GEORGES ENESCO AU CONSERVATOIRE DE (1895 – 1899)

JULIEN SZULMAN VIOLON PIERRE-YVES HODIQUE GEORGES ENESCO AU (1895 – 1899)

GEORGES ENESCO ANDRÉ GÉDALGE GEORGES ENESCO MARTIN-PIERRE MARSICK Sonate n°1 pour piano et violon Sonate n°1 pour piano et violon Sonate n°2 pour piano et violon 11. Attente - Poème d’été opus 2 opus 12 opus 6 pour violon et piano 1. Allegro vivo — 7’42 4. Allegro moderato 8. Assez mouvementé — 8’40 opus 24 n°3 — 3’56 — 2’18 2. Quasi adagio — 9’28 e tranquillamente 9. Tranquillement — 7’12 3. Allegro — 8’00 5. Vivace — 3’35 10. Vif — 7’49 6. Adagio non troppo — 3’34

7. Presto con brio — 3’34 durée totale — 75’51

JULIEN SZULMAN — VIOLON PIERRE-YVES HODIQUE — PIANO RETOUR AUX SOURCES

Élève d’un élève du violoniste Christian Halphen, dédiée à Enesco, composée final est indiqué « trompette », représentant Nationale de France. À de rares exceptions Ferras, j’ai très tôt été fasciné par la figure de seulement à partir de juillet 1899, et donc « un gosse de Poulbot ». L’écoute des près, les nombreux doigtés indiqués par son mentor Georges Enesco. Compositeur, postérieure aux études du violoniste au deux enregistrements du compositeur Marsick ont été respectés. violoniste, pianiste, chef d’orchestre : Conservatoire. Ce programme permet de (avec Chailley-Richez, et en 1943 avec la multiplicité de ses talents en fait une découvrir la personnalité marquante du Dinu Lipatti) est riche d’enseignements sur Ces différentes sources me sont d’une figure incontournable de l’histoire de la jeune Georges Enesco, et l’environnement la liberté du jeu des musiciens et du choix aide précieuse pour m’approcher au plus musique de la première moitié du XXe siècle. musical dans les classes du Conservatoire des tempi, assez différents des indications près de la pensée des compositeurs et du Dans le cadre du Doctorat d’interprète de de Paris de la fin du XIXe siècle. imprimées sur la partition. style de jeu de l’époque, étayant ma réflexion la musique – Recherche et Pratique proposé pour construire ma propre interprétation de par le Conservatoire de Paris en partenariat Lors de mes recherches, j’ai consulté Au département de la musique de ces œuvres plutôt méconnues. avec l’Université de la Sorbonne, je me suis de nombreuses partitions qui ont enrichi la Bibliothèque Nationale de France, particulièrement intéressé à la période ma réflexion d’interprète. J’ai tout d’abord le manuscrit de la Sonate de Gédalge Julien Szulman des études d’Enesco au Conservatoire de la chance de posséder la partie de piano (parties de piano et de violon) comporte Paris. Un corpus cohérent d’œuvres pour de la deuxième Sonate d’Enesco ayant quelques doigtés et une indication piano et violon, composé par ou pour lui, appartenu à Céliny Chailley-Richez. évocatrice (notée d’une autre main que s’est imposé pour constituer le programme Cette pianiste, partenaire privilégiée du celle de Gédalge) : « comme un murmure », de cet enregistrement : ses deux premières compositeur, a enregistré cette Sonate inscrit sur l’accompagnement de violon Sonates (1897 et 1899), et deux pièces qui avec lui en 1950. Sa partition comporte un lors du retour du thème au piano dans le lui ont été dédiées, la première Sonate grand nombre d’informations manuscrites, troisième mouvement. d’André Gédalge (1897) et une courte pièce dont on peut supposer qu’elles proviennent de Martin-Pierre Marsick, Attente (1900). directement de Georges Enesco, et qui Enfin, l’œuvre de Martin-Pierre Marsick, N’y figurent pas deux œuvres qu’on lui sont d’un intérêt précieux, à la fois sur le Attente, jamais enregistrée ni rééditée associe généralement : la Sonate posthume plan de la technique pianistique et de depuis 1900, et non répertoriée par les de Maurice Ravel, composée en avril 1897 et l’imaginaire de cette œuvre. La partie biographes comme dédicacée à Enesco, est révélée au public en 1975, dont l’authenticité de piano est ainsi pensée comme un une découverte inattendue, également issue de la création par Enesco est discutée par orchestre à divers endroits (« harpe », d’une exploration des pièces pour violon et les musicologues, et la Sonate de Fernand « cor », « basson »…), le thème initial du piano de Marsick faite à la Bibliothèque

4 5 GEORGES ENESCO AU CONSERVATOIRE DE PARIS (1895–1899) NAISSANCE ET ÉTUDES À VIENNE

Né le 19 août 1881 à Liveni en Roumanie, classe de Joseph Hellmesberger Junior. Enesco apprend tout d’abord le violon Ce dernier, descendant d’une grande en autodidacte. Sa précocité est telle lignée de musiciens, est une personnalité qu’Édouard Caudella, grande figure de la respectée. Directeur du Conservatoire, musique roumaine – violoniste élève de il succède à Mahler en 1901 comme chef Vieuxtemps et directeur du Conservatoire de l’Orchestre Philharmonique. Il prend de Iasi – lui conseille de partir à Vienne, rapidement le petit Georges sous son où il obtient une dérogation d’âge pour aile, l’invite à vivre dans sa famille et lui entrer au Conservatoire à l’âge de sept fait découvrir la richesse de la tradition ans. Il suit les cours de violon avec musicale viennoise, où le souvenir de Sigismund Bachrich et de composition Beethoven et Schubert est vif et la figure avec Robert Fuchs, et intègre ensuite la de Brahms omniprésente.

ARRIVÉE À PARIS ET SONATE N°1 D’ENESCO

Georges Enesco

Au début de l’année 1895, Georges sa scolarité avec ses camarades Jacques « Un beau jour de l’année 1894 - j’avais treize ans et j’abordais mon sixième Enesco arrive à Paris où il est présenté à Thibaud, , Alfred Cortot, Maurice printemps viennois - Joseph Hellmesberger Junior dit à mon père : “Je me , qui s’enthousiasme pour Ravel, , … demande si votre fils n’aurait pas intérêt à passer quelque temps à Paris. ses jeunes compositions et lui propose L’année suivante, Massenet est remplacé À Vienne, il a appris bien des choses. À mon sens, Paris peut lui enseigner d’assister comme auditeur à ses cours par Gabriel Fauré comme professeur de davantage. Ce n’est pas pour le chasser, bien au contraire, mais pour lui rendre au Conservatoire. Fernand Halphen, composition. Sa première année d’études service que je vous dis ces choses. Réfléchissez : je connais Massenet ; si vous violoniste et compositeur, issu d’une famille au Conservatoire est pour Georges Enesco le désirez, je lui recommanderai l’enfant.” Mon père était un homme expéditif, d’importants mécènes des arts, lui fait aussi l’occasion de parfaire sa formation et de qui ne détestait rien tant que de trop réfléchir. Le conseil de mon professeur rencontrer dès janvier le grand professeur de s’inspirer du style français, bien différent de lui sembla excellent et il l’adopta sur-le-champ. Quelques semaines plus tard, violon Martin-Pierre Marsick. En novembre celui de ses années viennoises. La Première nous roulions vers Paris. » de cette même année, Georges intègre Sonate pour piano et violon opus 2, terminée officiellement les deux classes de ces grands le 2 juin 1897, mais dont les esquisses datent Bernard Gavoty Les Souvenirs de Georges Enesco, Paris, Flammarion, 1955 maîtres au Conservatoire de Paris et partage de cette époque, est un exemple admirable

6 7 de ce mélange de styles entre les deux pays. premier mouvement, les ombres de Wagner est « une composition d’un très vif et en demi-teinte, dont le thème principal Dédiée à son professeur Hellmesberger, et Brahms dans le second, et le troisième intérêt, très heureusement développée, peut rappeler le mouvement lent du l’œuvre est en trois mouvements (Allegro mouvement, dont le thème initial peut faire d’un excellent sentiment mélodique », deuxième Quatuor à cordes de Schumann, vivo, Quasi Adagio, Allegro), plutôt songer au final de la Sonate de Franck, selon la critique du Ménestrel après la succède un perpetuum mobile virtuose académique dans sa forme : les mouvements comporte un passage fugué, très création par Juliette Toutain et Enesco pour les deux instruments. Le mouvement rapides adoptent une forme sonate stricte et caractéristique de l’enseignement de ses le 23 décembre 1897, Salle Pleyel à Paris. lent faisait l’admiration de Massenet, et une le mouvement central s’inspire d’une forme maîtres au Conservatoire. Le compositeur Au premier mouvement, assez contemplatif Tarentelle très enlevée conclut la sonate. Lied développée. Les sources d’inspiration créera cette Sonate le 17 février 1898 au du jeune compositeur de quinze ans sont Nouveau Théâtre de Paris avec Alfred Cortot multiples : on peut reconnaître des thèmes au piano. inspirés de Schubert et Beethoven dans le SUCCÈS PUBLIC À PARIS ET SONATE N°2 D’ENESCO

Le style d’Enesco s’affirme de plus en plus jambes, sinon de courir très vite, et moins SONATE DE GÉDALGE au contact de Fauré et Gédalge. Profitant vulnérable aux insinuations de la critique ». malgré lui d’une blessure à la main qui Cette œuvre, qualifiée par le violoniste Carl l’éloigne du violon pendant quelques mois, Flesch « d’une des œuvres contemporaines Pour pallier les absences des enseignants la forte impression laissée par le jeune il se consacre à l’élaboration de son Poème les plus puissantes du genre, dont l’émotion de composition, André Gédalge, qui virtuose au Conservatoire. Dans une lettre roumain opus 1, pour orchestre et chœur. et la technique vont de pair, tandis que succédera comme professeur à Fauré en à Fernand Halphen datée du 31 mars, L’œuvre est créée aux Concerts Colonne ses mélodies et ses harmonies s’avèrent 1905, est un assistant officieux de la classe Gédalge indique qu’Enesco a joué sa le 6 février 1898, et connaît un succès tel toujours nouvelles, ne sont ni banales, ni de composition. Second sonate « d’une façon étourdissante, qu’une réduction pour piano des thèmes faciles » entrera au répertoire de grands en 1886, il publie en 1901 un Traité de la comme toujours » et lui demande en août principaux en sera publiée immédiatement violonistes du XXe siècle, en particulier fugue qui fera autorité. Ravel, condisciple de corriger les épreuves finales avant dans le Figaro ! Yehudi Menuhin et Jascha Heifetz. On voit d’Enesco à partir de 1897, lui dédiera son gravure. Peut-être la dédicace est-elle dans cette œuvre cyclique comment Enesco célèbre Trio et lui sera reconnaissant de lui une façon pour Gédalge de consoler le L’année suivante voit l’écriture de la a complètement assimilé les techniques avoir appris son « métier de compositeur ». jeune compositeur, qui n’avait obtenu Deuxième Sonate pour piano et violon de composition de l’école française, pour que le second accessit au concours de opus 6, qu’Enesco évoque ainsi : « Avec ma exprimer sa sensibilité propre. Le premier En mars 1897, Gédalge compose sa fugue du Conservatoire le 13 juillet 1897 ? Deuxième Sonate et mon Octuor à cordes, mouvement, « Assez mouvementé », expose Première Sonate pour piano et violon Cette Sonate, en quatre mouvements je me sentis évoluer rapidement, je devenais à l’unisson un thème typiquement enescien, et la dédie au jeune violoniste de seize (Allegro moderato e tranquillamente, moi-même. À dater de cette sonate, je me véritable clé de voûte de l’œuvre, qui subira ans Georges Enesco, ce qui confirme Vivace, Adagio non troppo, Presto con brio) sentis capable de marcher sur mes propres différentes modifications tout au long de

8 9 la pièce. À un second thème lyrique, très mouvement, est d’un climat bien moins pièces dédicacées chacune à un étudiant thème chantant et émouvant par sa déli- inspiré par son maître Fauré, succède une sombre que les précédents, et, après un de sa classe (Juliette Laval, Valerio Oliveira, catesse et sa simplicité. Il est intéressant période contrapuntique dense qui aboutit retour de nombreux thèmes de la pièce, finit Georges Enesco et ). de noter que Marsick dédie à son élève une au climax de ce mouvement, terminant comme une interrogation. L’écriture de la La troisième, Attente, dédiée à Enesco, est œuvre très lyrique, sans pathos et exempte par une coda où le violon, « plaintif », partie de violon, avec de multiples doubles une pièce typique de salon, variation d’un de toute virtuosité. entraîne le piano vers les ténèbres de cordes, octaves, dixièmes, est bien plus l’extrême grave. Le second mouvement, complexe que celle de la première sonate « Tranquillement », est une ballade lente et exacerbe la virtuosité de l’instrument. évoquant le Dor, nostalgie caractéristique Sans doute faut-il y voir l’influence de son du pays natal du compositeur, qui s’achève professeur de violon Martin-Pierre Marsick, FIN DES ÉTUDES AU CONSERVATOIRE dans un souvenir murmuré du thème initial. avec lequel il travaille depuis quatre années Le finale, « Vif », dont le premier thème, au Conservatoire. très léger et rythmé, découle du second Victorieux premier nommé au concours de au Conservatoire et qui culminera avec violon, Georges Enesco n’obtient aucune l’Affaire Ravel au Prix de Rome en 1905. récompense au concours de composition, Enesco finit ainsi sur un échec sa scolarité sa fugue n’étant sans doute pas assez au Conservatoire, et gardera un goût MARTIN-PIERRE MARSICK dans le « style de la maison » : il fait ainsi amer de ses études, qu’il évoquera en ces les frais de l’académisme qui règne alors termes :

Ce dernier, chambriste apprécié, dédica- dons de Georges Enesco, qu’il qualifie dans taire de la Sonate pour piano et violon les registres du Conservatoire « d’élève « Au fond, s’il est vrai que j’adorais Paris, je m’y sentais – artistiquement opus 75 de Saint-Saëns et créateur du exceptionnel », « supérieurement doué », parlant – un peu dépaysé. On y était trop cérébral pour moi, qui demeurais, Quintette pour piano et cordes de Franck, « possédant toutes les qualités qui font les malgré tant de kilomètres franchis, le garçon tendre et têtu qui avait vu est un concertiste renommé, demandé par grands virtuoses ». le jour, tout là-bas dans une plaine de Roumanie. Un sauvage que rien ne Tchaikovsky lors de la création parisienne disciplinait tout à fait, un indépendant farouche, qui n’acceptait aucune de son Concerto. Décrit par le violoniste Faisant suite à son Poème de mai contrainte et ne se voulait d’aucune école – pas même de celle où il venait Jules Boucherit comme un artiste « d’une opus 23, et probablement afin de célébrer d’achever ses études musicales. Je n’en suis point ingrat à l’endroit du éloquence pathétique, colorée, primesau- le succès du concours du Conservatoire Conservatoire, j’y ai connu des maîtres admirables et des amis charmants. tière, un peu trop romantique peut-être, qui de Juillet 1899 – où sa classe récolte trois Mais, quand on me demande à quelle date précise j’en suis sorti, je ne fut un admirable éducateur », il est le pro- premiers Prix sur les quatre récompenses sais que répondre, parce qu’il m’a toujours semblé qu’en esprit du moins, fesseur le plus réputé du Conservatoire à la décernées – Marsick écrit ses Poèmes d’été j’ai quitté le Conservatoire le jour même où j’y suis entré ! » fin du siècle. Très vite, il est stupéfait des opus 24. Ce cycle est composé de quatre

10 11 BACK TO THE SOURCE

Pupil of a pupil of the violinist Christian of debate by musicologists, and Fernand marked “trumpet”, representing “un gosse delving into Marsick’s pieces for and Ferras, early on I became fascinated by Halphen’s Sonate, dedicated to Enescu and de Poulbot” (evoking the famous early-20th- piano at the Bibliothèque Nationale de the figure of his mentor . not composed until July 1899, which was century drawings of street urchins created France. With very few exceptions, I have Composer, violinist, pianist, conductor: after Enescu completed his violin studies at by Francisque Poulbot). Listening to the respected the many fingering notations Enescu’s multiple musical talents make the Conservatoire. This programme reveals composer’s two recordings (with Chailley- made by Marsick. him an integral part of the history of the strong personality of the young George Richez and with Dinu Lipatti in 1943) is music in the first half of the 20th century. Enescu and the musical environment in highly informative: the musicians take These different sources have been a For my Doctorate in Musical Interpretation Conservatoire de Paris classes at the end of liberties in their playing and their choice of precious resource, helping me to get very – Research and Practice, which I am the 19th century. tempi, both rather different to those printed close to the thinking of these composers studying at the Conservatoire de Paris in on the score. and the playing style of the period and to partnership with Sorbonne University, I have During my research I consulted numerous extrapolate from these to construct my own focused specifically on the period that scores, which informed my interpretation as The manuscript of Gédalge’s Sonata interpretation of these little-known works. Enescu spent studying at the Conservatoire a violinist. Firstly, I am lucky enough to be (piano and violin parts), held in the music de Paris. A coherent body of works for piano in possession of the piano part of Enescu’s department at the Bibliothèque Nationale Julien Szulman and violin, composed by or for him, was the second Sonata which previously belonged de France, features some fingering obvious choice for the programme of this to Céliny Chailley-Richez. The pianist, who notations and one rather evocative note recording: his first two Sonatas (1897 and worked closely with the composer, recorded (written in a hand other than Gédalge’s): 1899), and two pieces that were dedicated this Sonata with him in 1950. Her score “like a murmur”, added to the violin to him, André Gédalge’s first Sonata features a large number of handwritten accompaniment where the piano theme (1897) and a short piece by Martin-Pierre notes, which we can assume came directly returns in the third movement. Marsick, Attente (1900). This recording from George Enescu and which are of does not feature two works generally great interest, both in terms of the pianist’s Lastly, Martin-Pierre Marsick’s work associated with Enescu: Maurice Ravel’s technique and the artistic character of Attente, which since 1900 has never Sonate Posthume, composed in April 1897 this piece. At various points, the piano been recorded or republished and which and first performed in public in 1975, the part is intended to assume the role of the biographers have not listed as being authenticity of claims that the work was orchestra (“harp”, “horn”, “bassoon”, etc.), dedicated to Enescu, was an additional premiered by Enescu being the subject with the initial theme of the finale being unexpected discovery that arose from my

12 13 GEORGE ENESCU AT THE CONSERVATOIRE DE PARIS (1895–1899) BIRTH AND STUDIES IN VIENNA

Born on 19 August 1881 at Liveni in the class of Joseph Hellmesberger Junior. Romania, Enescu began by teaching Hellmesberger Junior, the descendant of himself the violin. So precocious was he a great line of musicians, was a highly that Eduard Caudella, a great figure in respected figure. He was the director of Romanian music – a violinist who had the Conservatory, and in 1901 he succeeded been a pupil of Vieuxtemps and who was Mahler as conductor of the Philharmonic the director of the Iasi Conservatory – Orchestra. He soon took the young George advised him to go to Vienna, where, aged under his wing, inviting him to live with just seven, he was granted an exemption his family and introducing him to the rich from the age requirement to enter the Viennese musical tradition, still strongly Conservatory there. He took violin classes influenced by Beethoven and Schubert with Sigismund Bachrich and composition and dominated by the omnipresent figure classes with Robert Fuchs, later joining of Brahms.

George Enescu ARRIVAL IN PARIS AND ENESCU’S SONATA N°1

“One fine day in 1894 – when I was thirteen years old and embarking on my George Enescu arrived in Paris at the these great masters at the Conservatoire de sixth year in Vienna – Joseph Hellmesberger Junior said to my father: ‘I wonder beginning of 1895, where he was introduced Paris, studying alongside Jacques Thibaud, if it might be a good idea for your son to spend some time in Paris. In Vienna to Jules Massenet, who received Enescu’s Carl Flesch, Alfred Cortot, Maurice Ravel, he has learned much. But I believe that Paris can teach him more. I don’t wish early compositions enthusiastically. Charles Koechlin, Florent Schmitt and others. to be rid of him, on the contrary, but I say this for his benefit. Think about it. Massenet invited Enescu to attend his I know Massenet; if you wish, I will recommend the child to him.’ My father was a classes at the Conservatoire as an observer. The following year, Massenet was decisive man who hated nothing more than dwelling on decisions. He deemed In January, the violinist and composer replaced by Gabriel Fauré as one of the my teacher’s advice to be excellent, and took him up on it there and then. Fernand Halphen, who came from a family of composition teachers. His first year of study A few weeks later, we were on our way to Paris.” generous patrons of the arts, also introduced at the Conservatoire gave George Enescu Enescu to the master violinist Martin-Pierre the opportunity to perfect his musical Bernard Gavoty, Les Souvenirs de Georges Enesco [Memories of George Enescu], Marsick. In November of that year, Enescu education and find inspiration in the French Paris, Flammarion, 1955 officially enrolled in the two classes led by style, very different to that acquired during

14 15 his years in Vienna. His Première Sonate of inspiration were many: one can identify 1897? This Sonata, in four movements Salle Pleyel in Paris. The first movement, pour piano et violon opus 2, completed on themes inspired by Schubert and Beethoven (Allegro moderato e tranquillamente, somewhat contemplative and in halftone, 2 June 1897 (but early drafts of which date in the first movement, suggestions of Vivace, Adagio non troppo, Presto con the main theme of which is reminiscent of from this period), is an admirable example Wagner and Brahms in the second, and the brio) was “a composition of very great the slow movement in Schumann’s second of this blend of styles from the two countries. third movement, the initial theme of which interest, very felicitously developed and , is followed by a virtuoso Dedicated to his teacher Hellmesberger, is reminiscent of the finale of Franck’s of excellent melodic sentiment,” according perpetuum mobile for the two instruments. this three-movement work (Allegro vivo, Sonata, features a fugal passage that is to the review in Le Ménestrel following its The slow movement was much admired Quasi Adagio, Allegro) is rather academic strongly characteristic of the teachings first public performance by Juliette Toutain by Massenet. The sonata concludes with a in form: the fast movements adopt a strict of his masters at the Conservatoire. and Enescu on 23 December 1897 at the very bright tarantella. sonata form and the middle movement The composer first performed this Sonata is inspired by a developed form of Lied. on 17 February 1898 at the Nouveau Théâtre The fifteen-year-old composer’s sources de Paris, with Alfred Cortot on the piano. PUBLIC SUCCESS IN PARIS AND ENESCU’S SONATA N°2

GÉDALGE’S SONATA Learning from Fauré and Gédalge, Enescu becoming a composer in my own right. After began to develop an increasingly distinctive writing this sonata, I felt capable of standing style. Turning misfortune to his advantage on my own two feet and even progressing To compensate for the absences of the Première Sonate pour piano et violon, following a hand injury that prevented apace, less vulnerable to the insinuations composition teachers, André Gédalge dedicating it to the sixteen-year-old him from playing the violin for several of criticism.” This work, described by the became an unofficial assistant to the violinist George Enescu, confirming the months, Enescu devoted himself to writing violinist Carl Flesch as, “one of the most composition class. He would go on to great impression that the young virtuoso his Poème roumain opus 1 for orchestra powerful contemporary works of its kind, succeed Fauré as the composition master had made at the Conservatoire. In a letter and choir. This work was premiered at the in which emotion and technique go hand in in 1905. Gédalge won the Second Prix de to Fernand Halphen dated 31 March of Concerts Colonne on 6 February 1898 and hand, its melodies and harmonies always Rome in 1886, and in 1901 published a that year, Gédalge writes that Enescu was so successful that a piano reduction novel and never banal or facile,” entered the Treatise on the Fugue, which became an played his sonata, “in an astonishing of the main themes was immediately repertoire of the great 20th-century violinists, authoritative work. Ravel, a fellow student manner, as always,” and in August he published in Le Figaro. in particular Yehudi Menuhin and Jascha of Enescu from 1897 onwards, dedicated asked Enescu to correct the final drafts Heifetz. A cyclical work, it illustrates how his famous Trio to Gédalge and was before printing. Perhaps the dedication The following year, Enescu wrote his Enescu had come to assimilate completely grateful to him for having taught him the was Gédalge’s way of consoling the young Deuxième Sonate pour piano et violon opus 6, the composition techniques of the French “profession of composer”. composer, who had been named only which he described in the following terms: school in expressing his own sensibilities. second honorable mention in the fugue “With my Second Sonata and my String The first movement, Assez mouvementé, In March 1897, Gédalge composed his competition at the Conservatoire on 13 July Octet, I felt that I was rapidly developing, is an expression in unison of a theme typical

16 17 of Enescu which forms the keystone of the very light and rhythmical theme of which Poèmes d’été opus 24. This cycle comprises a variation on a lyrical theme that is moving work, reappearing in different incarnations is borrowed from the second movement, four pieces, each of which is dedicated to a in its delicacy and simplicity. It is interesting throughout the piece. The second, lyrical, is much less sombre in ambiance than the student in his class: Juliette Laval, Valerio to note that Marsick dedicated to his pupil theme, closely inspired by his master Fauré, movements that precede it, and, following Oliveira, George Enescu and Jacques such a lyrical work, devoid of pathos and is followed by a dense contrapuntal section the reprise of several of the piece’s themes, Thibaud. The third of these, Attente, free of virtuosity. ending in the movement’s climax, which ends in the form of a question. The violin dedicated to Enescu, is a typical salon piece, terminates in a coda where the ‘plaintive’ part, featuring a large number of double violin takes the piano down to the depths stops in octaves and tenths, is much more of an extremely low register. The second complex than that of his first sonata, movement, Tranquillement, is a slow ballad bringing out the instrument’s virtuosity. that evokes a feeling of dor, the nostalgic Here, we can detect a likely influence of THE END OF ENESCU’S STUDIES AT THE CONSERVATOIRE longing characteristic of the composer’s his violin teacher Martin-Pierre Marsick, native land, which ends with a faint echo of with whom he had been working at the the initial theme. The finale, Vif, the initial Conservatoire for four years. Winner of the Premier Prix, Premier nommé at the Conservatoire at the time and which in the violin concours, George Enescu failed would culminate in the Ravel Affair at the to win a prize in the composition concours, Prix de Rome in 1905. Enescu thus ended his his fugue no doubt deemed not sufficiently education at the Conservatoire with a failure, MARTIN-PIERRE MARSICK in the ‘house style’. He thus become a victim and left with a bitter memory of his studies, of the strict academic conventions in place which he later described in these terms:

Marsick, a popular chamber music Conservatoire at the end of the century. composer, the dedicatee of Saint-Saëns’ He was immediately astounded by George “All things considered, although it is true that I loved Paris, I did not feel entirely Sonate pour piano et violon opus 75, Enescu’s gifts as a musician, whom he at home there, artistically speaking. They were too cerebral for me, who despite and the first violinist to perform Franck’s described in the Conservatoire’s registers the great distance I had travelled, still remained the gentle, stubborn little boy Quintette pour piano et cordes, was a as an “exceptional student”, “supremely born so far away on a Romanian plain. A savage that resisted all efforts at renowned concert performer, requested gifted”, and “possessing all the qualities complete discipline, a fiercely independent person who refused to accept limits by Tchaikovsky for the first Parisian of a great virtuoso.” and did not wish to be part of a school – not even the one where he had recently performance of his Concerto. Described completed his music studies. I am not ungrateful towards the Conservatoire as by the violinist Jules Boucherit as an Following his Poème de mai opus 23, a place; I became acquainted with admirable masters and made friends with artist “of moving eloquence, colourful, and probably to celebrate his success in agreeable people there. But when I am asked the precise date on which I left, impulsive, a little too romantic perhaps, the Conservatoire concours in July 1899 I am unable to reply, because it always seemed to me that, in spirit at least, who was an admirable teacher,” Marsick – in which his class won three of the four I left the Conservatoire on the very day I entered it for the first time!” was the most prestigious master at the Premiers Prix awarded – Marsick wrote his

18 19 JULIEN SZULMAN PIERRE-YVES HODIQUE

(FR) Julien Szulman débute le violon (EN) Julien Szulman began playing the violin (FR) Pierre-Yves Hodique obtient au Grand théâtre d’Aix-en-Provence, à l’Arse- à l’âge de 5 ans et poursuit ses études at the age of five, going on to study music Conservatoire de Paris (CNSMDP) les plus nal de Metz, à l’auditorium du Louvre, à musicales à Tours et à Paris avec Suzanne in Tours, and in Paris with Suzanne Gessner hautes récompenses en piano, musique la Cité de la musique, à la Seine musicale, Gessner et Patrice Fontanarosa. Il obtient and Patrice Fontanarosa. He graduated de chambre et accompagnement vocal aux Musicales de Bagatelle... Pierre-Yves son Diplôme de Formation Supérieure au with distinction with a higher degree from dans les classes de Jean-François Heisser, est lauréat de la Fondation d’entreprise Conservatoire de Paris (CNSMDP) mention the Conservatoire de Paris (CNSMDP) Claire Désert et Anne Le Bozec, et rem - Banque Populaire, de la Yamaha Music Très bien à l’unanimité en juin 2006. Il pour- in June 2006. He then took up postgraduate porte en 2011 le Prix du meilleur pianiste Foundation of , de la Fondation suit ensuite ses études avec Jean-Jacques studies at the CNSMDP with Jean-Jacques accompagnateur lors du Concours inter- Meyer, du Prix Oriolis et de la Fondation Kantorow et Pierre-Laurent Aimard en Kantorow and Pierre-Laurent Aimard, going national Tchaikovsky de violoncelle à de France. Depuis 2014, il est accompa- cycle de perfectionnement au CNSMDP et on to study the Konzertexamen curriculum in Moscou. Comptant parmi ses partenaires gnateur au CNSMDP des classes de violon suit ensuite un cursus de Konzertexamen Stephan Picard’s class and later becoming de musique de chambre Edgar Moreau, de Jean-Marc Phillips-Varjabédian et de dans la classe de Stephan Picard, dont the class assistant at the Hochschule Hanns Aurélien Pascal, Alexandra Conunova, direction d’orchestre d’Alain Altinoglu. Il a il devient l’assistant à la Hochschule Eisler in Berlin. He is currently studying for Julien Szulman, Adélaïde Ferrière, Nima également accompagné les masterclasses Hanns Eisler de Berlin. Il prépare actuelle- a Music, Research and Practice doctorate Sarkechik ou encore le baryton Samuel de Frans Helmerson, Mihaela Martin, Colin ment un Doctorat d’interprète « Musique, (CNSMDP — Sorbonne University) on the Hasselhorn, avec qui il a remporté en 2013 Carr, Olivier Charlier, Gary Hoffman et Recherche et Pratique » (CNSMDP — violinist George Enescu. Winner of several le Prix de Lied au Concours international de Félix Renggli aux académies internatio- Sorbonne Université) sur Georges Enesco international competitions – in particular chant-piano Nadia et Lili Boulanger, il s’est nales de Villecroze, de Noyers et du festi- violoniste. Lauréat de nombreux concours the Geneva and the Long-Thibaud-Crespin, notamment produit au Théâtre Mariinsky val Pablo Casals de Prades. Depuis sep- internationaux – en particulier Genève et at the age of just 20 – Julien Szulman divides de Saint-Pétersbourg, à la Philharmonie tembre 2018, il enseigne le piano au CRR Long-Thibaud, à seulement 20 ans – Julien his time between concert performances de Berlin, au Konzerthaus de Dortmund, de Boulogne-Billancourt. Il a enregistré en Szulman partage sa vie de musicien entre with orchestra, playing chamber music, à la Philharmonie de Cologne, à l’Elbphil- 2014 pour le label Erato un album en duo des concerts avec orchestre, en musique and his position as solo violinist with the harmonie de Hambourg, au Konzerthaus avec le violoncelliste Edgar Moreau (Diapa- de chambre et son poste de violon solo à Orchestre National des Pays de la Loire de Vienne, au KKL de Lucerne, au Barbican son d’or découverte et Classique d’or RTL). l’Orchestre National des Pays de la Loire (ONPL). A member of the Saito Kinen Center et au Wigmore Hall de Londres, au (ONPL). Membre de l’orchestre Saito Kinen Orchestra in Japan, he has recently been Concertgebouw d’Amsterdam, au Palais (EN) Pierre-Yves Hodique obtained the au Japon, il a été récemment invité comme invited to perform as solo violinist with the des Beaux-Arts de Bruxelles, au théâtre highest honours in piano, chamber music violon solo à l’Orchestre Philharmonique Orchestre Philharmonique de Radio-France de Ferrare, au Fazioli Hall de Sacile, à la and vocal accompaniment in Jean-François de Radio-France et au London Symphony and the London Symphony Orchestra. He is Société Philharmonique de Bilbao, au Oji Heisser, Claire Désert and Anne Le Bozec’s Orchestra. Il est professeur à la Seiji Ozawa a teacher at the Seiji Ozawa Quartet Hall de Tokyo, à la Folle Journée de Nantes, classes at the Conservatoire de Paris Quartet Academy Okushiga au Japon Academy Okushiga in Japan and musical aux Flâneries musicales de Reims, au fes- (CNSMDP), winning the Best Accompanying et conseiller musical de la Seiji Ozawa advisor with the Seiji Ozawa International tival de Radio-France et Montpellier, aux Pianist prize at the International International Academy Switzerland. Academy Switzerland. festivals de Saint-Denis, de Nohant, du Tchaikovsky Competition in in Moscow Périgord noir, à l’Opéra Grand Avignon, au in 2011. Pierre-Yves has played chamber

20 21 REMERCIEMENTS music with Edgar Moreau, Aurélien Pascal, Alain Altinoglu’s conducting classes at Alexandra Conunova, Julien Szulman, the CNSMDP. He has also accompanied Julien Szulman remercie la Fondation Meyer et le Conservatoire de Adélaïde Ferrière, Nima Sarkechik and the masterclasses given by Frans Helmerson, Paris, ses directeurs de thèse Jean-Pierre Bartoli et Nicolas Dufetel, baritone Samuel Hasselhorn, with whom Mihaela Martin, Colin Carr, Olivier Charlier, à l’origine de ce projet, Alexis Galpérine, son professeur référent au he won the Lied Prize at the Nadia and Gary Hoffman and Félix Renggli at the CNSMDP, Ji-yoon Park, pour son écoute bienveillante et précise lors de Lili Boulanger International Voice-Piano Villecroze and Noyers International l’enregistrement et les archetiers Arthur du Broca et Alexandre Aumont. Competition in 2013. He has performed at Academies and the Pablo Casals Festival prestigious venues and events including the in Prades. He has taught piano at the Mariinsky Theatre in Saint Petersburg, Berlin Conservatoire à Rayonnement Régional ℗ Initiale 2019 © Initiale 2020 – INL 08 Philharmonic, Konzerthaus Dortmund, de Boulogne-Billancourt since September Cologne Philharmony, Elbphilharmonie 2018. In 2014, he recorded an album of Enregistrement réalisé en octobre 2019 par le service Hamburg, Wiener Konzerthaus, KKL duets for the Erato label with the cellist audiovisuel et édité par le service des éditions du Luzern, Barbican Centre and Wigmore Hall Edgar Moreau (Diapason d’Or Découverte Conservatoire de Paris, avec le soutien de la Fondation Meyer in London, Concertgebouw Amsterdam, and Classique d’Or RTL). pour le développement culturel et artistique. Palais des Beaux-Arts in , Teatro Comunale Ferrara, Fazioli Concert Hall Prise de son et mixage : Jean-Christophe Messonnier Sacile, Bilbao Philharmonic Society, Oji Hall Direction artistique et montage : Aloïs Lang-Rousseau, Tokyo, La Folle Journée Nantes, Flâneries élève en Formation supérieure aux métiers du son (FSMS), musicales de Reims, Festival Radio France assisté de Céline Grangey. et Montpellier, the Saint-Denis, Nohant and Périgord Noir Festivals, Opéra Grand Avignon, Grand Théâtre de Provence in Aix- en-Provence, Arsenal in Metz, Auditorium du Louvre, Cité de la Musique, La Seine Musicale, and Les Musicales de Bagatelle. Pierre-Yves has been selected for the Fondation d’entreprise Banque Populaire, the Yamaha Music Foundation of Europe, the Fondation Meyer, the Oriolis Award and Coordination éditoriale : Anne Roubet the Fondation de France. In 2014, he was Traduction anglaise : 3i traductions, 93100 Montreuil appointed the accompanist for Jean-Marc Photographie : Ferrante Ferranti Phillips-Varjabédian’s violin classes and Réalisation graphique : Célia Gazal Communication : Alexandre Pansard-Ricordeau

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