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Alors que des violences ont été enregistrées la veille à Chorfa et à Saharidj

Bouira : large débrayage des commerçants

Les comm erçant s de Bouira ont large ment adhér é à l’appe l à la grève génér ale. © D.R.

La plupart des commerces de la wilaya ont baissé rideau. Dans la nuit de lundi à mardi, des émeutes ont éclaté à Saharidj et à Chorfa.

La grève des commerçants a pris de l’ampleur hier à Bouira. Le débrayage s’est étendu à d’autres communes, à l’instar de celles de , d’El-Adjiba, d’, d’El-Esnam, de , d’Aïn Lahdjer. Excepté certaines localités, comme , Sour El-Ghozlane et Aïn Bessem, les commerçants de la wilaya ont fini par adhérer à ce mouvement de grogne. Selon certaines estimations, en interne et provenant de la Direction du commerce (DCP) de Bouira, un taux de suivi de 77% a été enregistré, ce qui reste un chiffre inédit pour la wilaya. À la mi-journée, les transporteurs privés, notamment ceux de la ligne Bouira-Bechloul, se sont mis de la partie en décrétant une grève illimitée en raison de la circulaire du ministère des Transports et des Travaux publics interdisant toute augmentation des tarifs. Ces transporteurs estiment que cette circulaire est “pénalisante” car, selon eux, l’augmentation des prix des carburants impacte directement leurs charges. “Nous avons décidé d’entamer cette grève afin de nous insurger contre la politique du deux poids deux mesures appliquée par le gouvernement”, justifient-ils. En somme, la wilaya de Bouira était hier entièrement paralysée. L’élargissement de la grève s’est voulu une réaction aux déclarations de l’UGCAA. En effet, les commerçants de Bouira ont perçu les déclarations d’El-Hadj-Tahar Boulenouar, président de l’Union générale des commerçants et artisans algériens (UGCAA) comme une provocation, voire un “mépris”. Ce qui a d’ailleurs eu pour effet de les mobiliser davantage. Et finit par convaincre les réticents de rejoindre le mouvement de grève. Le patron de l’UGCAA, avait, en effet, affirmé en que “certains commerçants à Béjaïa et à Bouira ont reçu des menaces, de personnes inconnues, de casser les façades de leurs locaux s’ils ne répondaient pas favorablement à l’appel à la grève”. Le représentant de l’UGCAA, à l’échelle locale, M. Ahmed Talbi, a attisé le feu en indiquant que cette action est “illégale”, allant même jusqu’à parler de manipulations. Pour les commerçants grévistes, ces déclarations sont “irresponsables” et viseraient à semer la division. “Le gouvernement et ses relais voient la manipulation et la fameuse main étrangère partout. En revanche, ils semblent sciemment ignorer la misère des citoyens et la cherté de la vie. Des conditions qu’ils ont créées par leur mauvaise gestion des ressources de notre pays”, assènera un jeune commerçant de la cité Ecotec, au centre-ville de Bouira. Pour notre interlocuteur, cette grève émane d’un “ras-le-bol généralisé”. D’autres réfutent catégoriquement les dires du président de l’UGCAA. “Ces déclarations sont surannées et datent de l’ère du parti unique. Des menaces… de qui ? Je ne connais pas ce monsieur, mais il devrait, selon moi, sortir de son bureau et venir voir comment nous vivons (…) personne ne m’a menacé et j’ai décidé de débrayer pour dire à ce gouvernement basta à l’austérité !”, s’est emporté Madjid, un commerçant du quartier des 338-Logements. En outre, même si des divergences subsistaient entre les commerçants sur les modalités et les objectifs de cette grève, ils étaient, en revanche, unanimes quant à l’aspect pacifique de leur mouvement. D’ailleurs, ils ont tous condamné les dérapages observés à Béjaïa et dans certaines localités de la wilaya. En effet, dans la soirée de lundi, des jeunes ont attaqué les brigades de la Gendarmerie nationale à Chorfa et à Saharidj, à l’extrême est de Bouira. Ainsi, à Chofa, vers 21h30, des jeunes ont caillassé la brigade de gendarmerie. Fort heureusement, les gendarmes ont fait preuve de sang-froid et n’ont pas répliqué. En revanche à Saharidj, des jeunes ont tenté de défoncer le portail de la brigade locale de la gendarmerie. Des escarmouches ont éclaté, faisant trois blessés dans les rangs des casseurs. Dans la même soirée, des jeunes de la commune d’Ahnif ont obstrué l’autoroute Est-Ouest à l’aide de pneus enflammés et autres blocs de pierre. La même scène s’est reproduite hier après-midi où des jeunes ont bloqué l’autoroute Est-Ouest au niveau de la localité d’El-Esnam. Nous apprenons, par ailleurs, que la commission de sécurité présidée par le wali s’est réunie avant-hier soir afin de décider des mesures sécuritaires à prendre et éviter le scénario de Béjaïa.

Raffour : appel à la sagesse Face aux risques de dérapage liés à la grève générale des commerçants à Bouira, le collectif des citoyens de Raffour, a organisé, hier, en fin d’après-midi, un rassemblement dans lequel il appelle les citoyens, notamment les jeunes, à faire preuve de “sagesse et de pondération”. Les membres de ce collectif, soulignent que la situation est suffisamment alarmante pour ne pas tomber dans la spirale de la violence et, par conséquent, éviter les actes de vandalisme pouvant embraser la région. Lors de ce rassemblement, plusieurs acteurs du mouvement citoyen local, ont pris la parole, dans le but d’appeler les citoyens à revendiquer leurs droits d’une manière pacifique et ne pas céder aux sirènes de ceux qui voudraient embraser la Kabylie et la région de M’Chedallah en particulier. Pour rappel, dans la soirée d’avant-hier, quelques jeunes de cette localité ont momentanément bloqué la RN 26 menant vers la wilaya de Béjaïa.

RAMDANE BOURAHLA