destiné à la liturgie, contrairement à son œuvre d’orgue précédente, la Messe de la Pentecôte (1949-50), et com- prend même les deux seules pièces complètement abstraites de toute sa production pour orgue. Les autres portent en revanche en exergue des citations bibliques, et pour certaines, des indications du temps liturgique auxquelles elles sont appropriées. Mais leur caractère expressif énig- matique, d’une écoute quelque peu ardue, et leur difficulté d’exécution doivent les faire considérer comme des méditations théologiques plutôt que des pièces fonctionnelles destinées à s’insérer dans des célébrations.

8 Les notes préparatoires laissées par Messiaen révèlent que le Livre d’orgue est la suite de la Messe de la Pentecôte, les deux œuvres faisant partie d’un même projet artistique. Ces deux recueils se caractérisent par une volonté poussée de recherche sur le langage musical, atteignant un degré inédit de radicalité. Dès la publication de son ouvrage Technique de mon langage musical (1944), Messiaen considère les différents éléments de la composi- tion (la mélodie, le rythme, l’harmonie) comme relativement indépendants, pouvant donner lieu à des traitements complexes différenciés et autonomes (emprunts, variations, déformations…) : « J’ai essayé de séparer l’étude de la durée de l’étude du son, j’ai essayé de libérer le rythme non seulement de la mesure mais aussi de la métrique et de la symétrie […] En résumé, je suis avant tout un rythmicien » (1954). Cette pensée paramétrique dissociée ouvre la voie à l’idée de sérialisation intégrale qui sera explorée par ses disciples, au premier rang desquels Pierre Boulez.

Dans le Livre d’orgue, « l’inquiétude rythmique » qui anime Messiaen depuis toujours prend la forme d’une expérimentation spéculative qui relègue exceptionnellement critères mélodiques ou harmoniques au second plan. Pour le choix des hauteurs, Messiaen emploie systématique- ment les douze sons de la gamme chromatique, ce qui donne un langage complètement atonal, sans utiliser pour autant la technique sérielle à la manière de l’École de Vienne. L’emploi de registrations atypiques, aux plans sonores très différenciés, renforce l’étrangeté de ce monde sonore « à la limite du pays fertile ».

1. Reprises par interversion donne son intention formelle dans son titre : cette pièce plutôt aride met en œuvre un schéma préétabli de permuta- tions, en quatre sections séparées par des silences. Son écriture stricte- ment monodique (une seule note à la fois) met en évidence les structures rythmiques réparties de manière pointilliste sur les différents plans sonores de l’orgue. Messiaen emprunte trois « rythmes hindous » (deçî-tâlas) trai- tés en « personnages rythmiques » : les valeurs de l’un augmentent de la durée d’une triple croche à chaque répétition, le second diminue d’autant et le troisième reste fixe. Ces trois rythmes impairs et asymétriques (res- pectivement 3, 3 et 6 notes) sont habillés d’une série de douze hauteurs et vont ensuite être répétés selon toutes les permutations possibles. Les seconde et troisième sections intriquent les motifs rythmiques en

9 employant des rétrogradations : en éventail « des extrêmes au centre » puis « du centre aux extrêmes ». Enfin, la dernière section est la rétro- gradation exacte de la première (des dernières notes aux notes initiales). Une telle invention sonore met évidence « le charme des impossibilités » dont se délectait Messiaen.

2. La première Pièce en trio est associée symboliquement au mystère de la Sainte Trinité. Sa polyphonie complexe à trois voix (deux mains et pédalier) utilise pas moins de dix-sept rythmes hindous différents, deçî- tâlas qui fascinaient Messiaen par leur plasticité irréductible à une pulsa- tion régulière et leur subtilité bien supérieure aux rythmes des musiques occidentales. Leurs noms en sanscrit émaillent la partition, et ils sont « variés, monnayés et traités en valeurs irrationnelles », ce qui confère à l’ensemble souplesse et vivacité.

3. Les mains de l’abîme, qui cite le prophète Habacuc (« L’abîme a jeté son cri ! la profondeur a levé ses deux mains ! ») est inspiré d’un paysage impressionnant des montagnes du Dauphiné : le défilé de l’Infernet où se précipite le torrent de la Romanche. C’est aussi un appel désespéré vers Dieu qui monte de l’abîme, composé « pour les temps de pénitence », joué en tutti, dans les nuances fortissimo. Messiaen utilise des rythmes hindous caractérisés par des durées très longues opposées à des très courtes et les traite de nouveau en « personnages rythmiques ». La partie centrale fait entendre les jeux les plus graves de l’orgue au pédalier (mélodie indiquée « la profondeur ») auxquels se superposent des sonorités impalpables et très aigues, « la réponse divine, douceur aérienne, tendresse lointaine et cachée » (Olivier Messiaen).

4. Au milieu de l’austère abstraction, les Chants d’oiseaux forment un contraste étonnant. Messiaen a noté les chants du merle noir, du rouge- gorge, de la grive musicienne et du rossignol avec une précision d’ornitho- logue au cours de ses promenades dans la forêt de Saint-Germain, dans l’Aube ou en Charente. Les oiseaux sont pour lui « nos petites serviteurs de l’immatérielle joie », et le renouveau de leurs chants au printemps convient au temps pascal. Différentes strophes gazouillées, monodiques, sont séparées par un refrain sur un rythme hindou affecté des mêmes types de rétrogradations complexes que dans la première pièce.

10 5. Dans la seconde Pièce en trio, destinée également à la fête de la Sainte Trinité, les deux voix manuelles se livrent à de savants jeux d’augmenta- tions et diminutions rythmiques, permutations et rétrogradations à partir de différents rythmes hindous (la partition donne comme ailleurs les clés de l’analyse), alors qu’au pédalier est jouée une ligne aux intervalles distendus que Messiaen appelle « mélodie principale ». On a décou- vert récemment qu’il s’agissait d’un emprunt au contour mélodique de « La chanson du perroquet » du deuxième acte de Boris Godounov de Moussorgski. La matrice d’allure populaire est devenue complètement indécelable, avec ses intervalles mélodiques modifiés1. Cette pièce a été écrite en contemplant les glaciers du Râteau, de la Meije et du Tabuchet.

6. Les Yeux dans les roues cite une vision du prophète Ezéchiel : « Et les jantes des quatre roues étaient remplies d’yeux tout autour. Car l’Esprit de l’Être vivant était dans les roues ». Répondant à la pièce no 3, cette page se joue avec toute la puissance du tutti de l’orgue. Elle évoque ainsi l’Esprit Saint et est destinée à la fête de la Pentecôte. Alors que les mains exécutent une redoutable toccata disjointe et acérée, la partie grave jouée au pédalier est traitée en ce que Messiaen appelle des « sons-durées » : chaque hauteur est toujours associée à la même durée (de une à douze double croches), au sein d’une série dodécaphonique où l’ordre des sons subit toutes les permutations possibles.

7. Messiaen considérait l’ultime pièce, Soixante-quatre durées, comme une « victoire rythmique ». L’élaboration autonome des structures de durées y atteint son paroxysme, à partir d’un matériau constitué d’une échelle chromatique de soixante-quatre valeurs temporelles différentes (de la triple croche à la note carrée) soumise, par groupes de quatre notes, à toutes sortes de permutations et de canons sophistiqués. On atteint là la pure abstraction géométrique car l’oreille humaine ne peut saisir une telle complexité, ne pouvant percevoir finement la différenciation des durées entre elles. Cette page qui met à rude épreuve la concentration de l’interprète est en outre habitée par des chants d’oiseaux notés près

1 Voir Yves Balmer, Thomas Lacôte, Christopher Brent Murray, Le modèle et l’inven- tion, Messiaen et la technique de l’emprunt, éd. Symétrie, 2017, p. 51. 11 du lac de Petichet où Messiaen avait une maison, joués fréquemment dans le registre grave, comme une présence naturelle et spirituelle vivante.

Isabelle Rouard

Quatuor pour la fin du Temps

1. Liturgie de cristal 2. Vocalise, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps 3. Abîme des oiseaux 4. Intermède 5. Louange à l’Éternité de Jésus 6. Danse de la fureur, pour les sept trompettes 7. Fouillis d’arcs-en-ciel, pour l’Ange qui annonce la fin du Temps 8. Louange à l’immortalité de Jésus

Composition : 1940. Création : le 15 janvier 1941 à Görlitz (Silésie), Stalag VIII A, par Jean Le Boulaire (vio- lon), Henri Akoka (clarinette), Étienne Pasquier (violoncelle), Olivier Messiaen (piano). Effectif : violon, clarinette, violoncelle, piano. Éditeur : Durand. Durée : environ 49 minutes.

« Je vis un ange plein de force, descendant du ciel, revêtu d’une nuée, ayant un arc-en-ciel sur la tête. Son visage était comme le soleil, ses pieds comme des colonnes de feu. Il posa son pied droit sur la mer, son pied gauche sur la terre, et, se tenant debout sur la mer et sur la terre, il leva la main vers le Ciel et jura par Celui qui vit dans les siècles des siècles, disant : Il n’y aura plus de Temps ; mais au jour de la trompette du septième ange, le mystère de Dieu se consommera. »

(Apocalypse de saint Jean, Chapitre X)

12 Conçu et écrit pendant ma captivité, le Quatuor pour la fin du Temps fut donné en première audition au Stalag VIII A le 15 janvier 1941, par Jean Le Boulaire (violoniste), Henri Akoka (clarinettiste), Étienne Pasquier (violoncelliste) et moi-même au piano. Il a été directement inspiré par cette citation de l’Apocalypse. Son langage musical est essentiellement immatériel, spirituel, catholique. Des modes, réalisant mélodiquement et harmoniquement une sorte d’ubiquité tonale, y rapprochent l’auditeur de l’éternité dans l’espace ou infini. Des rythmes spéciaux, hors de toute mesure, y contribuent puissamment à éloigner le temporel. (Tout ceci res- tant essai et balbutiement, si l’on songe à la grandeur écrasante du sujet !)

Ce Quatuor comporte huit mouvements. Pourquoi ? Sept est le nombre parfait, la création de six jours sanctifiée par le sabbat divin ; le sept de ce repos se prolonge dans l’éternité et devient le huit de la lumière indé- fectible, de l’inaltérable paix.

Olivier Messiaen (Préface de la partition)

13 LE COMPOSITEUR

Olivier Messiaen dédiés. Messiaen esquisse Technique Fils de la poétesse Cécile Sauvage et de de mon langage musical, qui présente Pierre Messiaen, Olivier Messiaen crut ses modes à transposition limitée, les toujours en la bonne étoile du parrai- rythmes hindous… Ce traité sera édité nage artistique de sa mère. Dès l’âge en 1944. Au lendemain de la guerre, on de 11 ans, il entre au Conservatoire de reproche au compositeur ses commen- Paris où il suit une formation complète taires mêlant théologie et analyse, ainsi qui durera plus de dix ans, comprenant que la nature même de sa musique. piano, accompagnement, harmonie, Roland-Manuel et Poulenc prennent sa orgue et composition. Les Préludes défense. Trois œuvres liées au thème pour piano datent de la fin de cette de l’amour voient le jour : (1945), période. En 1931, il est nommé titulaire Turangalîla-Symphonie (1948) et les Cinq de l’orgue de l’église de la Trinité à Rechants (1949). Au début des années Paris, mais échoue au prix de Rome. En 1950, Messiaen fréquente l’avant-garde 1935, il s’associe aux compositeurs de musicale, dont certains membres sont la Spirale puis fonde le groupe Jeune ses étudiants au Conservatoire : Boulez, France avec Baudrier, Daniel-Lesur Stockhausen, Xenakis. En témoignent et Jolivet. Les Poèmes pour Mi (1937) les Quatre Études de rythme pour piano chantent son amour pour la violo- (1949), mais aussi le Livre d’orgue (1952). niste Claire Delbos épousée en 1932. Son style s’infléchit avec un travail Mobilisé au début de la Seconde Guerre approfondi sur les chants d’oiseaux, qu’il mondiale, Messiaen est fait prisonnier recueille et note après avoir rencontré et détenu au camp VIIIa de Görlitz, en l’ornithologue Jacques Delamain, Silésie. C’est là, dans des conditions établissant un gigantesque réservoir proches du dénuement, qu’il écrit le mélodique. Le Réveil des oiseaux Quatuor pour la fin du temps, qui y est (1953), (1956), créé le 15 janvier 1941. Libéré début Catalogue d’oiseaux (1958) illustrent mars 1941, le compositeur rejoint Vichy cette nouvelle manière. La nature au puis Paris, où il est nommé professeur sens large, découverte au cours de ses d’harmonie au Conservatoire. Parmi nombreux voyages, inspire la musique ses premiers élèves figure la jeune de Messiaen : Sept Haïkaï (1963), Des pianiste , qui sera son canyons aux étoiles… (1974). En 1975, interprète privilégiée avant de devenir Rolf Liebermann passe commande à sa seconde épouse ; les Vingt Regards Messiaen d’un opéra : ce sera Saint pour l’Enfant Jésus (1944) lui sont François d’Assise. Messiaen en écrit

14 livret et musique, et passe plus de cinq Sa dernière œuvre achevée,­ Éclairs sur ans à réaliser l’orchestration de l’œuvre l’au-delà, pour grand orchestre, est créée au Palais Garnier le 28 novembre habitée de la foi profonde qui traverse 1983 sous la direction de Seiji Ozawa. tout l’œuvre du compositeur : « J’y parle Épuisé, le compositeur met un an à naturellement du Christ, qui sera la se lancer dans un nouveau projet : Le Lumière des Ressuscités : ils seront lumi�- Livre du Saint-Sacrement, pour orgue. neux parce que le Christ est lumineux. »

LES INTERPRÈTES

Vincent Warnier Escaich, Éric Tanguy et Jacques Lenot). Concertiste, pédagogue et organiste Vincent Warnier se produit régulière- titulaire de Saint-Étienne-du-Mont ment aux côtés de formations comme à Paris, Vincent Warnier est l’un des l’Orchestre de Paris, l’Orchestre musiciens français les plus en vue. Il Philharmonique de Radio France, l’Or- effectue des études très complètes chestre National de France, l’Orchestre au Conservatoire de Strasbourg puis National de Lille, l’Orchestre National au (CNSMDP), de Lyon, l’Orchestre de l’Opéra de où il obtient de nombreux premiers Lyon, Les Siècles ou l’Orchestre de la prix, étudiant auprès de Daniel Roth, Radio Suédoise, sous la direction de André Stricker, Michel Chapuis ou chef tels que Daniel Harding, Christoph encore Marie-Claire Alain. Premier Eschenbach, Evgeny Svetlanov, Leonard grand prix d’interprétation au Grand Slatkin, Emmanuel Krivine, James Colon, Prix de Chartres en 1992, il débute une François-Xavier Roth, Kazushi Ono, Jun carrière de concertiste dans le monde Märkl… On a pu récemment l’entendre entier, partageant avec le public sa lors des concerts d’inauguration des passion pour le répertoire de son orgues de la Philharmonie de Paris et de instrument et pour l’improvisation. l’Auditorium de Radio France, en compa- Ses enregistrements, qui témoignent gnie de l’Orchestre National de Lyon de son éclectisme, sont régulièrement et de l’Orchestre National de France saluées par la critique (Diapason d’or respectivement dirigés par Leonard pour l’intégrale des œuvres de son Slatkin et Christoph Eschenbach. Ces prédécesseur à Saint-Étienne-du-Mont, manifestations ont été saluées par la Maurice Duruflé, ainsi que pour son réci- presse. Parmi ses projets immédiats tal de musique française du XXe siècle figure une importante tournée de ­comprenant des créations­ de Thierry concerts en Amérique du Nord en avril

15 2018. Pédagogue recherché, Vincent symphoniques et de chambre en Warnier donne de nombreuses master- Europe, Asie et Amérique du Sud : classes. Agrégé de musicologie, il est un Orchestre Philharmonique de Radio conférencier très apprécié et collabore France, Brussels Philharmonic, à la production d’émissions sur France Orchestre Symphonique d’Anvers, Musique tout en publiant de nombreux Sinfoniker Hamburg, Tonkünstler- articles musicologiques. Orchester, Sinfonia Varsovia, Orchestre Philharmonique de Prague, Orchestre Paul Meyer de chambre de Lausanne, Orchestre Depuis ses débuts fulgurants – il a Philharmonique de Copenhague, remporté les prestigieux concours de Orchestre Symphonique du Dane- l’Euro­vison et Young Concert Artist à mark, Russian National Orchestra, New York en 1982 à l’âge de 17 ans –, Orchestre Métropolitain et Orchestre Paul Meyer n’a cessé de surprendre. Son Philharmonique de Tokyo, Orchestre parcours est jalonné des plus belles ren- Philharmonique de Shanghai, Orchestre contres musicales : Benny Goodman, Philharmonique de Chine, Orchestre Isaac Stern, Mstislav Rostropovitch, Symphonique de Taipeh Symphonic… Martha Argerich, Yo-Yo Ma…, parte- Sa rencontre avec Pierre Boulez et naires avec lesquels il joue dans les Luciano Berio fut déterminante : Paul salles de concert les plus réputées. Meyer œuvre au développement du Il s’oriente très vite vers la direction répertoire pour clarinette en créant des d’orchestre, tout en poursuivant une concertos écrits pour lui par Krzysztof carrière de clarinettiste qui l’impose Penderecki, Michael Jarrell, Qigang dans le monde entier. Après avoir créé Chen, Luciano Berio, Édith Canat de l’Orchestre de chambre d’Alsace, il se Chizy ou Thierry Escaich dans les plus perfectionne à la direction d’orchestre grands festivals (Salzbourg, Vienne, auprès du pédagogue anglais John Amsterdam…). Ses prochaines créa- Carewe – professeur de Simon Rattle tions seront des œuvres de Guillaume – et profite des conseils de chefs tels Connesson et Éric Montalbetti. La car- que Marek Janowski, Emmanuel Krivine rière discographique de Paul Meyer, qui ou encore Myung-Whun Chung. De comprend plus de cinquante disques 2006 à 2010, il est chef associé de chez DGG, Sony, RCA ou EMI, a rem- l’Orchestre Philharmonique de Séoul, porté de nombreuses récompenses : à l’invitation de Myung-Whun Chung. Fono Forum, Diapason d’or, Choc du En 2009, il est nommé chef principal Monde de la musique, Choc de Classica, de l’Orchestre Kosei de Tokyo. Très Gramophon, Grammy Awards… Il a vite, il dirige les plus grands ­orchestres récemment enregistré les concertos

16 de Weber, qu’il joue et dirige, avec des Berliner Philharmoniker en 2009, il l’Orchestre de Chambre de Lausanne s’est produit en tant que soliste avec et le concerto de Thierry Escaich qui lui les Berliner Philharmoniker sous la est dédié avec l’Orchestre National de direction de Sir Simon Rattle et Andris l’Opéra de Lyon. Il a fondé l’ensemble Nelsons. Il est également membre de Les Vents Français et est cofondateur l’Octuor des Berliner Philharmoniker. avec Éric Le Sage et Emmanuel Pahud Entre 2010 et 2013, Daishin Kashimoto du Festival International de Musique de a interprété et enregistré l’intégrale Salon de Provence. des sonates pour violon et piano de Beethoven avec Konstantin Lifschitz. Daishin Kashimoto Les trois tournées au Japon aux­­ Premier violon solo des Berliner quelles a donné lieu ce projet ont été Philharmoniker et soliste très demandé, saluées par la critique. Cette intégrale Daishin Kashimoto s’est produit avec de est parue chez Warner Classics en nombreux orchestres, dont le Boston 2014. Auparavant, Daishin Kashimoto Symphony, l’Orchestre National de avait gravé différents disques, dont France, les orchestres de la radio le Concerto de Brahms avec la bavaroise et de la radio de Francfort, Staatskapelle de Dresde et Myung- la Staatskapelle de Dresde, l’Orchestre Whun Chung chez Sony. Daishin Philharmonique de Saint-Pétersbourg, Kashimoto a débuté le violon avec l’Orchestre de la Suisse Romande, Kumiko Etoh à Tokyo. En 1986, il a ­l’Orchestre Philharmonique Tchèque été le plus jeune étudiant à intégrer ou l’Orchestre Symphonique de la le programme pré-universitaire de la NHK, sous la direction de chefs comme Juilliard School of Music de New York, Seiji Ozawa, Lorin Maazel, Semyon où il a étudié avec Naoko Tanaka. En Bychkov, Sir Simon Rattle, Mariss 1990, il a accepté l’invitation de Zakhar Jansons et Charles Dutoit, entre autres. Bron d’étudier avec lui en Allemagne, Également actif dans le domaine de à la Musikhochschule de Lübeck. De la musique de chambre, il a joué aux 1999 à 2004, il a été l’élève de Rainer côtés de musiciens comme Martha Kussmaul à la Musikhochschule de Argerich, Itamar Golan, Yuri Bashmet, Fribourg. Il a remporté les premiers prix Gidon Kremer, Mischa Maisky, Gérard de nombreux concours, notamment du Caussé, Paul Meyer, Emmanuel Pahud, 6e Concours Yehudi Menuhin en 1993, Éric Le Sage… Depuis 2007, il est direc- du Concours de Cologne en 1994, et teur musical du festival de musique de des Concours Fritz Kreisler à Vienne chambre « Le Pont » à Ako et Himeji et Marguerite Long-Jacques Thibaud au Japon. Nommé premier violon solo à Paris en 1996. Daishin Kashimoto vit

17 à Berlin. Il joue sur un violon d’Andrea Franck. Henri Demarquette est l’initia­ Guarneri de 1674. teur de Vocello, un projet réunissant violoncelle et chœur a cappella, avec Henri Demarquette ­l’ensemble vocal Sequenza 9.3 dirigé Né en 1970, Henri Demarquette entre par Catherine Simonpietri, autour à 13 ans au Conservatoire national d’œuvres de la Renaissance et de supérieur de musique et de danse de partitions contemporaines. Depuis Paris, où il étudie avec Philippe Muller et 2012, de nombreuses œuvres nouvelles Maurice Gendron. Titulaire d’un premier ont été composées pour cette forma- prix à l’unanimité, il travaille également tion. Courant 2016, Vocello a été en avec Pierre Fournier et Paul Tortelier, résidence au Collège des Bernardins. puis avec János Starker à Bloomington Depuis 2012, Henri Demarquette est aux États-Unis. Sa carrière prend un invité par Michel Onfray à intervenir essor international qui le conduit dans dans le cadre de l’Université Populaire de nombreuses capitales, accompa- de Caen. En compagnie de l’essayiste, gné des plus grands orchestres fran- poète et musicien Jean-Yves Clément, çais ou étrangers ou en compagnie de il évoque divers aspects de la musique ses partenaires pianistes privilégiés : sous forme de causeries-conférences. Boris Berezovsky, Michel Dalberto, Cette ouverture d’esprit se reflète dans Jean-Bernard Pommier, Fabrizio une discographie éclectique, couronnée Chiovetta, Vanessa Benelli Mosell de nombreuses distinctions en France ou Jean-Frédéric Neuburger. Henri et à l’étranger. Henri Demarquette a Demarquette joue également en duo reçu de l’Académie des Beaux-Arts le avec l’accordéoniste Richard Galliano Prix de la Fondation Simone et Cino del un programme éclectique s’étendant Duca. Il joue le Stradivarius « Vaslin » de de Bach à Galliano. En 2014, ce duo 1725, qui lui est confié par LVMH/Moët crée Contrastes, pour accordéon, Hennessy Louis Vuitton. violoncelle et orchestre, composé par Richard Galliano. Depuis 2015, Henri Éric Le Sage Demarquette se produit en quatuor à Éric Le Sage est un pianiste très cordes aux côtés d’Augustin Dumay, demandé à travers le monde. L’année Svetlin Roussev et Miguel da Silva. Henri 2010 est pour lui l’aboutissement d’un Demarquette a créé le concerto pour magnifique et ambitieux projet qui lui violoncelle de Michel Legrand, qui a fait tient à cœur depuis ses débuts, avant l’objet d’un enregistrement sous le label même qu’il remporte le Concours Sony avec l’Orchestre Philharmonique Schumann de Zwickau en 1989 : de Radio France dirigé par Mikko enregistrer et jouer sur scène l’intégrale

18 de la musique pour piano de Schumann. ses collaborations récentes ou à venir, Ses enregistrements sont considérés par figurent des orchestres comme le la critique internationale comme une Los Angeles Philharmonic Orchestra, référence. Ils sont récompensés en août le Toronto Symphony Orchestra, le 2010 par le Prix de l’année de la critique Saint Louis Symphony Orchestra, le de disque allemande. Il reçoit par SWR Sinfonieorchester de Stuttgart, ailleurs le Choc de l’Année de Classica le Rotterdam Philharmonic, le pour l’un des volumes de son intégrale Münchener Kammerorchester, l’Orches­ en décembre 2010. Un deuxième tre Philharmonique de Liège… Il s’est Choc de l’Année lui est attribué pour également produit en soliste aux côtés son disque consacré à Guillaume de formations comme l’Orchestre Connesson avec le Royal Scottish Philharmonique de Radio France, National Orchestra. Le Théâtre des l’Orches­tre du Capitole de Toulouse, Champs-Élysées, le Festival Beethoven la Philharmonie de Dresde, l’Orchestre de Varsovie, le Musée Louisiana au de Chambre de Cologne… sous la Danemark, le Festival Schumann de la baguette de chefs comme Armin Tonhalle de Düsseldorf, le Festival de Jordan, Edo de Waart, Stéphane La Roque-d’Anthéron, la Folle Journée Denève, Louis Langrée, Michel Plasson, de Nantes, le Festival de Stavelot Sir Simon Rattle… Né à Aix-en Provence, en Belgique, le Festival de Torroella Éric Le Sage termine ses études au en Espagne, le Domaine Forget au Conservatoire de Paris (CNSMDP) à Québec, la Salle Philharmonique de 17 ans puis se perfectionne à Londres Liège, parmi de nombreux autres lieux, auprès de Maria Curcio. Il est lauréat l’invitent à célébrer Schumann en 2010. de plusieurs concours internationaux : Éric Le Sage est par ailleurs l’invité de Premier Prix du Concours International très nombreuses salles de concert de piano de Porto en 1985, Premier et de nombreux festivals à travers le Prix du Concours International Robert monde. En 2008 et 2010, la Salle Pleyel Schumann de Zwickau en 1989 et lui offre deux cartes blanches. Il se lauréat du concours de Leeds l’année produit par ailleurs au Wigmore Hall, à suivante. Il a enregistré de nombreux la Schubertiade de Schwartzenberg, au disques, notamment chez BMG-RCA, Festival de Ludwigsburg, à l’Alte Oper Denon, Harmonia Mundi, Naïve et de Francfort, au Théâtre du Châtelet, au EMI, salués par la critique (Choc du Suntory Hall de Tokyo, à Carnegie Hall Monde de la Musique, 3 Diapasons à New York, au Palais des Beaux-Arts d’Or, 10 de Répertoire, Grand Prix du de Bruxelles, au Festival d’­ Édimbourg, Disque, Disque du mois des maga-

au Festival de Saint-Magnus… Parmi zines Gramophone et Fonoforum, Echo E.S. 1-1083294, 1-1041550, 2-1041546, 3-1041547 - Imprimeur : IMPRO

19 Klassik…). Son enregistrement de l’inté- grale de Francis Poulenc pour RCA-BMG (piano seul, musique de chambre et concertos) a été couronné par le Prix de l’Académie Charles Cros, une Victoire de la musique, un Prix Caecilia (Belgique) et élu Disque de l’année au Japon. En 2014 est paru le dernier des cinq opus qui constituent l’enregistre- ment de l’œuvre intégrale avec piano de Gabriel Fauré. Éric Le Sage est aussi, avec Paul Meyer et Emmanuel Pahud, le créateur et le directeur artistique du Festival Musique à l’Empéri à Salon de Provence. Il enseigne à la Hochschule für Musik de Fribourg.

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