LE MONDE DES LIVRES

VENDREDI 18 MAI 2001

LE FEUILLETON LES INFORTUNES RELIGION OUVERTE, LES FOUS DU LOGIS DE PIERRE LEPAPE DES RELIGION FERMÉE Les génies domestiques « Des lézards « MISÉRABLES » La chronique de Roger-Pol Droit du Moyen Age dans le ravin » page III page V racontés de Juan Marsé par Claude Lecouteux ARCHÉOLOGIE page II page VII ELIAS SANBAR DU REGARD ORDINAIRE page IV L’essai d’Alain Roger page VI

a Frontispice des Psaumes entiers de représentations faus- « Les citations dans mon travail, (manuscrit dit Sidour Rotschild, ses s’effondrent. Ne dites plus écrit Benjamin, sont comme des XVe siècle, Musée d’Israël, « péché » ou « pécheurs »,mais voleurs de grands chemins qui sur- Jérusalem), représentant plutôt « égarement », «égarés». gissent en armes et dépouillent le le roi David, auteur symbolique Les pécheurs sont des égarés et promeneur de ses convictions. » du « Livre des psaumes », les méchants sont des « malfai- Les touristes de l’existence Juan Marsé avec une harpe. sants ». Beaucoup d’égarés, beau- détestent ces rappels bibliques. Dans le cartouche central, coup de malfaisants, ça se prou- On les comprend. Dans Gloires,la le premier mot ve. Voulez-vous retrouver le sens partie est rude. Il y a là un certain du premier psaume, d’Amen ? Dites : « C’est ma foi. » David, un des plus grands poètes « achreï », « Bonheur à... » Vous avez l’habitude d’Alleluia ? de tous les temps, dressé dans Entendez : «Gloireà Yah».Ne une position limite : vous sentez récitez pas « Mon Dieu, mon passer sur lui la peur, le frisson, cutante, une science, une pas- Dieu, pourquoi m’as-tu abandon- le spasme, la panique, la souffran- sion. Meschonnic traduit la né ? » mais « à quoi m’as-tu aban- ce jusque dans les os ; vous le Bible, et la démonstration est fai- donné » (ce n’est pas du tout la voyez inlassablement aux prises te que nous n’avons eu entre les même chose). Traduction Dhor- avec le mensonge, la corruption mains, jusqu’à présent, que des me (Pléiade) : « Les cieux racon- et la fraude. Il a sa musique, sa approximations ou des recouvre- conviction, ses «priè- ments, tradition hellénique ou res secrètes »,sonmur- chrétienne, compromis du rabbi- Philippe Sollers mure, jour et nuit, nat, dévotion, timidités, voiles. même s’il est courbé, « L’Occident ne s’est fondé que sur tent la gloire de Dieu, et le firma- épuisé, pourri, les tripes brûlan- des traductions et, pour le Nou- ment annonce l’œuvre de ses tes. Il n’a plus de force, son cœur veau Testament, fondement du mains. » Traduction Meschon- va trop vite, il est abandonné, il christianisme, des traductions de nic : « Le ciel proclame la splen- va devenir sourd, muet, aveugle, a traductions de traductions… Si deur du dieu, et l’œuvre de ses pendant que ses ennemis sur lui l’anglais et l’allemand ont eu un mains est ce que raconte le déploie- « se grandissent ». Le tumulte l’en- original second, avec la King ment du ciel. » toure, il patauge dans la détresse James Version et avec Luther, le Autre forme, autre scansion, et des marais de boue, mais il per- français n’en a jamais eu. » Voilà autre disposition des mots sur la siste à chanter ce Dieu « qui main- « Les Misérables » le point essentiel. Dieu, en fran- page, avec des blancs significatifs tient les montagnes dans sa for- çais, est quasiment inaudible, à de respiration. Début des Gloi- ce ».D’uncôtélafosse,lamort moins de le prendre pour Victor res : « Bonheur à l’homme qui n’a et les de la mort ; de l’autre Hugo. Il faut donc qu’une éner- pas marché dans le plan des mal- le roc, un grand oiseau aux ailes gie particulière, simultanément faisants et dans le chemin des éga- protectrices, la vie. Autant dire poétique et de traduction, nous rés. » Ce «Bonheur à» est en que Gloires est un livre d’une D.. fasse franchir cette surdité acqui- effet bien préférable à «Heureux actualité brûlante. se, sirop, emphase ou répulsion. celui qui » (« Heureux qui comme Le poème, pour Meschonnic, est Ulysse a fait un beau voyage »). Au GLOIRES une « force-sujet dans le langa- passage, on signalera à ceux qui Traduction des psaumes ge », et les versets de la Bible se plaignent des textes compor- d’Henri Meschonnic. sont cette force qui n’a pas enco- tant trop de citations le très bel Desclée de Brouwer, 556 p., re été dégagée comme telle. essai de Meschonnic sur Walter 145 F (22,11 ¤). Rien ne le montre mieux, Benjamin dans Utopie du juif,rap- aujourd’hui, que la parution écla- pelant qu’il s’agit là d’un art très UTOPIE DU JUIF tante des Psaumes sous le nou- ancien (le Talmud, par exemple). d’Henri Meschonnic. Gloire veau titre de Gloires.Delabelle Principe de montage permettant Desclée de Brouwer, 422 p., complainte on passe à l’interpel- un autre rapport à l’Histoire. 170 F (25,92 ¤). lation directe, de la « bondieuse- rie » à une sorte de guerre perma- nente et abrupte, où les accents, les te’amim, jouent un rôle fonda- mental. Ce terme hébreu est le pluriel de ta’am, qui veut dire goût. La Bible est une guerre du de la Bible goût. Son parler-chanter (du suite et fin moins dans Gloires) doit s’en- tendre comme un «goûtdansla sieur ? – La Bible, madame. – bouche » – à la fois goût et rai- Mais en quelle langue ? – En En français, on ne l’a son –, comme « une physique du hébreu. – Ah bon, la Bible a aussi langage ». été traduite en hébreu ? » jamais lue que dans Parler, chanter, raisonner sont Quel étrange roman débor- une même substance qui peut dant, qui envahit aussi bien les des traductions être écoutée par Dieu, à qui on bibliothèques que les tables de demande de prêter l’oreille. Gloi- ieu se plaint nuit d’hôtels. Dieu, le seul vrai de traductions. res est plus fort que psaumes,àla depuis longtemps : il trouve Dieu, a parlé, on l’a transcrit, on tonalité idyllique, et sans aucun Dqu’on l’a toujours mal écouté, l’a adapté, commenté, révéré, Henri Meschonnic rend doute préférable à louanges, dont mal entendu, mal lu ; qu’on a cité, découpé, discuté, réfuté ; on Meschonnic dit drôlement que méconnu sa parole, son rythme, continue à se disputer sur son enfin Dieu audible : cela aurait « un côté Saint-John son enseignement, son souffle ; incarnation éventuelle et sa résur- Perse », comme s’il s’agissait que son évidence, en somme, a rection supposée ; on a prétendu paroles sortant de la d’une « adoration vague et d’une été et reste sans cesse déniée, qu’il était mort, mais sans retrou- acceptation du monde et de son caricaturée et détournée vers ver son corps ; on lui attribue des brume cléricale pour histoire ». Mais non, voyons : rien d’autres fins que les siennes. tonnes de convulsions et de fana- de plus tendu, de plus tremblant, Dieu n’est pas le terrible ou le tismes ; on l’entend encore psal- exposer l’épouvante, de plus dramatique que ces paro- a bon Dieu qu’on croit, il n’aime modié, hurlé, proféré, dilué, mais les sortant enfin de la brume cléri- pas les sacrifices, les cultes, les de quoi s’agit-il en fait ? De litté- l’appel au nom divin cale pour exposer l’épouvante et attitudes religieuses ou morales, rature ? De poésie ? De cinéma ? la peur du gouffre, l’appel au il déteste qu’on le prenne au pre- De bande dessinée ? De patholo- et à sa promesse de joie nom divin et à sa promesse de mier degré et qu’on emploie son gie récurrente ? Seule certitude : joie. La Tora n’est pas la Loi, nom en vain, il s’irrite d’être com- il y a un texte, et son fonctionne- entières, saints, sages, justes, cri- mais l’Enseignement. Les Gloires Elias Sanbar pris trop vite ou à demi, il s’affli- ment peut donner le vertige car il minels, clercs, érudits. C’est une sont des situations d’abîme : ge surtout des traductions de lui semble bien être infini. En réali- question de langage, une épreu- c’est l’homme qui risque d’être qui pullulent sur le marché bibli- té, le scandale est là : cette infini- ve physique par rapport à lui. avalé, raflé, détruit par ses persé- que. La Bible ? Oui, d’accord, on té dérange. On ferait tout et n’im- L’œuvre d’Henri Meschonnic cuteurs réels, jeté au trou, mais connaît. Mais dans quelle version porte quoi pour la limiter, la cana- est déjà importante, et il serait qui garde confiance dans son la lisez-vous ? On racontera ici, liser, l’affadir, l’oublier, la reje- temps qu’elle soit reconnue com- « Dieu de la multitude d’étoiles ». une fois de plus, l’histoire de cet- ter, voire l’exterminer. Peine per- me révolutionnaire dans notre On presse Dieu d’écouter, d’inter- te brave dame catholique qui voit due : le livre est là, on l’ouvre, les misérable époque spectaculaire. venir, de parler, de trancher. Il l’a un vieux monsieur ne payant pas surprises surgissent, et on peut Oh, sans grands mots : une indi- fait, il peut donc le refaire. de mine en train de lire un livre. longuement s’étonner de voir gnation à peine contenue, un Des décalages justifiés de « Vous lisez quoi, cher mon- passer à travers lui des foules humour froid, une précision per- mots, et chaque fois des pans www.lemonde.fr 57e ANNÉE – Nº 17515 – 7,50 F - 1,14 EURO FRANCE MÉTROPOLITAINE VENDREDI 18 MAI 2001 FONDATEUR : HUBERT BEUVE-MÉRY – DIRECTEUR : JEAN-MARIE COLOMBANI L’avenir Vache folle : le rapport qui accuse des ministres de la Corse b La commission d’enquête du Sénat sur les farines animales critique la gestion par l’Etat a Les députés de la crise de la vache folle b Elle met en cause les quatre ministres de l’agriculture ont voté de la période 1994-2001 b Elle leur reproche d’avoir retardé des mesures de précaution sanitaire

les principales COMMENT les ministres de des scientifiques avaient alerté les l’agriculture successifs ont-il géré, pouvoirs publics sur ce risque. Elle dispositions lors de la crise de la vache folle, l’af- note qu’en 1996 l’agriculture a faire des farines animales destinées ralenti le retrait global des abats du futur statut à l’alimentation du bétail ? Mal, dans la fabrication des farines ani- répond la commission d’enquête males, mesure appliquée par la S. DUPONT/CONTACT PRESS IMAGES de l’île du Sénat, qui a rendu publiques ses Grande-Bretagne dès 1990. En conclusions, jeudi 17 mai. Ses criti- 1996 également, la Commission ISRAËL-PALESTINE a ques portent eessentiellemnt sur la européenne avait édicté des mesu- Pouvoirs législatifs, période 1994-2001 et concernent res de précaution, chez les équarris- enseignement donc surtout quatre ministres, Jean seurs, dans la fabrication des fari- Voyage en Puech (gouvernement Balladur), nes animales ; la France a attendu de la langue, Philippe Vasseur (gouvernement 1998 pour les mettre en applica- Juppé), Louis Le Pensec et Jean Gla- tion. Elle remarque enfin que le Terre sainte aménagement vany (gouvernements Jospin). La ministère de l’agriculture a refusé, commission affirme que, pendant jusqu’à la fin 2000, l’interdiction Ecrivain, spécialiste du monde musul- du littoral ces sept années, le ministère de totale des farines animales, alors man, Gilles Kepel revient de Terre sain- l’agriculture a « cherché constam- que d’autres ministères, notam- te. De Nazareth à Tel-Aviv, de Ramallah ment à empêcher ou à retarder ment la santé, le demandaient à Gaza, il décrit un kaléidoscope com- a Divisée, l’édiction des mesures de précaution depuis le début de 1999. Plus géné- qui se sont avérées ensuite être des ralement, le rapport du Sénat munautaire qui voit se côtoyer, en la droite s’y est mesures de sécurité sanitaire, au regrette la mainmise du ministère s’ignorant ou en se combattant, Ara- motif qu’elles n’avaient pas de fonde- de l’agriculture, surtout de son bes israéliens de toutes tendances, juifs majoritairement ment scientifique ». administration, au détriment du orthodoxes et laîcs militants, Palesti- La commission relève notam- ministère de la santé. niens pro-Arafat et pro-Hamas. Chroni- opposée ment que l’administration du minis- tère a nié, en 1994, l’hypothèse Lire page 10 que informée et brillante en forme de Lire pages 6 et 7 – qui s’est ensuite révélée exacte – et notre éditorial page 16 carnet de route. p. 14 et 15 de la transmission à l’homme de la f www.lemonde.fr/corse maladie. A cette époque pourtant, f www.lemonde.fr/prion f www.lemonde.fr/israel-palestiniens Nissan renoue L’histoire de Lulu Wang, qui risque la peine de mort en Chine pour un meurtre à Paris IL S’APPELLE Lulu Wang. A vingt-deux ans, vince du Shandong à environ 800 kilomètres assemblée de treize personnes, expliquant son avec les profits il est devenu la cause d’un imbroglio juridico- au sud de Pékin. geste par la légitime défense. Les enquêteurs diplomatique entre Paris et Pékin. Ce ressortis- La brigade criminelle s’est alors tournée vers parisiens ont également pu recueillir un prélève- LE CONSTRUCTEUR auto- sant chinois est soupçonné du meurtre d’une les autorités chinoises via un attaché de police, ment de salive du suspect, et obtenir la copie a mobile japonais Nissan, dont jeune Taïwanaise commis le 26 février dans le dont la France dispose pour la première fois en des trois auditions effectuées par les Chinois. F. MILLER/SIPA Renault est le principal actionnaire, 11e arrondissement de Paris. Confiée à la briga- République populaire depuis le mois d’octobre En dépit d’un accueil protocolaire digne de a renoué en l’an 2000 avec les béné- de criminelle, l’enquête a vite permis de faire de 2000. La réponse a été quasi immédiate : les Chi- ministres, ils ont refusé, quant à eux, de trans- GUERRE D’ALGÉRIE fices. Son président, ex-numéro lui le principal suspect. Il aurait tué de quarante- nois ont interpellé Lulu Wang, et obtenu de lui mettre aucune pièce aux autorités chinoises, deux de Renault, Carlos Ghosn, a deux coups de couteau Yen Fen Weï, vingt-cinq des aveux complets, jetant dans l’embarras comme il leur avait été ordonné à Paris. Les annoncé, jeudi 17 mai, que le grou- ans, une amie de sa compagne, Xiao Yan Liu, leurs collègues parisiens. La Chine n’extrade Français espèrent ainsi éviter le risque d’une La justice et pe avait réalisé près de 20 miliards chez laquelle cette dernière s’était réfugiée pas ses nationaux. En revanche, elle peut les condamnation à mort et de l’exécution de Lulu de francs (3,06 miliards d’euros) de après une violente dispute. juger pour un crime commis à l’étranger. A cau- Wang. Aussaresses lle profits. Ce redressement spectacu- Le témoignage de M Liu, qui avait retrouvé se du meurtre commis à Paris, Lulu Wang pour- Les Chinois ont à leur tour sollicité une autori- Le parquet de Paris a ordonné, jeudi laire est salué par tous les observa- le corps sans vie de son amie, avait orienté les rait être condamné à mort à Quingdao. Vingt sation pour venir à Paris consulter le dossier fran- teurs japonais. M. Ghosn, considé- soupçons vers Lulu Wang. Lorsque les poli- ans après l’abolition de la peine capitale en Fran- çais. La réponse à cette demande appartient 17 mai, une enquête préliminaire sur ré comme le sauveur de Nissan, est ciers ont voulu l’interpeller, il était déjà trop ce, le risque d’une exécution à la sauvette en conjointement aux ministères des affaires étran- les propos tenus dans Le Monde par le devenu une star dans ce tard. Il avait réussi à prendre la fuite vers son Chine devenait l’objet d’une réelle inquiétude. gères et de la justice qui pourraient en faire une général Aussaresses sur la torture et pays. Renault affronte actuelle- pays, par Bordeaux et Londres. Du coup, l’in- La police et la justice françaises ne risquaient- monnaie d’échange. La France donnerait accès les exécutions sommaires pendant la ment, en Europe, un passage à terception par la police d’un avion Paris- elles pas d’être accusées de complicité ? au dossier d’instruction aux Chinois ; en contre- guerre d’Algérie. Mais il a écarté tou- vide. Ses relations avec sa filiale Pékin, en bout de piste à Roissy, s’était A la suite d’une commission rogatoire interna- partie, ceux-ci prendraient l’engagement de ne vont devenir plus complexes. conclue par un échec : il y avait plusieurs tionale délivrée par le juge d’instruction Jean- pas condamner à mort Lulu Wang. Une manière tes poursuites pour « crimes contre M. Wang à bord, aucun ne portait le prénom Baptiste Parlos, deux policiers français se sont de conclure positivement le premier exemple de l’humanité ». Lire page 18 de Lulu. Des renseignements ont cependant rendus du 19 au 24 avril en Chine. Ils ont pu coopération policière franco-chinoise. p. 9 et quatre points de vue p. 17 permis aux enquêteurs de localiser le fuyard entendre Lulu Wang à la maison d’arrêt de Quin- f www.lemonde.fr/renault-nissan chez sa mère à Quingdao, une ville de la pro- gdao ; celui-ci a réitéré ses aveux devant une Pascal Ceaux f www.lemonde.fr/algerie-torture Algérie, menaces La Bourse ou l’emploi ? sur la presse L’ANNONCE en rafale de plans concurrence de la Commission euro- de licenciement a suscité révolte et péenne. Les politiques publiques ne incompréhension. Une mauvaise peuvent à la fois inciter les entrepri- pédagogie a tenté de récupérer ces ses à être plus compétitives et leur réactions légitimes. Les coupables interdire de s’adapter aux variations usuels ont été convoqués ; en vrac, de leur environnement. On ne peut la Bourse, les actionnaires, les non plus feindre de soudainement erreurs de gestion, le cynisme des découvrir ce qu’il y a de violent dans chefs d’entreprise, etc. Mais les situa- un plan de licenciement, après avoir tions auxquelles s’appliquaient ces fait de l’aggravation du chômage discours généreux étaient fort hété- l’instrument premier des politiques MOUNE JAMET/H&K rogènes. Que faire si les Français en économiques. On feint aussi de particulier et les Européens en géné- découvrir la grande fragilité des per- FESTIVAL DE CANNES ral ne veulent pas changer aussi sou- sonnels licenciés, alors même que DILEM vent de téléphones mobiles que les l’on sait que c’est cette fragilité qui, constructeurs ne l’anticipaient ? en modifiant les rapports de force Rivette enchante LE PARLEMENT algérien a déci- Que faire si des entreprises décou- entre salariés et entrepreneurs, a dé, mercredi 16 mai, d’alourdir les vrent que leur investissement n’est suscité la modération salariale, que la Croisette peines pour diffamation et de sanc- plus suffisamment rentable ? Faut-il l’on veut aujourd’hui ériger en prin- Deux heures et demie de bonheur. Avec tionner les prêches « subversifs » interdire les licenciements et donc, cipe intangible de saine gestion. dans les mosquées. Le caricaturiste pour être cohérent, établir une loi Il y a, en bref, dans les plans de Va savoir, présenté dans la Sélection offi- de la Liberté, Dilem, et l’ensemble interdisant les fermetures d’entrepri- licenciement, une part de responsabi- cielle, Jacques Rivette a réussi une comé- des journalistes s’inquiètent pour la ses ? Cela est concevable, mais enco- lité publique dont les gouverne- die énergique et jubilatoire servie par liberté de la presse. re faudrait-il que l’on changeât de ments ne peuvent s’exonérer aussi quatre acteurs inspirés, Jeanne Balibar, système économique. Or depuis facilement. Pour passer d’un régime Lire page 2 deux décennies nous vivons une à l’autre, d’une économie mixte domi- Sergio Castellitto (en photo), Marianne transition, celle de l’économie mixte née par la sphère publique à une éco- Basler et Jacques Bonnaffé. p. 29 à 31 Allemagne, 3 DM ; Antilles-Guyane, 10 F ; Autriche, 25 ATS ; Belgique, 48 FB ; Canada, 2,50 $ CAN ; vers l’économie de marché, comme nomie de marché dominée par les Côte d'Ivoire, 900 F CFA ; Danemark, 15 KRD ; l’atteste la quasi-disparition du pre- intérêts privés, notamment ceux des f www.lemonde.fr/cannes Espagne, 225 PTA ; Gabon, 900 F CFA ; Grande-Breta- gne, 1 £ ; Grèce, 500 DR ; Irlande, 1,40 £ ; Italie, 3000 L ; mier concept de tous les discours. détenteurs du capital financier, il fal- Luxembourg, 46 FL ; Maroc, 10 DH ; Norvège, 14 KRN ; La grande affaire des deux derniè- lait accomplir une révolution. Pays-Bas, 3 FL ; Portugal CON., 270 PTE ; Réunion, 10 F ; International...... 2 Aujourd’hui ...... 25 res décennies fut bien la réhabilita- Sénégal, 900 F CFA ; Suède, 16 KRS ; Suisse, 2,20 FS ; France...... 6 Météorologie-Jeux...... 28 Tunisie, 1,4 Din ; USA (NY), 2 $ ; USA (others), 2,50 $. tion politique du profit et de la sphè- Jean-Paul Fitoussi Société...... 10 Culture ...... 29 re du marché. L’Europe a pour l’ins- pour 0123 Régions ...... 12 Guide culturel ...... 31 tant adopté une « Constitution libé- M 0147 - 518 - 7,50 F Horizons ...... 14 Carnet...... 33 rale », confiant l’essentiel du pou- Lire la suite page 16 Entreprises...... 18 Kiosque ...... 34 voir économique à deux institutions et informations page 8 Communication...... 21 Abonnements ...... 34 indépendantes, la Banque centrale 3:HJKLOH=UU\ZUV:?k@p@b@i@a; Tableau de bord ...... 22 Radio-Télévision ...... 35 européenne et la direction de la f www.lemonde.fr/restructurations 2 INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001

MAGHREB Le Parlement algé- tion. b LES PRÊCHES « subversifs » b LES AMENDEMENTS sur la diffama- du nom du plus célèbre des caricatu- b DILEM, publié tous les jours par le rien a adopté, mercredi 16 mai, lors dans les mosquées seront sanction- tion, sur les outrages à l’arméee, aux ristes algériens, sont dénoncés par quotidien francophone Liberté, con- d’une séance houleuse, des amende- nés. Seules sont autorisées à les déli- représentants de l’ordre public et sur les opposants politiques et les journa- naît un succès populaire important. ments au Code pénal durcissant la vrer les personnes ayant été «dési- les atteintes au chef de l’Etat, sur- listes comme une grave hypothèque Son album, Boutef président, a déjà législation sur la presse et la diffama- gnées par l’autorité publique». nommés « amendements Dilem », sur le droit et la liberté d’expression. été réédité trois fois. Un arsenal répressif contre la presse et les « prêches subversifs » en Algérie En dépit de la mobilisation des journalistes, l’Assemblée nationale a adopté, mercredi 16 mai, des amendements au code pénal durcissant les sanctions pour diffamation « par voie écrite » ou « électronique ». Les sermons dans les mosquées ne devront pas être « contraires à la cohésion sociale »

ALGER queroute de titres qui, à quelques correspondance exceptions près, n’ont pas de soli- Les journalistes algériens auront de assise financière. eu beau se mobiliser, rien n’y a Le nouveau texte donne en effet fait : le projet de révision du Code au parquet, dépendant du gouver- pénal prévoyant, d’une part, nement, le pouvoir de déclencher d’alourdir les peines pour diffama- les poursuites judiciaires de maniè- tion contre les corps constitués, re « automatique », c’est-à-dire d’autre part de sanctionner les prê- sans nécessiter le dépôt préalable ches jugés « subversifs » dans les d’une plainte. mosquées, a été adopté, mercredi soir 16 mai, par le Parlement algé- « DROIT DE VIE ET DE MORT » rien, lors d’une séance houleuse. C’est ainsi que les représentants L’auteur du projet, Ahmed Ouya- du parquet, « dont les dérives par le hia, actuellement ministre de la jus- passé sont de notoriété publique, tice, s’est appuyé comme prévu sur auront droit de vie et de mort sur les la majorité au Parlement des deux Dessins de Dilem parus dans le quotidien algérien « Liberté » ces dernières années. journalistes. Ils auront à apprécier partis proches du pouvoir, le Front Ils ont été tirés du recueil « Boutef Président » (Casbah éditions, disponible à la FNAC). tant l’information que le commentai- de libération nationale (FLN) et le re et, par extension, l’opinion. Les Rassemblement national démocra- par l’écrit, soit par le dessin » et cela cibles d’un texte qui bride toutes quelque peu atténué le projet ini- président de la République, de nouvelles dispositions ouvrent donc tique (RND). Les amendements quel que soit le moyen utilisé : « dif- les formes d’expression, sous pré- tial. bâillonner le peuple », selon l’ex- grande la porte à l’arbitraire », écri- réformant le Code pénal ont été fusion sonore, image, support électro- texte de protéger le président et les En ce qui concerne les prêches pression du journal El Watan. vait récemment Fayçal Metaoui du adoptés par 207 voix pour et nique, informatique et autres ». corps constitués de la diffamation. dans les mosquées, les peines se Pour sa part, Le Matin estimait journal El Watan. 118 contre. L’article 87 bis 10 prévoit une pei- Ce dispositif répressif a été voulu voient alourdies. L’examen des dis- que « le système politique algérien, Répondant aux multiples criti- La défection inattendue et remar- ne de trois ans à cinq ans de prison et décidé par le chef de l’Etat, irrité positions sur ce sujet a d’ailleurs bâti sur l’allégeance, la rapine et la ques contre son projet, Ahmed quée des autres partis de la coali- contre toute personne se livrant à d’être constamment – et mécham- donné lieu à un incident sérieux, rente, interdit aux députés du RND Ouyahia s’était défendu de vouloir tion gouvernementale, comme les des prêches « susceptibles de porter ment – croqué par une nouvelle lors de la séance de mercredi. Un et du FLN d’avoir un honneur à porter atteinte à la liberté d’expres- deux partis islamistes, le Mouve- atteinte à la cohésion de la société » génération de caricaturistes algé- député du RND, saisissant le défendre. (...) Ces hommes-là ne sion. Pour le ministre, il s’agissait ment de la société pour la paix (lire ci-dessous). riens. M. Bouteflika est également moment où un député islamiste sont pas des élus du peuple mais d’in- d’un texte « préventif mais pas (MSP) et Ennahda (Renaissance,) convaincu que la presse algérienne intervenait pour défendre un amen- digents fonctionnaires désignés par répressif ». « Nous ne sommes pas qui ont voté contre, n’a pas suffi à INCIDENT SÉRIEUX est, en grande partie, responsable dement, s’est tourné vers les jour- le pouvoir occulte, qui ne doivent assez fous pour nous attaquer à la éviter les fameux « amendements Les journalistes ne se faisaient de la « mauvaise image internatio- nalistes pour leur signifier haut et rien à la démocratie et qui ne voient, liberté d’expression, avait-il fait Dilem » sur la presse, du nom d’un pas trop d’illusions sur l’attitude de nale de l’Algérie ». fort qu’il s’agissait d’« un égor- en conséquence, aucune raison de valoir, alors que nous nous ouvrons célèbre caricaturiste redouté par le l’Assemblée nationale. Aussi, l’op- Le chef de l’Etat s’était publique- geur ». La colère des députés isla- lui être redevables ». sur le monde en nous préparant à pouvoir (voir les dessins ci-contre). position manifestée par les islamis- ment indigné, l’année dernière, de mistes a failli tourner au pugilat et Se défendant de vouloir bénéfi- ratifier l’accord d’association avec Parmi ces amendements, l’arti- tes, membres de la coalition gou- la « légèreté » des peines prévues les excuses du député du RND cier d’« un droit à la diffamation », l’Union européenne. » cle 144 bis prévoit désormais des vernementale, a été une surprise en cas d’outrage et d’attaques n’ont guère apaisé la tension dans les journalistes algériens considè- Le texte doit à présent passer peines de trois mois à douze mois inespérée. Les critiques récurren- contre les institutions. La presse l’hémicycle. rent qu’en l’absence d’une défini- devant le Conseil de la nation (le de prison et des amendes variant tes à l’encontre du président algérienne avait pris ces propos tion précise de cette notion, et sur- Sénat), mais son adoption ne entre 50 000 dinars et 250 000 Bouteflika, accusé d’avoir des pour une déclaration de guerre, et HARCÈLEMENT JUDICIAIRE tout d’une justice indépendante, la devrait être qu’une formalité sur la dinars (5 000 francs à visées « totalitaires », ont brusque- une promesse de lui « tordre le La presse était, jeudi matin, vio- voie est désormais ouverte à une route de ce qu’un député de l’oppo- 25 000 francs) contre quiconque ment pris du poids. Auteurs d’une cou ». Les appréhensions des jour- lemment critique à l’égard du FLN pratique étouffante de harcèle- sition a appelé l’« extinction finale porte « attente au président de la pétition nationale contre ce qu’ils nalistes se trouvent aujourd’hui lar- et du RND dont « les députés, sans ment judiciaire. Cela pourrait géné- de la vie politique ». République en termes contenant l’in- appellent des « lois scélérates », les gement justifiées, même si la com- honte aucune et sans courage, ont rer des réflexes redoublés d’auto- jure, l’insulte et la diffamation, soit journalistes ne sont pas les seules mission juridique de l’Assemblée a décidé hier, répondant au vœu du censure et entraîner à terme la ban- f www.lemonde.fr/algerie

Le FFS d’Ait Ahmed propose la dissolution Dilem le caricaturiste : le cauchemar du pouvoir, mais une revanche pour la jeunesse DE TOUS les quotidiens francophones moments, de prendre ses victimes en pitié ! irrévérence et indécence, le jeune caricatu- écuelle de chien, symbole de la portion du gouvernement d’Algérie, Liberté est le seul qui se lise par la Sexuellement impuissants, analphabètes, riste n’a jamais cessé de brocarder la nomen- congrue réservée au peuple… fin ! C’est là, en effet, en dernière page, que pleutres et véreux : voilà comment sont cro- klatura au pouvoir, lui assénant des coups Quels que soient l’audace et le talent de Le Front des forces socialis- sévit chaque jour le plus irrévérencieux des qués les « maîtres du pays ». d’une violence inouïe, peu regardant sur la ce dessinateur, on aurait tort, cependant, tes (FFS) d’Ait Ahmed vient caricaturistes algériens, Dilem. Et si ce jour- « Je suis un sale gamin, qui fait ça comme nature de ces coups, portés largement d’évaluer la liberté de la presse algérienne à d’adresser au pouvoir un un jeu, incapable de se censurer !, racon- au-dessous de la ceinture… « Il n’est pas seu- l’aune de ses caricatures. D’une certaine mémorandum pour une sortie PORTRAIT te-t-il, faussement penaud. Je suis souvent le lement drôle et talentueux, il nous venge de façon, Dilem a jusque-là servi, sans le vou- de la crise. Il propose la disso- premier étonné de ce que mon journal laisse toutes nos frustrations ! Quand il insulte de la loir bien entendu – et pour combien de lution du gouvernement et du « Je suis souvent le premier passer ! Mais mes patrons me soutiennent, ils pire manière ceux qui dirigent le pays, on a le temps encore ? – d’alibi à un régime opposé Parlement au profit d’institu- étonné de ce que mon journal ont du courage ! sentiment que c’est nous qui leur crachons à par nature à une information indépendante. tions qui seraient transi- laisse passer ! Mais mes Du courage, lui-même n’en manque pas. la figure », avoue un jeune. « Il fait dans le « Regardez donc ces caricatures, ont tou- toires, avec la participation patrons me soutiennent... » Pendant les pires années de la décennie crado, dans le populo. Il a un talent instinctif, jours fait valoir les caciques au pouvoir, de l’armée. 1990, il a dû s’exiler en France et faxer ses proche des jeunes des quartiers défavorisés, vous n’avez même pas droit à une telle liberté Dans une première réaction dessins à partir de Paris, tant les menaces bien plus percutant qu’une analyse politique d’expression en France ! » très négative à ces proposi- nal s’enorgueillit d’un tirage quotidien de sur sa vie étaient sérieuses. Il est à présent sérieuse », souligne un autre. Dilem lui-même n’est pas dupe. Il sait tions, le journal L’Expression, 150 000 exemplaires, il le doit sans doute en de retour à Alger, « tonique, drôle, violent », bien que ses dessins « disent tout » et proche de la présidence, remar- grande partie à ce « Plantu algérien » de comme le résume son confrère du Monde à UNE ÉCUELLE DE CHIEN dédouanent dans le même temps ses confrè- que que le FFS, en adressant trente-trois ans. qui il est souvent comparé, Jean Plantu. Confirmation de ce succès : l’album res de leur mission : enquêter, vérifier, ren- ce document, vendredi der- Dilem est le cauchemar du pouvoir à Dilem est à la fois un symbole, une cathar- Boutef Président a dû être réédité trois fois dre compte. « C’est dommage qu’il me revien- nier, au président ainsi qu’à Alger. Chef d’Etat, généraux, hommes politi- sis et une revanche pour la population algé- depuis qu’il est sorti en Algérie en août der- ne le rôle de dire, par le biais de mes dessins, deux généraux de l’armée, ques, religieux… aucun d’eux n’échappe à rienne, pour la jeunesse surtout. « Tout au nier, et il figure toujours en tête des meilleu- que les généraux doivent partir, soupire-t-il. (Mohamed Lamari et Moha- son trait dévastateur. Sa principale tête de long des années les plus sanglantes qu’a tra- res ventes. Dans ce recueil, on retrouve tous Ca m’emmerde de me prendre au sérieux ! Je med Mediene), « signifie que la turc, c’est le président, « Boutef », qu’il aime versées le pays, il nous a appris à rire de nos les ingrédients chers à Dilem : une Marian- ne devrais être là que pour amuser la gale- totalité de l’édifice institution- représenter en nain avec des oreilles d’âne deuils, puis… des responsables de nos ne algérienne voilée, des généraux entourés rie… » nel du pays n’est qu’une vaste ou en schtroumpf avec des couettes. Dilem deuils ! », dit de lui le journaliste Ihsane El de mouches (répulsives), des islamistes sur- mascarade ». est si féroce qu’on est presque tenté, par Kadi. Entre humour noir et rire jaune, entre volés de chauves-souris, et toujours, une Florence Beaugé Un arsenal juridique qui prévoit des sanctions plus lourdes et des poursuites automatiques b Prêches illégaux (article l’un des représentants de l’ordre vers une publication quotidienne, 87 bis 10) : Est passible d’une peine public, par une parole, un geste, une hebdomadaire, mensuelle ou autre, allant de un an à trois ans de prison menace, une correspondance, un la poursuite pénale se fera à l’encon- et d’une amende de 10 000 dinars écrit ou un dessin durant l’exercice tre de l’auteur du crime et des res- algériens (DA, 10 dinars équivalent de leur profession et ce dans l’inten- ponsables de la publication et de la environ à 1 franc) à 100 000 dinars tion de porter atteinte à leur hon- rédaction et à l’encontre de la publi- toute personne qui prêche ou qui neur, à leur autorité ou au respect cation elle-même. Dans ce cas, tente de le faire à l’intérieur d’une qu’impose leur profession. l’auteur incriminé sera passible mosquée ou d’un lieu public sans b Atteinte au président de la d’une peine de trois à douze mois et qu’elle soit désignée ou agréée par République (article 144 bis) : Est d’une amende de 50 000 à l’autorité publique habilitée, ou auto- passible d’une peine allant de 250 000 DA, ou de l’une des deux risée par celle-ci pour le faire. Est aus- trois mois à douze mois et d’une peines, alors que la publication si passible d’une peine de trois à amende de 50 000 à 250 000 DA, ou devra s’acquitter d’une peine allant cinq ans de prison et d’une amende de l’une d’elles, toute personne qui de 500 000 à 2 500 000 DA. Le par- de 50 000 DA à 200 000 DA toute per- porte atteinte au président de la quet entamera automatiquement sonne qui, par le biais des prêches, République par des expressions les démarches de poursuite pénale. se livre à des pratiques contraires à contenant de l’insulte, de l’outrage b Outrage à l’armée (arti- la noble mission de la mosquée, ou ou de la diffamation, que ce soit par cle 146) : Le recours à l’insulte, susceptibles de porter atteinte à la un écrit, un dessin, une déclaration l’outrage et la diffamation à travers cohésion de la société (...). ou par tout moyen de diffusion de les moyens précisés par les articles b Outrage à un représentant de son et d’image, ou support électroni- 144 et 144 bis 1 à l’encontre du Par- l’ordre public (article 144) : Est pas- que, informatique ou autre. Le par- lement (...), des tribunaux, des sible d’une peine allant de quet entame automatiquement les cours de justice, de l’Armée natio- deux mois à deux ans et d’une amen- démarches de poursuite pénale. nale populaire, ou de toute autre de de 10 000 DA à 500 000 DA, ou b Responsabilité des publica- autorité de l’ordre public, est passi- de l’une d’elles, toute personne qui tions (article 144 bis 1) : En cas de ble des peines indiquées dans les insulte un juge, un fonctionnaire ou crime cité dans l’article 144 bis, à tra- deux articles susmentionnés. INTERNATIONAL LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 3

Le gouvernement de Silvio Berlusconi M. Aznar refuse une « discussion sera formé d’ici au 13 juin à l’irlandaise » sur la question basque Le vainqueur des législatives a été reçu par le chef de l’Etat Le chef de l’exécutif espagnol reconnaît que le Parti populaire M. Berlusconi a été reçu, pendant deux heures, par le tion du gouvernement et les échéances internationales. a été trop « optimiste » lors des élections en Euskadi, emportées président de la République, Carlo Azeglio Ciampi. L’en- Les résultats du scrutin du 13 mai suscitent des constes- tretien a permis d’évoquer le calendrier avant la forma- tations de la part de Forza Italia et de la Ligue du Nord. par le PNV en raison d’un « transfert des radicaux vers les modérés »

ROME nir à FI », a-t-il affirmé dans l’at- Sud italien, qui a largement contri- MADRID l’effort accompli par le PP et les est compliquée. Faute de majorité de notre correspondante tente d’un recours qui sera déposé bué à la victoire de la droite et tout de notre correspondante socialistes, qui ont « courageuse- absolue, il faudra au minimum des Silvio Berlusconi a été reçu pen- par sa formation devant la Cour de particuliérement la Sicile, où For- Dimanche 13 mai, les Basques ment et pour la première fois, propo- alliances ponctuelles. Pour cela, le dant presque deux heures, mercre- cassation. Puis il a évoqué les za Italia a enlevé tous les mandats- ont accordé leur confiance au natio- sé une véritable alternative de gou- dialogue est nécessaire. Seul Eus- di 16 mai, par le président de la longs et cordiaux appels téléphoni- directs de députés et de sénateurs. nalisme modéré du Parti nationalis- vernement que nous continuerons à kal Herritarrok, bras politique de République, Carlo Azeglio Ciampi, ques de Jacques Chirac (vingt Autre réorientation réaliste signa- te basque (PNV) plutôt qu’à l’alter- défendre ». Pour qu’elle s’implante l’ETA, sera exclu si ce mouvement dans son palais du Quirinal. L’en- minutes) et du George W. Bush lée par Giulio Tremonti : le gouver- native offerte par le Parti populaire davantage, il aurait fallu « plus de ne condamne pas la violence, a pré- tretien a porté, notamment, sur le (treize minutes). M. Berlusconi a nement recule sur une baisse nette (PP) de José Maria Aznar et les temps », regrette-il car « les temps cisé M. Ibarrexte. retour du dialogue entre les diffé- sans doute parlé de la préparation et rapide des impôts annoncée socialistes, formant le bloc « consti- de maturation de la société sont Depuis Madrid, M. Aznar regar- rentes forces politiques du pays, la du sommet du G8 à Gênes, du 20 dans le programme de campagne. tutionnalistes ».La« révolution » lents au Pays basque, en raison de, avec un intérêt teinté de méfian- nécessité d’un gouvernement fort au 22 juillet. Avant cela, il devra se Au lendemain des législatives, électorale antinationaliste tant notamment de la terreur. Avoir pen- ce, ces grandes manœuvres bas- qui sera formé d’ici au 13 juin, l’épi- rendre à une réunion de l’OTAN à le « syndrome de la Floride », com- annoncée a donc échoué. La décep- sé qu’en un an on pouvait renverser ques. Quid de l’accord antiterroriste neuse question du conflit d’inté- Bruxelles, le 13 juin, et le 20 juin à me aiment à dire en exagérant les tion est flagrante au sein du PP. Le un état de fait qui dure depuis vingt avec les socialistes ? « Nous avons rêts et la préparation de la réunion Göteborg, pour le sommet euro- commentateurs, gagne peu à peu chef du gouvernement, José Maria signé un pacte de fond. On va voir du G8 à Gênes, le 20 juillet. Le péen. la Péninsule. Umberto Bossi, lea- Aznar, a tiré ses premières conclu- s’ils le maintiennent. » Quant au dia- futur président du conseil, de der de la Ligue du Nord, souhaite sions de façon sereine et ferme en « Ils (le PNV) disent logue : « Au fond, dit-il, ce qui comp- retour à Rome pour la première LE « SYNDROME DE LA FLORIDE » un nouveau comptage dans certai- recevant, mercredi 16 mai, quel- te est le pourquoi de ce dialogue. Si fois depuis les élections de diman- A propos de l’Union et de son nes circonscriptions. Antonio Di ques journalistes étrangers. qu'ils seront fermes c’est pour créer une entente dans le che, est ressorti de sa visite prési- élargissement aux pays de l’Est, le Pietro, à la tête de l’Italie des D’abord, M. Aznar repousse jus- cadre des institutions, du statut bas- dentielle plutôt guilleret. Il s’est futur ministre de l’économie, Giu- valeurs (3,9 % des voix), est per- qu’à la notion d’échec : « Dans cette contre le terrorisme que et de la Constitution, le PP répon- offert une « petite promenade à lio Tremonti, a nettement freiné, suadé que son mouvement a élection, explique-t-il, il y a eu dra présent. Maintenant, s’il s’agit de pied dans le jardin pentu en dessous lors de l’émission « Porta a Por- atteint le quorum de 4 %, et 160 000 électeurs de plus qu’en 1998 et ne pactiseront plus “table de discussion à l’irlandaise” du Capitole, comme un citoyen nor- ta », sur Rai Uno, mercredi soir. La demande, lui aussi, des vérifica- qui ont voté : 90 000 pour nous, les pour établir la souveraineté, qu’ils ne mal », a confié, l’un des ses gardes Ligue du Nord n’étant pas en tions. Enfin, les marchandages constitutionnalistes, 70 000 pour les avec les suppôts comptent pas sur nous. » du corps. mesure de peser sur ses choix, le pour la distribution des porte- nationalistes. En fait, le PNV a obtenu A l’évidence, José Maria Aznar Via del Plebiscito, au siège de futur gouvernement de Silvio Ber- feuilles battent leur plein. Umber- le plein des voix en raison d’un trans- de l'ETA, mais dans n’a pas l’intention de changer sa son parti Forza Italia (FI), Silvio lusconi a en effet inscrit, en pre- to Bossi demande pour les siens, fert dans le camp nationaliste des radi- politique envers le nationalisme. Berlusconi a fait distribuer une mière priorité, le développement soit le poste de ministre de l’inté- caux vers les modérés. Bien sûr, nous le même temps leur Ceux qui doivent changer, à son mise au point sur le sort de quator- du Mezzogiorno. Si l’élargisse- rieur soit la présidence de la aurions préféré gagner trois sièges, plu- avis, c’est le PNV. « Ils ont été ze sièges restés vacants au Parle- ment arrive trop vite, les fonds de Chambre des députés. tôt qu’un seul, mais si on considère les programme parle déloyaux envers la Constitution » en ment par le jeu pervers du système l’Union européenne iraient aux Après sa visite au Quirinal, Sil- chiffres, non seulement le PP a obtenu s’alliant, il y a deux ans, avec Eus- électoral italien. « Ils doivent reve- nouveaux membres et non plus au vio Berlusconi s’est entretenu, le meilleur vote de toute son histoire de souveraineté » kal Herritarrok, fait-il remarquer. mercredi soir, via Del Plebiscito, au Pays basque mais, dans son ensem- « Ils ont les cartes en mains, à eux avec ses autres alliés de la Maison ble, le bloc nationaliste recule et celui de jouer. Et je ne sais pas ce qui en des libertés, notamment Gianfran- des “constitutionnalistes” progresse. ans, était sans doute très opti- sortira. Ils disent qu’ils seront fermes Israël rejette un appel au gel co Fini (Alliance nationale, post- En 1986, ils avaient 40 points d’avance miste », admet José Maria Aznar. contre le terrorisme, feront respec- fasciste), qui sera vice-président sur nous, aujourd’hui même pas 10. » Pour l’instant la parole est aux ter la pluralité et ne pactiseront plus du conseil, et Pierferdinando Casi- Cette croisade contreproductive vainqueurs et le dialogue semble avec les suppôts de l’ETA. Bien, mais total des colonies de peuplement ni, qui ont été rejoints plus tard de « satanisation » du nationalis- être le mot clé même s’il recouvre dans le même temps, leur program- par Fedele Confalonieri, prési- me a-t-elle été une erreur de tacti- diverses approches. Ainsi, Xavier me parle de souveraineté et ils ont ISRAËL a rejeté deux des criti- De son côté, l’Autorité palesti- dent de Mediaset (société regrou- que ? « Ceux qui sont la cible de la Arzalluz, chef de file du PNV, a recueilli 80 000 votes indépendantis- ques du rapport de la Commission nienne accepte « intégralement le pant les trois chaînes de Silvio Ber- croisade menée par le terrorisme : évoqué « une table de discussion à tes radicaux », conclut le président d’« établissement des faits »,ou rapport Mitchell et rejette toute lusconi). Lourd emploi du temps c’est nous », dit-il fermement l’irlandaise », pour en finir avec la du gouvernement. Commission Mitchell – du nom de réserve (…) surtout si elle émane d’Is- pour ce premier retour dans la avant d’ajouter : « Quatorze morts violence. Juan José Ibarrexte, chef son président, un ancien sénateur raël », a déclaré le ministre palesti- capitale. déjà dans mon parti et combien du gouvernement basque sortant, Marie-Claude Decamps américain – tout en qualifiant le nien de l’information, Yasser Abed d’autres contraints de vivre sous espère former le prochain gouver- document de « tentative construc- Rabbo. Il a invité la communauté Danielle Rouard escorte policière ? » Et de souligner nement « avant l’été ». La tâche f www.lemonde.fr/paysbasque2001 tive et positive de briser le cycle de internationale à « appeler à une violence et faciliter la reprise des rencontre au plus haut niveau de négociations de paix ». L’Autorité toutes les parties afin de développer palestinienne considère que le un mécanisme d’application des document est une base « sensée et recommandations de la Commis- cohérente pour résoudre la crise et sion ». ouvrir de nouveaux pourparlers » avec l’Etat juif. VISITES À PARIS Dans sa réponse remise mardi Le président palestinien, Yasser 15 mai aux Etats-Unis, Israël Arafat, est attendu à Paris le rejette l’appel de la Commission à 23 mai et le premier ministre israé- un gel total des colonies de peuple- lien, Ariel Sharon, le 6 juin. ment et conteste l’accusation D’après un responsable américain d’usage « excessif » de la force con- qui a requis l’anonymat, une ren- tre les manifestants palestiniens. contre pourrait avoir lieu entre le « La question des colonies est l’une secrétaire d’Etat américain, Colin des questions (qui) sont renvoyées Powell, et M. Arafat dans les pro- aux négociations sur le statut défini- chaines semaines. tif » des territoires palestiniens, a Mercredi, les Etats-Unis ont jugé plaidé le ministre sans portefeuille, « inutile » une demande palesti- Danny Naveh. Quant à la violence, nienne de réunion urgente du Con- elle « n’est pas, selon lui, à l’initia- seil de sécurité des Nations unies tive d’Israël » qui ne fait que « ripos- sur la violence dans les territoires ter à des attaques palestiniennes ». palestiniens. – (AFP, Reuters.)

TROIS QUESTIONS A… envoyé un signal en Israël à propos des comportements de ses sol- THORBJOERN JAGLAND dats : ils doivent faire preuve de retenue et ne pas utiliser d’arme Outre vos fonctions de minis- mortelle. Il s’agit donc de recom- 1tre des affaires étrangères de mandations très pratiques. Norvège, vous êtes membre de la Par ailleurs, nous ne pensons commission présidée par l’ancien pas que la formule proposée par sénateur américain George Mit- Israël, qui pose comme préalable chell, dont le rapport vient de pro- toute cessation de violence par les poser une série de mesures visant Palestiniens, soit réaliste. La vio- à rétablir la confiance entre Israé- lence doit cesser de manière simul- liens et Palestiniens. Et vous reve- tanée car les Palestiniens ne sont nez d’Israël. Quel peut être l’im- pas capables de contrôler la situa- pact des conclusions de la commis- tion et de demander (à leur peu- sion sur l’actuelle situation au Pro- ple) d’arrêter la violence s’ils n’ob- che-Orient ? tiennent pas quelque chose en Le rapport de la commission Mit- échange. chell, c’est le rapport de la derniè- re chance pour Israël et les Palesti- Que reste-t-il aujourd’hui de la niens. Si les deux parties échouent 3paix d’« Oslo » ? Le processus à l’utiliser de manière constructi- initié en 1992, est-il mort ? ve, ils ne pourront jamais revenir à Il serait très dangereux d’affir- la table des négociations, du mer que le processus d’Oslo est moins dans un futur proche. Avec mort. Car il a permis aux Israéliens les possibilités d’une crise majeure et aux Palestiniens de se reconnaî- dans la région qu’un tel échec tre mutuellement. Si Oslo est pourrait provoquer. mort, cela voudrait dire qu’on est revenu à la situation qui prévalait Comment peut-on envisager avant 1992 (avant les conversa- 2les moyens de sortir de l’impas- tions secrètes en Norvège entre les se actuelle ? envoyés de Yasser Arafat et Israël). Dans ce rapport, nous avons mis Le problème aujourd’hui est que l’accent sur un certain nombre de les deux parties se sont révélées mesures, notamment le gel des incapables d’appliquer sur le ter- colonies (en territoire occupé), rain ce qu’elles avaient décidé à une cessation de la violence par les Oslo. Le processus a été très lent. Palestiniens et leur promesse de Vu sous cet angle, Oslo est mort. contrôler les groupes armés. A cet égard, la situation ne cesse de se Propos recueillis par dégrader : je suis convaincu que Bruno Philip des armes arrivent régulièrement dans Gaza. Nous avons également f www.lemonde.fr/israel-palestiniens 4 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 INTERNATIONAL Balkans : la pression s’accentue L’expansion des paramilitaires met en danger sur la guérilla albanaise SKOPJE. La pression s’est brusquement accrue sur les groupes armés le fragile processus de paix en Colombie albanais du sud de la Serbie et de Macédoine, et un ultimatum a été lancé aux rebelles de Macédoine avant jeudi 17 mai à 12 heures. Mer- credi, la Force multinationale de paix au Kosovo (KFOR) a proposé Les milices d’extrême droite revendiquent l’enlèvement de 190 ouvriers agricoles une amnistie aux combattants de la guérilla albanaise du sud de la Ser- bie (UCPMB) qui accepteront de se rendre avant le 24 mai – la date Le plus important enlèvement de masse enregis- raies de Villanueva, dans l’est, ont été emmenés Colombie (AUC). Dans une interview au Monde, prévue pour l’entrée de l’armée yougoslave dans cette bande de terri- tré ces dernières années en Colombie a eu lieu par un commando de paramilitaires. L’action a leur chef, Carlos Castaño, estime qu’il ne fait que toire qui leur sert de base. Quatre-vingts rebelles, selon la KFOR, se mardi 15 mai. 190 ouvriers agricoles des palme- été revendiquée par les Autodéfenses unies de défendre les classes moyennes contre la guérilla. sont spontanément rendus mercredi. Dans un autre geste d’apaisement, la diplomatie européenne faisait BOGOTA Le sud du Bolivar sous haute tension général Tapias, commandant en pression sur la Macédoine, aux prises elle aussi avec un mouvement de notre correspondante chef des forces armées, s’en défend. albanais armé, l’UCK (Armée de libération des Albanais de Macé- Les Autodéfenses unies de Colom- Mer des Antilles ZONES CONTRÔLÉES PAR : « Certains militaires, à titre indivi- doine). « Le gouvernement macédonien doit faire preuve de retenue bie (AUC) ont juré de réussir là où LES FARC duel, se sont commis avec les Autodé- dans sa manière d’utiliser la force contre les extrémistes albanais », a l’armée colombienne a échoué : en fenses, mais jamais l’institution mili- déclaré, mercredi à Skopje, la ministre suédoise des affaires étran- L'ELN finir avec la guérilla. Apparues dans PANAMA taire en tant que telle », expli- gères, Anna Lindh, au nom de l’Union européenne. – (AFP.) les années 1980 et aujourd’hui pré- LES AUC que-t-il. Selon Mauricio Romero, sentes dans 40 % des municipalités ZONE DÉMILITARISÉE « les AUC sont relativement autono- DES FARC du pays, ces milices d’extrême droi- BOLIVAR mes de l’armée pour la bonne raison ZONE DÉMILITARISÉE La justice iranienne fait preuve te et leurs 8 150 hommes en armes DE L'ELN (projet) qu’elles en sont indépendantes finan- (selon les chiffres du ministère de la cièrement, grâce notamment à l’ar- Medellin Barrancabermeja défense) sont aujourd’hui un acteur gent de la drogue ». de clémence envers un journaliste essentiel de l’inextricable conflit VENEZUELA OCÉAN colombien. Mardi 15 mai, les PACIFIQUE BOGOTA DES « LIENS ALARMANTS » TÉHÉRAN. La cour d’appel a ramené, mardi 15 mai, de dix ans à six « paras » se sont encore signalés En Colombie comme ailleurs, l’ar- mois de prison la condamnation frappant le journaliste Akbar Ganji. par un nouvel enlèvement de mée régulière est bien mal armée M. Ganji, 45 ans, le plus célèbre journaliste iranien, une des « bêtes masse : 190 ouvriers agricoles des Cali pour gagner une guerre irrégulière. noires » de la justice et pourfendeur des dirigeants conservateurs, palmeraies de Villanueva, à 280 kilo- « Virez-moi les ONG de défense des avait été condamné, en janvier, par le tribunal révolutionnaire de mètres au nord-est de Bogota. droits de l’homme et je vous assure Téhéran à dix ans de prison et à cinq ans d’exil intérieur, essentielle- Ces milices ne constituent pas BRÉSIL que l’armée viendra à bout de la gué- ment pour sa participation à une conférence jugée « anti-islamique », seulement un obstacle sérieux aux rilla », résume un sous-officier. Sur organisée avec les Verts allemands, à Berlin en avril 2000. négociations de paix engagées par le terrain, les relations entre militai- La cour d’appel a rejeté, notamment, l’accusation d’« atteinte à la sécu- ÉQUATEUR le gouvernement avec les Forces res et paramilitaires vont de la com- rité de l’Etat », appliquée aux autres condamnés de la conférence de armées révolutionnaires de Colom- plicité ouverte ou de la tolérance Berlin pour ne retenir que celle de « propagande » contre le régime. bie (FARC, communistes) et l’Ar- passive à l’affrontement direct. Ce journaliste, étant emprisonné depuis plus d’un an, devrait être libé- mée de libération nationale (ELN, 200 km PÉROU Selon le ministère de la défense, au ré très prochainement, selon son avocat. – (AFP.) guévariste) : elles représentent aus- COLOMBIE cours de l’année 2000, 89 paramili- si, selon l’ambassade des Etats-Unis Source : CNN/Center international policy taires ont été tués lors de combats à Bogota, « la principale menace à Dans le sud du département du Bolivar, à 300 km au nord de la capitale, et 315 ont été capturés. Ils seraient Sécurité maritime : le Parlement l’Etat de droit en Colombie ». Pour la Bogota, les paramilitaires des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) et aujourd’hui plus de 800 dans les pri- l'Armée de libération nationale (ELN) s'affrontent violemment. première fois, le département sons colombiennes. Le gouvernement avait accepté d'octroyer à cette guérilla très affaiblie d’Etat américain a inclus les AUC une enclave démilitarisée pour la tenue de négociations. Les AUC et Soumis aux pressions de la com- européen veut des boîtes noires dans son annuaire 2000 des organi- les populations concernées s'y opposent farouchement. Le sud du Bolivar et munauté internationale, l’Etat affir- sations terroristes. En s’inquiétant la ville pétrolière de Barrancabermeja, « prise » par les paramilitaires à la guérilla me que la lutte contre les paramili- STRASBOURG. Le Parlement européen a maintenu, mercredi 16 mai, de la « dégradation du conflit colom- sous l'oeil bienveillant des militaires, sont devenus le symbole de la capacité taires est devenue une priorité. En une position différente de celle du conseil des ministres des transports bien », le rapport du Haut-Commis- du gouvernement à s'imposer sur les acteurs armés. octobre 2000, 388 militaires soup- des Quinze, sur deux propositions de directives concernant les inspec- sariat des Nations unies pour les çonnés de complicité avec les para- tions des navires dans les ports et la responsabilité financière des droits de l’homme, présenté en avril négociations de paix engagées en de 80 % en deux ans, soit cinq fois militaires ont été mis à pied. Malgré sociétés de classification. De ce fait, une conciliation devra se faire à Genève, confirme que les AUC 1982. La perspective de profondes plus que ceux de la guérilla. ces efforts, le Haut-Commissariat entre ces deux institutions colégislatrices, qui disposeront d’un délai sont désormais « responsables de la réformes a conduit élites politiques Les paramilitaires disputent à la des Nations unies pour les droits de de cinq mois pour trouver un compromis. La commission espère qu’el- majorité des massacres, menaces, dis- locales et propriétaires terriens mena- guérilla territoires et richesses du l’homme s’inquiète, dans son rap- les auront la volonté politique d’aboutir plus rapidement. paritions forcées et déplacements de cés à réagir, avec l’appui des militai- pays, parmi lesquelles la coca. Pour port, des « liens alarmants » qui per- Les deux institutions concernées sont désormais d’accord sur le nom- populations ». res et l’argent de la mafia », explique la guérilla, les paramilitaires ne sistent entre l’armée et les groupes bre de navires à inspecter, qui constituait le principal point de friction, Pour les observateurs colom- l’universitaire. sont que l’instrument du terrorisme d’autodéfense. mais le Parlement persiste à demander que tous les navires de plus de biens, les AUC sont une réponse d’Etat et la preuve du double jeu du A en croire les déclarations publi- 300 tonnes soient équipés de boîtes noires dans les cinq ans. Il est par- aux exactions de la guérilla et à l’in- EFFECTIFS CROISSANTS pouvoir politique. Les statistiques ques, les AUC font l’unanimité con- tisan de sanctions financières moins élevées que ne le demande le con- capacité du gouvernement d’assu- La forte croissance des effectifs montrent indiscutablement que la tre elles. Mais, en privé, un cadre seil, en cas de faute mineure des sociétés de classification. – (Corresp.) rer la sécurité des régions rurales. paramilitaires, depuis l’ouverture diminution des cas de violations d’entreprise de Bogota confesse ce Toutefois, pour Mauricio Romero, des négociations de paix engagées des droits de l’homme dus aux mili- que de nombreux Colombiens pen- DÉPÊCHES chercheur à l’Université nationale par le président Pastrana depuis jan- taires est allée de pair avec l’aug- sent : « Carlos Castaño et ses hommes b CHINE : le chercheur américain Li Shaomin, détenu en Chine de Bogota, le phénomène doit être vier 1999 avec les guérillas, corrobo- mentation des crimes imputables sont des assassins sanguinaires mais, depuis fin février, a été formellement accusé d'espionnage au profit compris dans son contexte histori- re cette thèse. Selon les chiffres du aux AUC. sans eux, la guérilla serait déjà là. » de Taïwan, a indiqué, jeudi 17 mai, un porte-parole de l'ambassade que. « Les milices rurales sont appa- ministère de la défense colombien, Le paramilitarisme n’en est pas des Etats-Unis à Pékin. Agé de quarante-cinq ans, titulaire d'un docto- rues dans la mouvance des premières les effectifs des AUC ont augmenté pour autant une politique d’Etat. Le M. D. rat en sociologie de l'université américaine de Princeton et naturalisé américain, Li Shaomin est professeur associé au département de mar- keting à la City University de Hongkong. Les autorités de Pékin Carlos Castaño, chef des Autodéfenses unies de Colombie (AUC) avaient refusé de préciser les motifs de sa détention. – (AFP.) a INDE : deux prêtres et un séminariste de l’ordre des salésiens ont été assassinés, mercredi 16 mai à Ngarian Hills, au sud-est d’Im- « Nous sommes un mouvement patriotique d’antisubversion civile » phal, capitale de l’Etat du Manipur. Cet assassinat, qui fait suite à des menaces de mort contre les religieux catholiques, a été imputé à un ou DÉPARTEMENT DU BOLIVAR pes, ont subitement disparu et se na est un traître à la patrie qui, – La croissance des AUC a été plusieurs groupes armés de guérilleros qui luttent pour l’indépendan- (nord de la Colombie) sont transformés en paysans. Vous sous couvert de négociations de rapide. Selon les chiffres du gou- ce du Manipur. Les victimes sont le Père Andreas Kindo, administra- de notre envoyée spéciale devez comprendre que, dans une paix, livre le pays à la guérilla. vernement, vous disposez aujour- teur du noviciat de la province salésienne de Dimapur, le Père Raphaël Au début des années 1990, Fidel guerre irrégulière, l’ennemi doit – Le gouvernement est soumis d’hui de huit mille hommes. Com- Paliakara, maître des novices et un séminariste, Joseph Shinui. Castaño, dont le père a été enlevé être éliminé où qu’il soit. Il est faux aux pressions croissantes de la ment pouvez-vous garantir un a EUROPE : les eurodéputés ont voté, mercredi à Strasbourg, par et assassiné par la guérilla, fonde de dire que nous avons utilisé des communauté internationale, qui contrôle effectif de vos troupes ? 246 voix contre 237 et 19 abstentions, un calendrier de travail pour les Autodéfenses paysannes de Cor- tronçonneuses ; vous savez qu’un demande à l’armée des résultats – Je dispose de treize mille hom- 2002 qui maintient des sessions écourtées de quatre jours dans la capi- doba et Uraba. A sa mort, Carlos, fusil-mitrailleur peut faucher un en matière de lutte contre les mes présents sur 70 % du territoire tale alsacienne. Nicole Fontaine, présidente du Parlement, a sans suc- son frère, a fait de l’organisation arbre : il peut aussi couper un hom- paramilitaires. Pourriez-vous national. La croissance exponentiel- cès tenté de rétablir le cinquième jour (vendredi), supprimé en 2000 un mouvement national. me en deux. Faute de prisons, je être amenés à lutter de front le des AUC s’est faite au détriment par une majorité de députés, qui protestent contre les déplacements « Comment définissez-vous suis obligé d’exécuter les guérille- contre les militaires ? de la qualité. Il devient plus difficile incessants entre Bruxelles et Strasbourg. – (Corresp.) votre mouvement, les Autodéfen- ros et, dans ce cas, c’est avec une – Les militaires nous ont tou- d’éviter les excès, mais ceux-ci n’ont a ÉTATS-UNIS : le président George W. Bush a invité, mercredi ses unies de Colombie (AUC) ? balle dans la tête. jours combattu. Mais les AUC refu- pas augmenté proportionnellement 16 mai, les ministres des finances et des affaires étrangères de 35 pays – Nous ne sommes pas des para- – Il est difficile de croire que seront toujours l’affrontement à nos effectifs. Les AUC bénéficient africains à venir en octobre à Washington discuter de la coopération militaires, mais un mouvement c’est en tuant les plus misérables avec l’armée. Les pressions de la dans l’opinion d’un taux de popula- économique, montrant ainsi sa volonté de suivre la voie tracée par Bill patriotique d’antisubversion civile, que vous allez régler les problè- communauté internationale peu- rité de 11 %, alors que celui de la Clinton pour resserrer les liens avec l’Afrique sub-saharienne. Cette unique au monde. Notre seul enne- mes du pays… vent influencer le haut commande- guérilla ne dépasse pas 3 %. réunion sera institutionnalisée par la création d’un forum de coopéra- mi est la guérilla, qui a pris pour – Cela ne fait pas pour autant tion économique et commerciale avec l’Afrique. – (AFP.) objectif militaire les classes moyen- des AUC un mouvement très a FRANCE-RUSSIE : l’extradition vers Moscou de l’homme d’affai- nes. La tâche des Autodéfenses est « L’argent de la drogue populaire… res ukrainien Mikhaïl Jivilo, arrêté à Paris le 22 février et accusé de de les défendre. – Je ne peux pas espérer devenir tentative de meurtre contre un gouverneur de Sibérie par la justice – La guérilla n’est-elle pas la a tout corrompu : populaire, étant donné les métho- russe, a été rejetée, mercredi 16 mai, par la cour d’appel de Paris, con- conséquence des injustices socia- des condamnables que je suis formément aux réquisitions du parquet général. M. Jivilo a été remis les dans le pays ? le gouvernement, contraint d’utiliser… en liberté aussitôt. – (AFP.) – Non, elle en est la cause. Et le – La justice vient de vous a TURQUIE : un accident d’avion militaire, mercredi 16 mai, dans la trafic de drogue qui a permis au l’Eglise, les guérilleros. condamner à soixante ans de pri- province de Malatya, à 500 kilomètres à l’est d’Ankara, aurait causé la conflit colombien de survivre à la son pour le massacre de 1997 à mort de trente-quatre de ses passagers, la plupart officiers. Selon des fin de la guerre froide est aujour- Et mon organisation, Mapiripán, un village de cultiva- témoins, l’avion aurait explosé en vol. Il y a trois survivants. C’est la d’hui au centre du problème. Je teurs de coca... plus importante catastrophe aérienne dans ce pays depuis 1994. n’arrive pas à comprendre com- elle aussi, vit en partie – J’ignorais que j’avais été –(AFP, Reuters.) ment les Européens croient encore condamné. Je n’ai jamais renié mes a YÉMEN : le haut conseil de défense du Yémen a annoncé, mer- que nous avons ici une “bonne” CARLOS CASTAÑO de la drogue » actes, mais je ne suis pas un délin- credi 16 mai, la fin du service militaire obligatoire dès dix-huit ans. Le guérilla, luttant les armes à la main quant. Si je viole la loi, c’est au nouveau règlement, prenant effet immédiatement, précise que l’ar- pour la justice sociale. L’argent de nom d’un droit inaliénable et uni- mée et les forces de sécurité seront désormais ouvertes aux seuls jeu- la drogue a tout corrompu : le – Mao disait que la paysannerie ment mais, sur le terrain, personne versel : le droit à la légitime défen- nes volontaires. – (AP.) Congrès, le gouvernement, l’Eglise, est à la guérilla ce que l’eau est au ne pourra jamais diviser des frères, se individuelle et collective. Je suis a OMS : le nombre des cas de lèpre dans le monde a diminué de les guérilleros. Et je ne vais pas poisson. Et maintenant, on entend unis contre un même ennemi. Je là pour sauver ma vie et celle de mil- 90 % en dix ans, a annoncé, mercredi 16 mai à Genève, la directrice jouer les martyrs puisque mon dire que les AUC veulent “vider n’ai pas à craindre l’armée parce lions de Colombiens. générale de l’Organisation mon- organisation, aussi, vit en partie de l’eau”. Non. Ce que nous voulons, qu’elle ne peut rien me faire. – Mais la justice internationale diale de la santé (OMS), Gro Har- la drogue. Ce ne sont pas les Peti- c’est purifier l’eau. Dans une guerre – Vous avez été catalogué comme ne vous le pardonnera pas… lem Brundtland. Ce résultat cor- tes Sœurs des pauvres qui vont en irrégulière, les troupes s’affrontent l’un des dix grands prédateurs de – Je suis partisan de la justice uni- respond à l’objectif fixé par les finir avec une « narcoguérilla », peu et les civils sont plus exposés la presse dans le monde… verselle. Il faut bien que quelqu’un Etats membres de l’OMS, qui mais des « narco-autodéfenses ». que les combattants. C’est terrible. – Je peux vous assurer que j’ai condamne Milosevic. Moi-même, je souligne toutefois que la lèpre – Comment justifier des actes – Vous ne croyez pas à la politi- toujours respecté la liberté et la sub- suis prêt à me rendre devant les tribu- n’est pas encore complètement comme le récent massacre de l’Al- que de paix du président Pastra- jectivité de la presse. Mais je ne naux internationaux, quand la guerre maîtrisée dans six pays : Brésil, to Naya où une quarantaine de na ? peux pas accepter que le journa- sera gagnée et à condition que les Inde, Madagascar, Mozambique, paysans ont été assassinés par – J’y ai cru. Au sein de l’état- lisme devienne une arme au service dirigeants des FARC et de l’ELN y Birmanie et Népal. Environ vos hommes ? major des AUC, j’ai défendu les de l’un des acteurs du conflit. Au aillent avec moi. Cela dit, je crois que 11 millions de malades ont pu – Un groupe des Autodéfenses concessions faites à la guérilla. Je cours de leur existence, les AUC la Colombie devra opter pour une être guéris au cours des quinze est entré dans une zone contrôlée voulais que le monde entier com- ont exécuté deux journalistes réconciliation à la sud-africaine. Je dernières années grâce à l’amé- par les Forces armées révolution- prenne que les FARC ne veulent locaux qui étaient, en fait, des gué- sais que j’ai été un vrai patriote et lioration de l’accès des commu- naires de Colombie (FARC) et l’Ar- pas la paix mais le pouvoir. Le prési- rilleros. que le peuple me pardonnera. » nautés à risque au diagnostic pré- mée de libération nationale (ELN). dent Pastrana se refuse toujours à – Pouvez-vous indiquer leur coce et au traitement gratuit. – Après deux jours de combat, les l’admettre et son aveuglement est nom ? Propos recueillis par (AFP.) guérilleros, acculés par mes trou- désormais coupable. Andrés Pastra- – Je ne m’en souviens plus. Marie Delcas 6 FRANCE LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001

RÉPUBLIQUE Les députés ont Corse, sous le contrôle du Parlement, maires dans le cadre des horaires ritairement contre ces trois articles met en évidence, dans un rapport de adopté, mercredi 16 mai, les trois à déroger à des dispositions législati- d’enseignement normaux. Il sera essentiels du projet. Elle peine cepen- juillet 2000, les risques d’infiltration articles clés du projet de loi relatif à ves et réglementaires. b LA LAN- également possible d’adapter la loi dant à présenter un front commun du grand banditisme dans le tissu la Corse, notamment l’article pre- GUE CORSE sera enseignée à tous les sur l’aménagement et la protection contre celui-ci. b LE PROCUREUR économique et les milieux politiques mier, qui autorise l’Assemblée de élèves des écoles maternelles et pri- du littoral. b LA DROITE a voté majo- général de Bastia, Bernard Legras, de l’île. Les députés autorisent la Corse à « déroger » aux lois nationales L’Assemblée nationale a adopté, mercredi 16 mai, les articles sensibles du projet de statut concernant les compétences, l’enseignement de la langue et l’aménagement du littoral. Daniel Vaillant n’a pas exclu une extension à l’ensemble des régions des pouvoirs dévolus à l’île

L’IMPORTANT, ce n’est pas seu- institutionnelle de l’île, il a toujours cer le débat sur la décentralisation. ainsi écarté, le gouvernement est re Albertini (Seine-Maritime), sous tionne plus la possibilité pour l’Assem- lement que le débat ait eu lieu, affirmé que celle-ci ne sera engagée Au nom des trois groupes de l’oppo- vite « revenu » à l’article 1, « totale- le regard approbateur du chevène- blée d’adapter directement les dans l’hémicycle de l’Assemblée qu’au vu de l’évaluation de la présen- sition, M. Fillon a défendu un amen- ment réécrit » par la commission mentiste Jean-Pierre Michel (Haute- décrets d’application des lois, mais nationale. Il fallait aussi qu’il soit te loi et du retour à la paix civile »,a dement visant à inscrire tout « nou- des lois. Selon la nouvelle mouture Saône). « Si vous voulez être cohé- elle précise que celle-ci devra au inscrit dans le « marbre » du Jour- déclaré le ministre de l’intérieur. veau transfert de compétences et de – l’amendement 260 – « le pouvoir rents, il faut préciser les domaines préalable être habilitée par le législa- nal officiel. Au cas où il serait saisi M. Rossi a apprécié, les greffiers ressources à la collectivité territoriale réglementaire de la collectivité terri- dans lesquels vous nous demandez teur pour fixer des règles adaptées sur le projet de loi relatif à la Corse, ont noté. de Corse », au-delà de la « présente toriale de Corse s’exerce dans le d’habiliter l’Assemblée de Corse à aux spécificités de l’île. » L’amende- le Conseil constitutionnel doit pou- La « traduction juridique » des loi », dans le cadre d’« une loi de cadre des compétences qui lui sont rédiger elle-même les décrets. Si c’est ment 260 a été adopté par 59 voix voir s’appuyer sur l’intention du accords de Matignon, et rien de décentralisation portant sur l’ensem- dévolues par la loi ». Par ailleurs, le clair, net et précis, alors cela mérite contre 12 : 54 PS ont voté pour, de législateur. Quant aux Corses, ils plus. Mercredi, l’Assemblée a adop- ble des collectivités territoriales ». gouvernement s’est appuyé sur une d’être rediscuté », a déclaré Pierre même que l’UDF Pierre Méhaigne- veulent avoir, au-delà de la réforme té les deux articles sensibles du pro- Défavorable à l’amendement, le décision du Conseil constitutionnel Lellouche (RPR, Paris). Au balcon, rie, 3 DL et M. Mamère (Verts) ; actuelle, des assurances sur la jet de loi – l’article 1, relatif aux ministre de l’intérieur n’a toutefois de 1993 pour donner à l’Assemblée Jean-Guy Talamoni, chef de file de 6 RPR, 4 MDC et 2 radicaux de gau- « deuxième étape », qui conduira compétences de l’Assemblée de pas fermé la porte à une future de Corse « la possibilité de procéder Corsica Nazione, a pris des notes, che ont voté contre. Enfin, 2 élus éventuellement, en 2004, à une révi- Corse, et l’article 7, sur l’enseigne- réforme : « Plusieurs députés ont sou- à des expérimentations comportant, et hoché la tête lorsque le porte- RPR, 3 PCF et Nicole Ameline (DL) sion constitutionnelle. ment du corse –, tels qu’ils avaient haité que l’on étende le dispositif du le cas échéant, des dérogations aux parole des Verts, Noël Mamère se sont abstenus. Comme l’a répété José Rossi (DL, été minutieusement réécrits par la projet à d’autres régions. Cela n’est règles [législatives] en vigueur ». (Gironde), a indiqué que l’amende- La droite a rejeté plus massive- Corse-du-Sud), mercredi 16 mai, au commission des lois. Autre disposi- pas contraire aux vues du gouverne- ment 260 était « plus restrictif » que ment l’article 12 « paillotes », com- deuxième jour du débat, «onne tion phare, l’article 12, qui adapte la ment, qui a des projets et de l’ambi- L’AMENDEMENT 260 la version du gouvernement. me l’appelle M. Fillon. A main sait pas qui sera le premier ministre loi littoral de 1986, a été approuvé tion en matière de décentralisa- Tour à tour, les élus de l’opposi- Une explication de texte s’impo- levée, le RPR, l’UDF et DL ont voté en 2004 ». Alors, le ministre de l’in- dans la nuit de mercredi à jeudi. Le tion », a ajouté M. Vaillant, évo- tion hostiles au texte ont mis en sait. Le rapporteur avait tout prévu contre, tandis que le PS l’a approu- térieur, Daniel Vaillant a dit les débat devait continuer jeudi, avant quant le projet de loi sur la démo- doute la constitutionnalité de et a lu une note de trois pages intitu- vé, ainsi que M. Rossi et Paul mots qu’attendaient, sans doute, la le vote solennel, prévu le 22 mai. cratie locale, actuellement « soumis l’amendement 260. « Je ne crois pas lée : « le travail effectué ». Les yeux Patriarche (DL, Haute-Corse). Le plupart des élus corses présents Ces trois articles 1, 7 et 12 sont au Conseil d’Etat ». L’amendement que la décision du Conseil constitu- rivés sur le texte, articulant chaque PCF s’est abstenu. Cet article confie dans les tribunes des visiteurs. «Si « au cœur du marchandage poli- de la droite, soutenu par Jean-Pier- tionnel de juillet 1993 autorise à mot, que chacun pourra lire dans le à l’Assemblée de Corse, et non plus le gouvernement a admis dès tique », a lancé François Fillon (Sar- re Chevènement (MDC, Belfort), a reconnaître de manière générale la JO, M. Le Roux a déclaré : « La nou- à l’Etat, le soin de définir la liste des juillet 2000 la nécessité d’une secon- the), porte-parole du groupe RPR. été rejeté. possibilité de déroger à la loi », a sou- velle rédaction issue de l’amende- « espaces naturels remarquables ». de étape pour définir l’organisation La droite a tenté, en vain, de dépla- Le débat sur la décentralisation tenu le porte-parole de l’UDF, Pier- ment voté par la commission ne men- Il l’autorise à construire des aména- gements légers dans la bande dite des 100 mètres, définie par la loi lit- toral, à l’exclusion de toute forme Le corse, l’occitan et le franco-provençal parlent « au cœur et à la tripe » des élus d’hébergement. En moins d’une demi-heure, la « MOI, je suis occitan, et je regrette de qui se sont abstenus. La « charge émotion- cle 7, a préparé un amendement de repli sion censurée en 1991 par le Conseil consti- Corse a gagné le droit de s’occuper n’avoir pu l’apprendre à l’école », lance nelle et politique » du sujet est vive, souligne demandant que l’apprentissage du corse tutionnel dans le statut de Pierre Joxe. Une des monuments historiques, des Gérard Saumade (app. MDC, Hérault). « J’ai Nicole Ameline (DL, Calvados). L’arti- soit remplacé par « une initiation ». José Ros- heure et demie plus tard, l’article est adopté télécommunications et du sport. appris l’occitan avant le français », ajoute cle 7 revêt un caractère « hautement symboli- si (DL, Corse-du-Sud), explique que cette ini- « dans sa rédaction la plus haute », se réjouit Jean Baggioni (RPR), président du Patrick Ollier (RPR, Hautes-Alpes). « Je sou- que », dit Pierre Albertini (UDF, Seine-Mari- tiation, comme l’« enseignement optionnel » M. Rossi, celle de la loi de 1996 sur l’ensei- conseil exécutif de Corse, a quitté haite que le franco-provençal devienne ma- time), il parle « au cœur et à la tripe », a dit réclamé par Jean-Pierre Chevènement, gnement du tahitien en Polynésie. « Il sera la tribune du public, pris d’une colè- tière à option pour le baccalauréat », renché- Paul Patriarche (app. DL, Haute-Corse), serait « en recul » par rapport à la pratique. rejeté par le Conseil constitutionnel », prédit re froide, parce qu’il n’avait obtenu rit Michel Bouvard (RPR, Savoie). Avant regrettant seulement « de ne pouvoir le dire Comme la veille, la droite laisse les « sou- M. Fillon. Bruno Le Roux, le rapporteur, que des transferts partiels de d’adopter sans changement l’article 7 du pro- en Corse ». On est pourtant loin de la pas- verainistes » de gauche attaquer le gouver- s’amuse encore de la seule péripétie de la compétence sur la culture, le sport, jet de loi, qui prévoit que « la langue corse sion de juillet 2000, quand les « accords de nement. Georges Sarre estime que « les discussion : s’il n’y avait eu M. Albertini, per- la formation, l’environnement. «Le est enseignée dans le cadre de l’horaire nor- Matignon » avaient annoncé « un enseigne- parents qui refuseront que leurs enfants sonne n’aurait pris garde que l’arti- rapporteur et le ministre de l’inté- mal des écoles maternelles et élémentaires de ment généralisé de la langue corse ». La droi- apprennent le corse seront victimes de discri- cle 7 omettait de préciser qu’il s’agissait rieur n’ont pas respecté l’esprit et les Corse », l’Assemblée nationale s’est offert, te se fait discrète et accommodante. mations, de menaces, de violence, d’exclu- d’un enseignement généralisé dans les éco- propos du premier ministre. Le mercredi 16 mai au soir, une petite promena- Mme Ameline rappelle l’« évidence » qu’il y a sion » et que les enseignants recrutés devien- les maternelles et primaires « de Corse ». centralisme parisien a gagné », s’in- de dans les vies privées, un vagabondage à « préserver et promouvoir les langues régio- dront des « militants de l’ethnicisme ». « Preuve que chacun de ceux qui ont examiné dignait-il. couleur sépia dans l’enfance et les terroirs, nales, patrimoine de l’humanité ». M. Alberti- M. Rossi, M. Patriarche et Noël Mamère le texte étaient bien convaincu de son caractè- un détour dans les rêves des élus. Y compris ni s’inquiète seulement de l’existence viennent au secours du gouvernement. re optionnel ! », a lancé le rapporteur dans Ariane Chemin – surtout – chez ceux qui ont voté contre l’ar- d’« une orthographe homogène lorsqu’il s’agi- M. Mamère (Verts, Gironde) affirme, seul, l’Hémicycle. et Clarisse Fabre ticle : le MDC et le RPR, ainsi qu’une partie ra d’écrire le corse au tableau ». François que « la langue corse est constitutive du peu- de l’UDF, de DL, et chez les communistes, Fillon, qui demande la suppression de l’arti- ple corse », utilisant « à dessein » l’expres- Ar. Ch. f www.lemonde.fr/corse

Les dérogations à la loi littoral destinés à l’accueil non hôtelier du public ». C’est Certains socialistes voteront le texte sans enthousiasme L’article 12 du projet de loi déroge, Le projet de loi propose que le cas des fameuses « paillottes ». sur trois points, à la loi du 3 janvier l’Assemblée de Corse puisse b Les zones urbanisées. La loi 1986 relative à l’aménagement, directement établir et modifier cette littoral précise que, dans les Henri Emmanuelli exprime notamment ses réticences sur la langue corse la protection et la mise en valeur liste, sans le contrôle communes littorales, l’extension de du littoral. du Conseil d’Etat. l’urbanisation peut se faire « soit en DÉPUTÉS modèles, levez- rations. Au terme des accords de positions fiscales particulières con- b La liste des espaces b La bande des 100 mètres. continuité avec les agglomérations et vous ! Sagement alignés dans le Matignon en juillet 2000, le grou- cédées à l’île. « Quand je lui ai fait remarquables. Les espaces les plus La loi littoral interdit toute villages existants, soit en hameaux sillage de leur chef de groupe, pe socialiste navigue à vue. «Ilya observer que l’exonération sur les beaux sont les plus menacés par construction « sur une bande nouveaux intégrés à Jean-Marc Ayrault, les élus socia- eu un flottement à ce moment », successions n’englobait plus les l’urbanisation. Pour les protéger, la de 100 mètres à compter de la limite l’environnement ». Le projet de loi listes adopteront sans barguigner reconnaît François Loncle (Eure). biens mobiliers, il a été plus nuan- loi littoral confie à un décret en haute du rivage ». Le projet donne à l’Assemblée de Corse la le projet de loi sur la Corse, mardi Débute alors une longue phase cé », explique René Dosière. Conseil d’Etat le soin d’en dresser la de loi prévoit que la collectivité possibilité de définir, de façon 22 mai. Et tant pis pour les états d’explications de texte engagée Mais le député de l’Aisne recon- liste. Actuellement, en Corse, territoriale de Corse pourra dérogatoire, « des règles relatives d’âme qui lézardent toujours les par le rapporteur du texte, Bruno naît que le groupe PS accomplira Canettu, La Testa, Rundinara, déterminer des espaces à l’extension de l’urbanisation, certitudes. « Il n’y a pas de vie poli- Le Roux (Seine-Saint-Denis) et le son devoir « sans enthousiasme » Palumbaghja, Nonza, Barcaggiu, de cette bande littorale dans adaptées aux particularités tique sans discipline de vote, résu- président de la commission des pour tracer « un chemin plein d’em- Tuara, Piantarella, Ostriconi ou lesquels pourront être autorisés géographiques locales ». Le Conseil me René Dosière (Aisne). Il m’est lois, Bernard Roman (Nord). René bûches ». Au fil de ses médiations, Saleccia, notamment, ont été « des aménagements légers d’Etat a jugé cette disposition arrivé, dans le passé, d’exprimer Dosière, qui fut rapporteur du pro- il a recensé trop de frustrations et classés « espaces remarquables ». et des constructions non permanentes contraire à la Constitution. des réserves, voire mon opposition, jet de loi sur la Nouvelle-Calédo- d’incompréhensions sur « les avant de me plier à la volonté géné- nie sous le gouvernement de aides » accordées dans le passé rale au moment du scrutin. » Michel Rocard, rejoint le duo. pour susciter un véritable élan de Dans la catégorie des élus Puis c’est au tour de Jean-Pierre sympathie pour cette réforme. Le droit de saisine du statut Joxe est tombé en désuétude « sceptiques » mais qui ne rejoin- Blazy (Val-d’Oise) de renforcer la « Globalement, la Corse ne bénéfi- dront pas la coalition hétéroclite cellule des pédagogues après cie pas d’une bonne image de mar- OUTRE la possibilité d’adapta- Corse soit classée en zone zéro (la sance et de la croisière en Corse ; des opposants, Henri Emmanuelli avoir surmonté ses propres que auprès des élus », observe tion des textes réglementaires ou plus avantageuse) pour l’indemni- ou encore une autre sur les condi- figure en tête de liste. Le président réticences. M. Dosière, qui note chez certains législatifs qu’il donne à l’Assem- té de résidence des fonctionnai- tions de la pêche en eaux douce. de la commission des finances La plupart des députés PS n’ont d’entre eux une vision « caricat- blée de Corse, l’article premier du res. Cette demande devait effecti- Le gouvernement a également « n’est pas partisan du processus » encore qu’une connaissance mar- urale » de l’île et de ses habitants. projet de loi reprend, également, vement être intégrée au proto- opposé une fin de non-recevoir initié par Matignon, pointant du ginale du projet gouvernemental. l’article 26 de l’actuel statut de cole d’accord signé le 10 mars au souhait des élus corses d’ac- doigt l’article 7 relatif à la langue Absorbés par d’autres dossiers LE PRÉCÉDENT DU PACS l’île, voté en 1991, et qui élargis- 1995 avec cinq des huit syndicats quérir une plus grande autono- corse. « Je ne suis pas pour qu’on nationaux ou uniquement impré- Bruno Le Roux admet que de sait une compétence déjà esquis- insulaires. mie dans la définition la carte sco- crée à des enfants, dans certains gnés du quotidien de leur circons- nombreux députés maîtrisent mal sée dans le statut de 1982. La seconde a porté sur l’abroga- laire, de voir le Syndicat des tra- milieux, un handicap supplémentai- cription, ils ne retiennent que « un sujet compliqué que tous n’ont Ce fameux article 26 donne la tion, par le projet de loi de finan- vailleurs corses (STC) reconnu re. Ceux qui font de la langue des l’écume « inquiétante » du texte. pas étudié à fond. ». Mais il se féli- possibilité à la collectivité terri- ces pour 1999, des arrêtés Miot comme syndicat représentatif, symboles devraient se souvenir « Sur l’article 1, qui octroie à l’As- cite de la disponibilité des élus PS. toriale de Corse de présenter – au qui exonèrent, de fait, les héri- d’obtenir l’intégration du patri- qu’autrefois, ils étaient portés par semblée de Corse un pouvoir législa- Quitte à sonner le rappel comme il Parlement ou au gouvernement – tiers corses de droits de succes- moine foncier des chemins de fer des milieux très conservateurs et ce tif encadré, il a fallu lutter contre a dû le faire, mercredi, avant le des propositions tendant à sion depuis près de deux siècles. dans le patrimoine de la collectivi- n’était pas un hasard. » les idées reçues », assure M. Dosiè- vote de l’article 1, pour éviter que modifier ou à adapter des dis- Le 15 décembre 1998, Lionel Jos- té territoriale de Corse ou encore re. Il est vrai que le remodelage de ne se répète le précédent fâcheux positions législatives ou réglemen- pin donnait satisfaction aux élus l’élargissement du régime des DÉBATS APAISÉS l’article sur la langue n’a pas du PACS, repoussé en raison du taires en vigueur ou en cours corses et suspendait pour un an aides directes et indirectes que Si M. Emmanuelli a conclu sa apporté de clarté. Dans le camp nombre insuffisant de députés d’élaboration. cette abrogation, le temps de met- celle-ci est habilitée à octroyer démonstration par une observa- des « réticents », figuraient Yves socialiste dans l’hémicycle. L’Assemblée de Corse a utilisé tre en place un dispositif fiscal aux entreprises. tion tranchée en liant les thèmes Durand (Nord) ou Jacques Fleury Pour autant, il n’y a pas que des ce droit d’interpellation à seize spécifique permettant aux contri- Si toutes ces propositions ont fédéralistes « à la droite ou l’extrê- (Somme). La Gauche socialiste a, élus socialistes désabusés à l’As- reprises au cours des dix derniè- buables corses de ne pas être sou- essuyé un échec, plusieurs d’entre me droite », il n’envisage pas d’affi- elle aussi, entonné sa petite musi- semblée nationale. Jean-Pierre res années. Avec si peu de succès, mis au régime de droit commun… elles ont toutefois ressurgi à l’oc- cher ses critiques lors du vote que sur un air de dissonances. Bæumler (Haut-Rhin) s’appuie cependant, que les élus de l’île se casion du processus de Matignon. solennel. « Je me tais car je ne veux M. Loncle attribue ces interpréta- sur le régime particulier en sont lassés d’y recourir. Ils ne SANS SUITE Celles sur le patrimoine foncier pas hypothéquer les chances [du tions divergentes aux lignes qui vigueur en Alsace pour défendre l’ont plus utilisée qu’une seule A ces deux exceptions près, les des chemins de fer et sur le régi- projet] si elles existent. » Devant la traversent le PS. « Nous comptons, le projet de loi sans états d’âme : fois depuis 1996. propositions de l’Assemblée de me d’aides directes et indirectes tournure apaisée des débats, Jean- nous aussi, des jacobins, remarque « J’ai rassuré les collègues qui Sur les seize saisines, en effet, Corse n’ont pas été prises en ont même été intégrées au projet Marc Ayrault ne s’offusque pas le président de la commission des m’ont interrogé, je ne vois aucun ris- deux seulement ont été suivies compte. Sont ainsi restées sans de loi. La proposition de recon- des dissonances qui ont traversé affaires étrangères. Ce sont que et je ne comprends pas tout ce d’effet. La première, adoptée par suite une demande d’instauration naissance du STC fait, quant à le groupe. « Les réticences ont été d’ailleurs les mêmes qui dénoncent tintamarre. Il faut soutenir toutes l’Assemblée de Corse le 20 février d’un service minimum dans les elle, l’objet d’un amendement de évoquées, mais un large consensus la circulaire Lang sur les langues les mesures qui renforcent la décen- 1995 alors que la fonction publi- transports maritimes entre la Cor- José Rossi (DL). s’est dégagé au fil des discussions. » régionales. » tralisation. » que de l’île était en plein conflit se et le continent ; une proposi- Avant d’en arriver au quitus, il a L’économiste Gérard Fuchs (Sei- social, visait à obtenir que la tion pour une politique de la plai- Lætitia Van Eeckhout fallu surmonter doutes et exaspé- ne-Maritime) pestait contre les dis- Elie Barth FRANCE LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 7 A l’été 2000, le procureur de Bastia dénonçait la faiblesse de l’Etat face au grand banditisme PLUSIEURS hauts magistrats, à vent suspectés, rarement condam- sur lui, le fisc a beaucoup travaillé, tiatives de coordination de l’action Paris et en Corse, estiment que nés, ils échappent depuis vingt ans en vain’’. Vérification faite, aucune des différents services de l’Etat ain- l’Etat a délaissé le front ouvert, au aux sanctions réservées aux for- procédure n’est actuellement diligen- si que les échanges entre les par- printemps 2000, contre le grand faits dont on les accuse. « L’erreur, tée à l’encontre de M. Colonna, quets généraux de Bastia et d’Aix- banditisme, par le ministère de la écrit M. Legras dans son rapport,a aucune condamnation ne figure à en-Provence, ont fait long feu. Le justice, dirigé par Elisabeth Gui- certainement consisté à avoir une son casier judiciaire. » Cet ancien procureur stigmatise l’Unité de gou. Le dispositif alors mis en approche globalisante et donc à met- de la French Connection est présen- coordination de recherche anti- place pour coordonner l’action tre en œuvre des actions inadaptées. té comme le propriétaire, en sous- mafia (Ucram) du ministère de l’in- publique contre les intérêts natio- Il s’agit, en réalité d’une criminalité main, de plusieurs hôtels et établis- térieur, dont l’action, dit-il, «se naux et internationaux du banditis- protéiforme, à l’organisation très sements de nuit sur l’île, « dirigés borne à organiser l’accueil de déléga- me insulaire leur semble avoir été complexe, pratiquée par des groupus- par des prête-noms ». Il aurait égale- tions étrangères ». abandonné par l’équipe de la nou- cules constitués sur une base fami- ment des intérêts importants en Plus surprenant encore, au titre velle ministre, Marilyse Lebranchu. liale, qui se sont associés en fonction Afrique et en Amérique. des difficultés rencontrées par la Ainsi le constat d’impuissance des circonstances, mais qui ont tou- Au titre des lacunes du système justice pour lutte contre le banditis- des pouvoirs publics en matière de jours conservé leur autonomie. Les judiciaire, M. Legras relève «le me, M. Legras évoque le refus de la lutte contre le grand banditisme, membres de ces équipes ne se sont caractère éminemment aléatoire de direction centrale de la police judi- fait par le procureur général près la pas enfermés dans les secteurs tradi- la coopération internationale en ciaire, et notamment du numéro cour d’appel de Bastia, Bernard tionnels du banditisme (vol à main matière pénale ». Ainsi, pour la deux de ce service, Roger Marion, L’opposition s’efforce de paraître Legras, et remis à la chancellerie à armée, machines à sous, drogue, seule enquête ouverte sur des faits de lui communiquer les éléments l’été 2000, conserve-t-il son actua- prostitution), mais ils ont investi de blanchiment d’argent découvert détenus sur le grand banditisme. lité. Ce document, resté confiden- leurs butins dans les secteurs de l’éco- sur l’île de Cavallo, dans l’extrême « J’ai dû constater que les services unie sur un sujet qui la divise tiel jusqu’à maintenant, a été révé- nomie traditionnelle. » La sud de la Corse, le procureur géné- locaux et nationaux du ministère de lé par Le Parisien du 15 mai. prégnance de ces personnes sur ral indique que « si la justice fran- l’intérieur ne disposaient pas ou EN L’ESPACE de vingt-quatre te et des élus qui souhaitent s’abs- M. Legras jugeait l’arsenal juridi- l’économie locale serait d’autant çaise avait voulu opérer à armes disaient ne pas disposer d’éléments heures, les dispositions des dépu- tenir, aucune consigne n’est affi- que et les moyens d’enquête alors plus aisée que l’île connaît une égales, elle aurait dû effectuer des de synthèse sur la criminalité organi- tés de l’opposition à l’égard du chée. Si Alain Madelin, président disponibles en Corse insuffisants pénurie de capitaux. investigations dans plusieurs pays : sée en Corse. (…) Je dirai, pour rester débat sur la Corse ont radicale- de Démocratie libérale, s’est enga- pour espérer mettre en péril l’acti- Panama, Etats-Unis, Brésil, Luxem- mesuré, que cette fin de non-rece- ment changé. Ayant d’abord gé sans réserve en faveur du texte vité délictueuse des principales « ORGANISATION FÉODALE » bourg, Liechtenstein, Suisse, Italie, voir est éminemment désagréable. » annoncé qu’elle l’aborderait avec du gouvernement, ses homolo- figures du banditisme résidant en Dans le sud de l’île, M. Legras Belize, Monaco, Espagne, Angle- Sollicité par Le Monde, le procu- prudence, en présentant, selon la gues du RPR et de l’UDF, Michèle Corse et leur infiltration dans le décrit l’existence d’une criminalité terre, île de Man, Jersey ». reur général Legras s’est refusé, formule de François Fillon, porte- Alliot-Marie et François Bayrou, tissu économique et politique construite « sur une organisation Par ailleurs, les services de poli- mercredi 16 mai, à tout commentai- parole du RPR, « des amendements s’en tiennent au silence. insulaire. féodale ». « Tous mes interlocu- ce, estime-t-il, se sont consacrés re sur le contenu de son rapport. Il de main tendue au gouvernement », Pour expliquer le changement L’équipe de malfaiteurs, connue teurs, sans exception, dit-il, m’ont essentiellement aux affaires de ter- a seulement souligné que le disposi- la droite a finalement engagé la dis- de ton au RPR, M. Fillon accuse sous le nom de « Brise de mer », en présenté Jean-Baptiste Colonna, dit rorisme, « délaissant les autres for- tif judiciaire actuellement en place cussion dans la cacophonie. Les M. Balladur et M. Sarkozy. «A la souvenir d’un café de Bastia où ses Jean-Jé, comme l’élément majeur, mes de criminalité ». L’absence de en Corse maintient « un niveau de plus réfractaires au projet de loi, fois par conviction, pour tenir comp- membres avaient pour habitude de incontournable de la criminalité volonté politique sur le terrain du sécurité publique que l’on n’avait particulièrement au RPR, ont in te de certaines personnalités du se réunir, disposerait d’un patrimoi- organisée en Corse-du-Sud. Mais, grand banditisme a été accentuée, pas connu depuis des années ». extremis décidé de reprendre leurs groupe, et pour assurer une certaine ne estimé entre 800 millions de pour citer le responsable d’un servi- affirme le procureur de Bastia, par troupes en main, pour isoler les compatibilité avec les positions de francs et 1 milliard de francs. Sou- ce local, ‘‘tout le monde a planché l’« inconstance de l’Etat ». Des ini- Jacques Follorou partisans d’une approbation du l’UDF et de DL, j’ai eu l’attitude la texte négocié entre le gouverne- plus ouverte, modérée et humble ment et les élus de Corse. possible sur ce dossier, expli- Mardi 15 mai au matin, Edouard que-t-il. Le problème est que, comp- Balladur se déclare, sous réserve, te tenu de mes propos modérés, le disposé à voter le texte. M. Fillon plaidoyer de Balladur et Sarkozy dit au même moment « peut-être » pour un vote favorable a provoqué à ce projet, tandis que Nicolas un réflexe de crispation au sein du Sarkozy, dans Le Monde, appelle groupe. » l’opposition à ne pas faire de la D’autres évoquent, pêle-mêle, le Corse « un enjeu partisan ».Or refus d’« agir avec un pistolet sur la Jean-Louis Debré, président du tempe » (Patrick Devedjian, RPR, groupe RPR, annonce, à midi, que Hauts-de-Seine), la présence des les députés gaullistes voteront con- nationalistes corses dans les tribu- tre un projet qui « prépare l’indé- nes de l’Assemblée (Renaud Don- pendance ». En début d’après- nedieu de Vabres, UDF, Indre-et- midi, M. Fillon accuse le gouverne- Loire), la pression d’électeurs hosti- ment de donner « une prime à la les au texte (Hervé Morin, UDF, violence » en concédant à l’île un Eure) ou les réponses insatisfaisan- statut spécifique qu’il refuse aux tes de Daniel Vaillant, ministre de autres régions. Mercredi, Alain Jup- l’intérieur, et du rapporteur, le pé (RPR) indique qu’il votera con- socialiste Bruno Le Roux (Domini- tre un texte qui « comporte trop de que Perben, RPR, Saône-et-Loire). risques ». François Sauvadet, porte- La raison du durcissement d’une partie de l’opposition se trouve sans doute aussi dans la nouvelle Lors du débat rédaction proposée par le rappor- teur pour l’article 1 du projet de sur l’enseignement loi, le plus controversé, sur le pou- voir d’adaptation réglementaire. de la langue corse, La version initiale du texte, en ce qu’elle soulevait à l’évidence de les trois porte-parole sérieuses difficultés constitution- nelles, permettait à une opposi- des groupes étaient tion tout aussi partagée, sur le fond, que la majorité, de trouver pratiquement un angle d’attaque unificateur : quelles que soient les ambitions les seuls représentants décentralisatrices, à l’évidence inégalement partagées dans l’op- de l’opposition position, quelles que soient les con- ceptions de l’unité de la Républi- en séance que, la critique de l’inconstitution- nalité offrait un angle d’attaque incontestable. parole du groupe UDF, annonce Elle présentait accessoirement que son groupe, qui la veille l’avantage d’être aussi celui de Jac- « s’orientait vers l’abstention », ques Chirac, qui, le 13 février, « évolue » désormais « vers un vote avait refusé d’inscrire à l’ordre du majoritairement contre ». Le résul- jour du conseil des ministres une tat de ce changement de pied ne première version du projet de loi s’est pas fait attendre : mercredi, sur la Corse en invoquant les « dif- lors de l’important débat sur l’en- ficultés constitutionnelles soulevées seignement de la langue corse, les par le Conseil d’Etat ». trois porte-parole des groupes De l’aveu même de députés de étaient pratiquement les seuls l’opposition, l’amendement pré- représentants de l’opposition en senté par M. Le Roux, le 10 mai (Le séance et, dans les couloirs, l’après- Monde du 12 mai) réduit le risque midi, l’embarras était manifeste d’inconstitutionnalité. Avant le chez un certain nombre d’élus. durcissement à droite, M. Fillon Cette embardée est d’autant avait dit de cette nouvelle rédac- plus surprenante que l’opposition tion qu’elle « lève une des objec- avait préparé collectivement ce tions que nous avions contre le tex- débat. Observatrice silencieuse te ». Pierre Albertini, porte-parole tout au long du processus de Mati- de l’UDF, estimait que ce « recul » gnon, elle y a consacré trois réu- avait « changé la donne » et ren- nions de l’intergroupe RPR-UDF- dait « possible, en l’état, un vote DL, avant que les principales figu- positif ». res de l’opposition ne s’expriment L’amendement Le Roux a finale- au fond. « Au fil des réunions, le cli- ment privé l’opposition de l’argu- mat s’était détendu », témoigne ment constitutionnel, à l’abri José Rossi (DL), député de Corse- duquel elle pouvait masquer ses du-Sud et président de l’Assem- désaccords. Du coup, l’opposition blée de Corse. Les élus RPR, com- a été conduite à changer de regis- me les libéraux et les centristes, tre et à se confronter, une fois ont à l’esprit qu’en cas de victoire encore, à ses divisions au sujet de de leur camp ils seront appelés à la décentralisation et de la Républi- gérer à leur tour le dossier corse. que. Sachant combien elles sont Ceux qui refusent la dévolution à profondes, particulièrement au l’Assemblée de Corse de pouvoirs RPR, M. Debré a préféré fermer le d’adaptation réglementaire et débat, plutôt que de le voir législatif – la majorité – voteront s’ouvrir en séance publique. donc contre, mais aborderont la discussion avec prudence. Et, puis- Cécile Chambraud et qu’il y a aussi des partisans du tex- Jean-Baptiste de Montvalon 8 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 FRANCE Jean-Michel Lemétayer Communistes et socialistes s’opposent sur le droit de licenciement La gauche du PS a convaincu une quarantaine de députés de signer une proposition destinée à étendre de façon significative devrait être la période pendant laquelle l’administration du travail peut invalider un plan social A l’Assemblée nationale, des dissensions groupes industriels, doit être une nouvelle qui a abandonné les débats, tout comme les sitions de la Gauche socialiste, visant à durcir élu président sont apparues entre députés socialistes et fois discuté, mardi 22 mai, à l’Assemblée autres députés de son groupe. Le PS éprouve le texte, le « retour masqué de l’ autorisation communistes dans le débat sur le projet de nationale. Mercredi 16 mai, l’examen des également des difficultés à aplanir les diver- administrative de licenciement ». Lundi 21 loi de modernisation sociale. Le texte, qui amendements en commission a notamment gences apparues en son sein. Le rapporteur mai, Elisabeth Guigou, ministre de l’emploi et de la FNSEA veut limiter les licenciements dans les grands provoqué la colère de Maxime Gremetz (PCF), socialiste, Gérard Terrier, voit dans les propo- de la solidarité, doit rencontrer M. Gremetz. LES 69 MEMBRES du conseil RIEN ne va plus dans la majo- chez Marks & Spencer, Danone Quelques heures plus tard, lors de lever les divergences internes. MM. Le Garrec et Terrier aboutit d’administration de la Fédération rité. La discussion sur le projet de et Valeo. de la reprise de la discussion sur La veille, déjà, une première réu- bien à faire disparaître le mot, elle nationale des syndicats d’exploi- loi de modernisation sociale, pré- Après un passage au Sénat, fin les autres volets du texte, Muguet- nion s’était soldée par l’apparition lui substitue la notion de « réorga- tants agricoles (FNSEA), la principa- vue à l’Assemblée nationale mar- avril, qui a en quelque sorte servi te Jacquaint (PCF, Seine Saint- de tensions, au point que la discus- nisations destinées à sauvegarder la le organisation paysanne, étaient di 22 mai, provoque de violents de répétition, le texte revient main- Denis), « solidaire », adoptait la sion avait rebondi, dans la soirée, compétitivité des entreprises ». Tour convoqués, jeudi 16 mai, pour un remous entre socialistes et com- tenant au Palais-Bourbon, où alter- même attitude : la grève. Aucun au bureau national du PS, contrai- à tour, Alain Vidalies, Eric Besson, ordre du jour simple : élection d’un munistes et dans les rangs du PS cations et conciliabules se sont suc- communiste n’a participé aux tra- gnant l’invité du jour, le secrétaire Gérard Filoche et Martine Aubry président en remplacement de Luc lui-même. Les uns menacent de cédé mercredi tout au long de la vaux de la commission. Le groupe d’Etat à l’économie solidaire, Guy ont donc contesté l’utilité d’une tel- Guyau, en fonctions depuis 1992 ; voter contre le texte défendu par journée. Mercredi, l’examen des a, par ailleurs, réclamé un vote Hascoët, à patienter vingt minutes le démarche qui, aux yeux de cer- situation de l’outre-mer ; questions Elisabeth Guigou, ministre de amendements en commission des solennel sur le texte, tout comme à la porte. Objet de la querelle : tains, justifie davantage encore les diverses. Jean-Michel Lemétayer, l’emploi et de la solidarité, tout affaires sociales a tourné court. il en réclamera un, dans la foulée, l’amendement du président (PS) licenciements des entreprises pros- secrétaire général adjoint de la en multipliant les manifestations Porte-parole du groupe PCF, Maxi- sur celui qui contient le plan d’aide de la commission des affaires pères. « C’est le bazar », résumait FNSEA, était seul candidat déclaré de mauvaise humeur ; les autres me Gremetz a claqué la porte. au retour à l’emploi (PARE). «Je sociales, Jean Le Garrec, et de en aparté Henri Emmanuelli. pour cette fonction. se disputent sur la stratégie à « Nous commençons à discuter traduis cela comme un vote de pres- M. Terrier, sur la définition du De leur côté, les députés de la M. Lemétayer connaît tout de la tenir et les propositions à soute- alors que le gouvernement n’a pas sion sur la majorité. Comment les licenciement économique. Gauche socialiste, Julien Dray et production laitière : qualités nir. Motif de cette agitation : les déposé ses amendements. Le rappor- communistes espèrent-ils justifier Yann Galut, ont convaincu quaran- organoleptiques, taux de matières licenciements dans les grands teur [PS] présente les siens, longs de leur position favorable en première RÉDACTION ACCÉLÉRÉE te autres députés de signer l’une grasses, système des quotas de pro- groupes, Mercredi 16 mai, il n’a deux pages, sans que nous ayons pu lecture et négative aujourd’hui ? Actuellement, le code du travail de leurs sept propositions desti- duction, aides, chemins vicieux de été pratiquement question que les regarder et il faudrait voter C’est suicidaire ! », tentait de se ras- lie ces licenciements « notam- nées à étendre de façon significa- la listeria, rapports virils avec les de cela… Adopté sans trop d’ac- pour ? », s’est échauffé le député surer le rapporteur socialiste, ment » à des difficultés écono- tive la période pendant laquelle distributeurs ou les multinatio- crocs en première lecture à l’As- de la Somme, reparti en laissant Gérard Terrier. miques ou à des mutations techno- l’administration du travail peut nales du fromage et du beurre com- semblée en janvier, le volet sur la table les 19 propositions de Las, côté PS, les choses ne vont logiques, adverbe non exclusif que invalider un plan social en dres- me avec les coopératives de proxi- emploi du projet s’est compliqué son groupe, toutes rejetées en son pas très fort non plus. Mercredi, la voudrait supprimer une partie de sant un constat de carence. «De mité. Il est depuis six ans président avec l’annonce de licenciements absence. réunion du groupe n’a pas permis la gauche. Or, si la proposition de cette façon, le politique aurait le der- de la Fédération nationale des pro- nier mot », explique M. Filoche, ins- ducteurs de lait et du Comité natio- pecteur du travail. « C’est le retour nal d’information laitière, efficace « Euromanifestation » masqué de l’autorisation adminis- lobby qui a toujours, au Salon de Le défilé du 9 juin contre les licenciements prend forme trative de licenciement ! », s’insur- l’agriculture, un stand très animé pour Marks & Spencer ge M. Terrier. Les signataires où Jacques Chirac se fait un plaisir MALGRÉ les réserves exprimées au niveau des « La manifestation du 9 juin a une double légitimité : ayant, aux yeux du rapporteur, de venir échanger quelques mots et Plusieurs milliers de salariés directions des confédérations, ils n’en démordent elle émane des salariés concernés, elle émane d’organi- adhéré par méconnaissance du déguster un verre de lait fraise. de Marks & Spencer, parmi les- pas. Les syndicalistes à l’origine d’un appel pour une sations syndicales et n’est dirigée contre aucune d’entre dossier, ce dernier a donc entre- Sans compter une place au quels beaucoup de Français et de manifestation nationale à Paris, le 9 juin, « contre les elle », a expliqué à la tribune Olivier Birreaud (Syco- pris, mercredi, de prodiguer des Conseil économique et social, à Belges, sont attendus au cœur de licenciements et les suppressions d’emplois » se sont pa, ex-CFDT) au nom des Marks & Spencer. « Il faut « cours de droit » tous azimuts Paris, et à l’organisme régional simi- Londres, jeudi 17 mai, pour une réunis une nouvelle fois, mercredi 16 mai, à la Bourse réussir le 22 mai, pas seulement pour protester contre pour les faire changer d’avis. laire en Bretagne, la présidence du « euromanifestation » destinée à du travail. Les LU-Danone de Ris-Orangis, les les licenciements, mais aussi pour conquérir des droits Tard dans la soirée, le ministère conseil d’administration de l’Insti- dénoncer l’« attitude inaccepta- Marks & Spencer, les Delphi-Carbon, les Valeo de nouveaux», a indiqué Françoise Wagner, au nom de la de l’emploi accélérait la rédaction tut supérieur de formation agroali- ble » du groupe et à protester Cahors et les Motorola de Toulouse ont été rejoints confédération CGT, tout en rappelant que la fédéra- de ses propres amendements – mentaire de Rennes et – fonction à contre ses projets de fermeture par Pechiney-Marignac (Haute-Garonne), établisse- tion agroalimentaire de sa centrale s’était engagée sur une quinzaine – pour les présenter laquelle il tient « presque plus que d’ici à la fin 2001 de 38 magasins, ment menacé de fermeture et qui s’est mis en grève le le 9 juin. jeudi, et rendez-vous a été pris, tout » – la présidence du Salon pro- dont 18 en France. La Confédéra- 2 mai. Tandis que le PCF, dont les représentants s’étaient lundi 21 mai, entre Mme Guigou et fessionnel de l’élevage Space, qui, tion européenne des syndicats Désormais, le principe est acquis, des réunions de fait excuser, a redit par message son appui et au M. Gremetz. Ces propositions con- chaque année, à la mi-septembre, (CES) entend plaider, à cette préparation commencent à se tenir au niveau local et 22 mai, et au 9 juin, Jean-Luc Bennahmias, secrétaire cernent notamment les congés de accueille plus de 100 000 visiteurs à occasion, pour l’adoption d’une des projets de parcours sont mis en discussion. Reste national des Verts, a soutenu le 9 juin. Attac, AC !, la reclassement et la formation des Rennes. Cumulard, M. Lemétayer ? directive sur l’information et la un curieux débat « en crabe » qui met aux prises d’un CNT, le Groupe des Dix, la FGTE-CFDT, la FSU, tout salariés licenciés ainsi que la « Oui, un peu, reconnaît-il, mais ce consultation des salariés. Jacque- côté, les signataires de l’appel, de l’autre, les responsa- comme la LCR et Alternative libertaire, ont formulé « réactualisation de l’activité écono- n’est pas par volonté carriériste. Quel- line Garcia, secrétaire générale bles de la confédération CGT, chacun cherchant à un appui sobre. Les militants du Parti des travailleurs, mique et salariale », selon la nou- que chose m’intéresse ? Alors je fon- de la fédération CGT commerce, apprivoiser l’autre et à éviter tout heurt frontal. Les qui souhaitaient un vote sur « la grève générale », ont velle définition en vogue pour dési- ce, je prends, donc parfois ça fait des et Michel Jalmain, numéro deux premiers estiment que la journée d’action du 22 mai été déboutés, à grands gestes de lassitude. Lutte gner la réindustrialisation des sites grosses journées. » Grand, le cheveu de la CFDT, ont annoncé leur par- contre les licenciements, décidée par la centrale de ouvrière a mis à profit cette réunion pour adresser un touchés par des fermetures d’éta- court poivre et sel, ce Breton est à ticipation, ainsi que Marc Blon- Bernard Thibault, ne peut être une fin en soi et que la message grinçant au Parti communiste. « C’est en blissement. Le gouvernement espè- la tête d’un groupement agricole del, secrétaire général de Force manifestation du 9 juin « est indispensable pour faire majeure partie de lui que dépendra le succès de re que l’un de ces amendements, d’exploitation en commun, en asso- ouvrière. Le secrétaire national monter la mobilisation d’un cran » ; les seconds voient 9 juin », a lancé l’un de ses dirigeants, Roland au moins, conviendra aux commu- ciation avec sa sœur, dans la petite du PCF, Robert Hue, et Alain Kri- dans l’appel au 9 juin un risque de débordement et Szpirko, suscitant la désapprobation de la salle. nistes et aux socialistes. commune de Vignoc (où il est né il vine, porte-parole de la LCR, expriment une suspicion exacerbée pour toute dérive y a quarante-neuf ans), au nord de seront également présents. gauchiste. Caroline Monnot Isabelle Mandraud Rennes. Il élève une cinquantaine de prim’holstein.

NOUVEAU STYLE Des patrons d’entreprises étrangères invitent la France à se réformer pour rester attractive Voudra-t-il, demain, travailler « en équipe », rompant en cela avec le style autoritaire et person- Laurent Fabius souhaite créer un régime fiscal particulier pour les chercheurs et cadres de haut niveau qui s’installent en France nel de M. Guyau ? Il le promet dans sa lettre de candidature et dit sa SILVIO BERLUSCONI – un des étrangères installées en France que qu’on s’est dit que les salariés donc nourrir le projet de loi de qui assistaient au colloque, c’est « volonté de continuer, en équipe et leurs –, prochain président du con- le cabinet de consultants allaient nous faire des procès qu’on finances pour 2002. Le ministre de l’Europe qui les sauvera. Elle per- dans l’unité, à servir l’agriculture seil en Italie : si seulement ça pou- Ernst & Young a interrogées à l’oc- perdrait. C’est ce qui vous a sau- l’économie et des finances a notam- mettra aux gouvernements de justi- dans un contexte extrêmement diffi- vait arriver en France ! On les com- casion de ce colloque (IBM France, vés », a lancé John Vinocur, corres- ment l’intention de créer un régi- fier des réformes « qu’ils savent cile ». Ambitieux ? « Je n’aime pas prendrait enfin et la France EDS, Aventis, Bayer, City Groupe, pondant politique du International me fiscal particulier pour les nécessaires, lit-on dans l’étude de intriguer. Je ne suis pas un homme d’aujourd’hui, qui ne les aime pas, Sunbeam, Vermillion, International Herald Tribune en France. « impatriés », ces chercheurs et Ernst & Young. Ces réformes ne de pouvoir mais de caractère. Mais changerait. Les chefs d’entreprise Herald Tribune, Foster Wheeler, Intervenant en clôture du collo- cadres de haut niveau s’installant pourront venir de l’intérieur tant que j’ai senti que plusieurs amis me pous- qui participaient, mercredi 16 mai, Motorola, Unilever, Allianz Grou- que, Laurent Fabius a voulu relativi- en France. Ou encore de prendre les patrons ne siégeront pas au Parle- saient à briguer la présidence de la au colloque organisé par les asso- pe, Bosch, Electrolux). ser ces risques de délocalisations, des mesures incitatives pour les ment, tant que les élus n’auront pas FNSEA et que je pouvais être plus ciations d’anciens élèves de l’ENA, rappelant que les atouts de la Fran- « jeunes pousses » de la haute tech- la force d’imposer une conception fédérateur que d’autres. » de HEC et de Polytechnique sur le L’ÉPISODE DANONE A DÉPLU ce lui ont permis de redevenir, en nologie. En attendant, M. Fabius a moderne de l’économie à l’adminis- Le futur président n’est pas dog- thème « acteurs publics et entrepri- « La France n’a pas la culture du 2000, la quatrième destination des annoncé, mercredi, la création tration et de faire comprendre à matique. « Le gouvernement ne veut ses dans la concurrence mondia- succès. Elle n’aime pas les entrepri- investissements internationaux. d’une agence des PME (ADPME), l’opinion française que, pour conti- pas la cogestion ? Ce n’est pas un dra- le » n’ont pas caché leur envie. ses. Et encore moins les entrepre- Mais l’euro va rendre plus faciles qui regroupera les services concer- nuer à exporter le quart de sa pro- me, engageons un dialogue régulier « La France, c’est un peu différent neurs », a lancé Claude Charbon- les comparaisons entre les diffé- nés de la Caisse des dépôts et consi- duction, la France ne peut pas se et négocions au mieux, ce sera aussi de l’Italie. Les choses sont plus binai- nier, directeur général du groupe rents Etats européens. Et replacer gnations, de la Banque de dévelop- replier dans son pré carré », en con- efficace. » A la tête des producteurs res. Les passages du privé au public Repère, qui présentait les résultats au cœur des débats la question de pement des PME et de l’Agence clut le cabinet. de lait, il est parvenu, depuis un sont extrêmement rares. Mais cela de cette étude. Accusée, « une son attractivité. Le soutien à la com- pour la création d’entreprise. accord signé en 1998 avec les indus- changera, j’en suis sûr », s’est rassu- administration publique toute-puis- pétitivité et l’innovation devront Mais, pour nombre de patrons Virginie Malingre triels, à faire en sorte que le prix ré Jean-Luc Lagardère. sante et incompétente qui s’ingénie payé aux éleveurs soit revalorisé. Le patron du groupe Lagardère, à les paralyser », peut-on lire dans Une nouvelle augmentation de 6 à faisait ainsi écho à une plainte très la synthèse de l’enquête. 7 centimes est prévue pour l’été. La répandue parmi les patrons du pri- Mal-aimés, incompris, les Le Conseil d’Etat valide Confédération paysanne voit en lui vé : parce qu’il est déconnecté de la patrons étrangers envisagent donc « le défenseur de l’agroalimentaire sphère économique, du fait du par- de partir. Selon Ernst & Young, ils et des restructurations ». Il lui ré- cours des fonctionnaires et des annoncent des réductions de leurs les actes du préfet Massoni plique que « si les paysans sont forts hommes politiques, l’Etat français effectifs en France de «25% à et ne bradent pas les prix, ils n’ont à est plus souvent perçu par les chefs 50 % pour le personnel de direction AUCUN TEXTE de loi, ni aucune circonstance particulière ne pou- redouter ni les industriels ni la gran- d’entreprise comme un élément de et de services » et de « 25 % à 100 % vaient légalement justifier le maintien en fonctions de M. Massoni de distribution ». blocage que comme un soutien. pour le personnel de production ». au-delà de l’âge légal de sa retraite, mais l’illégalité de son main- C’est en tout cas très nettement ce « I l y a des risques de délocalisation. tien en fonctions ne constitue pas un motif d’annulation des actes François Grosrichard qu’ont exprimé les entreprises C’est une certitude, a confirmé Jean- pris par le préfet de police après cette date : tel est le jugement René Fourtou, vice-président rendu, mercredi 16 mai, par le Conseil d’Etat. d’Aventis. Même si, en tant que Les juges du Palais-Royal ont estimé qu’en vertu de la « théorie du patron de Rhône-Poulenc, j’ai eu le fonctionnaire de fait », « un fonctionnaire irrégulièrement nommé soutien total de l’administration fran- aux fonctions qu’il occupe doit être regardé comme légalement investi çaise, quel que soit le gouvernement, de ces fonctions tant que sa nomination n’a pas été annulée ». Ainsi, la France est aujourd’hui engluée les quelque 2 500 actes pris, chaque jour, par la préfecture de poli- dans une ambiance politico-culturel- ce de Paris, entre le 15 janvier et le 28 mars, dont une dizaine d’arrê- le ringarde par rapport aux enjeux tés ordonnant la reconduite à la frontière d’étrangers, sont légaux actuels.» et ne seront pas annulés. Très clairement, les épisodes autour des licenciements de Dano- DÉPÊCHE ne n’ont pas du tout plu… Même si, MAJORITÉ : Lionel Jospin réunira, mercredi 23 mai, les diri- parfois, c’est justement la crainte geants de la majorité plurielle pour un dîner à Matignon, comme de ce genre d’événements qui pous- cela se fait chaque année depuis 1997. Début mai, le premier minis- se les entreprises à rester en Fran- tre avait reçu individuellement Robert Hue (PCF), Jean-Pierre Che- ce. « En 1996, nous avons eu un vènement (MDC), Dominique Voynet (Verts) et Jean-Michel Baylet débat important pour savoir si nous (PRG). M. Jospin devrait également rencontrer les présidents des quittions la France. Les arguments groupes parlementaires des partis de la majorité avant la fin de la ne manquaient pas. On a finalement session. décidé de rester. Uniquement parce FRANCE LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 9

Ouverture d’une enquête pour « apologie de crimes M. Jospin veut « stigmatiser » de guerre » après les propos du général Aussaresses les tortionnaires Le parquet de Paris écarte les poursuites pour « crimes contre l’humanité » de la guerre d’Algérie Le parquet de Paris a ordonné, jeudi 17 mai, une dans Le Monde du 3 mai. Le procureur estime che écarté les poursuites pour « crime contre enquête préliminaire sur les propos tenus par le que ces déclarations pourraient constituer une l’humanité ». Pour contourner ce veto, des asso- général Aussaresses sur la torture en Algérie « apologie de crimes de guerre ». Il a en revan- ciations se sont constituées parties civiles. Les appelés « n’ont pas à se sentir coupables »

CE N’EST PAS d’une audace d’une information judiciaire. Le n’est pas possible en France de tront de désigner un juge, qui déci- L’OPPOSITION peut vociférer tains l’avaient alerté. C’est à eux inouïe et le parquet a préféré avan- parquet estime en revanche que poursuivre ces crimes et qu’il y dera s’il convient d’informer. En « Mitterrand !, Mitterrand ! », Lio- qu’il a voulu s’adresser : « Ils n’ont cer prudemment. Jean-Pierre Din- les poursuites pour « crimes contre avait bien une difficulté à faire état cas de refus, le MRAP, avant la nel Jospin ne se sent pas concerné. pas à se sentir coupables, les soldats tilhac, le procureur de Paris, saisi l’humanité » demandée par la d’une amnistie pour des crimes par FIDH, fera appel devant la cham- La guerre d’Algérie fait partie de du contingent rappelés ou appelés de plusieurs plaintes contre le géné- FIDH ne sont pas possibles. « Cette nature imprescriptibles. « Le par- bre de l’instruction et le cas son droit d’inventaire sur la biogra- qui, dans la fleur de la jeunesse, ont ral Paul Aussaresses au sujet de la incrimination n’existe dans notre quet a refusé de franchir un pas qu’il échéant près la cour de cassation. phie de l’ancien président de la mené cette guerre, ont été dans torture en Algérie, a décidé, jeudi droit que depuis le 1er mars 1994, faudra franchir demain, a indiqué Dans l’espoir que la haute juridic- République, et il l’a implicitement cette guerre que, souvent, ils ne vou- 17 mai, d’ordonner une enquête date de l’entrée en vigueur du nou- Me Baudoin. Nous avons raison trop tion modifie son unique jurispru- souligné, mercredi 16 mai, à l’As- laient pas. » Pas coupables, non préliminaire pour « apologie de cri- veau Code pénal, a indiqué le procu- tôt ; malheureusement le parquet ne dence et s’aligne sur le droit inter- semblée nationale. En réponse à plus, « les officiers et les soldats de mes de guerre ». Il a en revanche reur dans un communiqué. Anté- veut pas prendre l’initiative des pour- national : la cour a écarté le 1er avril deux questions de députés, le pre- carrière qui ont fait leur devoir avec écarté les poursuites pour « crimes rieurement à cette date, seuls les cri- suites et manque d’audace. Mais l’af- 1993 des poursuites pour crimes mier ministre a d’abord rappelé honneur ». contre l’humanité » déposées le mes contre l’humanité commis pen- faire n’est pas terminée. » La Ligue contre l’humanité contre Georges que cette période, il l’avait « vécue 7 mai par la Fédération internatio- dant la seconde guerre mondiale ont des droits de l’homme partage la Boudarel, accusé de tortures sur comme lycéen, comme étudiant. Je « CEUX QUI ONT FAIT LEUR DEVOIR » nale des droits de l’homme (FIDH), pu être poursuivi, sur le fondement même analyse, « satisfaction que le les prisonniers français du Viêt- me suis engagé pour la paix et Pas coupables, encore, « les mili- qui se heurtaient à plusieurs diffi- de la charte du tribunal militaire parquet ait accepté le principe des Minh. « Les poursuites sont possible, contre l’usage de la torture, je me taires de carrière et les soldats du cultés juridiques. Les associations international de Nuremberg, annexé poursuites, a expliqué Me Michel soutient Me Mairat. Les difficultés suis engagé en faveur de l’indépen- contingent qui, loyaux à la Républi- entendant bien contourner le veto à l’accord de Londres du 8 août Tubiana, le président de la Ligue, juridiques sont surmontables, c’est dance. J’ai même été contre le vote que, ont contribué à l’échec du du parquet et se constituer parties 1945. Les faits revendiqués par le insatisfaction qu’on ne puisse aller une question de volonté politique. » des pouvoirs spéciaux accordés au putsch contre la République, le civiles ; quatre fronts judiciaires général Aussaresses et plus générale- plus loin ». Enfin Me Nicole Dreyfus, l’avo- gouvernement [DE GUY MOLLET]. 22 avril 1961 », a déclaré le pre- vont ainsi être ouverts au tribunal ment commis à l’occasion du conflit La FIDH entend désormais por- cate de Josette Audin, la veuve de J’ai, à ma façon, cherché le chemin mier ministre, avant d’ajouter : de Paris. algérien ne peuvent donc recevoir ter plainte avec constitution de par- l’enseignant disparu à Alger le de la vérité il y a quarante ans. « Ceux qui ont accompli des actes La plainte simple déposée le qu’une qualification de crime de tie civile pour « crimes contre l’hu- 21 juin 1957, a déposé mercredi Aujourd’hui, comme premier minis- barbares et inhumains, non confor- 4 mai au parquet par la Ligue des guerre ou de droit commun. Ils sont manité » auprès du doyen des 16 mai une dernière plainte avec tre, je contribue au devoir de mémoi- mes à l’honneur, doivent être stigma- droits de l’homme visait explicite- alors prescrits et en toute hypothèse juges d’instruction. C’est précisé- constitution de parties civiles re », a-t-il ajouté, en évoquant tisés. Tous ceux qui ont simplement ment les propos de Paul Aussares- couverts par la loi d’amnistie résul- ment ce qu’a fait le 9 mai Me Pierre pour « crimes contre l’humanité » l’ouverture des archives. fait leur devoir, qui ne doivent en ses publiés dans Le Monde du tant de la loi du 31 juillet 1968. » Mairat pour le Mouvement contre et surtout « séquestration ». Un cri- Mais ce n’était pas là le seul mes- rien être confondus avec les tortion- 3 mai. La Ligue demandait au pro- le racisme et pour l’amitié entre les me continu qui échappe à la pres- sage que M. Jospin voulait faire naires, ceux-là méritent seulement, cureur de poursuivre le général « MANQUE D’AUDACE » peuples (MRAP). Le doyen a rendu cription mais se heurte à la loi passer. Car les acteurs de la guerre quarante ans après, d’être salués. Je pour « apologie d’atteintes volontai- Une argumentation classique, et mercredi une ordonnance de consi- d’amnistie. d’Algérie et leurs familles sont aus- les salue ! » res à la vie, atteintes volontaires à Me Patrick Baudoin, qui avait dépo- gnation, le MRAP a un mois pour si un enjeu électoral que les élus l’intégrité de la personne, crimes de sé la plainte pour la FIDH, s’avoue réunir 10 000 francs qui permet- Franck Johannès connaissent bien et sur lequel cer- Pascale Robert-Diard guerre », des délits de presse appli- « déçu, sans être surpris et nullem- cables depuis le 5 janvier 1951, ment découragé ». Si le parquet lui c’est-à-dire avant les deux lois a expliqué, jeudi matin, qu’il d’amnistie sur la guerre d’Algérie. n’avait pas été vraiment convaincu Le parquet a effectivement que les crimes en Algérie rele- ordonné jeudi une enquête prélimi- vaient bien « d’un plan concerté, naire, et chargé la brigade des affai- pour des motifs politiques » qui défi- res sanitaires et des libertés publi- nissent le crime contre l’humanité, ques (Baslp, les anciens cabinets l’avocat assure que le parquet est de délégation judiciaires) d’enten- convenu en revanche que la FIDH dre le général Aussaresses et son avait « des arguments » sur ce «no éditeur, prélude à l’ouverture man’s land » de 1945 à 1994 où il Le conseil supérieur de l’armée de terre pourrait prononcer des sanctions LE CONSEIL supérieur de l’ar- vité, de payer le quart de place. mée de terre est convoqué, mardi En revanche, le général en 29 mai, pour examiner le cas du retraite retrouve tous ses droits de général Paul Aussaresses à la suite citoyen. Il est considéré comme de ses aveux sur sa participation à dégagé de toute obligation mili- des actes de torture en Algérie taire. Il a une liberté totale d’expres- entre 1955 et 1957. Présidé par le sion et de déplacement. A la diffé- ministre de la défense, Alain rence du général en deuxième sec- Richard, le conseil comprend le tion, qui continue à être soumis au chef d’état-major, l’inspecteur géné- devoir de réserve et qui doit obte- ral des armées et les titulaires des nir une autorisation préalable du grands commandements de l’ar- ministre de la défense s’il veut mée de terre. Il est consulté sur les écrire, s’exprimer en public ou se promotions, les nominations et les rendre à l’étranger. De ce point de projets de réorganisation. Cette réu- vue, le général Aussaresses regagne- nion est destinée à arrêter la sanc- ra une totale liberté de manœuvre. tion – d’ordre statutaire – qui frap- Le général placé dans cette posi- perait le général Aussaresses, com- tion statutaire n’a pas le droit de me le demande Jacques Chirac, revêtir l’uniforme dans des prises chef des armées, d’armes et des cérémonies A ce jour, le motif invoqué con- publiques ou privées. Il n’est plus tre le général Aussaresses serait autorisé à remettre des décorations celui de « faute contre l’honneur », à autrui. lequel s’appuie sur les articles 48 et 78 de la loi du 13 juillet 1972 por- ET LES AUTRES ? tant statut général des militaires C’est un décret en conseil des (Le Monde daté 6-7 mai). La faute ministres qui officialise la position contre l’honneur est définie com- de général à la retraite. Dans le cas me « tout manquement grave ou présent, cette démarche incite le répété à ses devoirs d’homme, de gouvernement à prendre toutes les citoyen ou de représentant de la précautions d’ordre juridique et force publique pouvant porter attein- administratif avant de se pronon- te à des intérêts matériels ou moraux, cer et, notamment, l’obligation qui à la probité ou aux bonnes mœurs ». lui est faite de transmettre – ce qui Dès lors, la sanction ne peut être est en cours – les pièces de son dos- que la radiation du général Aussa- sier au général Aussaresses pour resses de la deuxième section du qu’il ait connaissance des griefs à cadre des officiers généraux, à son encontre et de la sanction dont laquelle il appartient depuis son il est menacé. Faute de respecter la départ de l’armée active (première procédure et ses délais, le décret section) en 1973, et son placement peut être attaqué en Conseil d’Etat. en position de retraite. En deuxiè- En la circonstance, la difficulté me section, qui est le statut normal touche à la nature même – qui res- de tout officier général n’étant plus te délicate – de la faute contre en activité, Paul Aussaresses était l’honneur. De deux choses l’une, en néanmoins soumis à l’obligation de effet. Ou il est sanctionné pour les rester à la disposition du ministre actes en Algérie, dont il revendique de la défense. la paternité, et quel cas faire de A la retraite, une position statu- ceux qui auraient commis ou qui taire rare chez les officiers géné- auraient eu à connaître de tels agis- raux, M. Aussaresses percevra une sements à la même époque – on pension (et non une solde de réser- pense naturellement au général Jac- ve) mensuelle. Ce qui présente des ques Massu, dont le livre sur la inconvénients et des avantages. bataille d’Alger, paru en 1971, re- Inconvénient : cette pension ne per- late des faits similaires ? Ou bien le met pas une déduction fiscale de général Aussaresses est sanctionné 10 % pour frais professionnels. pour ses propos, puis pour ses Avantage : elle est insaisissable, écrits, et leur gravité fait-elle sauf dans le cas d’une pension ali- oublier qu’ils sont l’expression de la mentaire à verser ou d’une dette réalité historique ? Or l’actuel gou- envers l’Etat et les collectivités lo- vernement ne cesse de préconiser cales. De même, le général Aussa- la transparence des témoignages resses perdra sa carte de réduction au profit du travail des historiens. SNCF, qui permet aux généraux en deuxième section, comme en acti- Jacques Isnard 10 SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001

ESB Dans un rapport rendu public, les conséquences qui en résultent SION affirme que le ministère a « cher- re ». b LE TROUPEAU de Paul Vieille, te agir en justice. b LES ÉTUDIANTS jeudi 17 mai, la commission d’enquête pour la santé des consommateurs » ché constamment à empêcher ou à éleveur en Vendée, a été abattu en VÉTÉRINAIRES manifestent, vendredi du Sénat sur « les conditions d’utilisa- critique sévèrement l’attitude du retarder l’édiction de mesures de pré- juillet 2000. Taraudé par le « besoin 18 mai, afin de protester contre la bais- tion des farines animales dans l’ali- ministère de l’agriculture dans l’affai- caution qui se sont avérées ensuite de savoir », l’éleveur a fondé en jan- se du nombre des postes au concours mentation des animaux d’élevage et re de la vache folle. b LA COMMIS- être des mesures de sécurité sanitai- vier le collectif Vérité-ESB, qui souhai- (lire aussi notre éditorial page 18). Le Sénat dénonce la gestion ministérielle de la crise de la vache folle Dans un rapport rendu public jeudi 17 mai, la commission d’enquête du Sénat épingle les ministres de l’agriculture qui, de 1994 à 2000, ont « cherché constamment à empêcher ou à retarder l’édiction de mesures de précaution », notamment l’interdiction des farines animales

CELA aurait pu être un plai- re de l’agriculture. Les sénateurs (MRS). Cette mesure visant à reti- çaises étaient surtout motivées, ce, de la consommation et de la pour que soient totalement interdi- doyer en faveur de l’élevage fran- s’appuient sur les comptes rendus rer de la fabrication des farines les selon la commission d’enquête, répression des fraudes (DGCCRF), tes les farines animales. çais victime de la calomnie dans la des séances interministérielles parties de la carcasse pouvant être par la volonté de ne pas remettre réalisée à l’issue d’une tournée Le rapport regrette plus généra- crise de la vache folle. Le Sénat ne ayant trait à l’ESB. Ces « bleus », porteuses de prions (abats) a été en cause l’outil industriel des d’inspection, constate ces contami- lement la mainmise du ministère se surnomme-t-il pas lui même la dans le jargon administratif, ont décidée en 1996. Elle apparaît équarrisseurs nationaux, qui se nations croisées. Une autre note, de l’agriculture dans la gestion de « chambre d’agriculture » ?Le été fournis par Matignon, «à la aujourd’hui comme l’une des déci- contentaient d’un simple plon- datée du 10 avril 1998, précise que, la crise de l’ESB. Lors de deux réu- 21 novembre 2000, en pleine effer- demande du Sénat, mais très tardi- sions importantes dans la lutte con- geon des farines « dans un bain de sur 64 prélèvements d’aliments nions, le 26 janvier 1998, puis le vescence médiatique, la constitu- vement », selon M. Bizet, et cou- tre la maladie. Bien que les Britan- graisse à une température moyenne pour bovins effectués, « seuls huit 6 juin 2000, alors que plusieurs tion d’une commission d’enquête vrent la période 1994-2000, soit les niques aient décidé ce retrait dès équivalente ». Il faudra attendre sont conformes », c’est-à-dire tota- ministères se plaignent de ce « sur les conditions d’utilisation des gouvernements Balladur, Juppé et 1990, le ministère de l’agriculture 1998 pour que la France se confor- lement exempts de farines de vian- monopole, Matignon souhaite que farines animales dans l’alimenta- Jospin. plaidait encore, en avril 1996, une me aux recommandations euro- de et d’os. Ce constat répété aurait « la communication soit menée par tion des animaux d’élevage et les dû, selon la commission, conduire un ministère chef de file, rôle pour conséquences qui en résultent pour « INFORMATIONS PARCELLAIRES » à l’interdiction totale des farines lequel le ministre de l’agriculture et la santé des consommateurs » sem- Leur lecture, estime le rapport, Les ministres de l’agriculture concernés dans toute l’alimentation animale. de la pêche paraît naturellement blait augurer d’un texte apaisant. « montre que le ministère de l’agri- Les Britanniques ont d’ailleurs tiré désigné ». Les sénateurs regrettent De l’avis de l’un des membres du culture et de la pêche a cherché b Jean Puech : mars 1993 - mai 1995 (gouvernement Balladur) cette conclusion dès 1996. que « le ministère de la santé ait été groupe de travail, largement for- constamment à empêcher ou à retar- b Philippe Vasseur : mai 1995 - juin 1997 (gouvernement Juppé) le grand absent de la crise ». Ils mé d’élus de la ruralité, c’était der l’édiction de mesures de précau- b Louis Le Pensec : juin 1997 - octobre 1998 (gouvernement Jospin) « LA QUESTION DE L’INTERDICTION » déplorent également que la ges- d’ailleurs là le but initial. tion, qui se sont avérées ensuite être b Jean Glavany : octobre 1998 (gouvernement Jospin) Mais le ministère de l’agriculture tion du dossier ait été plus le fait Mais six mois d’investigation ser- des mesures de sécurité sanitaire, tergiverse. « Dès la réunion intermi- des services de l’agriculture que rée, une soixantaine d’auditions, au motif qu’elles n’avaient pas de nistérielle du 15 mars 1999, la ques- des ministres en exercice, au des visites dans six départements, fondement scientifique ». interdiction limitée, contre l’avis péennes. tion de l’interdiction des farines ani- moins jusqu’à la fin 1999. Le fait un périple à Bruxelles, et un aller- Lors d’une réunion tenue le du secrétariat à la santé. « Les rumi- Autre critique du rapport, « tout males est posée », constate le rap- que ce soit plutôt l’administration retour à Londres ont abouti à un 14 juin 1994, deux ans avant que le nants nés après le 31 juillet 1991 ne porte à croire que les contamina- port. Les représentants du ministè- que les politiques qui ait géré la cri- implacable rapport, qui devait être Royaume-Uni admette officielle- présentent aucun risque », affir- tions croisées n’ont pas été considé- re de l’emploi et de la solidarité, de se a été également relevé par les rendu public, jeudi 17 mai, par le ment le lien entre l’ESB et la nou- mait le représentant agricole le rées comme un problème par le l’économie et des finances et députés, qui conduisent actuelle- président de la commission, velle variante humaine de la mala- 10 avril 1996. Cette certitude est ministère de l’agriculture ». Les fari- même du premier ministre avan- ment leur propre commission d’en- Gérard Dériot (UC- Allier), et son die de Creutzfeldt-Jakob, un repré- aujourd’hui largement contredite nes produites à partir de viandes cent cette hypothèse. Mais celui de quête. rapporteur, Jean Bizet (RPR-Man- sentant du ministère des affaires par le nombre de cas d’ESB dans le et d’os ont été interdites dans les l’agriculture estime « difficile d’en- Interrogée par Le Monde,la che). sociales, de la santé et de la ville cheptel français. Il faudra l’avis aliments pour bovins dès 1990. visager la solution la plus radica- directrice générale de l’alimenta- Les 362 pages du document cons- évoque « l’incertitude quant à l’ex- d’un comité d’experts, présidé par Mais elles étaient toujours autori- le ». Le 11 juin, les mêmes ministè- tion au ministère de l’agriculturre, tituent un réquisitoire circonstan- istence d’un risque de transmission Dominique Dormont, pour obte- sées dans les aliments pour ovins res, auxquels s’ajoute le secrétariat Mme Geslain-Lanéelle, juge que ce cié sur la piètre gestion de la crise de l’ESB à l’homme ». Son homolo- nir en juin 1996 une extension de et porcins. Une pollution des ali- à la santé, évoquent à nouveau le rapport « sans concession » est net- de l’encéphalopathie spongiforme gue de l’agriculture « s’étonne de la la mesure. ments pour bovins était donc tou- sujet. Le ministère de l’agriculture tement trop critique sur l’action bovine (ESB). L’« attitude injustifia- position du ministère de la santé ». jours possible, soit dans l’usine de commande alors un rapport à un du ministère de l’agriculture, la ges- ble » des autorités du Royaume- Pourtant, notent les sénateurs, « CONTAMINATIONS CROISÉES » fabrication d’aliments où se succé- groupe d’experts internes. «Cet tion de la crise de la vache folle Uni, l’« inertie » de la commission Régis Lesueur, à cette époque haut tère s’est opposé à Bruxelles, qui daient sur une même chaîne les organisme rend son rapport en octo- ayant, depuis 1996, toujours été européenne, l’« omerta » d’une fonctionnaire du ministère de souhaitait l’application dans toute deux types de production, soit bre 1999, celui-ci conseillant au assurée à l’échelon interministé- partie du milieu agricole y sont clai- l’agriculture, « a indiqué qu’un l’Europe du procédé allemand de dans les camions qui transpor- ministre de ne pas procéder à l’inter- riel, et étayé par les avis du comité rement dénoncées. « Des acteurs “certain nombre d’informations par- cuisson des farines (à 133 degrés taient indifféremment l’une et diction des farines et des graisses des experts français des maladies à de la filière alimentaire n’assument cellaires” avaient montré dès sous 3 bars de pression durant l’autre, soit encore chez des agri- animales, en raison de ses prions. pas leurs responsabilités et s’accu- 1994 qu’il pouvait exister un passa- vingt minutes). Même s’il est culteurs qui pratiquaient le polyéle- “difficultés majeures” », constatent sent mutuellement », constate le ge à l’homme. » démontré aujourd’hui que cette vage. les sénateurs. Il faudra attendre le Benoît Hopquin rapport. Mais les pages les plus cin- Même réticence sur le retrait des technique n’éradiquait pas entière- Le 22 août 1996, une note de la 14 novembre 2000 et la crise de glantes sont réservées au ministè- matériaux à risques spécifiés ment le prion, les réticences fran- direction générale de la concurren- confiance des consommateurs f www.lemonde.fr/prion Le « besoin de savoir » des éleveurs du collectif Vérité-ESB Les étudiants vétérinaires réclament MOUCHAMPS (Vendée) farines animales ou des laits de remplacement ont cependant décliné l’offre, préférant jeter de notre envoyé spécial artificiels ont sans doute contaminé sa vache. par pudeur ou mauvais calcul un voile sur leurs un relèvement du numerus clausus Paul Vieille veut comprendre. Un jour de juin Là s’arrête la piste et débute un maquis dans misères. « Certains m’ont dit : “Il ne faut pas en 2000, Jugeotte a développé les premiers symptô- lequel se cachent les véritables responsables. parler. Plus on en cause, plus les consommateurs CRISE de la vache folle, fièvre oublier la dimension européenne du mes de l’encéphalopathie spongiforme bovine Paul Vieille a appelé d’autres éleveurs dont le réagiront mal.” Les mentalités ont du mal à chan- aphteuse, l’actualité sanitaire s’ac- problème », insiste Christian Ron- cheptel avait aussi été touché par la maladie : ger dans le milieu. Le fatalisme est encore très pré- corde mal avec la baisse du nombre deau, président du Conseil supé- REPORTAGE « J’ai passé des heures à discuter avec eux. » Il a sent. Il faut pourtant que nous nous approprions de postes aux concours des écoles rieur de l’ordre des vétérinaires qui retrouvé chez eux la même incertitude sur les ce problème de la santé alimentaire. Mais il est vétérinaires. Parce que « les compé- vient de publier Le Vétérinaire, une 76 éleveurs ont déjà rejoint causes du fléau, la même rage de se retrouver encore dur aujourd’hui de poser à son marchand tences vétérinaires sont devenues profession aux multiples visages ce qui est à la fois désigné responsable par la vox populi quand, en d’aliments ou à sa coopérative des questions qui essentielles à la santé des Français », (éd. Economica, 330 p., 198 francs). une association son for intérieur, on se sait victime. « L’abatta- ne soient pas perçues comme inquisitrices. Ceux les élèves des classes préparatoires « Dans l’Union européenne, pour un et un syndicat de défense ge de nos troupeaux nous a tous travaillés. Du qui grognent un peu trop auprès des intégrateurs et des écoles spécialisées manifeste- départ à la retraite ce sont cinq jeu- jour au lendemain, nous nous sommes trouvés [industriels fournissant contre salaire des lots ront, vendredi 18 mai à Paris, pour nes qui débarquent », souligne-t-il. interpellés violemment sur l’idée même que nous d’animaux à élever pour une période donnée] réclamer au ministre de l’agriculture De plus, la féminisation de la profes- (ESB) et, depuis, l’éleveur est en quête d’une pouvions nous faire de notre métier. Certains prennent le risque de se voir confier des lots d’ani- « d’ouvrir immédiatement le recrute- sion – les femmes représentent 68 % explication au malheur qui s’est posé sur sa fer- d’ailleurs ont préféré raccrocher, minés par la las- maux plus médiocres. » ment et d’engager une réflexion globa- des effectifs des écoles – accentue- me, comme par hasard. Mais ce paysan ne croit situde. » Le collectif examine aujourd’hui les moyens le sur la formation à la profession ». rait le décalage entre l’offre et la ni au hasard ni à la fatalité. Alors l’homme son- de faire éclater en justice cette vérité qu’il Persuadés que les problèmes de san- demande. Les femmes seraient peu de les experts scientifiques, avale livres et FÉDÉRER LES SOLITUDES recherche comme un onguent pour leurs plaies. té publique seraient pris en compte enclines à travailler dans le rural et revues médicales et note tout sur un gros cahier L’éleveur vendéen a décidé de fédérer cette Plusieurs membres s’apprêtent à porter plainte. dans les effectifs des quatre grandes préféreraient la « canine » en ville. à spirales. « On peut assimiler cela à une théra- somme de solitudes. Le 23 janvier est né le col- L’association envisage également d’interpeller écoles (Maisons-Alfort, Lyon, Tou- pie », convient-il. Mais les pages au petit qua- lectif Vérité-ESB. Soixante-seize éleveurs victi- Jean Glavany, ministre de l’agriculture, sur la louse, Nantes), les étudiants ont « FILIÈRE CUL-DE-SAC » drillage se couvrent surtout de phrases interro- mes de l’épidémie ont déjà rejoint ce qui est à la poursuite de l’abattage systématique, qu’elle déchanté, il y a quelques semaines, Au-delà du problème des effec- gatives. fois une association et un syndicat de défense. estime aujourd’hui contestable au vu des der- en apprenant les chiffres du recrute- tifs, les étudiants dénoncent la Le 1er juillet 2000, les quarante-cinq bêtes de Des adhérents arrivent chaque jour. « Hier, un niers développements scientifiques. Plusieurs ment. « filière cul-de-sac » de la prépa son exploitation située à Mouchamps (Vendée) gars de la Loire m’a appelé. Il m’a dit qu’il fallait députés ont également été contactés afin d’envi- A la rentrée 2001, 436 étudiants véto qui n’autorise que deux tentati- ont été abattues, ainsi que trente-cinq autres que l’idée fasse son chemin mais que maintenant, sager des mesures législatives allant vers un ren- seront admis à intégrer « véto » ves au concours après le bac et qui qui avaient transité par son étable. Lorsque son il était prêt à se battre. » Paul Vieille a été élu forcement de la sécurité sanitaire préventive. contre 459 en 1996. Cette lente dimi- ne donne accès à aucune équivalen- étable s’est trouvée vide, l’homme s’est effon- président. Il ne cache pas son adhésion à la Con- Vérité-ESB a tenté de se rapprocher des victi- nution du numerus clausus fixé par ce universitaire. Résultat : les strata- dré. « J’ai failli tout quitter à ce moment-là »,se fédération paysanne. « Mais deux vice- mes humaines de la maladie. Le groupe d’éle- le ministère de l’agriculture est plus gèmes de contournement se multi- souvient-il. Fin août, une première vache est présidents sont membres de la FNSEA [Fédé- veurs aurait souhaité s’associer aux familles des marquée pour les 1 600 étudiants plient. « Cette situation incite beau- revenue dans l’étable, puis une autre, achetées ration nationale des syndicats d’exploitants trois personnes probablement mortes de la nou- des très sélectives classes prépara- coup d’entre nous à repasser le bac avec l’argent de l’indemnisation. Le moral est agricoles], un autre est du CNJA [Centre natio- velle variante de la maladie de Creutzfeldt- toires qui n’auront, cette année, que pour s’offrir une troisième chance ou remonté mais le « besoin de savoir » n’a cessé nal des jeunes agriculteurs, proche de la Jakob. « Leur avocat a décliné notre proposition 372 places contre 448 en 1994, à partir faire ses études en Belgi- de tarauder. FNSEA] et deux autres sont non syndiqués. Même et fait répondre par sa secrétaire que nos intérêts 58 places étant réservées à des titu- que », expliquent les membres du Cet agriculteur en reconversion biologique a si cela n’a pas été simple, nous avons réussi à étaient opposés dans ce dossier. Pour lui, nous laires de premier cycle universitaire collectif. « Ils ont raison, c’est une déduit de ses investigations que c’est lors d’un dépasser les clivages qui rongent le monde pay- sommes à ranger parmi les responsables. » Une (DEUG sciences de la vie) ou de BTS filière cul-de-sac et l’échec est séjour sur l’exploitation de son beau-frère, san. » nouvelle meurtrissure pour Paul Vieille. agricoles. d’autant plus mal vécu qu’être vétéri- dans le Maine-et-Loire, que Jugeotte avait dû Parmi les quelque trois cents agriculteurs tou- « Il faut en finir avec la vision naire relève encore très souvent de la contracter la maladie : des aliments à base de chés par l’ESB en France, il en est beaucoup qui B. H. enfantine du notable vétérinaire qui vocation », concède Michel Penel. s’occupe des chiens et des chats. De Des « travaux » sont actuellement après la France, la Commission entre aliments pour bovins et plus en plus de jeunes souhaitent en cours avec le ministère de l’édu- Farines animales : douze années de mesures européenne interdit l’usage des aliments pour ovins et porcins. s’orienter vers le milieu rural ou sont cation nationale pour permettre FVO dans la préparation des b Février 1998 : deux ans après intéressés par l’agroalimentaire et la aux recalés des prépas véto de ne b Juillet 1988 : les farines de b Juillet 1990 : la transmission aliments pour bovins. la directive européenne, la recherche », assurent Sophie Lata- pas retourner en première année de viande et d’os (FVO) sont de l’ESB à l’homme est b Mars 1996 : le lien est établi France impose un traitement pie, élève en prépa privée à Paris, et fac. interdites temporairement à la envisagée dans un article du officiellement au Royaume-Uni thermique unique des FVO Olivier Duval, étudiant à Maisons- Le collectif estime qu’il faudrait consommation pour les Lancet . La mort de Max, un entre l’ESB chez les bovins destinées à l’alimentation Alfort, tous deux membres du collec- augmenter le numerus clausus d’au ruminants en Grande-Bretagne chat anglais, laisse penser que et la nouvelle variante de animale (133 degrés, 3 bars, tif organisateur de la manifestation. moins 25 à 30 places pour prendre (l’interdiction devient la maladie a franchi la barrière Creutzfeld-Jakob chez l’homme. 20 minutes), censé garantir A la direction générale de l’enseigne- en compte la diversité du métier et définitive en décembre). des espèces. Deux ans après le b Juin 1996 : les matériaux à contre le prion. ment agricole, Michel Penel recon- les nouveaux besoins en termes de Un lien est établi entre ces Royaume-Uni, la France interdit risques spécifiés (MRS), b 14 novembre 2000 : quatre naît que le monde rural et le secteur santé publique. Du côté du ministè- farines et l’encéphalopathie les FVO dans la préparation c’est-à-dire les abats, sont ans après le Royaume-Uni, la de l’hygiène alimentaire ont besoin re, on souligne que les 58 places spongiforme bovine (ESB) d’aliments pour bovins mais retirés de la fabrication des France interdit à son tour de vétérinaires mais « encore faut-il offertes aux DEUG et BTS agricoles qui frappe le cheptel continue à les autoriser pour les farines de viande l’usage des farines animales que ces débouchés intéressent les étu- ont justement pour objectif, britannique. ovins et les porcins. et d’os en France. pour tous les animaux. Le diants ». Actuellement la majorité au-delà de la promotion sociale, de b Août 1989 : la France interdit b Mars 1991 : premier cas b Juillet 1996 : le Royaume-Uni 4 décembre, la Commission des 14 366 vétérinaires en activité repeupler de vétérinaires les campa- l’usage des FVO importées du d’ESB en France. interdit l’usage des FVO pour européenne décide de la même s’occupent des animaux de compa- gnes et d’apporter une réponse aux Royaume-Uni, sauf dérogation b Juin 1994 : six ans après le tous les animaux, constatant mesure, officiellement gnie et, pour un départ à la retraite, multiples facettes de la profession. pour les porcs et les volailles. Royaume-Uni et quatre ans des contaminations croisées temporaire. deux jeunes diplômés arrivent sur le marché du travail. « Il ne faut pas Sandrine Blanchard SOCIÉTÉ LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 11

Mis en examen dans l’affaire des lycées d’Ile-de-France, Un non-lieu a été prononcé M. Longuet nie l’existence d’un système de corruption pour trente et un Kurdes L’ex-président du PR affirme avoir « donné instruction » de respecter la loi sur le financement des partis arrêtés en 1993 Placé en garde à vue, mardi, par la brigade finan- en examen, mercredi 16 mai, dans l’enquête sur soupçonné d’avoir associé l’ex-Parti républicain cière, Gérard Longuet, ancien ministre et prési- les lycées d’Ile-de-France. Mis en cause par l’an- (devenu DL), dont il était le président, à un systè- dent du conseil régional de Lorraine, a été mis cien trésorier du PR, Jean-Pierre Thomas, il est me de corruption liant le RPR et le PS. Certains avaient passé six mois en détention provisoire

L’ANCIEN PRÉSIDENT du parti net à la présidence de la région Lor- reprises, demandé si, dans la région avoir été trahi. A ma connaissance, L’OPÉRATION « Rouge-Rose » Kurdes interpellés à l’officier turc républicain (PR, devenu Démocra- raine, dès la sortie de M. Longuet Ile-de-France, les fonds rentraient et en regardant le dossier, je ne pen- a fait chou blanc : une centaine de qui siégeait à Interpol. Le Mouve- tie libérale), Gérard Longuet, a été du pôle financier du tribunal de correctement, avait-il ajouté. Il me se pas avoir été trahi. » Kurdes avaient été interpellés, le ment contre le racisme et pour mis en examen, mercredi 16 mai, Paris, mercredi, en fin d’après- demandait cela lorsqu’il s’apprêtait M. Longuet a assuré avoir décrit 18 novembre 1993, sur ordre du l’amitié entre les peuples (MRAP) pour « recel de corruption » par les midi. « Aucun fait ne lui est repro- à rencontrer Michel Roussin. » aux magistrats « le fonctionnement ministre de l’intérieur de l’époque, avait alors dénoncé « ces pratiques juges d’instruction parisiens ché directement, a précisé l’avocat. d’un parti politique, le fait que le Charles Pasqua , lors d’un vaste interpolices qui se veulent au-dessus Armand Riberolles et Marc Brisset- En réalité, c’est une extrapolation. UNE LOI «AMBIGUË » président du parti ne s’occupe pas coup de filet dans plus de vingt- des droits des réfugiés ». Foucault, chargés de l’enquête sur On considère que, comme président M. Longuet avait démenti, en de tout, qu’il n’est pas au courant cinq départements. Trente et un L’opération n’avait pourtant pas les marchés de construction et de du parti, M. Longuet ne pouvait pas décembre, les propos tenus par de tout, qu’il ne surveille pas toutes Kurdes avaient été mis en examen donné grand-chose : les policiers réhabilitation des lycées d’Ile-de- ne pas savoir. » son ancien trésorier, assurant que les réunions, tous les échanges de pour « association de malfaiteurs n’avaient pas découvert une seule France. Il avait été placé en garde Jean-Pierre Thomas, ancien tré- « depuis 1990, [son] parti était en courrier ou de téléphone ».Ila en relation avec une entreprise terro- arme en perquisition, seulement à vue, mardi, par la brigade finan- sorier du PR, mis en examen le parfaite conformité avec les tex- néanmoins estimé que « sur riste » et plusieurs d’entre eux des sommes d’argent et plusieurs cière. Actuel président (UDF) du 1er décembre 2000, pour « complici- tes ». Il avait nié avoir demandé à certains points », la loi sur le finan- pour « extorsion de fonds », treize listes de noms, avec des sommes conseil régional de Lorraine, té et recel de corruption », avait M. Thomas de contacter M. Rous- cement des partis politiques était personnes avaient été écrouées. inscrites en regard. L’enquête sur M. Longuet a été placé sous con- assuré avoir reçu, en 1990, l’ordre sin et affirmé être « totalement « ambiguë ». Après avoir minutieusement exa- ces rackets a, elle aussi, tourné trôle judiciaire. Il est soupçonné de M. Longuet de rencontrer ignorant de ce système des 2 % distri- Ancien ministre du gouverne- miné les charges – l’instruction a court : « Les investigations ne per- d’avoir associé son ancien parti à Michel Roussin, alors collabora- bués entre les partis politiques. » ment Balladur (1993-1995), M. Lon- duré huit ans –, le juge d’instruc- mettaient pas de caractériser l’in- un système de financement occul- teur direct de Jacques Chirac à la Au sortir du cabinet des juges, il guet est également mis en examen tion Roger Le Loire a estimé, ven- fraction d’extorsion de fonds, a noté te mis en place, avec le RPR et le Mairie de Paris et présenté comme a estimé que sa mise en examen dans une autre enquête sur le dredi 11 mai, qu’il n’y en avait pas le juge d’instruction dans son PS, autour des attributions des le pivot de « ce système ». M. Tho- était « inévitable ». « Il y a des décla- financement occulte de l’ex-PR, et délivré un non-lieu général. ordonnance de non-lieu. L’informa- marchés de lycées par le conseil mas avait détaillé, devant les rations qui impliquent le Parti répu- ouverte à Rennes (Ille-et-Vilaine) Après ce coup de filet dans les tion ne révélait pas davantage la pré- régional (Le Monde du 17 mai). enquêteurs, la nature de sa mis- blicain, qui m’impliquent personnel- et transmise, en 1994, à la juridic- milieux supposés proches du Parti paration de crimes ou délits. » Il a « Gérard Longuet dément formel- sion, qui aurait consisté, selon lui, lement, ainsi que d’autres élus, a-t-il tion parisienne, où les investiga- des travailleurs du Kurdistan effectivement été prouvé l’exis- lement toute implication dans ce à solliciter les entreprises attribu- ajouté. Le PR n’est pas directement tions paraissent toujours en sus- (PKK), Charles Pasqua avait ob- tence de « collectes de fonds » par pacte politique et se félicite de pou- taires de marchés de lycées. Les concerné, il n’est pas dans l’œil du pens. Elles portent notamment sur tenu, le 30 novembre 1993, du les associations proches du PKK, voir accéder au dossier afin de dirigeants de ces sociétés savaient, cyclone et le fait d’entrer dans le dos- les activités de sociétés animées conseil des ministres, la dissolu- mais le juge n’a pu « mettre en évi- démontrer que le Parti républicain avait-il expliqué, qu’ils devaient sier me permettra de le démontrer. par M. Longuet – Avenir 55, Inves- tion de deux associations kurdes, dence l’exercice de violences ou n’a jamais dérogé à la loi dans cette verser des commissions aux partis Mon trésorier et le parti ont respecté tel et Financière de l’Arcade. « les façades légales du PKK qui, en d’autres infractions en relation avec affaire », ont affirmé son avocat, pour obtenir des marchés. la loi. J’ai donné une instruction de France comme dans d’autres pays une entreprise terroriste ». Me Maurice Lantourne, et son cabi- « Gérard Longuet m’a, à plusieurs respecter la loi et j’espère ne pas Jacques Follorou d’Europe, se livre à des actions de caractère terroriste ou délictuel, « IL N’EST JAMAIS TROP TARD » qu’il n’est pas possible de tolérer sur Le juge d’instruction, après trois notre sol », avait assuré le ministre mois de réflexion, a ainsi minutieu- Les trésoriers du RPR et du PS ne mettent pas en cause leurs directions de l’intérieur. sement recopié le réquisitoire défi- Plusieurs actions violentes nitif du parquet de Paris et délivré, PARMI les principaux protagonistes de l’af- puis Jacques Oudin, étaient parfaitement au cou- des membres de cette commission, le député avaient été menés par des Kurdes faute de charges suffisantes, un faire du « pacte de corruption » qui aurait lié rant. » Mme Casetta avait ajouté que M. Galley (PS) Claude Bartolone – aujourd’hui ministre contre des intérêts turcs à Paris, non-lieu pour les trente et un Kur- trois partis politiques opposés – le RPR, le PR l’avait invitée à prendre contact avec Michel délégué à la ville – lui avait demandé, a-t-il rap- Lyon, Marseille et Strasbourg au des poursuivis, qui, pour treize (devenu Démocratie libérale) et le Parti socialis- Roussin, alors collaborateur direct de Jacques porté, « d’imaginer que, par exemple, dans la printemps et à l’automne 1993, et d’entre eux, ont purgé de vingt te – pour collecter, entre 1990 et 1995, des Chirac à la Mairie de Paris, pour qu’il lui donne région Ile-de-France, des entreprises retenues les policiers soupçonnaient le PKK jours à six mois de prison. « Il n’est fonds occultes en marge de l’attribution des le nom des entreprises qui devaient verser des pour construire des lycées aient décidé de faire d’avoir monté en France « une jamais trop tard pour mettre fin à marchés de lycées dans la région Ile-de-France, dons au RPR. des dons au RPR... » infrastructure susceptible de com- un abus, a indiqué placidement l’ancien trésorier du PR, Jean-Pierre Thomas, Interrogé le 2 mai, M. Galley a indiqué que Questionné le 3 mai, M. Boyon a lui aussi mettre tout type d’actions violentes Me Jean-Jacques de Felice, qui conserve une place particulière. Mis en exa- « jusqu’en 1989, le RPR n’a été bénéficiaire repoussé les affirmations de Mme Casetta indi- ou illégales ». défendait le plupart des Kurdes. Je men, le 1er décembre, pour « complicité et recel d’aucun argent en rapport avec les marchés ». quant qu’elle ne lui rendait aucun compte de Le parquet de Paris, à la suite de n’ai jamais cessé de dénoncer l’arbi- de corruption », il est le seul à avoir admis l’ex- « Si j’étais seul chargé, a-t-il expliqué, des rela- ses activités. Le 11 mai, M. Oudin a renvoyé ces « présomptions de constitution traire de leur arrestation et de souli- istence d’un tel pacte et cité son chef de parti, tions financières avec les entreprises, Jacques vers elle les soupçons, affirmant « qu’elle était d’une entente établie par le PKK gner la nécessaire solidarité avec le Gérard Longuet, parmi les donneurs d’ordres. Durand [alors directeur administratif] se char- chargée de certains contacts directs et personnels ayant pour but la préparation et la peuple Kurde. » L’avocat entend Interrogés en qualité de témoins assistés, au geait de recevoir les entreprises qui sollicitaient avec les entreprises, dont l’essentiel était dans le commission d’actes de violence à demander réparation pour ses début du mois de mai, les trois trésoriers succes- des recommandations pour telle ou telle munici- secteur du BTP ». caractère terroriste », avait ouvert clients devant la Commission sifs du RPR entre 1984 et 1995, Robert Galley, palité. (...) Mme Casetta, qui était la collaboratrice Sans qu’aucun de ses membres n’ait été convo- une information en novembre nationale d’indemnisation en Jacques Oudin et Jacques Boyon, ont démenti de M. Durand jusqu’en 1986, prenait ses rendez- qué dans le cours de cette procédure, la direction 1993, confiée au juge Le Loire. Le matière de détention provisoire. les déclarations de l’ancienne directrice adminis- vous avec les entrepreneurs. » du PS réfléchit, quant à elle, à une éventuelle ministère de l’intérieur en avait « Mais ça n’excusera pas les bruta- trative du parti gaulliste, Louise-Yvonne Caset- constitution de partie civile, estimant que, si des profité pour rendre un service à la lités qu’ils ont subies », soupire ta. Elle aussi mise en examen dans ce dossier, « LE CŒUR DU SYSTÈME » fonds ont été prélevés illégalement, le parti pour- Turquie en livrant, moins d’une Me de Felice. cette dernière les avait présentés comme ayant A en croire M. Galley, Mme Casetta aurait, à rait avoir à se joindre aux poursuites judiciaires, semaine après le coup de filet, une pris part au système de corruption francilien. partir de 1989, bénéficié d’une autonomie tota- fût-ce contre certains de ses membres. Prélude à liste d’une vingtaine de noms de Franck Johannès L’actuel trésorier du PS, Alain Claeys, en poste le à l’égard du RPR et de ses trésoriers, restant cette éventualité, le trésorier actuel du PS, Alain depuis la fin de 1995, a, pour sa part, transmis en relation avec le seul M. Roussin, à la Mairie Claeys, a fait remettre aux juges, le 8 mars, une aux juges d’instruction une note sur l’activité de de Paris. M. Galley a invité les juges à s’intéres- note détaillant le budget du siège national du par- la trésorerie de son parti entre 1992 et 2000, ain- ser aux conditions de financement des campa- ti et l’historique de l’association nationale de Un homme débranche les appareils si qu’une lettre dans laquelle il conteste toute gnes municipales de la Ville de Paris qui lui financement du PS, qui fut dirigée par Gérard irrégularité dans les « comptes de la trésorerie échappaient. C’est là que se trouverait, selon Peybernès – lui aussi mis en examen dans cette nationale » depuis son entrée en fonctions. lui, « le cœur du système ». « Jacques Chirac, affaire. Il y a joint un courrier dans lequel il assu- er qui maintenaient en vie sa compagne Lors de son interrogatoire, le 1 décembre, a-t-il précisé, ne m’a jamais parlé des lycées de re n’avoir « rien remarqué d’anormal » àson devant les magistrats, Mme Casetta avait indi- la région Ile-de-France. Je pense qu’il n’était pas niveau depuis 1995 et affirme que, si « les faits de UN HOMME a mis fin aux souffrances de sa compagne, 51 ans, qué que « les entreprises s’entendaient entre elles au courant car, sinon, compte tenu de notre inti- corruption étaient avérés », il ne faudrait « pas atteinte d’une maladie incurable, en débranchant plusieurs appa- et devaient, pour obtenir les marchés, s’engager à mité, il m’aurait certainement dit : voilà ce qu’ils hésiter » à parler de « pacte mafieux » à propos reils d’assistance qui la maintenaient en vie à l’hôpital de Tourcoing verser un pourcentage pour le RPR et le PR ». sont en train de tramer. J’ai donc tout lieu de pen- des marchés d’Ile-de-France. Les anciens tréso- (Nord). Au cours d’une visite, le 8 mai, en compagnie d’une person- « C’est M. Galley qui me l’a indiqué, sans doute ser que tout cela a été fait à son insu. » riers du PS à l’époque des faits, notamment Hen- ne de la famille de la malade, il a débranché le respirateur et les per- en 1990, avait-elle précisé. [Il] m’a demandé M. Galley affirme n’avoir jamais entendu par- ri Emmanuelli et Pierre Moscovici, actuel minis- fusions, s’opposant violemment aux personnels hospitaliers qui ont d’assurer la relance des entreprises pour le finan- ler d’une forme de racket sur les marchés avant tre délégué chargé des affaires européennes, tenté de réanimer la patiente. cement officiel. (...) Les entreprises nous devaient le 19 juin 1991. Ce jour-là, il comparaissait n’ont pas été interrogés dans ce dossier. L’homme a été interpellé par la police quelques heures plus tard de l’argent en fonction des engagements qu’elles devant une commission d’enquête parlementai- alors qu’il revenait voir le corps de sa compagne. Il a été remis en avaient pris. Robert Galley, puis Jacques Boyon, re sur le financement des partis politiques. L’un J. Fo. liberté à l’issue de sa garde à vue. Une information judiciaire a été ouverte pour « meurtre et non-assistance à personne en danger ». «Il existait un consensus familial, au moins tacite, sur cet acte, et la défun- te elle-même avait émis le souhait de mourir », nous a indiqué le par- Jack Lang lance une vaste campagne de recrutement d’enseignants quet de Lille. Malgré une baisse très nette des vocations, 185 000 professeurs doivent être embauchés d’ici à 2005 La cour d’appel ordonne la restitution ENSEIGNER est un « beau veulent pas en entendre parler, soit accompagner les débuts de carrière. Un contrat les engagerait avec métier », fait de « plaisir et de 12 points de plus qu’en 1998. Or le Mais il faudra aller plus loin que la pour contrepartie de rester fonction- du passeport de Loïk Le Floch-Prigent joies ». Le ministre de l’éducation ministère a estimé que pour couvrir simple force de conviction. Des dis- naires pendant dix ans, sur le modè- nationale en est persuadé, lui qui les départs en retraite et les besoins positifs de prérecrutement sont envi- le de certaines grandes écoles publi- LA CHAMBRE DE L’INSTRUCTION de la cour d’appel de Paris a infir- doit recruter 185 000 professeurs d’enseignement des prochaines sagés dans les secteurs géographi- ques. Dans les disciplines profes- mé, mercredi 16 mai, le contrôle judiciaire infligé à Loïk Le Floch-Pri- d’ici à 2005. Afin de convaincre les années, un licencié de l’université ques ou disciplinaires les plus défici- sionnelles, d’autres pistes sont gent et la saisie de son passeport, qui lui avaient été notifiés le 6 avril, jeunes de répondre à cet appel sur trois ou quatre devrait rejoindre taires, comme les langues vivantes, explorées. L’Etat pourrait proposer alors qu’il était hospitalisé à Paris. L’ancien PDG d’Elf-Aquitaine, mis d’ampleur inédite, Jack Lang a ses rangs. les sciences ou l’enseignement tech- aux salariés d’entreprises, con- en examen pour « abus de biens sociaux et recel » et contre qui ont été annoncé, mercredi 16 mai, une cam- nologique et professionnel. Pour les traints de préparer les concours requis cinq ans d’emprisonnement au procès de l’affaire Dumas – pagne de recrutement de 15 mil- PLAN PLURIANNUEL disciplines générales, le ministère tout en travaillant, de leur payer dont le jugement doit être rendu le 30 mai –, a ainsi retrouvé le droit lions de francs sur le thème « Profes- Annoncés le 15 novembre 2000, pourrait prérecruter des étudiants une année de formation prépara- de quitter le territoire français. Il devra informer les juges de ses dépla- seur, et si l’avenir c’était vous ? ». le « plan pluriannuel relatif aux dès l’issue du DEUG. Ils seraient toire au concours. cements, a précisé l’un de ses avocats, Me Olivier Metzner. Trois spots de télévision seront dif- emplois » (33 200 emplois supplé- rémunérés – de l’ordre de L’irruption d’enquêteurs de la brigade financière dans sa chambre de fusés du 18 mai au 1er juin, puis du mentaires au budget entre 2001 et 7 000 francs par mois – pendant Nathalie Guibert l’hôpital Cochin, sur l’ordre de la juge Eva Joly, avait suscité des criti- 10 au 24 septembre ; ils seront dou- 2003) et le « plan de programmation leur année de licence, pour préparer ques. Le professeur Jean-Paul Escande, chef du service dans lequel blés d’affiches dans les établisse- des recrutements » (150 000 entre le concours. f www.lemonde.fr/education M. Le Floch-Prigent était soigné, avait déploré cette initiative. « Si les ments universitaires, d’un numéro 2001 et 2005) fixent la feuille de rou- juges veulent s’assurer que l’hospitalisation n’est pas un prétexte, avait-il d’accueil national (01-55-55-00-00) te du ministère. Dès cette année, les déclaré, il y a d’autres moyens que d’envoyer la police comme un élé- et d’une information sur le site Inter- postes mis aux concours externes phant dans un magasin de porcelaine » (Le Monde du 11 avril). net du ministère. ont progressé de 9 % pour les profes- « Nous ne manquons pas de candi- seurs des écoles (11 000 embau- DÉPÊCHES dats. Il n’y a pas de crise de voca- ches) et de 10 % pour ceux des collè- a RÉFUGIÉS : une centaine de demandeurs d’asile et de sans- tion », a affirmé Jack Lang. Un son- ges et lycées (15 000). Six à neuf can- papiers occupent, depuis le 30 avril, à l’initiative du Comité des sans- dage réalisé par l’éducation nationa- didats se présentant en moyenne logis (CDSL), un foyer d’urgence du 13e arrondissement de Paris pour le auprès des bacheliers entrés à pour un poste, le ministère estime réclamer des « hébergements durables ». Ces réfugiés, dont le nombre l’université à la rentrée 2000 a pour- pour l’heure disposer d’un vivier est en constante progression dans la région parisienne, se voient ren- tant laissé prévoir que la tâche satisfaisant. Pour la suite, il promet voyés vers des structures d’urgence prévues pour les SDF. serait ardue (Le Monde du 7 février). de former les étudiants de licence, a ÉDUCATION : Luc Bérille, 43 ans, a été élu secrétaire général du La part des jeunes qui veulent deve- avant leur entrée en instituts univer- Syndicat des enseignants (SE-UNSA), mercredi 16 mai, en remplace- nir enseignants demeure stable – sitaires de formation des maîtres ment d’Hervé Baro, en fonctions depuis 1994. Le SE, qui revendique 18 % depuis deux ans –, mais le (IUFM), aux aspects pratiques du 80 000 adhérents, est le deuxième syndicat d’enseignants dans les éco- métier suscite un rejet croissant : métier ; d’assouplir l’organisation les primaires. 52 % des nouveaux étudiants ne des concours ; ou encore de mieux 12 RÉGIONS LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 A Paris, les nouveaux maires sont assaillis de demandes sociales Dans les six arrondissements conquis par la gauche, les équipes sortantes n’ont pas assuré la transition. Ce comportement complique la tâche des nouveaux élus, confrontés à une forte attente de logements et de crèches

APRÈS un mois d’exercice de annexe de l’Hôtel de Ville, sans Places en crèche, subventions tions de logement, Jacques Tou- informait que, « grâce à [son] inter- meuble ou livrer un programme de leur mandat, les maires d’arrondis- moyen propre logistique ni hu- et attributions de logement – bon, dans le 13e, utilisait plusieurs vention », leur demande avait abou- logements. sement issus de la nouvelle majori- main ». Il n’y a guère que dans le « 20 par an en moyenne, une mi- fonctionnaires et deux chargés de ti. « M. Toubon s’est tout simple- Pour calmer et rassurer ses trou- té municipale parisienne prennent 9e arrondissement qu’a été res- sère », soupire M. Bravo –, dans le mission. La période des élections ment gardé sous le coude, pendant pes, le maire de Paris, Bertrand la mesure de leur tâche. Les six édi- pectée, autour d’un déjeuner, une 9e, tout dépendait du cabinet du municipales a d’ailleurs été mise à plusieurs mois, un certain nombre Delanoë, a fait un premier geste en les issus de la gauche plurielle qui certaine « courtoisie républicaine » maire. Une pratique largement contribution pour augmenter la de logements pour pouvoir les distri- créant, dans le budget 2001, deux entament leur premier mandat – le entre le maire sortant (RPR), buer au bon moment, explique un dotations nouvelles destinées au Vert Jacques Boutault (2e) et les Gabriel Kaspereit, et son rempla- administrateur de l’OPAC de Paris. financement, par les maires d’arron- socialistes Dominique Bertinotti çant socialiste, Jacques Bravo. Etre 500 emplois-jeunes affectés à la « sécurité » C’est un grand classique en période dissement, de l’animation locale et (4e), Jacques Bravo (9e), Michèle Blu- opposant pendant vingt-trois ans, d’élection. » de l’action culturelle de proximité. menthal (12e), Serge Blisko (13e)et « ça crée des liens », lâche ce der- Bertrand Delanoë, le maire (PS) de Paris, a communiqué à la L’enveloppe mensuelle allouée à la Pierre Castagnou (14e) – ne se fai- nier. M. Kaspereit, quatre-vingt- presse, mercredi 16 mai, l’essentiel de la déclaration qu’il doit faire ORDINATEUR PERSONNEL rémunération des collaborateurs de saient guère d’illusion sur l’empres- deux ans, avait été abandonné par sur « la sécurité des Parisiens » au prochain conseil de Paris des 21 et Dans l’ancien hôtel particulier cabinet a, par ailleurs, été augmen- sement de leurs prédécesseurs à ses dauphins, Pierre Lellouche et 22 mai. Il a rappelé que la préfecture de police s’est engagée à mettre, qui abrite la mairie du 9e ou dans tée et elle est, désormais, établie faciliter le jeu de l’alternance. La Vincent Reina, qui, depuis les élec- en deux ans, 1 000 policiers supplémentaires dans les rues de la l’élégante mairie du 4e, les parquets selon un mode de calcul transpa- réalité a parfaitement conforté leur tions législatives de 1997, se dispu- capitale. De son côté, la municipalité prévoit de recruter en deux ans craquent, les plantes vertes rutilent, rent. A un forfait de base de sentiment. taient l’héritage. 500 emplois-jeunes, qui seront affectés en priorité à la surveillance les huissiers vous suivent à la trace. 20 000 francs s’ajoute une dotation Les pouvoirs leur ont été trans- des sorties d’école. Mais Mme Bertinotti s’impatiente de de 0,75 franc par habitant, augmen- mis à la sauvette. A la mairie du 2e, MYRIADE DE COLLABORATEURS S’y ajouteront, dès 2001 , « 500 professionnels formés à des tâches de devoir franchir huit portes successi- tée d’un bonus quand l’arrondisse- l’ancien fief de Benoîte Taffin Sur fond de vieille haine recuite, médiation sociale » : 200 inspecteurs de la Ville de Paris affectés princi- ves pour accéder à ses collabora- ment dispose de quartiers répon- (divers droite), qui a démissionné le vieux maire, entré au conseil palement à la surveillance des parkings, 100 « correspondants de teurs. « Un joli symbole du cloisonne- dant aux critères de la politique de du conseil de Paris après son échec municipal de Paris en 1965, gou- nuit » pour les grands ensembles parisiens, et 200 agents de sur- ment, non ? », plaisante-t-elle. Et la Ville. Soit 50 000 francs mensuels aux municipales, Jacques Boutault vernait seul, à l’ancienne et en veillance de Paris (ASP) – les actuelles « pervenches » – que le maire M. Bravo, à l’instar de tous ses collè- pour les quatre premiers arrondisse- n’a vu personne, et dans le 4e famille. La nouvelle équipe du 9e a souhaite voir dotés du statut d’agent de police judiciaire (APJ) gues nouvellement élus, travaille ments et jusqu’à 158 000 francs Lucien Finel (DL) était absent le ainsi découvert une myriade de adjoint, afin qu’ils puissent dresser procès-verbal. sur son ordinateur personnel. Dans pour l’arrondissement le mieux soir de l’élection de sa rivale socia- collaborateurs de cabinet dont les premières semaines, les con- doté, le 18e. liste, Dominique Bertinotti. «On certains affirmaient être des béné- seillers, éberlués de découvrir qu’ils Quand ils auront émergé et pris parle de “passation”, mais il n’y voles. Il a fallu, aussi, expliquer à répandue à Paris. Dans le 14e arron- cadence. Les copies d’environ ne disposaient même pas d’un fax leurs marques, les nouveaux élus avait rien à passer », estime cette l’association des anciens, présidée dissement, c’est un membre 200 lettres adressées entre janvier dans leur bureau, ont assailli la socialistes rappelleront, sans doute, dernière, qui n’imaginait pas par la femme du maire depuis 1973, dévoué du cabinet de l’ancien mai- et mars 2001 par l’ancien maire direction de la logistique et de l’in- au maire de Paris la promesse qu’il l’« ampleur du vide » qu’elle a trou- qu’elle ne serait plus la seule autori- re (RPR), Lionel Assouad, qui choi- (RPR) du 13e à des demandeurs de formatique de la Ville. Un plan leur a faite d’élargir leurs compéten- vé. « La mairie du 4e, poursuit-elle, sée à occuper la salle des fêtes pour sissait les bénéficiaires des crèches logement ont été retrouvées par la d’équipement est prévu dont le bou- ces sans, forcément, attendre une fonctionnait comme une simple ses activités… municipales. Et pour les attribu- nouvelle équipe. M. Toubon les clage devrait prendre deux ans. hypothétique réforme de la loi L’autre choc a été, dès la tenue PML, qui, outre Paris, régit Mar- des premières permanences, la pres- seille et Lyon. L’exécutif municipal sion de la demande en matière de a une réponse déjà prête : le projet logement et de crèche – deux priori- de loi sur la démocratie de proximi- tés affichées de la gauche. Les pro- té, qui doit venir en débat à l’Assem- messes de changement ont fait naî- blée à la mi-juin, pourrait intégrer tre des impatiences. Or, en plus de un amendement élargissant nota- l’ampleur des besoins, les nou- blement la liste des équipements veaux maires ont découvert l’in- placés sous la responsabilité des croyable complexité des circuits maires d’arrondissement. administratifs à Paris, où il faut deux à trois ans pour construire Christine Garin une école, aménager une halte-gar- derie dans un rez-de-chaussée d’im- f www.lemonde.fr/paris Des associations dénoncent l’« accélération » des travaux sur la ZAC Rive gauche PENDANT l’installation des nou- niveau de la dalle. « Ces remblaie- veaux élus, les travaux continuent ments, qui esquissent une colline dans le 13e arrondissement, sur la artificielle, nous isolent dans des ZAC Paris-Rive gauche. Ils s’accélè- voies encaissées alors que nous rent même, selon les nombreuses avions obtenu des nouveaux élus des associations qui contestent depuis accès par les quais de la Seine », des années les orientations de la s’insurge Jean-Paul Reti, président plus grande opération d’urbanis- de l’Association pour le développe- me en cours dans la capitale. Le ment du 91, quai de la Gare. 2 mai, une dizaine d’entre elles ont Consultés par les experts de adressé une lettre ouverte au M. Delanoë pendant la campagne, maire de Paris pour signaler plusieurs responsables d’associa- l’« incroyable accélération » des tra- tion s’étonnent aujourd’hui de ne vaux de voirie et de remblaiement pas voir intervenir les nouveaux entre la Bibliothèque François-Mit- élus. « Nous leur avions signalé la terrand et le boulevard Masséna nécessité de prendre des mesures « au risque évident d’empêcher [la] d’urgence pour permettre une alter- réorientation concertée de l’aména- native à la dalle, explique Fabrice gement de la ZAC », évoquée au Piault, président de l’association cours de sa campagne par Ber- Tam-Tam. Serge Blisko lui-même trand Delanoë. avait parlé de “moratoire” avant Vendredi 11 mai, Michel De- d’être élu. Des études sont en cours lamar, président de l’université pour modifier le projet initial, mais Paris-VII, qui doit accueillir on nous dit d’attendre la réunion du 20 000 étudiants dans la ZAC au prochain comité de concertation. cours des prochaines années, écri- Pendant ce temps-là, la Semapa [la vait lui aussi à M. Delanoë. «Ilne société d’économie mixte chargée faudrait pas que des réalisations de l’aménagement de la ZAC] irréversibles viennent dénaturer un bétonne comme si elle voulait que projet pour lequel l’université fait tout devienne irréversible. » un effort considérable », soulignait Interpellé par les associations, M. Delamar. Il rappelait ainsi l’ob- M. Blisko attendait pour leur ré- jectif initial de l’éducation natio- pondre d’être élu, le 28 mai, en nale d’ouvrir tous les bâtiments remplacement de Jacques Toubon, universitaires sur les rues du 13e, l’ancien maire (RPR) du 13e,àla afin de faciliter à la fois la circula- présidence de la Semapa. « Je com- tion des étudiants dans le quartier prends l’émotion des associations et et de permettre l’accès des habi- je suis certain, comme M. Delamar, tants aux différents services de que ces travaux pourraient rendre l’université, situés dans les rez-de- difficile l’implantation de l’univer- chaussée des immeubles. sité, nous a-t-il cependant déclaré. Même si les actuels responsables de « POLITIQUE DU FAIT ACCOMPLI » la Semapa nous affirment que tous Largement entamé pendant la les travaux actuellement en cours campagne électorale, le chantier avaient été décidés avant l’élection du secteur Masséna – 32 hectares municipale, ce n’est pas l’accéléra- sur les 130 de la ZAC – est aujour- tion du chantier qui pourra contredi- d’hui en pleine effervescence. re la volonté politique du maire de Grues et engins déplacent des ton- Paris de réorienter l’opération. » nes de ciment et de terre entre le Et le futur maire du 13e prévient « 91, quai de la Gare », d’anciens que « la politique du fait accompli entrepôts frigorifiques où sont n’est pas acceptable » : « Ce qui est installés depuis plusieurs années mis en œuvre actuellement revient à des dizaines d’artistes, les Grands multiplier les obstacles techniques et Moulins, qui seront transformés financiers pour réussir l’aménage- en locaux universitaires, et les ment de la ZAC Paris-Rive gauche. montants de la dalle destinée à Nous n’acceptons pas ce type de mé- couvrir les voies de la SNCF à desti- thode, mais cela confirme qu’une nation et en provenance de la gare période de transition est toujours un d’Austerlitz. Des remblais ont été moment psychologiquement difficile élevés, les réseaux ont été instal- à traverser. » lés, des rues ont été tracées en quelques jours, pour rejoindre le Christophe de Chenay 14 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 HORIZONS REPORTAGE

seur Zeev Sternheel, une pointe d’accent méridional – souvenir de ses années de jeunesse cachées dans le Midi pour échapper aux nazis –, ironise sur le lamento sem- piternel du cocu qu’adresse Israël à la France, invite ses compatriotes à regarder en face une situation où le plus fort n’attire jamais la sympa- thie universelle. Par-delà l’emphase et la rhétorique, par-delà la supério- rité militaire écrasante d’Israël – capable de mener une guerre dite « chirurgicale » contre des adversai- res régionaux que la disparition de l’URSS et le retard des sociétés privent de moyens de rétorsion comparables –, on sent poindre une sourde inquiétude pour le moyen terme. Avec l’entrée en vigueur de l’euro, Israël, comme tout le Moyen- Orient, va basculer, du fait du poids des échanges commerciaux, dans une zone monétaire qui demandera de nouer avec l’Union européenne NAZARETH, SAMEDI 28 AVRIL des relations politiques aujourd’hui Une forêt de drapeaux rouges a délaissées au profit de l’axe unique envahi pacifiquement la rue princi- israélo-américain. L’Etat hébreu a pale de la vieille ville arabe de Naza- du retard, et peine à convaincre. Le reth. Le cortège, mené par le maire gouvernement Sharon-Pérès n’a de la ville et les députés du Front explicité aucun projet politique, démocratique à la Knesset, contour- Brève chronique aucune perspective autour de ne la basilique kitsch de l’Annoncia- laquelle renouer des pourparlers de tion et le parking en contrebas. Les paix. Il joue la montre, face à une militants du mouvement islamiste y autorité palestinienne qu’il espère ont dressé des toiles vertes pour amener à quia. Mais ce n’est là marquer le site de la mosquée qu’ils qu’une tactique, et l’on se demande veulent édifier devant l’église, et qui avec inquiétude, dans l’establish- l’occultera aux regards. Ici comme ment académico-politique israé- ailleurs, chaque mètre carré de la d’Israël et de Palestine lien, si M. Sharon a véritablement Terre sainte est à celui qui criera le une stratégie. Si le gouvernement plus fort pour faire valoir ses droits Bush paraît s’accommoder de cette éternels. A Nazareth, la liste islamis- Ecrivain, spécialiste du monde musulman contemporain, tactique, il ne peut en être de même te a fait presque jeu égal aux élec- pour l’Europe, riveraine de la Médi- tions municipales avec celle du Gilles Kepel revient de Tel-Aviv, Jérusalem, Gaza. terranée, pour qui la paix dans la Front démocratique – proche des région représente un enjeu crucial. communistes –, qui a conservé de A Ramallah, il a rencontré Yasser Arafat ; à Nazareth, Or, de cette Europe, la France reste justesse la mairie et dont les trou- le chef de file méridional. D’où l’in- pes défilent avec quatre jours un jeune imam appartenant à la branche la plus radicale térêt que trouve l’Etat hébreu à d’avance pour célébrer le 1er mai. renouer avec des accès, des Ils profitent du samedi – chômé du mouvement islamiste ; ailleurs, un dirigeant du Hamas ; réseaux, des soutiens qu’il n’a pas en Israël contrairement à la Fête du cultivés. travail – afin de rassembler le maxi- et puis des étudiants, des députés, des anonymes. mum de militants. Ils ne sont que MARDI 1er MAI quelques milliers, parmi les sarcas- Au fil de ces entrevues, il décrypte le drame qui ensanglante Dans son bureau de Ramallah, mes des boutiquiers barbus dont Yasser Arafat, détendu, souriant, l’échoppe s’orne du portrait de Has- l’Etat hébreu et la Palestine depuis l’automne. plaisante en dialecte égyptien. Plus san El Banna, fondateur des Frères trace des tremblements qui affec- musulmans en Egypte dans les Carnet de route d’un observateur averti taient sa lèvre et gênaient sa démar- années 1920. Le défilé empêche les che. Seule la peau blanche, presque juifs immigrés de l’ex-URSS, apeu- se la ville juive rutilante de Naza- a envoyé des députés au Parlement juifs ? Un peu plus de six mois après mique exceptionnel. On est au diaphane, trahit l’âge et l’usure du rés, de venir acheter à leurs étals reth Illit, sur les hauteurs, d’où sont israélien et se laisse prendre aux piè- les événements, il semble d’abord cœur de la Silicon Valley locale, pouvoir, derrière les grosses lunet- – meilleur marché que les supermar- descendus pendant la dernière Inti- ges délicieux de la cooptation –, il que ceux-ci ont permis de faire mon- bâtiments futuristes de verre et tes chaussées pour signer, au fil de chés – les fruits et les légumes frais fada des civils armés. Un jeune Ara- précise pourtant que, dans le cadre ter d’un cran la négociation politi- d’acier, cafétérias branchées où les l’entretien, les documents qu’appor- dont ils sont friands. Je n’ai pas le be israélien est mort tout près de la de la « pseudo-démocratie » israé- que, d’exiger davantage côté arabe, yuppies, avec ou sans kippa, siro- te un aide de camp. Cette encre qui souvenir d’avoir vu dans le monde mosquée, l’un des douze martyrs lienne, il peut raconter ce qu’il veut tandis que l’on feint de vouloir con- tent un expresso, téléphone porta- coule du stylo présidentiel est le arabe, depuis des décennies, tant de dont le portrait orne les affiches pla- durant son sermon, et que, s’il avait céder moins côté juif. En ce domai- ble vissé à l’oreille. Loin de Naza- principal flux qui relie l’Autorité drapeaux rouges. Les jeunes filles cardées sur les murs. Chaque jour, dit le dixième dans n’importe quel ne, comme dans d’autres, le gouver- reth, très loin de Ramallah, à des palestinienne à la société vivant sur sont jolies, souriantes, bras nus l’imam fait l’aller-retour dans sa voi- pays arabe, on lui aurait fait un très nement de M. Sharon, arc-bouté années-lumière de Gaza, d’où vien- les territoires autonomes, en Cisjor- dans un tee-shirt de coton blanc à ture climatisée, traversant les olive- mauvais parti. Mais Israël demeure sur le seul langage sécuritaire, n’a nent probablement les poseurs de danie et à Gaza. C’est l’une des prin- l’effigie de Che Guevara, un foulard raies saisies par l’Etat hébreu, où un Etat qui discrimine ses citoyens fait encore aucun choix politique. bombes. Pourtant, me dit-on, cipales critiques que l’on entend en rouge autour du cou, leurs longues s’alignent, panneau solaire sur le en fonction de leur appartenance nombre de ces jeunes créateurs sur- Palestine : les institutions que chevelures noires flottant au vent, toit, les maisons, toutes semblables, religieuse, note-t-il : ainsi, le parti DIMANCHE 29 AVRIL doués, dont les compétences sont l’Autorité a mises en place – ministè- comme en défi aux femmes voilées du kibboutz qui a accueilli de nom- sépharade ultrareligieux Shass, Au lendemain du shabbat et de la mieux rémunérées en Amérique ou res, Parlement, etc. – sont de peu de de tissu synthétique qui passent, breux juifs ex-soviétiques cette der- dont les rabbins ne tiennent pas de fête nationale, l’autoroute Haïfa- en Europe, commencent à partir poids face à l’accès au Président et indifférentes, sur les trottoirs, flan- nière décennie. propos moins sulfureux que notre Jérusalem via Tel-Aviv n’est qu’un vers des contrées où ils ne risquent à l’encre de son stylo, critère décisif quées de ribambelles d’enfants. L’imam, dont les enfants en bas imam, bénéficie-t-il de grasses sub- long embouteillage, plein d’auto- pas de mourir dans un attentat de l’influence politique de chacun. Tout indique l’appartenance à âge viennent se mêler familière- ventions, alors que lui-même est bus de permissionnaires qui revien- terroriste. Arafat incarne la Palestine, il en est une classe moyenne arabe israélien- ment à la discussion, évite l’expres- rémunéré par les seules souscrip- nent à leurs casernes, fusil en A l’œil nu, Israël est devenu une le symbole, comme le proclament ne, où chrétiens et musulmans laï- sion d’« Arabe israélien », à laquelle tions des fidèles. bandoulière – ces mêmes autobus société « multiculturelle » – ou, si les slogans qui lui souhaitent lon- ques protègent leur coexistence il préfère celle d’« Arabe de 1948 ». Les violences de l’Intifada à qui sont la cible préférée des kami- l’on veut, postmoderne. Dans un gue vie sur les murs des territoires. menacée derrière l’incantation des Justifiant son refus de participer l’automne et les douze morts ara- kazes palestiniens du Hamas et du car, bloqué par les encombrements L’absence de vie politique plura- slogans obsolètes du mouvement aux élections à la Knesset – au bes israéliens ont-ils créé un front Djihad. Le nord de Tel-Aviv, Nata- à côté du mien, une jeune fille liste institutionnalisée est le talon communiste. Les enfants portent contraire de l’autre tendance, mino- intérieur, rompu les ponts entre nya, Herzlia, a connu ces dernières falasha en uniforme, fin visage noir, d’Achille du système de l’Autono- des pancartes où figurent le nom et ritaire, du mouvement islamiste qui l’Etat hébreu et ses citoyens non années un développement écono- les cheveux abondants ramenés en mie palestinienne – l’une des rai- l’âge d’enfants palestiniens tués une queue de cheval, poursuit un sons qui l’ont conduite dans l’impas- durant la dernière Intifada, depuis dialogue inaudible avec son voisin se de l’« Intifada al Aqsa ». A notre l’automne 2000. D’autres réclament aux traits slaves, également en uni- question sur sa vision de l’avenir l’Etat palestinien avec Jérusalem la forme, la crinière blonde tombant proche, le président de l’Autorité Sainte comme capitale. Parmi la sur les épaules. A la gare routière de répond par l’urgence d’un rôle plus forêt d’oriflammes, une banderole Jérusalem, c’est encore un autre actif de l’Europe et des Etats-Unis, en hébreu, apportée par des com- monde : les rues grouillent de reli- par sa disponibilité à reprendre les munistes ashkénazes, sexagénaires gieux en habit noir, le visage blanc pourparlers de paix, dont la tenue chaussés de sandales, est surmon- et boutonneux, les femmes à perru- ne dépend que de la volonté du pre- tée des drapeaux palestinien et que et à chapeaux, pour la plupart mier ministre israélien. A l’entendre israélien. C’est la première fois enceintes, des kyrielles d’enfants développer cet argument, insister depuis le début de l’« Intifada al accrochés à leurs jupes. Sur les pan- sur les tracasseries, les vexations, Aqsa » – « où sont tombés douze Ara- neaux routiers trilingues du quar- les obstacles que met Israël pour bes israéliens sous les balles de la poli- tier, les indications en arabe ont été rendre la vie quotidienne insuppor- ce israélienne » – que l’on voit le dra- maculées de peinture noire. Le mel- table aux Palestiniens, on a le senti- peau bleu et blanc de l’Etat hébreu ting-pot sioniste parvient-il encore ment que le soulèvement de flotter dans une manifestation, côte à brasser toutes ces populations, ou l’automne n’a pas servi à grand-cho- à côte avec celui de l’Autorité pales- chacune poursuit-elle séparément se, si ce n’est à amener Ariel Sharon tinienne. Sans doute faut-il pour son développement ? au pouvoir. cela les diluer dans la masse des dra- Beaucoup de ceux qui déplorent peaux rouges. LUNDI 30 AVRIL la mort du processus d’Oslo se refu- Devant la mosquée al Salam, Au terme d’un colloque à l’univer- sent à voir que celui-ci n’a fait que contrôlée par la branche la plus sité hébraïque de Jérusalem, Avi remplir la fonction que lui assi- radicale du mouvement islamiste, Pazner, porte-parole d’Ariel Sharon gnaient ses signataires de l’époque s’alignent les palets de riz, de farine et l’un des plus faucons parmi les et qu’il est désormais – pour repren- et de concentré de tomates, fruits francophones israéliens, apos- dre un terme en faveur dans la des souscriptions auxquelles appel- trophe l’ambassadeur de France à région – « caduc ». En l’an 2000, les lent sans cesse des camionnettes Tel-Aviv et appelle de ses vœux termes de ce processus sont équipées de haut-parleurs qui sillon- « un rééquilibrage » de la politique acquis : l’Autorité palestinienne fait nent les rues. Les croyants musul- française dans la région. Le profes- la police à Gaza, Hamas a vu sa mans israéliens – dont le niveau de dynamique brisée. Mais à plus long revenu est très supérieur à celui des terme, l’autonomie apparaît à Palestiniens – donnent d’autant Avril 2001. Ci-dessus, l’Autorité palestinienne comme plus volontiers pour leurs frères de à Erez, le point de contrôle une duperie : les implantations de l’autre côté de la ligne verte sur la route reliant Israël colonies juives progressent et la qu’aucun d’entre eux n’échangerait et la bande de Gaza. prospérité économique ne se laisse ses conditions de vie pour les leurs. Ci-contre, à Ramallah, pas entrevoir, fragilisant un Le jeune imam de la mosquée, en Cisjordanie, les pouvoir brocardé pour son népotis- longue barbe noire et drue, télépho- funérailles d’un Palestinien. me, sa corruption, l’absence de ne cellulaire à portée de main, nous Page de droite, des soldats démocratie et l’impasse politique conduit à son village, face au mont israéliens dans un McDonald où il mène une population lasse de Thabor. Pour le rejoindre, on traver- promesses.

PHOTOS STEPHEN DUPONT/CONTACT PRESS IMAGES de Jérusalem-Ouest. HORIZONS-REPORTAGE LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 15

aux règles prescrites dans le droit islamique. Quant à l’Autorité, elle a bien mesuré l’impasse où l’ont menée les négociations de paix. C’est pour cela qu’a été déclenchée l’Intifada al Aqsa. Même si Hamas n’a pas joué le premier rôle, le sou- lèvement s’est fait en se réglant sur ses positions, et le mouvement est aujourd’hui le mieux implanté dans la société, grâce à son réseau d’entraide. Comme pour tous les groupes issus de la lignée des Frè- res musulmans, la conquête de la société est le préalable nécessaire à la prise du pouvoir politique. Le maillage de la société et le contrôle des réseaux caritatifs sont un enjeu politique crucial à Gaza, où une grande partie de la popula- tion vit des aides et des subsides. L’agence spécialisée des Nations unies (UNRWA) distribue l’aide dans les seuls camps de réfugiés. L’Autorité, à travers le ministère des affaires sociales, nous explique son titulaire, Mme Intissar Al Wazir – veuve d’Abou Jihad, le numéro deux de l’OLP tué à Tunis par le Mossad peu après le début de la première Intifada – distribue des aides, notamment aux « familles de martyrs » qui touchent une sorte de pension militaire ou civile, modulée sur le grade éventuel, la situation de famille, etc. Ainsi, la famille d’un mort civil reçoit immé- diatement 2 000 dollars, plus 600 shekels (environ 1 100 francs) chaque mois, tout cela dûment cen- tralisé par une comptabilité infor- matisée. Le contrôle des fonds ver- sés par les diverses associations caritatives est, dans ce contexte, la clé de la constitution de clientèles pour les divers mouvements qui se disputent les allégeances de la L’Intifada de l’automne 2000, rer indéfiniment. Elle affaiblit tous JEUDI 3 MAI j population. par-delà l’échec et les surenchères les partenaires potentiels de la Ce qui frappe d’emblée à Gaza, Natanya Tulkarem Le budget de l’Autorité a connu des négociations de Camp David, paix. ce sont les graffitis. Il y en a aussi Kalkiliya Naplouse LIBAN une baisse drastique depuis le par-delà la provocation (réussie Au sortir de l’entretien avec Ara- en Cisjordanie (sauf à Bir-Zeit), JORDANIE début de la seconde Intifada. Herzlia L. de Tibériade en ce qui le concerne) d’Ariel Sha- fat, nous allons voir les lieux de mais à Gaza ils couvrent toutes les Golan L’aide européenne a permis de pas- Tel-Aviv CISJORDANIE Haïfa SYRIE ron, est d’abord l’occasion de l’attentat qui a détruit la veille, à surfaces disponibles, scrupuleuse- Nazareth ser le cap, et l’aide arabe se limite remobiliser une société palesti- quelques centaines de mètres de ment calligraphiés, toutes tendan- Ramallah pour l’instant à des promesses nienne désenchantée, et de retrem- son bureau, une maison, tuant un ces politiques confondues, comme ISRAËL CISJORDANIE grandiloquentes. Sur les activités

Mer Méditerranée Jéricho per sa confiance en ses dirigeants. cadre du Fatah et deux enfants si, sur cette bande de terre plongée Jérusalem caritatives des islamistes, il est C’est le tanzim, l’appareil du appartenant à une autre famille. dans un chômage massif depuis le Ashkélon impossible de disposer de budget BANDE Bethléem JÉRUSALEM Fatah, qui encadre la mobilisation Le bâtiment s’est effondré sur lui- début de l’Intifada, on avait tout DE GAZA Tarqumiya ou même d’un ordre de grandeur. – et non les islamistes, incapables même sans endommager les son temps pour écrire sur les murs. Hébron Le docteur Mahmoud Zahhar, Gaza Terminal de trouver un espace d’expression immeubles alentour. Une opéra- Au nombre, ceux de Hamas l’em- d'Erez Mer médecin des pauvres, qui nous BANDE autonome dans les premiers mois. tion « chirurgicale ». Le jour précé- portent haut la main. Aux slogans Morte reçoit dans son dispensaire à la fin Khan Younis DE GAZA Mais cette seconde Intifada ne res- dent, dans la ville arabe d’Oum el islamistes habituels – tous dirigés Rafah de ses consultations, figure de semble qu’en apparence à la pre- Fahm, en Israël, deux personnes contre Israël, et qui évitent de pren- LIGNE VERTE proue de Hamas, soutient que (FRONTIÈRES AU 4 JUIN 1967) ISRAËL JORDANIE mière. Les seuls lieux d’affronte- parlant arabe ont ouvert le feu sur dre pour cible Arafat et l’Autorité – l’aide distribuée par son mouve-

ÉGYPTE 30 km ment avec l’armée israélienne sont un jeune juif, le tuant sur le coup. s’ajoutent de nombreuses fresques ment provient exclusivement des COLONIES ISRAÉLIENNES les check-points et les alentours murales. Tant d’iconographie politi- ÉGYPTE 50 km dons des fidèles – contre ceux qui des colonies ; les pierres ont été MERCREDI 2 MAI que est inusitée en pays sunnite et ZONES A ET B SOUS CONTRÔLE PARTIEL estiment qu’une bonne part des remplacées par les armes légères Pour se rendre depuis Ramallah fait penser plutôt à Téhéran ou à la DE L'AUTORITÉ PALESTINIENNE (CISJORDANIE) fonds proviennent de la péninsule que détiennent les forces de sécuri- à l’université de Bir-Zeit, il faut banlieue sud de Beyrouth. arabique et des ONG humanitaires té palestiniennes. Le second soulè- passer un point de contrôle de Tsa- De grands portraits du cheikh trimestre en sus de rations de se nuancée. Hamas, dans son bas- islamistes. C’est à la mosquée que vement est précisément encadré, hal. Ce matin, l’embouteillage est Yassine, le guide spirituel de sucre, riz, etc., avec lesquels la tion de Gaza, a le droit d’exister tout se décide : on vient y faire de moins en moins spontané au fil interminable, une bonne partie Hamas, de « l’ingénieur » Yahya famille subsiste. Les enfants man- tant qu’il respecte les règles du jeu part de ses besoins, les responsa- des semaines, et il n’est pas massif des véhicules rebroussent chemin. Ayyache, activiste du mouvement gent sur un plateau de métal posé politique. Le mouvement a fait par- bles dépêchent des « inspecteurs » comme le premier. Si l’ampleur de La classe moyenne cisjordanienne, tué par son téléphone portable pié- à même le sol en terre, sous le toit tie du comité de coordination de qui évaluent le degré de nécessité la répression israélienne, les ima- qui a plutôt cru au processus de gé, et d’un Che Guevara que sa bar- de tôle. Ils sont abîmés dans la con- l’Intifada, mais n’a joué aucun rôle et classent le demandeur selon ges du petit Mohammed tué à paix, est spécialement visée par les be (et l’origine libanaise de sa templation de la chaîne transarabe moteur dans celui-ci. Et chacun le trois catégories : ceux qui justifient Gaza, soulèvent une vague de mesures de rétorsion israéliennes. famille ?) acclimate dans ce paysa- Al Jazeera, qui émet depuis Qatar sait. Ses capacités sont limitées. En des subsides réguliers, ceux qui A Ramallah, on ne peut vivre ge, voisinent avec des représenta- sur la télévision reliée à l’antenne revanche l’attitude israélienne lui reçoivent une aide irrégulière en librement que dans quelques kilo- tions plus explicites de la concep- parabolique. L’aîné joue avec les est incompréhensible. Lui qui est le fonction des circonstances, et A l’œil nu, mètres carrés. Pour aller à Jérusa- tion que se fait de l’Intifada le mou- options du téléphone portable der- garant de la sécurité dans la Bande enfin ceux qui peuvent toucher lem, il faut solliciter un permis, vement islamiste. Des autobus nier cri de son père. La conversa- s’est fait tirer dessus au sortir de la une participation à un investisse- Israël est devenu long à obtenir et chichement frappés de l’étoile de David explo- tion roule sur la politique, la situa- dernière réunion avec les officiers ment sélectionné comme sociale- mesuré, même aux VIP. Vers Bir- sent dans une mare de sang. Un tion, le désenchantement vis-àvis israéliens, au point de passage ment productif. Chaque mosquée une société Zeit et Naplouse, c’est selon le géant qui brandit un poignard à la de tous ceux qui ne lancent des slo- d’Erez. Il est pourtant bien clair détient la liste des fidèles, leurs bon vouloir des soldats qui contrô- lame en forme de Palestine s’apprê- gans que pour passer à la télévision qu’il n’a aucune part dans les opéra- coordonnées, leurs besoins, selon « multiculturelle » lent les points de passage sis en te à tuer un soldat israélien à moi- et ne changent rien à la vie. tions sur le territoire israélien. Les un système d’îlotage qui assure au zone B, où Israël exerce son autori- tié étouffé, la langue sortie, au-des- Gaza a l’un des taux de natalité mortiers artisanaux et autres kami- mouvement son implantation. – ou, si l’on veut, té militaire. sus d’un slogan à la gloire des bri- les plus élevés au monde, et les kazes dans les bus ne sont pas les Le jour décline sur Gaza. Une « Que préférez-vous, qu’on vous gades Ezzedine al Qassem, un enfants représentent une manière armes de ses forces qui, si elles fois franchi le point de passage postmoderne envoie des pierres, du sable ou des cheikh activiste qui a donné son d’assurer l’avenir, une sorte d’équi- avaient décidé d’agir, recourraient d’Erez, au milieu des colonies jui- fleurs ? » A l’université de Bir-Zeit, nom à la branche armée du mouve- libre dans la pauvreté : dans l’im- à des moyens autrement élaborés. ves, et tandis que le soleil disparaît on accueille avec une ironie cordia- ment islamiste. médiat, ils rapportent de la nourri- L’ingénieur Ismaïl Abou Cheneb, derrière les dunes, deux déflagra- réprobation internationale, celle- le le premier ressortissant français L’autre fait frappant, à Gaza, ture, ensuite ils reverseront à leur en dépit de son nom qui signifie en tions d’obus retentissent, suivies ci n’est que de peu d’effet au à prononcer une conférence – sur c’est la présence des animaux. Char- père un peu d’argent de leurs arabe « le moustachu », porte la de rafales de mitraillettes. L’ordinai- regard de l’efficacité militaire de les mouvements islamistes qui rettes attelées, ânes bâtés lestés de petits boulots, enfin ils prendront barbe complète de rigueur dans la re vespéral de cette Intifada de bas- cette même répression, des missi- plus est – depuis qu’un de ses marchandises ne sont pas rares. en charge leurs parents vieillis- mouvance islamiste et nous reçoit se intensité. Depuis Ashkélon, en les ciblés qui détruisent telle auto- compatriotes illustres a reçu des Signes à la fois de la pauvreté géné- sants, en l’absence de toute assu- chez lui vêtu de la jellabah blanche territoire israélien, un chauffeur de mobile, telle pièce où vit un activis- cailloux, suite à quelques mots rale du territoire encerclé par la rance-maladie ou caisse de retrai- habituelle dans ce milieu. C’est l’un taxi originaire de Djerba m’amène te – avec un coût humain presque mal perçus sur le Hezbollah mer et les barbelés, de son exiguï- te. Et cette démographie galopan- des dirigeants politiques de vers Tel-Aviv. A Ashkelon, il n’y a nul pour l’armée israélienne. libanais. Hamas, formé aux Etats-Unis, pas grand-chose à faire pour les Le principal effet du soulève- L’auditoire est étonnamment esprit très clair qui s’exprime dans jeunes. Il y a quelques semaines, ment, avec huit mois de recul, est réceptif à l’analyse de sociologie L’Intifada de l’automne 2000 un arabe élégant et persuasif. Com- paraît-il, au centre commercial, la d’avoir précipité la chute d’Ehoud politique, très peu militant, avide me son collègue l’imam de Naza- veille du shabbat, il y a eu une Barak face à un adversaire qu’a d’informations et de débat, loin de est d’abord l’occasion de remobiliser reth, il maîtrise avec brio la rhétori- bagarre sanglante entre deux ban- porté au pouvoir une large majori- ces théories du complot qui font que oratoire. Comme lui aussi, il des, l’une d’Ethiopiens, l’autre de té d’Israéliens, convaincus qu’il l’ordinaire de bien des campus une société palestinienne désenchantée est interrompu dans la discussion Russes. Une histoire de fille. Le n’y avait plus de dialogue possible dans le monde arabe d’aujour- par les câlins de ses enfants en bas chauffeur parle de Sarcelles où dès lors que la partie palestinienne d’hui. Les locaux sont très bien et de retremper sa confiance âge. Les opérations sur le territoire habite une partie de sa famille. exigeait le droit au retour des réfu- tenus, pas de graffitis ni d’affiches israélien, les attentats-suicides qui giés partis en 1948 – une demande hors des panneaux réglementai- en ses dirigeants tuent des civils ? Le mouvement les TEL-AVIV, VENDREDI 4 MAI perçue comme la négation pure et res. On se croirait presque à Scien- revendique et les assume. C’est la Brunch dans un café tendance simple de l’existence d’Israël en ces-Po. « Bir-Zeit n’est plus ce que loi du talion face à l’armée israélien- où l’on n’a jamais vu un Arabe ni tant qu’Etat sioniste dans des fron- c’était, déplore un jeune collègue. té, et de la capacité unique des ani- te est la hantise d’Israël, sans para- ne qui n’hésite pas à tuer des civils un juif religieux ni peut-être même tières sûres et reconnues. Quand on était étudiants, tout le maux à se glisser avec leur charge de contre le djihad des berceaux. palestiniens, enfants compris, et un falasha. On pourrait être à San Avec quelques nuances, ce rai- monde militait. Maintenant ils s’en dans les ruelles étroites des camps La femme de Z. confie qu’elle c’est le seul moyen de pression sur Francisco ou à la Bastille. Il est diffi- sonnement est accepté en privé foutent, ils veulent apprendre, trou- de réfugiés, où les contraintes aurait volontiers cessé de procréer. l’Etat hébreu pour faire cesser ses cile de parcourir, en une semaine dans la jeune génération politique ver des jobs. Faire de la politique, modernes du bidonville ont retrou- Sans éducation ni emploi, elle n’a exactions. Si celui-ci est un enne- et si peu de kilomètres, autant palestinienne. L’Intifada ne sau- c’est ringard, les étudiants n’y vé le geste urbanistique tradition- pas voix à la décision. mi, Arafat et l’Autorité, quant à d’univers imbriqués, dissemblables rait être une fin en soi, bien plutôt croient plus. » Il n’y a qu’une nel de la médina – avec ses impas- Mohammed Dahlan, chef de la eux, sont des adversaires politi- et antagonistes. Que pensent ces un moyen pour sortir de l’impasse minorité de barbus et de voilées ses, ses venelles tortueuses, l’orga- sécurité palestinienne à Gaza, est, ques, et le combat n’est pas de jeunes à moitié dévêtus qui siro- politique issue de la caducité du sur le campus – certaines très nisation sociale de la promiscuité. avec son pendant, Jibril Rajoub, en même nature. tent leur mimosa ? Pensent-ils que processus d’Oslo. Côté palesti- maquillées, l’une porte une salo- Z. a la trentaine, même si on lui Cisjordanie, l’un des hommes-clés En ne participant pas aux élec- pourrait surgir parmi eux un kami- nien, il semble assez clair que le pette couleur sable assez suggesti- donne vingt ans de plus. Manœu- lorsque se posera la question de la tions pour le Parlement palesti- kaze du Hamas – comme le répè- démantèlement des colonies est ve avec foulard assorti. vre dans le bâtiment, il ne travaille succession d’Arafat. Pour l’heure, il nien, Hamas a marqué son refus de tent à l’envi les autorités ? un enjeu des négociations à venir, Retour à Jérusalem. Dans le lob- plus en Israël depuis le début des tient Gaza. De fait, on ne sent en cautionner le système politique Fouille rituelle et interrogatoire l’une des clés de la viabilité mini- by furieusement rétro de l’Hôtel événements et est au chômage. Il y ville aucune tension, aucune animo- issu des accords de paix qu’il ne interminable à l’aéroport de Lod. male du territoire contrôlé par King David, quelques rares juifs a deux ans, il avait quatre enfants. sité contre les (très rares) étran- reconnaît pas, pas plus qu’il ne Les 80 shekels qui me restent servi- l’Autorité. Mais on perçoit très américains, en short et kippa, traî- Il en a maintenant six, et sa jeune gers. A ceux qui nous ont mis en reconnaît l’existence de l’Etat d’Is- ront pour un thriller intitulé Satur- mal ce sur quoi le gouvernement nent leur ennui. Il n’y a presque femme, un foulard blanc sur la garde contre l’irrépressible montée raël. La Palestine va « de la mer au day Morning Crime, dont l’action se de M. Sharon est disposé à négo- plus de tourisme depuis le début tête, est enceinte du septième. du mouvement islamiste et l’affai- fleuve » (le Jourdain), et son com- déroule dans le milieu psychiatri- cier. Or il faudra trouver un objet de l’Intifada, on peut louer les sui- L’agence des Nations unies pour blissement de l’Autorité si l’Europe bat consiste à la récupérer tout que de Jérusalem. commun de négociations, car la tes avec vue sur la muraille de la les réfugiés verse 120 shekels (envi- et les Etats-Unis ne pressent pas entière. Les juifs qui le désirent situation présente ne peut perdu- vieille ville pour trois fois rien. ron 230 francs) par enfant chaque Israël de négocier, il fait une répon- pourront y vivre conformément Gilles Kepel 16 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 HORIZONS-ANALYSES 0 123 En Italie, la gauche digère sa défaite 21 bis, RUE CLAUDE-BERNARD – 75242 PARIS CEDEX 05 Tél. : 01-42-17-20-00. Télécopieur : 01-42-17-21-21. Télex : 202 806 F POURQUOI le centre-gauche sence d’entente a une raison politi- centre-gauche dans le Sud et, au la vindicte de bureaucrates qui ne Tél. relations clientèle abonnés : 01-42-17-32-90 a-t-il perdu ? Parce qu’il est minori- que. Di Pietro reprochait au gou- contraire, sa résistance honorable supportent pas les gagneurs. Or Changement d’adresse et suspension : 0-803-022-021 (0,99 F la minute). Internet : http: // www.lemonde.fr taire. La réponse paraît une vérité vernement sortant ses réticences à dans le Nord, où il avait été mal- c’est justement cette réputation de La Palice mais elle l’est moins si poursuivre la traque des fraudeurs mené aux précédents scrutins. d’homme d’affaires à succès qui ÉDITORIAL l’on rappelle qu’aux dernières élec- et Bertinotti condamnait le « vi- fonctionne comme objet d’identifi- tions législatives, en 1996, la coali- rage libéral » de ses anciens amis, USURE NATURELLE DU POUVOIR cation entre Berlusconi et une par- tion de L’Olivier n’a eu une majori- qu’il fréquentait au temps où le Le bilan de cinq années de gou- tie de l’Italie, de sa jeunesse et de té qu’en s’alliant avec des petites Parti communiste dominait la gau- vernement, satisfaisant en termes ses petits entrepreneurs. La majo- Vache folle : l’Etat coupable formations centristes, prêtes à ven- che italienne. Le chef de Refonda- de rationalité économique et rité des électeurs, y compris ceux dre leurs voix tantôt à la gauche, tion communiste a d’ailleurs expli- d’image de l’Italie à l’extérieur, qui ont voté pour la Maison des N réquisitoire. Le rap- interdites pour l’ensemble des tantôt à la droite. Et que la coali- qué son score honorable – et la s’est retourné contre ses auteurs. libertés, ne sont certainement pas port sur « L'utilisation animaux. Les gouvernements, tion de centre-gauche a été nette- défaite de L’Olivier – par le mé- Outre l’usure naturelle du pouvoir, dupes des engagements contradic- des farines animales affirment les sénateurs, sont en ment battue aux deux scrutins contentement des catégories popu- la gauche a été incapable d’oppo- toires pris par le futur président du Udans l'élevage » et la permanence « amenés », contre significatifs qui ont eu lieu entre- laires (étudiants, travailleurs, retrai- ser un enthousiasme aux coups conseil. Mais, dans un pays où gestion de la crise de la vache fol- les avis de responsables du minis- temps, les européennes de 1999 et tés), réservoirs historiques des voix médiatiques de son adversaire. l’affrontement idéologique des le, que le Sénat a rendu public tère de la santé, à ne pas prendre les régionales de 2000. En ce sens, de gauche. Croyant que la première expé- quarante ans d’après-guerre a jeudi 17 mai, est accablant pour des décisions qui « risquent de la victoire de Silvio Berlusconi L’explication n’est pas mécani- rience gouvernementale de gauche laissé la place au marketing et à la l'Etat et pour les gouvernements peser sur la compétitivité des n’est pas une surprise et le candi- que, mais elle a un fond de vérité. dans la République italienne par- versatilité politiques, ils ont, en Balladur, Juppé et Jospin, qui se industries agroalimentaires ». dat du centre-gauche, Francesco Si un des mérites du centre-gau- lait d’elle-même, les dirigeants de grand nombre, pensé profiter du sont succédé depuis 1988. La Le rapport montre, point par Rutelli, peut même se targuer che, au cours des cinq dernières la coalition de L’Olivier ont concen- changement, quitte à congédier France, qui accusait la Grande- point et étape par étape, que d’avoir remonté un gros handicap. années, a été de rétablir les finan- tré leurs critiques sur la personne leur nouvelle idole aux premières Bretagne et la Commission euro- c'est la collusion constante des La question initiale n’en de- ces publiques afin de qualifier l’Ita- de Silvio Berlusconi, comme si déconvenues. péenne d'impéritie, est dénon- services du ministère de l'agricul- meure pas moins. Pourquoi L’Oli- lie pour l’euro, de lancer la réfor- l’image de magnat de la presse et Dans ce jeu, les responsables cée implacablement à son tour. ture et de l'ensemble des intérêts vier n’a-t-il pas réussi à convaincre me des salaires, des retraites, de la de la finance, troublée par ses de L’Olivier sont apparus trop Le travail des sénateurs est agricoles qui a conduit au désas- une majorité d’Italiens après cinq Sécurité sociale, ces mesures ont démêlés avec la justice, devait suf- sérieux, certains de leurs partisans d'autant plus intéressant que le tre. Aujourd'hui, l'opinion a per- ans passés au pouvoir ? La pre- souvent été douloureuses pour des fire à le disqualifier aux yeux de la disent même « méprisants » pour Sénat est une chambre considé- du confiance dans l'alimentation mière réponse est arithmétique : couches sociales qui ont perdu majorité des Italiens honnêtes. les électeurs. Ils ont eu du mal à rée, de par sa composition, com- qu'on lui vend, et le monde agri- avec les voix de la formation Italie confiance dans leurs représentants C’était compter sans le discrédit de masquer les batailles de chefs dont me « proche de la ruralité », mais cole lui-même est tombé dans des valeurs, fondée par l’ancien politiques traditionnels et se sont la politique et, dans une large l’illustration la plus flagrante a été on ne peut pas pour autant être une crise grave. juge de « Mani pulite », Di Pietro, laissé prendre aux promesses de mesure, de la justice. leur difficulté à trouver une tête de dupes des intentions politiques La création de l'Agence françai- et de Refondation communiste de Silvio Berlusconi. Sous réserve Loin de mettre en difficulté il liste, pour une élection que Silvio d’une institution dominée par la se de sécurité des aliments Fausto Berninotti, la gauche aurait d’inventaire, c’est ainsi que pour- Cavaliere, les attaques l’ont fait Berlusconi a personnalisée à l’ex- droite et résolument hostile au (AFSA) en 1998, par le gouverne- pu renverser la tendance. Mais l’ab- rait s’expliquer l’effondrement du apparaître comme une victime de trême. Le vainqueur de 1996, Ro- gouvernement Jospin. ment Jospin, a été un premier mano Prodi, avait été écarté dès Tout au long de la crise, de pas dans une direction où l'Etat 1998, quand Massimo D’Alema fut 1988 à 2000, « le ministère de l'agri- doit maintenant s'engager com- convaincu que les anciens commu- culture a cherché constamment à plètement. Ce sont l'ensemble Eclaircie par Nicolas Vial nistes n’avaient plus besoin de la empêcher ou à retarder l'édiction des services gouvernementaux feuille de vigne démocrate-chré- de mesures de précaution », résu- touchant à l'alimentation qu'il tienne pour diriger le gouverne- ment les rapporteurs. L'argu- faut revoir en donnant aux ment. Mais le chef des Démocrates ment des gouvernements, qui a experts de la santé une place pre- de gauche (DS) lui-même, après toujours été de dire que les mesu- mière. Les buts et les structures l’échec des régionales, s’était retiré res ont été prises à temps et que du ministère de l'agriculture doi- dans les Pouilles en attendant de les contaminations étaient dues vent être refondés pour mettre pouvoir rebondir. Francesco Ru- à des fraudeurs isolés, est fin à un productivisme aux objec- telli a prouvé qu’il n’était pas un balayé. Le responsable principal tifs de départ louables – assurer mauvais chef de file, et ceux qui est l'Etat. une autosuffisance au pays et ont pensé l’écarter facilement, Paris mettra deux ans pour sui- offrir une nourriture à bon mar- après la défaite annoncée, se sont vre Londres dans la suspension ché –, mais qui s'est perdu dans peut-être trompés : avec plus de de l’utilisation des farines pour la malbouffe. 14 % des voix, son cartel de petits les ruminants après l'apparition La révolution agroculturelle partis, rassemblés sous l’emblème des premiers cas d'encéphalopa- doit aussi concerner les syndi- de la Marguerite, a fait presque jeu thie spongiforme bovine en Gran- cats. Le départ de Luc Guyau de égal avec DS. de-Bretagne. Il faudra attendre la FNSEA majoritaire est l’occa- C’est chez les ex-communistes six ans de plus pour que les sion d’une remise en cause et que les règlements de comptes importations de ces farines dimi- d’une rupture avec une politique vont être les plus durs. Querelles nuent vraiment. Ce n’est qu’en de lobbying et de violence de personnes entre le président novembre 2000 qu’elles sont aujourd’hui en accusation. Massimo D’Alema et les amis du secrétaire général Walter Veltroni, candidat à la mairie de Rome, mais 0123 est édité par la SA LE MONDE Président du directoire, directeur de la publication : Jean-Marie Colombani aussi débat d’orientation entre le Directoire : Jean-Marie Colombani ; Dominique Alduy, directeur général ; renforcement de L’Olivier avec les Noël-Jean Bergeroux. Secrétaire général du directoire : Alain Fourment centristes à la Marguerite et la reconstruction d’une identité de Directeur de la rédaction : Edwy Plenel Directeurs adjoints : Thomas Ferenczi, Pierre Georges, Jean-Yves Lhomeau gauche, style congrès d’Epinay du Directeur artistique : Dominique Roynette ; adjoint : François Lolichon PS en 1974, pour récupérer les Secrétaire général : Olivier Biffaud ; déléguée générale : Claire Blandin Chef d’édition : Christian Massol ; chef de production : Jean-Marc Houssard déçus de l’après-communisme. Rédacteur en chef technique : Eric Azan Après avoir acquis une culture de Rédaction en chef centrale : Alain Frachon, Eric Fottorino, Laurent Greilsamer, gouvernement, la gauche italienne Michel Kajman, Eric Le Boucher, Bertrand Le Gendre doit se construire une nouvelle Rédaction en chef : Alain Debove (International) ; Patrick Jarreau (France) ; Anne Chemin (Société) ; culture d’opposition. Jean-Louis Andréani (Régions) ; Laurent Mauduit (Entreprises) ; Jacques Buob (Aujourd’hui) ; Josyane Savigneau (Culture) ; Serge Marti (Le Monde Economie) Daniel Vernet Médiateur : Robert Solé

Directeur exécutif : Eric Pialloux ; directeur délégué : Anne Chaussebourg Directeur des relations internationales : Daniel Vernet et/ou à des restructurations, sous tal. Il a modifié les rapports de des exigences de rendement trop Conseil de surveillance : Alain Minc, président ; Michel Noblecourt, vice-président La Bourse peine de voir le cours de ses force entre détenteurs du capital élevées, relativement à la crois- Anciens directeurs : Hubert Beuve-Méry (1944-1969), Jacques Fauvet (1969-1982), actions s’effondrer et devenir la financier et entreprises. Il n’est dès sance des marchés, ont toutes André Laurens (1982-1985), André Fontaine (1985-1991), Jacques Lesourne (1991-1994) proie facile d’une OPA. lors pas étonnant qu’à cette phase chances de se solder par des per- Le Monde est édité par la SA LE MONDE ou l’emploi ? Le plan de licenciement qui ait succédé une période où malgré tes en capital. Durée de la société : cinquante ans à compter du 10 décembre 1994. Capital social : 166 859 ¤. Actionnaires : Société civile Les Rédacteurs du Monde, s’en- suivrait serait alors autre- la baisse des taux, qui aurait dû Il est, enfin, au moins deux rai- Fonds commun de placement des personnels du Monde, Suite de la première page ment plus radical que celui initiale- induire une baisse des taux de pro- sons pour lesquelles les plans de Association Hubert-Beuve-Méry, Société anonyme des lecteurs du Monde, Le Monde Entreprises, Le Monde Europe, Le Monde Investisseurs, Le Monde Presse, Le Monde Prévoyance, Claude-Bernard Participations. ment prévu. La Bourse ne fait fit souhaité, les détenteurs de capi- licenciement semblent aujour- Il fallait offrir une rémunération qu’enregistrer les conséquences taux font valoir des exigences exor- d’hui plus inacceptables qu’hier. plus élevée aux épargnants, ce qui, sur la valeur de l’action de l’aug- bitantes de retour sur fonds pro- D’abord, le retour de la crois- ILYA50 ANS, DANS 0123 de surcroît, avait le grand avanta- mentation des profits futurs dus à pres : on parle couramment de sance et la baisse du chômage ge de réduire l’inflation. Cela fut la baisse des coûts : la valorisation 10 % à 15 %. Or une telle exigence accroissent le pouvoir de négocia- fait au début des années 1980 boursière de l’entreprise s’accroît est impossible à satisfaire de façon tion des salariés et renforcent leur Les apéritifs à base d’alcool autorisés (sous le leadership des pays anglo- si la restructuration conduit à l’an- pérenne, sauf par l’absurde, à détermination. Ensuite, et peut- saxons), dans la quasi-totalité des ticipation d’une augmentation des savoir un effondrement des cours être sous l’effet des excès de la LE BUDGET annexe des presta- les prestations familiales agricoles pays de la planète. dividendes. La Bourse est agnosti- boursiers. nouvelle économie, les gens ont tions familiales agricoles est une par une taxe sur les apéritifs à base Depuis, les créanciers connais- que ; elle augmente quand la profi- C’est un modèle bien connu des compris que la qualité des « res- fois de plus revenu hier mercredi d’alcool, c’est-à-dire, en fait, par le sent une période faste : des taux tabilité des entreprises augmente, sciences de la nature : si les préda- sources humaines » jouait un rôle devant l’Assemblée nationale. La rétablissement de l’autorisation de d’intérêt réels courts et longs voi- quelle qu’en soit la cause : un plan teurs prélèvent trop sur leur proie, déterminant dans la valorisation discussion la plus vive portait sur fabriquer, de vendre et de consom- sins de 4 %, aux fluctuations de licenciement ou, au contraire, ils risquent eux-mêmes de mourir boursière des entreprises. cinq articles que la commission mer ces apéritifs. conjoncturelles près. Certains une augmentation des effectifs d’inanition, la population des Dès lors, au nom de quelle ratio- des finances, en dépit de plusieurs Ces boissons, dira-t-on, étaient pays firent « mieux » que d’autres consécutive à une amélioration proies n’étant plus suffisante pour nalité exclut-on le « capital votes négatifs émis au préalable ouvertement fabriquées et con- en offrant des rémunérations enco- des perspectives de croissance. assurer leur survie. Mais dans le humain » de la gestion de l’entre- par l’Assemblée, a maintenus : les sommées, sous le nom notam- re plus élevées, la France notam- court terme, les tentatives des prise ? Les détenteurs du capital fameux articles abrogeant la loi de ment de liqueur digestive anisée. ment, jusqu’en 1995. Le nombre EXIGENCES EXORBITANTES entrepreneurs de satisfaire aux exi- financier risquent de perdre leur Vichy qui avait prohibé les apé- Mais comment taxer le pastis, si le de plans de licenciement induit On comprend mieux ainsi pour- gences des actionnaires se soldent mise, et c’est pourquoi leur partici- ritifs à base d’alcool, instituant pastis n’a point d’existence juridi- par cette évolution est considéra- quoi les responsabilités sont parta- par davantage de licenciements ou pation est légitime. Mais parce sur ces apéritifs une surtaxe de que ? En définitive, c’est au nom ble. Il faut que le capital investi gées entre l’entrepreneur, dont la davantage d’investissements ris- que les salariés risquent de sur- 10 000 francs par hectolitre d’al- d’un certain souci de loyauté et dans l’entreprise ait au moins une qualité de la gestion détermine le qués qui accroissent la probabilité croît d’y perdre leur avenir, on ne cool pur, mais interdisant toute d’honnêteté que nos députés ont rentabilité supérieure à celle d’un rendement du capital, et les pou- de plans de licenciement futurs. comprendrait pas que leur partici- publicité en leur faveur. mis fin à une hypocrisie, pour… la placement financier sans risque voirs publics, qui influencent l’évo- Pour réduire la fréquence des pation aux décisions ne soit pas Venant de diverses régions de remplacer par une autre. Quelques pour que l’activité d’entreprise lution des taux d’intérêt. Une aug- plans sociaux, il faudrait déployer structurellement organisée : tou- l’Hémicycle, les termes de lâcheté, députés ont protesté, mais une mérite d’être poursuivie. Et le mentation des taux d’intérêt est de grands efforts de pédagogie tes les formes de capital doivent d’hypocrisie, de capitulation de- majorité s’est trouvée pour admet- moyen d’y parvenir pour des entre- en quelque sorte un appel à licen- auprès des épargnants, plutôt que présider aux destinées de l’entre- vant le chantage ont été employés tre que le mieux-être des familles prises habituées à des taux nuls ou ciement, puisqu’elle réduit la profi- de leur promettre des miracles : la prise. tout au long du débat au Palais nombreuses serait assuré par l’ex- négatifs dans les années 1970 ne tabilité des entreprises. Même lors- valeur d’une action ne peut croître Bourbon. Ainsi des députés quali- ploitation du fléau qui les décime peut être que de se restructurer et que ces augmentations sont justi- durablement plus vite que le mar- Jean-Paul Fitoussi fiaient-ils la décision prise par une le plus régulièrement et le plus de diminuer leurs coûts, notam- fiées, comme le remarque Paul ché de l’entreprise ; autrement dit, pour 0123 Assemblée qui se résigne, en toute sûrement. ment leurs coûts salariaux. Les Krugman, « la scène demeure fran- connaissance de cause, à financer (18 mai 1951.) plans de licenciement font évidem- chement laide : quand la Fed ment partie d’une telle adapta- [augmente ses taux], cela signifie RECTIFICATIFS « Nous pouvons vous assurer, écri- tion. littéralement qu’un groupe de per- vent les responsables de l’Amicale, 0123 SUR TOUS LES SUPPORTS Le fait qu’une entreprise dégage sonnes aisées en costume ou tailleur MAX BERNSTEIN et les témoins sont encore nombreux, des bénéfices ne nous dit donc agissent délibérément pour limiter L’Amicale des anciens francs- que Bernstein n’a jamais pris la tête Adresse Internet : http: // www.lemonde.fr rien quant à sa profitabilité et à la les perspectives d’emploi de certains tireurs et partisans de la main- de l’insurrection de Villeurbanne. » probabilité de sa survie. Ce qui im- de leurs concitoyens parmi les plus d’œuvre immigrée (FTP-MOI) Télématique : 3615 code LEMONDE Documentation sur Minitel : 3617 code LMDOC (5,57 F/mn) porte, comme l’affaire Danone l’a modestes ». nous indique que Max Bernstein, ALLEMAGNE ou 08-36-29-04-56 (9,21 F/mn) une nouvelle fois illustré, c’est Mais, depuis quelques années, dont Le Monde du 24 avril a publié L’ancien président du Parti l’écart entre la rentabilité du capi- les choses ont empiré. Le niveau une nécrologie, n’a pas été, sous social-démocrate allemand, Ollen- Le Monde sur CD-ROM : 01-44–88-46-60 tal dans l’entreprise et le taux d’in- anormalement élevé des taux d’in- le pseudonyme de « Gros Max », hauer, se prénommait Erich, et Index du Monde : 01-42-17-29-89. Le Monde sur microfilms : 03-88-71-42-30 térêt. Si la première est inférieure térêt pendant presque vingt ans l’un des membres importants non Fritz, comme nous l’avons Films à Paris et en province : 08-36-68-03-78 au second, l’entreprise doit procé- est un phénomène singulier dans du bataillon Carmagnole-Liberté écrit par erreur dans Le Monde du der à des adaptations de coûts l’histoire du capitalisme occiden- qui libéra Villeurbanne en 1944. 8 mai. HORIZONS-DÉBATS LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 17 Merci, général Aussaresses ! Le juger pour crimes par Maurice T. Maschino contre l’humanité ÉNÉRAL, je ne vous mourut sous la torture, au général programmes ni des manuels d’his- d’honneur, l’autre vous condamne écris pas pour vous acca- Jacques Pâris de Bollardière, qui toire (dont certains se contentent « moralement » et – façon commo- par Patrick Baudouin bler : vos actes s’en char- démissionna, par respect de son de mentionner que « le FLN a été de de noyer les cadavres des sup- Ggent. Ni pour m’indi- uniforme et des valeurs de la Répu- malmené »), que les jeunes auront pliciés – appelle les historiens à la I les faits relatés par le français a adopté le 26 décembre gner : tous ceux qui vous ont cou- blique, la liste est longue de ces une vision un peu plus juste de ce rescousse. Tel autre, plutôt que de général Aussaresses susci- 1964 la loi par laquelle a été pro- vert, ou que vos aveux dérangent, historiens du présent qui ont que leurs pères ont commis – et balayer devant sa porte, incite l’ad- tent révolte et dégoût, les clamée l’imprescriptibilité des cri- s’y emploient à qui mieux mieux. dénoncé, depuis longtemps, la que chacun, dès à présent, est obli- versaire d’hier à nettoyer devant Saveux sont précieux car mes contre l’humanité, sans carac- Je vous écris, simplement, pour nature et les réalités de cette gé de regarder en face ce que, trop la sienne. Et tous, la main sur le ils sont de nature à caractériser tère limitatif, et avec référence à vous dire merci. guerre – pratique systématique de souvent, il s’ingénie à ne pas voir. cœur, de regretter que les textes l’existence de crimes contre la définition donnée par une réso- Non que nous soyons du même la torture, exécutions sommaires Ou à cacher. en vigueur ne permettent pas, l’humanité. lution des Nations unies du bord : à l’époque où vos escadrons « hélas », de vous traîner devant Son livre établit, dans le cadre 13 février 1946, prenant acte de de la mort chassaient l’Arabe com- un tribunal. d’un plan institutionnalisé, le celle contenue dans la Charte du me d’autres le lapin et où, de vos Vos aveux confirment, bien tard, Manifestement, vous les déran- caractère massif et systématique Tribunal militaire international propres mains, vous exécutiez gez : à quelques mois des élec- de la torture, d’exécutions som- de Nuremberg du 8 août 1945. ceux que vos sbires avaient tortu- mais ils confirment ce que tous ceux qui ont tions, ils ont d’autres soucis et maires, d’arrestations arbitraires Plusieurs autres résolutions pos- rés, j’étais insoumis et militais l’« horreur » qu’ils prétendent suivies dans de nombreux cas de térieures de l’Assemblée générale dans les rangs du FLN. Je n’aurais lutté contre cette guerre ou en ont souffert éprouver n’a d’autre fonction, en disparitions forcées, tous actes des Nations unies font obligation pas donné cher de ma peau si vous érigeant en bouc émissaire, commis pour des motifs politi- aux Etats de poursuivre les vous m’aviez kidnappé (Maurice ont révélé depuis longtemps que de clore le débat. ques à l’encontre de la population auteurs de faits constitutifs de cri- Audin, vraiment, ça ne vous dit Comment ne pas vous savoir algérienne. mes contre l’humanité sans rien ?), et je me serais réjoui qu’un gré de démasquer leur tartufferie, Sur ce dernier point, le recours même avoir à tenir compte de moudjahid vous « descende ». de milliers d’Algériens, complicité A commencer par les responsa- leur veulerie, leur parfait mépris à des rafles lors desquelles on leur nationalité, de celle de leurs J’aurais eu tort : on ne pouvait active de la hiérarchie militaire, bles politiques. Non qu’il faille s’at- des droits de l’homme – leur plein ratissait large, ou la recherche victimes et du lieu du crime. C’est espérer, quarante ans après, approbation tacite du pouvoir poli- tendre, dans l’immédiat, à un mea accord, finalement, avec ceux qui d’obtention de renseignements à le principe de compétence univer- témoin plus crédible, ni procureur tique – en un mot : la compromis- culpa vrai et sincère. Vous devez vous ont laissé accomplir, que dis- tout prix ne laissent pas de doute selle déjà posé par une conven- plus implacable. sion de l’Etat français et de ses sans doute vous amuser, général, je, qui vous ont poussé à commet- sur le fait qu’étaient visés non seu- tion de 1948 sur le génocide et Vos aveux confirment, bien agents d’exécution dans la pour- en contemplant l’embarras où tre votre sale besogne ? lement les combattants du FLN, repris, par exemple, dans la tard, mais ils confirment ce que suite d’une œuvre criminelle. vous les avez mis, tous partis Je ne sais ce qui vous a incité, mais aussi les civils. convention de 1984 contre la tor- tous ceux qui ont lutté contre cet- Il n’est pas indifférent que l’un confondus (les socialistes étaient aujourd’hui, à passer aux aveux. Se trouvent ainsi réunis les critè- ture. Si les résolutions des te guerre ou en ont souffert ont des bourreaux de l’époque – et au pouvoir, et François Mit- Mais je sais qu’en les faisant, vous res de définition des crimes Nations unies n’ont pas de valeur révélé depuis longtemps. De quel bourreau : un général ! – jet- terrand ministre de l’intérieur, avez fait œuvre utile. Ce qui, évi- contre l’humanité dont le législa- contraignante, elles contribuent Claude Bourdet : « Votre Gestapo te le masque et appose sa signatu- quand vous assassiniez allègre- demment, ne vous disculpe en teur français a proclamé en 1964 néanmoins à constituer une d’Algérie » (France-Observateur, re au bas de tous ces témoignages ment vos victimes avec leur béné- rien, mais qui contribuera peut- le caractère imprescriptible par véritable norme coutumière inter- 1956) à Francis Jeanson : L’Algérie maculés du sang de ses victimes. diction), l’agitation qui soudain être, un jour, à ce que l’histoire de nature, à la différence des crimes nationale. Le juge interne est fon- hors la loi (Le Seuil, 1955), d’Henri Il paraît évident – ou suis-je s’est emparée d’eux, la hâte qu’ils ces années noires s’écrive enfin en de guerre qui, en l’état actuel du dé à puiser dans cette coutume Alleg : La Question (Editions de trop optimiste ? – que plus person- manifestent à se chercher une sor- termes de vérité. droit français, se prescrivent par internationale la source de sa Minuit, 1958) à Noël Favrelière : ne, à l’évocation des horreurs de tie de secours. dix ans. compétence pour poursuivre et Le Désert à l’aube (Editions de cette guerre, ne pourra parler de Non qu’ils vous approuvent, Pourtant, même parmi ceux qui juger les auteurs de crimes contre Minuit, 1960) et à Pierre Vidal- « bavures », que ces atrocités ne bien sûr. L’un se dit « horrifié » et Maurice Maschino est jour- reconnaissent cette qualification l’humanité. Naquet, de Maurice Audin, qui pourront plus être gommées des songe à vous retirer la Légion naliste et écrivain. de crimes contre l’humanité, beau- Le législateur s’est contenté coup se montrent réservés ou hos- d’incorporer dans le code pénal tiles à l’introduction de poursui- en 1994 l’incrimination d’actes tes judiciaires contre le général déjà antérieurement tenus pour Aussaresses pour des motifs histo- criminels. Le principe de non- riques, politiques ou juridiques. rétroactivité de la loi pénale ne Si l’objectif à atteindre est la L’inoubliable sourire de la liberté recherche de la vérité et de la jus- tice, le volet judiciaire ne peut Toutes les objections que conforter les avancées de par Noureddine Hached l’histoire et de la politique. formulées contre Toutes les objections formu- ES révélations tardives sur de lui, blessé, pour l’abattre à et qu’il fut interdit à la justice de des Tunisiens et des Maghrébins, lées contre l’idée d’un procès peu- l’idée d’un procès les crimes odieux commis bout portant. Des moyens logis- juger qui que ce soit… Un crime qui a ordonné un tel crime et qui vent être aisément levées. Ce pendant la guerre d’Algé- tiques de préparation, d’exécu- d’Etat. l’a commis. n’est pas méconnaître ni excuser peuvent Lrie ont suscité une grande tion et de gestion politique et François Mauriac, Albert Personne ne pourra gommer les atrocités qui ont pu être com- émotion en Algérie et partout en diplomatique furent mis en place. Camus, Pierre Mendès France et ces pages de notre histoire com- mises par l’autre partie que de être aisément levées Afrique du Nord. Seul un Etat en était capable à cet- Alain Savary demandèrent que la mune. Les acteurs d’alors y ont vouloir condamner sans réserve Le dernier sourire du résistant te époque, dans un pays en état France juge les coupables. Vaine- joué leur rôle. Certains grands les crimes accomplis au nom d’un Larbi Ben M’Hidi avant son assassi- de siège. ment. Le président Vincent hommes comme Farhat Hached Etat prétendument de droit saurait dès lors être invoqué, puis- nat dans les geôles d’Alger a ont façonné notre présent. Ses contre un peuple en lutte pour sa qu’il ne peut s’appliquer aux actes éveillé une mémoire partout assassins, comme ceux de Jean libération. qui, au moment où ils ont été com- blessée par les silences de l’Etat Le 5 décembre 1952, un commando Moulin, de Gandhi, de Jaurès, du Ce n’est pas vouloir salir l’ar- mis, étaient tenus pour criminels français. Comment taire, en effet, Che et de M’Hidi, n’ont pas arrêté mée française que de dénoncer d’après les principes généraux de le souvenir du dernier sourire de attaqua la voiture de Farhat Hached le cours de l’Histoire. les exactions de certains militaires droit reconnus par les nations. mon père, Farhat Hached, en ce Il dépendra de nous de savoir lorsque d’autres se sont montrés Reste la question des disposi- matin froid du 5 décembre 1952 ? à la mitraillette puis s’empara de lui, construire cet avenir commun irréprochables dans leur refus du tions contenues dans deux Après l’arrestation de Bourgui- pour nos enfants. Cela sera possi- recours à la torture. décrets du 22 mars 1962 et une loi ba et des cadres du Mouvement blessé, pour l’abattre à bout portant. ble si les dossiers d’hier sont Ce n’est pas dédouaner les gé- du 31 juillet 1968 amnistiant les national en janvier 1952, Farhat ouverts, compulsés, étudiés sans néraux algériens anciens combat- infractions commises en relation Hached était resté seul et détermi- Un crime d’Etat complaisance, avec sérénité et tants de l’indépendance et aujour- avec les événements d’Algérie. Là né face à la machine répressive hauteur. Notre devoir de vigilan- d’hui auteurs de graves violations encore, il ressort de la coutume aveugle du résident général de ce l’exige. de droits de l’homme que de pour- internationale comme des princi- Hautecloque et du général Garbay L’Afrique du Nord était en Auriol, dans ses Mémoires publiés Ce serait la meilleure contribu- suivre des responsables français pes généraux du droit que les dis- qui voulaient « réapprendre aux deuil et, le soir même, des centai- vingt années plus tard, exprima tion française possible à la célébra- pour les barbaries passées ; c’est, positions des lois d’amnistie indigènes tunisiens le devoir nes de manifestants tombèrent son indignation et sa colère tion de Hached et du cinquantenai- au contraire, légitimer les deman- ayant pour objet d’effacer les cri- d’obéir ». sous la mitraille à Casablanca. devant cet acte qui ne fit pas hon- re de son assassinat, en 2002. des d’interpellation d’un général mes les plus graves sont incompa- Fondateur et leader populaire Les journalistes libres, tels neur à la France. Nezzar de passage à Paris au nom tibles avec le droit international de la grande centrale syndicale Roger Stéphane, Daniel Guérin et Près de cinquante années du principe de répression univer- des droits de l’homme. tunisienne UGTT, Farhat Hached David Rousset, furent la après, la veuve septuagénaire de Noureddine Hached est le selle et non sélective de toutes les Ainsi, le Tribunal pénal pour fut longtemps protégé par son conscience de la France dans cet- Farhat Hached, qui ne nourrit fils aîné de Farhat Hached ; ambas- tortures. l’ex-Yougoslavie, réaffirmant le aura au sein de la Confédération te affaire. Ils révélèrent après une aucune hostilité vis-à-vis de qui sadeur de Tunisie, il est actuelle- Ce n’est pas faire du général caractère universel de l’interdic- internationale des syndicats libres non-enquête que le crime odieux que ce soit, exige de savoir, pour ment secrétaire général adjoint de Aussaresses un bouc émissaire tion de la torture, a-t-il jugé qu’il (CISL), si influente à Paris en rai- était bel et bien préparé, couvert, la paix des âmes, pour la mémoire la Ligue des Etats arabes. que d’intenter une action en serait absurde de poser une telle son du poids des syndicats améri- justice à son encontre d’abord règle pour pouvoir la contourner cains de l’American Federation of parce qu’il se proclame lui-même aussitôt par le biais de l’amnistie Labor-Congress of Industrial Orga- en quelque sorte coupable, et des tortionnaires. L’applicabilité nizations (AFL-CIO). ensuite parce que l’ouverture de l’amnistie se heurte en outre Les sénateurs Antoine Colonna Plaidoyer pour mon père d’une information doit permettre au droit de recours des victimes à et Gabriel Puaux, porte-parole la mise en examen d’autres une justice effective et reviendrait inlassables de la prépondérance responsables. ainsi pour la France à violer ses en Afrique du Nord, qui firent par Hélène Aussaresses Surtout, la gravité des actes cri- obligations internationales en plier les gouvernements chance- minels perpétrés et fanfaronnés matière de droits de l’homme. lants du Palais-Bourbon, ne L y a peu de temps – car, que miraculeusement : il le savait de sa personne, au mépris des rend insupportable l’octroi d’une Enfin, le livre du général Aussa- cachaient nullement leurs inten- auparavant, nous étions en s’y engageant et en les répé- conséquences, et ses déclarations impunité, aujourd’hui internatio- resses confirme l’existence avérée tions d’en finir avec Farhat tenus à l’écart de sa vie – tant, au mépris de sa vie. Sa tendant à la mégalomanie, me nalement combattue. Peut-on d’un grand nombre d’enlève- Hached. Imon père, le général Paul Légion d’honneur, il l’a méritée font douter de son jugement et de sérieusement, sans accréditer la ments de personnes disparues Il faut frapper à la tête, écrivait- Aussaresses, m’a juré et répété alors. sa raison. détestable notion d’une justice dont le sort n’a jamais été élucidé. on à la fin du mois de novem- qu’il avait suffisamment d’infor- Il semble n’agir que dans un but sélective, faite pour les autres, se Il s’agit de crimes qualifiés de con- bre 1952. mateurs opposants au FLN pour obscur, incompréhensible, quasi féliciter des poursuites contre tinus, donc actuels, permettant Au lendemain de la victoire répu- n’avoir pas eu besoin de recourir à Il semble n’agir « sacrificiel », qui relève du délire Pinochet, appuyer la demande de au juge français de se déclarer blicaine d’Eisenhower aux Etats- la torture à l’époque, en Algérie. ou d’un orgueil pathologique, et transfert de Milosevic au Tribunal compétent sans que puisse être Unis, le jour même où le ministre Il m’a dit qu’il avait fait certai- que dans un but qui va bien au-delà du sacrifice ou pénal international de La Haye, alléguée, au titre de la prescrip- Robert Schuman devait affronter nes déclarations pour « couvrir des remords que l’on pourrait ratifier le statut de la Cour pénale tion ou de l’amnistie, une quelcon- un débat difficile sur la Tunisie et ses subalternes » et qu’il se sentait obscur, attendre de sa part. internationale, et se satisfaire que notion d’application de la loi le Maroc à l’ONU, des services responsable de n’avoir pas pu évi- Mon père, terriblement diminué d’une prétendue impuissance à dans le temps. français du protectorat et de la ter cela. incompréhensible, depuis qu’il a perdu un œil à la sui- juger Aussaresses ? L’heure du courage, politique et métropole, couverts par les plus Je ne sais pas si je peux le croire te d’une banale opération de la En l’état, il est objecté pour la judiciaire, est-elle arrivée ou pré- hautes autorités politiques, passè- mais il m’a paru sincère. quasi « sacrificiel », cataracte, profondément blessé France que l’incrimination de cri- fère-t-on se livrer encore à d’inuti- rent à l’acte. Sans vouloir nier ni excuser sa par la suppression du service mili- me contre l’humanité n’a été les manœuvres de diversion et de La Main rouge, organisation de part de responsabilité, il me paraît qui relève du délire taire – l’armée est sa vraie, sa seu- incorporée dans le code pénal retardement ? Comme dans les policiers et de nervis, était née. cependant trop facile de s’achar- le famille –, a sa vie derrière lui. Il qu’en 1994 et que, pour la période affaires Touvier et Papon, la jus- Elle devait opérer en Tunisie et au ner sur une seule personne qui ou d’un orgueil s’y accroche, et voilà qu’il fait la précédente, les juridictions natio- tice a un rôle essentiel à jouer, de Maroc jusqu’à l’indépendance, et n’est peut-être pas la seule respon- première page des journaux ! nales se sont reconnues compé- contribution pédagogique, de pri- pendant la guerre d’Algérie pour sable des horreurs d’une guerre et pathologique Mon père, ce mystère, avant de tentes uniquement pour juger les se en considération des victimes, liquider les combattants algériens qui semble vouloir attirer patholo- disparaître, aura fait parler de lui crimes contre l’humanité commis de démonstration exemplaire et même français, y compris en giquement l’attention sur elle. et plongé les siens dans la conster- pendant la deuxième guerre mon- d’un refus de l’impunité. Europe. Pour qui ? Pour quoi ? Je ne le reconnais pas dans le nation et le désespoir… sans diale. Tel est le sens d’un arrêt Farhat Hached avait quitté son Mon père est un homme d’hon- livre (Services spéciaux Algérie même s’en rendre compte. Boudarel rendu le 1er avril 1993 domicile au sud de Tunis et se ren- neur et il a servi son pays héroï- 1955-1957, Perrin) qui vient de par la Cour de cassation. Patrick Baudouin est avo- dait à son bureau quand un com- quement pendant la deuxième paraître : ce n’est ni son style ni Mais une jurisprudence est fai- cat, président d’honneur de la Fédé- mando attaqua d’abord sa voitu- guerre mondiale, notamment lors son esprit. Hélène Aussaresses est la te pour évoluer. En l’espèce, elle ration internationale des Ligues des re à la mitraillette puis s’empara de missions dont on ne revenait Ce « sabordage » systématique fille du général Aussaresses. doit être modifiée. Le Parlement droits de l’homme. 18 ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001

AUTOMOBILE Le constructeur est une bonne affaire pour Renault, triels de Renault. b CAR- Renault et Nissan deviennent plus b LE CONSTRUCTEUR FRANÇAIS con- japonais Nissan a annoncé, jeudi devenu le principal actionnaire de LOS GHOSN, président de Nissan, complexes. Même si, officiellement, naît un passage à vide. Ses parts de 17 mai, avoir réalisé en 2000 un pro- Nissan en 1999. Il se traduit par une explique au Monde ses objectifs : le sujet n’est pas à l’ordre du jour, il marché reculent, ses modèles fit de 19,6 milliards de francs. contribution de 273 millions croissance, rentabilité et désendet- n’est plus exclu que Nissan entre, à vieillissent et l’entreprise réduit ses b CE REDRESSEMENT spectaculaire d’euros dans les résultats semes- tement. b LES RELATIONS entre son tour, dans le capital de Renault. investissements. Le redressement de Nissan profite à Renault, en perte de vitesse Le constructeur automobile japonais, dont Renault détient 37,8 % du capital depuis 1999, a réalisé en 2000 un bénéfice de près de 3 milliards d’euros. Son rétablissement pourrait à terme modifier l’équilibre de l’alliance avec le groupe français

PERSONNE ou presque n’aurait comptes sont redressés, le cons- Les meilleurs résultats depuis dix ans C’est l’annonce du retour de misé un yen sur la réussite de Car- tructeur japonais doit maintenant Nissan aux bénéfices en octo- TROIS QUESTIONS À... los Ghosn. L’ancien numéro deux prouver qu’il est capable de recon- RÉSULTAT NET COURS DE L'ACTION NISSAN bre 2000 qui a converti les plus de Renault parachuté il y a deux quérir des parts de marché, notam- en milliards de yens en yens àTokyo sceptiques. Il ne s’agit pas d’imi- CARLOS GHOSN ans au Japon pour redresser Nis- ment au Japon où il s’est fait voler 331,1 900 845 le 17 mai ter Ghosn, mais d’apprendre de san, a aujourd’hui en grande par- en 2000 la place de numéro deux lui. Fin 2000, le magazine écono- Patron de Nissan depuis tie réussi son pari. Le deuxième par Honda. C’est pourquoi avoir mique Nikkei Business consacrait juin 1999, vous avez réussi l’an 101 800 1 constructeur japonais a annoncé, redressé Nissan, le « cost killer » 77,7 22 pages à la méthode Ghosn, dernier à ramener le constructeur jeudi 17 mai, un résultat net de veut se tourner désormais vers dans l’espoir que le lecteur y japonais aux bénéfices après des 700 331,1 milliards de yens (3,04 mil- l’avenir. « Nous avons beaucoup « trouve des indices pour changer années de pertes. Diriez-vous liards d’euros, 19,6 milliards de travaillé sur les coûts et les écono- –14 sa propre compagnie ». aujourd’hui que Nissan est tiré –56 600 – 27,7 francs) pour l’exercice 2000/2001 mies, nous devons maintenant réflé- –87 d’affaire et que le groupe doit terminé en mars. « Jamais en dix chir à la croissance », explique – 88,4 « IMPACT SUR LE MANAGEMENT » être géré comme une entreprise ans la performance n’a été si bonne M. Ghosn. – 166 500 Sa notoriété dépasse même celle ordinaire ? au niveau de l’exploitation », s’est Nissan s’est ainsi fixé pour des grands patrons japonais. Selon Nissan ne sera jamais une entre- félicité M. Ghosn en présentant à objectif de produire 3,6 millions 400 une étude de l’institut de sondage prise comme les autres. Les entre- Tokyo les premiers bénéfices du de voitures par an à l’horizon Desk One qui convertit en coût prises qui ont souffert gardent groupe depuis 1997, après une 2005. C’est un million de plus que 300 publicitaire la présence des longtemps en mémoire leurs diffi- Exercices clos au 31 mars – 684,4 décennie de difficultés. sa production actuelle. Pour cela avril patrons dans les grands quotidiens cultés. C’est ce qui maintient les Les chiffres sont à relativiser le constructeur compte s’appuyer 92 9394 95 96 97 98 99 00 01 1999 2000 2001 nippons, Carlos Ghosn arrive en gens en éveil. Il faut impérative- lorsqu’on les compare aux bénéfi- sur le lancement de vingt-deux Source : Nissan Motor Co, Bloomberg première position pour l’année ment veiller à cela car la véritable ces de Toyota, annoncés la veille nouveaux modèles entre 2003 et Grâce à ses résultats spectaculaires, Nissan a vu son cours plus que doubler 2000, loin devant le numéro deux, compétition commence mainte- (4,4 milliards d’euros). Mais après 2005, qui s’ajouteront aux vingt- depuis son alliance avec Renault. Nobuyuki Idei, le patron de Sony, nant. une perte de plus de 41 milliards deux qui doivent être commerciali- ou encore Bill Gates. de francs en 2000, la progression sés d’ici 2002. « Les Etats-Unis, le Par ailleurs, le constructeur Grâce à ces résultats spectacu- L’opinion répandue au Japon est Quels sont les grandes étapes de Nissan est impressionnante. Japon et les pays émergents seront veut diviser par deux ses délais de laires, la « greffe » Ghosn a pris que seul un étranger pouvait faire 2de cette compétition qui D’autant que Carlos Ghosn pro- nos zones prioritaires. L’augmenta- développement. Actuellement extrêmement bien au Japon. Con- ce que Ghosn a fait : « Beaucoup débute ? met encore des lendemains tion des volumes liée à un mix régio- une Nissan est conçue en un peu tre toute attente, il est devenu un de présidents japonais auraient vou- Jusqu’à présent il était difficile meilleurs. Le bénéfice 2001/ nal plus favorable devra considéra- plus de 22 mois, ce délai devrait modèle dans un pays qui, dans les lu prendre ce genre de mesures. de parler de l’avenir, sans passer 2002 devrait être du même ordre. blement améliorer notre rentabili- passer à moins d’un an en 2005. moments difficiles, a toujours su Mais il y aurait eu trop de résistan- pour des rêveurs. C’était en tout Le patron français estime avoir té », affirme M. Ghosn, qui veut « Cela permettra de radicalement utiliser le « choc extérieur » pour ce. Je pense que le redressement de cas impossible tant que la crédibili- effectué 50 % du travail en 33 % parvenir à « ce qui se fait de mieux changer la façon d’envisager les accélérer les réformes internes. Nissan va avoir un grand impact sur té de l’entreprise n’était pas restau- du temps qu’il s’était accordé dans le secteur ». produits, de faire des choses plus « Carlos Ghosn a su trouver un bon le management japonais », dit rée. Désormais nous pouvons réflé- pour redresser Nissan. Ce bilan Nissan affiche aujourd’hui une précises, donc plus en phase avec la équilibre entre un leadership fort Toshie Oki, une analyste au Japan chir à l’avenir de Nissan à l’horizon est le fruit d’importantes cessions marge opérationnelle de 4,75 %, clientèle », souligne M. Ghosn. et le jeu d’équipe. Sa détermina- Research Institute. La perspective 2005, selon trois axes. d’activités et réductions de coûts, supérieure à son objectif de 4,5 % Enfin le président de Nissan a tion à transformer et réinventer la que Carlos Ghosn prenne un jour La croissance : nous voulons pro- qui, couplées aux provisions gigan- à l’horizon 2002, mais encore loin l’ambition de ramener la dette de culture de Nissan a forcé le res- la succession de Louis Schweitzer duire 1 million de voitures de plus tesques effectuées à l’exercice pré- des 7,5 % de Toyota. Pour y parve- Nissan à zéro en 2005 contre pect », remarque Jesper Koll, éco- à la tête du groupe Renault n’a par an. La rentabilité : notre objec- cédent, ont eu un effet de levier nir, Nissan compte poursuivre la 8,7 milliards d’euros aujourd’hui, nomiste en chef de Merrill Lynch jamais été autant d’actualité. tif est de parvenir au top niveau sur les résultats financiers. réduction des coûts après 2003. soit tout de même moitié moins à Tokyo. de l’industrie automobile en matiè- Pour autant Carlos Ghosn n’est Après les achats, l’accent devrait que lors de la signature de l’allian- Cinq ouvrages ont été à ce jour Stéphane Lauer re de marge opérationnelle. Enfin pas au bout de ses peines. Si les être mis sur la distribution. ce avec Renault. publiés sur M. Ghosn au Japon. et Brice Pedroletti (à Tokyo) nous voulons ramener la dette de Nissan à zéro. Le groupe a passé une grande partie de sa vie avec une dette énorme. Cette situation Le rapport de forces pourrait tourner rapidement à l’avantage du constructeur japonais est devenue trop contraignante avec la remontée des taux d’in- APRÈS un peu plus de deux ans de vie com- Reste que cette avalanche de bonnes nou- Nissan reprennent confiance, ils ont de moins où Nissan devra entrer au capital de Renault, térêt. mune, le couple Renault-Nissan est en train velles n’en est pas moins déstabilisante. «Je en moins besoin de prouver qu’ils sont des par- concède-t-il, en tout cas ce n’est pas avant le de vivre une étape décisive de sa courte exis- ne m’attendais pas à un redressement aussi tenaires égaux », rétorque M. Ghosn, le prési- terme du plan de renaissance de Nissan. » Comment voyez-vous l’évolu- tence. Le constructeur japonais vient d’an- rapide », avoue volontiers Louis Schweitzer, dent de Nissan, au Monde. Mais quelques C’est-à-dire pas avant l’an prochain. 3tion de l’alliance avec Renault ? noncer ses premiers bénéfices depuis sept un peu embarrassé. Le retour aux bénéfices mois après l’alliance l’ancien patron de Au siège de Renault, la question fait Ces deux années ont servi aux ans. Ils sont considérables : 19,6 milliards de était prévu, mais pas si vite, ni si fort. Nissan, Yoshikazu Hanawa, ne plaidait-il pas débat. Preuve en est la pudeur avec laquelle deux entreprises à se familiariser francs (3,04 milliards d’euros), plus du triple Dès leur alliance, l’ambition des deux pour la réciprocité des participations ? Au le constructeur hésite à renforcer sa partici- l’une avec l’autre. Cette étape du de ceux de Renault en 2000. Ce redressement constructeurs était de former un groupe départ, l’idée paraissait saugrenue. Aujour- pation dans Nissan. L’accord permet à premier apprentissage est désor- spectaculaire bouleverse le fragile équilibre binational. Aux antipodes de la prise de pou- d’hui, la revendication semble d’autant plus Renault de détenir 39,9 % du capital de mais derrière nous. Ce qui est de l’alliance nouée en mars 1999, lorsque voir de l’allemand Daimler chez l’américain légitime que Renault a perdu de sa superbe Nissan. Pour cela, le groupe français peut important aujourd’hui, c’est d’ac- Renault a acquis 37,8 % du capital du japo- Chrysler, les Français ont voulu bâtir un (lire ci-dessous). souscrire de nouvelles actions au prix de célérer les synergies entre Renault nais. A l’époque, les deux entreprises modèle fondé sur le respect et la compréhen- 400 yens. Or l’action Nissan cote aujour- et Nissan. Ce ne sera pas facile car pesaient à peu près le même poids en Bour- sion réciproques. C’est toute l’intelligence du PRISE DE PARTICIPATION d’hui plus de 800 yens. Renault peut même cela nécessite des remises en cause se. Aujourd’hui Nissan se trouve dans une rapprochement mené par Renault et la rai- Dans le court terme, M. Ghosn écarte profiter de ce prix particulièrement attractif dans les méthodes de chacun. Les situation peu commune pour une filiale : elle son pour laquelle l’opération s’est jusqu’à l’idée que Nissan mette un seul yen dans pour porter sa participation à 44,4 % à partir transferts de savoir-faire de vaut deux fois plus que sa maison mère. présent bien déroulée. Reste qu’au-delà des Renault : « Nissan a beaucoup d’autres cho- de 2003. Mais, même si récemment le PDG Renault vers Nissan étaient plus Que Nissan aille bien est une bonne nou- bonnes intentions initiales personne ne peut ses à faire avant d’acheter des actions de Renault avouait qu’il serait intéressant de évidents aux yeux des japonais velle pour le français. Renault est en passe de nier l’existence d’un rapport de forces. Jus- Renault. Une prise de participation sans perfor- le faire, la situation ne serait pas encore lorsque nous étions au bord du toucher un véritable pactole. Le constructeur qu’à présent, celui-ci était en faveur de mance solide est une illusion. » La priorité res- mûre : « Pour le moment, ce projet n’a pas de gouffre. Maintenant que cela va va engranger cette année 590 millions de Renault, mais il est en train de s’inverser. te la réduction de la dette et le constructeur nécessité stratégique. » Mais le dossier n’est mieux on est tenté de se francs de dividendes de sa filiale. Par ailleurs, Conscients que la situation était en leur est en train d’engager un ambitieux plan d’in- pas clos. Lors de l’assemblée générale de demander si l’on a vraiment la contribution de Nissan au bénéfice net de défaveur, les Japonais ont accepté sans bron- vestissement avec le lancement de 44 modè- Renault, M. Schweitzer a fait voter une réso- besoin que l’autre nous apporte Renault, qui s’est élevée en 2000 à 367 mil- cher la reprise en main par les Français. Mais les d’ici à 2005. Pour le moment, il n’est pas lution visant l’abandon par les actionnaires ceci ou cela. C’est là où il faut être lions de francs, sera de 1,79 milliard de ce qui pouvait paraître il y a deux ans comme question de mobiliser du cash pour autre de leur droit préférentiel de souscription à vigilant et où il faut continuer à francs, et ce uniquement pour le premier un mal nécessaire l’est beaucoup moins chose que le rétablissement de l’entreprise, une augmentation de capital réservée. Une progresser dans nos collabora- semestre 2001. Enfin l’investissement de aujourd’hui. « Les Japonais n’ont qu’une idée martèle M. Ghosn. En revanche, sur un plan porte ouverte à une future participation de tions. départ, les 33 milliards de francs injectés en tête : reprendre la main dans cette allian- psychologique, cette participation aurait des Nissan ? dans Nissan, est aujourd’hui évalué à près de ce », affirme un proche du dossier. «Au vertus incontestables pour ménager la fierté Propos recueillis par 76 milliards de francs. contraire, au fur et à mesure que les salariés de des Japonais. « Il y aura peut-être un moment S. L. Stéphane Lauer Entré dans une phase délicate, Renault réduit ses investissements RENAULT est-il en train de per- 3,2 milliards d’euros, ce qui repré- part de ses concurrents, Renault Ce creux en matière de nouveaux que Vel Satis arriverait aussi tard. A les de moteur ou de boîte de vi- dre la main ? Alors que Nissan com- sente pour certaines directions des pâtit du ralentissement du marché modèles dans le bas de la gamme l’origine de ces retards à répétition, tesses) a également entraîné des mence à voir le bout du tunnel (lire coupes de moins 20 %. Les équipes européen, qui, sur les quatre pre- est un problème cyclique chez l’engorgement des bureaux d’étu- retards importants dans la produc- ci-dessus), le constructeur français, de Renault, qui sont déjà engagées miers mois de l’année, a perdu Renault dû au rythme de son plan de, qui croulent sous le travail (Le tion. Gérard Detourbet, le direc- lui, semble entrer dans une période dans un plan d’économies de 3 mil- 3,4 %. Mais, pour plusieurs raisons, produits. Le problème est que le Monde du 15 septembre 2000). teur de la mécanique (qui regroupe délicate. Ses ventes connaissent un liards d’euros annoncé en septem- le groupe français tire moins bien constructeur n’a aujourd’hui pas la fabrication des moteurs et des sérieux trou d’air. Après avoir bre 2000, devront encore davanta- son épingle du jeu que ses princi- les moyens d’accélérer la cadence DIRECTEUR ENVOYÉ EN ROUMANIE boîtes de vitesses), l’une des plus atteint des sommets historiques, ge se serrer la ceinture. paux concurrents. pour éviter de telles périodes creu- Le vieillissement de la gamme grosses divisions de Renault, en a lors de la prise de contrôle de Nis- Tous les secteurs sont concernés. ses. Pis : le groupe éprouve déjà n’est donc pas seul responsable fait les frais. M. Detourbet a été san, le constructeur français voit L’annulation de tous les program- RETARDS À RÉPÉTITION des difficultés à lancer à temps les des difficultés. Renault n’arrive pas remplacé fin avril et envoyé en ses parts de marché reculer. Sur les mes jugés superflus prouve que D’abord, sa gamme a vieilli : les voitures déjà programmées. La à produire ce qu’il pourrait vendre. Roumanie redresser la filiale de quatre premiers mois de l’année, Renault rentre dans une période de modèles ont en moyenne quatre Laguna 2 a été mise sur le marché Le constructeur a ainsi en partie Renault, Dacia, ce qui ne constitue Renault ne détient plus que 10,3 % vaches maigres. A titre d’exemple, ans, contre trois ans voire moins avec six mois de retard. loupé le coche sur les moteurs Die- pas vraiment une promotion. Son du marché européen contre 10,6 % le projet d’une version sport de la pour ses principaux rivaux. Ses Dans le haut de gamme, Renault sel. La montée en cadence des fabri- successeur, Michel Gornet, coiffe en 2000 et plus de 11 % en 1999. Laguna est passé à la trappe. Pre- deux modèles phares, la Mégane et se retrouve avec un trou béant : le cations a été laborieuse, du coup le désormais la mécanique et les fabri- Bien que le groupe ait désormais miers touchés par ces décisions, les la Clio, sont aujourd’hui concurren- constructeur n’a pas réussi à faire groupe n’a pas pu pleinement profi- cations (le montage des caisses). perdu son rang de première mar- sous-traitants, dont le nombre va cés par des voitures plus récentes coïncider la fin de vie de la Safrane, ter du boom que connaît en ce Une organisation que la direction que européenne au profit de Volk- être réduit de 25 %. La moitié des et donc plus attractives. Pour ralen- arrêtée en juillet 2000, et l’arrivée moment ce type de motorisation espère plus performante. swagen, son PDG, Louis Schweit- embauches à la direction de la tir la tendance, Renault est obligé de sa remplaçante, Vel Satis, qui ne en Europe. La production de la Dans une récente analyse, la ban- zer, s’est voulu rassurant, lors de mécanique ont été gelées. Les frais de suréquiper ses voitures en sera lancée qu’au début 2002. Le Laguna, qui connaît par ailleurs un que d’affaires Merrill Lynch souli- l’assemblée générale des actionnai- de mission sont également regar- options afin de soutenir la compa- groupe, qui était obligé d’adapter la accueil positif de la part de la clien- gnait que, « si le ralentissement en res le 10 mai en promettant une dés à la loupe : l’enveloppe globale raison avec la concurrence. « Les Safrane aux nouvelles normes anti- tèle (100 000 commandes ont été Europe se confirme, l’alliance avec hausse des parts de marché en est revue à la baisse d’un quart. coûts d’enrichissement des véhicules pollution, a préféré stopper la pro- enregistrées à ce jour), a du mal à Nissan, qui se déroule de façon har- 2001. Mais en interne le groupe res- En interne, pourtant, on refuse en options vont désormais plus vite duction à cause du coût que cela trouver son rythme de croisière. monieuse, fournira à Renault une te inquiet. A preuve, la récente déci- tout alarmisme. Ces mesures drasti- que le coût unitaire, du coup les mar- aurait représenté. « Si c’était à refai- Six mois après son lancement, les protection substantielle ».Undia- sion de la direction générale de ques visent surtout à prévenir plu- ges s’en ressentent », note un obser- re, probablement nous aurions fait délais d’attente sont encore subs- gnostic que bien peu auraient fait réduire de façon drastique le bud- tôt qu’à guérir, explique-t-on. Le vateur. La nouvelle version de la autrement », confesse aujourd’hui tantiels. Enfin, la mise en place au moment de la signature de get d’investissement 2001 de la but est de préserver la rentabilité Clio, qui doit être lancée en juin, Georges Douin, directeur général plus lente que prévu des lignes de l’alliance. branche automobile. Selon nos du groupe afin d’atténuer les effets devra apporter une bouffée d’oxy- adjoint de Renault. Le groupe ne production flexibles (qui permet- informations, celui-ci a été fixé à du recul des ventes. Comme la plu- gène à la marque. pensait sans doute pas, au départ, tent de produire différents modè- S. L. ENTREPRISES LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 19

Accord entre les actionnaires de Topco, Alcatel et Thales divorcent le nouveau pôle nucléaire français à l’amiable dans le spatial Le groupe pèsera 10 milliards d’euros de chiffre d’affaires Le groupe de Serge Tchuruk reprend 100 % d’Alcatel Space et emploiera 50 000 personnes. A côté d’un Etat majoritaire, EDF, Le groupe Alcatel a annoncé, mercredi 16 mai, la prise détenait le groupe d’électronique de défense Thales, de contrôle à 100 % d’Alcatel Space, le numéro un fran- pour 795 millions d’euros. Cette activité constituait le la Caisse des dépôts, Alcatel et TotalElf Fina devront trouver leur place çais du secteur spatial, grâce au rachat des 48,83 % que principal succès de leur coopération stratégique.

UNE ÉTAPE importante vient Ces parités vont être examinées sera arrêté, une mise en Bourse de LE GROUPE Alcatel a annoncé, Alcatel Space a été particulière- tes. Pour payer cette acquisition, d’être franchie dans la construc- attentivement dans les prochaines Topco pourra être réalisée. Pour mercredi 16 mai, la prise de contrô- ment pugnace, avec neuf satellites Alcatel a en effet choisi de régler la tion du nouveau pôle nucléaire semaines par les instances sociales l’instant, les pouvoirs publics sem- le à 100 % d’Alcatel Space, le numé- civils vendus, soit 40 % de plus moitié en numéraire et l’autre moi- français, Topco. L’idée, lancée en des différents groupes, par le gou- blent n’envisager que la seule ro un français du secteur spatial, qu’en 1999, tandis qu’Astrium en a tié en titres Thales. A l’issue de novembre, est de rapprocher tous vernement et par les autres action- introduction sur le marché de FCI, grâce au rachat des 48,83 % que vendu six. L’avantage pris par Alca- l’opération, sa participation dans les acteurs du nucléaire – le CEA- naires. Car la constitution de le pôle hautes technologies de l’en- détenait le groupe d’électronique tel Space dans le domaine civil a Thales sera ramenée de 25,3 % à Industrie, la Cogema et Framato- Topco amène un remue-ménage semble, qui portera à la fois les de défense Thales (ex-Thomson- été conforté par sa victoire sur son environ 20 %. De quoi alimenter me – pour créer un ensemble pré- capitalistique intense : tous les activités connectiques de Framato- CSF). Ce rachat pour 795 millions rival auprès de l’armée française. les rumeurs sur le désengagement sent à la fois dans tous les métiers montages et participations croi- me et la participation de 11 % de d’euros (5,2 milliards de francs) est Cette dernière lui a en effet confié, d’Alcatel dans le tour de table de du nucléaire (mines, enrichis- sées, imaginés au cours des vingt CEA-Industrie dans la société de un nouvel épisode de la recomposi- fin novembre 2000, la réalisation Thales (l’Etat détient 33 % du capi- sement, traitement, recyclage), dernières années, pour permettre microprocesseurs STMicroelectro- tion du paysage industriel aéronau- du système de télécommunications tal, Alcatel 20 %, Dassault 5 % et les mais aussi dans les nouvelles à certains d’exercer une influence nics. Présentée comme le moyen tique et spatial européen. Deux militaires par satellites Syracuse 3, actionnaires individuels 33 %). Les technologies. sur la filière ou à d’autres de neu- de nouer des alliances et de finan- pôles spatiaux se sont progressive- pour un montant de 9,125 milliards deux parties ont beau affirmer que La création de ce groupe, qui traliser des rivaux trop pressants, cer le développement de cette ment constitués depuis 1998 : Alca- de francs. Si Alcatel Space souffre l’opération « ne modifie pas les rela- devrait peser 10 milliards d’euros doivent être mis à bas. branche, la cotation, prévue à la tel Space – issu de la fusion des pla- d’une dimension trop hexagonale, tions instaurées par le pacte d’action- de chiffre d’affaires et employer fois à Paris et à New York, pourrait te-formes satellitaires d’Aérospatia- il semble avoir réussi plus rapide- naires de Thales, dont l’équilibre res- cinquante mille personnes, entraî- NÉGOCIATIONS INTENSES avoir lieu au début de l’année le (devenu EADS), des charges uti- ment son intégration. Le redémar- te satisfaisant », on sait que ne des déplacements colossaux Seule certitude pour l’instant : prochaine. les d’Alcatel et des stations au sol rage de son activité lui a permis M. Tchuruk a toujours considéré sa d’actifs. Mercredi 16 mai, les trois l’Etat, par le biais du Commissariat Les responsables de Topco, en de Thomson-CSF (devenu Thales) d’embaucher 750 personnes, por- position dans Thales comme incon- groupes, parties prenantes à ce à l’énergie atomique (CEA), sera particulier Pascal Colombani, – et Astrium – né du rapproche- tant les effectifs à 4 500 salariés. fortable. nouvel ensemble, ont fait connaî- largement majoritaire dans le capi- actuellement administrateur délé- ment des activités spatiales du fran- « C’est trop ou trop peu », martè- tre le schéma et les valorisations à tal de Topco. Le CEA détient en gué du CEA appelé à devenir prési- co-britannaique Matra Marconi RÔLE DOMINANT le-t-il régulièrement. Il avait obte- partir desquels devrait se construi- effet 95 % de CEA-Industrie, et ce dent du conseil de surveillance de Space et de l’allemand Daimler- La recomposition du capital d’Al- nu en 1999, l’augmentation de sa re le nouvel ensemble. dernier possède 23 % de Framato- Topco, et Anne Lauvergeon, prési- Chrysler Aerospace. catel Space n’est pas véritablement participation de 16 % à 25 %. Le ren- CEA-Industrie sera la tête de me et 75 % de la Cogema. Pour le dente de Cogema, pressentie pour Désormais seul maître à bord une surprise dans la mesure où versement de cette tendance est de pont de Topco. « D’ici à la fin de reste, tout est en discussion. EDF, être présidente du directoire du d’Alcatel Space, Serge Tchuruk, le Alcatel avait pris d’emblée le rôle mauvais augure. La mise en com- 2001 », il prévoit une fusion entre qui détient actuellement 9 % de nouvel ensemble, espèrent avoir PDG d’Alcatel, va pouvoir parache- dominant dans la filiale commune mun de la recherche et développe- égaux avec la Cogema. Dans le Framatome, devrait monter en fini la constitution du nouveau ver l’intégration des activités spatia- avec Thales. Denis Ranque, le PDG ment des deux groupes (avec un même temps, il absorbera Frama- puissance dans le nouvel ensem- pôle nucléaire à la fin de l’année. les au sein de son groupe de télé- de Thales, justifie cette sortie par budget de 28 milliards de francs à tome ainsi que la société, créée ble, en même temps peut-être que Ces changements suscitent des communications. « Alcatel considè- « le recentrage de Thales sur ses eux deux en 1998, ils réalisent près pour l’occasion, qui regroupe les la Caisse des dépôts, propriétaire inquiétudes dans les différents re en effet la composante spatiale trois métiers : la défense, l’aéronauti- de 30 % de la recherche et dévelop- participations financières dans Era- actuellement de 3,2 % de la Coge- groupes. Dans un communiqué associée aux réseaux terrestres de que et les technologies de l’informa- pement totale des vingt-cinq pre- met, TotalFinaElf et la Cogerap. ma. TotalFinaElf, actionnaire à commun, début mai, les six syndi- télécommunications comme un élé- tion ». Il explique également au miers groupes français) ne semble Bien que les valeurs des trois hauteur de 14,5 % de la Cogema, cats (CGT, CFDT, CGC, SPAEN, ment-clé dans la chaîne de transmis- Monde « avoir dû s’endetter de pas avoir donné satisfaction. Seuls entités n’aient pas été publiées, les devrait rester, mais en réduisant sa CFTC et FO) des trois groupes ont sion de l’information », a estimé le manière importante au cours des quelques dizaines d’ingénieurs tra- parités d’échange entre Framato- position. Alcatel, lui, a fait depuis dénoncé des projets de restructura- groupe. dernières années, [environ 2,2 mil- vailleraient effectivement ensem- me, la Cogema et CEA-Industrie longtemps savoir son désir de ven- tions qui commencent à toucher Cette prise de contrôle d’Alcatel liards d’euros] pour procéder à de ble. MM. Tchuruk et Ranque, qui ont été annoncées. Selon le dre sa participation de 8,4 % dans les entreprises et leurs filiales. intervient au lendemain d’une nombreuses acquisitions. Il fallait célébraient il y a quelques mois les communiqué, la valeur de la Coge- Framatome. Actuellement, les année exceptionnelle pour l’indus- donc nous défaire des activités où « technologies duales », c’est-à-dire ma équivaut à « environ 0,5 fois », négociations sont intenses pour Martine Orange trie spatiale européenne. Avec nous avions des participations mino- le mariage de l’électronique civile celle de CEA-Industrie et celle de arrêter le prix de vente. 50 % des parts du marché mondial, ritaires ». Cette manne de près de et militaire, semblent être revenus Framatome à « 0,3 fois ». Une fois que le tour de table f www.lemonde.fr/nucleaire le français Alcatel Space et l’euro- 800 millions d’euros permettra d’al- de leurs illusions. Seule l’intégra- péen Astrium ont fait jeu égal en léger significativement un endette- tion d’Alcatel Space semblait avoir 2000 avec les géants américains ment de 1,8 milliard d’euros, soit fonctionné. Paradoxe, elle est la Lockheed, Boeing et Loral sur le près de 100 % des fonds propres. première à tirer les conséquences Déchets radioactifs : le Parlement pour un fonds autonome marché « ouvert », celui des satelli- Mais les modalités de la prise de de ce divorce à l’amiable. tes commerciaux de télédiffusion contrôle d’Alcatel laissent un cer- LE FINANCEMENT de la gestion des déchets pas retraités et ne le seront pas dans un avenir prévisi- et de télécommunication. tain nombre de questions ouver- Christophe Jakubyszyn nucléaires devrait être assuré par un fonds ble. EDF a accumulé 10 000 tonnes de combustibles indépendant d’EDF, estime l’Office parlementaire usés dans les piscines de l’usine de La Hague (Man- d’évaluation des choix scientifiques et technologiques che) et en ajoute 200 tonnes chaque année. Ce volu- en conclusion d’un rapport écrit par Christian Bataille me devrait atteindre 12 000 tonnes en 2015, que EDF (PS, Nord) et adopté mardi 16 mai. Pour les députés prévoit de déstocker, si les progrès techniques le per- de l’Office, le financement du stockage des déchets mettent, au rythme de 100 tonnes par an – il faudrait par des provisions inscrites dans les comptes d’EDF alors cent vingt ans pour écouler le stock. De surcroît, « ne constitue plus, à long terme, une solution EDF décharge chaque année 100 tonnes de Mox satisfaisante ». (mélange d’uranium et de plutonium) et en aura accu- Ils recommandent que l’on s’oriente vers un fonds mulé 2 300 tonnes en 2020. Le Mox usé est encore public, à l’instar de la Suède, afin d’avoir les ressour- plus dangereux que les combustibles à l’uranium irra- ces suffisantes quand les investissements de création diés, dont M. Bataille rappelle la très forte radioactivi- de sites de stockage de déchets seront nécessaires. té : 1017 becquerels par tonne. Lors de son audition L’évolution vers une possible privatisation d’EDF ne par les députés, le 3 mai, M. Roussely, président garantirait pas cette disponibilité future. La recom- d’EDF, ne s’est pas engagé à retraiter le Mox et a mandation des parlementaires est tout sauf anodine : reporté la décision à 2020 : le problème est donc légué les provisions constituées par EDF et par la Cogema à la prochaine génération. pour couvrir le stockage futur de leurs déchets et le Au terme de son analyse, l’Office parlementaire tire démantèlement de leurs installations sont un des la conclusion que « l’entreposage à long terme d’une éléments expliquant leur trésorerie prospère. partie du combustible irradié est devenu inévitable » et souligne « la nécessité de prévoir dès maintenant des UNE ANALYSE DÉCAPANTE installations d’entreposage ». Déplorant à plusieurs La recommandation parlementaire intervient au ter- reprises le fait que les décisions sur la gestion des me d’une analyse décapante des impasses de la politi- déchets se prennent sans consultation du Parlement, que française de retraitement des déchets nucléaires. les députés demandent qu’on ne laisse plus autant de M. Bataille constate que, alors que le retraitement de liberté aux industriels et qu’une nouvelle loi encadre la totalité des combustibles irradiés constituait « une « l’aval du cycle nucléaire ». sorte de doctrine officielle du nucléaire français »,un volume très important de combustibles usés ne sont Hervé Kempf Le Conseil des marchés financiers veut réexaminer rapidement le projet de fusion Legrand-Schneider DÉSAVOUÉ par un arrêt rendu men du projet d’offre publique en auprès des banques-conseils de le 3 mai par la cour d’appel de cause, éventuellement modifié… » Schneider et Legrand, pour qu’el- Paris, qui « annule la décision (…) Le CMF a profité de cette possibi- les adressent « les éléments d’actua- par laquelle le Conseil des marchés lité, s’estimant, lors de sa réunion lisation attendus nécessaires à ce financiers (CMF) a prononcé la rece- de mercredi, « appelé à réexaminer nouvel examen, notamment ceux vabilité du projet d’offre publique le projet d’offre ». Pour satisfaire issus des comptes de l’exercice initié par Schneider et visant les aux exigences de forme requises 2000 des deux sociétés, et [lui titres de la société Legrand »,le par la cour d’appel, il lui suffirait fassent] connaître les éventuelles CMF a examiné la situation, au d’ajouter à son dossier le projet de modifications qui seraient appor- cours de sa séance ordinaire du note de la Commission des opéra- tées au projet, et ce dans les mercredi 16 mai. Le succès du tions de Bourse (COB) ainsi que la meilleurs délais ». recours déposé par des porteurs lettre de dépôt d’offre, et de mieux L’empressement du Conseil des d’actions à dividende prioritaire motiver sa décision. A la limite, il marchés financiers ne semble (ADP) Legrand, s’estimant lésés aurait donc seulement à procéder néanmoins pas rencontrer celui par la parité proposée, met en à la mise à jour de certains chiffres. des initiateurs de cette fusion ami- effet le Conseil dans l’embarras. Le CMF a d’ailleurs demandé mer- cale, placés dans une situation par- Les deux seuls précédents judiciai- credi aux banques-conseils de Sch- ticulièrement inconfortable. En res – dans les affaires Hachette-Fili- neider et de Legrand d’actualiser le effet, Schneider et Legrand parais- pacchi et Fermière de Cannes – dossier en y ajoutant les chiffres sent déterminés à ne pas augmen- avaient entraîné l’annulation pure les plus récents. ter l’offre totale d’échange de et simple de la décision du CMF ou Schneider sur Legrand. Pour réé- de son prédécesseur, le Conseil des SITUATION INCONFORTABLE quilibrer la parité offerte aux por- Bourses de valeurs. A l’évidence, le CMF serait prêt teurs d’ADP Legrand, qui représen- Cette fois-ci, la cour d’appel a à tester une deuxième fois la déter- tent près d’un quart des titres, il laissé une brèche grande ouverte mination de la cour d’appel en se leur faudrait abaisser les condi- en écrivant, dans la décision annu- conformant uniquement à ses exi- tions réservées aux actionnaires lant également le visa donné par la gences de forme. Si une nouvelle « ordinaires ». Ces derniers pour- Commission des opérations de offre satisfaisant toutes les parties raient alors, à leur tour, être tentés Bourse (COB), que « du fait de cet- pouvait être déposée, cela convien- de faire valoir leurs droits. te annulation, il appartiendra au drait évidemment mieux au CMF. Conseil de procéder à un nouvel exa- D’où sa requête plus générale Adrien de Tricornot 20 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 ENTREPRISES Martine Aubry exhorte Moulinex Les principaux dirigeants de Clearstream à céder gratuitement Lesquin MARTINE AUBRY a exhorté les dirigeants de Moulinex/Elfi à céder sont suspendus par leur conseil d’administration gratuitement à la Communauté urbaine de Lille (CUDL) le site de Les- quin (Nord), qui doit fermer ses portes en 2002. La maire PS de Lille a indiqué, mercredi 16 mai, à l’agence Reuters, qu’au cours de sa rencon- La justice luxembourgeoise a ouvert une enquête sur cette société de compensation tre, la veille, avec le PDG de Moulinex, Patrick Puy, elle avait exprimé la « grande détermination » des élus à trouver des solutions pour les Le conseil d’administration de Clearstream, une se, André Lussi, son bras droit et le responsable Robert de Ernest Backes qui mettait en cause la 670 salariés de ce site. Elle a adjuré Moulinex, et son actionnaire ita- société luxembourgeoise de compensation, a sus- des relations humaines. Ces mesures font suite à société, pour des pratiques de blanchiment. La lien Elfi, de proposer un « plan social acceptable ».Mme Aubry propose pendu de leur fonction le président de l’entrepri- la publication de Révélation$, le livre de Denis justice luxembourgeoise a ouvert une enquête. que la CUDL « puisse acquérir à titre gratuit les locaux et les hectares qui sont autour du site afin que nous gardions là une activité industrielle CLEARSTREAM prend ses dis- minaire avait été ouverte le se présumer l’existence d’une dou- d’euros de titres en dépôt et traite sur un site bien placé, près des autoroutes et d’une voie ferrée ». En grè- tances avec ses dirigeants. La 28 février, juste après la publica- ble comptabilité. Ce témoin men- plus de 150 millions de transac- ve mercredi, les salariés ont mené toute la journée une série d’actions. société luxembourgeoise de com- tion de Révélation$, l’ouvrage du tionnerait également la présence tions par an. Elle compte officielle- pensation de titres a confirmé, journaliste Denis Robert et de l’an- d’un système informatique « com- ment quelque 2 500 clients. mercredi 16 mai, que le président cien cadre bancaire luxembour- plexe mis en place pour que cer- Lors de la sortie du livre, Clears- M. Chirac pour une « remise à plat » de son directoire, André Lussi, son geois Ernest Backes (Le Monde du tains transferts empruntent un che- tream avait réfuté ces accusa- bras droit, le directeur général Car- 27 février), aux éditions Les Arè- min parallèle ». tions, assurant avoir toujours pris los Salvatori, et le responsable des nes. Cet ancien cadre dirigeant de de « strictes procédures pour empê- des transports aériens vers la Réunion ressources humaines, Robert Mas- « Les investigations portent Clearstream, spécialisé dans l’in- cher le blanchiment d’argent ». La sol, étaient suspendus de leurs autour des reproches principaux du formatique, devrait être entendu société avait aussi engagé une LE PRÉSIDENT de la République a souhaité, jeudi 17 mai, au premier fonctions. La société a justifié cet- livre », observe M. Zeyen. La ques- mercredi 23 mai par la mission par- action en justice contre jour de sa visite à la Réunion, une « remise à plat rapide » des trans- te mesure pour « faciliter » l’en- tion du blanchiment est au coeur lementaire sur le blanchiment, pré- MM. Robert et Backes. La Banque ports aériens dans l’île et dans l’ensemble de l’outre-mer, à l’heure où quête lancée par la justice luxem- du dossier, et figure sans doute centrale du Luxembourg a indiqué les difficultés d’AOM-Liberté suscitent l’inquiétude des élus et des bourgeoise. Clearstream, née de parmi les motifs d’ouverture de mercredi que les activités de milieux économiques réunionnais. « Les difficultés rencontrées aujour- la fusion, en 1999, de l’organisme l’enquête judiciaire. Une trentaine Huit membres Clearstream, soumises à sa sur- d’hui par AOM, compagnie aérienne née à la Réunion et qui dessert l’en- de compensation luxembourgeois de témoins ont été entendus, prin- veillance, fonctionnaient « norma- semble de l’outre-mer, les contraintes imposées à Air Austral pour déve- Cedel avec une société de compen- cipalement des personnes qui anciens ou actuels lement ». lopper ses dessertes, l’incapacité dans laquelle se trouve Air France de sation appartenant à la Bourse avaient des responsabilités dans Or, cinq magistrats européens répondre à la demande de la population, tout cela impose une remise à allemande, a parallèlement annon- la société de compensation au de la société seraient (les juges d’instruction français plat rapide des transports aériens à la Réunion et dans l’outre-mer en cé que André Roelants, membre cours des dix dernières années, en Eva Joly et Renaud Van Ruymbe- général », a déclaré Jacques Chirac. Par ailleurs, la direction d’Air du directoire de Clearstream et charge de la finance et de l’infor- mis en cause ke, tous deux connus pour leur Liberté annoncera lundi 21 mai aux syndicats la teneur du plan de res- président du directoire de BIL- matique. « Ces témoins ont confir- engagement dans la lutte contre tructuration, et notamment son volet social. Dexia, assurait l’intérim de la pré- mé les allégations du livre », souli- la corruption, Bertrand Bertossa, sidence. gne un magistrat luxembourgeois. sidée par le député (PS, Somme) procureur général de Genève, Ces mesures de suspension sont Les investigations de la justice, Vincent Peillon. Au stade actuel, il Benoît Dejemeppe, procureur du La famille Oppenheimer devrait effectives jusqu’à la conclusion de menées par le juge Ernest Nilles, apparaît, selon M. Peillon que roi à Bruxelles, et Jean De l’information judiciaire, a précisé reposent notamment sur des « trois éléments sont incontesta- Maillard, magistrat à Blois), ont Clearstream. Les trois personnes comptes secrets, dits « comptes bles : le défaut de régulation, des signé une tribune dans nos colon- prendre le contrôle de De Beers suspendues sont vraisemblable- non publiés ». Si leur existence possibilités de blanchiment et le pro- nes (Le Monde du 11 mai), faisant ment visées par l’information « peut se justifier dans certains cas, blème de management ». ces constats : « L’essentiel de l’im- L’OFFRE de rachat du groupe minier De Beers à hauteur de 18,7 mil- ouverte, vendredi 11 mai, par la la justice doit vérifier si certains éta- M. Peillon estime que des ban- pact de Révélation$ se révèle dans liards de dollars (21,25 milliards d’euros) par la famille sud-africaine justice luxembourgeoise, contre blissements fonctionnent unique- ques françaises, comme leurs le silence assourdissant de l’ensem- Oppenheimer et la société Anglo American devrait être acceptée ven- plusieurs dirigeants de Clears- ment avec des comptes non homologues européennes, pour- ble des acteurs du système mis en dredi 18 mai. Si plus de 75 % des actionnaires du premier producteur tream, dont M. Lussi. Selon nos publiés », fait remarquer un avo- raient être impliquées dans cette cause dans le fonctionnement de mondial de diamants se prononcent pour ce projet, De Beers passera informations, huit membres cat. C’est en tout cas, selon lui, ce « affaire ». Clearstream (…) Dans un premier sous le contrôle des Oppenheimer, qui en retour abandonneront une anciens ou actuels de la société qui ressort du témoignage d’un Les auteurs de Révélation$ affir- temps, cette stratégie de l’autruche partie de leur participation dans Anglo American. L’opération, qui per- seraient mis en cause. Carlos ancien salarié, responsable de l’in- maient que le système de compen- des milieux financiers a pu laissé mettra de dénouer le système complexe de participations croisées, se Zeyen, substitut du procureur du formatique, entendu à plusieurs sation – une coopérative créée en croire que Révélation$ n’avait été fera par l’intermédiaire du consortium DB investments. grand Duché de Luxembourg, et reprises par la justice luxembour- 1971, qui intervient pour faciliter qu’un coup d’épée dans l’eau. Il spécialisé dans la lutte contre le geoise. Ce témoin aurait assuré les échanges de titres entre ban- nous apparaît au contraire que son blanchiment d’argent, a ouvert que « 101 comptes non publiés ques –, a été détourné de son but histoire commence à peine ». L’opérateur norvégien une information judiciaire (Le n’étaient pas comptabilisés dans la originel par Clearstream. La socié- Monde du 17 mai). L’enquête préli- comptabilité officielle ». Ce qui lais- té dispose de 9 000 milliards Pascale Santi convoite son homologue danois L’OPÉRATEUR norvégien Telenor a confirmé, mercredi 16 mai, être Wall Street applaudit avec retard la baisse des taux en négociation pour acquérir 42 % du capital de son voisin danois Tele- Danmark. Les discussions ont débuté avec l’américain SBC qui détient LES MARCHÉS financiers ont Rattrapage recule de 2,67 % et le Nasdaq perd ce des prix à la consommation. Le cette participation. La fusion de Telenor et de TeleDanmark donnerait réagi avec une journée de retard à 12,31 %. taux d’intérêt de l’obligation du naissance à un groupe de télécommunications d’une valeur de 18 mil- la baisse des taux d’intérêt de la INDICE DOW JONES Cet élan positif s’est transmis aux Trésor à dix ans a reculé à 5,45 %, liards d’euros. Surtout, ce serait la première fusion entre deux opéra- Réserve fédérale (Fed) américaine, en points marchés d’actions européens, qui contre 5,48 % mardi soir, et celui teurs historiques en Europe. Un premier projet de mariage entre Tele- intervenue, mardi 15 mai, pour 11 500 ont débuté la séance de jeudi en net- de l’obligation à 30 ans à 5,85 %, nor et l’opérateur suédois Telia, en 1999, avait finalement échoué soutenir une économie chancelan- 11 215,92 te hausse. A Paris, l’indice CAC 40 contre 5,89 %. Le dollar s’est, quant devant l’incapacité des deux acteurs à céder leurs prérogatives. Cette te. Alors qu’ils étaient restés indif- le 16 mai bondissait de 1,76 %, dans les pre- à lui, légèrement affaibli, permet- fois encore, les obstacles, en particulier réglementaires, ne manquent férents, la veille, à la baisse d’un 11 000 miers échanges. Le DAX de Franc- tant à l’euro de reprendre quelques pas sur le chemin de Telenor, détenu à 79 % par l’Etat norvégien. demi-point des taux directeurs fort gagnait 1,23 % et l’indice Foot- couleurs. Jeudi en début de mati- américains, l’ensemble des indices sie de Londres progressait de née, la devise européenne s’échan- 10 500 boursiers américains a terminé en 1,27 %. geait à 0,8848 dollar. Le choc Microsoft Nintendo forte hausse, à l’issue de la séance Les analystes ont expliqué le Bruce Steinberg, l’économiste en de mercredi, les investisseurs ache- 10 000 redressement de la Bourse américai- chef de Merrill Lynch, s’attend à ce tant autant de valeurs technologi- ne lors de la séance de mercredi par que la Fed réduise son principal aura lieu en novembre ques que de traditionnelles. L’indi- la publication de l’indice des prix à taux directeur à 3,5 % d’ici au mois ce Dow Jones des trente valeurs 9 500 la consommation aux Etats-Unis en d’août, ce qui permettrait, selon C’EST LE 5 NOVEMBRE que le japonais Nintendo lancera sa nouvel- industrielles a bondi de 3,15 %, avril qui montre que l’inflation ne lui, à l’économie de rebondir au le console de jeux Gamecube, sur le marché nord-américain, soit trois 9 369,5 pour finir à 11 215,92 points. Il a le 22 mars paraît pas être une menace actuelle- quatrième trimestre et d’afficher jours avant la Xbox de son rival Microsoft. Nintendo, qui a fait cette ainsi retrouvé son plus haut 9 000 ment et qui laisse donc la liberté à la une forte croissance en 2002. annonce mercredi 16 mai, à la veille du salon du jeu électronique de niveau depuis le 12 septembre, grâ- J F MMA Fed de poursuivre sa politique de « Nous prévoyons une chute de Los Angeles (Electronic Entertainement Expo, E3), n’a pas indiqué à ce à son cinquième plus fort gain 2001 baisse des taux. 8 % du bénéfice par action des socié- quel prix la console serait vendue. Le groupe avait annoncé en avril en points (+ 342,95 points). Il se Source : Bloomberg tés de l’indice Standard & Poor’s en qu’il repoussait à septembre le lancement de la Gamecube au Japon, à situe désormais à 4 % de son Depuis le début de l'année, l'indice LE DOLLAR LÉGÈREMENT AFFAIBLI 2001, rapporte M. Steinberg. Mais l’origine prévu pour juillet. Il avait alors évoqué la mi-novembre pour niveau record de 11 722,98 points Dow Jones est en hausse de 3,89 %. L’indice des prix à la consomma- si l’économie enregistre un rebond le début de la commercialisation aux Etats-Unis. affiché le 14 janvier 2000. tion a augmenté de 0,3 % en avril l’an prochain, comme nous le pen- De son côté, le groupe Microsoft, dernier venu dans l’univers de la Les valeurs technologiques par rapport au mois précédent, sons, alors ce bénéfice par action console de jeu, a annoncé mercredi qu’il lancerait sa Xbox le 8 novem- regroupées au sein de l’indice de la son titre progresser de 5,3 %. alors que les analystes avaient pré- pourrait progresser de 17 % en 2002. bre en Amérique du Nord, au prix de 299 dollars (339 euros). Bourse électronique Nasdaq se Enfin, l’indice Stan- vu une progression de 0,4 %. Une Sur une base sectorielle, nous nous sont envolées de 3,88 % pour s’affi- dard & Poor’s – plus représentatif faible inflation devrait, selon les attendons que les bénéfices par cher en clôture à 2 166,44 points. de l’économie, de l’avis des économistes, permettre à la Réser- action des sociétés de technologie Alain Richard prône Le secteur des semi-conducteurs a gérants, puisqu’il est composé de ve fédérale d’abaisser une nouvelle plongent de 28 % cette année, le plus fini en tête avec une hausse de 500 valeurs – a enregistré un gain fois ses taux dès le 27 juin à l’issue mauvais chiffre de tous les secteurs. 6,5 %, tandis que celui des fabri- de 2,85 % à 1 284,99 points. Mal- de sa prochaine réunion. Pour preu- Celui qui pourrait afficher les une réforme rapide de la DCN cants d’ordinateurs a gagné 3,2 %. gré cette forte progression, seul ve, les taux américains à long ter- meilleurs gains serait le secteur de Même en annonçant une baisse de l’indice Dow Jones affiche une me, agissant comme un indicateur l’énergie avec un bénéfice par action L’ÉVOLUTION de la personnalité juridique de la Direction des cons- 66 % de son bénéfice au deuxième variation positive depuis le début des anticipations des opérateurs en hausse de 18 % cette année. » tructions navales (DCN) fait « partie des priorités des prochains mois », trimestre de son exercice de l’année. Il progresse de 3,98 %, sur la politique monétaire, se sont indique Alain Richard, ministre de la défense, dans un entretien aux 2000-2001, Hewlett-Packard a vu tandis que le Standard & Poor’s détendus après l’annonce de l’indi- Cécile Prudhomme Echos du jeudi 17 mai. Le ministre, qui estime que la DCN « présente des qualités solides malgré les controverses liées à la mise au point du por- te-avions Charles-de-Gaulle et aux détournements de fonds en voie d’être jugés », explique que « la réflexion sur l’évolution possible de la France Télécom vend sa participation dans l’opérateur américain Sprint personnalité juridique de la DCN vise à lui permettre de régler ses achats dans des conditions plus propices à la compétition industrielle ». Alain FRANCE TÉLÉCOM et Deuts- d’une offre publique de vente. La logues européens. Michel Bon a sont accordés sur la vente de cette Richard souligne que « la société commune entre Thales et la DCN che Telekom dénouent leurs liens fixation du prix interviendra fin affiché l’objectif de réduire cet participation qu’ils mèneront de ouvre la possibilité de partenariats sérieux ». avec l’opérateur américain Sprint. mai ou début juin. L’opérateur his- endettement à 30 milliards de concert. Cette vente intervient au Les deux opérateurs ont annoncé, torique français mettra sur le mar- d’euros en 2003. Après la mise en moment où Sprint FON lance un jeudi 17 mai, la vente de leur parti- ché 75,9 millions d’actions et pré- Bourse de sa filiale de téléphonie avertissement sur ses résultats. GlaxoSmithKline numéro deux cipation dans Sprint Fon, la filiale voit une option de surallocation mobile Orange et la vente de sa Troisième opérateur longue distan- longue distance de l’opérateur sur les 11,4 millions de titres res- participation dans Sema à Schlum- ce américain, il souffre, comme ses américain. Elle se fera par le biais tant. L’ensemble de ces titres berger, la cession de ses parts concurrents, de l’intense guerre de la pharmacie en France représente 9,9 % du capital de dans Sprint FON s’inscrit dans la des prix des communications télé- l’opérateur américain, pour une logique de cessions d’actifs non phoniques qui fait rage aux Etats- PAR LE JEU des fusions, le groupe GlaxoSmithKline (GSK) qui réunit valeur estimée de 1,9 milliard de stratégiques. Unis. Mais cette cession prend pla- les deux laboratoires britanniques, Glaxo Wellcome et SmithKline Bee- dollars. ce également au moment où les cham, est passé numéro deux sur le marché français. Né officielle- Cette opération intervient dans LE TEMPS DU PARFAIT AMOUR marchés boursiers semblent redé- ment dans l’Hexagone le 2 mai, GSK France – qui totalise un chiffre le cadre du programme de désen- La prise de participation dans couvrir les valeurs de télécommu- d’affaires de 14 milliards de francs, dont 10 milliards vendus en Fran- dettement engagé par France Télé- Sprint date d’une époque révolue nications. Une certaine embellie ce, soit 6,8 % de parts de marché – se situe derrière le franco-allemand com. La société dirigée par Michel où France Télécom et Deutsche printanière se dessine. Aventis. Bon a vu sa dette quadrupler en Telekom affirmaient vivre le par- A l’issue de l’opération, France GSK occupe une position dominante dans quatre des cinq plus grands un an pour atteindre 61 milliards fait amour. Ensemble ils avaient Télécom et domaines thérapeutiques : le respiratoire (avec la Ventoline), l’infec- d’euros fin 2000. Les acquisitions, décidé d’étendre leur alliance et de détiendront encore chacun 5,7 % tiologie (Augmentin), le système nerveux central et le VIH. Numéro en particulier celle du britannique prendre pied en Amérique du du capital de Sprint PCS, la filiale un dans le secteur hospitalier, il l’est également dans celui du médica- Orange, et la course aux licences Nord. En 1994, ils prenaient con- de téléphonie mobile de Sprint. ment sans ordonnance, avec des marques phares comme Niquitin, de téléphonie mobile du futur jointement 19,8 % du capital de Une participation évaluée à 1,6 mil- dans l’abstinence tabagique, ou Synthol, contre la douleur. Sa force (UMTS), ont contribué à plomber Sprint. Après leur divorce consom- liard d’euros. de frappe est désormais considérable avec la présence de plus de les comptes. Cette réalité est par- mé, les priorités des deux opéra- 1 200 délégués médicaux auprès de 7 000 médecins français. tagée par la plupart de ses homo- teurs ont changé et tous deux se Laurence Girard 21 COMMUNICATION LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 La concentration accentue la politisation des médias autrichiens Depuis que les plus grands groupes de magazines et de quotidiens ont fusionné, l’Autriche connaît une réduction du nombre d’éditeurs de presse sans égale en Europe, aggravée par le monopole de la télévision publique. La coalition de droite s’efforce de museler les journalistes

VIENNE pe allemand WAZ) une domination teurs », et combien les hommes poli- redire ? L’Allemand Freimut Duve, démocratie » et a vertement critiqué res ne semble avoir intérêt à une de notre correspondante quasi absolue du marché des maga- tiques autrichiens devront compo- chargé de la liberté de la presse au la « couardise » du ministre populis- véritable libéralisation du réseau La publicité qui fait jaser ces zines, et une nette suprématie sur ser, bien plus encore que par le pas- sein de l’Organisation pour la sécu- te de la justice, Dieter Böhmdorfer, hertzien. temps-ci en Autriche ne montre la presse quotidienne (Le Monde du sé, avec ce « quatrième pouvoir ». rité et la coopération en Europe lequel, après avoir annoncé un Contraint de ménager les intérêts pas, comme en France, une jeune 27 octobre 2000 et du Comment un tel rapprochement (OSCE), s’alarme du « risque de ber- recours contre la fusion, a prompte- du « triangle de fer », le gouverne- femme nue à quatre pattes dans un 22 février 2001). Les grands per- a-t-il pu avoir lieu sans que l’autori- lusconisation » de l’Autriche. ment battu en retraite. Dominé par ment noir-bleu s’emploie à intimi- pré, mais le visage de Jörg Haider dants sont le Standard et son rival té chargée de faire respecter les Pourtant proche de la coalition les « partenaires sociaux » (la Cham- der les rédactions : avec les encoura- sur fond de montagnes, avec un conservateur Die Presse, auxquels le règles de la concurrence, le Kartell- « noir-bleu », qui allie depuis bre patronale, proche de l’ÖVP, et gements de M. Haider, M. Böh- bouquet de roses saint-sulpicien et nouveau « géant » a refusé une ges- gericht, ni le gouvernement – pour février 2000 les conservateurs de celle du travail, proche des socialis- mdorfer veut introduire dans le ce bref slogan : « La Carinthie tion commune des annonces publi- qui un pôle aussi puissant peut être l’ÖVP au FPÖ, Die Presse voit dans tes), le Kartellgericht a subi de for- code de procédure pénale des pei- [province dont Haider est citaires sur le réseau Internet. un allié, mais aussi un formidable cette concentration « une menace tes pressions – certains parlent nes allant jusqu’à six mois de prison gouverneur] s’épanouit ». A premiè- Grâce à cette fusion, la Kronen adversaire potentiel – y trouvent à contre la libre concurrence et la même de chantage –, et donné son pour les journalistes qui divulgue- re vue, pas de quoi s’émouvoir. Zeitung, qui touche à elle seule près feu vert du bout des lèvres. raient des informations sur des Sauf que cette double page a été de la moitié du lectorat autrichien, enquêtes judiciaires. « Leur métho- publiée dans le magazine News – le arrive par exemple en concurrence Une réforme de l’audiovisuel très contestée INTIMIDER LES RÉDACTIONS de, analyse le chef d’un service de plus vendu des hebdomadaires d’in- frontale avec la Kleine Zeitung, Le consentement du FPÖ a été l’ORF, consiste à annoncer des cho- formation autrichiens – qui s’était influente en Styrie et en Carinthie « Le chancelier Schüssel nous a déclaré la guerre ! », estime le puis- acquis lors d’une rencontre, fin ses dures pour faire peur. Même s’ils toujours distingué par sa relative où elle a souvent eu des démêlés sant patron de la Kronen Zeitung, Hans Dichand, qui avait pourtant février, entre Susanne Riess-Passer, arrondissent ensuite les angles, l’effet hostilité envers le chef du FPÖ. avec Jörg Haider. Quant à Profil, soutenu le pouvoir depuis plus d’un an. Motif de la discorde : le pro- Peter Westenthaler, le chef de la est garanti. » Filiale du groupe allemand Bertel- positionné trop à gauche aux yeux jet de réforme de la télévision publique, l’ORF, qui doit être adopté fraction parlementaire populiste, et La profession se mobilise : mardi smann, le magazine dirigé par Wol- des financiers conservateurs de par le gouvernement avant l’été. Le texte d’origine proposait de sou- Wolfgang Fellner : en échange 15 mai, une dizaine de directeurs de fgang Fellner multiplie aussi les arti- Mediaprint, il a obtenu dans le mettre à des contraintes plus strictes la coopération entre l’ORF et les d’une attitude plus « constructive », publication et d’éditorialistes con- cles et couvertures flatteuses consa- mariage une garantie de survie de autres médias, et d’obliger le service public à offrir « un programme ce dernier aurait obtenu le gel des nus, des responsables du syndicat crés à la vice-chancelière FPÖ, six ans. Mais le groupe News a obte- de qualité » en début de soirée. Un casus belli pour la Krone, qui entre- nombreuses procédures en diffama- des journalistes et la section autri- Susanne Riess-Passer. Pour le direc- nu la haute main sur sa régie tient des liens fructueux avec l’ORF, plaçant son logo dans les jeux tion engagées contre son groupe chienne de Reporters sans frontiè- teur du quotidien libéral Standard, commerciale. Concrètement, télévisés ou les spectacles sportifs, et obtenant des tarifs publicitaires par le FPÖ. Cette trêve politico-judi- res, réunis à Vienne, ont alerté l’opi- Oscar Bronner, cet infléchissement même si les maquettes de News, For- préférentiels. La réforme, qui garantit un minimum de recettes pour ciaire est d’autant plus remarquée nion sur les dangers que fait courir de la ligne éditoriale du groupe Fell- mat et Profil restent différentes, la future chaîne privée hertzienne, a aussi été combattue par le direc- que le tandem News-Mediaprint a à la liberté d’expression ce mélange ner (qui publie aussi l’hebdomadai- leurs couvertures et leur contenu teur de l’ORF, soutenu par l’opposition socialiste. Cette « guerre » conclu une alliance stratégique pernicieux de « berlusconisme sans re généraliste Format et des magazi- s’uniformisent. s’est conclue par un compromis très autrichien : la chancellerie garde avec la télévision publique, l’ORF, Berlusconi », et d’un autoritarisme nes spécialisés TV-Media et la haute main sur une ORF dite « dépolitisée », tandis que les aspects qui négocie en ce moment les condi- à la Metternich. E-Media) est l’une des conséquen- « QUATRIÈME POUVOIR » litigieux du texte ont été gommés. Mais elle dissuade d’éventuels tions de la privatisation du secteur ces les plus flagrantes du mariage Quant aux journalistes, ils déplo- investisseurs – dont RTL2 – de se risquer sur un terrain aussi miné. audiovisuel. Aucun des trois compè- Joëlle Stolz controversé conclu fin mars entre rent à voix basse les retombées ce dernier et Mediaprint, éditeur négatives de ce mariage : «Siun des très populaires quotidiens rédacteur s’engueule avec Fellner, Kurier et Kronen Zeitung, et de l’heb- résume l’un d’eux, il peut toujours domadaire Profil – pionnier, il y a aller écrire dans une revue d’architec- trente ans, du journalisme d’investi- ture. » La Frankfurter Allgemeine gation en Autriche. Zeitung soulignait récemment à Cette fusion assure au conglomé- quel point il serait facile à l’avenir rat News-Mediaprint (ce dernier « de lancer des campagnes pour étant adossé aux capitaux du grou- atteindre la grande majorité des lec- Le naufrage de la télévision publique hongroise VIENNE désormais loin derrière les chaînes de notre correspondante commerciales TV2 et RTL Klub. La La télévision publique hongroise part d’audience de MTV1 est tom- – Magyar Televizio, ou MTV – vit un bée à 12 % ou 13 %, tandis que celle interminable naufrage. Un pénible de sa jumelle thématique et culturel- feuilleton que le gouvernement et le n’atteint pas 2 %. Cette situation les contribuables préféreraient dramatique risque de s’aggraver oublier, mais qui revient régulière- encore avec la libéralisation totale ment à la « une » des journaux de du marché du câble, prévue en 2003, Budapest, ponctué de départs fracas- la réglementation actuelle interdi- sants, de polémiques et de charret- sant aux opérateurs de desservir plus tes de licenciements : plus d’un mil- d’1/6e des foyers du pays. lier en un an. Depuis l’entrée en Comment expliquer cette descen- vigueur de la loi libéralisant le mar- te aux enfers ? « L’opposition se ché audiovisuel, en 1996, MTV aura plaint d’une mauvaise gestion, mais le usé neuf présidents, impuissants à problème est surtout politique », souli- enrayer la baisse régulière de gne Odile Laperre-Verrier, chargée l’audience donc des recettes publici- de l’audiovisuel auprès des services taires, et la perte de confiance d’un culturels de l’ambassade de France à personnel en état de crise chroni- Budapest. Le secteur public reste lar- que. Même après la chute du com- gement prisonnier d’un système de munisme, alors que la Hongrie s’est « curatelles » – très semblable à engagée beaucoup plus résolument celui de l’Autriche, qui s’apprête à le que ses voisins d’Europe de l’Est réformer – permettant aux partis, dans un processus de privatisations sur la base de leur nombre de sièges et d’ouverture libérale du marché, au Parlement, de déléguer des repré- MTV était pourtant restée long- sentants à ce conseil de surveillance temps leader dans un secteur audio- paritaire, qui influence directement visuel en expansion rapide. la nomination des présidents des médias publics. Les petits partis ne MARCHÉ DU CÂBLE veulent pas renoncer à pareille préro- On estime que l’écrasante majori- gative. Or toute modification de la té des foyers hongrois possèdent au loi exige une majorité des deux tiers moins un téléviseur, plus de la moi- au Parlement, d’autant plus difficile tié ayant accès aux programmes par à atteindre au moment où la Hon- câble, et un bon tiers à ceux diffusés grie se prépare pour les législatives. par satellite. Mais les deux chaînes Le président de la Commission euro- publiques MTV1 (hertzienne) et péenne, Romano Prodi, a pourtant MTV2 (câble) – auxquelles il faut incité ce pays, candidat bien placé à ajouter Duna TV, un programme l’adhésion, à mettre de l’ordre dans par satellite lancé en 1992 et destiné ce cafouillis audiovisuel. aux minorités hongroises des pays limitrophes de la Hongrie – sont J. S.

DÉPÊCHES a TÉLÉVISION : la chaîne associative Zaléa TV appelle à « un nou- veau rassemblement », samedi 19 mai, devant les studios de La Plaine- Saint-Denis (Seine-Saint-Denis) où est tournée l’émission de M6 « Loft Story ». Zaléa TV avait mené une première action, samedi 12 mai. a RADIO : le Syndicat interprofessionnel des radios et télévisions indépendantes (SIRTI) a présenté au Conseil supérieur de l’audiovi- suel « une proposition de réorganisation des catégories radiopho- niques ». Il propose « la création d’une large catégorie rassemblant les radios locales, régionales et thématiques indépendantes vis-à-vis des réseaux nationaux ».

À NOS LECTEURS. La quinzième assemblée générale de la Société a des lecteurs (SDL) s’est réunie, samedi 12 mai au CNIT, à La Défen- se. Alain Minc, président de la SDL, a expliqué aux lecteurs le nouveau mécanisme de l’augmentation de capital : un délai de priorité remplace l’ancien droit préférentiel de souscription, afin d’accueillir de nouveaux actionnaires plus représentatifs du lectorat actuel. Cette résolution a été adoptée à une très large majorité (70 610 voix pour ; 3 616 contre). Chris- tiane Deussen a été nommée administratrice de la SDL, les mandats de Francesco Delfini et Michel Demazure ont été renouvelés. 22 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 b FINANCES ET MARCHÉS

EUROPE TABLEAU DE BORD ÉCONOMIE FRANCFORT DAX 30 LONDRES FT100 PARIS CAC 40

6193,92 5962,30 5613,57 née s’élèverait à 2,4 %. Les 4 200 pilotes de la compagnie, 6465 6094 5640 L’inflation a L’activité industrielle est res- AFFAIRES réclament entre 30 et 35 % de 6251 5938 5476 tée étale en avril, après s’être, hausse de salaire, contre 27 % 6037 5782 5313 américaine surprend déjà, stabilisée en mars, indique la INDUSTRIES proposés par la direction. 5824 5626 5150 Banque de France. Les carnets de commande ont continué à se rédui- 5610 5470 4987 agréablement b EON : le groupe allemand b LVMH : le groupe français re en avril, particulièrement dans 5396 5314 4824 négocie actuellement avec le Louis Vuitton Moët Hennessy [[[ [[[ [[[en avril les biens intermédiaires, mais ils français Bouygues l’achat de (LVMH) va nommer Giuseppe 19 F. 2 A. 17 M. 19 F. 2 A. 17 M. 19 F. 2 A. 17 M. sont toujours jugés correctement Saur, le troisième groupe français Brusone, ancien PDG de Giorgio EN AVRIL, les prix à la consomma- garnis dans l’ensemble. Quant aux Indices cours Var. % Var. % de distribution d’eau et filiale à Armani, à la tête de la maison Europe 12 h 30 f se´lection 17/05 16/05 31/12 tion ont enregistré une hausse de stocks, ils restent légèrement supé- 100 % de Bouygues, selon le américaine de prêt-à-porter haut EUROPE EURO STOXX 50 4514,69 1,46 – 5,40 0,3 % aux Etats-Unis, en données rieurs au niveau désiré, sauf dans quotidien allemand Die Welt du de gamme Donna Karan EUROPE STOXX 50 4303,25 1,56 – 5,57 corrigées des variations saisonniè- l’agro-alimentaire où ils apparais- jeudi 17 mai, qui cite des sources International (DKI), a indiqué DKI EUROPE EURO STOXX 324 373,44 1,36 – 4,69 res (CVS), selon des chiffres rendus sent bien adaptés. bancaires. Eon pourrait échanger mercredi. EUROPE STOXX 653 344,10 1,35 – 4,36 publics par le département du Tra- sa participation dans l’activité PARIS CAC 40 5613,57 1,65 – 5,28 vail, mercredi 16 mai. Les économis- a GRANDE-BRETAGNE : le nom- téléphonique Bouygues Télécom. b AUCHAN : la banque Accord, PARIS MIDCAC 2536,45 0,61 2,39 tes interrogés par l’agence Reuters bre de demandeurs d’emploi est filiale du distributeur français PARIS SBF 120 3829,82 1,63 – 4,79 anticipaient une progression de tombé, en avril, à son niveau le b MITSUBISHI MOTORS : le Auchan a annoncé mercredi le PARIS SBF 250 3591,57 1,40 – 4,76 0,4 %. En mars, l’inflation avait pro- plus bas depuis novembre 1975. Le constructeur automobile lancement d’une carte de PARIS SECOND MARCHE´ 2803,83 0,35 – 0,47 gressé de seulement 0,1 %. En nombre de demandeurs d’emploi a japonais en difficulté a annoncé paiement Auchan Pologne dans AMSTERDAM AEX 592,89 1,19 – 7,01 excluant l’alimentation et l’énergie, diminué de 10 200 en avril, a annon- jeudi qu’il déboursera 35 millions un magasin près de Varsovie. Elle BRUXELLES BEL 20 2778,66 – 0,10 – 8,13 les prix de détail ont augmenté de cé l’Office national de la Statisti- de dollars pour le rappel de le sera dans les neuf autres FRANCFORT DAX 30 6193,92 0,74 – 3,73 0,2 % en avril, comme au mois de que. La Grande-Bretagne compte 203 635 camping-cars au Japon et magasins Auchan de Pologne dès LONDRES FTSE 100 5962,30 1,33 – 4,18 mars. Ce niveau d’inflation, plus 975 800 demandeurs d’emplois, 46 000 modèles exportés à cause septembre et touchera environ un MADRID STOCK EXCHANGE 9728,90 1,47 6,80 modéré que prévu, enlève au soit un taux de chômage de 3,2 %. d’un défaut du réservoir d’essence. million de clients. MILAN MIBTEL 30 40091,00 0,68 – 8,30 moins une épine du pied de la a Le salaire moyen en Grande- ZURICH SPI 7649,20 1,07 – 5,98 Réserve fédérale (Fed) qui a baissé Bretagne a progressé de 5,1 % au b SCHNEIDER/LEGRAND: le b FUJITSU ET GENERAL ses taux de 2,5 points depuis le premier trimestre, en rythme Conseil des marchés financiers ELECTRIC : le géant japonais de ´ début de l’année, après avoir procé- annualisé. Les analystes atten- (CMF) a demandé, mercredi l’électronique et le conglomérat AMERIQUES dé à une réduction d’un demi-point daient une progression de 5 %. 16 mai, plus d’informations pour américain General Electric ont mardi. réexaminer l’OPE de Schneider sur annoncé mercredi un accord en NEW YORK Dow Jones NEW YORK Nasdaq EURO / DOLLAR Pour expliquer sa décision, la Fed a a ITALIE : le Trésor maintient sa Legrand. Le CMF, qui avait donné vue d’une alliance dans 11215,92 2166,44 0,882 énuméré les difficultés rencontrées prévision de croissance à 2,5 % son accord au projet de fusion en l’informatique médicale. Les deux 11215 2425 0,933 par les entreprises, telles que les pour 2001, estimant que la hausse janvier dernier, avait été contredit, partenaires limiteront leur offre 10850 2268 0,921 inquiétudes sur les résultats, mais a de 2,3 % du produit intérieur brut le jeudi 3 mai, par la cour d’appel au marché japonais. aussi fait valoir que l’inflation res- au premier trimestre, en rythme 10485 2110 0,909 de Paris, saisie par des tait maîtrisée, dans un contexte où annualisé, est tout à fait cohérente actionnaires minoritaires. 10120 1953 0,897 « les pressions baissent sur les mar- avec sa prévision pour l’ensemble FINANCES 9754 1796 0,885 chés du travail et des biens ». de l’année. b SYNGENTA : le numéro un 9389 1638 0,873 Sur les douze derniers mois, les a L’indice des prix à la consom- b [[[ [[[ [[[ mondial de l’agrochimie a CRÉDIT FONCIER : les 19 F. 30 M. 16 M. 19 F. 30 M. 16 M. 19 F. 2 A. 17 M. prix de détail ont augmenté de mation en Italie a augmenté de attaqué son rival allemand Bayer représentants de 3,3 %, en données non corrigées 3,1 % sur un an en avril et de 0,4 % en justice sur les brevets l’intersyndicale ont quitté Indices cours Var. % Var. % des variations saisonnières, et de sur un mois en données provisoi- Ame´rique 9h57 f se´lection 16/05 15/05 31/12 américains d’un insecticide, a l’assemblée générale qui se tenait 2,6 % hors alimentation et énergie. res, a confirmé mercredi l’Institut E´TATS-UNIS DOW JONES 11215,92 3,15 3,98 indiqué Syngenta, jeudi. mercredi 16 mai, pour « révéler Ces chiffres restent néanmoins national de la statistique ISTAT. Il E´TATS-UNIS S&P 500 1284,99 2,84 – 2,67 L’insecticide appelé l’absence de négociations salariales supérieurs au seuil de 2 % jugé s’agit de la hausse la plus forte E´TATS-UNIS NASDAQ COMPOSITE 2166,44 3,88 – 12,31 Thiaméthoxam a été « inventé par normales et le manque de synergie idéal au sein de la Fed. depuis août 1996. L’indice harmoni- TORONTO TSE INDEX 8146,02 1,30 – 8,82 a des scientifiques de Syngenta et entre le Crédit-Foncier et les caisses SAO PAULO BOVESPA 14714,25 .... – 3,57 Le nombre de mises en chan- sé a augmenté de 0,4 % sur le mois breveté par Syngenta aux d’épargne ». L’intersyndicale MEXICO BOLSA 335,30 1,06 6,11 tier aux Etats-Unis a progressé de en avril et de 3,0 % sur un an, sa Etats-Unis », estime le Suisse. estime que les salariés ont « perdu BUENOS AIRES MERVAL 429,72 2,55 3,11 1,5 % en avril, soit un rythme plus forte progression depuis octo- 3,5 % de pouvoir d’achat sur les SANTIAGO IPSA GENERAL 106,03 – 0,05 10,45 annuel, corrigé des variations sai- bre 1996. La hausse des prix à la b EADS : environ deux cents dernières années ». CARACAS CAPITAL GENERAL 7718,46 0,67 13,09 sonnières, de 1,609 million d’uni- consommation est surtout imputa- salariés du groupe européen tés, a annoncé le département du ble à l’augmentation des prix de l’al- d’aéronautique et de défense commerce. En mars, le nombre de cool et du tabac (+ 2,8% en avril), ont manifesté, mercredi, à RÉSULTATS ASIE - PACIFIQUE mises en chantier avait diminué de suivis par les hôtels et restaurants Vélizy-Villacoublay (Yvelines) 2,3 %, un chiffre révisé en baisse (+ 0,7%). devant le siège de Matra pour a HEWLETT-PACKARD : le grou- TOKYO Nikkei HONGKONG Hang Seng EURO / YEN sur la première estimation de a protester contre les « diverses pe informatique américain a vu 13910,67 13637,87 108,76 -1,3 %. Les permis de construire OPEP : l’augmentation de la suppressions d’emplois dans son bénéfice net reculer de 66 % délivrés en avril ont baissé de 2,5 %, production pétrolière des pays 14529 15527 112,8 l’ensemble du groupe EADS ». En à 319 millions de dollars au deuxiè- à 1,587 million d’unités, après une non membres de l’OPEP devrait mars, EADS a indiqué qu’il me trimestre (clos fin avril) de 13987 14834 111,2 baisse de 2,2 %, à 1,627 million conduire à une baisse des prix au amputerait ses effectifs de l’exercice 2000-2001, en raison des 13445 14141 109,7 d’unités en mars. deuxième trimestre de 2002, estime 3 000 personnes d’ici fin 2002. faibles dépenses informatiques 12903 13449 108,1 le secrétaire général de l’Organisa- aux Etats-Unis et en Europe et de 12361 12756 106,6 a FRANCE : les chefs d’entrepri- tion des pays producteurs de pétro- problèmes internes. Il anticipe un 11819 12063 105,1 ses prévoient pour les prochains le (OPEP), Ali Rodriguez, dans un SERVICES nouveau recul de ses ventes sur le [[[ [[[ [[[mois une faible augmentation de entretien à l’agence Reuters. Cette trimestre en cours. 19 F. 30 M. 17 M. 19 F. 30 M. 17 M. 19 F. 2 A. 17 M. l’activité dans l’ensemble des sec- menace pourrait pousser le cartel à b LUFTHANSA : la grève de Indices cours Var. % Var. % teurs, selon l’enquête de conjonctu- modifier sa stratégie, qui repose 24 heures entamée à minuit par a KLM : la compagnie aérienne Zone Asie 9h57 f se´lection 17/05 16/05 31/12 re d’avril publiée mercredi par la depuis plus d’un an sur la réduction les pilotes de la compagnie néerlandaise KLM a annoncé un TOKYO NIKKEI 225 13910,67 1,58 0,91 Banque de France. Selon l’indica- de sa production pour maintenir le allemande provoquait de bénéfice, net hors éléments excep- HONGKONG HANG SENG 13637,87 2,26 – 9,66 teur synthétique, le produit inté- prix du baril autour de 25 dollars. sérieuses perturbations, jeudi en tionnels, de 77 millions d’euros SINGAPOUR STRAITS TIMES 1689,26 1,96 – 12,33 rieur brut progresserait de 0,7 % au M. Rodriguez n’a pas exclu d’aug- début de matinée, avec plus de pour son exercice 2000-2001 (clos SE´OUL COMPOSITE INDEX 74,72 4,56 17,95 premier trimestre, puis de 0,5 % au menter les volumes de l’OPEP plu- deux cents vols annulés en fin mars), multiplié par 25 par rap- SYDNEY ALL ORDINARIES 3344,80 0,84 6,03 deuxième trimestre, pour lequel tôt que de soutenir les prix. L’OPEP Allemagne. Le précédent port à l’exercice précédent. Le chif- BANGKOK SET 20,57 1,08 10,41 l’évaluation est révisée en baisse de détient 40 % du marché mondial du mouvement avait entraîné la fre d’affaires du groupe s’est élevé BOMBAY SENSITIVE INDEX 3665,74 2,05 – 7,71 0,1 point. A la fin du premier semes- pétrole, dont le volume global s’élè- suppression de 900 vols sur 1 100. à 6,96 milliards d’euros (+ 10,6 %). WELLINGTON NZSE-40 2084,47 0,54 9,61 tre, l’acquis de croissance pour l’an- ve à 77 millions de barils par jour.

VALEUR DU JOUR SUR LES MARCHÉS Taux de change fixe zone Euro Hors zone Euro Euro contre f Taux contre franc f Taux Euro contre f 16/05 FRANC ...... 6,55957 EURO ...... 0,15245 COURONNE DANOISE. 7,4621 Action Montedison PARIS NEW YORK DEUTSCHEMARK ...... 1,95583 DEUTSCHEMARK ...... 3,35385 COUR. NORVE´GIENNE 8,0335 EDF s’invite LIRE ITALIENNE (1000) . 1,93627 LIRE ITAL. (1000) ...... 3,38774 COUR. SUE´DOISE ...... 9,0712 en euro à Milan LA BOURSE de Paris se mainte- LES MARCHÉS américains ont PESETA ESPAG. (100) .... 1,66386 PESETA ESPAG. (100) .... 3,94238 COURONNE TCHE`QUE 34,3500 ESCUDO PORT. (100).... 2,00482 ESCUDO PORT. (100) .... 3,27190 DOLLAR AUSTRALIEN . 1,6922 chez Montedison 3,60 3,14 nait au-dessus des 5 600 points, terminé la séance, mercredi 16 mai SCHILLING AUTR. (10) . 1,37603 SCHILLING AUTR. (10).. 4,76703 DOLLAR CANADIEN .... 1,3666 le 17 mai jeudi 17 mai en milieu de journée, en nette hausse, enthousiasmés PUNT IRLANDAISE...... 0,78756 PUNT IRLANDAISE...... 8,32894 DOLLAR HONGKONG . 6,8904 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,20371 FLORIN NE´ERLANDAIS 2,97660 DOLLAR NE´O-ZE´LAND 2,1062 POUR la deuxième séance consécu- 3,40 après avoir dépassé ce seuil dès par la publication de l’indice des FRANC BELGE (10) ...... 4,03399 FRANC BELGE (10) ...... 1,62607 FORINT HONGROIS ....258,4600 tive, le titre du conglomérat italien l’ouverture, au lendemain d’une prix à la consommation, en modes- MARKKA FINLAND...... 5,94573 MARKKA FINLAND...... 1,10324 LEU ROUMAIN...... 25185 Montedison (énergie, agroalimen- 3,20 envolée des marchés financiers te hausse, qui n’empêchera pas la DRACHME GREC. (100). 3,40750 DRACHME CREC. (100). 1,92503 ZLOTY POLONAIS ...... 3,5188 taire, chimie et assurance) a cédé américains. L’indice CAC 40 Reserve fédérale américaine 3,00 du terrain, mercredi 16 mai à la gagnait ainsi 1,48 %, à d’abaisser une nouvelle fois ses Coursdechangecroise´s Bourse de Milan. Au terme des 5 604,47 points. taux d’intérêt. Le Dow Jones, prin- 2,80 Cours Cours Cours Cours Cours Cours transactions, l’action affichait un cipal indicateur de Wall Street, a 17/05 12 h 30 f DOLLAR YEN(100) EURO FRANC LIVRE FR. S. recul de 4,30 %, à 314 euros. L’an- bondi de 3,15 %, à DOLLAR ...... 0,81179 0,88235 0,13453 1,43075 0,57585 2,60 FRANCFORT nonce, par la Consob, gendarme 11 215,92 points, soit son plus haut YEN ...... 123,18500 ..... 108,76500 16,58000 176,27000 70,98500 de la Bouse italienne, de l’acquisi- LES ACTIONS de la Bourse de niveau depuis le 12 septembre. EURO...... 1,13334 0,91941 ..... 0,15245 1,62090 0,65285 2,40 FRANC...... 7,43340 6,03175 6,55957 ..... 10,63535 4,28250 tion de 3,97 % du capital par EDF – Francfort, qui avaient ouvert en Avec un gain de 342,95 points, le LIVRE ...... 0,69893 0,56730 0,61695 0,09400 ..... 0,40270 réalisée le 4 mai – n’a eu aucune 2,20 légère progression, jeudi, ont accé- Dow Jones a retrouvé son niveau FRANC SUISSE ...... 1,73655 1,40875 1,53220 0,23365 2,48460 ..... influence sur le titre, celle-ci ayant léré leur mouvement de hausse de la mi-septembre, grâce à la pro- été faite après la clôture. Cette 2,00 une heure après le début de la séan- gression de 29 de ses 30 valeurs. Taux d’inte´reˆt(%) Matif entrée dans le capital de l’entrepri- NDJ F MA M ce, mais elle n’ont pas réussi à se L’indice composite de la Bourse se italienne se fait à un moment où 2000 2001 maintenir à si haut niveau. L’indice électronique Nasdaq s’est envolé Taux Taux Taux Taux Volume dernier premier Taux 16/05 f j. j. 3 mois 10 ans 30 ans Cours 12 h 30 f 17/05 prix prix la banque d’affaires Mediobanca et Source : Bloomberg de référence DAX qui avait pris de 3,88 %, à 2 166,41 points. FRANCE ...... 4,57 4,48 5,23 5,79 Notionnel 5,5 ses alliés ainsi que l’entrepreneur 0,30 % à l’ouverture, a progressé ALLEMAGNE .. 4,53 4,56 5,09 5,69 DE´CEMBRE 2001 34990,00 87,89 87,93 franco-polonais Romain Zaleski, financière minoritaire dans Montedi- ensuite de 0,90 %, et gagnait TAUX GDE-BRETAG. 5,63 5,14 5,06 4,77 Euribor 3 mois qui détient la société Carlo Tassa- son » dans le cadre d’une stratégie 0,66 % à la mi-séance, à ITALIE...... 4,53 4,50 5,42 6,09 JANVIER 2001 .... NC NC NC JAPON ...... 0,05 0,41 1,25 2,22 ra, se livrent une bataille pour le fondée sur des prises de participa- 6 189,16 points. La veille, l’indice LES TAUX d’intérêt à long terme E´TATS-UNIS... 4,06 3,59 5,49 5,88 contrôle du géant transalpin. tions dans le secteur de l’énergie avait clôturé à 6 148,44 points. dans la zone euro se détendaient, SUISSE ...... 3,05 3,03 3,46 4,21 Pe´trole Depuis la fin du mois de février, en Europe. jeudi 17 mai, en début de séance, PAYS-BAS...... 4,48 4,50 5,25 5,74 date du début des hostilités, l’ac- « A ce jour, il n’y a aucune volonté Cours Var. % LONDRES dans le sillage du marché obligatai- En dollars f 16/05 15/05 tion a progressé de près de 30 %. d’EDF d’aller plus loin », estimait re américain, la veille. Le taux de Matie`res premie`res BRENT (LONDRES) ...... 28,36 .... Pour Enrico Letta, ministre italien mercredi soir un porte-parole de LA BOURSE de Londres s’appré- rendement de l’obligation à WTI (NEW YORK) ...... 0,29 – 0,41 Cours Var. % LIGHT SWEET CRUDE.... 28,78 + 0,14 de l’industrie, cette prise de partici- l’électricien cité par Reuters, ajou- ciait nettement, jeudi à la mi-jour- dix ans du Trésor français reculait En dollars f 16/05 15/05 pation est « très préoccupante ». tant que « dans le Traité de Rome, il née, l’indice Footsie des cent princi- à 5,21 %. ME´TAUX (LONDRES) $/TONNE Dans un communiqué, il a estimé n’y [avait] rien qui interdise l’entrée pales valeurs progressant de CUIVRE 3 MOIS...... 1674 – 0,12 Or qu’elle pourrait être une tentative d’une entreprise publique dans le 78,9 points, à 5 962,9 points, soit ALUMINIUM 3 MOIS...... 1523,50 – 0,03 MONNAIES PLOMB 3 MOIS ...... 475 .... de « contourner les législations ita- capital d’une entreprise privée ». un gain de 1,34 %. Cours Var % ETAIN 3 MOIS...... 5000 – 0,10 En euros f 16/05 15/05 liennes et européennes en matière La réaction du ministre italien L’EURO se maintenait au-dessus ZINC 3 MOIS...... 957 – 0,10 NICKEL 3 MOIS...... 7395 – 0,20 OR FIN KILO BARRE ...... 9780 .... de concurrence ». Dans la foulée, manifeste l’hostilité des pays euro- de 0,88 dollar jeudi matin, profi- OR FIN LINGOT...... 9810 – 0,41 TOKYO ME´TAUX (NEW YORK) $/ONCE la confédération patronale italien- péens face à l’expansion internatio- tant de l’anticipation par les opéra- ONCE D’OR (LO) $ ...... 266,40 .... ARGENT A TERME ...... 4,38 + 1,27 ` ne Confindustria, s’est dite alar- nale d’EDF : il y a une semaine, L’INDICE vedette de la Bourse de teurs d’une future baisse des taux PIECE FRANCE 20 F ...... 55,90 .... PLATINE A TERME ...... 158354,50 .... PIE`CE SUISSE 20 F ...... 56 .... mée par l’entrée d’EDF dans le Madrid gelait les droits de vote des Tokyo a clôturé sur un rebond de aux Etats-Unis, tandis que le yen GRAINES DENRE´ES $/BOISSEAU PIE`CE UNION LAT. 20 .... 56 .... capital de Montedison, la considé- groupes étrangers dans Hidrocan- 1,6 %, jeudi, dans le sillage d’une gagnait du terrain dans le sillage BLE´ (CHICAGO)...... 269,50 .... PIE`CE 10 DOLLARS US ... 185,75 .... MAIS (CHICAGO) ...... 195,50 .... PIE`CE 20 DOLLARS US ... 361,25 .... rant comme « une forme de concen- tabrico, notamment pour l’alle- forte hausse de Wall Street. L’in- d’une reprise de la Bourse de SOJA TOURTEAU (CHG.) 162,80 .... PIE`CE 50 PESOS MEX. .... 365 – 1,08 tration excessive ». mand EnBW, détenu à 25 % par dice de référence Nikkei a repris Tokyo. L’euro s’échangeait à SOFTS $/TONNE De son côté, EDF a indiqué avoir EDF (Le Monde du 10 mai). 216,40 points, à 13 910,67 points, 0,8855 dollar. Contre le yen, il se CACAO (NEW YORK) ...... 1041 – 3,07 Cotations, graphiques et indices en temps tiré profit d’une opportunité pour après avoir perdu plus de négociait 109,17 yens. Le dollar se CAFE´ (LONDRES) ...... SUCRE BL. (LONDRES)...... re´elsurlesiteWebdu«Monde». prendre « une simple participation François Bostnavaron 350 points, soit 2,6 % la veille. traitait à 123,26 yens. www.lemonde.fr/bourse b LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 23

STOXX 653 sur 1 an sur 5 jours EURO STOXX50 sur 1an sur 5 jours VALEURS EUROPE´ENNES 344,10 4514,69 404 5426 383 5119 344,10 4514,69 339,11 362 338,95 4813 4452,91

342 341 4507 4438,51 4478,98 321 335,58 4201 4426,97 300 3894 [[[[[[[[ [[[[[[[[ 17 MAI 13 NOV. 17 MAI VLMMJ 17 MAI 13 NOV. 17 MAI VLMMJ

RICHEMONT UNITS CH 2893,21 + 1,07 SINGULUS TECHNO DE e 25,49 + 2,37 CC CARREFOUR ES e 15,85 + 0,96 ROY.PHILIPS ELE NL e 36,30 + 3,01 ALIMENTATION ET BOISSON SKF -B- SE 19,68 + 3,78 CHARLES VOEGELE CH 140,91 + 0,23 RYANAIR HLDGS IE 12,15 – 0,41 ALLIED DOMECQ GB 6,73 – 0,48 SMITHS GROUP GB 13,55 – 0,12 CONTINENTE ES e 19,02 .... SAIRGROUP N CH 85,46 + 1,16 ASSOCIAT BRIT F GB 6,86 + 0,95 SOPHUS BEREND - DK 28,54 .... D’IETEREN SA BE e 188 + 1,02 SAS DANMARK A/S DK 11,93 + 2,30 BBAG OE BRAU-BE AT e 43,40 .... SPIRENT GB 5,20 + 2,88 DEBENHAMS GB 7,56 + 1,30 SEB FR e 59,50 + 0,25 BRAU-UNION AT e 42,16 + 0,38 T.I.GROUP PLC GB 6,56 .... DIXONS GROUP GB 3,97 + 2,93 SODEXHO ALLIANC FR e 53,60 – 4,54 CADBURY SCHWEPP GB 7,22 – 1,76 TECAN GROUP N CH 1050,30 .... GAL LAFAYETTE FR e 205,50 + 1,23 TELE PIZZA ES e 2,66 – 0,75 CARLSBERG -B- DK 51,59 .... TPI ES e 5,99 + 2,39 GEHE AG DE e 44,60 – 0,89 THE SWATCH GRP CH 1322,33 + 2,37 CARLSBERG AS -A DK 48,51 + 1,30 THALES FR e 47,38 – 0,25 GREAT UNIV STOR GB 9,51 + 2,08 THE SWATCH GRP CH 274,97 + 1,08 COCA COLA HBC GR 15,56 + 0,91 TOMRA SYSTEMS NO 20,29 .... GUCCI GROUP NL e 98,50 – 1,01 THOMSON MULTIME PA 49,10 + 3,15 DANISCO DK 39,40 + 0,34 TRAFFICMASTER GB 5,18 + 2,88 HENNES & MAURIT SE 19,73 + 0,56 J D WETHERSPOON GB 6,02 – 0,27 DANONE FR e 146,10 – 0,27 UNAXIS HLDG N CH 207,45 + 1,27 KARSTADT QUELLE DE e 35,30 + 0,71 WILSON BOWDEN GB 12,76 – 1 HOLDINGS GR 8,60 + 0,23 VA TECHNOLOGIE AT e 38 + 2,40 KINGFISHER GB 7,02 + 2,84 WM-DATA -B- SE 4,86 + 2,08 DIAGEO GB 12,53 – 2,02 VEDIOR NV NL e 13,35 – 2,91 MARKS & SPENCER GB 4,44 + 2,61 WOLFORD AG AT e 17,15 + 3,69 ELAIS OLEAGINOU GR 22,32 + 0,36 VESTAS WIND SYS DK 53,20 + 0,51 MATALAN GB 7,48 + 1,76 WW/WW UK UNITS IR e 1,17 – 2,50 ERID.BEGH.SAY FR e 96,45 + 1,74 VINCI FR e 71,60 + 1,20 METRO DE e 46,25 + 1,65 f DJ E STOXX CYC GO P 149,26 + 1,85 HEINEKEN HOLD.N NL e 43,30 .... VIVENDI ENVIRON FR e 51,20 + 1,29 NEXT PLC GB 15,70 + 1,25 HELLENIC SUGAR GR 11,10 + 1,46 VOLVO -A- SE 18,19 + 3,13 PINAULT PRINT. FR e 203,10 + 1,55 LAPORTE GB 11,21 .... KAMPS DE e 10,40 + 1,46 VOLVO -B- SE 18,85 + 3,95 SIGNET GROUP GB 1,21 + 2,74 Code Cours % Var. CH 684,32 + KERRY GRP-A- GB 20,54 + 0,16 f DJ E STOXX IND GO P 467,43 + 1,45 VALORA HLDG N CH 208,75 + 1,59 17/05 12 h 41 f LONZA GRP N 0,87 pays en euros 16/05 NORSK HYDRO NO 46,62 .... PHARMACIE KONINKLIJKE NUM NL e 46,80 + 0,97 VENDEX KBB NV NL e 15,65 – 0,32 e e W.H SMITH GB 7,90 + 0,62 RHODIA FR 13,85 + 2,59 ACTELION N CH 152 + 1,08 MONTEDISON IT 3,34 + 6,37 e ASSURANCES WOLSELEY PLC GB 8,33 + 2,79 AUTOMOBILE SOLVAY BE 54,10 – 0,09 ALTANA AG DE e 147 + 0,89 NESTLE N CH 2402,64 + 0,35 e f DJ E STOXX RETL P 347,86 + 1,70 AUTOLIV SDR SE 21,88 + 2,85 SYNGENTA N CH 58,78 + 0,17 ASTRAZENECA GB 54,63 + 1,59 PARMALAT IT 1,68 + 0,60 AEGIS GROUP GB 2,07 + 0,79 e e + BASF AG BE e 49 + 0,41 TESSENDERLO CHE BE 30,45 + 0,69 AVENTIS FR e 87,30 + 1,16 PERNOD RICARD FR 76,50 0,53 AEGON NV NL e 35,15 + 1,97 e + BMW DE e 41 + 1,99 f DJ E STOXX CHEM P 390,09 + 0,37 BB BIOTECH CH 867,64 + 2,31 RAISIO GRP -V- FI 1,51 1,34 AGF FR e 68,70 + 1,78 + HAUTE TECHNOLOGIE CONTINENTAL AG DE e 16,35 .... CELLTECH GROUP GB 19,05 + 2,61 SCOTT & NEWCAST GB 7,99 1,02 ALLEANZA ASS IT e 12,04 + 1,35 + DAIMLERCHRYSLER DE e 57,05 + 1,24 ´ ELAN CORP IE 37,55 .... SOUTH AFRICAN B GB 7,83 1,04 ALLIANZ N DE e 320 – 0,31 AIXTRON DE e 94,57 + 2,79 FIAT IT e 26,91 + 0,30 CONGLOMERATS ESSILOR INTL FR e 342,20 – 0,23 TATE & LYLE GB 4,04 – 0,79 ASR VERZEKERING NL e 81,10 .... ALCATEL-A- FR e 36,33 + 1,76 TOMKINS GB 3 – e FIAT PRIV. IT e 16,47 – 0,06 D’IETEREN SA BE e 188 + 1,02 FRESENIUS MED C DE e 80,80 + 1,25 1,06 AXA FR 34,95 + 3,10 ALTEC SA REG. GR 6,24 + 0,65 UNILEVER NL e 65,90 + MICHELIN FR e 40,17 + 2,47 AZEO FR e 71,95 .... GAMBRO -A- SE 8,16 + 2,07 3,62 BALOISE HLDG N CH 1173,59 – 0,06 ARM HOLDINGS GB 6,06 + 8,07 UNILEVER GB 8,78 – 0,91 PEUGEOT FR e 335 + 3,40 GBL BE e 300,10 .... GLAXOSMITHKLINE GB 31,54 – 0,10 BRITANNIC GB 15,34 + 0,53 ARC INTERNATION GB 1,50 + 5,68 UNIQ GB 3,31 e PIRELLI SPA IT e 3,72 + 0,54 GEVAERT BE e 37,60 + 0,27 H. LUNDBECK DK 27,29 ...... CGNU GB 15,15 + 2,07 ASM LITHOGRAPHY NL 29,09 + 6,17 WHITBREAD GB 10,12 e e DR ING PORSCHE DE e 366 + 0,83 INCHCAPE GB 7,23 + 7,43 NOVARTIS N CH 46,77 + 0,35 .... CNP ASSURANCES FR 34,80 + 4,82 BAAN COMPANY NL 2,65 .... f 247,65 + 0,27 e RENAULT FR e 58,30 – 3,80 KVAERNER -A- NO 8,90 .... NOVO-NORDISK -B DK 215,76 .... DJ E STOXX F & BV P CORP MAPFRE R ES 23,78 + 0,13 BALTIMORE TECH GB 1,13 + 6,06 VALEO FR e 52,10 + 4,20 MYTILINEOS GR 7,96 + 1,02 NYCOMED AMERSHA GB 8,83 + 0,55 ERGO VERSICHERU DE e 163,50 + 1,55 SPIRENT GB 17,36 .... VOLKSWAGEN DE e 59 + 0,17 UNAXIS HLDG N CH 207,45 + 1,27 ORION B FI e 19,55 – 1,26 ETHNIKI GEN INS GR 11,70 + 0,86 BAE SYSTEMS GB 5,62 – 0,57 e f DJ E STOXX AUTO P 253,34 + 0,90 ORKLA NO 19,92 .... OXFORD GLYCOSCI GB 16,74 + 5,60 BIENS D’E´QUIPEMENT EULER FR e 53,80 – 0,37 BROKAT DE 10 – 1,86 SONAE SGPS PT e 1,04 .... PHONAK HLDG N CH 3803,25 + 0,87 CODAN DK 89,79 – 1,47 BULL FR e 2,77 + 2,21 f DJ E STOXX CONG P 329,98 .... QIAGEN NV NL e 30,29 + 1,03 ABB N CH 83,50 .... FORTIS (B) BE e 28,84 + 1,41 BUSINESS OBJECT FR e 38,77 + 4,78 BANQUES ROCHE HLDG CH 104,54 + 1,75 ADECCO N CH 696,72 .... GENERALI ASS IT e 34,30 – 0,44 CAP GEMINI FR e 139,20 + 3,88 ROCHE HOLDING G CH 8350,19 .... AEROPORTIDIRO IT e 9,14 .... GENERALI HLD VI AT e 192 .... COMPTEL FI e 12,05 + 2,12 ABBEY NATIONAL GB 20,54 – 0,24 ´ ´ SANOFI SYNTHELA FR e 71,20 – 0,21 AGGREKO GB 7,75 – 0,41 INDEPENDENT INS GB 2,10 – 1,52 DASSAULT SYST. FR e 53 + 1,44 ABN AMRO HOLDIN NL e 21,76 + 0,28 TELECOMMUNICATIONS SCHERING AG DE e 60,90 + 2,53 ALSTOM FR e 33,25 + 3,58 INTERAM HELLEN GR 15 + 1,21 DIALOG SEMICOND GB 88,81 .... ALL & LEICS GB 12,82 + 1,15 ATLANTIC TELECO GB 0,47 + 7,41 SERONO -B- CH 1086,18 + 1,03 ALTRAN TECHNO FR e 70,50 + 3,37 IRISH LIFE & PE GB 12,85 – 1,73 ERICSSON -B- SE 7,11 + 3,20 ALLIED IRISH BA GB 20,83 + 0,62 BRITISH TELECOM GB 8,70 + 2,86 SHIRE PHARMA GR GB 17,99 + 1,18 ALUSUISSE GRP N CH 821,97 .... FONDIARIA ASS IT e 6,22 + 1,47 F-SECURE FI e 1,25 + 2,46 ALPHA BANK GR 29,78 – 0,40 CABLE & WIRELES GB 7,83 + 3,19 SMITH & NEPHEW GB 5,26 .... ASSA ABLOY-B- SE 17,97 + 0,62 LEGAL & GENERAL GB 2,57 + 1,27 FILTRONIC GB 4,13 + 1,19 B.P.SONDRIO IT e 11,40 .... COLT TELECOM NE GB 14,23 + 5,89 SSL INTL GB 8,70 + 0,37 ASSOC BR PORTS GB 6,73 + 0,24 MEDIOLANUM IT e 13,37 + 1,29 FINMATICA IT e 22,76 + 1,97 B.P.VERONA E S. IT e 11,72 + 1,03 DEUTSCHE TELEKO DE e 26,50 + 2,51 SULZER AG 100N CH 660,19 + 0,30 ATLAS COPCO -A- SE 24,31 + 3,52 MUENCH RUECKVER DE e 311,50 + 0,16 GETRONICS NL e 5,80 + 2,29 BA HOLDING AG AT e 62 .... E.BISCOM IT e 89 + 0,56 SYNTHES-STRATEC CH 695,41 + 3 ATLAS COPCO -B- SE 23,37 + 2,17 POHJOLA GRP.B FI e 23,70 + 2,20 GN GREAT NORDIC DK 14,67 + 6,31 BANK OF IRELAND GB 18,33 + 3,18 EIRCOM IR e 1,13 – 0,88 UCB BE e 34,80 – 1,75 ATTICA ENTR SA GR 8,14 + 0,99 PRUDENTIAL GB 13,19 + 2,12 INFINEON TECHNO DE e 46,10 + 5,25 BANK OF PIRAEUS GR 13,86 + 0,29 ELISA COMMUNICA IE 21,05 + 2,93 WILLIAM DEMANT DK 39,87 + 0,51 BAA GB 9,83 + 0,33 RAS IT e 15,23 + 1,74 INFOGRAMES ENTE FR e 23 + 2,40 BANKINTER R ES e 42,89 + 1,28 ENERGIS GB 4,51 + 2,57 WS ATKINS GB 12,59 .... BBA GROUP PLC GB 4,83 – 1,64 ROYAL SUN ALLIA GB 7,54 + 1,74 INTRACOM R GR 19,88 + 1,64 BARCLAYS PLC GB 35,10 + 0,88 EQUANT NV DE e 32,50 + 2,52 ZELTIA ES e 12,62 + 1,94 BOOKHAM TECHNOL GB 5,62 + 0,87 SAI IT e 16,33 + 0,12 KEWILL SYSTEMS GB 2,08 .... BAYR.HYPO-U.VER DE e 61,30 – 0,33 EUROPOLITAN HLD SE 8,27 + 1,35 NOVOZYMES -B- DK 24,52 + 1,10 BTG GB 21,80 – 0,22 SAMPO -A- FI e 10,31 + 0,59 LOGICA GB 14,55 + 3,80 BBVA R ES e 16,34 + 1,74 FRANCE TELECOM FR e 72,40 + 3,43 GALEN HOLDINGS GB 14,50 + 0,34 CIR IT e 1,78 + 3,49 SWISS RE N CH 2300,87 + 0,48 LOGITECH INTL N CH 328,79 + 3,38 BCA AG.MANTOVAN IT e 10,20 + 0,10 HELLENIC TELE ( GR 15,58 + 1,70 f DJ E STOXX HEAL 561,90 + 0,94 CAPITA GRP GB 8,20 – 2,68 SCOR FR e 49,74 + 0,18 MARCONI GB 6,15 – 1,04 BCA FIDEURAM IT e 13,28 + 1,37 HELS.TELEPH E FI e 102,60 .... SKANDIA INSURAN SE 12,84 + 2,19 NOKIA FI e 36,78 + 5,09 INTESABCI IT e 4,35 – 0,46 KINGSTON COM GB 1,94 – 0,83 (Publicite´) ST JAMES’S PLAC GB 6,67 – 0,72 OCE NL e 14,15 + 0,35 BCA LOMBARDA IT e 10,02 + 0,40 KONINKLIJKE KPN NL e 13,10 + 4,22 STOREBRAND NO 6,78 .... OLIVETTI IT e 2,39 + 1,27 BCA P.BERG.-C.V IT e 20,95 – 0,10 KPNQWEST NV -C- NL e 13,62 + 6,91 SWISS LIFE REG CH 803,71 + 0,98 PSION GB 2,39 + 8,03 BCA P.MILANO IT e 5,18 – 0,96 LIBERTEL NV NL e 11,75 + 0,86 TOPDANMARK DK 30,82 + 4,31 SAGE GRP GB 4,47 + 4,92 B.P.EMILIA ROMA IT e 37,35 .... MANNESMANN N DE e 130 + 1,96 ZURICH FINL SVC CH 416,20 + 0,79 SAGEM FR e 87,55 + 0,63 B.P.NOVARA IT e 8 + 2,30 MOBILCOM DE e 20,84 – 0,48 f DJ E STOXX INSU P 394,39 + 0,73 SAP AG DE e 170,20 + 4,29 B.P.LODI IT e 11,65 .... PANAFON HELLENI GR 6,96 + 2,35 SAP VZ DE e 171,80 + 4,18 BCA ROMA IT e 1,14 + 0,88 PT TELECOM SGPS PT e 10,91 + 0,55 SEMA GB 9,01 .... BCO POPULAR ESP ES e 39,60 + 0,84 SONERA FI e 10,59 + 2,72 MEDIAS SEZ HLDG N CH 703,24 + 3,16 BCP R PT e 4,91 + 0,20 N CH 288,99 + 3,87 SIEMENS AG N DE e 86,90 + 3,45 BIPOP CARIRE IT e 4,95 + 0,41 T.I.M. IT e 7,65 + 1,32 BSKYBGROUP GB 12,45 + 0,52 MB SOFTWARE DE e 3,70 .... BK OF SCOTLAND GB 13,18 + 1,12 TELE 1 EUROPE SE 3,63 + 5,11 CANAL PLUS FR e 3,80 – 0,26 SPIRENT GB 5,20 + 2,88 BNL IT e 3,83 + 0,52 TDC -B- DK 44,89 + 7,89 CAPITAL RADIO GB 11,79 + 5,04 STMICROELEC SIC FR e 45,46 + 4,53 BNP PARIBAS FR e 104 + 0,97 TELE2 -B- SE 45,64 + 2,35 CAPITAL SHOPPIN GB 6,22 .... TECNOST IT e 2,83 .... BSCH R ES e 11,33 + 1,61 TELECEL PT e 11,80 + 0,25 CARLTON COMMUNI GB 6,07 – 1,57 THINK TOOLS CH 35,55 + 9 CHRISTIANIA BK NO 6,07 .... TELECOM ITALIA IT e 11,90 + 0,85 DLY MAIL & GEN GB 12,80 + 0,51 THUS GB 0,98 + 3,39 COMIT IT e 6,16 .... TELECOM ITALIA IT e 6,62 + 0,76 ELSEVIER NL e 14,80 + 0,95 TIETOENATOR FI e 34,25 + 1,24 COMM.BANK OF GR GR 51,68 + 2,74 TELIA SE 6,78 + 2,50 EMAP PLC GB 12,63 – 0,26 f DJ E STOXX TECH P 665,80 + 3,62 COMMERZBANK DE e 32,40 + 0,47 TISCALI IT e 14,72 – 0,07 FOX KIDS EUROPE NL e 8,50 .... CREDIT LYONNAIS FR e 42,88 + 0,07 VERSATEL TELECO NL e 5,55 + 5,92 FUTURE NETWORK GB 1,32 + 1,23 DANSKE BANK DK 18,69 + 2,20 VODAFONE GROUP GB 3,25 + 2,55 GRANADA GB 2,66 + 3,12 SERVICES COLLECTIFS DEUTSCHE BANK N DE e 92,90 + 1,63 f DJ E STOXX TCOM P 629,94 + 1,81 GRUPPO L’ESPRES IT e 5,41 + 3,05 DEXIA BE e 183,80 + 1,21 GWR GROUP GB 6,85 – 1,40 ACEA IT e 10,05 + 2,55 DNB HOLDING -A- NO 5,34 .... HAVAS ADVERTISI FR e 14,90 + 2,97 AEM IT e 2,74 + 2,24 DRESDNER BANK N DE e 50,60 .... CONSTRUCTION INDP NEWS AND M IR e 2,40 – 2,44 ANGLIAN WATER GB 9,75 .... EFG EUROBK ERGA GR 16,56 + 0,36 INFORMA GROUP GB 7,91 .... BRITISH ENERGY GB 4,65 – 3,68 ACCIONA ES e 40,37 + 0,98 ERSTE BANK AT e 58,70 + 1,52 LAGARDERE SCA N FR e 65,30 + 2,43 CENTRICA GB 3,88 .... ACS ES e 30,34 + 1,30 ESPIRITO SANTO PT e 14,70 .... LAMBRAKIS PRESS GR 11,26 + 0,54 EDISON IT e 11,39 + 2,24 AGGREGATE IND GB 1,34 .... FOERENINGSSB A SE 14,17 + 0,78 M6 METROPOLE TV FR e 31,58 + 0,57 ELECTRABEL BE e 231,90 – 4,37 AKTOR SA GR 8,16 + 0,49 HALIFAX GROUP GB 13,10 + 0,50 MEDIASET IT e 11,65 + 0,69 ELECTRIC PORTUG PT e 3,07 – 0,65 AMEY GB 6,36 – 1,01 HSBC HLDG GB 14,37 + 2,06 MODERN TIMES GR SE 32,52 + 1,72 ENDESA ES e 18,78 + 0,32 UPONOR -A- FI e 18,10 – 2,16 IKB DE e 15,75 – 0,32 MONDADORI IT e 10,09 + 1,61 ENEL IT e 3,60 – 1,37 AUREA R ES e 19,97 + 0,81 KBC BANCASSURAN BE e 40,20 + 0,55 CDB WEB TECH IN IT e 4,56 + 3,17 NRJ GROUP FR e 19,98 – 0,35 EVN AT e 31,52 – 2,29 ACESA R ES e 11,13 + 1,27 E´NERGIE LLOYDS TSB GB 11,88 – 0,54 CGIP FR e 46,86 + 2,58 PEARSON GB 22,54 + 2,65 FORTUM FI e 5,40 + 0,75 BLUE CIRCLE IND GB 7,52 .... MONTE PASCHI SI IT e 4,30 + 0,23 CMG GB 63,62 .... PRISA ES e 14,12 + 0,93 GAS NATURAL SDG ES e 18,45 – 0,27 BOUYGUES FR e 45,85 + 3,03 BG GROUP GB 4,54 – 1,06 NAT BANK GREECE GR 40,32 + 1,36 COOKSON GROUP P GB 2,78 + 1,18 PROSIEBEN SAT.1 DE e 18 + 1,12 HIDRO CANTABRIC ES e 26 .... BPB GB 3,97 + 0,41 BP GB 10,06 + 0,81 NATEXIS BQ POP. FR e 98,60 – 1,20 e DAMPSKIBS -A- DK 8174,64 + 4,72 PT MULTIMEDIA R PT e 14,39 – 0,07 IBERDROLA ES e 16,57 + 1,22 BRISA AUTO-ESTR PT e 10,77 – 0,28 CEPSA ES 13,92 + 1,90 NORDEA SE 7,11 + 2,38 e DAMPSKIBS -B- DK 9219,92 – 0,29 PUBLICIS GROUPE FR e 36,72 + 1,94 INNOGY HOLDINGS GB 3,47 – 0,46 BUZZI UNICEM IT e 11,38 + 0,44 COFLEXIP FR 171 + 2,03 ROLO BANCA 1473 IT e 21,01 + 0,24 e DAMSKIBS SVEND DK 12060,95 + 1,12 PUBLIGROUPE N CH 459,91 + 0,71 ITALGAS IT e 5,26 .... NOVAR GB 2,75 .... DORDTSCHE PETRO NL 57,80 .... ROYAL BK SCOTL GB 26,59 + 0,73 e E.ON AG DE e 55,05 + 0,18 REED INTERNATIO GB 10,41 + 2,06 KELDA GB 5,88 – 0,27 CRH PLC GB 33,67 + 3,89 ENI IT 7,52 + 0,27 S-E-BANKEN -A- SE 11,41 + 0,98 EADS SICO. FR e 23,31 + 1,39 REUTERS GROUP GB 16,49 + 2,72 NATIONAL GRID G GB 8,99 + 1,46 CIMPOR R PT e 25,47 – 1,66 ENTERPRISE OIL GB 9,93 .... SAN PAOLO IMI IT e 16,24 + 2,85 ELECTROCOMPONEN GB 10,17 + 2,61 RTL GROUP LU e 57,75 – 0,77 INTERNATIONAL P GB 4,60 .... COLAS FR e 66 .... HELLENIC PETROL GR 9 – 0,22 STANDARD CHARTE GB 15,37 + 0,63 EPCOS DE e 71,70 + 0,99 SMG GB 3,33 + 0,49 OESTERR ELEKTR AT e 117 – 1,29 GRUPO DRAGADOS ES e 14,78 – 1,20 LASMO GB 2,91 .... STE GENERAL-A- FR e 69,80 – 1,69 EUROTUNNEL FR e 1,34 + SOGECABLE R ES e 24,67 + 1,48 PENNON GROUP GB 9,69 + 0,84 FCC ES e 23,64 – 0,25 LATTICE GROUP GB 2,20 + 0,74 1,52 SV HANDBK -A- SE 17,20 + 1,30 e EXEL GB 14,19 + TAYLOR NELSON S GB 3,94 + 0,41 POWERGEN GB 11,53 .... GRUPO FERROVIAL ES e 19,07 – 0,42 OMV AG AT 108,80 + 6,51 0,46 SWEDISH MATCH SE 5,12 – 1,28 + TELEFONICA ES e 18,49 + 1,59 SCOTTISH POWER GB 8,07 + 2,67 HANSON PLC GB 8,03 + 2,26 PETROLEUM GEO-S NO 11,83 .... XANSA GB 5,85 1,97 UBS N CH 173,20 + 1,92 e – TELEWEST COMM. GB 2,02 + 5,04 SEVERN TRENT GB 10,93 + 0,15 HEIDELBERGER ZE DE e 57,90 + 0,70 REPSOL YPF ES 21,14 + 1,15 GROUP 4 FALCK DK 133,34 0,50 UNICREDITO ITAL IT e 5,34 .... e e + TF1 FR e 39,15 – 1,53 SUEZ FR e 35,40 + 0,63 HELL.TECHNODO.R GR 7,28 + 1,39 ROYAL DUTCH CO NL 69,20 + 1,32 FINMECCANICA IT 1,25 1,63 UNIDANMARK -A- DK 85,77 .... e e + TRINITY MIRROR GB 7,36 – 0,65 SYDKRAFT -A- SE 24,25 .... HERACLES GENL R GR 13,90 + 0,87 SAIPEM IT 7,22 + 0,28 FINNLINES FI 26,20 0,31 f DJ E STOXX BANK P 332,77 + 0,80 UNITED PAN-EURO NL e 7,48 + 5,65 SYDKRAFT -C- SE 19,18 + 1,16 HOCHTIEF ESSEN DE e 24,70 – 6,08 SHELL TRANSP GB 9,75 + 1,34 FKI GB 3,75 – 2,52 e UTD BUSINESS ME GB 11,51 .... THAMES WATER GB 19,70 .... HOLDERBANK FINA CH 1332,12 + 1,24 TOTAL FINA ELF FR 170,10 + 0,95 FLS IND.B DK 15,41 .... e e VIVENDI UNIVERS FR e 76,95 + 1,85 FENOSA ES e 21,45 + 0,85 IMERYS FR e 117,50 + 0,69 IHC CALAND NL 56,70 + 0,18 FLUGHAFEN WIEN AT 37,59 + 0,24 PRODUITS DE BASE + e VNU NL e 48,20 + 1,97 UNITED UTILITIE GB 9,91 – 0,16 ITALCEMENTI IT e 10,15 + 1,20 f DJ E STOXX ENGY P 374,06 1,08 GAMESA ES 26,50 .... WOLTERS KLUWER NL e 32,05 + 0,22 VIRIDIAN GROUP GB 9,95 .... ACERALIA ES e 15,43 + 2,19 LAFARGE FR e 113,10 + 0,98 GKN GB 13 + 0,63 e WPP GROUP GB 12,72 + 0,38 f DJ E STOXX PO SUP P 308,85 – 0,38 ACERINOX R ES e 36,80 + 2,51 MICHANIKI REG. GR 3,14 .... HAGEMEYER NV NL 25,35 + 0,04 f DJ E STOXX MEDIA P 412,64 + 1,47 ALUMINIUM GREEC GR 43 .... PILKINGTON PLC GB 1,94 + 0,84 HALKOR GR 4,22 – 1,86 ANGLO AMERICAN GB 19,97 + 1,48 RMC GROUP PLC GB 11,67 + 0,98 HAYS GB 5,25 + 2,52 ASSIDOMAEN AB SE 25,80 + 1,30 SAINT GOBAIN FR e 177,90 + 2,24 SERVICES FINANCIERS HEIDELBERGER DR DE e 60,30 + 0,17 e + + HUHTAMAEKI VAN FI e 28,75 .... BIENS DE CONSOMMATION BEKAERT BE 37,90 0,40 SKANSKA -B- SE 44,32 1,13 3I GROUP GB 19,88 + 2,33 GB 6,17 + IFIL IT e 7,70 + 0,79 AHOLD NL e 35,40 – 1,23 EURO BILLITON 3,24 TAYLOR WOODROW GB 3,36 .... ALMANIJ BE e 40,40 + 0,25 BOEHLER-UDDEHOL AT e 44,20 – e + IMI PLC GB 4,10 – 0,39 ALTADIS ES e 14,26 + 2 ______3,26 TECHNIP FR 185,90 3,28 ALPHA FINANCE GR 44,90 .... GB 7,07 + + INDRA SISTEMAS ES e 24,50 .... AMADEUS GLOBAL ES e 7,39 + 4,08 BUNZL PLC 0,92 TITAN CEMENT RE GR 40,56 1,30 AMVESCAP GB 21,36 + 4,75 e + IND.VAERDEN -A- SE 20,84 + 2,16 ATHENS MEDICAL GR 5,46 .... NOUVEAU CORUS GROUP GB 1,31 .... VINCI FR 71,60 1,20 BHW HOLDING AG DE e 33,35 + 0,30 GR 4,26 – e + INVESTOR -A- SE 14,88 + 1,89 AUSTRIA TABAK A AT e 75,41 + 0,55 ELVAL 0,47 WIENERB BAUSTOF AT 19,95 0,50 BPI R PT e 3,23 + 0,31 SE 22,27 + f + INVESTOR -B- SE 14,94 + 2,65 AVIS EUROPE GB 2,62 – 0,61 ´ HOLMEN -B- 3,59 DJ E STOXX CNST P 251,54 1,81 BRITISH LAND CO GB 8,04 + 0,61 MARCHE NL e 3,34 ISS DK 62,31 + 0,43 BEIERSDORF AG DE e 109,40 – 0,36 ISPAT INTERNATI .... CANARY WHARF GR GB 8,35 + 0,19 JOHNSON MATTHEY GB 16,21 + 0,50 JOT AUTOMATION FI e 0,95 + 1,06 BIC FR e 44,18 – 3,96 Cours % Var. CAPITAL SHOPPIN GB 6,22 .... 12 h 41 AT e 55,48 + CONSOMMATION CYCLIQUE KINNEVIK -B- SE 25,96 + 2,17 BRIT AMER TOBAC GB 8,98 – 0,18 17/05 f en euros 16/05 MAYR-MELNHOF KA 0,87 CATTLES ORD. GB 5,23 – 0,31 FI e 8,60 + COPENHAGEN AIRP DK 95,15 + 1,14 CASINO GP FR e 102,50 + 0,99 M-REAL -B- 1,18 ACCOR FR e 49,87 + 0,54 CLOSE BROS GRP GB 15,66 + 2,11 FI e 10,05 + KONE B FI e 83,50 – 0,60 CLARINS FR e 87,40 + 1,51 OUTOKUMPU 1,62 ADIDAS-SALOMON DE e 67,70 + 3,20 COBEPA BE e 63 .... AMSTERDAM FR e 68,30 + LEGRAND FR e 242 + 1,26 DELHAIZE BE e 63,05 + 0,16 PECHINEY-A- 8,41 AGFA-GEVAERT BE e 17,20 + 0,29 CONSORS DISC-BR DE e 28,57 + 1,49 AIRSPRAY NV 21,75 – 0,23 FI e 4,60 + LINDE AG DE e 51,65 + 3,30 COLRUYT BE e 41,20 + 0,37 RAUTARUUKKI K 3,37 AIR FRANCE FR e 21,29 – 0,88 CORP FIN ALBA ES e 26,59 + 1,45 ANTONOV 0,39 .... GB 23,53 + MAN AG DE e 29,80 + FIRSTGROUP GB 4,76 .... RIO TINTO 0,83 AIRTOURS PLC GB 4,80 + 2,06 CS GROUP N CH 215,93 + 2 0,85 C/TAC 3,35 .... GR 3,52 + e + FREESERVE GB 1,53 .... SIDENOR 1,15 ALITALIA IT e 1,64 – 2,38 DEPFA-BANK DE e 78 + 1,96 MG TECHNOLOGIES DE 12,80 2,07 CARDIO CONTROL 2,70 – 8,47 GR 23,90 + e GALLAHER GRP GB 7,14 + 0,45 SILVER & BARYTE 2,49 AUSTRIAN AIRLIN AT e 12,66 + 1,28 DIREKT ANLAGE B DE e 21,50 + 6,44 WARTSILA CORP A FI 24,30 .... CSS 23,90 .... GB 2,26 e – GIB BE e 44,75 .... SMURFIT JEFFERS .... AUTOGRILL IT e 12,77 – 0,39 DROTT -B- SE 12,35 .... METSO FI 12,45 0,40 HITT NV 8,80 – 0,56 FI e 13,55 + + GIVAUDAN N CH 316,39 + 1,36 STORA ENSO -A- 4,23 BANG & OLUFSEN DK 34,71 + 2,37 EURAZEO FR e 71 – 0,63 MORGAN CRUCIBLE GB 5,30 3,14 INNOCONCEPTS NV 19,40 .... FI e 13,68 + + HENKEL KGAA VZ DE e 71,70 – 0,69 STORA ENSO -R- 4,43 BASS GB 12,74 + 2,20 FINAXA FR e 117 .... TELE2 -B- SE 45,64 2,35 NEDGRAPHICS HOLD 9,65 + 2,12 SE 24,75 + + IMPERIAL TOBACC GB 12,47 + 0,26 SVENSKA CELLULO 2,51 BENETTON GROUP IT e 1,72 + 1,78 FORTIS (B) BE e 28,84 + 1,41 NKT HOLDING DK 24,79 0,54 SOPHEON 1,40 .... DE e 17,80 + + JERONIMO MARTIN PT e 7,98 + 0,13 THYSSENKRUPP 2,71 BERKELEY GROUP GB 13,43 – 0,48 FORTIS (NL) NL e 28,77 + 0,95 EXEL GB 14,19 0,46 PROLION HOLDING 94 .... BE e 49,40 + KESKO -B- FI e 8,79 – 2,33 UNION MINIERE 1,86 BRITISH AIRWAYS GB 5,81 + 2,86 GECINA FR e 103 – 0,19 PACE MICRO TECH GB 8,04 + 5,96 RING ROSA 0,25 – 21,88 FI e 38,30 + e L’OREAL FR e 78,10 + 0,13 UPM-KYMMENE COR 5,36 BULGARI IT e 12,60 + 0,96 GIMV BE e 43 .... PARTEK FI 11,60 – 1,94 RING ROSA WT 0,02 .... FR e 15,81 + LAURUS NV NL e 7,05 + 0,71 USINOR 3,47 CHRISTIAN DIOR FR e 47,10 + 1,33 GREAT PORTLAND GB 4,88 + 1,34 PENINS.ORIENT.S GB 4,47 – 1,07 UCC GROEP NV 6,85 .... GR 11,18 – e MORRISON SUPERM GB 3,23 + 2,04 VIOHALCO 0,18 CLUB MED. FR e 76,30 + 2,28 HAMMERSON GB 8,03 – 0,20 PERLOS FI 16,10 + 1,26 AT e 31,95 + RECKITT BENCKIS GB 15,21 – 1,36 VOEST-ALPINE ST 2,40 COMPASS GROUP GB 8,24 – 4,85 ING GROEP NL e 73,40 + 0,14 PREMIER FARNELL GB 6,14 + 4,40 FR e 20,65 – SAFEWAY GB 5,91 + 2,52 WORMS N 1,20 DT.LUFTHANSA N DE e 22,52 + 2,83 LAND SECURITIES GB 14,48 – 0,22 RAILTRACK GB 7,94 + 2,07 BRUXELLES f 203,42 + 3,88 e SAINSBURY J. PL GB 6,73 + 2,96 DJ E STOXX BASI P ELECTROLUX -B- SE 18,41 + 2,14 LIBERTY INTL GB 8,65 .... RANDSTAD HOLDIN NL 14,20 – 1,39 STAGECOACH HLDG GB 0,94 .... ARTHUR 5 .... EM.TV & MERCHAN DE e 4,86 + 1,67 MAN GROUP GB 14,42 – 0,67 RENTOKIL INITIA GB 3,12 + 1,05 T-ONLINE INT DE e 13,05 .... ENVIPCO HLD CT 0,48 .... EMI GROUP GB 7,10 – 0,90 MARSCHOLLEK LAU DE e 120,55 + 1,30 REXAM GB 4,78 – 1,33 e FARDIS B 18 .... CHIMIE e e REXEL FR e 77,90 + 1,23 TERRA LYCOS ES 9,55 + 1,70 EURO DISNEY FR 0,90 .... MEDIOBANCA IT 13,04 + 2,27 INTERNOC HLD 0,52 .... e e e e + TESCO PLC GB 4,02 – 0,40 AIR LIQUIDE FR 171,90 + 1,72 HERMES INTL FR 164,10 – 0,49 METROVACESA ES 18 – 0,83 RHI AG AT 21,90 0,23 + TNT POST GROEP NL e 24,86 + 0,85 INTL BRACHYTHER B 9,39 3,19 AKZO NOBEL NV NL e 48,30 + 1,92 HILTON GROUP GB 3,94 + 2,95 MONTEDISON IT e 3,34 + 6,37 RIETER HLDG N CH 293,56 + 0,22 WANADOO FR e 6,54 + 0,62 LINK SOFTWARE B 3,98 .... BASF AG DE e 49 + 0,41 HDP IT e 4,28 .... PERPETUAL PLC GB 62,46 .... ROLLS ROYCE GB 3,65 + 2,73 WORLD ONLINE IN NL e 7,80 .... BAYER AG DE e 47,03 – 1,20 HUNTER DOUGLAS NL e 30,15 + 0,50 PROVIDENT FIN GB 12,85 – 0,50 SANDVIK SE 24,80 + 2,74 f DJ E STOXX N CY G P 407,64 – 0,25 BOC GROUP PLC GB 17,02 + 0,57 KLM NL e 21,15 – 3,20 REALDANMARK DK 71,03 .... SAURER ARBON N CH 468,39 + 2,57 e CODES PAYS ZONE EURO e + e + e SCHNEIDER ELECT FR e 73,30 + 0,89 CELANESE N DE 24,23 0,12 LVMH FR 65,75 2,90 RODAMCO EUROPE NL 44 – 0,90 FR : France - DE : Allemagne - ES : Espagne + e + e SEAT PAGINE GIA IT e 1,21 .... CIBA SPEC CHIMI CH 69,80 1,90 MEDION DE 106,60 4,51 RODAMCO NORTH A NL 47 .... COMMERCE DISTRIBUTION IT : Italie - PT : Portugal - IR : Irlande CLARIANT N CH 325,20 + 4,07 MOULINEX FR e 3,94 .... SCHRODERS GB 16,07 + 0,71 SECURICOR GB 2,83 + 1,74 LU : Luxembourg - NL : Pays-Bas - AT : Autriche DEGUSSA-HUELS DE e 37,60 .... NH HOTELES ES e 14,50 – 0,34 SIMCO N FR e 78,75 + 0,57 SECURITAS -B- SE 21,44 + 0,52 ALLIANCE UNICHE GB 8,51 + 1,74 FI : Finlande - BE : Belgique - GR : Gre`ce. DSM NL e 44,59 + 1,25 NXT GB 5,73 – 2,20 SLOUGH ESTATES GB 6,09 + 0,27 SERCO GROUP GB 6,75 + 7,18 AVA ALLG HAND.G DE e 41 – 2,26 EMS-CHEM HOLD A CH 4853,55 + 0,81 P & O PRINCESS GB 5,51 + 4,28 UNIBAIL FR e 187,20 – 0,11 SGL CARBON DE e 43,20 – 0,23 BOOTS CO PLC GB 9,59 + 1,89 CODES PAYS HORS ZONE EURO ICI GB 7,10 + 2,09 PERSIMMON PLC GB 5,68 – 1,12 VALLEHERMOSO ES e 7,87 + 0,64 SHANKS GROUP GB 2,97 + 2,22 BUHRMANN NV NL e 18,35 – 0,54 CH : Suisse - NO : Norve`ge - SE : Sue`de e e e e e KEMIRA FI 6,80 .... PREUSSAG AG DE 38,15 + 0,39 WCM BETEILIGUNG DE 18,70 + 2,19 SIDEL FR 49,67 – 0,16 CARREFOUR FR 66,60 + 2,46 GB : Grande-Bretagne - DK : Danemark. KON. VOPAK NV NL e 26,65 + 0,19 RANK GROUP GB 3,39 .... f DJ E STOXX FINS P 277,85 + 0,50 INVENSYS GB 2,10 .... CASTO.DUBOIS FR e 255 .... 24 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 b FINANCES ET MARCHÉS

ALCATEL...... w 36,48 239,29 +2,18 35,70 EURO DISNEY ...... w 0,89 5,84 – 1,11 0,90 REMY COINTRE..... w 37,85 248,28 +1,77 37,19 w w Compen- ALCATEL O ...... 28 183,67 +2,56 ... EUROTUNNEL ...... 1,34 8,79 +1,52 1,32 RENAULT ...... 58,10 381,11 – 4,13 60,60 Cours Cours % Var. sation ALSTOM ...... w 33,33 218,63 +3,83 32,10 FAURECIA...... w 59,95 393,25 +0,08 59,90 REXEL...... w 78 511,65 +1,36 76,95 International f en euros en francs veille Une se´ lection (1) VALEURS FRANCE ALTRAN TECHN .... w 70,50 462,45 +3,37 68,20 FIMALAC SA...... w 40,40 265,01 – 0,32 40,53 RHODIA ...... w 14 91,83 +3,70 13,50 ATOS ORIGIN...... w 99,60 653,33 +5,96 94,00 F.F.P. (NY)...... 118,10 774,69 – 1,42 ... ROCHETTE (LA ...... 8,10 53,13 ...... ADECCO ...... 72,10 472,94 +3,67 ... ARBEL...... 7,99 52,41 – 0,13 ... FINAXA ...... ROYAL CANIN...... w 109,40 717,62 +0,37 109,00 AMERICAN EXP...... 49,65 325,68 +3,76 ... VALEURS FRANCE AVENTIS ...... w 87,30 572,65 +1,16 86,30 FIVES-LILLE ...... ROUGIER #...... 66,85 438,51 +0,53 ... AMVESCAP EXP...... 20,95 137,42 +3,51 ... b Le marché a bien réagi à l’annonce, par la AXA ...... w 34,95 229,26 +3,10 33,90 FONC.LYON.#...... 33,01 216,53 – 2,63 ... RUE IMPERIAL...... 1821 11944,98 – 0,49 ... ANGLOGOLD LT .... 46,50 305,02 +1,73 ... Société générale, de la baisse de 23,3 % de BAIL INVESTI...... w 132,50 869,14 +0,38 132,00 FRANCE TELEC ..... w 72,30 474,26 +3,29 70,00 SADE (NY) ...... A.T.T. #...... 24,91 163,40 +3,10 ... BAZAR . V...... FROMAGERIES...... 522,50 3427,38 +0,38 ... SAGEM S.A...... w 87,55 574,29 +0,63 87,00 BARRICK GOLD...... 19,95 130,86 – 1,24 ... résultat net trimestriel à 677 millions BIC...... w 43,98 288,49 – 4,39 46,00 GALERIES LAF ...... w 205,50 1347,99 +1,23 203,00 SAGEM ADP...... 60,30 395,54 +0,84 ... COLGATE PAL...... d’euros et du repli de 23 % de son résultat BIS ...... GAUMONT # ...... 40,20 263,69 – 1,71 ... SAINT-GOBAIN...... w 177,90 1166,95 +2,24 174,00 CROWN CORK O.... 5,50 36,08 +1,85 ... brut d’exploitation, à 1,034 milliard. Le titre BNPPARIBAS...... w 104,80 687,44 +1,75 103,00 GECINA...... w 103 675,64 – 0,19 103,20 SALVEPAR (NY ...... 67,75 444,41 +2,81 ... DE BEERS #...... 52,75 346,02 +2,23 ... BOLLORE...... w 230 1508,70 +0,04 229,90 GEOPHYSIQUE...... w 76,90 504,43 – 0,06 76,95 SANOFI SYNTH...... w 71,20 467,04 – 0,21 71,35 DIAGO PLC...... 12,80 83,96 ...... s’échangeait en début de séance jeudi, à BOLLORE INV...... 54 354,22 – 1,10 ... GFI INFORMAT ..... w 25,95 170,22 – 0,92 26,19 SCHNEIDER EL...... w 73,50 482,13 +1,17 72,65 DOW CHEMICAL.... 43,71 286,72 +2,85 ... 71,1 euros, en légère hausse. La banque BONGRAIN ...... 40 262,38 +4,99 ... GRANDVISION...... w 22,42 147,07 +0,31 22,35 SCOR ...... w 49,72 326,14 +0,14 49,65 DU PONT NEMO ... 54,65 358,48 +3,31 ... avait prévenu que son résultat net serait en BOUYGUES ...... w 45,80 300,43 +2,92 44,50 GROUPE ANDRE... 131,20 860,62 – 0,61 ... S.E.B...... w 59,70 391,61 +0,59 59,35 ECHO BAY MIN ...... 1,03 6,76 +1,98 ... BOUYGUES OFF..... w 57,70 378,49 +1,23 57,00 GROUPE GASCO ... 91 596,92 ...... SEITA...... w 48,30 316,83 ... 45,55 ELECTROLUX ...... 18 118,07 ...... retrait sensible par rapport à celui, record, BULL# ...... w 2,74 17,97 +1,11 2,71 GR.ZANNIER ( ...... 93,10 610,70 +1,20 ... SELECTIBAIL(...... 17,17 112,63 +0,41 ... ELF GABON...... 194 1272,56 – 1,52 ... du premier trimestre 2000. BUSINESS OBJ ...... w 38,81 254,58 +4,89 37,00 GROUPE PARTO.... 68,60 449,99 +0,15 ... SIDEL...... w 49,68 325,88 – 0,14 49,75 ERICSSON #...... w 7,07 46,38 +3,97 6,80 b B T P (LA CI...... GUYENNE GASC ... w 91,50 600,20 +0,55 91,00 SILIC...... 173 1134,81 +1,53 ... FORD MOTOR #..... 31,80 208,59 ...... L’action Sodexho enregistrait, en début BURELLE (LY) ...... 72,95 478,52 – 0,07 ... HAVAS ADVERT ..... w 14,90 97,74 +2,97 14,47 SIMCO...... w 78,75 516,57 +0,57 78,30 GENERAL ELEC ...... 58,80 385,70 +1,73 ... de séance, une baisse de 3,92 %, à CANAL + ...... w 3,76 24,66 – 1,31 3,81 IMERYS ...... w 118,30 776 +1,37 116,70 SKIS ROSSIGN ...... 16,10 105,61 +2,55 ... GENERAL MOTO.... 63,50 416,53 +2,09 ... 53,95 euros après l’annonce par le groupe CAP GEMINI...... w 140 918,34 +4,48 134,00 IMMOBANQUE ..... 140 918,34 +0,07 ... SOCIETE GENE ...... w 69,95 458,84 – 1,48 71,00 GOLD FIELDS...... 5,19 34,04 – 0,95 ... CARBONE-LORR.... w 48,70 319,45 +1,82 47,83 IMMEUBLES DE ...... SODEXHO ALLI ...... w 52,85 346,67 – 5,88 56,15 HARMONY GOLD .. 6,68 43,82 +4,05 ... de restauration collective que son objectif CARREFOUR ...... w 66,60 436,87 +2,46 65,00 INFOGRAMES E .... w 23 150,87 +2,40 22,46 SOGEPARC (FI ...... 89,15 584,79 +0,28 ... HITACHI # ...... 12,01 78,78 +1,01 ... de croissance de 0,2 point de la marge d’ex- CASINO GUICH...... w 102,70 673,67 +1,18 101,50 IM.MARSEILLA ...... SOMMER-ALLIB ...... HSBC HOLDING .... w 14,37 94,26 +1,20 14,20 ploitation risquait de ne pas être atteint sur CASINO GUICH...... 70 459,17 +2,41 ... INGENICO ...... w 27,10 177,76 +1,88 26,60 SOPHIA ...... w 33 216,47 – 0,36 33,12 I.B.M...... w 130,10 853,40 +0,93 128,90 CASTORAMA DU ... w 259,70 1703,52 +3,26 251,50 ISIS...... w 118,50 777,31 +1,37 116,90 SOPRA # ...... w 84 551 +0,66 83,45 I.C.I...... 6,96 45,65 – 1,28 ... l’ensemble de l’exercice. Le groupe a enre- CEA INDUSTRI...... 235,40 1544,12 +1,86 ... KAUFMAN ET B..... w 21,65 142,01 – 0,09 21,67 SPIR COMMUNI .... w 88,95 583,47 +0,11 88,85 ITO YOKADO # ...... 60,75 398,49 +4,47 ... gistré au premier trimestre une hausse de CEGID (LY) ...... 123 806,83 +1,65 ... KLEPIERRE ...... w 103,90 681,54 +0,48 103,40 SR TELEPERFO ...... w 27,55 180,72 +2,80 26,80 I.T.T. INDUS ...... 54 354,22 +3,65 ... w w 23% de son résultat net, à 90 millions CFF.RECYCLIN ...... 47,50 311,58 +0,11 ... LAFARGE ...... 113,20 742,54 +1,07 112,00 STUDIOCANAL ...... 11,35 74,45 +0,98 ... KINGFISHER P ...... 7,15 46,90 +2,14 7,00 CGIP ...... w 46,94 307,91 +2,76 45,68 LAGARDERE ...... w 65,70 430,96 +3,06 63,75 SUCR.PITHIVI ...... 302 1980,99 – 0,98 ... MATSUSHITA...... d’euros. CHARGEURS...... 82,50 541,16 ...... LAPEYRE ...... w 53,45 350,61 – 0,09 53,50 SUEZ LYON.DE ...... w 35,45 232,54 +0,77 35,18 MC DONALD’S...... 31,05 203,67 – 1,43 ... b Le titre France Télécom, qui a annoncé CHRISTIAN DA ...... 86,50 567,40 +2,98 ... LEBON (CIE) ...... 57,90 379,80 – 0,52 ... TAITTINGER ...... 810 5313,25 +2,53 ... MERK AND CO...... 88,60 581,18 – 0,34 ... CHRISTIAN DI...... w 47,28 310,14 +1,72 46,48 LEGRAND ...... w 242 1587,42 +1,26 239,00 THALES (EX.T...... w 46,80 306,99 – 1,47 47,50 MITSUBISHI C...... 8,31 54,51 – 1,19 ... le lancement d’une offre publique de vente CIC -ACTIONS ...... 118,20 775,34 +0,17 ... LEGRAND ADP...... 181,80 1192,53 +3,71 ... TF1...... w 39,19 257,07 – 1,43 39,76 NESTLE SA #...... w 2409,50 15805,28 +0,88 2388,50 sur sa participation et celle de Deutsche CIMENTS FRAN ..... w 53,90 353,56 – 0,09 53,95 LEGRIS INDUS ...... w 54,30 356,18 +0,56 54,00 TECHNIP...... w 185 1213,52 +2,78 180,00 NORSK HYDRO...... 45,12 295,97 – 1,29 ... Telekom dans Sprint FON, connaissait, lors CLARINS...... w 87,40 573,31 +1,51 86,10 LIBERTY SURF...... w 6,30 41,33 – 0,32 6,32 THOMSON MULT . w 49,30 323,39 +3,57 47,60 PFIZER INC...... 50,50 331,26 +1 ... CLUB MEDITER ..... w 76,30 500,50 +2,28 74,60 LOCINDUS...... 133 872,42 +0,91 ... TOTAL FINA E ...... w 170,50 1118,41 +1,19 168,50 PHILIP MORRI ...... 58,65 384,72 +1,03 ... des premiers échanges, une hausse de 3 %, CNP ASSURANC .... w 34,82 228,40 +4,88 33,20 L’OREAL...... w 78,50 514,93 +0,64 78,00 TRANSICIEL # ...... w 52,50 344,38 +0,96 52,00 PROCTER GAMB .... 77,45 508,04 +1,91 ... et atteignait 72,1 euros. COFACE...... w 90,60 594,30 – 0,38 90,95 LOUVRE #...... 92 603,48 +1,32 ... UBI SOFT ENT ...... w 45,40 297,80 +4,73 43,35 RIO TINTO PL...... 23,47 153,95 +2,04 ... b Le groupe TF1 a informé ses actionnaires COFLEXIP ...... w 170 1115,13 +1,43 167,60 LVMH MOET HE.... w 66,15 433,92 +3,52 63,90 UNIBAIL ...... w 187,30 1228,61 – 0,05 187,40 SCHLUMBERGER... 74,95 491,64 +0,47 ... COLAS...... w 66 432,93 ... 66,00 MARINE WENDE... w 81,15 532,31 +0,81 80,50 UNILOG ...... w 104 682,20 +0,29 103,70 SEGA ENTERPR...... 24,30 159,40 – 2,80 ... que les recettes publicitaires avaient pro- CONTIN.ENTRE..... 48,50 318,14 +0,62 ... MAUREL ET PR...... 10,87 71,30 +2,35 ... USINOR...... w 15,81 103,71 +3,47 15,28 SHELL TRANSP ...... 9,86 64,68 +1,86 ... gressé de 2,5% à la fin avril et que le mois de CPR...... 58 380,46 ...... METALEUROP ...... 5,83 38,24 +0,17 ... VALEO ...... w 52,10 341,75 +4,20 50,00 SONY CORP. # ...... w 91,15 597,90 +1,84 89,50 CRED.FON.FRA...... 13,52 88,69 +0,07 ... MICHELIN ...... w 40,17 263,50 +2,47 39,20 VALLOUREC ...... w 73,30 480,82 +4,34 70,25 T.D.K. # ...... 66,20 434,24 +0,23 ... mai « n’était pas bon ». Jeudi, le titre CREDIT LYONN ..... w 42,87 281,21 +0,05 42,85 MARIONNAUD P .. 133,80 877,67 +1,83 ... VIA BANQUE ...... TOSHIBA #...... 7,05 46,24 +0,43 ... s’échangeait à 40,2 euros, en légère hausse. CS COM.ET SY...... 9,75 63,96 +1,56 ... MONTUPET SA...... 18,84 123,58 +1,84 ... VICAT...... 62 406,69 +1,31 ... UNITED TECHO..... 93,45 612,99 +2,30 ... DAMART ...... 77,90 510,99 ...... MOULINEX ...... 3,90 25,58 – 1,02 ... VINCI...... w 71,80 470,98 +1,48 70,75 ZAMBIA COPPE...... 0,56 3,67 ...... DANONE...... w 145,70 955,73 – 0,55 146,50 NATEXIS BQ P ...... w 98,70 647,43 – 1,10 99,80 VIVENDI ENVI...... w 51,20 335,85 +1,29 50,55 ...... DASSAULT-AVI...... 279,80 1835,37 +2,12 ... NEOPOST ...... w 29,57 193,97 – 0,27 29,65 VIVENDI UNIV ...... w 77 505,09 +1,92 75,55 ´ DASSAULT SYS...... w 53 347,66 +1,44 52,25 NORBERT DENT ... 22,30 146,28 – 0,45 ... WANADOO...... w 6,49 42,57 – 0,15 6,50 ABRE´VIATIONS PREMIER MARCHE DE DIETRICH...... NORD-EST...... 28,21 185,05 – 1,64 ... WORMS (EX.SO...... 21 137,75 +0,48 ... ______– w – w + B = Bordeaux ; Li = Lille ; Ly = Lyon ; M = Marseille ; Ny = Nancy ; Ns = Nantes. DEVEAUX(LY)# ...... 86 564,12 1,15 ... NRJ GROUP...... 19,90 130,54 0,75 20,05 ZODIAC...... 272 1784,20 0,74 270,00 DEV.R.N-P.CA...... 14,50 95,11 +0,69 ... OBERTHUR CAR.... w 16,75 109,87 +1,52 16,50 ...... SYMBOLES JEUDI 17 MAI Cours a` 12 h 30 DMC (DOLLFUS..... 11,30 74,12 +10,78 ... OLIPAR...... 9 59,04 ...... 1 ou 2 = cate´gories de cotation - sans indication cate´gorie 3 ; DYNACTION ...... 26,12 171,34 +0,42 ... ORANGE ...... w 11,31 74,19 +1,62 11,13 ...... a coupon de´tache´ ; b droit de´tache´ ; # contrat d’animation ; Dernier jour de ne´ gociation des OSRD : 25 mai w EIFFAGE ...... 77,45 508,04 – 2,58 79,50 OXYG.EXT-ORI...... o = offert ; d = demande´ ; x offre re´duite ; y demande re´duite ; w w + ELIOR ...... 13,31 87,31 – 0,82 13,42 PECHINEY ACT...... 68,60 449,99 8,89 63,00 ...... d cours pre´ce´dent ; wValeur pouvant be´ne´ficier du service Compen- Cours Cours % Var. ELEC.MADAGAS..... 20,70 135,78 – 2,59 ... PECHINEY B P ...... 62,70 411,29 +4,50 ...... sation de re`glement diffe´re´. France f en euros en francs veille ENTENIAL(EX...... 31,30 205,31 – 0,63 ... PENAUILLE PO...... w 63,95 419,48 +2,32 62,50 ...... (1) ERAMET ...... w 43,60 286 +1,99 42,75 PERNOD-RICAR .... w 76,50 501,81 +0,53 76,10 ...... DERNIE`RE COLONNE PREMIER MARCHE´ (1) : ACCOR ...... w 49,94 327,58 +0,69 49,60 ERIDANIA BEG...... w 96,50 633 +1,79 94,80 PEUGEOT ...... w 334,30 2192,86 +3,18 324,00 ...... Lundi date´ mardi : % variation 31/12 ; Mardi date´ mercredi : AGF ...... w 68,70 450,64 +1,78 67,50 ESSILOR INTL ...... w 342 2243,37 – 0,29 343,00 PINAULT-PRIN...... w 203,10 1332,25 +1,55 200,00 ...... montant du coupon en euros ; Mercredi date´ jeudi : paiement AFFINE(EXIMM ..... 40 262,38 +0,91 ... ESSO ...... 85 557,56 ...... PLASTIC OMN...... w 98 642,84 +2,19 95,90 ...... dernier coupon ; Jeudi date´ vendredi : compensation ; AIR FRANCE G ...... w 21,35 140,05 – 0,61 21,48 EULER...... w 53,80 352,90 – 0,37 54,00 PSB INDUSTRI ...... 79,75 523,13 ...... Vendredi date´ samedi : nominal. AIR LIQUIDE ...... w 172 1128,25 +1,78 169,00 EURAZEO (EX ...... w 70,65 463,43 – 1,12 71,45 PUBLICIS GR...... w 36,72 240,87 +1,94 36,02 ......

(Publicite´) COALA # ...... 19 124,63 +1,06 KALISTO ENTE ..... b 1,95 12,79 – 8,88 COHERIS ATIX...... 27,80 182,36 +2,21 KALISTO ACT...... b 3,03 19,88 +9,78 NOUVEAU COIL...... 18 118,07 – 3,49 KEYRUS PROGI .... 2,50 16,40 – 5,30 SECOND CION ET SYS...... 3,30 21,65 +1,54 KAZIBAO ...... 1,30 8,53 +20,37 ______´ CONSODATA # ..... d 18 118,07 ... LACIE GROUP...... 8,30 54,44 +2,47 MARCHE CONSODATA AC .. d 19,50 127,91 ... LEXIBOOK # ...... 17 111,51 +6,92 ´ CONSORS FRAN .. 4,75 31,16 – 4,62 LEXIBOOK ACT ..... d 20 131,19 ... MARCHE JEUDI 17 MAI CROSS SYSTEM.... 5,52 36,21 +3,76 LINEDATA SER ..... 23,30 152,84 – 0,85 CRYO # ...... 7,11 46,64 +4,56 LYCOS EUROPE.... 1,76 11,54 ... JEUDI 17 MAI d Une se´ lection. Cours releve´sa` 12 h 30 CRYO ACT.NOU.... 6,25 41 ... MEDCOST #...... 7,85 51,49 ... CRYONETWORKS. 3,37 22,11 ... SQLI NOUV.01 ...... d 3,10 20,33 ... Une se´ lection. Cours releve´ sa` 12 h 30 CYBERDECK # ...... 1,34 8,79 – 4,29 MEDIDEP #...... 121 793,71 +1,51 Cours Cours % Var. CYBER PRES.P ...... 20,50 134,47 +2,50 MEMSCAP...... 6,60 43,29 – 2,94 Cours Cours % Var. Valeurs f en euros en francs veille Valeurs f en euros en francs veille CYBERSEARCH ..... 4,14 27,16 +3,50 METROLOGIC G... 75,80 497,22 – 1,04 ABEL GUILLEM..... 14,80 97,08 ... CYRANO #...... d 2,24 14,69 ... MICROPOLE ...... 8,70 57,07 +0,23 ALTEDIA...... 48 314,86 +1,27 AB SOFT ...... 5,63 36,93 – 23,71 DALET # ...... 4,60 30,17 ... MONDIAL PECH .. 4,74 31,09 +8,97 LABOR.ARKOPH.... 138 905,22 +0,07 ACCESS COMME .. 8,75 57,40 +4,79 DATASQUARE #.... 4,60 30,17 +2,22 MULTIMANIA...... 5,55 36,41 – 7,50 CNIM #...... 62 406,69 ... ADL PARTNER ...... 20 131,19 – 3,80 DATATRONIC ...... 3,49 22,89 – 4,64 NATUREX ...... 13,02 85,41 +0,15 ROCANI(EX FI ...... d 13,64 89,47 ... ALGORIEL #...... 7,99 52,41 +0,88 DESK #...... 1,88 12,33 ... NET2S #...... 15,93 104,49 – 5,18 GFI INDUSTRI...... 31,07 203,81 +1,37 ALPHAMEDIA ...... d 2,60 17,05 ... DEVOTEAM #...... w 51,50 337,82 +2,08 NETGEM ...... w 8,82 57,86 +2,56 LAURENT-PERR .... 32,40 212,53 +1,57 ALPHA MOS #...... 5,75 37,72 – 0,17 DMS #...... 14,05 92,16 – 1,75 NETVALUE # ...... 2,75 18,04 +1,85 M6-METR.TV A...... w 31,55 206,95 +0,48 ALPHA MOS BO.... d 0,70 4,59 ... DIAGNOSTIC N.... d 14,50 95,11 ... NEURONES #...... 4,35 28,53 +2,11 HERMES INTL...... w 163 1069,21 – 1,15 ALTAMIR & CI ...... 128,80 844,87 – 0,16 D INTERACTIV ..... 8,30 54,44 – 0,12 NICOX # ...... 66,85 438,51 – 2,69 RALLYE (LY)...... w 58,70 385,05 +0,34 ALDETA ...... d 4,50 29,52 ... D INTERACTIV ..... d 7,20 47,23 ... OLITEC ...... 27,45 180,06 ... MANITOU #...... 74,95 491,64 +0,27 ALTI #...... 12,37 81,14 +3,95 D INTERACTIV ..... d 7,70 50,51 ... OPTIMS #...... 3,39 22,24 +0,30 ALTEN (SVN) ...... w 145,70 955,73 +2,53 A NOVO # ...... w 178 1167,60 +4,46 DIREKT ANLAG .... 21,20 139,06 +6 OXIS INTL RG...... 0,50 3,28 – 9,09 APRIL S.A.#(...... 214,80 1409 +1,32 ARTPRICE COM.... 12,35 81,01 +3,78 DIREKT ANLAG .... 18,05 118,40 +2,85 PERFECT TECH .... 19,07 125,09 +3,08 BENETEAU # ...... 112,10 735,33 – 0,80 ASTRA ...... d 0,81 5,31 ... DURAND ALLIZ.... d 0,90 5,90 ... PERF.TECHNO...... d 0,41 2,69 ... STERIA GROUP ..... 140 918,34 +0,86 AUFEMININ.CO.... 3,15 20,66 +9,38 DURAN DUBOI .... 15,53 101,87 – 4,14 PHARMAGEST I.... 17,63 115,65 – 4,44 PINGUELY HAU .... w 23,98 157,30 – 0,08 AUTOMA TECH .... 9,45 61,99 +9,88 DURAN BS 00 ...... d 0,18 1,18 ... PHONE SYS.NE .... d 2,35 15,41 ... UNION FIN.FR...... 42,50 278,78 – 3,41 AVENIR TELEC...... w 4,45 29,19 – 2,63 EFFIK # ...... 12 78,71 +4,35 PICOGIGA ...... 14,90 97,74 +4,93 CEGEDIM # ...... 55 360,78 ... AVENIR TELEC...... d 1,48 9,71 ... EGIDE #...... 220 1443,11 – 2,35 GENSET ...... w 11,91 78,12 – 0,75 INTERACTIF B ...... d 0,30 1,97 ... PROSODIE # ...... 44,75 293,54 +1,73 FINATIS(EX.L ...... 127,40 835,69 +1,92 BAC MAJESTIC...... 3,80 24,93 – 4,52 EMME(JCE 1/1...... 11,95 78,39 +3,37 GL TRADE #...... 37,81 248,02 +2,19 IGE +XAO...... 9,55 62,64 +0,53 PROSODIE BS...... d 13,50 88,55 ... AB GROUPE...... 43,50 285,34 +0,23 BARBARA BUI ...... 16,80 110,20 +5 ESI GROUP ...... 30 196,79 – 7,69 GUILLEMOT # ...... 36,20 237,46 +0,84 ILOG #...... 18,30 120,04 +4,45 PROLOGUE SOF... 8,40 55,10 +0,60 RODRIGUEZ GR ... 60,75 398,49 – 0,33 BCI NAVIGATI...... 6,50 42,64 – 9,60 ESKER...... 5,85 38,37 – 2,01 GUYANOR ACTI .... 0,22 1,44 – 4,35 IMECOM GROUP.. 2,28 14,96 +9,62 PROXIDIS ...... 1,48 9,71 ... PIERRE VACAN...... 61,80 405,38 +1,31 BELVEDERE...... 15,30 100,36 – 2,55 EUROFINS SCI...... 27,59 180,98 +4,11 HF COMPANY ...... 54,60 358,15 ... INFOSOURCES...... 1,05 6,89 +5 QBIOGENE...... d 4,56 29,91 ... EXPAND S.A ...... 60,50 396,85 +2,54 BOURSE DIREC .... 4,33 28,40 – 1,14 EURO.CARGO S.... 11,01 72,22 +0,09 HIGH CO.#...... 115,90 760,25 – 1,53 INFOSOURCE B .... d 1,92 12,59 ... QUALIFLOW...... 18,35 120,37 +1,94 C.A. PARIS I ...... 75,50 495,25 ... BRIME TECHNO... 50,60 331,91 +3,27 FIMATEX # ...... w 4,43 29,06 +1,84 HIGH CO NOUV.... d 89 583,80 ... INFOTEL #...... 38 249,26 +1,60 QUANTEL...... 4,21 27,62 – 5,18 JET MULTIMED .... 43,15 283,05 – 0,80 BRIME TECHN...... 1,45 9,51 – 9,38 FI SYSTEM # ...... w 6,47 42,44 +2,70 HIGH BON DE ...... d 5,80 38,05 ... INFO VISTA ...... 9 59,04 +2,27 R2I SANTE...... 7,80 51,16 ... FININFO ...... 37 242,70 +0,27 BUSINESS ET ...... 13,50 88,55 – 3,57 FI SYSTEME A...... d 4,91 32,21 ... HIGHWAVE OPT ... w 33,45 219,42 +1,36 INTEGRA NET...... w 2,64 17,32 +2,72 RECIF #...... 34,95 229,26 +5,91 MANUTAN INTE... 49,60 325,35 +5,06 BUSINESS INT ...... 5,40 35,42 +2,27 FI SYSTEM BS...... 0,48 3,15 +9,09 HIMALAYA ...... 8,80 57,72 +4,76 INTEGRA ACT...... REPONSE # ...... 33 216,47 ... LECTRA SYST...... 6,24 40,93 +1,79 BVRP ACT.DIV...... w 30,80 202,03 +4,41 FLOREANE MED .. 8,84 57,99 +0,57 HI MEDIA ...... 2,15 14,10 – 7,33 INTERCALL # ...... d 2,46 16,14 ... REGINA RUBEN ... 1,80 11,81 – 77,36 DANE-ELEC ME .... 3,92 25,71 – 2 CAC SYSTEMES..... d 3,40 22,30 ... GAMELOFT COM . 2,44 16,01 – 5,79 HOLOGRAM IND.. 11,05 72,48 +2,31 IPSOS # ...... w 91,20 598,23 +1,33 RIBER # ...... 10,40 68,22 +7,11 SOLERI ...... 231 1515,26 – 1,70 CALL CENTER...... 8,92 58,51 – 0,89 GAUDRIOT #...... 33,80 221,71 – 0,59 HUBWOO.COM ..... 3,41 22,37 +0,29 IPSOS BS00...... d 4,30 28,21 ... RIGIFLEX INT ...... 168 1102,01 +1,82 ALGECO # ...... 113,90 747,14 – 0,09 CAST ...... 13,90 91,18 +4,12 GENERIX # ...... 24,20 158,74 +0,83 IB GROUP.COM .... 10,75 70,52 – 2,27 ITESOFT...... 4,60 30,17 – 1,29 RISC TECHNOL .... 11,04 72,42 +5,24 SECHE ENVIRO ..... 87,20 571,99 – 0,46 CEREP...... 98,50 646,12 +0,92 GENESYS #...... 30,80 202,03 +1,82 IDP ...... 1,84 12,07 +1,66 IT LINK ...... 6,04 39,62 – 3,36 SAVEURS DE F...... 9,30 61 ... AUBAY...... 11,79 77,34 – 0,08 CHEMUNEX # ...... 0,21 1,38 – 8,70 GENESYS ACT...... d 42,20 276,81 ... IDP BON 98 (...... d 1,07 7,02 ... IXO ...... 1,30 8,53 ... GUILLEMOT BS.... d 15,15 99,38 ... GROUPE J.C.D...... 134 878,98 +0,68 CMT MEDICAL ..... 18,90 123,98 ... GENESYS BS00 ..... d 4,70 30,83 ... INTERACTIF B...... d 0,15 0,98 ... JOLIEZ REGOL ...... 1,17 7,67 – 10 SELF TRADE ...... 5,17 33,91 +1,37 LVL MEDICAL...... 64,85 425,39 ...

E´CUR. TECHNOLOGIES ...... 46,82 307,12 16/05 CIC NOUVEAU MARCHE´ ...... 8,82 57,86 16/05 STRATE´GIE INDICE USA...... 10414,58 68315,17 15/05 INTEROBLIG C ...... 57,29 375,80 15/05 E´CUR. TRIMESTRIEL D ...... 274 1797,32 16/05 CIC TECHNO. COM...... 122,57 804,01 16/05 INTERSE´LECTION FR. D...... 87,73 575,47 16/05 www.lapostefinance.fr E´PARCOURT-SICAV D ...... 27,69 181,63 16/05 SE´LECT DE´FENSIF C...... 193,97 1272,36 16/05 SICAV et FCP Sicav Info Poste : GE´OPTIM C ...... 2258,10 ´ 14812,17 16/05 www.clamdirect.com 08 36 68 50 10 (2,21 F/mn) SELECT DYNAMIQUE C ...... 272,56 1787,88 15/05 Fonds communs de placements SE´LECT E´QUILIBRE 2...... 179,49 1177,38 16/05 ´ ADDILYS C ...... 105,16 689,80 ´ Une se´ lection. Cours de cloˆ ture le 16 mai E´CUREUIL E´QUILIBRE C ...... 38,30 251,23 16/05 EURCO SOLIDARITE...... 222,53 1459,70 15/05 16/05 SELECT PEA DYNAMIQUE .... 169,78 1113,68 16/05 104,32 ´ E´CUREUIL PRUDENCE C ...... 33,98 222,89 16/05 LION 20000 C/3 11/06/99 ...... 482,77 3166,76 14/05 ADDILYS D...... 684,29 16/05 SELECT PEA 1 ...... 237,63 1558,75 16/05 AMPLITUDE AME´RIQUE C.... 29,18 191,41 16/05 SG FRANCE OPPORT. C...... 518,22 3399,30 16/05 Valeurs unitaires e Date E´CUREUIL VITALITE´ C ...... 44,67 293,02 16/05 LION 20000 D/3 11/06/99 ...... 421,47 2764,66 14/05 E´metteurs f SICAV 5000 ...... 188,84 1238,71 15/05 AMPLITUDE AME´RIQUE D ... 28,62 187,73 16/05 SG FRANCE OPPORT. D...... 485,22 3182,83 16/05 Euros francs ee cours AMPLITUDE EUROPE C...... 36,93 242,24 16/05 SOGENFRANCE C ...... 565,57 3709,90 16/05 08 36 68 56 55 SLIVAFRANCE ...... 333,25 2185,98 15/05 AGIPI (2,21 F/mn) SLIVARENTE...... 40,55 265,99 15/05 AMPLITUDE EUROPE D...... 35,84 235,09 16/05 SOGENFRANCE D...... 509,67 3343,22 16/05 AMPLITUDE FRANCE ...... SOGEOBLIG C...... 108,96 714,73 16/05 ATOUT CROISSANCE D...... 468,63 3074,01 15/05 SLIVINTER ...... 174,95 1147,60 15/05 AGIPI AMBITION (AXA) ...... 28,42 186,42 16/05 AMPLITUDE MONDE C ...... 263,05 1725,49 16/05 SOGE´PARGNE D...... 45,02 295,31 ATOUT FONCIER D...... 347,33 2278,34 15/05 TRILION...... 748,07 4907,02 15/05 15/05 AGIPI ACTIONS (AXA)...... 30,41 199,48 16/05 AMPLITUDE MONDE D...... 235,95 1547,73 16/05 SOGEPEA EUROPE...... 268,18 1759,15 16/05 ATOUT FRANCE ASIE D ...... 91,86 602,56 15/05 Fonds communs de placements AMPLITUDE PACIFIQUE C.... 19,82 130,01 16/05 SOGINTER C...... 72,81 477,60 16/05 3615 BNP ATOUTFRANCEEUROPED.. 210,67 1381,90 15/05 204,32 ACTILION DYNAMIQUE C * . 1340,25 15/05 AMPLITUDE PACIFIQUE D ... 19,23 126,14 16/05 ATOUT FRANCE MONDE D .. 52,55 344,71 15/05 Fonds communs de placements 08 36 68 17 17 (2,21 F/mn) ACTILION DYNAMIQUE D * . 192,46 1262,45 15/05 E´LANCIEL EURO D PEA ...... 119,57 784,33 16/05 ATOUT FUTUR C ...... 233,46 1531,40 15/05 DE´CLIC ACTIONS EURO ...... 18,14 118,99 15/05 ACTILION PEA DYNAMIQUE 79,42 520,96 15/05 E´LANCIEL FRANCE D PEA .... 49,56 325,09 16/05 BNP MONE´ COURT TERME.. 2449,48 16067,54 16/05 ATOUT FUTUR D ...... 211,55 1387,68 15/05 ´ DE´CLIC ACTIONS FRANC ..... 60,88 399,35 15/05 ACTILION EQUILIBRE C *..... 187,62 1230,71 15/05 E´MERGENCE E.POST.D PEA . 36,41 238,83 16/05 BNP MONE´ PLACEMENT C .. 13448,28 88214,93 16/05 ATOUT SE´LECTION D ...... 124,92 819,42 15/05 ´ DE´CLIC ACTIONS INTER...... 41 268,94 16/05 ACTILION EQUILIBRE D * .... 175,42 1150,68 15/05 GE´OBILYS C ...... 116,68 765,37 16/05 BNP MONE´ PLACEMENT D.. 11741,64 77020,11 16/05 DIE`ZE C...... 464,94 3049,81 15/05 DE´CLIC BOURSE PEA...... 58,33 382,62 15/05 ACTILION PRUDENCE C *.... 174,80 1146,61 15/05 GE´OBILYS D...... 107,33 704,04 16/05 BNP MONE´ TRE´SORERIE ..... 153004,13 1003641,30 16/05 EURODYN C ...... 596,95 3915,74 15/05 DE´CLIC BOURSE E´QUILIBRE 17,66 115,84 15/05 ACTILION PRUDENCE D * ... 162,89 1068,49 15/05 INTENSYS C ...... 20,23 132,70 16/05 BNP OBLI. CT...... 161,84 1061,60 16/05 INDICIA EUROLAND D ...... 132,86 871,50 14/05 DE´CLIC OBLIG. EUROPE...... 16,76 109,94 15/05 INTERLION ...... 225,02 1476,03 15/05 INTENSYS D...... 17,19 112,76 16/05 BNP OBLI. LT ...... 33,07 216,92 16/05 INDICIA FRANCE D ...... 449,67 2949,64 14/05 DE´CLIC PEA EUROPE...... 29,50 193,51 15/05 LION ACTION EURO ...... 107,07 702,33 15/05 KALEIS DYNAMISME C...... 239,09 1568,33 16/05 BNP OBLI. MT C...... 149,11 978,10 16/05 INDOCAM AME´RIQUE C...... 46,78 306,86 15/05 DE´CLIC SOGENFR. TEMPO... 72,60 476,22 15/05 LION PEA EURO...... 109,14 715,91 15/05 KALEIS DYNAMISME D ...... 232,53 1525,30 16/05 BNP OBLI. MT D ...... 136,79 897,28 16/05 INDOCAM ASIE C ...... 22,05 144,64 15/05 FAVOR ...... 392,58 2575,16 16/05 KALEIS DYNAMISME FR C.... 89,58 587,61 16/05 BNP OBLI. SPREADS...... 180,07 1181,18 16/05 INDOCAM FRANCE C ...... 404,10 2650,72 15/05 SOGESTION C...... 52,99 347,59 15/05 KALEIS E´QUILIBRE C...... 208,24 1365,96 16/05 BNP OBLI. TRE´SOR ...... 1916,59 12572,01 16/05 INDOCAM FRANCE D...... 332,16 2178,83 15/05 SOGINDEX FRANCE C ...... 622,05 4080,38 15/05 KALEIS E´QUILIBRE D...... 201,73 1323,26 16/05 INDOCAM MULTI OBLIG. C.. 178,31 1169,64 15/05 ...... Fonds communs de placements CM EURO PEA...... 25,82 169,37 16/05 KALEIS SE´RE´NITE´ C...... 191,92 1258,91 16/05 OBLIFUTUR C...... 97,67 640,67 15/05 ...... BNP MONE´ ASSOCIATIONS.. 1796,88 11786,76 16/05 CM EUROPE TECHNOL...... 6,20 40,67 16/05 KALEIS SE´RE´NITE´ D ...... 185,52 1216,93 16/05 OBLIFUTUR D...... 80,58 528,57 15/05 ...... CM FRANCE ACTIONS ...... 41,61 272,94 16/05 KALEIS TONUS C...... 82,84 543,39 16/05 REVENU-VERT D...... 170,87 1120,83 15/05 ...... BANQUE POPULAIRE ASSET MANAGEMENT CM MID. ACT. FRANCE...... 38,27 251,03 16/05 OBLITYS C...... 109,88 720,77 16/05 UNIVERS ACTIONS C...... 64,64 424,01 15/05 CM MONDE ACTIONS...... 358,71 2352,98 16/05 ...... www.bpam.fr 01 58 19 40 00 OBLITYS D ...... 108,16 709,48 16/05 UNIVERS-OBLIGATIONS C.... 42,93 281,60 15/05 ...... CM OBLIG. LONG TERME .... 103,91 681,60 16/05 PLE´NITUDE D PEA ...... 47,51 311,65 16/05 BP OBLI HAUT REND...... 109,92 721,03 15/05 ...... Fonds communs de placements CM OPTION DYNAM...... 34,81 228,34 16/05 POSTE GESTION C ...... 2568,06 16845,37 16/05 BP MEDITERRANE´EDE´V...... 72,93 478,39 14/05 ´ ...... ATOUT VALEUR D...... 93,96 616,34 15/05 CM OPTION EQUIL...... 54,56 357,89 16/05 POSTE GESTION D...... 2276,54 14933,12 16/05 BP NOUVELLE E´CONOMIE ... 134,77 884,03 15/05 ...... INDOCAM VAL. RESTR. C ..... 318,25 2087,58 15/05 CM OBLIG. COURT TERME .. 160,76 1054,52 16/05 POSTE PREMIE`RE...... 6978,72 45777,40 16/05 BP OBLIG. EUROPE ...... 50,54 331,52 16/05 ...... MASTER ACTIONS C...... 49,55 325,03 14/05 CM OBLIG. MOYEN TERME . 329,50 2161,38 16/05 POSTE PREMIE`RE 1 AN...... 41393,46 271523,30 16/05 BP SE´CURITE´...... 101065,43 662945,76 16/05 ...... MASTER OBLIGATIONS C ..... 30,32 198,89 14/05 CM OBLIG. QUATRE...... 163,69 1073,74 16/05 POSTE PREMIE`RE 2-3...... 8876,14 58223,66 16/05 EUROACTION MIDCAP...... 158,13 1037,26 16/05 ...... OPTALIS DYNAMIQ. C ...... 20,80 136,44 15/05 Fonds communs de placements PRIMIEL EUROPE C...... 72,51 475,63 16/05 FRUCTI EURO 50 ...... 120,35 789,44 16/05 ...... OPTALIS DYNAMIQ. D...... 19,95 130,86 15/05 ´ REVENUS TRIMESTRIELS ..... 785,80 5154,51 16/05 FRUCTIFRANCE C ...... 101,15 663,50 16/05 ´ CM OPTION MODERATION . 19,21 126,01 16/05 ...... OPTALIS EQUILIB. C ...... 19,75 129,55 15/05 THE´SORA C...... 182,40 1196,47 16/05 .... FRUCTIFONDS FRANCE NM 269,76 1769,51 16/05 ´ ...... OPTALIS EQUILIB. D...... 18,48 121,22 15/05 ASSET MANAGEMENT THE´SORA D...... 152,26 998,76 16/05 ...... OPTALIS EXPANSION C ...... 17,66 115,84 15/05 TRE´SORYS C...... 46503,37 305042,11 16/05 .... www.cdcixis-am.fr ...... OPTALIS EXPANSION D...... 17,54 115,05 15/05 AME´RIQUE 2000...... 145,91 957,11 16/05 SOLSTICE D...... 360,36 2363,81 16/05 OPTALIS SE´RE´NITE´ C ...... 17,91 117,48 ...... 15/05 ASIE 2000 ...... 78,15 512,63 16/05 OPTALIS SE´RE´NITE´ D ...... 16,18 106,13 15/05 Fonds communs de placements ...... NOUVELLE EUROPE...... 249,97 1639,70 16/05 ´ MULTI-PROMOTEURS PACTE SOL. LOGEM...... 77,10 505,74 15/05 DEDIALYS FINANCE...... 93,69 614,57 16/05 ...... SAINT-HONORE´ CAPITAL C . 3488,55 22883,39 16/05 ´ NORD SUD DE´VELOP. C...... 506,11 3319,86 15/05 PACTE SOL.TIERS MONDE.... 81,99 537,82 15/05 DEDIALYS MULTI-SECT...... 72,95 478,52 16/05 ...... SAINT-HONORE´ CAPITAL D. 3237,83 21238,77 16/05 ´ ´ NORD SUD DE´VELOP. D ...... 389,62 2555,74 16/05 UNIVAR C ...... 188,81 1238,51 18/05 DEDIALYS SANTE ...... 101,07 662,98 16/05 ...... ST-HONORE´ CONVERTIBLES 340,30 2232,22 16/05 ´ UNIVAR D...... 186,06 1220,47 18/05 DEDIALYS TECHNOLOGIES.. 49,05 321,75 16/05 ...... Sicav en ligne : ST-HONORE´ FRANCE...... 65,91 432,34 16/05 DE´DIALYS TELECOM...... 60,98 400 16/05 ...... 08 36 68 09 00 (2,21 F/mn) ST-HONORE´ PACIFIQUE ...... 113,95 747,46 16/05 POSTE EUROPE C...... 88,81 582,56 16/05 ...... ST-HONORE´ TECH. MEDIA .. 139,32 913,88 16/05 E´CUR. 1,2,3... FUTUR ...... 59,15 388 16/05 POSTE EUROPE D ...... 85,22 559,01 16/05 ...... ST-HONORE´ VIE SANTE´ ...... 384,62 2522,94 16/05 E´CUR. ACTIONS EUROP. C ... 20,43 134,01 16/05 POSTE PREMIE`RE 8 ANS C ... 190,90 1252,22 16/05 ...... CIC CONVERTIBLES...... 6,06 39,75 16/05 ST-HONORE´ WORLD LEAD. . 110,70 726,14 16/05 E´CUR. ACTIONS FUTUR ...... 77,05 505,41 16/05 POSTE PREMIE`RE 8 ANS D... 175,24 1149,50 16/05 ...... CIC FINUNION ...... 171,55 1125,29 16/05 E´CUR. CAPITALISATION C.... 42,79 280,68 16/05 Fonds communs de placements REMUNYS PLUS ...... 101,32 664,62 16/05 ...... CIC OBLI LONG TERME C..... 14,90 97,74 16/05 E´CUR. DYNAMIQUE+ DPEA. 50,41 330,67 16/05 WEB INTERNATIONAL ...... 31,04 203,61 16/05 ...... CIC OBLI LONG TERME D .... 14,90 97,74 16/05 SG ASSET MANAGEMENT E´CUR. E´NERGIE D PEA...... 49,44 324,31 16/05 ...... ´ CIC OBLIMONDE...... 132,87 871,57 16/05 Serveur vocal : ECUR. EXPANSION C...... 14464,12 94878,41 16/05 LEGAL & GENERAL BANK ...... E´CUR. EXPANSIONPLUS C.... 41,40 271,57 16/05 CIC PIERRE...... 36,98 242,57 16/05 08 36 68 36 62 (2,21 F/mn) E´CUR. INVESTISSEMENTS.... 61,53 403,61 16/05 RENTACIC ...... 22,75 149,23 16/05 CADENCE 1 D ...... 155,62 1020,80 15/05 ´ 512,89 STRATE´GIE IND. EUROPE .... 239,52 1571,15 15/05 ´ E´CUR. MONE´TAIRE C...... 220,16 1444,15 16/05 UNION AMERIQUE...... 3364,34 16/05 CADENCE 2 D ...... 153,32 1005,71 16/05 LEGENDE E´CUR. MONE´TAIRE D...... 189,85 1245,33 16/05 Fonds communs de placements Fonds communs de placements CADENCE 3 D ...... 153,54 1007,16 16/05 e Hors frais. ee A titre indicatif. * Part div. par 10 au 5/5/99. E´CUR. OBLIG. INTERNAT. .... 174,47 1144,45 16/05 CIC EURO OPPORTUNITE´..... 629,31 4128 16/05 STRATE´GIE CAC...... 7199,44 47225,23 15/05 CONVERTIS C...... 247,35 1622,51 16/05 25 AUJOURD’HUI LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001

TECHNOLOGIE Les ordinateurs re de luminosité et d’angle de vision une solution plus économique en que leur détérioration au bout de de résoudre ce problème. b LE LIVRE portables restent coûteux en raison laissent à désirer. b LES OLED, ces fournissant, en prime, des écrans 1 000 à 2 000 heures. b DES SOLU- électronique, toujours en attente du prix élevé de leur écran plat à cris- diodes organiques électrolumines- souples. b LA DURÉE de vie des TIONS mixtes faisant appel à des d’un support adapté à sa lecture, taux liquides (LCD). De plus, les carac- centes qui se développent depuis les OLED reste toutefois limitée par leur transistors organiques pour comman- pourrait bénéficier de ces développe- téristiques de ces derniers en matiè- années 1990, pourraient apporter sensibilité à l’oxydation, qui provo- der des cristaux liquides permettent ments, tout comme la télévision. Les écrans plats dopés par les progrès des matériaux organiques Le développement des diodes organiques électroluminescentes (OLED) promet de concurrencer les cristaux liquides pour la fabrication des écrans plats utilisés dans les ordinateurs portables et autres appareils électroniques. Souples et économiques, ces matériaux doivent encore améliorer leur durée de vie

L’ORDINATEUR portable repré- Le marché des OLED devrait ainsi l’impression à jet d’encre pour la sente par la taille une fraction de passer de 3 millions de dollars en Le principe et les premières applications des écrans à diodes organiques mise en place des polymères. En son homologue de bureau ; pour- 1999 à 2,7 milliards de dollars en septembre dernier, la firme Moto- quoi est-il donc si cher à l’achat ? 2005. « C’est tout simplement énor- rola a également lancé un télépho- C’est en grande partie à cause de me », commente Richard Friend de ne cellulaire équipé d’un écran CATHODE MÉTALLIQUE son écran. Le portable doit en effet l’université de Cambridge, un pion- OLED. Elle commercialise aussi un la finesse de ses lignes à un écran à nier dans ce domaine. TENSION DE téléphone à écran LCD, mais 2À10VOLTS cristaux liquides, ou LCD (Liquid Mais que reproche-t-on aux COUCHE l’écran OLED se révèle beaucoup DE TRANSPORT crystal display). Cet écran, dont la LCD ? Hormis une luminosité D’ÉLECTRONS AUTORADIO À ÉCRAN OLED DE PIONEER plus net et lumineux. Il est fabri- fabrication est très coûteuse sur- médiocre et une vision latérale biai- 0,3 mm qué non pas à partir de polymères, tout dans ses versions en couleur, sée, ces écrans sont également dif- mais de petites molécules organi- ÉMETTEUR La structure des composants d'un écran à représente un tiers du prix total de ficiles à fabriquer. Les cristaux ORGANIQUE diodes organiques électroluminescentes ques de type colorant pouvant être l’appareil. liquides se comportent à la maniè- (OLED) est composée par un empilement amenées à l’électroluminescence. re de volets électroniquement com- COUCHE Ce modèle d’écran a des chan- D’INJECTION ANODE de couches organiques prises en sandwich mandés. Les minuscules cellules de DE TROUS TRANSPARENTE entre une anode transparente et une catho- ces de devenir le grand concurrent leurs molécules peuvent passer, à SUBSTRAT de métallique. Hors substrat, l'ensemble ne des LED plastique. Motorola utili- la demande, du transparent à l’opa- dépasse pas les 0,3 mm d'épaisseur. Par se la technologie brevetée par

que. Elles sont donc utilisées pour BLEU rapport aux écrans à cristaux liquides (LCD), Kodak. En collaboration avec la fir-

contrôler la lumière blanche émise VERT les OLED se distinguent pas l'absence de me électronique japonaise Sanyo, à l’arrière du dispositif et répartie ÉMISSION DE LUMIÈRE rétro-éclairage, ce qui permet de gagner en Kodak a également produit un ROUGE le de façon uniforme par un diffu- épaisseur et en consommation électrique. écran OLED à petites molécules seur. Dans le cas des écrans cou- Le coût de fabrication est inférieur, tandis monté sur un verre de 5,5 pouces leur, la lumière est filtrée en ses que la luminosité et la couleur sont amélio- de diamètre, affichant des images composantes rouges, bleues et ver- rées et l'angle de vision augmenté. vidéo et DVD qui ont la netteté du tes. Le processus de fabrication est cristal. Samsung en Corée et NEC Source : Kodak laborieux. Il fait appel à des techni- au Japon ont également fait équi- ques de pointe et coûte cher. 1990, l’équipe de Friend travaille troluminescence est exploité dans (CDT) avec la même idée en tête. pe pour fabriquer des OLED à peti- sur les « diodes plastique », fabri- une diode plastique. En 1991, Toujours indépendante, elle est en tes molécules. Pour devenir plus abordables, COMME DES AMPOULES COLORÉES quées à partir de matériaux poly- l’équipe de Heeger découvre, à son train de faire breveter sa technolo- Tout le monde n’a cependant les portables pourraient profiter Les OLED, en revanche, font mères conducteurs d’électricité. La tour, un polymère voisin qui émet gie par la société d’électronique pas l’intention d’abandonner les sans tarder d’une technologie radi- tout par elles-mêmes : elles sont connaissance de ces matériaux une lumière rouge ; le vert et le Seiko Epson, qui, en juin 2000, a LCD. Aux Pays-Bas, Philips espère calement différente et moins oné- comparables à de petites ampou- remonte aux années 1970, et l’attri- bleu suivront rapidement. Heeger dévoilé un écran couleur OLED aux tirer le meilleur parti des deux sys- reuse. Des prototypes de ces nou- les lumineuses qu’on allume ou bution l’an dernier du prix Nobel crée une entreprise baptisée Uniax dimensions assez réduites pour tèmes, en utilisant les LED polymè- veaux écrans couleur extraplats qu’on éteint et qu’il est possible de de chimie aux chercheurs qui les afin de commercialiser les LED équiper les téléphones cellulaires. res (brevetés chez CDT) comme existent déjà, et on finira sans dou- régler sur toutes les couleurs du ont découverts et mis en valeur plastique. C’est une des « formidables appli- éclairage couleur à l’arrière des te par les retrouver partout non spectre. Elles sont faciles à fabri- – parmi lesquels Alan Heeger, de cations » des LED aux écrans extra- écrans à cristaux liquides. Cela per- seulement dans les ordinateurs quer avec des matériaux légers et l’université de Santa Barbara – est CELLULAIRES DE 3e GÉNÉRATION plats pour un coût raisonnable. met, expliquent-ils, de mieux maî- portables, mais également dans les bon marché. Beaucoup d’OLED une forme de reconnaissance de En mars 2000, cette société Nombreux sont ceux qui, dans triser la couleur et la luminosité de téléviseurs, les téléphones numéri- sont élaborées à partir de plasti- l’importance que sont en train d’ac- modeste a été rachetée par le l’industrie, estiment que la troisiè- l’écran. D’autant que des innova- ques, les panneaux de signalisation ques résistants, ce qui veut dire quérir les polymères conducteurs. géant de la chimie DuPont de me génération de téléphones cellu- tions comme celles qui permettent et d’affichage. que ces écrans sont également Richard Friend et son équipe Nemours, qui a investi 15 millions laires disposera d’un écran capable d’aligner les molécules de cristaux Les diodes organiques émettri- flexibles. Sans compter qu’ils con- découvrent alors qu’un de leurs de dollars dans la fabrication d’afficher des graphiques et des liquides (voir le numéro de Nature ces de lumière, ou OLED (Organic somment moins d’énergie que les polymères conducteurs diffuse d’OLED durables à partir de poly- vidéos en provenance d’Internet. du 3 mai) pourraient rendre les Light-Emitting Diodes), vont en LCD. une lumière jaune lorsqu’il est par- mères. De leur côté, Richard Le modèle Seiko Epson est doté LCD moins coûteux et plus fiables. effet transformer la technologie de L’exploitation des LED plastique couru par un courant. Friend et son équipe ont fondé d’un écran d’à peine 2,5 pouces car- la prochaine génération d’écrans. est le fait du plus pur hasard. En Très vite, ce phénomène d’élec- Cambridge Display Technology rés, fabriqué selon la méthode de Philip Ball Nanotubes La faible durée de vie limite les applications FRANCIS GARNIER fait partie des pion- porte quelle forme (courbe, sphérique…) et Francis Garnier. Cette caractéristique limite mes majeurs des LCD classiques qui réside de carbone niers de l’électronique organique. Après n’auraient pratiquement plus de limites de la durée de vie des OLED entre 1 000 et dans la planéité très précise que réclame le avoir réalisé, en 1990, le premier transistor en taille grâce au procédé de réalisation par 2 000 heures. La plupart des industriels enga- dépôt de silicium constituant la matrice de LES TUBES à rayonnement matériau plastique, il a mis au point en 1994 impression. Un papier peint à couleurs varia- gés dans ce domaine, tels que Philips ou transistors inorganiques, indique Francis Gar- cathodique des moniteurs tradi- un procédé d’impression pour faciliter le bles ? « C’est envisageable », estime Francis Lucent, cherchent une solution pour isoler les nier. En organique, c’est aussi simple que de tionnels péchent par leur profon- montage de ces composants organiques. Garnier, qui imagine également des écrans diodes organiques de tout contact avec l’oxy- déposer de la peinture. » Une telle association deur. Certains chercheurs envisa- Après vingt ans passés au laboratoire des de télévision enroulables. « Bill Gates, le gène. Des molécules plus petites (colorants, permettrait d’obtenir des LCD souples pour gent de remplacer ce dispositif par matériaux moléculaires du CNRS à Thiais patron de Microsoft, a misé sur des afficheurs pigments) que celles des polymères se révè- le tiers de leur prix actuel. « La matière néces- un système dans lequel chaque (Val-de-Marne), Francis Garnier travaille de la taille d’un tableau accrochés au mur et lent plus résistantes à l’oxydation. Cette saire pour réaliser la matrice de transistors pixel coloré serait équipé de son avec le Conservatoire national des arts et pour lesquels on pourrait commander l’image option sert aujourd’hui aux premières appli- d’un écran d’ordinateur portable revient à propre canon miniature. Pour métiers (CNAM) et une université allemande. d’une peinture de maître », raconte le cher- cations commerciales. Mais elle pèche par la moins de 1 franc », note le chercheur. Pour cela, un champ électrique extrait « Le rêve, c’est de créer des écrans à l’aide cheur. Mais les écrans tout plastique se heur- nécessité de recourir au dépôt par évapora- autant, la voie royale associant transistors les électrons d’une pointe minuscu- de transistors organiques qui contrôlent des dio- tent encore à des difficultés majeures. tion sous vide, moins économique que la tech- organiques et OLED polymères continue à le, de la taille d’une aiguille, placée des électroluminescentes également organi- nique d’impression des OLED polymères. faire rêver les scientifiques. « Il faut trouver juste derrière l’écran, et, en les ques (OLED) », résume le chercheur. Une tel- EXCITÉES PUIS OXYDÉES Une autre voie consiste à se passer des des molécules moins sensibles à l’oxygène », accélérant, leur fait produire un le association ouvre la porte à une multitude « Les diodes électroluminescentes organi- OLED pour ne conserver que les transistors résume Francis Garnier qui déclare explorer fin rayonnement. Les pointes de d’applications. Les écrans plats, aujourd’hui ques réalisées avec des polymères sont sensibles organiques. Non excités, ces derniers échap- une « nouvelle hypothèse de travail », sans métal donnent de telles émissions contraints par leur rigidité, leur fragilité, à l’oxygène. Les molécules phosphorescentes se pent à la dégradation par oxydation. Ils peu- plus de précisions… de champ lorsqu’elles sont chauf- leurs propriétés optiques (angle de vision) et, trouvant dans un état excité finissent par s’oxy- vent être associés à de classiques cristaux fées, tandis que celles en diamant surtout, leur prix, pourraient prendre n’im- der et se scinder en petits morceaux », explique liquides. « On échappe ainsi à l’un des problè- Michel Alberganti synthétique fonctionnent à froid. Le dernier projet d’écran à émis- sion de champ utilise, cependant, des pointes plus fines que toutes Le livre électronique attend toujours son papier celles qui peuvent être fabriquées « à la main » (plus la pointe est QUI PEUT LIRE un long docu- électronique – énergie, mémoire, à sitif qui ressemble à une imprimante dée à un dispositif de commande dits « cholestériques ». Seule la fine, et plus il est facile d’extraire ment ou un ouvrage sur écran d’ordi- l’exception notable du papier. «Il ou, plus simplement, en déplaçant séparé. Ce qui peut s’avérer mal lumière de certaines longueurs d’on- des électrons). Les pointes sont nateur ? Pour pallier cette carence, serait déjà entre les mains du grand sur l’ensemble de la page une commode et onéreux à gérer. Mais de sélectionnées est reflétée, ce qui constituées par des cylindres creux le livre électronique (E-book,en public s’il disposait d’un bon support « baguette » qui reconfigure chaque E-Ink a profité de l’évolution des permet d’obtenir un papier électro- de carbone pur de quelques nano- anglais) est en passe d’aboutir, et, commercialement disponible. » C’est sphère. On peut aussi écrire sur ce plastiques conducteurs qui rend les nique toutes couleurs. Kent Dis- mètres (millionièmes de millimè- avec lui, le journal et autres lettres du moins ce que pensent les cher- papier en utilisant un crayon électro- circuits électroniques plus faciles à plays estime que ses prototypes ne tre) à peine de diamètre. Ces nano- électroniques. Dick Brass, directeur cheurs de Kent Displays, une firme nique qui fait pivoter les billes. fabriquer et meilleur marché. rivalisent pas encore avec les photo- tubes peuvent être fabriqués à par- général adjoint du développement de l’Ohio qui travaille sur le sujet. En 1999, les chercheurs d’E-Ink se graphies en couleur des livres mais tir de gaz riches en carbone com- technologique chez Microsoft, Le premier papier électronique L’APPLICATION REINE sont associés à Lucent Technologies qu’ils se rapprochent de celles des me l’acétylène. annonce « pour 2018, la dernière édi- remonte à 1975, quand Nick Sheri- Mais le papier électronique tel pour concevoir un papier électroni- journaux. tion papier du New York Times ».Ce don du centre de recherche Xerox que le conçoit E-Ink peut être consi- que commercialement viable. Le Si le livre électronique constitue 10 000 HEURES SANS PANNE qui semble déjà une estimation bien de Palo Alto (Californie) inventait déré comme plus nouveau : pour fruit de cette collaboration a été l’application reine de ces techni- Des chercheurs ont perfection- timide. Mais comment le livre élec- un matériau du nom de Gyricon. changer instantanément la page révélé le mois dernier. Il s’agit d’un ques. E-Ink et Gyricon voient, cepen- né les divers moyens de créer des tronique peut-il concurrencer la lisi- Une feuille est couverte de minuscu- entière, il suffit de taper sur une écran souple en noir et blanc, à fai- dant, dans la signalisation électroni- forêts de nanotubes alignés. En bilité, le coût, la légèreté et la robus- les sphères de plastique, moitié blan- zone de l’écran grâce à l’électroni- ble résolution mais entièrement que un marché plus accessible. Les 1998, Yahachi Saito et son équipe tesse du papier ? Rien de plus sim- ches, moitié noires, qui pivotent que transparente intégrée au sup- modifiable grâce à l’utilisation d’une magasins consacrent à peu près de l’université Mie, au Japon, ont ple : il sera imprimé sur papier élec- sous l’action d’un champ électrique. port. Le concept d’E-Ink est sembla- technique d’impression par tampon 14 milliards de dollars par an à l’éti- rendu compte de la fabrication de tronique avec de l’encre électroni- Xerox a très vite abandonné cette ble à Gyricon. Il se compose de sphè- de caoutchouc pour la gravure des quetage. D’où l’attrait d’une possibi- tubes à rayonnement cathodique que. A la vue et au toucher, il sera idée, considérée comme irréaliste en res microscopiques en plastique qui circuits à partir des conducteurs en lité d’inscrire les prix ou les offres miniaturisés à partir d’émetteurs assez proche du papier classique, raison de son coût très élevé. peuvent passer du noir au blanc. plastique. La feuille comporte une promotionnelles dans toutes les de champ en nanotubes de carbo- mais la pression d’un doigt sur la Mais, au cours des années 1990, Mais, au lieu de pivoter et d’exposer grille en damier de 256 pixels allées d’un supermarché en un ins- ne. Ce dispositif a été utilisé par la page fera apparaître la suivante. Un Sheridon est revenu à la charge, et l’une ou l’autre de leurs faces, ces (16 × 16) mesurant 0,8 centimètre tant. E-Ink comme Gyricon ont déjà firme japonaise Ise Electronics seul feuillet présentera ainsi le conte- Xerox a regroupé, en décembre sphères sont fixes, creuses et rem- de diamètre chacun. Un texte impri- mis au point des panneaux d’afficha- pour la conception d’écrans cou- nu d’une bibliothèque. 2000, la recherche sur le papier élec- plies d’un pigment blanc contenu mé classique exige des pixels beau- ge électroniques. La souplesse ainsi leur pouvant fonctionner plus de L’encre électronique est déjà fabri- tronique au sein d’une filiale indé- dans un liquide noir. Les particules coup plus petits – de moins de 1 mil- offerte pour informer la clientèle 10 000 heures sans se détériorer. quée par une firme du Massachu- pendante, elle-même baptisée Gyri- sont attirées à la surface supérieure limètre –, mais cela ne devrait pas, des promotions spéciales et des pro- En Corée, les chercheurs du Sam- setts, baptisée E-Ink et issue du Mas- con. Le produit Gyricon, devenu ou inférieure des billes par des en principe, constituer un obstacle duits nouveaux aurait fait grimper sung Institute of Technology ont, sachusetts Institute of Technology. aujourd’hui SmartPaper, s’en tient à champs électriques. pour les chercheurs. les ventes de 65 %. eux aussi, mis au point en 1999 un Son directeur de la technologie, l’idée première de Sheridon. Des Ce système a été mis au point, en Kent Displays emprunte une écran couleur de 4,5 pouces, d’une Paul Drzaic, n’émet aucun doute billes de 1 dixième de millimètre de 1997, par Joseph Jacobson et son autre voie avec un écran à cristaux Ph. B. épaisseur de 2,4 millimètres à pei- quant à l’effet produit : « Il s’agira, diamètre chacune occupent les cavi- équipe de Media Lab au MIT, après liquides, qui ne nécessite pas de ne, composé de nanotubes de car- dit-il, du premier véritable change- tés pleines d’huile d’une feuille de quoi la filiale a été créée. Le problè- rétro-éclairage. La réflectivité de cha- e Page réalisée par les rédactions bone. Ils espèrent que ces modèles ment dans la technologie du livre plastique transparent. On ne peut, me posé par ce procédé est que cha- que pixel à la lumière ambiante est du Monde,d’El Pais et de la revue seront mis en fabrication cette depuis cinq cents ans. » Ainsi, tout actuellement, en modifier l’image que portion reconfigurable du modifiée par la commande électroni- internationale Nature. Traduction année. est en place pour fabriquer le livre qu’en passant la feuille par un dispo- papier électronique doit être raccor- que d’une cellule à cristaux liquides, de l’anglais par Sylvette Gleize. 26 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 AUJOURD’HUI-SPORTS

Le football français obtient un nouveau Etoile filante du judo succès de prestige devant le Brésil français, Darcel Yandzi Pour la première fois, la France prend la tête du classement mondial des sélections établi par la FIFA espère briller à nouveau La France a dépossédé le Brésil de la première 16 mai. La France, championne du monde et d’Eu- dans les matches qualificatifs au Mondial 2002. place du classement mondial de la Fédération rope en titre, compte deux points d’avance sur le Les deux équipes devraient se mesurer lors de la internationale de football (FIFA), mercredi Brésil, qui accumule les contre-performances Coupe des confédérations (30 mai-10 juin). Les championnats d’Europe s’ouvrent à Bercy

APRÈS SES TITRES de cham- teur (1-2) le 28 mars, match nul à nales sur les huit dernières années. L’équipe de France est non seule- TOUT LUI SEMBLAIT promis. Il par quelques frasques peu glo- pionne du monde et de cham- Sao Paulo face au Pérou (1-1) le Des coefficients sont fixés selon ment devenue championne d’Euro- avait vingt ans, et rien, ou presque, rieuses : un accident de voiture sur- pionne d’Europe, il ne manquait 25 avril, dans le cadre des élimina- l’importance des matches : une ren- pe en juillet 2000, ce qu’aucune ne lui résistait. On était en 1993. En venu sur une route de montagne, à plus que cette distinction à l’équi- toires à la Coupe du monde 2002 – contre en compétition officielle nation n’avait réussi à faire deux l’espace de douze mois, Darcel la fin de la belle saison 1993, un soir pe de France : prendre la tête du ont beaucoup compté dans ce « vaut » ainsi plus qu’un match ans après un titre mondial, mais Yandzi était devenu champion du de fête, qui aurait pu tourner au classement chamboulement au sommet de la qualificatif lequel « vaut » plus elle a rarement failli à son rang lors monde de judo chez les juniors, drame – le véhicule ayant basculé mondial des hiérarchie des meilleures équipes qu’un match amical. Cette donnée de ses matches amicaux. s’était imposé à deux reprises aux dans le ravin – mais se solda pour sélections nationales. rehausse la performance de Les Bleus ont emporté des vic- championnats d’Europe juniors et l’intéressé par une entorse cervi- nationales L’Argentine, troisième, l’Italie, l’équipe de France. Depuis trois toires significatives face à des dès son coup d’essai aux cham- cale. Une suspension de six mois que publie, quatrième, et le Portugal, cin- ans, les Bleus ont disputé, en pro- équipes comme l’Angleterre (2-0, à pionnats d’Europe seniors et, enfin, pour un « joint » accepté lors d’une plusieurs fois quième, n’ont pas vu leur rang portion, davantage de matches Wembley en février 1999), l’Italie était monté sur la troisième marche soirée à la veille d’un contrôle anti- par an, la changer. L’Espagne, qui a battu la amicaux que toute autre sélection (2-1 en finale de l’Euro) ou l’Alle- du podium des championnats du dopage inopiné. Fédération France le 28 mars à Valence (2-1), en raison de leur victoire en Coupe magne (1-0, le 27 février au Stade monde seniors, dans la catégorie « J’ai eu la chance et la malchance FOOTBALL internationa- passe de la septième à la sixième du monde, synonyme de qualifica- de France). Quelques scores des moins de 78 kg. Du jamais vu. de réussir tôt, dit-il. Je n’ai pas su le de football (FIFA). C’est donc place, au détriment de la Républi- tion automatique pour la prochai- fleuves – contre la Turquie (4-0), le « Darcel, c’était le talent à l’état pur, gérer le succès, et tout ce qui va avec. chose faite depuis mercredi que tchèque. ne édition de l’épreuve. Japon (5-0) et le Portugal (4-0) – un talent phénoménal qui, fait assez Mais ce n’est pas facile de passer de 16 mai. Grâce à leur victoire sur le Créé en août 1993 par la FIFA, ce ont également permis à la France rare dans le judo, s’est exprimé très l’adolescence à l’âge adulte du jour Portugal (4-0) le 25 avril, les Bleus classement est obtenu à partir de EN ASIE POUR SE DÉPARTAGER de glaner quelques points supplé- jeune », se souvient Patrick Rosso, au lendemain. » Certains entraî- détrônent le Brésil qui occupait la calculs d’une très grande complexi- Il n’en reste pas moins que mentaires dans les ordinateurs de aujourd’hui entraîneur de l’équipe neurs ont tenté d’aider le jeune première place de ce classement té. Mis au point par deux statisti- l’avance que possède la France sur la FIFA. de France masculine, mais qui était homme à franchir le cap. Ils ont fini depuis sept ans. ciens allemands, Markus Lam- le Brésil est, pour l’instant, symboli- « Il ressort d’une certaine logique à l’époque l’un des coéquipiers du par se lasser devant l’ampleur de la Les mauvais résultats de la Sele- precht et Hans-Peter Stamm, il que. L’équipe de Roger Lemerre que la France apparaisse à la pre- prodige. çao, qui vit une période extrême- prend en compte les résultats compte 796 points contre 794 pour mière place du classement FIFA,a En comparaison, David Douillet ment délicate – défaite en Equa- acquis par toutes les équipes natio- celle actuellement dirigée par déclaré, mercredi Aimé Jacquet, aurait pu passer pour un laborieux. Paris, cinquante ans Emerson Leao. L’Argentine (763 sélectionneur des Bleus à l’époque « Ça me fait bizarre de penser que points) et l’Italie (748 points) sont, du titre mondial, devenu directeur j’ai été champion d’Europe avant plus tard TROIS QUESTIONS À... Cet événement intervient à un en revanche, plus loin derrière. technique national (DTN). C’est lui », glisse, songeur, Darcel 3moment où le football français La Coupe des confédérations, une nouvelle preuve particulière- Yandzi. Depuis, huit années ont pas- Attribués dans un premier CLAUDE SIMONET s’interroge sur son avenir. Le projet qui va se jouer du 30 mai au 10 juin ment appréciable de la vitalité et du sé. David Douillet a connu tous les temps à Belgrade, les champion- de la Ligue nationale de football en Corée du Sud et au Japon, pour- rayonnement du football français, sommets. La trajectoire de Darcel nats d’Europe de judo ont migré Que pense le président de la (LNF) d’augmenter le nombre de rait toutefois bouleverser à nou- générés essentiellement par une poli- Yandzi, elle, l’a conduit plus d’une en octobre vers Paris – où cette 1Fédération française de football clubs en Division1 de 18 à 20 d’ici la veau le haut du classement, dès sa tique technique, un savoir-faire fran- fois au bord de l’abîme. Le jeune compétition vit le jour il y a exac- (FFF) de cette première place au saison 2002-2003 ne semble pas prochaine publication, le 20 juin, çais, partout reconnus et de plus en homme d’origine congolaise n’a tement un demi-siècle –, la capi- classement mondial de la FIFA? être du goût de la Fédération... étant donné que la France et le Bré- plus exportés. » plus disputé de grand champion- tale yougoslave ne se trouvant Il s’agit d’une concrétisation du tra- Je pense qu’il faudra qu’il y ait sil font partie des équipes invitées Quant à Zinedine Zidane, le nat. Le judo s’est habitué à son pas en mesure de les organiser. vail en profondeur accompli par le bientôt un arbitrage à propos de ce à cette compétition organisée par meneur de jeu du onze tricolore et absence. Ils se dérouleront du vendredi 18 football français depuis plusieurs projet. Le conseil fédéral ne se pro- la FIFA. Placées chacune dans un de la Juventus de Turin, il a confié : au dimanche 20 mai au Palais années. Après sa victoire en Coupe noncera qu’après avoir entendu la groupe différent, les deux forma- « Ce n’est parce que nous avons été DJAMEL BOURAS LE CONCURRENT omnisports de Paris-Bercy. Le du monde, l’équipe de France a conti- communication que la Ligue doit fai- tions pourraient même se rencon- désignés au premier rang que nous « J’ai souvent entendu les gens dire directeur technique national, nué d’avoir de bons résultats. Elle est re sur ce sujet, vendredi 17 mai. Per- trer, soit en demi-finale, soit en sommes les plus forts dans l’absolu. qu’il était fini, raconte Patrick Fabien Canu, a fixé à l’équipe de devenue championne d’Europe et sonnellement, je ne suis pas forcé- finale, dans un remake attendu de Le résultat est logique car nous Rosso. Moi-même, il m’est arrivé de France, rajeunie pour l’occasion, continue de briller alors qu’elle doit ment contre une Division 1 à 20 la finale de la Coupe du monde qui avons beaucoup gagné, mais il nous penser que c’était cuit. » Une un objectif raisonnable : « Sept se contenter, actuellement, de mat- clubs. Il y a 20 clubs en Angleterre, avait vu la France s’imposer (3-0). reste à présent à le prouver. » Loin éclaircie s’était pourtant produite ou huit médailles. ». ches amicaux. Prendre la tête du clas- un championnat qui fait référence. Espérée depuis longtemps par de les rassasier, la conquête de en 1996 : Darcel Yandzi emporta Stéphane Traineau et David sement, aujourd’hui, est une belle Il y a également 20 clubs en Espa- les dirigeants du football français, titres ne fait qu’exciter l’appétit alors le Tournoi de Paris, infligeant Douillet ayant rejoint l’encadre- récompense pour le sélectionneur et gne, un pays qui est présent dans les cette première place récompense des Bleus. à Djamel Bouras, futur champion ment, l’un comme directeur de pour ses adjoints, ainsi que pour la finales de Coupe d’Europe. D’un une sélection qui, depuis le Mon- olympique, un « pion » mémorable l’équipe de France masculine, pléiade de vedettes qui composent point de vue réglementaire, la Ligue dial 1998, n’a « rien lâché ». F. P. autant qu’humiliant lors d’une l’autre comme intervenant cette équipe. Je pense également a toute latitude de faire passer la finale expédiée en quelques auprès des poids lourds, ce sont que c’est très réconfortant pour les Division 1 de 18 à 20 clubs. C’est une secondes. Dans la foulée, il disputa quatre des six médaillés des Jeux clubs étrangers qui mettent à disposi- décision qui lui appartient, confor- les Jeux olympiques d’Atlanta, mais de Sydney qui seront présents : la tion les internationaux français. mément au principe de sub-déléga- Pour la presse brésilienne, dans une catégorie de poids qui championne olympique Séverine tion qui existe entre la Fédération et n’était pas la sienne, celle des moins Vandenhende, malgré une fractu- Reste que ce classement, qui est la Ligue. Je ne crois pas que la Fédé- de 86 kg, et s’inclina en quart de re du nez, les vice-champions 2la résultante de calculs comple- ration puisse s’opposer à cette idée « ce n’est que justice » finale. « A l’époque, j’ai accepté la olympiques Céline Lebrun et Lar- xes, est régulièrement décrié par en mettant en avant « l’intérêt supé- décision des sélectionneurs, qui bi Benboudaoud et le médaillé de ceux qui, en dépit de bons résul- rieur du football ». Elle s’y opposera, RIO DE JANEIRO ring de 160 millions de dollars (envi- m’avaient préféré Djamel, sans rien bronze Frédéric Demontfaucon. tats, ne figurent pas aux meilleures en revanche, si ce projet de D1 à de notre correspondant ron 180 millions d’euros), signé fin dire, dit-il. J’aurais aimé que Djamel places. 20 clubs est mis en application immé- Mercredi 16 mai, sur le coup de 1996 entre la Confédération brési- en fasse autant aujourd’hui, mais j’ai Les calculs de la FIFA sont ce qu’ils diatement, c’est-à-dire dès la saison 18 heures (heure locale), les respon- lienne de football et l’équipementier été déçu de constater que ce n’était tâche. « Dans notre système, il est dif- sont. Les résultats en retrait du Brésil 2001-2002. sables du service des sports de la américain Nike, qui fait l’objet d’une pas le cas. » ficile de s’investir énormément pour nous ont aidés, c’est une évidence. Folha de Sao Paulo, premier tirage enquête d’une commission parle- Samedi 19 mai, à Bercy, le repré- un combattant en particulier, estime S’il est appréciable d’être nº 1, tout Propos recueillis par de la presse quotidienne brési- mentaire, prévoit la réalisation de sentant français dans la catégorie – Patrick Rosso. Or Darcel est quel- cela me semble très aléatoire. Frédéric Potet lienne, n’avaient pas encore tran- cinquante parties amicales sur dix devenue celle des moins de 81 kg – qu’un qu’il faut toujours avoir à l’œil. ché quant au sujet d’ouverture de ans. aux championnats d’Europe, qui Même aujourd’hui, il a besoin leur séquence pour l’édition du len- « La France, estime Fernando devaient débuter vendredi 18 mai, d’avoir quelqu’un sur le dos. Il a du demain. Ils hésitaient entre l’inter- Calazans, chroniqueur à O Globo sera Darcel Yandzi. Huit années mal à se prendre en charge, même si, diction des matches en nocturne, de Rio, aurait dû succéder au Brésil après son dernier titre et à presque pour ces championnats d’Europe, il décrétée moins de deux heures immédiatement après sa victoire au vingt-huit ans, celui-ci a été préféré s’est investi comme jamais. » auparavant par le coordinateur du dernier Mondial si les calculs de la par les sélectionneurs à son vieux Pour Darcel Yandzi, cette compé- « plan de réduction de la consom- FIFA étaient un peu plus intel- rival, « préservé » en vue des cham- tition est aussi l’occasion d’exorci- mation d’énergie électrique » ligibles. » Il est vrai qu’après les deux pionnats du monde et qui ne s’est ser le traumatisme causé il y a trois prévu pour une durée d’au moins derniers fiascos retentissants du pas gêné pour faire savoir qu’il n’ap- ans par les disparitions, à un mois cinq mois, et la perte, au profit de Brésil dans les éliminatoires sud- préciait pas cette mise au repos for- d’intervalle, de son père et d’un ami la France, de la première place du américaines (défaite inédite 1-2 en cée. proche, Jessy Euclide, membre de classement de la Fédération inter- Equateur, puis match nul 1-1 à domi- « Cette sélection m’a surpris, l’équipe de France, traumatisme nationale de football (FIFA) que le cile face aux Péruviens), les plus avoue Darcel Yandzi. Je m’attendais dont le judoka dit ne s’être jamais Brésil monopolisait depuis la con- fanatiques des supporteurs brési- à être remplaçant. » L’occasion lui libéré. « J’aimerais emporter le titre quête, en 1994, aux Etats-Unis, de liens commençaient à trouver que la est donc donnée de renouer les fils européen, confie le champion. Alors son quatrième titre mondial. FIFA utilisait de drôles de méthodes d’une trajectoire décousue. De faire je le leur dédierai, et je serai déli- pour établir son classement. oublier cette réputation de garçon vré. » NOMBREUX MATCHES AMICAUX S’il ne met pas en cause la légitimi- « pas très sérieux ». De refermer la « Ce n’est que justice. Il y a bien té du leadership tricolore, tardive- parenthèse sur ce trou noir marqué Gilles van Kote longtemps que les Français, cham- ment reconnu par les instances inter- pions du monde et vainqueurs du der- nationales, Fernando Calazans nier Euro, méritaient cette première affirme toutefois que les champions place. Si, en dépit des contre-perfor- du monde en titre « n’ont pas beau- mances accumulées ces derniers coup d’adversaires à la hauteur par mois, le Brésil est resté si longtemps en les temps qui courent ». « Mais, préci- tête, c’est parce que la sélection natio- se-t-il, malgré son indéniable talent, nale est celle au monde qui dispute le Zinedine Zidane et ses partenaires plus de matches amicaux, souvent actuels ne sont pas près de me faire contre des équipes modestes. Or, pour oublier Michel Platini, Alain Giresse et la FIFA, tous les résultats comptent », Jean Tigana. » explique un journaliste de la Folha. Il est vrai que le contrat de sponso- Jean-Jacques Sévilla

Avec la coupe de l’UEFA, Liverpool fait le triplé

Et de trois. Le FC Liverpool s’est adjugé son troisième trophée de la saison, mercredi 16 mai, en dominant les Espagnols d’Alavés Vitoria (5-4), à l’issue d’une finale de la coupe de l’UEFA pleine de rebondisse- ments. Déjà victorieux des coupes de la League et d’Angleterre, les joueurs de Gérard Houllier ont rapidement pris le large, grâce à deux buts de Markus Babbel (4e minute) et Steven Gerrard (16e). Mais les Basques d’Alavés ont vite tiré profit des aménagements tactiques de leur entraîneur, José Manuel Esnal. Peu après la mi-temps, ils étaient revenus à égalité : Ivan Alonso (27e) et Javi Moreno (48e,51e) avaient répliqué à Gary McAllister (41e, sur penalty). Un but de Robbie Fowler (72e) semblait sceller le sort du match en faveur de Liverpool, mais Alavés, l’équipe surprise de la saison, trouvait les ressources pour éga- liser sur un coup de tête de Jordi Cruijff (89e). La rencontre, palpitan- te, a pris fin sur un but « en or » cruel, inscrit contre son camp par Gel- li (117e), alors que les Basques, réduits à neuf après deux expulsions, entrevoyaient la possibilité de s’imposer grâce aux tirs au but. AUJOURD’HUI-CONSOMMATION LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 27 Les attraits du congé A savoir b Ancienneté. Congé sabbatique : six ans d’activité professionnelle, dont 36 mois individuel de formation dans l’entreprise. Congé pour création d’entreprise : 36 mois d’ancienneté dans l’entreprise. Depuis les accords de Grenelle, les salariés ont la possibilité b Délais. Autorisation d’absence demandée à l’employeur à de choisir une formation qui réponde à la fois à leurs aspirations déposer 120 jours avant le début du stage pour un CIF égal ou et à leur projet professionnel supérieur à six mois, à temps plein. Pour un CIF de moins de PARMI toutes les possibilités financer des formations destinées rié. « Si la formation demandée ne six mois ou pour le passage d’un offertes au salarié, le congé indivi- uniquement à l’épanouissement convient pas à l’employeur, elle examen : 60 jours. Pour un congé duel de formation (CIF) est le plus culturel de leurs salariés. n’aura aucune chance d’être accep- d’enseignement, de recherche et intéressant parce que sa durée peut Chaque organisme paritaire fixe tée, alors que, pour le CIF, le désir du d’innovation 60 ou 120 jours, aller jusqu’à un an et parce qu’il est donc des critères et des priorités salarié est davantage pris en comp- selon qu’il est à temps partiel ou rémunéré, selon les cas, de 80 % à afin de départager les candidatu- te », explique Sabine. « On m’aurait complet . Congés sabbatique ou 100 % du salaire. Il permet aux tra- res. Ainsi, en Ile-de-France, on pri- proposé deux semaines d’initiation pour création d’entreprise : trois vailleurs « de changer d’activité ou vilégie les formations débouchant aux nouvelles technologies, alors que mois. Autres congés : un mois. de profession » (56 % des CIF) sur un diplôme et on traitera je souhaitais une année universitaire b Réponse de l’employeur. « d’accéder à un niveau supérieur d’abord les dossiers des salariés à plein temps, sanctionnée par un Dans les 30 jours, sauf pour le de qualification » (32 %), « de se per- les moins qualifiés. En Auvergne, DESS », confirme Philippe. congé de formation d’animateurs fectionner » (10 %), ou « de s’ouvrir on donnera la priorité aux person- Après un CIF, l’employeur est pour la jeunesse (8 jours), ou de plus largement à la culture et à la vie formation syndicale (10 jours). sociale » (2 %). b Report du congé. Lorsque le Créé en 1971, par les accords de Vers une remise en cause du CIF salarié remplit toutes les Grenelle, le congé individuel de for- conditions, l’employeur peut mation est ouvert à tout salarié Avec sa durée moyenne de neuf mois, le CIF indispose les seulement différer le congé, en depuis deux ans, dont douze mois employeurs. Il figure actuellement au cœur des négociations sur la for- invoquant le nombre de salariés dans l’entreprise. Il a pour but mation professionnelle. On estime, au ministère de l’emploi, que simultanément absents. Le report d’aider au projet personnel du sala- l’idéal serait « un projet concerté avec l’employeur » pour éviter la coexis- est admis si 2 % des effectifs de rié et ne doit en aucun cas consti- tence d’actions visant uniquement l’adaptation au poste de travail et l’établissement ont déjà obtenu tuer un détournement du plan de de CIF sans garantie de promotion pour le salarié. une autorisation d’absence au formation de l’entreprise. « Le Les partenaires sociaux réfléchissent à la mise en place de « comptes titre de la même catégorie de directeur des ressources humaines de formation individuels » alimentés par les salariés (avec des jours de congé, dans les entreprises de m’a conseillé de formuler différem- congé non utilisés) avec un abondement de l’employeur. « Reste à défi- plus de 200 salariés ; ce taux est ment ma lettre de motivation », expli- nir la ligne de partage entre la logique de l’employeur (l’adaptation au de 1,5 % pour le congé que Philippe, documentaliste dans poste) et celle du salarié (acquérir une qualification). Sans oublier la prise sabbatique. Dans les entreprises une banque, qui voulait s’initier en compte des personnels peu qualifiés, moins disposés à investir dans la de moins de 200 salariés, le aux nouvelles technologies. Il a formation que les cadres », indique-t-on au secrétariat d’Etat à la forma- nombre d’heures de congé donc insisté, dans sa demande, sur tion professionnelle. Quant au CIF, il servirait aux actions de reconver- accordées ne doit pas dépasser son besoin de recherche et d’accom- sion. Le Medef souhaiterait qu’il soit utilisé pour financer la formation, 2 % du nombre total des heures plissement personnel. le maintien de la rémunération du salarié étant assuré par le « compte de travail effectuées dans Le financement du CIF par les de formation individuel ». Les négociations achoppent sur ce point. l’année. L’employeur peut aussi organismes paritaires (fonds pour la reporter le congé s’il estime que gestion du CIF – Fongecif – et orga- le départ du salarié est nismes paritaires collecteurs agréés nes n’ayant jamais bénéficié d’un tenu de réintégrer le salarié dans préjudiciable à la production. Il OPCA ) peut être refusé si le candi- CIF, aux demandes « dont la durée son poste ou dans un emploi similai- doit consulter le comité dat demande une formation qui n’a et le coût ne sont pas excessifs » et à re. Mais il n’est pas obligé de lui pro- d’entreprise, ou les délégués du aucun caractère professionnel : par celles qui présentent un caractère poser un travail correspondant à ses personnel. Le report ne peut exemple, une licence de japonais, d’urgence, compte tenu de la situa- nouvelles compétences, et, dans les excéder neuf mois (pour le CIF, ou encore l’art de composer des tion du candidat. deux tiers des cas, il ne le fait pas. les congés pour examen, THIERRY DALBY bouquets si on n’a pas l’intention de Puisque la formation a un objectif Certains vivent mal cette situation. d’enseignement et de recherche). devenir fleuriste. Comme il y a essentiellement professionnel, pour- Philippe explique sa déception : lité… dans une autre entreprise. «Je varient beaucoup d’un lieu à l’autre. Pour le congé sabbatique, il peut davantage de demandes que de cré- quoi ne pas demander un stage « Après un bain de nouveauté, j’ai peux satisfaire à la fois mon intérêt « A l’université, il y avait un matériel être de six mois dans les petites dits disponibles (le taux de refus est dans le cadre du plan de formation replongé dans la routine. » Au pour la fiscalité et mon besoin de performant, mais aucun confort, et entreprises et de neuf mois dans de 50 %) et que les fonds viennent de l’entreprise ? Parce que celui-ci contraire, Sabine, attachée commer- contacts humains, en gérant un porte- pas de réel encadrement ; heureuse- les grandes. Le report est de six des entreprises qui cotisent à hau- n’offre que des actions ponctuelles ciale dans une société de cinquante feuille de clients dans un cabinet ment que les étudiants s’entraidaient. mois pour le congé création teur de 0,2 % de la masse salariale visant à satisfaire les besoins de l’en- salariés, a tout de suite pu exercer sa comptable », explique-t-elle, satis- J’ai dit au responsable que, si j’avais d’entreprise et de quatre mois brute, celles-ci sont peu disposées à treprise et non pas les désirs du sala- nouvelle spécialité, la comptabi- faite. Elle savait que ce changement dû payer de ma poche, j’aurais été pour le congé de formation de métier se paie généralement par encore plus déçu », raconte Philip- d’animateurs. une baisse d’environ 20 % de la pe. Au contraire, à l’Association b Délai de franchise. Il y a un rémunération, mais elle y était fer- pour la formation professionnelle délai à respecter entre deux mement décidée et a préparé soi- des adultes (AFPA), où Sabine a pré- congés de même nature. Pour le gneusement son stage. paré son cerficat de comptabilité, CIF, il est compris entre six mois chacun progresse à son rythme, au minimum, et six ans. Pour ATTENTION AU FINANCEMENT selon le principe de l’autoforma- obtenir sa durée en mois, on Après un bilan de compétences, tion. Il n’y a pas de cours magistral, divise par douze le total des pour être sûre de ne pas se tromper, mais un programme à la carte en heures de stage effectuées lors du elle a commencé par chercher un fonction de ses connaissances et précédent congé. Le délai entre organisme de formation. « Au Fon- une aide individualisée du forma- deux congés sabbatiques (ou un gecif, on m’a donné une liste d’adres- teur. congé pour création d’entreprise ses, mais il est difficile de s’orienter Un organisme sérieux doit faire et un congé sabbatique) est de six dans ce maquis. Tous les organismes passer des tests (à l’AFPA, un entre- ans. Le délai entre un CIF et un sont intéressés, car le CIF, ça rappor- tien avec une psychologue du tra- congé sabbatique est d’au moins te », constate-t-elle. Les prix vont vail est également prévu). Pour bien six mois. Il n’y a aucun délai de de 30 000 F pour une formation uni- choisir, il faut détailler le contenu franchise entre un congé Jeunes versitaire au multimédia, à 70 000 F de la formation, vérifier qu’elle soit salariés et un congé individuel de pour la même formation dans le sec- diplômante, s’enquérir du pourcen- formation. teur privé. Une fois l’établissement tage de réussite à l’examen, et des b Licenciement. Le salarié n’est sélectionné, Sabine a fait sa deman- chances d’embauche dans le futur pas à l’abri d’un licenciement de d’autorisation d’absence à l’em- métier. « Il faut penser à ce qu’on pour motif économique ou ployeur, en prenant soin de préciser fera après le CIF », conclut Sabine. personnel pendant un congé que son départ en formation serait Recrutée par l’entreprise où elle individuel de formation. Mais il subordonné au financement de cel- avait effectué son stage de fin d’étu- ne peut être licencié pour un le-ci. En effet, lorsque les demandes des, elle est partie quinze jours plus motif lié à son départ en sont trop nombreuses et excèdent tard chez un concurrent : « Après formation. ses possibilités financières, l’organis- une capacité en droit et un début de b Contacts. Le Centre Inffo me paritaire refuse la prise en char- DEUG en cours du soir et du samedi, (Tour Europe, 33, place des ge. Le demandeur d’un CIF peut puis onze mois de formation à la Corolles, 92049 Paris La Défense alors être mis en demeure de partir comptabilité à plein temps, j’estime Cedex ; www.centre-inffo.fr) en formation à ses propres frais et avoir mérité le droit de choisir. » édite des fiches et un CD-ROM sans rémunération. concernant les différents congés. Les conditions de la formation Michaëla Bobasch Prix : 1 611 F (245,60 ¤). D’autres formules permettent de s’éloigner de l’entreprise IL EXISTE d’autres congés, qui ment. Mais il faut que l’initiative et d’animateurs de jeunesse. Pour ont pour dénominateur commun le intéresse l’employeur. les moins de vingt-cinq ans, y com- statut (suspension du contrat de tra- b Congé d’enseignement ou de pris les apprentis. Limité à six jours vail avec maintien de la protection recherche et d’innovation. Il per- par an, il a pour but de se former à sociale et des avantages liés à l’an- met au salarié de dispenser sur son l’animation sportive, culturelle ou cienneté) et garantissent au salarié temps de travail un enseignement sociale et n’est pas rémunéré. le retour dans l’entreprise. professionnel (donner des cours b Congé pour passer un exa- b Congé sabbatique. Pour réali- dans un lycée technique par exem- men. Les salariés qui satisfont aux ser un projet personnel : écrire un ple), ou bien d’exercer une activité conditions requises pour le congé livre, repeindre son appartement, de recherche dans un laboratoire, individuel de formation ont droit voyager. De six à onze mois, non une université, ou une entreprise. Il également à un congé spécifique rémunéré. Il faut donc avoir fait peut être à temps plein (un an maxi- pour passer un examen. Sa durée des économies ou stocké des jours mum) ou à temps partiel (huit heu- correspond à celle de l’examen, de « réduction du temps de res par semaine ou quarante heures plus 24 heures pour la préparation travail ». par mois). La rémunération n’est de celui-ci. b Congé pour création d’entre- pas prévue par la loi, mais peut être b Bilan de compétences. Pour prise. Durée : un an (avec possibili- maintenue par l’employeur. tout salarié depuis cinq ans ayant té de prolongation), non rémuné- b Congé de formation des jeu- un an d’ancienneté dans l’entrepri- Supplément gratuit de 16 pages ré. Il faut garantir à l’employeur nes salariés. Pour les moins de se, quel que soit son statut (CDI, que la nature de l’activité envisa- 25 ans présents dans l’entreprise CDD, emploi temporaire). Durée : gée ne lui fera pas de concurrence depuis trois mois, qui ne sont ni 24 heures. déloyale. Le salarié qui s’affranchi- apprentis ni en contrat de qualifica- b Congé de formation écono- 0123456 rait de cette obligation pourrait tion ou d’adaptation. Ils disposent mique, sociale et syndicale. Dou- Avec être licencié pour faute grave. A de 200 heures, utilisées en une ou ze jours par an (ou dix-huit pour les l’Association pour la création d’en- plusieurs fois, pour suivre, pendant salariés appelés à exercer des res- treprise (APCE), on préfère « l’es- leur temps de travail, des stages de ponsabilités syndicales), ouvert à vendredi 18 daté samedi 19 mai saimage », qui apporte à l’employé leur choix, à temps plein ou partiel. tous les salariés. désirant créer une entreprise, un La rémunération est maintenue. appui technique et un finance- b Congé de formation de cadres M. B. 28 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 AUJOURD’HUI ------Soleil en vue 18 MAI 2001 Oslo Stockholm LE CARNET Prévisions Moscou Ensoleillé VENDREDI. L’anticyclone des tées près de la frontière allemande. vers 12h00 DU VOYAGEUR Açores s’installe au large de la Breta- Un petit risque d’averse persiste sur gne et va influencer favorablement le relief. Il fait de 14 à 17 degrés. pour plusieurs jours le temps sur Poitou-Charentes, Aquitaine, Peu a AÉRIEN. Profitant des nombreu- l’Europe occidentale. Les tempé- Midi-Pyrénées. Le soleil brille large- Belfast nuageux ses liaisons entre Paris et Madrid, la Liverpool ratures vont peu à peu s’élever. ment en Aquitaine et Midi-Pyrénées Dublin compagnie aérienne ibérique Spa- Varsovie Kiev Bretagne, pays de Loire, Basse- avec quelques plaques nuageuses Amsterdam nair augmente ses fréquences vers Normandie. Le début de journée est accrochées au pied de la montagne Berlin Brèves l’Amérique latine, reliant désor- parfois gris, puis les éclaircies vont en début de journée. En Poitou-Cha- Londres éclaircies mais Madrid à La Havane et Bue- o Bruxelles s’imposer. Le vent orienté au nord- rentes, périodes ensoleillées de plus 50 Prague nos Aires par 4 vols hebdomadai- ouest limite la hausse des tempéra- en plus longues. Il fait de 18 à Couvert res. Le billet A/R Madrid-La Hava- tures de 13 à 16 degrés en bord de 22 degrés. ne coûte 4 150 F (632 ¤), celui vers Paris Strasbourg Vienne mer, 17 à 19 degrés dans les terres. Limousin, Auvergne, Rhône- Budapest Buenos Aires 4 600 F (701 ¤). Ren- Ardennes, Nord-Picardie, Ile-de- Alpes. Les averses matinales du Nantes Brume seignements au 0-825-01-81-03. Berne brouillard a France, Haute-Normandie, Cen- massif alpin s’estompent l’après- Bucarest GUIDES. Les éditions du Patri- tre. La grisaille présente au lever du midi. Sur les autres régions, le soleil Lyon Milan moine publient, au format poche, jour au nord de la Loire s’attarde s’impose rapidement. Le mistral se Belgrade Sofia Averses une collection « Itinéraires » jusqu’en mi-journée le long de la lève en vallée du Rhône. Il fait de 17 regroupant une quarantaine de Toulouse Istanbul frontière belge avec un risque de à 20 degrés en plaine. monographies sur les grands sites quelques gouttes. L’après-midi offre Languedoc-Roussillon, Proven- Rome Pluie touristiques français. Biens con- partout des éclaircies. Il fait de 14 à ce-Alpes-Côte d’Azur, Corse. Le Barcelone Naples çues et confiées à des spécialistes 17 degrés du nord au sud, mais à pei- soleil brille du Languedoc-Roussillon 40 o Madrid du lieu, elles comportent, en qua- ne 13 degrés en bord de mer. à l’ouest de la Provence. Quelques Lisbonne Athènes Orages trième de couverture, indications Champagne, Lorraine, Alsace, nuages le masquent par moments pratiques et horaires d’ouverture. Bourgogne, Franche-Comté. A des Alpes maritimes à la Corse et une Séville Parmi les plus récents, citons le proximité du Jura et en Champagne, ondée n’est pas exclue dans l’arrière- Neige Palais Garnier, la tour Eiffel, le la journée commence dans l’humi- pays niçois. Le vent d’ouest souffle à Alger Tunis palais Jacques Cœur et, très bien- dité. En journée, des éclaircies se 70 km/h. Il fait de 22 à 26 degrés, loca- tôt, les jardins de Le Nôtre en Ile- o o o développent, elles restent plus limi- lement 28 degrés. Rabat 0 10 20 Vent fort de-France (64 p., 39 F, 6 ¤). PRÉVISIONS POUR LE 18 MAI 2001 PAPEETE 25/29 S KIEV 13/25 S VENISE 14/22 P LE CAIRE 17/28 S Ville par ville, les minima/maxima de température POINTE-A-PIT. 26/31 C LISBONNE 14/22 S VIENNE 13/17 P NAIROBI 17/27 S et l’état du ciel. S : ensoleillé; N : nuageux; ST-DENIS-RÉ. 22/26 S LIVERPOOL 6/15 S AMÉRIQUES PRETORIA 6/24 S EUROPE LONDRES 10/16 S BRASILIA 18/26 S RABAT 14/20 C C : couvert; P : pluie; * : neige. AMSTERDAM 9/13 S LUXEMBOURG 7/14 C BUENOS AIR. 9/16 S TUNIS 20/34 C FRANCE métropole NANCY 7/15 P ATHENES 18/29 S MADRID 12/19 P CARACAS 24/27 P ASIE-OCÉANIE AJACCIO 16/26 N NANTES 9/17 N BARCELONE 14/19 C MILAN 14/27 S CHICAGO 12/19 S BANGKOK 26/35 C BIARRITZ 11/17 S NICE 18/23 S BELFAST 6/13 S MOSCOU 13/21 C LIMA 17/20 S BEYROUTH 19/25 S BORDEAUX 10/19 S PARIS 7/16 N BELGRADE 13/28 S MUNICH 10/14 P LOS ANGELES 14/18 S BOMBAY 28/33 S BOURGES 7/16 S PAU 9/17 S BERLIN 8/15 C NAPLES 18/30 S MEXICO 10/29 S DJAKARTA 28/29 P BREST 10/15 N PERPIGNAN 14/22 S BERNE 9/17 S OSLO 3/10 P MONTREAL 15/21 S DUBAI 28/39 S CAEN 11/13 N RENNES 8/16 N BRUXELLES 8/14 P PALMA DE M. 17/23 C NEW YORK 15/22 C HANOI 26/29 P CHERBOURG 10/15 N ST-ETIENNE 9/17 S BUCAREST 9/25 C PRAGUE 9/13 P SAN FRANCIS. 12/21 S HONGKONG 25/28 P CLERMONT-F. 6/17 S STRASBOURG 9/16 P BUDAPEST 9/27 C ROME 17/25 C SANTIAGO/CHI 4/12 S JERUSALEM 16/27 S DIJON 8/16 N TOULOUSE 9/18 S COPENHAGUE 8/12 C SEVILLE 16/23 P TORONTO 11/16 P NEW DEHLI 25/32 S GRENOBLE 9/19 P TOURS 7/16 N DUBLIN 5/14 S SOFIA 7/25 S WASHINGTON 16/24 C PEKIN 19/34 S LILLE 9/14 P FRANCE outre-mer FRANCFORT 9/16 S ST-PETERSB. 13/20 S AFRIQUE SEOUL 19/25 S LIMOGES 5/15 S CAYENNE 23/27 P GENEVE 12/21 S STOCKHOLM 9/13 C ALGER 18/26 S SINGAPOUR 27/31 S LYON 10/19 S FORT-DE-FR. 25/30 S HELSINKI 8/16 C TENERIFE 18/24 C DAKAR 20/24 S SYDNEY 11/17 P MARSEILLE 16/24 S NOUMEA 21/26 S ISTANBUL 15/24 S VARSOVIE 9/19 P KINSHASA 23/30 P TOKYO 17/25 S Situation le 17 mai à 0 heure TU Prévisions pour le 19 mai à 0 heure TU

VENTES ADJUDICATIONS a RÉSULTAT de la vente d’art populaire des jeudi 10 mai et ven- A Paris, la Mutualité accueille le Salon du livre ancien dredi 11 mai à Drouot-Richelieu, étude Ferri. LA MAISON de la Mutualité de Dès 1 400 F (213 ¤), on pénètre journal de Louis XVI relatifs au 1199, ce texte sur vélin confirme de fragments. De format grand b Affiquet en bois fruitier à Paris accueille, du jeudi 17 au dans la vraie bibliophilie avec l’édi- Petit Trianon, les menus des fêtes, des dispositions relatives à l’un des in-folio, ayant conservé des cou- décor de motifs peints sculptés dimanche 20 mai, une centaine tion originale d’un ouvrage de l’ab- le compte des dépenses, la liste des gentilshommes du comte leurs très vives, il est orné de dou- d’un personnage féminin, Grèce d’antiquaires-libraires, dont cer- bé Nadal, édité à Paris en 1725, inti- architectes, jardiniers, etc. (librairie (75 000 F, 11 433 ¤, librairie Les ze scènes d’une remarquable fines- XIXe. 1 800 F, 276 ¤. tains venus de loin, à l’occasion de tulé Histoire des vestales avec un des Carrés). Autographes). se et de superbes enluminures b Aune à mesurer les tissus en la treizième édition de ce rendez- Traité du luxe des dames romaines Les manuscrits comptent un des (4,5 millions de francs, 686 020 ¤, bois fruitier sculpté, terminée par vous de bibliophiles. Ils y présen- (librairie Gangloff-Rebert). A AUTOGRAPHES ET MANUSCRITS chefs-d’œuvre du XVe siècle, La libraire Sourget). une main fermée, Allemagne, tent quelques pièces rares et de très 3 000 F (454 ¤), les amateurs de Du côté des pièces très ancien- Chronique de la Bouquechardière, Dans la bibliophilie moderne, le XVIIIe. 4 200 F, 641 ¤. nombreux ouvrages de collection beaux livres pourront acheter une nes, la section des autographes pro- réalisée en Poitou vers 1480. Ce public pourra découvrir divers b Aune patronymique en érable dont la gamme des prix va de 300 F Histoire et description du Petit Tria- pose un document rarissime, une texte en français de Jean de Courcy joyaux : un carnet de notes tenu ornée d’arêtes de poisson datée (45,73 ¤) à 10 000 F (1 524,49 ¤). non ornée de vingt et une gravures charte et son sceau en cire rouge a eu un tel succès à son époque par André Gide à l’âge de dix-neuf 1818-1845, travail alsacien. 1 600 F, La valeur des livres anciens et de vingt-deux figures, publiée à du comte de Flandres Baudoin XI, que les spécialistes connaissent ans, intitulé Octobre 1888, a été 244 ¤. dépend de la notoriété de l’auteur, Versailles par Bernard en 1885. Elle futur empereur de Constantinople aujourd’hui vingt-cinq exemplai- relié dans un volume miniature b Battoir de mariage en noyer,à de l’importance du texte, de l’édi- donne en annexe des extraits du (1171-1206). Etabli à Bruges en res de ce manuscrit et une dizaine (8-3 cm sur 5-7 cm) par Paul Bon- décor gravé d’un cœur et d’inscrip- tion (si possible originale ou aug- net, un des maîtres relieurs du tions, daté 1832, travail westpha- mentée), de la rareté et de l’état de XXe siècle (165 000 F, 25 154 ¤, lien. 2 000 F, 305 ¤. conservation. Parmi les ouvrages Calendrier b Castelnaudary (Aude), b Clermont-Ferrand librairie A. Flümann GMBH) ; b Deux navettes, l’une en érable, édités en grand nombre au XIXe siè- samedi 19 et dimanche 20 mai, (Puy-de-Dôme), samedi 19 Parallèlement, le premier livre l’autre en acacia, à décors géomé- cle figurent de nombreux textes ANTIQUITÉS-BROCANTE tél. : 04-68-91-25-16. et dimanche 20 mai, publié en 1900 par le célèbre mar- triques et floraux, Hongrie XIXe. intéressants d’auteurs inconnus, b Paris, place de la Bastille, b Guéret (Creuse), samedi 19 tél. : 04-73-89-41-77. chand d’art Ambroise Vollard con- 1 200 F, 183 ¤. accessibles à partir de 300 F jusqu’au dimanche 20 mai, et dimanche 20 mai, b Strasbourg (Bas-Rhin), tient des poèmes de Paul Verlaine b Casse-noisettes en hêtre figu- (45,73 ¤). tél. : 01-56-53-93-93. tél. : 05-57-43-97-93. samedi 19 et dimanche 20 mai, illustrés par cent neuf lithographies rant l’empereur Guillaume II avec Dans cette catégorie, on pourra b Dijon (Côte-d’Or), b Damville (Eure), samedi 19 tél. : 03-88-37-21-21. de Pierre Bonnard (285 000 F, son casque à pointe. 3 900 F, 595 ¤. notamment trouver à la foire Voya- du vendredi 18 et dimanche 20 mai, b Les Arcs-sur-Argens 43 447 ¤, librairie FL. Tulkens). b Casse-pignons en fer forgé cise- ge au pays ashanti, le récit d’un au dimanche 27 mai, tél. : 02-37-43-58-26. (Var), du samedi 19 lé, mâchoire figurant un animal sty- diplomate français, le baron Gros tél. : 03-80-77-39-00. b Eauze (Gers), du samedi 19 au jeudi 24 mai, Catherine Bedel lisé, XVIIIe. 1 900 F, 290 ¤. (1793-1870), sur l’Afrique (350 F, b Neuilly-sur-Seine au dimanche 27 mai, tél. : 06-08-84-20-87. b Couverts en bois sculpté à 53 ¤, librairie Chamonial) ou enco- (Hauts-de-Seine), tél. : 05-62-09-83-30. b Chablis (Yonne), samedi 19 e 13e Foire internationale du livre décor anthropomorphe, début re Mavrogénie ou l’héroïne de la Grè- du vendredi 18 au dimanche b Dax (Landes), samedi 19 et dimanche 20 mai, d’art, du jeudi 17 au dimanche XXe. 800 F, 122 ¤. ce, biographie romancée d’une des 20 mai, tél. : 01-40-11-28-16. et dimanche 20 mai, tél. : 02-38-93-89-79. 20 mai. Le 17 de 17 heures à b Cuillères en hêtre sculptées héroïnes de la révolution grecque b Rumilly-lès-Vaudes tél. : 03-44-82-54-29. b Charenton-le-Pont 21 heures, les autres jours de d’une branche de laurier. 300 F, 46 ¤. de 1821, publiée à Bordeaux en (Aube), samedi 19 b Saint-Vincent-de-Tyrosse (Val-de-Marne), samedi 19 11 heures à 19 heures. Maison de b Hachoir en acier avec manche 1830 (700 F, 106 ¤, librairie J. Paul et dimanche 20 mai, (Landes), samedi 19 et dimanche et dimanche 20 mai, la Mutualité, 24, rue Saint-Victor formé d’un renard et détails en cui- Veyssière). tél. : 03-25-40-96-78. 20 mai, tél. : 06-08-10-71-63. tél. : 02-37-24-51-60. 75005 Paris. Entrée 50 F (7,63 ¤). vre, vers 1910-1920. 5 500 F, 840 ¤.

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123456789101112 bien mieux. - 7. Extrait de la férule. Reste qui se fait sentir. - Et les Dupond(t) pompaient ! ! ! I 8. Ressemblants depuis Amphi- tryon. - 9. Grecque. Réponse L’EXPOSITION présentée au II puérile. Dans un moment. - 10. Musée de la marine vise à montrer Donne le choix. Sortie de la liste. comment Hergé a réussi à donner III - 11. Laissent tout traîner. - 12. une grande authenticité à son « Le Trésor Resteras dans l’incertitude. œuvre en travaillant à partir d’ob- de Rackham IV jets, maquettes et dessins. Ainsi le Rouge », Philippe Dupuis voisinent des dessins originaux planche 39. V d’Hergé, montrés pour la première Exposition SOLUTION DU N° 01 - 116 fois, et les modèles qui ont servi à « Mille VI la documentation de leur auteur. sabords ! Horizontalement On suit la relation entre Tintin, Tintin, VII I. Miroitière. - II. Godiche. jeune reporter, et le capitaine Had- Haddock et Mêla. - III. Lied. Simples. - IV. dock, depuis leur première rencon- les bateaux ». VIII Année. Noroît. - V. Cet. Metteu- tre à bord du cargo qui les emmène A Paris, se. - VI. Isidore. Se. - VII. Ferrets. au Karaboujan, dans Le Crabe aux au Musée IX Mi. - VIII. Rail. Aérée. - IX. Erein- pinces d’or. La vignette ci-contre national ter. Ars. - X. Tétralogie. est extraite de l’album Le Trésor de de la marine, X Rackham le Rouge, dans lequel palais Verticalement apparaît pour la première fois le de Chaillot, 1. Glacière. - 2. Moines. Art. - professeur Tournesol. Tintin y est jusqu’au HORIZONTALEMENT pas de bonnes bases. Mémoire 3. Identifiée. - 4. Ride. Délit. - 5. revêtu d’un scaphandre dont l’origi- 12 novembre. des chaînes. - IX. Prit le pouls de Oc. Emor (Rome). Nr. - 6. IHS. nal, créé en 1889 par Denayrouze I. Perte de temps. - II. Gros tas Garibaldi et de Napoléon III. Errata. - 7. Teintée. El. - 8. Mot. et Charles Petit et conservé au HERGÉ MOULINSART 2001 de terre et de pierres pour le Préparés avant d’être servis. - X. Taro. - 9. Empressé. - 10. Musée de la marine, est présenté souvenir. Cours souvent à sec. - Vus en dessous. Reloué. Raï. - 11. Eléis. Mère. - dans l’exposition. Derrière lui pom- pe qui a servi de modèle à Hergé, Réponse dans Le Monde du III. Devient riche avec Labiche et 12. Astéries. pent les deux Dupond(t), et la pom- pompe à volant pour scaphandrier, 25 mai. la biche. Protège le crustacé. VERTICALEMENT fabriquée par René Piel entre 1930 Pions stratégiques. - IV. Bras et 1940, est là pour témoigner de la Réponse du jeu nº 221 paru mécanique. Dans l’outrage. Cro- 1. Pour aller plus haut et plus véracité de l’objet représenté. dans Le Monde du 11 mai. quant et plutôt craquant en ce loin. - 2. Préparer pour le bain Les personnages, partis à la Ce sont les peintures de moment. - V. On les retrouve sur de soleil. Sur une table asia- recherche de l’île au trésor dans Michel-Ange qui ont influencé scène ou entre les pages. Part en tique. - 3. Bien à l’abri du froid. - les Caraïbes, sont embarqués à Girodet dans la scène du Déluge. éclats. - VI. Un spécialiste dans 4. Coulent de partout. Etouffent bord d’un navire appelé : Les drapés des vêtements rappel- son domaine. Met à l’arrêt. - VII. avant de manger. - 5. Personnel. b Le Brillant ? lent ceux que l’on peut voir à la Polonais, devenu roi et cocu. Disparue. - 6. Pour aller droit en b La Licorne ? voûte de la chapelle Sixtine, à Prend la tête. - VIII. Qui n’ont grandissant. Rond, il encaisse b Le Sirius ? Rome. 29 CULTURE LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001

CINÉMA Récompensé en 1991 cielle, Va savoir, un film énergique et bue puissamment l’actrice Jeanne le cinéaste japonais Nobuhiro Suwa par le Grand Prix du jury pour La Bel- jubilatoire qui témoigne de sa pas- Balibar, qui confirme l’étendue de signe pour sa part une œuvre poéti- le Noiseuse, Jacques Rivette, soixan- sion pour le théâtre. b CETTE COMÉ- son talent de comédienne, cascades que et originale sur la mémoire de te-treize ans, présente cette année DIE vénitienne offre deux heures et comprises. b AVEC H-Story, présen- Hiroshima, en partant d’un remake en compétition, dans la Sélection offi- demie d’enchantement auquel contri- té dans la section Un certain regard, du film de Resnais et Duras. Passacaille pour cœurs et corps sur une partition de Jacques Rivette Va savoir. Deux heures et demie de grâce ininterrompue sous la férule d’un cinéaste français fasciné par le théâtre et d’une comédienne en liberté, Jeanne Balibar

féminine. » On peut le crier aussi, SÉLECTION OFFICIELLE (en com- le chanter et le siffler. On peut pétition). Film français de Jac- s’en moquer parce que, de toute ques Rivette. Avec Jeanne Bali- façon, une actrice comme ça, ça bar, Sergio Castellitto, Marianne n’a pas de prix. L’étendue de son Basler, Jacques Bonnaffé. talent est assez bien définie par (2 h 34.) son registre vocal qui lui permet d’avoir une tessiture grave à la Ce n’est pas tous les jours que Marlene Dietrich, si seyante lors- l’on se voit offrir deux heures et qu’elle est en corset (au premier demie de bonheur. Grand sei- acte de Comme tu me veux), pour, gneur, Jacques Rivette propose l’instant d’après, partir dans les Va savoir, comédie fleuve par la aigus comme une petite fille durée, mais qui tient plus de la effrayée. cascade par sa vivacité et son énergie sans cesse renouvelée. POLYPHONIE EXQUISE Aux premières images, l’écran est Va savoir s’amuse beaucoup éclairé par le rond d’une pour- avec le vrai et le faux. Un collec- suite qui cherche un comédien tionneur et vendeur d’autogra- sur la scène d’un théâtre. On en- phes (Claude Berri) propose tend un ordre – « pleins feux ! » – d’ailleurs à Ugo un « isographe » et les projecteurs illuminent une de Goldoni « qui permet de dépar- troupe italienne venue jouer Co- tager le vrai du faux ». Jamais Ugo me tu mi vuoi (Comme tu me veux), ne s’en servira. C’est normal, il de Pirandello, en italien, à Paris. est l’époux d’une femme qui est Une comédienne quitte le au moins aussi vraie lorsqu’elle plateau pour sa loge. Camille joue sur scène qu’à la ville. Et Renard (Jeanne Balibar) est com- cette capacité à réinventer à l’in- me une lumière qui clignote : fini la vérité, cette passion de blonde sur scène, brune en coulis- jouer, trouve son incarnation ses ; elle monologue à voix hau- dans la partie qu’exécute et te : « Ça va, ça va pas. » Ces gagne Jeanne Balibar, demoiselle oscillations, d’abord de faible en détresse et héroïne intrépide amplitude, vont allonger leur qui, en plus, exécute elle-même course jusqu’à ce que les mouve- ses cascades en talons sur le zinc ments d’humeur de Camille des toits de Paris. entraînent, les uns à la suite des Autour d’elle s’organise une autres, tous les personnages de MOUNE JAMET / H & K polyphonie exquise dans laquelle Va savoir dans ce doute perpé- Jeanne Balibar, qui tient le rôle d’une comédienne, prête à exécuter elle-même ses cascades en talons sur le zinc des toits de Paris. chacun des acteurs entre avec tuel, borné par cette limite énon- son idée, avec fantaisie aussi, cée sous une forme ou une autre On a un peu honte d’alourdir cadavre. Or, il n’y a pas plus le dernier film du cinéaste, Secret cinéaste d’exception. Les person- n’hésitant pas à pousser une à plusieurs reprises : «Onneva par cette explication un gag léger vivant que Va savoir. Comme en défense, qu’on pourrait croire à nages et les mécanismes – ici très reconnaissance sur le terrain du pas en faire un drame. » qui n’est que l’un des moments revenant d’un voyage que d’au- l’existence de la fontaine de jou- organiques, très vivants – du burlesque, sans fausse honte, Camille est troublée par son d’une série de surprises, de retour- tres vont entreprendre, on signa- vence. Pour mémoire, l’avant- comique sont aux commandes et entraîné par un cinéaste plus retour à Paris, le premier depuis nements. On pourrait tous les lera aux partants qu’ils croiseront dernier film de Rivette était une le cinéma à leur service. léger que l’air. Il suffit de s’accro- trois ans. Elle ne peut s’empêcher prendre un à un et les disséquer. Pirandello et Hergé, Perrault et épure de cinéma, un film de mort Au service donc de la matière cher aux basques de l’équipage de chercher à revoir Pierre (Jac- On aurait sans doute fait la Jacques Demy (réunis sous l’égi- et de perte, dont l’ordonnance- vivante du film, les acteurs. Dans de Va savoir et de son capitaine ques Bonnaffé), l’homme qu’elle démonstration irréfutable de l’es- de de Peau d’âne), Hitchcock et ment magnifique était imposé le bréviaire cannois du journa- pour s’envoler à son tour. a quitté en partant pour l’Italie prit de Jacques Rivette. Mais elle Feydeau. Et l’on vagabondera par une mise en scène souverai- liste la formule rituelle s’énonce : où elle a rencontré et épousé Ugo n’est plus à faire, et l’inconvé- dans un Paris estival enchanté, ne, presque autoritaire. Va savoir « Il se murmure que Jeanne Bali- Thomas Sotinel (Stefano Castellitto), directeur et nient des dissections est qu’elles qui n’appartient qu’à Rivette. laisse à peine le temps de se sou- bar est désormais l’une des favori- metteur en scène de la troupe. laissent leurs sujets à l’état de Cette joie contraste si fort avec venir que l’on a affaire à un tes pour le prix d’interprétation f www.lemonde.fr/cannes Mais Pierre vit avec Sonia (Marianne Basler). Les retrou- vailles des amants séparés sont vues avec méfiance par leurs con- Celui qui ne veut pas savoir joints respectifs qui, chacun de leur côté et sans le savoir, sont en « JACQUES N’EST PAS quelqu’un qui arrive le l’abécédaire, accumule les citations de sources dre une idée, un affamé de rencontres et de a La présentation en compéti- passe d’être séduits par un autre matin sur le plateau en disant “on va faire ça, ça très diverses (depuis Jacques Rivette jusqu’à débats qui ne cesse pour autant de se tenir éloi- tion du nouveau film de Jacques couple que composent Do (Hélè- et ça”, comme le font certains metteurs en scène. Jean Paulhan ou Honoré de Balzac) sans les gné du monde. Rivette (lire ci-dessus) a suscité les ne de Fougerolles) et Arthur Il ne sait pas, il ne veut pas savoir. Il veut que ce attribuer dans le corps du texte, propose en un Signataire d’un premier article significati- réactions les plus chaleureuses à (Bruno Todeschini), demi-frère et soit le travail d’un peu tout le monde. » Cette mot une pensée en perpétuel mouvement qui vement intitulé « Nous ne sommes plus inno- ce jour dans la salle du grand audi- demi-sœur unis par une tendre assertion éclairante de William Lubtchansky, se soucie moins de prouver ses dires ou de res- cents » (dans le Bulletin du ciné-club du Quartier torium Lumière. Avant même la affection. chef-opérateur de Va savoir et de tous les films pecter la chronologie que de suivre l’impétuo- latin en 1950), introducteur aux Cahiers du ciné- fin de l’ultime séquence, les specta- de Jacques Rivette depuis 1975, fait partie des sité de son élan. ma du concept de « mise en scène », auteur teurs ont réservé un triomphe au MULTIPLES INTRIGUES nombreux et passionnants témoignages inédits d’un coup d’Etat qui évince, en 1963, Eric Roh- film et à ses protagonistes, qui en Pour mettre en mouvement ces recueillis par la critique et scénariste Hélène UN FOU DE CULTURE, UN TIMIDE FRÉNÉTIQUE mer de la rédaction de la revue, Jacques Rivette retour les ont longuement applau- personnages, Rivette et ses coscé- Frappat dans l’ouvrage qu’elle vient de consa- Chemin faisant, fût-il escarpé, le lecteur par- est, avec Jean-Luc Godard, l’auteur de la nou- dis. Ces effusions ont duré plus de naristes, Pascal Bonitzer et Chris- crer au cinéaste. Jacques Rivette, secret compris viendra à faire son miel de cet ouvrage et à tirer velle vague le plus engagé dans la « moder- dix minutes et sont aussitôt tine Laurent, inventent d’autres (Ed. Cahiers du cinéma, 255 p., 147 F [22,41¤]) de ce proliférant feuilleté quelque chose qui res- nité » du cinéma. Son œuvre – depuis Le Coup entrées dans les pages les plus couples : Ugo profite de son est la première monographie consacrée à l’un semble à une ébauche de portrait. Comme il du berger (1956) jusqu’à Va savoir (2001), en est émouvantes de l’histoire du Festi- séjour à Paris pour rechercher des auteurs les plus secrets et les plus envoû- faut s’y attendre, celui-ci est fuyant à souhait, à la preuve incarnée, sous le signe de la fascina- val. une pièce perdue de Carlo Gol- tants du cinéma français. l’image de ce jeune homme qui naît à Rouen le tion pour le théâtre, de l’aménagement systé- a Sept webfilms sont aussi en doni, pendant que Pierre n’en La gageure n’était pas mince, d’autant qu’Hé- 1er mars 1928 dans une famille de la bourgeoisie matique de l’imprévu et de l’affabulation parta- compétition sur la Croisette. Ils finit pas de terminer une thèse lène Frappat a pris le risque de la redoubler, en rouennaise, et qu’on retrouve, dix-huit ans plus gée. Cinéaste du corps et du geste, du complot, ont été présentés le 15 mai pour le sur Heidegger. Ce n’est pas trahir composant un ouvrage absolument déconcer- tard, à tourner son premier film amateur, Aux de l’imaginaire et de l’enfance, chorégraphe Prix monsieurcinéma.com à la les fins mots des multiples intri- tant, adoptant l’esprit et la méthode de celui quatre coins, avec quelques amis stupéfaits de nervalien de la dépossession de soi et de l’en- Semaine internationale de la criti- gues développés par Va savoir qui l’a inspiré. Il faudra donc une certaine bon- sa détermination. Entré en cinéphilie avec Gre- chantement féminin, Jacques Rivette est un des que. Ce sont tous des films très que de révéler que le film se ran- ne volonté au lecteur pour suivre le propos de gory La Cava, Jean Cocteau et Jean Renoir, fin très rares auteurs qui parviennent à faire adve- courts – entre une et quinze minu- ge plutôt dans le camp de la comé- la biographe à travers les méandres de son connaisseur de Corneille, Balzac et Blanchot, le nir la toute-puissance poétique du cinéma. tes – créés spécialement pour être die vénitienne que de la philoso- ouvrage qui passe sans crier gare de l’analyse jeune Rivette est un fou de culture, un timide diffusés sur le Net. Tim Burton, le phie allemande. théorique à l’information ou du témoignage à frénétique capable de se déchaîner pour défen- Jacques Mandelbaum réalisateur d’Edward aux mains d’argent, Batman ou Sleepy Hol- low, dont on verra cet été La Planè- te des singes, y signe une anima- Au carrefour de boulevards qui mènent nulle part tion, The Birth of Stainboy, qui raconte en quatre minutes ani- mées l’histoire d’un petit monstre Mulholland Drive. Entre l’hyperréalisme et l’hallucination, David Lynch s’embourbe sur les chemins d’un mauvais rêve abandonné par ses parents et envoyé dans une maison de cor- dans la cité des rêves ». Par cité des il en a rêvé la nuit précédente. Il sa première audition, le restaurant ce qui se passait derrière des portes rection. SÉLECTION OFFICIELLE (en rêves, il faut entendre Los Angeles redoute la rencontre d’un monstre fréquenté par une partie des per- fermées. Mulholland Drive se situe a Le magnat du porno améri- compétition). Film américain de et son centre névralgique, Hol- qui hante ses rêves, qu’il finit par sonnages du film – donnent l’im- sans doute à l’intérieur d’un cer- cain Larry Flynt, fondateur du David Lynch. Avec Naomi Watts, lywood, dont la nature irréelle, croiser en sortant du bar. Enfin, pression que le réalisateur a tourné veau que l’on suppose être celui de magazine Hustler, a lancé mercre- Laura Elena Harring, Ann Miller. impalpable et artificielle est souli- une jeune fille blonde arrive à l’aé- à deux pas de chez lui, dans un uni- la jeune fille blonde d’apparence di 16 mai depuis l’Hôtel Martinez (2 h 26.) gnée dans chaque plan. roport de Los Angeles, pleine d’es- vers familier. Mais, comme souvent ingénue. Les nombreuses lignes de un appel en faveur de la « la liber- Mulholland Drive débute comme poir et résolue, comme tant chez Lynch, le goût du détail ouvre fracture du film ressemblent à une té d’expression » après l’incident Mulholland Drive était à l’origine un cauchemar. Une limousine rou- d’autres ingénues avant elle, à deve- sur un abîme, où tout devient de écriture automatique dont Lynch qui avait eu lieu la veille dans un le pilote d’une série tournée pour la le sur Mulholland Drive avec à son nir une actrice. A peine arrivée plus en plus inquiétant. La séquen- ne possède jamais l’exacte maîtrise. autre établissement (Le Monde du télévision américaine, qui n’en a bord une femme, peut-être une chez sa tante, qui lui prête son ce du casting montre ainsi une Souvent à l’aise (Elephant Man, 17 mai). Celui qui inspira en pas voulu. Le négatif a alors été actrice, et plusieurs hommes. Le appartement, elle découvre, jeune fille à laquelle on donnerait Blue Velvet, Une histoire vraie) dans 1996 un film éponyme à Milos For- racheté par StudioCanal, pour deve- véhicule s’arrête sur le bas côté, un cachée, la jeune femme de la pre- le bon Dieu sans confession et qui des films où une structure lui est man définit en ces termes le sens nir un film, que David Lynch remon- homme sort un pistolet et le pointe mière séquence. est en fait un habile stratège. imposée – même s’il sait toujours la de sa croisade : une « lutte contre ta entièrement. Toutefois, Mulhol- sur la femme. La voiture, à ce Mulholland Drive évolue entre L’enchevêtrement des faits dans subvertir –, David Lynch devient tous les censeurs des gouvernements land Drive demeure un objet moment précis, est violemment per- l’hyperréalisme et l’hallucination. Mulholland Drive nous ramène sans parfois brouillon lorsque son et les factions religieuses qui tentent mutant, à cheval entre la télévision cutée par un véhicule venant en Ses couleurs sont parfois exagéré- cesse sur le chemin du rêve. L’appa- inconscient est débridé. Et aussi fas- d’imposer leur morale dans l’intimi- et le cinéma, le rêve et la réalité, la sens inverse. Seule la jeune femme ment accentuées, le rythme est rition d’un mystérieux cowboy, cinants soient-ils, les nombreux té des maisons ». Cette déclaration chronique sociale et l’enquête poli- est indemne, et s’enfuit à pied. continuellement brisé. Le sens du d’un illusionniste, d’une clé, sont chemins empruntés par Mulholland intervenait quelques heures avant cière. Le dossier de presse en propo- Dans la séquence suivante, deux détail de David Lynch – l’immeuble les figures d’un inconscient dont Drive mènent toujours nulle part. la dixième soirée de remise des se un résumé elliptique en une hommes vont dans un restaurant. où arrive la jeune blonde, le les frontières sont bien difficiles à Hot d’or (trophées du cinéma X) phrase : « Une histoire d’amour L’un d’eux reconnaît cet endroit car moment où elle passe brillamment délimiter. Blue Velvet nous décrivait Samuel Blumenfeld en marge du festival du film. 30 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 CULTURE-CANNES 2001

L’acteur et réalisateur américain Sean Penn, en compétition dans la Sélection officielle avec « The Pledge » (La Promesse), une lointaine adaptation d’un roman de l'écrivain suisse Friedrich Dürrenmatt. « Sean Penn participe à cet état splendide des êtres tenus par un discours intérieur, qui déborde légèrement des rives, et par une morale infranchissable. » F.-M. B. Journal intime de l’histoire du cinéma Il mio viaggio in Italia. Martin Scorsese associe la recherche de ses origines siciliennes à une analyse de films italiens de l’après-guerre

Scorsese avait l’impression de SÉLECTION OFFICIELLE (séance découvrir des images de ses spéciale). Documentaire améri- parents. Pour la première fois, il cain de Martin Scorsese (4 h 05.) prenait conscience de ses origines. Le réalisateur américain a souvent IL MIO VIAGGIO IN ITALIA répété que son univers se limitait à – dont la projection clôturait « la Elizabeth Street, un quartier italien journée de la transmission » (lire de New York. Grâce au cinéma, ce ci-dessous) – complète un travail monde changeait soudain de commencé en 1995 par Martin Scor- proportion. sese sur le cinéma américain, où le réalisateur mêlait déjà son histoire TENTATIVE D’APPROPRIATION personnelle à celle du cinéma. Com- Il mio viaggio in Italia participe me dans Voyage de Martin Scorsese d’une meilleure connaissance de dans le cinéma américain, Scorsese cet univers. L’une des premières lui-même se trouve au centre de Il images de ce documentaire est un mio viaggio in Italia. Ce documentai- petit film amateur, tourné par les re est autant une recherche de ses grands-parents de Scorsese. Ce origines (ses parents, ses grands- document demeure la seule trace parents, la Sicile d’où ils sont origi- filmée des origines italiennes de naires) qu’un apercu du cinéma ita- Scorsese. Les effets de montage lien de l’après-guerre. La structure confrontent ces images à des films du documentaire est limpide et néoréalistes dont la texture appa- s’appuie sur une analyse lumineuse raît soudain inédite. Scorsese peut des réalisateurs italiens marquants ainsi voir en Rome, ville ouverte,de de l’époque (Roberto Rossellini, Rossellini, une vision exacte, sem- Vittorio De Sica, Federico Fellini, blable à celle d’un journal télévisé, Luchino Visconti…). La minutie du de ce qui serait advenu si ses discours de Scorsese, qui ne s’égare grands-parents étaient restés en jamais dans des généralités et tra- Europe. vaille sur des scènes précises, tient Il mio viaggio in Italia pose aussi à une utilisation brillante des avec justesse la question de l’effet extraits, toujours très longs, qui per- au cinéma. Cela signifie que le Pai- mettent au spectateur de s’installer sa regardé enfant par Martin Scor- dans un film. sese n’est pas tout à fait celui que La cinéphilie de Scorsese a été nous avons vu à la cinémathèque souvent comprise comme une pas- ou à la télévision. Martin Scorsese sion démesurée et exclusive, s’effor- a découvert le cinéma italien dans çant, par une connaissance encyclo- des conditions déplorables, le plus pédique, d’enrichir la vie par les souvent doublé en anglais, sur un films. Elle se dessine ici sous un petit écran de télévision, dans une jour très différent. Cette cinéphilie copie en très mauvais état. Le réali- n’est plus uniquement un objet de sateur américain montre, pour connaissance destiné à l’archivage. mieux restituer cet effet, Paisa dans Le cinéma italien dont parle Scorse- une copie d’époque, volontaire- se n’est pas seulement celui auquel ment médiocre, avec un son de il s’est le plus identifié, mais celui mauvaise qualité. La famille de où il s’est d’abord reconnu. Un ciné- Scorsese comprenait, malgré ce ma dont lui, ses parents et ses son déplorable, que les personna- grands-parents seraient les acteurs ges du film s’exprimaient, comme virtuels. Le petit garçon de Paisa de eux, avec un accent sicilien. Il mio Roberto Rossellini, celui du Voleur viaggio in Italia est une tentative fas- de bicyclette de Vittorio De Sica, cinante et aboutie de s’approprier deviennent ainsi des projections de un pan de l’histoire du cinéma pour Martin Scorsese. l’inscrire dans un journal intime. Lorsque, enfant, il regardait les films italiens à la télévision, Martin Samuel Blumenfeld

La leçon de transmission de maître Wong Kar-waï EN MARGE des projections de cadavre de son fils. Il explique films provoquent dans [son] de décrire avec finesse la naissan- tructives par l’exemple d’ABC Afri- débuté comme scénariste à la la compétition en smoking, du comment il avait choisi une pay- regard ». Il pose par là même la ce de l’émotion esthétique qui ca, d’Abbas Kiarostami. télévision, mais affirme avoir tou- marché du film en attaché-case sanne qui avait perdu un fils du question de la possibilité de trans- l’avait conduit au cinéma, ou La mise en scène de la matinée jours détesté l’écriture « par man- et de la chasse aux autographes, même âge, et pour laquelle il mettre les sensations provoquées quand il questionne le recours au n’a pas aidé à la construction que de patience ». Soulignant le Festival de Cannes organise avait préparé « une mise en scène par les films, « le mystère de l’ima- tournage numérique. Varda lui d’un dispositif critique et aux que, « pendant le tournage, [il] depuis dix ans une « leçon de macabre », où la pauvre vieille gination », comme dira ensuite répond que la caméra DV s’adap- échanges féconds. Il est étonnant change tout le temps d’idée, alors cinéma ». Au-delà de la création était submergée par la douleur et Agnès Varda. te aux besoins du réalisateur, qu’après le film sur les leçons de pourquoi faire de lourds prépara- et de la commercialisation, il l’émotion. « Pour obtenir ce qu’il cinéma et le discours de Gilles tifs ? », il affirme : « On ne peut s’agit ainsi de contribuer à penser cherche, un réalisateur trahit tout Jacob, qui rendait hommage aux pas écrire l’image. » A défaut de le cinéma, et à assurer sa trans- le monde », reconnaît Rosi. Par- Prolégomènes à l’humeur de l’amour « passeurs du cinéma » en citant scénario, Wong Kar-waï explique mission aux jeunes générations. lant, lui, du montage, André Del- Serge Daney, aucun des passeurs qu’il suit des lignes-forces narrati- C’est d’ailleurs sur le thème de la vaux compare les grands mon- Depuis les années 1970, deux révolutions ont bouleversé les rela- invoqués (distributeurs, organisa- ves, en s’appuyant sur la musique « transmission de la connaissan- teurs à des écrivains, tandis tions sociales à Hongkong : le rice cooker électrique et les nouilles ins- teurs de festival, programma- pour donner au film son rythme. ce et de l’amour du cinéma » que qu’Agnès Varda s’interroge sur la tantanées. Wong Kar-waï voulait tourner « trois histoires sur la nourri- teurs) n’ait pris part à la discus- « Le privilège d’être réalisateur, cette décennie a été célébrée le durée engendrée par le montage, ture ». In the Mood for Love 2001 constitue un volet de cette trilogie. sion, pas plus d’ailleurs qu’un élè- c’est de maîtriser le temps. On peut 16 mai, avec en point d’orgue la créatrice de sens : « Le montage On y retrouve Maggie Cheung, cliente de Tony Leung, traiteur-épi- ve de cinéma, qu’un technicien, raccourcir dix ans en une seconde. leçon de cinéma donnée par permet aussi au spectateur d’imagi- cier, mais à l’heure du téléphone portable. Les robes sans plis d’In the ou qu’un enseignant. Alors que le C’est l’aspect le plus amusant de la Wong Kar-waï. ner ce qu’il ne voit pas. » Mood for Love ont laissé place à des tenues plus décontractées et sujet était la transmission, jamais mise en scène. » La journée s’est ouverte par le Tony Leung est presque méconnaissable avec sa moustache. Maggie non plus la parole ne fut donnée Avant la projection en clôture film de montage que Joële Van ÉDUCATION DU REGARD Cheung dévore des gâteaux avant de s’effondrer dans son assiette, le au public – même Faye Dunaway, du film de Martin Scorsese (lire Effenterre a élaboré à partir de Mais le film fait aussi la part bel- visage maculé de maquillage et de nourriture, tandis que Tony Leung présente dans la salle, n’eut pas ci-dessus), Catherine Tasca mit l’enregistrement, par les étu- le à la transmission proprement tente de lui nettoyer la bouche en l’embrassant. voix au chapitre. fin aux débats en passant en diants de la Femis, des dix premiè- dite, et en premier lieu à l’éduca- Ce court métrage burlesque de 8 minutes fut l’une des étapes revue les enjeux et les outils de la res leçons. Mieux qu’une compila- tion du regard. Pour apprendre à menant au film présenté en 2000 en compétition. Sur ce qui devien- LA MUSIQUE POUR LE RYTHME transmission du cinéma. Elle tion anniversaire, cet assemblage des étudiants américains à regar- dra le thème musical du long métrage, mais dans une version plus Une magistrale et généreuse aura ainsi énuméré le chantier du suscite un débat virtuel entre réa- der dans le cadre, la réalisatrice actuelle, il possède déjà cette grâce surréelle, née de l’agencement réponse à la question devait pour- 51, rue de Bercy (l’ex-Maison du lisateurs défendant des concep- française raconte comment elle des corps, des plans et des couleurs. tant être donnée par Wong Kar- cinéma), l’arrivée de Peter tions opposées ou complémentai- les avait emmenés toute une jour- waï, attendu par une foule d’ad- Scarlett à la direction de la Ciné- res de leur travail. Wim Wenders née dans la rue, avec leur caméra, mirateurs. En 2000, il avait offert mathèque française, les DVD con- met ainsi en garde contre les scé- mais sans pellicule, dans l’espoir Puis, comme échappés du film, comme le prouve son film Les Gla- aux spectateurs de la Croisette çus par Serge Toubiana sur Truf- narios trop écrits, tandis que Ber- de leur faire prendre conscience Varda, Konchalovski, Volker neurs et la glaneuse – qui lui a l’un des plus beaux instants de faut, les cinquante ans des trand Tavernier insiste sur l’in- que « le déroulement de la vie est Schlöndorff, Franscesco Rosi et valu une manchette dans la pres- cinéma du Festival, il a réitéré en Cahiers du cinéma et… les quaran- fluence de la personnalité de cha- parfois spectaculaire ». Wim Wen- André Delvaux prennent place se anglo-saxonne, « Grand’Ma projetant à la surprise générale In te-neuf de Positif. Au sein de que scénariste sur le rapport du ders revient sur son parcours, où, dans la salle aux côtés de James Goes on DV », dont elle s’hono- the Mood for Love 2001, avant de cette liste œcuménique, la por- même cinéaste à sa réalisation. de cinéphile, il est devenu cinéas- Gray et de Samira Makhmalbaf, re. Mais, pour Schlöndorff et Kon- commencer sa leçon de cinéma. Il tion congrue réservée au projet Francesco Rosi illustre sa te, après avoir dévoré film sur dans un débat orchestré par Jean- chalovski, ces technologies qui y a expliqué que sa méthode con- d’enseignement artistique promu manière de travailler avec des film à la Cinémathèque française. Claude Carrière. Quelques tendent à la prolifération d’ima- siste à créer son long métrage à par l’éducation nationale sem- comédiens non professionnels en De façon troublante, il s’interro- moments surnagent de la dérou- ges conduisent à une « carence partir de deux ou trois nouvelles, blait étrange. montrant la séquence de Salvato- ge sur sa capacité à analyser et à te intellectuelle qui s’ensuivit, d’émotion ». Rosi répond à ce con- sans écriture du scénario. Gra- re Giuliano où la mère voit le expliquer « les sensations que les comme lorsque James Gray tente cert de lamentations peu cons- phiste de formation, il a pourtant Agnès Devictor CULTURE-CANNES 2001 LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 31

PANORAMA DES SÉLECTIONS Retour à Hiroshima, LE CAS PINOCHET ASSASSINATS EN FÉVRIER a La Semaine de la critique a présenté, dans le cadre de séances spécia- les, deux documentaires d’intervention, deux affirmations selon lesquel- sur les traces de Duras et Resnais les le cinéma peut avoir une fonction didactique immédiate et s’appro- cher des problèmes politiques les plus contemporains. Le premier, Le Cas Pinochet, est réalisé par un cinéaste chilien, auteur dans les années H Story. Un poème sur le travail de la mémoire, par le cinéaste japonais Nobuhiro Suwa 1970 d’une œuvre monu- mentale sur les années ans ? C’est la question récurrente du gouvernement Allen- SÉLECTION OFFICIELLE (Un cer- de ce film. de, La Bataille du Chili. tain regard). Film japonais de Nobuhiro Suwa démontre à Patricio Guzman a eu Nobuhiro Suwa. Avec Béatrice nouveau son goût pour les plans l’idée de décrire le méca- Dalle, Kou Machida, Umano longs, installant dans la durée une nisme qui a conduit, à la Hiroaki. (1 h 51.) forme nouvelle de signification. suite d’une plainte dépo- La répétition ad nauseam d’une sée par un juge espa- Après la révélation que fut séquence du film où Béatrice Dal- gnol, à l’arrestation du M/Other, présenté dans le cadre le ne parvient pas dire le texte se général Pinochet alors de la Quinzaine des réalisateurs révèle une expérience fascinante en voyage d’agrément à lors du Festival de Cannes de où se mêlent comme un décortica- Londres. Les différents 1999, on attendait avec une certai- ge à nu des mots (et pas n’importe témoignages s’attachent ainsi à expliquer la procédure suivie, l’arresta- ne impatience des nouvelles de lesquels) et le portrait troublant, tion, la reconnaissance d’une absence d’immunité, l’autorisation d’extra- son auteur Nobuhiro Suwa. H Sto- cru, réel, d’un être. On dit que dition, tout en écoutant en parallèle les paroles de parents de disparus ry est donc son nouveau film. Il tout film est un documentaire sur ou de victimes d’exactions commises alors que Pinochet était le maître est présenté cette année dans la ses acteurs. C’est sans doute dou- du Chili. Cet honnête et limpide documentaire parvient ainsi à décrire sélection Un certain regard et il blement vrai ici où la caméra livre un combat où se fait jour l’affirmation d’un droit international confron- confirme la profonde exigence au spectateur le portrait d’une té aux raisons des Etats qui, en empêchant finalement l’extradition de d’un réalisateur visiblement déci- comédienne extraordinaire, capa- Pinochet, ont démontré les limites de celui-ci. D. R. dé à demander beaucoup au ciné- La caméra livre le portrait d’une comédienne extraordinaire, ble de transformer sa fragilité en Assassinats en février accumule les témoignages de membres de la ma. Béatrice Dalle, capable de transformer sa fragilité en énergie. force pure, en énergie. famille de deux hommes, un homme politique et son garde du corps, Nobuhiro Suwa avait déclaré, L’intérêt de Suwa pour le film que l’on devine progressivement avoir été victimes d’un attentat de lors de la sortie en salle en France vingtième contribution à un film déformées jusqu’à livrer une par- d’Alain Resnais pourrait sembler l’ETA. La volonté un peu insistante de « faire cinéma » (un homme dans de M/Other, être fasciné par l’his- de long métrage, et sa cinquième tie inédite de leur beauté. Jouant paradoxal si on ne comprenait pas l’ombre explique régulièrement, avec une voix menaçante, le modus ope- toire de sa ville natale, Hiroshima incursion dans une cinématogra- habilement d’une hétérogénéité que son projet consiste finale- randi des assassinats politiques) n’empêche pas une certaine banalité du et vouloir y consacrer un film. phie étrangère. Elle prend la place énigmatique des images (est-ce ment à tenter de réconcilier un propos : oui, les « victimes » étaient des êtres humains avec une famille H Story pourrait être cette tentati- d’Emmanuelle Riva et doit incar- qu’on voit le film, le film en train cinéma du montage avec un ciné- et des amis. J.-F. R. ve : s’interroger sur une des gran- ner à nouveau cette femme, han- de se faire, de simples essais sono- ma de la durée et du plan. La répé- SEMAINE DE LA CRITIQUE. « Le Cas Pinochet », film français de Patricio des catastrophes du siècle mais en tée par la mort d’un homme qu’el- res, des essais muets, des répéti- tition des mêmes séquences n’ex- Guzman. (1 h 50.) « Assassinats en février », Film espagnol d’Eterio Ortega ayant pris conscience qu’un tra- le a aimé, un soldat allemand, tué tions ?), H Story va plus loin qu’un clut pas ainsi le lent travail du Santillana. (1 h 24.) vail antérieur de mémoire avait durant la libération de Nevers et simple travail de distanciation, temps dans le cadre et une indiscu- déjà pu être entrepris, celui d’un écoutant les récits du bombarde- c’est une œuvre du questionne- table beauté plastique, épaulée CYBER PALESTINE cinéma moderne encore jeune ment d’Hiroshima de la bouche ment et de l’inachèvement qui par la photographie de Caroline a Commandé à l’auteur de Chronique d’une disparition par l’Autorité mais modelé par les traumatismes de son amant, un Japonais rencon- recherche dans ces qualités Champetier. Les dernières séquen- palestinienne, ce court métrage fait partie d’un ensemble intitulé Projet du XXe siècle. tré pendant quelques jours. mêmes la force d’une certaine plé- ces du film montrent l’escapade Bethléem 2000, conçu pour célébrer l’entrée dans le XXIe siècle des H Story raconte l’histoire d’un nitude. de Béatrice (l’actrice) avec l’écri- zones revenues sous administration palestinienne. Elia Suleiman, avec cinéaste japonais, incarné par INTELLIGENCE ET INCARNATION C’est aussi un poème sur le tra- vain collaborateur du remake, cet humour mordant et distancié qu’on lui connaît, reprend au présent Nobuhiro Suwa lui-même, qui ten- Le film dans le film, la restitu- vail de la mémoire, à la fois celle alors que l’on apprend que le tour- l’histoire du voyage de Joseph et Marie, Youssef et Maryam, jeune cou- te de refaire une adaptation d’Hi- tion du travail du cinéma dans du XXe siècle et celle du cinéma, nage est abandonné. Un Japonais ple palestinien recevant sur son téléphone portable un appel d’un cer- roshima, mon amour, de refaire l’œuvre elle-même est certes une sur la possibilité de transmettre et une Française qui ne parlent tain Gabriel leur conseillant de se rendre à Bethléem pour que Maryam jouer le texte de Marguerite vieille lune de la modernité. Ici, une vérité en prenant conscience pas la même langue se côtoient accouche. Il leur faut trouver un véhicule, mais surtout franchir le poste Duras, de répéter aujourd’hui le pourtant tout se fait dans l’intelli- de ses irréductibles transforma- dans une errance muette, un vaga- de contrôle israélien. Le blocage systématique et l’attitude hostile des geste, inaugural en 1959, du film gence et l’incarnation. Les phrases tions par le temps lui-même. Peut- bondage incertain et calme. soldats de l’Etat juif coupent court au voyage mythique, et enclenchent d’Alain Resnais. La comédienne de Marguerite Duras sont répé- on éprouver les sentiments de le très contemporain cycle de la violence, tabassage de Joseph par les sol- est Béatrice Dalle, qui fête ici sa tées à satiété, savourées, parfois gens qui ont vécu il y a quarante Jean-François Rauger dats de Tsahal, émeute des pierres contre les fusils. Tressant ensemble images de fiction et d’actualités, Elia Suleiman montre qu’il a le sens du pamphlet, avec ce que le genre appelle d’ironie, de virulence, de colère et de laconisme. Il y ajoute, avec un sens très sûr de la composition ciné- Nobuhiro Suwa, calligraphe des émotions matographique, une touche de mélancolie moderniste, par le recours au site imaginaire qui donne son titre au film, et laisse redouter que la Pales- TOKYO ques jours à ceux qu’on termine sur plusieurs ma, Kurosawa, on a appris à tourner vite. C’est tine demeure pour longtemps un territoire virtuel. La justesse et la force correspondance années, en passant par le pink eiga (pornos très pour cela qu’on peut désormais être plus libres. » de ce petit film, dont le réalisateur a dit à Cannes qu’il lui avait fourni En trois films, 2/Duo, M/Other, H-Story, Nobu- bon marché) ou l’underground. Il travaille aux Les trois films de Nobuhiro Suwa ont en com- bon nombre des moyens cinématographiques pour le long métrage qu’il hiro Suwa a révélé un style et un rythme. On côtés de réalisateurs comme Sogo Ishii ou mun cette évolution à l’instinct, quasi documen- termine actuellement, laisse heureusement augurer de celui-ci. J. -M. F. n’oublie pas ces titres à la calligraphie étrange, Masashi Yamamoto, deux pionniers d’un ciné- taire, de l’histoire et de ses acteurs. Le cinéaste QUINZAINE DES RÉALISATEURS. Film palestinien d’Elia Suleiman. Avec ma qui survit grâce aux festivals amateurs et dit avoir à chaque fois procédé différemment. Serene Al Hamayel, Khader Abou Sway. (0 h 16.) PORTRAIT aux projections semi-privées. Il réalise égale- « Pour 2/Duo, on est parti d’une histoire simple ment quelques courts métrages. « Mon but et on a tourné directement. A chaque scène, on MADE IN THE USA Contrairement à ses confrères était d’accumuler le plus d’expérience possible. devait discuter. Dans M/Other, on a beaucoup a Made in the USA raconte l’histoire de l’exécution, le 1er mars 2000, de la « nouvelle nouvelle On n’était pas payé le plus souvent, juste les répété et parlé avec les acteurs avant de filmer. d’Odell Barnes, condamné à mort dans l’Etat du Texas pour le meurtre vague » nippone, le cinéaste repas. Pas une fois je n’ai eu envie de travailler H-Story est, je crois, celui des trois pour lequel le d’une amie de sa mère. Réalisé par Solveig Anspach et Cindy Babski, ne tourne pas à tour de bras sur des films à gros budget ou des films commer- moins de choses étaient décidées, reconnaît une ancienne journaliste de l’émission de CBS News « 60 minutes », ciaux », raconte Nobuhiro Suwa. Nobuhiro Suwa. Au départ, il y avait l’envie de Made in the USA interroge les différents témoins de l’affaire, les mem- faire un film sur Hiroshima. Je voulais aussi tra- bres de la famille d’Odell Barnes, son avocat, le procureur, des enquê- cette écriture cinématogaphique qui détourne ÉVOLUTION À L’INSTINCT vailler avec la chef opératrice Carline Champe- teurs, des journalistes. Certains sont convaincus de la culpabilité d’Odell la ponctuation : une note de musique bondie Tant et si bien qu’il arrive à saturation. « J’ai tier. Il s’agissait enfin de traiter du cinéma. » Barnes, d’autres de son innocence. A la différence d’une enquête pour la de nulle part, un silence absolu, un hors- fini par me sentir comme enfermé dans ces expé- Suwa pense à l’histoire d’un couple japonais télévision où la question de l’innocence serait tranchée, Solveig Ans- champ imprévu… Nobuhiro Suwa ne tourne riences très concrètes. J’ai tout arrêté pour regar- puis à une actrice asiatique. Au dernier pach et Cindy Babski ne cherchent jamais à statuer. Elles préfèrent ana- pas à tour de bras comme quelques-uns de ses der des films. » Il reprend alors des cours à l’uni- moment, le recours à une Française devient évi- lyser le fonctionnement d’un système judiciaire où la peine de mort est confrères de la « nouvelle nouvelle vague » versité. Pour vivre, il tourne des publicités et dent : « C’est à ce moment qu’Hiroshima mon appliquée sans que la culpabilité d’un condamné soit certaine. Le docu- nippone. Il ne prise pas les allers et retours des vidéos promotionnelles. Ensuite, il réalise amour est entré en jeu, dit-il. Mais il ne s’agissait mentaire s’avance sur un terrain plus passionnant que la simple enquête incessants d’un genre à l’autre. Depuis cinq des documentaires télévisés, le plus souvent pas d’un hommage, ni de nostalgie. J’ai voulu télévisée. Made in the USA décrit une justice pour les riches et une autre ans, il réalise les films qu’il a envie de faire des portraits de personnalités. En 1996, 2/Duo, trouver un moyen de placer Hiroshima mon pour les pauvres, où l’impossibilité de se pourvoir en appel condamne mais, depuis plus de vingt ans, il côtoie ce son premier film, fait partie d’une collection amour tel quel dans mon film. On verrait où nous un accusé à l’exécution capitale. Le film souffre parfois d’un enchaîne- cinéma de bouts de ficelle né dans les années lancée par Takenori Sento, jeune producteur mèneraient ces éléments, moi, la Française Caro- ment mécanique des témoignages, souvent filmés de la même manière, 1980 en marge d’une industrie incapable de se de la chaîne cryptée Wowow, intitulée J Movie line Champetier et l’histoire entre Béatrice et pour ne pas imposer un point de vue. Mais il propose des images éton- renouveler. Wars. l’écrivain Machida. Le résultat serait mon film. » nantes – celles de quelques manifestants contre la peine de mort défi- Il a tout juste vingt ans alors, quand, inscrit Nobuhiro Suwa enchaînera sur M/Other, Histoire(s) de cinéma, histoire(s) d’Hiroshima. lant le jour de l’exécution de Barnes, le témoignage de son père qui refu- en cinéma aux Beaux-Arts de Tokyo, il sèche puis H-Story, également produits par Takenori Nobuhiro Suwa est né et a vécu enfant dans la se d’assister à la mort de son fils – qui en font un document passion- les cours pour travailler pendant quatre ans Sento. Les budgets restent limités. H-Story a été ville de la mémoire. nant. S. Bd comme assistant réalisateur sur une quaran- tourné en quatorze jours. « C’est une question QUINZAINE DES RÉALISATEURS. Documentaire français de Solveig Ans- taine de tournages – des films tournés en quel- d’expérience. Les gens de ma génération, Aoya- Brice Pedroletti pach et Cindy Babski. (1 h 45.) La misère urbaine à fleur de peau L’Orphelin d’Anyang. Wang Chao filme avec puissance et simplicité le quotidien d’une cité chinoise

l’adaptation du roman éponyme sensible, n’est pas hors du mon- ments, et une forme de compré- QUINZAINE DES RÉALISA- écrit par le réalisateur. Dans les de. La bande-son, imprégnée des hension profonde, puisque ce TEURS. Film chinois de Wang rues grises et glacées d’une cité bruits du quotidien, se charge de n’est pas seulement l’histoire de Chao. Avec Zhu Jie, Sun Guilin, du centre de la Chine (Anyang, ne jamais le laisser oublier. trois ou quatre personnes qui est Yue Sengyi. (1 h 14.) dans le Hénan), dans des apparte- La manière de filmer de Wang ici contée. ments confinés, des gargotes Chao semble d’une extrême sim- Rejoignant avec un incontesta- Rarement l’espace entre un scé- minables et des boîtes à prosti- plicité. Mais comment alors par- ble brio la jeune école des cinéas- nario et la manière de le raconter tuées sinistres, Wang Chao instal- vient-il à transformer en espace tes réalistes chinois contempo- aura été aussi vaste. Le scénario le sa caméra. spectaculaire des lieux aussi rains déjà représentée par Jia est celui d’un mélodrame classi- Ce qu’il montre est triste, dur, banals ? Un bout de trottoir où Zang-ke, Nin Ying, Zhang Yuan, que : une pauvre prostituée, mise semé de brusques éclats de violen- Yu réchappe des chambres à air Yu Lik-wai ou Wang Xiao-shuai, enceinte par un méchant gangs- ce. Son regard est sans complai- en surveillant le couffin ; ce lit fil- Wang Chao dessine un portrait ter, est contrainte d’abandonner sance aucune, mais d’une infinie mé du dessus, où l’homme, le extrêmement fin et sensuel de la son bébé, que recueille un mal- douceur. Chaque instant de ce bébé et la femme vont inscrire Chine urbaine contemporaine. Il heureux chômeur. La mère et le premier film, superbe de puissan- des idéogrammes amusés du rend perceptible l’état de la cité père adoptif finiront par former ce et de modestie, dit qu’il y a déroulement du récit. Même les et traduit rythmiquement les une petite famille que viendra autre chose à voir que cette réali- gangsters prennent, sans que rien continuités d’une société plurimil- mettre à mal la volonté du té sordide – pas quelque chose à de particulier n’advienne, une lénaire et les ruptures d’un mon- truand, sentant sa fin prochaine, voir « à la place », mais au sein épaisseur humaine, une chaleur de en état de mutation brutale. de récupérer son unique descen- même de la réalité. physiquement perceptible. Le recours à des comédiens non dant. La manière de filmer se Et il le prouve, comme on prou- professionnels, qui incarnent caractérise par des plans, presque ve la marche en marchant. Un COMPRÉHENSION PROFONDE avec une sidérante puissance ces tous fixes, dont la durée est tou- repas de nouilles absorbé face à La rigueur de la mise en scène, personnages en leur ôtant de jours décidée par d’autres critères face en silence par le chômeur et dépourvue de la moindre conces- l’intérieur tout ce qu’ils pou- que la transmission de l’informa- la fille mère laisse venir peu à peu sion, explique en partie ce phéno- vaient avoir de convenu, est une tion supposée contenue par la vers la surface de l’écran un mon- mène, qui relève des possibilités totale réussite grâce à une mise scène. de d’émotion, de non-dit humain, les plus hautes et les plus spécifi- en scène qui peut tout leur L’un des aspects les plus éton- d’espoir, à des années-lumière de ques du cinéma. Mais cette distan- demander, parce qu’elle sait tout nants de ce film à tous égards sur- tout ce qu’annoncent les étiquet- ce entre l’histoire et la manière de leur donner. prenant est son caractère absolu- tes « chômeur » et « fille mère ». la raconter ouvre en grand les pos- ment non littéraire, bien qu’il soit Ce monde émouvant, inattendu, sibilités de partager les senti- Jean-Michel Frodon 32 / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 CULTURE Les civilisations personnelles SORTIR PARIS de tempérament), il y a sans doute plusieurs raisons. Par ailleurs, on Tango à Chaillot le voit depuis une trentaine de Paolo Conte, brasseur de rythmes Les maestros du bandonéon d’années (son premier se succèdent au Théâtre national engagement à vingt ans chez de Chaillot qui poursuit une Ellington) en compagnie des plus Entouré de vingt musiciens et choristes, le chanteur italien donne deux concerts au Grand Rex, à Paris prodigieuse exploration du tango. grands. Sideman de luxe, jamais Julio Pane est étonnant : il a devenu soliste de tout premier 1974, il publie un premier album ou le guitariste Dabielle dall’Omo évidemment, de la tarentelle et du coffre, une insensée facilité plan, il mérite pourtant une PAOLO CONTE, Le Grand Rex, qui ne se vend pas. Dix-huit ans – un forcené du rythme. Repro- du New Orleans, de la comédie à casser les rythmes et les règles attention spéciale : pour la chaleur 1, boulevard Poissonnière, Pa- plus tard, il dresse le bilan du siè- chera-t-on à Paolo Conte son musicale américaine et du du tango pour mieux les rétablir. et l’exactitude de son jeu et ris-9e.Mo Bonne-Nouvelle. Les 17 cle finissant dans Novecento, habileté à transformer des airs de mambo cubain. Dix grammes de Pane a un tempérament explosif, peut-être pour ceci de plus naïf, et 18. Tél. : 01-42-36-83-93. De quand tout le monde fredonne fatigue immense en charme las ? musique klezmer dans Diavolo Rodolfo Mederos a toute pour voir en chair et en os 198 F (30,18 ¤) à 495 F (75,46 ¤). déjà Comedi ou, plus difficile, Lui pardonnera-t-on de ne plus Rosso, et l’Italie bascule vers le la poésie du monde à passer dans un musicien de jazz. Un vrai. mais imbattable sur le swing, Via jouer, ou si peu, de kazoo, frin- Bosphore ; un phrasé à la Maurice le bandonéon. Juanjo Dominguez Sunside, 60, rue des Lombards, Zucchero fait du rock américain con me (« It’s wonderful, it’s won- gant sifflet si prompt à la farce Ravel dans Max, et le gospel s’en- est guitariste, Attilio Stampone est Paris-1er.Mo Châtelet. 21 heures, en italien, Eros Ramazzoti de la derful, it’s wonderful, chips, chips, bluesy ? Un clin d’œil, un pli des vole vers Paris ; un peu d’anglais, pianiste, compositeur, tous le 18. Tél. : 01-40-26-21-25. pop péninsulaire, Paolo Conte ne du-du-du-du-du-du… »). Un titre lèvres, suffisent-ils désormais ? jamais impérialiste, toujours construisent le futur du tango, tolère aucune ingérence dans extrait de Parole d’amore scritte a S’il restait des doutes, le chan- emprunté, et rendu. Le nouvel après en avoir décortiqué BIARRITZ l’univers qu’il s’est construit Machina, merveilleuse alliance de teur, auteur et compositeur de album Razmataz arrive en dou- les splendeurs. Ballet Biarritz depuis la fin des années 1960, et à latinité et de négritude, servi par ceur, hommage au Paris des Théâtre national de Chaillot, Après avoir chorégraphié peine des incursions. Le chanteur des choristes italo-nigérianes et années 1920 et à ses courants 1, place du Trocadéro, Paris-16e. Pulcinella (1911) et L’Après-Midi a publié, à la fin 2000, un album une définition définitive des arca- Selon Paolo Conte, avant-gardistes pour lequel Paolo Mo Trocadéro. 20 h 30, le 17 (Julio d’un faune (1995), le chorégraphe en forme de comédie musicale, nes de la musique moderne, selon Conte a également réalisé mille Pane) ; 20 h 30, les 18 et 19 (Juanjo Thierry Malandain, directeur Razmataz (East-West). Il revient à Paolo Conte : le jazz a été créé le jazz a été créé par huit cents dessins – il vient de pré- Dominguez Trio) ; 15 heures, le 20. du Centre chorégraphique Paris bardé de ses certitudes-incer- par les Noirs d’Amérique, qui senter le DVD au Festival du film Tél. : 01-53-65-30-00. national-Ballet Biarritz, titudes qui lui servent d’échafau- sont les cousins des Gênois et des les Noirs d’Amérique, de Cannes. De 70 F à 170 F. entreprend de remonter deux dage à un art de la mémoire et du Piémontais, il est la seule vraie De cette incursion du nouveau Manuel Rocheman trio autres œuvres-phares des Ballets collage chaque fois plus élaboré. invention musicale du siècle. Le qui sont les cousins dans un cursus en forme de civili- De tous les pianistes que les labels russes : Le Spectre de la rose créé Les pierres fondatrices de la civi- jazz se joue comme dans les night- sation personnelle, Paolo Conte labellisent pour faire plus ou en 1911 par Tamara Karsavina lisation gréco-nègre, pour repren- clubs, avec des lignes de cuivres, des Génois ne fait pas un fromage. Il a l’esprit moins un « coup », Manuel et Vaslav Nijinski dans une dre les mots d’un autre marieur dont un cor français, une guitare du pique-nique sur nappes à car- Rocheman est le plus discret chorégraphie de Michel Fokine de genres, le Toulousain Claude pour donner le rythme, beaucoup et des Piémontais reaux rouges, gardé du temps où (d’assez loin) et le plus talentueux et Boléro qui fut composé à Nougaro, à laquelle se réfère de blues, énormément de joie. il décrivait par la magie des mots (d’aussi loin). C’est très rare l’intention de la danseuse Ida Paolo Conte, reposent sur une Voilà l’histoire que l’ancien avo- Una giornatta al mar – le voyage un musicien qui ne triche pas, Rubinstein et mis en scène par révolution, le jazz, et des acquis, cat d’Asti, né en 1937, raconte quelques-unes des plus belles de paysans descendus vers la mer ne court pas après la mode, ne se Bronislava Nijinska. En le Piémont. A celui-ci le tempéra- inlassablement sur scène, entouré chansons du répertoire italien pour la journée. Mais voilà qu’au raconte pas d’histoires. Manuel rassemblant ces quatre pièces ment, au premier le bouleverse- de vingt musiciens et choristes, moderne les balaie en quelques soleil d’été, le vin bu, le pain tran- Rocheman est musicien-musicien. dans une soirée-hommage, Thierry ment sans cesse affirmé, étudié, dont neuf femmes, car M. Conte minutes, inaugurant son récital ché, apparaît une reine noire, une Comme Martial Solal, dont il a Malandain va jusqu’au bout de sa disséqué, transposé du jazz des est pour l’équilibre et la parité. Il par deux chansons des temps ligne de saxophones, un piano suivi la voie. fascination pour cette épopée années 1920 – on ira peut-être jus- y a quelques petits nouveaux anciens, Genova per noi et Gelato désarticulé exprès, une femme Au Duc des Lombards, 42, rue des artistique hors pair que fut celle qu’en 1930… dans la formation (quatre jeunes al limon. Douceur de vivre, spleen espiègle, un chasseur de primes et Lombards, Paris-1er.Mo Châtelet. de la troupe de Serge Diaghilev. En 1960, Paolo Conte écrit des filles aux cordes, encore un peu et dégustation au présent. tous les personnages de cinéma 21 heures, les 18 et 19. Biarritz (Pyrénées-Atlantiques). chansons qui n’intéressent per- fragiles), et des historiques, telle Des incursions musicales dans que Paolo Conte transpose avec Tél. : 01-42-33-22-88. Gare du Midi, 23, avenue du sonne. Huit ans plus tard, il est la chanteuse Ginger Brew, le ban- l’univers de Paolo Conte, il y en a un flegme élégant en scène. Ricky Ford Maréchal-Foch. 21 heures, le 19 ; chanté par les vedettes, Adriano déoniste Massimo Pitzianti, le per- plein, légères, cultivées, et sans A la carrière relativement discrète 17 heures, le 20. Tél. : Celentano ou Patty Pravo. En cussionniste Daniele di Gregorio cesse improvisées : King Oliver Véronique Mortaigne de Ricky Ford (saxophoniste ténor 05-59-22-44-66. De 40 F à 120 F. L’œuvre à explorer de Jean Dieuzaide, photographe de la diversité GUIDE ou divines), autant de traits développés dans (1954), un reportage émouvant sur l’« émigra- TROUVER SON FILM et 20. Tél. : 01-47-42-25-49. De 175 F à JEAN DIEUZAIDE, Museo San Telmo, Zu- la monographie de 1994 (texte de Jean-Claude tion des Basques » (1950). 285 F. Karim Ziad Group Ifrikya loaga, 1, 20003 Donostia - San Sebastian. Gautrand, éd. Marval). On retrouve ici les De ces deux expositions, on déduit (ou Tous les films Paris et régions sur le er Minitel, 3615 LEMONDE, ou tél. : Sunset, 60, rue des Lombards, Paris-1 . Tél. : 00-34-943-42-49-70. Du mardi au sa- deux grands reportages des années 1950 en confirme) plusieurs choses. Peu de photogra- o 08-36-68-03-78 (2,23 F/min). M Châtelet. 22 heures, les 18 et 19. medi, de 10 h 30 à 13 h 30 et de 16 heures à Espagne et au Portugal, des portraits (Dali, le phes ont autant exploré la palette du Tél. : 01-40-26-46-60. 20 heures ; dimanche, de 10 h 30 à 14 heu- général de Gaulle), les études sur la sculpture « métier » de photographe tout en conservant VERNISSAGE res ; fermé le lundi. Jusqu’au 3 juin. chrétienne, les recherches formelles (le brai, une solide tenue d’image. La diversité de Dieu- RÉGIONS Le Théâtre de Jean Dubuffet papiers froissés, natures mortes), jusqu’aux zaide est telle qu’il faut le dégager de la banniè- Faire bleu Le Havre (Seine-Maritime). Musée de Jean-Paul Wenzel, mise en scène de SAINT-SÉBASTIEN tapisseries aux motifs cosmiques et sculptures re « humaniste » sous laquelle on place sou- Malraux, 2, boulevard Clemenceau. l’auteur. (Espagne) organiques (sardines coincées dans du vent un photographe exemplaire du dialogue Tél. : 02-35-19-62-62. Du 19 mai au Limoges (Haute-Vienne). Théâtre de de notre envoyé spécial Plexiglas). entre des photos « appliquées » (à la presse, 3 septembre. De 11 heures à 18 heu- l’Union, 20, rue des Coopérateurs. Le 20 juin, Jean Dieuzaide aura quatre- l’industrie, etc.) et des explorations personnel- res, les lundis, mercredis, jeudis et 20 h 30, le 19. Tél. : 05-55-79-90-00. vingts ans. A cette occasion, le superbe musée UNE SOLIDE TENUE D’IMAGE les sans autre usage que la contemplation. vendredis ; de 11 heures à 19 heures, 95 F et 125 F. les samedis et dimanches. Fermé le Les Visionnaires San Telmo de Saint-Sébastien, au Pays basque Biarritz faisait découvrir une production Exemplaire encore du changement de statut 14 juillet. 25 F (exposition + musée). espagnol, accueille la rétrospective « la plus moins repérée, un photographe professionnel du photographe, jadis méprisé, aujourd’hui de Jean Desmarets de Saint-Sorlin, mise en scène de Christian Schiaretti. complète à ce jour » du photographe de Tou- qui se plonge dans le Pays basque pour rame- prestigieux, Dieuzaide a longtemps signé ses ENTRÉES IMMÉDIATES Marseille (Bouches-du-Rhône). Théâtre louse. Cette exposition a ouvert à l’occasion ner des images que l’on imagine publiées dans photos Yan pour ne pas « compromettre » son Le Kiosque Théâtre : les places de cer- du Gymnase, 4, rue du Théâtre- du troisième festival Terre d’images de Biar- la presse et les livres. Il n’y a pas d’icônes, nom et il aura été l’un des premiers à avoir tains des spectacles vendues le jour Français. 20 h 30, les 19, 21, 22 ; 19 heu- res, le 23. Tél. : 04-91-24-35-35. De 80 F ritz, qui a eu lieu début mai et qui, de son côté, moins d’envolées lyriques, moins de gestes revendiqué une photographie artistique. même à moitié prix (+ 16 F de commis- à 170 F. sion par place). montrait les images du Pays basque prises par artistiques, mais des petites merveilles de préci- Le photographe présentera, en juin, des iné- Bakkhantes Place de la Madeleine et parvis de la Dieuzaide au cours des années 1950. sion, rendues concrètes par l’unité de lieu et de dits au Château d’eau de Toulouse, centre pho- d’après Euripide, mise en scène Ces deux expositions posent des questions temps : fabrication de sandales basques ou tographique qu’il a créé en 1975, aujourd’hui gare Montparnasse. De 12 h 30 à d’Omar Porras. 20 heures, du mardi au samedi ; de Ollioules (Var). Châteauvallon TNDI. qui se répètent chez la plupart des photogra- mise en forme de bérets (1947), portrait du dirigé par son fils, Michel Dieuzaide. Ce der- 12 h 30 à 16 heures, le dimanche. phes apparus dans les années 1950 : où s’ar- torero Dominguin, yeux hallucinés et costume nier confirme que l’œuvre de son père reste à 21 h 30, les 19 et 20. Tél. : 08-00-08- La Mère confidente 90-90. 70 F et 120 F. rête l’œuvre, comment la cerner ? Saint-Sébas- maculé de sang, sortant des arènes de Pampe- explorer. Sans doute alors dégagée de quel- de Marivaux, mise en scène de San- Les Cantates tien reprend les photos célèbres de Dieuzaide, lune (1949), geste d’amitié entre Jacques Cha- ques images sympathiques mais un peu miè- drine Anglade. de François Tanguy, mise en scène de sorte de best of qui entretient la réputation ban-Delmas et Jean Borotra en sueur, après vres, une œuvre souvent sous-évaluée prendra Théâtre du Vieux-Colombier, 21, rue l’auteur. du Vieux-Colombier, Paris-6e.Mo Saint- d’un photographe mystique, habité par la une partie de tennis (1950), une série coquine son ampleur. Rennes (Ille-et-Vilaine). Théâtre natio- Sulpice. 20 heures, les 18 et 19 ; 16 heu- nal de Bretagne, 1, rue Saint-Hélier. lumière, les lieux et gestes intemporels (villa- sur le Festival du film maudit de Biarritz res, le 20. Tél. : 01-44-39-87-00. De 60 F 19 h 30, le 19 ; 20 h 30, les 21 et 22. ges, artisans, pêcheurs), les formes (charnelles (1949), le fronton de pelote basque de Sare Michel Guerrin à 160 F. Jusqu’au 1er juillet. Tél. : 02-99-31-12-31. De 60 F à 130 F. Orchestre philharmonique Tg Stan de Strasbourg de Tg Stan. Œuvres de Wagner, Webern, Strauss. Toulouse (Haute-Garonne). Théâtre Jan Latham-Koenig (direction). Garonne, 1, avenue du Château-d’Eau. Alain Françon et l’harmonie discordante du « Visage de feu » de Mayenberg Théâtre musical de Paris, 1, place du 21 heures, les 19, 22, 29 ; 19 h 30, le 23. Châtelet, Paris-1er.Mo Châtelet. 20 heu- Tél. : 05-62-48-56-56. 50 F et 100 F. adolescents vacillant dans l’éveil lutte que naît la plus belle harmo- Les gosses n’en ont pas fini avec res, le 18. Tél. : 01-40-28-28-40. De 50 F VISAGE DE FEU, de Marius von du printemps (Wedekind n’est pas nie ; tout se fait par discorde. » la croissance. Olga (Stéphanie à 295 F. DERNIERS JOURS Mayenburg (traduit de l’alle- loin). La mère : « Nous sommes Le foyer familial est du plus bel Béghain) a le dos voûté, les Pierre Hantaï Couperin : Œuvre pour clavecin, 8e et Tous des Indiens mand par Mark Blezinger, Lau- une famille. » Kurt : « Toi peut- arrangement. Kitsch. Le kitsch genoux en dedans, l’œil torve, la 15e ordres. d’Arne Sierens et Alain Platel, mise en rent Muhleisen et Gildas Milin. être. Pas moi. » Le garçon, tyranni- contemporain n’est plus dans l’ac- bave aux lèvres et la main dans Cité de la musique, 221, avenue Jean- scène de l’auteur. e o Toulouse (Haute-Garonne). Théâtre de L’Arche, 122 p., 77,40 F [11,80 ¤]). que, porte la puberté à l’incandes- cumulation, mais dans la sobriété. l’entrejambe. Kurt (Rodolphe Jaurès, Paris-19 .MPorte-de-Pantin. la Cité, 1, rue Pierre Baudis. 20 h 30, le 20 heures, le 18. Tél. : 01-44-84-44-84. Mise en scène : Alain Françon. cence. Il a juré : « Je ne serai pas Il exhibe le vide. Par le propre, le Congé) se déplace volontiers à 19. Tél. : 05-34-45-05-05. 50 F et 110 F. 95 F. Avec Stéphanie Béghain, Rodol- comme eux. Jamais. » transparent. Table de verre à rou- quatre pattes, par bonds, avant de Compagnie Lorelei Zool Fleischer Quartet phe Congé, Evelyne Didi, André Des parents éteignoirs lui ont lettes, couette légère, porcelaine se percher sur le lavabo pour e Vaulx-en-Velin (Rhône). Centre cultu- 7 Lézards, 10, rue des Rosiers, Paris-4 . rel Charlie-Chaplin, place de la Nation. Marcon, Stanislas Stanic. donné le goût du feu. Des parents blanche (décor Jacques Gabel). observer sa mère au bidet. Olga et o M Saint-Paul. 21 h 30, les 18 et 19. 20 h 30, le 19. Tél. : 04-72-04-81-18. THÉÂTRE NATIONAL DE LA compréhensifs soif d’incompré- Kurt jouent les enfants terribles, Tél. : 01-48-87-08-97. 80 F. COLLINE, 15, rue Malte-Brun, hensible. Des parents qui veulent LES ENFANTS TERRIBLES amants à la première érection. Pierre-Christophe Trio Orchestre national de Lyon e Petit Opportun, 15, rue des Lavandiè- Paris-20 . Tél. : 01-44-62-52-52. communiquer le goût du silence, Trois scènes de lutte. Assis, cou- L’inceste est le plus court chemin er o Œuvres de Berui. David Robertson Mo Gambetta. De 80 F (12,20 ¤) à des aphorismes. Des parents lec- ché, debout. Pour assurer la dis- pour relier et renier la famille. Il res-Sainte-Opportune, Paris-1 .M Châ- (direction). telet. 22 h 30, les 18 et 19. Tél. : 160 F (24,39 ¤). Mardi, à 19 heu- teurs du Bild Zeitung – le quoti- corde, le jeune Marius von alimente le désir de brûler, plus Lyon (Rhône). Auditorium Maurice- 01-42-36-01-36. Ravel, 149, rue Garibaldi. 18 heures, res ; du mercredi au samedi, à dien de caniveau allemand – l’ont Mayenburg – également drama- grisant que le sexe, simple esquis- Juanjo Dominguez Trio le 19. Tél. : 04-78-95-95-95. 150 F. 21 heures ; dimanche, à 16 heu- jeté dans le fleuve Héraclite. Kurt turge de Thomas Ostermeier à la se de la fusion-dévoration totale, Théâtre national de Chaillot, 1, place Lucie Mie Traditrici res. Jusqu’au 24 juin. cite volontiers le philosophe grec : Schaubühne de Berlin – fait entrer qui permet de s’envoyer en l’air et du Trocadéro, Paris-16e.Mo Trocadéro. de Sciarrino. Oswald Sallaberger (direc- « Tout sera jugé et dévoré par le feu un cinquième personnage : Paul. en fumée. 20 h 30, les 18 et 19 ; 15 heures, le 20. tion), Trisha Brown (mise en scène). Tél. : 01-53-65-30-00. De 70 F à 170 F. Rouen (Seine-Maritime). Théâtre des La famille pose au bord du lit qui surviendra. » Mais Héraclite Le gendre idéal. Beau gosse. De manière très concertée, Madredeus Arts, 22, place de la Bourse. 20 h 30, le conjugal. Derrière : le père et la ne s’intéressait pas qu’au feu : Aimant. Sain (il joue au football). Alain Françon a jeté ce qu’il a pu Olympia, 28, boulevard des Capucines, 19. Tél. : 02-35-71-41-36. De 95 F à mère. Très comme il faut. Devant : « Le plus bel arrangement est sem- Prêt à la reproduction. Un de cendres sur ce feu. Il le main- Paris-9e.Mo Opéra. 20 h 30, les 18, 19 160 F. Olga (quinze ans) et Kurt (treize blable à un tas d’ordures rassem- motard. Il met les gaz, comme tient ainsi couvé, couvant. Les pro- ans), les enfants. Légèrement tor- blées au hasard », écrivait-il. Ou Kurt met le feu. Même type de sen- pos des parents, de boulevard à dus. L’image suivante montre les encore : « C’est de ce qui est en sations. En moins fort. peine déglacé, ne sont pas sans contraindre les tumultueux André Marcon (le père) et Evelyne Didy (la mère). Cela leur donne un air complet neuf, tailleur habillé, sou- rire forcé. Les enfants, qui accumu- lent avec une belle inventivité les signes de débilité, peuvent leur balancer des braises à pleines pel- letées sans les faire ciller. Cette harmonieuse discordance suffit- elle à l’édification d’un jeune hom- me moderne ? Il faudrait une autre étincelle pour l’éclairer : « Qui ne dévore plus est dévoré, qui ne brûle plus est brûlé. »

Jean-Louis Perrier CARNET LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 33

DISPARITION NOMINATIONS Willy Ronis, photographe ; Michel Jazy, dirigeant sportif ; Michèle ORDRE NATIONAL Gendreau-Massaloux, professeure DU MÉRITE des universités ; Xavier Le Pichon, Est élevé à la dignité de grand- professeur au Collège de France. Jean-Philippe Lauer croix : Sont nommés officiers notam- Robert Vergnaud, président ment : Noëlle Lenoir, ancien mem- d’honneur d’Air Inter. bre du Conseil constitutionnel ; Célèbre pour ses travaux dans la pyramide de Saqqarah Sont élevés à la dignité de grand Jean-Martin Folz, PDG de PSA ; officier : Maryvonne de Saint-Pulgent, L’ÉGYPTOLOGUE FRANÇAIS de latin-grec et d’architecture à die, abrite aujourd’hui deux mis- peut-être avec lui quand il revenait à Alain Bacquet, président de sec- conseiller d’Etat ; Noël Forgeard, Jean-Philippe Lauer, une légende Paris. Il est pris pour une durée de sions archéologiques françaises. pied de la pyramide à degrés », tion honoraire au Conseil d’Etat ; administrateur gérant d’Airbus ; vivante célébrée pour ses travaux huit mois en qualité d’architecte Sur le terrain, Lauer commence par nous a confié l’égyptologue Alain Gisèle Casadesus, sociétaire hono- Eve Ruggieri, journaliste ; George dans l’enceinte de la pyramide à assistant Cecil M. Firth, directeur la reconstitution sur papier de l’in- Zivie, directeur de recherches au raire de la Comédie Française ; Lautner, cinéaste ; Jorge Lavelli, degrés de Saqqarah, s’est éteint des fouilles à Saqqarah. Un contrat tégralité d’une façade de deux édifi- CNRS et chef d’une des deux mis- Georges Chavanes, ancien minis- metteur en scène ; Marie-France mardi 15 mai à Paris à l’âge de qua- à durée déterminée qui allait durer ces (Maisons du Nord et du Sud) sions archéologiques françaises de tre ; Joël Thoraval, préfet honorai- Pisier, comédienne, réalisatrice et tre-vingt-dix-neuf ans. soixante-quinze ans. déblayés deux années auparavant. Saqqarah, en ajoutant : « Sa force re, président du Secours catholi- écrivain ; Francis Veber, réalisa- C’est l’ambassadeur d’Egypte à Lauer se marie en Egypte en était qu’il était architecte, car seul que ; Jacques Thuillier, historien, teur et scénariste. Enfin les dan- Paris, M. Ali Maher, qui a person- 1929 à Marguerite Jouguet, fille du « CHER COMPLEXE DE DJOSER » un architecte pouvait réaliser cette professeur au Collège de France ; seurs Carole Arbo, Fanny Gaïda et nellement annoncé le décès en directeur de l’Institut français d’ar- Le jeune Lauer tirait partie de ses œuvre à partir de données minimes Serge Wourgaft, ancien président Kader Belarbi, le comédien Michel publiant un communiqué où il indi- chéologie orientale (IFAO) dont il connaissances en architecture et et d’outils simples. » Zivie qui a pra- du Comité de liaison pour le trans- Robin et le clarinettiste et saxopho- quait que « l’Egypte et la France a eu une fille et deux fils. Seule l’af- transformait sa quasi-ignorance de tiquement vécu avec Lauer durant port des personnes handicapées. niste Louis Sclavis figurent parmi viennent de perdre un grand homme faire de Suez, en 1956, le força à l’égyptologie en atout. Il n’avait vingt-cinq ans et a appris la nouvel- Le Journal officiel daté lun- les nommés au grade de chevalier. et un grand égyptologue ». En effet, quitter l’Egypte. Mais, renvoyé par aucune idée préconçue sur ce que le de sa mort alors qu’il se trouvait di 14 - mardi 15 mai publie en jusqu’à la fin de ses jours, Jean-Phi- la porte, Lauer allait retrouver devait être le style d’un monument dans sa chambre de la maison de outre une liste de promotions et de lippe Lauer est resté un employé l’Egypte, dont il ne pouvait plus se égyptien. Cela allait lui permettre Saqqarah, souligne l’aspect nominations aux grades de com- JOURNAL OFFICIEL d’exception du gouvernement passer, par la fenêtre. Entré à par- de reconstituer, à partir de ce qui humain de celui qui était devenu mandeur, d’officier et de chevalier égyptien. Quatre mois par an, ce tir de la Libye en 1959, il parvint à ressemblait à un champ de bataille, un mythe : « Malgré les rois et les dans l’ordre national du Mérite. Au Journal officiel du mercredi directeur honoraire au Centre convaincre Sarouat Okacha, offi- l’enceinte de la pyramide de Djoser présidents qui ne manquaient pas de Parmi les promotions au grade 16 mai sont publiés : national de la recherche scientifi- cier et ministre de la culture, de le (2700 av. J.-C.), le premier ouvrage venir le voir, Lauer était resté d’une de commandeur, on relève les b Calendrier électoral : la loi que (CNRS), remplissait conscien- réintégrer. monumental en pierre de taille. bienveillance extraordinaire, rece- noms de Sonia Rykiel, créatrice de modifiant la date d’expiration des cieusement son contrat avec le gou- En 1927, Lauer s’installe à Saqqa- Son « cher complexe de Djoser », vant des touristes qui croyaient que mode ; Pierre Gadonneix, prési- pouvoirs de l’Assemblée nationale, vernement égyptien pour un salai- rah dans une petite maison bâtie comme il se plaisait à l’appeler, le “Beit el farançaoui” était un rest- dent de Gaz de France ; Bruno Cot- ainsi que la décision du Conseil re qui n’était plus que symbolique. sur des déblais de fouille et domi- était en effet une révolution artisti- house. Jusqu’à cette Américaine qui te, président de chambre à la Cour constitutionnel la concernant. Mais ce Parisien d’origine alsacien- nant la Vallée. Adossée à une falai- que due au premier architecte de lui a demandé : “Can I touch you ?” de cassation ; Anne d’Ornano, pré- b Bourse : la loi relative aux nou- ne, né le 7 mai 1902, est resté fidèle se, la maison était isolée de tout. l’Histoire, Imhotep. L’œuvre de ce (Puis-je vous toucher). » Pour le sidente du conseil général du Calva- velles régulations économiques. jusqu’à ses derniers jours à son pre- L’idéal pour ce solitaire pour qui la premier ministre du pharaon Djo- découvreur de la tombe de Maïa, la dos ; Blandine Kriegel, professeure b Parlementaire en mission : un mier employeur. C’est Pierre méditation faisait partie intégrante ser était telle que, durant plus de nourrice de Toutankhamon, Jean- des universités ; Françoise Cachin, décret chargeant Marie-Françoise Lacau, directeur général du service de toute activité. Une maison deux millénaires, il allait être hono- Philippe Lauer « ne vivait pas pour ancienne directrice des Musées de Pérol-Dumont, députée de la des antiquités d’Egypte qui a enga- aujourd’hui surnommée par les ré comme un dieu. vivre, il vivait pour être actif ! » France ; Roland Petit, danseur et Haute-Vienne, d’une mission gé, en juillet 1926, le jeune Lauer Egyptiens « Beit el farançaoui » (la Imhotep allait aussi devenir « l’al- chorégraphe ; Henri Salvador, temporaire auprès du ministre de qui venait de terminer des études maison du Français) et qui, agran- ter ego » de Lauer « qui dialoguait Alexandre Buccianti auteur, chanteur et compositeur ; l’éducation nationale.

AU CARNET DU « MONDE » – Son épouse, Colloques Conférences Débats Roger BOUSSINOT, Ses enfants, Naissances écrivain, cinéaste, homme de lettres, Ses petits-enfants, – L'Association des amis de Passages Société française de philosophie. – A propos du Limousin, BPI Centre ont la douleur de faire part du décès de - ADAPes et la revue Passages, avec le Conférence du professeur Pompidou, petite salle, niveau –1. est décédé le lundi 14 mai 2001, parrainage du ministère des affaires Jean-François Marquet : 23 avril, 20 h 30 : Autour du livre Karla, Tiana, Lou, M. Michel RAMBAUD, étrangères, organisent le 23 mai 2001, à « L'individu chez Nietsche : d'artiste, avec P. Piguet, Cueco, il venait d'avoir quatre-vingts ans. chevalier de la Légion d'honneur, la Maison de l'Amérique latine, un décadence et récapitulation » L. Linard, A. Pichereau, S. Thierry. est née à Toulouse, le 28 avril 2001, croix de guerre 1939-1945, colloque intitulé : « Regards croisés Samedi 19 mai 2001, à 16 h 30, 30 avril, 20 h 30 : Paysage limousin et Sa crémation a eu lieu dans la plus ancien professeur à l'Ensia, Afrique-Amérique latine ». Sorbonne, amphithéâtre Michelet aménagement du territoire, l'esprit des chez stricte intimité. Intervenants : Yves Saint-Geours, 46, rue Saint-Jacques, Paris-5e lieux, avec J. Mottet, C. Chabrely, survenu le 14 mai 2001, dans sa quatre- Jean-Michel et Agnès. Guy Georgy, François Gaulme, M. Da Cueco, R. Lacôte, D. Marcheix, Nicole Boussinot, vingt-huitième année. A. Roger. Costa E Silva, Etienne De, Hélène Vendredi 18 mai, 20 h 15 à 21 h 30, Hélène et Gaston, 7, le Bourg-Sud, 21 mai, 17 heures : Arri Lemosin, Les obsèques ont eu lieu le mercredi Rivière d'Arc, François Jay, Jean-Claude « Les rythmes de la vie de l'Âme ». ses grands-parents, 33190 Bassanne. spectacle de B. Comby, 18 heures : 16 mai, dans l'intimité familiale. Sitbon, Raymond Césaire, Hélène Loge Unie des Théosophes, Ainsi que toute la famille, D'Almeida Topor, Patrick Bonneville, e Ecritures en Limousin, avec A. Spire, Jan 11 bis, rue Kepler, Paris-16 , Dau Melhau, J.-P. Michel, J. Migozzi, M. Sulyok FRANÇOIS, 7, rue de la Terrasse, Ralph Pinto, Henri Lopes, Edward entrée libre et gratuite. sont très heureux de l'accueillir. 75017 Paris. Abiodoune Aina, Marie-France Prevot- R. Millet, R. Peyramaure, et 20 h 30 : assistant de réalisation Tél. : 01-47-20-42-87 Empreintes limousines, avec A. Spire, de Radio France, Shapira, Paolo Giordano, Claude www.theosophie.asso.fr me P. Bergounioux, G.-E. Clancier. compositeur de musique, –M Hélène Rimailho, Cheysson, Jean Jaujay, Philippe Hugon, Mariages son épouse, Nilda Béatriz Anglarill, Philippe Lazar, Conférences du CEHD Ses enfants, petits-enfants, Doudou Diene, Michel Levallois et « Armée et maintien de l'ordre Séminaires décédé à Paris, le 29 avril 2001, à l'âge e Sandra PIBERNE, de soixante-quinze ans, et incinéré le Et sa famille, Emile Malet. en France au début du XX siècle », par Jules Maurin, – Université d'été sur Alain GERARD, 4 mai, au cimetière du Père-Lachaise ont la tristesse de faire part du décès de Informations et inscriptions : professeur d'histoire contemporaine l'enseignement de l'histoire de la selon sa volonté. Tél. : 01-45-86-30-02. à l'université Paul-Valéry Shoah pour les professeurs des lycées et sont heureux de faire part de leur M. André RIMAILHO, Fax : 01-44-23-98-24. de Montpellier, collèges, toutes disciplines confondues, mariage, qui sera célébré le 19 mai 2001, De la part de ingénieur civil des Mines, e.mail : [email protected] le lundi 21 mai 2001, à 18 heures, du 8 au 12 juillet 2001, à Paris, avec des à Coutevroult (Seine-et-Marne). Kurtag et Barredo, ingénieur en chef honoraire L'Or bleu, palais abbatial historiens et des spécialistes de la ses amis. de la SNCF, l'Institut international du mieux-être, de Saint-Germain-des-Prés, pédagogie. Avec le soutien de l'APHG et e de la Fondation Jacob-Buchman. Décès –Mme Christiane Jeantet, survenu le 11 mai 2001. organise un colloque le 19 mai 2001 5, rue de l'Abbaye, Paris-6 . au Sénat, salle Médicis, – Odile Bovar et Michel Terrioux, son épouse, Collège des études juives Renseignements et inscriptions ses parents, me de 9 heures à 18 heures : M. et M Bertrand Journel, L'inhumation aura lieu dans l'intimité de l'Alliance israélite universelle : au CDJC : 01-42-77-44-72 Simone et André Bovar, me « L'eau dans la vie », « L'eau et la M. et M Christian Lhérault, familiale, à Carcassonne. « L'idée de création », Camille Terrioux, me société », « L'eau : guerre et paix », M. et M Olivier Jeantet, approches scientifiques, théologiques, ses grands-parents, « Eau, solidarité et mieux-être ». Communications diverses ses enfants, Cet avis tient lieu de faire-part. philosophiques, traditionnelles Sa famille et ses amis, Avec entre autres intervenants : Romain, Hugo, Julia, Claire, Paul (†), et contemporaines. – Centre communautaire de Paris. ont la grande tristesse de faire part du Benoît, Lucie et Elise, – M. Christian Schmitt, Corinne Lepage, Jean Cluzel, Lundi 21 mai, à 20 h 30 : rencontre- décès de Jean-Luc Trancart, Pierre-Alain ses petits-enfants, son époux, Cycle de conférences du 9 au 23 mai débat : « Existe-t-il un tragique Roche, Christian Huglo... Le Père Robert Jeantet, Marlène Schmitt et Jean-Paul Billaud, (19 heures-20 h 30, puis biblique ? », avec Betty Rojtman, Arnaud, me M. et M Jacques Houdry, Didier Schmitt et Ying Shen, Prix de la journée, déjeuner compris : 20 h 30-22 heures). université hébraïque de Jérusalem et élève de l'Ecole centrale de Nantes, me M. et M Claude Jeantet, ses enfants, 500 francs. Claude Vignée, poète, écrivain. Matthias et Mathilde Billaud, ses frères et beau-frère, sœur et belle- Invitation gratuite offerte par l'Institut Troisième semaine : PAF, 119, rue La Fayette, âgé de vingt-deux ans, ses petits-enfants, sœur, aux cent premiers lecteurs appelant le 21 mai : T. Alcoloumbre, B. Paperon. 75010 Paris. Et toute la famille, Les familles Bonnardel, Delestang, 01-44-93-11-70. survenu le 15 mai 2001. Gurlitt, Rittelmayer, 22 mai : S. Trigano, G. Samama. Tél : 01-53-20-52-52. ont la tristesse de faire part du décès de 23 mai : C. Birman, P. Wilgowicz. ont la tristesse de faire part du décès de – A l'issue de son assemblée générale, La cérémonie religieuse aura lieu le M. François JEANTET, Vous pouvez vendredi 18 mai, à 11 heures, en l'église Monique SCHMITT, Au siège de l'Alliance, le dimanche 20 mai 2001, à 14 h 30, à de Vigneux-de-Bretagne (Loire- nous transmettre 45, rue La Bruyère, l'église réformée, 58, rue Madame, Paris- survenu le 15 mai 2001, dans sa quatre- née DELESTANG, e Atlantique). vos annonces la veille 75009 Paris (PAF). 6 , l'association Solidarité protestante vingt-sixième année, à Neuilly-sur- Renseignements : 01-53-32-88-55. France-Arménie (SPFA), présidée par le Seine. survenu à Marseille, le 11 mai 2001. pour le lendemain L'inhumation aura lieu le samedi Site Internet : http://www.aiu.org pasteur Samuel Sahagian, organise un jusqu’à 17 heures concert à 17 heures, avec la chorale 19 mai, à 11 heures, au cimetière rue du La cérémonie religieuse sera célébrée La cérémonie funéraire s'est déroulée Révérend-Père-Cloarec, à Courbevoie. dans la plus stricte intimité, le 14 mai. Université de Paris-Sorbonne : Koghtan, dirigée par Haïg Sarkissian. ce jour dans l'intimité familiale. Permanence le samedi Institut de langue française, Le concert est donné au bénéfice des 6, rue Rouget-de-Lisle, Cet avis tient lieu de faire-part. jusqu’à 16 heures le professeur Searle (Berkeley) actions menées en Arménie par Cet avis tient lieu de faire-part. 92400 Courbevoie. donnera une conférence en Sorbonne, l'association, notamment l'opération 12, rue Ravignan, La Grande-Candelle, salle Louis-Liard, le 23 mai, à 16 heures, « Enfants des rues » et, en collaboration 75018 Paris. 81 bis, rue Perronet, allée des Pins, sur le thème « Langage et pouvoir » avec l'Union générale arménienne de 92200 Neuilly-sur-Seine. 13009 Marseille. 0123 bienfaisance (UGAB), l'opération – Gina Labin-Bénichou, Conférences-Débats « Repeuplement des villages ». son épouse, – Les familles Beyvin, Jerome, – Nathalie, Antoine, A LA TELEVISION Sylvia et Laurence Roubaud, Marc et Pierre Lafon, ses enfants, ET A LA RADIO Autour du livre de Jean-Claude Stoloff : Solidarité protestante France- ses fille et petite-fille, Ses enfants et petits-enfants, Jacqueline, Interpréter le narcissisme Arménie, Robert Bénichou et Denise Falempin, ont la tristesse de faire part du décès de sa sœur, Le Monde des idées Dunod, 2000 1, rue Cabanis, Jeanine Bénichou, ont la tristesse de faire part du décès de avec la participation de : 75014 Paris. André Dayan, Mme Suzanne LAFON, LCI Marie-Thérèse Couchoud, Lydia Labin, née CARAYON, Sacha VIERNY, Le samedi à 12 h 10 et à 17 h 10 Yvonne Gutierrez, ses frère, beau-frère et belles-sœurs, veuve du pasteur Maurice Lafon. Le dimanche à 12 h 10 et à 0 h 10 Marie-Françoise Laval-Hygonenq. Jean-Jacques et François Bénichou, survenu le 15 mai 2001. Le lundi à 11 h 10 Participation et coordination SOUTENANCES DE THÈSE Pierre et Alix Bénichou, Le service religieux a eu lieu à ࡯ de Guy Roger. Jeanne Bénichou et Gérard Jorland, Marseille, le 11 mai 2001, au temple de La cérémonie civile aura lieu le Samedi 19 mai 2001, E la ligne Madeleine Dayan, Tilsit. samedi 19 mai, à 16 heures, au cimetière Le Grand Jury de 15 heures à 19 heures, 85 F TTC - 12,96 Jean-Louis et Edith Dayan, « Maintenant donc, de Bangor (Belle-Ile-en-Mer). RTL-LCI à l'Association Notre-Dame-des-Champs, Tarif étudiants année 2001 Jérôme et Sylvie Labin, ces trois choses demeurent : Le dimanche à 18 h 30 92 bis, boulevard du Montparnasse, ses neveux et nièces, La Foi, l'Espérance et l'Amour, Paris-14e. Anniversaires de décès ࡯ ont la douleur de faire part de la mort de mais l'Amour est le plus grand. » (Entrée libre.) Renseignements : René BLETTERIE, La rumeur du monde Paul BÉNICHOU, 20, rue des Orgues, FRANCE-CULTURE IVe Groupe - organisation ancien élève 18 mai 1989. 13004 Marseille. Le samedi à 12 heures psychanalytique de langue française de l'Ecole normale supérieure, Tél. : 01-55-04-75-27 docteur ès Lettres, – Que le monde sache que notre « L'inaccompli bourdonne d'essentiel. » ࡯ e-mail : [email protected] René Char. professeur honoraire mensuel a perdu un ami inoubliable en la Libertés de presse Site Internet : http ://quatrieme-groupe.org à Harvard University, personne de son fidèle collaborateur, membre de l'American Academy – 18 mai 1976 - 25 août 1981. FRANCE-CULTURE of Arts and Sciences, André PRIME, Le troisième dimanche membre de l'Accademia dei Lincei, Simon et Marie NAINCHRIK de chaque mois à 16 heures décédé le 13 mai 2001. ࡯ survenue le 14 mai 2001. nous quittaient. A la « une » du Monde La Grande Relève Ils demeurent tendrement dans le « Quand revient l'été superbe, BP 108, RFI Je m'en vais au bois tout seul : cœur de leurs enfants, petits-enfants et de 78115 Le Vésinet Cedex. tous ceux qui les ont aimés. Du lundi au vendredi Je m'étends dans la grande herbe, à 12 h 45 et 0 h 10 (heures de Paris) Perdu dans ce vert linceul. » Nerval. ࡯ CARNET DU MONDE La « une » du Monde L'inhumation aura lieu le lundi Fax : 01-42-17-21-36 21 mai, à 14 h 30, au cimetière du Père- BFM Téléphone : 01-42-17-39-80 Du lundi au vendredi Lachaise (entrée principale, boulevard de 01-42-17-38-42 Ménilmontant). à 13 h 06, 15 h 03, 17 h 40 01-42-17-29-96 Le samedi 79, rue Notre-Dame-des-Champs, e-mail:[email protected] 13 h 07, 15 h 04, 17 h 35 75006 Paris. 34 KIOSQUE LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 EN VUE a Parmi les objets insolites Le président du Parlement suisse défraie la chronique locale de la première guerre mondiale actuellement exposés à l’Historial de Péronne figure un uniforme Elu démocrate-chrétien du canton de Zoug, l’avocat d’affaires Peter Hess a été rattrapé par ses conseils d’administration. Après avoir complet de maréchal pour enfant. révélé qu’il possédait plusieurs mandats « douteux », des journaux helvètes, dont « L’Hebdo » de Lausanne, réclament sa démission a « La marine de guerre ne fonctionnera que de 9 heures COMME SI les remous qui agitent l’hebdomadaire Sonntags Blick de ce palmarès deux sociétés-boîtes aux dats avant d’être élu à la présidence du à 17 heures à partir de mercredi Swissair, la banque Vontobel, le grou- Zurich, une filiale de ces sociétés est lettres au Liechtenstein. Selon le Sonn- Conseil national », mais il n’a aucune- 16 mai », a décidé pe pharmaceutique Roche ou encore soupçonnée de participer à la contre- tags Blick et dimanche.ch de Lausan- ment l’intention de renoncer à sa le gouvernement suédois le voyagiste Kuoni ne suffisaient pas, bande internationale de cigarettes. ne, Peter Hess est aussi l’un des deux fonction. par mesure d’économie. c’est maintenant le président du Parle- Depuis lors, les révélations se sui- administrateurs, dans la principauté La presse n’est pas convaincue par ment helvétique, Peter Hess, qui vent, éclaboussant chaque fois un voisine, de la fiduciaire Argliw, spécia- ses explications. « Panama au palais a Paul Yates, plaisancier défraie quotidiennement la chroni- peu plus le notable démocrate- lisée dans la gestion de fortunes, et fédéral », ironise l’hebdomadaire Die britannique, condamné que locale. En fait, les ennuis de cet chrétien naguère prétendant à l’un qui aurait « joué un rôle-clé dans l’af- Weltwoche de Zurich. « Avec ses man- à 2 000 livres d’amende par avocat d’affaires et député démocra- son soutien à la lutte contre la contre- des sept postes du gouvernement faire des pots-de-vin versés au Parti dats dans des sociétés panaméennes, le le tribunal de Portsmouth, avait te-chrétien du petit canton de Zoug bande de tabac et le blanchiment d’ar- fédéral. La presse l’avait déjà épinglé démocrate-chrétien allemand à l’épo- président du Parlement ridiculise la manqué d’éperonner, l’été dernier en Suisse centrale ont commencé un gent ». Or la presse devait rapidement pour ses trente-huit « oublis » sur les que du chancelier Kohl ». politique et caricature le pays », ren- au large de l’île de Wight, mois à peine après son accession au découvrir que ces deux mandats, l’un quarante-huit mandats de conseils chérit L’Hebdo de Lausanne, pour un sous-marin américain. perchoir du Conseil national (Cham- à la British American Tobacco Inter- d’administration dont il était déten- « MICMACS » lequel « la seule issue est la démis- bre basse). national et l’autre à Mabritab Interna- teur. Ensuite, elle avait relevé qu’il L’avocat d’affaires a répondu en cla- sion ». Peter Hess n’étant pas «un a Les seringues intraveineuses La polémique a éclaté début tional, siégeant toutes deux à la participait aux conseils d’administra- mant son ignorance à propos du scan- simple avocat d’affaires », mais étaient déjà en place, comme février, quand le nouveau président même adresse dans ce petit paradis tion de trois sociétés sises dans les dale des « caisses noires » de la CDU « l’homme public numéro 1 ». Et d’en- la fois précédente, lorsque la Cour du Parlement a annoncé sa démis- fiscal qu’est Zoug, ne figuraient pas à paradis fiscaux de Panama et des îles et indiqué qu’il allait se défaire de ses foncer le clou : « A l’heure où toute suprême de l’Ohio a de nouveau sion de deux conseils d’administra- l’inventaire officiellement requis de Vierges britanniques. mandats à l’étranger. Rétrospective- l’Europe dénonce la Suisse comme une interrompu, mercredi 16 mai, tion de l’industrie du tabac, procla- tous les parlementaires. L’affaire a Dans leurs éditions du 13 mai, ment, il a admis avoir « commis une plaque tournante de l’argent sale et de l’exécution de Jay Scott, mant qu’il entendait ainsi « apporter pris d’autant plus de relief que, selon les journaux dominicaux ont ajouté à erreur en ne remettant pas ces man- la contrebande de cigarettes, l’affaire handicapé mental, quitte Hess a bien plus qu’un parfum de scan- pour la peur. dale. Elle est intolérable. » DANS LA PRESSE RFI le, pourquoi pas bientôt dans le banques centrales. Et à force de les A l’instar de La Tribune de Genève, a La mort d’un Américain, égaré Geneviève Goëtzinger monde de l’entreprise ? prendre pour des vaches à lait, ils se dimanche.ch reconnaît qu’il n’y a dans le désert égyptien entre LCI a Il y a d’abord cette hypocrisie préparent à un sevrage difficile. peut-être « rien d’illégal à cela » et les monastères de Saint-Antoine Pierre-Luc Séguillon d’un discours qui rend cet enseigne- LES ÉCHOS que « des milliers d’avocats et autres et de Saint-Paul, éloignés a Le président américain, vingt- ment théoriquement facultatif, qui Favilla LE FIGARO fiduciaires font la même chose », mais de 20 kilomètres à vol d’oiseau, deux ans après la catastrophe de dans la réalité en fait une obliga- a De même que nos traditionnels Philippe Reclus estime que Peter Hess devrait démis- surprend les moines coptes : «Au Three Mile Island, choisit de braver tion masquée. La langue corse groupes de pression cherchent tou- a Le gouvernement n’a pas profi- sionner pour des raisons politiques IVe siècle, Saint Antoine, fondateur l’opposition des écologistes voire enseignée dans le cadre de l’horai- jours à téter la vache à lait de l’Etat, té des années prospères pour enga- plus que morales. « En gardant à la de l’érémitisme chrétien, faisait les réticences de l’opinion, et décide re normal des écoles maternelles et les milieux financiers s’accrochent ger et mener à bien les réformes tête du Parlement un professionnel de régulièrement le trajet. » de réhabiliter l’électricité nucléaire. élémentaires : comment peut-on maintenant aux mamelles des ban- de structures qui s’imposaient, de l’évasion fiscale, la Suisse donne un Il justifie cette option par la nécessi- imaginer que les familles hostiles à ques centrales. Ils ont ainsi reproché l’environnement fiscal à la réorga- signe clair à la communauté internatio- a La Congrégation pour té pour les Etats-Unis de garantir cette mesure ne verraient pas leurs à la BCE de surestimer la croissance nisation de l’Etat, de la respiration nale », écrit ce journal en ligne, qui la doctrine de la foi demande leur sécurité énergétique et de pré- enfants pointés du doigt ? (…) Et européenne, qui justifiait le main- du capital des grandes entreprises ajoute : « Le président du Conseil natio- au cardinal espagnol Marciano server un environnement menacé puis, il y a les arrière-pensées. Pour tien de ses taux. Et lorsqu’elle se publiques à la refonte du dialogue nal a tout intérêt à quitter son fauteuil Vidal de revoir la copie de son par les émissions de gaz. (…) Le les théoriciens du nationalisme, résolut enfin à les alléger modéré- social. Autant de facteurs de com- avant que ses micmacs ne fassent déra- Dictionnaire d’éthique théologique choix du président Bush devrait l’enseignement de la langue consti- ment au début de mai, dans la crain- pétitivité et d’attractivité, hier per avec lui l’image de la Suisse. » qui trouve « moralement pourtant interpeller la France, qui tue un pas vers cette indépendance te d’une faiblesse de la croissance négligés, qui risquent de peser Acculé dans ses derniers retranche- acceptables » la contraception, dispose dans le domaine nucléaire qui demeure leur finalité ; ils ne allemande, ils l’ont accusée de lourdement si l’activité ralentit un ments, Peter Hess a annoncé mercre- la masturbation, la fécondation d’un outil industriel remarquable et s’en cachent pas… Comme ils conti- l’avoir fait. (…) Toujours avides de peu partout en Europe. Car ce di 16 mai qu’il se démettrait de ses artificielle avec donneur, d’une belle avance technologique nuent de revendiquer la corsication nouveaux événements, comme les ralentissement va immanquable- quarante-huit mandats d’administra- l’homosexualité et l’avortement. qu’il serait regrettable de compro- des emplois, une sorte de préféren- enfants goulus de leurs tétées, les ment aviver la concurrence entre tion pour la fin du mois. mettre au nom de considérations ce insulaire à connotation xénopho- marchés finissent par se créer une les pays sur les terrains fiscaux et a La construction d’un purement électorales. be. La langue corse imposée à l’éco- sorte de dépendance à l’égard des sociaux. Jean-Claude Buhrer supermarché du sexe – parking, moquettes, rideaux anti-feu, cabines et toilettes aménagées SUR LA TOILE pour les handicapés – s’achève perso.wanadoo.fr/prad sous les yeux des habitants ÉPITAPHE de Pierre-Bénite dans le Rhône, a La communauté catholique de petite commune où tout le monde Un fan de Tintin entre en conflit avec Moulinsart, la société de gestion des droits d’Hergé Saint-Lamberti a refusé à Bernd se connaît. Bruns le droit de faire inscrire sur LES ENNUIS de Patrick Per- ment plusieurs centaines de sites, la tombe de sa mère, décédée en a Les talibans, prêts à accorder rotte, créateur du site Tintin est parlaient tous de son livre sans 1993, l’adresse de son site web qui à l’Intercontinental, fleuron vivant, commencent le 12 avril, l’avoir lu, et cela a fini par l’aga- lui rend hommage, la publicité de l’hôtellerie de Kaboul, lorsqu’il reçoit une lettre de la cer », dit M. Perrotte. A peine étant prohibée sur les sépultures. partiellement reconstruit société gérant les droits du dessi- mise en ligne, la version téléchar- www.gertrud-bruns.friedort.de/ en 1997 – il était situé sur la ligne nateur Hergé : « Moulinsart ne geable de l’Alph-art rencontre un de front en 1992 – la permission peut accepter de voir réaliser, éditer vrai succès. Lorsqu’il reçoit la let- FRANCE-ÉGYPTE d’accueillir à nouveau et diffuser certaines recréations de tre de Moulinsart, Patrick Perrotte a La chaîne de télévision TV5 a des mariages (à condition que l’œuvre d’Hergé, qui dépassent le renonce à proposer Alph-art en ouvert un nouveau site web entiè- les hommes et les femmes soient cadre de la simple caricature pour téléchargement direct, mais ne rement consacré à la ville du Caire, séparés) et d’installer devenir de véritables adaptations. » capitule pas : « Je renvoie les inter- proposant notamment de nom- deux téléviseurs dans des salons Or Tintin est vivant est entière- nautes sur la page de l’ex-téléchar- breux articles, une galerie de pho- particuliers pour les visiteurs ment consacré aux parodies, pasti- gement, et je leur dis que pour lire tos et des séquences vidéo. étrangers, autorisent déjà l’usage ches et piratages de l’univers l’Alph-art ils doivent me contacter. www.tv5.org/lecaire de la piscine aux Kaboulis d’Hergé. Professeur de cinéma et Je leur explique alors la manipula- évoluant en « pantalons » de bain. amateur de BD, M. Perrotte a accu- tion à faire pour récupérer les COURRIER ÉLECTRONIQUE mulé près de 500 albums, cartes fichiers dans mon propre ordina- a Hotmail, service de courrier élec- a La compagnie aérienne postales ou planches uniques, teur. » Est-ce légal ? M. Perrotte le tronique gratuit appartenant à japonaise Skymark Airlines dont il publie des extraits commen- pense, puisqu’il ne publie plus Microsoft, compte désormais plus prévoit à bord de ses avions des tés. Il peut s’agir d’éditions clan- l’œuvre incriminée, se réservant de cent millions d’abonnés. Plus de rangées de sièges exclusivement destines d’albums délaissés par simplement le droit d’en trans- la moitié résident hors des Etats- réservés aux femmes sur sa ligne l’éditeur, de copies turques ou chi- mettre une copie privée à la per- Unis. – (Reuters.) Tokyo et Fukuoka. noises réalisées au mépris des supprime de son site la version tin se rendre à l’échafaud. Ce n’est sonne de son choix. Plusieurs sites droits d’auteur, ou de pastiches intégrale de l’Alph-art d’Yves pas une parodie mais bel et bien un lui ont proposé de diffuser Alph- INTERPOL a Un Cairote s’est noyé inventés de A à Z pour soutenir la Rodier : « C’est un album mythique pirate. Il en existe moins de cent art à partir de pays où la législa- a Interpol publie sur son site des en plongeant dans le Nil pour cause de la guérilla salvadorienne chez les collectionneurs, explique exemplaires dans le monde. » En tion en matière de piratage d’œu- conseils pour se protéger contre les ne pas payer la note ou de la réunification irlandaise. Patrick Perrotte, il a été conçu janvier, Yves Rodier accepte qu’Al- vre littéraire est moins restrictive virus informatiques, ainsi qu’une d’un restaurant flottant. Jusqu’à présent, Moulinsart SA dans les années 1980 par un jeune ph-art puisse être téléchargé dans qu’en France. liste des virus connus. – (Reuters) avait laissé Patrick Perrotte en Québécois, qui a terminé un livre son intégralité sur Tintin est www.interpol.int/Public/ Christian Colombani paix, mais cette fois elle exige qu’il inachevé d’Hergé où l’on voyait Tin- vivant : « Les tintinophiles, qui ani- Géraldine Faes TechnologyCrime/default.asp F par Abonnez-vous au pour seulement 173 mois Bulletin à compléter et renvoyer accompagné de votre relevé d’identité bancaire ou postal à : LE MONDE, Service Abonnements - 60646 Chantilly Cedex par Luc Rosenzweig F a La voix du peuple Oui, je souhaite recevoir Le Monde pour 173 (26,37 ) par mois par prélèvement automatique. ❑ M. ❑ Mme Prénom : Nom : CONNAISSEZ-VOUS le nasi- le catalogue de ce qui nous est mais nous ne doutons pas qu’elle Adresse : phone ? Il s’agit d’un instrument offert dans le genre. On utilise, ici trouvera bientôt dans son cour- Code postal : Localité : de musique conçu de façon à ce avec un évident respect des gens, rier suffisamment de matière pre- Offre valable jusqu’au 31/12/2001 en France métropolitaine pour un abonnement postal. 101MQPA1 que l’air pulsé par les deux nari- le désir des anonymes de se faire mière pour réaliser une fresque nes produise une mélodie dont voir à un nombre de leurs sembla- canichesque de la dimension des Autorisation de prélèvements N° NATIONAL D'ÉMETTEUR ORGANISME CRÉANCIER : LE MONDE les notes sont obtenues par une bles infiniment supérieur à celui œuvres d’une autre Normande, la N° 134031 21 bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05 J'autorise l'établissement teneur de modification du volume de la qu’ils ont pu rencontrer au cours reine Mathilde, dite la tapissière… mon compte à effectuer sur ce dernier TITULAIRE DU COMPTE A DÉBITER cavité buccale. Nous aurions de leur vie entière. On ne montre L’ironie, la prise de distance, le les prélèvements pour mon abonnement Nom ...... continué à ignorer l’existence du pas ici l’homme ou la femme pour second degré, tous ces ingrédients au journal Le Monde. Prénom ...... nasiphone si, excédé par les sala- ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils qui demandent à être maniés avec N° ...... rue ...... malecs de Claude Sérillon font, par passion ou pour passer précaution, les animateurs se l’ap- Je resterai libre de suspendre provisoire- Code postal Ville ...... …...... papillonnant sur la terrasse du le temps. Même le « bêtisier » qui pliquent à eux-mêmes. Gladys, la ment ou d’interrompre mon abonnement à Majestic à Cannes, nous n’avions clôt chaque émission témoigne de jeune blonde dynamique, a essayé tout moment. NOM ET ADRESSE DE L’ÉTABLISSEMENT DU COMPTE A DÉBITER (votre banque, CCP ou Caisse d’épargne) choisi de zapper sur « Tous la manière dont l’équipe de tour- en vain, ce soir-là, de tirer quel- Date :...... égaux » sur la 3. nage, dans une ambiance fort ques sons audibles du nasiphone, Signature : ...... Et nous estimons notre vie plus détendue, s’applique à recueillir le et les essais de son compère Flo- N° ...... rue ...... enrichie par la découverte de cet- message que le héros du sujet rian au bilboquet étaient lamenta- Code postal Ville ...... te invention, et la rencontre avec veut faire passer au reste de l’hu- bles. Il serait intéressant, dans un son créateur, un monsieur très manité. En fait, les gens ne deman- demi-siècle ou plus, de regarder IMPORTANT : merci de joindre un relevé DÉSIGNATION DU COMPTE A DÉBITER Code Etablissement Code Guichet N°de compte Clé RIB sympathique portant canotier, dent pas la Lune : une dame de en continu tous ces petits sujets d’identité bancaire ou postal, à votre autorisa- que par le millième entretien Normandie, par exemple, serait présentés à « Tous égaux ». Ils tion. Il y en a un dans votre chéquier. avec celui où celle qui tient la cor- contente qu’on lui envoie des constituent un corpus unique Pour tout renseignement concernant le portage à domicile, le prélèvement automatique, les tarifs d’abonnement, etc : de, ce jour-là, sur la Croisette. poils de caniche que l’on coupe au pour étudier l’économie souterrai- Téléphonez au 01.42.17.32.90 de 8h30 à 18h du lundi au vendredi. « Tous égaux » est une émis- toilettage, pour faire des portraits ne, celle qui n’entre ni dans le PIB Pour un changement d’adresse ou une suspension vacances, un numéro exclusif : 0 803 022 021 (0,99FTTC/min) sion populaire qui n’est pas popu- sur carton de ces sympathiques ni dans la mondialisation, celle du “Le Monde” (USPS=0009729) is published daily for $ 892 per year “Le Monde” 21, bis, rue Claude-Bernard 75242 Paris Cedex 05, France, periodicals postage paid at liste, ce qui n’est déjà pas si mal canidés. Nous ne possédons pas, travail conçu comme un plaisir Champlain N.Y. US, and additionnal mailing offices, POSTMASTER : Send address changes to IMS of N.Y. Box 15-18, Champlain N.Y. 129191518 Pour les abonnements souscrits aux USA : INTERNATIONAL MEDIA SERVICE, Inc. 3330 Pacific Avenue Suite 404 Virginia Beach VA 23-451-2983 USA-Tél. : 800-428-30-03 lorsque l’on regarde un peu dans hélas, de chien de cette sorte, pour soi-même et pour les autres. RADIO-TÉLÉVISION LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / 35 JEUDI 17 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS DOCUMENTAIRES SPORTS EN DIRECT 17.25 Le Beau Serge aa TÉLÉVISION ARTE Claude Chabrol (France, 1958, & 20.45 et 1.00 Le Club LCI. 20.15 Reportage. 20.30 Tennis. Tournoi féminin 95 min) . Cinétoile 19.00 Voyages, voyages. Caucase. La question Corse. LCI 24 heures au Mans. Arte de Rome (Italie) 4e jour. Eurosport 20.30 Les Chiens aa TF 1 19.45 Météo, Arte info. 21.00 Le Rêve de la robotique. Forum 20.30 Histoires d'avions. Alain Jessua (France, 1978, 20.15 Reportage. 24 heures au Mans. MUSIQUE 100 min) %. Ciné Cinémas 2 17.30 Sunset Beach. 22.00 Galapagos, Les bombardiers anglais. Planète aa 18.20 et 1.40 Exclusif. 20.45 Thema. A fleur de peau. 20.30 François Chalais, 20.30 Sauve qui peut (la vie) 20.46 Loczy. Une maison pour grandir. le sanctuaire menacé. Forum 21.00 Monteverdi. Les Vêpres à la Vierge. Jean-Luc Godard (France - Suisse, 19.00 Le Bigdil. 22.35 La Peau à vif. journaliste et cinéaste. Avec Jennifer Smith, soprano ; 1979, 85 min) ?. Ciné Cinémas 1 20.00 Journal, Tiercé, Météo. 23.30 Tatau Samoa. Acteurs, mensonges et vérité.. Festival Audrey Michael, soprano ; MAGAZINES Wynford Evans, ténor ; John Elwes, 20.30 Le Dos au mur aa 20.55 Brigade spéciale. 0.45 La Grande Illusion aaa 20.45 Thema. A fleur de peau. ténor ; Philippe Huttenlocher, Edouard Molinaro (France, 1958, Un jeu dangereux ?. Film. Jean Renoir. 18.30 L'Invité de PLS. Lóczy. Une maison pour grandir. baryton ; Michael Brodard, basse ; 100 min) &. Ciné Classics 22.55 Nico Elisabeth Guigou. LCI La Peau à vif. Tatau Samoa. Arte Agnès de Crousaz, soprano. Muzzik 20.40 Une histoire vraie aa Film. Andrew Davis. M6 21.55 Sonate et Fantaisie David Lynch (France - Etats-Unis, 0.50 Histoires naturelles. 18.45 Nulle part ailleurs. 21.00 L'Art du piano. & Invitée : Katherine Pancol. Canal + [1/2]. La conquête du public. Mezzo pour piano, de Mozart. 1999, 105 min) &. Canal + 17.20 Highlander . 19.00 Le Grand Journal. LCI 21.05 François Mitterrand, Avec Daniel Barenboïm, piano. Mezzo 21.00 Les Nuits de Cabiria aaa FRANCE 2 18.15 et 20.40, 20.50 Loft Story. Federico Fellini (Italie, 1957, 18.55 Buffy contre les vampires &. Spécial Cannes. Paris Première le roman du pouvoir. [1/4]. TV 5 23.00 McCoy Tyner v.o., 110 min) &. Cinétoile 17.35 Viper. 19.50 I-minute. 20.05 Temps présent. 21.25 L'Homme technologique. & the Latin All Stars. aa 18.25 Un agent très secret &. Fric, Afrique et sida. TSR Au Théâtre antique, le 8 juillet 1998, 22.15 Le Mystère Picasso 19.54 Le Six Minutes, Météo. [3/8]. Les marches du progrès. Planète lors du festival Jazz à Vienne. Muzzik Henri-Georges Clouzot (France, 19.15 Qui est qui ? 20.55 Envoyé spécial. 20.05 Une nounou d'enfer &. 22.15 Souvenirs de Berlin. 23.45 Verdi. Jeanne d'Arc. Par l'Orchestre 1956, 100 min). TV 5 19.50 Un gars, une fille. La Brigade des mineurs. aa 23.10 Mort ou presque Le crépuscule de la culture et les Chœurs du Theâtre communal 22.15 Incident de frontière 20.00 et 0.55 Journal, Météo. Film. Ruben Preuss ?. Des années après. France 2 de Weimar. Planète de Bologne, dir. R. Chailly. Mezzo Anthony Mann (Etats-Unis, 1949, 20.55 Envoyé spécial. 22.45 Faxculture. La musique électronique, v.o., 105 min). TCM 0.40 Drôle de scène. 22.25 Cannes 2001 : Un certain cinéma. La Brigade des mineurs. 1.05 E = M 6 Spécial. monde de tous les possibles. TSR Le Cinéma des « Cahiers ». TÉLÉFILMS 22.25 Tilaï aa Des années après. 22.50 Comme au cinéma. Cinquante ans d'histoires Idrissa Ouedraogo (Burkina-Faso, 22.50 Comme au cinéma. Spéciale Cannes. d'amour du cinéma. Canal + 23.00 Leçons intimes. 1990, 80 min) &. Cinéstar 2 % Alex Perry !. TF 6 1.20 Nikita. Le complot . RADIO Invités : Andie MacDowell ; 22.50 La Terre en question. 22.35 Le Grand Couteau aa Lou Doillon ; Alain Chabat ; 0.00 Les Actes des apôtres. Caméra témoin. Odyssée & Robert Aldrich (Etats-Unis, 1955, Francis Huster ; Aurore Clément ; Roberto Rossellini. [4/5]. . Histoire v.o., 110 min). 13ème Rue FRANCE 3 FRANCE-CULTURE Steve Suissa. France 2 22.55 L'Actors Studio. Faye Dunaway. Paris Première 22.50 Juliette des Esprits aa 17.35 A toi l'actu@. 23.25 Prise directe. En direct de Lille. SÉRIES 20.30 Fiction 30. 23.05 Biographie. Federico Fellini (Italie, 1965, v.o., 17.50 C'est pas sorcier. Eloge d'André Gide au bain, La télé aujourd'hui : 135 min) &. Cinétoile audace ou dérive ? France 3 John Cassavetes. La Chaîne Histoire 19.50 et 23.45 Homicide. 18.15 Un livre, un jour. de Michel Braudeau ; Maurice Garrel ; Fibre maternelle %. Série Club Théo Légitimus. 23.55 Le Club. 23.25 L'Inde fantôme. [3/7]. 18.20 Questions pour un champion. Réflexions 20.00 La Vie à cinq. Les retrouvailles 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 21.00 Le Gai Savoir. Victor Scardigli. Avec Jacques Gamblin. Ciné Classics & Une anthropologie du vol d'essai. sur un voyage. Planète de la Saint-Valentin. . Téva 20.15 Tout le sport. 23.55 Courts particuliers. 22.12 Multipistes. 23.40 Paparazzi. Monte-Carlo TMC 20.20 Friends. Celui qui avait 20.25 Tous égaux. Invité : Bruno Putzulu. Paris Première de grands projets. RTL 9 22.30 Surpris par la nuit. La Disparue. 23.55 Godard à la télé 20.55 The Big Lebowski a 0.50 Rive droite, rive gauche. 22.15 Freaks and Geeks. Film. Joel Coen et Ethan Coen %. 0.05 Du jour au lendemain. Spécial Cannes. Paris Première 1960/2000. CinéCinémas Le journal intime &. Série Club Florence Dupont 22.55 Météo, Soir 3. (L'Insignifiance tragique). 23.25 Prise directe. 0.40 Chansons dans la nuit. 0.40 Texto. 1.00 Les Nuits (rediff.). 1.15 Espace francophone. FRANCE-MUSIQUES CANAL + Arte TF 1 CinéCinémas 3 19.07 A côté de la plaque. f En clair jusqu'à 18.30 20.00 Concert. 20.45 Loczy, une maison 20.55 Brigade spéciale 22.55 La messe est finie aa 18.00 Spy Groove %. Par le Chœur de Radio France & et l'Orchestre national de France, pour grandir Thomas Favart est condamné à une Don Giulio, prêtre italien, s’installe 18.30 Canal + classique . 18.35 Flash infos. dir. Djansug Kakhidze. Les images tournées par Bernard peine carcérale de dix ans, pour le dans la banlieue romaine pour exer- Œuvres de Ravel, Szymanowski, 22.55 La messe est finie aa f En clair jusqu'à 20.05 Stravinsky. Martino (Le bébé est une personne), meurtre d’une prostituée. Durant cer sa vocation. Mais l’église de sa Nanni Moretti. Avec Nanni Moretti, 18.45 Nulle part ailleurs &. 22.00 Jazz, suivez le thème. Lover Man. à l’Institut Loczy de Budapest, son incarcération, il se marie, rédi- nouvelle paroisse est vide et sa pré- Ferruccio De Ceresa, 20.05 Nulle part ailleurs cinéma. 23.00 Le Conversatoire. Marco Messeri (Italie, 1985, révèlent l’esprit de la structure ge des écrits sur cet univers. Il sem- sence ne suscite qu’indifférence. Il v.o., 100 min) %. Ciné Cinémas 3 20.35 Cannes 2001. Un certain cinéma. 0.00 Tapage nocturne. aa 20.40 Une histoire vraie aa d’accueil fondée par la pédiatre ble ainsi avoir changé d’état d’es- cherche alors du réconfort dans sa 0.00 Outrage Film. David Lynch &. Emmi Piker. Dans le regard atten- prit. Mais, le soir de sa libération, famille, devenue un véritable Ida Lupino (Etats-Unis, 1950, 22.25 Le Cinéma des Cahiers. RADIO CLASSIQUE 80 min). TCM Cinquante ans d'histoires tif des adultes, la tendresse des ges- une prostituée est assassinée près champ de batailles sentimentales. aa d'amour du cinéma &. 20.40 Les Rendez-vous du soir. 0.20 La Comtesse noire Rodin, la musique et le regard. tes et des soins naît un sentiment de chez lui. La brigade criminelle Ce film, analyse satirique de la socié- Jess Franco (France, 1973, 23.55 La Nouvelle Vague en courts. Rentrée des classes. Paris vu par... Œuvres de Wagner, Beethoven - Liszt, de sécurité, une relation de con- mène l’enquête. Une mise en scène té italienne dans les années 1980, 95 min) ?. Cinéfaz Mahler, Delius, Liszt, Debussy. aaa (La Muette). En rachachant. Véronique fiance et de plaisir qui ouvre l’en- parfaite, qui crée progressivement abonde en gags cocasses, dont la 0.45 La Grande Illusion et son cancre. Un steack trop cuit. 22.50 Les Rendez-vous du soir. Jean Renoir (France, 1937, 1.35 M/Other aaa Le Quatuor Parisii. fant au monde et aux autres. une atmosphère d’angoisse. victime est ce prêtre désillusionné. 110 min). Arte Film. Nobuhiro Suwa (v.o.) &. Œuvres de Bach, Boulez.

VENDREDI 18 MAI GUIDE TÉLÉVISION FILMS PROGRAMMES

DÉBATS 20.30 L'Inde fantôme. [3/7]. 23.20 Jazz Open 1996. Avec Ron Carter, 13.05 Elizabeth aa TÉLÉVISION LA CINQUIÈME/ARTE Réflexions sur un voyage. Planète basse ; Bobby Hutcherson, Shekhar Kapur (GB, 1998, v.o., & 21.00 Monnaie, du troc à l'euro. Forum 21.00 Sur la route avec Ray Brown. vibraphone ; Joe Chambers, 125 min) . Ciné Cinémas 3 13.45 et 18.35 Le Journal de la santé. percussions ; Javon Jackson, 14.15 Good Men Good Women aa TF 1 22.00 Quand la justice Entre le lignes. Muzzik saxophone ténor ; 14.05 Les Pages rouges de l'Histoire. Hou Hsiao-Hsien (Taiwan, 1995, 14.35 Les Premiers Emois. est clémente. Forum 21.20 Souvenirs de Berlin. Kevin Hays, piano. Muzzik v.o., 110 min) %. Ciné Cinémas 2 13.55 Les Feux de l'amour. Le crépuscule de la culture 23.45 La Petite Renarde rusée. aa 14.45 Coup de foudre postal. 15.30 Jangal. Anatomie d'un fleuve. 23.00 L'Industrie cinématographique de Weimar. Planète 14.45 Tilaï Au théâtre du Châtelet, en juin 1995. Idrissa Ouedraogo (Burkina-Faso, Téléfilm. Ron Lagomarsino &. 16.00 Nissan-Renault, le beau mariage. française. Forum 21.45 Les Merveilles sous-marines Par l'Orchestre de Paris et le Chœur 1990, 80 min) &. Cinéstar 1 16.35 Les Dessous de Palm Beach. 16.35 Le Parlement des enfants. du Châtelet, sous la direction aa e de Sulawesi. Odyssée de sir Charles Mackerras. Mezzo 16.05 Firefox, l'arme absolue 17.30 Sunset Beach. 17.35 100 % question 2 génération. MAGAZINES Clint Eastwood (Etats-Unis, 1982, 18.05 Le Monde des animaux. 22.00 L'Actors Studio. 0.15 Gilberto Gil. % 18.20 et 1.40 Exclusif. 120 min) . Ciné Cinémas 2 18.55 Météo. 13.55 C'est mon choix. France 3 Christopher Walken. Paris Première Au Théâtre antique, aaa 19.00 Le Bigdil. le 11 juillet 1998. Muzzik 16.40 A bout de souffle 19.00 Tracks. Mayday. Les Spooks. 14.15 et 18.15 Comme au cinéma. 22.10 Les Grandes Batailles. L'Invincible Jean-Luc Godard (France, 1959, 20.00 Journal, Météo, Trafic infos. Spécial Cannes. TV 5 Armada. La Chaîne Histoire 85 min) &. Ciné Classics 20.55 C.I.A. le Club de l'info amateur. 19.45 Météo, Arte info. VARIÉTÉS 20.15 Reportage. Une araignée au plafond. 18.45 Nulle part ailleurs. Canal + 22.25 Grand format. 17.30 Libre comme le vent aa 23.15 Sans aucun doute. I Love You Natasha. Arte 20.45 Le Bisou du papillon. 23.40 Souvenir. Top Robert Parrish (Etats-Unis, 1957, 1.00 Les Coups d'humour. 19.00 Tracks. 90 min). TCM Téléfilm. Frank Strecker. Mayday ; Les Spooks. Arte 22.30 Viva la plata. Planète à Gérard Lenorman. Canal Jimmy 18.25 Un Américain en vacances aa 22.25 Grand format. I Love You Natasha. 22.30 Les Nouveaux Détectives. a 19.30 et 0.50 Rive droite, rive gauche. ème Luigi Zampa (Italie, 1946, FRANCE 2 23.20 Extasis Spécial Cannes. Paris Première Témoins infaillibles. 13 RUE TÉLÉFILMS & Film. Mariano Barroso (v.o.). 95 min) . Ciné Classics 13.50 Derrick &. 20.45 100 % politique. LCI 0.00 Les Mystères de l'Histoire. 17.45 L'Île aux trente cercueils. 19.00 Quinze jours ailleurs aaa 0.45 Cadet d'eau douce aaa Les espions 15.55 Planque et caméra. Film. Charles F. Reisner. 20.50 Thalassa. Marcel Cravenne. [3/3]. Festival Vincente Minnelli (Etats-Unis, dans le ciel. La Chaîne Histoire 1962, 105 min). TCM 16.10 Rex &. Escale en Islande. France 3 19.00 Mon clone et moi. 0.30 Chroniques d'Hollywood. Manny Coto. Disney Channel 20.30 Rocco et ses frères aaa 16.55 Un livre. M6 21.00 Recto Verso. Les grands détectives. Histoire Luchino Visconti (Italie, 1960, 17.00 Des chiffres et des lettres. Invitée : Ornella Muti. Paris Première 19.00 Les Yeux du cœur. v.o., 175 min) &. Ciné Classics 0.55 La Guerre des cancers. Marcus Cole &. CinéCinémas 17.35 Viper. 13.34 et 18.14 Bi6clette. 21.00 Top bab. [1/4]. Inconscients du danger. Histoire 21.00 La vie est belle aa 18.25 Un agent très secret &. 13.35 Célibataire cherche héritier. Invité : M. Canal Jimmy 20.30 Le Dernier Voyage. Roberto Benigni (Italie, 1998, Téléfilm. Uwe Janson &. Bruno Gantillon. Festival 19.15 Qui est qui ? 23.00 Bouillon de culture. 115 min) &. Ciné Cinémas 1 15.10 Les Routes du paradis &. SPORTS EN DIRECT 19.50 Un gars, une fille. Les Voix de la liberté. Des écrivains 20.45 Le Bisou du papillon. 21.00 Soleil trompeur aa 16.05 M comme musique. e Frank Strecker. Arte engagés au XIX siècle. 13.00 Tennis. Masters Series. Nikita Mikhalkov (France - Russie, 20.00 et 0.20 Journal, Météo. 17.20 Highlander &. Invités : Jean-Michel Gaillard ; Tournoi messieurs de Hambourg 20.45 L'Experte. Ian Barry. RTL 9 1994, 150 min) &. Ciné Cinémas 2 20.55 Une soirée, deux polars. e 18.15 et 20.40, 0.40 Loft Story. Jean-François Kahn ; Michel Winock ; (All.) (5 jour). Pathé Sport P.J. Coupable. 21.00 Les Actes des apôtres. 18.55 Buffy contre les vampires &. Bertrand Poirot-Delpech. France 2 13.00 Tennis. Tournoi féminin de Rome Roberto Rossellini. [5/5] &. Histoire 21.55 Les Enquêtes d'Eloïse Rome. 19.50 I-minute. 23.15 Sans aucun doute. TF 1 (Italie). Quarts de finale. Eurosport 22.10 Thérèse Humbert. A cœur ouvert. e 19.54 Le Six Minutes, Météo. 23.30 On ne peut pas plaire 20.00 Football. D 2 (38 et dernière Marcel Bluwal. [1/2]. Festival 23.00 Bouillon de culture. Des esprits rebelles. 20.05 Une nounou d'enfer &. journée) : Multiplex. Eurosport 23.45 Cyberella. Jackie Garth !. TF 6 à tout le monde. France 3 0.45 Histoires courtes. 20.39 Météo du week-end. 22.30 Boxe. Championnat de France. Les Chaussettes sales David Lanzmann. DOCUMENTAIRES Poids super-welters : COURTS MÉTRAGES 20.50 Graines de star. Mohammed Hissani - 1.05 Mezzo l'info. 23.05 Sliders, les mondes parallèles. % 17.35 Les Métiers du cinéma. Olivier Meunier. Pathé Sport 0.45 Histoires courtes. Un monde selon Stocker . 23.55 Un monde hybride. %. [2/3]. Les faiseurs d'effets Les Chaussettes sales. FRANCE 3 spéciaux. CinéCinémas DANSE David Lanzmann. France 2 1.15 The Practice. 13.55 C'est mon choix. Des relations humaines &. 18.05 Le Monde des animaux. 21.00 La Belle au bois dormant. 15.00 Les Feux de la passion. Animaux rescapés. SÉRIES Chorégraphie de Karine Saporta. Téléfilm. Billy Hale. [2/2] %. [1/16]. La Cinquième Musique de Tchaïkovski. 18.20 Sabrina. Le mouton noir. Canal J 16.35 MNK, A toi l'actu@. RADIO 18.15 Une invasion Par la Compagnie ballet plus. 19.20 Hill Street Blues. Solitude, 17.50 C'est pas sorcier. venue de la mer. Odyssée Avec les danseurs du Centre solitude &. Monte-Carlo TMC chorégraphique national de 18.15 Un livre, un jour. FRANCE-CULTURE 18.20 Cinq colonnes à la une. Caen-Basse-Normandie. Mezzo 20.00 La Vie à cinq. 18.20 Questions pour un champion. e & 19.30 Appel d'air. Baie d'Hudson. [120 volet]. Planète Un choix difficile . Téva aa 22.40 Jalousie 18.50 Le 19-20 de l'information, Météo. 20.30 Black & Blue. Invité : Gilles Anquetil. 18.25 L'Actors Studio. MUSIQUE 20.20 Friends. Celui qui va se marier. RTL 9 Irving Rapper. Avec Bette Davis, 20.10 Tout le sport. 21.30 Cultures d'islam. Salah Stétié. Richard Dreyfuss. Paris Première 20.45 Felicity. Paul Henreid (Etats-Unis, 1946, N, 20.20 Tous égaux. 22.12 Multipistes. 19.00 Biographie. 19.30 Michel Petrucciani Trio. Charmes et sortilèges. TF 6 v.o., 120 min). TCM A la Liederhalle 22.40 Femme aimée 20.50 Thalassa. Escale en Islande. 22.30 Surpris par la nuit. La Disparue. Sydney Pollack ou l'amour de Stuttgart, en 1998. Muzzik 20.55 P.J. Coupable. France 2 22.10 Faut pas rêver. sur grand écran. La Chaîne Histoire est toujours jolie aa 0.05 Du jour au lendemain. 19.30 Classic Archive. 21.30 New York District. 23.05 Météo, Soir 3. Richard Marienstras 19.15 Central casting, Les affres du divorce %. 13ème RUE Vincent Sherman (Etats-Unis, e Avec Maurice Gendron, violoncelle ; 1944, v.o., 125 min). TCM 23.30 On ne peut pas plaire (Shakespeare au XXI siècle). les figurants d'Hollywood. Planète Christian Ivaldi, piano ; 21.55 Les Enquêtes d'Eloïse Rome. à tout le monde. 0.40 Chansons dans la nuit. 19.55 Panoramas du monde. sir Yehudi Menuhin, violon ; A cœur ouvert. France 2 1.00 Les Nuits (rediff.). Hepzibah Menuhin, piano. Mezzo 1.20 Toute la musique qu'ils aiment. La Turquie, entre clameur 22.50 Ally McBeal. et silence. Odyssée 22.20 The Joshua Redman Quartet. Reasons to Believe (v.o.) &. Téva er FRANCE-MUSIQUES 20.00 Les Mystères de l'Histoire. Alerte A Montréal, le 1 juillet 1995, lors du 23.05 Sliders, les mondes parallèles. CANAL + Festival international de jazz. Muzzik aux requins 1916. La Chaîne Histoire Un monde selon Stocker %. 19.07 A côté de la plaque. Un monde hybride %. M6 13.45 Le « Cygne » du destin 20.00 Régions de France. 22.50 Spécial Thin Lizzy. Rock Masters. Film. Charlie Peters &. 20.05 Concert franco-allemand. Au Regal Theatre, à Hitchin (GB), 23.45 Homicide. Par l'Orchestre philharmonique Orléans, Sologne et Berry. Voyage en janvier 1983. Canal Jimmy % 15.25 La Cape et l'Epée. de Berlin, dir. Lorin Maazel. Pour l'amour de Sarah . Série Club & 20.05 The Awful Truth. 23.00 Un petit peu d'exercice. 15.40 et 18.30 Canal + classique . Œuvres de Chedrine, Dukas, Bartok. [3e volet]. Canal Jimmy 0.55 Friends. (rediff.). Opéra de Milhaud. Par l'Atelier Celui qui avait toujours l'air bizarre 15.50 Passé virtuel 22.30 Alla breve 20.15 Reportage. et la Maîtrise de l'Opéra de Lyon, (v.o.). &. Celui qui aimait les petites Film. Josef Rusnak %. 22.45 Jazz-club. Byard by Us, le trio Une araignée au plafond. Arte dir. Claire Gibaut. Mezzo siestes (v.o.). &. Canal Jimmy 17.30 Mickro ciné. de Pierre Christophe, piano, avec Nicolas Rageau, contrebasse f En clair jusqu'à 18.30 et Vincent Frade, batterie. 18.00 Spy Groove %. 18.35 Flash infos. RADIO CLASSIQUE f En clair jusqu'à 20.05 20.40 Les Rendez-vous du soir. 18.45 Nulle part ailleurs &. Les Grands Moments du Festival Arte Arte TCM 22.45 Le Tambour aaa 20.05 Nulle part ailleurs cinéma. de Verbier. Par le UBS Verbier Festival Volker Schlöndorff. 21.00 Une affaire de goût a Orchestra, dir. James Levine. Œuvres de Dvorak, De Sarasate, 20.45 Le Bisou du papillon 22.25 I love you Natasha 22.40 Jalousie aa Avec David Bennent, Mario Adorf, Film. Bernard Rapp %. Angela Winkler (Allemagne, 1979, Mendelssohn, Mahler, Gershwin, Ce téléfilm raconte l’histoire Ce documentaire, portant sur une Professeur de musique, Christine v.o., 140 min) %. Ciné Cinémas 3 22.30 Instinct Kodaly. Film. Jon Turteltaub %. d’amour, a priori improbable, entre maternité russe, dévoile le man- (Bette Davis) retrouve le violoncellis- 23.10 Le Cavalier du désert aa 22.20 Les Rendez-vous du soir (suite). 0.35 Un dérangement considérable Œuvres de Soler, De Literes, William Wyler et Lewis Milestone % Paulina, atteinte d’une leucémie, et que chronique de soins, d’hygiè- te Karel Novak qu’elle a aimé en (EU, 1940, v.o., 95 min) &. Cinétoile Film. Bernard Stora . De Arriaga, Carlatti, De Iribarren. Pablo, suicidaire, deux êtres qui vont ne… La caméra saisit des images Europe avant la guerre, et qu’elle 0.25 Bad Lieutenant aa mutuellement se redonner confian- de misère, des conversations entre croyait mort. Elle se marie avec lui, Abel Ferrara (Etats-Unis, 1992, v.o., 95 min) !. Cinéfaz SIGNIFICATION DES SYMBOLES ce, dans une atmosphère de concert futures mères sur la situation malgré la relation qu’elle entretenait 0.45 Cadet d'eau douce aaa Les codes du CSA Les cotes des films et d’hôpitaux. Couronné par deux socio-économique de la Russie. avec un chef d’orchestre, Hollenius. Charles F. Reisner (Etats-Unis, & Tous publics aaa On peut voir grands prix, ce téléfilm, où sons et On y manque aussi d’affection, car Celui-ci, jaloux, tentera de briser le 1928, 70 min). Arte % Accord parental souhaitable a aa A ne pas manquer aa ? aaa musique tiennent une grande place, les familles sont interdites, seuls concert de rentrée du violoncelliste. 0.45 Le Beau Serge Accord parental indispensable Chef-d’œuvre ou classique Claude Chabrol (France, 1958, ? Les symboles spéciaux de Canal + & ou interdit aux moins de 12 ans est teinté d’une légèreté grave, rom- les gestes derrière les fenêtres Ce film, peu connu du grand public 95 min) . Cinétoile ! Public adulte DD Dernière diffusion pant ainsi avec la ponctualité, parfois sont autorisés. Un film dur, mais nous livre une Bette Davis énergi- 1.35 La Courtisane aa ? Interdit aux moins de 16 ans d Sous-titrage spécial pour Robert Z. Leonard (Etats-Unis, 1931, # Interdit aux moins de 18 ans les sourds et malentendants lourde, des téléfilms germaniques. un beau pied-de-nez à la misère. que, pathétique et extraordinaire. 75 min) &. Ciné Classics 36

VENDREDI 18 MAI 2001 Chiroquoises, Chiroquois Avant les élections du 7 juin, Tony Blair propose par Pierre Georges aux Britanniques une société « plus ambitieuse » TREMBLONS ! Nous avons Deux errata valant mieux reçu du premier des Chiroquois, qu’un erratum, voilà qui est fait. honorable tribu vivant dans les Car, chers Chiroquois et Chiro- Dans son discours-programme, le premier ministre veut ouvrir le secteur public aux entreprises privées plaines fertiles de l’Essonne, une quoises, ce que votre édile, tout brève, claire et assez facétieuse à son devoir de vigilance, n’a LONDRES comme dans l’éducation nationale, se unanime – en tout cas réservés à pas de savoir à qui appartient l’infras- demande de rectificatif. Comme pas vu, c’est qu’autrefois déjà, de notre correspondant dans les transports comme dans les trois ou quatre types d’interventions tructure. » De toute façon, sachant chacun l’aura noté, Le Monde a dans Le Monde daté du 13 mai « Pas de dogme », pas « d’idéolo- prisons, les capitaux et les entrepri- spécialisées, vont être édifiés et que le « New Labour » promet une publié récemment le fac-similé 1981, page 12, justice vous fut gie », rien que de la « modernité », ses privées qui y jouent déjà un rôle gérés par des capitaux privés. Même nouvelle fois de ne pas augmenter de son numéro « historique » rendue. Tout à sa confusion rien que « ce qui marche ». S’il res- non négligeable vont être encoura- ouverture sans complexe pour «la l’impôt sur le revenu, ni pour les pau- du 12 mai concernant l’élection concernant un certain nombre tait à la « vieille » gauche du « nou- gés à s’investir beaucoup plus. Inven- priorité des priorités », à savoir l’édu- vres, ni pour les riches qui restent présidentielle du 10 mai 1981. de villes, Brive, Montpellier, veau » Parti travailliste la moindre té par le dernier gouvernement con- cation nationale, où, incidemment, taxés à 40 % maximum – contre 60 % C’était là, hormis la suppression Saint-Maur-des-Fossés, Tarbes, illusion quant à la stratégie de son servateur, le système dit des « initiati- l’opinion a été surprise d’apprendre il y a vingt ans avant que Mme That- de quelques pages de publicité, le journal rendit aux Chiroquois chef pour « libérer» les talents britan- ves de financement privé » qui coûte que, ces quatre dernières années, le cher ne le ramène à son présent la réplique exacte du journal ce qui leur appartenait pour niques, développer « dès l’école, un plus cher à la collectivité mais qui a gouvernement a dépensé légère- niveau –, nul ne voit très bien où le d’antan. Sans corrections, ni l’Histoire et l’éternité. A savoir esprit d’entreprise » et, accessoire- déjà permis ces dernières années à ment moins de la richesse nationale gouvernement prendrait les fonds. amendements, ni accommode- qu’ils avaient voté majoritaire- ment, remporter un second mandat de nombreuses firmes spécialisées, que les conservateurs avant lui. Bien que le fossé des revenus ments, ni repentirs. Tel qu’il fut, ment Mitterrand et non, par une électoral le 7 juin, le discours-pro- anglaises ou américaines, de repren- entre les plus pauvres et les plus il restait. Erreurs comprises. déplorable inversion des chif- gramme prononcé mercredi à Bir- dre la gestion d’écoles publiques UNE SEULE RECETTE : LE TRAVAIL riches d’entre les Britanniques se Or les résultats électifs, par fres et de nos sens abusés, Gis- mingham par Tony Blair y a proba- « déficientes », de prisons « modè- Parce qu’il « ne doit y avoir ni dog- soit encore accru depuis 1997 – les département comme par com- card d’Estaing. blement mis fin. Sûr de lui-même, les », voire du standard général de la me, ni barrière idéologique, ni intérêts impôts indirects, eux, ont et vont mune, ont ce caractère particu- Certes, diront les Chiroquois sûr d’avoir raison et sûr d’être enten- police, va se développer. Les privati- corporatistes », Tony Blair renforce augmenter – « mon désir n’est pas lièrement farceur et établi que de bon sens, mais alors en du, ce que confirment tous les sonda- sations programmées pour le contrô- la sélection dans le secondaire – de rendre les riches plus pauvres, l’erreur aime à s’y nicher dans répondant ainsi à une question ges, le premier ministre de la « troi- le aérien et le métro londonien se 40 % des collèges d’enseignement mais les pauvres plus riches », a affir- les coins comme Diable dans les vous en soulevez une autre : sième voie méritocrate » largue les feront sur ce modèle, l’Etat restant général seront « spécialisés » d’ici mé M. Blair. Pour ce faire, une seu- détails. C’est l’inévitable rançon pourquoi Le Monde en 2001 dernières amarres qui l’attachaient propriétaire des infrastructures et cinq ans – et ouvre grand les portes le recette : le travail. Ce qui reste de des nuits d’élections. Dans les s’obstine-t-il à publier des chif- encore au travaillisme historique. fixant les performances à réaliser par au capital privé. Idem dans les trans- l’Etat-providence va encore reculer ruches journalistiques, les mal- fres qu’il sait faux depuis 1981 ? Centrés autour de la très nécessai- l’entreprise qui emporte le marché. ports où le gouvernement promet un peu, les femmes seules avec heureuses ouvrières préposées à Nous touchons là à la nature re refonte de services publics qui s’ef- Dans la santé, pour « alléger » le d’investir 180 milliards de livres dans enfants devenant la nouvelle cible faire miel de tous chiffres finis- même et à la substantifique et fondrent chaque jour un peu plus, système général et réduire « d’ici les dix ans en faisant appel, pour des « chasseurs d’abus ». « Toute sent toujours, à un moment ou nécessaire intégrité du fac- les projets « à dix ans » présentés quatre ans », de 18 mois actuelle- 40 %, au « big business ». Douchés personne qui peut travailler doit tra- à un autre, par se mélanger les similé. Il est semblable. Il est par M. Blair en vue de consolider la ment à 6 mois maximum le délai par les privatisations des tories, les vailler », a prévenu le premier pinceaux. D’où généralement similé. Ou il n’est pas ! Car où Grande-Bretagne en « une société moyen d’attente imposé aux mala- deux tiers des usagers du train récla- ministre. « Je veux une société plus dans la semaine qui suit, une commence la correction, où le moderne et forte avec une économie des avant de voir un spécialiste, une ment la renationalisation de leur che- ambitieuse.» rafale, limitée mais coutumière, bidouillage ? On commence par moderne et forte » font une large pla- vingtaine d’hôpitaux très spéciaux – min de fer . « Pas question , a dit le de rectificatifs. tripoter les chiffres, pour la bon- ce au secteur privé. Dans la santé « des usines à opérer », ironise la pres- premier ministre, le problème n’est Patrice Claude Donc le premier des Chiro- ne cause. Puis les titres, pour les quois, M. Gérard Funes, maire de rafraîchir. Puis les textes, puis Chilly-Mazarin, vigilant gardien les adjectifs, puis les commentai- de la mémoire et des choix res, pour toutes sortes de révi- locaux, nous a balancé le fax pin- sions sémantiques et de tripa- ce-sans-rire suivant : « ...Une touillages politiques. erreur malencontreuse s’est produi- Pas de cela, lecteur ! L’erreur te concernant les résultats sur la est humaine, la non-persévéran- commune de Chilly-Mazarin. En ce diabolique. Il fallait faire un effet , contrairement à ce que vous choix. Même au risque de heur- publiez, c’est François Mitterrand ter les Chiroquois et leurs qui est arrivé en première position enfants. Car on imagine bien le avec 4544 voix (54,71 %) et Valéry regard porté par l’ingrate géné- Giscard d’Estaing avec 3761 voix ration Mitterrand sur ses géni- (45,28 %). Je vous remercie vive- teurs, en cette paisible bourga- ment de publier un erratum dans de : et en plus, vous aviez voté votre prochaine édition. » Giscard !

La diffusion du film « Roberto Succo » suspendue en Savoie LES HABITANTS de la Savoie ne Garnier, le secrétaire général d’Al- verront pas Roberto Succo, le film liance. Mais nos collègues ont mal de Cédric Kahn, présenté en compé- vécu la sortie de ce film, alors que sept tition au Festival de Cannes, mercre- d’entre nous ont été abattus depuis le di 16 mai, et sorti sur les écrans le début de l’année. » même jour dans toute la France. La A l’inverse, l’UNSA-Police, syndi- diffusion du long-métrage reve- cat majoritaire, s’est posé en défen- nant sur la folle cavale de ce jeune seur de la « liberté d’expression ». Italien, auteur de plusieurs meur- « L’UNSA-Police ne rentrera pas dans tres en France en 1986 et 1987, dont une discussion stérile sur une œuvre ceux de deux policiers, a été suspen- de fiction, ajoute le syndicat, mais due dans tout le département sous revendique concrètement une la pression des élus de droite com- réflexion sur la législation de vente et me de gauche. L’une des victimes détention d’armes et sur la gestion policières de Roberto Succo, le bri- d’un fichier national sur les armes, seu- gadier André Castillo, avait été tué les solutions efficaces pour enrayer la d’une balle de 22 long rifle, le mort de fonctionnaires dans l’exercice 3 avril 1987 à Chambéry (Savoie). de leurs missions. » Arrêté en Italie, Succo s’était suici- Pour les mêmes motifs, la représen- dé en prison le 23 mai 1988. tation de la pièce de Bernard-Marie Le syndicat de gardiens de la paix Koltès, intitulée Roberto Zucco, avait Alliance a organisé, mercredi elle-même été annulée, les 8 et 9 jan- 16 mai, avenue des Champs-Elysées vier 1992, à Chambéry. Le maire (PS), à Paris, une manifestation devant un Louis Besson, s’était alors refusé à cinéma qui projetait le film pour assurer la protection du théâtre con- dénoncer « l’apologie de criminels tre d’éventuelles manifestations. tueurs de flics ». « Il ne s’agit pas de jouer les censeurs, a précisé Jean-Luc Pascal Ceaux Alfred Sirven a refusé d’être interrogé sur l’affaire des frégates de Taïwan CONVOQUÉ par la juge d’instruction Laurence Vichnievsky pour être interrogé sur son implication dans l’affaire dite « des frégates de Taïwan », Alfred Sirven a refusé, mercredi 16 mai, d’être extrait de la mai- son d’arrêt de la Santé, où il est détenu depuis le 6 février. L’ancien direc- teur des affaires générales d’Elf Aquitaine, considéré comme le personna- ge central de l’affaire Elf, « souhaite attendre la décision des juges sur la sui- te de cette instruction ainsi que le jugement à venir », a indiqué au Monde l’un de ses avocats, Me Pierre Haïk. M. Sirven a soulevé la question de la prescription des poursuites sur le volet des frégates (Le Monde du 25 avril). Le parquet de Paris a pris sur ce point des réquisitions en sens inverse, a indiqué mercredi l’AFP. M. Sirven est par ailleurs dans l’attente de la décision que doit rendre, le 30 mai, la 13e chambre du tribunal de Paris dans l’affaire qui visait aussi Roland Dumas, Christine Deviers-Jon- cour et Loïk Le Floch-Prigent. Cinq ans de prison ont été requis contre lui. DÉPÊCHE a TUBERCULOSE BOVINE : le Conseil d’Etat a suspendu, le 16 mai, une décision, prise par la préfecture de Haute-Garonne, le 20 novembre 2000, ordonnant l’abattage d’un cheptel dans le cadre de la lutte contre la tuberculose bovine.

Tirage du Monde daté jeudi 17 mai 2001 : 502 713 exemplaires. 1-3 VENDREDI 18 MAI 2001

LE FEUILLETON LES INFORTUNES RELIGION OUVERTE, LES FOUS DU LOGIS DE PIERRE LEPAPE DES RELIGION FERMÉE Les génies domestiques « Des lézards « MISÉRABLES » La chronique de Roger-Pol Droit du Moyen Age dans le ravin » page III page V racontés de Juan Marsé par Claude Lecouteux ARCHÉOLOGIE page II page VII ELIAS SANBAR DU REGARD ORDINAIRE page IV L’essai d’Alain Roger page VI

Frontispice des Psaumes entiers de représentations faus- « Les citations dans mon travail, (manuscrit dit Sidour Rotschild, ses s’effondrent. Ne dites plus écrit Benjamin, sont comme des XVe siècle, Musée d’Israël, « péché » ou « pécheurs », mais voleurs de grands chemins qui sur- Jérusalem), représentant plutôt « égarement », « égarés ». gissent en armes et dépouillent le le roi David, auteur symbolique Les pécheurs sont des égarés et promeneur de ses convictions. » du « Livre des psaumes », les méchants sont des « malfai- Les touristes de l’existence avec une harpe. sants ». Beaucoup d’égarés, beau- détestent ces rappels bibliques. Dans le cartouche central, coup de malfaisants, ça se prou- On les comprend. Dans Gloires,la le premier mot ve. Voulez-vous retrouver le sens partie est rude. Il y a là un certain du premier psaume, d’Amen ? Dites : « C’est ma foi. » David, un des plus grands poètes « achreï », « Bonheur à... » Vous avez l’habitude d’Alleluia ? de tous les temps, dressé dans Entendez : « Gloire à Yah ».Ne une position limite : vous sentez récitez pas « Mon Dieu, mon passer sur lui la peur, le frisson, cutante, une science, une pas- Dieu, pourquoi m’as-tu abandon- le spasme, la panique, la souffran- sion. Meschonnic traduit la né ? » mais « à quoi m’as-tu aban- ce jusque dans les os ; vous le Bible, et la démonstration est fai- donné » (ce n’est pas du tout la voyez inlassablement aux prises te que nous n’avons eu entre les même chose). Traduction Dhor- avec le mensonge, la corruption mains, jusqu’à présent, que des me (Pléiade) : « Les cieux racon- et la fraude. Il a sa musique, sa approximations ou des recouvre- conviction, ses « priè- ments, tradition hellénique ou res secrètes », son mur- chrétienne, compromis du rabbi- Philippe Sollers mure, jour et nuit, nat, dévotion, timidités, voiles. même s’il est courbé, « L’Occident ne s’est fondé que sur tent la gloire de Dieu, et le firma- épuisé, pourri, les tripes brûlan- des traductions et, pour le Nou- ment annonce l’œuvre de ses tes. Il n’a plus de force, son cœur veau Testament, fondement du mains. » Traduction Meschon- va trop vite, il est abandonné, il christianisme, des traductions de nic : « Le ciel proclame la splen- va devenir sourd, muet, aveugle, traductions de traductions… Si deur du dieu, et l’œuvre de ses pendant que ses ennemis sur lui l’anglais et l’allemand ont eu un mains est ce que raconte le déploie- « se grandissent ». Le tumulte l’en- original second, avec la King ment du ciel. » toure, il patauge dans la détresse James Version et avec Luther, le Autre forme, autre scansion, et des marais de boue, mais il per- français n’en a jamais eu. » Voilà autre disposition des mots sur la siste à chanter ce Dieu « qui main- le point essentiel. Dieu, en fran- page, avec des blancs significatifs tient les montagnes dans sa for- çais, est quasiment inaudible, à de respiration. Début des Gloi- ce ». D’un côté la fosse, la mort moins de le prendre pour Victor res : « Bonheur à l’homme qui n’a et les amis de la mort ; de l’autre Hugo. Il faut donc qu’une éner- pas marché dans le plan des mal- le roc, un grand oiseau aux ailes gie particulière, simultanément faisants et dans le chemin des éga- protectrices, la vie. Autant dire poétique et de traduction, nous rés. » Ce « Bonheur à » est en que Gloires est un livre d’une D.R. fasse franchir cette surdité acqui- effet bien préférable à « Heureux actualité brûlante. se, sirop, emphase ou répulsion. celui qui » (« Heureux qui comme Le poème, pour Meschonnic, est Ulysse a fait un beau voyage »). Au GLOIRES une « force-sujet dans le langa- passage, on signalera à ceux qui Traduction des psaumes ge », et les versets de la Bible se plaignent des textes compor- d’Henri Meschonnic. sont cette force qui n’a pas enco- tant trop de citations le très bel Desclée de Brouwer, 556 p., re été dégagée comme telle. essai de Meschonnic sur Walter 145 F (22,11 ¤). Rien ne le montre mieux, Benjamin dans Utopie du juif, rap- aujourd’hui, que la parution écla- pelant qu’il s’agit là d’un art très UTOPIE DU JUIF tante des Psaumes sous le nou- ancien (le Talmud, par exemple). d’Henri Meschonnic. Gloire veau titre de Gloires. De la belle Principe de montage permettant Desclée de Brouwer, 422 p., complainte on passe à l’interpel- un autre rapport à l’Histoire. 170 F (25,92 ¤). lation directe, de la « bondieuse- rie » à une sorte de guerre perma- nente et abrupte, où les accents, les te’amim, jouent un rôle fonda- mental. Ce terme hébreu est le pluriel de ta’am, qui veut dire goût. La Bible est une guerre du de la Bible goût. Son parler-chanter (du moins dans Gloires) doit s’en- tendre comme un « goût dans la sieur ? – La Bible, madame. – bouche » – à la fois goût et rai- Mais en quelle langue ? – En En français, on ne l’a son –, comme « une physique du hébreu. – Ah bon, la Bible a aussi langage ». été traduite en hébreu ? » jamais lue que dans Parler, chanter, raisonner sont Quel étrange roman débor- une même substance qui peut dant, qui envahit aussi bien les des traductions être écoutée par Dieu, à qui on bibliothèques que les tables de demande de prêter l’oreille. Gloi- ieu se plaint nuit d’hôtels. Dieu, le seul vrai de traductions. res est plus fort que psaumes,àla depuis longtemps : il trouve Dieu, a parlé, on l’a transcrit, on Henri Meschonnic rend tonalité idyllique, et sans aucun Dqu’on l’a toujours mal écouté, l’a adapté, commenté, révéré, doute préférable à louanges, dont mal entendu, mal lu ; qu’on a cité, découpé, discuté, réfuté ; on Meschonnic dit drôlement que méconnu sa parole, son rythme, continue à se disputer sur son enfin Dieu audible : cela aurait « un côté Saint-John son enseignement, son souffle ; incarnation éventuelle et sa résur- Perse », comme s’il s’agissait que son évidence, en somme, a rection supposée ; on a prétendu paroles sortant de la d’une « adoration vague et d’une été et reste sans cesse déniée, qu’il était mort, mais sans retrou- acceptation du monde et de son caricaturée et détournée vers ver son corps ; on lui attribue des brume cléricale pour histoire ». Mais non, voyons : rien d’autres fins que les siennes. tonnes de convulsions et de fana- de plus tendu, de plus tremblant, Dieu n’est pas le terrible ou le tismes ; on l’entend encore psal- exposer l’épouvante, de plus dramatique que ces paro- bon Dieu qu’on croit, il n’aime modié, hurlé, proféré, dilué, mais les sortant enfin de la brume cléri- pas les sacrifices, les cultes, les de quoi s’agit-il en fait ? De litté- l’appel au nom divin cale pour exposer l’épouvante et attitudes religieuses ou morales, rature ? De poésie ? De cinéma ? la peur du gouffre, l’appel au il déteste qu’on le prenne au pre- De bande dessinée ? De patholo- et à sa promesse de joie nom divin et à sa promesse de mier degré et qu’on emploie son gie récurrente ? Seule certitude : joie. La Tora n’est pas la Loi, nom en vain, il s’irrite d’être com- il y a un texte, et son fonctionne- entières, saints, sages, justes, cri- mais l’Enseignement. Les Gloires pris trop vite ou à demi, il s’affli- ment peut donner le vertige car il minels, clercs, érudits. C’est une sont des situations d’abîme : ge surtout des traductions de lui semble bien être infini. En réali- question de langage, une épreu- c’est l’homme qui risque d’être qui pullulent sur le marché bibli- té, le scandale est là : cette infini- ve physique par rapport à lui. avalé, raflé, détruit par ses persé- que. La Bible ? Oui, d’accord, on té dérange. On ferait tout et n’im- L’œuvre d’Henri Meschonnic cuteurs réels, jeté au trou, mais connaît. Mais dans quelle version porte quoi pour la limiter, la cana- est déjà importante, et il serait qui garde confiance dans son la lisez-vous ? On racontera ici, liser, l’affadir, l’oublier, la reje- temps qu’elle soit reconnue com- « Dieu de la multitude d’étoiles ». une fois de plus, l’histoire de cet- ter, voire l’exterminer. Peine per- me révolutionnaire dans notre On presse Dieu d’écouter, d’inter- te brave dame catholique qui voit due : le livre est là, on l’ouvre, les misérable époque spectaculaire. venir, de parler, de trancher. Il l’a un vieux monsieur ne payant pas surprises surgissent, et on peut Oh, sans grands mots : une indi- fait, il peut donc le refaire. de mine en train de lire un livre. longuement s’étonner de voir gnation à peine contenue, un Des décalages justifiés de « Vous lisez quoi, cher mon- passer à travers lui des foules humour froid, une précision per- mots, et chaque fois des pans II / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 le feuilleton

de Pierre Lepape b tion, mais de toute sa minuscule existence. Lorsque le DES LÉZARDS DANS LE RAVIN roman commence, il ne respire que depuis quelques (Rabos de Lagartija) semaines, dans le ventre de sa mère : « Mes parents de Juan Marsé. m’ont engendré il y a bien longtemps, mais à ce moment- Traduit de l’espagnol par Jean-Marie Saint-Lu, là je ne dois pas avoir plus de trois ou quatre mois. Tout se Christian Bourgois, 406 p., 150 F (22,87 ¤). passe comme dans un rêve congelé dans le placenta de la mémoire, dans un temps suspendu qui vit le summum des es romans ne nous tiennent au corps que si Le ver mascarades publiques et des infortunes privées, des mau- leurs auteurs nous font partager un savoir, vais traitements et des malheurs, des cachots et des fers. » sur nous-mêmes, sur le monde. En ce sens, Celui qui raconte n’était alors qu’un fœtus, qu’une ils sont toujours « réalistes » ou ils ne sont semence à peine sortie de la nuit biologique. Il était aus- rien.L La force de la fiction, c’est de nous permettre de si, comme tout ce qui n’a pas encore eu lieu, une forme capter cette expérience à travers des histoires qui invisible possible d’espérance et de vérité. L’image même de la nous sont totalement étrangères, sans contact social fiction. ou historique ou psychologique avec notre propre vie. En ce sens, aucun roman n’est « réaliste » au l ne s’agit donc pas pour le narrateur – ni pour le moment où nous le lisons. Ni les aventures et mésa- romancier – d’essayer de reconstituer à l’aide de la ventures d’un jeune poète de province monté à la con- mémoire ce que fut la « réalité » de cette ville, de quête de Paris au milieu du XIXe siècle, ni les passions ce quartier, de ces années noires du franquisme. fatales de l’épouse d’un officier de santé dans une Supposerait-onI même une mémoire infaillible, une docu- bourgade de Normandie. Encore moins, pourrait-on mentation immense et exacte, un sens absolu de l’ensem- dire, le récit des années de jeunesse d’un garçon des ble et du détail et un souffle divin qui animerait tout cela quartiers pauvres de Barcelone, à l’heure de la victoi- comprendre ce qu’il ne voit pas, converser avec les qu’on n’aurait encore qu’une représentation entièrement re du franquisme, des derniers spasmes de la révolte, absents, inventer des mensonges qui rendent à la vérité Juan Marsé ne prend pas le parti fausse, un jeu d’apparences, une sarabande travestie. Il de la chape de plomb et de rage qui s’abat sur le peu- sa dignité perdue. n’y a pas de pire mensonge que l’illusion réaliste, surtout ple des vaincus. Il y a Rosa, la mère, la Rouquine, ancienne institu- du réalisme, mais celui de la vérité. lorsqu’elle est pratiquée par des copistes fidèles et scrupu- Pourtant, c’est sur le secret de ces années-là, sur cet trice chassée par le nouveau régime, réduite à d’épui- leux. infime morceau de temps et de territoire que Juan sants et misérables travaux de couture, mère admira- Celui qui joue avec les approximations Juan Marsé prend le parti inverse, celui de la vérité. Marsé a construit son œuvre, d’une richesse uni- ble, épouse fidèle envers et contre tout, à son mari, à Celui qui joue avec les approximations de la mémoire, verselle, d’une permanente actualité. Retour donc, une ses convictions républicaines ; Rosa, ardente comme sa de la mémoire, avec la subjectivité avec la subjectivité des sentiments et des émotions, avec fois encore, dans le Barcelone de l’après-guerre civile, chevelure mais usée par la vie et caressant dans le le nimbe des légendes, la force de l’imagination, la présen- dans ce quartier de Guinardo, à la lisière de la ville, secret de son être des espérances de tendresse, de cha- des sentiments et des émotions, avec ce des rêves, la chaleur des désirs. Celui qui se cache dans dans une ruelle de ce faubourg laissé pour compte et leur et de paisible sensualité. Il y a encore Victor, le fugi- le nœud des histoires, celles qu’on raconte, celles qu’on néanmoins étroitement surveillé. Ici vivent, dans l’an- tif, un personnage que l’on ne voit jamais et qui est le nimbe des légendes, la présence entend, celles qu’on invente. Celles qui n’ont pas eu lieu cienne salle d’attente d’un médecin disparu, une jeune entièrement construit par le récit des autres. Victor, le et qui, pourtant, ont formé des caractères et bouleversé femme rousse et belle et son fils David. La Rouquine héros anarchiste, le passeur d’aviateurs britanniques des rêves et la chaleur des désirs des existences bien plus profondément que les événe- est enceinte, son mari, Victor Bartra, recherché par la abattus en France par les Allemands, le fomenteur de ments qu’on dit réels. police comme « rouge », lui a échappé, un soir, en s’en- syndicats clandestins, le révolutionnaire traqué et insai- l’oreille qu’a laissé le médecin en abandonnant son cabi- Pour rendre compte de cette proximité précaire et de fuyant par le ravin qui longe la maison. Depuis, un poli- sissable. Mais aussi Victor le vaincu, qui ne s’est jamais net ; de morceaux de films entrevus par David et Pau- cette distance, Juan Marsé a inventé ici un style narratif cier, Galvan, ne cesse de rôder, de poser des questions. remis de sa défaite, le coureur de jupons, le contreban- lino (on sait l’importance du cinéma dans la construc- que ses précédents romans annonçaient. Sans qu’à aucun Il tend une manière de filet autour de la mère de David, dier cupide, l’alcoolique chronique qui fuit la vérité tion de l’imaginaire de Marsé), mais aussi d’un rasoir, moment la lecture perde en limpidité ni en émotion, il un filet dans lequel, peu à peu, il se prend lui-même, plus encore que la police au fond des bouteilles de gnô- d’un faux briquet Dupont, de queues de lézard que les joue sur les temps, sur la multiplication des points de vue, passant de l’interrogatoire à la confidence, de la curiosi- le. Et puis encore Paulino, le gros garçon tuberculeux gamins chassent dans le ravin et qui s’agitent longtemps sur l’ironie, sur le lyrisme, sur la fantaisie aussi, pour faire té policière à une sorte de complicité attentive, presque que viole hebdomadairement son oncle, le gendarme, après qu’on les a coupées, d’une tasse de vrai café avec comprendre et sentir – inséparablement, l’un et l’autre, tendre, probablement amoureuse. Sans cesser pour et qu’on enverra bientôt se faire violer ailleurs, dans la deux sucres, d’une fesse ensanglantée, et même d’un l’un par l’autre – ce que fut le franquisme des années autant d’être ce qu’il est aux yeux de tous : un flic sinistre prison pour enfants de l’asile Duran. Paulino chien. 1940 pour ses victimes, en deçà même de la conscience obstiné, brutal, retors et dépourvu d’émotion, un rendu stupide et muet à force de terreur et d’humilia- Le chien est presque un personnage, un cabot plus qu’ils pouvaient en avoir. Il apprend comment la peur, la Javert qui voudrait embobiner l’épouse pour parvenir à tion, comme l’est autour de lui cette population vain- que vieux et plutôt dégoûtant, aveugle, pelé, vomissant méfiance, le mensonge, l’incertitude sur ce que l’on sait, attraper le mari. cue, méprisée, roulant dans un abîme de résignation et ses derniers restes de vie. C’est l’ami de David, son que l’on sent, que l’on croit, peuvent s’installer dans les Galvan est un personnage inoubliable. L’art de de dénigrement de soi. confident, la preuve dont il a besoin qu’on peut être âmes les plus pures et les plus fortes et les gangrener, les Marsé, dans la grande tradition romanesque, repose digne de compassion et d’amour même lorsqu’on est épuiser, les dissoudre jusqu’à leur faire accepter la fiction d’abord sur la création de personnages qui semblent à utour de ces personnages, Juan Marsé tisse parvenu au dernier stade de la décrépitude et de l’acca- des vainqueurs. la fois réels et enveloppés d’un voile d’incertitude et de un subtil et dense réseau d’objets dont le sta- blement. La mort du chien – assassinat ou euthanasie, Parmi les images récurrentes autour desquelles s’orga- légende que leur confère le regard des autres, la dis- tut est d’être à la fois ce qu’ils sont et en manifestation de cruauté ou de charité, les deux ensem- nise ce grand et beau poème romanesque, il y a celle du tance des souvenirs, le climat moral d’une société même temps des signes qui polarisent et ble sans doute – va être le déclencheur du drame, l’acte ver invisible, empruntée à un poème de William Blake, La minée par la peur, le mensonge, la dissimulation. Por- oriententA le drame du récit. Comme la fiction, ils ont de trop qui va rompre le fragile équilibre des menson- Rose malade. On peut résister à la répression, cultiver la traits magnifiques parce qu’ils cachent plus encore que deux faces inséparables, l’une qui raconte et l’autre qui ges, des arrière-pensées, des rêves étouffés, des senti- révolte contre la brutalité et l’injustice d’un régime politi- parce qu’ils montrent. Il y a David, malicieux, intelli- signifie. Il peut s’agir d’un simple nom, Amanda, que ments ambigus et des apparences trompeuses sur lequel que honni, se battre clandestinement contre ses sbires, gent, révolté par une situation dont il a à peine l’on retrouve à plusieurs endroits du roman employé à reposait l’existence de la maison au bord du ravin. mais on ne voit pas le ver qu’il a instillé en vous et qui conscience, ne rejoignant jamais mieux la réalité que des usages anecdotiques différents, d’une image de pilo- Le narrateur de Des lézards dans le ravin n’a rien vu de dévore et consume tout ce qui est vivant, vos rêves, vos lorsqu’il s’abandonne aux fantaisies de ses rêves et de te de chasse punaisée sur un mur, d’une autre ima- l’histoire qu’il raconte ; il en a entendu des échos loin- images, vos souvenirs et donc votre avenir, et jusqu’à la son effervescente imagination ; David l’artiste, qui sait ge – un tableau médical des différentes parties de tains et assourdis, il en a vécu des émotions par procura- plus petite miette de vérité.

avec les Vedette), des monuments – dont les fameux lions de la place BANDE DESSINÉE Félix-Eboué, la cour Saint-Emilion, aujourd’hui disparue, ou encore les par Yves-Marie Labbé cours du faubourg Saint-Antoine. Mais les personnages, à la fois symboli- Une chanson douce ques et réalistes, qui charpentent ce Parfum disparu lui évitent toutefois de se diluer dans la nostalgie, et donnent toute sa fragrance à ce véritable roman dessiné. Une mère, et sa petite fille, qui est morte. b LES OLIVES NOIRES, d’Emmanuel Guibert et Joann Sfar Parfum années 1950 Le premier volume de cette nouvelle BD réalisée par le duo Emmanuel Et un beau roman, au bout de la douleur Guibert-Joann Sfar (constitué pour le réjouissant album La Fille du profes- seur) risque de déconcerter ses lecteurs, du fait de l’époque choisie et du lence, bien sûr. Ce livre adressé à AGENCE HARDY : LE PARFUM DISPARU sujet. Ce serait dommage, tant il pétille d’intelligence, d’humour et de jus- PALOMA une petite fille qui ne le lira jamais d’Annie Goetzinger et Pierre Christin. tesse. Nous sommes en Judée, quelques années avant qu’un homme n’an- d’Aline Schulman. et à une autre fille qui l’a lu, flotte Dargaud éditeur, 48 p., 62 F (9,45 ¤). nonce au peuple juif qu’il est le fils de Dieu. Le héros de cet album est un Seuil, 176 p., 75 F (11, 43 ¤). dans la mémoire du lecteur à son petit garçon, Gamaliel, qui n’a pas sa langue dans sa poche. Son père tour, comme cette chanson douce e tandem Annie Goetzinger-Pierre Christin s’est reformé, et ayant été arrêté par les Romains à la suite d’une rixe entre des mar- line Schulman, traduc- que chantent les mamans, comme c’est une bonne nouvelle pour la BD. Nos deux auteurs – la chands du Temple, l’enfant fuit avec une jeune boulangère et deux déser- trice, professeur de litté- une histoire de Schéhérazade première au dessin, le second au scénario – se connaissent teurs gaulois, paillards et paresseux, pour rejoindre un camp de zélotes. rature espagnole, est dont on ne peut espérer de mira- depuis les années 1980, époque où ils réalisèrent de concert A mille lieues de la fameuse et si ratée Bible en bande dessinée parue il y a aussi la mère de deux cle, d’ailleurs : « elle cherchait à LLa Demoiselle de la Légion d’honneur puis, plus tard, Diva, La Sultane une vingtaine d’années, ce premier épisode des Olives noires, titré par Afilles. L’une d’elles est morte. Elle sauver sa tête, tandis que moi c’est blanche et Paquebot. Des tropismes communs (pour le film Casque l’une des phrases prononcées pour Pessah par Gamaliel (« Pourquoi cette avait huit ans. Petite fille blonde toi, c’est nous, que je veux sauver ». d’or, pour le tango et l’opéra ou pour le fait-divers illustré à la Di nuit est-elle différente des autres nuits ? »), offre une vision très quotidien- et blanche, aux yeux bleus, avec Il était une fois une petite fille qui Marco) ont donné corps et âme à une longévité littéraire qui est aus- ne de la vie dans les provinces sous domination romaine, via les yeux et une maman si brune qu’on la pre- voulait grandir pour porter les si gage de qualité. Cette fois-ci, le duo se frotte au polar en ouvrant l’esprit d’un garçonnet. Il évite le double piège de la pédagogie et du reli- nait pour la nounou espagnole. robes de sa maman, il était une le premier « dossier » de l’Agence Hardy, baptisé Le Parfum disparu. gieusement correct, comme l’indique le passage comique de la circonci- Une petite fille douce et raisonna- fois une petite fille étrangement Deux autres épisodes devraient suivre. sion des deux légionnaires gallo-romains. Le dessin tout en finesse d’Em- ble qui dévorait les livres, aimait docile, il était une fois une petite Tout en respectant les canons du genre, nos duettistes y glissent manuel Guibert est rehaussé par la beauté de la mise en couleur de cet la musique et collectionnait les fille qui ne voulait plus de piqûres quelques trouvailles bien à eux, fruits de leur quête documentaire album, due à Walter (éd. Dupuis, « Repérages », 48 p., 57 F [8,69 ¤], en poupées. Une petite fille si blonde et qui se roulait par terre en disant – une estampille qui leur est pro- librairie le 6 juin). et si blanche que sa maman l’avait « tu ne vois pas que je me révolu- pre, qu’il s’agisse du titre d’un b IDÉES NOIRES, L’INTÉGRALE, d’André Franquin surnommée Paloma, Colombe. tionne ? », il était une fois un chi- journal d’époque, d’une inter- La déprime d’ Hergé se traduisit par Tintin au Tibet, celle d’André Fran- L’autre petite fille est venue plus rurgien qui disait « il ne vous reste jection ou d’une expression à la quin (auteur de Spirou, Gaston Lagaffe, etc., dont Hergé disait qu’à côté tard. Parce que la mère s’est bat- plus qu’à lui apprendre à mourir », mode, de la ligne d’une robe ou de lui il n’était qu’un « piètre dessinateur ») se concrétisa par une série de tue, une fois encore. On ne voulait il était une fois la mère et la fille… de la forme d’un couvre-chef – dessins, Idées noires, parus entre 1981 et 1984 dans Le Trombone puis pas la lui donner. Trop tôt. Et s’il De père, point. Comme si dans et de leurs réflexions, y compris dans Fluide Glacial. C’est l’intégrale de ces dessins, préfacée par Marcel n’y a au cœur de ce livre qu’une ce temps immobile, ce temps sus- critiques, sur ce type de littéra- Gotlib, que publient les éditions Fluide glacial. Sous l’expression généri- seule petite fille, on sent que pendu entre la vie et la mort, il ture. Loin d’un Léo Malet ou que « Il ne faut pas confondre… », André Franquin décrit dans ces cases l’autre est là aussi, dans le présent n’avait pas sa place. Comme si les d’un André Héléna, pour qui le de BD l’état de la planète et de ses habitants – généraux, pros du de la mère qui écrit. petites colombes n’avaient pas de personnage du privé se décli- nucléaire, ingénieurs, curés, chômeurs et même amoureux dévorants, Nombreux sont les écrivains qui père Colombe. Jusqu’aux derniè- nait obligatoirement au mascu- etc. –, et de leurs croyances (religion, peine de mort, travail…) en une ont, eux aussi, raconté cette his- res pages du livre, hommage dou- lin, même s’il était inévitable- galerie de saynètes plus noires et plus drôles les unes que les autres. Le toire, pas exactement la même loureux, hymne à l’amour sans ment flanqué d’une assistante style et le sens tragi-comique de celui qui reste vénéré par la plupart des mais presque, enfant malade, joie mais d’une tendresse et d’une un peu gourde, l’agence de grands auteurs de BD (il est mort en 1997) explosent dans ces dessins en enfant noyé, enfant accidenté. reconnaissance extrêmes. Parce détectives Hardy (« personnes noir et blanc, animés d’une force dynamique, d’un rythme et d’une inven- Enfant mort. Alors, à quoi bon ? que lui, le père, a encaissé sans disparues, enquêtes, généalo- tivité qui s’exercent y compris dans la signature de l’auteur. Une manière Simplement parce qu’au bout de broncher, frémissant à peine, gie ») est dirigée par Edith Har- de démontrer que tous les sujets peuvent s’accommoder à l’humour la douleur, il y a un livre et un écri- quand elle, la mère, n’en pouvant dy, jeune et jolie veuve d’un agent de change. Elle travaille avec un noir, fût-il l’élégant cousin du désespoir (éd. Fluide glacial - Audie, 72 p., vain. Si Aline Schulman a été si plus, l’accablait de sa fureur. Et secrétaire mâle, Victor Mazero, joli cœur dont les élucubrations de 69 F [10,52 ¤]). impatiente de rencontrer une c’est alors lui qu’elle fait inter- matamore finissent souvent en eau de boudin. b LE TOMBEAU DE RASKHENOTEP, de Frédéric Marniquet autre petite fille, elle a, en revan- venir, à lui qu’elle donne la parole En revanche, comme Léo Malet, Christin et Goetzinger ont choisi A la fin du XIXe siècle, en Egypte, l’archéologue écossais Scott met au che, pris le temps de la longue et l’écrit : « à l’hôpital, c’est comme Paris et les années 1950 pour cadre de cette intrigue en trois volets, et jour un tombeau vieux de dix mille ans. Revenu en Grande-Bretagne, patience pour « imaginer cette his- à la sortie de l’école : il y a une précisément le 12e arrondissement, que tous les deux connaissent par aidé par un ex-colonel de l’armée des Indes, Hasting, il doit faire face au toire vécue ». Pour que naisse un majorité écrasante de mères ; les cœur, la première pour y être née, le second pour y avoir traîné ses kidnapping de son fils. Visiblement, Marniquet louche du côté de Blake livre, qui ne soit ni récit, ni cri de pères, on en voit dans les couloirs guêtres, entre Nation et Foire du Trône. Mais le Paris de nos deux et Mortimer, mélangeant les univers des îles Britanniques et du Proche- désespoir, ni thérapie, mais un ou au pied des lits, rarement en auteurs n’est pas tourné vers la seconde guerre mondiale et ses séquel- Orient. Les lecteurs remarqueront clins d’œil et emprunts à Edgar roman… bas, aux admissions, où les formali- les ; au contraire, il s’inscrit en pleine guerre froide, avec services d’es- P. Jacobs, tout en se laissant bercer par ce récit inspiré du Secret de la Un roman qui se déplace dans le tés exigent des connaissances préci- pionnage américain, russe et français aux aguets de nouveaux brevets Grande Pyramide, un cran en dessous (éd. Albin Michel, 56 p., 79 F temps, au fur et à mesure que la ses (…). Incompatibilité dans la souf- scientifiques ou industriels – en l’occurrence, en ce mitan du XXe siè- [12,04 ¤]). mémoire de la narratrice choisit france ; voilà pourquoi, selon moi, cle, la découverte des antibiotiques. Et ce Paris-là ne fait pas l’impasse b ÇA CHANGE TOUT !, de Pessin tel ou tel moment, à partir d’une les pères sont peu nombreux à l’hô- sur la lutte de classes, contexte géopolitique mondial oblige… Internet, le portable, la vache folle, la télé, etc., rien n’échappe au photo, d’un lieu, d’un mot, pour pital ; ils se sentent repoussés, chas- On se balade donc dans le décor humain et urbain d’une capitale parfai- trait de notre collaborateur Denis Pessin, dont l’acuité d’analyse se dou- que l’écriture s’en empare. Une sés par la douleur des mères ; parce tement recréée, qu’il s’agisse des apparences vestimentaires – concierge ble toujours d’une humaine tendresse pour ces bipèdes qui se font avoir écriture souple, agile, mesurée, qu’eux, moi, nous, ne souffrons pas en cheveux, accrochée à son balai ; hommes en chapeau ou en bourge- par les sirènes de la technologie. Drôle et décapant, l’album de Pessin pleine de tendresse, de douceur, au même moment qu’elles, au bon, ron ; jeunes femmes en déshabillé vaporeux ou en tailleur très en dessous inaugure une nouvelle collection de beaux livres d’humour, « Glénat de nostalgie, avec des accrocs de ni de la même manière… » du genou… –, des automobiles (les premières DS commencent à rivaliser Humour » (éd. Glénat, 80 p., 91,50 F [13,95 ¤]). tristesse, d’impuissance, de vio- M.Si. littératures LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / III b Les infortunes des « Misérables »

’est la recette d’un cocktail Hugo ». Le tribunal de grande instan- sée inaperçue s’il n’avait pas été pré- tures que son auteur n’avait pas pré- éditorial concocté par Les héritiers de ce de Paris examinera la question le senté comme la suite du Docteur Jiva- vues ? Michel Tournier, qui a publié Plon : un mythe littéraire Victor Hugo demandent 27 juin, si une conciliation n’inter- go. Publié par Transworld en Angle- en 1967 Vendredi ou les limbes du C (« le roman français le plus vient pas d’ici là. Olivier Orban avait terre, traduit chez Bertelsmann en Pacifique, qu’il a réécrit pour les lu en France et à l’étranger »), une his- proposé de donner un exemplaire Allemagne, le livre a dépassé enfants en 1971 en le titrant Vendre- toire toujours populaire (« dix mil- l’interdiction des Misérables de Hugo, en même 150 000 exemplaires. Après des di ou la Vie sauvage, se sent bien sûr lions et demi de téléspectateurs ont vu temps que Cosette. Ce qui a été refu- bagarres judiciaires dans plusieurs concerné : « Je dois tant à Daniel la série sur TF1 »), des bons senti- de la suite écrite sé par les héritiers, qui voyaient là pays, Feltrinelli, titulaire des droits Defoe auquel j’ai emprunté son Robin- ments (Javert veut réparer le mal une façon de légitimer le livre de mondiaux de l’œuvre de Pasternak, son Crusoe et son Vendredi ! Je vais fré- qu’il a fait), beaucoup de publicité par François Cérésa. Cérésa. a obtenu l’interdiction du livre. quemment dans les écoles dialoguer (1,5 million de francs [228 673 ¤]), Les suites romanesques sont insé- Les suites d’Autant en emporte le avec des jeunes ayant lu mon Vendre- des bonnes feuilles dans Paris- Le coup éditorial devient parables de l’histoire littéraire. Les vent constituent un vrai feuilleton. di et j’ai encore sur le cœur la question Match, des projets d’adaptation. En héritiers d’Homère n’ont pas songé La première, commandée par les d’un élève auquel n’avait pas échappé secouant bien, Plon espérait obtenir une polémique à demander des comptes à James héritiers de Margaret Mitchell et cette parenté : “Ça vous arrive sou- « l’événement éditorial de l’année », Joyce pour son Ulysse, ni ceux de due à une romancière spécialisée en vent de recopier vos livres dans ceux ainsi qu’il l’annonce dans le commu- judiciaire. Cosette rejoint Sophocle à Robbe-Grillet pour Les best-sellers romanesques, Alexan- des autres ?” Mais je ne manque pas niqué de présentation de Cosette ou Gommes ! La reprise ou la continua- dra Ripley, est une jolie histoire de d’arguments pour ma défense. Je pen- le Temps des illusions. En secouant un au tribunal Lara, tion d’un texte est pratique courante gros sous qui a rapporté énormé- se que certains héros de romans, aussi peu plus fort, vous ajoutez des héri- au Moyen Age (Le Roman de la Rose) ment d’argent à ses promoteurs. célèbres soient-il, demeurent prison- tiers, des avocats, des juges, des parti- Scarlett et Tintin comme au XVIIe siècle (de Corneille Une autre, « autorisée », a vu l’aban- niers et inséparables de l’œuvre qu’ils sans, des opposants, et vous obtenez à La Fontaine). Le fils de Paul Féval a don de l’écrivain Pat Conroy devant habitent, poursuit-il. Valmont ne sort une bonne polémique de printemps. que le principe du droit moral soit réaf- écrit Le Fils de Lagardère – avec les exigences de la famille, une autre pas des Liaisons dangereuses,ni Les héritiers de Victor Hugo ont firmé ». Une autre descendante, Lau- l’autorisation de l’ayant droit qu’il encore, tout aussi « autorisée », Julien Sorel du Rouge et le Noir. Ceux- assigné Plon en justice pour atteinte retta Hugo, refuse de « récupérer était – tandis que Roger Nimier a serait en cours de rédaction… En là doivent y demeurer en paix. Il en va au droit moral. Ils estiment que « Vic- aucune partie de cet argent sale » et ajouté un D’Artagnan amoureux àla revanche, une suite non autorisée, autrement de certains autres qui s’en tor Hugo avait considéré Les Miséra- veut un procès « moral et symboli- trilogie de Dumas – c’est l’une des intitulée Done Gone with the Wind, échappent et deviennent de véritables bles comme une œuvre achevée, n’ap- que » (Libération du 15 mai). références de François Cérésa. Au d’Alice Randall, donnant la parole mythes. Que faut-il pour cela ? Il faut pelant ni suite, ni réécriture ». A pro- Pour l’avocat de François Cérésa, début de l’année, Charles-Henri Buf- aux Noirs de la plantation, a été qu’ils incarnent un certain aspect de pos du suicide de Javert, Victor Hugo Jean-Claude Zylberstein, ces procé- fard a imaginé La Fille d’Emma sans interdite par un juge fédéral avant la condition humaine. Tristan, c’est commentait : « si cette fin n’émeut dures « vont à l’encontre de ce qu’est tapage chez Grasset, tandis que même sa publication (« Le Monde l’amour absolu, Dom Juan, la séduc- pas, je renonce à écrire jamais ». C’est l’histoire littéraire, qui a vu de nom- l’écrivain argentin Edoardo Berti a des livres » du 4 mai). tion, Faust, le savoir dévoyé, Robinson cette remise en cause de la mort de breuses suites et adaptations d’œuvres mis ses pas dans ceux de Nathaniel Les animateurs de sites Internet Crusoe, la solitude de l’île déserte. Javert qui choque Pierre Hugo, aîné préexistantes. François Cérésa a voulu Hawthorne (lire ci-dessous). consacrés à Tintin ont, eux, été con- Moyennant quoi, ils s’évadent de leur des ayants droit de l’écrivain. Il rendre hommage à un élément du Dans le cas présent il y a une traints, sous menace judiciaire, soit œuvre natale et se mettent à animer demande l’interdiction du livre et des patrimoine littéraire. Des adaptations volonté, parfaitement assumée, d’ex- de se saborder (comme les sites con- des romans, des comédies et des opé- dommages et intérêts de 4,5 millions musicales et cinématographiques ont ploitation commerciale. Le livre se sacrés au Petit Prince), soit de retirer ras auxquels leur auteur n’aurait de francs (686 000 ¤), « pour que Plon davantage dénaturé l’œuvre d’Hugo, vend davantage sur le nom d’Hugo les pages mettant à disposition des jamais songé. Oui, je le crois sincère- ne fasse pas de bénéfices avec Les sans que cela choque les héritiers ». et la renommée de l’œuvre que sur internautes des parodies de Tintin et ment, on a plus que jamais le droit Misérables et que l’argent revienne à Emmanuel Pierrat, avocat de Pierre celui de Cérésa, dont les livres précé- en particulier la suite de L’AlphArt, d’écrire des “robinsonnades”. Les une association ». La Société des Illustrations Hugo, rétorque que ce n’est pas le dents n’ont jamais bénéficié d’une qu’Hergé n’avait pas eu le temps de mânes de Daniel Defoe peuvent repo- gens de lettres s’associe à la procédu- Rita Mercedes principe des suites qui est contesté. mise en place de 65 000 exemplai- terminer. La veuve d’Hergé s’est ser en paix ». La justice dira si les re, sans demander d’interdiction du «LeNouveau Testament, c’est la sui- res. Dans l’histoire récente, deux cas opposée à tous les projets d’achève- « cosetteries » de Plon et de Fran- livre et pour 1 franc de dommages et te d’un livre qui a bien marché, mais ont eu autant de retentissement : un ment de l’histoire. çois Cérésa empêchent celles de Vic- intérêts. Pour son président, Geor- en revenant sur la mort de Javert, Céré- auteur anglais, Alexander Mollin, a A-t-on le droit de voler le héros tor Hugo de reposer en paix. ges-Olivier Chateaureynaud, « il faut sa intervient sur l’œuvre même de publié La Fille de Lara, qui serait pas- d’un roman et de lui prêter des aven- Alain Salles et Martine Silber Un mélo un peu falot « Le droit moral impose, sans limite

le scénario – ne peuvent se vanter celui où, apprenant qu’il n’est pas Avril 2001. Troisième Cosette. de temps, le respect de l’œuvre » COSETTE OU LE TEMPS d’une telle fidélité. Triturés, les per- son père, elle pleure au chevet de Violentes attaques, à croire qu’il DES ILLUSIONS sonnages nourrissent la polémi- Valjean mourant. n’y a pas d’autres exemples d’un « Hélène Maurel-Indart, vous public. C’était trop vite oublier une de François Cérésa. que. Mais l’important est moins de Septembre 1996. La deuxième tel ravaudage. Et voici François êtes l’auteur de Du plagiat (1), vos autre limite prévue par la loi, celle Plon, 500 p., 139 F (21,19 ¤). savoir si l’on peut s’approprier des Cosette (1). D’une universitaire Cérésa accusé d’être un faussaire, recherches sont à la fois littérai- du droit moral, qui est perpétuel. Le héros qui sont du patrimoine américaine, Laura Kalpakian, cette l’auteur d’un « produit ». Pour le res et juridiques. Quelles sont les droit patrimonial protège une epuis Marie Ventura, comme le château de Versailles ou suite met en scène une jeune fem- livre, on est tenté de reprendre les limites à l’utilisation d’une œuvre œuvre contre les reproductions première Cosette sur la Tour Eiffel que de savoir si la me qui, selon l’auteur, annonce – propos de d’Aurevilly. L’ennui, connue à des fins littéraires ou illicites pendant soixante-dix ans l’écran en 1911, bien suite est une œuvre de quelque comparaison hardie – la jeunesse avec cette Cosette qui ne lit sûre- commerciales ? après la mort de l’auteur, tandis que des actrices ont incarné intérêt – autre que financier. de 1968. Mais cette Cosette dans ment pas La Lumière, c’est qu’elle – Selon la loi, la reprise ou la réé- le droit moral impose, sans limite Dla fillette de cette « épopée sociale Avril 1862. La première Cosette. un Paris du Second Empire bien est bien sage, docile, soumise et criture d’une œuvre ne sont légales dans le temps, le respect de l’œu- de la misère », comme disait Hugo. D’Aurevilly est déçu – « amphigou- dépeint est un beau personnage de résignée. « Avec un mari tel que qu’à des fins parodiques. On peut vre. Ainsi, la veuve d’Hergé a obte- Le cinéma aime Les Misérables,et rique et sans gaieté » –, Lamartine roman historique. En prise avec les Marius, une autre femme aurait pris utiliser une œuvre pour en faire une nu l’interdiction de la pièce intitulée qu’il ait été incarné par Vanel, hésite entre admiration et rejet, le événements politiques, pasionaria un amant. » C’est le choix de parodie, un pastiche ou une carica- Coup de crayon, au motif qu’elle Blier ou Bouquet, Javert le public s’enthousiasme. Comme il qui fonde un journal, La Lumière, l’auteur, et pourquoi pas. Mais ture. L’autre possibilité d’une réutili- portait “ atteinte à l’intégrité de la méchant échappe au couteau de s’attache à l’ancien galérien, il suit elle participe à l’avènement de la même un personnage falot doit sation concerne le résumé et l’analy- création d’Hergé et au droit moral ”. Valjean. Mais les suites – le roman la vie de Cosette du jour où on IIe République et connaît la misère avoir une densité, ce que n’a guère se. Dans le cas de la Cosette de Fran- Les ayants droit ont bel et bien le nécessitant plus d’imagination que l’aperçoit chez les Thénardier à après le coup d’Etat de 1851. cette petite chose qui trouve « refu- çois Cérésa, il s’agit d’une suite qui monopole des suites accordées aux ge dans la religion et les bonnes tente de relancer le destin de ses per- œuvres de leur ancêtre. D’où la œuvres ». Bien moins présente que sonnages. C’est une adaptation, qui nécessité de demander leur lui, elle ne semble là qu’en faire- exige une demande d’autorisation à autorisation… valoir d’un Marius odieux que l’auteur, puisque les éléments essen- – Le respect trop strict du droit Hawthorne-Berti, allers-retours Valjean n’aurait pas sauvé s’il avait tiels d’une œuvre antérieure, com- moral ne peut-il conduire à des su ce que Cérésa allait en faire. me les personnages, sont repris abus ? é un 4 juillet, jour anni- France, ne s'imposa qu'après la du début du XIXe siècle. Pour com- Quant à Javert, ressuscité et dans une œuvre nouvelle. – Aux Etats-Unis, le cas d’Autant versaire de l’indépen- mort de l'écrivain de Nouvelle- bler les vides délibérés de la narra- devenu Verjat, il « s’est converti » Les Editions Plon ont cru pou- en emporte le vent en donne un dance, Nathaniel Angleterre (en 1864) qui, peut- tion, Berti entoure les protagonis- comme saint Paul à Damas ». Pour- voir se dispenser de l’autorisation exemple flagrant. Les héritiers de Hawthorne était consi- être, n'en entendit jamais parler. tes de personnages secondaires : quoi pas. Mais ce Verjat est trop des ayants droit de Victor Hugo car Margaret Mitchell ont mis en place déréN par son admirateur et compa- Evoquant les Contes écrits deux serviteurs, famille, environnement humain, il a trop de bénignité pour Les Misérables sont dans le domaine une stratégie purement commercia- triote Henry James comme profon- fois, dont fait partie Wakefield, professionnel. Un valet, animé d’in- ne pas sonner faux comme une le, destinée à organiser suite sur dément américain, « en dépit de James les compare à des « fleurs tentions anarchistes, envahit rapi- caricature de Valjean. Pour que suite : celle d’Alexandra Ripley, en son absence de réalisme ». Mais le délicates et ombrageuses dans le sté- dement le roman et permet un revivent des personnages aussi for- 1991, avait été sévèrement contrô- terme lui-même, qui devait, préci- rile jardin du journalisme ». Or, pré- développement sur la montée de tement présents dans les esprits, il lée ; puis celle de Pat Conroy qui, se James dans l'essai qu'il lui con- cisément, le romancier argentin la civilisation industrielle. Une faut qu’ils aient assez d’ampleur malgré une lourde contribution sacra (récemment traduit chez Eduardo Berti, en décidant d’écri- sœur adultère offre au récit une pour qu’on y croie. Sans doute pas financière, s’était heurté au refus Corti), tant préoccuper le roman re pour la troisième fois, si l’on alternative romanesque. de quoi crier au scandale, mais ce des ayants droit, ceux-là ne suppor- du XIXe siècle, particulièrement en peut dire, l’histoire de Wakefield, Mais si Hawthorne avait une roman souffre d’un manque de tant pas l’idée que Scarlett puisse se restitue à Hawthorne ce réalisme grande liberté de ton et de rythme consistance et de trop mêler le faire tuer par Rhett Butler. Avec la manquant. narratif, la finesse de Berti ne lui rocambolesque au mélo quand, mort de Scarlett, la possibilité Le principe de ces contes consis- fait jamais abandonner l’esprit du par exemple, Cosette rencontre d’une troisième suite, tout aussi te à les présenter comme de cour- modèle. Mrs Wakefield tient un Verjat, administrateur d’une lucrative, s’envolait… tes nouvelles journalistiques qui journal original où elle organise paroisse, dans un confessionnal, – Le droit moral est-il souvent sont approfondies par l’écrivain, une sorte de partition des êtres ou quand Marius réapparaît retenu par les tribunaux ? en révélant le mystère. La brève humains. Elle mène une enquête après qu’on l’a cru mort. Cérésa, – Le problème de l’emprunt et de histoire est, ici, celle d’un homme fructueuse qui la conduit rapide- qui maîtrise pourtant le roman la reproduction illicites se pose qui fuit le foyer conjugal, profitant ment sur les traces de son mari et historique (2) et sait créer des plus fréquemment que celui du res- d’un prétendu voyage d’affaires, de son nouveau logement. Mais personnages qui se tiennent, pect de l’œuvre, qui apparaît secon- et disparaît pendant vingt ans. De elle-même choisit la discrétion. n’a pas su retrouver un peu du daire. Cependant, si la mode des fait, il s’est installé non pas à Elle refuse une nouvelle vie que lui souffle hugolien. En revan- suites de grands classiques venait à l’autre bout du monde, mais dans propose un pasteur séduisant. Elle che, il démontre qu’il est dan- se confirmer, jusqu’à devenir une la rue voisine. Un jour, sa femme attend le retour qui, comme dans gereux de mettre sa plume stratégie éditoriale rentable, le le croise, sans s’en apercevoir. Il l’original, se produit vingt ans plus dans les grandes. recours à l’argument du droit réintègre ses pénates vingt ans tard. Hawthorne, présentant ses Pierre-Robert Leclercq moral pourrait bien se banaliser. plus tard, comme si de rien n’était. nouvelles comme une libre varia- Dans l’affaire Cérésa-Hugo, la con- tion sur un fait réel, invitait le lec- (1) Cosette, de Laura ciliation serait la meilleure solu- LIBRE VARIATION teur à de pareilles rêveries. Si bien Kalpakian, Lattès. tion. D’un côté, le droit moral de La dizaine de pages que que Berti se sent autorisé à conclu- (2) Les Trois Pierre Hugo sera difficile à contes- Hawthorne dédie à ce fait divers re son propre roman sur l’idée que Hussards, Plon. ter, et à juste titre. D’un autre côté, imaginaire le rapprochent du c’est là une première version la suite comme genre littéraire Melville de Bartleby ou du Pirandel- d’une histoire qui sera un jour constitue un procédé d’écriture ni lo d’Un, personne et cent mille. racontée par un autre. Entendez nouveau ni scandaleux. On ne peut Réflexion sur l’identité et l’« insi- Hawthorne. s’enferrer dans une vision figée et gnifiance » d’un être ordinaire. La René de Ceccatty par trop sacralisante de la littératu- rue voisine suffit à dessiner un re, qui irait à l’encontre des proces- autre monde. Alors que Haw- MADAME WAKEFIELD sus de créativité. » thorne utilise la trame anecdo- (La Mujer de Wakefield) Propos recueillis par tique pour écrire un conte philoso- d’Eduardo Berti. Alain Salles phique sur la disparition et la vie Traduit de l’espagnol fantomatique, Eduardo Berti cons- (Argentine) (1) PUF, 1999. Hélène Maurel-Indart a truit la psychologie de la femme par Jean-Marie Saint-Lu, créé un site sur le plagiat : www.ifran- abandonnée, dans le cadre réaliste Grasset, 246 p., 119 F (18,14 ¤). ce.com/plagiat. IV / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 littératures b Les oliviers et les palmiers de Palestine La chambre des songes Elias Sanbar évoque ses jeunes années et des événements plus récents dans un livre où l’on croise Jean Genet Gérard Macé poursuit son œuvre inclassable et Jean-Luc Godard. Et décrit, sans haine, le conflit du Moyen-Orient de poète qui pratique « la photographie sans appareil »

dans son dernier livre. Evoquant la sant des traces ». De belles pages LE BIEN DES ABSENTS guerre de son enfance à Beyrouth COLPORTAGES III, Images présentent l’œuvre d’Isabel Muñoz, d’Elias Sanbar. où, pour le couvre-feu, les fenêtres de Gérard Macé. qui avec des noirs aussi profonds, Actes Sud, 142 p., 99 F (15,09 ¤). et les phares des autos sont mas- Le Promeneur, 146 p., aussi sensuels que le velours et la qués au bleu de méthylène, Sanbar 120 F (18,29 ¤). soie, donne aux figures de la danse ans un beau récit auto- décrit la « délicieuse sensation autant de violence que de grâce. biographique, Elias San- d’être dans un théâtre où, sous de UN DÉTOUR PAR L’ORIENT Deux textes sont consacrés à Car- bar décrit sans haine la faibles projecteurs, se joue un beau de Gérard Macé. tier-Bresson, qui a fait entrer «le lutte du peuple dépos- drame nocturne ». Le Promeneur, 144 p., nombre d’or dans la chambre noi- sédéD de sa terre natale. On aimerait Plus tard, l’écrivain rencontre un 105 F (16,01 ¤). re », et mis son « sens de l’analogie » lire son livre hors de toute actualité journaliste israélien qu’il a fait tra- au service de l’histoire, dans le politique. Ce serait difficile, et ce duire et qui se plaint de n’avoir pas ragments, souvenirs, monde en noir et blanc qu’il a resti- serait artificiel, surtout en cette reçu de droits d’auteur. Sa réponse essais, narration, poème : tué avec Kertész, Brassaï et d’autres. période désespérée de perte de dia- est simple : « J’ai calculé vos droits, tout est songerie, interro- Parmi les peintres, Macé privilé- logue. Elias Sanbar, pourtant, ils se montent à l’équivalent de la pro- gation sur les lieux et les gie Sam Szafran, « sensible à la musi- d’une certaine manière, nous y duction annuelle d’un olivier. Quand signesF dans l’œuvre de Gérard que » des sphères (mais arrangée invite, parce que, tout en se réfé- vous rentrerez, je vous autorise à Macé. Sa curiosité, son érudition, par un joueur de jazz) autant rant précisément au destin terrible vous approprier la récolte d’un des qui l’attachent aussi bien à Cham- qu’aux traits de diamants sur la vitre de sa patrie sans terre, tout en nom- oliviers de mon père. » Aux Etats- pollion qu’à Fortuny, à l’architectu- qui nous sépare du réel : « Un pein- mant les hommes et les femmes Unis, où il est visiting professor, re baroque qu’à la voie du thé, mas- tre qui a fait poser un funambule, et qui accompagnent son combat et l’auteur sera sensible à l’analogie quent, comme ce fut le cas pour pourrait avoir comme ange gardien ceux qu’au fond il ne parvient de l’histoire des Indiens avec celle Caillois, l’unité profonde de cette le génie ailé de la Bastille. » Chez Ale- jamais à qualifier d’ennemis, il s’ins- de son peuple. « Nous avions l’habi- œuvre inclassable, subtile et inten- chinsky, il apprécie la fluidité du talle dans un autre temps que le tude de dire : “Les Palestiniens sont se. « Je cherche un accord imprévu trait, les mouvements de sismogra- temps politique. les juifs des Israéliens". Et s’ils dans le bruit du monde, écrit Macé phe d’un artiste qui peint de la main Né à Haïfa en 1947 dans une étaient en réalité leurs Peaux-Rou- dans La Nef des fous, une coïnciden- gauche et écrit de la main droite : famille nantie, il est exilé avec les ges ? » Arafat aussi avait utilisé cet- ce à défaut d’une rime. » Après « ambidextre : ce mot qui désigne un siens – dépossédés – à Beyrouth, te comparaison en recevant une deux premiers volumes de Colporta- être moins rare (en tout cas dans nos où il vivra sa jeunesse sans jamais délégation de sénateurs améri- ges, un troisième recueil, Images, contrées) mais aussi étrange que l’axo- tout à fait se départir d’un accent cains. Il réclama une photo d’In- réunit réflexions sur des peintres, lotl, fait d’Alechinsky l’habitant d’un qui trahit son origine. C’est cette diens pour la placer derrière lui. photographes et cinéastes, tandis monde double, l’envers et l’endroit ». jeunesse qui habite tout le livre et Sanbar, chargé de la trouver, ne qu’Un détour par l’Orient rassemble Simulacres parfois redoutables, qui lui donne une tonalité poétique dénicha qu’un plan de western de des plaquettes d’abord éditées par reflétant depuis Piranèse et Goya particulièrement envoûtante, inat- John Ford dans une vieille remise Fata Morgana. les « noirceurs » du siècle, les ima- tendue de la part d’un militant poli- d’un cinéma de Beyrouth. Paraissent également deux livres ges sont souvent des miroirs irisés, tique, moins inattendue quand on Avant de conclure son livre sur (1) où se répondent textes et photo- des « lanternes magiques » comme connaît la spécificité du combat l’émouvante visite de sa maison graphies d’un poète qui, depuis tou- celle que le narrateur renonce à palestinien et quand on sait l’impor- natale, dont il n’avait qu’un souve- jours, pratique « la photographie acheter dans une vente aux enchè- tance de la poésie pour le directeur nir indirect, transmis par les des- sans appareil », en saisissant des res, préférant à Golo et Geneviève de la Revue d’études palestiniennes, criptions de ses parents et d’amis images latentes, surgies de la de Brabant sa propre « forêt des FRANCESCO GATTONI traducteur de Mahmoud Darwich envoyés sur les lieux, Sanbar mémoire ou d’un musée imaginaire. contes ». C’est là aussi, dans le et ami de Jean Genet. faire la révolution. « On devrait à Beyrouth et, dans un village de raconte la belle légende de son L’analogie entre la chambre noire et village de l’enfance, entre Nerville Commençons par Jean Genet, vous interdire de vous déplacer montagne, la mère de Sanbar, qui nom. Le mot signifie « palmier ». la « chambre des songes » est telle et L’Isle-Adam, que se boucle le dont est tracé un portrait saisis- ailleurs qu’au désert. » Plus tard, lui dit : « Vous savez, monsieur Jean- C’était le prénom d’une femme que Macé rêve souvent qu’il photo- détour par l’Orient : la tentative sant. Sanbar avait un peu plus Elias Sanbar donne à lire son essai Luc, la Palestine, c’est un rêêêve », vivant, il y a des siècles, dans Haïfa, graphie les images de son rêve, et pour apprendre le chinois, les trois d’une vingtaine d’années quand il sur l’expulsion des Palestiniens en en allongeant interminablement la alors mise en quarantaine à cause qu’à une unique visite à Michaux, il séjours au Japon renvoient le poète croisa celui que les Palestiniens 1948. Genet répond par une belle syllabe pour rendre le mot à la fois d’une épidémie de peste. Un voya- superpose des visites rêvées. La pho- aux mots de patois qu’il recense, appelaient « Ikhtyar », « le Vieux ». leçon de style. plus fort, plus lointain et plus irréel. geur, hors de l’enceinte, l’aperçut tographie, cet art bref, permet d’as- comme des âmes mortes, dans les Une sympathie naît entre eux, L’autre portrait qui frappera les Ce sentiment d’irréalité, Elias San- sur les remparts et s’éprit de sa hau- souvir la passion des visages, de sai- tercets des « petites coutumes ». assez paternaliste de la part de lecteurs est celui de Jean-Luc bar l’éprouve et le communique, te silhouette orgueilleuse, invinci- sir l’instant décisif, mais aussi «de Monique Petillon Genet. Un jour, Genet, affolé par Godard, qui apparaît… en mar- non pas seulement dans le déses- ble. Il la rejoignit malgré l’interdit. nous taire quand parler deviendrait l’imprudence du jeune homme, lui chant sur les mains. Venu tourner poir de ne voir se profiler aucune Il lui donna sa vie et un enfant. vide de sens » ; de nous souvenir et (1) Le Temps qu’il fait, 66 p., 120 F reproche de ne pas savoir appré- en 1969 Jusqu’à la victoire, docu- issue au conflit sanglant, mais aussi Belle métaphore d’un peuple rejeté de rêver, mais en nous étonnant (18,29 ¤), et Un monde qui ressemble au cier le danger (en traversant une mentaire sur la Palestine, le ciné- dans ce rapport si particulier qu’en qui ne veut pas plier. d’avoir été là : « photographier, c’est monde : Les jardins de Kyoto, Marval, rue…), et donc d’être incapable de aste rencontre divers combattants d’autres termes Genet a su traduire R. de C. s’entraîner à l’absence, mais en lais- 64 p., 128 F (19,51¤).

livraisons b MORT D’UN PARFAIT BILINGUE, de Thomas Guntzig L’ivresse Identités vo(i)lées Quelque part entre Mash (le film de Robert Altman), les BD de Bilal et les récits rocambolesques de Vincent Ravalec, ce jeune Bruxellois à la veine romanesque ravageuse et épique plonge un jeune mercenaire Didier Blonde part en quête d’un homme aux cent visages, tandis que le héros dans les abominables soubresauts d’une guerre sans nom. Les virées d’une chanteuse de tubes débiles dans les casernes et les exactions du vide d’Ivan Alechine, « détective de lui-même », se dédouble en voyageur engagé d’un commando de miliciens sont retransmises chaque jour à la télévi- sion. Dans la peinture impitoyable de ce petit monde de mafieux L’Ombre déchirée, La Glace sans tion, des barrages qui inondent leur interlopes, sous-off’ déglingués par les tortures turques ou parrains JOURS SANS FAIM FAIRE LE MORT tain... Mais Sudor n’a pas été qu’un pays, des forêts décimées, des catas- rongés par la jalousie, Thomas Guntzig se revèle un démiurge sur- de Lou Delvig. de Didier Blonde. corps obscur. En 1929, une photo le trophes écologiques. doué (Au Diable Vauvert, 252 p., 75 F [11,43 ¤]). J.-L. D. Grasset, 216 p., 95 F (14,48 ¤). Gallimard, 128 p., 78 F (11,89 ¤). représente, sous le nom de Louis C’est en poète qu’Alechine Manékine, au côté de Musidora. Il entend rendre justice au réel. Mais b LOST, de Sylvie Doizelet rente-six kilos pour un LES VOLEURS DE PAUVRES avait su jouer sur tous les tableaux, en poète digne du Buñuel de Terre Que cherche donc Angus par ses errances dans le Londres noc- mètre soixante-quinze. d’Ivan Alechine. être tour à tour gentleman en frac et sans pain (Las Hurdes, 1932), et turne ? Qu’est-ce qui hante ses pensées ? La vision d’un frère dispa- Des yeux agrandis et cer- La Différence, 188 p., acrobate un peu voyou, grimper sur acharné à faire entrer les images du ru, un peintre gagné par la folie ? Celle d’une femme sans nom, « fan- clés de noir. Le corps 98 F (14,94 ¤). les toits et s’accouder au piano de cynisme du monde moderne dans tôme d’amour » qui lui accorda un intime instant d’apaisement ? Il Td’une fille de douze ans, gelé jusqu’à Reynaldo Hahn, devenir l’amant d’Ir- l’œil de la lanterne magique. Poète, explore sa part de ténèbres, où se meuvent les mauvaises ombres… l’os. « Trente-cinq degrés de tempéra- uteur d’un essai « sur ma Vep et le complice intime d’Olga il a baptisé Harpo-Marx une place Sylvie Doizelet, écrivain d’exigence et de qualité, ouvre le récit par ture, huit de tension, aménorrhée, quelques cas troublants Day, la femme fatale des années de Zacatecas où trône une statue une mise en miroirs où le lecteur, un peu dérouté, ne saisit que des dérèglement du système pileux, escar- de changements d’iden- 1920 au fume-cigarette ravageur. érigée en l’honneur d’un harpiste reflets mystérieux, des fragments de pensée, des impressions évanes- res, ralentissement du pouls et de la tité : Rocambole, Arsène Avant de « tirer son mistigri » et de local ; lucide, il n’est pas dupe des centes que tente de décrypter l’homme singulier qui les accueille ou pression sanguine. » En termes médi- ALupin, Fantômas & Cie » (1), Didier devenir metteur en scène. raisons pour lesquelles une Améri- les suscite… Tout s’éclaire dans la seconde partie, où les hantises du caux, Laure, dix-neuf ans, est anorexi- Blonde signe un joli roman d’investi- L’évocation de ces stars en robe caine implantée à Santiago projette personnage renvoient à la quête obsessionnelle du poète John Clare, que. Une maladie qu’elle n’arrive pas gation à la Patrick Modiano, dont le de Poiret posant devant une Hotch- Les Dix Commandements de Cecil du peintre Rossetti, du romancier Dickens, poursuivant, parfois à nommer, alors elle l’écrit. Elle écrit héros est l’un de ces hommes aux kiss, de ces films muets aux cadavres B. De Mille aux Indiens qu’elle au-delà de la mort, l’image de la femme aimée et perdue. La palme cette destruction qui est d’abord une cent visages que sont les nègres de exquis, de ces studios aujourd’hui héberge et « réduit au rang de vache dans cette fiévreuse obstination revenant à Thomas De Quincey, ivresse. Tout commence par la sup- maisons d’édition. Cet auteur clan- rasés et cinémagazines archivés en à lait » : montrer Moïse au sommet explorateur-confesseur des « lieux hantés de la conscience » (Galli- pression, par simple dégoût, de la destin de fausses autobiographies, brocantes, constitue un magnifique du Sinaï est une astuce pour leur mard, « L’un et l’autre », 158 p., 115 F [17,53 ¤]). P. Ky. viande rouge. Mais bientôt le dégoût caméléon à l’écriture blanche, est hommage à la magie du cinéma prouver que les Blancs ont aussi des fait place au plaisir de se sentir plus hanté depuis l’enfance par l’image d’antan. Pour Didier Blonde, elle ancêtres maîtres des montagnes. légère (« En manque, le corps vole floue d’un père qui lui laissa un sert d’écrin à la pudique quête d’un Démarrant sous les auspices d’un au-dessus des trottoirs ») et celui, plus patronyme à inscrire sur sa tombe homme condamné à l’illusion et au voyage à la Kerouac, Les Voleurs de dangereux, de s’effacer et de se dis- mais s’évanouit comme un mirage, mensonge, qui se trouve un père de pauvres dépeint la mutation d’un soudre. Viennent alors « les chutes et par les aventures de Fantômas, rechange en la personne d’un sque- desdichado halluciné par les rava- dans la rue, dans le métro, et l’insom- cet insaisissable Génie du crime lette jouant aux dominos dans un ges du progrès. En quête d’illumina- nie qui accompagne la faim qu’on ne accomplissant ses forfaits en bric-à-brac abandonné, et dont il tions, sous l’empire du peyotl, le sait plus reconnaître ». cagoule et collant noirs. En s’adjugera la cagoule de hors-la-loi narrateur, « détective de lui-même » Repoussant toujours plus loin les revoyant à la Cinémathèque le pre- pour se fondre dans la nuit… et adepte des paradis artificiels, se limites du possible, Laure semble mier épisode du serial inspiré de dédouble en voyageur engagé, avoir oublié le temps où, sans le Souvestre et Allain, il est troublé MYSTIFICATIONS témoin de l’enfer des autres : «un savoir, elle « mangeait des chips imbi- par une révélation : ce ne sont pas Initié lui aussi par une étoile du espion dans le corps de quelqu’un », bées d’huile et du fromage à soixante les yeux de René Navarre, l’acteur cinéma et un cinéaste-anthropolo- aurait dit l’auteur des Anges vaga- pour cent de matière grasse ».Un incarnant le Maître de l’effroi dans gue, le héros du premier roman bonds. Là où, jadis, au temps du Far jour pourtant, le docteur Brunel le film de Louis Feuillade, qui d’Ivan Alechine fait le trajet West, des femmes emplumées dan- – dont elle tombe vaguement amou- brillent à travers les fentes de la inverse : en découvrant qu’il a été saient sur la scène du théâtre muni- reuse – la convainc de se rendre à cagoule. Fasciné par les artistes aux victime d’une mystification, il trans- cipal de Real, il ne trouve que rui- l’hôpital. Dans un cahier, Laure noms perdus, les figurants à voca- forme sa quête d’un chaos sensoriel nes et maisons inhabitées. Plus raconte son enfance et l’incompré- tion d’incognito, le narrateur de en prise de conscience militante. trace des images vives et colorées hension de ses parents. Elle consigne Faire le mort s’emploie dès lors à S’étant promis un trip sauvage dans de ces Indiens aux masques grima- sa souffrance, ses progrès – qui se retrouver la trace de la doublure de les sierras mexicaines, il découvre çants qui avaient séduit les surréalis- comptent en kilos repris –, et ses l’homme masqué. que les écrits du mage Carlos Casta- tes et qui rappelaient les peintures rechutes. Elle parle aussi de son C’est dans le courrier des lecteurs neda (qui n’aurait jamais mis les d’Ensor. En pèlerinage chez les Hui- envie d’être de nouveau désirable, d’une vieille revue, Mon ciné, qu’il pieds dans les montagnes des chols, il revisite l’histoire d’un peu- honteuse d’être devenue cette « épin- repère un certain Sudor, inconnu Indiens Huichols) relèvent de la bla- ple que l’on a coupé de ses racines, gle noyée dans ses vêtements », cet des histoires du cinéma, ignoré des gue, du coup littéraire, de l’affabula- dès que Cortés posa le pied à Vera- « ectoplasme, la tête pleine (…) d’an- index, mais que le préposé à la rubri- tion digne de Ponson du Terrail ; cruz. Alechine pousse un cri contre goisse ». A trente-quatre ans, Lou que des potins identifie comme un qu’il n’y a au pays des Aztèques ni les « civilisateurs », ces barbares Delvig signe ici son premier roman. adepte des pseudonymes, un pouvoirs paranormaux, ni Indien maqués qui coulent la planète dans Malgré un sujet particulièrement dif- « acteur de complément » ayant solitaire, ni peuple poète, mais de le béton. ficile, Jours sans faim, remarquable prêté sa silhouette à un manchot, un pauvres gens dont on pille les ter- Jean-Luc Douin de sobriété, sonne juste. borgne, un bossu, une momie… Il res, des enfants non vaccinés, des Emilie Grangeray aura tourné dans L’Ange du bizarre, langues indigènes en voie d’extinc- (1) Les Voleurs de visages, éd. Métailié. La chronique LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / V

de Roger - Pol Droit b

bridge, en 1907, sa thèse sur Le Déve- SHALOM INDIA Quel rapport entre loppement de la métaphysique en Per- Histoire des communautés les communautés juives se, livre traduit en français, ainsi que juives en Inde Religion ouverte, religion fermée six autres titres, principalement des de Monique Zetlaoui. poèmes, par Eva de Vitray-Meyero- Imago, 380 p., 145 F (22,11 ¤). en Inde et la pensée vitch (1). La singularité de Muhammad ISLAM ET SOCIÉTÉ OUVERTE philosophique du père Iqbal tient d’abord à l’ampleur et à la La fidélité et le mouvement diversité de ses connaissances. Voilà dans la pensée de du Pakistan ? Autre en effet un penseur qui connaît Sora- Muhammad Iqbal vhardi et Nietzsche, Ibn Rushd et Spi- de Souleymane Bachir Diagne. chose peut-être qu’un noza, Halladj et Berkeley, qui s’entre- Préface de Charles Taylor, tient avec Bergson et discute Freud Maisonneuve et Larose, 110 p., hasard. Un équilibre mais n’oublie pas le soufisme, dont il 98 F (14,94 ¤). reconstruit en partie la pensée. Cette particulier entre identité large vue n’est encore rien à côté de es portes, il n’y a pas le l’originalité de sa pensée. Il élabore choix, il faut qu’elles soient et mouvement en effet, comme le montre Souley- ouvertes ou fermées. Avec mane Bachir Diagne de manière con- L les religions, c’est plus sub- qui revendiquent depuis peu leur vaincante, une cosmologie de l’émer- til. Sans une certaine forme de clôtu- appartenance au judaïsme. A partir gence et de la liberté qui est aussi re sur soi-même, aucun ensemble de de cette riche moisson de données, il une philosophie de la puissance d’in- croyances, de textes et de rituels ne faudrait mettre en lumière les curieu- dividuation. Sans pouvoir entrer saurait se transmettre et préserver ses combinaisons d’immobilisme et dans le détail de l’analyse, on retien- son identité à travers les siècles. Tou- d’adaptation de ces communautés. dra ce résultat : c’est à peu près la tefois, la sclérose guette, et bientôt le Ignorant l’antisémitisme, ne subis- même chose de dire qu’un être dessèchement, si toutes rencontres sant aucune persécution, vivant en humain est devenu plus lumineux, et confrontations sont esquivées. bonne intelligence avec les brahma- ou plus lui-même, ou plus intense, Nécessairement fermée, afin de nes, elles se sont révélées capables ou qu’il est parvenu à une consuma- demeurer de manière persistante, de ne rien perdre de leurs textes ni tion plus vive de soi. C’est pourquoi une religion doit, pour la même rai- de leurs rites tout en parvenant à s’in- Iqbal, dans les derniers vers du Mes- son, être nécessairement ouverte. sérer dans le système des castes, sage de l’Orient, fait confiance à la Son existence même est suspendue qu’elles finissent même par reprodui- liberté plutôt qu’à la répétition : à ce double mouvement, cette exi- re en partie. « Qu’il serait bon que l’homme à la gence d’équilibre entre des Sur un registre très différent, c’est démarche libre/ Aille, affranchi des contraires. Trop attirée vers le bien la même question qui se trouve chaînes du passé !/ Si l’imitation était dehors, elle se perd dans les syncrétis- au cœur du livre de Souleymane une chose bonne,/ Le prophète aurait mes. Trop insensible au monde, elle Bachir Diagne : celle de la fidélité et suivi, lui aussi,/ la voie des aïeux. » se racornit dans une répétition figée, du mouvement. Mais il s’agit, cette Souleymane Bachir Diagne clôt ce stérile, parfois mortelle. Ainsi est-elle fois, de l’islam et de la philosophie, travail sur un vœu : voir se dévelop- toujours en posture instable. Consi- sans oublier la politique et la poésie. per, dans le monde musulman du dérer les religions de ce point de vue Professeur à l’université de Dakar et XXIe siècle, un mouvement analogue permettrait peut-être d’apercevoir à la NorthWestern University de Chi- à ce que fut la Réforme dans l’Euro- sous un angle inhabituel leurs évolu- cago, Souleymane Bachir Diagne est pe de la Renaissance. Afin que soit tions respectives. Où trouver les élé- l’un des plus fins parmi les penseurs défaite la gangue des commentaires ments d’une telle approche ? Sans africains d’aujourd’hui. En consa- et des scolastiques figées. Afin que doute pas dans des ouvrages traitant nauté la plus ancienne. S’est-elle éta- ce des juifs dans la région du Kerala la description des relations entre crant un livre à la pensée de Muham- soit retrouvé, reconstruit l’esprit de globalement d’une religion. On préfé- blie en Inde, comme le veulent cer- est nettement attestée au Moyen juifs blancs et juifs noirs, les deux mad Iqbal, il revient sur une œuvre l’islam. Il est vrai que, quand les reli- rera des travaux particuliers, centrés tains, dès le temps du roi Salomon ? Age : les voyageurs arabes mention- groupes qui se sont constitués dans dont l’élan pourrait se révéler central gions étouffent sous leur propre sur des thèmes restreints, presque Ce n’est pas impossible, mais aucune nent leur existence dès le Xe siècle. cette région, avec l’évocation de quel- pour l’évolution des pays musul- poids, sans doute est-ce en se défai- étroits au premier abord. preuve n’existe. On a souligné cepen- Utilisant toutes les données disponi- ques hautes figures de grands mar- mans, dans la mesure où elle tente sant d’une part morte de leur histoi- Ainsi le minutieux travail de Moni- dant qu’il existe une parenté entre bles, Monique Zetlaoui retrace chands et le récit des relations avec de trouver, au cœur même de la tra- re qu’elles peuvent se retrouver. que Zetlaoui ne contient-il pas de les mots désignant en vieux tamoul notamment l’histoire de ces juifs de les rajas, les Portugais, les Britanni- dition, l’inspiration de la modernité. Iqbal le dit autrement, en poète, réflexion d’ensemble sur le judaïsme la cannelle, le saphir, la topaze, l’éme- Cochin qui traversent les siècles en ques. Une vue hâtive de l’histoire du dans L’Ange Gabriel : « La seule pros- et son rapport aux autres religions. raude et ceux dont se sert l’hébreu vivant à l’indienne sans perdre pour L’enquête n’oublie pas les autres XXe siècle retient le nom d’Iqbal seu- ternation vénérable/ Est celle qui t’in- Cette étude, la première du genre en biblique, dans Le Livre de l’Exode, autant leurs lois. En 1686, les juifs juifs de l’Inde et leur destin spéci- lement comme père de l’idée du terdit toutes les autres ! » langue française, porte sur les com- pour nommer ces réalités. Il en va de d’Amsterdam leur envoient un émis- fique, qu’il s’agisse des Bene Israël de Pakistan. Mort en 1938, il ne vit pas munautés juives en Inde. Celles-ci même pour les termes désignant, saire qui dresse un précieux tableau Bombay et de Calcutta, des Baghda- s’édifier l’Etat des musulmans (1) La Métaphysique en Perse est paru existent depuis des siècles et sont dans Le Livre des rois, le paon, le sin- des différences, minimes, de rituels di, présents dans les mêmes villes indiens, dont il avait conçu et défen- chez Sindbad en 1980. Signalons égale- toujours vivantes, en particulier sur ge et l’ivoire. Certains, du coup, sup- et d’habitudes entre cette commu- mais venus du Moyen Orient seule- du la nécessité. Né en 1877 au Pen- ment Reconstruire la pensée religieuse la côte du Kerala, au sud-ouest de la posent des relations commerciales nauté et la leur. L’histoire se poursuit ment au XVIIIe siècle, ou encore des jab, Muhammad Iqbal est avant tout de l’islam, traduit chez Maisonneuve péninsule. Là se trouve la commu- très antiques. En tout cas, la présen- évidemment jusqu’à nos jours, avec Mizos, aux frontières de la Birmanie, philosophe et poète. Il soutint à Cam- en 1955. Les bricolages de la croyance Immortel venin Loin des analyses à courte vue sur le phénomène des sectes, A la fois poison et remède, potion de mort et philtre d’amour, il hante l’Occident Danièle Hervieu-Léger étudie les formes de l’émiettement actuel du religieux depuis la nuit des temps : balade socioculturelle avec Corinne Boujot

aux prétentions monopolistiques. le maître spirituel aux doctrines gnait d’avoir un serpent dans le ven- ma, conclut Corinne Boujot, qui LA RELIGION EN MIETTES La crise de la laïcité et l’affaisse- toutes faites et le travail sur soi à la LE VENIN tre »… « Expertes en coctions et souligne « l’infatigable ressasse- OU LA QUESTION DES SECTES ment de la culture catholique ont sacralisation de l’histoire et autres de Corinne Boujot. décoctions, en potions et poisons », ment » à l’œuvre dans les films de Danièle Hervieu-Léger. ouvert les vannes. La « scène » du utopies croyantes. Stock, « Un ordre d’idées », les femmes, « guivres » et sorcières, d’horreur : tiques géantes ou my- Calmann-Lévy, 222 p., religieux a explosé, au profit d’une On est loin des analyses à courte 240 p., 120 F (18,29 ¤). toujours soupçonnées de porter gales pullulantes, l’abominable 110 F (16,77 ¤). dissémination de groupes impossi- vue sur le phénomène des sectes, atteinte au corps de la chrétienté, grouillement des scénarios-catastro- bles à contrôler. les moyens de le prévenir et de le l’instar du pharmakon grec encourent à tout moment la purifi- phes continue d’exploiter le fonds n livre attendu depuis Danièle Hervieu-Léger décrit, réprimer. Loin des amalgames jadis analysé par Jacques cation du feu et du bûcher… immémorial du bestiaire venimeux longtemps, tant le débat avec la précision de son scalpel, contestables entre des groupes reli- Derrida dans La Pharma- Autant d’images et de fantasmes où se tapit notre angoisse de mort. sur les sectes, qui l’éclatement des structures tradi- gieux respectables et les entrepri- A cie de Platon, le venin (vene- qu’on retrouve aujourd’hui au ciné- Jean Birnbaum U confond vigilance légiti- tionnelles et la réorientation de la ses de profit et d’endoctrinement num) est de ces motifs dont la for- me et hystérie collective, mérite problématique du « salut » éternel qui surfent sur cette nouvelle tune singulière s’enracine dans une d’être clarifié. Le procès de l’Ordre vers des objectifs accessibles dès ici- vague. Loin des abus de pouvoir inquiétante polysémie : à la fois poi- du Temple solaire (OTS) a rappelé bas. Et aussi des phénomènes qui constatés avec la publication, selon son et remède, toxine maléfique et la terrible alchimie qui a préfacé les font moins de bruit que les sectes une procédure non contradictoire, substance bienfaisante, potion de massacres-suicides et montré à – ces « objets non identifiés » –, d’une liste de « sectes » (rapport mort et philtre d’amour, son ambi- quel niveau de délire peuvent som- mais peuvent inquiéter également parlementaire Gest-Guyard de valence fondamentale n’en finit pas brer des groupes pseudo-religieux. par des formes suspectes de dévo- 1996). Conçu à l’époque de la régu- de hanter l’Occident. Mais il n’a pas assez souligné la tion à un gourou ou par des métho- lation catholiques-laïques, l’arsenal De fait, la bête à venin nourrit confusion que cet événement avait des autoritaires ou marchandes de juridique qui organise en France tout ensemble une angoisse radi- entraînée dans les esprits. La publi- commandement ou de persuasion. l’exercice des cultes n’est plus cale et une séduction secrète dont cation en 1996 d’un rapport parle- A cet égard, la sociologue convient adapté à la situation nouvelle. Or, il l’origine se perd dans la nuit des mentaire proposant une liste noire que les communautés dites du est temps, explique Danièle Her- temps. Cette fascination jamais de 172 sectes, la création d’une mis- Renouveau charismatique se sont vieu-Léger, de sortir d’une histoire démentie est aujourd’hui explorée sion gouvernementale de « lutte » assagies en trouvant une accrédita- hexagonale faite d’affrontements par l’ethnologue Corinne Boujot, contre les sectes et l’adoption en tion officielle au sein de l’Eglise religieux qui, même apaisés, lais- qui livre une belle enquête en juin 2000, par l’Assemblée natio- catholique. Mais la poussière de sent derrière eux une traînée de sus- forme de balade socioculturelle à nale, d’une proposition de loi groupes évangéliques et pentecôtis- picion et de ressentiments. Au ris- travers les âges et les savoirs, créant un délit de « manipulation tes menace toujours l’équilibre ins- que de violer sa propre neutralité, depuis les récits bibliques jusqu’à mentale » (retiré depuis) manifes- table d’un protestantisme français l’Etat a tort de définir par lui-même la mode toute contemporaine des taient sans doute une émotion historiquement dominé par le cou- la dangerosité d’un groupe en fonc- nouveaux animaux de compagnie compréhensible après des épisodes ple luthéro-réformé. tion de son contenu religieux. et de la terrariophilie (élevage aussi tragiques. Mais la controverse Faut-il alors « toiletter », à l’occa- d’amphibiens, reptiles, scor- est devenue si violente que les par- REJET DE L’AUTORITÉ sion de leur centenaire, les lois de pions…). ties prenantes – hommes politi- Ainsi l’auteur passe-t-elle en 1901 sur les associations et de De ce parcours de lecture se déga- ques, associations antisectes, intel- revue la carte de ces nouvelles 1905 sur la séparation entre l’Eglise gent quelques grandes constantes : lectuels, Eglises – n’échangent plus croyances, d’où émergent des fast- et l’Etat ? Malgré la « révérence fantasmes d’invasion et d’intrusion que par publications interposées. religion – qui permettent à l’indivi- sacrée » qui entoure de tels monu- physique, angoisse de la souillure et Danièle Hervieu-Léger, direc- du de s’éprouver instantanément – ments, la sociologue répond par de la contamination, ou encore libé- trice d’études à l’Ecole des hautes ou de surprenants « bricolages », l’affirmative. Elle n’est pas dupe ration des pulsions, le venin est « lié études en sciences sociales, est l’ob- dans lesquels l’expérience intime des risques soulevés par l’émiette- de très près à l’irruption du sexuel et servatrice redoutée de cette moder- l’emporte sur les dogmes et vérités ment du religieux. Elle est de sa puissance animale dans les rela- nité religieuse et de ses dérives. Par révélées. Il s’arrête sur le succès des consciente du rôle de garde-fou tions humaines et sociales ». son parti pris scientifique, son der- mouvements de conversion, des que jouent encore de telles lois. Surtout, en vertu du « partage nier livre tente de ramener la pro- « religions de guérison » et des Mais si la société a le devoir de se sexuel des affinités au venin »,le blématique des sectes à quelques « Evangiles de la prospérité », qui protéger contre ses propres excès, corps féminin apparaît inexorable- notions, hors desquelles on tombe- combinent la mobilisation des éner- Danièle Hervieu-Léger conclut que ment comme porteur de trouble et rait dans ce climat de panique qui a gies spirituelles avec des objectifs le droit à la « radicalité » religieuse, de débauche (la femme-serpent et déjà égaré tant de médias et d’hom- de réussite matérielle. Le bouddhis- le préservation des libertés de son poison menstruel), ainsi qu’en mes politiques. Pendant long- me aussi est en phase, grâce à sa croyance et du principe d’égalité témoignent la relecture du Roman temps, le champ du « religieux » a valorisation du pragmatisme, de la entre groupes religieux, sont com- de Tristan (Yseut en femme-vipère) été régulé par une sorte d’alliance tolérance, de l’expérience. Tous ces patibles avec la dynamique du pro- ou encore des textes d’Ambroise objective entre des « laïques », sou- modèles ont en commun de rejeter jet qui animait autrefois les fonda- Paré, chirurgien du roi et auteur, en cieux de marginaliser la place du la figure de l’autorité cléricale, nor- teurs de la laïcité. 1561, d’un article intitulé « D’une religieux, et une Eglise catholique mative et prescriptive, de préférer Henri Tincq grosse garce de Normandie qui fei- VI / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 essais b Archéologie du regard ordinaire Fichte en réflexion Comment percevons-nous la nature ? Y a-t-il une beauté naturelle ? En s’attaquant à ces questions, Interprétation novatrice de la pensée du philosophe Alain Roger a écrit un essai d’une acuité exceptionnelle, aujourd’hui réédité allemand, par Isabelle Thomas-Fogiel

rieur d’une ou de plusieurs socié- Philonenko, le problème de la rela- NUS ET PAYSAGES tés. Ils relèvent d’une sociologie et CRITIQUE DE LA tion du sujet et de l’objet, il s’enga- Essai sur la fonction de l’art d’une histoire, cette dernière étant REPRÉSENTATION gerait dans une critique radicale de d’Alain Roger. celle des transformations des Etude sur Fichte la représentation qui le porterait à Aubier, 322 p., 139 F (21,19¤). modes de perception selon les épo- d’Isabelle Thomas-Fogiel. rompre avec le criticisme. ques. Vrin, 334 p., 198 F (30,18 ¤). Pourquoi une critique de la repré- egel était sévère à Un exemple en est donné avec l’in- sentation ? Le terme de représenta- l’égard de l’ornithoryn- vention de la montagne au XVIIIe ulle œuvre ne résiste au tion est équivoque. Représenter, que, qu’il ne pouvait siècle. Cette nature, jusque-là hos- travail des commenta- c’est reproduire, renvoyer à un ori- H trouver beau parce que tile ou indifférente, devient objet teurs. Les monolithes les ginal en le reflétant, mais c’est aussi hybride, « mélange d’oiseau et de de délectation, moins grâce aux N plus impénétrables se fis- « valoir pour », « tenir lieu de quel- quadrupède ». Il refusait la même peintres paysagistes qu’à Rous- surent, puis se fragmentent sous que chose ». En ce sens, la représen- qualité aux crocodiles et aux tor- seau. « Le voyage de la Suisse l’effet de leur patient travail. tation prend valeur de signe. Elle tues. Ces assertions peu argumen- devient à la mode », note Détruits, puis reconstruits, les édifi- n’est plus tableau, mais outil, voire tées lui ont valu d’être corrigé par Mme Roland en 1777. L’alpinisme, ces conceptuels livrent leurs outillage conceptuel, pour autant Benedetto Croce, qui affirma secrets, deviennent intelligibles. que penser, c’est représenter par qu’« il est scientifiquement faux de Commence alors la longue assimila- concepts. Les philosophies contem- se demander : si le chien est beau, ou Se débarrasser tion universitaire et scolaire, dont poraines s’organisent autour de la si l’ornithorynque est laid ; si le lys est l’ordinaire robinet d’eau tiède des critique de la représentation sans beau, et l’artichaut laid ». Il ne sau- de notions telles résumés en quelques pages consti- accorder la même signification à la rait y avoir de démonstration en tue l’aboutissement. Fichte échap- notion. Les unes dénoncent la pré- pareille matière, mais seulement qu’innocence, pe encore aux auteurs de manuels, tention de la connaissance objecti- des décrets. Croce refusait la mais son tour viendra, car les com- ve à représenter pleinement la réali- notion de beauté naturelle, qui relè- spontanéité mentateurs de talent se succèdent. té, d’autres font valoir, après Austin ve, écrivait-il, de « l’astrologie de l’es- En France, la Doctrine de la scien- et d’autres linguistes, qu’une énon- thétique ». Alain Roger commente : ou révélation. ce, texte fondateur de 1794, est dis- ciation est un acte, et qu’un énoncé l’art « dote le regard d’organes invisi- ponible depuis 1972 dans la traduc- ne représente pas nécessairement bles ; ou, plus exactement, chacun de La perception pure tion d’Alexis Philonenko, dont l’in- des faits. Ce n’est plus l’excès de la nos regards est prothétique, artiali- terprétation de Fichte est à l’origine chose par rapport à la représenta- sant sans relâche le monde ». n’est qu’un mythe de la quasi-totalité des études fich- tion qui est en question, mais « l’ex- Nus et paysages est l’analyse de cet- téennes actuelles de langue françai- cès de l’énoncé par rapport à la seule te « artialisation », c’est-à-dire des la botanique, la lithographie, les se. A l’inverse de Martial Guéroult, représentation du fait ».

processus qui font que l’art affecte BILL BRANDT/BILL BRANDT ARCHIVE récits de voyages, la photographie, qui illustre la première des trois Fichte, selon Isabelle Thomas- la perception humaine. Par art, il « Untitled Nude 1953 », par Bill Brandt le cinéma ont depuis, ensemble, interprétations fondatrices de Fich- Fogiel, est l’auteur d’une critique de faut entendre des productions contribué à la formation d’un senti- te, Philonenko rompt avec les thè- la représentation qui anticipe sur variées et nombreuses, littéraires et A partir de là, en 1978, Alain Roger noms de stars ceux des grands - ment de paysage montagnard qu’à ses hégéliennes et cesse d’envisager ces modernes débats. Il rompt avec musicales autant que picturales et a composé ce livre, réédité tel quel, sophes. » moins d’une infinie candeur on ne la philosophie de Fichte à titre de la philosophie de la représentation sculpturales. Par perception humai- livre d’une rare richesse. Richesse Elargissement en effet : il entre- peut croire naturel. De nos jours, moment transitoire au sein d’un et s’engage dans une philosophie ne, il faut entendre le regard jeté des références : les démonstrations prend une analyse sociohistorique la nature tropicale ou le désert processus qui culmine chez Hegel. de la réflexion, c’est-à-dire de la sur tous êtres et toutes choses, le passent par Wilde autant que par des modes de perception et de sont, autant que les glaciers, de ces Avec lui le fichtéanisme n’est plus pensée comme acte. Pour accrédi- nu et le paysage comme l’indique le Kant, par Proust non moins que par leurs métamorphoses, rien de constructions culturelles intermina- un hégélianisme non accompli, il ter cette approche, qui doit beau- titre, mais encore les visages ou les Nietzsche. On y rencontre l’anthro- moins. Première nécessité : se blement recyclées et exploitées par devient un kantisme réussi. Selon coup aux travaux pionniers de animaux. Le point de départ est pologue Luquet, jadis analysé par débarrasser de notions telles qu’in- la publicité et le tourisme. On ne cette interprétation l'étude de Fich- D. Henrich, Isabelle Thomas-Fogiel assez simple : au lieu de supposer Bataille, Gautier, Poe, Gombrowi- nocence, spontanéité ou révéla- les voit plus, on ne fait que les te dispose à la réactualisation d’une propose une impressionnante ana- qu’il y aurait deux types de beauté, cz, Barthes, Deleuze. Richesse des tion. La perception pure n’est revoir, serait-ce pour la première vision du monde criticiste. lyse de la Doctrine de la science. Glis- la naturelle et la libre, suggérer qu’il connaissances inattendues : sur le qu’un mythe, qui a besoin de l’am- fois. Ce n’est pas à ce courant que se ser ses pas dans ceux de cette spé- n’existe de sentiment de la beauté statut des stars et des mannequins, nésie pour s’entretenir. Nul ne peut Audacieusement, Alain Roger fait rattache Isabelle Thomas-Fogiel, cialiste reconnue apporte simulta- face à un phénomène naturel, quel les films pornos, le tatouage et le se vanter d’accéder à une sensation la même démonstration sur une mais à un troisième, selon lequel nément une connaissance non qu’il soit, qu’en raison d’une expé- maquillage, il contient des observa- qui ne soit, au moins partiellement, matière plus sensible, le corps Fichte a explicité une problémati- négligeable d’un texte fondateur et rience artistique antérieure, même tions très incisives. L’auteur s’expli- informée et construite par des schè- humain. On n’en dira pas plus sur que demeurée implicite chez Kant. une ouverture sur la troisième des vague, même inconsciente. Le néo- que : « Cet élargissement de l’esthéti- mes, agissant dans l’ordre qu’Alain cette partie, essentielle, de Nus et Ainsi, Fichte ne proposerait pas, interprétations fondatrices de Fich- logisme « artialisation » désigne cet- que explique qu’il ait fallu, parfois, Roger qualifie de « sociotranscen- paysages, afin de rendre plus comme le croyait Guéroult, un idéa- te, qui fait écho aux récentes criti- te opération. « Aucune nature n’est nous soucier d’objets vils ou réputés dantal ». « Socio » est nécessaire : contraignante l’obligation de le lisme plus radical que celui de Kant, ques de la représentation issues de jamais vierge, puisque notre regard mineurs, pourquoi les couturiers ces schèmes se diffusent, circulent, lire ou de le relire. il ne résoudrait pas en termes d’in- la philosophie du langage. n’est jamais vide. » côtoient les romanciers, et quelques se renforcent et dépérissent à l’inté- Philippe Dagen tersubjectivité, comme le soutient Jean-Paul Thomas Mieux que le singe du juge Le concept et la métaphore Depuis la nuit des temps, des personnes en litige ont cherché à résoudre leurs conflits en recourant Cynthia Fleury confronte les mystères à un tiers : dans cette thèse monumentale, Thomas Clay analyse ce rôle d’arbitre et son évolution de la création poétique à ceux de la spiritualité chiite

particulier, puisqu’il n’a pas de eux pour leurs intérêts particuliers, tragiste, ombudsman, etc..), ayant reprochera à Cynthia Fleury, tant L’ARBITRE « for » – entendez pas de tribunal. qu’ils prennent celui qu’ils voudront comme unique point commun MÉTAPHYSIQUE il est vrai que tout concept a de Thomas Clay. Ou plutôt son for s’est dématériali- d’un commun accord ; qu’après d’être dépourvus du pouvoir de DE L’IMAGINATION d’abord commencé par être une Préface de Philippe Fouchard, sé, puisqu’il s’est déplacé de l’espa- l’avoir pris, ils s’en tiennent à ce dire le droit ; ils brouillent l’image de Cynthia Fleury. métaphore. On ne lui reprochera Dalloz, « Nouvelle Bibliothèque ce réel constitué par un territoire, qu’il aura décidé ; qu’ils n’aillent de l’arbitre authentique. On assiste Editions d’écarts, (5, rue de pas non plus d’avoir donné à sa de Thèses », 930 p., vers un espace symbolique, celui point à un autre tribunal ; que la d’autre part au développement de l’Arbalète 75005 Paris), 748 p., méditation néoplatonicienne un 320 F (48,78 ¤). du consentement des parties. sentence de l’arbitre soit un arrêt techniques de déstabilisation de 270 F (41,16 ¤). horizon explicitement religieux. Aucune autre institution juridique irrévocable .» Tout est dit dans ces l’arbitre, à la multiplication des On ne peut, en revanche, la suivre première vue, on dirait ne paraît mieux en phase avec ce quelques lignes et c’était il y a demandes de récusation pour des e projet est ambitieux : dans son refus de séparer méthodi- que l’arbitre est fait pour qu’il est convenu d’appeler la mon- vingt-six siècles. C’est qu’il y a motifs plus ou moins futiles. Une reconstruire la métaphysi- quement le savoir de la foi ni dans l’économie contemporai- dialisation. L’arbitre apparaît ainsi dans le processus de l’arbitrage étape supplémentaire a été fran- que à partir d’une notion son goût immodéré pour l’ésotéris- A ne, qui ne connaît ni Etat comme le juge naturel du commer- une logique impeccable qui ne chie récemment par des actions en L dont les métaphysiciens me. Un goût qui tend parfois à ni frontières. Les sentences qu’il ce international. peut conduire qu’à des espèces responsabilité civile dirigées contre eux-mêmes se sont longtemps l’égarer, loin des grandes formes rend sont « anationales », la procé- Cette réalité, déjà envisagée par d’invariants qui traversent les civili- l’arbitre. La détérioration des méfiés – l’imagination. Pour y par- classiques de spiritualité, dans un dure qu’il utilise est localisable à la Jean Domat, le grand jurisconsulte sations. Comme le dit Clay, « force mœurs de l’arbitrage serait telle venir, Cynthia Fleury a choisi un occultisme de pacotille, tant les fois nulle part et partout. La jus- français du XVIIe siècle, n’est plus est de constater l’incroyable identité qu’il faudrait envisager la protec- excellent terrain d’expérimenta- frontières en ce domaine sont diffi- tice qu’il délivre est rendue en pri- contestée par personne. Robert des solutions données à l’arbitrage à tion physique des arbitres. Une bon- tion (la poésie contemporaine), ciles à tracer. Et faciles à franchir, vé dans le plus grand secret ; elle Badinter, quand il était garde des travers les siècles. » Et d’abord ce ne manière de mesurer ces dérives ainsi qu’une grande variété d’ins- même pour celui (ou celle) qui ne fait la démonstration que l’Etat n’a sceaux, l’a reconnue. L’arbitre trait permanent : l’arbitre a la juris pourrait être d’observer le nombre truments théoriques, qui vont de l’aurait pas voulu. pas le monopole du pouvoir de pourrait même devenir le juge dictio, le pouvoir de dire le droit. de praticiens qui énoncent qu’une l’idéalisme allemand (Kant, Schel- Ch.D. juger. L’arbitre ne doit allégeance naturel du commerce interne, puis- des obligations principales des par- ling) à la phénoménologie (Heideg- à aucun ordre juridique étatique qu’un premier président de la DÉRIVES ties est de respecter l’arbitre, ce qui ger, Levinas) en passant par les (1) Fayard, 1976 ; rééd. 1993. Cour de cassation en fonction est Peut-on alors comparer l’arbitre ne devrait pas avoir besoin d’être théologiens chiites du Moyen Age. allé jusqu’à se demander « si le au juge étatique, alors que le pre- rappelé. Certains y ajoutent même Ceux-ci ont été révélés au public juge est véritablement apte à dire mier ne dispose pas du pouvoir de l’obligation de courtoisie ! Aussi français par les travaux de Henry utilement le droit en matière écono- coercition du second ? L’auteur con- Thomas Clay plaide-t-il pour renfor- Corbin, qui avait été, dans sa jeu- mique et financière ». Et pourtant, sacre à ce sujet des développe- cer toutes les précautions qui peu- nesse, l’un des premiers traduc- nous dit Thomas Clay dès la pre- ments fort subtils, d’un grand inté- vent rendre l’arbitre irréprochable. teurs de Heidegger. mière page de sa thèse monumen- rêt historique et méthodologique. Exhaustive, selon lui, doit être Elle-même disciple de Corbin, tale, promise à devenir un ouvrage Pour lui, la coercition est un moyen l’obligation de révéler tous les liens Cynthia Fleury a donc lu avec de référence, « l’arbitrage n’est pas d’exécution, non un élément défi- qu’il a pu avoir dans le passé avec attention quelques grands classi- en plein développement depuis quel- nissant la justice. La différence les parties – une obligation ques de l’islam iranien, comme ques années ; il est en évolution cons- essentielle est que l’arbitre est choi- empreinte d’une double subjectivi- L’Archange empourpré, de Sohra- tante depuis près de quatre mille si par les parties alors que le juge té : l’arbitre doit révéler tout ce vardî (1), auteur mystique du ans ». Depuis la nuit des temps, en leur est imposé. La sentence arbitra- qu’il croit que les parties croiront XIIe siècle auquel elle emprunte effet, comme l’attestent de nom- le n’en a pas moins toute l’autorité être une cause de récusation. On a une problématique de l’illumina- breux documents et textes, des per- de la chose jugée si elle est rendue vu une partie mettre en cause un tion qui n’est pas sans résonance, sonnes en litige ont cherché à conformément aux garanties fonda- arbitre uniquement parce qu’elle en effet, avec celle d’un Rimbaud résoudre leur conflit en recourant mentales de la bonne justice et si s’était aperçue qu’il tutoyait l’autre ou d’un Rilke. à un tiers. Le tiers, par définition, elle tranche un litige. « Non judices, partie en dehors des audien- La « gloire » de l’œuvre d’art, la ne peut être qu’impartial, comme sed simiae judicum » : ce ne sont ces – contact qui aurait dû de toute puissance spirituelle du « monde l’avait si bien noté Alexandre Kojè- pas des juges, mais des singes des façon être évité. On objectera, on imaginal », l’« Orient » de l’âme et ve dans son Esquisse d’une phéno- juges, a pu dire un auteur du objecte déjà à l’auteur que ce « puri- le « buisson ardent » de l’hermé- ménologie du droit. L’impartialité XVIIe siècle, Antoine Mornac. Pas tanisme excessif » risque de priver le neutique deviennent ainsi, sous sa n’est pas une condition de l’inter- du tout, réplique Clay, l’arbitre est monde de l’arbitrage, qui est assez plume, quelques éléments (parmi vention du tiers, mais une condi- bien un « juge à part entière ». étroit, de ses arbitres les plus com- d’autres) d’un discours qui, sans tion de son existence même. Notre auteur ne va pas jusqu’à dire pétents, car les plus expérimentés. renoncer à l’ambition de compré- Toutefois, cette intervention ne que le juge est un singe de l’arbitre, Dans la préface, Philippe Fouchard, hension rationnelle caractéristique peut être efficace qu’à certaines mais c’est une théorie que l’on qui a été le président du jury de cet- de la philosophie, semble toute- conditions, apparues très tôt dans aurait envie de reprendre à partir te thèse, se demande même si cette fois faire davantage confiance, l’Histoire. Par exemple, l’Athénien de sa thèse. exigence d’exhaustivité est bien pour décrire les labyrinthes de Solon a défini ainsi les règles de Pourtant Thomas Clay s’inquiète. nécessaire. Thomas Clay a la logi- l’imagination, aux pouvoirs de la l’arbitrage : « Si les citoyens veulent Prolifèrent depuis quelques années que pour lui. Est-ce que cela ne suf- métaphore qu’à ceux du « pur » choisir un arbitre pour terminer les de « faux arbitres » (conciliateur, fit pas ? concept. différends qui se seront élevés entre médiateur, expert, mandataire, arbi- Philippe Simonnot Ce n’est certes pas ce qu’on essais LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 / VII b Les fous du logis Epopée Après les fées, les loups-garous ou les vampires, Claude Lecouteux raconte ces génies domestiques qui, au Moyen Age, habitaient chaque recoin de la maison islandaise

un « loup-garou » comme possédé rière des formes diaboliques, l’ac- LA MAISON par le diable, Lecouteux note : «La tion de « génies domestiques ». L’ISLANDE MÉDIÉVALE ET SES GÉNIES déformation de la croyance païenne Les lieux et les objets de la maison de Régis Boyer. Croyances d’hier est bien grossière. » (dont la « sacralité » est une don- Les Belles Lettres, et d’aujourd’hui L’œuvre s’ordonne autour de née essentielle pour Lecouteux) « Guide des civilisations », de Claude Lecouteux. quelques thèmes centraux. Les sont ainsi passés au crible de l’ana- 272 p., 95 F (14,48 ¤). Imago, 208 p., 130 F (19,82 ¤). diverses apparitions qui troublent lyse, des ouvertures aux crémaillè- l’homme médiéval suscitent la res. Dans Fées, sorcières et loups- ’abord félicitons l’éditeur laude Lecouteux est un curiosité renouvelée de Claude garous (1992), Lecouteux entre- qui programme dans sa auteur prolixe. Année Lecouteux. Mélusine et le Chevalier prend d’« écrire l’histoire du Dou- toute jeune collection, après année, ce spécia- au cygne (Payot, 1982 ; rééd. Ima- ble [de l’homme] au Moyen Age » D après Rome, La Chine liste de littérature alle- go, 1997) démonte ainsi la struc- et met en parallèle ce « double » classique et La Grèce classique, cette C Islande médiévale. Voici enfin une mande médiévale publie des volu- ture composite de la légende de des récits païens – qui ne meurt mes consacrés à l’exploration de Mélusine. L’être surnaturel (la fée pas avec le corps – avec ses incar- initiation accessible – malgré la déli- l’imaginaire des gens du Moyen Mélusine au premier chef) qui nations – si l’on peut dire – de la cate familiarisation avec un vocabu- Age et plus généralement des s’éprend d’un humain et garantit tradition chrétienne du Moyen laire d’un exotisme tenace pour le « croyances d’hier et d’aujour- son amour à condition que ce der- Age : revenant ou loup-garou. profane – à la culture, trop négligée, d’hui », pour reprendre le sous- nier respecte un interdit, transgres- Signalons enfin l’Histoire des Vam- de l’Islande ancienne. L’étude court titre du dernier en date, La Maison sé par la suite, est un thème récur- pires (1999), qui retrace, depuis les de 870, date à laquelle les Vikings et ses génies. Ses ouvrages sont rent au Moyen Age. L’exploration défunts-« sangsues » du Moyen abordent l’île, encore peu connue, à d’une lecture aisée et l’on se sent se poursuit avec Fantômes et reve- Age, la destinée du mythe jusqu’à 1380, lorsque le territoire, passé un convié à une plaisante promenade nants au Moyen Age (1986) puis l’époque contemporaine, en insis- siècle plus tôt sous le contrôle du roi dans le monde des génies et des avec Chasses fantastiques et cohor- tant sur le rôle de la littérature du de Norvège, suit son nouveau maî- fantômes, à la traîne de la « chasse tes de la nuit (1999), qui rend comp- XIXe siècle dans sa mise en forme. tre dans l’allégeance danoise, plus fantastique » qui parcourt les cieux te des différentes formes de « trou- La richesse des analyses, des brutale, s’isolant dans l’entretien du d’autrefois ou sur le balai des sor- pes célestes » interprétées par la lit- confrontations textuelles aboutit souvenir d’une grandeur et d’une cières. Lecouteux aime les textes et térature chrétienne comme purga- au fil des volumes à la constitution gloire littéraire extraordinaires. les fait largement partager sans toire itinérant ou armée de croisa- d’une sorte d’encyclopédie du mer- « Miracle » que le lecteur français limites géographiques ni chronolo- de et proches, en certaines circons- veilleux médiéval qui fait cepen- put mesurer grâce au choix de Sagas giques : sagas scandinaves, littéra- tances encore, du charivari : «Ce dant peu de cas de l’histoire des islandaises traduit, présenté et anno- ture ecclésiastique, chroniques qui frappe le plus dans l’histoire de représentations. té par l’incontournable Régis Boyer locales... la Chasse infernale, c’est sa variabili- Les croyances, que l’auteur sem- pour la Pléiade (Gallimard, 1987). Cette abondance de sources est té, sa faculté de se fondre avec ble étonnamment, par moments, Mû par une formidable envie de mise au service d’un projet qui se d’autres croyances, d’en tirer des élé- prendre à son compte, planent ici partager son admiration pour un poursuit d’un livre à l’autre. La ments et de les amalgamer » (1). au-dessus des sociétés. Elles appa- monde qui a su atteindre son apo- christianisation de l’Occident a raissent insuffisamment articu- gée en « inventant » une règle com- recouvert un ensemble de croyan- TRADITION PAÏENNE lées avec les structures sociales, mune qu’on ne peut rendre de ces païennes et populaires bien Claude Lecouteux revient régu- les modes de domination ou façon satisfaisante au prix d’équiva- vivantes derrière le vernis posé par lièrement sur les êtres de la « bas- même les enjeux des situations lences douteuses ou confortables, les clercs qui ont cherché à les se mythologie ». Dans Les Nains et quotidiennes. Il est vrai que la nos- Boyer dissèque les phases chronolo- apprivoiser, à les récupérer ou à les Elfes au Moyen Age (1988), il talgie de celui qui vit dans un giques de ce bref moment. Il analy- les réduire ; surtout par le biais de recense les fonctions et les attri- temps où l’on ne perçoit plus « les se les structures sociales et adminis- la diabolisation. Il reste alors à grat- buts des nains, les distingue des reflets du monde véritable » (sic), tratives, martelant à l’envi la réelle ter l’enduit pour faire surgir tout elfes bienfaisants et proches des et qui pleure la disparition des singularité de l’absence d’un pou- un monde merveilleux de créatu- dieux. Démons et génies du terroir génies domestiques, n’est pas for- voir exécutif agissant au nom des res extraordinaires et de génies (1995) cherche la trace de ces per- cément, en matière de méthode, bœndr – paysans-pêcheurs-proprié- païens, qui auraient une sorte d’ex- sonnages dans la littérature médié- bonne conseillère. taires libres qui définissent une éli- istence propre, une essence, derriè- vale notamment sous l’apparence Nicolas Offenstadt te originale. L’étude des rythmes, re le masque démonisant de la litté- de géants, nains ou dragons. La des croyances et, finalement, du rature chrétienne. Le traitement forêt, particulièrement, « est un (1) Pour l’ensemble de ces thèmes, on monument littéraire admirable du loup-garou est symptomatique véritable conservatoire du paganis- lira Jean-Claude Schmitt, Les Reve- légué par l’homme islandais ne de ce souci de « révélation ». Lors- me ». La Maison et ses génies, dans nants. Les vivants et les morts dans craint pas les redondances. Pour- qu’au XIIIe siècle Guillaume la même veine, représente, pour la société médiévale (Gallimard, quoi le déplorer au vu du déficit d’Auvergne présente un homme une part, une tentative de retrou- « Bibliothèque des histoires », d’érudition à combler ? qui s’imaginait loup massacreur, ver, dans un monde chrétien, der- 1994). Philippe-Jean Catinchi Mémoire Revenir à Aristote ? En matière de philosophie politique, les Anciens valent-ils mieux séfarade que les Modernes ? C’est ce que croyait Leo Strauss d’un nihilisme allemand qui remon- qui ne voient, dans la philosophie LA MAISON DE JACOB NIHILISME ET POLITIQUE terait au moins à la Renaissance, politique, qu’une extension de la La langue pour seule patrie de Leo Strauss. Strauss entreprend de montrer en philosophie morale aux questions de Sylvie Courtine-Denamy. Traduit de l’anglais quoi cette forme de pensée s’enra- touchant la vie en société (et c’est le Préface de Julia Kristeva, par Olivier Sedeyn. cine dans le rejet des valeurs euro- cas de nombreux spécialistes Phébus, 204 p., 119 F (18,14 ¤). Payot-Rivages, 152 p., péennes de « raison » et de « civili- actuels de philosophie politique, 85 F (12,96 ¤). sation », c’est-à-dire dans l’oubli surtout dans l’univers anglo-améri- hilosophe, spécialiste d’Han- des grands principes qui, pour la cain, où l’influence de Strauss nah Arendt, à qui elle a LEO STRAUSS : ART philosophie politique grecque, demeure sensible) diront qu’en consacré plusieurs ouvra- D’ÉCRIRE, POLITIQUE, devaient gouverner la vie collective effet, sur l’analyse de la notion de P ges, Sylvie Courtine-Dena- PHILOSOPHIE des hommes. Il affirme également « meilleur régime », Aristote my se penche cette fois sur le destin Texte et études réunis par voir en Nietzsche le principal repré- demeure une référence incontour- des siens. Un livre de mémoire, Laurent Jaffro, Benoît Frydman, sentant, sur l’ensemble du siècle nable. Les autres feront remarquer d’amour et de deuil, après la dispari- Emmanuel Cattin et Alain Petit. écoulé, de cette tendance antiplato- que sa Politique ignore presque tout tion de ses parents, Jacob et Esther, Vrin, 322 p., 175 F (26,68 ¤). nicienne : comme quoi, ajoute-t-il, de l’économie, du droit et de l’his- dont les figures habitent ce récit. si les nazis ont eu tort de s’appro- toire. Surtout, ils rappelleront que, Zakhor ! Souviens-toi ! lui avait dit a question de la tyrannie, prier aussi massivement l’œuvre de depuis Machiavel, on ne saurait Jacob, reprenant la traditionnelle ainsi que l’observe juste- Nietzsche, force est de reconnaître, plus réduire la politique à un simple injonction juive. Soit ! mais de quoi ? ment Olivier Sedeyn, tra- toutefois, qu’ils n’ont pas eu « abso- appendice de l’éthique. Mais il est Il lui restait si peu de choses en parta- L verse toute l’œuvre de Leo lument » tort. On imagine ce qu’un vrai que Machiavel, initiateur de la ge, des saveurs, des sons, des bribes Strauss. Contraint par l’ascension tel aveu a dû coûter à Strauss, qui a philosophie politique « moderne » de rituel et d’histoire. Elle est donc de Hitler à émigrer (d’abord en lui-même été, pendant de nombreu- (par opposition à celle des Grecs), partie à la rencontre du passé, entre France, puis en Angleterre, et finale- ses années, un fervent nietzschéen. était, précisément, l’une des bêtes quête et enquête, recherche histori- ment aux Etats-Unis), aussi hostile noires de Strauss. que, voyages et recueil de témoigna- au communisme qu’au national- « CRISE DE NOTRE TEMPS » Une autre de ses bêtes noires ges. Reconstituant l’itinéraire des socialisme, le philosophe allemand La seconde partie du même livre était l’historicisme – représenté, en membres de sa famille depuis Cuen- n’a jamais cessé de s’interroger sur reprend une autre conférence iné- son temps, par Heidegger. Explici- ca, cette ville de Castille d’où l’Inqui- les raisons pour lesquelles notre dite en français, datant celle-ci de tes ou voilées, les critiques qu’adres- sition les chassa en 1492, elle les a modernité avait accouché de ces 1962. Il y est question de la « crise se Strauss à l’auteur d’Etre et Temps retrouvés à Constantinople, Saloni- deux monstres totalitaires. Son ana- de notre temps » et notamment de sont souvent pertinentes. Comme que, Sofia, Vienne ou Paris, comme lyse du nazisme s’oriente pourtant, la « crise de la philosophie politi- sa critique de Nietzsche, elles sont en Israël et aux Etats-Unis. dès avant la seconde guerre mon- que ». Les deux sont à nouveau également ambiguës, car Strauss ne Une vaste diaspora séfarade qui diale, dans une direction très diffé- mises en relation puisque, si notre pouvait s’empêcher d’admirer, en conserve des liens et surtout le lieu rente de celle que devait choisir, un époque doute d’elle-même, c’est Heidegger, un authentique philoso- de la langue, ce judéo-espagnol que peu plus tard, sa compatriote Han- parce qu’elle a perdu toute aptitude phe – et, surtout, un remarquable l’on continue de parler entre soi, des nah Arendt. Et pour cause : méfiant à réfléchir sur les finalités de la vie lecteur des Grecs. Pour prendre la rives méditerranéennes aux quais de envers les sciences sociales, très cri- en commun ; autrement dit, parce mesure de ces ambivalences, ou de Seine ou ailleurs. Ce livre, à son tour, tique à l’égard de l’histoire et sur- que la philosophie politique, au ces paradoxes, qui font de la pen- les relie. Par-delà l’espace et le tout de la science politique, Strauss sens où la pratiquaient les Grecs, sée straussienne une pensée beau- temps, ce sont tous des proches que voit dans un processus abstrait – la semble devenue exsangue. Dans le coup plus difficile à cerner qu’on ne Sylvie Courtine-Denamy tutoie avec perte du sens des valeurs morales louable désir de lui redonner vie, le croit généralement, on aura tout tendresse, évoquant leurs tribula- chères à Platon et à Aristote – la Strauss s’emploie donc à montrer intérêt à se reporter au volume col- tions douloureuses mais aussi leurs cause de la dégradation du « carac- en quoi la pensée politique d’Aris- lectif que viennent de publier les moments de vive réjouissance. Ils tère » de l’homme moderne, dégra- tote, en particulier, possède à la éditions Vrin. On y trouvera, en sont là, incarnés, présents, atta- dation qui, à son tour, serait à fois une richesse et une actualité plus d’une traduction de la pre- chants. « Ton tutoiement transforme l’origine de ce qu’il appelle le « nihi- dont nous pourrions tirer le plus mière version du célèbre texte de tes ancêtres en mes contemporains », lisme » allemand. grand profit si nous la comprenions 1941 sur La Persécution et l’art écrit Julia Kristeva dans une belle pré- Le texte d’une conférence de mieux. d’écrire, d’excellentes études por- face qui, comme en écho, s’adresse 1941 qui forme la première partie On ne contestera pas le premier tant sur les différents courants de de façon intime à son amie. La grâce de Nihilisme et politique représente point : la pensée politique d’Aristo- pensée au croisement desquels se de ce récit tient à cette familiarité donc une excellente introduction à te est à la fois riche et complexe. Est- situe Strauss. Et, en prime, une fort affectueuse qui resserre les généra- la pensée straussienne. Après avoir elle, pour autant, d’une véritable utile bibliographie de ses travaux, tions et suscite une émotion plus rappelé que le national-socialisme actualité ? C’est plus douteux. Les dont une importante partie attend douce que triste. ne constituait qu’une nouvelle lecteurs d’Aristote se sépareront, toujours d’être traduite en français. Nicole Lapierre variante, particulièrement nocive, sur ce point, en deux groupes. Ceux Christian Delacampagne VIII / LE MONDE / VENDREDI 18 MAI 2001 actualités b L’EDITION FRANÇAISE Le livre d’art fait son mai à Nantes Cent millions b Le Dictionnaire du rock retrouve tous ses auteurs. Initialement Après des années de crise, le secteur se redresse. Le chiffre d’affaires est en hausse, la production mieux maîtrisée, publié sous le seul nom de Michka de Harry Potter Assayas, Le Dictionnaire du rock mais le poids des institutions est grandissant et les droits de reproduction exorbitants sera désormais signé de tous ses auteurs. Les éditions Robert Laf- l ne pleuvait pas sur Nantes espace scénographique conçu par res du secteur a progressé de 5 % dions davantage de collaboration es quatre tomes des aven- font, éditeur dans la collection et le printemps arrivait enfin l’agence . Une forêt de bouleaux selon les statistiques de Livres Heb- entre les éditeurs et les musées. tures de Harry Potter ont « Bouquins » de ce succès de librai- pour le livre d’art. Depuis plu- découvre des tables de gazon qui do. Plus inquiétant, le tirage moyen Aujourd’hui, on peut se demander s’il dépassé les 100 millions d’ rie (plus de vingt mille exemplaires sieurs années, la crise de l’édi- forment comme des prairies de d’un livre d’art est en baisse. Il est n’y en a pas trop. Le poids de l’institu- exemplaires vendus dans vendus), étaient poursuivies en jus- Ition semblait condamner pour tou- livres, tandis que les quelque de 4 521 exemplaires, ce qui est très tion est devenu trop fort. » Adam Lle monde, constituant un phénomè- tice depuis mai 2000 par la trentaine jours le livre d’art, objet trop 6 000 ouvrages d’art proposés dans faible pour des ouvrages qui ont des Biro renchérit : « Partout, les institu- ne à faire pâlir tous les avatars de de coauteurs non reconnus, mais luxueux, souvent cher, encombrant une très grande librairie sont présen- coûts de fabrication importants. tions prennent le pouvoir. En France, « Loft story ». « Les livres de Harry responsables de 70 % de l’ouvrage. et pas toujours indispensable. Pour tés dans des sortes de silos. Secteur prestigieux, le livre d’art, c’est l’Etat et la RMN, aux Etats-Unis Potter sont entrés dans l’histoire », A l’issue d’une longue négociation, le sortir du statut unique de cadeau « Notre côté moderne a intéressé avec ses quelque 300 millions de ce sont des musées et des fondations estime Christopher Little, l’agent lit- seize d’entre eux, dont Philippe d’étrennes, les éditeurs ont lancé le les éditeurs, explique Jean Blaise. Il francs de chiffre d’affaires (plus de privées, mais c’est la même chose. téraire de J. K. Rowling, qui indique Auclair, Yves Bigot, Bruno Blum, Mai du livre d’art, une opération faut aller jusqu’au bout et avoir un sty- 45 millions d’euros), n’est pas vital L’histoire de l’art est faite de plus en que les ventes de Harry Potter Jean-William Thourry, François commerciale destinée à mettre l’ac- le fort. Le livre est là. C’est un lieu de pour l’économie du livre. Le pre- plus par les conservateurs. Les histo- auraient dépassé celles du Petit Caron, se partageront, au prorata cent sur quelques ouvrages seule- repos. C’est un Salon pour le public et mier éditeur français, Vivendi Uni- riens d’art en dehors des institutions Livre rouge de Mao en Chine. En numeris, des royalties de 9 % des ment. La morosité est vite réappa- pas pour les professionnels. » Dans versal Publishing, n’en publie pas. ont du mal à se faire entendre. » novembre 1999, le chiffre des ven- ventes des deux volumes et de l’in- rue et s’apprêtait à engloutir une ini- cet environnement qui met en Hachette s’en éloignait avant de Le succès de Taschen, regardé de tes était de 66 millions d’exemplai- dex concernés. Les autres, signatai- tiative masquant une simple deuxiè- avant les livres, les éditeurs ont du reprendre Hazan. Flammarion, haut d’abord, est à présent observé res, et l’hebdomadaire profession- res de moins de 1 % du Dictionnaire, me vague de sorties de livres, qui ne mal à trouver leur place. Certains longtemps en pointe, a quelque peu de près. Mais la plupart des éditeurs nel américain Publishers Weekly le ont obtenu une rémunération forfai- s’imposaient pas toujours. Le Mai sont déçus. Mais le public jeune du délaissé le secteur, mais indique ont du mal à se lancer dans des pro- qualifiait de « fastest-selling book in taire. Tous les noms figurent sur la du livre d’art avait besoin d’air. Lieu unique a apprécié. Les organi- qu’il veut réinvestir dans les beaux ductions à grande échelle. Seule La history » (« le livre vendu le plus rapi- nouvelle édition, juste après la men- Chantal Desmazières, présidente sateurs annoncent une fréquenta- livres. Gallimard publie une vingtai- Martinière a repris des éditeurs dement dans l’histoire »). tion « sous la direction de Michka du groupe Art du Syndicat national tion de 11 000 personnes – le dou- ne de nouveautés par an (dont seu- internationaux prestigieux, à l’ima- Le premier tome des aventures Assayas ». de l’édition (SNE), a cherché un ble de l’an dernier – et une recette lement six à sept créations, à côté ge d’Abrams. En même temps, il y a de l’orphelin-apprenti sorcier, b Une semaine de grève à la moyen de développer la manifesta- de ventes de 250 000 francs des traductions et des coéditions). plus d’essais sur l’art et de livres sur Harry Potter et l’Ecole des sorciers,a librairie Flammarion du Centre tion. « Il fallait créer un événe- (38 112 ¤). Le travail est surtout fait chez les des artistes contemporains, qui été traduit en 42 langues, de l’alba- Pompidou. Les salariés de la librai- ment », explique-t-elle. L’idée de Les interventions de François petits éditeurs, d’Adam Biro à Scala sont généralement subventionnés, nais au zoulou, dans plus de deux rie du Centre Georges-Pompidou, créer un Salon du livre d’art émer- Morellet, Denis Roche, Jacques Hen- en passant par Le Cercle d’art, non sans mal parfois, avec les diffi- cents pays. Le phénomène devrait propriété de Flammarion, ont ge, sans susciter un grand enthou- ric ou Denise René ont rythmé ce Macula, Le Regard, etc. cultés du Fonds d’incitation à la encore s’amplifier après la sortie, observé une semaine de grève, siasme au sein du SNE. Plusieurs week-end, avec l’exposition des por- création (« Le Monde des livres » prévue en novembre, du film pro- depuis le mercredi 9 mai, pour des municipalités sont sollicitées. Nan- traits des grands artistes du XXe siè- POLÉMIQUE SUR LA RMN du 16 février). duit par la Warner Bros. En France, raisons salariales. Après de nouvel- tes répond rapidement. L’idée coïn- cle par Eddy Novaro, proposée par Mais le principal éditeur s’appelle Le problème le plus épineux qui Gallimard a dépassé les 5 millions les négociations avec la direction, cide avec l’ouverture du Lieu uni- Le Cercle d’art. Après Michel Laclot- la Réunion des Musées nationaux, se pose aujourd’hui à l’édition d’art d’exemplaires vendus à la fin du ils ont repris le travail mercredi 16 que, dans les locaux des anciennes te en 2000, Denise René a présenté avec 50 millions de francs (plus de est celui de l’inflation des droits de mois d’avril. Le tome IV, La Coupe mai au soir. biscuiteries LU. C’est ainsi qu’est né sa bibliothèque idéale : du Diction- 7 millions d’euros) de chiffre d’affai- reproduction. « Quand j’ai commen- de feu, publié en grand format, a b chapitre.com chez les kios- en 2000 un Salon du livre d’art au naire de l’art moderne en CD-ROM res. Depuis de nombreuses années, cé, explique Adam Biro, les droits de dépassé les 800 000 exemplaires. quiers. Le libraire électronique cha- Lieu unique à Nantes. La deuxième (RMN/Hazan) au catalogue de l’ex- c’est le sujet de polémique préféré reproduction n’étaient pas mention- Avant la sortie de ce volume en pitre.com a passé un accord avec édition vient de se dérouler du 11 position « L’Art en mouvement » à des éditeurs. La tension reste impor- nés dans les comptes d’exploitation. novembre, Gallimard n’avait vendu Easycolis, filiale des Messageries au 13 mai. la Fondation Maeght. Cette initiati- tante, mais la RMN fait des coédi- Aujourd’hui, ils représentent 8 % du que 1,5 million d’exemplaires. Et J. lyonnaises de presse (MLP), qui per- Jean Blaise, directeur du Centre ve est destinée à faire revivre le tions avec la plupart des éditeurs. prix de vente. » Certains livres ne se K. Rowling doit écrire trois autres met à ses clients d’aller retirer leurs de recherche pour le développe- fonds des livres d’art. Peut-être trop d’ailleurs. Catherine font pas car les droits sont trop volumes de Harry Potter… Une réu- colis chez des marchands de jour- ment culturel (CRDC) et père du Le bol d’air de Nantes intervient Millet – pas fâchée de laisser quel- chers. Certains tableaux ne sont pas nion de psychiatres à La Nouvelle- naux. L’expérience a été lancée Festival des allumés, prend en main dans une conjoncture moins maus- que temps dans l’ombre Catherine utilisés pour les mêmes raisons. Ces Orléans s’est penchée sur le phéno- début mai dans 200 points de vente le projet et décide d’en faire un sade que les dernières années. La M. – commente une enquête de son questions seront au cœur de l’édi- mène, pour conclure que les livres parisiens. Les frais de port pour le Salon pas comme les autres. Les production de livres d’art a baissé magazine Art Press sur le livre d’art : tion d’art de demain. de Harry Potter étaient utiles à la client qui choisit cette formule sont livres doivent s’intégrer dans un en 2000, tandis que le chiffre d’affai- « Il y a quinze ans, nous recomman- A. S. fois aux enfants et aux psychiatres. de 10 francs. Le kiosquier reçoit 3 francs par colis, tandis que chapi- tre.com paie 2 ¤ (13,12 F) par com- mande aux MLP, qui met son infras- tructure à la disposition du libraire. « C’est moins cher pour le client que le colis postal, c’est plus pratique et Goytisolo, l’oiseau rare à Arles Cerisy, le programme c’est rassurant. Il faut qu’Internet des- cende dans la rue », explique Juan Pirlot de Corbion, PDG de chapi- ’écrivain espagnol Juan Goytisolo a eu l’excel- de réécritures : « Pour recréer ce langage qui veut dynami- omme chaque année, le naire » (du 2 au 12 août ; Ph. Bon- tre.com. L’expérience devrait être lente idée de rassembler à Arles, lors des Ren- ter la langue espagnole traditionnelle, il ne faut pas tradui- Centre culturel interna- nefis, G. Farasse et J.-L. Stein- étendue aux principales villes fran- contres des 11 et 12 mai, ses traducteurs : «La re de façon mécanique, mais s’approprier toutes les possibi- tional de Cerisy-la-Salle metz) ; « Récrire suivant la texti- çaises à la rentrée. Daniel Valent, traduction est une aventure, parce que l’écriture lités des discours oraux, toutes les variétés de l’anglais, organise ce printemps que » (du 2 au 12 août ; J. Ricar- directeur général des MLP, entend Let la lecture sont des aventures. » Après s’être présenté anglais américain, des Caraïbes, du Yorkshire, de Lon- Cet cet été une série de colloques. dou) ; « Ecritures et lectures à proposer les services d’Easycolis «à comme un écrivain que l’on qualifiait d’« afrancesado » dres… Si la subjectivité du traducteur ne rentre pas dans la Les 20 rencontres qui auront contraintes » (du 14 au 21 août ; d’autres vendeurs de produits cultu- quand il vivait en France et que l’on traite de « mauro » traduction, la traduction manquera de vie. » Il a eu lieu sont les suivantes : J. Baetens et B. Schiavetta) ; rels, avec lesquels des négociations (arabe) depuis qu’il s’est installé à Marrakech, il s’est défi- recours au vocabulaire de Margaret Thatcher et « Prospective (III) : la connais- « Claude Seignolle et le fantasti- sont en cours ». ni comme un « oiseau solitaire ». « Un oiseau qui salit son d’Oswald Mosley pour traduire le langage – parodique – sance » (du 27 mai au 2 juin, diri- que » (du 14 au 21 août ; R. Boz- b Lorette Nobécourt chez Pau- propre nid », qui ne se lasse pas de dénoncer, depuis Don de la phalange de Trois semaines en ce jardin (Fayard). gé par T. Gaudin et A. Hat- zetto et J. Marigny) ; « D’un siècle vert. Le prochain livre de Lorette Julian, la non-contribution de l’Espagne à la culture euro- De même, pour traduire l’hymne phalangiste caricatural chuel) ; « Sens de la justice, sens l’autre, André Malraux » (du Nobécourt, Substance, paraîtra à la péenne ou le refus des influences juives : « Si on dit que de Don Julian (Gallimard), Aline Schulman (France) critique » (du 5 au 12 juin ; 24 au 31 août ; J.-C. Larrat et rentrée chez Pauvert. Les précé- Cervantès est un nouveau chrétien, on n’aura jamais une avait opéré un mélange de Mon légionnaire et de La Mar- L. Thévenot et le Groupe de J. Lecarme) ; « Georges-Emma- dents romans de l’auteur de La place à l’université ; on continue à parler du Siècle d’or en seillaise : « Je possède un exemplaire de Don Quichotte sociologie politique et morale) ; nuel Clancier, passager du siècle » Démangeaison ont paru chez Gras- oubliant le dogmatisme et le national-catholicisme. » Goy- de 1781 qui porte en exergue “traduit de l’espagnol de « Cinéma, art(s) plastique(s) » (du 24 au 31 août ; A. Albert-Birot set. tisolo ne craint pas même « de salir tous les autres nids » Miguel de Cervantès”, aujourd’hui, on met traduit du chi- (du 14 au 21 juin ; C. Murcia et et M. Décaudin) ; « Argumenta- b PRIX : le prix Méditerranée, – allusion à ses prises de position sur Sarajevo, la Colom- lien et, en mettant le pays en avant, on oublie l’homme. P. Taminiaux) ; « Michel Fou- tion et discours politique » (du doté de 50 000 francs, a été attribué bie ou la Tchétchénie, ou contre le traité de Maastricht. Moi, je traduis l’espagnol de Goytisolo, Espagnol malgré lui cault, la littérature et les arts » 3 au 9 septembre ; S. Bonnafous, à Edmonde Charles-Roux pour Mais s’il considère faire partie d’une « espèce menacée, qui emploie une langue archaïsante, pleine de rudesse, dif- (du 23 au 30 juin ; Ph. Artières et P. Chiron, D. Ducard et C. Lévy) ; L’Homme de Marseille (Grasset) et non protégée et en voie d’extinction », il n’aspire surtout ficile à restituer. » le Centre Michel Foucault) ; « 2001, Lacan dans le siècle » (du pour l’ensemble de son œuvre. pas à être un « rara avis, un nouvel échantillon classé par Gül Isik Alkaç (Turquie) pose le problème des référen- « Auguste Comte aujourd’hui » 11 au 15 septembre ; M. Strauss Arturo Perez-Reverte a reçu le prix l’Unesco ». Insistant longuement sur la transmission ora- ces « qui dans notre culture n’existent pas. Quand il parle (du 3 au 10 juillet ; M. Bourdeau, et Forums du champ lacanien) ; Méditerranée étranger pour Le le des contes et des légendes telle qu’elle se perpétue d’un voyage du XVIe siècle, les connotations sont totale- J.-F. Braunstein et A. Petit) ; « Le « Modernité : la nouvelle carte du Cimetière des bateaux sans nom encore aujourd’hui sur les places de Marrakech, il fait ment différentes ». Asaf Dzanic rappelle qu’il a rencontré pur et l’impur : à la redécouverte temps » (du 18 au 25 septembre ; (Seuil). Le prix Pelléas remarquer que les grands livres devraient toujours être Juan Goytisolo à Sarajevo pendant la guerre : « J’étais de Virginia Woolf » (du 3 au F. Ascher et F. Godard) ; « Le récit (10 000 francs) a été remis à Brina lus à voix haute. Ses traducteurs veillent donc à ce que officier dans l’armée bosniaque, c’était comme dans Hau- 10 juillet, dirigé par C. Bernard et d’enfance et ses modèles » (du Svit pour Mort d’une prima donna « cela sonne bien », mais il en faut plus encore pour faire te-Surveillance de Jean Genet, il a compris que je devais C. Reynier) ; « Le symbolique et 27 septembre au 1er octobre ; slovène (Gallimard). percevoir au lecteur une œuvre prenant appui sur la lui mentir et que, cette situation, c’était piège après piège, le social (la réception du travail A. Chevalier et C. Dornier) ; « La b Précision Bibliothèque de Babel, chère à Borges, et qui se balade sans fin. Il y a eu quelque 1 500 livres sur le siège de Saraje- de Pierre Bourdieu) » (du 12 au Normandie et l’Angleterre au A propos de l’article consacré au au gré des cultures, des espaces et des temps. vo mais j’ai voulu traduire Etat de siège (Fayard). Ce livre 19 juillet ; J. Dubois, P. Durand et Moyen Age » (du 3 au 7 octobre ; livre de Lucienne Sinzelle, Mon Ainsi Thomas Brovot (Allemagne) a dû pour traduire crée un espace physique et métaphysique. Ainsi, le temps Y. Winkin) ; « Mythe et rêve dans P. Bouet et V. Gazeau). Malagar (« Le Monde des livres » le vocabulaire mystique islamique recourir à des traduc- pendant le siège de Sarajevo devient un problème philoso- l’œuvre d’Henri Bauchau » (du Renseignements : CCIC, 27, rue du 11 mai), précisons que la proprié- tions de poètes mystiques du XIXe siècle. Peter Bush phique, on doit se demander ce qu’est l’état “basique” 21 au 31 juillet ; A. Neuschäfer et de Boulainvilliers, 75016 Paris, tél. : té de Malagar a fait l’objet d’un acte (Angleterre) considère que traduire Goytisolo est « une dans une situation qui est une métaphore de l’explosion de M. Quaghebeur) ; « Témoignage 01-45-20-42-03 ou CCIC, 50210 Ceri- de donation (et non de vente) par lutte mano a mano » parce que chaque roman est si riche l’univers. Et cela pose aussi un problème de physique et écriture de l’histoire » (du sy-la-Salle, tél. : 02-33-46-91-66. les héritiers de François Mauriac à en références linguistiques et culturelles qu’il faut procé- contemporaine… » 21 au 31 juillet ; J.-F. Chiantaretto Site Internet de Cerisy : www.ccic- la Région Aquitaine en 1985. der à des dizaines d’ébauches, de lectures, d’écritures et Martine Silber et R. Robin) ; « Le livre imagi- cerisy.asso.fr.

Albert-de-Mun, 75116 Paris ; b LE 22 MAI. BAUCHAU. A Paris, tut Roland-Barthes, Philippe Sollers AGENDA entrée 29 F [4,42 ¤] ; rens. : le Théâtre Molière-Maison de la parlera de « La guerre du goût » (à 01-53-65-74-70). poésie propose une lecture-rencon- partir de 18 heures, université Paris- b DU 18 AU 20 MAI. COMÉDIE. b LE 21 MAI. KOLMAR. A Paris, tre avec Henry Bauchau (à 21 heu- VII-Denis-Diderot, amphithéâtre 24, A Montpellier, a lieu la 16e édition le Musée d’art et d’histoire du res, Théâtre Molière, 157, rue Saint- 2, place Jussieu, 75005 Paris ; rens. : de la Comédie du livre, en collabo- judaïsme propose une lecture des Martin, 75003 Paris ; entrée 30 F 01-44-27-63-71). ration avec la Maison du livre et lettres et poèmes de Gertrud Kol- [4,58 ¤] ; rens. et réservations : b LES 24, 25 ET 26 MAI. BIOGRA- des écrivains. France-Culture dif- mar donnée par Anne Alvaro (à 01-44-54-53-00). PHIE. A Angers, le Laboratoire de fusera cinq émissions sur le thème 20 h 30, hôtel de Saint-Aignan, b LE 22 MAI. TERREUR. A Paris, recherche en éducation et forma- « Le français et l’usage d’un mon- 71, rue du Temple, 75003 Paris ; le professeur Charles Taylor, de la tion (Laref) et le Laboratoire de de » (rens. : 04-67-22-81-41). entrée 50 F [7,62 ¤] ; rens. et réser- McGill University (Montréal), pro- théologie et sciences religieuses de b LE 20 MAI. RÉVOLUTION. A vation : 01-53-01-86-48). noncera une conférence sur le thè- l’Université catholique de l’Ouest Blérancourt (02), dans le cadre de me « La Terreur et l’imaginaire organisent un colloque autour du sa manifestation annuelle, l’Asso- moderne » lors de la deuxième con- thème « Le récit biographique : ciation pour la sauvegarde de la férence François-Furet organisée enjeux anthropologiques » (rens. : maison de Saint-Just propose une par la Société des amis de l’historien 02-41-81-67-63). conférence de Michel Vovelle sur (à 18 heures, amphithéâtre de b DU 25 AU 27 MAI. NOIR. A Bor- le thème « Dix ans après le l’EHESS, 105, boulevard Raspail, deaux, 2e édition du Festival Noir- bicentenaire, que reste-t-il de la 75006 Paris ; rens. : 01-45-49-76-50). Ouest organisée par le Passant ordi- Révolution ? » (à 11 heures, salle b LE 22 MAI. CHARNET. A Paris, naire, autour de trois axes : cinéma, des fêtes de Blérancourt ; rens. : les éditions de La Table ronde et La littérature et bande dessinée (rens. : 03-23-39-72-17). Terrasse de Gutenberg organisent 05-57-35-19-24 ou 05-56-52-00-03). b LE 21 MAI. MÉCÈNES. A Paris, une rencontre autour d’Yves Charnet, b LES 26 ET 27 MAI. LARBAUD. A la Cinémathèque de la danse rend avec Pierre Bergounioux et Denis Vichy (03), journées consacrées à hommage à Charles et Marie Lau- Podalydès (à 20 heures, La Terrasse l’écrivain avec exposition, table re de Noailles, avec projection de de Gutenberg, 9, rue Emilio-Castelar, ronde et, en fin de manifestation, la films et lectures (à 20 h 30, salle 75012 Paris ; rens. : 01-43-07-42-15). remise du 35e prix littéraire Valery de la Cinémathèque française, b LE 23 MAI. GUERRE. A Paris, Larbaud (rens. : 04-70-30-17-17 ou Palais de Chaillot, 7, avenue dans le cycle de conférences de l’Insti- 04-70-58-42-50).