Albert Sorel

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Albert Sorel UN GRAND HISTORIEN, UN GRAND ARTISTE ALBERT SOREL LBERT SOREL est mort le 29 juin 1906... Un demi-siècle, c'est souvent assez pour estomper un grand souvenir, pour faire A glisser dans un semi-oubli une œuvre un moment fameuse et pour, d'une réputation mondiale, ne guère laisser subsister qu'un nom. Pareil sort n'a point été réservé à l'auteur de L'Europe et la Révolution française. Ses livres toujours sont lus, font toujours autorité, son enseignement garde sa vertu et le solennel hommage que l'Institut des Etudes politiques va, le 20 novembre (1), rendre à sa mémoire montrera combien celle-ci est restée vivante. Pour s'expliquer le rayonnement persistant de l'œuvre sorélienne, il est nécessaire de connaître quelque chose de l'homme. Albert Sorel est né à Honfleur, le 13 août 1842, de vieille souche normande et son patronpne est d'origine Scandinave. Des compa­ gnons de Rollon il aura la haute stature, le teint coloré, l'œil bleu, le poil blond, la moustache tombante ; il en aura aussi la pugnacité et l'ingéniosité ; il sera toutefois complètement exempt de leur férocité. Après de bonnes études faites d'abord dans sa ville natale, puis à Paris, il atteint l'âge de choisir carrière, n'ayant de goût (1) La cérémonie, qui aura lieu en présence de M. René Coty, Président de la République, commémorera, en même temps que le cinquantième anniversaire de la mort d'Albert Sorel, celui de la mort d'Emile Boutmy, fondateur en 1872 de l'Ecole des Sciences politiques. Le Ministre de l'Education nationale prendra la parole; M.André Siegfried représentera l'Académie française ; M. Jacques Chastenet — auteur du présent article où il retrace la vie et l'œuvre d'Albert Sorel qui, de 1866 à sa mort, fut le collaborateur de la Revue des Deux Mondes — représentera l'Académie des Sciences morales et politiques. LA EEVUï N» 22 1 I 194 LA REVUE bien décidé que pour la musique et la littérature. Ses parents eussent souhaité l'orienter vers l'industrie ; ils y renoncent de bonne grâce et notre jeune homme peut faire, sans obstacle, ses premières armes littéraires en donnant au Journal de Honfleur des articles de critique musicale. En même temps il lit beaucoup, se passionne pour Balzac et découvre Montesquieu. IJ publiera plus tard une étude perspicace sur l'auteur de VEsprit des Lois dont le style, à la fois dense et nombreux, marquera fortement le sien. Il a alors une chance : celle d'être présenté à Guizot. Le vieil homme d'Etat et historien, restaurateur de l'Académie des Sciences morales et politiques, sait — mérite suprême des années décli­ nantes — s'intéresser à la jeunesse. Devinant l'étoffe d'Albert Sorel : « Vous aimez la musique, lui dit-il, vous aimez le roman, Faites votre Droit. Lisez, écoutez, écrivez, promenez-vous : voilà qui mène à tout et vous fera gagner du temps. » Sorel s'empresse de suivre le conseil. Ses études juridiques lui laissant des loisirs, il les emploie à étudier l'harmonie et le contrepoint, à ébaucher des romans, à faire un long séjour en Allemagne dont il apprend la langue et observe les mœurs, enfin à 'fréquenter, en qualité d'auditeur libre, l'Ecole des Chartes dont il n'oubliera jamais la saine discipline. A vingt-quatre ans, le voici licencié en droit, mais surtout muni d'un ample bagage intellectuel, ayant déjà beaucoup vu, beaucoup retenu et prêt à affronter, sans âpreté mais délibérément, les risques de l'existence. Il appartient à une génération qui, dégagée du romantisme, vit dans le positif et aime regarder les faits jusque par-delà les frontières. La carrière du barreau lui apparaît un peu bien verbale ; il s'est pourtant décidé à l'embrasser quand Guizot, qui ne l'a pas perdu de vue, lui propose de le faire attacher au ministère des Affaires étrangères, Il^ecepte aussitôt, En 1866, la dactylographie n'est pas soupçonnée et la besogne d'un attaché novice est surtout de copiste. Sorel, avec le dandysme de son âge, affecte quelque dédain pour ce métier ; son intelligence comme sa pénétration n'en sont pas moins remarquées par ses. chefs et il se voit affecté comme rédacteur à la sous-direction du Nord, alors la plus recherchée du Quai d'Orsay,. Bien que devenu fonctionnaire de l'Empire et tout en restant à l'écart de l'orageuse « Jeunesse républicaine », Sorel tient le régime impérial en assez piètre estime ; il discerne clairement tout ce que son clinquant recouvre do faiblesse et sa politique ALBERT SOREL 195 'étrangère lui semble marquée au coin de l'imprudence prétentieuse. Singulièrement perspicaces apparaissent les lettres adressées alors par Sorel à son ami intime Albert Eynaud (1). Certains passages de cette correspondance témoignent d'un véritable don de pro­ phétie, tel celui-ci écrit le 27 juin 1867 ; « Fera-t-on la guerre ? On la fera, je le crois, parce que.la Prusse le veut „. Le danger est que nous pouvons être provoqués ... Tous nos efforts doivent tendre à éviter cette conjoncture, » N'est-ce pas, trois ans à l'avance, prévoir l'imbroglio de la candidature Hohenzollern, les maladresses de la diplomatie fran­ çaise et la dépêche d'Ems ? A côté de considérations politiques toujours pertinentes, les mêmes lettres, encore que rédigées au courant de la plume, abondent en portraits tracés et en scènes décrites avec une sûreté qui révèle l'écrivain-né. Sûreté qui s'affirme dans l'article qu'en 1868 Sorel, à la demande de Buloz, fait paraître dans la Revue des Deux Mondes pour exposer les conséquences de la victoire de Sadowa remportée deux ans auparavant par la Prusse sur l'Autriche. Cet article, bien que ou parce que non signé, a un puissant retentissement. Guizot, qui est dans le secret, félicite l'auteur et pressent en lui un futur grand ambassadeur. 1870. Les pires prévisions d'Albert Sorel se réalisent. Il n'en tire nulle vanité tout abîmé qu'il est dans la douleur que lui cause la catastrophe de Sedan. Paris étant sur le point d'être investi, le gouvernement de la Défense nationale, qui se refuse à quitter la capitale, envoie à Tours une délégation. Un diplomate de carrière, le comte de Chaudordy, se voit chargé d'y représenter le ministère des Affaires étrangères et il emmène avec lui Sorel, maintenant secrétaire d'ambassade. Dans ce ministère improvisé tout est à créer. Les collaborateurs de Chaudordy sont fort peu nombreux et, d'un seul coup, Sorel est amené à traiter les affaires les plus importantes. Tâche difficile et mélancolique : la France, qui se croyait, non seulement forte, mais aimée, se réveille dans un complet isolement. C'est en vain que Thiers, longtemps inutile Cassandre, prend un bâton de pèlerin et visite successivement les grandes capitales européennes : il n'y rencontre que visages de bois ou, au mieux, politesses dilatoires. (1) Elles ont été publiées en 1936 dans la Revue des Deux Mondes. 196 LA REVUE Pendant ce temps, Chaudordy et* ses adjoints s'efforcent à maintenir les relations diplomatiques et à montrer au monde que, si là" France est malheureuse, elle ne songe point à abdiquer. Les services de Sorel sont particulièrement appréciés de son chef qui ne tarde pas à faire de lui son confident de tous les instants. Notre secrétaire d'ambassade se passionne pour des fonctions qui sont désormais à la hauteur de ses talents. Mais, tout en les remplissant avec ardeur et méticulosité, il les domine et ne cesse de relier le quotidien au passé comme à l'avenir. « Il saisit, écrira Georges Picot, son successeur à l'Académie des Sciences morales et politiques, le rapport entre les événements, les rapproche, les compare, les note ; son esprit se développe ; au contact de la secousse des faits s'allume en lui le feu sacré, il sent qu'il devient historien. » Les conversations qu'il a avec Taine, lui- même réfugié à Tours, l'encouragent dans cette voie. Ayant ensuite suivi à Bordeaux le gouvernement de la Défense nationale, il s'essaie à la recherche scientifique en réunissant les documents qui vont lui permettre de rédiger une brochure destinée à faire connaître aux Anglais les exactions dont l'armée ennemie s'est rendue coupable en France. Et déjà il songe à écrire une Histoire diplomatique de la Guerre franco-allemande, cette histoire qu'il est en train de vivre. L'armistice signé, il va avec le gouvernement — maintenant dirigé par Thiers — à Versailles puis à Paris. Le spectacle de la Commune a encore enrichi son expérience et l'a fait pénétrer dans la psychologie des foules. Il est désormais complètement armé pour suivre la vocation qui est décidément la sienne : appliquer ses dons d'artiste et sa connaissance pratique de la diplomatie à l'exposition et à l'explication de faits historiques. Les débuts de la carrière d'Albert Sorel donnent, croyons-nous, la clef de son oeuvre. Sorel a été assez long avant de se découvrir historien ; ses années d'apprentissage furent donc à l'abri de l'atmosphère sou- vent'grisante, parfois aussi desséchante, des archives et des biblio­ thèques. Il s'était d'abord voulu romancier, il fut ensuite fonc­ tionnaire et, comme tel, les circonstances l'amenèrent à s'initier de bonne heure au mécanisme des affaires d'Etat. Il était aussi ALBERT SOREL 197 « homme du monde » dans le meilleur sens de l'expression, c'est-à- dire qu'il connaissait intimement, par contact direct, force choses et force gens, tant dans son pays qu'à l'étranger. Ne sont-ce pas là les meilleures conditions pour aborder l'étude de l'histoire, en particulier de l'histoire moderne ? Nul texte, en effet, nul document, si bien choisis soient-ils, ne livrent, avec une sûreté absolue, ni la réalité des faits qu'ils mentionnent, ni la pensée profonde de ceux de qui ils émanent.
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