Les Ouvrages Fortifiés Du Front De L'oise
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LES OUVRAGES FORTIFIES du front de l'Oise 14/18 Les sentiers de l’Histoire Les ouvrages fortifiés du front de l'Oise Ce livret, coordonné et édité par l’ONACVG de l’Oise, lève un pan d’une his- toire souvent oubliée dont le paysage du Noyonnais porte encore l’empreinte et conserve de nombreux vestiges. Il s’agit de fortifications érigées entre 1914 et 1917 par les Français et les Allemands tout le long de la ligne de front stabilisée. En raison du caractère accidenté et boisé de ce secteur, les traces sont encore nombreuses : sapes, tran- chées, boyaux, trous d’obus... mais aussi abris maçonnés, passifs ou actifs, remarquablement conservés. Ces ouvrages fortifiés, utilisés comme abris pour les observateurs, les artilleurs, les mitrailleurs, le commandement, les commu- nications, les munitions... parsèment les lignes. A contrario des fortifications construites en période de paix (système défen- sif Séré de Rivières), les ouvrages fortifiés du front de l’Oise ont été maçon- nés durant la guerre avec comme objectif de former un mur infranchissable capable de résister au feu de l’ennemi. Dans cette course aux défenses de béton, les Allemands ont été particulièrement productifs en réalisant de nombreux bunkers selon des techniques et des méthodes nouvelles élaborées pendant les années de guerre, préfiguration à moindre échelle de ce que sera le Mur de l’Atlantique vingt-cinq ans plus tard. A l’heure où le front de l’Oise connaît un regain d’intérêt mémoriel dans le cadre des manifestations liées au Centenaire de la Grande Guerre, de la créa- tion du Musée Territoire 14/18 et du projet de classement UNESCO, ces ouvra- ges fortifiés se devaient d’être valorisés comme éléments de patrimoine aux côtés des villages mémoire, des carrières sculptées de l’Oise et de sites histo- riques comme le Mont-Renaud ou la Clairière de l’Armistice. Bonne visite. Jean-Yves Bonnard directeur du CANOPE du département de l’Oise La fixation du front de l'Oise Au lendemain des batailles Cette tactique de contour- de la Marne et de l'Ourcq nement d'aile appliquée par (6-12 septembre 1914), les les deux camps ne donne forces allemandes en repli pas le résultat escompté : au reçoivent l'appui de troupes fil des jours, le front dépas- de réserve qui leur permet- se le coin nord-est du tent de contre-attaquer département de l'Oise, puis leurs poursuivants. s'étend dans la Somme, le Cette volte-face allemande Pas-de-Calais, le Nord et en Dessin allemand représen- provoque de violents com- Belgique. C'est la Course à tant la fixation du front dans bats en rive gauche de la Mer. la vallée de l’Oise entre l'Oise, sur le secteur Pimprez et Ribécourt en Carlepont - Moulin-sous- Dans cette lutte pour la septembre 1914. Les fantas- Touvent - Nampcel, où les terre où les forces s'équilib- sins allemands repoussent zouaves et tirailleurs rent, les soldats des deux les soldats français mais ne connaissent leur baptême camps appliquent leur peuvent progresser davan- du feu. Très vite, les com- manuel d'instruction. tage. En arrière-plan, le Massif de la Petite Suisse bats gagnent la rive droite Les premières tranchées subit un pilonnage par de l'Oise, au sud de Noyon, sont creusées, sommaire- l’artillerie. A droite, la tour par des manœuvres de ment, sur une ligne instable Mennechet, à Chiry, est débordement de l'adversai- durant plusieurs semaines. encore debout. Elle sera re par l’ouest. détruite le 21 décembre 1914 D'octobre 1914 à mars Face à eux, les Français, 1917, le département de tiennent Canny-sur-Matz, l'Oise se trouve ainsi divisé Plessis-de-Roye, Elincourt- en deux territoires de part et Sainte-Marguerite, d'autre d'un no man's land Ribécourt, Bailly, Tracy-le- discontinu et sinueux. Val, Tracy-le-Mont et Saint-Pierre-les-Bitry. Loin d'être rectiligne, la ligne de Durant trente mois, les front forme un saillant Allemands tiennent un favorable à l'occupant, lui front devant les villages de permettant de garder un Crapeaumesnil, Fresnières, pied dans une vallée pour- Lassigny, Thiescourt, vue de nombreuses voies Cannectancourt, Dreslin- de communication : l'Oise court, Pimprez, Chiry- et son canal latéral, la route Le front de l’Oise Ourscamp, Carlepont, nationale et le chemin de d’octobre 1914 Moulin-sous-Touvent, fer, tous conduisant à la à mars 1917 Nampcel et Autrêches. capitale. 2 Une mosaïque paysagère Le front de l'Oise est le écrasées par l'artillerie. siège d'une guerre de posi- Les reliefs de la Petite- tion pour le moins variée Suisse dominent la large dans ses systèmes défen- vallée de l'Oise, laquelle ne sifs. A l'ouest, sur le plateau donne que de maigres pro- picard, au-delà de tections aux combattants. Lassigny, les armées se li- Ces derniers ne peuvent vrent à une guerre en rase compter que sur leurs tran- campagne et trouvent pro- chées, les fossés des routes tection derrière des tran- ou les berges des petits chées appuyées sur des fos- cours d'eau pour tenir leurs sés, des bosquets d'arbres, positions. des murs... En revanche, en rive gau- Plus à l'est, le Massif de la che de l'Oise, l'important Petite Suisse, constitué des boisement permet aux com- Massifs de Thiescourt et battants de trouver une pro- d'Attiche, facilite la défense tection naturelle : la forêt en offrant des protections domaniale d'Ourscamp- naturelles par leur impor- Carlepont pour les tant boisement, l'encaisse- Allemands, la forêt doma- ment des vallées et le niale de Laigue et le Bois- réseau souterrain de carriè- Saint-Mard pour les res de pierres creusées Français. depuis le Moyen Age. Si la Mais au-delà, sur le plateau première ligne allemande du Soissonnais, les soldats se confond souvent avec la se trouvent de nouveau à lisière de forêt, la première découvert. Ils s'y livrent à ligne française prend appui une guerre de tranchées en Cinq ensembles paysagers sur de grosses fermes (tel- s'appuyant sur les ruptures marquent le front de l’Oise. les La Carmoye ou Attiche) de pentes et les carrières très vite prises à partie et souterraines. en haut en bas Vue aérienne allemande du front Vue aérienne française du front devant la ferme d’Attiche devant Crapeaumesnil 4 Un système défensif complexe Avec l'automne, les sec- teurs boisés se découvrent. Les arbres perdant leur feuillage, les soldats doi- vent pallier l'absence d'é- cran naturel. Commence alors sur tout le front une guerre des tranchées qui lacère le sol de fossés sinueux creusés à la pelle et à la pioche, protégés par un réseau de fils de fer barbe- lés posés de nuit (les ronces artificielles). Au fil des jours, des premières lignes fortifiées se dessinent com- muniquant par des boyaux avec les deuxièmes lignes. Il faut tenir les positions sans être vu par ceux d'en face, ni du ciel. de haut en bas Barricade allemande sur la route de Thiescourt. Barricade française sur la route principale de Ribécourt. Barricade allemande sur la route de Thiescourt à Ribécourt. Les entrées de carrières souterraines sont fortifiées afin d'interdire toute tenta- tive d'infiltration ennemie par le sous-sol. Pour se protéger des bom- bardements en terrain découvert, les hommes creusent le sol et construi- sent des abris avec des troncs d'arbres coupés recouverts de terre. Les coupes sont si importantes en forêt de Thiescourt et d'Ourscamp-Carlepont que des ordres sont donnés dès 1915 pour les limiter afin de garder cette protection lignes par une ordonnance de haut en bas naturelle. du 25 décembre 1916, pres- Construction d'abris souter- rains par des soldats alle- En certains points, des abris crite par Hindenburg en rai- mands, mineurs dans le civil. profonds (plus de 10m) son des effondrements pos- sont creusés. Ils seront sup- sibles à cause du pilonnage Travaux de terrassement pour primés dans les premières de l'artillerie et des mines. un abri près de Thiescourt. 6 Les abris maçonnés allemands Durant les premiers mois vrages maçonnés alle- de guerre de position, les mands sont bâtis par les soldats français construi- fantassins et les sapeurs sur sent les protections règle- des positions stratégiques, mentaires mais gardent une le plus souvent en deuxiè- attitude offensive pour me ou troisième ligne. Ces reconquérir le sol occupé. abris sont construits en Si les tranchées sont conso- briques, pavés de grès et lidées par des pierres de béton, renforcés par des réemploi, des tôles et du rails de chemin de fer et bois, peu de casemates recouverts de terre et de seront construites. végétation en guise de camouflage. Des plaques De leur côté, les troupes de tôle sont parfois allemandes adoptent une employées comme pare- attitude défensive en cons- éclats ou comme toiture Abri bétonné allemand près truisant des fortifications tandis que des pierres artifi- de Cannectancourt. Masqués qui doivent leur permettre cielles en béton sont pro- par le couvert végétal, les de ne pas perdre de terrain. duites pour construire des hommes au repos peuvent jouer aux cartes. Dès 1915, les premiers ou- murs d'abris. 7 De fait de la complexité de flanquer des positions en en haut à gauche mise en œuvre de ces maté- cas de percée des premières Abri maçonné allemand riaux et la visibilité de ce lignes par une offensive camouflé dans une type de construction dans le ennemie. Bientôt, la guerre ferme de Crapeaumesnil paysage, ces abris sont de position devient une en haut à droite rarement bâtis en première science donnant lieu à une Abri maçonné allemand ligne, où le creusement de nouvelle forme de traités construit dans le clocher de tranchées et d'abris en pro- sur l'art de construire des l’église de Dives.