Georges Enesco Au Conservatoire De Paris (1895 – 1899)
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GEORGES ENESCO AU CONSERVATOIRE DE PARIS (1895 – 1899) JULIEN SZULMAN VIOLON PIERRE-YVES HODIQUE PIANO GEORGES ENESCO AU CONSERVATOIRE DE PARIS (1895 – 1899) GEORGES ENESCO ANDRÉ GÉDALGE GEORGES ENESCO MARTIN-PIERRE MARSICK Sonate n°1 pour piano et violon Sonate n°1 pour piano et violon Sonate n°2 pour piano et violon 11. Attente - Poème d’été opus 2 opus 12 opus 6 pour violon et piano 1. Allegro vivo — 7’42 4. Allegro moderato 8. Assez mouvementé — 8’40 opus 24 n°3 — 3’56 — 2’18 2. Quasi adagio — 9’28 e tranquillamente 9. Tranquillement — 7’12 3. Allegro — 8’00 5. Vivace — 3’35 10. Vif — 7’49 6. Adagio non troppo — 3’34 7. Presto con brio — 3’34 durée totale — 75’51 JULIEN SZULMAN — VIOLON PIERRE-YVES HODIQUE — PIANO RETOUR AUX SOURCES Élève d’un élève du violoniste Christian Halphen, dédiée à Enesco, composée final est indiqué « trompette », représentant Nationale de France. À de rares exceptions Ferras, j’ai très tôt été fasciné par la figure de seulement à partir de juillet 1899, et donc « un gosse de Poulbot ». L’écoute des près, les nombreux doigtés indiqués par son mentor Georges Enesco. Compositeur, postérieure aux études du violoniste au deux enregistrements du compositeur Marsick ont été respectés. violoniste, pianiste, chef d’orchestre : Conservatoire. Ce programme permet de (avec Chailley-Richez, et en 1943 avec la multiplicité de ses talents en fait une découvrir la personnalité marquante du Dinu Lipatti) est riche d’enseignements sur Ces différentes sources me sont d’une figure incontournable de l’histoire de la jeune Georges Enesco, et l’environnement la liberté du jeu des musiciens et du choix aide précieuse pour m’approcher au plus musique de la première moitié du XXe siècle. musical dans les classes du Conservatoire des tempi, assez différents des indications près de la pensée des compositeurs et du Dans le cadre du Doctorat d’interprète de de Paris de la fin du XIXe siècle. imprimées sur la partition. style de jeu de l’époque, étayant ma réflexion la musique – Recherche et Pratique proposé pour construire ma propre interprétation de par le Conservatoire de Paris en partenariat Lors de mes recherches, j’ai consulté Au département de la musique de ces œuvres plutôt méconnues. avec l’Université de la Sorbonne, je me suis de nombreuses partitions qui ont enrichi la Bibliothèque Nationale de France, particulièrement intéressé à la période ma réflexion d’interprète. J’ai tout d’abord le manuscrit de la Sonate de Gédalge Julien Szulman des études d’Enesco au Conservatoire de la chance de posséder la partie de piano (parties de piano et de violon) comporte Paris. Un corpus cohérent d’œuvres pour de la deuxième Sonate d’Enesco ayant quelques doigtés et une indication piano et violon, composé par ou pour lui, appartenu à Céliny Chailley-Richez. évocatrice (notée d’une autre main que s’est imposé pour constituer le programme Cette pianiste, partenaire privilégiée du celle de Gédalge) : « comme un murmure », de cet enregistrement : ses deux premières compositeur, a enregistré cette Sonate inscrit sur l’accompagnement de violon Sonates (1897 et 1899), et deux pièces qui avec lui en 1950. Sa partition comporte un lors du retour du thème au piano dans le lui ont été dédiées, la première Sonate grand nombre d’informations manuscrites, troisième mouvement. d’André Gédalge (1897) et une courte pièce dont on peut supposer qu’elles proviennent de Martin-Pierre Marsick, Attente (1900). directement de Georges Enesco, et qui Enfin, l’œuvre de Martin-Pierre Marsick, N’y figurent pas deux œuvres qu’on lui sont d’un intérêt précieux, à la fois sur le Attente, jamais enregistrée ni rééditée associe généralement : la Sonate posthume plan de la technique pianistique et de depuis 1900, et non répertoriée par les de Maurice Ravel, composée en avril 1897 et l’imaginaire de cette œuvre. La partie biographes comme dédicacée à Enesco, est révélée au public en 1975, dont l’authenticité de piano est ainsi pensée comme un une découverte inattendue, également issue de la création par Enesco est discutée par orchestre à divers endroits (« harpe », d’une exploration des pièces pour violon et les musicologues, et la Sonate de Fernand « cor », « basson »…), le thème initial du piano de Marsick faite à la Bibliothèque 4 5 GEORGES ENESCO AU CONSERVATOIRE DE PARIS (1895–1899) NAISSANCE ET ÉTUDES À VIENNE Né le 19 août 1881 à Liveni en Roumanie, classe de Joseph Hellmesberger Junior. Enesco apprend tout d’abord le violon Ce dernier, descendant d’une grande en autodidacte. Sa précocité est telle lignée de musiciens, est une personnalité qu’Édouard Caudella, grande figure de la respectée. Directeur du Conservatoire, musique roumaine – violoniste élève de il succède à Mahler en 1901 comme chef Vieuxtemps et directeur du Conservatoire de l’Orchestre Philharmonique. Il prend de Iasi – lui conseille de partir à Vienne, rapidement le petit Georges sous son où il obtient une dérogation d’âge pour aile, l’invite à vivre dans sa famille et lui entrer au Conservatoire à l’âge de sept fait découvrir la richesse de la tradition ans. Il suit les cours de violon avec musicale viennoise, où le souvenir de Sigismund Bachrich et de composition Beethoven et Schubert est vif et la figure avec Robert Fuchs, et intègre ensuite la de Brahms omniprésente. ARRIVÉE À PARIS ET SONATE N°1 D’ENESCO Georges Enesco Au début de l’année 1895, Georges sa scolarité avec ses camarades Jacques « Un beau jour de l’année 1894 - j’avais treize ans et j’abordais mon sixième Enesco arrive à Paris où il est présenté à Thibaud, Carl Flesch, Alfred Cortot, Maurice printemps viennois - Joseph Hellmesberger Junior dit à mon père : “Je me Jules Massenet, qui s’enthousiasme pour Ravel, Charles Koechlin, Florent Schmitt… demande si votre fils n’aurait pas intérêt à passer quelque temps à Paris. ses jeunes compositions et lui propose L’année suivante, Massenet est remplacé À Vienne, il a appris bien des choses. À mon sens, Paris peut lui enseigner d’assister comme auditeur à ses cours par Gabriel Fauré comme professeur de davantage. Ce n’est pas pour le chasser, bien au contraire, mais pour lui rendre au Conservatoire. Fernand Halphen, composition. Sa première année d’études service que je vous dis ces choses. Réfléchissez : je connais Massenet ; si vous violoniste et compositeur, issu d’une famille au Conservatoire est pour Georges Enesco le désirez, je lui recommanderai l’enfant.” Mon père était un homme expéditif, d’importants mécènes des arts, lui fait aussi l’occasion de parfaire sa formation et de qui ne détestait rien tant que de trop réfléchir. Le conseil de mon professeur rencontrer dès janvier le grand professeur de s’inspirer du style français, bien différent de lui sembla excellent et il l’adopta sur-le-champ. Quelques semaines plus tard, violon Martin-Pierre Marsick. En novembre celui de ses années viennoises. La Première nous roulions vers Paris. » de cette même année, Georges intègre Sonate pour piano et violon opus 2, terminée officiellement les deux classes de ces grands le 2 juin 1897, mais dont les esquisses datent Bernard Gavoty Les Souvenirs de Georges Enesco, Paris, Flammarion, 1955 maîtres au Conservatoire de Paris et partage de cette époque, est un exemple admirable 6 7 de ce mélange de styles entre les deux pays. premier mouvement, les ombres de Wagner est « une composition d’un très vif et en demi-teinte, dont le thème principal Dédiée à son professeur Hellmesberger, et Brahms dans le second, et le troisième intérêt, très heureusement développée, peut rappeler le mouvement lent du l’œuvre est en trois mouvements (Allegro mouvement, dont le thème initial peut faire d’un excellent sentiment mélodique », deuxième Quatuor à cordes de Schumann, vivo, Quasi Adagio, Allegro), plutôt songer au final de la Sonate de Franck, selon la critique du Ménestrel après la succède un perpetuum mobile virtuose académique dans sa forme : les mouvements comporte un passage fugué, très création par Juliette Toutain et Enesco pour les deux instruments. Le mouvement rapides adoptent une forme sonate stricte et caractéristique de l’enseignement de ses le 23 décembre 1897, Salle Pleyel à Paris. lent faisait l’admiration de Massenet, et une le mouvement central s’inspire d’une forme maîtres au Conservatoire. Le compositeur Au premier mouvement, assez contemplatif Tarentelle très enlevée conclut la sonate. Lied développée. Les sources d’inspiration créera cette Sonate le 17 février 1898 au du jeune compositeur de quinze ans sont Nouveau Théâtre de Paris avec Alfred Cortot multiples : on peut reconnaître des thèmes au piano. inspirés de Schubert et Beethoven dans le SUCCÈS PUBLIC À PARIS ET SONATE N°2 D’ENESCO Le style d’Enesco s’affirme de plus en plus jambes, sinon de courir très vite, et moins SONATE DE GÉDALGE au contact de Fauré et Gédalge. Profitant vulnérable aux insinuations de la critique ». malgré lui d’une blessure à la main qui Cette œuvre, qualifiée par le violoniste Carl l’éloigne du violon pendant quelques mois, Flesch « d’une des œuvres contemporaines Pour pallier les absences des enseignants la forte impression laissée par le jeune il se consacre à l’élaboration de son Poème les plus puissantes du genre, dont l’émotion de composition, André Gédalge, qui virtuose au Conservatoire. Dans une lettre roumain opus 1, pour orchestre et chœur. et la technique vont de pair, tandis que succédera comme professeur à Fauré en à Fernand Halphen datée du 31 mars, L’œuvre est créée aux Concerts Colonne ses mélodies et ses harmonies s’avèrent 1905, est un assistant officieux de la classe Gédalge indique qu’Enesco a joué sa le 6 février 1898, et connaît un succès tel toujours nouvelles, ne sont ni banales, ni de composition.