Ollon-Villars : Évolution D'une Commune De La Vallée Du Rhône
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Ollon-Villars evolution d'une commune de la vallee du Rhone Etude de geographie humaine Alain Pichard La commune d'Ollon est situee sur le versant oriental les courants ascendants raffraichissent les hauts, de la cluse du Rhone. Du fond de la vallee, situe ä provoquant souvent du brouillard. En hiver, la 390 m, eile s'etend vers le NE jusqu'au Chamos- plaine rassemble l'air froid (mer de brouillard), mais saire, 2112 m, et vers l'E jusqu'au pied de la paroi sur les versants abrites, la saison est assez douce. des Diablerets. Son etendue couvre pres de 60 kmä. Ces vastes dimensions et le relief accidente expli- Vu les roches permeables du sous-sol, les sources quent la grande variete des zones qui la compo- sont rares. Le debit tres variable de la Gryonne, et sent. la nature friable du terrain en fönt un torrent redou- Dans la region d'Ollon, la cluse du Rhone traverse table, qui ete corrige ä maintes reprises. une bände peu resistante de l'are prealpin, qui du La commune d'Ollon est riche en forets 31 % du point de vue geologique correspond ä une fenetre territoire sont boises. En gros, on peut distinguer dans laquelle apparaissent les nappes ultrahelve- quatre zones de Vegetation: aulne et frene pres du tiques. Les roches friables qui les composent Rhone; pin sylvestre, chene pubescent et erable calcaires sur les versants hetre, mele au gypse, corgneule, impurs, schistes, flysch champetre gypseux; expliquent la rarete d'affleurements rocheux et le sapin et au sycomore entre 600 et 900 m; resineux relief arrondi. Dans ces terrains, affouillables, les en predominance des 1000 m, l'epicea surtout. affluents du Rhone Gryonne et Grande-Eau Parmi les essences introduites artificiellement, ci- se sont fortement encaisses: arrives dans la plaine, tons le noyer, qui monte jusque vers 1000 m (au re¬ ils y ont construit de puissants cönes de dejeetion. censement de 1951, Ollon etait la commune de Du milieu de la plaine emergent des collines de cal¬ Suisse la plus riche en noyers) et le chätaignier, qui caire noir, les rochers de Saint-Triphon, dont l'ori¬ ne prospere guere que dans les terrains morainiques gine est encore controversee. d'Antagnes, et que le manque de soins et la maladie Le glacier du Rhone aussi bien que les glaciers du chancre condamment ä disparaitre. affluents locaux ont laisse de fortes traces dans le paysage: blocs erratiques, petits vallum morainiques (pres d'Antagnes surtout) et banquettes glaciaires. Repartition et type de l'habitat Le vaste epaulement Villars-Chesieres, ä 1200 ä 1300 m forme de sables est sans doute aussi d'ori¬ Les versants sont peuples jusque vers l'altitude de gine morainique. Presque toute la region entre 1300 m et des localites s'echelonnent aux divers Ollon et Villars est tapissee de materiaux quaternai- niveaux. La commune se divise en plusieurs etages res. correspondant ä des ensembles economiques et aussi Les sols eultives sont de qualite tres variable, mais ä des genres de vie divers. Autrefois on se conten- ont presque tous en commun une forte proportion tait d'opposer plaine et montagne, aujourd'hui le de calcaire. Pres du Rhone, on trouve des sables, du developpement de la Station touristique de Villars- limon et de la tourbe siliceuse, favorable au tabac. Chesieres oblige ä distinguer trois zones: Plus haut, une bände de terre forte argilocalcaire, La «plaine» comprend le fond alluvial, les cönes verkable terre ä ble. Sur le cone de la Gryonne, des de dejeetion qui concentrent la majorite de l'ha¬ de bancs de Le bitat ainsi les versants terres legeres entrecoupees gravier. que premiers (Antagnes). bas du cone d'Ollon est de sables ou d'ar- Cette zone est avant tout agricole et viticole. compose giles legerement graveleuses, alors que le haut est La «Station» englobe Chesieres, Villars et Ar- Sur les les sols bien ce dernier se soit franchement caillouteux. versants, veyes, que village ne pas au¬ pauvres du gypse alternent avec des bonnes terres tant developpe que les deux autres. Elle vit presque argileuses d'origine glaciaire. exclusivement du tourisme. Les donnees sur le climat fönt defaut. Les vents sont Entre ces deux zones se situe une bände inter- et violents, ä du mediaire (600 ä 1000 m) les indigenes nomment peu frequents, peu l'exception que foehn en automne. Les hauts sont toujours bien ar- les «Mi-Monts». C'est le domaine de l'agriculture roses, mais la plaine est relativement seche (930 mm de montagne. En depit d'un genre de vie identique par an de precipitations au Pont de Collombey). En les Mi-Monts ne forment pas une unite coherente, ete, le climat de la plaine est tres chaud, alors que et la vieille division en «dizains» y a garde son sens. 49 II n'y a guere de rapports entre Huemoz et le dizain Dans les Mi-Monts les villages sont en general de Panex qui comprend tout le versant de la Gran- alignes le long d'une ou de deux rues perpendicu¬ de-eau; economiquement Huemoz regarde vers Vil¬ laires ä la pente. Le cas le plus frappant est celui lars, alors que le dizaine de Forchex, situe en contre- d'Antagnes: forme par une serie de caves vigne- bas, est Oriente vers Ollon. ronnes qui n'etaient ä l'origine qu'un habitat tem- L'habitat est concentre, sans doute ä cause de la ra- poraire, ce hameau s'etire au sommet du vignoble rete des sources. Les fermes isolees en plaine sont sur un kilometre de longueur. A Antagnes le bois se tout au plus une douzaine. Neanmoins on constate mele parfois ä la pierre, plus haut les chalets pre- un foisonnement de petits ecarts de 5 ä 10 maisons. dominent. Autrefois concentree, la maison du mon¬ Ces minuscules ecarts se trouvent surtout dans les tagnard s'est dissociee dans la plupart des cas3. Le Mi-Monts oü ils occupent des replats d'origine gla¬ logement, agrandi par la dissociation ou par des ad- ciaire parfois larges d'une centaine de metres seule¬ jonctions laterales, a pu accueillir des villegiants ment. dans les premieres annees du tourisme. En plaine les inondations du Rhone ont longtemps En depit de leur altitude Villars et Chesieres ont repousse la population contre les versants1. Le vil¬ toujours constitue un habitat permanent, aussi loin lage de Saint-Triphon s'est refugie sur le flanc d'un que remontent les sources historiques. Villars est des rochers dans un site defensif. Ollon, au sommet mentionne des 1400, Arveyes meme en 13044. A du cone beneficie d'une position climatique parti¬ Chesieres le noyeau primitif, situe sur la route a ete culierement abritee. Du centre marque par l'eglise le englobe dans la zone touristique; profondement village s'etale dans quatre directions sur les ancien- modifie il est devenu un village-rue. A Villars en nes routes qui conduisaient ä Aigle, Bex, Panex et revanche les grands hoteis sont disperses parmi des Huemoz-Chesieres. Ces quatre secteurs du village bosquets de sapins ä quelque 60 metres au-dessus formaient autrefois des quartiers politiquement dis- du hameau. La route coupe la pente ä mi-hauteur tincts. Ceux de la moitie N surprennent par leur entre le village et les hötels et c'est lä, sur un tron- aspect urbain: les maisons habitations de vigne¬ con de 100 m que s'est etabli le centre commercial rons en pierre et ä etages se de Villars ä maisons de style varie et plusieurs joutent, contigues fan- alors qu'ecuries et sont rejetees vers l'exte¬ taisiste. Le long de l'artere routiere maisons et granges pen- rieur. Une disposition analogue se retrouve ä Pa¬ sions s'echelonnent jusqu'ä Chesieres et Arveyes; nex2. autour de la gare un centre secondaire s'est forme. Grende £'" *3 r\ t Vr Gryonne 2km \ ./ ouverfes Forets communales Vignes Ve^ers Wß&A Champs de ski loci»« a as&sw. §|| £-- el cantonales Figure 1. Utilisation du sol. M Mi-Monts Ollon 6 Panex T Perimetres touristique Villars 7 Saint-Triphon-Village Villars-Chesieres-Arveyes Chesieres 8 Villy B «Basses montagnes» Arveyes 9 Bretaye H «Hautes montagnes» com¬ Huemoz 10 Antagnes munales 50 Ainsi l'habitat de Villars se caracterise par une dis¬ d'etrangers, seul 108 possedaient une autorisation persion extreme renforcee depuis quelques annees d'etablissement (des Italiens pour la moitie, quel¬ par une multitude de petits chalets locatifs; ils oc- ques Francais et Anglais). cupent toute la conque et tendent ä deborder en L'evolution ä long terme de la Station se manifeste direction de Huemoz et de Bretaye. nettement: Villars-Chesieres-Arveyes 1860: 71 menages Demographie 1900: 522 habitants 1945 ä 1950: entre 1500 et 1800 habitants, II existe deux sources pour les donnees demogra- dont environ 1300 Suisses phiques de la commune d'Ollon: d'une part les re- 1960 ä 1966: entre 1800 et 2500 habitants, censements federaux decennaux qui portent seule¬ dont environ 1250 Suisses ment sur l'ensemble de la commune, et depuis 1942 les recensements communaux annuels qui distin- Si le nombre de Suisses est reste plus ou moins cons- les localites: mais les deux bureaux guent differentes tant et ceci vaut pour toute la commune la de s'en utilisent des criteres police qui occupent population indigene a pourtant diminue. Si nous si bien leurs resultats ne differents, que peuvent supposons que la plupart des autochtones sont nes ni ni et etre etre additionnes compares doivent con¬ dans la commune (la maternite d'Aigle n'existe que sideres tres comme approximatifs. depuis cinq ans), nous voyons que leur nombre s'est La totale de la a assez population commune regu¬ presque reduit de moitie en quarante ans.