Ollon-Villars evolution d'une commune de la vallee du Rhone

de Etude geographie humaine

Alain Pichard

La commune d' est situee sur le versant oriental les courants ascendants raffraichissent les hauts, de la cluse du Rhone. Du fond de la vallee, situe ä provoquant souvent du brouillard. En hiver, la 390 m, eile s'etend vers le NE jusqu'au Chamos- plaine rassemble l'air froid (mer de brouillard), mais saire, 2112 m, et vers l'E jusqu'au pied de la paroi sur les versants abrites, la saison est assez douce. des . Son etendue couvre pres de 60 kmä. Ces vastes dimensions et le relief accidente expli- Vu les roches permeables du sous-sol, les sources quent la grande variete des zones qui la compo- sont rares. Le debit tres variable de la Gryonne, et sent. la nature friable du terrain en fönt un torrent redou- Dans la region d'Ollon, la cluse du Rhone traverse table, qui ete corrige ä maintes reprises. une bände peu resistante de l'are prealpin, qui du La commune d'Ollon est riche en forets 31 % du point de vue geologique correspond ä une fenetre territoire sont boises. En gros, on peut distinguer dans laquelle apparaissent les nappes ultrahelve- quatre zones de Vegetation: aulne et frene pres du tiques. Les roches friables qui les composent Rhone; pin sylvestre, chene pubescent et erable gypse, corgneule, calcaires impurs, schistes, flysch champetre sur les versants gypseux; hetre, mele au expliquent la rarete d'affleurements rocheux et le sapin et au sycomore entre 600 et 900 m; resineux relief arrondi. Dans ces terrains, affouillables, les en predominance des 1000 m, l'epicea surtout. affluents du Rhone Gryonne et Grande-Eau Parmi les essences introduites artificiellement, ci- se sont fortement encaisses: arrives dans la plaine, tons le noyer, qui monte jusque vers 1000 m (au re¬ ils y ont construit de puissants cönes de dejeetion. censement de 1951, Ollon etait la commune de Du milieu de la plaine emergent des collines de cal¬ Suisse la plus riche en noyers) et le chätaignier, qui caire noir, les rochers de Saint-Triphon, dont l'ori¬ ne prospere guere que dans les terrains morainiques gine est encore controversee. d'Antagnes, et que le manque de soins et la maladie Le glacier du Rhone aussi bien que les glaciers du chancre condamment ä disparaitre. affluents locaux ont laisse de fortes traces dans le paysage: blocs erratiques, petits vallum morainiques (pres d'Antagnes surtout) et banquettes glaciaires. Repartition et type de l'habitat Le vaste epaulement Villars-Chesieres, ä 1200 ä 1300 m forme de sables est sans doute aussi d'ori¬ Les versants sont peuples jusque vers l'altitude de gine morainique. Presque toute la region entre 1300 m et des localites s'echelonnent aux divers Ollon et Villars est tapissee de materiaux quaternai- niveaux. La commune se divise en plusieurs etages res. correspondant ä des ensembles economiques et aussi Les sols eultives sont de qualite tres variable, mais ä des genres de vie divers. Autrefois on se conten- ont presque tous en commun une forte proportion tait d'opposer plaine et montagne, aujourd'hui le de calcaire. Pres du Rhone, on trouve des sables, du developpement de la Station touristique de Villars- limon et de la tourbe siliceuse, favorable au tabac. Chesieres oblige ä distinguer trois zones: Plus haut, une bände de terre forte argilocalcaire, La «plaine» comprend le fond alluvial, les cönes verkable terre ä ble. Sur le cone de la Gryonne, des de dejeetion qui concentrent la majorite de l'ha¬ terres legeres entrecoupees de bancs de gravier. Le bitat ainsi que les premiers versants (Antagnes). bas du cone d'Ollon est compose de sables ou d'ar- Cette zone est avant tout agricole et viticole. giles legerement graveleuses, alors que le haut est La «Station» englobe Chesieres, Villars et Ar- franchement caillouteux. Sur les versants, les sols veyes, bien que ce dernier village ne se soit pas au¬ pauvres du gypse alternent avec des bonnes terres tant developpe que les deux autres. Elle vit presque argileuses d'origine glaciaire. exclusivement du tourisme. Les donnees sur le climat fönt defaut. Les vents sont Entre ces deux zones se situe une bände inter- peu frequents, et peu violents, ä l'exception du mediaire (600 ä 1000 m) que les indigenes nomment foehn en automne. Les hauts sont toujours bien ar- les «Mi-Monts». C'est le domaine de l'agriculture roses, mais la plaine est relativement seche (930 mm de montagne. En depit d'un genre de vie identique par an de precipitations au Pont de Collombey). En les Mi-Monts ne forment pas une unite coherente, ete, le climat de la plaine est tres chaud, alors que et la vieille division en «dizains» y a garde son sens.

49 II n'y a guere de rapports entre Huemoz et le dizain Dans les Mi-Monts les villages sont en general de Panex qui comprend tout le versant de la Gran- alignes le long d'une ou de deux rues perpendicu¬ de-eau; economiquement Huemoz regarde vers Vil¬ laires ä la pente. Le cas le plus frappant est celui lars, alors que le dizaine de Forchex, situe en contre- d'Antagnes: forme par une serie de caves vigne- bas, est Oriente vers Ollon. ronnes qui n'etaient ä l'origine qu'un habitat tem- L'habitat est concentre, sans doute ä cause de la ra- poraire, ce hameau s'etire au sommet du vignoble rete des sources. Les fermes isolees en plaine sont sur un kilometre de longueur. A Antagnes le bois se tout au plus une douzaine. Neanmoins on constate mele parfois ä la pierre, plus haut les chalets pre- un foisonnement de petits ecarts de 5 ä 10 maisons. dominent. Autrefois concentree, la maison du mon¬ Ces minuscules ecarts se trouvent surtout dans les tagnard s'est dissociee dans la plupart des cas3. Le Mi-Monts oü ils occupent des replats d'origine gla¬ logement, agrandi par la dissociation ou par des ad- ciaire parfois larges d'une centaine de metres seule¬ jonctions laterales, a pu accueillir des villegiants ment. dans les premieres annees du tourisme. En plaine les inondations du Rhone ont longtemps En depit de leur altitude Villars et Chesieres ont repousse la population contre les versants1. Le vil¬ toujours constitue un habitat permanent, aussi loin lage de Saint-Triphon s'est refugie sur le flanc d'un que remontent les sources historiques. Villars est des rochers dans un site defensif. Ollon, au sommet mentionne des 1400, Arveyes meme en 13044. A du cone beneficie d'une position climatique parti¬ Chesieres le noyeau primitif, situe sur la route a ete culierement abritee. Du centre marque par l'eglise le englobe dans la zone touristique; profondement village s'etale dans quatre directions sur les ancien- modifie il est devenu un village-rue. A Villars en nes routes qui conduisaient ä , , Panex et revanche les grands hoteis sont disperses parmi des Huemoz-Chesieres. Ces quatre secteurs du village bosquets de sapins ä quelque 60 metres au-dessus formaient autrefois des quartiers politiquement dis- du hameau. La route coupe la pente ä mi-hauteur tincts. Ceux de la moitie N surprennent par leur entre le village et les hötels et c'est lä, sur un tron- aspect urbain: les maisons habitations de vigne¬ con de 100 m que s'est etabli le centre commercial rons en pierre et ä plusieurs etages se joutent, de Villars ä maisons contigues de style varie et fan- alors qu'ecuries et granges sont rejetees vers l'exte¬ taisiste. Le long de l'artere routiere maisons et pen- rieur. Une disposition analogue se retrouve ä Pa¬ sions s'echelonnent jusqu'ä Chesieres et Arveyes; nex2. autour de la gare un centre secondaire s'est forme.

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*3 r\ t Vr Gryonne

2km \ ./

ouverfes Forets communales Vignes Ve^ers Wß&A Champs de ski loci»« a as&sw. §|| £-- el cantonales Figure 1. Utilisation du sol. M Mi-Monts Ollon 6 Panex T Perimetres touristique Villars 7 Saint-Triphon-Village Villars-Chesieres-Arveyes Chesieres 8 Villy B «Basses montagnes» Arveyes 9 Bretaye H «Hautes montagnes» com¬ Huemoz 10 Antagnes munales

50 Ainsi l'habitat de Villars se caracterise par une dis¬ d'etrangers, seul 108 possedaient une autorisation persion extreme renforcee depuis quelques annees d'etablissement (des Italiens pour la moitie, quel¬ par une multitude de petits chalets locatifs; ils oc- ques Francais et Anglais). cupent toute la conque et tendent ä deborder en L'evolution ä long terme de la Station se manifeste direction de Huemoz et de Bretaye. nettement:

Villars-Chesieres-Arveyes

1860: 71 menages Demographie 1900: 522 habitants 1945 ä 1950: entre 1500 et 1800 habitants, II existe deux sources pour les donnees demogra- dont environ 1300 Suisses phiques de la commune d'Ollon: d'une part les re- 1960 ä 1966: entre 1800 et 2500 habitants, censements federaux decennaux qui portent seule¬ dont environ 1250 Suisses ment sur l'ensemble de la commune, et depuis 1942 les recensements communaux annuels qui distin- Si le nombre de Suisses est reste plus ou moins cons- les localites: mais les deux bureaux guent differentes tant et ceci vaut pour toute la commune la de s'en utilisent des criteres police qui occupent population indigene a pourtant diminue. Si nous si bien leurs resultats ne differents, que peuvent supposons que la plupart des autochtones sont nes ni ni et etre etre additionnes compares doivent con¬ dans la commune (la maternite d'Aigle n'existe que sideres tres comme approximatifs. depuis cinq ans), nous voyons que leur nombre s'est La totale de la a assez population commune regu¬ presque reduit de moitie en quarante ans. II y a de ä lierement augmente 1900 nos jours, exception donc un exode rural tres net. II affecte non seule¬ faite de quelques periodes de stationnement dus pro¬ ment les bourgeois d'Ollon, dont 2567 etaient etablis ä baisse sensible bablement l'exode rural et d'une hors de la commune en i9605, mais egalement les ä la crise entre 1930 et 1941 qu'il faut imputer eco¬ descendants d'immigres6: en effet le nombre de d'une et de l'autre ä la nomique part guerre qui bourgeois residents n'a pas baisse dans la meme me¬ du moins ä ses une activite touris¬ paralysa, debuts, sure que le nombre d'autochtones, et les naturali- florissante. tique dejä sations ne sont sans doute pas les seules respon- a selon les L'evolution cependant ete variable zones sables de ce phenomene. d'altitude, ainsi que le prouvent les chiffres commu¬ En revanche les Vaudois non-bourgeois et surtout naux: les Confederes ont accru leur effectif jusque vers En la a diminue la plaine population pendant pre¬ 1950, epoque ä laquelle les etrangers prirent la re¬ du la eile miere moitie siecle; depuis guerre reprend leve. Ces allogenes n'ont pas seulement ete attires lentement au chef-lieu: par le tourisme. Si les Confederes representent le 43% de la population suisse de la Station, ils cons¬ 1900 1946 1966 tituent un tiers des habitants de la partie agricole et Ollon 1199 868 1015 Saint-Triphon 525 424 410 2000- Les.Mi-Monts se depeuplent egalement; seul Hue¬ moz, favorise par la proximite de Villars-Chesieres, reussit ä rester stationnaire: 1500- 1900 1946 1966 Huemoz 209 214 209 Dizain de Panex 246 195 145 Dizain de Forchex 217 ±150 107

Pour l'ensemble de Villars-Chesieres-Arveyes les chiffres varient enormement d'une annee ä l'autre. Selon la date du recensement, avant ou apres le de¬ but de la saison touristique, les quelques 300 saison- niers sont compris ou exclus du total. L'ampleur des fluctuations peut depasser de beaucoup le chiffre de 300, ce qui prouve que de nombreux residents Figure 2. Origine de la population. s'installent ä Villars d'une maniere ne que passa- a) Nes dans la commune d) Confederes gere: il s'agit d'etrangers, car la population suisse b) Bourgeois e) Etrangers reste singulierement stable. En 1966, sur un millier c) Autres Vaudois

51 dans certains ecarts des Mi-Monts ils sont meme en coles, car malgre ses 2000 habitants eile ne compte majorite. Les cantons les mieux representes sont qu'une quinzaine d'exploitations paysannes, la plu¬ Berne: 40% en 1950 et le Valais: 25%. Les Bernois, part appartenant d'ailleurs ä des vieux garcons. immigrants de longue date7, sont souvent paysans En dehors de la Station l'agriculture n'est pas aussi et leur nombre tend ä diminuer, alors que 100 nou¬ minoritaire qu'elle ne le parait. Dans ce secteur les veaux Valaisans se sont etablis entre 1941 et 1950: femmes ne sont pas considerees comme personnes quelques vignerons et surtout des employes d'hötel. actives, alors qu'elles le sont dans le secteur tertiaire. En resume, la population autochtone diminue len- D'autre part, 257 personnes quittent quotidienne- tement, remplacee ä mesure par des immigrants ment la commune pour travailler au dehors9: il confederes, alors que la population etrangere evo- s'agit d'ouvriers et d'employes, et on peut supposer lue d'une maniere capricieuse, mais avec une ten¬ qu'ils n'habitent pas Villars-Chesieres, trop eloignes dance generale ä l'augmentation. des centres industriels et commerciaux de la plaine. Dans cette commune presque uniquement agricole Parmi les activites exercees sur place, l'agriculture et viticole ä l'origine, les activites industrielles et et la viticulture gardent une bonne position dans surtout touristique ont pris un essor considerable, toute la partie non-touristique de la commune. tandis que les activites agricoles se concentraient Le fort afflux de personnes etrangeres et les modi¬ dans les mains d'un nombre toujours plus restraint fications intervenues dans la repartition profession- de paysans. nelle prouvent que la commune d'Ollon a subi une evolution interessante qui n'a cependant pas ete identique dans les trois zones; aussi devrons-nous en etudier separement le developpement. Mais aupara- Population active vant il convient d'analyser le point de depart de cette evolution: l'ancienne economie traditionnelle qui Secteurs 1920 1941 1960 explique ce fait curieux que vingt localites aussi dif¬ Agriculture, ferentes ne forment qu'une seule commune. Viticulture 45 % 35% 19,5% Industrie 22 % 25% 28 % Jusque vers 1930 le fond de la plaine etait mareca- Commerce, trans¬ geux, malsain, le cone de la Gryonne frequemment ports, Hotellerie 15,5% 19% 33 % inonde, aussi l'habitat se collait-il au versant et Autres8 17,5% 21% 19,5% seules quelques zones de plaine particulierement favorisees etaient mises en culture. L'economie tra¬ Les activites sont cependant tres inegalement repar- ditionnelle d'Ollon est une economie de versant, ties suivant les zones d'altitude: la Station touris¬ plus orientee vers la montagne que vers le Rhone. de la moitie des tique fournit plus emplois non-agri- Les paysans surent tirer parti des sols varies et des divers etages de Vegetation qui composent le terri¬ toire communal. Beneficiant en outre d'un climat tres doux le figuier, l'amendier et le mürier ont pousse ä Ollon ils pouvaient se livrer ä des cul¬ tures variees et complementaires qui leur assuraient l'autarcie au point de vue alimentairei°.

Le paysage agraire comportait les niveaux suivants:

Les marais du bord du Rhone, en flachere, four- nissaient la litiere. Les zones de plaine moins hu¬ mides consistaient en päturages ou en pres maigres. Dans la partie inferieure du cone d'Ollon et dans le secteur Villy-la Salaz s'etendaient les champs de ble, alors que le haut graveleux du cone d'Ollon, re- couvert d'un verger tres dense, produisait des pom¬ mes sur les marches de Lausanne et de 1920 1930 19M) renommees Geneve. La vigne occupait les premiers versants; au-dessus Figure 3. Activites. s'etendait la foret, defrichee par endroits au profit a) Total des actives personnes du chätaignier et du noyer. Secteurs: Plus haut succedait le domaine des hameaux de b) Agriculture et mais aussi des de c) Industrie montagne: pres forets, champs d) Autres cereales, de pommes de terre et de chanvre.

52 A 100 m environ au-dessus des localites supe¬ 1929 1939 1955 rieures commencait la zone des «basses mon¬ Nombre de parcelles tagnes», päturages de printemps et d'automne, equi- par exploitation16 13 11 78 valents aux «mayens» valaisans et generalement en- Surface moyenne par parcelle17 31a 35a 62a

de 1 trecoupes forets. Les «hautes montagnes», au- (En 1955: ä 3 parcelles par exemple ä Aigle et dessus de 1700 m, servaient de päturage d'ete11. Bex, 4 ä 6 ä .) Seule la plaine a ete profondement transformee; sur les pentes l'etagement subsiste encore aujourd'hui. Ce morcellement est du ä l'ancienne coutume suc- cessorale du les Cependant il n'y a plus de champs en montagne et partage integral, c'est-ä-dire que les arbres fruitiers sont en net recul. heritiers, au lieu de se repartir les parcelles entieres Aussi variees qu'aient ete les cultures et les travaux entre eux, partageaient chaque parcelle en autant de ä qu'elles exigeaient, il n'y avait pas ä l'origine de parts qu'il y avait d'heritiers. Ainsi moins d'ar- specialisation, chaque famille entendant suffire elle- rangements speciaux, le morcellement s'aggravait ä le meme ä ses besoins les plus divers. Le doyen Bridel chaque partage. Cette coutume s'explique par ecrivait: «Les habitants d'Ollon sont tour ä tour dans relief accidente et la diversite des sols. En effet, de l'annee bergers, faneurs, moissonneurs et vigne¬ parcelle ä parcelle l'altitude, l'exposition et le ca¬ rons12.» II faut ajouter l'activite de bücheron exer- ractere pedologique different tellement qu'il etait cee en hiver. Toute famille paysanne possedait deux impossible de comparer la valeur des terrains selon ou trois tetes de betail et remuait entre la plaine et un critere commun. les basses montagnes, parfois avec des etapes inter- Parfois on pratiquait l'indivision qui entravait en- mediaires; le Systeme de la «grande montagne» encore plus l'exploitation rationnelle. Ainsi en 1900 le 130 adopte sur les päturages d'ete n'etait pas generalise village d'Antagnes comptait proprietaires dans les basses montagnes. Aussi le calendrier agri¬ pour 40 maisons18. Le de la a la cole etait-il tres Charge. II semble cependant que des morcellement propriete empeche Cons¬ de les le milieu du XIX" siecle les paysans d'Ollon aient titution grands domaines agricoles rares accorde une importance particuliere ä l'activite viti¬ exceptions telles que l'abbaye de Salaz, ancienne ä cole au point de negliger les cultures de plaine dont possession de Saint-Maurice, appartiennent des les produits souffraient de la concurrence etran¬ allogenes en revanche tous les paysans sont pro¬ gere13. prietaires. Ces activites impliquaient une dispersion de la pro¬ C'est peut-etre pour cette raison que les terrains priete ä tous les niveau de culture, favorisee par les communaux, qui dans bien d'autres communes Communications relativement faciles sur le versant. furent rachetes par de gros proprietaires, garderent leur ä Alors que le type d'exploitation s'est beaucoup mo- importance Ollon. difie au cours du XX" siecle, le cadastre, plus resis- Le domaine communal comprend des päturages et tant ä l'evolution, conserve encore les traces de l'an¬ des forets. Sur les 1900 ha boises seuls 900 ha ap¬ cien etat. Des montagnards ont des possessions en partiennent ä la commune. La grande foret de Sa- plaine et vice versa. lins (385 ha) ainsi que les fonds de la Gryonne sont A l'origine les cas les plus frequents etaient les sui- domaine cantonal: ces zones entourvent d'anciennes vants: Des gens de la plaine possedaient un päturage mines de sei et le gouvernement bernois se les ap- dans les basses montagnes, avec un chalet et un peu propria au XVIF siecle afin de disposer du bois ne- de foret. cessaire ä l'evaporation de l'eau salee. Apres la re- Des montagnards possedaient en basse altitude des volution la propriete passa ä l'Etat de en vergers, quelques chätaigniers, un peu de mais et depit des protestations de la commune19. Les forets surtout un parchet de vigne pour leur usage person- privees se situent essentiellement dans les zones nel, accompagne d'une «cave» oü ils logeaient pen¬ de boisement tres lache et semblent n'avoir jamais dant les travaux et pressaient et encavaient leur servi qu'ä l'usage prive des proprietaires. vin14. Les gens du versant de la Gryonne avaient La commune detient le quasi-monopole de l'esti- leurs vignes ä Antagnes certains ä Bex ou vage: en effet eile possede la totalite des «hautes meme sur le plateau de Chietres ceux du versant montagnes» (ä l'exception du petit päturage de de la Grande-Eau ä Plan-d'Essert, sur Ollon. Au l'Arpille), soit 1091 ha divises en plusieurs alpages cours des siecles de nombreux montagnards se sont distincts. Actuellement deux d'entre eux, Bretaye etablis en plaine, tout en conservant leurs proprietes et Encex, ont garde leur ancien Statut de «com¬ du haut15. mun». Toute personne domiciliee dans la com¬ Corollaire de la dispersion, le morcellement de la mune peut utiliser ces alpages contre une taxe pro- propriete fonciere est encore actuellement la plaie portionnelle aux tetes de betail inalpe. Comme les de l'agriculture sur la commune d'Ollon, bien qu'il alpes sont trop vastes pour la commune, des allo¬ ait ete fortement reduit en plaine par des remanie- genes sont acceptes contre une legere surtaxe20. La ments: commune prend ä sa charge l'enclosure, la fumure

53 et l'entretien des chemins, en echange les usagers Les grandes cultures consacrent un nombre fixe d'heures ä epierrer, de- broussailler et couper les herbes toxiques. Le ble est la culture la plus repandue et chaque ex- Chaque alpage comprend un grand nombre de cha¬ ploitation lui consacre au moins une sole. La sur¬ lets groupes, autrefois jusqu'ä 80. A l'origine un face emblavee a augmente depuis la fin de la guerre, seul appartenait ä la commune, les autres ä des refoulant l'avoine, et ceci malgre les rendements particuliers par droit de superficie. La municipalite relativement bas: 25'/2 qx/ha (periode 1951 ä 1960. devait fournir gratuitement le bois pour la construc¬ District d'Yverdon: 27'/2). Le ble souffre delarouille tion et la reparation des chalets, en revanche eile et du see, en revanche le poids ä l'hectolitre depasse possedait un droit de Preemption dont eile a large¬ la moyenne suisse de 2 kg (80 kg contre 78). Les ment use. L'estivage dure deux mois, juillet et aoüt, terres calcaires d'Ollon ne sont pas de veritables la commune fixant le jour de l'inalpe. Les usagers «terres ä ble» et ne permettent pas de eultiver cette s'unissaient autrefois en consortages nommes «me- cereale deux ans de suite sans risque de pietin. Aussi les» et engageaient un vacheur en commun21. Ac¬ les cultures sarclees et fourrageres ont-elles une large tuellement on ne trouve guere que des amodiateurs place dans les assolements. generalement domicilies en plaine; parmi les pay¬ L'interet pour la pomme de terre a cependant beau¬ sans du bas ils sont les seuls qui aient maintenu coup diminue chez les agriculteurs. Cette culture l'habitude des deplacements saisonniers. representait en effet une etape provisioire de la mise en valeur des terrains nouvellement defriches encore hostiles aux cereales24. Pres des villages les petits L'amenagement de la plaine champs qui ne produisaient que pour l'auto-con- sommation ont ete abandonnes. L'apparition de Deux initiatives ont permis la transformation de nouvelles maladies exigeant de nombreux traite- l'ancienne agriculture en lui mettant ä disposition ments, une mecanisation compliquee et coüteuse et de nouvelles surfaces: l'assainissement de la plaine la difficulte de trouver des debouches fönt que cette et l'extension des cultures imposee par le Plan culture se limitera bientöt ä quelques grandes ex¬ Wahlen. ploitations. Les tentatives de bonifier les terrains marecageux Autre plante sarclee, ä peu pres equivalente dans remontent au XIX" siecle. Mais le Grand Canal les assolements, la betterave sucriere a pris la place construit ä cet effet s'avera incapable d'evacuer de la pomme de terre. Autrefois contingentees, les toutes les eaux souterraines, aussi fut-il approfondi surfaces et la production ont nettement augmente de 1917 ä 192722. En meme temps la plaine du depuis la creation de la sucrerie de Frauenfeld Bruet situee entre les collines de Saint-Triphon et le (1964). Les rendements paraissent donc largement cöne d'Ollon fut assainie par drainage et l'on pro- compenser le coüt eleve des machines25. ceda ä un remaniement parcellaire. Mais sur les Les cultures fourrageres sont variees: ä la tradition- bords du Rhone vernes et flacheres s'adapterent ä nelle prairie artificielle s'ajoutent la betterave four- la baisse de la nappe phreatique et la zone resta ä ragere et de plus en plus le mais subventionne en peu pres improductive. tant que cereale fourragere et destine plus ä l'en- Le Plan Wahlen obligea la commune d'Ollon ä aug¬ menter ses terres ouvertes d'au moins 200 ha. Ce fut alors (1939 ä 1941) qu'on entreprit definitive- ment la mise en valeur de la plaine par une serie de mesures radicales: assainissements, defriche- ments, et remaniement parcellaire portant sur 804 ha et concernant 420 proprietaires, soit pra- tiquement toute la population de la plaine23. La mise en culture des terrains defriches fut con- 3- trölee par des techniciens. Acide et peu fertile ä l'origine, le melange de sable et d'humus forestier est devenu apres vingt-cinq ans d'assolement et de fumure, un sol favorable ä toutes les grandes cultu¬ res. Les bords du Rhone, en tant qu'anciennes forets sont propriete de la commune qui y afferme trois domaines. Les anciennes flacheres appartiennent ä 1950 1955 1960 1965 des paysans d'Ollon, Saint-Triphon et Villy; quel¬ Figure 4. Rendement des cultures. ques rares proprietaires se sont etablis sur leur par¬ a) Cereales panifiables, en t/ha celle. b) Betterave sucriere, en dizaine de t/ha

54 silage qu'au sechage. II n'y a plus guere de pätu¬ Les types d'exploitation rages en plaine et le silo et les concentres prennent du une place preponderante dans l'alimentation Au lendemain de la guerre nous trouvons ä Ollon les ä betail. Pour se procurer concentres meilleur des petits proprietaires-exploitants se livrant chacun compte certains paysans ont repris la culture de intensement ä une grande variete de cultures ä la l'orge. suite des exigences du Plan Wahlen. Cela impliquait un calendrier agricole Charge et beaucoup de main- d'oeuvre. Mais le manque de main-d'oeuvre ä bon marche est Cultures speciales le principal probleme de l'apres-guerre: il entraine la mecanisation qui n'est rentable que sur de gran¬ Autrefois Ollon produisait haricots et petits pois des surfaces. La petite exploitation est mise en ques¬ la fabrique de conserves de Saxon. Faute de pour tion. Certes depuis longtemps les petits proprie¬ main-d'oeuvre cette activite interessante a ete aban- taires ont du louer du terrain agricole, generalement donnee. Actuellement les cultures maratcheres se ä d'anciens paysans devenus ouviers27, mais la de¬ reduisent ä quelques salades et oignons produits en mande de terrains et le prix de location augmentant gros. ils doivent souvent se motoriser sans disposer de Le tabac connait un certain succes depuis la guerre. surface süffisantes. Bref, la mecanisation s'effectue En raison du il de contingentement ne s'agit que plus rapidement que la concentration des exploita¬ surfaces restreintes, mais le tabac est apres la vigne tions: la culture qui procure le maximum de revenu par hectare, meme s'il est, comme dans la plupart des 1939 1955 cas, livre en vert (+ 6000 fr. net). Les terrains hu¬ Exploitations 412 365 mides et sablonneux de la plaine alluviale, riches en de plus de 10 ha 43 10% 65 18% lui fin matiere organique conviennent. Plante mai, ä terrain loue en majorite 97 24% 82 22% il se recolte en aoüt. La societe qui detient le mono- Nombre de tracteurs 8 8328 pole du tabac dans la region se Charge des traite- ments les investissements en ma¬ antiparasitaires; Aussi la petite exploitation, pour ne pas devoir se chines eleves. Le sont peu principal probleme pour procurer trop de machines diverses, tend-elle ä se le de tabac est de la main-d'oeuvre planteur trouver specialiser dans une culture. Mais le sol pas parti¬ les de la occasionnelle pour quelques jours cueillette. culierement riche exige une certaine rotation des ä Mais pour un petit proprietaire famille nombreuse cultures. Entre le besoin de specialisation et l'envie le tabac le permet d'equilibrer budget. de conserver au sol un equilibre biologique eprouve,

Tabac2« 1950 1955 1960

Nombre de planteurs 11 11 15 Surface cultivee 497 a 448 a 711 a Production, poids see 11,6 t 10,4 t 13,1t

Le remaniement parcellaire des vergers d'Ollon a incite de nombreux proprietaires ä abattre leurs arbres fruitiers. Ceux qui subsistent, äges et negli- ges, ne produisent plus guere. En compensation la culture intensive des pommiers ä basse tige a fait son apparition. Elle permet de mettre en valeur les terrains grossiers du cöne ainsi que les bancs de gra¬ vier de la Gryonne. Beneficiant d'un sol chaud sans pour autant souffrir d'une chaleur d'ete excessive, ces pommes se conservent bien et trouvent des de- bouches. Rares sont cependant ceux qui ont adopte cette culture; la majorite craint que les traitements 5. intensifs n'usent un sol dejä bien pauvre. Figure Cheptel. a) Bovins non reprodueteurs Quant ä la vigne eile fera l'objet d'un chapitre parti¬ b) Laitieres culier. Au contraire de la recem¬ plaine, amenagee c) Porcs le a et ment, vignoble son histoire, ses traditions, en centaines les transformations dans l'agriculture n'ont sur lui de tetes qu'une faible influence. m) Nombre de bovins par proprietaire

55 l'agriculture de plaine hesite, tätonne et se livre ä avant tout sur le betail et les fourrages, avec un peu des experiences variees. Mais ce n'est qu'apres des de ble pour la paille. Ces exploitations nourrissent annees qu'on pourra tirer de ces essais, tous indi- facilement une quinzaine de tetes, alors qu'autrefois viduels, des conclusions generales. trois tetes etaient un signe de richesse. En general Les paysans de Villy, Saint-Triphon et des fermes la production de lait predomine; mais si l'embouche isolees sont generalement plus audacieux que ceux exclusive reste une exception, rares sont les paysans d'Ollon oü la culture de la vigne absorbe une grande qui n'engraissent pas quelques veaux de leur etable. part de l'interet. De meme les paysans venus du de¬ Alors que ces dernieres annees le nombre de laitieres hors ou simplement fils d'immigres, ont plus d'initia- diminue, la quantite de bovins destines ä la bouche- tive que les autochtones. Leurs exploitations ter¬ rie s'accroit. res achetees et non heritees sont les mieux re- Le possesseur de betail etabli en plaine prend de plus groupees et se pretent le plus facilement ä la ratio- en plus distance de la montagne: il garde ses meil¬ nalisation. leures laitieres en plaine durant l'ete, allant parfois Quelques agriculteurs ont adopte la formule de la jusqu'ä inalper seulement les genisses qu'il faut for- culture sans betail fortement mecanisee. Ses avan¬ tifier, et il prefere elever ses veaux plutöt que tages sont plus sociaux qu'economiques: eile sup- d'acheter du betail montagnard29. prime la servitude que represente l'entretien journa- Entre la culture sans betail et l'economie laitiere lier du betail, reduit les travaux manuels, permet toutes les transitions existent, et ceux qui adoptent l'exploitation d'un domaine moyen sans main- les Solutions extremes sont une minorite. Le paysan d'oeuvre etrangere. Dans l'assolement les cultures de plaine consacre generalement plus de soins aux fourrageres sont remplacees par la pomme de terre cultures qu'au betail, mais il estime que le terrain (1 ou 2 ans) suivie de betterave sucriere ou de cul¬ calcaire a besoin d'humus et que la fumure et la tures maraicheres. Pour compenser l'absence de prairie artificielle lui sont indispensables. Aussi le furnier les cultures intercalcaires moutarde, colza betail et les grandes cultures continuent-ils ä coexis- ou parfois meme seigle d'automne fournissent un ter dans la plupart des entreprises, utilement com- engrais vert abondant. pletees, selon les cas, par des cultures fruitieres, du A l'oppose nous trouvons des exploitations fondees tabac ou meme de l'ergot de seigle.

La culture de la vigne

Le type d'exploitation est essentiellement familial30. des vents du nord, il est tres printanier, mais craint La propriete des machines est individuelle, sauf les gelees tardives qu'entraine la proximite des mon¬ quelques exceptions. Tout recemment une expe- tagnes. La grele, sans etre rare, ne constitue pas une rience d'integration horizontale a debute. Un asso- verkable menace, aussi n'existe-t-il pas d'organisa- cie s'occupe des cultures, l'autres du betail. II ne tion de lutte contre ce phenomene et les deux tiers s'agit pas de specialisation, car chacun est capable des vignerons ne sont pas assures. En automne le de remplacer l'autre au besoin, mais d'un partage foehn accelere la maturite du raisin et les vendanges des responsabilites. L'avenir dira ce que vaut cette se fönt vers la mi-octobre. Solution elegante. Les cepages sont blancs en majorite (fendant, La culture de la vigne s'est maintenue ä Ollon sans variete Saint-Joseph). Environ un vingtieme du devenir une monoculture comme sur les rives du vignoble est plante en rouge, surtout des gamays. Leman, mais sans perdre de son importance econo¬ Les hybrides-producteurs-directs ont disparu. On mique. Le territoire viticole de la commune en¬ laisse generalement les vignes jusqu'ä un äge avan- viron 80 ha est confine aux pentes et de ce fait ce: 20 ä 22 ans. Ceci nuit au rendement qui est son etendue ne s'est pas modifiee au cours de ce d'environ 4500 1/ha en moyenne. siecle. Les sols sont varies et dans une certaine mesure On compte environ 220 proprietaires-exploitants complementaire (l'association viticole a su exploiter pour une superficie de 79 ha, soit une moyenne de cette variete en melangeant les vins de quatre 35 ares par exploitation, ce qui est tres peu31. II vignobles). Les terrains legers, qui exigent une convient cependant de distinguer differents types fumure intense, ne donnent pas un vin tres puissant, d'exploitation: mais le raisin y mürit bien. Le sous-sol gypseux Les vignerons purs, ä plein temps, sont moins de donne au vin un goüt particulier autrefois meprise, dix. Alors qu'ä Aigle et de nombreux pay- mais il est frais en profondeur, et les vignes suppor- sans-vignerons ont abandonne la campagne, cette tent facilement les periodes de secheresse. specialisation n'a pas eu lieu ä Ollon, la viticulture Le vignoble jouit d'une bonne exposition. Protege y etant moins rentable.

56 Les exploitations mixtes forment la majorite ä en construire sur des parcelles si infimes. Aussi (50 ä 60%). Comme le tabac, la vigne est le sup¬ beaucoup de vignerons devaient-ils vendre leur re- port de la petite entreprise agricole et familiale colte ä peine vendangee aux cafetiers et marchands gräce ä ses rendements complementaires ä ceux de vin qui leur imposaient les prix du moment. de l'agriculture. Les annees seches, alors que les champs produisent peu, le raisin se vend au prix En 1906 les prix furent particulierement bas et quel¬ les des fort32. En revanche fortes fluctuations reve¬ ques vignerons deciderent de louer une cave en com- nus viticoles sont contrebalances par la relative sta- mun. Ainsi naquit l'Association viticole qui de 15 des bilke prix agricoles. membres au debut passa progressivement ä 215 en 1966, englobant desormais presque tous les viticul- Le tiers des vignerons sont des ouvriers de la teurs de la commune. Apres s'etre constitue une plaine qui tout en travaillant ä , Aigle ou clientele dans le rayon local, eile put construire en Bex, s'occupent durant leurs heures libres de quel¬ 1934 ses propres caves, dont la capacite atteint ques perches de vigne, ceci autant pour leur fierte actuellement 750 000 l35. personnelle que pour les gains appreciables qu'ils en retirent. L'introduction dans l'industrie de la se¬ Traitant le vin en grosses quantites, mais avec l'aide maine de a beaucoup favorise cette acti¬ cinq jours d'un caviste specialise, eile reussit ä lui conferer la vite accessoire; certaines Operations, tel le sulfatage, qualite. Autrefois le vin d'Ollon, tres mal paye, peuvent ä la rigueur se faire le soir ou tot le matin etait revendu par les marchands sous l'etiquette Au contraire de la vigne n'exige pas l'agriculture d'Aigle. Le contröle des caves, des 1946, empecha ni de vastes locaux. d'outillage complique cette pratique. Mais la demande d'«Aigle» depas- sant l'offre, Ollon fut englobe dans l'aire d'appella- A ces proprietaires domiciles en plaine il faut tion Aigle-Yvorne ä 49/51° (c. -ä.-d. qu'un melange ajouter environ 35 montagnards qui ont garde leurs de 49% d'Ollon et de 51% d'Aigle peut-etre vendu vignes et leurs caves ä Antagnes et Plan-d'Essert, sous le nom d'Aigle et les prix de l'«011on» furent egalement pour des raisons tant psychologiques revalorises: ils se situent ä environ 20 ct. au-dessous qu'economiques. Parmi ceux de Villars-Chesieres de 1'« Aigle». on trouve egalement des non-paysans: un facteur, du chemin de fer. La un blanchisseur, un employe Chaque annee l'association viticole vend environ est un des liens qui unis- vigne rares economiques 180 0001 (de 40 ä 70% du total) aux detaillants sent la et la «Station», car ces plaine proprietaires sous le nom d'Ollon, le reste est livre aux grossistes. n'encavent mais membres de l'association plus, sont Les clients de l'association sont avant tout les restau- viticole d'Ollon. rateurs de la commune la Station est un bon de- bouche et des Ormonts; eile livre egalement ä la Non seulement les exploitations sont petites, mais region Montreux-Lausanne et dans certaines parties elles sont morcelees. II y a quelques extremement de la Suisse allemande oü l»011on» s'est fait un battait le record cantonal avec des annees Antagnes renom. perchets de 2 ä 5 perches (20 ä 45 m2). Les parcelles de 3 ä 4 ares sont frequentes. Le vignoble n'a jamais L'Association compte creer des installations pour ete remanie, chemins et canalisations fönt defaut. l'encavage du rouge. Jusqu'ä present les rares pro¬ En la valeur des terrains viticoles est consequence prietaires de cepages rouges possedaient leur propre derisoire33. le nombre Toutefois comme d'exploi- pressoir. tants diminue (vieillards decedes, montagnards et ä la vigne de gros paysans renon§ant par manque Par son morcellement et la petitesse des exploita¬ main-d'oeuvre) des parcelles se vendent et une lente tions, le vignoble d'Ollon forme contraste avec les se le au bene- concentration dessine, plus souvent terrains agricoles remanies du fond de la vallee. II fice de du dehors: vignerons valaisans et gens gros represente l'element conservateur dans l'economie proprietaires d'Aigle. de la plaine. L'association viticole cependant, en rationnalisant la vente, a permis de conserver la cul¬ Aux inconvenients de la petite morcelee propriete ture de la vigne dans sa forme ancestrale: comme les vignerons ont pallie par une Organisation com- complement ä une autre activite, qu'elle soit agricole munautaire. ou industrielle.

L'Association viticole d'Ollon est parmi les plus an- moyenne ciennes du canton: eile s'avera tres tot comme neces- Vignes 1951 1956 1961 19511963 saire vu le manque de caves individuelles34. L'usage de partager les parcelles entre heritiers ne pouvait Production hl 4580 1990 5160 3535 s'appliquer aux caves et les proprietaires hesitaient Rendement hl/ha 59 25 65 45

57 Le röle de l'industrie

Ollon n'a jamais connu sur son territoire de grandes C'est relativement peu de chose compare aux quel¬ entreprises industrielles au sens strict, en revanche que 200 wagons d'essence qui en partent chaque les industries extractives y ont toujours eu une jour vers le plateau suisse ou l'Autriche, depuis certaine importance. qu'en 1963 Saint-Triphon est devenu la gare de Les mines de sei qui attirerent dans la region beau¬ triage des raffineries de Collombey. Elle comprend coup d'immigrants bernois au XVII" siecle, ne desormais 6 km de voies et emploie une vingtaine de jouent plus un grand röle economique. L'ancienne personnes pour la plupart loges en dehors de la saline pres de Panex et les mines de Chesieres, Ar¬ commune. veyes et Pallueyres sont desaffectees. Les mines de A part cela l'implantation des raffineries n'a guere Bex elles-memes, qui ont longtemps procure du tra¬ eu de repercussions sur l'economie de la commune vail aux gens d'Antagnes et des environs n'ont d'Ollon, sinon que quelques saisonniers se sont ins- actuellement qu'un seul employe domicilie sur la talles ä Saint-Triphon et quelques cadres ä Ollon. commune d'Ollon. Des carrieres de gypse prosperes existaient ä Villy Le chef-lieu n'a jamais cherche ä s'industrialiser. et ä Ollon jusqu'au debut du siecle, mais la Gypse- Lors de la construction du chemin de fer du Jura Union de Bex les racheta et en suspendit l'exploita¬ Simplon, un projet visant ä faire passer le trace ä tion. Actuellement seules subsistent deux des trois l'E de Saint-Triphon, ä proximite du village d'Ollon, carrieres de marbre de Saint-Triphon, encore que fut abandonne37. Cinquante ans plus tard une ligne leur importance ait beaucoup diminue. II y a soix- ä voie etroite reliant Aigle ä Monthey vint desser- ante ans elles employaient 150 ä 180 ouvriers36, et vir Ollon qui depuis lors est nettement axe sur ces tout habitant de Saint-Triphon se fut senti des- deux villes: Aigle est le centre administratif (bu- honore s'il n'eüt pas possede sa maitrise de tailleur reaux, banques, höpital, ecoles), mais sur le plan de pierres. Aujourd'hui les carrieres emploient 20 commercial il est quelque peu supplante par Mon¬ personnes, saisonniers compris, et faute de main- they qui beneficie de sa foire, de son marche bien d'oeuvre l'exploitation de la pierre de taille a ete achalande et de prix relativement plus bas. abandonnee; le marbre concasse fournit soit du Aussi est-ce dans ces deux centres que travaillent la gravier pour le bailast des chemins de fer, soit des majorite des gens d'Ollon qui ont abandonne la gravillons pour revetements de chaussee, aussi les campagne. On a certes decele un exode rural pen¬ principaux clients sont-ils les CFF et l'Etat de Vaud. dant la premiere moitie du siecle, mais un grand La gare de Saint-Triphon expedie journellement 400 nombre d'anciens paysans ont conserve leur domi¬ ä 500 t de chaille. cile ä Ollon et se deplacent quotidiennement. Mon¬ they et en particulier la succursale de la CIBA ab- sorbent environ 60 ouvriers et employes38. A Aigle, ä l'exception de la fabrique de balanciers qui em¬ ploie un personnel ä peu pres exclusivement feminin vers Vevey-Lausanne BRETAYE et des construotions metalliques implantees recem¬ ment, ce sont de petites firmes locales, industrielles AIGLE ou commerciales, qui emploient une ou deux per¬ PANEX 0 sonnes d'Ollon. Bex bien fournie en industries, en¬ VILLARS- dans sa alors CHESIERES globe Antagnes sphere d'attraction, OLLON qu'ä Ollon meme son influence est faible du fait du de Communications. ST-Nf. O" manque Quelques migrants

A l'exode rural s'est substkue depuis quelques an¬ MONTHEY BEX nees un mouvement inverse: des personnes travail¬ lant dans les centres industriels, attires par la posi¬ Mouvements Limite dela Chemin de fer Chdf tion abritee et ensoleillee d'Ollon, par sa position pendulaires commune du Simplon pnves surelevee par rapport ä la plaine, se fönt construire une villa dans les en contrebas du Figure 6. Mouvements pendulaires des travailleurs. vergers village. ST-V Saint Triphon-Village, ST-G Saint-Triphon- Ce sont le plus souvent des citadins d'Aigle ou des Gare cadres de Monthey: cette ville a relativement peu

58 de soleil et, consequence de l'industrialisation ra¬ Facteurs geographiques: Situation, site et climat pide, le terrain y est tres eher. Quelques-uns de ces cadres, Suisses-allemands et protestants, ont choisi Villars a profite de la proximite de la route du Sim¬ de s'etablir ä Ollon pour des raisons confessionnel- plon, grande voie internationale. Des 1857 le che¬ les. Les nouvelles maisons ont dejä atteint le chiffre min de fer reliait Villeneuve ä Bex. Quatre ans plus de 30 et tout laisse supposer qu'il s'aecroitra en¬ tard ce troncon etait raecorde ä Lausanne et au re¬ core. seau europeen. Lorsque le tunnel du Simplon fut Les gens d'Ollon sont bien conscients des atouts perce, la Station s'etait dejä solidement etablie. Dans naturels de leur village et sa «vocation» de zone re- cette axe NO-SE, ouvert sur la France et l'Angle- sidentielle n'est guere mise en question. En effet les terre, Villars se vante d'etre la Station d'hiver la nouvelles villas oecupent les sols les plus grossiers et plus proche de Paris par la rapidite des Communi¬ les moins fertiles du cone oü meme les arbres frui- cations: actuellement en chemin de fer neuf heures tiers ne rendent actuellement plus grand-chose. de nuit, huit de jour, sept en TEE. Aussi le remaniement parcellaire des vergers entre¬ Mais avant d'acquerir une renommee internatio¬ pris en 1960 a-t-il ete combine avec l'etablissement nale Villars a certainement beneficie du voisinage d'un plan d'extension et la creation l'infrastruc- de la celebre Station höteliere de Montreux. Peut- tures. La partie superieure du cone constitue la etre etait-il ä l'origine une sorte de residence d'ete zone ä bätir, la partie inferieure la zone de protec¬ pour les hötes du bord du lac. tion agricole, la zone agricole proprement dite se Villars doit une partie de sa reputation ä son site. situant en dehors du cone. Ainsi, si les constructions Terrain assez plat, propice aux promenades et aux continuent ä foisonner, les cultures seront-elles sports, il surplombe neanmoins la plaine de 800 m. finalement limitees aux terrains strictement plats. Avant la vogue du ski de printemps on considerait Dans ce cas Villy et Saint-Triphon pourraient fort son altitude 1300 m comme ideale pour un bien supplanter le chef-lieu en tant que centre agri¬ sejour en montagne. Enfin il profite d'un panorama cole, Ollon devenant les «beaux quartiers» de la exceptionnel qui englobe, outre les fameuses Dents- region industrielle de la cluse, auxquels seule l'acti¬ du-Midi, le massif du Mont-Blanc et la barriere im¬ vite vigneronne qui ne risque pas de disparaitre posante des Hautes-Alpes calcaires. A Villars les de sitöt conserverait un aspect paysan. montagnes sont assez proches pour impressionner, pas assez pour donner un sentiment d'oppression.

Les desavantages climatiques (brouillard en ete) Les debuts du tourisme sont compenses par l'absence de vent, la douceur de l'hiver et la fraicheur de l'ete, mais surtout par sa Villars etait le plus petit des dizaines et ne possedait forte insolation. La duree moyenne de l'insolation meme pas de pinte, lorsque vers 1830 un colonel en possible ä Villars est de douze heures et demie pour retraite acheta un chalet au-dessus du village et y les trois mois d'ete et de huit heures et demie pour amenagea quelques chambres qu'il eut l'idee de louer les trois mois l'hiver (ä Aigle les chiffres correspon- ä des estivants. Plus tard une famille de Chesieres dants sont onze heures trois quarts en ete, sept logea une dizaine de personnes dans sa maison, heures et demie en hiver). Au coeur de l'hiver le puis en Iouant des chambres aux voisins eile put touriste peut encore compter sur un minimum de augmenter sa clientele. En 1856 le colonel cons- sept heures de soleil. truisait un petit hötel dit «Chalet de Villars», ouvert l'ete seulement; sa clientele, d'abord suisse, se re- cruta ensuite parmi les Francais et Anglais amateurs de calme alpestre. Apres l'ouverture de la route en Les infrastruetures 1867 les etablissements höteliers se multiplierent. Leurs fondateurs ä l'exception d'un notaire de Depuis longtemps une route pavee mais excessive- Chesieres qui ouvrit le premier hötel de son village ment raide reliait les montagnes d'Ollon au chef- furent des personnes etrangeres ä la commune: lieu. La route actuelle fut achevee en 1867. Les pro- un boulanger d'Aigle, un Ormonan, un industriel moteurs du tourisme sont tres vite intervenus pour Alsacien. La Station prit un essor rapide. Vers 1900 rendre commode l'acces ä Villars. L'ouverture de la on denombre 1100 lits 790 ä Villars, 390 ä route amena l'installation d'un bureau de poste, puis Chesieres42. En 1913 la construction du Villars- d'un service de diligences remplacees l'hiver par un Palace, grand-hötel de luxe, vint confirmer le suc- traineau. Actuellement une voiture postale relie ces de la Station. Ollon ä Chesieres, mais ne sert guere qu'au trafic Si beaucoup de causes de ce succes nous echap- indigene, car le chemin de fer draine tout le trafic pent, on peut pourtant affirmer que les facteurs touristique. purement geographiques ont joue un röle important. En 1901 dejä le chemin de fer avait atteint Villars,

59 en 1906 Chesieres que relie ä Villars un nouveau comme du paradis des skieurs. Les champs de neige pont sur la Gryonne: desormais ces deux localites, de Villars servirent desormais aux eleves de l'ecole autrefois separees par un profond ravin, tendront de ski. Avec ses 40 moniteurs celle-ci represente ä former un seul ensemble. aujourd'hui un facteur important dans l'economie En matiere d'approvisionnement en eau Villars est de la Station43. favorise. La conque est assez riche en eau et ä l'ori¬ Villars a toujours su se mettre au goüt du jour et gine chaque hötel possedak sa propre source. De¬ adopter tres vite les innovations sportives (p. ex. le puis 1913 la source communale du Poutet avec son golf et la piscine et plus recemment la patinoire fort debit et son altitude elevee a permis le deve¬ artificielle), d'oü son succes. Aussi s'interessa-t-il de loppement de la Station et en particulier la construc¬ bonne heure aux monte-pentes. Le fait que les mon¬ tion de nombreux chalets jusqu'au-dessus de tagnes de Bretaye sont propriete communale a sans 1400 m. Ce n'est que depuis quelques annees que les doute facilite leur implantation, la municipalite se ressources du Poutet commencent ä s'averer insuf- bornant ä exiger que le personnel des teleskis füt fisantes au gros de la saison d'ete. pris dans la commune. La societe des teleskis obtint au cours des annees diverses concessions. En 1942, on comptak dejä environ 20 km de pistes Le tourisme d'hiver de degres de difficulte varies (pente moyenne allant de 9% ä 24%). Apres la creation d'une telecabine La construction du chemin de fer permit ä la Station aboutissant au Roc-d'Orsay, contrefort du Cha¬ d'envisager une activite touristique egalement pen¬ mossaire (1959 m) et un raccordement par un Sys¬ dant la saison froide. Une societe de developpe¬ teme de pistes et de monte-pentes avec la Station de ment se constitua et lanca en 1905 ä 1906 la pre¬ la Barboleusaz, les champs de ski de Bretaye se sont miere saison d'hiver. A l'origine les plaisirs de la elargi vers le NO et le SE. Actuellement ils comp- neige consistaient en de longues promenades en tent 12 teleskis et une quarantaine de kilometres de traineaux, guides par des paysans de l'endroit, et en pistes. parties de luge. Les bobsleighs descendaient sur la Bretaye n'a pas que des avantages. La denivellation route jusqu'ä Ollon et leur remorquage au retour des pistes est faible comparee ä celles du Valais par procurait quelques benefices aux indigenes. Le ski exemple: au maximum 800 m du Chamossaire ä ne s'imposa que peu ä peu, d'abord sur le plateau Villars. De nos jours le ski de printemps est ä la de Villars, puis en altitude. Le chemin de fer sur le mode mais en mars dejä la neige tassee disparait Chamossaire, projete vers 1911 par la societe du par endroits sur les pentes ensoleillees de Bretaye et BexGryonVillars devait avant tout attirer les surtout sur les pistes qui descendent ä Villars. Par¬ amateurs de precipices et de vues grandioses: mais fois meme ä Noel la neige fait defaut. Les pistes la guerre interrompit la construction ä la hauteur de amenagees sur les revers sont peu frequentees: les Bretaye. A defaut de panorama les promoteurs skieurs exigent ä la fois le soleil et la neige et sous miserent sur les champs de neige. Bretaye (1800 m) cet aspect Bretaye est nettement trop bas. Aussi a l'avantage d'un bon ensoleillement meme lorsque Villars compte-t-il sur la route du col de la Croix Villars se trouve dans la mer de brouillard. Les un projet vieux de cent ans actuellement en cours de prospectus des annees 30 parlent dejä de Bretaye realisation. Elle le reliera ä la Station des Diablerets

10 \j> c

19W 19i»5 1950 1955 1960 1965

Figure 7. Tourisme hötelier ä Villars-Chesieres-Arveyes. a) Nukees totales 1 en dizaine de milliers b) Nukees des etrangers / c) Duree moyenne de sejour, en jours

60 qui possede ses champs de ski ä 3000 m sur le gla¬ naient, en fonction d'un sejour prolonge le long cier du meme nom. Les promoteurs de Villars et de voyage leur importait peu. Or les fortunes anglaises Gryon reunis envisagent une telecabine menant au ont beaucoup souffert de la guerre. Ce sont les Pas-de-Cheville, col ouvert sur le Valais central. Francais, moins eloignes, qui ont pris la releve. Les Ainsi peut-etre Villars deviendra-t-il le centre resi- Beiges viennent volontiers ä Villars pour raison de dentiel d'une vaste region amenagee pour les sports sante. Les Italiens commencent ä affluer en ete et d'hiver et d'ete. les höteliers comptent se creer une nouvelle clien¬ tele en Espagne; en outre ils esperent que la route du col de la Croix, prolongement du Pillon leur Les diverses formes de tourisme et leur evolution amenera un nombre aceru de Confederes et d'Alle- mands. Le sejour en hötels ou pensions a ete ä l'origine Bon nombre de touristes cependant mettent en ques¬ l'unique forme de tourisme et l'ouverture de nou¬ tion l'institution meme de l'hötel. L'etiquette n'est veaux etablissements höteliers s'est poursuivie plus de mise. A mesure que la duree de sejour jusque vers 1930. Le nombre de lits a atteint le s'ecourte, les villegiants ont besoin de plus de liberte chiffre exclusif de 1750 en 1932, depuis il s'est et de non-conformisme: d'oü la vogue des chalets de constamment reduit sauf quelques legeres augmen- vacances. tations provisoires ä la suite des bonnes saisons L'usage de louer des chalets remonte jusqu'au siecle (voir graphiques). La majorite de la clientele a tou¬ passe, mais les locataires formaient une clientele jours consiste en etrangers, sauf pendant la guerre particuliere, peu exigeante et aimant la rusticite. oü les Suisses bloques dans leur propre pays les ont Dejä avant la deuxieme guerre certains particuliers partiellement remplaces. La courbe des nukees re- se firent construire des logements de vacances, et flete la crise de 1929, la guerre de 1939 ä 1945 et depuis une dizaine d'annees de nombreuses societes egalement une periode critique en 1948 ä 1950, due immobilieres se sont specialisees dans la construc¬ peut-etre ä l'insecurite generale (Berlin, Coree), tion de chalets standardises «tout confort». Depuis vite compensee par un afflux massif d'etrangers lors le prix du terrain atteint des sommes elevees et dans les annees suivantes. Depuis 1962 cependant les speculations se multiplient. Certaines societes les nukees diminuent en fleche. Cette crise peut se bornent ä acheter le terrain, ä y installer les infra- s'expliquer par les conditions economiques du mo¬ struetures (eau, gaz, telephone, etc.) et ä le vendre ment, mais peut-etre est-elle la consequence de pro- en parcelles isolees. Un tel Iotissement peut compor- fonds changements dans la maniere de villegier. ter plus de cent parcelles. En effet la Station de Villars s'est developpee ä une Les chalets ne restent que rarement propriete de la epoque oü la villegiature etait reservee ä un nombre societe immobiliere: celle-ci les vend aux detenteurs limite de privilegies. Une clientele aussi riche en de capitaux en quete de placement, depuis 1964 sur¬ temps qu'en argent faisait ä la montagne des eures tout ä des etrangers47. Ces nouveaux proprietaires de plusieurs mois. viennent en sejour durant les vacances; pendant le Villars est encore maintenant une Station relative¬ reste de l'annee ils louent le chalet par l'inter- ment luxueuse. Voici pour 1958 la repartition des mediaire d'une gerance: seuls les mois d'oetobre et nukees selon les trois categories d'hötels que dis- novembre sont veritablement une saison morte poui tingue P. Defert45: les chalets. Proprietaires et locataires ne sont gene¬ ralement pas des nouveaux venus ä Villars: pour la Hebergement de plus de fr. 18.50: 35,9% plupart ils ont pris goüt ä la Station lors d'un sejour Hebergement de fr. 12.50 ä fr. 18.50: 61,6% en hötel. Ainsi la clientele deserte peu ä peu ces Hebergement de moins de fr. 12.50: 2,5% etablissements au profit des chalets. Mais entre les deux guerres le tourisme s'est vul- C'est lors de l'apogee du tourisme hötelier, de 1958 garise et »la notion de voyage a supplante celle de ä 1962, que la construction de chalets a ete la plus sejour»4«. Le temps disponible pour la villegiature intense: 40 immeubles mis ä l'enquete en 1961. se reduit, aussi la duree moyenne de sejour diminue- Actuellement on compte entre 300 et 400 chalets t-elle constamment (voir graphique). En hiver les ä louer, mais sur le nombre de locataires les chiffres hötels ne sont pleins qu'entre Noel et Nouvel-An. manquent. Une estimation faite d'apres les taxes de Neanmoins le total des nukees est plus eleve en sejour percues par l'Office du tourisme donne pour hiver (1965 ä 1966: 81000) qu'en ete (1966: le mois de decembre 1966 enivron 12 400 nukees et 75 000), lorsque la coneurrence des stations balne- la duree moyenne de sejour serait de trois semaines, aires se fait sentir. Meme la duree de sejour est plus soit trois fois plus que dans les hötels. courte en ete: 5,7 jours en 1964 sur une moyenne Depuis quelques annees une formule a fait son annuelle de 6,5. apparition: l'immeuble ä appartements en copro- La composition nationale de la clientele s'est egale¬ priete. Cette Institution ne possede ni les avantages ment modifiee: ä l'origine les Anglais predomi- du chalet etre chez soi ni ceux de l'hötel 61 le service et son succes semble provenir d'un Les petits homes subissent les repercussions de la interet financier plutöt que touristique. crise höteliere bien qu'ils aient un avantage: leur Le developpement des chalets a profite aux paysans taux d'occupation ne depend pas du temps et ils sont qui ont pu vendre du terrain et aux commercants surs d'etre pleins au moins durant les vacances en produits alimentaires qui peuvent livrer au detail. d'ete. Les grands instituts en revanche maintien- D'une maniere generale le commerce est florissant nent leurs positions car ils fonctionnent l'annee en- et deux banques ont ouvert une succursale ä Villars. tiere. Quant aux höteliers, ils ne desesperent pas. Ils comptent que la propagande faite par les locataires de chalet attirera egalement les habitues du sejour Tourisme et population en hötel. Ils cherchent avant tout ä elargir la renommee de Villars et ä multiplier les innovations Le tourisme a cree ä Villars de nombreux emplois en matiere de sport et de divertissements. et cause un afflux de population etrangere avant tout. II est bien le tourisme l'indus¬ Villars, et plus specialement ses «faubourgs» Che¬ connu que compense trie lä oü eile fait defaut et «draine le sieres et Arveyes, se sont specialises dans une pouvoir d'achat des villes les branche annexe du tourisme: les maisons d'enfants. vers zones economiquement Ce terme englobe des institutions variees: sous-developpees»50. Mais on considere egalement que «par sa capacite Les homes pour enfants d'un mois ä 6 ans, tenus d'emploi il empeche l'exode rural»51. Or tel n'a pas par des infirmieres. ete le cas de Villars. Les maisons qui prennent en Charge pendant les II est evident que le terme «exode rural» ne signifie vacances un nombre restreint d'enfants de 3 ä 16 seulement ä l'activite pas renoncement paysanne, ans et organisent leurs loisirs. car la diminution des entreprises agricoles en mon¬ Les instituts, veritables ecoles ou lycees prives, tagne est inevitable, d'autant plus dans une Station qui selon le slogan «etude, sante, sport» reservent touristique oü les modes de vie traditionnels se per- la moitie de la journee aux exercices physiques. Les dent vite au contact des villegiants. Une etude faite eleves peuvent y atteindre le nombre de 200. ä Chesieres pendant la guerre montre comment La clientele des maisons d'enfants est etrangere en dans une petite exploitation les frais d'entreprise grande majorite, surtout francais et beige pour les et les interets des dettes ne laissent qu'une marge de raisons linguistiques evidentes. benefice insignifiante, ceci en depit du debauche le lait la Station52. Pourquoi ces maisons d'enfants pullulent-elles ä avantageux pour que represente D'autre part un ne se resoudra ä vendre du Villars-Chesieres alors que d'autres stations de paysan terrain s'il envisage d'abandonner la montagne n'en comptent que peu? Le climat excel- que campagne. Aussi d'ici dix il subsistera lent et les nombreuses forets propices aux jeux d'en¬ prevoit-on que ans, ne dans tout Villars-Chesieres-Arveyes qu'une ou deux fants ne suffisent pas ä expliquer cette dispropor- tion. Malheureusement nous ignorons tout des pre- exploitations agricoles. II semblerait les ä mieres maisons d'enfants construites au debut du logique que jeunes qui renoncent la dans le siecle. Mais comme Villars comptait dejä ä cette campagne trouvent un emploi sur place secteur secondaire ou tertiaire. Ainsi le fönt les fils epoque plus d'etablissements de luxe que de pen- d'artisans, en particulier les macons et charpentiers sions de famille, on peut supposer que les clients la construction de chalets tout l'ete, de ces hötels confiaient leurs enfants pendant leur que occupe alors qu'en hiver ils sont generalement professeurs sejour ä des personnes patentees: nurses, infir¬ de ski ils mieres, etc. Plus tard, lorsque les homes de Villars (parfois meme ont pu ouvrir une pension ou un home d'enfants). Les fils de eurent atteint un certain renom, les enfants y furent paysans cepen¬ dant vont s'etablir en ville: il a reellement exode envoyes seuls ou en colonie de vacances, mais les y rural, camoufle massive de parents venant les visiter logeaient ä l'hötel. Ainsi par l'augmentation gens venus du dehors. maisons d'enfants et hötels ont toujours eu des in- Chiffrer de est terets communs. Beaucoup de pensions ont ete trans- l'empleur l'emigration impossible53. Mais dans le secteur formees en homes et vice versa. Vers 1929 une loi Villars-Chesieres-Arveyes- Huemoz, le total de la vaudoise a lui- interdisant la construction de nouveaux hötels pro- population meme diminue, de 883 en 1954 ä 825 en voqua l'ouverture d'une trentaine de homes en sept passant 1966. ans49. Depuis quelques annees une tendance ä la concentration se manifeste: Les causes de l'emigration sont les suivantes: 1942 1961 1966 Les emplois ä Villars, ceux de 1'hötellerie surtout, 1943 1962 1967 sont saisonniers; la morte-saison entraine un veri- Etablissements 24 32 26 table chömage. Aussi le personnel des hötels est-il Lits disponibles 429 750 805 tres mobile. Si les emplois subalternes sont occupes

62 par les saisonniers etrangers, meme les portiers et la culture de leurs vignes et parfois meme remuent cuisiniers en general Valaisans ou Suisses alle- entre des etables situees au meme niveau. mands se deplacent au cours de l'annee entre La production laitiere procure un revenu regulier Villars et des stations de plaine telles que Montreux, mais insuffisant. Huemoz reussit depuis peu ä livrer Locarno ou Geneve. le lait ä Villars pendant la saison touristique d'hiver Les activites independantes dans le commerce exclusivement. Pour le reste, les habitants des Mi- situes dehors des circuits de ou dans l'hötellerie, dont les revenus pendant la Monts, en ramassage doivent se de vendre la et se saison suffisent ä compenser les pertes de l'entre- laitier, contenter creme des saison, exigent au depart un capital liquide qu'un ratrappent en engraissant porcs. Quelques-uns, de la forte demande, engraissent egalement fils de paysan endette ne peut guere se procurer. profitant des de leur mais l'activite excel- Comme en plaine, ce sont pour la plupart des Con¬ veaux etable, par du federes ou des Italiens qui ont pris des initiatives et lence montagnard reste l'elevage. Elle se heurte ä de qui se trouvent maintenant ä la tete de pensions ou cependant nombreuses difficultes depuis qu'elle de commerces florissants. a cesse d'etre un monopole56. En effet l'extension des cultures pendant la guerre Enfin il ne faut pas negliger les causes psycho- et l'introduction des silos a prouve au paysan de logiques. Le paysan n'a pas su s'adapter au tou¬ plaine son cheptel ne devait necessairement risme54. Patron de son exploitation, l'idee de servir que pas etre proportionnel ä ses surfaces herbageres et l'a la clientele lui repugne. II se sent depayse ä la Sta¬ incite ä pratiquer l'elevage Iui-meme. En plus la tion, et s'il abandonne la campagne, rien ne l'y qualite du betail de parait baisser retient. Meme les jeunes qui vont en apprentissage montagne pour deux raisons: ä l'exterieur preferent s'etablir lä oü ils se trouvent. L'existence en montagne de subsides ä l'elimina- Ainsi le tourisme n'a favorise le ä pas developpement tion de betail inapte pousse le montagnard elever il de la demographique naturel: a accelere l'exode tous ses voeux sans discernement: s'il ne peut les population autochtone et l'a remplacee par une vendre, il est certain d'en tirer un benefice ä la societe nouvelle et multinationale. Cela a valu ä boucherie. Villars-Chesieres son essor economique extraordi- Depuis que les marchands de betail achetent sur naire, mais egalement un isolement radical par rap¬ place, les meilleures productrices tendent ä dis¬ au reste de la commune demecre agricole et in- port paraitre des etables, achetees au prix fort. (Autre¬ digene. fois le paysan n'emmenait ä la foire que les betes destinait ä la La zone des Mi-Monts a conserve une vie ancestrale, qu'il vente.) n'ayant pu profiter ni des atouts de la plaine ni de D'ailleurs les montagnes d'Ollon n'ont pas une tra- ceux de la montagne. dition d'elevage solidement etablie et ne se livrent ä des de Si le climat y est encore moins rüde qu'ä Villars- que peu l'elevage taureaux. L'introduction Chesieres, la chaleur de l'ete et la rarete de la neige l'insemination artificielle ne les desavantagerak pas. en hiver ont empeche l'implantation du tourisme Au contraire, si cette innovation pouvait etre reser- de montagne. De point de vue agricole, si les cultu¬ vee aux montagnards, ils pourraient peut-etre, au dans le cadre des res sont possibles ä cette altitude, les Mi-Monts sont prix d'une certaine discipline le de l'ele¬ defavorises meme par rapport ä Villars sous syndicats existants, retrouver monopole la trois aspects: - vage par qualite. Les sols sont en general pauvres et secs, le gypse Depuis quelques annees la culture de la framboise et affleure meme par endroits. du cassis se repand, de meme que celle des plantons de les de La raideur de la pente rend le travail tres penible, fraises sans virus: plantons montagne sont limite le nombre de devestitures et le degre de en effet insensibles au virus qui infeste les cultures motorisation. Un dicton affirme: Mieux vaut etre de plaine. Toutes ces plantes exigent un travail et de main-d'oeuvre lors de la boeuf ä Chesieres que femme ä Huemoz55. soigne beaucoup cueil- lette, mais leur rentabilite ne fait pas de doute. Le morcellement est intense et tous les essais de Les tentatives de developper l'industrie ä domicile remaniements ont echoue. la le de entreprises apres guerre dans cadre l'aide En depit des primes accordees par la Confederation, aux montagnards, n'ont pas abouti, mais pendant la les cultures se sont reduites ä quelques champs de saison d'hiver quelques habitants des Mi-Monts pomme de terre pour I'usage personnel. Les Mi- trouvent un emploi sur les teleskis de Bretaye (11 Monts vivent surtout du betail. La majorite des pro¬ personnes, dont 8 paysans) ou comme bücherons prietaires possedent des «basses montagnes» et fönt saisonniers. Une demi-douzaine de bücherons de estiver leur betail ä l'exception de quelques Panex travaillent ä plein temps. laitieres sur les communaux. Ils ont garde l'habi- Actuellement l'agriculture ne se maintient que gräce tude des deplacements, descendent en plaine pour aux nombreuses subventions (subsides pour achat

63 de machines, pour garde ou elimination de betail, Historique pour achat de taureaux, pour vente de veaux ä des engraisseurs de plaine, etc.57. Mais le principe meme La comumne d'Ollon, constituee dejä au XIV0 du subventionnement ne satisfait pas tous les pay¬ siecle58, devint sous le regime bernois une verkable sans. Certains ont atteint une certaine aisance en unke politique nommee «mandement». vendant des parcelles qu'ils possedaient ä Villars. Le mandement, parfois pompeusement appele «re¬ Mais d'une maniere generale l'economie agricole publique d'Ollon», etait une veritable confederation. des Mi-Monts est plus viable que rentable. II y avait 6 dizains en plaine (les 4 quartiers d'Ollon, Vu les conditions economiques il n'est pas etonnant Saint-Triphon et Antagnes) et 6 en montagne. que les Mi-Monts se depeuplent: les jeunes appren- Chacun avait son conseil des chefs de famille, sa nent un metier et emigrent. Nous avons vu que bourse, sa fontaine, sa pinte et quelques bien-fonds. Huemoz fait exception en devenant en quelque Ils etaient responsables de la police rurale, de l'en- sorte la banlieue de Villars-Chesieres. Le nombre tretien des eaux et de l'enseignement. Seuls les d'indigenes qui ont trouve un emploi fixe ä la Sta¬ dizains etaient competents pour l'admission de nou¬ tion est certes faible (6 personnes), mais quelques veaux bourgeois59. femmes ou filles de paysans y travaillent ä l'occa¬ En 1803 la commune se substitua au mandement. sion comme femme de menage ou ä Bretaye comme Alors que tant de petites localites du canton s'eri- sommeliere en hiver. On trouve ä Huemoz egale¬ gerent en communes autonomes, les dizains d'Ol¬ ment une pension ä clientele suisse romande. lon ne tenterent pas de se rendre independants. Trop de liens economiques les unissaient. En re¬ Dans l'ensemble des Mi-Monts, cette nouvelle forme vanche leur autonomie fut progressivemnt reduite de tourisme qu'est la villegiature en chalet, sans et disparut definkivement en 1874. Mais encore arreter le depeuplement, procure un certain bien- actuellement on cherche ä representer equitable- ä etre ceux qui restent. Elle peut adopter trois ment les differents dizains au conseil communal et formes: souvent les municipaux qui ne sont pas du chef- Location de maisons habitees, ceci en ete pen¬ üeu jouent un peu le röle de syndic dans leur dant que les propritetaires remuent. On connait dizain60. quelques cas ä Panex-Plambuit. Plus que la division juridique en dizains, l'oppo- sition entre la et la s'est manifestee Achat de maisons anciennes que le nouveau pro¬ plaine montagne prietaire, amateur de calme et de rusticite, renove par une forte rivalite et ceci des le XVIIP siecle, plus ou moins. Ce type est repandu ä Pallueyres et ainsi que l'attestent des proces entre les deux par¬ dans le dizain de Panex, c'est-ä-dire ä l'ecart des ties. Longtemps la commune compta deux syndics grandes routes. et deux boursiers, puis on attribua alternativement ces deux fonctions ä des gens de la plaine et de la Construction de nouveaux chalets pour le Week¬ montagne61. Au debut du XIX0 siecle la montagne end et les vacances qui foisonnent un peu partout, ä pensa serieusement se rendre autonome, mais les en particulier dans les zones basses (Antagnes, parties ne purent s'entendre sur le partage des plateau de Glutieres): lä ils se melent aux villas habi¬ alpages communaux62. D'ailleurs les de la tees toute l'annee. gens plaine, majoritaires, avaient plus de proprietes en Les Mi-Monts tendent ä imiter ä la fois la Station montagne que les montagnards en plaine: ils refu- touristique et la zone residentielle de la plaine. serent toute secession lors d'un vote en 1823. La Mais cette synthese ne parait guere apte ä resoudre creation d'une paroisse ä Huemoz, chef-lieu de la leurs problemes. Elle n'a d'autre avantage que de montagne, vint appaiser le conflit63. Des lors il ne permettre aux paysans de realiser une partie de leur fut plus officiellement question de partage. capital foncier, encore que la loi Vouga, qui en Quelle est actuellement la Situation des domaines zone agricole n'autorise ä construire que sur une communaux qui ont assure la cohesion de la com¬ parcelle d'au minimum 45 ares, les defavorise. mune? Comme le prix du terrain en pente reste relative¬ ment bas, les acheteurs ne se laissent pas decou- rager par les exigences de la loi, mais le paysan se Päturages et forets voit contraint ä vendre plus qu'il ne desire. Aussi des plans d'extension sont-ils prevus pour Antagnes, La plupart des alpages ne sont plus des «communs», Glutieres et Panex. Mais la construction ne cree car la municipalite ayant rachete les chalets prefere pas de nouvelles activites. II n'y a pas d'entreprises les louer ä des amodiateurs pour un loyer fixe in- de construction sur place et les villegiants fönt leurs dependant du nombre de betail. Dans ces condi¬ achats ä Ollon ou ä Villars. Zone marginale entre tions l'exploitation devrait etre plus intensive64, ne- ces deux pöles d'attraction, les Mi-Monts semblent anmoins depuis la guerre la grandeur des troupeaux condamnes ä vegeter. diminue, car la main-d'oeuvre etant trop chere

64 l'amodiateur doit generalement se passer d'aide. La considerable, mais en revanche il ne varie guere fabrication de fromage ne se pratique plus sur les d'une annee ä l'autre. alpages, d'une part par manque de fromagers, d'autre part parceque certaines alpes peuvent livrer leur lait ä Villars, fort consommateur pendant la Rapports actuels ä l'interieur de la commune saison touristique d'ete. Bretaye, desservi par le chemin de fer, est particulierement favorise ä cet A l'ancienne rivalite plaine montagne s'est Subs¬ egard. titute depuis cinquante ans une Opposition entre En depit de cet avantage les hautes montagnes sont la Station touristique et l'ensemble de la zone pay¬ en declin. Les montagnards preferent desormais sanne. faire estiver leur betail sur les basses montagnes, Le tourisme n'apporte rien aux paysans de la plaine. plus proches de la Station touristique, et les paysans Les hötels et commerce se ravitaillent en gros ä de plaine n'envoient en montagne que les genisses. Vevey ou Lausanne, leur seul fournisseur ä Ollon Les alpages n'ont pas ete ameliores: les chemins et etant l'Association viticole. Le chemin de fer a les bätiments rationnels fönt defaut, les nombreux longtemps Oriente Villars vers Bex, la motorisation marecages sont mal draines. En 1965 les alpages ont a cependant facilite les rapports avec le chef-lieu. rapporte ä la bourse communale un benefice de Avant tout l'afflux de population etrangere ä Vil¬ de 5550 francs contre pres 12 000 francs en 1942. lars a suscite la mefiance des gens de plaine, alors Le domaine forestier est plus rentable. II tend meme que les promoteurs entreprenants de la Station sont ä s'arrondir par reboisement: on projette la creation peu portes ä comprendre le conservatisme paysan. de rideaux d'arbres en plaine et la transformation Aussi l'idee de partager la commune a-t-elle recon- des vernaies du bord du Rhone en plantation de quis quelques adeptes aussi bien en plaine qu'en noyers et de peupliers. montagne. Les griefs reciproques portent surtout sur Neanmoins l'exploitation des bois est fortement en- la repartition des recettes et depenses communales. travee dans les forets communales par la rarete et le Le bas se plaint de trop payer, le haut de ne pas mauvais etat des chemins. Longtemps les investisse- assez recevoir, mais evidemment aucun chiffre ne ments ont fait defaut et les nouveaux projets ne sont permet de verifier le bien-fonde de ces assertions. pas encore mis en chantier. L'Etat a entrepris des On peut toutefois supposer que la Station beneficie travaux, mais en restant strictement sur son domaine plus largement des travaux entrepris par la com¬ et la commune ne peut en porfiter. mune, mais il est ä peu pres certain qu'elle paye plus Depuis que le travail du bücheron est permanent le d'impöts; d'autre part les droits de mutation percus recrutement de la main-d'oeuvre est problematique. lors du transfert de proprietes, qui fournissent une La commune emploie une douzaine d'ouvriers qui part appreciable des recettes, proviennent surtout doivent cependant consacrer environ deux mois par de Villars-Chesieres. Ainsi il est probable qu'une an ä l'entretien des alpages. certaine equite regne dans les finances communales. Les coupes s'elevent ä environ 2000 m3 par an (plus Au niveau des autorites les rapports sont bons et les 1000 m3 dans les forets de l'Etat). Le bois de hetre depenses pour la montagne sont generalement (un quart du total) est vendu comme bois de feu acceptees sans amendement par les delegues de la aux particuliers et aux Services communaux. Le bois plaine. La repartition politique des sieges au conseil d'oeuvre trouve un debouche sur place chez les cons- communal reflete les activites tres variees des elec- tructeurs de chalets qui en prennent la moitie. Inde- teurs: 24 radicaux, 21 socialistes, 17 agrariens et pendants des frais de transport, les prix du marche 8 liberaux. regional sont plus eleves que les cours cantonaux. Le syndic est toujours un homme de la plaine, mais Les scieries locales sont cependant obligees d'impor- la Station fournit trois conseillers municipaux sur ter de longues pieces du Jura, car le manque de che¬ sept, proportion qui correspond assez ä celle de la mins ne permet pas aux bücherons d'Ollon de sor- population: 1800 sur 4100. Une certaine tradition tir les grumes entieres. Ainsi par un defaut d'infra¬ federaliste heritee du passe permet aux autorites structure la commune ne profite qu'ä moitie d'un d'administrer ensemble deux zones qui ont perdu debouche cree par le tourisme et doit abandonner tout interet commun. une partie de ses billons ä l'Association forestiere vaudoise. Quant au bois d'industrie autrefois destine ä la papeterie, il est actuellement livre ä la fabrique Conclusion de «bois homogenes» de Saint-Maurice. Bien que les prix aient baisse apres l'ouragan de Conformement ä sa position geographique la com¬ 1963, l'exploitation des bois est toujours rentable; mune d'Ollon a longtemps pratique une economie mais eile ne constitue plus, comme il y a quarante de versant polyvalente et un genre de vie qui res- ans, le principal revenu de la bourse communale. Le semble dejä beaucoup ä celui du Valais. Comme en benefice 51 000 francs en 1965 n'est pas tres Valais la conquete des fonds de vallee et l'essor du 65 tourisme ont bouleverse l'economie traditionnelle: 10 C. Biermann: La maison paysanne vaudoise. plaine et montagne se sont specialisees en suivant Lausanne 1946. des voies divergentes. 11 L. Bridel: L'agriculture de la cluse alpestre du La plaine, joignant l'initiative des immigres ä la pru- Rhone. Revue de geographie de Lyon, 1958. dence des indigenes, progresse lentement vers une 12 L. Bridel: Les ameliorations foncieres dans la modernisation de l'agriculture. Sur le replat de plaine du Rhone. Revue technique suisse de mensu- Villars-Chesieres l'evolution a ete plus rapide, mais ration, 1959, n° 1, p. 16 ä 27. au prix d'une verkable transfusion de population. 13 C. Buhrer: Le climat du canton de Vaud. Bull, La specialisation s'est developpee ä un tel point de la Soc. vaudoise de sciences nat., vol. XXXII, qu'Ollon et Villars sont actuellement deux mondes N° 122 (1896). etrangers Tun ä l'autre, qu'unit seul un lien admi¬ 14 C. Bürky: Die Siedlungen des Rhonequertales in nistrativ Si la fonction d'une commune est de grou- ihrer Abhängigkeit von den Formenelementen des per des interets convergents, alors un partage s'im- Tales, these, Leipzig 1911. pose; si au contraire eile doit etablir un certain equi- 15 Commission extraparlementaire pour l'etude du libre entre des secteurs complementaires, alors tourisme: Le tourisme vaudois et son apport econo¬ l'unite de la commune d'Ollon est justifiee. mique. («Rapport Tissot»), Lausanne 1966. Mais le probleme principal, le probleme de la pente, 16 J. Dubois: Le vigneron vaudois et ses vins, these, n'a pas ete resolu. Le declin economique des Mi- Lausanne 1944. Monts en temoigne. L'economie actuelle tend ä con- 17 E. Gagnebin: Les invasions glaciaires dans le centrer les activites sur les terrains planes, ne re- bassin du Leman. Bull, des laboratoires de geologie servant ä la pente qu'une fonction residentielle. Ce de Lausarme, N° 58, 1937. phenomene si frequent dans les agglomerations 18 B. Hasselrot: Etude sur le dialecte d'Ollon, these, urbaines se repete ici sur un vaste territoire. Upsal 1937 (v. Introduction geogr. et historique). 19 M. Lugeon: Notice explicative ä la feuille 19 de l'atlas geologique suisse. Berne 1940. Documents 20 M. Lugeon, E. Gagnebin: Observations et vues

1 nouvelles la des romandes. Archives communales d'Ollon (non-classees). sur geologie prealpes des 2 Bull, laboratoires de geologie de Lausanne, N° Statistiques federales de la Suisse, Berne. 72, 1941. Recensements de la population; 21 F. Maillard: Notice sur Ollon, Lausanne 1870. Recensements des entreprises; 22 H. Onde: La cluse du le coude Statistiques des cultures; alpestre Rhone, de Martigny et l'X valaisan. Melanges Recensements du cheptel; geogra¬ phiques offerts ä Ph. Arbos, Clermont-Ferrand Annuaire statistique de la Suisse, chapitre tou¬ 1953. risme. 23 P. 3 Regamey: Ameliorations foncieres dans la La Vie economique, 380° ä 400° annee, Geneve 19651967. plaine vaudoise du Rhone. Revue technique suisse de mensuration 1955, N° 5, 114 ä 126. 4 Prospectus touristiques de Villars-Chesieres. p. 24 P. Veyret: Modernisation de la vie montagnarde en Suisse. Revue de geographie alpine, tome Manuscrits XXXVII, fasc. 3), 1949.

5 F. Isabel: Les Alpes d'Ollon, etude d'histoire locale 1901, chez M. J. Isabel, Chesieres. 6 W. Bischoff: Untersuchungen auf landwirtschaft¬ Zusammenfassung lichen Betrieben in den Waadtländer Alpen (Ge¬ meinde Ollon), Zürich 1944. Geographisches Insti¬ Ihrer Lage und Ausdehnung entsprechend hat die tut Zürich. Gemeinde Ollon, deren Entwicklung die vorlie¬ 7 J. Dubois: Etude statistique de l'agriculture vau¬ gende Studie untersucht, während langer Zeit ein doise lro partie: Le Chablais vaudois, 1967. Bureau Leben geführt, das sich auf einem mehrstufigen de l'amenagement regional, Lausanne. Wirtschaftssystem aufbaute und in mancher Be¬ ziehung jenem gewisser Walliser Gemeinden glich. Wie im Wallis haben sich indessen die Betriebe im Livres et articles Rhonetal und jene in den Bergzonen in divergie¬ 8 H. Badoux: La geologie des collines de Saint-Tri¬ render Weise spezialisiert. Sie gehen heute durchaus phon. Bull, des laboratoires de geol. de Lausanne, verschiedene Wege. Während in der Rhoneebene n° 133, 1962. Einheimische wie Zugezogene auf eine allmähliche 9 A. Barman: Villars 18661966, plaquette Office Modernisierung der Landwirtschaft hinarbeiten, hat du tourisme de Villars, 1966. sich auf der Terrasse von Villars-Chesieres infolge

66 der raschen Expansion des Fremdenverkehrs eine 35 Bibliographie 16: Dubois, p. 110. vollkommene Umstellung ergeben, welche Ollon 36 Bibliographie 14: Bürky, p. 89. und Villars in der Gegenwart als einander gänzlich 37 Bibliographie 21: Maillard, p. 13. fremde, nur administrativ, im Gemeindeverband 38 Bibliographie 2: Stat. fed. Recens. pop. 1960, verknüpfte Welten erscheinen läßt. fasc. migrations alternantes, S 383. 39 voir carte N° 6 «Communications et mouvements pendulaires». Remarques 42 Bibliographie 5: Isabel. 43 Bibliographie 9: Barman.

1 44 et Bibliographie 14: Bürky, p. 175, 192193. Voir en annexe calque «Tourisme construc¬ 2 Bibliographie 10: Biermann, p. 6061. tion». 3 45 P. du bassin du Le¬ Bibliographie 10: Biermann, p. 196. Defert: L'avenir touristique 4 E. Mottaz: Dictionnaire historique du canton de man. «Service Direction», juin 1960, Paris, Vaud, Lausanne 1915. p. 709. 46 5 Bibliographie 2: Stat. fed. Recens. pop.1960, fasc. Bibliographie 15: Rapport Tissot. 47 communes d'orig. (S 387). 915 personnes non residentes dans la commune 6 des le Bibliographie ": Bridel, p. 167. possedent terrains sur territoire d'Ollon, dont 7 En 1930 dejä on comptak 659 Bernois, mais seule. 138 seulement habitent le district d'Aigle, 214 le ment 241 personnes nees dans le canton de Berne. district de Vevey, 295 l'agglomeration lausannoise, 8 Bibliographie 2: Stat. fed. 128 le canton de Geneve et 124 l'etranger. 9 Bibliographie 2: Stat. fed. Recens. pop. 1960, fasc. De 1961 ä 1964 les personnes domiciliees ä l'etran¬ Migrations alternantes. S. 383. ger ont acquis 240 000 m2 pour une valeur de 12 16 3 la Bibliographie 21: Maillard, p. 42. millions de francs (d'apres Bibliographie Vie 11 Bibliographie 21: Maillard, p. 29. economique, 1965, p. 442). 12 Ph. S. Bridel: Essai statistique sur le canton de 49 Bibliographie v. Archives. Vaud. Lausanne 1815. 50 Bibliographie 15: Rapport Tissot. 51 13 Bibliographie 14: Bürky, p. 102103. Bibliographie 15: Rapport Tissot. 14 Bibliographie 21: Maillard, p. 29. 52 Bibliographie 6; Bischoff. 15 Bibliographie 5: Isabel. 53 Meme une fiche de police ne permet pas d'iden- 16 Abstraction faite des alpages et des forets. II tifier qui est indigene, la meilleure definition de s'agit naturellement de parcelles d'exploitation et l'indigene etant: celui qui a passe sa jeunesse sur non de parcelles cadastrales qui atteignent facile¬ place. Si cependant on ne compte que les Vaudois ment la centaine. nes ä Villars-Chesieres (or beaucoup d'indigenes 17 Bibliographie 2: Stat. fed. Recens. des entre¬ sont d'origine bernoise, et ont garde leur bour- prises. geoisie) on recense dans cette categorie, pour la 18 Bibliographie 5: Isabel. periode de 1958 ä 1963, le depart definitif de 49 w Memoire des communes d'Aigle, Bex, etc. personnes actives, surtout en direction de Vevey, sur l'expropriation de leurs forets. Lausanne Lausanne, Yverdon et Geneve. D'autre part, parmi 1831. quelque 800 abonnes au telephone, seuls 15 non- 26 Bibliographie 6: Bischoff. paysans sont de souche paysanne indigene. Parmi 21 Bibliographie 6: Bischoff. ceux-ci on note plusieurs entrepreneurs et camion- 22 Bibliographie 23: Regamey, p. 118 ä 120. neurs. 23 Bibliographie *: Archives. 54 Bibliographie 24: Veyret, p. 410. 24 Bibliographie 7: Dubois, p. 5. 55 Bibliographie 5: Isabel. 25 Rendement moyen 1953 ä 1960: 423 qx/ha. 56 Bibliographie 24: Veyret, p. 394. District d'Orbe 396 qx/ha; district de Payerne 448 57 Pour la garde de betail uniquement, les subsides qx/ha (chiffres d'Aarberg). s'approchent du chiffre de 90 000 francs par an. 26 Chiffres du Bureau d'amenagement regional. 58 Bibliographie 18: Hasselrot, p. 13. 59 18 27 Bibliographie ": Bridel, p. 167. Bibliographie 5: Isabel, repris par Hasselrot. 28 Bibliographie 2: Stat. fed. Recens. des entrep. 60 Pour l'enseignement les dizains ont ete sacrifies. 29 Bibliographie 12: Bridel, p. 24. Le nombre de Colleges a ete reduit de 9 ä 5 et il est 39 Bibliographie ": Bridel, p. 167. question d'amener tous les eleves des Mi-Monts ä 31 En 1946 une «entreprise viticole moyenne» com- Ollon. 61 prenait 200 a (d'apres O. Howald, Einführung in Bibliographie 5: Isabel. die Agrarpolitik. Berne 1946). 62 Bibliographie 21: Maillard, p. 18. 63 18 32 Bibliographie 16: Dubois, p. 39. Bibliographie 5: Isabel, repris par Hasselrot, 33 Bibliographie 16: Dubois, p. 31. p. 14. 64 34 Bibliographie 16: Dubois, p. 45. Bibliographie 6: Bischoff.

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