PAROISSES ET COMMUNES DE Ouvrages publiés Ain, Ardèche, Aube, Aude, Cantal, Charente-Maritime, Cher, Corrèze, Corse, Drôme, Eure-et-Loir, Gard, Hérault, Ille-et-Vilaine, Indre-et-Loire, Isère, Loiret, Lozère, Maine-et-Loire, Marne, Meuse, Nièvre, Oise, Pas-de-Calais, Pyrénées-Orientales Bas-Rhin, Haut-Rhin, Rhône, Région Parisienne, Sarthe, Savoie, Haute-Savoie, Seine-et-Marne, Vaucluse, Haute-Vienne, Territoire de Belfort

A paraître

Alpes-Maritimes, Bouches-du-Rhône, Creuse, Dordogne, Loir-et-Cher, Morbihan, Var

Collection coordonnée par le Laboratoire de Démographie Historique de l'École des Hautes Études en Sciences Sociales — 54, boulevard Raspail — F - 75006 Paris Jean-Pierre BRUN

PAROISSES ET COMMUNES DE FRANCE

Dictionnaire d'histoire administrative et démographique

HAUTES-ALPES

sous la direction de Jean-Pierre BARDET et Claude MOTTE

CNRS Éditions 20/22, rue Saint-Amand, F - 75015 Paris 1995 Comité de patronage : Direction des Archives de France Bibliothèque Nationale École des Hautes Études en Sciences Sociales Institut National d'Études Démographiques Institut National de la Statistique et des Études Économiques Société de Démographie Historique

Collection fondée par : Marcel REINHARD t

Directeurs scientifiques : Jacques DUPAQUIER Jean-Pierre BARDET Bernard LEPETIT Guy ARBELLOT

Équipe de rédaction et documentation : Rédacteur en chef : Claude MOTTE Cartographie : Anne VARET-viTU Édition : Marie-Christine MORALES-VOULOIR, Lucienne ANDRIAPARSON

© CNRS Éditions, Paris, 1995 ISBN 2-271-05292-0 AVANT-PROPOS

Les dictionnaires départementaux des « Paroisses et Communes de France » présentent les statistiques du peuplement dans le cadre administratif qui a servi à les recueillir.

Bien que les structures administratives de ce qui allait constituer le département des Hautes-Alpes, puis celles du département lui-même soient assez simples par rapport à d'autres régions, chaque collectivité est un cas particulier. Mais la présentation uniforme des dictionnaires, nécessaire à la cohérence de l'entreprise, a un effet réducteur. Beaucoup de particularités indiquées n'ont pu être explicitées, d'abord pour respecter les documents d'origine même si à l'évidence certaines données sont suspectes voire franchement erronées, ensuite parce que leur solution dépendrait d'une étude particulière hors du cadre de cette collection. La richesse des archives des Hautes-Alpes et leurs instruments de travail de plus en plus nombreux le permettraient. Nous espérons seulement que ce dictionnaire en facilitera l'entreprise

Cette passionnante recherche n'aurait pu être menée à bien sans le concours de divers acteurs qu'il m'est agréable de remercier. Les directeurs des services d'archives et des bibliothèques consultés et tout particulièrement Monsieur Playoust, directeur des Archives départementales des Hautes-Alpes, et leur personnel que j'ai tracassés sans que faiblisse leur empressement à me satisfaire, qui a été beaucoup plus loin que la simple mise à ma disposition des documents demandés. La contribution de Madame Robert, documentaliste aux Archives départementales des Hautes-Alpes a été essentielle. Avec Monsieur Robert, elle a largement soutenu mon entreprise, et Chantal Robert a effectué quelques dépouillements complémentaires. Leur collaboration m'a été un précieux encouragement. Le service du Cadastre, à Gap, m'a procuré des documents cartographiques et permis de consulter un fichier intelligemment constitué qui m'a fait gagner beaucoup de temps. Les mairies ont répondu avec beaucoup de soin à mes demandes. Madame M.-E. Martin-Laprade, auteur du dictionnaire de la Drôme, a déblayé mon chemin en me communiquant obligeamment sa documentation. Enfin, je puis témoigner que Madame CI. Motte, par sa constante attention et ses interventions judicieuses a été la véritable animatrice de cette recherche. Je la remercie tout particulièrement ainsi que Madame A. Varet-Vitu qui a réalisé la cartographie et l'équipe du Laboratoire de Démographie historique. DE LA PROVINCE DE DAUPHINÉ AU DÉPARTEMENT DES HAUTES-ALPES

Les Hautes-Alpes sont l'un des trois départements formés par la division du Dauphiné en 1789. Il est tout entier situé sur le flanc ouest des Alpes du sud. Sa forme est celle d'un trapèze allongé entre les crêtes qui le séparent du Piémont à l'est et les Baronnies à l'ouest. La ligne de crêtes qui unit le Mont-Viso au Grand-Morgon puis le cours de la Durance forment sa limite sud avec le département des Alpes-de-Haute- Provence. Au nord, il est séparé de la Savoie et de l'Isère par les crêtes qui forment un arc rentrant dans le massif du Pelvoux, jusqu'aux abords du col de Lus-la Croix- Haute, puis par le rebord nord du Dévoluy. A l'ouest et au sud, les Hautes-Alpes englobent une succession de compartiments sans limites naturelles bien évidentes. Des nappes de charriage de l'est qui sont venues s'épauler sur le noyau cristallin du Pelvoux, aux calcaires plissés de l'ouest, ses paysages sont divers. Dans le nord- est qui est sa partie la plus élevée, on peut distinguer l'Oisans ouvert sur l'Isère, le Briançonnais (vallées de la Clarée, de la Guisanne, haute vallée de la Durance, Vallouise) et le Queyras qui confine au Piémont. Plus au sud, la vallée de la moyenne Durance forme l'Embrunais. Au nord, la vallée du Valgaudemar s'enfonce dans l'Oisans. Le Drac qui prend naissance dans l'ouest du massif du Pelvoux et rejoint l'Isère aux environs de Corps délimite le Champsaur. La haute vallée du Grand Buëch forme le Bochaîne. Le Dévoluy est un synclinal perché entre le Drac et le Buëch. Au sud du Champsaur, le Gapençais se prolonge entre Durance et Buëch par les plaines de la moyenne Durance. L'extrême sud-ouest appartient aux Baronnies.

HISTOIRE ADMINISTRATIVE

1 — L'ANCIEN RÉGIME

Depuis son « transport » au fils aîné du roi de France en 1349, cette province avait gardé une unité de structures qui se retrouvait dans l'articulation de ses administrations.

A — L'Administration civile

Le Dauphiné formait la généralité de Grenoble, circonscription fiscale divisée en six élections, dont celle de Gap avec ses deux recettes, Briançon et Gap, s'étendait en presque totalité sur le futur département des Hautes-Alpes, et celle de Grenoble qui en couvrait une notable partie. Seule la communauté de l'Epine ressortissait à l'élection de Montélimar.

Au XVIIIe siècle, le gouverneur de la province n'avait plus qu'un rôle honorifique, et l'intendant détenait pratiquement tous les pouvoirs dans la Généralité. Il exerçait ses attributions par l'intermédiaire de subdélégués, responsables envers lui seul d'un groupement de communautés qui devint une véritable subdivision administrative. Le subdélégué à Gap représentait l'intendant dans l'élection de Gap et aussi dans le Champsaur qui ressortissait à l'élection de Grenoble. Avec deux autres subdélégués, l'un à Embrun, l'autre à Briançon, ils assuraient l'administration de la plus grande part du futur département des Hautes- Alpes. Le Valgaudemar dépendait du subdélégué de La Mure, et l'Oisans de celui de Vizille. Au milieu du xviiie siècle (1755), on détacha de Briançon une subdélégation du Queyras. Le Briançonnais avait acquis en 1343 une charte de libertés qui lui a permis de garder une administration originale jusqu'à la fin de l'Ancien Régime. Ses communautés étaient groupées en cinq escartons, à la fois ressorts de collectes fiscales et assemblées délibérantes, dont la réunion formait le Grand Escarton et correspondait au bailliage de Briançon. Le traité d'Utrech (1713) céda trois escartons au Piémont, ne conservant à la France que ceux de Briançon et de Queyras. Alors que les communautés du premier sont distinguées dans les documents de l'Intendance, on trouve souvent en bloc sous la dénomination de Queyras, celles d'Abriès, Aiguilles, Arvieux, Château-et-Ville-Vieille, Molines, Ristolas, et Saint-Véran. Le mandement d'Oisans ne formait qu'une seule unité fiscale comprenant vingt et une communautés, dont seules La Grave et Villar-d'Arène contribuèrent à la formation du département. Le mandement de Faudon comprenait les paroisses d', de Château- d'Ancelle, et de Saint-Léger. Ce terme de mandement s'applique encore à des communautés ou à des communes qui ont certains droits en commun1. La Provence a donné au département des Hautes-Alpes les trois communautés de la vallée de Vitrolles qui d'ailleurs n'ont été rattachées au département qu'en 1810, distraites du département des Basses-Alpes. Sous l'Ancien Régime, elles ressortissaient à la viguerie et à la subdélégation de Sisteron en Provence. La viguerie n'était plus alors qu'une subdivision financière pour les Etats de Provence, sans réels pouvoirs judiciaires depuis l'institution des sénéchaussées, tandis que l'influence grandissante des intendants avait distrait ses attributions administratives au profit des subdélégués. A la base, les communautés étaient administrées par des consuls élus par les habitants. La qualification de « ville » ou de « bourg » appliquée à certaines, sans que l'on en connaisse l'origine — à l'exception de Mont-Dauphin — impliquait un statut municipal plus étroitement contrôlé par le pouvoir royal que celui des simples « communautés » de campagne. En outre, les villes étaient représentées en corps aux Etats généraux de la province. Nous avons reproduit sur les fiches communales les qualifications qui apparaissent dans les documents consultés, qui sont conformes à celles de l' Etat des Paroisses, annexes et succursales de la province de Dauphiné et principauté d'Orange2.

B — L'Administration judiciaire Ce que la royauté n'avait pas réussi à entamer des anciens pouvoirs féodaux restait dans les mains des seigneurs qui exerçaient leurs justices particulières avec des prérogatives plus ou moins étendues, d'où une diversité de situations.

1. En 1889, le Conseil général délibère sur l'aménagement de la forêt mandementale de Saluces (communes d'Embrun, de Saint-Sauveur et de Saint-André-d'Embrun). 2. A. D. H.-A., C 1. En 1447, le dauphin Louis réduisit à deux les sept anciens bailliages du Dauphiné, sous les noms de « bailliage du Plat Pays ou de Viennois » et de « bailliage des Montagnes ». Il maintint cependant les anciens sièges judiciaires sous le nom de « vibailliages ». Par la suite les baillis n'eurent plus qu'un rôle honorifique et l'on appela communément bailliages ce qui n'était formellement que des vibailliages.

Normalement le premier degré de juridiction était la justice du seigneur. Les appels de leurs sentences se faisaient au vibailliage dont les appels allaient au parlement de Grenoble. Dans certaines localités, le premier degré était le vibailliage lui même. Les vibaillis siégeaient à Briançon, Embrun, Gap, Grenoble et Le Buis pour les communautés du futur département des Hautes-Alpes. Les trois communautés de Provence relevaient du sénéchal de Sisteron dont les appels se portaient au parlement d'Aix. Cependant les appels de certaines juridictions seigneuriales allaient directement au parlement. A Embrun, Saint-André-d'Embrun, Saint-Sauveur et , la justice était en partage entre le roi et l'archevêque. Le juge royal rendait la justice les années paires, le juge archiépiscopal les années impaires. Les appels de leurs sentences se faisaient directement au parlement. C'était aussi le cas pour les appels des sentences des juges du bailliage ducal du Champsaur, des châteaux archiépiscopaux de l'Embrunais, des châteaux épiscopaux du Gapençais, du comté de et de quelques autres communautés (voir annexe I).

Les Etats du Dauphiné siégeaient au moment de la convocation des Etats généraux du royaume, et les députés de la province à cette assemblée y furent nommés directement. Il n'y eut donc pas d'assemblées de bailliage comme dans la plupart des autres provinces, et on ne peut utiliser les travaux de A. Brette pour en déterminer leurs ressorts3. Mais aux termes de l'ordonnance de 1667, les curés devaient tenir deux registres paroissiaux cotés et paraphés par le juge royal du lieu où l'église est située. Cette disposition avait été reprise dans l'ordonnance de 1736 selon laquelle les registres devaient être paraphés par le « bailli qui aura la connaissance des cas royaux dans le lieu où l'église sera située ». Les bailliages indiqués sur les fiches communales sont donc les bailliages paraphants.

C — L'Administration religieuse

Les anciens diocèses de Gap et d'Embrun débordaient largement du futur département des Hautes-Alpes qui comprend aussi deux paroisses de l'ancien diocèse de Grenoble (La Grave et Villard-d'Arène).

3. A. BRETTE, Atlas des bailliages ou juridictions assimilées ayant formé unité électorale en 1789, Paris, Leroux, 1904. Leurs limites n'ont pas varié depuis le Moyen-Age. Leurs divisions en archiprêtrés (vicariats dans le diocèse d'Embrun) ont été modifiées à plusieurs reprises, mais ces groupements ont peu d'intérêt démographique.

La distribution des paroisses a été plus mouvante, soit par création soit par absorption, et leur histoire est plus difficile à établir. Leurs vocables ou leurs présentateurs diffèrent selon l'époque à laquelle on se place (nous avons relevé treize paroisses dont le vocable est différent selon le pouillé de 1708 et celui de 1785). Les malheurs des temps sont responsables de la disparition de beaucoup d'édifices pas nécessairement reconstruits au même endroit pour suivre les déplacements de la population, responsables aussi des mainmises sur les droits des présentateurs.

Les évêques de Gap ou d'Embrun étaient collateurs de la plupart des cures de leur diocèse. Le collège d'Embrun présentait à sept cures dans le diocèse de Gap, l'abbé de Boscodon à celles de son voisinage, le sacristain du Chapitre de Gap présentait aux deux cures de la ville, le Chapitre d'Embrun aux trois cures de celle- ci. Enfin, les prieurs de divers ordres présentaient généralement aux cures des paroisses où ils étaient établis. La distribution des titres des églises du diocèse de Gap a été étudiée par G. de Manteyer4 et par l'abbé L. Jacques5.

Pour le diocèse de Gap, on a utilisé le pouillé de 17086, de Paul Claude Boët « qui a été dressé sur tous les verbaux de visite depuis 1608, sur tous les registres des insinuations depuis 1559 ... car ni le verbal de M. du Périer^, ni le pouillé des décimes de 16428 n'ont été assez exacts pour comprendre tous les bénéfices ... Ce livre sera aussi très important dans la collation des bénéfices, pour savoir leur nature, leurs patrons et collateurs ». Pour l'époque qui précède la Révolution, on a utilisé le pouillé établi entre 1784 et 1789 (daté 1785 sur les fiches)9.

Le guide le plus sûr pour le diocèse d'Embrun est l' Histoire ... du diocèse d'Embrun, de l'abbé Albert10, que l'on peut compléter par les rôles de répartition des décimes de 156811.

4. G. de , « Les origines chrétiennes de la ne Narbonnaise, des Alpes Maritimes et de la Viennoise. L'origine romaine du groupe primitif des églises paroissiales dans le diocèse de Gap », B.S.E.H.A., 1924. 5. ELGY (pseud.) [abbé L. JACQUES], « Le culte de saint Martin dans le diocèse de Gap », B.SE.HA., 1962. 6. A.D. H.-A, G 1105.

7. A.D. H.-A., G 2318.

8. A.D. H.-A., G 2321-2322.

9. A.D. H.-A, G 1111, publié par l'abbé P. Guillaume «Pouillé ou état général des bénéfices séculiers et réguliers du diocèse de Gap avant 1789 », B.S.E.H.A., 1891. 10. Abbé A ALBERT, Histoire naturelle, ecclésiastique et civile du diocèse d'Embrun, Embrun, Moïse, 1783. Pour les époques plus anciennes, on pourra se reporter aux pouillés des diocèses de Gap et d'Embrun de 151612 ou au pouillé du diocèse de Grenoble de 149713.

II — LA PÉRIODE CONTEMPORAINE

A — La formation du département (1790-1799)

Les limites et les ressorts administratifs L'Assemblée Constituante a substitué à l'enchevêtrement des administrations de l'Ancien Régime, une organisation cohérente et rationnelle fondée sur une structure pyramidale de circonscriptions identiques pour tous les services publics. Elle décréta le 22 décembre 1789 que la France serait divisée en départements, les départements en districts, les districts en cantons et que chaque ville, bourg, paroisse ou communauté formerait une administration municipale. Le 15 janvier suivant, l'Assemblée fixe à quatre-vingt trois le nombre des départements, dont trois à former par la province du Dauphiné, ainsi délimités [décret du 28 janvier 1790] : « 1°) celui du nord, comprenant Grenoble et Vienne, sera borné à l'ouest, au nord, au nord-est et à l'est, par les anciennes limites de cette province jusqu'au grand contrefort qui s'attache à la principale chaîne des Alpes proche du col du Galibier ; de ce point, la limite suivra la crête du contrefort contournant le Valgaudemar, comprendra ou laissera le bourg de Corps suivant la convenance mutuelle des deux départements limitrophes ; de là, elle regagnera le sommet de la chaîne qui sépare le Dévoluy du Trièves, passant au col de la Croix Haute ; toujours suivant la crête de la montagne, elle passera entre le Trièves d'une part, le Diois et le Vercors de l'autre ; à l'extrémité du val de Vercors elle se retournera carrément entre Pont en Royans et Saint-Hilaire ; entre l'Isère et Saint-Nazaire elle coupera la route de Romans à Saint-Marcellin, à distance égale entre ces deux villes, elle passera par Montrigaud à l'est de Grand Serre, par les clochers de Saint-Barthélemy et de Beaurepaire, et de là viendra s'appuyer sur le Rhône entre Saint-Rambert et Andance.

11. A.D. H.-A., G 62-74. 12. B.N., ms latins 12 730, publié par l'abbé P. Guillaume, « Pouillés de 1516 », B.s.E.H.A., 1888. 13. Cartulaires de Saint-Hugues de Grenoble, Paris, Impr. Nat., 1869, publié en extrait par l'abbé P. Guillaume, B.S.E.HA., 1888. 2°) les limites du département de l'ouest, comprenant Valence, Romans, Montélimar et la principauté d'Orange, seront, au nord, celles décrétées précédemment pour le département de Grenoble ; à l'ouest, le Rhône ; au sud, les anciennes limites de la province et celles de la principauté d'Orange ; à l'est, les limites qui séparent les Baronnies de l'élection de Gap ; et depuis Ville-Vieille la crête de la montagne jusqu'au col de la Croix Haute.

3°) le troisième département, comprenant le reste du Dauphiné, aura pour limites les anciennes limites de cette province et celles assignées aux deux départements précédents, laissant à tous les trois la liberté de faire entre eux des échanges selon leur convenance mutuelle. »

Le 16 février 1790, l'Assemblée décrète que le département du Dauphiné oriental (bientôt dénommé Hautes-Alpes) sera divisé en quatre districts dont les chefs-lieux sont fixés à Gap, Embrun, Briançon et Serres. La formation des assemblées électorales de cantons se fit sous le contrôle de trois commissaires nommés par le roi. Le 6 avril 1790, ils reçoivent une carte14 et le procès-verbal de démarcation du département, des districts et des cantons établi à l'Assemblée nationale15. Le procès-verbal, qui ne se trouve plus dans les archives des Hautes-Alpes16, a été publié par l'Abbé P. Guillaume à une date supposée plus tardive :

« Du [] 1790, la députation de Dauphiné assemblée a été d'avis que les quatre districts du département de l'Est-Dauphiné doivent être réglés ainsi qu'il suit : District de Briançon. Ce district sera confiné : au nord, par la ligne de séparation entre le Dauphiné et la Savoie ; à l'est, par celle de cette province avec le Piémont ; au sud, par le district d'Embrun, en suivant les limites qui séparent du côté de l'ouest la communauté de l'Argentière de celle de Freyssinières, celle de la Roche de celle de Saint-Crépin, et la vallée du Queyras de la communauté de Guillestre et de Seillac, les communautés de l'Argentière et de la Roche faisant partie du district de Briançon. Ce district sera encore confiné au nord et à l'ouest du Valgaudemar, par les anciennes limites qui le séparaient des communautés de l'Argentière et de Vallouise. Enfin il sera confiné à l'ouest du département du Nord-Dauphiné, par les limites décrétées par l'Assemblée nationale. Les communautés de la Grave et Villard d'Arène feront partie du district de Briançon, sauf leur option pour être réunies au département du Nord, ainsi que le tout se trouve plus amplement décrit dans le procès-verbal de division du district de Grenoble.

14. AD. H.-A., 1 Fi 450 et AN., NN 70/1. 15. A.N., F21456. 16. A.D. H.-A, L 108 [cote vide aujourd'hui]. District d'Embrun. Ce district sera confiné : au nord, par les limites qui le séparent de celui de Briançon et qui ont été ci-devant décrites ; au sud et au sud- est, par les anciennes limites de Dauphiné, de la vallée de Barcelonette et de la Provence ; à l'ouest, il sera séparé de celui de Gap par les anciennes limites de son bailliage, en y ajoutant les communautés de Saint-Jean, Saint-Nicolas, Champoléon et Orcières dans le Champsaur, dont elles sont séparées par les limites qui existent entre ces communautés et les communautés voisines. District de Gap. Ce district sera séparé : au nord, par les limites décrites par l'Assemblée nationale entre le département de l'Est-Dauphiné et celui du Nord ; à l'est et au sud-est, par celles qui le séparent du district d'Embrun ci-devant décrites ; au sud-est, de la Provence par les anciennes limites de cette province. A l'ouest, il sera séparé du district de Serres par les limites des communautés de Saint-Julien en Beauchêne, de Saint-André, d'Agnielles, d'Aspres, d'Aspremont, Laric et qui resteront du district de Serres. Ensuite, tirant une ligne depuis le Saix jusqu'au Monêtier d'Allemont vers la Durance, et laissant la vallée de Vitrolles au sud-ouest, il abandonnera au district de Serres toutes les communautés qui sont entre le Buëch et la Durance. District de Serres. Ce district sera confiné : à l'est, par le district de Gap, duquel il sera séparé par les limites ci-devant décrites ; au sud et au sud-est, par les limites de la Provence ; au sud-ouest et à l'ouest, par les limites qui séparent le département de l'Est de celui du Bas-Dauphiné qui, en conformité de la liberté laissée par l'Assemblée nationale aux départements de faire des échanges, a cédé au district de Serres la communauté de l'Epine et qui a reçu en contre-échange Ville bois. »

La formation des communes « Le terme de paroisse n'est connu en Dauphiné que par rapport au spirituel. En tout autre affaire, soit militaire, de justice ou de finance, on use du terme de communauté17 », ainsi s'exprimait l'intendant Bouchu dans son Mémoire sur le Dauphiné, en 1698. La division du territoire était donc en principe assez simple : une communauté correspondait en général à une paroisse. La réalité était plus complexe. Dix-sept communautés avaient deux paroisses, et cinq en avaient trois. A l'inverse, six paroisses desservaient deux communautés chacune et la paroisse de Saint-Firmin correspondait aux six communautés de Saint-Firmin, La Broue, Reculas, Villard- Saint-Firmin, l'Esparcelet, et Les Préaux (qui n'en avaient formé qu'une seule jusqu'en 1595).

17. B.N., ms français 8351, Mémoire de l'intendant Bouchu. Dans quelques cas, paroisses et communautés, même subdivisées, ne correspondaient pas à un même territoire. La communauté de Prunières comprenait le hameau de Saint-Eyriey qui dépendait de la paroisse de Savines, tandis que le hameau de la Basse Couche qui appartenait à la communauté de Chorges dépendait de la paroisse de Prunières. Le hameau de Villoret, de la communauté de Saint- Auban-d'Oze, dépendait de la paroisse du Saix. Les habitants des hameaux de Sauvas et de Vaux [Saint-Julien-en-Beauchêne] étaient paroissiens de Montmaur, ceux de Vaux étaient en outre taillables de la communauté de . Le titre 1 du décret du 16 février 1790 disposait que dans toutes les démarcations ...« les communautés de campagne comprendraient tout le territoire, tous les hameaux, toutes les maisons isolées dont les habitants sont cotisés sur les rôles d'imposition du chef-lieu ». Ce sont donc les communautés qui se formèrent en municipalités (bientôt appelées communes). La première organisation du département est donnée par les procès-verbaux des assemblées de cantons tenues le 27 juin 179018. Le procès-verbal dressé le 6 juillet par les commissaires du roi ne semble pas avoir été conservé19. Le 7 juillet 1790, l'assemblée des électeurs du département réunie à Chorges fixa le directoire du département à Gap. Après quelques ajustements, à la fin de 1790, le département des Hautes-Alpes était formé de 4 districts, 38 cantons, 181 communes20 :

District de Briançon (9 cantons, 23 communes) — Abriès : Abriès, Aiguilles, Ristolas — L'Argentière : L'Argentière, La Roche-de-Rame, Saint-Martin-de-Queyrières — Briançon : la ville seule — La Grave : La Grave, Villar-d'Arêne — Le Monêtier : Le Monêtier, Saint-Chaffrey, La Salle — Val-des-Prés : Montgenèvre, Névache — Vallouise : une seule municipalité — Villar-Saint-Pancrace : Cervières, Puy-Saint-André, Puy-Saint-Pierre, Villar-Saint-Pancrace — Ville-Vieille : Arvieux, Château-et-Ville-Vieille, Molines, Saint-Véran

18. A.D. H.-A., L 127-128. 19. A.D. H.-A, L 129. 20. Non compris celles de , d'Esparron et de Vitrolles qui ont appartenu au département des Basses-Alpes jusqu'en 1810. District d'Embrun (10 cantons, 39 communes) [Les procès-verbaux de ce dictrict n'ont pas été conservés. Nous avons utilisé un tableau imprimé en 1792 91 et les états de population adressés au Comité de mendicité 22 .] — : Baratier, Crévoux, Les Crottes, , Saint-André, Saint-Sauveur — Chorges : Chorges, Prunières — Embrun : la ville seule — Guillestre : Ceillac, Guillestre, Risoul, Vars — Mont-Dauphin : Champcella, Fressinières, Mont-Dauphin, Saint-Crépin — Orcières : Champoléon, Orcières, Saint-Jean-Saint-Nicolas — Saint-Clément : Châteauroux, Réotier, Saint-Clément — Savines : Puy-Saint-Eusèbe, Puy-Sanières, Réallon, Saint-Apollinaire, Le Sauze, Savines — Saint Étienned'Avançon : Avançon, , Saint-Étienne-d'Avançon, — RemoUon : Bréziers, , , Rochebrune, Rousset, Théus

District de Gap (12 cantons, 62 communes) — : Chabottes, Chabottonnes, [Saint-Barthélemy-de-] , Saint-Michel-de-Chaillol [Montorcier-de-Chaillol et ], Saint-Léger — Gap composé de trois municipalités groupées quant aux assemblées électorales de canton en deux sections : Gap, district des Capucins, et Chaudun d'une part ; Gap, district des Cordeliers, et de l'autre — La Bâtie-Neuve : Ancelle, La Bâtie-Neuve, La Bâtie-Vieille, Rambaud, La Rochette, Romette — La Roche-des-Arnauds : Manteyer, , , La Roche-des-Arnauds — : , Lardier-et-Valença, La Saulce, Sigoyer — Saint-Bonnet : Bénévent-et-Charbillac, La Fare, Les Infournas, Poligny, Saint-Bonnet — Saint-Étienne-en-Dévoluy : Agnières, La Cluse, Saint-Disdier-en-Dévoluy, Saint-Étienne-en- Dévoluy — Saint-Eusèbe : Aubessagnes [Chauffayer], Les Costes, , Molines, La Motte, Le Noyer, Saint-Eusèbe — Saint -Julien-en-Champsaur : Forest-Saint-Julien, Laye, Saint-Julien-en-Champsaur, Saint- Laurent-du-Cros — Saint-Firmin : Aspres [lès-Corps], Clémence-d'Ambel, Guillaume-Peyrouse, Saint-Firmin, Saint- Jacques, Saint-Maurice, Villar-Loubière — Tallard : Châteauvieux-sur-Tallard, Jaijayes, , , Tallard — Veynes : Châteauneuf-d'Oze, Châtillon-le-Désert, , Laric [], Montmaur, Oze, Saint-Auban-d'Oze, Veynes

District de Serres (7 cantons, 57 communes) — Aspres-lès-Veynes : Agnielles, Aspremont, Aspres-lès-Veynes, , Château-Ia-Beaume [La Haute-Beaume], , Saint-André-en-Beauchêne [], Saint-Julien, Saint-Pierre- d'Argençon

21.A.D. H.-A., L 720. 22. A.N., F16 967. — Laragne : Eyguians, Laragne, Lazer, Le Monêtier-Allemont, Montéglin, Le Poët, , — Montmorin : Bruis, L'Épine, Montmorin, , Sainte-Marie — : Étoile, Lagrand, Nossage-et-Bénévent, Orpierre, Saléon, Sainte-Colombe, Saint-Cyrice, Trescléoux — Ribiers : Antonaves, Barret-le-Haut, Barret-le-Bas, Châteauneuf-de-Chabre, Éourres, Pomet, Ribiers, Saint-Pierre-Avez, Salérans — Saint-André-de- : , Montjay, , Rosans, Saint-André-de-Rosans, Sorbiers — Serres : La Bâtie-Montsaléon, , Clausonne, Méreuil, Montclus, Montrond, , Saint-Genis, Le Saix, , Serres, Peu de communautés ont fusionné. La Fare et les delphinaux de la Fare étaient déjà unies de fait. Châtillon et le Désert ont formé la municipalité de Châtillon-le- Désert. Les communautés de Saint-Firmin, de Villard-Saint-Firmin, de la Broue, de l'Esparcelet, des Reculas, et des Préaux, déjà unies en une seule paroisse et mandement, ont formé la municipalité de Saint-Firmin ; union qui sera confirmée en 1791 (A.D. H.-A., L 46). A l'inverse, la communauté de « Bréziers et Rochebrune » et celle « de Théus et Remollon » ont formé deux municipalités chacune. Ainsi formées, les cent quatre-vingt une communes du département s'étendaient sur des surfaces très inégales : 18 821 ha à Vallouise, 58 ha à Mont-Dauphin. Mais 13 d'entre elles couvraient à elles seules le quart du département, 34 la moitié, et 76 les trois quarts. La répartition des cantons est un peu plus homogène: la moitié a une surface supérieure à la moyenne, mais l'étendue va de 26 753 ha (Baratier) à 2 796 (Briançon). Le plus petit canton rural est celui de Chabottes (3 865 ha). Un dénombrement de 1790 donne les effectifs de chaque commune, de 7 019 habitants (Gap) à 45 (Fouillouse). La densité des cantons va de 113,7 habitants au km2 (Briançon) à 8,7 (Val-des-Prés). Les plus fortes densités se trouvent (hors Briançon, Embrun et Gap) dans le couloir qui va du Champsaur à La Saulce. Les cantons où la densité est la moins forte sont ceux du Dévoluy, de La Grave, du Val-des-Prés et d'Orcières. Dans les années qui suivent, cinq nouvelles municipalités sont instituées, portant à cent quatre-vingt-six le nombre des communes du département à la fin du XVIIIe siècle : - Le 15 mars 1791, la municipalité de Mont-Dauphin est démembrée pour créer celle d'Eygliers. - Le 20 juin 1791, on crée la municipalité de Val-des-Prés, distincte de celle de Montgenèvre. - Le 30 ventôse an V (20 mars 1797), la commune de Vallouise est scindée en quatre : Ville [Vallouise] (chef-lieu du canton), Les Vigneaux, Puy-Prés [Puy- Saint-Vincent] et Pisse [Pelvoux]. Cette première organisation volontairement décentralisée dut pourtant être modifiée pour renforcer le pouvoir central. La Constitution de l'An III (août 1795), sans modifier le découpage, supprima les districts et transféra l'administration municipale aux chefs-lieux des cantons. Pour renforcer leur prestige, la loi du 13 fructidor an VI (30 août 1798) imposa d'y célébrer les mariages, les autres actes de l'état civil restant dans les attributions des communes.

B — La mise en place du cadre actuel (1800-1810) Le Consulat prit des mesures plus énergiques et plus durables. La loi du 28 pluviôse an VIII (17 février 1800), complétée par deux arrêtés du 17 ventôse (8 mars 1800), modifia l'organisation des pouvoirs locaux. Le département à la tête duquel est nommé un préfet, est divisé en trois arrondissements : Briançon, Embrun, Gap. Les cantons ne sont pas modifiés, mais leurs attributions sont réparties entre les arrondissements et les communes. La loi du 8 pluviôse an IX (28 janvier 1801) réduisit dans toute la France le nombre des circonscriptions de justices de paix dont l'arrêté du 9 fructidor an IX (27 août 1801) précisa qu'ils conservaient le nom de canton. L'arrêté du 19 vendémiaire an X (11 octobre 1801) réduisit à 23 le nombre des cantons des Hautes-Alpes et les 186 communes étaient réparties comme suit : Arrondissement de Briançon (5 cantons, 27 communes) — Aiguilles : Abriès, Aiguilles, Arvieux, Molines, Ristolas, Saint-Véran, [Château-] Ville-Vieille — L'Argentière : L'Argentière, Pisse [Pelvoux], Puy-Prés [Puy-Saint-Vincent], Queyrières, La Roche, Vallouise, Les Vigneaux — Briançon : Briançon, Cervières, Montgenèvre, Névache, Saint-André [Puy-Saint-André], Saint- Pierre [Puy-Saint-Pierre], Val-des-Prés, Villar-Saint-Pancrace — La Grave : La Grave, Villar-d'Arêne — Le Monêtier : Le Monêtier, Saint-Chaffrey, La Salle Arrondissement d'Embrun (5 cantons, 36 communes) — Chorges : Bréziers, Chorges, Espinasses, Prunières, Remollon, Rochebrune, Rousset, Théus — Embrun : Baratier, Châteauroux, Crévoux, Les Crottes, Embrun, Les Orres, Saint-André [d'Embrun], Saint-Sauveur — Mont-Lion [Mont-Dauphin] : Ceillac, Champcella, Eygliers, Fressinières, Guillestre, Mont-Lion, Réotier, Risoul, Saint-Clément, Saint-Crépin, Vars [L'arrêté du 9 pluviôse an X (29 janvier 1802) a transféré le chef-lieu de ce canton à la commune de Guillestre.] — Orcières : Champoléon, Orcières, Saint-Jean-Saint-Nicolas — Savines : Réallon, Puy-Petit [Puy-Sanières], Puy-Saint-Eusèbe, Saint-Apollinaire, Sauze, Savines Arrondissement de Gap (13 cantons, 123 communes) — Aspres-Iès-Veynes : Agnielles, Aspremont, Aspres-lès-Veynes, Les Beaumes, Château-la-Beaume [La Haute-Beaume], Montbrand, Saint-André-en-Beauchêne [La Faurie], Saint-Julien, Saint-Pierre- et-Saint-Martin

— La Bâtie-Neuve : Avançon, La Bâtie-Neuve, La Bâtie-Vieille, Montgardin, Rambaud, La Rochette, Saint-Etienne-d'Avançon, Valserres — Gap : Chaudun, La Freissinouse, Gap et banlieue, Manteyer, Pelleautier, Rabou, La Roche [Cet arrêté omet la commune de Romette qui passe du canton de La Bâtie-Neuve en 1790 à celui de Gap.] — Laragne : Eyguians, Laragne, Lazer, Monêtier, Montéglin, Le Poët, Upaix, Ventavon — Orpierre : Étoile, Lagrand, Nossage-et-Bénévent, Orpierre, Sainte-Colombe, Saint-Cyrice, Saléon, Trescléoux — Ribiers : Antonaves, Barret-le-Bas, Barret-le-Haut, Châteauneuf-de-Chabre, Éourres, Saint-Pierre- Avez, Pomet, Ribiers, Salérans — Rosans : Bruis, Chanousse, L'Épine, Montjay, Montmorin, Moydans, Rosans, Ribeyret, Saint- André-de-Rosans, Sainte-Marie, Sorbiers [Un arrêté du 3 brumaire an X (25 octobre 1801) fait passer les communes de L'Epine et de Montmorin dans le canton de Serres]. — Saint-Bonnet : Ancelle, Bénévent-et-Charbillac, Buissard, Chabottes, Chabottonnes, Les Costes, La Fare, Forest-Saint-Julien, Les Infournas, Laye, Molines, La Motte, Le Noyer, Poligny, Saint- Bonnet, Saint-Eusèbe, Saint-Julien, Saint-Léger, Saint-Laurent [du-Cros], Saint-Michel-de-Chaillol — Saint-Étienne-en-Dévoluy Agnières-en-Dévoluy, La Cluse-en-Dévoluy, Saint-Didier-en- Dévoluy, Saint-Étienne-en-Dévoluy — Saint-Firmin : Aspres [les-Corps], Aubessagnes [Chauffayer], Clémence-d'Ambel, Le Glaizil, Guillaume-Peyrouse, Saint-Firmin, Saint-Jacques, Saint-Maurice, Villar-Loubière — Serres : La Bâtie-Montsaléon, Le Bersac, Méreuil, Montclus, Montrond, La Piarre, Saint-Genis, Savournon, Serres, Sigottier — Tallard : Châteauvieux, Fouillouse, , Lardier-et-Valença, Lettret, Neffes, La Saulce, Sigoyer, Tallard — Veynes : Chabestan, Châteauneuf-d'Oze, Châtillon-le-Désert, Clausonne, Furmeyer, Montmaur, Oze, Le Saix, Saint-Auban-d'Oze, Veynes

L'arrondissement de Gap, à lui seul, compte plus de cantons que la réunion des deux autres. Sur ces cantons agrandis, la répartition de la population du recensement de 1806 est plus homogène, d'une densité de 49,8 habitants au km2 (Gap) à 10,5 (Saint-Etienne-en-Dévoluy).

Les plus fortes densités se retrouvent dans le Champsaur et le Gapençais y compris Tallard. Le Dévoluy et le canton de La Grave restent les moins denses.

Les communes ont donc perpétué des communautés de tailles très différentes et une dispersion de l'administration dans des unités trop petites. La centralisation et les conséquences d'une dépopulation que l'on n'imaginait pas sous le Consulat en ont amplifié les effets. C — Les ajustements ultérieurs

Le tissu communal La réunion à l'arrondissement de Gap du canton de Barcillonnette et des ses trois communes, distraites du département des Basses-Alpes par la loi du 13 janvier 1810, porte le nombre des communes du département à 189, nombre qui n'ira qu'en diminuant jusqu'à aujourd'hui, aucune création n'ayant eu lieu depuis le début du siècle dernier. Ainsi, à l'exception du hameau d'Aups détaché en 1830 de la commune de Sigoyer pour être réuni à celle de Fouillouse23, les quelques modifications territoriales ont consisté à fusionner des communes pour suivre les évolutions, soit anémie, soit débordement d'un voisin. Douze communes disparaissent, abaissant le nombre des communes du département à 177 au dernier recensement de 1990 : Clausonne (1888), Chaudun (1895), Châtillon-le-Désert (1901), Molines-en-Champsaur (1932), Agnielles (1933), Barret-le-Haut, Pomet (1944), Montéglin (1949), Clémence d'Ambel (1962), Chabottonnes (1963), Saint- Cyrice (1968), Romette (1974). Seules six communes ont répondu à la loi n° 71-588 du 16 juillet 1971 sur les fusions-associations :

- Romette et Gap, 1974 [1994] - Rabou et La Roche-des-Arnauds, 1972-1983. - Puy-Saint-Pierre et Briançon, 1974-1988. Seule Romette est restée réunie avec Gap, les quatres dernières ayant repris leur indépendance.

Les limites et les ressorts administratifs Les limites départementales seront modifiées à deux reprises (1810 et 1947). Les autres modifications portent sur les limtes cantonales : — 1810. La loi du 13 janvier 1810 a détaché des Basses-Alpes le canton de Barcillonnette (communes de Barcillonnette, d'Esparron et de Vitrolles) pour le rattacher à celui des Hautes-Alpes (arrondissement de Gap). — 1926. Le décret du 10 septembre 1926 qui réduisit le nombre des sous- préfectures en France supprima l'arrondissement d'Embrun au profit de celui de Gap, à l'exception du canton de Guillestre, rattaché à l'arrondissement de Briançon. — 1947. L'exécution du traité de paix de 1947 avec l'Italie a entraîné la rectification de la frontière sur les territoires des communes de Montgenêvre et de Névache.

23. A.N., F2 II Hautes-Alpes 1. — 1949 et 1978. La commune de Freissinières a été détachée en 1949 du canton de Guillestre, et en 1978 celle de Champcella, pour être rattachées à celui de L'Argentière-la-Bessée. — 1963. Le rattachement en 1963 de la commune de Chabottonnes à celle de Saint-Jean-Saint-Nicolas a fait passer son territoire du canton de Saint-Bonnet à celui d'Orcières.

— 1973. Le canton de Briançon a été découpé en deux, et celui de Gap en quatre. — 1982. Les cantons de Gap ont été redécoupés en six. Ironie de l'Histoire, alors que cette région avait été âprement disputée au Moyen-Age entre le dauphin et le comte de Provence, le décret 60-516 du 16 juin 1960 a placé le département des Hautes-Alpes avec ceux des Basses-Alpes, des Alpes-Maritimes, des Bouches-du-Rhône, de la Corse (avant qu'il devienne une région), du Var et du Vaucluse dans la Région économique « Provence-Alpes-Côte d'Azur ». HISTOIRE DÉMOGRAPHIQUE

1 — L'ANCIEN RÉGIME

La plus ancienne source démographique du Dauphiné serait celle qu'ont signalé C. Faure24 et A. Fierro25. Il s'agit des enquêtes faites en 1339 à la suite de la proposition du dauphin Humbert II de vendre ses possessions au pape Benoît XII. Un siècle plus tard, des commissaires à la révision des feux ont parcouru le Dauphiné26, consignant pour chaque lieu visité la liste des foyers solvables, des misérables et des vacants depuis la dernière révision, en distinguant les vacants « par décès » de ceux « par émigration ». E. Baratier27 a exploité ces documents pour la partie des Hautes-Alpes qui ressortissait alors à la Provence. Ces deux sources restent à mettre en concordance avec les concepts actuels, et ne sont citées ici que pour mémoire.

Mises à part quelques données éparses antérieures, les dénombrements présentés dans ce dictionnaire ne remontent pas au-delà du XVIIIe siècle. Pour estimer la confiance à leur accorder, nous avons examiné si la fréquence des chiffres des unités correspondait à une distribution au hasard et si la corrélation

24. C. FAURE, Un projet de cession du Dauphiné à l'église romaine (1338-1340), Rome, impr. Cuggiani, 1907. Extrait de «Mélanges d'archéologie et d'histoire » publié par l'Ecole française de Rome, t. XXVII [cf. « Annales des Alpes », X, 1907]. 25. A. FIERRo, « La population du Dauphiné du xive au XXE siècle », Annales de Démographie Historique, 1978, p. 355^17. 26. A.D. Is., B 2729-2760. 27. E. BARATIER, La démographie provençale du XIIJe au xvi' siècle, avec chiffres de comparaison pourlexvilf siècle, Paris, S.E.V.P.E.N., 1969. entre deux séries voisines était satisfaisante28. Pour éviter les divergences d'appréciation entre plusieurs administrateurs, nous avons limité cet examen à une subdélégation, le cadre le plus étroit qui ait servi à recueillir les données, soit les quelques 80 communautés de celle de Gap qui ressortissaient à cette élection sans y comprendre la ville de Gap dont les effectifs sont considérablement plus élevés. Pour simplifier, on n'a pas fait la distinction entre quelques communautés qui ne correspondaient pas exactement à une paroisse, nous plaçant ainsi dans les conditions les plus défavorables. 1698 La première série remonte à la fin du XVIIe siècle. Il s'agit du mémoire de l'intendant Bouchu pour l'instruction du duc de Bourgogne, rédigé vraisemblablement en 1698, suivi d'une liste des communautés avec « le nombre de personnes dont chacune est composée ». Parmi les nombreuses copies de ce mémoire, nous avons retenu le manuscrit français 8351 de la Bibliothèque nationale. Les nombres sont toujours des multiples de 4, calculés d'après des listes fiscales qui ne sont sans doute pas des rôles de taille, puisqu'y figurent Rabou, Bréziers, Rochebrune et Le Sauze, exempts de taille et qui n'avaient pas de cadastre. On pense qu'il s'agit plutôt des rôles de la capitation qui venait d'être établie en 1695. Lors de la révision des feux de 1699, les commissaires examinent à Montjay un « rôle imposé sur les trois ordres en 169429 ». Les nombres semblent résulter d'un décomptage effectif, car les terminaisons des quotients par 4 correspondent à une distribution au hasard, avec un coefficient de variation de 0,37. Le Queyras est dénombré en bloc pour 4 960 personnes et l'Oisans pour 9 120. 1699 A la même époque, était entreprise une révision générale des feux du Dauphiné. Les commissaires à la révision, dont l'intendant Bouchu lui- même, ont parcouru la généralité, recueillant les réponses des consuls de chaque communauté à un questionnaire très détaillé dont l'une des rubriques portait sur le nombre « d'habitants et chefs de famille ». Ces visites comportaient l'examen des documents fiscaux, cadastres et rôles d'imposition. Leurs travaux sont consignés dans vingt-deux registres conservés aux Archives nationales30 avec un double aux Archives départementales de l'Isère31. La distribution des chiffres des unités des nombres de feux montre une forte concentration sur les 0 ou les impairs sans le 5, avec un coefficient de variation de 1,05.

28. J. DUPÂQUIER, « Problèmes de contrôle des dénombrements », Annales de Démographie Historique, 1972, p. 203-214. 29. A.D. Is., II C 325. 30. A.N., KK 1184-1205. 31. A.D. Is., 2 C 310-331. Superficie (ha) N° de code Saint-Genis 1 832 05 2 22 143

1. Généralité Grenoble 11. District (1790) Serres 2. Election Gap 12. Canton (1790) Serres 3. Subdélégation Gap 13. Arr. (1801) Gap 4. Parlement Grenoble 14. Canton (1801) Serres 5. Vibailliage Gap 15. Arr. (1990) Gap 6. Gouvernement Dauphiné 16. Canton (1990) Serres

7. Diocèse Gap Démographie contemporaine (hab.) 8. Vocable(s) deux paroisses 9. 10. Présentateur Evêque de Gap

Démographie ancienne

8. La communauté de Saint-Genis comprenait deux paroisses, Saint-Genis sous le vocable de Notre- Dame (1708) puis de saint Louis (1785), et Laup Jubéo sous le vocable de Notre-Dame et saint Léger depuis le 28 février 1712 (AD. H.-A, G 787) et dont le service a été confirmé en 1786 (AD. H.-A, G 974). Toponymie - Mont Plâtre (rév.). Territoire et administration - Cadastre : 1836. Démographie -1686 : AD. H.-A, G 786. -1709 : Saint-Genis, 26 fx ; la montagne de Laup Jubéo, 8 fx. -1741 : Saint-Genis le Dégoula, 21 fx ; Laup Jubéo, 9 fx. -1764 : AD. Is., 2 C 40. -1786 : à Laup Jubéo, 80 communiants (AD. H.-A, G 974). Registres paroissiaux et d'état civil - AD. : 1693-1695 ; 1697-1705 ; 1733-1743 ; 1745 ; 1747-1890 (Saint-Genis) ; 1733-1740 ; 1764- 1765 ; 1767-1768 ; 1772-1791 (Laup Jubéo). - AC. : 1677-1731 ; depuis 1733. -tables : depuis 1813. Superficie (ha) N° de code Saint-Jacques-en-Valgodemard 1 565 05 2 20 144

1. Généralité Grenoble il. District (1790) Gap 2. Election Grenoble 12. Canton (1790) Saint-Firmin 3. Subdélégation Grenoble (1757 -*-) La Mure 13. AIT. (1801) Gap 4. Parlement Grenoble 14. Canton (1801) Saint-Firmin 5. Vibailliage Grenoble 15. Arr. (1990) Gap 6. Gouvernement Dauphiné 16. Canton (1990) Saint-Firmin

7. Diocèse Gap Démographie contemporaine (hab.) 8. Vocable(s) S. Jacques et Christophe 9. 10. Présentateur Evêque de Gap

Démographie ancienne

Toponymie - Jacques Républicain (rév.). - Par décret du 25 décembre 1936, la commune de Saint-Jacques prend le nom de Saint-Jacques-en- Valgodemard (J.O., 1937, 1, 563). Territoire et administration -Cadastre : 1811. Registres paroissiaux et d'état civil - A.D. : 1671-1675 ; 1738-1791 ; 1793-1890. - A.C. : (déposées) 1684-1685 ; 1687-1689 ; 1693-1734 ; 1738-1792 ; an III-1842. - A.C. : depuis 1843. - tables : depuis 1802.